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Full text of "Pathologie interne"

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ENCYCLOPEDIE    CADEAC 


PATHOLOGIE    INTERNE 


••••••• 


NUTRITION    -    AUTO-INTOXICATION 
APPAREIL  URINAIRE  -  PEAU 


TRAVAUX  ET  OUVRAGES  DU  MEME  AUTEUR 


Recherches  expérimentales  sur  la  morve  (in  <ollaboration 
avec  M.  .M.\i.i.et)  (Ilccoiiipensé  pai'  l'Acadtîinie  des  sciences 
l't  par  l'Acailéiiiic  do  médecine).  Paris,  1886,  2uo  paf^es. 

Mémoire  sur  la  contagion  miasmique  du  cliarLon,  de  la 
clavelée,  de  la  morve  et  de  la  tuberculose  (en  collaboration 
avec  M.  Mallet)  (Couronné  par  l'Académie  de  nudecine  de 
France). 

Recherches  expérimentales  sur  les  essences.  —  Ktude  des 

lii|ui'ur.s  dabsiiiLiie,  d'aïqiiebuse.  de  l'eau  de  mélisse  ries 
Carmes,  de  Garus  (en  collaboration  avec  le  D''  Meinier). 
Paris,  18'Jl  (Ouviage  couronné  par  l'Académie  des  sciences 
et  récomiiensé  j)ar  l'Académie  de  médecine  de  France). 

Innocuité  des  poussières  tuberculeuses  provenant  des 
crachats  desséchés.  Danger  des  particules  liquides  (Mé- 
moire récompensé  |)ai'  l'AcadiMiiie  de  méilecine,  l'.lQli). 

Pathologie  générale  des  animaux  domestiques,  -J'  édition, 
l'JO.'i.   I  vol.  in-IS  ji^sus,  a\fc  ;î7  li;,'ures. 

Sémiologie  et  diagnostic  des  maladies  des- animaux  domes- 
tiques, i'"  (dition,  l!Mi.i.  -2  vol.  in-18  jesus,  avec  ligures 
( /•^iici/clopé(/ie  ('.(tdéac) . 

Pathologie  interne  des  animaux  domestiques.  8  vol.  in-18 
Jésus,  avec  ligures  {Enci/c/opédie  Cadéac)  (Ouvrage  récom- 
pensé par  l'Institut).  :?«  édition,  1908  à  1911. 

Pathologie  chirurgicale  :  1»  l'allmlogie  chirurgicale  générale; 
2'  Maladies  de  la  peau  et  des  vaisseaux  ;  3°  Muscles,  tendons 
et  nerl's  (en  collaboration  avec  Padek)  ;  4"  Articulations  ; 
;i°  Arthrites;  G»  Appareil  digestif.  C  vol.  iii-i8  jésus. 

Anatomie  pathologique  des  animaux  domestiques,  ^'édition, 
1907  (avec  la  collaboi'ation  de  M.  Ball).  I  vol.  in-18  jésus 
avec  fiKures. 


2480.  —  CiiHiim..  —  Iiniii'iinerie  CrKtk. 


ENCYCLOPEDIE  YÉTÉRINAmE 

Publiée   sous    la  direction   de   G.   GADÉAG 


PATHOLOGIE  INTERNE 


••••••• 


MTRITIOX  —  AUTO-LMOXICÀTION 
APPAREIL  URIXAIRE  —  PEAU 


C.    CADEAG 

PROFESSEUR  DE  CLINIQUE  A  l"ÉCOLE  VÉTÉRINAIRE   DE  LVON 


Avec   143  figures  intercalées   dans   le  texte 
Deuxième  édition  entièrement  refondue 


PARIS 

LIBRAIRIE    J.-B.    BAILLIÈRE    et   FILS 

19,  rue  Haulefcuille,  près  dn  Boulevard  Sainl-Germain 


1914 
Tous  droits  réservés 


Digitized  by  the  Internet  Archive 

in  2009  witli  funding  from 

NCSU  Libraries 


Iittp://www.arcliive.org/details/patliologieintern07cad 


PATHOLOGIE  INTERNE 


LIVRE  VII 

MALADIES  DE  LA  NUTRITION 


I.  —  DIABÈTE  SUCRÉ. 

Définition  —  Pathogénie.  —  C'est  une  affection  grave, 
incurable,  caractérisée  par  de  la  polydipsie,  delà  polyurie, 
de  la  glvcosiirie.  des  troubles  oculaires  et  des  troubles 
nutritifs  qui  aboutissent  au  marasme.  Il  ne  faut  pas  con- 
fondre le  diabète  avec  la  glycosurie,  simple  passage  du 
sucre  dans  les  urines  :  la  glycosurie  n'est  qu'un  sym- 
ptôme du  diabète  et  résulte  d'un  grand  nombre  de  causes 
[glycosurie  alimentaire,  nerveuse,  asphyxique,  toxique, 
traumatique,  lactosurie  des  femelles  en  état  de  gestation  (1)]. 
Il  n'y  a  diabète  que  lorsque  la  surcharge  en  glycose  des 
humeurs  et  des  tissus  de  l'organisme  affecte  un  caractère 
chronique.  Ce  phénomène  peut  résulter  d'une  production 
exagérée  de  sucre  livré  au  sang  ou  d'une  destruction  insuffi- 
sante. Ces  deux  troubles  sont  souvent  associés  :  la  suracti- 
vité fonctionnelle  du  foie  a  pour  résultat  de  déterminer 

ill   Voy.  Sémiologie,  t.  I  et  11. 

C.\DÉAc.  —  Pathologie  interne.  VII.  1 


2  MALADIES    DE    LA    NUTHITIOX. 

la  présence  il'tin  excès  de  sucre  dans  le  sang;  la  diminu- 
tion du  ferment  gljcolytique,  capable  de  dédoubler  le  gly- 
cose,  cmpêclio  l'organisme  de  l'utiliser  et  de  le  détruire; 
il  y  a  ainsi  à  la  l'ois  hyperglycémie  et  glycosurie. 

I.  —  SOLIPÈDES. 

Le  diabète  des  solijH-des  est  exlrêmeincnl  rare  si  l'on 
en  distrait  les  nombreux  cas  de  glycosurie  syniploma- 
tique  qu'on  à  le  tort  d'y  rattacher.  La  présence  du  sucre 
dans  l'urine  n'est  qu'un  élément  accessoire  dans  ïhémo- 
globinurie  paroxystique,  dans  les  affectiom  cérébrales, 
les  infections  aiguës  et  les  intoxications  (1).  L'altéra- 
tion nutritive  caractéristique  du  diabète  vrai  ou  diabète 
chronique  a  été  signalée  par  Heiss  f2>,  Diei-kerholT  (3), 
Krùger  (i). 

Symptômes.  —  Le  diabète  sucré  est  caractérisé  par 
de  ressoulllemeul,  un  amaigrissement  rapide,  de  la  fai- 
blesse, des  troubles  de  la  nutrition.  Le  poil  est  terne;  les 
inmpieuses  sont  ictéri(iues  ou  rosées,  l'appétit  capri- 
cieux, la  respiration  normale,  le  pouls  un  peu  accéléré 
(54  pulsations)  ;  la  fièvre  est  intense  d'après  Ilciss  (39°  tY  41°). 
faible  ou  nulle  d'après  Dicckerholî  (37°, 8).  Dans  tous  les 
cas,  il  y  a  polydijjsie  intense  ;  les  malades  peuvent  ingé- 
rer trois  à  cinq  fois  plus  d'eau  (ju'à  l'état  normal,  juscju'à 
55  litres  d'eau  par  jour  ;  la  polyurie  est  excessive, 
l'iu-inc  est  claire,  jaunâtre,  à  réaction  neutre,  et  renferme 
toujours  du  sucre  en  quantité  notable;  on  en  a  trouvé 
de  3,62  à  3,75  p.  100  en  moyenne. 

Les  troubles  oculaires  se  manifestent  trente  <i  qua- 
rante   jours  après  le  début  des  symptômes;  le  cristallin 

(1)  Leclorc,  Arr/i.  vrl.,  1881. 
(-2)  Heiss,  Aitanis  n'oehe/isrhr.,  1888. 
(3)  Dieckcrhoir,  lierliner  T/iierarstl.    iVochensr/ir.,  1892. 
(l)  Krûger,     Diabùle     siicré    (Zeilschrift    fiir     Veterinarkunitr,    lyOT, 
p.   488). 


DIABETE    SLCRE.  3 

devient  opaque  ;  la  cataracte  diabétique  est  double.  On 
peut  voir  apparaître  la  conjonctivite,  des  ulcères  cornéens. 
Finalement,  lamaigrissement  est  excessif,  le  sucre  diminue 
de  quantité  dans  les  urines,  et  le  malade  succombe  dans  le 
coma. 

Marche  et  terminaison.  —  La  marche  est  constamment 
progressive  et  la  terminaison  fatale.  Lainaigrissement 
est  de  plus  en  plus  manifeste,  l'animal  tombe  dans  le 
marasme  le  plus  absolu  ;  il  présente  quelquefois  de  la 
furonculose  (Kruger)  et  meurt  au  bout  de  sept  à  huit 
semaines,  malgré  les  meilleurs  soins. 

Anatomie  pathologique.  —  Le  foie  est  congestionné, 
hypertrophié,  jaunâtre,  dégénéré  (Heiss,  DieckerhotT)  : 
les  autres  organes  paraissent  sains.  On  ne  constate  qu'ime 
émaciation  générale. 

Diagnostic.  —  Pour  établir  le  diagnostic,  on  se 
base  sur  les  symptômes  polydipsie  et  polyurie,  qui 
portent  à  examiner  les  urines  et  à  y  rechercher  le  sucre. 
L'amaigrissement  progressif,  la  faiblesse,  l'essoufflement 
et  les  troubles  oculaires  viennent  confirmer  ce  dia- 
gnostic. 

Pronostic.  —  Le  pronostic  est  très  grave,  étant  données 
rinetlleacité  du  traitement  et  la  marche  progressive  et 
rapide  de  la  maladie.  Il  est  aggravé  en  ce  sens 
que  le  régime  du  cheval  est  un  régime  essentiellement 
féculent  et  que  l'on  ne  peut  ici.  comme  chez  Ihomme. 
instituer  un  régime  rationnel,  ce  qui  explique  peut-être 
l'évolution  si  rapide  de  la  maladie. 

Traitement.  —  On  conseille  les  cholagogues  (acide  sali- 
cylique.  salicylate  de  soude)  et,  s"il  y  a  lièvre,  les  antipy- 
rétiques [acétanilide,  antipyrine)  pour  favoiùser  la  produc- 
tion du  glvcoffène  et  arrêter  la  formation  du  sucre. 


MALADIKS    ItK    LA    NUTRITION.» 


II.  —   BOVIDKS. 


Signalé  iiar  l)arl)as  (i),  le  diabète  dos  bovidés  ost  un 
phénomène  svniplomatique  oompliciiianl  la  lièvre  de  lait. 
[Noeai'd,  Saint-Cyr  et  Violet  (2)]  ou  une  maladie  du  système 
nerveux  comme  l'hydrocéphalie  chronique  [tJirolti  (3)].  On 
ne  connaît  encore  rien  de  précis  sur  le  diabète  essentiel 
des  bovidés  en  admettant  son  existence,  qui  nous  parait 
hypolliélicpie.  Ilillerbrand  (-4)  a  constaté  du  sucre  dans 
les  urines  d'une  vache  malade  depuis  cinq  mois  et  réduite 
c\  l'état  squelettique. 

III.  —   CAHMVORES. 

Le  diabète  sucré  constitue,  chez  les  ciirnivorcs,  une 
affection  nettement  différenciée  (pii  est  la  copie  lidèlc  du 
diabète  de  l'homme. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  Vàge  a  une  grande  influence  : 
on  n'observe  celte  maladie  que  chez  les  sujets  âgés.  Les 
diverses  maladies  cpii  altèrent  lanutrition.  comme  la ;)!ro- 
plasmosc,  peuvent  produire  la  glycosurie  et  peut-être  le 
diabète;  on  ne  sait  rien  de  précis  sur  le  rôle  des  troubles 
nerveux  et  des  émotions  dans  l'apparition  de  cette  maladie. 
L'alimentation  trop  abondante  et  trop  sucrée,  l'abus  des 
friandises  peuvent  déterminer  de  la  glycosurie,  et  toute 
glycosurie  peut  aboutir  au  diabète. 

L'intoxication  arsenicale  et  toutes  les  causes  de  dégéné- 
rescence graisseuse  favorisent  son  apparition  ;  on  l'a  vue  se 
manifester  après  ingestion  répétée  d'eau  de  La  Hourboule 
ou  d'eau  arsenicale  (Sendrail  et  Lafon). 

Les  allrrationfi  du  /"o/c  jouent  un  rôle  prépondérant.  Le 
diabète  hépatique  est  assurément  le  plus  fré(iuent  ;  le  foie 

(I)  Darbas,  Jievtie  vél.,  1890. 

(i)  Saint  Cyr  (.'l  Violet,  Traité  d'obsti-triquo. 

(3)  Girolli,  .Xitovo  Ereolnni,  IS'.Mi. 

(i)  llillerbianil,  T/ie   Veterinary  Record,  1910. 


DIABETE    SUCRE.  5 

est  atteint  d'une  altération  graisseuse  plus  on  moins  pro- 
noncée [Leblanc  (1),  ïhiernesse  (2),  Schmitt  (3),  Saint- 
Cyr  (4),  Ferraro  (5),  Frôhner(6),  Schindelka  (7),  Franzen- 
burg  (8),  Cadéac  et  Maignon  (9),  Lanfranchi  (10)]. 

Le  l'oie  est  souvent  hypertrophié  en  même  temps  ;  mais 
il  est  rarement  indemne.  Tant  que  ses  cellules  ne  sont  pas 
entièrement  détruites,  le  diabète  est  sucré,  mais  la  glyco- 
surie diminue  vers  la  fin  de  la  maladie,  quand  les  cellules 
sont  entièrement  détruites  par  la  dégénérescence  grais- 
seuse et  dépourvues  de  glycogène  :  l'animal  privé  de  ses 
fonctions  hépatiques  succombe.  «  C'est  que,  pour  être  dia- 
bétique, il  faut  bien  se  porter  »  (Cl.  Bernard),  c'est-à-dire 
être  en  possession  d'un  foie  qui  fonctionne  encore .  Quand 
cet  organe  a  subi  la  dégénérescence  graisseuse,  il  ne  ren- 
ferme plus  de  glycogène,  c'est-à-dire  plus  de  source  de 
glycose  (Sendrail  et  Lafon).  Le  système  musculaire  lui- 
même  éprouve  le  contre-coup  de  l'altération  hépatique  ;  il 
subit,  par  places,  la  même  dégénérescence  graisseuse.  Des 
portions  de  muscles  sont  atrophiées,  jaunâtres,  friables  : 
elles  s'écrasent  à  la  pression  et  se  transforment  en  pulpe 
onctueuse.  Les  muscles  accusent,  enfin,  la  même  pauvreté 
en  glycogène  que  le  foie  (Cadéac  et  Maignon)  ;  ]esaltérations 
du  pancréas  sont  elles-mêmes  des  causes  de  diabète  (diabète 
pancréatique).  Minkowski  et  Mering  ont  produit  un  diabète 
glycosurique  par  l'extirpation  du  pancréas.  Ce  diabète  ne 
se  produit  pas  si  on  laisse  plus  du  dixième  du  volume 
total    du   pancréas.  La  sclérose  du   pancréas   peut    ainsi 


(1)  Leblanc,  Clitiique  vét.,  1851. 

(2)  Thiernesse,  Ann.  de  méd.  vét.,  1861. 

(3)  Schmitt,    Wocheiischr.  f.  Tierheil.,  1863. 

(4)  Saint-Cyr,  Journ.  de  l'Ecole  de  Lyon,  1870. 

(5)  Ferraro,   Il   Morgagni,  1883. 

(ô)  Frôhner,  Monatschr.  f'iir  praklische  Tierheil.,  1892. 

(7)  Schindelka,  id. 

(8)  Franzenburg,   Berliner  Tierarz.    Wockenscki'.,  1895. 

(9)  Cadéac  et  Maignon,  Journ.  de  Lyon,  1907. 

(10)  Lanfranchi,  Clinica  veterinaria,  1907 


6  MALADIES   DE    LA    MTHITION. 

évoluer  chez  le  c/iini  sans  |)ro(liiire  le  inoindro  syniiitnino 
apprécialile.  en  raison  de  la  rt'génération  rajiiile  du  lissu 
glandulaire  riiez  ret  animal  :  mais,  parfois,  on  voit  se 
dérouler  tous  les  signes  du  diabète  panci-éatitpie  [Liénaux. 
Almy.  Sendrail  el  Lal'on  il),  etc.].  l/alroitliie  du  pancréas 
est  alors  si  prononcée  que  ses  dimensions  normales  de 
30  à  40  lenlimélres  de  long  sont  réduites  à  3  centi- 
mètres de  long  et  à  i  centimètre  d'épaisseur  (Liénaux),  ù  un 
nodule  de  la  grosseur  d'im  haricot  (Sendrail  et  La  ton  .  h 
un  cordon  dur,  composé  d'une  série  de  grains  blandiàlres 
dans  lestpiels  on  trouve  des  ganglions  nerveux  microsio- 
piques  dont  les  cellules  semblent  être  en  voie  de  dégc'né- 
resccnce  [Almy  (2),  Eber.  Pernberlhy,  Miiller]. 

Du  côté  du  rein,  les  lésions  sont  plus  discrètes;  il  existe 
seulement  de  la  dégénérescence  graisseuse,  localisée  sur- 
tout à  la  zone  limitante,  dans  les  cellules  tq/itlndiales  des 
anses  de  Henle.  et  dans  quelques  points  disséminés  des 
couches  corticale  et  médullaire  (tubes  contournés  et  tubes 
collecteurs).  On  constate,  en  outre,  sur  quelques  points, 
des  altérations  des  cellules  épilhéliales  des  tubes  contour- 
nés, caractérisées  par  l'abrasion  rlu  plateau  el  le  défaut  de 
coloration  du  noyau.  Nous  n'avons  trouvé  rien  de  sem- 
blable à  la  d(''générescence  glyeogi''ni(pie  décrite  par  les 
auteurs  dans  les  cellules  épithéliales  des  tubes  collecteurs. 
Le  diabète  paraît  résulter  de  l'extension  d'un  processus 
d'artériosclérose,  comme  tendent  à  le  montrer  les  lésions 
vasculairesetles  lésions  concomitantes  du  cœur  (Sendrail). 
Symptômes.  —  Le  diabète  est  par  excellence  la  maladie 
latente;  elle  débute  d'une  manière  insidieuse  el  n'est 
soupçonnée  que  lorsque  l'amaigrissement  et  la  polyurie 
sont  intenses.  Le  processus  est  déjà  parvenu  à  la  période 
d'état  ou  i»  une  époque  rapprochée  de  sa  terminaison,  (piand 

(1)  Sendrail  et  Lafon,  Revue  véf.,  1906,  p.  232.   —  Muller, />re.srf.  Ber., 
1006.  —  Li«?naux,  Annales  de  Bruxeltrx,  1897. 

(2)  Almy,  Diabète  sucré  avec  atrophie  du  pancréas  {Société  centrale,  1900, 
p.  882).—  Voy.  t.  111,  p.  10  de  la  Pathologie  interne. 


DIABETE    SUCRE.  7 

on  a  la  possibilité  d'étudier  les  malades.  Il  est  caracté- 
risé par  quatre  symptômes  cardinaux  :  la  glycosurie,  la 
poljurie,  la  polvdipsie.  l'amaigrissement  et  des  troubles 
accessoires. 

a.  La  glycosurie,  conséquence  de  l'iiyperglycémie,  est  le 
symptôme  caractéristique  du  diabète.  Le  sucre,  qui  existe 
normalement  dans  le  sang  dans  la  proportion  de  l^',^ 
■  pour  1  000  en  moyenne,  augmente  notablement  de  propor- 
tion; il  passe  en  partie  dans  les  urines  dès  que  cette  quan- 
tité dépasse  3  grammes  ;  on  peut  même  trouver  T^'.SS  par 
litre  dans  le  sang  de  la  carotide  (Cadéac  et  Maignon).  Pour- 
tant le  rapport  entre  la  quantité  de  sucre  qui  existe  dans 
le  sang  et  celle  qui  traverse  le  filtre  rénal  n'est  pas  constant  : 
il  y  a  rétention  relative  quand  le  rein  altéré  s'oppose  par- 
tiellement à  ce  passage. 

La  glycosurie  offre  une  intensité  très  variable  ;  on  n'en 
trouve  quelquefois  qu'une  très  petite  quantité,  mais  on  l'a 
vue  monter  jusqu'à  20  grammes  par  litre.  Cette  quantité 
subit  d'ailleurs  de  grandes  oscillations;  on  peut  la  voir 
varier  de  54  grammes  à  94  grammes  d'un  jour  à  l'autre, 
sous  l'influence  d'une  alimentation  féculente  ou  même  sans 
cause  connue  (Gadéac). 

L'urine  sucrée  est  jaunâtre,  filante,  sirupeuse,  de  den- 
sité supérieure  à  la  normale;  on  y  révèle  la  présence  du 
glycose  en  chauffant,  dans  un  tube  à  essai,  l'urine  suspecte 
additionnée  de  liqueur  de  Fehling  (liqueur  cupro-potas- 
sique)  ;  il  se  forme,  en  présence  du  sucre,  un  précipité 
rougeàtre,  pulvérulent,  d'oxyde  de  cuivre  (1). 

b,  Lsi  polyurie  est  généralement  très  appréciable;  elle 
est  cependant  moins  marquée  que  dans  le  diabète  insi- 
pide ;  les  mictions  sont  fréquentes  et  abondantes;  les  chiens 
les  plus  propres  s'oublient  dans  les  pièces  où  ils  se  trouvent 
et  finissent  par  uriner  partout.  C'est  ce  symptôme  qui  attire 


(1)  Voy.  Sémiologie,  t.  I,  p.  424,  pour  les  divers    moyens  de  déceler   et  de 
doser  la  glycose  dans  les  urines. 


8  MALADIES    DE    LA    NUTRITION. 

généralement  l'attention  du  propriétaire  et  rpii  fait  soup- 
çonner l'existence  du  diabète. 

c.  La  polydipsie  est  en  rapport  avec  la  polyurie  ;  le  chien 
manifeste  une  soif  intense;  il  s'arrête  pour  boire  à  toutes 
les  flaques  d'eau. 

d.  Ij' ainaigrissemott  progressif,  malgré  une  nourriture 
abondante  absorbée  avec  grand  appétit,  devient  bientôt  le 
signe  caractéristique.  La  maigreur,  attribuée,  au  début,  à 
des  vers  intestinaux,  s'accuse  de  jour  en  jour  malgré  un 
redoublement  d'aliments.  L'animal  s'affaiblit  et  devient 
d'une  maigreur  squelettique  :  les  côtes,  les  apopbjses 
épineuses  des  vertèbres  dorsales  et  lombaires,  les  angles 
externes  des  iliums,  les  pointes  des  ischions,  en  un  mot 
toutes  les  éminences  osseuses  forment  des  saillies  très 
accusées  sous  la  peau,  à  travers  les  masses  musculaires 
atrophiées.  Le  ventre  est  levrette  (fig.  i). 

La  marche  est  très  difficile;  les  membres  vacillent  sous 
le  poids  du  corps.  Il  y  a  cependant  des  chiens  diabétiques 
qui  conservent  leur  embonpoint  (diabète  gras). 

Pes  troubles  de  la  plupart  des  appareils  viennent  aggra- 
ver l'état  général  du  malade.  On  voit  survenir  des  érup- 
tions eczémateuses,  de  l'œdème  du  lourroau  et  de  la  bala- 
nite  suppurée  :  on  observe  quelquefois  de  ralbuminm-ie. 
qui  trahit  une  altération  rénale.  Les  accidents  digestifs 
consistent  principalement  dans  une  diarrhée  intense,  opi- 
niâtre et  parfois  dansune  stomatite  tartrique  et  ulcéreuse 
et  dans  des  vomissements:  l'animal  s'essoidTle  très  vile;  il 
présente  souvent  de  romphysème.  de  la  bronchite,  des 
troubles  circulatoires  ave<'  insuflisance  mitrale,  de  l'hyper- 
tropliie  des  thyroïdes,  l'aspect  ulcéreux  des  plaies;  mais 
ce  sont  les  troubles  oculaires  qui  sont  les  plus  fréquents  et 
les  plus  étroitement  liés  à  l'altération  de  la  nutrition.  On 
constate  des  opacités  répétées  du  cristallin  (Eisenmenger), 
de  la  cataracte  simple  ou  double  f]ui  entraine  la  cécité  en 
quelques  semaines,  des  ulcères  cornéens,  un  décollement 
de  la  rétine,  l'atrophie  du  nerf  optique. 


DIABETE    SUCRE.  9 

La  motricité,  la  sensibilité  sont  généralement  peu  altérées; 
on  peut  cependant  observer  de  l'hémiplégie  (Schindelka) 
et  une  diminution  de  l'intelligence  avec  apathie  et  indiffé- 
rence complète  des  animaux  les  plus  affectueux. 

Marche,  durée,  terminaison.  —  On  constate  quelquefois 
au  début,  un  peu  de  fièvre  ;  mais  la  température  descend 


Kig.   1.  —  Chien  diabétique  (Cadeac). 

ensuite  assez  rapidement  au-dessous  de  la  normale  et.  vei-s 
la  tin  de  la  maladie,  elle  tombe  à  37° .2.  Le  processus  a  une 
marche  progressive  et  une  durée  relativement  courte;  un 
(■hicn  diabétique  vit  de  quatre  à  huit  mois  ;  mais  il  faut  tenir 
compte  de  ce  fait  qu'on  ignore  généralement  le  début 
de  l'affection.  L'animal  meurt  dans  un  état  de  maigreur 
extrême,  ou  succombe  au  coma  diabétique  avec  hypo- 
thermie et  absence  presque  complète  du  sucre  dans  ses 
urines. 
Traitement.  —  Il  faut  d'abord  modifier  le  régime  :  sup- 

1. 


10  MALADIES    DE    LA   NUTRITION. 

primer  les  f(*(ulen(s,  les  sucres  et  la  viande.  Sous  rinflucnce 
du  régime  carné,  la  glycosurie  augmente.  Le  sucre  uri- 
naire  s'accroît,  en  effet,  dans  le  diabète,  proportionnelle- 
ment à  la  quantité  de  viande  ingérée. 

Les  corps  gras  saponitiés  sont  les  seuls  aliments  qui 
diminuent  ousupprimoni  la  glycosurie,  mais  ne  suppriment 
pas  la  cause  môme  du  diabète.  Le  lait  est  indiqué  dans 
les  cas  de  lésions  rénales;  on  administre  des  cholagogues 
comme  le  salicylate  de  soude,  le  bicarbonate  de  soude 
(1  à  3  grammes  matin  et  soir),  l'eau  de  Vicby  pour  couper 
l'eau  des  boissons. 

On  combat  la  poljurieà  l'aide  des  bromures  et  de  lanti- 
pjrine  : 

.\ntip\Tine G  à  12  grammes. 

Sirop  simple 300         — 

On  administre  trois  à  quatre  cuillen-es  par  jour  de  ce! 
mélange. 

(tn  combat  le  coma  par  le  café,  le  thé  ou  les  injection^ 
soizs-cutanées  d'étber  ou  de  café.  On  entretient  les  malades 
au  grand  air,  en  supprimant  toute  cause  de  fatigue;  éviter 
de  pratiquer  des  opérations  sur  ces  malades.  i 

IL  —  DLVnÈTE  INSIPIDE. 

Définition.  —  Le  diabète  insipide  est  caractérisé  par  le 
rejet  d'une  quantité  considérable  d'urine,  claire,  transpa- 
rente, d'un  poids  spécifique  moins  élevé  qu'à  l'état  normal 
et  ne  renfermant  pas  de  sucre.  11  se  distingue  du  syndrome 
polyurie  par  la  diiuinulion  des  forces  et  l'amaigrisseuKMît 
des  animaux.  La  polyurie  dénonce  la  résorption  dexsudals 
ou  d'épancliements  [z<rme,ç  criiiçMes  (i)],  la  néphrite  inter- 
stitielle chronique,  des  intoxications  déterminées  par  le 
nitrate  de  potasse,  de  soude,  parla  digitale  ou  les  produits 
mélasses;   le  diabète  insipide    trahit   biihitucllcmcnt    une 

(1)  Voy.   Polyurie,  iii  Sémiologie,  t.  I,  p.  Ii87). 


DIABÈTE    INSIPIDE.  il 

désassimilation  exagérée,  une  dénutrition  azoturique, 
albuminurique,  analogue  à  celle  qu'on  observe  dans  le  dia- 
bète sucré  ;  mais  on  ne  connaît  pas,  chez  les  animaux,  les 
diabètes  insipides  phosphatique.  inosurique,  oxalique  ;  c'est 
le  diabète  insipide  essentiel,  sans  sucre  ni  albumine,  qui 
est  le  plus  commun  ;  il  est  exclusivement  caractérisé  par 
la  polyurie,  la  polvdipsie  et  l'amaigrissement.  On  Tobserve 
principalement  chez  les  solipi'des  et  le  chien. 

I.    —  SOLIPÈDES. 

Le  diabète  insipide  essentiel  ou  vrai  a  été  signalé  par 
Moiroud.  Weber,  Cagnj-,  Dieckerhoff.  Schindelka. 

Étiologie.  —  Les  aliments  moisis,  notamment  le  pain 
moisi, l'avoine  échauffée  (Moiroud.  Dieckerhoff),  les  vesces 
altérées  sont  les  principales  causes  de  ce  diabète  insipide; 
les  fermentations  déterminent  probablement  la  formation 
de  produits  toxiques  qui  troublent  le  système  nerveux  et 
provoquent  la  diurèse.  Les  adonis,  les  anémones  et  sur- 
toutlesasclépiadées  engendrent  ce  trouble  chez  les inou^o»s 
(Veith'i.  Les  fourrages  gelés  sont  également  une  cause  de 
ce  diabète  (Koll).  On  le  voit  particulièrement  apparaître 
l'été,  àla  suite  de  grandes  fatigues  chezhs  chevaux  entiers; 
il  est  beaucoup  plus  rare  chez  les  fy/evau.Y  hongres  et  excep- 
tionnel chez  les  juments.  Il  est  permis  de  croire  à  la  con- 
tagion de  ce  trouble  fonctionnel  quand  on  voit  tous  les 
chevaux  d'une  écurie  devenir  polyuriques  quelque  temps 
après  l'arrivée  d'un  cheval  lui-même  atteint  de  polyurie 
(Cagny,  Gagnât)  ;  mais  on  peut  supposer  aussi  que  les 
mêmes  conditions  de  travail  et  d'alimentation  se  tradui- 
sent par  des  troubles  analogues.  La  polyurie  symptoma- 
lique  peut  succéder  à  un  traumatisme  du  foie  (Perrin  ,  à 
des  altéi'ations  du  système  nerveux  central  et  sm'tout  à  la 
tuberculose,  à  la  morve  et  à  la  lymphadénie  ;  il  y  a  géné- 
ralement un  amaigrissement  progressif  des  animaux  en 
même  temps  qu'une  anomalie  de  la  sécrétion  rénale. 


12  MALADIES    DE    LA    NUTRITION. 

Symptômes.  —  Le  diabMo  insipide  qui  succède  k  l'in- 
gestion d'aliments  altérés,  à  un  travail  pénible  pendant  les 
chaleurs  de  l'été,  se  développe  tantôt  brusquement,  tantôt 
graduellement,  de  sorte  que  son  existence  passerait  inaper- 
çue si  elle  n'était  trahie  par  l'affaiblissement  des  sujets, 
leur  amaigrissement  et  une  polyurie  de  plus  en  plus 
intense.  Les  animaux  urinent  fréquemment  et  en  grande 
quantité;  ils  expulsent  journellement  30à601itres  d'urine, 
et  urinent  jusqu'à  quatre  à  dix  fois  par  heure  ;  on  observe 
quelquefois  delà  dysurie  par  suite  de  la  tuméfaction  catar- 
rhale  de  la  muqueuse  des  tubes  urinifères;  il  j  a  parfois 
même  une  véritable  incontinence  d'urine.  Ce  liquide  est 
aqueux,  transparent,  d'une  densité  toujours  inférieure  à 
celle  de  l'urine  normale;  son  poids  spécifique  est  de  1001  à 
d002;  ce  sont  surtout  les  sels  de  chaux  qui  disparaissent  ; 
on  peut  y  découvrir  quelquefois  de  l'albumine,  mais  jamais 
de  sucre;  l'examen  microscopique  donne  des  résultats  né- 
gatifs. 

La  polydipsie  est  toujours  très  prononcée  ;  les  animatix 
absorbent  quelquefois  jusqu'à  100  litres  de  liquide. 

En  même  temps,  les  malades  maigrissent,  leurs  forces 
baissent;  le  pénis  est  pendant;  lessécrétionsdigeslivesdimi- 
nuent  ;  ou  observe  de  la  constipation  sans  lièvre,  sans 
troul)ics  circulatoires  bien  appréciables. 

Marche.  —  Ce  trouble  sécrétoire  persiste  pendant  un 
mois  à  six  semaines  ;  il  disparaît  plus  rapidement  quand 
il  est  d'origine  alimentaire  et  (piOu  h  promptement  sup- 
primé les  aliments  nocifs.  Exceiitiounelieuient,  le  diabète 
insipide,  abandonné  à  lui-même,  persiste  plusieurs  mois  et 
parfois  même  plus  de  deux  ans  (Crève,  DieckerliolV)  pour 
aboutir  à  la  cachexie. 

Diagnostic.  —  La  poh/uric  simple  se  distinguedu  diabète 
insipide  par  sa  dispai-iliou  |u-oiiipt('  sans  auiaigriss(Miient 
(lu  sujet. 

Le  diabète  sucré  s'en  ditVérencie  par  i'i'b'vation  du  poids 
spécifique  et  la    pi'ésence   du    sucre    dans  les   urines  ;    la 


DIABÈTE    INSIPIDE.  13 

néphrite,   par  l'existence  d'une   albuminiirie  persistante. 

Traitement.  —  Le  changement  de  nourriture,  le  repos, 
donnent  les  meilleurs  résultats  ;  on  doit  réduire  aussi  la 
quantité  d'eau  à  20  ou  24  litres  par  jour,  car  on  a  remar- 
qué que  la  polyurie  est  entretenue  par  l'absorption  de 
grandes  quantités  d'eau  (Leblanc,  Gagnai). 

Les  médicaments  sont  entièrement  inefficaces. 

II.     —    CHIEN. 

Le  diabète  insipide  du  chien  n'est  pas  rare  :  il  est  carac- 
térisé par  de  l'amaigrissement  et  le  rejet  d'une  grande 
quantité  d'urine  ne  contenant  aucun  élément  anormal 
{polvurie  essentielle)  ou  renfermant  une  certaine  quantité 
d'albumine. 

Étiologie.  —  Les  causes  passagères  de  polydipsie  qui 
déterminent  de  la  poljurie,  en  augmentant  la  masse  du 
sang,  ne  peuvent  être  regardées  comme  des  sources  de 
diabète  insipide. 

Telles  sont  les  gastro-entérites,  qui  s'accusent  par  une 
soif  intense;  la  néphrite  chronique,  les  intoxications, 
les  diurétiques,  le  sucre,  qui  élèvent  la  tension  sanguine 
dans  les  glomérules  et  engendrent  des  vaso-dilatations 
rénales. 

Le  diabète  insipide  résulte  principalement  de  troubles 
nerveux. 

La  piqûre  du  quatrième  ventricule,  les  lésions  bulbaires, 
cérébrales,  cérébelleuses,  l'écrasement  de  la  région  sous- 
lombaire  par  une  roue  de  voiture  (Holzmann),  la  compres- 
sion de  la  moelle  par  des  tumeurs  déterminent  la  polyurie 
par  excitation  des  nerfs  vaso-dilatateurs  du  rein. 

La  désassimilation  exagérée  pi'oduite  par  des  tumeurs, 
la  ]jmphadénie,la  tuberculose,  l'abcédation  de  la  prostate 
et  des  ganglions  périanaux  (Schindelka),  s'accompagnent 
quelquefois  de  diabète  insipide.  La  sécrétion  rénale  devient 
anormale,    l'organisme  perd  la  faculté  de  séparer  l'acide 


14  MALADIES    DE    L\    MTIUTION. 

nrique  et  les  sels  ;  ces  prodiiili^  d'excrrlion  sont  résorbés 
;m  nivciui  des  gloméniles  par  ilo  grandes  qiiantilé-s  d'eau. 
Symptômes.  —  La  polyiirie  essentielle  est  dcnonci'-e  par 
ré'niission  fn^piente  cl  ahondantc  (Turinc  <daire,  limpide, 
inodore,  ne  renfermant  ni  sucre,  ni  aucun  élément  étran- 
ger. 11  s'agit,  le  plus  souvent,  dans  ce  cas,  d'un  phénomène 
passager,  dépourvu  de  troubles  gé-néraux,  qui  s'atti'nue  et 
disparaît  pi'ogressivemenl  au  bout  de  quelques  semaines 
ou  d'un  mois.  Quand  le  diabète  insipideest  lié  à  une  mala- 
die organique,  l'urine  présente  souvent  des  traces  d'albu- 
mine; elle  est  rejetée  encpianlilt-  considérable(3  àilitres)  ; 
l'animal  urine  aussi  à  tout  instant  :  il  ne  peut  être  con- 
servé dans  les  appartements;  il  manifeste  une  soif  vive; 
il  absorbe  de  grandes  quantités  d'eau  (quelquefois  10  à 
151itres).  Quand  l'eau  vientà  manquer,  ces  malades  absor- 
bent l'eau  croupie,  l'eau  sale  infecte  ou  même  leurju-opre 
urine  ;  l'urine  rejetée  est  ainsi  constamment  en  rapport 
avec  la  quantité  de  liquide  que  l'animal  a  pu  ingérer.  La 
peau  devient  sèche,  les  poils  ternes,  les  muqueuses  pAles  ; 
l'appétit  diminue  ou  est  capricieux  :  l'amaigrissement 
s'accuse  de  plus  en  plus,  cl  ranimai  peut  succomber  si 
l'on  ne  modilie  pas  son  régime  ou  si  on  l'abandonne  fi 
lui-même. 

Diagnostic. —  Le  diabète  insipide  vrai  peut  être  reconnu 
el  dinV'reucié  dembb'eilcs  diverses  maladies  qui  engendrent 
une  polyurie  passagère  ;  il  suflil  d'administrer  i\  l'animal 
suspect  une  dose  de  quelques  grammes  de  sel  marin  pen- 
dant quelques  jours.  L'exagération  rapide  de  la  quantité 
d'urine  sécrétée  témoigne  de  l'existence  du  diabète  insi- 
{»ide  ;  le  sel  marin  ne  modilie  pas  laquantiti-  d'urine  dans 
les  autres  cas,  sauf  dans  la  néphrite  inlerstitielle,  qu'on 
dilV(''rencie  du  diabète  par  des  symptômes  spéciaux. 

Traitement.  —  Une  bonne  alimentation,  composée  de 
lait  et  de  viande  crue,  exerce  une  influence  salutaire. 

Il  faut  Restreindre  la  quantité  de  liquide  (tisane  d'orge  et 
de  chiendent)  qu'on  donne  en  boissons.  Les   préparations 


OBÉSITÉ.  IS 

valérianées,  bromurées  ou  opiacées,  exercent  une  action 
sédative  sur  le  système  nerveux  et  peuvent  enrayer  un 
diabète  insipide  récent  ;  elles  sont  peu  efficaces  quand  il 
est  ancien. 

Bromure  de  potassium  ou  de  sodium 25  grammes. 

Sirop  d'écorce  d'oranges  amères iOO       — 

Une  cuillerée  à  soupe,  matin  et  soir. 

III.  —  OBÉSITÉ. 

L'obésité  est  un  état  pathologique  caractérisé  par  Ihyper- 
trophie  généralisée  du  tissu  adipeux. 

Étiologie.  —  L'obésité  physiologique  ou  engraissement 
résulte  d'une  alimentation  très  copieuse  chez  les  animaux 
au  repos,  de  telle  sorte  qu'il  y  a  disproportion  entre  l'apport 
et  l'utilisation  des  matériaux  nutritifs. 

L'obésité  pathologique  l'ésulte  fréquemment  d'un  ralen- 
tissement delà  nutrition  caractérisé  par  une  oxydation  et 
une  combustion  incomplète  des  aliments  ingérés  en  quan- 
tité normale. 

;  Les  chiens  eczémateux  sont  fréquemment  obèses  par 
ce  mécanisme. 

La  suppression  de  la  vie  génitale  agénéralementrobésité 
pour  conséquence.  La  castration  diminue  l'activité  muscu- 
laire et  ralentit  les  combustions;  elle  diminue  à  la  fois  les 
besoins  et  les  dépenses. 

Vdge  avancé,  qui  est  caractérisé  parla  prédominance  de  la 
désassimilation  sur  l'assimilation,  diminue  l'activité  mus- 
culaire et  favorise  l'engraissement  :  les  vieux  chiens  sont 
fréquemment  obèses. 

Les  (7;era;/.Y  emphysémateux  deviennent  obèses  par  suite 
de  la  diminution  de  la  capacité  respiratoire  du  poumon. 
L'obésité  résulte  toujours  d'une  suralimentation  absolue  ou 
relative.  Augmenter  la  quantité  de  principes  nutritifs  ou 
diminuer  l'intensité  des  combustions  produit  l'obésité. 

Symptômes.  —  Le  corps  s'arrondit,  les  angles  s'effacent; 


16  MALADIES    DE    LA    NUTRITION. 

les  creux  se  remplissent  ;  la  peau  s'épaissit  et  forme  des 
plis  mous  et  élastiques.  Le  tissu  adipeux  envahit  principa- 
lement le  tissu  cellulaire  sous-culané  et  intermusculaire  du 
cou,  du  tronc,  du  ventre,  des  épaules  et  des  cuisses,  l'épi- 
ploon  et  le  mésentère.  Le  ventre,  distendu,  donne  quelque- 
lois  l'impression,  chez  le  chien,  d'un  commencement  d'as- 
cile.  L'obésité  est  une  cause  de  fatigue  pour  le  fonction- 
nement de  tous  les  organes;  les  animaux  indolents  s'es- 
souflent  au  moindre  exercice;  ils  se  fatiguent  vite  et  se 
couvrent  de  sueur.  Lactivité  cardiaque  est  alTaiblie;  le 
pouls  est  accéléré  et  mou;  la  digestion  est  lente,  pénible; 
le  chien  gras  est  généralement  constipé  (fig.  2). 

Marche.  —  C'est  une  maladie  qui  évolue  lentement, 
compatible  avec  un  léger  travail;  elle  est  suivie  d'ané- 
mie, demphjsème,  de  troubles  respiratoires  et  circula- 
toires, qui  peuvent  devenir  asphyxiques.  Chez  le  cheval, 
elle  se  complique  fréquemment  de  furonculose  au  pour- 
tour de  la  queue  et  chez  le  chien  d'eczéma  et  d'impé- 
tigo. Parfois,  chez  cet  animal,  l'adiposité  du  mésentère  est 
si  itrononcée  (lucilo  simule  l'ascile  (Magnin). 

Traitement.  —  Diminuer  la  ration  journalière  et 
augmenter  la  durée  de  l'exercice,  tels  sont  les  deux 
moyens  de  combattre  le  dépôt  de  graisse  dans  les 
organes  et  les  tissus.  Chez  le  chien,  il  faut  diminuer  le 
nombre  des  repas  et  la  quantité  de  corps  gras  et  de 
f('cul('nts  qu'on  donne  à  cliafpie  repas.  L'iodin-e  de  potas- 
.sjum  est  souvent  utilisé,  chez  un  animal,  pour  le  faire 
maigrir. 

Les  préparationsà  base  de  thjroïdine  rendent  de  grands 
services  parce  qu'elles  amènent  une  disparition  rapide  des 
graisses,  et  une  forte  deslruclion  d'albumine,  i-'est  ji^urquoi 
leiireniploi  nécessile  un  plus  riche  apport  d'albumines. 

Parmi  ces  dilïérentes  préparations,  on  peut  employer  la 
la  thvroïdine  éjiurée  [chien,  0'!'',2-0e>',3  jusqu'à  Qs^Tri,  ou 
t  rois  fois  par  jour  unr;uillère  à  café  de  la  solution  îi  0,1  p.  100); 
Ibvroïdine  de  P6/(/ (trois  fois  par  jour0g^3  k  08', 0'  ;  iodo- 


GOUTTE.  17 

thji-ine  (Og%l  à  0sf,2).    Les  glandes  thyroïdes   d'animaux 


Fig.   2.  — Chien  obèse  d'apparence  ascitique. 

fraîchement    abattus  conviennent    bien    pour    combattre 
l'adiposité. 

IV.  —  GOUTTE. 


Définition.  —  La  goutte  est  une  maladie  générale  de  la 
nutrition  caractérisée  par  le  dépôt  d'acide  urique  et 
d'urates  dans  les  articulations  (arthrite  goutteuse)  et  dans 
les  organes  internes  (goutte  viscérale).  Sous  sa  forme  la 
plus  typique,  on  l'observe  exclusivement  chez  les  oiseaux; 
mais  avec  des  caractères  frustes,  elle  paraît  susceptible  de 
se  développer  chez  les  autres  espèces  animales. 


18  MALADIES    DE    LA    NL'THITION, 


I.  —  OISEAUX. 


Étiologie  et  Pathogénie. —  L;ilimcnlation  joue  un  rolo 
prépondérant  dans  l'étiologie  de  cette  maladie.  1^'acide 
urique  provient  principalement  des  aliments  riches  en 
nucléines,  comme  certaines  graisses  et  diverses  matières 
animales  :  les  nucléo-alhumines  so  dédoublent  en  albu- 
mine et  nufléinos  ;  les  nucléines,  en  albumine  et  acide 
nucléinique;  lacide  nucléinique  donne  de  l'acide  phosplio- 
rique,  certains  sucres  et  les  corps  alloxuriques  (xantbine, 
hypoxanthine,  guanine,  adénine,  etc.)  ;  ceux-ci,  à  leur  tour, 
se  transforment  partiellement  en  acide  urique.  L'ingestion 
expérimentale  de  viande  de  clicvnl  pendant  une  semaine  à 
un  mois  i)erme(  de  faire  déveIop|ier  la  goutle  chez  les 
/*o;//e.s  (Kionka  et  Bannes,  Khsiein,  Widal). 

Certains  produits  toxiques  favorisent  ces  dépôts  d'urate 
et  d'acide  urique  :  tels  sont  le  plomb,  chez  YJioiinne;  les 
acides  chromique,  oxalique,  le  sublimé,  le  sucre  de  canne, 
l'acétone,  l'aloïne chez  \es  jjoiik's  iKossa).  Des  observations 
récentes  permettent  de  considérer  ÏUsIilaç/o  rndidis 
comme  une  cause  de  goutte  chez  les  oiseaux.  Tous  les 
poisons  agissent  en  déterminant  des  néphrites  toxiques 
qui  sont  des  causes  de  rétention  des  urales.  La  ligature 
des  uretères  aboutit,  chez  la  poule,  le  pigeon  ou  Voie, 
au  même  résultat  par  le  même  mécanisme  :  il  se  l'orme  des 
dépôts  uratiques  dans  les  organes  internes  (estomac,  intes- 
tin, cœur,  poumon),  commedansles  articulations  (Ebstein, 
Arthus). 

Il  n'est  d'ailleurs  pas  rare  de  constater  l'obstruction 
d'un  uretère  par  une  concrétion  uratique  soit  chez  la 
poule,  soit  chez  le  pigeon  (Larcher)  (1).  Chez  le  lapin, 
l'acide  urique,  injecté  en  assez  grande  quantité  sous  la 
peau,  se  transforme  en  paillettes  d'urate  de  soude  (Van 
Loghem). 

(1)  Larcher,  Société  centrale,  I891-,  p.  45. 


GOUTTE,  '  19 

Le  défaut  d'élimination  des  urates  produit  ainsi  les 
mêmes  résultats  que  leur  excès  de  production. 

Les  sédiments  d'acide  urique  et  d'urates  se  déposent 
partout  où  le  sang  circule  très  lentement,  comme  au  niveau 
des  reins  du  pigeon  (Liénaux),  au  niveau  des  tissus 
nécrosés  chez  tous  les  animaux  (Ebstein)  ou  des  articu- 
lations chez  les  poules  bien  nourries  et  sédentaires.  Les 
grosses  races,  comme  celles  de  Cochinchine  et  de  Brahma, 
qui  ne  font  presque  pas  d'exercice,  y  sont  particulièrement 
|irédisposées  (i). 

La  goutte  est  très  commune  chez  les  perroquets,  qui  ne 
quittent  pas  leur  perchoir  :  chez  les  rapnces  entretenus 
dans  les  jardins  zoologiques,  tandis  que  la  maladie  est  rare 
chez  les  autruches  et  chez  les  oiseaux  qui  vivent  en  liberté, 
comme  les  palini])èdes  aquatiques  ;  cependant  on  l'a  vue 
frapper,  d'une  manière  enzootique,  les  oies  d'une  grande 
exploitation  (Hartenstein). 

Cette  maladie  sévit  plus  souvent  chez  les  roqs  que  chez 
les  poules,  et,  parmi  celles-ci,  ce  sont  les  poules  qui  ne 
font  pas  d'œufs  qui  sont  le  plus  fréquemment  atteintes  ;  elle 
frappe  exclusivement  les  animaux  adultes  ou  âgés.  Un 
trouble  nutritif  accidentel  ou  héréditaire  semble  s'ajouter, 
chez  ces  animaux,  à  l'action  des  aliments  pour  favoriser 
les  dépôts  uratiques  engendrés  par  rétention  rénale  ou 
hyperproduction  aboutissant,  dans  les  deux  cas,  à  la  satu- 
ration du  sang  par  les  urates. 

Symptômes.  —  Dans  la  goutte  articulaire,  les  arti- 
culations frappées  (tarse,  métatarse,  phalanges,  coude) 
sont  douloureuses  à  la  pression  et  présentent  des  tuméfac- 
tions partielles  ou  diffuses,  situées  sur  les  parties  laté- 
rales des  jointures,  d'une  consistance  molle:  ce  sont  des 
tophus  ou  des  nodules  arthritiques.  De  la  grosseur  d'un 
d'un  grain  de  chènevis  ou  d'une  lentille,  exceptionnelle- 


(1)  Lucet,  Sur  un  cas  d'urémie  chez  là  poule  (Recueil  de  méd.  vét.,  1891, 
p.   171). 


20  MALADIES    DE    LA    NUTRITION. 

ment  de  celle  d'un  (piif  de  pigeon  chez  les  gros  oiseaux,  ces 
lophus  sont  rarement  mobiles  sous  la  peau  ;  ils  l'ont 
généralement  corps  avec  l'os;  ils  se  multiplient  au  pour- 
tour de  l'articulation  et  s'étendent  le  long  des  tendons, 
dans  la  peau  et  les  tissus  sous-jacents,  ou  dans  le  voisinage 
du  rachis  des  plumes.  Ces  nodules  ont  une  évolution  très 
variable  :  tantôt  l'épidenne  se  desquame  et  s'amincit  à 
leur  surface;  tantôt  meurtris  par  des  contacts  anormaux, 
ils  se  ramollissent  et  s'ulcèrent  ;  il  s'en  échappe  une 
matière  blanchâtre  ou  gris  jaunâtre  constituée  par  un 
mélange  de  pus  et  d'urates.  Les  bords  de  ces  ulcérations 
sont  légèrement  sanguinolents;  le  tissu  osseux  ou  cartila- 
gineux peut  apparaître  dénudé,  et  la  sonde  peut  pénétrer 
dans  l'articulation  ouverte. 

Les  signes  fonctionnels  qui  accompagnent  ces  altérations 
articulaires  consistent  dans  des  troubles  locomoteurs  ou 
dans  l'impossibilité  de  voler. 

Les  membres  malades  sont  fréquemment  agités  de 
mouvements  spasmodiques  :  les  animaux  ne  peuvent  se 
maintenir  longtemps  sur  leurs  pattes;  ils  ont  une  démar- 
che chancelante  et  paraissent  souffrir  beaucoup.  Chaque 
fois  que  leurs  doigts,  déformés,  heurtent  un  obstacle,  on 
les  voit  se  tenir'  immobiles  comme  s'ils  couvaient  des 
œufs. 

L'évolution  de  la  maladie  est  lente  et  progressive  ;  la 
plupart  des  articulations  deviennent  malad.es;  les  sujets 
perdent  l'appétit  et  deviennent  d'une  maigreur  extrême. 
L'as|)ect  de  leurs  plumes  moins  brillantes  et  hérissées,  la 
pâlciu"  de  leur  crête,  devenue  flasque,  et  enfin  l'invasion  de 
la  diarrhée,  dénotent,  chez  eux,  une  grande  faiblesse  et  lina- 
lement,  on  les  voit  succomber  dans  le  marasme. 

Quand  les  animaux  résistent,  les  articulations  intéressées 
se  déforment  et  s'ankylosent  ;  souvent  les  ongles  s'épais- 
sissent, prennent  une  forme  tortueuse  ;  quelquefois  même 
ils  tombent  avec  la  idialange  qui  leur  correspond    flg.  3). 

La  goutte  a  une  évolution  chronique;  elle  est  rarement 


GOUTTE. 


21 


aiguë,  comme  Harstentein  l'a  observée  chez  les  oies.  Elle 
commence  habituellement  par  une  extrémité  et  gagne 
ensuite,  au  bout  de  quelques  mois,  les  articulations  corres- 
pondantes de  l'autre  patte  sans  troubler  en  rien  l'état 
général.  On  peut  constater  des  poussées  aiguës  dans  les 
principales  articulations  atteintes. 

La  guérison  est  très  rare;  elle  ne  peut  survenir  que  chez 


Fig.   3.  —  Extrémités  des   pattes  d'une  poule  goutteuse  (d'ajirès    Liénaux). 


les  animaux  enfermés  auxquels  on  rend  la  liberté.  Chez 
tous  ceux  qui  vivent  en  captivité,  le  pronostic  est  défavo- 
rable; la  goutte  ne  rétrograde  jamais  ;  il  se  produit  tou- 
jours des  ankvloses  et  des  déibrmations  irrémédiables  (1). 
Anatomie  pathologique.  —  Les  cartilages  articulaires 
sont  le  siège  de  dépôts  blancs  comme  la  craie,  limités  au 

(1)  Hébrant  et  Antoine,  A  propos  de  la  goutte  ou  diathèse  urique  cliez  les 
oiseaux  (Ann.  de  méd.  vét.,  1909,  p.  321). 


22  MALADIES    DK    LA    NUTRITION. 

centre  ou  étendus  à  la  périphérie;  çà  et  là,  on  observe  des 
ulcérations  cartilagineuses.  Les  ligaments  articulaires,  les 
muscles,  le  tissu  conjonctil" intermusculaire,  les  tendons  au 
niveau  de  leurs  insertions  sont  le  siège  de  dépôts  uratiques 
qui  envahissent  aussi  le  tissu  osseux  [colonne  vertébrale, 
os  du  bassin,  côtes,  ailes  et  membres  inférieurs  (Larcher)], 
les  cartilages  du  larynx,  les  parois  vasculaires  et  la  peau. 

Les  lésions  viscérales  sont  elles-mêmes  très  fréquentes. 
Les  séreuses  (plèvre,  péritoine,  péricarde),  les  paren- 
chymes (foie,  poumon,  estomae)  sont  le  siège  de  nodosités 
crayeuses  ou  analogues  à  du  talc,  plus  ou  moins  volumi- 
neuses, à  l'eflets  plus  ou  moins  chatoyants  quand  elles  sont 
sèches. 

Les  reins  et  les  î/j'e^è/rs  renferment  des  cylindres  ou  des 
bouchons  blanchâtres:  on  trouve  des  cristaux  autour  et 
dans  les  tubes  droits  et  les  tubes  contournés. 

Diagnostic.  —  La  maladie  est  réellement  caract ('risée 
par  l'examen  microscopique  ou  chimique  de  l'acide  urique 
ou  des  urates  dans  les  articulations  ou  les  viscères.  L'exa- 
men microscopique  permet  de  constater  la  présence  de 
cristaux  en  aiguille  d'uralede  soude.  Le  produit  traité  par 
l'acide  nitrique  et  évaport'  dans  un  verre  de  montre,  à  une 
température  douce,  donne  une  masse  rouge-pelure  d'oignon, 
qui  devient  pourpre  par  l'addition  d'une  goutte  d'ammo- 
niaque. On  a  là  d'excellents  moyens  de  distinguer  les 
arthrites  goutteuses  des  arthrites  hiberculeuses  ou  des 
formes  articulaires  chroniques  du  choléra  aviaire.  Dans 
la  gale  des  pattes,  les  déformations  articulaires  sont  déter- 
minées par  des  croûtes,,  au-dessous  desquelles  on  peut 
découvrir  les  femelles  ovigèrcs  du  Sarcoptes  mutans. 

Traitement.  —  Diminuer  la  nourriture  des  animaux 
malades;  supprimer  les  aliments  Iroj)  azotés,  particidiè- 
rement  ceux  (pii  sont  très  riches  en  nucléines  ;  administrer 
avec  l'eau  des  boissons  des  sols  alcalins,  notamment  du 
bicarbonate  de  soude,  de  l'eau  de  Vichy  ;  modifier  le  régime 
des  animaux  eu  leunlonnanl  la  liberté. 


GOUTTE.  23 

La  pipérazine  à  la  dose  de  0?''.5  à  1  gramme  chez  les 
poules,  de  0^^,40  à  08^,50  chez  les  pigeons,  fait  diminuer 
la  quantité  d'acide  urique  et  d'urates  dans  le  sang.  Le 
salicylate  de  soude  à  l'intérieur,  les  frictions  à  lalcool.  les 
badigeonnages  à  la  teinture  diode  ou  à  l'huile  de  laurier 
sont  indiqués  pour  combattre  les  déformations  arti- 
culaires. 

Après  la  disparition  des  manifestations  aiguës,  Marek 
conseille  l'ablation,  avec  le  scalpel,  des  tuniem's  bien 
délimitées:  pour  celles  qui  sont  molles,  on  en  pratique 
lincision.  puis  le  curettage. 

Lorsque  l'articulation  est  ouverte,  on  institue  un  traite- 
ment antiseptique. 

II.  —  MAMMIFÈRES. 

La  goutte  des  inawiniteres  est  à  peine  soupçonnée. 
Signalée  chez  les  vieux  r/;ye/3s($pinola.  Bruckmùlier.  Cha- 
zeau),  elle  se  localise  au  niveau  des  articulations  infé- 
rieures des  membres  et  de  l'extrémité  inférieure  des  côtes 
et  paraît  se  terminer  par  l'ankylose  des  articulations 
noueuses. 

Chez  le  cheval,  les  extrémités  osseuses  des  membres 
postérieurs  deviennent  douloureuses;  elles  se  tuméfient  et 
empêchent  l'animal  de  se  déplacer  pendant  quinze  jours 
au  minimum.  Cette  douleur  peut  se  localiser  aux  boulets, 
aux  jarrets,  à  la  couronne,  au  paturon,  et  s'accompagner 
de  troubles  urinaires  avec  rejet  d'un  sédiment  abondani 
(Vogt)  qui  fait  dire  que  les  animaux  sont  «  graveleux  » 
(Chazeau)  (1).  C'est  une  maladie  récidivante  qui  tend  à 
s'atténuer  à  la  suite  d'un  travail  régulier. 

Chez  le  bœuf,  on  peut  observer  des  troubles  articulaires 
«  chez  des  animaux  ayant  la  pierre  ». 

Chez  le  porc,  on  a  signalé  des  dépôts  de  guanine  dans 

(1)  Chazeau.  Revue  générale,  t.  II,  1911,  p.  695. 


24  MALADIES    I)K    LA    NLTRITIOX. 

les  articiihitions  (Ffliig,  etr.).  La  réaction  de  Tiirine  de  ces 
animaux  est  en  rapport  avec  leur  alimentation.  Les  povi-s 
goutteux  sont  fréquemment  atteints  aux  ijuatre  membres 
[Péricaud  (1)]. 

Traitement. —  t)n  ne  s'est  pas  pn-occupé  du  traitement 
de  cette  maladie  chez  les  inanuuilV'res. 


V.  —  ACHONDROPLASIE. 

L'achondroplasie  est  une  maladie  congénitale  qui  atteint 
lesos  développés  aux  dépens  des  cartilages  (2).  Il  y  a  raccour- 
cissement des  membres  et  de  la  tôle  [veinix-boulcdoçjues. 
veaux-tortues)  par  défaut  de  formation,  de  prolifération 
et  d'ossification  des  cartilages  (Voy.  Achondroplasie.  in 
Pathologie  chirurgicale  générale,  t.  L  p.  334). 

VI.—  RACHITISME. 

Le  racbitisme  est  une  affection  du  système  osseux  des 
jeunes  animaux  caractérisée  par  des  déformations  tempo- 
raires ou  permanentes  dues  à  l'insutïisance  des  sels  miné- 
raux nécessaires  à  la  constitution  du  squelette.  On  l'observe 
chez  tous  les  animaux  (3).  (Voy.  Pathologie  chirurgicale  gé- 
nérale, t.  I.) 

(1)  Péricaud,  Goiilte  du  iiorc  {Soc.  renir.,  190S). 

(2)  Zschokke,  Anomalies  de  développement  des  os.  —  Regnaull,  L'achon- 
droplasie chez  le  chien  (Recueil  de  mcd.  vcl.,  1901,  p.  118). —  lA'blanc, 
Achondroplasie  et  my.\œ  lème  (loitrnnl  de  Lyon,  1901). 

(3)  Zwaenepoel,  Enquête  faite  en  1912  poui- eciirlor  les  causes,  la  fréquence 
et  la  gravité  du  rachitisme  des  [joulains  dans  la  Flandre  occidentale:  mesures 
à  prendre  pour  enrayer  l'extension  de  la  maladie  (Annales  de  mcd.  x'ét., 
1913,  p.  69).  —  Liénau.\,  Le  fau.'c  éparvin  du  poulain  rachilique  (Anna/es 
de  méd.  vél.,  1911,  p.  377).  —  Liénaux,  Sur  l'alaxic  locomotrice  des  poulains 
rachitiqiies  et  sur  le  diagnostic  difTérentiol  du  tour  de  rein  (Anna /ci  de 
méd.  vêt.,  1912,  p.  130).  — Loos,  Rachitisme  chez  des  porcelets  alimentés 
exclusivement  avec  de  la  viande  et  des  pommes  de  Icrre  (]Vor/ienschri/'(  fiir 
Tierheilkunde,  1905,  et  Revue  générale,  190C,  1. 1,  p.  i'67). 


MALADIE   DU    RENIFLEMENT. 


VII.  —  CACHEXIE  OSSEUSE. 

La  cachexie  osseuse  est  une  maladie  générale  qui  se 
traduit  par  la  décalcification  du  système  osseux  et  la  disso- 
lution des  travées  osseuses.  On  l'observe  principalement 
chez  les  bovidés  adultes  et  la  chèvre  sous  la  forme 
sporadique  ou  endé- 
mique à  rinstar  des 
maladies  infectieuses 
(tig.  4j.  Cette  maladie 
se  sépare  nettement 
du  rachitisme  (Voy. 
Pathologie  chirurgi- 
cale générale,  t.  1, 
p.    281)   (Carougeau). 

VllI.   —    MALADIE 

DU 

RENIFLEMENT. 

La  maladie  du  reni- 
flement est  une  mala- 
die microbienne  du 
porc  très  rapprochée 
de  l'ostéomalacie  des 
bovidés  eldeschè  vro.t, 
si  ce  n'est  pas  la  même 
maladie. 

En  faveur  de  l'iden- 
tité, on  peut  invoquer  son  inoculabilité  à  la  chèvre  et  la 
coexistence  de  la  maladie  du  reniflement  chez  le  porc  et 
de  la  cachexie  osseuse  du  ])œut'  dans  les  mêmes  exploita- 
tions (Liénaux)  (Voy.  Maladie  du  reniflement,  in  Patho- 
logie chirurgicale  générale,  t.  I). 

Il  faut  isoler  les  malades  et  désinfecter  les  locaux  qu'ils 
occupent.  , 

Cadéac.  —  Patholosie  interne.  VII.  2 


Fig.  4.  —  Ostéomalacie  (Besiioit). 


26  MALADIES    DE    LA    NUTRITION. 

IX.  —  OSTÉOMALACIE   DES    EQUIDES. 

Conntio  sous  le  nom  de  maladies  du  non,  ou  (ïostéopo- 
rose(i),  refle  maladie  infectieuse,  propre  aux  équidés.  es! 
raraotérisée  par  une  ostéomyélite  généralisée  avec  démi- 
naralisalion  progressive  et  se  traduit  par  d(!s  boiteries,  un 
gontlement  pathognomonique  des  os  maxillaires,  par  des 
arrachements  tendineux  et  ligamenteux,  des  fractures  et 
par  un  amaigrissement  considérable,  malgré  la  conserva- 
lion  de  Tappétit  (Carougeau). 

Elle  est  rare  en  Europe,  1res  répandue  en  Amérique, 
enzoolique  en  Cochinehine,  en  Australie,  dans  l'inde  et 
dans  l'Afrique  du  Sud.  A  Madagascar,  elle  rend  inutilisables 
dans  un  délai  de  trois  à  quatre  ans  la  plupart  des  équidés 
importés.  L'ostéomalacie  frappe  les  animaux  de  tout  âge  ; 
elle  évolue  comme  une  maladie  infectieuse  de  la  moelle 
osseuse  qui  intéresse  ensuite  l'ensemble  du  squelette;  le 
tissu  osseux  se  raréfie  et  est  remplacé  pardutissu  conjonc- 
tivo-vasculaire  plus  ou  moins  abondant.  Les  diverses 
tentatives  d'inoculation  ont  échoué. 

Traitement.  —  Le  phosphate  trihasi(pie  de  chaux 
(10  grammes)  associé  au  carbonate  de  chaux  (8  grammes), 
à  la  magnésie,  calcinée  (5  grammes),  au  chlorure  de  sodium 
(10  grammes),  produit  de  bons  résultats. 

Les  arsenicaux  sont  un  adjuvant  important  de  celle 
médication  (Carougeau)  (2).  Le  déplacement  des  malades 
vers  des  régions  indemnes   amène    souvent  la  guérison. 

X.  —  OSTKO-PI^KIOSTITR   DIFFUSE. 

Le  domaine  de  l'ostéo-périostile  dilhise  du  r/irval  et  du 

(1)  Pathologie  rkiruriiieale  générale,  t.  I,]).  'M^S. 

(i\  Carougeau,  Klude  génornle  de  l'ostéomalacie  chez  le  cheval  uarticuliè- 
remenl  à  Madagascar  {Revue  générale,  t.  1,  p.  1-04). —  Guilheni  et  Jandraii, 
Revice  vét.,  iSOS,  p.  201. — Germain,  Recueil  de  méd.  vét.,  1881.  —  Pécaud, 
l.ostéoinalacie  des  équidés  auToiikin  [Revue générale  de  méd.  re/.,  janvier 
1904).—  Horrel,  Diaiiaz  el  .Marliaiigeas  {.hiurn.  des  véf.  mi/ilaires.  H»10). 


OSTEO-PERIOSTITE    DIFFUSE.  'l  > 

chien,  (\è]k  décrite  (1),  s'est  enrichi  d'une  série  de  travaux 
importants  qui  établissent  le  rôle  prépondérant  de  la 
tuberculose  inflammatoire  dans  Je  dévelo[)pement  des 
ostéo-arthropathies  hypertrophiantes  et  des  ostéo-périos- 
tites  ditTuses,  presque  toujours  symétriques.  Poncet  puis 
Marie  ont  précisé  depuis  longtemps  les  relations  étroites 
de  l'ostéo-arthropathie  hyperlrophiante  de  \ homme  avec 
une  affection  broncho-pulmonaire  antérieure,  d'où  le  terme 
de  pneumique  employé  pour  caractériser  l'origine  du  pro- 
cessus. Les  toxines  pulmonaires  ou  bronchiques  résorbées 
ont  une  action  élective  sur  les  os  et  les  articulations. 
L'exactitude  de  ces  vues  a  été  confirmée  chez  les  ani- 
maux par  des  expériences  (Dor,  1892)  et  par  de  nom- 
breuses observations  [Ballet  Alamartine  (2),  Liénaux  (3), 
Auger  (4),  Cadiot  (5)].  Les  recherches  de  Bail  et  Alamar- 
tine (6)  ont  été  le  point  de  départ  de  travaux  importants  sur 
la  tuberculose  inflammatoire  des  animaux  ;  ils  ont  fait  res- 
sortir la  diversité  des  lésions  pneumiques  ;  ils  ont  reconnu 
que  ces  lésions  peuvent  intéresser  les  diverses  pièces 
.du  squelette  :  vertèbres,  côtes  (Liénaux),  os  coxal  et  côtes 
[Bissauge  et  Naudin  (7)],  os  de  la  face  (Bail  et  Alamar- 
tine), le  poumon  [Bail  (8)],  le  cœur  [Boquet  (9)].  Les  néo- 
formations se  développent  presque  constamment  cliez  les 
chiens  affectés  de  tuberculose  pulmonaire  à  forme  inflam- 
matoire simple,  c'est-à-dire  à  type  épithélioïde,  non  folli- 
culaire et  à  évolution  très  lente.  D'ailleurs,  chez  le  chien, 
cette    forme   de    tuberculose   est    très  commune;    on  ne 

(1)  Pathologie  chirurgicale  générale,  t.  I,  p.  230. 

(2)  Bail  et  Alamartine,  Revue  de  chirurgie,  octobre  1908  :  Ostéo-arfhro- 
pathies  hypertrophiantes  d'origine  tuberculeuse  chez  l'homme  et  chez  le 
chien. 

(3)  Liénaux,  Annatesde  méd.  vét.,  1909,  p.  313. 

(4)  Auger,  Journal  de  Lyon,  1909,  p.  712. 

(o)  Cadiot,  Recueil  de  méd.  vét.,  1912,  15  avril. 

(6)  Bail  et  Alamartine,  Gazette  des  hôpitaux,  1912,  8  octobre. 

(7)  Bissauge  etNaudin,  Revue  générale  de  méd.  vêt.,  1906. 

(8)  Bail,  Journal  de  Lyon,  1913. 

(9)  Roquet,  idem,  1913. 


28  MALADIES    DE    LA    NUTRITION. 

découvre  jamais  chez  oot  animal  tlo  cellules  géantes  Bail-. 
Les  lésions  osseuses  sont  elles-mêmes  purcmenlinnainma- 
toires.  Histologiquement  et  bactériologiquement,  elles  sont 
dépourvues  de  toute  caractéristique  tuberculeuse  et  parais- 
sent dépendre,  uniquement,  des  toxines  tuberculeuses 
charriées  par  la  circulation  vers  la  périphérie,  notamment 
vers  les  extrémités,  où  la  stase  liée  aux  lésions  cardiaques 
favorise  leur  action. 

XI.  —  PSEUDO-RHUMATISMES  ARTICULAIRES. 

Le  rhumatisme  articulaire  n'est  qu'un  rhumatisme 
infectieux  provoqué  par  des  causes  inconnues  qui  sont  les 
mêmes  que  celles  des  pseudo-rhumatismes  infectieux.  Il 
s'agit  toujours  d'infections  générales  de  l'économie  à 
manifestations  articulaires  (Voj.  Pathologie  chirurgicale 
des  articulations,  Arlhritesj. 


LIVRE    YIll 


MALADIES  PAR   AUTO-INTOXICATION 


Ce  groupe  renferme  des  maladies  dues  à  la  résorption 
de  poisons  élaborés  dans  le  tube  digestif  [gastro-entérites 
toxi-infectieusesouvertige  abdominal  1)],  auxquels  viennent 
s'ajouter  des  produits  de  déchet  comme  dans  la  fourbure 
et  l'hémoglobinurie  paroxystique.  On  y  trouve  desmaladies 
par  insuffisance  glandulaire  (auto-intoxication  gravidique, 
fièvre  vitulaire.  éclampsie puerpérale,  maladie  de  Basedow, 
crétinisme  .  Le  rein  est  la  principale  sauvegarde  contre  la 
plupart  des  auto-intoxications;  le  péril  est  conjuré  tant  que 
son  fonctionnement  est  normal;  il  devient  imminent  dès 
qu'il  laisse  filtrer  lalbumine.  11  n'y  a  ni  éclampsie  puer- 
pérale, ni  fièvre  vitulaire,  ni  liémoglobinurie  paroxystique 
sans  albuminurie  ;  nous  avons  même  constaté  ce  sym- 
ptôme dans  plusieurs  cas  de  fourbure.  Ces  maladies  sont 
sœurs '2).  L'insuffisance  rénale  joue  dans  leur  évolution  un 
rôle  prépondérant. 

La  fcRU'bure  a  été  décrite  dans  les  maladies  du  pied 
{Voy.  Pathologie  chirurgicale  ;  nous  classons  la  maladie 
de  Basedow,  le  crétinisme  dans  les  maladies  du  système 
nerveux  ;  la  fièvre  vitulaire  et  l'éclampsie  puerpérale  sont 
étudiées  en  obstétrique. 

(1)  Cadéac,  Pathologie  interne  :  Intestin. 

(:!)    Cadéac,  Fièvre    vitulaire   et   hémoglobinurie  paroxystique    sont   deux 
ni.'iladies  sœurs  {Journal  de  Lyon,  1910). 


30  MALADIES   PAR    AUTO-INTOXICATION. 

IIÉMOGLOBINURIE   MUSCULAIRE 
PAROXYSTIQUE. 

SOLIPÈDES. 

Idée  générale.  —  Synonymie.  —  L'h&moglobimirie  mus- 
cidaire  paroxystique  est  une  auto-intoxication  à  invasion 
toujours  subite,  frappant  au  sortir,  de  l'écurie  ou  pendant 
le  travail,  les  animaux  reposés  et  caractérisée  par  l'émis- 
sion d'urine  foncée,  l'engourdissement  des  membres,  la 
tuméfaction  des  muscles  contractures,  rimpiiissancc  de  la 
locomotion  suivie  ou  non  de  chute. 

Sa  physionomie  clinique  est  celle  d'une  paraplégie. 
L'altération  du  muscle  exprimée  par  l'expulsion  dans  les 
urinesde  méihémoglobine  est  la  lésion  dominante.  L'intoxi- 
cation musculaire,  aggravée  par  la  marche,  est  suivie 
d'anoxyhémie.  d'accélération  de  la  respiration,  île  la  cir- 
culation, de  cyanose  des  muqueuses,  de  congestion  et 
d'hémorragies  dans  les  divers  tissus. 

Lésions  et  symptômes  ont  une  grande  tendance  à  la 
diffusion,  parce  que  l'agent  toxique  qui  détermine  la 
dissolution  de  l'hémoelobine  musculaire  se  ré[)and  dans 
tout  l'organisme. 

Les  premièresobservations  précises  sur  Ihémoglobinurie 
musculaire  remontent  au  commencement  du  siècle  der- 
nier. Gohier  (1813)  signale  les  lésions  des  psoas.  Coul- 
beaux  (1824),  Houpp,  Chariot.  Prévost  (1825),  Houley  jeune 
attirent  l'attention  sur  les  lésions  de  la  moelle.  Sépai-ées 
ou  réunies,  on  constate  dans  cette  maladie  des  lésions 
médullaires  nerveuses,  musculaires,  rénales,  intestinales, 
auxquelles  on  accorde  successivement  la  prépondérance, 
ce  qui  a  permis  de  faire  tour  àtourde  cette  hémoglobinurie 
une  affection  exclusive  de  la  moelle,  des  nerfs,  des  nmscles 
ou  du  rein.  Chacune  de  ces  localisations  a  eu  ses  partisans, 
comme  en  témoignent  les  diverses  appellations  qui  servent 
à  la  désigner,    et  qui  rappellent  le    symptôme  le    plus 


HÉMOGLOBINURIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  31 

expressif  ou  la  lésion  la  plus  difficile  à  reconnaître  : 
congestion  de  la  moelle,  ncvropathie  brachiale,  congestion 
spino-rénale,  paraplégie  cpizootiqite,  lumbago,  névrite 
des  nerfs  fémoraux,  hémoglobinurie  paroxystique  a  frigore, 
néphrite,  mal  de  Bright  aigu,  azcturie,  strangurie  noire, 
congestion  musculaire,  contracture  pelvienne,  typhus  spinal, 
typhus  lombaire,  typhus  rénal,  hémoglobinémie,  hémoglobi- 
némie  rhumatismale,  charbon  apoplectique,  apoplexie  mus- 
culaire. 

Son  évolution  est  toujours  rapide,  l'accès  d"hémoglobi- 
némie  se  dissipe  en  quelques  heures  ou  se  complique  de 
lésions  graves  souvent  mortelles. 

Ces  caractères  la  différencient  nettement  des  affections 
septiques  accompagnées  aussi  du  syndrome  hémoglobinurie. 

Étiologie.  —  L'hémoglobinémie  est  spéciale  au  cheval; 
on  ne  l'observe  ni  chez  Vâne,  ni  chez  le  mulet.  Elle  sévit 
l'automne,  l'hiver  ou  le  printemps,  et  revêt  le  caractère 
enzootique  ou  sporadique  :  elle  attaque  surtout  les  ani- 
maux qu'on  remet  au  travail  après  quelques  jours  de 
repos.  C'est  ce  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de  m,aladie  du 
li(ndi,de\apentecôte,de  maladie  des  chevaux  des  blanchis- 
seurs, parce  que  ces  animaux,  bien  nourris,  ne  travaillant 
que  deux  jours  par  semaine,  sont  particulièrement  frappés. 

L'inaction  absolue  pendant  un  ou  plusieurs  jours  est  une 
des  causes  prédisposantes  les  plus  actives  (Demilly, 
H.  Bouley,  C.  Leblanc,  Riquet).  Cependant  on  a  vu  la 
maladie  se  développer,  l'après-midi,  chez  des  chevaux  de 
brasseurs  ayant  travaillé  toute  la  matinée. 

Hormis  quelques  exceptions,  un  brusque  repos,  chez  les 
animaux  qui  reçoivent  de  fortes  rations  et  qui  sont  em- 
ployés à  des  travaux  journaliers,  constitue  la  condition  la 
plus  favorable  au  développement  de  cette  maladie. 

L'hémoglobinurie  survient  après  une  stabulation  d'une 
durée  très  variable  (1)  ;  mais  unstagede  deux  ou  troisjours 

(I)  Dans  une  statistique  d'Adam  et  de  Pustcher,  les  chevaux  frappés  se 


32  MALADIES    PAR    AUTO-INTOXICATION. 

est  plus    funeste   qu'un    repos   de   deux  ou   trois   mois. 

La  stabulalion  favorise  la  concentration  des  produits 
toxiques,  susceptibles  de  modifier  le  sang  et  de  provoquer 
la  dissolution  de  l'hémoglobine  musculaire. 

Tous  les  animaux  de  travail  y  sont  exposés  ;  mais, 
dans  l'immense  majorité  des  cas,  les  animaux  frappés 
sont  en  parfaite  condition  de  santé  au  moment  où  ils 
subissent,  si  inopinément,  les  premières  atteintes  de  la 
maladie. 

Ni  le  mode  d'alimentation,  ni  V administration  d'une  trop 
forte  ration  pendant  le  repos,  ne  peuvent  être  considérés 
isolément  comme  des  influences  prédisposantes. 

Cette  affection  sévit  chez  les  chevaux  de  meuniers, 
nourris  de  son  et  de  farine,  comme  chez  ceux  des  maraî- 
chers et  des  petits  cultivateurs  maintenus  pendant  une 
grande  partie  de  l'année  au  régime  du  vert  et  des  carottes, 
ou  nourris  de  maïs,  de  fourrages  altérés. 

L' état  pléthoriqne,  incriminé  par  un  grand  nombre  d'au- 
teurs, contribue  à  l'éclosion  du  mal  qui  frappe  presque 
exclusivement  les  plus  beaux  sujets.  Pourtant  les  animaux 
saignés  abondamment  au  commencement  du  printemps 
sont  aussi  souvent  atteints  d'hémoglobinurie  que  ceux  qui 
ne  l'ont  pas  été.  Mais  l'amaigrissement  les  préserve  de  ses 
atteintes.  A  la  Compagnie  des  Oinnibusde  Paris,  la. swppj'e*'- 
sion  d'une  grande  quantité  de  la  ration  des  animaux  qui 
restaient  au  repos  faisait  considérablement  diminuer  le 
nombre  des  chevaux  paraplégiques.  La  fourbure  et  la 
paraplégie  ont,  à  cet  égard,  d'étroites  relations,  et  l'on 
peut  voir  la  première  se  compliquer  de  la  seconde  (Sen- 
drail). 

Les  clievHiix  Acracc  commune,  les  animaux  de  gros  trait, 
les  chevnux  entiers,  les  Juments  bien  portantes,  les  races 
lourdes,  y  sont  particulièrement  exposés;  mais  les  r//rrr/».v 

répartissent  de  la  manière  suivante  :  5  avaient  séjourné^  récurie  un  jour; 
-21,  deux  jours;  11,  trois  jours;  3,  quatre  jours  ;  5,  cinq  jours;  4,  six  et  huit 
jours,  i'I  tl,  un  tcnips  imléterniinè. 


HÉMOGLOBINURIK    MUSCULAIRE   PAROXYSTIQUE.  33 

de  race  noble  ne  sont  pas  absolument  réfractaires  à  cette 
maladie  ;  nous  lavons  observée  sur  des  anglo-normands  et 
même  chez  des  pur-sang    1). 

L'âge  a  une  certaine  influence  sur  le  développement  de 
cette  maladie.  C'est  le  plus  souvent  vers  l'âge  de  cinq  à 
six  ans  que  les  animaux  tombent  malades,  mais  jamais 
avant  trois  ans   Adam  et  Pustcher). 

On  a  incriminé  les  efforts  qu'efîectue  Tanimal  pour  éviter 
les  glissades  occasionnées  par  le  verglas,  la  neige,  la 
glace;  mais  cette  influence  n'est  pas  nécessaire  pour  pro- 
voquer la  maladie.  Signol  l'a  observée  chez  des  animaux 
boiteux  qui  venaient  de  faire  une  courte  promenade 
n'ayant  nécessité  d'autres  efforts  musculaires  que  ceux 
indispensables  à  la  station  ou  à  l'allure  du  pas. 

Le  froid  est  le  facteur  étiologique  le  plus  important; 
tous  les  auteurs  sont  unanimes  à  le  reconnaître.  L'affec- 
tion est  très  commune  pendant  les  mois  de  novembre. 
Janvier,  février,  mars,  avril;  on  la  voit  même  revêtir 
un  caractère  enzootique:  elle  sévit  presque  toujours  sur 
plusieurs  chevaux  en  même  temps  et  dans  le  même 
lieu  (2  . 

Ce  ne  sont  pas  les  froids  intenses  et  continus  qui 
occasionnent  la  maladie  :  une  différence  de  température 
entre  l'écurie  et  l'air  extérieur  suffit  pour  la  faire  appa- 
raître; \Qs,écuries  chaudes  exercent  aussi  l'influence  la  plus 


il)  Adam  et  Putscher  (f!)  ayant  ramené  au  pourcentage  63  cas  d'hémoglo- 
binémie  constatent  que  ^5  cas  sont  fournis  par  les  chevaux  de  gros  trait, 
36  p.  100  par  les  gros  chevaux  de  labour,  20  p.  100  par  les  chevaux  ordi- 
naires de  culture,  9  p.  100  par  les  chevaux  fins.  Schindelka  rapporte  352  cas 
dont  65  p.  100  de  sujets  lourds  et  35  p.  100  de  chevaux  légers.  Le  danger 
commence  à  partir  de  550  kilos.  La  fréquence  et  la  gravité  du  mal  sont  fonc- 
tion du  poids  des  animaux  (.\dam  et  Pustcher,  Adam  Wochenschrift,  1885, 
p.  363). 

(2)  Bouley  en  a  observé,  en  1S61,  21  cas  dans  une  même  journée  au  com- 
mencement du  mois  de  janvier.  DieckerhotT.  en  18S5,  en  a  recueilli  17  obser- 
vations après  les  fêtes  de  Noël;  Letard  l'a  constatée  le  même  jour  que  Bouley 
sur  deux  c/iei-ai/j;  de  la  même  écurie  Cagny_  sur  6  chevaux  appartenant  à 
1^  même  ferme. 


3i  MALADIES    PAR    AUTO-INTOXICATION. 

nocive.  Exceptionnellement,  on  peut  observer  la  maladie 
Vctc,  par  un  temps  chaud  et  sec. 

L'action  isolée  du  refroidissement  ne  peut,  malgré  les 
affirmations  de  quelques  auteurs,  engendrer  les  accidents 
paraplégiques;  l'observation  démontre, en  effet,  que  ceux-ci 
ne  s'observent  jamais  chez  ]oschcvntix  exposés  au  froid 
qu'on  tient  absolument  immobiles.  Le  refroidissement  et 
la  mise  au  travail  sont  deux  causes  indissolublement  liées 
dans  la  majorité  des  cas  de  paraplégie  :  les  journées  rie 
verglas  sont  particulièrement  redoutables,  parce  que  l'élé- 
ment surmenage  vient  se  joindre  à  la  réfrigération.  Il  n'est 
pourtant  par  très  rare  de  voir  la  maladie  survenir,  même 
au  milieu  de  la  journée,  par  un  temps  cliaud  et  sec, 
comme  en    témoignent   un  grand  nombre  d'observations. 

Sans  vouloir  préjuger  en  rien  de  sa  nature,  on  constate 
que  l'hémoglobinurie  frappe  brusquement  les  animaux 
jeunes,  bien  portants  jusque-là,  doués  d'un  excellent 
appétit,  soumis  pendant  un  repos  temporaire  à  une  ali- 
mentation intensive.  La  reprise  du  travail  et  le  refroi- 
dissement favorables  à  l'apparition  de  l'accès  hémoglobi- 
nurique  ne  sont  pas  indispensables  à  son  éclosion. 

Pathogénie.  —  La  pathogénie  de  cette  maladie  a  jusqu'à 
présent  échappé  à  tous  nos  moyens  d'investigation.  La 
théorie  microbienne  et  la  théorie  par  simple  auto-intoxi- 
cation ont  chacune  leurs  partisans. 

Théorie  infectieuse.  —  L'hémoglobinurie  paroxystiijuc 
doit-elle  être  envisagée  comme  une  maladie  infectieuse? 
F.,es  arguments  ne  mancpient  pas  en  faveur  de  cette  opi- 
nion. On  peut  d'abord  invoquer  son  caractère  endémicpie  ; 
elle  procède  par  séries;  elle  frappe  plus  certaines  écuries 
que  d'autres  et  peut  atteindre  successivement  les  clieviiux 
qui  remplacent  ceux  qui  ont  succombé  à  ses  atteintes 
(Dessart).  Son  évolution  est  rapide  comme  dans  les  mala- 
dies infectieuses  suraiguës  et  sa  terminaison  fréquemment 
mortelle.  Les  animaux  morts  de  cette  maladie  se  décom- 
posent rapidement  ;  leur  sang  est  foncé,  noin\tre,  comme 


HÉMOGLOBIXURIE    MUSCULAIRE   PAROXYSTIQUE.  35 

dans  les  affections  septiques,  les  reins  sont  altérés  :  l'urine 
est  brunâtre  ;  les  muscles  sont  ecchymoses,  dégénérés 
comme  dans  les  affections  typhiques;  tout  l'organisme 
semble  avoir  subi  les  effets  d'une  infection  microbienne 
ou  parasitaire.  A  l'appui  de  cette  théorie,  on  peut  invoquer 
la  nature  parasitaire  de  l'hémoglobinurie  du  bœuf,  du 
mouton  et  de  Y  homme  lui-même,  qui  ne  se  manifeste  que 
dans  les  affections  paludéennes.  On  trouve  sans  doute  des 
microbes  variés  chez  les  animaux  qui  ont  succombé  ;  mais 
quel  est  celui  qui  opère  la  dissolution  de  l'hémoglobine  ? 
On  ne  peut  émettre  que  des  hypothèses.  On  a  soupçonné 
le  streptocoque  d'être  cet  agent  de  destruction  et  de  disso- 
lution parce  qu'il  passe  rapidement  et  facilement  par  tous 
les  degrés  de  virulence. 

L'attaque  soudaine  d'hemoglobinurie  et  de  pseudo-para- 
plégie rentre  bien  dans  sa  manière  de  procéder.  Ne  peut-il 
condamner  l'animal  à  l'impuissance  locomotrice,  comme 
il  produit  une  précipitation  extrême  et  subite  des  mou- 
vements du  flanc,  chez  certains  animaux  affectés  de 
formes  avortées  et  passagères  de  pneumonie  infectieuse'*. 
Nous  avons  du  reste  vu  plusieurs  fois,  dans  une  écurie  à 
pneumonie  contagieuse,  des  animaux  qui  ne  sortaient  pas 
présenter  des  accès  de  pseudo-paraplégie  et  d'hemoglo- 
binurie. 

Dans  cette  conception,  l'hémoglobinurie  apparaît  comme 
une  maladie  infectieuse  du  sang  produite  probablement 
par  des  streptocoques  et  caractérisée  par  la  dissolution 
de  l'hémoglobine,  d'où  découle  l'émission  d'urine  foncée, 
l'engourdissement  des  membres,  l'impuissance  de  la  loco- 
motion. 

Mais  des  arguments  décisifs  se  dressent  contre  cette 
manière  de  voir.  L'injection  du  sang  des  malades  prélevé  au 
moment  de  l'apparition  de  la  maladie  et  injecté  à  la  dose 
de  10  centimètres  cubes  au  cheval  sain  ne  détermine  rien. 
Le  sérum  de  ces  animaux  malades  ou  morts  n'a  aucune 
action  chez  le  cobaye  ou  le  lapin  à  la  dose  de  3  à  5  centi- 


36  MALADIES   PAR   ALTO-l.NTOXICATION. 

mètres  cubes  (Césari).  Toutes  les  condilions  qui  président 
à  l'apparition  de  cette  maladie  tendent  à  démontrer 
qu'elle  n'est  pas  de  nature  infectieuse.  La  pléthore,  l'ali- 
mentation abondante  et  riche,  le  repos,  l'Age  de  cinq  à 
six  ans,  loin  d'être  une  prédisposition  à  l'égard  des  mala- 
dies infectieuses,  sont  des  causes  de  préserval  ion.  On  ne 
constate  d'ailleurs  pas  de  [)ériode  prodromique  comme 
dans  les  maladies  infectieuses,  el  ses  troubles  peuvent 
cesser  presque  instantanément,  comme  si  la  source  des 
toxines  était  immédiatement  tarie.  En  outre,  l'hémoglobi- 
nurie  ne  procure  aucune  immunité;  une  première  atteinte 
prédispose  même  à  de  nouveaux  accès.  Une  maladie  qui 
débute  ainsi  sans  prodromes,  avec  une  telle  violence  que 
les  animaux  deviennent  en  quelques  instants  incapables  de 
se  tenir  debout,  et  qui  disparaît  souvent  avec  la  même 
rapidité  quand  on  arrête  immédiatement  les  animaux  qui 
en  sont  atteints,  ne  peut  être  regardée  comme  infectieuse 
(Cuny)(l).  On  ne  peut,  en  effet,  concevoir  un  agent  mi- 
crobien qui  continue  ou  suspend  ses  méfaits  suivant  qu'un 
animal  a  fait  quelques  centaines  de  mètres  de  plus  ou  de 
moins.  II  n'y  a  pas  d'agent  microbien  susceptible  de  pro- 
voquer la  mort,  de  se  dépouiller  en  quelques  instants  de 
sa  puissance  pathogène  après  avoir  engendré  les  symptômos 
les  plus  caractéristiques.  Un  microbe  ne  peut  s'atténuer  ou 
se  détruire  avec  une  telle  rapidité,  de  sorte  qu'on  peut 
regarder  l'hémoglobinurie  paroxystique  comme  indépen- 
dante de  toute  infection  microbienne. 

Théorie  de  l'auto-intoxication.  —  L'Iirmoglobinurie 
paroxystique  est-elle  bien  une  maladie  par  auto-intoxica- 
tion ?  La  soudaineté  de  l'accès  d'hémoglobinurie,  l'état 
d'embonpoint  des  animaux  frappés,  l'absence  de  lièvre,  la 
disparition  rapide  de  tous  les  symptômes  quand  l'animal 
est  arrêté  avant  sa  chute,  les  bons  eiïets  d^  la  saignée,  les 


(1)  Cuny,  L'hémoglobinurie  paroxystique  est-elle  une  maladie  infectieuse? 
(Journal  de  Lyon,  1910,  p.  130).  —  Lucet,  Presse  médicale,  4  juin  1910. 


HEMOGLOBIMRIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  37 

sueurs  qui  se  produisent  dans  les  formes  bénignes  comme 
dans  les  formes  graves,  les  congestions  hémorragiques, 
lanémie  elle-même,  plaident  en  faveur  d'une  auto-intoxi- 
cation. Cette  opinion  est  enfin  renforcée  par  les  vaines 
tentatives  qu'on  a  faites  pour  transmetti*e  la  maladie  ou 
pour  découvrir  un  agent  pathogène  chez  les  malades.  De 
plus,  l'auto-intoxication  des  animaux  frappés  d'hémoglobi- 
nurie  est  toujours  préparée  par  une  alimentation  abondante 
coïncidant  avec  une  période  de  l'epos  qui  leur  permet  de 
manger  davantage.  Le  lundi  est  le  jour  des  coliques  et  des 
indigestions  comme  de  l'hémoglobinurie.  Sous  l'influence 
de  ce  régime,  les  animaux  offrent  de  la  constipation 
suivie  de  rétention  et  de  fermentation  des  matières  accu- 
mulées dans  l'appareil  digestif.  Lauto-intoxication  résul- 
tant de  ces  troubles  n'est-elle  pas  suffisante  pour  produire 
la  contracture  des  muscles  et  la  paraplégie  à  un  degré  va- 
riable quand  le  foie  laisse  passer  unetropgrande  quantité  de 
poisons  et  que  le  rein  ne  parvient  pas  à  les  éliminer  immé- 
diatement ?  La  résorption  des  principes  toxiques  et  leur 
accumulation  dans  l'organisme  expliquent  l'apparition  et 
la  disparition  brusques  du  mal.  son  aggravation  quand  les 
animaux  continuent  à  marcher  ou  à  s'agiter  et  l'influence 
salutaire  des  mictions  abondantes  sur  l'issue  de  la  maladie. 
L'auto-intoxication  est  aggravée  par  le  travail  musculaire 
qui  engendre  de  nouveaux  poisons,  comme  par  la  ferme- 
ture du  rein  qui  empêche  leur  élimination. 

Le  tube  digestif  n'en  demeure  pas  moins  la  source  prin- 
cipale des  poisons  susceptibles  d'engendrer  l'attaque 
d'hémoglobinurie. 

Ce  sont  les  animaux  gros  mangeurs,  maintenus  au  repos 
pendant  un  ou  deux  jours,  libres  d'ingérer  des  masses 
énormes  d'aliments, qui  sont  frappés  d'hémoglobinurie.  On 
n'a  d'abord  vu  dans  cette  réplétion  du  tube  digestif  qu'une 
action  mécanique,  et  l'hémoglobinurie  a  été  regardée 
comme  l'expression  d'une  vicieuse  répartition  du  sang  créée 
par  une  stase  mécanique  dont  la  cause  est  ordinairement 
Cadé.\c.  —  Pathologie  interne.  VII-  3 


38  MALADIES    PAR    AUTO-INTOXICATION. 

une  indigestion.  Le  rejet  d'une  masse  considérable  d'exrré- 
nients  durs  et  résistants,  pendant  les  quarante-huit  heures 
qui  suivent  Tapparition  de  la  paraplégie,  légitime  cette  con- 
ception de  la  maladie.  Sous  l'inHuence  de  cette  réplétion 
alimentaire  et  excrémentilielle  du  tube  digestif,  il  y  a 
obstruction  des  troncs  veineux  iliaques  internes  (Garreau, 
Gojau),  compression  de  la  veine  cave  postérieure  (Sym- 
phorien  Bouley),  congestion  de  tout  le  train  postérieur, 
gonflement  des  muscles  fessiers,  ischiaux,  rotuliens,  et 
paraplégie.  D  autre  part,  le  gros  intestin,  surchargé  d'ali- 
ments, remplit  peu  à  peu  la  cavité  abdominale,  repousse  en 
haut  le  côlon  flottant  plein  d'excréments  durs,  qui  com- 
prime les  gros  vaisseaux  sanguins  et  les  uretères.  Ces 
influences  mécaniques  déterminent  ainsi  des  troubles  di- 
gestifs, des  troubles  vasculaires  et  des  troubles  urinaires. 

Les  troubles  digestifs  se  révèlent  par  des  coliques,  qui 
marquent  le  début  et  indiquent  l'origine  de  la  paraplégie. 

Quand  les  troubles  sont  peu  graves,  on  n'observe  qu'un 
peu  d'irrégularité  dans  la  marche,  et  l'affection  se  ter- 
mine par  la  défécation  et  l'émission  d'une  urine  sangui- 
nolente. 

Qu'à  ces  troubles  se  joignent  la  compression  et  l'obs- 
truction des  uretères,  il  y  a  intoxication  urinaire,  d'au- 
tant plus  [grave  que  la  masse  des  poisons  à  éliminer  est 
des  plus  considérables  en  r.aison  de  la  marche  et  des 
efforts  musculaires  qu'effectue  l'animal. 

L'anurie  qu'on  observe  dans  les  cas  les  plus  graves 
témoigne  de  cette  compression  des  uretères,  qui  crée  une 
rétention  urinaire  exagérant  la  pression  intrarénale  et 
rendant  toute  sécrétion  impossible  (Cagny  . 

Nous  ne  nous  attacherons  pas  îi  réfuter  cette  théorie 
mécanique,  qui  tend  à  subordonner  toute  attaque  d'hémo- 
globinurio  aune  indigestion;  la  réplétion  du  tube  digestif 
et  la  constipation  n'ont  d'autre  rôle  que  celui  de  favoriser 
l'auto-intoxication. 

Le  tube  digestif  est  un  laboratoire  de  poisons  issus  des 


HÉMOGLOBINURIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  39 

fermentations.  Les  microbes  toxigènes  développés  dans 
certains  compartiments  intestinaux  se  chitîrent  par  mil- 
liards. Ils  peuvent,  sous  l'influence  de  modifications  phy- 
sico-chimiques du  milieu,  acquérir  une  virulence  anormale 
et  sécréter  des  poisons  solubles  d'une  extrême  activité. 

L'intestin  est  donc  la  source  de  l'infection  ou  de  l'intoxi- 
cation favorisée  par  l'alimentation  intensive;  les  lésions 
multiples  que  l'on  rencontre,  à  l'autopsie  des  chevaux 
hémoglobinuriques,  résultent  de  la  diffusion  par  le  sang  ou 
les  vaisseaux  lymphatiques,  de  ces  poisons:  on  s'explique 
ainsi  l'apparition  primitive  des  coliques  témoignant  d'un 
fonctionnement  anormal  de  l'intestin.  Les  troubles  loco- 
moteurs, urinaires,  découlent  de  l'action  paralysante  ici, 
irritante  là.  des  poisons  qui  passent  dans  le  sang,  touchent 
la  moelle,  les  muscles  et  les  reins.  Il  n'est  même  pas 
nécessaire  que  les  microbes  aillent  élire  domicile  au  niveau 
de  ces  organes  ;  le  bacille  de  Nicolaier  produit  le  tétanos 
par  la  seule  action  de  ses  toxines.  De  fait,  si  on  ensemence, 
sur  différents  milieux,  du  sang  et  des  matières  prélevées 
dans  les  muscles  altérés,  dans  le  rein,  le  foie,  la  rate,  la 
moelle,  on  a  des  résultats  variables;  tantôt  on  isole  des 
microbes  divers,  tantôt  les  milieux  ensemencés  restent 
stériles  (1). 

Les  produits  toxiques  issus  des  fermentations  micro- 
biennes ne  résument  pas  toute  l'auto-intoxication  diges- 
tive;  l'insuffisance  des  glandes  digestives  détermine  un 
autre  empoisonnement.  11  ne  faut  pas  plus  négliger  le  rôle 
antitoxique  des  glandes  intestinales  que  celui  des  glandes 
thyroïdes,  parathyroïdes,  des  capsules  surrénales,  etc.  Les 
paj-ois  intestinales  renferment  «les  substances  toxiques  ; 
les  extraits  d'intestin  ont  une  action  convulsivante  et 
hypotensive.  La  suppression  de  l'action  de  l'intestin  est 
suivie  d'une  insuffisance  glandulaire  dont  les  effets  sont 
analogues  ou  de  même  ordre  que  ceux  qui  résultent  de 

(1)  Drouin,  Revue  (générale,  15  avril  1911. 


40  MALADIES    PAR    AUTO-INTOXICATION. 

l'insuffisance  glandulaire  de  la  mamelle  chez  les  vaches 
atteintes  de  paraplégie  vitulaire.  L'auto-inloxication  intes- 
tinale par  insuffisance  glandulaire  et  par  fermentations 
exagérées  et  anormales  joue  un  rôle  prépondérant  dans  le 
développement  de  la  paraplégie  paroxystique.  Les  poisons 
intestinaux  résorbés  sont  lacause  essentielle,  indispensable, 
de  rhémoglobinurie.  Rationnez  les  animaux  et  purgez-les; 
rhémoglobinurie  n'éclate  pas.  Si  on  ne  connaît  pas  la 
nature  de  ces  poisons,  Tobserva-lion  clinique  journalière 
accuse  leur  nocivité.  Leur  action  s'exerce  sur  le  sang,  les 
muscles,  le  système  nerveux,  les  reins  et  sur  tous  ces 
appareils  à  la  fois. 

a.  Action  sur  le  sang.  —  Le  sang  a  été  longtemps  consi- 
déré comme  le  substratum  de  rbémoglobiniu"ie  paroxys- 
tique. Cette  conception  semblait  justiliée  par  la  soudai- 
neté de  l'invasion,  les  hémorragies  qui  se  produisent 
pendant  son  évolution  et  surtout  par  l'émission  d'urines 
foncées,  noirâtres.  Le  symptôme  hémoglobinurie  était 
notamment  considéré  comme  la  preuve  irréfragable  de 
l'altération  des  hématies  déterminée  par  une  diastase 
hémolytique.  On  sait,  d'ailleurs,  que  rhémoglobinurie 
succède  à  l'empoisonnement  par  l'acide  phénique,  l'hydro- 
gène arsénié,  le  chlorate  de  potasse,  l'acide  pyrogal- 
lique.  etc.,  ou  à  la  destruction  des  globules  par  des  parasites 
intraglobulaires  comme  les  piroplasmes.  De  pareilles  ana- 
logies ont  contribué  à  fortifier  cette  croyance  (pie  rhémo- 
globinurie est  d'origine  hématogène.  L'intensité  de  ce  syn- 
drome caractéristique  semble  se  proportionner  à  la  quan- 
tité de  globules  rouges  distincts.  S'ils  sont  peu  altérés,  ce 
signe  est  peu  marqué  et  très  passager.  Les  urines  foncées 
sont  quelquefois  rejetées  en  une  seule  fois,  de  sorte  que 
rhémoglobinuricpeut  passerinaperçue.  D'ailleurs,  l'absence 
d'hémoglobine  n'implique  pas  l'intégrité  des  globules  : 
le  symptôme  hémoglobinurie  n'apparaît  nettement,  à  la 
vue,  que  lorsque  la  destruction  globulaire  atteint  le 
soixantième  de  la  masse  totale  des  hématies.  Mais  toute 


HÉMOGLOBINURIE   MUSCULAIRE   PAROXYSTIQUE.  41 

hémoglobinurie,  spontanée  ou  expérimentale,  d'origine 
sanguine,  est  suivie  de  la  coloration  rougeâtre  du  sérum 
sanguin  et  d'anémie  aiguë. 

Or,  on  n'observe  rien  de  pareil  dans  la  paraplégie  :  le 
sang  ne  laque  pas,  le  sérum  des  animaux  n'est  pas  modifié 
pendant  la  crise,  il  n'est  pas  teinté  en  rouge  ;  le  nombre 
des  globules  l'ouges  n'est  pas  diminué;  il  ny  a  ni  hémo- 
lyse, ni  hémoglobinémie,  de  sorte  qu'on  peut  affirmer  que 
rhémoglobinurie  ne  procède  pas  du  sang  (1). 

Le  symptôme  albuminurie  est  beaucoup  plus  constant 
que  rhémoglobinurie  et  paraît  impliquer  autant  une  alté- 
ration sanguine  qu'une  altération  musculaire.  D'autre  part, 
les  hémorragies  nombreuses  disséminées  des  muscles,  du 
système  nerveux,  de  l'endocarde,  etc.,  témoignent  nette- 
ment de  l'altération  du  sang,  dont  l'action  plus  toxique  ou 
dégénérative  se  fait  sentir  sur  tous  les  tissus.  Le  sérum 
des  animaux  malades  est  d'autantplus  toxique  que  l'attaque 
d"hémoglobinurie  est  plus  grave  ;  il  tue  le  cobaye  quand 
il  provient  d'un  cheval  frappé  mortellement  ;  il  est 
inoffensif  s'il  provient  d'un  chevalsous  le  coup  d'un  accès 
bénin  [Sipon-Keristedjean  (2)]. 

b.  Action  sur  les  muscles.  —  L'intervention  du  système 
musculaire  dans  le  développement  de  la  paraplégie  pa- 
roxystique est  un  événement  secondaire.  On  peut  laisser 
impunément  au  repos  les  animaux  mis  à  l'abri  de  l'auto- 
intoxication  digestive  par  un  régime  rafraîchissant  ou  des 
purgatifs.  Le  fonctionnement  des  muscles  n'est  même  pas 
indispensable  à  la  production  de  rhémoglobinurie.  On 
peut  voir  en  effet  l'accès  se  déclarer  avant  que  le  cheval 
sorte  de  l'écurie  et  évoluer  «  sans  localisation  musculaire 
apparente  ».  Son  existence  se  trahit  dans  ce  cas  par  deux 
signes  carastéristiques  :  rhémoglobinurie  et  l'albuminurie. 
Pourtant,  si,   dans   l'ordre  chronologique,  les  altérations 

(1)  Roger,  Absence  d  héniolysines  dans  le  sérum  des  chevaux  hémoglobi- 
nuriques   (/îev.  ré?e>.,  19Û9,  p.  i92-48i'). 

(2)  Sipon-Keristedjean,  Revue  vétérinaire,  1909,  p.  566. 


42  MALADIES    PAR    AUTO-INTOXICATION. 

congeslives,  héinorragiqueset  d(''gén(''ratives  des  muscles  ne 
viennent  pas  en  première  ligne,  elles  sont  très  importantes 
et  généralement  très  caractéristiques  (Demilly,  Letard, 
Aubry,  Lucet,  Mouquet,  Gallier).  Du  reste  l'hémoglobine 
qui  passe  dans  les  urines  ne  provient  pas  du  sang,  mais 
exclusivement  des  muscles  :  c'est  de  la  met  hémoglobine 
musculaire.  On  ])eut  reproduire  expérimenlalement  ce 
symptôme.  L'injection  veineuse  de  suc  musculaire  est  sui- 
vie de  l'évacuation  d'urine  rose  ou  rouge  foncé  suivant 
la  quantité  injectée  ;  c'est  l'hémoglobine  du  muscle  qui 
passe  sans  addition  d'hémoglobine  globulaire  :  le  suc 
de  muscles  de  chiens,  débarrassés  de  leur  sang  par  de 
nombreux  lavages  effectués  par  injection  de  pliisieur.s 
litres  dans  l'aorte  abdominale,  détermine  de  riu-moglobinu- 
rie.  Le  suc  musculaire  décoloré  par  ébuUition  ne  provoque 
pas  d'hémoglobinurie  (1). 

La  production  d'hémoglobinurie  d'origine  musculaire  (â) 
est  d'ailleurs  obtenue  en  agissant  directement  sur  les 
muscles  qu'on  tranmatise  par  injection  d'eau  distillée  ou 
de  glycérine  dans  leur  épaisseur  (Camus  et  Pagniez).  Ces 
faits  établissent  péremptoirement  que  l'hémoglobinurie 
procède  bien  des  muscles  (3).  C'était  l'opinion  des  premiers 
praticiens  qui  ont  bien  décrit  la  maladie  sans  parvenir  à 
découvrir  le  mécanisme  des  alti-rations  musculaires 
aboutissant  à  la  disparision  de  leurs  fonctions.  Ils  n'ont 
pu,  à.  ce  sujet,  qu'émettre  des  idées  basées  sur  des  obser- 


(1)  Camiis  et  Pagnioz,  Ilémogloliiiiiirie  iiuisculaire  (Académie  des  sciences, 
190i). 

(2)  Les  injeclions  d'extrait  de  raie,  de  foie,  ne  donnent  pas  d'hémoglobi- 
nurie à  des  doses  beaucoup  plus  fortes  ([ue  celles  du  suc  musculaire. 

(o)  Meyer-Belz  prétend  que  l'hémoglobine  éliminée  n'est  pas  totalement 
d'origine  musulaire,  car  il  a  souvent  constaté  que  le  sang  du  chien  hémo- 
globinurique  par  injection  de  glycérine  élait  laqué  [Semaine  médicale,  19U, 
p.  88)  et,  d'autre  part.  Aehard  et  Feuillée  soutiennent  que  l'hémoglobinurie 
provoquée  par  l'injection  intraveineuse  d'hémoglobine  globulaire  et  muscu- 
laire ne  résulte  pas  du  passage  à  tr.ivers  le  rein  de  la  matière  colorante  globu- 
laire ou  musculaire  dissoute  dans  le  plasma  sanguin,  mais  d'une  hémolyse 
intra-urinairo. 


HÉMOGLOBINCRIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  43 

sations  personnelles  :  la  tViéoriede  la  contracture  pelvienne 
(Demilly  1853)  et  la  théorie  de  la  congestion  musculaire 
(Ponimeret-Mannechez,  1855)  soutenue  depuis  par  Letard, 
Aubry,  Luect,  Mouquet,  Gallier,  ont  abouti  à  la  constata- 
tion de  deux  signes  importants,  l'hémoglobinurie  et  l'albu- 
minurie. Autant  il  est  facile  de  constater  les  altérations 
musculaires,  autant  il  est  difficile  d'établir  par  quel  méca- 
nisme les  muscles  se  dépouillent  de  leur  hémoglobine  et 
de  leur  albumine,  si  cette  dernière  substance  ne  provient 
pas  du  sang.  Frôhner  attribue  cette  désintégrât  ion  aune  exa- 
gération des  métamorphoses  nutritives  dans  les  muscles 
sous  l'influence  de  l'irritation  des  nerfs  sensitifs  de  la  peau. 

Le  froid  étant  la  cause  irritante,  il  se  produit,  sous  son 
influence,  une  décomposition  du  tissu  musculaire,  c'est-à- 
dire  de  l'albumine  organique.  Lassar  et  Nassarofî  ont 
obtenu,  en  exposant  des  animaux  au  refroidissement,  des 
dégénérescences  parenchymateuses  des  muscles  et  une 
décoloration  très  prononcée  de  ces  derniers. 

Schindelka  a  démontré  que  le  sang  des  sujets  atteints 
d'hémoglobinurie  rhumatismale  est  plus  riche  en  hémoglo- 
bine que  celui  du  cheval  sain.  Pour  expliquer  cette  consta- 
tation, il  admet  qu'il  s'ajoute  au  sang  un  principe  colorant 
identique  à  l'hémoglobine  et  provenant  des  muscles. 

Camus  et  Pagniez  ont  constaté  la  présence  de  l'albumine 
dans  les  urines  non  seulement  pendant  la  crise  d'hémo- 
globinurie, mais  avant  l'arrivée  de  l'hémoglobine  muscu- 
laire. 11  y  a  donc  une  véritable  destruction  musculaire. 
Cette  destruction  se  localise  à  certaines  régions;  les 
muscles  du  train  postérieur,  de  la  croupe  et  des  lombes, 
fonctionnant  plus  activement  que  ceux  des  autres  régions 
et  étant  moins  couverts,  moins  protégés,  sont  de  ce  fait  les 
plus  touchés.  Ce  sont  eux  qui  se  couvrent  d'abord  de  sueur 
profuses,  qui  se  tuméfient  les  premiers  et  avec  le  plus 
d'intensité.  La  cause  de  cette  tuméfaction,  c'est  la  con- 
tracture. Elle  se  manifeste  sous  l'influence  du  froid  ou  du 
refroidissement,  brusquement,  quand  l'animal  sort  d'une 


44  MALADIKS    PAR    AUTO-INTOXICATION. 

écurie  chaude  et  passe  brusquement  dans  un  milieu  froid. 
Pareillement,  on  peut  voir,  chez  IV/o^yj/yic,  l'hémoglobinurie 
paroxystique  a  frigore  se  manifester  à  la  suite  d'un  bain  de 
pieds  froid.  Chauffard,  Neilson  et  Terry  ont  rejiroiluil  une 
crise  dhémoglobinurie  avec  frissons,  tremblements  et 
albuminurie,  en  plongeani  simplement  la  main  ou  les  pieds 
malades  dans  l'eau  glacée,  quoique  les  extrémités  fussent 
isolées  du  reste  du  corps  par  une  ligature.  Meyer-Betz  a 
observé  un  cas  d'hémoglobinurie  humaine  avec  des 
myopathies  et  des  paralysies  musculaires,  comme  dans 
l'hémoglobinurie  paroxystique  du  c/icvnl.  L'apparition  de 
1-hémoglobinurie  chez  cet  animal  pendant  l'hiver  ou  le 
printemps,  à  la  suite  d'un  léger  exercice,  fournit  un  appui 
important  à  cette  théorie.  Sans  doute,  on  peut  invoquer 
des  cas  de  paraplégie  se  manifestant  pendant  les  mois  de 
mai,  de  juin  ou  même  pendant  l'été;  mais  le  refroidisse- 
ment est  possible  en  toute  saison;  c'est  une  question  de 
variation  de  température  extérieure. 

L'action  du  froid  sur  les  parties  dénudées  du  corps  comme 
la  croupe  se  traduit  par  une  irritation  des  nerfs  sensitifs 
qui  a  pour  conséquence  la  contracture  des  muscles,  l'albu- 
minurie et  l'hémoglobinurie.  (les  symptômes  procédant 
d'une  hyperexcitation  musculaire  déterminée  par  le  froid, 
on  conçoit  que  toutes  les  causes  qui  l'entretiennent  telles 
que  la  marche,  les  irritants  cutanés  (moutarde,  essence 
de  térébenthine)  aggravent  rapidement  la  maladie.  Ces 
agents  ajoutent  leur  action  àcelle  de  la  cause  provocatrice 
et  exagèrent  ses  elTels.  Mais  l'hémoglobinurie  paroxystique 
est  rare  si  on  la  compare  à  la  fréquence  de  la  cause  qui  la 
produit;  le  refroidissement  est  assurément  un  des  éléments 
les  plus  importants  dans  la  patliogénie  de  cette  maladie  ; 
mais  il  n'est  pas  le  seul  :  l'inaction  et  une  alimentation 
abondante  revendiquent  la  majeure  part  do  responsabilité. 

Les  poisons  issus  de  l'appareil  digestif  s'allient  à  ceux  qui 
sont  engendrés  ensuite  dans  les  muscles  sous  l'influence  du 
refroidissement   et  du  travail  pour  produire  des  inyosites 


HÉMOGLOBINUKIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  45> 

toxiques.  Les  muscles  extenseurs  du  train  postérieur  et 
quel(iuefois  du  train  antérieur  sont  pour  ainsi  dire  exclu- 
sivement frappés. 

Leur  fonction  motrice  est  d'ailleurs  très  inégalement 
troublée  suivant  les  cas;  presque  abolie  d'un  côté  de  la 
croupe,  elle  peut  être  conservée  de  l'autre;  le  triceps 
crural  gauche  est  quelquefois  le  seul  groupe  musculaire 
condamné  à  l'impuissance.  Une  pareille  localisation  paraît 
incompatible  avec  l'arrivée  du  sang  par  la  voie  sanguine. 
Il  paraît  d'autant  plus  légitime  d'admettre  que  le  poison 
prend  naissance  dans  les  muscles  qu'on  voit  tous  les  jours 
la  maladie  enrayée  par  l'immobilisation  du  sujet  au  début 
de  la  crise  et  aggravée  parla  continuation  du  travail.  Sans 
méconnaître  la  force  de  ces  arguments,  nous  devons  faire 
observer  que  la  localisation  de  l'intoxication  dans  certains 
groupes  musculaires,  presque  toujours  les  mêmes,  n'exclut 
pas  le  transport  des  poisons  parle  sang.  Intoxiquez  un  sujet 
par  le  plomb,  vous  constatez  une  pareille  électivité  pour  les 
muscles  extenseurs;  empoisonnez  le  cy^t'Cfliavec  des  gesses, 
vous  constatez  des  monoplégies,  parmi  lesquelles  l'hémi- 
plégie ou  la  diplégie  laryngienne  est  la  plus  fréquente.  Le 
travail  nécessaire  à  la  station  quadrupédale  congestionne 
les  muscles  qui  contribuent  à  maintenir  l'animal  dans  cette 
attitude.  Or  la  congestion  est  la  principale  cause  de  la 
localisation  de  tous  les  toxiques  circulant  dans  le  sang.  Ils- 
sont  attirés  vers  les  muscles,  qui  présentent  leur  maximum 
de  fonctionnement.  La  localisation  du  mal  ne  résulte-t-elle 
pas  de  cette  activité  fonctionnelle?  Le  muscle  n'est  que 
l'instrument  de  l'hémoglobinurie  musculaire  paroxystique; 
il  n'en  est  pas  la  cause  primitive. 

Les  poisons  qui  chassent  l'hémoglobine  des  muscles 
sont  élaborés  par  l'organisme,  transportés  par  la  circula- 
tion et  retenus  parles  muscles.  Les  animaux  frappés  d'hémo- 
globinurie  sont  sous  le  coup  d'une  auto-intoxication  com- 
plexe. D'un  côté,  ils  éprouvent  déjà  les  effets  d'une  auto- 
intoxication digestive    permanente    par    le    fait  de   leur 

3. 


46  MALADIES    PAR    AUTO-INTOXICATION. 

appétit  et  de  rabondance  de  leur  ration.  Leur  organisme 
est  déjà  surchargé  de  produits  de  désassimilation  suscep- 
tibles d'apporter  une  perturbation  profonde  dans  le  fonc- 
tionnement musculaire.  On  sait  que  des  principes  toxiques 
issus  de  l'intestin  déterminent  fréquemment,  chez  Vlinmiiip, 
de  l'engourdissement  et  des  crampes  musculaires  pendant 
la  nuit,  c'est-à-dire  pendant  le  repos;  ils  peuvent  orga- 
niser des  troubles  analogues  chez  le  clieval  inaclif  soumis 
à  une  véritable  suralimentation?  D'autre  part,  le  cIicvrI 
qui  va  présenter  une  crise  d'hémoglobinurie  n'urine  pas, 
et  cette  insuffisance  de  la  fonction  rénale  favorise  la 
rétention  des  poisons  et  l'auto-intoxication  musculaire  (1). 
Cette  absence  de  miction  résulte  elle-même  de  l'action 
vaso-dilatatrice  exercée  par  les  produits  de  la  désassi- 
milation qui  se  répandent  dans  le  système  musculaire  dès 
que  les  écluses  vasculaires  s'ouvrent  sous  l'influence  de 
l'hyperexcitation  créée  par  l'inaction  et  une  nourriture 
trop  abondante.  La  reprise  du  travail  devient  ainsi  un  éh'menl 
favorable  au  déversement  dans  les  muscles  en  activité  des 
poisons  élaborés  pendant  le  repos  dans  le  tube  digestif. 
Ouand  le  système  musculaire  éprouve,  au  contact  de  ces 
poisons,  un  commencement  de  désintégration  organique, 
le  refroidissement  provoque,  à  son  tour,  une  excitation 
musculaire  suivie  de  tremblements  fibrillaires  et  de 
•crampes,  comme  dans  la  fatigue.  L'accès  d'hémoglobinurie 
résulte,  à  notre  avis,  d'une  auto-intoxication  dorigine 
digestive  favorisée  par  une  insutfisance  rénale  momenta- 
née et  aggravée  par  le  refroidissement.  Sous  l'influence 
de  cette  cause,  l'oxydation  du  glycogène  musculaire  est 
imparfaite;  la  diastase  qui  l'opère  habituellement  a  son 
action  paralysée  ou  retardée,  et  des  acides  organiques 
{formique,  acétique, lactique,  butyrique,  etc.)  s'inlercallent 
«ntre  le  glycogène  et  ses  résidus  normaux  :  l'acide  carbo- 


(1)  VoY.  Théorie  rénale  de  l'Iiémoiîlohiiuirie  paroxystique  dans  la  I"-'  édi- 
iion. 


HEMOGLOBINURIE   MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  47 

nique  et  l'eau  (1).  A  ces  agents  de  dégénérescence  muscu- 
laire dont  la  production  est  favorisée  par  les  tremblements 
fibrillaires  s'ajoutent  les  poisons  issus  de  la  digestion 
troublée  pour  compléter  l'auto-intoxication. 

Ces  poisons  associés  déterminent  l'altération  de  la 
substance  musculaire,  le  départ  de  l'albumine,  de  l'hémo- 
globine, la  décoloration  des  muscles  dégénérés.  Si  l'on 
supprime  l'un  ou  l'autre  de  ces  facteurs,  l'accès  d'hémo- 
globinurie  est  évité.  Si  l'on  purge  l'animal  trop  bien  nourri 
et  maintenu  dans  l'inaction,  on  supprime  l'auto-intoxi- 
cation digestive;  il  n'j  a  pas  d'hémoglobinurie;  d'autre 
part,  si  l'on  arrête  le  cheval  qui  se  met  à  trembler,  si  on 
le  réchauffe,  on  prévient  la  fatigue  musculaii'e  et  la 
formation  de  ses  poisons  :  l'animal  demeure  pour  ainsi 
dire  au  seuil  de  l'hémoglobinurie.  L'évolution  complète 
de  la  maladie  résulte  de  l'action  synthétique  de  ces 
divers  poisons.  La  maladie  est  à  peine  esquissée,  ou 
n'est  pas  soupçonnée  quand  les  poisons,  en  faible  quan- 
tité, s'éliminent  rapidement  ou  que  leur  action  n'est  pas 
favorisée  par  le  refroidissement  ;  on  constate  seulement 
que  le  cheval  se  couvre  de  sueur  sans  cause  connue,  et  son 
conducteur  constate  seulement  que  le  c/^ev'.v/  n'a  pas  marché 
ce  jour-là  comme  d'habitude  et  qu'il  a  fallu  le  pousser:  la 
cause  réelle  de  ces  troubles  moteurs,  mal  définis,  passe 
inaperçue  (2).  Si,  enraidi  et  contracture,  il  tombe,  on  le 
croit  paralysé. 

c.  Action  sur  le  système  nerveux.  —  L'auto-intoxication 
n'épargne  pas  plus  le  système  nerveux  que  le  système  mus- 
culaire ;  mais  c'est  n'envisager  qu'un  côté  du  problème 
que  de  faire  du  système  nerveux  le  siège  exclusif  de  la 
maladie.  La  théorie  de  la  congestion  de  la  moelle,  sou- 
tenue par  Bouleyjeune,  Delwart,  Weber,  Haubner,  Fried- 

(1)  Delmer,  A  propos  de  létiologie,  de  la  pathogénie  et  du  traitement  de 
l'hémoglobinurie  du  cheval  {Semaine  vétérinaire,  10  juin  19U). 

(2)  Le  cheval  qui  se  surmène  pendant  une  contention  décubitale  peut  pré" 
senter  de  l'hémoglobinurie  (Dagès). 


48  MALADIES    PAR    AUTO-INTOXICATION. 

berger,  Csokor,  Saint -Cvr,  Trasbot),  a  été  combattue  par 
Deniillv,  Signol,  Létard,  Lucet,  Cadéac  (d). 

C'est  que  généralement  le  cheval  hémoglobinurique 
n'est  paraplégique  qu'en  apparence.  S'il  ne  peut  se  relever 
et  marcher,  il  a,  néanmoins,  conservé  sa  motricité  et  sa 
sensibilité;  il  ne  présente,  à  l'autopsie,  aucune  lésion  cérébro- 
médullaire  congestivc  ou  hémorragique.  Dans  ces  cas, 
l'hémoglobinurie  paroxystique  est  exclusivement  muscu- 
laire ;  mais  il  en  est  d'autres  où  l'auto-intoxication  intéresse 
à  la  t'ois  les  muscles  et  le  système  cérébro-médullaire  ;  on 
constate  de  la  glycosurie,  qui  témoigne  d'un  trouble  céré- 
bral ou  médullaire  (Mouquet." Lucet).  et  l'autopsie  révèle 
des  hémorragies  multiples  ou  une  véritable  apoplexie 
cérébrale  ou  médullaire,  de  sorte  que  les  cas  ne  sont 
jamais  absolument  semblables.  Suivant  l'électivité  pré- 
pondérante des  principes  toxiques  apportés  par  le  sang, 
on  constate  des  formes  à  dominante  médullaire  et  des 
■Cormes  à  dominante  musculaire,  ou  ces  deux  types  diver- 
sement combinés. 

Les  nerfs  sont  fréquemment  lésés  d'emblée  par  les  prin- 
cipes toxiques  qui  circulent  dans  le  sang  ;  on  constate  des 
paralysies  motrices  immédiates,  indépendantes  de  toute 
action  mécanique  ou  traumatique.  II  s'agit  exclusivement 
de  paralysies  toxiques  analogues  à  celles  qu'on  observe  chez 
le  cheval  à  la  suite  d'ingestion  de  gesses,  chez  les  volailles 
intoxiquées  par  le  plomb,  le  riz  altéré  ou  l'acide  oxalique. 
Les  polynévrites  toxiques del'hémoglobinurie  paroxystique 
intéressent  principalement  le  plexus  lombo-sacré,  les 
nerfs  fémoraux,  le  tibial  antérieur  (F'réger)  (1),  le  radial; 
mais,  parmi  eux,  c'est  le  nerf  fémoral  qui  est  le  plus  fré- 
quemment altéré  soit  d'un  seul,  soit  des  deux  côtés.  Sa  dé- 
générescence est  suivie  de  l'atrophie  rapide  du  triceps  crural . 

Cette   lésion    s'observe   chez   des    animaux   maintenus 

(1)  Voy.  Théorie  nerveuse,  in  Pathologie  interne,  i'e  édit.,  l.  VI,  p.  13i!. 

(2)  Frt'ger,  Paralysie  du  tibial  antérieur  après  un  accès  d'hémoglobinurie 
{Journal  de  Lyon,  1909). 


HÉMOGLOBINURIE   MUSCULAIRE   PAROXYSTIQUE.  49 

immobiles  au  moment  de  l'accès  d'hémoglobinurie  et  qui 
ne  tombent  jamais,  de  telle  sorte  qu'on  ne  peut  attribuer 
ces  névrites  qu'à  l'intervention  d'un  poison  agissant  à  l'ins- 
tar des  toxines  microbiennes  de  la  gourme  du  cheval, 
delà  maladiedu jeune  âge  du  chien,  de  la  fièvre  typhoïde, 
de  la  tuberculose  ou  de  la  diphtériehumaines. 

Les  vaso-moteurs  sont  immédiatement  influencés  par 
l'auto- intoxication  hémoglobinurique  ;  les  vaisseaux  péri- 
phériques éprouvent  une  vaso-dilataiion  prononcée  qui  se 
traduit  par  une  sudation  générale  abondante,  par  une  con- 
gestion musculaire  intense,  dénoncée  par  la  tuméfaction 
des  muscles  superficiels  et  quelquefois,  sans  doute,  parles 
manifestations  caractéristiques  de  la  fourbure,  comme  on 
voit  celle-ci  se  déplacer  pour  se  traduire  par  les  signes  de 
la  paraplégie  hémoglobinurique  (Sendrail  et  Naudinat)  (1). 
Sous  l'influence  de  la  vaso-dilatation  générale  périphéritpie 
qui  accompagne  cette  auto-intoxication,  la  pression  san- 
guine s'abaisse;  le  sang  stagne  à  la  périphérie;  la  fonction 
rénale  s'arrête,  l'oxygénation  des  hématies  est  com- 
promise; la  respiration  etlacirculation  s'accélèrent,  l'ani- 
mal bat  des  flancs,  il  y  a  anoxhémie,  dyspnée,  cyanose 
des  muqueuses,  congestion  et  hémorragies  dans  les  divers 
tissus,  comme  chez  les  animaux  surmenés,  qui  sont  eux- 
mêmes  des  intoxiqués. 

d.  Action  sur  les  reins.  —  Cet  appareil  d'élimination 
éprouve  des  troubles  fonctionnels  et  matériels  dès  que 
lauto-intoxication  commence.  Sa  sécrétion  diminue  ou 
s'arrête  dès  que  la  pression  sanguine  fléchit  ;  son  épithé- 
lium  s'altère  au  contact  de  la  méthémoglobine,  de  l'albu- 
mine et  des  divers  principes  toxiques;  il  ne  constitue  plus 
qu'un  mauvais  filtre,  gorgé  de  sang,  qui  se  remplit  de 
cylindres  hyalins  et  épithéliaux,  et  ne  laisse  passer  qu'un 
peu  de  liquide  foncé  et  albumineux.  On  assiste  au  début 
d'une  néphrite  toxique. 

(1)  Sendrail  etNaudinat,  Contribution  à  l'étude  de  1  etiologie  de  !a  fourbure 
considérée  comme  maladie  toxi-infectieuse  {/lévite  vétérinaire,  1908,  p.  1). 


50  MALADIES    P\n    AUTO-INTOXICATION. 

C'est  ollc  (jui  a  faililoiiner  a  la  paraplégie  le  nom  de  mal 
de  Briijld  avju.  de  stranfjurie  noire,  de  néphrite  suraiguë. 
de  congestion  «  a  frigore  »  des  reins. 

On  peut,  du  reste,  constater,  à  l'autopsie,  la  congestion  et 
le  ramollissement  des  reins,  notamment  de  la  substance 
corticale  chez  tous  les  cJievaux  paraplégiques. 

Le  cheval  paraplégique  devient  ainsi  une  sorte  d'uré- 
mique  [Berger  (1840),  Adam,  Williams.  Lucet  1892)].  Son 
sort  est  étroitement  lié  à  lintégrité  relative  de  ses  reins. 
Les  formes  les  plus  graves  de  la  paraplégie  sont  celles  où 
il  y  a  anurie  :  un  rein  complètement  fermé  hâte  l'intoxi- 
cation et  précipite  la  dénouement  fatal  ;  il  est  incapable 
de  récupérer  ses  fonctions  ;  les  formes  les  plus  bénignes 
découlent  d'une  excrétion  urinaire  abondante  :  un  rein 
ouvert  favorise  l'élimination  des  principes  toxiques,  la  réso- 
lution musculaire  et  la  guérison  rapide.  On  trouve  dans 
cet  organe  des  causes  importantes  de  la  mort  des  para- 
plégiques ;  on  n'y  découvre  pas  l'altération  initiale  de  la 
maladie.  L'auto-intoxication  primitive,  aggravée  par  la 
contraction  musculaire  et  par  les  troubles  urinaires.  fait 
sentir  ses  effets  sur  tous  les  organes,  sur  tous  les  tissus, 
et  tend  à  déterminer  partout  des  lésions  congestives,  hémor- 
ragiques et  dégénératives. 

Symptômes.  —  L'invasion  de  Ihémoglobinurie  sur- 
vient sans  prodromes.  Cette  pseudo-paraplégie  s'accuse 
d'emblée  par  des  troubles  intestinaux,  locomoteurs,  uri- 
naires, cutanés,  rapidement  suivis  de  modifications  de  la 
respiration  et  de  la  circulation. 

Troibles  digestifs,  —  L'animal  est  subitement  pris  de 
coliques  ou  de  manifestations  analogues;  il  présente  des 
trépignements:  il  cherche  îi  se  coucher  etàse  rouler  comme 
au  début  de  la  congestion  ou  de  Vindigestion  intestinale 
(Symph.  Bouley,  Letard). 

Ces  coliques  précèdent  quelquefois  tous  les  autres  sym- 
ptômes et  offrent  beaucoup  d'analogie  avec  celles  qui  se 
manifestent  un  instant  avant  l'apparition  de  la  fourhure. 


HEMOGLOBIMRIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  51 

Elles  sont  d'autant  plus  intenses  que  le  début  de  l'affection 
est  moins  rapide  et  la  chute  plus  tardive.  A  ce  moment, 
elles  sont  éclipsées  par  les  troubles  locomoteurs. 

L'auscultation  de  l'abdomen  fait  percevoir  de  violents 
borboryytnes,  qui  sont  quelquefois  entendus  à  distance 
(Gênée)  :  ils  sont  suivis  de  l'expulsion  de  crottins  ramollis 
ou  de  matières  diarrbéiques.  Ces  troubles  cessent  bientôt. 
La  parésie  remplace  les  contractions  péristaltiques  de  l'in- 
testin :  la  constipation  se  produit  et  les  crottins  qui  sont 
rendus  par  l'animal,  de  loin  en  loin,  ou  qui  sont  retirés  par 
l'exploration  rectale,  se  montrent  secs,  durs  et  bien 
moulés. 

Troubles  locomoteurs.  —  a.  Signes  fonctionnels.  — 
Brusques  et  soudains,  les  signes  d'impuissance  locomo- 
trice se  produisent  dans  les  conditions  les  plus  imprévues 
chez  les  animaux  atteints  de  maladies  du  pied  qu'on 
promène  dans  une  cour  ou  chez  ceux  qui  sortent  de  l'écu- 
rie du  marchand  pour  être  livrés  Benjamin).  Exception- 
nellement, on  les  voit  apparaître  chez  les  clievaux  qui 
n'ont  pas  encore  quitté  le  wagon  (Arloing"!  ou  l'écurie 
(Symph.  Bouley.  Lucet,  Cadiot)  (IV 

Ordinairement,  l'affection  se  déclare  chez  les  animaux 
qu'on  vient  d'atteler;  il  en  est  qui  sont  frappés  dès  les 
premiers  pas.  D'autres  sautent,  gambadent  deux  minutes 
à  peine,  un  quart  d'heure,  rarement  plus  d'une  heure  et 
quart,  et  les  phénomènes  paralytiques  font  leur  appa- 
rition. 

L'animal  frappé  d'hémoglobinurie  présente  tout  d'abord 
de   la    paresse,   de    V engourdissement    musculaire  ;  il  y  a 


(i)  Sur  63  cas  observés  par  Adam  et  Pustcher.  49  chevaux  étaient  utilisés  à 
un  travail  proportionné  à  leur  constitution  ;  dans  6  cas,  les  fardeaux  avaient 
été  trop  lourds;  4  navaienl  pas  travaillé.  .\dam  et  Pustcher  l'ont  vue  débuter 
à  l'écurie  chez  lUchevauxsur  63.  Le  temps  depuis  lequel  les  animaux  ava'ent 
quitté  l'écurie  était  :  pour  3,  de  quatre  à  cinq  minutes  :  pour  1,  de  huit  mi- 
nutes ;  pour  10,  de  dix  minutes  à  un  quart  d'heure;  pour  19,  de  un  quart 
d'heure  à  une  heure  ;  pour  10,  de  une  heure  à  deux  heui-es  ;  pour  8,  de  deux 
à  quatre  heures. 


52  MALADIES    PAR    AUTO-INTOXICATION. 

hypere.vcitation  dun  certain  nombre  de  groupes  de 
muscles  (Ilofmann).  Puis  une  raideur  localisée  qui  devient 
rapidement  envahissante  sous  l'inlluence  de  la  marche 
aboutit  à  la  chute  de  Tanimal  et  à  la  porte  complète  de  la 
motricité.  Cette  raideur  débute  généralement  parl'arrière- 
main  ;  elle  se  propage  ensuite  -k  lavant-main  :  elle  n'in- 
téresse, souvent  au  début,  qu'un  seul  membre  postérieur  : 
le  membre  gauche  semble  plus  souvent  alfecté  que  le 
droit  (Urbain  Leblanc). 

Exceptionnellement, l'affection  est  exclusivementcaracté- 
risée  par  une  roù/ewr  prononcée  du  tronc,  qui  permet  à  l'ani- 
mal de  conserver  toujours  la  station  quadnqx'-dale  (Lucet;. 

Ouand  les  premières  manifestations  commencent  par  un 
membre,  le  cheval  6o/fe  dune  manière  évidente,  et  la 
claudication  est  significative.  Le  membre  atteint  ne  fonc- 
tionne plus  aussi  activement  que  l'autre  :  il  a  de  la  peine 
à  embrasser  le  terrain,  il  traîne  la  pince,  il  se  meut  avec 
difficuU/',  et  la  trace,  laiss(''e  par  le  pied,  se  trouve  en 
arrière  du  point  où  elle  devrait  exister.  Bientôt  après,  sous 
linfluence  de  la  marche,  la  difficulté  de  la  locomotion  se 
propage  à  l'autre  membre,  l'appui  devient  plus  difficile, 
l'animal  vacilledu  train  postéritnu-.  dont  les  muscles  sont 
impuissants  à  soutenir  le  poids  du  corps:  la  marche  se 
ralentit  ;  l'animal,  qui  trottait,  prend  immédiatement  le 
pas,  malgré  les  excitations  ou  les  coups,  et  cette  allui-e 
devient  elle-même  très  pénible  :  les  boulets  se  portent  en 
avant;  les  angles  formés  par  les  rayons  des  membres 
deviennent  moins  ouverts;  ceux-ci  se  rétractent,  seraccour- 
cissentplus  ou  moins;  la  face  plantaire  du  pied  est  tournée 
en  arrière  :  «  L'animal  éprouve  la  plus  grande  difficulté  à 
marcher;  il  semble  que  le  membre  ou  les  membres  posté- 
rieurs soient  tirés  en  arrière,  comme  on  le  fait  ordinaire- 
ment lorsqu'on  veut  faire  ferrer  un  clwvril  difficile,  en 
fixant  à  l'aide  d'une  corde  le  pied  à  la  queue  »  (Uemilly). 

Menacé  d'une  chute  imminente,  l'animal  s'accroupit 
comme  un  c/iien  ou  s'iminobilise,  tend  la   tète  sur  l'enco- 


HEMOGLOBINURIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  o3 

lure  abaissée,  reporte  en  avant  tout  le  poids  du  corps, 
engage  les  membres  antérieurs  sous  le  tronc  et  réussit 
ainsi  à  se  maintenir  un  instant  debout  ;  il  présente  au 
niveau  de  la  tète,  de  l'encolure  et  de  la  queue,  des  tremble- 
ments comparables  à  ceux  qui  résultent  de  piqûres  d'in- 
sectes. Puis  les  forces  s'éteignent,  la  chute  survient  malgré 
les  excitations  produites  par  le  fouet,  la  voix  ou  les  fric- 
tions irritantes. 

Tantôt  la  chute  est  brusque,  rapide,  tantôt  il  s'écoule  un 
certain  temps  entre  le  début  du  mal  et  la  perte  complète 
de  la  motricité. 

On  voit  des  chevaux  parcourir  un  certain  chemin  sans 
aucun  secours  ou  à  demi  soutenus  par  la  queue  et  à  l'aide 
de  barres.  Certains  chevaux  hémoglobinuriques  ne  tom- 
bent jamais  malgré  la  durée  de  la  marche. 

Néanmoins,  on  peut  poser  en  principe  que  la  chute  est 
d'autant  plus  à  craindre  que  l'animal  a  marché  ou  s'est 
agité  plus  longtemps  et  que  la  maladie  s'est  localisée  dans 
le  train  postérieur. 

Déjà,  en  1854,  Demillv  avait  établi  cette  règle  :  «  Si 
l'animal  peut  encore  tenir  sur  ses  jambes  au  moment  où 
vous  le  voyez,  faites-le  rester  sur  place  et  arrêter  à  l'ins- 
tant même  ;  vous  le  guérirez,  cela  est  certain  ;  mais  si,  au 
contraire,  la  maladie  développée,  le  chevala.  étéforcéà  la 
marche  ou  que  vous  le  forciez  pour  un  motif  quelconque, 
votre  animal  périra  (ceci  est  inévitable).  » 

b.  Signes  physiques.  —  Ils  consistent  essentiellement 
dans  la  congestion,  la  tuméfaction  et  le  durcissement  des 
principales  luasses  musculaires  qui  servent  à  la  station 
quadrupédale. 

D'après  une  statistique  d'Adam  et  Pustcher,  quarante- 
quatre  fois  on  a  remarqué  la  dureté  des  muscles  de  la 
croupe  ;  sur  vingt-deux  chevaux,  on  n'a  presque  pas  observe 
de  symptômes  avant  la  paralysie. 

Demilly  (  j  .  qui  avait  observé  ces  modifications  muscu- 

(1)  Demilly,  Rec.  de  méd.  vit.,  1853. 


5i 


MALADIES    PAR    AUTO-INTOXICATION. 


laires,  avait  donné  à  rinTiioglobinurie  le  nom  de  contracture 
pelvienne.  INinmiei'el  el  iMannt'clioz  (1855)  avaient  adopté, 

vers  la  même  époque,  celui 
de  congestion  musculai7'e, 
parce  qu'ils  considéraient  le 
spasme  et  la  tension  des 
muscles  de  la  croupe  comme 
les  signes  dominants. 

La  croupe,  le  dos.  les  épau- 
les, le  poitrail,  ensemble  ou 
successivement,  présentent 
un  excès  de  tonicité  et  se 
tuméfient  à  vue  d'oeil.  Les 
muscles  de  ces  régions  de- 
viennent énormes  et  sont  tel- 
lement contractés  qu'ils  sont 
fermes,  durs,  donnant,  au 
toucher,  la  sensation  du  bois. 
La  peau  qui  les  recouvre  est 
tendue,  impossible  à  saisir  et 
à  plisser  (Létard,  Lucet) 
(fig.  5). 

La  croupe  a  souvent  chan- 
gé complètement  d'aspect  : 
les  fessiers  forment  des  mas- 
ses rebondies  laissant  entre 
elles  un  sillon  médian  très 
profond.  Les  animaux  pren- 
nent une  croupe  double, 
comme  elle  existe  normale- 
ment chez  les  gros  c7/cr«».Y. 
Parfois  ((  le  spasme  et  la  rétraction  des  muscles  de  cette 
région  sont  si  violents  (pie  la  ligne  médiane  forme  une 
scissure  si  profonde  que  la  i»(\m  d'un  côté  se  réimit  à 
celle  du  cùté  opposé  ». 

Vers  la  région  lombaire,  cette  scissure  se  prolonge  jus- 


Fig.  5.  —  Gonflenient  des  muscles 
1  dans  l'hémoglobitiurie. 


HÉMOGLOBINURIE   MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  55 

qu'aux  dernières  vertèbres  dorsales,  par  suite  de  la  turges- 
cence des  ilio-spinaux. 

En  avant,  «  les  extenseurs  de  l'avant-bras,  le  sus-épi- 
neux, le  sous-épineux,  le  long  abducteur  du  bras,  les  pec- 
toraux sont  si  tuméfiés  que  les  deux  membres  antérieurs 
paraissent  très  écartés  l'un  de  l'autre  et  donnent  à  la  région 
du  poitrail  une  physionomie  d'ampleur  toute  particulière» 
(Létard)  (1). 

La  contractilité  musculaire  est  plus  ou  moins  réduite 
dans  le  train  postérieur  ;  elle  n'est  jamais  complètement 
abolie.  Le  sujet  n'est  jamais  un  paraplégique  au  vrai  sens 
du  mot.  L'animal  debout  réussit  encore  à  faire  mouvoir 
ses  membres  ;  couché,  il  les  projette  en  arrière  avec  une 
certaine  force. 

La  sensibilité  persiste  également.  Si  parfois  l'animal 
supporte  les  piqûres  cutanées  sans  témoigner  de  douleur, 
c'est  qu'on  a  irrité  les  parties  normalement  peu  sensibles, 
comme  la  peau  de  la  croupe.  Les  piqûres  faites  à  la  «  partie 
postérieure  et  supérieure  de  la  fesse,  où  se  termine  un  des 
nerfs  fessiers  postérieurs,  ou  bien  à  la  partie  supérieure  de 
la  face  externe  de  la  jambe,  oùvientse  ramifier  labranche 
cutanée  péronière  du  nerf  petit  sciatique,  produisent  tou- 
jours une  douleur  assez  vive,  que  l'animal  traduit  par  des 
secousses  musculaires  ou  par  des  déplacements  brusques 
des  membres  et  même  par  des  mouvements  de  la  tête  » 
(Arloing)  (2). 

Déjà,  en  1834,  Demillj  avait  reconnu  la  persistance  de 
la  motricité  et  de  la  sensibilité  et  fait  ressortir  ce  fait 
important  que  la  paraplégie  épizootiqiie  n'est  pas  une 
paralysie.  Effectivement,  ni  au  début,  ni  dans  le  cours  de 
la  maladie,  on  nobserve  ladisparition  totale  des  fonctions 
de  la  vie  de  relation. 

Troubles  urinaires.  —  L' hémoglobinurie  est  un  des 
signes  les  plus  caractéristiques.  Il  se  traduit  parunecolora- 

(1)  Lélard,  Rec.  de  môd.  vél.,  1887. 

(2)  Arloing,  Journ.  de  l'école  vét.  de  Lyon,  1866,  p.  107. 


"i6  MALADIES    PAR    AUTO-INTOXICATION. 

lion  l'oncéc.  brun  rouj^'cAIre.  brunAIre  des  urines,  se  rap- 
prochant plus  ou  moins  du  porto,  du  maiaga.  du  bordeaux, 
du  bourgogne.  Ce  symptôme  a  lait  appeler  la  maladie 
strangurie,  urines  sanguinolentes:,  hétnoglobinurie,  né- 
phrite, etc.:  il  a  été  signab-  par  Demilly.  Signol,  Dubois  et 
André,  Adenot,  Brisavoine,  etc.,  et,  à  l'étranger,  par  la 
plupart  des  auteurs.  Pendant  longtemps,  en  France,  les 
auteurs  n'ont  accordé  à  ce  signe  aucune  importance  ;  ils 
en  faisaient  à  peine  mention.  Lucet  lui  a  rendu,  ily  a 
quelques  années,  toute  la  valeur  qu'il  mérite. 

Le  symptôme  est-il  constant  ?.Iusqu"à  [irésent,  on  pouvait 
croire  que  l'hémoglobinurie  lait  défaut  dans  les  cas  bénins 
et  dans  ceux  où  la  maladie  avorte.  L'examen  direct  est 
un  indice  insuffisant;  la  spectroscopie  elle-même  peut 
donner  un  résultat  négatif  ;  la  réaction  obtenue  par  la 
benzidine  de  Schlesinger  et  Holst  ou  par  la  teinture  de 
gaïac-essence  de  térébenthine  de  Schnumm  l'évèle  cons- 
tamment la  présence  de  Ihémoglobine  (Mayer). 

Généralement  «  l'urine  émise  à  la  première  miction  qui 
suit  l'apparition  des  symptômes  est,  quelle  que  soit  la 
gravité  de  l'accès,  toujours  hémoglobinurique  et,  par  con- 
séquent, toujours  colorée  en  brun  rougoàtre  »,  malgré 
l'absence  constante  do  glol)ules  ronges.  Parfois  l'excn'tion 
de  pigment  par  l'urine  précède  le  spasme  musculaire  (Mac- 
Fadyean).  Tantôt  la  coloi*ation  rougeàtre  disparaît  après 
la  deuxième  ou  troisième  miction  dans  les  formes  bé- 
nignes, tantôt  elle  persiste  jusqu'à  la  mort  ou  diminue 
progressivement  d'une  miction  à  l'autre. 

V albuminurie  accompagne  l'hémoglobinurie  :  elle  est 
même  proportionnelle  à  son  intensité  ;  la  réaction  est 
toujours  alcaline.  Sur  63  cas,  une  seul  fois  l'albumine 
manquait  (Adam).  «  L'urine  est  muqueuse,  filante,  difficile 
ù  filtrer  et  possède,  dans  la  majorité  des  cas,  une 
densité  moindre  qu'à  l'état  normal  ;  elle  contient  cons- 
tamment de  l'albumine,  dont  la  proportion,  variant  de 
i   à  25  grammes  par  litre   et   quelquefois  plus,    est  en 


HEMOGLOBIM'RIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  57 

rapport  avec  la  quantité  d'hémoglobine  dissoute  quelle 
renferme,  c'est-à-dire  avec  l'intensité  de  sa  coloration. 
Sous  l'influence  de  la  chaleur  ou  des  acides,  cette  albu- 
mine se  coagule  en  caillots  qui  entraînent  la  matière 
tinctoriale,  se  colorent  en  brun  et  se  déposent. 

Recueillie  dans  une  éprouvette,  ou  mieux  un  verre  à 
pied,  et  laissée  au  repos,  elle  abandonne  lentement  et 
sans  s'éclaicir.  en  raison  de  sa  richesse  en  mucus,  un 
amas  sédimenteux  plus  ou  moins  abondant  suivant  les 
cas.  Ce  dépôt,  traité  par  le  picro-carmin,  montre  au  mi- 
croscope, en  dehors  des  cristaux  de  carbonate  et  d'oxa- 
late  de  chaux,  constants  dans  l'urine  du  cheval  :  1»  des 
traînées  muqueuses  tenant  fréquemment  en  suspension 
de  tins  cristaux  des  corps  précédents  et  des  granulations 
sans  caractères  définis,  granulations  parfois  libres,  réu- 
nies en  amas  et  colorées  les  unes  en  rouge,  les  autres  en 
jaune  rougeàtre:  2°  des  cellules  épithéliales  libres  pro- 
venant des  canalicules  du  rein,  à  noyau  bien  coloré  par  le 
carmin  ;  3°  quelques  cylindres  hyalins  ;  4°  enfin  de  nom- 
breux cylindres  épithéliaux,  à  contom's  réguliers  ou  mal 
délimités,  constitués  par  des  cellules  épithéliales  granu- 
leuses, colorées  en  jaune  rougeàtre.  à  noyau  bien  distinct 
et  franchement  coloi^é.  «  Ces  éléments,  toujours  présents 
dans  les  urines  hémoglobinuriques  quelle  que  soit  la  gra- 
vité de  l'accès,  sont  cependant  plus  nombreux  dans  les 
cas  à  forme  grave  que  dans  ceux  où  la  guérison  est  rapide. 
De  plus  leur  proportion  relative  varie  également  d'un  cas 
à  l'autre  •>  [Lucet  (1)]. 

La  présence  du  sucre  dans  les  urines  des  chevaux  pa- 
raplégiques, révélée  par  Mouquet  et  Lucet,  est  constatée 
exceptionnellement.  La  glycosurie  est  passagère  ;  elle  révèle 
les  troubles  du  système  nerveux.  Tantôt  l'urine  renferme 
plus  de  30  grammes  de  sucre,  tantôt  elle  n'en  présente 
que  des  traces. 

L'émission  d'urine  est  rare,  difficile  ;  on  peut  constater 

(i*  Lucet,  Bec.  de  méd.  vét.,  iS92. 


58  MALADIES    PAR    AUTO-INTOXICATION. 

de  la  rétention  pendant  les  quinze  ou  vinj^'t  premières 
heures;  l'urine  est  quelquefois  rejetée  très  abondamment 
dès  que  l'animal  est  moins  agité;  sinon,  on  peut  vider 
la  vessie  en  comprimant  cet  organe  à  laide  de  la  main 
introduite  dans  le  rectum. 

Ordinairement  l'animal  urine  dès  qu'il  s'arrête,  au 
début  du  mal;  il  rejette  une  petite  quantité  de  liquide 
dont  la  coloration  est  frappante.  Quand  il  marche  jusqu'au 
moment  de  la  chute,  la  miction  ne  se  produit  que 
longtemps  après  la  cessation  de  tout  effort  ;  elle  est 
très  abondante;  l'animal  rejette  sans  difficulté  appré- 
ciable une  grande  quantité  d'urine  noire.  Cette  expulsion 
d'urine  précède  fréquemment  latténual  ion  ou  la  cessation 
des  symptômes  alarmants. 

Troubles  CUTANÉS. — Une  sudation  abondante  se  montre 
d'emblée  et  coïncide  avec  l'engourdissement  musculaire (1). 
La  sueur  inonde  tout  le  corps,  en  commençant  par  la 
croupe,  l'épaule,  les  membres  antérieurs,  lencolure.  Elle 
est  souvent  bornée  à  l'ari-ière-main,  quand  l'impuissance 
locomotrice  doit  se  localiser  dans  ces  régions. 

La  transpiration  cutanée,  subite,  précède  les  formes 
bénignes  comme  les  formes  les  plus  graves  de  la  maladie. 
«  Elle  est  d'autant  plus  abondante  que  l'attaque  d'hémo- 
globinurie  est  plus  soudaine  et  plus  violente.  Quant  à 
sa  durée,  elle  est  en  rapport  avec  la  gravité  de  l'affection. 
Si  celle-ci  est  bénigne,  l'exagération  de  la  sécrétion  des 
glandes  sudoripares  dure  peu,  une  demi-heure,  une  heure 
au  plus,  puis  elle  disparaît,  et,  raiiidement.  l'animal 
sèche;  mais,  dans  les  cas  graves,  elle  dure  souvent  plu- 
sieurs heures  et  quel(|iiefois  même  jusqu'à  la  mort,  si  elle 
doit  avoir  lieu  à  bref  délai  »  (Lucet),  Elle  est  entretenue 
par  les  violents  efforts  qu'effectue  l'animal  pour  garder 
la  station  quadrupédale  ou  pour  s  efforcer  de  la  reprendre. 


(1)  Revel,  Cas  de  paralysie  momentanée  du  sentiment  avec  éphid rose  pro- 
noncée observée  chez  la  jument  (/?ecMei7,  1882,  p.  571). 


HÉMOGLOBINURIE   MUSCULAIRE    PAROXYSTIQLE.  59 

En  résumé,  la  sudation  n'offre  jamais  de  siège  défini  en 
rapport  avec  les  régions  malades  ;  elle  présente  des  carac- 
tèi'es  très  variables,  de  sorte  qu'elle  est  dépourvue  de 
toute  valeur  symptomatique. 

Troubles  respiratoires.  —  La  respiration,  calme  et  ré- 
gulière au  début,  s'accélère  à  mesure  que  les  troubles 
locomoteurs  augmentent  d'intensité.  Quand  l'animal  ne 
conserve  la  station  quadrupédale  que  grâce  à  des  efforts 
considérables,  on  peut  voir  le  nombre  des'  mouvements 
respiratoires  s'élever  à  40,  60  et  même  70  par  minute. 
Quelquefois  même,  la  respiration  est  dyspnéique,  trem- 
blotante ou  soubresautante,  la  physionomie  inquiète, 
anxieuse,  empreinte  d'une  angoisse  extrême,  l'œil  fixe 
ou  égaré,  les  narines  crispées  ou  dilatées  à  l'extrême.  On 
peut  alors  compter  jusqu'à  85  respirations  par  minute 
témoignant  d'une  anoxyhémie  très  prononcée.  Ces  cas 
extrêmes  ne  se  produisent  que  chez  les  animaux  couchés 
en  proie  aune  agitation  continue. 

Troubles  circulatoires.  —  Au  début,  ils  font  complè- 
tement défaut,  le  pouls  est  normal  (40  à  la  minute)  ou 
un  peu  accéléré  (45  à  50),  quand  l'animal  est  arrêté  à 
temps,  mis  dans  une  écurie,  bouchonné  et  convenable- 
ment couvert.  Sous  l'influence  de  la  marche  ou  des  efforts 
continus  que  fait  l'animal  pour  se  tenir  debout  ou  se 
relever,  les  muqueuses  se  congestionnent,  se  cyanosent 
même. 

Les  battements  du  cœur  deviennent  tumultueux,  le 
pouls  vite,  dur,  filant  et  si  rapide  qu'il  est  presque 
impossible  à  compter  :  les  pulsations  atteignent  120°  à 
130°.  On  voit  quelquefois  ces  troubles  circulatoires  persister 
plusieurs  jours,  alors  que  la  respiration  est  redevenue 
normale  (Arloing). 

Modifications  de  la  température.  —  La  température 
peut  exceptionnellement  s'élever  sous  l'influence  de  la 
marche  et  des  troubles  généraux  pour  atteindre  39o,5  et 
même  dépasser  40°  avant  l'accès  (Marek,  Fréger),  mais 


60  M\L.\D1E.S    PAU    AUTO-INTOXICATION. 

habitiiollement,  la  mahulio  est  apvriHique ou  peu  fébrile,  la 
température  varie  de  38°  à  ;{8o,5  ;  il  n'est  rtième  pas  rare 
de  constater  de  l'hypothermie  chez  les  animaux,  qui  ne 
tombent  pas etqui  se  rétablissent;  Cuny(l)a  constaté  une 
température  de  34°, 2  chez  un  malade,  de  3oo.8  chez  un 
second  et  de  37°  chez  un  troisième.  Elle  remonte  bientôt  à 
la  normale  quand  la  guérison  survient;  elle  remonte  aussi 
et  s'élève  même  à  39°, S  et  même  à  40°,  chez  les  ani- 
maux tombés  qui  s'agitent  en  faisant  de  vains  efforts  pour 
se  relever.  La  température  ne  fournit  donc  aucune  indi- 
cation sérieuse  sur  la  marche  et  la  terminaison  de  la 
maladie  ;  on  peut  seulement  constater  que  rhypothermie 
précède  souvent  la  guérison  et  que  Thyperthermie,  qui  varie 
de  38°,5  à  41°  chez  les  animaux  couchés  qui  se  débattent, 
est  le  prélude  d'une  mort  prochaine.  La  terminaison  est 
presque  toujours  mortelle  quand  la  température  dépasse 
39°,5  (Hùtling). 

Marche.  —  Durée.  —  Terminaison.  —  Lhémoglo- 
binurie  a  un  début  brusque,  ra|)ide;  elle  arrive  en  quelques 
instants  à  sa  période  d'état  :  le  tableau  symptomatique 
se  dessine  et  se  complète  sous  l'œil -de  l'observateur.  Le 
clioviil,  plein  de  force  et  de  gaîté  en  sortant  de  l'écurie, 
se  couvre  bientôt  de  sueur  et  manifeste  des  coliques  ; 
il  ralentit  son  allure,  marche,  traîne  un  ou  plusieurs 
membres,  boite,  tremble,  fléchit  sous  le  poids  du  corps, 
se  raidit,  vacille  du  train  postérieur,  menace  de  tomber, 
fait  de  violents  efforts  pour  se  maintenir  debout. 

La  respiration,  la  circulation  s'accélèrent,  la  physio- 
nomie exprime  l'anxiété  et  la  souffrance.  En  quelques 
heures,  l'affection  est  arrivée  à  son  paroxysme  ;  elle  est 
caractérisée  par  l'apparition  du  symptôme  pathogno- 
monique  :  la  tuméfaction  des  masses  nuisculaires  de  la 
croupe,  du  dos,  de  l'épaide.  du  poitrail. 

La  maladie  est  parvenue  à  son  apogée  ;  le  dénouement 

(1)  Cuny,,/oMr7ia;  de  Lyon,  1910,  p.  137. 


HÉMOGLOHINURIE   MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  61 

est  rapide  et  souvent  foudroyant.  Dans  une  statistique 
portant  sur  63  cas,  la  durée  de  la  maladie  a  été  8  fois 
de  douze  heures;  14  fois  de  vingt-quatre  heures;  17  fois 
de  quarante-huit  heures  ;  12  fois  de  trois  jours  ;  1  fois  de 
quatre  jours  ;  3  fois  de  cinq  joiu-s  ;  6  fois  de  huit  jours  et 
2  fois  de  quatorze  jours  (Adam  et  Pustcher). 

Deux  signes  permettent  de  présager  la  guérison  ou 
la  mort  du  malade.  Vexcrétion  d'urine  abondante,  peu 
foncée,  indique  une  évolution  bénigne  et  est  le  signal 
de  l'atténuation  ou  de  la  disparition  des  mjosites  et 
des  troubles  locomoteurs  ;  la  chute  sans  excrétion 
urinaire  est  l'indice,  le  plus  probable,  d'une  mort  pro- 
chaine. 

LaGuÉRisox  est  la  terminaison  habituelle  quand  l'animal 
pris  d'hémoglobinurie  est  arrêté,  maintenu  immobile 
ou  conduit,  à  quelques  mètres,  dans  la  maison  la  plus 
proche. 

La  tranquillité  dissipe  souvent  tous  les  troubles 
locomoteurs,  les  sueurs  cessent,  les  masses  musculaires 
ne  se  tuméfient  pas;  les  coliques,  à  peine  appréciables, 
s'éteignent  après  l'expulsion  de  quelques  matièi*es  diar- 
rhéiques;  la  respiration  se  calme  plus  vite  que  la  circu- 
lation; l'animal  manifeste  de  la  lassitude,  de  rabattement, 
de  la  somnolence,  puis  un  phénomène  salutaire  se  pro- 
duit :  c'est  le  rejet  d'urine  noire  ou  foncée,  qui  entraîne 
sans  doute  les  éléments  toxiques,  stupéfiants,  retenus 
dans  l'organisme,  car  l'amélioration  commence  dès  la 
première  miction;  elle  s'accentue  à  chacune  d'elles;  la 
guérison  est  complète  quand  l'urine  a  récupéré  sa  colo- 
ration normale.  Parfois  Vurine  hémoglobinurique  ou  sim- 
plement foncée  est  rejetée  en  une  seule  fois,  et  l'animal  est 
guéri  en  tant  que  maladie  ;  ses  effets  subsistent  encore 
pendant  sept  à  huit  heures,  quelquefois  douze  à  vingt- 
quatre  heures. 

Exceptionnellement  cette  forme  bénigne  se  complique, 
«  au  bout  de  vingt-quatre  à  quarante-huit  heures,  d'un 
Gadéac.  —  PatholoRie  interne.  VII.  4 


62  MALADIES    PAU    AUTO-INTOXlCATlON. 

œdème  soiis-vonlral  qui  se  résorbe  on  doux  ou  Irois 
jours  »  (Lucet). 

Souvent  la  maladie  arrive  à  un  degré  de  plus  avant 
que  l'impuissance  loconiolrice  soit  bien  établie;  le  i^on- 
fleniont  musculaire,  caractéristique,  s'est  produit.  La 
guérison  osl  encore  fréquente  malgré  l'existence  des 
symptômes  les  plus  alarmants  :  coliques  intenses,  diffi- 
culté ou  impossibilité  de  conserver  la  station  quadrupé- 
dale,  sueurs  abondantes,  généralisées  ou  localisées  aux 
masses  musculaires  tuméfiées,  respiration  accélérée, 
haletante,  pouls  petit,  filant,  très  précipité,  physionomie 
anxieuse;  les  défécations  diarrhéiques  et  l'expulsion 
abondante  d'urine  foncée  annoncent  généralement  la 
décroissance  des  symptômes.  La  guérison  est  surtout 
rapide  quand  l'atîection  est  localisée  aux  masses  mus- 
culaires des  membres  antérieurs. 

La  forme  paraplégique  est  celle  qui  se  généralise  ot  se 
complique  le  plus  facilement  d'altérations  prolongées  et 
quelquefois  incurables  des  muscles  et  des  nerfs.  Quelle 
que  soit  la  forme  que  la  maladie  affecte,  elle  peut  gué- 
rir; les  animaux  qui  ont  fait  des  chutes  ne  sont  pas 
irrémédiablement  perdus;  on  cite  môme  des  clievnux 
tombés  dix  fois  en  chemin  avant  de  se  rendre  à  l'écurie 
et  qui  sont  complètement  guéris;  mais  c'est  l'excep- 
tion. 

Debout  ou  couché,  le  malade  marche  vers  la  guérison 
quand  il  continue  à  manger,  à  remuer  les  membres  sans 
manifester  d'agitation  et  qu'il  expulse  les  excréments  et 
urine  abondamment. 

La  conservation  de  la  fonction  urinaire  demeure,  sous 
toutes  les  formes  et  à  tous  les  degrés  de  la  maladie,  le 
signe  essentiel  et  la  principale  cause  de  la  guérison. 
Alors,  en  deux  ou  trois  jours,  l'urine  récupère  ses 
caractères  normaux,  mais  la  station  quadrupédale  ne  se 
rétablit  qu'en  cinq,  six,  huit  ou  même  neuf  jours,  l'animal 
commence   dès    les   premiers  jours    du   décuhitus   à   se 


HEMOGLOBIMRIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIOUE.  63 

placer  en  position  sterno-costale  ou  sternale  ;  les  nijosites 
se  dissipent,  les  muscles  tuméfiés  deviennent  pâteux  et 
un  peu  douloureux. 

La  MORT  survient  quelquefois  quatre  à  sept  heures 
après  le  début  de  la  maladie  ;  celle-ci  a  une  évolution 
foudroyante. 

L'animal  tombe  un  quart  dheure  ou  une  demi-heure 
après  le  départ  ;  il  est  étendu  «  en  décubitus  latéral  com- 
plet, en  proie  à  une  agitation  continue»  ;  ses  muscles  sont 
gonflés  à  Textrème:  il  est  couvert  de  sueur  ;  les  conjonc- 
tives sont  cyanosées,  la  langue  pendante;  il  meurt  subi- 
tement, comme  frappé  d'apoplexie  ;  parfois  il  s'agite 
inutilement  sans  avoir  uriné,  ou  rejette,  aux  der- 
niers moments  de  la  vie,  une  petite  quantité  d'urine 
noire. 

Ordinairement  la  mort  se  fait  attendre  douze,  vingt- 
quatre  heures,  deux  jours,  trois  jours  ou  même  cinq 
jours.  Dans  les  premières  heures  qui  suivent  la  chute, 
les  muscles  du  train  postérieur,  surtout  ceux  de  la 
croupe,  sont  énergiquement  contractés,  durs,  tendus;  la 
peau  est  mouillée  et  fumante,  l'animal  paraît  en  proie  à 
de  vives  souffrances,  comme  en  témoignent  son  regard 
brillant  et  anxieux,  ses  naseaux  dilatés  et  crispés,  sa 
respiration  haletante  et  ses  mouvements  désordonnés  ; 
puis  il  récupère  un  peu  de  calme,  il  cherche  même  à 
combiner  ses  efforts  en  vue  de  se  lever  (fig.  6). 

On  voit  alors  le  malade  se  placer  sur  le  sternum, 
allonger  successivement  les  membres  antérieurs  et 
se  soulever  :  mais  le  train  postérieur  reste  cloué  au  sol  ; 
l'animal  est  assis  sur  son  derrière  ;  il  ne  garde  pas  long- 
temps cette  attitude,  il  se  laisse  retomber,  comme  con- 
vaincu de  l'impuissance  de  ses  efforts.  La  motilité  n'est 
cependant  pas  complètement  abolie;  l'animal  exécute 
des  mouvements  partiels,  des  flexions  ou  des  détentes 
violentes  des  membres  postérieurs.  La  sensibilité  n'est 
pas  éteinte  au  niveau  des  parties  postérieures;  il  semble 


64 


MALADIES    l'AH    ALTD-INTOXICATION. 


qu'il    y    ail  hjpereslhésie  plus  ou  moins   manileste  des 
parties  antérieures. 

Pendant  les  périodes  de  calme,  la  température  est 
normale,  le  pouls  moins  rapide,  la  respiration  légèrement 
accélérée,  l'appétit  conservé.  L'animal  prend  ses  aliments 
et  ses  boissons  si  on  a  la  précaution  de  lui  relever  la 


Fig.  ().  —  L'animal  fait  de  vains  efforts  pour  se  lever. 


tète;  mais  l'urine,  rejotée  en  petite  quantité,  est  noire,  le 
sujet  s'épuise,  les  grandes  fonctions  (respiration,  circula- 
tion), gênées  par  la  position  décubilale.  se  troublent, 
s'embarrassent,  les  parties  saillantes  du  corps  s'excorient, 
la  température  monte  de  quelques  dixièmes  )\  i°  au-dessus 
de  la  normale  ;  le  poumon  s'engoue  par  congestion  bypo- 
statique  et  l'animal  succombe. 

Complications.   —   L'émaciation,    générale   ou   locale, 
temporaire  ou  délinitive,  des  muscles  de  la  croupe  succède 


HÉMOGLOBINURIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  65 

à  certaines  paraplégies  qui  ont  duré  depuis  quelques 
heures  jusqu'à  huit  ou  neuf  jours.  Les  animaux  demeurent 
boiteux  ou  affectés  dune  gêne  particulière  de  l'arrière- 
inain  d'une  durée  en  rapport  avec  celle  de  Tatrophie 
musculaire  (Lucet'. 

Ldi  paralysie  du  nerf  fémoral  antérieur  n'est  pas  rare  ; 
elle  survient  chez  des  paraplégiques  qui  se  relèvent  sans 
trop  de  difficultés  (Voy.  Paralysie  du  fémoral).  C'est, 
le  plus  souvent,  le  premier  membre  affecté  qui  manifeste 
cette  paralysie  locale  :  Tanimal  boite,  et  il  est  aisé  de 
reconnaître  que  la  boiterie  est  due  à  l'inactivité  des 
muscles  de  la  région  crurale  antérieure  facia  lata  et  tri- 
ceps crural),  de  telle  sorte  que  chaque  fois  que  le  membre 
affecté  fait  son  appui,  l'angle  fémoro-tibial  se  ferme  et  la 
croupe  s'affaisse  plus  ou  moins  suivant  le  degré  de  la 
paralysie.  Pendant  que  disparaissent  tous  les  autres 
symptômes  de  l'affection  primitive,  cette  boiterie  spéciale 
persiste  et  s'accentue.  Bientôt  la  région  crurale  anté- 
rieure se  déforme.  Le  triceps  criii'al  s'atrophie,  et  on  voit 
se  produire  au-dessus  du  grasset  une  dépression  plus  ou 
moins  profonde  :  la  paralysie  du  nerf  fémoral  antérieur 
est  confirmée.  Ce  reliquat  de  la  paraplégie  aiguë  n'est 
pas  rare;  on  en  a  même  fait,  pendant  longtemps,  la 
lésion  essentielle  de  la  paraplégie. 

Cette  paralysie  n'est  pas  extrêmement  grave;  elle  per- 
siste généralement  deux  ou  trois  mois  ;  puis  elle  diminue 
peu  à  peu  et  flnit  par  disparaître  en  trois  à  cinq  mois 
ou  davantage.  On  peut  la  voir  persister  indéfiniment 
avec  une  telle  intensité  que  l'animal,  rendu  absolument 
inutilisable,  doit  être  sacrifié  (Saint-Cyr). 

Ldi  paralysie  Ae?,  extenseurs  des  deux  membres  antérieurs 
est  quelquefois  consécutive  à  un  accès  d'hémoglobinurie 
La  piqûre  pratiquée  au  niveau  du  radial  ne  provoque 
aucune  réaction.  La  boiterie,  peu  manifeste  au  pas,  est 
très  accentuée  au  trot,  par  suite  de  la  dégénérescence  des 
extenseurs. 

4. 


66  MALADIES    l'AR    AUTO-INTOXICATION. 

La  fourbiirc  du  membre  sain  chez  les  chevaux  affec- 
tés de  la  paralysie  du  fémoral  antérieur  du  membre 
opposé  se  produit,  quelquefois,  et  rend  de  nouveau  le 
cheval  impuissant  à  se  maintenir  sur  le  train  posté- 
rieur. 

Les  plaies,  les  excoriations  résultant  d'un  décubiliis 
prolongé  s'infectent,  provoquent  la  fièvre  et  luttent  la 
mort. 

Rechutes.  —  Loin  de  donner  l'immunité,  une  première 
attaque  de  paraplégie  est  une  cause  prédisposante  pour 
des  attaques  ulti'-rieures.  Un  cheval  peut  être  frappé  de 
cette  maladie  trois  foisentjuinze  jours  (Lucet).  \j'lu'ino!/lobi- 
nwne  recidù'e  quelquefois  dans  la  même  journée:  l'animai 
dontlaguérison  paraît  certaine  el  procliaine  peut  retomber 
tout  à  coup  aussi  complètement  paralysé  qu'au  début. 
Dans  ces  conditions,  une  seconde  attaque  est  presque 
toujours  mortelle.  Nous  avons  cependant  constaté  la 
guérison  d'un  cheval  qui  a  présenté  trois  récidives  en 
huit  jours.  11  y  en  a  d'autres  qui  présentent  tous  les  ans 
un  accès  de  paraplégie. 

Anatomie  pathologique.  — La  décomposition  rapide  du 
cadavre  el  l'altération  du  sang  sont  des  lésions  secon- 
daires consécutives  à  l'auto-intoxication. 

Les  sujets  se  putrétient  en  quelques  heures  comme  les 
animaux  surmenés.  Leur  sang  est  mou,  épais,  huileux 
comme  celui  des  animaux  septicémiques.  Les  globules 
rouges  sont  altérés,  décolorés;  le  sérum  est  rougeâtre  : 
mais  cette  coloration  résulte  de  la  décomposition  cada- 
vérique. On  peut  d'ailleurs  y  découvrir  des  granulations 
pigmenlaires,  des  cristaux  d'hématoïdine  et  des  microbes 
de  la  putréfaction. 

Tube  dickstif.  —  L'estomac  et  l'intestin  présentent  les 
traces  d'tme  légère  irritation;  les  follicules  solitaires  ou 
agminés  sont  quelquefois  légèrement  inlillrés  et  entourés 
d'une  ecchymose  ;  mais  ces  lésions,  inconstantes,  n'ont 
aucune  signification. 


HÉMOGLOBIXURIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  67 

Le  FOIE  offre  une  teinte  jaunâtre,  son  tissu  est  sec, 
grenu  ;  il  est  infiltré  de  graisse  et  hémorragique.  Le  noyau 
(les  cellules  hépatiques  est  invisible  au  microscope;  il  est 
dissimulé  par  des  granulations  graisseuses. 

La  RATE,  surchargée  de  pigments,  est  hypertrophiée, 
lisse  ou  bosselée:  sa  coupe  est  molle,  diffluente,  noire  au 
niveau  des  bosselures.  Cette  coloration  s'atténue  au  contact 
de  l'air. 

Muscles.  —  Les  lésions  du  système  musculaire,  loca- 
lisées ou  diffuses,  sont  plus  ou  moins  prononcées,  mais 
elles  ne  manquent  jamais  :  les  psoas,  les  adducteurs  de  la 
cuisse,  les  muscles  de  la  région  crurale  antérieure,  les 
fessiers,  les  ischio-tibiaux  —  puis,  loin  de  ceux  qui  précè- 
dent, les  muscles  de  la  région  scapulaire,  sous-scapulaire, 
le  grand  dentelé,  sous  et  sus-épineux,  les  olécraniens,  enfin 
les  ilio-spinaux  et  les  muscles  âeV  encolure  sont  les  plus  tou- 
chés. Les  autres,  notamment  ceux  delà  jambe,  de  l'avant- 
bras,  de  la  tète,  sont  généralement  sains.  Le  coeur  demeure 
rarement  indemne. 

L'altération,  des  psoas  est  quelquefois  tellement  pro- 
noncée qu'en  ouvrant  l'abdomen  on  voit,  à  la  région 
sous-lombaire,  une  sorte  de  tuméfaction  de  couleur 
bleuâtre,  bien  apparente,  à  travers  la  séreuse  péritonéale. 
Cette  coloration  est  due  à  des  ecchymoses  ou  à  une  vaste 
hémorragie  sous-lombaire  qui  englobe  la  masse  des  psoas 
et  se  prolonge,  quelquefois,  à  travers  les  piliei's  du  dia- 
phragme jusqu'à  l'intérieur  de  la  cavité  pectorale.  Ordi- 
nairement la  quantité  de  sang  épanché  est  moins  considé- 
rable ;  le  caillot  présente  les  dimensions  d'un  œuf  de  dinde, 
de  poule,  ou  est  plus  petit  encore.  Les  hémorragies  révèlent 
les  déchirures  musculaires  q\x\  se  sont  produites  pendant  la 
vie  sous  l'influence  de  violents  efforts  qu'effectue  l'animal 
pour  se  maintenir  debout.  Un  ou  plusieurs  psoas  présen- 
tent des  interruptions  dans  leur  continuité;  il  existe  une 
cavité  intramusculaire  située  au  centre  de  la  partie 
charnue   dans   laquelle  flottent  les  extrémités  des  fi')res 


68  MALADIES    PAR    AUTO-INTOXICATION. 

musculaires  rompues  à  diverses  hauteurs;  les  extrémi- 
tés déchirées  des  fibres  sont  distantes  de  2  à  3  centi- 
mètres. 

D'autres  muscles  [scalénc,  muscles  de  l'encolure)  pré- 
sentent également  des  traces  de  déchirure  ;  mais  celles-ci 
sont  beaucoup  moins  étendues  :  elles  sont  bornées  h 
quelques  faisceaux,  et  s'accusent,  à  l'œil,  par  des  taches 
ecchjmotiques  du  diamètre  d'une  pièce  de  20  cen- 
times à  celui  d'une  pièce  de  1  franc,  qu'on  découvre  en 
pratiquant  des  sections  musculaires  longitudinales  ou 
transversales. 

La  couleur  des  muscles  malades  est  toujours  modiliée  ; 
elle  est  grisâtre,  rouge,  rouge  foncé,  rouge  livide  dans  les 
cas  foudroyants  ;  jaune  orangé,  jaune  pâle  ou  même 
blanchâtre  dans  les  cas  à  évolution  lente. 

La  décoloration  n'occupe  pas  toujours  toute  la  masse 
d'un  muscle  ;  elle  se  présente,  souvent,  sous  laspecl  de 
taches  disséminées,  de  grandeur,  de  forme  et  de  teinte 
variables,  ce  qui  indique  que  l'altération  qu'elles  expri- 
ment ne  se  produit  pas  partout  en  même  temps. 
•  La  consistance  du  muscle  est  considérablement  dimi- 
nuée dans  tous  les  points  décolorés.  Une  pression  légère 
suffit  pour  faire  pénétrer  le  doigt  dans  son  tissu,  qui 
s'écrase  facilement;  la  plus  faible  traction  rupture  ses 
fibres. 

Le  tissu  musculaire  est  tuméfié,  u'démateux  ou  sec, 
presque  exsangue,  cassant,  et  ressemblant,  plus  ou  moins, 
à  un  morceau  de  chair  cuite. 

Vexamen  microscopique  révèle  une  série  d'altérations 
musculaires  plus  ou  moins  différenciées  qui  rappellent  :  la 
tuméfaction  trouble,  la  dégénérescence  graisseuse  ou 
granulo-graisseuse.  la  dégénérescence  cireuse  ou  vitreuse 
et,  exceptionnellement,  la  sclérose  musculaire  à  l'état 
embryonnaire. 

La  tuméfaction  trouble  marque  le  début  des  altérations 
dégénératives  des  fibres  musculaires  ;  celles-ci  sont  tumé- 


HÉMOGLOBINURIE    MUSCtLAIRE    PAROXYSTIQUE.  69 

fiées,  opaques,  granuleuses  ;  la  striation  est  moins  visible 
ou  efTacée;  le  sarcolemnie  est  encore  normal. 

La  dégénérescence  graisseuse  est  l'altération  la  plus 
répandue  ;  elle  s'observe  partout  où  les  muscles  sont 
friables  et  offrent  une  teinte  jaunâtre;  elle  existe  aussi 
mais  moins  prononcée,  dans  les  muscles,  qui,  à  l'œil  nu,  ne 
semblent  pas  altérés. 

La  transformation  cireuse,  ou  dégénérescence  vitreuse, 
rend  les  fibres  musculaires  transparentes,  hyalines;  elles 
présentent  un  reflet  brillant  analogue  à  celui  de  la  cire 
blanche. 

Fragile  et  dépourvu  de  striations,  le  contenu  sarcolem- 
mique  présente,  de  distance  en  distance,  des  espèces  de 
fentes  transversales  ou  même  des  cassures  complètes. 

Les  morceaux  sont  irréguliers,  vitreux,  complètement 
détachés  ou  adhérents  par  places  et  maintenus  par  le 
sarcolemme  coloré  en  jaune  qui  comprime  les  extrémités 
des  blocs  vitreux.  Cette  dégénérescence,  comme  celle  qui 
précède,  est  très  inégalement  répartie  ;  des  faisceaux 
intacts  ou  à  peine  granuleux  siègent  à  côté  des  faisceaux 
complètement  transparents  et  vitreux. 

Toutes  ces  altérations  se  pi'oduisent  avec  une  grande 
rapidité,  puisqu'on  les  l'encontre,  déjà  bien  caractérisées, 
chez  des  sujets  morts  le  quatrième,  le  troisième  et  même 
le  deuxième  jour  de  la  maladie. 

Certains  muscles,  très  tuméfiés  sont  noyés  dans  un 
exsudât  fibrineux  (myosite  parenchymateuse). 

Les  noyaux  des  fibres  musculaires,  «  volumineux,  mul- 
tipliés, nettement  colorés,  sont  disposés  en  série,  soit  à 
la  surface,  soit  dans  l'épaisseur  des  faisceaux,  et  le  tissu 
conjonctif  interfasciculaire  a  subi  un  commencement 
d'organisation  »  (Lucet). 

Moelle  épinière.  — Les  lésions  médullaires,  recherchées 
en  raison  des  troubles  locomoteurs,  sont  inconstantes  et 
disparates.  Quand  elles  existent,  elles  sont  limitées  au 
renflement  lombaire  ou  s'étendent  le  plus  souvent  jusqu'au 


70  MALADIES    PAR    ALTO-INTOXICATION. 

renflement  brachial.  Décrites  i)ar  Coiilbeaux  (1824),  el 
Bouley  jeune  (1828),  Adenot  (18(14).  on  leur  a  attribué  en 
France  un  rôle  prépondérani . 

La  congestion  simple  de  la  uioelle  ou  de  ses  enveloppes 
est  l'altération  la  plus  commune;  elle  est  visible  même  à 
travers  les  méninges. 

Les  vaisseaux  superficiels  du  canal  rachidien  sont  lor- 
lement  injectés.  Quand  la  dure-mère  est  incisée,  la 
moelle  apparaît  avec  sa  teinte  rosée,  rouge  vif  ou  rouge 
sombre;  les  vaisseaux  qui  rampent  à  sa  surface  sont 
distendus  parle  sang;  le  liquide  arachnoïdien  est  rosé 
et  plus  abondant  qu'à  l'état  normal.  On  trouve  parfois 
de  nombreuses  adhérences  entre  les  doux  feuillets  de 
l'arachnoïde.  De  la  face  interne  de  la  pie-mère  s'élèvent 
des  vaisseaux  chargés  de  sang  qui  pénètrent  dans  la 
substance  propre  de  la  moelle.  Les  coupes  longitudinales 
ou  transversales  de  cet  organe  permettent  d'apercevoir, 
à  l'œil  nu,  un  pointillé  prononcé  dans  la  substance  grise, 
principalement  au  niveau  des  cornes.  Les  vaisseaux 
capillaires  y  sont  fortement  dilatés,  déchirés,  ou  offrent 
des  renflements  fusiformes,  des  réseaux  magnifiques, 
comme  s'ils  avaient  été  gonflés  par  une  injection  artili- 
cielle. 

Les  ruptures  vasculaires  sont  souvent  si  nombreuses  que 
l'on  constate  une  véritable  apoplexie  de  la  moelle,  carac- 
térisée par  uneextravasation  du  sang, soit  à  la  surface,  soit 
à,  l'intérieur  du  cordon  médullaire.  Tantôt,  en  elTet,  les 
caillots  accumulés  à  sa  surface  dépriment  et  déforment  cet 
organe;  tantôt,  formés  dans  son  épaisseur,  ils  réduisent 
mécaniquement  en  bouillie  la  substance  grise,  lis  sont  plus 
ou  moins  nombreux,  irrégulièrement  répartis,  plus  abon- 
dants d'un  côté  que  de  l'autre  :  le  sang  peut  même  ru]>- 
turer  la  muqueiise,  qui  tapisse  le  canal  de  l'épendyme  et  se 
répandre  dans  son  intérieur. 

Ces  altérations  occupent  la  moelle  lombaire,  parfois  la 
partie    moyenne    de   la    région   dorsale,    parfois   la  ré- 


HÉMOGLOBINURIE    MUSCULAIRE   PAROXYSTIQUE.  7t 

gion   brachiale,    exceptionnellement    la   région   bulbaire. 

Quand  ces  lésions  ne  sont  pas  suffisantes  pour  déter- 
miner immédiatement  la  mort,  elles  se  compliquent  d'un 
c(M"tain  degré  de  ramollissement  médullaire,  d'épaississe- 
luent  de  la  dure- mère  et  d'arachnoïdite  rachidienne. 

Nerfs.  —  Les  nerfs  qui  émergent  de  la  moelle  présentent 
à  leur  origine,  surtout  au  niveau  du  plexus  lombo-sacré, 
une  coloration  jaunâtre,  lis  sont  plus  volumineux  quà 
l'état  normal,  congestionnés  et  ecchymoses,  ou  bien  infil- 
tri's  d'un  peu  de  sérosité  jaunâtre  ou  gélatiniforme,  soit  à 
leur  issue  des  trous  rachidiens,  soit  sur  divers  points  de 
leur  trajet  extérieur. 

Les  nerfs  fémoraux  sont  fréquemment  altérés  sur  une 
étendue  de  4  à  5  centimètres;  les  flbres  sont  dissociées; 
les  tubes  nerveux  sont  souvent  ruptures  et  dégénérés. 
Les  troncs  sciafiques  racines  desfcmorau.r)  sont  quelquefois 
congestionnés  au  niveau  du  bord  externe  de  l'ischium,  au 
point  où  le  tronc  nerveux,  après  avoir  rampé  sur  le  liga- 
ment sacro-sciatique,  s'infléchit  en  bas  pour  descendre 
entre  les  muscles  ischio-tibiaux;  mais  toutes  ces  altérations 
nerveuses  sont  également  inconstantes. 

Reins.  —  Les  reins,  toujours  altérés,  le  sont  à  des  degrés 
divers  ;  ils  sont  congestionnés,  piquetés  de  rouge,  noirs 
comme  de  l'encre  (Berger)  ;  ils  s'écrasent  facilement  sous  la 
pression  du  doigt  ;  le  bassinet  renferme  une  grande  quan- 
tité de  liquide  trouble,  brunâtre,  dans  les  cas  d'hémoglo- 
biniirie  fiuraiuKë.  Ils  sont  mous,  friables,  ramollis  au  point 
de  tomber  en  détritus  par  leur  propre  poids  quand  la  mort 
est  rapide,  grisâtres,  œdémateux,  hypertrophiés  quand  la 
mort  est  plus  tardive.  Ces  organes  incisés  laissent  écouler 
plus  ou  moins  de  sang  ou  de  sérosité  claire  suivant  que  la 
mort  est  survenue  plus  ou  moins  rapidement. 

A  Vexarneii  microscopique,  tous  les  capillaires  sont 
dilatés.  Les  cellules  épithéliales  des  tubes  contournés  ont 
subi  la  tuméfaction  trouble.  Les  tubes  droits  sont  presque 
sains  ;   les  glomérules  de  Malpighi    sont    le  siège    d'une 


72 


MALADIES    PAR    AUTO-INTOXICATION. 


altérai  ion  caractérisée  par  la  présence,  dans  la  cavité 
glomériilaire,  d'un  liquide  granuleux  contenant  des  cel- 
lules migratrices  qui  peuvent  exister  aussi  dans  les 
vaisseaux  glomérulaires.  Parfois,  on  observe  un  épanche- 
ment  de  globules  rouges  et  de  leucocytes  dans  la  capsule 
de  Bowmann.  Une  exsudation  albumineuse  les  sépare 
quelquefois  de  leur  enveloppe  séreuse. 

Lorsque  la  maladie  a  duré  quelque  temps,  les  lésions  de 
la  substance  corticale  sont  plus 
avancées. 

Vues  au  microscope,  les  cel- 
lides  épithélialc's  des  tubes  con- 
lournés  sont  hypertrophiées, 
granuleuses  ;  leur  bord  libre 
est  déchiqueté,  frangé.  Elles 
présentent  souvent  plusieurs 
noyaux  (lig.  7i. 

D'autres  fois,  elles  sont  tel- 
lement hypertrophiées  qu'elles 
bouchent  la  lumière  du  con- 
duit. Les  tubes  rénaux  sont  pri- 
vés de  leur  épilhélium.  vides, 
ou  renferment  des  cellules 
épilhéliales  desquamées,  iso- 
lées ou  réunies  en  amas 
(Lucet)  (1). 

Le  tism   conjonctif  intertu- 
nurie.  11  apparaît  constitué  d'une    bulaire  est  parfois  creusé.  par 

matière  homogène,    colloïde,     et        i  i  .,,.,,.. 

de  cellules  épithéiiaies  (couche  P'^ces,  de  cavites  iiTegulieres. 
médullaire).  de  dimensions  variées,  refou- 

lant, et  écartant  les  tubes  ré. 
naux  ;  ces  cavités  sont  remplies  de  débris  de  globules  et 
de  cristaux  d'ht'moglobine. 

Pronostic.  —  Le  pronostic  est  variable  suivant  le  degré 
d'intensité  des  crampes  et  d'impuissance  locomotrice. 

(1)  Lucet,  Rec.  deméd.  vêt.,  189'i,  p.  162. 


Fig.  7. —  (-vlindre  urinaire  (coupé 
longitudinalement)  dans  le  rein 
d'un    cheval   mort  dhémoglobi- 


HEMOGLOBIXLRIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  73 

Les  animaux  qui  continuent  de  travailler  quand  la 
maladie  l'ait  son  apparition  succombent  ;  ceux  qu'on  ar- 
rête d'emblée  guérissent  généralement.  Demilly  disait 
avec  raison  :  «  Faites  marcher  le  cheval  frappé  de  con- 
tracture pelvienne,  il  périra.  Faites  rester  l'animal  sur 
place,  il  guérira.  »  C'est  que,  dans  le  premier  cas,  on  ajoute 
à  l'intoxication  préexistante  l'empoisonnement  déterminé 
par  les  produits  issus  des  muscles  contractures,  tandis  que, 
dans  le  second,  on  permet  aux  produits  toxiques  de  s'éli- 
miner, à  la  contracture  de  se  dissiper  et  aux  muscles  de 
revenir  à  l'état  physiologique.  La  maladie  est  bénigne 
quand  la  tuméfaction  des  muscles  est  appréciable  ou 
qu'elle  est  localisée  aux  muscles  de  l'avant-main  :  elle  est 
plus  grave  quand  les  lésions  musculaires  intéressent  le 
train  postérieur  ;  elle  est  mortelle  quand  les  myosites  sont 
généralisées  et  l'excitation  considérable  :  c'est  la  mort  à 
bref  délai  quand  la  respiration  est  précipitée,  le  pouls 
petit,  rapide  et  les  muqueuses  cyanosées.  Les  animaux 
tombés  qu'il  faut  transporter  dans  une  écurie  guérissent 
rarement;  les  mousements  violents  auxquels  ils  se  livrent 
précipitent  leur  mort. 

L'époque  de  l'émission  de  l'urine  et  la  qualité  de  ce 
liquide  ont  une  certaine  valeur  pour  établir  le  pronostic. 
Les  symptômes  généraux  s'atténuent  en  effet  d'autant 
plus  rapidement  que  la  sécrétion  rénale  se  rétablit  plus 
promptement  et  que  la  vessie  évacue  l'urine  hémoglobi- 
nurique.  La  maladie  est  d'autant  plus  grave  que  l'urine  est 
plus  foncée  et  plus  riche  en  albumine. 

La  mortalité  est  variable  suivant  les  cas  qu'on  envi- 
sage. 

Elle  est  considérable  pour  les  cas  de  paraplégie  confir- 
mée ;  cette  maladie  fait  périr  70  p.  100  au  moins  des 
sujets  atteints;  le  pourcentage  de  la  mortalité  est  beau- 
coup moins  élevé  si  l'on  considèi'e  le  nombre  des  sujets  à 
peine  frappés  qui  résistent.  Le  taux  de  la  mortalité  est  tou- 
jours beaucoup  plus  élevé  dans  les  écoles  vétérinaii-es,  où 
Cadé.\c.  —  Pathologie  interne.  VII.  5 


74  MALADIES   PAR    AUTO-INTOXICATIOX. 

sont  amenés  la  plupart  des  animaux  gravement  atteints, 
que  dans  les  clientèles  civiles. 

Le  traitement  utilisé  fait  t'galemenl  varier  le  pronostic. 
Les  révulsifs  ou  les  irritants  cutanés,  comme  l'essence  de 
térébenthine,  assombrissent  le  pronostic. 

Diagnostic.  —  Le  diagnostic  de  l'hémoglobinurie  du 
cbevcil  est  facile;  la  soudaineté  de  son  apparition  sur  les 
animaux  remis  au  travail  après  quelques  jours  de  repos, 
la  tuméfaction  des  muscles,  la  chute  ou  l'impuissance 
motrice  et  l'émission  d'urine  noire  ou  foncée  et  ailiumi- 
neuse  sont  des  signes  caractéristiques. 

Les  coliques  s'en  différencient  toujours,  quelle  que 
soit  leur  origine,  par  la  dilTiculté  ou  l'impossibilité 
qu'éprouvent  les  sujets  hémoglobinuriques  pour  se 
relever. 

La  THROMBOSE  DE  l'aorte  POSTÉRIEURE  cst  facilement 
reconnue  à  l'aide  de  l'exploration  rectale.  D'ailleurs,  les 
symptômes  se  dissipent  rapidement  quand  l'animal  est 
arrêté  ;  la  maladie  s'accuse  essentiellement  par  une  boi- 
terie  intermittente  à  chaud, 

La  PARAPLÉGIE  INFECTIEUSE  olfre,  au  contraire,  beaucoup 
de  traits  communs  avec  l'hémoglobinurie.  Elle  débute, 
comme  elle,  à  l'écurie  ou  après  un  instant  d'exercice,  mais 
elle  est  plus  franchement  épidémique  et  s'accompagne 
d'une  tuméfaction  plus  ou  moins  prononcée  de  la  vulve 
chez  les  juments,  et  d'inilammation  des  organes  génitaux 
avec  rejet  d'urine  non  colorée  (Voy.  plus  loin,  Paraplégie 
infectieuse). 

Traitement  préventif.  —  Les  moyens  préventifs  sont 
pluseflicaces  que  les  moyens  curatifs.  Les  chevaux  sont  à 
l'abri  de  la  maladie  quand  ils  effectuent  un  travail  régulier 
ou  quand  on  a  soin  de  diminuer  la  ration  et  d'administrer 
des  purgatifs  pendant  la  période  de  repos.  La  diminu- 
tion de  la  rai  ion  d'avoine,  quand  on  ne  la  supprime  pas 
entièrement  pour  la  remplacer  par  de  la  mélasse  qui  pos- 
sède une   action    purgative  par  ses  sels    de  potasse,  les 


HEMOGLOBINURIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  75 

dimanches  et  les  jours  de  fête,  est  un  moyen  d'une  effica- 
cité certaine  pour  empêcberrauto-intoxication  qui  prépare 
l'attaque  d'hémoglobinurie.  il  faut  reiloubler  de  soins 
envers  les  animaux  pendant  la  saison  froide,  les  mettre 
au  régime  de  la  demi-ration  quand  ils  sont  trop  gras, 
éviter  de  les  tenir  dans  des  écuries  trop  chaudes;  il 
faut  aérer  celles-ci  de  manière  que  leur  température  soit 
à  peine  plus  élevée  que  celle  du  dehors.  Il  est  utile 
de  couvrir  les  chevaux,  qui  sont  exposés  à  s'arrêter  et  à 
demeurer  immobiles  au  dehors,  les  jours  de  brouillard. 

Traitement  curatif.  —  La  principale  indication  à  rem- 
plir,c'est  défaire  éliniinerlesprincipes  toxiques  accumulés 
dans  l'organisme  aussi  prompteraent  que  possible,  de 
manière  à  éviter  la  chute  du  sujet.  On  a  recours  à  des 
moyens  hygiéniques  et  ù  des  moyens  thérapeutiques. 

1°  Moyens  hygiÉxXiques.  — Quand  on  a  lachance  d'inter- 
venir dès  le  début  de  la  crise,  c'est-à-dire  avant  la  chute,  au 
moment  de  l'apparition  des  tremblements  musculaires,  il 
faut  arrêter  les  animaux  sur  place,  les  dételer,  les  bou- 
chonner, les  couvrir,  les  réchauffer,  les  maintenir  immo- 
biles, une  demi-heure  au  moins,  ou  n'exiger  d'eux  d'autres 
efforts  que  ceux  qui  sont  indispensables  dans  quelques  cas, 
pour  les  conduire,  aussi  doucement  que  possible,  à  l'écurie 
la  plus  voisine.  A  la  campagne,  on  peut  immobiliser 
l'animal  sur  le  bord  du  chemin:  une  tente  montée  à  l'aide 
d'une  toile  et  de  quelques  piquets  sert  d'écurie.  En  ville, 
il  est  préférable  de  faire  entrer  lemalade  dans  une  voiture 
ad  hoc  et  de  lui  éviter  ainsila'moindre  fatigue  musculaire. 
Il  ne  faut  jamais  songer  à  le  faire  sortir  de  l'écurie  où  on 
l'a  fait  entrer  qu'après  sa  guérison  complète. 

L'expérience  a  prouvé  que  la  maladie  est  d'autant  plus 
bénigne  que  ces  conditions  sont  remplies  d'une  manière 
plus  parfaite.  Les  conducteurs,  ignorant  les  conséquences 
des  efîorts  excessifs  qu'etfectuent  les  animaux  pour  mar- 
cher pendant  les  premiers  moments  de  la  paraplégie,  et 
espérant   les   ramener    à  domicile,  les  poussent   jusqu'à 


76  MALADIES    PAR     AITO-IXTOMCATIOX. 

ce  qu'ils    tombent     pour     ne    plus    se    relever  (Trnsbot). 

Si  les  malades  sont  déjà  tombés  au  moment  où  Ton 
arrive  près  d'eux,  il  faut  les  entraver  afin  de  lesempéclicr 
de  se  débattre  et  de  s'épuiser  ;  il  faut  éviter  de  les  bisser 
dans  des  voitures  de  transport  à  l'aide  de  moj'ens  de 
traction  trop  violents;  il  faut  les  cbarger  avec  inliniment 
de  précaution  en  les  maintenant  solidement  pour  les  em- 
pêcher de  s'agiter  et  de  se  l'aligner  à  l'excès.  Les  chances 
de  guérison  sont  alors  presque  nidles  :  les  tractions 
nécessitées  par  le  chargement,  le  bruit  et  la  trépidation 
de  la  voiture  pendant  le  transport,  surexcitent  le  malade, 
qui  s'épuise  et  succombe  presque  toujours. 

2°  Moyens  thérapeutiques.  —  La  saignée,  proportionnée 
à  la  vigueur  du  cheval  et  à  l'intensité  des  symptômes,  est 
indiquée  quand  l'hémoglobinurie  est  caractérisée  par  des 
symptômes  intenses,  non  seulement  pour  combattre  la 
congestion,  mais  encore  ])Our  débarrasser  l'organisme 
d'une  partie  des  principes  toxiqut>s  qu'il  renferme.  Chez 
les  chevaux  de  forte  taille,  ime  saignée  de  3  ou  6  litres 
de  sangestindi(|uée.  Quand  l'affection  est  àpeine  esquissée, 
il  n'est  pas  nécessaire  de  retirer  une  aussi  grande  quantité 
de  sang.  Ce  moyen  de  traitement,  regardé  comme  inutile 
par  de  nombreux  auteurs  ou  praticiens  (Hulyra  et  Marek, 
Schlegel,  Braund,  Breton,  etc.),  est  généralement  employé 
en  France,  et  donne  d'excellents  résultats  dans  les  cas 
graves. 

La  constipation  doit  élre  immédiatement  combattue  à 
l'aide  des  lavements  simples,  glycérines,  ou  renfermant 
du  sulfate  de«oude.  qui  amènent  l'expulsion  des  crottins 
durcis  accumulés  dans  le  rectum  et  des  injections  de  pilo- 
carpine  ou  de  pilocarpine  et  d'ésérine  mélangés;  on 
administre,  en  même  temj)s,  dans  les  boissons,  des  j)urga- 
tifs  comme  le  sulfate  de  §oude  et  de  magnésie. 

Tous  ces  agents  suppriment  les  poisons  digestifs. 

On  peutassocier  l'iodure  de  potassium  (15  à  23  grammes) 
ausalicylaled'ésérine  (10  cenligrammes)  considéré  comme 


Ht.MOGLOBlNURIE    MUSCULAIllE    PAROXYSTIQUE.  77 

évacuant  de  l'intestin  (Braund),  ou  employer  les  alcaloïdes 
hypersécrétoires,  comme  la  pilocarpine  et  l'ésérine. 

Les  diurétiques  sont  indispensables  pour  accélérer  l'éli- 
mination de  tous  les  principes  toxiques:  le  rétablissement 
rapide  de  la  sécrétion  urinaire  est  généralement  d'un  bon 
augure  chez  le  cheval  hémoglobinurique  ;  les  mictions 
abondantes  hâtent  la  guérison  :  le  bicarbonate  de  soude, 
la  lactose,  le  lait,  les  boissons  mucilagineuses.  la  théobro- 
mine  sont  donc  indiqués.  On  pratique  journellement  des 
injections  d'éther  camphré  (trois  à  quatre  piqûres  de 
2  grammes  de  camphre  dissous  dans  10  grammes  d'éther 
[lour  soutenir  la  tonicité  cardiaque). 

Les  excitants  du  système  nerveux  et  particulièrement 
ceux  de  la  moelle  ont  été  conseillés  pour  remédier  à 
l'impuissance  musculaire  ;  mais  ils  n'ont  aucune  action 
curative  ;  les  antispasmodiques  sont  préférables  pour 
calmer  l'excitation  du  sujet  et  l'empêcher  de  se  débattre. 
Le  camphre,  le  bromure  de  sodium  (oO  à  70  grammes), 
de  potassium  3  à  .5  grammes  ,  la  morphine,  le  chloral.  le 
sulfonal  remplissent  cette  indication  :  mais,  si  les  ani- 
maux demeurent  tranquilles,  leur  administration  est 
contre-indiquée. 

On  peut  associer  les  calmants  [bromure  de  sodium)  aux 
diurétiques,  comme  le  sucre  à  haute  dose  loOO  grammes) 
(Leitz,  Green.  Metzger). 

Les  révulsifs  doivent  être  absolument  proscrits  pendant 
toute  la  durée  de  la  maladie. 

L'hydrothérapie  calmeles  animaux  et  donne  aux  muscles 
le  temps  de  récupérer  leur  contractilité  ;  elle  est  tou- 
jours utile  ;  son  elTicacité  est  reconnue,  et  son  emploi 
mérite  de  se  généraliser.  Ses  effets  salutaires  ont  été 
constatés  en  utilisant  l'eau  froide  ou  l'eau  chaude,  les 
compresses  humidesou  les  irrigations  continues  (Lafosse, 
Hartenstein.  Marion,  Rippert,  Maris  et  Ranvier).  Un  drap 
plié  en  quatre  ou  en  huit,  trempé  dans  l'eau  froide  le 
printemps,  l'été  ou  l'automne,  dans  l'eau  chaude  l'hiver, 


78  MALADIES    PAR     AUTO-INTOXICATION. 

est  appliqué  sur  la  rt'gion  Ioml)aire  ou  les  groupes  mus- 
culaires les  plus  tumélit'S  ;  on  Tarrose  toutes  les  dix 
minutes  pour  maintenir  la  région  dans  le  même  degré 
d'humidité  et  assurer  la  continuation  de  l'eiïet  analgé- 
sique et  sédatif  obtenu. 

On  peut  restreindre  Tévaporation  en  appliquant  une 
toile  cirée  mince  sur  le  drap  mouillé. 

Sur  9  cas  traités  par  ce  procédé,  Jouquan  et  Grenier  ont 
obtenu  9  guérlsons.  Sa  supériorité  sur  les  agents  irri- 
tants locaux  est  aujourd'hui  universellement  reconnue. 

Les  analogies  que  nous  avons  fait  ressortir  entre  l'hémo- 
globinurie  paroxystique  et  la  fièvre  vitulaire  ont  suggéré 
l'idée  de  pratiquer  des  injections  sous-cutanées  d'air  ou 
d'oxigène  purs.  Brunschwik  a  utilisé  plusieurs  fois  ce 
traitement  avec  succès  (1). 

Le  sérum  artificiel  h  7  p.  1000  injecté  dans  la  jugulaire 
à  la  dose  de  2  à  3  litres  augmente  la  tension  sanguine 
et  tend  à  rétablir  la  diurèse. 

Le  lavage  du  sang  et,  par  lui,  des  muscles  altéréssemble 
devoir  faire  disparaître  leur  impotence  fonctionnelle. 
Heichlinger  a  obtenu  de  bons  résultats  en  injectant,  deux 
fois  [)ar  jour,  3  litres  de  sérum  artificiel  ;  Bergeon,  en 
remplaçant  la  quantité  de  sang  enlevée  à  l'aide  du  trocart 
par  unequantité  égale  desérum;  Péricaud,  en  utilisant  un 
sérum  alcalin  à  base  de  potasse.  Neilson  et  Terrj  recom- 
mandent, chez  V homme,  le  chlorure  de  calcium  comme 
agent  susceptible  d'empéclier  l'hénioglobinurie. 

Règle  générale,  au  bout  d'un,  deux  jours  au  plus,  une 
première  émission  d'urine  noire  a  lieu;  elle  est  suivie 
d'une  seconde  et  d'une  troisième  dans  un  court  délai,  puis 
les  sjmptômes  généraux  s'atténuent  ;  la  station  quadrupé- 
dale  est  reprise  et  l'animal  est  hors  de  danger. 

Quand  le  décubitus  se  prolonge  au  delà  de  ce  temps, 
il^gêne  l'exercice  desprincipalesfonctions.il  fauts'elforcer 

(1)  biunic\\\\'i\i.  Journal  (le  Lyon,  1911. 


HÉMOGLOBINURIE    MUSCULAIRE    PAROXYSTIQUE.  79 

de  relever  le  malade,  de  le  maintenir  debout  à  l'aide  d'ap- 
pareils de  suspension;  mais,  pour  donner  de  bons  résul- 
tats, la  suspension  ne  doit  pas  être  continue  ;  il  faut  qu'on 
puisse  alternativement  relever  le  malade  et  le  soutenir,  le 
descendre  sur  la  litière  quand  on  s'aperçoit  qu'il  se 
fatigue. 

D'ailleurs,  la  suspension  n'est  vraiment  salutaire  que 
lorsque  le  malade,  une  fois  debout,  s'aide  un  peu  lui- 
même,  sinon,  il  est  préférable  de  le  laisser  couché  et  de  le 
retourner  deux  ou  trois  fois  par  jour. 

Au  début  de  la  convalescence,  il  faut  surveiller  le  régime 
et  administrer  de  légers  purgatifs. 

On  combat  la  tuméfaction  musculaire  à  l'aide  de  fric- 
tions d'alcool  camphré  ;  quelques  promenades  achèvent 
de  la  dissiper.  Contre  les  paralysies  locales  des  muscles 
rotuliens,  on  utilise  les  frictions  résolutives  avec  l'alcool 
camphré  seul  ou  additionné  d'essence  de  lavande,  de 
térébenthine,  ou  irritantes  avec  la  teinture  de  cantharide, 
les  frictions  de  teinture  de  noix  vomique,  les  sétons  ap- 
pliqués sur  la  région  malade,  le  feu  en  raies,  l'électricité. 

L'exercice  est  à  cette  ("poque  très  utile  ;  il  faut  mettre 
les  malades  en  liberté  dans  un  enclos,  prairie,  cour,  où  ils 
puissentse  mouvoir,  et  aussi  forcer  les  animaux  à  marcher 
pendant  plusieurs  heures  tous  les  jours. 

L'atrophie  musculaire  est  combattue  par  des  injec- 
tions de  solutions  saturées  de  sel  marin  ;  on  injecte  en 
moyenne  5  grammes  de  la  solution  en  deux  points  diffé- 
rents; le  lendemain,  il  existe  un  engorgement  irrégulier, 
bossue,  remplaçant  la  concavité  de  la  veille.  On  injecte 
alors  10  centigrammes  de  sulfate  de  strychnine  au  grasset 
pendant  cinq  jours  ;  les  muscles  atrophiés  augmentent 
rapidement  de  volume  (Maris  et  Ranvier). 


LIVRE  IX 

APPAREIL  URINAIRE 


CHAPITRE  PREMIER 
REINS. 

I.  —  CONGESTIONS  RÉNALES. 

Les  congestions  rénales  sont  aiguës  ou  chroniques.  Ces 
deux  formes  diffèrent  entièrement  par  leur  origine,  leur 
mécanisme  pathog(''ni(|ue,  leur  évolution,  leur  répercussion 
immédiate  sur  la  fonction  de  l'organe  et  par  toutes  leurs 
conséquences.  Les  congestions  aiguës  appartiennent  aux 
processus  inflammatoires  ou  toxiques  :  les  comjestions 
chroniques  dépendent  d'une  stase  veineuse  et  trouvent  leur 
expression  la  plus  complète  dans  le  rein  cardiaque.  On  les 
observe  chez  toutes  les  espèces  animales. 

I.  —  SOLIPÈDES. 

A.    —   CONGESTION   AIGUË.  —   HÉMORRAGIE  RÉNALE. 

Définition.  —  Les  congestions  rénales  actives  ou  aiguës 
sont  des  états  pathologi(iues  d'ordre  toxique,  infectieux  ou 
traumatique,  caractérisés,  au  poini  de  vue  clinifjiie.  par 
des  coliques  urinaires. 


CONGESTION    AlfiUE.    —     HKMORRAGlE    RÉNALE.  81 

Étiologie  et  Pathogénie.  —  a.  Toutes  les  intoxications, 
notamment  celles  qui  résultent  de  la  cantharide,  de  l'if  à 
baies,  de  la  scille,  de  la  brvone,  de  l'essence  de  térében- 
thine, des  nitrates,  retentissent  sur  le  rein  ;  les  poisons  ne 
peuvent  s'éliminer  sans  léser  plus  ou  moins  le  filtre  rénal 
au  passage.  Les  congestions  dues  à  des  plantes  toxiques 
mélangées  aux  aliments  sont  très  rares;  les  animaux  ne 
les  ingèrent  pas.  L'ingestion  d'eau  de  mer  peut  la  produire 
accidentellement  (Williams). 

b.  Les  infections  générales  réalisent  le  mieux  la  conges- 
tion rénale  par  un  mécanisme  complexe  dans  lequel  il 
faut  faire  la  part  des  toxines  qui  irritent  Tépithélium  rénal 
et  suscitent  des  vaso-dilatations  comme  la  tuberculine,  la 
malléine,  et  celle  des  microbes  qui  cultivent  dans  le  rein 
comme  les  staphylocoques,  les  streptocoques,  les  bacilles  de 
la  morve  (Conte  et  Bosc).  Ces  congestions  rénales  infec- 
tieuses sont  de  simples  déterminations  locales  d'un  état 
morbide  général  ;  elles  sont  communes  dans  les  pneumo- 
nies infectieuses,  dans  Vanasarque  et  la  piroplasmose  aiguë. 
On  peut  les  voir  apparaître  à  la  suite  du  froid,  qui  dé- 
termine le  trouble  vasculaire.  préface  de  la  néphrite 
aiguë. 

c.  Les  traumatismes  comme  les  contusions  de  la  région, 
les  violents  efforts  de  tirage,  les  chutes  violentes,  les  coups 
de  pied  sur  le  dos  (Violet,  Caroni,  Lapôtre)  sont  rarement 
des  causes  de  congestion  rénale.  La  surexcitation  de  la 
circulation,  par  une  longue  course  désordonnée,  a  une 
action  plus  directe  sur  la  dilatation  des  vaisseaux  l'énaux 
et  peut  provoquer  la  rupture  de  ces  organes  (Cadéac, 
Avérons,  Schmidt,  Guillemin  et  Cadix)  (fig.  8). 

L'irritation  d'un  point  quelconque  des  muqueuses  de 
la  vessie,  de  l'urètre,  des  uretères  et  du  bassinet,  peut 
déterminer,  par  voie  réflexe,  la  vaso-dilatation  rénale.  Les 
calculs  rénaux,  les  tumeurs  sont  également  suivies  de  vaso- 
dilatations actives  directes  ou  réflexes. 

Symptômes.  —  La  symptomatologie  de  la  congestion 

5. 


82  REINS. 

rénale  active  se  confond,  gcnéralemenl.  avec  celle  ilc  la 
néphrite  aiguë  qui  raccompagne. 

L'animal,  subitement  frappé,  ralentit  l'allure  s'il  est 
au  travail;  sa  démarche  est  embarrassée  ;  ses  membres 
postérieurs,  déplacés  avec  peine,  décrivent  un  mouvement 

d'abiluclion  très  pro- 
noncé. La  douleur  est 
vive;  la  physionomie 
anxieuse  ;  les  mu- 
queuses s'injectent  : 
le  sujet  se  couche, 
se  relève  ;  il  présente 
descoliques;  les  reins 
sont  peu  ou  très 
sensibles  à  la  pres- 
sion. Une  heure  ou 
deux  après  Fappa- 
rition  de  ces  si- 
gnes, l'animal  fait 
des  efforts  pour  uri- 
ner: il  expulse  alors 
une  quantité  toujours 
abondante  d'urine, 
([ui  est  claire,  trans- 
parente, lorsque  l'ac- 
cident ne  s'accom- 
pagne pas  de  rupture 
descapillairesrénaux. 
La  quantité  d'urine  émise  peut  varier  de  5  à  25  litres  ; 
son  poids  spécifique  est  diminué  ;  elle  est  albuniineuse, 
hématurique. 

Quand  la  congestion  est  très  vive,  hémorragique,  l'ani- 
mal est  atteint  de  coliques  très  violentes  (Cadéac),  aux- 
quelles succède  l'émission  d'une  urine  très  colorée  ou  de 
sang  rutilant  rejeté,  par  jet,  en  quantité  assez  abondante 
(Lapôtre).  Dans  ces  cas,  l'urine  foiu'uit  un  d(''pôf  abondant. 


Fig.  8.  —   Rupture    des  deux   reins   chez  un 
c/ieraMe  contrebandier  pendant  une  course 

(Cadéac). 


CONGESTIOiN    AIGUË.     —    HEMORRAGIE    RENALE. 


83 


rouge,  formé  de  globules  sanguins  et   de  caillots  cylin- 
driques (Trasbot)  ;  elle  est  fortement  albumineuse. 

Évolution.  —  Quand  la  congestion  aiguë  affecte  des 
reins  sains  jusque-là,  elle  se  dissipe  vite  :  la  miction 
devient  plus  facile,  l'urine  perd  sa  coloration  rouge  et  est 
rejetée  en  abondance;  le  malade  reste  debout,  récupère 
l'appétit  et  se  remet  rapidement  ;  exceptionnellement,  des 


Fig.  9.  —  Hémorragie    rénale.  Le   sang  forme  une  masse  englobant 
complètemenl  le  rein  (P.   Leblanc^ 


rechutes  surviennent  et  compliquent  la  maladie  (Trasbot, 
Violet). 

Si,  -au  contraire,  les  reins  sont  déjà  malades,  ou  si 
lagression  congestive  est  très  intense,  le  lobule  rénal  est 
envahi  par  une  congestion  diapédétique  intense,  par  un 
oedème  congestif  aigu  qui  prédomine  au  niveau  de  la  porte 
d'entrée  du  sang  artériel  dans  les  glomérules  ;  la  portion 
sécrétante  du  rein  se  trouve  annulée  par  cet  œdème  ;  il  se 
produit  de  Vanurie  et  de  l'empoisonnement  urémique  ;  la 


84 


REINS. 


mort  survient  vers  le  qualriènie  ou  le  cinquième  jour. 
Quand  la  congestion  est  très  inlense  ou  le  rein  très  altéré, 
il  se  produit  une  hémorragie  interstitielle,  intracapsulaire 
ou  abdominale  rapidement  mortelle  (Cadéac,  Kitt,  Molle- 
reau  et  Porcher,  Touvé). 

Anatomie  pathologique.  —  Les  reins  sont  tuméfiés;  la 
substance  corticale  est  pi(iuctéede  rouge,  hémorragique  ; 
les  capillaires  sont   dilatés,  gorgés  de  sang  ;  on  constate 


l'ig.  m.  —  Coupe  (lu  rein  i)técé<Ienl  montrant  l'origine  des  hémorragies 
(P.   Leblanc). 


des  hémorragies  glomérulaires.  périrénales  :  la  capsule 
soulevée  et  distendue  forme  la  paroi  d'une  sorte  de  kyste 
sanguin  mou,  élastique,  crépitant,  du  poids  de  3  à  42  kilo- 
grammes. Cette  tumeur  est  généralement  unilatérale;  elle 
renferme,  au  centre,  le  tissu  rénal  tantôt  nettement  res- 
pecté, lanlùt  réduit  eu  houillie  par  le  [)r(icessus  liémor- 
ragique  (lig.  9  et  10). 

On  constate  généralement  un  vaste  hématome  en  arrière 
de  l'organe  rupture.  Exceptionnidlement.  les  deux  reins  se 
sont  déchirés  simultanément. 

Diagnostic.  —  La  congestion  aigiiè  est  caractérisée  ])ar 
labsence    de    fièvre    et    l'émission   d'urines   abondantes. 


CONGESTION'    PASSIVE    OU    CHRONIQUE.  8o 

albumineuseset  hématuriqiies  revenant  rapidement  à  Tétat 
normal  quand  il  n'y  a  pas  hémorragie  mortelle  ou  néphrite 
consécutive. 

h'hémoylobinurie  muscitlaive  s'en  distingue  par  le  déve- 
loppement rapide  de  troubles  locomoteurs  ;  les  indigestions 
par  des  coliques  plus  intenses  :  la  fourhure  par  l'attitude 
des  malades. 

Traitement.  —  Le  traitement  des  congestions  actives 
se  confond  avec  celui  des  néphrites  aiguës.  Le  repos,  la 
diète,  les  diurétiques  comme  les  carottes,  le  fourrage  vert, 
les  sédatifs  comme  le  camphre:  les  révulsifs  externes  sont 
indiqués. 

B.  -  CONGESTION  PASSIVE  OU  CHRONIQUE. 

Définition.  —  La  congestion  chronique  consiste  essen- 
tiellement en  une  stase  sanguine  liée  à  un  obstacle  à  la 
circulation  de  retolir  {rein  cardiaque)  ;  elle  est  caractérisée 
par  des  urines  rares,  foncées,  concentrées,  sédimenteuses 
et  albumineuses. 

Étiologie.  —  Les  causes  de  la  congestion  rénale  chro- 
nique chez  le  cheval  sont  liées  à  un  obstacle  de  la  circu- 
lation dans  les  veines  émulgentes  et  la  veine  cave,  ou 
bien  à  une  maladie  du  cœur  et  du  poumon.  L'obstacle  au 
cours  du  sang  dans  les  veines  reconnaît  pour  causes  les 
thrombus,  les  tumeurs  de  toute  nature,  l'hypertrophie 
des  ganglions  lymphatiques,  etc.  Dans  le  cœur,  ce  sont 
les  insuffisances  valvulaires,  consécutives  aux  dilata- 
tions des  orifices  ou  à  l'endocardite  qui  déterminent  la 
stase  sanguine  ;  dans  le  poumon,  elle  est  créée  par  l'em- 
physème, la  pneumonie  chi'onique,  la  sclérose,  en  un 
mot  par  l'imperméabilité  du  tissu  pulmonaire  ;  les  épan- 
chements  pleuraux  en  sont  souvent  aussi  le  point  de 
départ. 

Symptômes.  —  Les  urines  sont  peu  abondantes,  foncées, 
plus  denses  que  normalement  :   elles  deviennent  albumi- 


86  REINS. 

neuses  par  ralentissement  de  la  circtilation  ilaus  le  rein  ; 
elles  laissent  déposer  beaucoup  de  sédiments. 

Ces  manifestations  rénales  compliquent  diverses  aHec- 
lions;  elles  contribuent  à  amener  l'alVailjlissement  progres- 
sif du  malade  ;  mais  elles  ne]  sont  jamais  la  cause  de  la 
mort,  dont  l'origine  doit  être  recherchée  dans  un  autre 
organe. 

Anatomie  pathologique.  —  Les  lésions  son  1 1  rés  variables 
suivant  le  dcgn''  d'anciennelé  du  mal.  Au  déi)ut.  le  rein 
cardiaque  est  hypertrophié;  sa  surface  est  lisse,  sa  ca[»sule 
s'enlève  facilement.  Sur  une  coupe,  il  paraît  gorgé  de 
sang  :  on  distingue  çà  et  là  des  points  ecchymotiques  rouges 
ou  bruns,  ainsi  que  des  traînées  de  même  nuance  repré- 
sentant les  glomérules  et  les  canaux  urinifères  distendus 
par  le  sang.  Au  microscope,  les  capillaires  sont  dilatés; 
les  cellules  épithéliales  de  certains  tubes  contournés  ont 
subi  la  dégénérescence  graisseuse;  il  existe  une  légère 
infiltration  interstitielle.  Chez  le  cheval,  les  lésions  ne 
sont  généralement  pas  plus  avancées  parce  que  les  mala- 
dies qui  provoquent  la  congestion  passive  ont  presque 
toutes  une  évolution  assez  rapide.  Quand  la  pression  du 
sang  dans  le  rein  est  considérable,  la  congestion  passive 
peut  être  suivie  de  la  rupture  de  cet  organe  (Cadéac). 

Traitement.  —  Les  toniques  du  cœur  comme  la  digi- 
tale, la  caféine,  produisent  les  meilleurs  elTets  ;  ils 
augmentent  la  sécrétion  urinaire  et  maintiennent  la 
perméabilité  rénale  à  son  taux  normal. 


II      —    RUMIIVAATS. 

Chez  les  ruminants  plus  encore  que  chez  les  autres  ani- 
maux, les  congestions  rénales  sont  des  accidents  secondaires 
qui  apparaissent  dans  le  cours  d'un  grand  nombre  de 
processus  morbides  infectieux,  parasitaires  ou  toxiques, 
décrits  autrefois  sous  le  nom  de  maladies  des  bois  (Chabert), 


CONGESTION    PASSIVE    OU    CHRONIQUE.  87 

de  gastro-entérite  enzootique,  de  mal  de  brou  (Reynal),  de 
gastro-entéro-néphro-cystite  et  aussi  de  piroplasmose. 

Étiologie.  —  1°  Congestion  aiguë.  —  Les  maladies  infec- 
tieuses (coryza  gangreneux,  charbon,  piroplasmose,  liémo- 
globinurie  parasitaire)  sont  des  causes  certaines  de  conges- 
tion rénale  aiguë. 

Les  principe,  irritants  médicamenteux  (nitrates,  essence 
de  térébenthine,  etc.),  ou  alimentaires  (pousses  des  arbres 
au  printemps,  résidus  industriels  altérés  ou  fermentes, 
aliments  trop  riches  en  huiles  essentielles  ou  en  principes 
toxiques)  sont  susceptibles  de  provoquer  la  congestion 
rénale. 

Chez  le  mouton,  elle  a  rarement  une  origine  alimen- 
taire (1);  elle  est  presque  toujours  symptomatique  d'une 
maladie  infectieuse  ou  d'une  maladie  parasitaire.  Chez  le 
porc,  elle  peut  résulter  d'une  intoxication  par  des  aliments 
avariés,  mais  elle  complique  généralement  le  rouget  et  la 
peste. 

2°  Congestion  chronioue.  —  Elle  reconnaît  pour  causes 
essentielles  les  maladies  du  cœur,  du  péricarde,  du  pou- 
mon {tuberculose,  pleuropneiimonie),  les  atTections  parasi- 
taires du  foie,  la  compression  de  la  veine  cave.  On  la 
voit  succéder  à  la  météorisation  aiguë,  à  l'indigestion 
chronique awec  surcharge  alimentaire,  à  \a  gestation  gémel- 
laire, à  l'hydx-opisie  des  enveloppes.  Chez  le  mouton,  la 
chèvre  et  le  porc,  toutes  les  maladies  susceptibles  de 
déterminer  de  l'asystolie  conduisent  au  rein  cardiaque. 

Symptômes.  —  Congestion  aiguë.  —  L'animal  est  brus- 
quement atteint  de  coliques  sourdes.  Le  malade  tient  les 
membres  rassemblés  sous  le  corps,  vousse  la  région  lom- 
baire, se  campe  fréquemment  pour  uriner  et  expulse  un 
liquide  dont  la  coloration  varie  de  la  teinte  normale  au 
rouge  foncé,  hématurique.  L'exploration  externe  ou  interne 
des  reins  réveille  une  sensibilité  anormale. 

(1)  Cependant  Weith  l'a  déterminée  expérimentalement  en  faisant  ingérer  à 
quatre  moutons  sains  des  feuilles  de  dompte-venin. 


88  HEIiNS. 

Les  troubles  généraux  sont  peu  accusés;  l'appélit  est 
diminué,  le  mufle  se  dessèche,  la  respiration  s'accélère, 
les  battements  cardiaques  deviennent  tumultueux. 

L'évolution  de  cet  accident  congeslif  est  très  rapide; 
en  deux  ou  trois  jours,  l'animal  est  guéri  (Drouard).  Excep- 
tionnellement, l'hématurie  persiste,  le  pouls  devient  fili- 
forme, la  sécrétion  lactée  se  tarit,  la  faiblesse  devient 
extrême  et  l'animal  meurt  d'hémorragie  rénale  du  qua- 
trième ou  sixième  jour. 

Les  congestions  passives  ou  secondaires  ne  se  traduisent 
par  aucun  symptôme  spécial,  indi'pondant  des  altérations 
rénales  chroniques.  Elles  demeurent  toujours  gouvernées 
par  l'altération  cardiaque,  hépatique,  ganglionnaire  qui  a 
provoqué  l'asystolie  rénale. 

AxATOMiE  PATHOLOGIQUE.  —  Daus  la  conf/estion  aiyuë,  les 
lésions  rénales  sont  très  prononcées.  Ces  organes  ont  doublé 
ou  triplé  de  volume  et  présentent  des  taches  ecchymo- 
tiques  à  Ictu*  surface,  des  foyers  hémorragiques  dans  leur 
parenchyme. 

Los  reins  cardiaques  sont  durs  à  la  pression,  turges- 
cents (imhiration  cyanolique).  A  l'examen  microscopique, 
les  altérations  rénales  sont  très  évidentes.  Les  dépôts 
sanguins  siègent  dans  les  capillaires  dilatés,  dont  le  par- 
cours, irrégulier,  présente  des  culs-de-sac,  des  nids  de 
jiigeon  dans  lesquels  sont  accumulés  des  globules  rouges. 
Dans  les  rannux  urinairos.  répitindium  est  recouvert  de 
granulationspigmentaires,  reste  des  ht-maties.  dégénérées. 
Lorsque  les  troubles  ont  atteint  un  certain  degré,  on 
observe  des  ruptures  vasculaires;  les  globules  sanguins 
sortis  des  vaisseaux  s'accumulent  sous  forme  de  cylindres 
ou  de  sphères  dans  le  tissu  conjonclil'  interstitiel.  Quand 
la  lésion  est  récente,  l'absence  d'inlilt ration  cellulaire 
marquée  permet  de  différencier  les  h'-sions  congénitales 
des  lésions  intlammatoires  (Ivilt). 

Diagnostic.  —  La  congestion  rénale  est  dillicile  à  distin- 
guer d'une  néphrite  hénioi'ragiipie  ;  l'intensité  de  la  lièvre 


CONGESTION    PASSIVE    OU    CHRONIQUE.  89 

et  la  persistance  des  souffrances  indiquent  une  néphrite. 

La  cystite  hémorragique  s'en  ditTérencie  par  l'absence 
de  coliques  et  par  l'exploration  rectale,  qui  permet  de 
localiser  le  mal  dans  la  vessie. 

Ldi  piroplasmose  s'accompagne  d'hémoglobinurie,  d'une 
hématurie  et  d'accès  fébriles  caractéristiques.  Les  calculs 
du  rein,  de  la  vessie  ou  de  l'urètre  provoquent  parfois 
des  hémorragies  qui  colorent  l'urine  en  rouge;  mais  ces 
hémorragies  sont  toujours  faibles,  et  l'animal  ne  présente 
à  aucun  moment  de  la  polyurie  ;  suivant  qu'ils  occupent 
telle  ou  telle  partie  de  l'appareil  urinaire.  leur  présence 
est  décelée  par  des  signes  spéciaux. 

Pronostic.  —  Le  pronostic  varie  suivant  la  nature  de  la 
cause.  Quand  la  congestion  est  d'origine  alimentaire,  sa 
gravité  est  subordonnée  à  la  toxicité  de  la  plante  et  à  la 
quantité  de  substances  toxiques  ingérées.  Ces  réserves 
étant  faites,  on  peut  poser  en  principe  que  la  congestion 
rénale  est  une  maladie  relativement  bénigne,  puisqu'elle 
se  termine  par  la  guérison  au  bout  de  quatre  à  six  jouirs. 

Traitement.  —  Étant  donnée  la  nature  des  causes,  il 
est  évident  que  le  traitement  est,  avant  tout,  prophylac- 
tique. Les  animaux,  avant  d'être  conduits  à  la  forêt,  doi- 
vent recevoir  un  léger  repas  de  fourrage  sec,  qui  apaise  leur 
voracité  et  atténue  l'action  toxique  desplantes  nouvelles. 

Quand  la  maladie  est  déclarée,  la  saignée  est  toujours 
recommandée.  A  l'intérieur,  les  mucilagineux  et  les  séda- 
tifs (bromure  de  potassium,  bromure  de  camphre)  sont 
administrés  à  la  dose  de  10  à  15  grammes.  Les  décoctions 
émollientes  d'orge  ou  de  pariétaire,  les  frictions  sèches 
et  une  douce  température  complètent  le  traitement. 

III.    —    C.\RMVORES. 

Ëtiologie.  —  La  congestion  aigué  succède  à  l'ingestion 
ou  à  l'injection  des  diverses  essences  (Cadéac),  à  l'adminis- 
tration de  fortes  doses  d'azotate  de  potasse. 


90  REINS. 

Les  inflammations  de  la  peau,  l'eczéma  généralisé,  les 
brûlures  étendues  qui  s'accompagnent  de  la  suppression 
d'une  partie  de  la  fonction  cutanée:  les  coups,  les  chutes, 
les  courses  désordonnées,  le  froid,  les  traumatismes 
déterminent  directement  ou  par  voie  réflexe  la  dilatation 
des  vaisseaux  du  rein. 

La  congestion  rénale  clivonhiue  apparaît  chez  le  chien 
pendant  le  cours  de  l'endocardite,  de  la  péricardite,  chez 
les  animaux  qui  présentent  des  altérations  valvulaires 
ou  d'orifice,  à  la  suite  de  la  pneumonie,  de  la  pleurésie, 
de  la  tuberculose  pulmonaire  et  des  tumeurs  du  poumon , 
de  l'anévrjsme  de  l'aorte,  de  la  torsion  de  restomac 
(Cadéac),  des  tumeurs  développées  dans  la  cavité  abdomi- 
nale. Ces  divers  états  pathologiques  ont  un  retentissement 
très  marqué  sur  la  circulation  rénale  de  retour  qui, 
modérée,  ralentie,  transforme  la  glande  rénale  en  un 
diverticule  éloigné  du  cœur  (rein  cyanotique). 

Symptômes.  —  La  congestion  aiguë  s'accuse  par  une 
douleur  symétrique  qui  se  révèle  d'une  façon  très  évidente 
à  la  palpation  de  la  région  lombaire.  L'urine  normale  ou 
teintée  de  sang  est  rejetée  en  abondance.  Lorsque  l'ac- 
cident est  léger,  ces  signes  sont  de  courte  durée,  et  ils 
disparaissent  quand  on  cesse  l'emploi  des  préparations 
nuisibles;  ils  s'aggravent,  au  contraire,  et  peuvent  aboutir 
à  la  mort  lorsque  l'agent  irritant  a  déterminé,  dans  la 
substance  rénale,  des  hémorragies  de  quelque  importance, 
lienjamin  a  observé  tous  les  signes  de  la  congestion 
avec  hémorragie  rénale  chez  le  chien  (1). 

La  congestion  chronique  se  traduit  par  les  signes  des 
néphrites  chroniques. 

Danstous  les  cas,  la  perméabilité  du  rein  est  diminuée  ; 


(1)  Benjamin,  Hémorragie  rénale  chez  un  chien  (Soe.  c'entr.,  30  janv. 
1893,  p.  18).  Scoffié  a  vu  un  chien  mourir  d'hémorragie  interne  à  la  suite 
d'une  déchiriire  du  rein.  L'existence  d'un  ihrombus  dans  une  ramiricaliun 
artérielle  perjuit  d'expliquer  la  production  de  l'hémorragie  (Revue  vétéri- 
naire, i"  juin  1898). 


CONGESTION    PASSIVE    OU    CHRONIQUE.  9i 

l'urine  est  sécrétée  en  plus  petite  quantité  ;  elle  est  ordi- 
nairement plus  foncée,  plus  colorée. 

Elle  contient  une  proportion  variable  d'albumine  ainsi 
que  des  cylindres  hyalins  et  même  du  sang.  Comme  dans 
les  affections  chroniques  du  rein,  l'animal  s'affaiblit  pro- 
gressivement. Lorsqu'il  est  possible  de  découvrir  la  lésion 
initiale,  les  symptômes,  fournis  par  l'urine,  acquièrent 
toute  leur  signification  ;  dans  le  cas  contraii'e,  le  mal  ne 
peut  quï'tre  soupçonné. 

La  marche  de  la  congestion  passive  du  rein,  subordon- 
née à  celle  de  sa  cause,  est,  comme  elle,  permanente  ou 
transitoire. 

Anatqmie  PATHOLO(;iQUE.  —  Daïïs,  [â  coïKjest  10 H  active,  les 
reins  hypertrophiés  présentent  une  coloration  rouge  vineux 
caractéristique  ;  ils  se  montrent  parfois  parsemés  de  taches 
ecchymotiques  visibles  surla  membrane  d'enveloppe  ;  l'in- 
cision de  la  substance  rénale  permet  de  constater  l'exis- 
tence dans  son  intérieur  détaches  analogues  (Benjamin). 
Quand  la  congestion  rénale  s'est  compliquée  d'hémorragie, 
on  aperçoit,  dans  la  vessie,  un  caillot  sanguin  plus  ou 
moins  volumineux. 

A  l'examen  microscopique,  on  constate  une  dilatation 
marquée  des  capillaires  au  niveau  des  glomérules  et  des 
vaisseaux  droits;  la  cavité  des  glomérules  est  occupée 
par  un  exsudât  coagulé  qui  refoule  le  bouquet  vasculaire. 
Quand  la  congestion  est  très  violente,  les  globules  i"ouges 
se  répandent  dans  le  glomérule  et  passent  à  plein  canal 
dans  le  tube  contourné,  dont  les  cellules  sont  altérées. 
Habituellement,  les  lésions  s'arrêtent  là  quand  la  conges- 
tion ne  se  continue  pas  par  une  néphrite. 

La  congestion  rénale  chronique  [rein  cyanotique)  s'accuse 
par  l'engorgement  des  étoiles  veineuses  de  Verheyen, 

Lacouche  corticale  est  épaissie,  la  substance  médullaire 
montre  des  rayons  plus  accusés,  rouges  d'abord,  pâles  plus 
tard. 

La  séparation  des  deux  substances   devient    de    plus 


92 


liKINS. 


en  plus   marquée  ;  les  pyramides  sont  plus  colorées  à  leur 
hase  quàlcMir  sommet. 

A  l'examen  liistologique,  les  (jlniiiévulcs  sont  le  siège 
d'hémorragies;  le  plus  souvent,  ils  sont  partiellement  ou 
totalement  distendus.  Quand  il  y  a  hémorragie,  le  sang 
épanché  distend  la  capsule,   s'infiltre  dans  les  canalicules 


Fig.    11.   —  Congestion  jinssive  du  rein. 

Chien.  —  Les  capillaires  du  gloniérule  sont  apparents  ainsi  que  les  capil- 
laires interluliulaires  gorgés  de  globules  rouges.  .\  remarquer  l'oxsudat  albu- 
niineux  dans  la  cavité  du  corpuscule  de  Malpighi  (rciit  cyanotique). 
{Iloqucl). 


sinueux  de  la  couche  corticale,  puis  dans  les  anses  de 
Henle,  dans  les  lubes  droits  des  rayons  médullaires  et  les 
tubes  collecteurs,  où  il  se  résout  en  pigment  qui  infiltre 
les  cellules  desquaméos  (fig.  11). 

La  disposition  des  vaisseaux  au  niveau  des  espaces  inter- 
tuhulaires  est  très  variable.  Sur  des  sections  perpendicu- 
laires à  l'axe  des  pyramides,   les  vaisseaux  sanguins  très 


INFARCTUS    DU    REI>'.  93 

agrandis  offrent  un  diamètre  considérable.  Dans  certains 
cas.  il  existe  des  hémorragies  interstitielles. 

Le  tissu  conjonctif  lui-même  devient  malade  :  il  subit 
un  léger  commencement  d'hypertrophie  ;  avec  le  temps, 
l'organe  prend  une  coloration  rouge  foncé  bleuâtre,  il 
s'indure  (induration  cvanosée).  se  densifie  :  sa  capsule 
devient  adhérente,  sa  surface  perd  son  brillant  et  peut 
devenir  bosselée  ou  granuleuse.  Ce  processus  répond, 
au  point  de  vue  histologique,  à  la  sclérose  du  rein.  Le 
conjonctif,  épaissi  par  points,  enserre  les  tubes  urini- 
fères  :  ceux-ci  renferment  alors  un  épithélium  granuleux 
et  contiennent  des  cylindres.  Peu  à  peu,  ces  lésions  vas- 
culaires.  épithéliales  et  glomérulaires  prennent  la  phy- 
sionomie de  la  néphrite  chronique  ^néphrite  intersti- 
tielle diffuse)  :  les  deux  processus  finissent  par  se 
ressembler  tellement  que  la  distinction  en  devient 
impossible. 

Diagnostic.  —  On  ne  réussit  généralement  pas  à  diffé- 
rencier les  congestions  rénales  des  néphrites. 

Traitement.  —  Le  traitement  est  celui  de  l'affection 
causale.  La  congestion  passive  est  combattue  par  des 
toniques  cardiaques  (digitale,  caféine),  et  par  le  régime 
lacté.  Le  traitement  des  congestions  actives  se  confond 
avec  celui  des  néphrites  aiguës. 

II.   —  INFARCTUS  DU    REIX. 

Considérations  générales.  —  La  thrombose  des  vais- 
seaux artériels  du  rein  détermine  la  nécrose  du  terrain 
irrigué  par  l'artère  obstruée.  Si  lembolie  qui  produit 
cette  nécrose  est  aseptique,  la  lésion  reste  purement  nécro- 
tique; si,  au  contraire,  l'embolus  estseptique,  il  détermine 
l'apparition  de  la  purulence  ou  la  formation  d'abcès. 

Chez  les  solipèdes,  les  infections  succèdent  principa- 
lement aux  thromboses  de  l'aorte  et  des  artères  rénales 
déterminées   par    des  sclérostomes.   Ces  parasites  déter- 


94  REINS. 

ininenl  le  rétrécissement  ou  rocckision  dos  artères  rénales 
ou  de  l'une  d'elles  seulement.  Le  rein  s'atrophie  comme 
le  testicule  bistourné  quand  des  germes  septiques  ne  sont 
pas  enfermés  dans  l'orijane  privi'  de  circulation  (Cadéac. 
Lustig,  Ostermann). 

Chez  tous  les  animaux,  les  infarctus  des  reins  succèdent 
à  Vendocnrdite  ulcéreuse  et  aux  diverses  infections  san- 
guines susceptibles  de  provoquer  des  embolies  rénales. 

Chez  les  veaux,  les  agneaux  et,  quelquefois,  chez  les 
poulains,  les  infarctus  résultent  d'une  omphalo-phlébite. 

AxATOMiE  PAïHOLOGigi'E.  —  Lcs  infarctus  se  présentent 
généralement  sous  la  forme  de  petites  masses  blanc  gri- 
sâtre, de  dimensions  variables;  ilssontsous-capsulaires  et, 
dans  ce  cas,  hémisphériques,  lenticulaires  ou  intrarénaux; 
leur  coupe  rappelle  alors  la  disposition  de  la  surface  d'une 
pyramide  à  sommet  dirigé  du  côté  du  bile  (Brault).  Les 
infarctus  sous-capsulaires,  d'abord  de  niveau  avec  la 
surface  du  rein,  ne  tardent  pas  ii  se  déprimer,  et  ils 
entraînent  dans  leur  mouvement  de  retrait  la  capsule 
fibreuse.  Cette  rétraction  ne  s'arrête  que  lorsque  toute 
la  substance  mortifiée  est  résorbée.  La  portion  conique  de 
l'infarctus  disparue  est  remplacée  par  l'adossement  de 
deux  lames  conjonctives. 

A  l'examen  microscopique,  il  est  facile  de  se  rendre 
compte  des  phases  successives  par  lesquelles  passe  l'in- 
farctusavant  de  disparaître  complètement.  Les  capillaires 
avoisinant  le  territoire  nécrosé  se  montrent  chargés  de 
gouttelettes  graisseuses,  de  granulations  et  de  matières 
pigmenta  ires.  Les  lymphatiques  participent  largement 
à  la  réparation:  les  phagocytes  contribuent  à  déblayer  et 
à  faire  disparaître  les  parties  du  rein  mortifiées.  Ces  phé- 
nomènes sont  analogues,  au  point  de  vue  des  conséquences, 
à  ceux  que  l'on  obtient  parla  ligature  simultanée  des  deux 
artères  rénales.  O'iclquefois,  enetl'et,  les  infarctus  occupent 
la  presque  totalité  des  reins. 

Symptômes.  —  Cliniqnemcnt,  lesiufai'dus  rénanxrestent 


DÉGÉNÉRESCENCE    AMVLOIDE    DU    REIN.  95 

latents  ou  sont  marqués  par  l'évolution  de  la  néphrite  ou 
du  rein  cardiaque.  Parfois  Tanimal  est  brusquement  pris 
de  coliques  néphrétiques;  la  région  des  reins  devient  très 
douloureuse  à  la  pression  ;  les  mictions  sont  fréquentes, 
mais  l'urine  est  rejetée  en  petite  quantité;  elle  renferme 
de  Talbumine.  des  cellules  rénales,  des  cylindres  urinaires 
et  des  globules  du  sang  :  hématurie  visible  à  l'œil  nu  ou 
au  microscope  (cyto-examen  de  l'urine). 

Malgré  tout,  on  ne  soupçonne  généralement  pas  la 
production  ou  l'existence  d'infarctus. 

Traitement.  — On  ne  peut  ni  les  prévenir  ni  les  guérir. 

III.  —  DÉGÉNÉRESCENCE  AMYLOIDE  DU  REIN. 

Étiologie.  —  La  dégénérescence  amyloïde  du  rein  est 
toujours  une  affection  secondaire  ;  elle  est  la  conséquence 
de  l'action  prolongée  de  toxines  ayant  déterminé  un  état 
cachectique  plus  ou  moins  pi'ononcé. 

Les  suppurations  persistantes,  les  injections  répétées  de 
toxines  (toxine  pyocyanique,  etc.)  peuvent  la  produire.  Elje 
a  été  observée  chez  le  cheval  (Rabe),  chez  le  hœuf{Rahe), 
chez  le  chien  (Rabe,  Rivolta,  Kitt,  Dortlinger),  chez  le  chat 
(Mathis). 

Symptômes.  —  Son  histoire  clinique  est  à  peine  ébau- 
chée chez  les  carnivores;  on  constate  des  œdèmes, 
accusés  surtout  au  niveau  des  membres,  de  l'ascite,  de 
l'albuminurie  et  des  accidents  urémiques:  vomissements, 
faiblesse  paralytique,  coma,  coUapsus.  Comme  on  le  voit, 
ces  signes  ne  diffèrent  en  rien  de  ceux  de  la  néphrite 
chronique. 

Son  évolution  est  lente  ;  elle  tue  par  hémorragie  consé- 
cutive à  l'altération  des  vaisseaux  ou  par  urémie  due  à  la 
dégénérescence  de  l'épithélium  des  tubes  urinifères. 

Ânatomie  pathologique.  —  Le  rein  amyloïde  ressemble 
au  gros  rein  blanc,  c'est-à-dire  au  rein  affecté  de  néphrite 
parenchymateuse  diffuse,  chronique;  sa  surface  est  lisse. 


96 


REINS. 


blanc  jaunAfrc  et  pou  vascularisée  :  il  se  dccnrtique  faci- 
lement. A  la  coupe,  sa  consistance  est  à  la  fois  pilleuse  et 
un  peu  ferme,  sans  élasticité;  la  section  est  lisse,  sèche, 
presque  exsangue. 

Les  gloniérciles  sont  augmentés  de  volume  et  ont  subi  la 
tuméfaction  liyaline  ;  dans  les  anses  des  canalicules  urini- 
fères,  on  constate  la  présence  de  cylindres  homogènes  à 
reflets  mats  et  peu  réfringents. 

Traité  par  la  solution  iodo-iodurée,  le  tissu  rénal  devient 
rouge-acajou  et  vire  au  bleu  d'acier  sous  l'action  de  l'acide 
sulfurique. 

Sur  les  coupes  minces,  d'ailées  soit  par  une  solution 
iodurée  faible,  soit  par  le  violet  de  métbylaniline,  on 
colore  en  brun  par  l'iode,  en  rouge 
par  le  violetde  méthyle,  toutes  les 
parties  devenues  transparentes  et 
hyalines  par  suite  de  la  dégéné- 
rescence amyloïde. 

Traitement.  —  Le  traitement 
préventif  dirigé  contre  toutes  les 
causes  de  suppuration  prolongée 
est  seul  -efiicace.  Sinon  la  théra- 
peutique n'a  aucune  prise  sur  la 
dégénérescence  amyloïde. 

IV.      _     Dr:(iK.NËHKSCENCE 
URAISSEUSE. 

La  stéatose  rénale  est  un  fait 
pulhologique  chez  tous  les  animaux, 
saufchezie  chirn  et  le  clntl,  où  la 
graisse  existe  normalement  dans 
l'épilhélium  rénal.  Cette  altéra- 
tion, il  est  vrai,  fait  souvent 
lai'tie  intégrante  des  néphrites  (tig.  12). 
On  peut  cependant  observer  chez  le  />a'i//'et  le /)0;v- des 


.'ig.  12.  —  Dégénérescence 
graissiusc  du  rein  chez  le 
chat.  —  Coui)e  longiludi- 
nale  (d'après  .Mathis). 


DÉGÉNÉRESCENCE    GRAISSEUSE.  97 

altérations  rénales  dans  lesquelles  la  dégénérescence  grais- 
seuse est  prépondéi'ante. 

Les  reins  de  pore  leucémique  ou  lymphadénique  sont 
parfois  graisseux  :  ils  ont  un  aspect  uniformément  blan- 
châtre, gris  clair,  à  surface  lisse  et  transparente  ;  leur 
consistance  est  peu  modifiée.  La  substance,  lie  de  vin,  res- 
semble comme  coloration  à  de  lalaitance  de  hareng  (Kitt)  ; 
la  dégénérescence  est  parfois  si  prononcée  que  l'on  ne 
trouve  plus  que  des  vestiges  de  la  substance  tubuleuse. 

Chez  le  chien  et  le  chat,  l'infiltration  physiologique 
graisseuse  des  reins  est  quelquefois  si  prononcée  qu'elle 
aboutit  à  une  destruction  quasi  complète   de  ces  organes. 

CARiMVORES. 

La  dégénérescence  graisseuse  des  reins  présente  chez  le 
chat  son  maximum  d'intensité. 

Étiologie.  — Le  défaut  de  travail  musculaire  (Vulpian". 
uni  à  une  bonne  alimentation  et  au  défaut  d'urination, 
causes  qui  interviennent  chez  les  chiens  et  les  c/ia^.s  d'ap- 
partement, contribuent  à  produire  cette  dégénérescence. 

11  suffit  d'enfermer  lescJiats  pour  la  déterminer. 

L'albuminurie  graisseuse  des  chats  n'est  que  l'exagération 
dune  fonction  qui  paraît  spéciale  au  rein  du  chat  :  savoir 
lemmagasinement  de  la  graisse  de  réserve  dans  le  proto- 
plasma des  cellules  parenchymateuses.  Le  rein  serait  un 
un  organe  où  la  graisse,  contrairement  à  ce  qui  se  passe 
chez  les  autres  espèces,  se  déposerait  de  préférence, 
comme  elle  se  dépose,  par  exemple,  dans  le  tissu conjonc- 
tif. 

Les  hitoxications  lentes  parlespoisonssléalogènescomme 
larsenic,  le  phosphore,  les  troubles  circulatoires  consé- 
cutifs aux  maladies  du  cœur,  exagèrent  rinlillration  grais- 
seuse physiologique. 

Symptômes.  —  La  dégénérescence  graisseuse,  peu  pro- 
noncée, ne  se  révèle  par  aucim  symptôme. 

Gadéac.  —  Patholoijrie  interne.  VU.  6 


98  IIEIN'S. 

Plus  tard,  on  peut  observer  une  soif  vive  et  insatiable, 
une  diurèse  abondante,  un  amaigrissement  lent  et  fatal. 

L'amaigrissement,  qui  semblerait  devoir  amener  une 
amélioration  dans  l'état  des  sujets,  ne  modifie  rien  en 
réalité,  parce  que  répithélium».frappé  a  subi  de  telles  alté- 
rations qu'il  n'existe  plus  que  dans  certains  points,  et  que. 
dans  d'autres,  il  est  incapable  de  fonctionner.  L'albumine 
existe  dans  l'urine  en  quantité  considérable;  celle-ci  con- 
tient, en  outre,  des  globules  graisseux  qui  nagent  àsa  sur- 
face; la  sécrétion  urinaire  diminue;  on  voit  survenir  del'in- 
filtration  des  membres,  de  l'asrite,  des  signes  d'anorexie, 
déclauipsie,  de  salivation.  La  démarcbe  est  raide  :  l'ani- 
mal, inquiet,  fait  entendre  des  miaulements  fréquents; 
il  meurt   d'urémie. 

Anatomie  pathologique.  —  Les  reins  atteints  de  dégé- 
nérescence graisseuse  conservent  leur  volume  normal  ; 
ils  sont  p;Ues,  jaunAtres.  quelquefois  jaune-paille;  leur 
couleur  varie  du  jaune  ocreux  au  jaune  clair.  La  capsule 
de  l'organe  se  détache  facilement  de  la  substance  corti- 
cale. Sur  une  coupe,  la  zone  corticale  présente  la  même 
coloration  que  la  surface  du  rein  ;  la  zone  médullaire  est 
pille,  la  ri'gion  vasculaire  rouge  ;  la  surface  de  section  est 
lisse,  brillante,  onctueuse  au  toiiclier.  Le  produit  du  raclage, 
examiné  extemporanément  dans  quelques  gouttes  d'acide 
osmique,  décèle  la  présence  de  nombreuses  gouttelettes 
graisseuses  et  de  cellules  chargées  de  granulations  de  la 
même  matière.  Toutes  les  altérations  intéressent  Tépithé- 
lium,  sp(''cialement  Tt-pitliélium  des  tnbuli  contorti.  Quel- 
ques-uns sont  sains,  d'autres  peu  altérés,  le  plus  grand 
nombre  très  malades;  les  globules  graisseux  ont  envahi 
complètement  les  éléments  cellulaires;  le  protoplasma  a 
disparu  ;  les  noyaux  sont  épars  dans  la  masse.  Les  tubes 
de  Henle  sont  absolument  sains  ou  très  malades;  leur 
obstruction  a  pour  conséquence  le  refoulement  des  gra- 
nulations graisseuses  formées  en  amont;  celles-ci  s'accu- 
mulent dans  le  tube  contourné,  pénètrent  dans  le  glomé- 


DÉGÉNÉRESCENCE    GRAISSEUSE.  99 

rule,    où   elles   refoulent   le  peloton  vasculaire  (Mathis). 

Au    point  de  vue    fonctionnel,    ces  lésions  diminuent  la 

capacité  sécrétoire  et  affaiblissent    l'aptitude  à  résorber 


Fig.  13.  —  Néphrite  chronique   type  dégénératif. 

Chat. 1,  glomérule  ;  2,   tube  urinifère  dont  l'épithélium  est  atteint  de 

dégénérescence  graisseuse.  Les  gouttelettes    de  graisse  sont  colorées  en  noir 
par  l'acide  osmique  ;  3,  trame   sclérosée  (Bail). 

l'albumine,  qui  sort  avec  le  sérum  de  l'enveloppe  de  Bow- 
mann  fig.  13). 

Diagnostic.  — Les  symptômes  énumérés,  observés  chez 
un  chat  âgé.  doivent  faire  penser  à  la  néphrite  chronique 
avec  dégénérescence  graisseuse.  L'examen  de  Turine  per- 
met de  reconnaître  lexistence  de  granulations  graisseuses 


10(1  HKINS. 

et  de  cellules  en  voie  de  dégénérescence.  Cet  état  doit  être 
considéré  comme  fréquent  puisque,  sur  40  c///?^s  examinés 
à  la  rourrièrc,28  ont  été  trouvésatleints  de  dégénérescence 
graisseuse. 

'Pronostic  —  La  fin  de  cette  maladie  paraitètre  la  mort 
dans  tous  les  cas  (Trasbot). 

Traitement.  —  Si  la  dégénérescence  reconnaît  pour 
causes  la  claustration,  il  est  évident  que  le  traitement 
doit  être  surtout  prophylactique. 

Il  est.  en  elTet,  iliflicile  decombatire  unelésiou  avancée; 
les  diurétiques,  l'essence  de  térébenthine,  les  alcalins,  à 
dose  faible,  doivent  être  essayés. 

V.  —  NÉPHRITES. 

Considérations  générales.  —  Les  ni'pluites  sont  des 
inlluuiiuations  diffuses  du  parenchyme  rénal  caractérisées 
j)ar  des  altérations  épithéliales  et  vasculo-conjonctives 
variables  avec  la  nature  et  le  degré  d'activité  de  l'agent 
toxiipie  qui  préside  à  leur  développement.  Qu'un  poison 
organi(pie,  microbien  ou  minéral  très  violent,  agisse  à 
dose  massive,  il  exerce  son  action  sur  tous  les  éléments 
glandulaires  des  reins  et  détermine  la  nécrose  quasi 
totale  de  l'épithélium  ;  la  réaction  inflammatoire  con- 
gestive  et  exsudative  du  bouquet  glomérulaire  et  du  tissu 
interstitiel  est  presque  nulle  :  la  mort  résulte  de  la  suppres- 
sion In-usque  et  complète  des  fonctions  rénales.  Une 
agression  moins  brutale,  déterminée  par  un  poison  moins 
violent,  on  à  plus  petite  dose,  mais  qui  répète  son  action 
plusieurs  jours  de  suite,  comme  pendant  la  durée  de 
l'évolution  d'une  maladie  infectieuse,  est  suivie  de  lésions 
épithéliales  moins  profondes  et  moins  généralisées:  les 
systèmes  glomérulo-tubulaires  sont  atteints  inégalement; 
•certains  même  demeurent  sains,  et  les  lésions  réaction- 
nelles  (congestion,  exsudation  plasmatique,  apport  leuco- 
cytaire, prolifération  des  cellules  conjonctives  interstitielles 


NÉPHRITES.  101 

et  des  cellules  endothéliales  des  glomérules)  s'ajoutent,  en 
proportions  très  variables,  aux  lésions  dégénératives.  On  a 
ainsi  des  néphrites  aiguës  à  dominante  dégénérative,  con- 
gestive  ou  diapédétique  suivant  la  nature  et  l'intensité  de 
la  cause  provocatrice.  Ces  lésions  peuvent  se  réparer  d'une 
manière  complète  ou  incomplète  :  la  néphrite  aiguë 
guérit  ;  mais  elle  peut  continuer  son  évolution.  Elle  est 
dite  subaiguë  quand  l'intoxication  est  prolongée  ou  agit  à 
doses  fractionnées  et  plus  ou  moins  longtemps  répétées. 
La  réaction  inflammatoire  devient  ici  beaucoup  plus 
accusée,  sans  exclure  l'altération  dégénérative;  ces 
deux  ordres  d'altérations  se  combinent  très  diversement 
suivant  les  cas;  la  sclérose  rénale  commence  à  poindre 
dans  les  néphrites  chroniques  sans  que  cette  altération 
puisse  être  considérée  comme  l'aboutissant  fatal  de  toute 
néphrite  de  longue  durée. 

On  retrouve  encore  ici  des  néphrites  dans  lesquelles 
la  cause  irritante  a  porté  tout  spécialement  son  action 
sur  l'élément  épithélial,  et  qui  demeurent  ainsi  des 
néphrites  essentiellement  dégénératives,  pendant  que 
d'autres  sont  essentiellement  scléreuses  et  atrophiques. 
Entre  le  gros  rein  blanc  et  le  rein  granuleux  et  dur,  on 
peut  trouver  tous  les  intermédiaires,  sans  qu'on  puisse 
établir  entre  eux  le  moindre  lien  de  continuité. 

Le  petit  rein  blanc  granuleux  n'est  pas  la  dernière  étape 
du  gros  rein  blanc:  il  est  seulement  l'expression  d'un 
processus  dégénératif  et  inflammatoire  de  moindre  acuité 
et  de  plus  longue  durée.  Les  néphrites  chroniques  com- 
portent ainsi  de  nombreux  degrés  et  une  durée  très 
variable  :  il  y  a  des  néphrites  chroniques  relativement 
jeunes  comme  il  y  en  a  de  très  vieilles. 

La  néphrite  atrophique  lente  qui  répond  à  des  intoxi- 
cations minimes  représente  la  forme  la  plus  âgée,  parce 
que  le  poison,  peu  actif,  qui  attaque  et  détruit,  une  à 
une,  les  unités  glomérulo-tubulaires  de  l'organe  met  des 
années  pour  parachever  son  œuvre  et  permet   ainsi    au 

6. 


102  REINS. 

tissu    de    sclérose    d'atlcindi-e   son   maximum    de    déve- 
loppement. 

La  néphrite  interstitielle  constitue  donc  une  néphrite  de 
cause  bénigne  exerçant  une  faible  action  sur  l'épithélium 
sécréteur;  la  néphrite  chronique  à  gros  rein  blanc,  une 
néphrite  à  cause  plus  agissante  qui  a  frappt'  l'épithélium 
sans  donner  au  tissu  conjonclil'  le  temps  de  réagir  et  de 
s'édifier.  Le  gros  rein  blanc  est  un  rein  qui  meurt  jeune  ; 
le  petit  rein  atrophié  est  un  rein  qui  meurt  vieux  ;  leur 
point  de  départ  diffère  comme  leur  évolution.  Assurément 
l'épithélium,  les  glomérules  cl  le  tissu  coujonctif  sont 
toujours  associés  pour  constituer  lanéphrite,  mais,  comme 
dans  les  sociétés  en  commandite,  il  arrive  très  souvent 
que,  devant  l'imminence  d'une  catastrophe,  que  l'un  des 
commanditaires  retire  la  plus  grande  partie  de  ses  fonds 
pendant  qu'un  autre  y  verse  tous  les  siens  pour  parer  au 
déficit.  On  a  ainsi,  suivant  les  circonstances,  des  néphrites 
diffuses  qui  sont  plus  épithéliales  que  conjonctivo-vascu- 
laires,  et  des  néphrites  glomérulaires  ou  en  voie  de 
devenir  interstitielles. 

NÉPHRITES    AIGUËS. 

I.    —  SOLIPÈDES. 

L'inflammation  aiguë  du  parenchyme  rénal  est  une 
maladie  fébrile,  à  évolution  rapide,  caractérisée  par  la 
douleur  rénale,  le  rejet  d'urines  rares,  foncées,  avec  des 
signes  il'uri'mie. 

Étiologie.  —  a.  Los  maladies  infectieuses  occupent 
une  place  importante  dans  l'étiologie  des  néphrites  aiguës. 
La  septicémie,  la  pyohémie,  la  pneumonie  contagievse 
déterminent,  fréquemment,  une  néphrite  congeslive  et 
hémorragique  dénoncée  par  la  présence  d'albumine  et  de 
cylindres  hyalins  dans  les  urines. 

Les    angines     graves,     les    bronchites,     les    adénites 


NÉPHRITES    AIGUËS.  103 

gourmeuses  et  toutes  les  affections  streptococciques 
retentissent  quelquefois  sur  le  rein.  Les  infections  coliba- 
cillaires,  d'origine  ombilicale,  produisent,  chez  les  jeunes 
animaux,  des  néphrites  hémorragiques.  D'autre  part,  les 
colibacilles  peuvent  produire  des  infections  ascendantes 
ou  des  pyélo-n&phrites;  mais  ces  microbes  infectent  or- 
dinairement le  rein  par  la  voie  sanguine.  On  peut  le 
démontrer  expérimentalement  :  la  ligature  du  rectum  est 
suivie  du  passage  du  colibacille  dans  la  voie  sanguine, 
d'albuminurie,  de  glomérulite  et  de  nécrose  épithéliale 
(Posner). 

Le  charbon,  la  morve  aiguë  peuvent  entraîner  la  fonte 
granulo-graisseuse  de  l'épithélium  rénal. 

Les  endocardites,  les  piroplasmes  sont  une  source  de 
néphrites  secondaires. 

Les  néphrites,  consécutives  aux  maladies  infectieuses, 
dépendent  moins  des  agents  microbiens  de  ces  maladies 
que  de  leurs  toxines.  Les  néphrites  microbiennes  ne  sont 
que  des  néphi'ites  toxiques  caractérisées  par  la  nature  et 
la  provenance  du  poison  pathogène.  Tantôt  ce  poison  est 
élaboré  dans  le  sang  et  le  rein,  comme  dans  les  maladies 
septicémiques,  où  le  filtre  rénal  sert  d'émonctoire  aux 
microbes  {streptocoques,  colibacilles,  bacteridie  charbon- 
neuse) qui  encombrent  les  canalicules  rénaux.  Tantôt  la 
toxine  est  la  seule  cause  de  l'inflammation  rénale  et 
revendique,  dans  tous  les  cas,  un  rôle  prépondérant.  Les 
toxines  pyocyanique,  colibacillaire,  stnphylococcique.  pro- 
duisent des  altérations  épithéliales.  des  altérations 
vasculaires  et  périvasculaii-es  aussi  nettes  que  les  agents 
infectieux  les  plus  actifs. 

6.  Les  POISONS  ENDOGÈNES  déterminent  des  auto-intoxica- 
tions qui  ne  sont  pas  étrangères  àl'éclosion  des  néphrites: 
les  troubles  gastro-intestinaux,  hépatiques,  élèvent  la 
toxicité  urinaire  :  les  matières  extractives  (leucine.  tyro- 
sine,  créatine,  etc.)  provoquent  la  dégénérescence  granulo- 
gi-aisseuse   des  épithéliums  tubulaires;  les  néphrites  des 


104  liEINS. 

ictéi'iqiies    sont    dues  à   une  insuffisance  hépatique    et  à 
l'intoxication  biliaire. 

c.  Les  POISONS  EXOGÈNES  (cantharidine,  essence  de  téré- 
benthine, goudron,  acide  phénique,  acide  salicylique, 
chlorate  de  potasse,  calomel,  etc.,  chlorolorme,  ergové- 
ratrine)  (Hoquet)  délennincnt  des  néphrites  variées,  mais 
principalement  hémorragiques  et  throml)Osi(pies. 

Certains  toxiques  ont,  comme  le  plomb,  une  électivité 
évidente  pour  le  tissu  conjonctif  ;  d'autres,  comme  l'ar- 
senic etle  phosphore,  sefixent  plus  spécialement  surle  tissu 
épithélial.  Les  plantes  toxiques  sont  rarement  des  causes 
d'empoisonnement  et  de  néphrite  chez  \es  soJiprdes  ;  elles 
se  bornenl  généralement  à  produire  des  entérites. 

d.  Le  FROID  agit,  dans  maintes  circonstances,  comme 
cause  occasionnelle,  localisant  diverses  infections  ;  il  peut 
engendrer,  à  lui  seul,  des  néphrites  aiguës  ou  subaigués  en 
entraînant  une  vaso-conslriction  des  vaisseaux  du  rein 
et  une  diminution  de  la  perméabilité  rénale  (Wertheinier, 
Delezenne). 

La  réfrigération  détermine,  en  outre,  une  exagération 
des  produits  de  désnssimilation,  une  destruction  globu- 
laire intense,  une  modification  des  fermentations  intesti- 
nales et  un  arrêt  de  la  fonction  antitoxique  du  foie.  Les 
néphrites  a  frigore  deviennent  ainsi  des  néphrites  toxiques: 
elles  deviennent  aussi  des  néphrites  infectieuses,  car  le 
froid  peut  amener  le  passage  des  microbes  intestinaux 
dans  le  sang. 

Symptômes.  —  Certaines  néphrites  aiguës  sont  si 
légères  (pioii  ne  constate  qu'une  albuminurie  modérée  et 
transitoire  sans  douleur  lombaire,  ni  œdème,  ni  héma- 
turie. 11  en  est  souvent  ainsi  dans  la  pneumonie  infectieuse, 
dans  Vanasar que, àdiXis  Vhémoglobinurie  paroxystique,  etc., 
de  telle  sorte  qu'on  a  pu  croire  que  les  diverses  maladies 
provoquent  l'albuminurie  sans  lésion  ai)pré('iable  du  rein. 

Les  néphrites  aiguës  intenses  débutent  brusquement  dans 
les  intoxications,   plus  insidieusement  dans  les  maladies 


NÉPHRITES    AlfiUES.  105 

infectieuses  et  sont  immi'diatement  très  graves;  elles 
déterminent  la  fermeture  du  rein  et  ajoutent  une  auto- 
intoxication (urémie)  à  l'intoxication  initiale.  Les  ncj>hri  te  s 
a  frigore  sont  les  plus  nettes;  les  symptômes  procèdent 
alors  exclusivement  des  lésions  rénales;  mais,  quelle  que 
soit  l'origine  de  la  néphrite,  ses  manifestations  ofîi'ent 
une  intensité  très  variable. 

Les  symptômes  généraux  du  début  font  défaut,  sont 
insigniliants  ou  très  nets.  La  conjonctive  est  conges- 
tionnée, la  respiration  accélérée,  courte,  saccadée  ;  les 
battements  de  cœur  sont  forts,  le  ventre  est  tendu,  dou- 
loureux, cordé  (Carougeau) ,  la  fièvre  s'allume,  la  tempé- 
rature monte  à  38°,  10°, 2,  40°. 5  ;  des  tremblements  géné- 
raux apparaissent;  le  pouls,  d'abord  dur  et  fréquent,  devient 
serré  ;  des  sueurs  générales  ou  partielles  apparaissent  en 
divers  points  du  coi'ps;  parfois  le  malade  grince  des  dents 
(Clichj);  il  refuse  les  aliments  et  semble  éprouver  une 
douleur  intense. 

Les  signes  locaux  sont  eux-mêmes  sujets  à  de  grandes 
variations.  Parfois  on  ne  constate  aucune  douleurlombaire; 
mais  ordinairement  le  malade  manifeste  une  douleur  ou 
une  sensibilité  exagérée  au  niveau  de  la  région  des 
reins.  Cette  douleur  est  plus  évidente  encore  à  la 
percussion  qu'au  pincement.  L'exploration  l'ectale  dénote 
une  sensibilité  très  vive  du  rein  accessible;  le  contact  du 
rein  malade  détermine  de  violents  efforts  expulsifs  qui 
chassent  la  main  hors  du  rectum  (Lafosse).  L'animal 
paraît  éprouver  une  douleur  intense,  profonde  ;  il  se 
couche,  se  relève,  regarde  son  flanc,  se  laisse  tomber  sur 
la  litière;  mais,  le  plus  souvent,  il  se  couche  avec  précau- 
tion. Dans  l'intervalle  de  ces  coliques,  il  prend  une  atti- 
tude spéciale;  il  recule  sur  la  longe,  écarte  les  membres 
postérieurs,  vousse  la  colonne  vertébrale,  baisse  la  tête 
pendant  que  la  queue  est  agitée  de  mouvements  fré- 
quents. 

Si  on  force  l'animal  à  se  déplacer,  il  ne  le  fait  qu'avec 


106  REINS; 

peine,  en  traînant  l'un  ou  les  deux  membres  postérieurs  : 
la  région  inguinale  et  supérieure  de  la  cuisse  est  comme 
engourdie.  Les  malades,  dans  les  moments  d'arrêt,  ont 
les  membres  postérieurs  raides  et  vacillants;  quelquefois 
l'aclion  de  tourner  est  très  difficile  et  douloureuse  :  la 
douleur  rénale  augmente  par  la  commotion  de  la  tous,  par 
l'ébrouement,  par  une  inspiration  profonde,  et  généra- 
lement dans  tous  les  mouvements  du  tronc  (Zundel).  Chez 
le  mâle,  le  testicule  correspondant  au  rein  le  plus  malade 
est  souvent  remonté  (Rôll)  :1e  pénis  est  pendant  et  l'animal 
entre  parfois  en  état  de  semi-érection. 
•  Les  wùZiuns  sont  fréquentes,  douloureuses;  l'animal,  pour 
uriner,  s'abaisse  beaucoup  du  train  postérieur,  qu'il  tord 
tantôt  à  droite,  tantôt  à  gauche  (Carougeau)  ;  la  quantité 
d'urine  rejetée  est  peu  abondante  ;  la  réaction  urinaire  est 
sensiblement  diminuée  :  parfois  lanurie  est  complète  etse 
prolonge  de  cinq  à  sept  jours. 

L'urine  présente  des  changements  en  rapport  avec 
l'intensité  de  la  néphrite.  Dans  les  néphrites  légères, 
l'albuminurie  est  modérée  (1  h  ^  p.  100).  et  la  quantité 
d'urine  est  normale  ou  peu  diminuée  ;  elle  renferme  seu- 
lement des  cylindres  épithéliaux  ou  h  valins  et  quelques  glo- 
bules rouges  et  blancs  isolés  (fig.  14).  Dans  les  néphrites 
graves,  l'urine  est  rouge,  épaisse,  trouble,  fortement  albu- 
mineuse  ;  elle  contient  parfois  de  véritables  caillots  san- 
guins; il  v  a  aniirie  ou  oligurie  par  ralentissement  de  la 
circulation  capillaire  dans  les  glomérules  et  obstruction 
des  tubes  urinifères  par  les  cellules  épithéliales,  les 
cylindres  et  l'infiltration  interstitielle. 

Son  poids  spécifique  est  augmenté  :  on  y  trouve  moins 
d'acide  urique,  d'urates.  de  chlorures  et  de  phosphates  que 
dans  l'urine  saine.  .Vu  microscope,  on  constate  la  présence 
de  cylindres  fibrineux.  incolores,  hyalins,  graisseux  ou 
épithéliaux,  de  globules  blancs,  d'hématies,  de  fragments 
de  tubes  urinifères,  de  filaments  amorphes  et  de  microbes 
(streptocoques,  etc.),  des  amas  de  sels  de  chaux  sinuilant 


NÉPHRITES    AIGUËS. 


lo: 


des  cylindres,  mais  disparaissant  par  les  acides  avec  déga- 
gement d'acide  carbonique. 

Lesœdémes  du  tissu  conjonctif  sous-cutané  des  paupièi-es, 
de  la  région  inférieure,  de  la  poitrine,  du  ventre,  du  four- 
reau, des  extrémités,  etles  épanchementsdupéricarde,  des 
plèvres,  etc.,  sont  très  rares  chez  les  solipèdes.  La  perméa- 


Fig.  14.  —  Néphrite  aiguë. 

Cyto-examen  de  Vurine.  Cheval  à  hémoglobinurie  paroxystique.  Cylindre 
granuleux,  cellules  épithéliales  urinaires.  hématies,  leucocytes,  granulations 
pigmentaires  ocres  {Roquet). 

bilité  rénale  est  amoindrie,  l'appétit  est  diminué;  la 
dépression  générale  apparaît;  le  pouls  est  toujours  accéléré 
ou  faible  :  l'urémie  est  proche  si  la  maladie  ne  rétrocède 
pas. 

Le  f;Aeva7  est  quelquefois  pris  de  coliques  violentes,  aux- 
quelles succède  une  prostration  absolue  ;  il  a  le  faciès 
grippé,  le  regard  fixe;  il  tombe  et  se  couvre  de  sueurs; 
sa  sensibilité  s'émousse  ;  il  présente  des  contractions  mus- 


108  REI.NS. 

culaires  ou  des  convulsions  et  meurt  pendant  l'excitation 
ou  dans  un  coma  profond  avec  collapsus,  œdème  |)m1- 
monaire  et  dyspnée  intense,  engorgement  des  extré- 
mités iHoy),  anasarque  (Cadéac),  amaurose  double. 

Évolution.  —  La  néphrite  suraiguë  par  intoxication 
canlharidienne,  etc.,  aune  évolution  trèsrapide:  l'anurieest 
complète  ;  la  l'onction  r(''nale  est  totalement  supprimée,  et 
la  mort  survient  au  bout  de  trois  iicpialro  jours  (Carougeau), 
de  cinq  jours  (Benjamin). 

L'état  chronique  succède  à  l'état  aigu  quand  l'iu-émie 
n'est  pas  mortelle.  Presque  toujours,  la  néphrite  aigué, 
même  guérie,  laisse  après  elle  des  l'orinations  conjonctives 
qui  tendent  à  étouffer  les  corpuscules  et  qui  manifestent 
leur  présence  par  l'oblitération  de  quelques  groupes 
canaliculaires,  par  la  formation  d'embolies  ou  d'artério- 
sclérose ;  si  un  seul  rein  est  lésé^  une  hyperémie  colla- 
térale compensatrice  se  produit.  Si  les  deux  reins  pré- 
sentent des  lésions  des  capillaires,  la  pression  sanguine, 
qui  augmente  dans  l'organe,  se  transmet  par  les  artères 
rénales  à  l'aorte,  au  cœur  gauche  ;  celui-ci  subit  Vhyper- 
trophie  avec  ou  sans  dilatation  (9  kilogrammes.  Benjamin). 
Celte  hypertrophie  cardiaciue  tend  à  compenser  la  maladie 
du  rein,  parce  que  l'excès  de  pression  sanguine  augmente 
la  filtration  de  l'urine.  Ces  altérations  se  complètent  si 
la  maladie  se  prolonge  (Voy.  Néphrite  chronique). 

La  guérison  s'annonce  par  l'atténuation  des  symptômes 
généraux,  le  retour  de  l'appétit  et  surtout  par  la  modili- 
cation  survenue  dans  les  caractères  de  l'iu-ine.  Celle-ci 
est  évacuée  en  grande  quantité  ;  elle  perd  peu  t\  peu 
sa  coloration,  qui  redevient  normale  vers  le  sixième  ou 
le  septième  jour,  mais  elle  reste  albumineuse  pendant 
une  période  de  temps  variable.  Ce  sont  là  des  marques 
de  la  guérison  des  lésions  rénales;  l'épilliélium  di'généré, 
détaché  et  expulsé,  se  régénère;  les  globules  sjinguins, 
émigrés  par  diapédèse,  sont  résorbés;  tout  reilevienl 
normal. 


NEPHRITES    AIGUËS. 


109 


La  guérison  complète 
est  exceptionnelle  ;  la 
restauration  de  l'épithé- 
lium  rénal  est  imparfaite  ; 
il  se  produit  une  cica- 
trice rénale. 

Anatomie  pathologi- 
que. —  Les  reins  sont 
volumineux,  leur  capsule 
est  distendue.  La  subs- 
tance corticale  est  tumé- 


fiée, congestionnée,  par-      ^>4-%^^^^K 
semée      de       nombreux  #i /^  i^. 


points  hémorragiques 
irrégulièrement  arrondis 
ou  de  traînées  ravonnées 
qui  s'étendent  dans  la 
substance  médullaire, 
dont  la  couleur  est  deve- 
nue vineuse.  Le  tissu 
imbibé  de  sérosité  est 
friable.  Il  donne  écoule- 
ment, par  la  pression,  à 
un  liquide  rougeàtre  et 
trouble.  Le  bassinet  ren- 
ferme une  uriïie  épaisse, 
gélatineuse  ou  sanguino- 
lente. Parfois  le  tissu 
rénal  est  transformé  en 
une  pulpe  noirâtre,  très 
friable,  s'enlevant  par  le 
grattage.  Histologique- 
ment.  les  lésions  com- 
prennent ;  1»  la  glomé- 
rulo-néphrite  ;  2°  lajj  né- 
phrite épithéliale  ;    3"    une    inflammation 

Gadéac.  —  Pathologie  intfrne.VII. 


Fig.  Ij.  —  Néphrite  aiguë  chez  le  cheval 
(fort    grossissement)    (Roquet). 

Les  gloméniles  de  Malpighi  montrent 
nettement  les  thromboses  des  capillaires 
sous  forme  de  blocs  homogènes,  fibri- 
noïdes,  fortement  colorés.  On  voit  dans 
la  cavité  du  corpuscule  un  exsudât  albu- 
mineux,  poussiéreux,  contenant  quel- 
ques cellules  endothéliales  desquaniées. 
Remarquer  aussi  la  dégénérescence  gra- 
nuleuse des  tubes  du  rein,  dont  la  trame 
conjonctive  est  infiltrée  par  de  nombreux 
lï-ucocyles. 


conjonctive. 

7 


no  REINS. 

a.  Le  t/loménile  présente  des  lésions  constantes.  Les 
capillaires  qui  constituent  le  bouquet  glomérulaire  sont 
dilatés,  gonflés  par  le  sang  ;  l'ensemble  du  peleton  a  doublé 
ou  triplé  de  volume  (fig.  dS).  La  capsule  de  Bowmann  est 
infiltrée  de  leucocytes,  distendue  par  un  exsudât  constitué 
par  des  globules  blancs,  des  hématies  et  quelquefois  par 
des  boules  hyalines  ;  lorscjuc  l'irritation  a  été  très  intense, 
la  capsule  est  remplie  de  sang  en  nature  qui  s'est  extra- 
vasé  des  capillaires  rompus.  Le  passage  du  sérum  san- 
guin dans  la  capsule  explique  la  présence  de  l'albumine 
dans  les  urines.  Dans  quelques  points,  le  sang  passe  à  plein 
canal  du  glomérule  dans  les  tubes  urinifères,  qui  se 
montrent  remplis  de  globules  rouges,  et  l'on  peut  quel- 
quefois compter  jusqu'à  trente  ou  quarante  thromboses 
capillaires  {thrombo-capillarites  gloméniluircs)  dans  un 
bouquet  vasculaire  (Roquet)  (1). 

Ces  lésions  congestives  et  hémorragiques  sont  complétées 
par  des  altérations  qui  relèvent  dire<'tcmcnt  du  processus 
irritatif.  Les  cellules  de  la  capsule  de  Bowmann  se  tumé- 
fient et  se  multiplient  ;  elles  deviennent  turgides  et  se 
desquament.  11  y  a  i\  la  fois  endo,  méso  et  péricapsulite. 
Si  le  processus  a  quelque  durée,  ces  lésions  marchent 
vers  l'organisation  conjonctive,  la  capsule  s'épaissit,  le 
bouquet  a  de  la  tendance  à  devenir  libreux. 

b.  L'épithélium  sécréteur  (tubes  contournés  et  branche 
montante  du  tube)  est  manifestement  malade.  Les  cana- 
licules  sont  dilatés  et  opaques.  Les  cellules  des  tubes 
contournés  sont  gonflées,  granuleuses,  troubles,  sou- 
dées les  unes  aux  autres  ;  leurs  noyaux  persistent  (('arou- 
geau).  Certains  éléments  cellulaires  sont  mortilii's.  Ouel(|ues 
groupes  de  cellules  quittent  la  paroi  des  tubes  et  forment 
des  bouchons  allongés  qui  obstruent  complètement  leur 
lumière.  lien  est  qui  présentent  des  va<uoles.  cavités  plus 
ou  moins  volumineuses  qui   contiennent   des  blocs,   des 

(1)  Koquct,  your/i.  lie  Lyon,  1909,  p.  388. 


NEPHRITES    AIGUËS. 


111 


boules  de  substance  protéique.  Ces  boules  tombent  ensuite 
dans  la  lumière  du  tube  et  contribuent  à  former  des 
cylindres  hyalins.  L'inflammation  des  cellules  de  l'épi- 
thélium  rénal  ressemble  donc  à  l'inflammation  des 
cellules  de  certaines  muqueuses  qui  sécrètent,  à  peu  près, 


Fig.  16.  —  Néphrite  cantharidienne  chez  un  cheval  (Carougeau). 

B,  capsule  glomérulaire  épaissie  et  rompue  par  places  ;  C,  cylindre 
épithélial  ;  E,  cellules  épilhéliales  ;  G,  hémorragie  entre  le  bouquet  vas- 
culaire  et  la  capsule  de  Bowmann  ;  H.  hémorragie  intratubulaire  ;  I,  hémor- 
ragie  interstitielle  ;   L,    hémorragie   au  pourtour    du  glomérule. 


de  la  même  manière,  des  blocs  de  substance  albumineuse 
(Cornil). 

L'inflammation  légère,  passagère,  aboutit  à  la  forma- 
tion des  cylindres  hyalins  ;  l'inflammation  aiguë,  durable, 
aboutit  à  la  formation  des  cylindres  épithéliaux  (fig.  10). 
Les  cellules  épithéliales  subissent,  en  effet,  la  tuméfaction 
trouble,  la  desquamation,  la  nécrose.  Ces  cellules  dégé- 
nérées s'entassent  dans  la  lumière  des  tubes  et  contribuent. 


112  REINS. 

de   cnncert   avec   les  piles   de    globules  s;ini.Miins  et    les 
cylindres  hyalins,  à  les  oblitérer. 

11  n'est  pas  rai-c  de  voir  l'épitliéliiini  sirié  s"inlillror, 
par  places,  de  granulations  graisseuses. 

c.  Les  Iules  collecteurs  sont  plus  tardiveiucul  Trappes 
que  les  prJ'oédents.  mais  leur  épitliéliuni  n'en  subit  pas 
moins  des  transformai  ions  très  marquées.  De  cylindrique 
et  clair  qu'il  est  normalemcnl .  il  (Icvient  cubique,  polyé- 
drique ou  irrégulier,  constitué  jtar  une  série  de  couches 
cellulaires  disposées  sans  ordre.  Cette  transformation 
cellulaire  du  d(''but  n'est  pas  persistante,  les  cellules  des 
tubes  collecteurs  sont  frappées  de  nécrose  comme  celles 
des  tubes  sécréteurs. 

d.  Le  tissu  conjonctif  lui-même  participe  à  l'inllam- 
mation,  même  dans  la  néphrite  aiguë.  Les  interstices  des 
tubes  sont,  en  effet,  le  siège  d'une  infiltration  leucocytaire 
manifeste;  on  peut  y  reconnaître  aussi  la  présence  d'exsu- 
dals  granuleux  ou  de  petites  masses  hémorragiques.  La 
néphrite,  piimitivement  parenchymateuse,  devient  rapide- 
ment interstitielle.  L'élément  conjonctif  subit  des  modifi- 
cations progressives  ;  les  lésions  interstitielles  complètent 
la  suppression  fonctionnelle  de  l'organe  en  étouiïant 
l'élément  noble  morlouen  voie  de  mortification. 

e.  Le  sj/stéme  vasculaire  du  rein  est  considérablement 
distendu:  (pielques  artérioles  sont  rupturées,  et,  si  la 
néphrite  est  de  quelque  durée,  les  parois  des  vaisseaux 
s'épaississent  ;  l'endartérite  et  la  périartérite  apparais- 
sent et  tendent  h  donner  à  la  néphrile  aiguë  la  physio- 
nomie d'une  néphrite  .subaigué  dilTusc. 

Telles  sont  les  lésions  dégénératives,  nécrosantes, 
irrilatives  et  phlegmasiques  des  néphrites  aiguës. 

Diagaostic.  —  La  néphrite  aiguë  est  caractérisée  par 
la  diminution  de  «luantité  de  l'urine  qui  est  albumineuse  et 
par  la  présence  de  cellules  épilhéliales,  de  cylindres,  de 
globules  rouges  et  blancs  dans  le  sédiment  m-inaire. 
L'association  des   éléments  cellulaires  et  de  l'albumine 


NÉPHRITES  AIGUËS.  113 

constitue  le  signe  le  plus  important  de  cet  état  aigu. 
L'albumine  seule  n'est  pas  un  symptôme  univoque  de 
rinflammation  ;  on  peut  constater  sa  présence  dans  les 
néphrites  chroniques,  dans  l'hjperémie  rénale  passive  et 
dans  toutes  les  maladies  des  voies  urinaires  accompagnées 
du  passage  de  sang  ou  de  pus  dans  l'urine. 

La  congestion  rénale  active  ne  peut  être  confondue  avec 
la  néphrite;  la  première  est  toujours  accompagnée  de 
polyurie,  la  seconde  d'anurie;  dans  l'hémorragie  rénale 
(infarctus,  lésions  traumaliques  des  reins,  rupture  des 
artères  et  du  rein),  la  quantité  d'urine  reste  invariable  ; 
le  sang  se  coagule  souvent  dans  les  uretères,  de  sorte  que 
le  sédiment  urinaire  ne  renferme  qu'un  petit  nombre  de 
globules  rouges. 

La  cystite,  Vurétrite  s'en  ditîé rendent  par  les  caractères 
des  cellules  contenues  dans  le  sédiment  urinaire.  La  péri- 
tonite, ['entérite,  la  métrite,  sont  faciles  à  éliminer  en  rai- 
son de  l'absence  des  symptômes  propres  à  ces  affections 

Pronostic.  —  La  néphrite  aigué,  quand  elle  est  légère 
et  bien  soignée,  peut  guérir  en  une  huitaine  de  jours. 
Dans  d'autres  cas,  elle  persiste,  passe  à  l'état  subaigu  et 
peut  durer  plusieurs  mois.  Le  pronostic  est  donc  toujours 
grave,  puisque  la  maladie  se  termine  par  la  mort  dans  la 
moitié  des  cas. 

Traitement.  —  La  diminution  ou  la  suppression  de  la 
sécrétion  urinaire  constitue  le  plus  grand  danger  de  la 
néphrite  aiguë.  On  le  combat  : 

1»  En  favorisant  l'élimination  immédiatedes  principes  toxi- 
ques renfermés  dans  l'organisme,  par  toutes  les  voies.  Les 
diaphorétiques,  enveloppement  du  corps  avec  des  couver- 
tures chaudes,  sachets  émollients  sur  les  lombes,  frictions 
sèches,  injections  sous-cutanées  de  pilocarpine  (de  10  à 
IScentigrammes),  de  bromhydrated'arécoline  (à  ladosede 
6  à  8  centigrammes),  les  purgatifs  (huile  de  ricin,  ca- 
lomel,  aloès,  etc.)  suppriment  une  partie  de  l'eau,  de  l'urée 
et  des  phosphates  de  l'urine. 


H4  REINS. 

2°  On  diininiie  la  toxicité  iirinairo  en  restreignant  les 
matières  azotées  qui  entrent  dans  lalimentalion  et  en 
donnant  la  préférence  aux  matières  liydrocarboni-es.  et 
surtout  aux  matières  qui  sont  à  la  fois  pauvres  en  albu- 
mine et  en  sels  comme  les  fourrages  verts,  les  carottes, 
les  tubercules,  les  décoctions  légères  de  graine  de  lin, 
additionnées  d'une  certaine  quantité  de  lait. 

',i''  On  rétablit  la  perméabilité  rénale  à  l'aide  des  alcalins 
à  petites  doses  (bicarbonate  de  soude,  20  à  30  grammes; 
eau  chargée  d'acide  carbonique  i.  Ces  agents  facilitent  le 
processus  de  filtration,  empêchent  l'occlusion  descanalicules 
iirinaires  par  l'épithélium  desquamé  et  les  cylindres,  il 
faut  cependant  empêcher  l'animal  de  boire  à  satiété  quand 
les  (édèmes  hydropiques  ont  fait  leur  apparition.  Les  diu- 
rétiques augmentent  la  liltration  de  l'eau  :  l'acétate  de 
potassium,  le  nitrate  de  potasse  (20  à  25  grammes),  la 
caféine,  la  digitale  sont  indiqués.  Ces  derniers  élèvent  la 
tension  artérielle  en  combattant  la  faiblesse  cardiaque. 

Si  des  symptômes  urcmique.s  font  leur  apparition,  la 
saignée  est  de  rigueur.  C'est  ime  excellente  médication 
qu'on  ne  doit  jamais  renvoyer  au  lendemain  :  le  chloral. 
le  bromure  de  potassium,  les  inhalations  de  chloroforme 
ne  donnent  jamais  des  résultats  aussi  satisfaisants. 

Pendant  toute  la  durée  de  la  maladie,  on  combat  l'irri- 
tation rénale  k  laide  du  camphre  (8  à  10  grammes),  du 
bromure  de  camphre  et  du  bromure  de  potassium  (-4  à 
6  grammes).  Ces  médicaments  jouissent  d'une  action  salu- 
taire incontestable. 

Les  néphrites  qui  compliquent  les  pneumonies  et  les 
maladies  infectieuses  réclament  les  antisepti(iues  comme 
le  salicylate  de  sourie  (20  à  30  grammes),  le  salol  (dij  i"» 
20  grammes)  et  tous  les  agents  antibactériens  qui  s'éliminent 
par  le  rein. 


NÉPHRITES    AIGUËS.  llî 


II.  —  RUMI^AIVTS. 


Étiologie.  —  Les  maladies  infectieuses  [coryza  gangre- 
neux, hémoglobinurie,  septicémie  des  veaux  (Thomassen), 
pyosepticémie ombilicale,  métrite  et  infectionspos^  partum, 
fièvre  charbonneuse,  piroplamoses]  sont  des  causes  impor- 
tantes de  néphrites  aiguës.  On  peut  d'ailleurs  déterminer 
expérimentalement  àl'aide  de  toxines,  comme  la  tuberculine, 
une  nécrose  spéciale  de  l'épithélium  sécréteur  du  rein,  carac- 
térisée par  la  désintégration  fragmentaire  des  noyaux  et 
la  dégénérescence  vacuolaire  et  granuleuse  du  protoplasma. 

La  gestation  est  une  cause  fréquente  d'auto-intoxication 
qui  pi'oduil  la  stéatose  du  foie,  des  reins,  la  compression 
des  uretères  et  peut-être  des  veines  rénales,  d'où  résultent 
de  l'albuminurie,  une  légère  néphrite,  ou  le  réveil  d'une 
inflammation  apaisée.  Ces  néphrites  gravidiques  sont  tou- 
jours plus  bénignes  que  les  néphrites  j^ost  partum  dues 
généralement  à  une  septicémie  puerpérale  ou  à  une  cystite 
avec  infection  ascendante  (1). 

Lesagents  toxiques  médicamenteux  (acide phénique,  naph- 
taline, etc.)  ou  contenus  dans  les  aliments  (sels  de  potasse 
et  de  soude  utilisés  comme  engrais)  produisent  un  em- 
poisonnement général  dont  les  effets  retentissent  surtout 
sur  l'appareil  éliminateur  :  le  filtre  rénal.  Les  bourgeons 
de  chêne  et  d'arbres  résineux,  les  glands  (Godbille,  1905) 
produisent  quelquefois  des  néphrites  par  le  même  méca- 
nisme. 

h^  froid  et  les  refroidissements  ont  une  action  manifeste 
sur  l'évolution  des  néphrites.  On  a  vu  cette  inflammation 
succéder  à  l'injection  d'eau  très  froide  (Heuser)  ou  au  séjour 
des  animaux  dans  des  pâturages  humides  ou  givrés  (Rei- 
chenbach). 

Le  surmenage  est  quelquefois  suivi  d'auto-intoxication  et 
d'auto-infection  d'origine  intestinale.  Sous  l'influence  de 

(1)  Scherzer.  Journ.  de  Lyon,  1904,  p.  545. 


116  REINS. 

CCS  deux  fiuises.  une  nt'|jlirite  aiguë  peut  éclater.  Cruzcl  a 
vu  cette  inllamniation  se  manifester  chez  un  />(/'u/'poursuivi 
par  un  chien.  Les  chutes,  les  chevauchées,  les  commotions 
(Joyeux)  peuvent  contribuer  à  déterminer  des  néphrites. 

Symptômes.  —  L'animal  atteint  de  néphrite  est  triste; 
à  l'étahlo.  il  tient  onlinairement  ses  inombres  postérieui's 
engagés  sous  le  tronc,  ou  iiien  il  les  étend  en  soulevant  la 
queue  légèrement;  la  région  dorso-lombaire  est  voussée, 
douloureuse  à  la  pression  exercée  au-dessus  ou  au-dessous 
des  lombes  à  l'aide  du  poing  enfoncé  sous  les  apophyses 
transverses  des  vertèbres  de  la  région. 

Cette  doideur  augmente  progressivement,  des  trépigne- 
ments surviennent;  l'animal  se  couche,  se  relève  sans 
jamais  conserver  une  position  normale;  il  refuse  toutes 
sortes  d'aliments,  ne  rumine  point  ;  le  mufle  est  sec,  les 
conjonctives  injectées:  il  regarde  son  flanc  et  pousse  de 
temps  à  autre  des  mugissements  plaintifs,  dans  l'intervalle 
desquels  on  observe  des  grincements  de  dents. 

Si  on  force  les  animaux  à  se  déplacer,  ils  ne  le  font 
qu'avec  peine  ;  les  mouvements  du  train  postérieur  sont 
raides  et  vacillants.  Le  pouls  est  vite,  précipité  (80  à  100 
pulsations),  la  respiration  accélérée;  la  température  monte 
parfois  à  M\°,  410,2  (Hoichenbarh). 

Au  début  de  l'apparition  de  ces  signes,  l'animal  urine  peu 
ou  point;  l'anurie  peut  persister  pendant  cinq  jours  (Funk). 
L'urine  rejetée  est  peu  abondante,  colorée,  quelquefois  san- 
guinolente, toujours  albumineuse.  La  proportion  d'albumine 
est  très  variable. 

L'examen  microscopique  de  ce  liquide  y  décèle  des  cylin- 
dres hyalins  ou  épitliéliaux,  des  globules  rouges,  des  globules 
blancs,  des  cellules  rénales.  On  peut  voir  survenir,  dans  les 
cas  de  néphrite  double  intense,  des  accidents  urémiques 
caractérisés  par  du  vertige,  des  attatiues  éclampliques 
violentes,  de  l'opistbotonos  et  un  coma  profond  jiendant 
l'intervalle  des  accès  (Ptlug). 

Les  œdèmes  sous-cutanés  sont  très  rares  chez  les  ruiiii- 


NÉPHRITES    AIGUËS.  H7 

liants:  l'œdème  pulmonaire  est  plus  fréquent;  on  a  signalé 
quelquefois  des  épistaxis. 

La  marche  de  la  maladie  est  rapide  et  le  pronostic  grave  ; 
les  néphrites  légères  guérissent  seules  d'une  manière  com- 
plète. Les  néphrites  graves  déterminent  la  mort  ou  passent 
à  l'état  chronique. 

Diagnostic.  —  La  congestion  rénale  s'en  différencie  par 
l'ahsence  de  fièvre  et  la  polyurie  :  il  y  a  anurie  ou  diminu- 
tion de  la  quantité  d'urine  dans  la  néphrite. 

La  piropîasmose  est  caractérisée  par  la  présence  de  para- 
sites dans  les  globules  rouges:  la  cystite  hémorragique  est 
une  maladie  chronique  apyrétique.  Les  hémorragies  acci- 
dentelles ou  traumatiques  de  l'appareil  urinaire  ne  sont  ni 
précédées,  ni  suivies  de  coliques. 

Lésions.  —  Les  reins  sont  gorgés  de  sang,  distendus; 
la  substance  rénale  se  déchire  facilement,  et  l'on  peut  cons- 
tater une  exsudation  intratubulaire  et  intracapsulaire. 

Les  glomérules  de  Malpighi  sont  noyés  dans  un  épan- 
chement  hyalin.  dilTus  :  le  peloton  vasculaire  est  entouré 
d'un  exsudât  qui  contient  une  matière  d'apparence  albu- 
mineiise.  formant  une  sorte  de  manteau. 

Certains  tubes  sont  intacts;  d'autres,  au  contraire,  sont 
dépourvus  d'épithélium.  Quand  l'affection  a  évolué  rapi- 
dement, l'élément  noble  de  l'organe  seul  est  atteint;  il 
n'y  a  pas  d'infiltration  cellulaire  dans  les  interstices. 

Traitement.  —  La  saignée  est  le  principal  moyen  de 
traitement  de  la  néphrite  aiguë  :  ses  résultats  sont 
d'autant  plus  nets  qu'elle  est  plus  abondante  et  plus  ra- 
pide. Localement,  l'application  des  cataplasmes  émol- 
lients  de  mauve,  de  farine  de  lin,  ou  de  dérivatifs  sur  la 
région  lombaire,  a  donné  de  bons  résultats  entre  les  mains 
de  divers  praticiens.  A  l'intérieur,  il  est  indiqué  de  donner 
des  boissons  rafraîchissantes  à  petites  doses,  des  infusions 
de  feuilles  de  mauve,  de  racine  dWIthœa  (Reichenbach), 
additionnées  de  5  à  10  grammes  de  nitrate  de  potasse,  de 
tisane  de  pariétaire  et  de  décoction  de  graine  de  lin.  On 

7. 


118  REINS. 

a  préconisé  le   breuvage  suivant,   qu'on  fait  prendre  en 
trois  l'ois  : 

Camphre  ])ulvéi'isé 24  grammes. 

Jauiio  dœuf N"  I. 

Emulsionner.  Ajouter  : 

Nitrate  de  potasse 45  grammes. 

Décocté  de  graines  de  lin 500        — 

Ces  moyens  tliérapeuliiiucs  doivent  être  accompagnés 
d'agents  activant  la  sudation.  Le  chlorhydrate  de  pilocar- 
pineàladose  de  50  centigrammes  est  tout  particulièrement 
indiqué  ;  les  bouchonnages,  les  frictions  énergiques  sur  le 
corps  complètent  son  action.  Les  attaques  d'urémie  sont 
combattues  par  la  saignée  abondante  :  les  médicaments 
nervins,  bromure  de  potassium  et  hydrate  de  chloral  ont 
une  action  peu  efficace.  Quand  le  cœur  faiblit,  les  infusions 
de  café,  de  digitale  ou  les  injections  sous-cutanées  des 
alcaloïdes  de  ces  deux  plantes  renforcent  son  action. 

Néphrite  à    macules  blanches. 

Définition.  —  On  désigne  ainsi  une  néphrite  subaiguë 
propre  au  venu  (A  caraiHérisée  [)ar  des  nodules  blancliAlres, 
bien  délimités,  de  volume  variable,  situés  presque  exclusi- 
vement dans  la  substance  corticale. 

Étiologieet  pathogénie.  —  Cette  altération  est  fréquente 
chez  des  vcnu.x  de  première  qualité,  en  parfait  état  de 
graisse,  sacriliés  dans  les  abattoirs.  Elle  se  développe  pour 
ainsi  dire  à  l'état  enzootique  chez  les  i  rr^u.v  à  l'engraisse- 
ment :0,80p.  iOOetquelquefoisSà  4  p.  100  de  ces  animaux 
en  sont  affectés  (Blieck).  C'est  ce  qui  fait  incriminer  une 
alimentation  surabondante  et  le  séjour  des  jeunes  animaux 
dans  des  étables  étroites  et  mal  aérées.  A  ces  causes  pré- 
disposantes, on  nepeuts'empêcherd'adjoindreune  infection 
microbienne  d'origine  ombilicale  (Kitt,  Kabitz),  qui  ne 
s'accorde  guère  avec  l'intégrité  complète  du  foie  ou  une 
infection  sanguine  d'origine  digestive.  Les  toxines  micro- 


NÉPHRITE    A    MACULES    BLANCHES  119 

biennes  issues  de  ces  microbes  ou  celles  qui  résultent  de 
la  fermentation  des  aliments  ne  sont  peut-être  pas  étran- 
gères à  ce  processus,  dont  la  véritable  étiologie  est  encore 
inconnue. 

Quelle  est.  la  nature  de  ces  nodules?  Rieck.  Kitt  les  consi- 
dèrent comme  des  foyers  métastatiques  d'origine  embo- 
lique;  Ostertag  comme  des  infections  et  des  noyaux  sar- 
comateux ;  Basset  (1)  comme  une  néphrite  aiguë  circonscrite 
consécutive  à  une  infection  sanguine  ;  Panisset,  comme  une 
néphritechroniqueavecprédominance  des  lésions  artériel- 
les; Fally  (2),  comme  une  néphrite  interstitielle  en  foyers, 
d'origine  inconnue;  Vaerst(3),(iuillebeau,  comme  des  arrêts 
de  développement  du  tissu  rénal  :  les  macules  ne  sont  pour 
eux  que  des  zones  dans  lesquelles  les  tubes  urinifères  sont 
restés  à  l'état  embryonnaire.  L'existence  des  taches  chez 
des  animaux  en  parfaite  santé  et  leur  disparition  chez  les 
animaux  adultes,  sans  laisser  de  traces,  militent  en  faveur 
de  cette  manière  de  voir.  Assurément,  il  ne  s'agit  pas  là 
de  sarcomes  ;  mais  il  est  avéré  que  ces  taches  peuvent 
s'abcéder,  laisser  persister  des  cicatrices  et  qu'elles  peuvent 
même  exister  chez  les  animaux  adultes  (4).  Autant  de  raisons 
qui  permettent  de  rattacher  ces  lésions  à  une  néphrite 
subaiguë,  fibro-plastique ,  susceptible  de  passer  à  l'état 
chronique,  mais  se  terminant  habituellement  par  la  gué- 
rison  complète. 

Lésions.  —  Les  reins  présentent  de  nombreuses  taches, 
légèrement  proéminentes,  arrondies,  d'un  blanc  bleuâtre  ou 
d'un  blanc  laiteux,  de  dimensions  variant  d'une  graine  de 
chanvre  à  une  pièce  de  cinquante  centimes.  Elles  sont  quel- 
quefois tellement  confluentes  qu'on  ne  trouve  que  de  rares 
vestiges  de  tissu  rénal  sain  {néphrite  blanche).  La  consis- 
tance du  rein  est  normale,  un  peu  plus  molle  quand  les 

(1)  Basset,  Revue  gén.,  1903,  t.  Il,  p.  583. 

(2)  Fally,  Aiui .  de  méd.  vêt.,  1907. 

(3)  Vaerst,  Journ.  de  Lyon,  1901,  p.  65. 

(4)  De  Blieck,  Revue  gén.,  1907,  t.  1,  p.  89. 


120 


REIXS. 


lésions  sont  récentes;  habituellement,  elle  est  plus  dure.  Les 
surfaces  de  section  offrent  un  aspect  bigarré  dii  ù  la  mul- 
titude de  taches 
blanclies  ou  légè- 
rement grisâtres 
qui  tranchent  sur 
la  coloration  rouge 
ItriuiAtre  ou  rouge 
vil  du  tissu  rénal 
normal.  Les  plus 
petites  forment  un 
lin  piqueté  dans  la 
substance  corti- 
cale, les  plusgrosses 
s'avancent  jusque 
dans  la  substance 
médullaire.  Entre 
elles,  on  observe 
un  discret  pointillé 
hémorragique  ou 
quelques  fines  traî- 
nées rougeAIres. 
Parmi  ces  taches, 
il  en  est  de  ramol- 
lies au  centre  et  de 
purulentes  (Kitt)  : 
il  en  est  d'autres 
qui  contractent  une 
adhérence  intime 
avec  la  capsule,  qui  se  déchire  partiellement  à  leur 
niveau,  et  la  substance  corticale  apparaît  déprimée,  creusée 
de  cicatrices  irrégulières,  peu  profondes,  d'un  blanc  mat, 
de  consistance  ferme  et  ulcéreuse,  comme  dans  la  néphrite 
chronique,  (lig.  17  . 

Au  microscope,  on  constate  une  infiltration  cellulaire 
intense  des  différents  tissus  du  rein  ;  le  bouquet  vasculaire 


Kig.  17.  — Néphrite  à  macules  blanches 
du  veau  (P.  Leblanc). 


NEPHRITE   A   MACULES   BLANCHES. 


121 


(lu  glomérule  de  Malpighi  est  bouiTc  de  leucocytes,  et  les 
tubes  sont  séparés  par  une  véritable  coulée  de  ces  éléments 
et  par  un  exsudât 

fViav^»-""  — ''~  — ' 


fibrineux.  Vers  le 
centre  de  la  lé- 
sion, les  leuco- 
cytes pénètrent 
dans  les  tubes 
dont  les  cellules 
épithéliales  sont 
altérées  et  granu- 
leuses, (fig.  18). 
Parfois  les  leuco- 
cytes réunis  en 
amas  sont  dé- 
générés au 
centre  et  trans- 
formés en  un  bloc 
amorphe  très 
paie  :  ils  consti- 
tuent de  petits 
abcès  en  minia- 
ture. Quand  les 
exsudats  et  les  leucocytes  ne  se  résolvent  pas  rapide- 
ment, ils  offrent  une  évolution  cicatricielle.  Lesglomérules 
se  rétractent  et  deviennent  fibreux;  la  substance  corticale 
est  envahie  par  du  tissu  conjonctif  jeune  formé  d'éléments 
volumineux  (fibroblastes)  qui  déterminent  l'atrophie  et  la 
disparition  des  tubes  urinifères  et  l'occlusion  de  diverses 
artérioles  par  endartérite  oblitérante  :  le  rein  à  macules 
est  devenu  le   rein  blanc  (Panisset"). 


Fig.  18.  —  Rein   à  macules  du  veau. 
Néphrite  interstitielle. 


III 


PORC. 


Étiologie.  —  La  néphrite  aiguë  toxique  et  accidentelle 
est  la  seule  forme  primitive  :  elle  est  extrêmement  rare. 


122  REINS. 

La  néphrite  secondaire  est  l'apanage  des  animaux  affectés 
de  rouget,  de  choléra  :  celte  forme  est  fréquente. 

Lésions.  —  La  néphrite  aiguë  s'accompagne  toujours 
d'une  hypertrophie  des  reins,  qui  sont  doublés  et  triplés 
de  volume,  de  couleur  gris  jaunâtre  et  assez  fermes. 
L'examen  microscopique  du  rein  révèle  toutes  les  lésions 
de  la  néphrite  diffuse  aiguë  ou  de  la  néphrite  hémorra- 
gique (1). 

L'urine  renferme  des  éléments  épithéliaux.  des  leuco- 
cytes, des  globules  rouges,  des  cylindres  hyalins  et  des 
biictéries  (Marek.  189-4). 

Symptômes.  —  Les  signes  de  la  néphrite  aigui'  n'ont 
pas  été  distingués  de  ceux  de  la  maladie  infectieuse  pri- 
mitive et  toujours  dominante. 

Traitement.  —  Cette  maladie  n'étant  généralement  pas 
soupçonnée  ne  peut  être  traitée. 

IV.  —  CARMVORES. 

Ëtiologie.  —  Lm  néphrite  com|)ii(pie  fréquemment  la 
maladie  du  jeune  âge.  la  piicinnonie,  les  diverses  formes 
de  bronchopnvamonie .  V endocardite,  la  piroplasmose,  la 
gastro-entérite  hémorragique  et  les  diverses  maladies  in- 
fectieuses. Elle  résulte  d'un  empoisonnement  aigu  déter- 
miné par  un  agent  toxique  absorbé  par  le  tube  digestif  ou 
parla  peau  (sublimé  corrosif,  menuriaux,  acide  arsénieux. 
iodoforme,  nitrate  de  potasse  à  trop  forte  dose),  ou  d'intoxi- 
cations consécutives  à  de  vastes  brûlures  de  la  peau,  à 
un  surmenage  intensif,  à  des  infections  gastro-intestinales, 
ù.  l'ictère,  à  l'insuffisance  hépatique,  au  diabète. 

Le  refroidissement  peut  lui-même  engendrer  une  autre 
infection  susceptible  de  se  localiser  au  parenchyme  rénal. 

Les  cou|)s  violents  sur  la  région  lombaire  déterminent 
(pielquefois  une  hémorragie   péricapsulaire  et  exception- 

(1)  Voy.  1"  édition,  t.  VI,  p.  495. 


NÉPHRITE   A    MACULES    BLANCHES.  123 

nellemeiit  une  hématonéphi'ose  accompagnée  de  coliques 
néphrétiques  (Parascandolo)  (1). 

Symptômes.  —  La  néphrite  aigué  du  chien  débute  par 
des  symptômes  fébriles  peu  accusés  accompagnés  d'un 
abattement  profond.  L'appétit  est  diminué,  souvent  aboli  ; 
la  soif  normale.  L'animal  demeure  couché  ;  il  ne  bouge 
pas  quand  ou  l'appelle  ou  se  déplace  péniblement,  la  tête 
basse,  le  dos  voiîlé  ;  la  région  lombaire  est  douloureuse  à 
la  palpation. 

«  Les  mictions  sont  fréquentes,  douloureuses  et  peu 
abondantes.  A  de  brefs  intervalles,  le  malade  expulse  de 
l'urine  colorée  en  rouge  par  du  sang  et  toujours  fortement 
albumineuse  ;  l'examen  macroscopique  y  décèle  des  cel- 
lules épithéliales  du  rein,  des  globules  rouges,  des  cylin- 
dres hématiques  granuleux  et  hyalins  »  (Cadiot). 

Le  tube  digestif  tend  à  suppléer,  dans  une  certaine 
mesure,  à  l'insuffisance  de  la  miction  et  de  l'élimination 
des  poisons  urinaires:  la  constipation,  fébrile  au  début,  est 
remplacée  par  de  la  diarrhée,  des  nausées,  des  vomissements. 
Ces  derniers  coïncident  généralement  avec  la  fermeture 
du  rein  et  l'anurie  complète.  L'urémie  consécutive  à  cet 
état  est  dénoncée  par  des  troubles  nerveux  (parésie,  con- 
vulsions, manifestations  épileptiformes,  état  comateux), 
des  troubles  respiratoires  (dyspnée,  odeur  urineuse  de  l'air 
expiré),  par  un  abaissement  notable  de  la  température 
et  par  des  vomissements  incoercibles.  L'évolution  est 
rapide  ;  l'animal  guérit  quand  le  rein  redevient  perméable  ; 
il  succombe  en  quelques  jours  quand  il  demeure  fermé., 

Anatomie  pathologique.  —  Los  reins  sont  volumineux, 
distendus.  La  substance  corticale  est  parsemée  de  petites 
hémorragies  punctiformes  ;  la  substance  médullaire  offre 
une  teinte  vineuse.  Les  anses  vasculaires  du  bouquet  glo- 
mérulaire  sont  dilatées,  et  la  cavité  glomérulaire  est  rem- 
plie d'un  épancliement  albumineux  composé  de  globules 

(l)  Parascandolo,  Lésions  traumaliques  du  rein  chez  les  animaux  domes- 
liques  {Revue  gén.,  1903,  t.  Il,  p.  79). 


124 


HEINS. 


ronges,  de  globules  blancs  et  disposé  souvent  en  croissant. 
Les  cellules  épilhéliales  des  tubes  contournés  sont  gra- 
nuleuses et  tuméfiées,  parfois  creusées  de  vacuoles.  Dans 
les  tubes  collecteurs,  on  constate  la  prolifération  et  la 
desquamation  des  cellules  (lig.  19). 


'  -wV  <?, 


*"^V^ 


,oj.}^-^M^ 


Fig.  19. 


^Néphrite  aiguë  par  le  sublimé  (rein  de  lapin  mort 
au  troisième  jour). 


Un  grand  nombre  de  tubes  montrent  une  nécrose  complète  de  leur  épi- 
tliélium  dont  les  cellules  ne  sont  plus  reconnaissables.  Quelques  tubes  ont 
leur  lumière  obstruée  par  un  cylindre  albumineux. 


Le  tissu  conjonclif  interlobulaire  est  infiltré  de  cellules 
rondes. 

Traitement.  —  Le  régime  lacté  donne  les  meilleurs 
résultats    cliez  les  carnivores.   On  peut  l'administrer  en 


NEPHRITES    CHRONIQUES.  125 

lavements  et  le  rendre  tolérable  pour  l'estomac  en  l'addi- 
tionnant d'un  quart  d'eau  de  Vichy  ou  de  3  à  5  grammes 
de  sel  de  Vichy  et  en  l'administrant  par  petites  quan- 
tités il  l'aide   d'une   cuillerée. 

On  facilite  l'élimination  des  produits  toxiques  à  l'aide  des 
diaphorétiques  comme  les  diverses  infusions  chaudes,  à 
l'aide  des  laxatifs  ou  purgatifs  (huile  de  ricin,  manne  grasse, 
sirop  de  nerprun,  injection  hypodermique  quotidienne  de 
1  milligramme  à  1  centigramme  de  nitrate  de  pilocar- 
pine). 

On  calme  les  douleurs  rénales  à  l'aide  d'applications  sur 
la  région  lombaire,  de  compresses  humides  et  chaudes 
fréquemment  renouvelées. 

Les  accidents  urémiques  sont  combattus  par  les  purga- 
tifs associés,  mais  administrés  par  doses  fractionnées 
toutes  les  trois  à  quatre  heures;  ils  agissent  en  provoquant 
une  dérivation  vers  la  muqueuse  intestinale  du  sang  et 
des  poisons  qu'il  renferme  ;  on  soustrait  une  dose  impor- 
tante de  poisons  par  une  saignée  de  40  à  330  grammes  ; 
on  dilue  ces  poisons  et  on  favorise  leur  élimination  par  des 
injections  journalières  d'eau  salée  '^20  à  150  grammes  à 
7  p.  1000). 

La  faiblesse  du  cœur  est  combattue  par  des  injections 
sous-cutanées  de  caféine  à  la  dose  de  1  gramme  dissoute 
dans  40  centimètres  cubes  d'eau  distillée  ;  on  peut  prati- 
quer trois  à  quatre  injections  de  1  à  5  centimètres  cubes 
dans  la  journée.  On  administi-e  aussi  des  infusions  de 
thé  ou  de  café. 

NÉPHRITES   CHRONIQUES. 

Considérations  générales.  —  Les  néphrites  chroniques 
sont  des  inflammations  diffuses  caractérisées  par  la  durée 
d'action  et  le  peu  de  nocivité  du  poison  pathogène. 

Les  variations  de  son  activité  et  de  sa  persistance  diver- 
sifient   l'association   des    lésions     inflammatoires   et    des 


126  REINS. 

lésions  dégénéral ives.  On  peut  rlisUngaer  aussi  des  formes 
plus  ou  moins  trancliées. 

Les  espères  animalos  à  vie  courte  comme  le  mouton, 
le  jiorc,  écliappent  gi'ntTalement  à  la  néphrite  chronique: 
les  lésions  anciennes  ont  rarement  le  temps  d'évoluer;  les 
espèces  k  vie  pénible  quoique  longue,  comme  les  solijtèdes. 
succombent  généralement  avantque  les  lésions  aientatteint 
leiH"  degré  ultime  ;  on  n'observe  guère  chez  ces  animaux 
que  les  néphrites  chroniques  ;'i  (hu'èc  courte,  à  prédominance 
parenchvmateuse  ou  épithéliale,  désignées  autreiois  sous 
le  nom  de  gros  reinblanc,  de  sorte  qu'il  n'y  a  guère  que  les 
espèces  sédentaires,  comme  le  chien  et  le  chat,  qui  puissent 
réaliser  la  forme  alrophique,  ou  le  petit  rein  blanc,  expres- 
sion delà  néphrite  interstitielle  de  longue  durée. 

I.    —  SOLIPÈDES. 

La  néphrite  chronique  des  soliiirdrs  consiste  donc  géné- 
ralement dans  une  inflammation  mixte  à  prédominance 
parenchymateuse  ou  cpilJiélialc  —  yro.s  rein  blanc  —  ordinai- 
rement dénoncée  par  des  troubles  urinaires,  de  l'amaigris- 
sement, de  l'anémie,  des  œdèmes  et  de  l'hypertrophie  car- 
diaque, qui  amènent  la  mort  en  quelques  mois  ou  unanau 
plus.  Cette  néphrite  est  à  la  fois  caractérisée  par  sa  courte 
durée  et  sa  tendance  hydropigène.  Assurément,  tous  les 
cas  de  néphrite  chronique  des  solijx'-dcs  n'appartiennent 
pas  absolument  à  cette  forme  :  mais  la  plupart  gravitent 
autour  d'elle  et  font  ressortir  sa  prédominance  sur  les 
autres  formes.  Les  observations  de  llable,  Verheyen, 
Lustig,  Thomassen,  Marcone(l),  DeU'.Vcqua.  Markus.  Hou- 
doire  (i).  s'y  rattachent   étroitement. 

Étiologie.  —  Les  agents  toxiques  qui  l'ivippent  lépilhé- 
liuni    l'cnal   et   suscitent   une   inllaiiiiiialiiui  secondaire  ilu 

(1)  Marcone,  Revue  gén.,  1906. 

(2)  Buudoire,  Revue  vét.,  1906,  p.  HIO.  —  Pimliii,  Un  cas  de  iiépliriie 
mixte  cliez  le  clieval  (.1/i/i.  de  méd.  vél.,  1907). 


NÉPHRITES    CHUOXIQUES.  127 

système  vasculo-conjonctif  agissent  plus  longtemps,  mais 
d'une  manière  moins  intense  que  dans  les  néphrites  aiguës. 

L'auto-intoxication  d'origine  gastro-intestinale  ou  d'oi-i- 
gine  hépatique  et  les  toxines  élaborées  par  les  microbes 
dans  le  cours  des  diverses  maladies  infectieuses  sont  les 
deux  principales  sources  de  ces  néphrites  chroniques  qui 
ne  font  presque  jamais  suite  aux  formes  aiguës. 

Les  affections  gastro-intstinales  (indigestions),  les  ali- 
ments azotés  donnés  en  trop  grande  abondance  à  des 
animaux  qui  ne  travaillent  pas  contribuent  au  développe- 
ment des  néphrites  chroniques  comme  deThémoglobinurie 
musculaire. 

L'insuffisance  hépatique  accompagnée  ou  non  dictèi"e 
devient,  par  auto-intoxication,  une  cause  importante  de 
néphrites  chroniques.  Les  matières  extractives  que  le  foie 
livre  à  la  circulation  provoquent  la  dégénérescence  granulo- 
graisseuse  des  épithéliums  tubulaires. 

Les  maladies  infectieuses  subaiguës  ou  chroniques 
(bronchite  chronique,  pneumonies  et  bronchopneumonies, 
tuberculose,  morve,  etc.)  agissent  parleurs  toxines  sur  le 
rein  comme  sur  le  foie,  qui  perd  sa  fonction  d'arrêt  pour 
les  poisons  et  contribue  à  son  tour  à  intoxiquer  le  rein. 
Tous  ces  poisons  hématogènes  réunis  déterminent  la 
néphrite  chronique  épithéliale,  dont  l'insuffisance  rénale 
est  la  première  manifestation. 

L'artérite  chronique,  l'anévrysme  de  l'aorte  (Cadéac, 
Marek),  l'aortite  (Cadéac),  l'endartérite  des  artères  rénales 
(Lustig),  n'a  qu'un  rôle  elTacé^dans  l'éclosion  delà  néphrite 
chronique,  qui  d'ailleurs  n'offre  pas,  dans  ces  cas,  les  ca- 
ractères du  gros  rein  blanc. 

Symptômes.  —  Le  début  est  ordinairement  insidieux, 
sans  réaction  générale  ni  locale  :  la  maladie  est  déjà  très 
avancée  quand  on  observe  un  affaiblissement  des  foi'ces, 
de  l'amaigrissement,  le  hérissement  des  poils  et  la  pâleur 
des  muqueuses,  de  l'anémie  sans  élévation  appréciable  de 
la  température.  Dans  la  plupart  des  cas,  la  maladie  n'est 


128  HEINS. 

soupçonnée  que  le  jour  où  apparaissent  des  o'dénies  ou 
des  troubles  urinaires. 

Les  (edcmes  constituent  la  manifeslalion  la  jilus  carac- 
téristique du  tableau  cliniipie  de  cette  maladie.  L"(pdènie 
apparaît  d'abord  au  fourreau  ;  il  s'étend  au-dessus  du 
ventre,  gagne  les  membres  postérieurs,  envahit  la  région 
sterno-abdominale  et  quelquefois  même  les  paupières,  qui 
retombent  sur  les  veux  (Poulinj  ;  il  augmente  avec  le 
repos  et  disparaît  avec  rexercice.  Cet  œdème,  variable  d'un 
jour  à  l'autre,  est  indolent  et  dénressible. 

Les  urines  sont  rares  ;  leur  quantité,  en  vingt-quatre 
heures,  est  considérablement  diminuée;  mais,  malgré  cette 
oligurie,  on  note  fréquemment  de  la  pollakiurie  par  irrita- 
l)ilité  vésicale  :  Le  cheval  urine  très  souvent  et  en  petite 
quantité.  I^e  poids  spécifique  de  l'urine  est  augmenté  par 
suite  de  sa  concentration  ;  elle  laisse  déposer  un  sédiment 
assez  abondant  et  contient  toujours  une  certaine  quantité 
d'albumine,  variable  avec  chaque  cas  et,  dans  chacun 
d'eux  avec  la  période  de  la  maladie.  Tantôt  limpide, 
tantôt  mousseuse  et  foncée,  elle  est  pauvre  en  phosphates 
et  en  chlorures  ;  mais  l'examen  histologique  de  ce  li(iuide 
centrifugé  y  révèle  des  cristaux  de  carbonate  de  chaux, 
des  globules  blancs,  des  globules  rouges,  des  cylindres 
hyalins,  des  cylindres  épithéliaux  granuleux  et  des  cellules 
épithéliales  en  voie  de  transformation  graisseuse.  Quand 
la  néphrite  mixte  est  plus  interstitielle  qu'épithéliale,  la 
quantité  d'urine  rejetée,  augmentée,  se  rapproche  de  la 
normale  ;  il  peut  même  y  avoir  polyurie  ;  mais,  le  rein 
devenant  imperméable,  l'urine  devient  claire,  de  densité 
plus  faible  et  jiauvre  en  albumine. 

L'exploration  rénale  révèle  exceptionnellement  une  sen- 
sibilité anormale  delà  région  du  i-ein  ;  la  main,  introduite 
dans  le  rectum,  atteint  difficilement  les  organes  même 
hypertrophiés.  Des  troubles  digestifs  accom[iagnent  les 
troubles  urinaires,  mais  ils  sont  peu  significatifs  ;  l'appétit 
est  diminué  ;  les  matières   fécales,  d'abord   recouvertes 


NÉPHRITES    CHUO.MQUES.  129 

de  mucus,  sont  fétides  :  elles  deviennent  diarrhéiques  et 
répandent  quelquefois  une  odeur  urineuse  ;  on  peut  cons- 
tater parfois  de  légères  coliques.  La  peau  se  colle  aux  os 
dans  les  parties  non  œdéniatiées  ;  le  sang  devient  séreux 
par  rétention  d'eau  ;  le  pouls  est  mou,  dépressible  ;  la  ten- 
sion artérielle  est  plutôt  diminuée  qu'augmentée  ;  les  bat- 
tements cardiaques  sont  sourds,  mal  frappés  ;  les  cavités 
cai'diaques  ne  sontguèrehypertrophiées,mais  plutôt  dilatées; 
les  accidents  urémiques  sont  rares  quand  la  néphrite 
parenchymateuse  prédomine  ;  mais  les  œdèmes  et  les 
hjdropisies  deviennent  prépondérants.  Le  cheval  succombe 
à  l'œdème  pulmonaire,  à  l'hydrothorax,  à  rinflammation 
des  voies  respiratoires. 

h' évolution  de  ces  néphrites  est  relativement  rapide  :  la 
mort  peut  survenir  quelques  mois  après  des  alternatives 
d'amélioration  et  d'aggravation  ;  les  œdèmes  disparaissent 
par  intervalles,  et  la  quantité  d'urine  rejetée  redevient 
presque  normale  ;  parfois  l'amélioration  est  très  passagère, 
et  le  malade  est  subitement  pris  d'une  dyspnée  intense 
qui  l'emporte  en  moins  de  vingt-quatre  heures  (1). 

Anatomie  pathologique.  —  Les  reins  sont  augmentés 
de  volume  et  de  poids  ;  leur  surface  est  lisse,  uniforme  ; 
la  capsule  est  peu  épaisse  et  peu  adhérente  ;  elle  se  déchire 
parfois  en  quelques  points  et  entraîne  avec  elle  de  petits 
lambeaux  de  substance  corticale.  La  coupe  est  parsemée 
de  taches  jaune  gris  et  de  foyers  hémori'agiques;  elle 
est  striée  de  lignes  brun  grisâtre  alternant  avec  des 
stries  grises,  presque  translucides,  qui  partent  de  la  par- 
tie excentrique  de  la  couche  corticale  pour  aboutir  à  la 
couche  médul|laire.  La  consistance  du  parenchyme  est 
diminuée. 

u  Le  volume  des  reins  trouve  son  explication  dans  l'inten- 
sité des  phénomènes  inflammatoires  dans  les  glomérulites 
intenses;    les    différences     de    coloration    dépendent    du 

(1)  Dell'Acqua,  ISéphnle  mixte  à  prédominance  parenchymateuse  {Revue 
gén.,  t.  1,  1908). 


130  HKINS. 

degré  de  congestion,  de  l'abondance  des  produits  dexsu- 
dation  dans  les  tubes,  de  raltéralion  plus  ou  moins  pro- 
fonde des  ccllidos  <''iiilli('Iiales  des  lulnili  co)itorli  » 
(Brault). 

Au  microscope,  on  voit  que  les  tubes  contournés  et  tous 
les  canaux  de  la  substance  corticale  ont  leur  diamètre 
doubléou  triplé  ;  cet  élargissement  est  absolument  caracté- 
ristique des  néphrites  à  prédominance  épitliéliale  ;  les  cel- 
lules sont  granuleuses  et  oITrentdes  contours  mal  délinis; 
les  noyaux  sont  pâles  et  souvent  impossil)les  à  dilTérencier. 
Des  cylindres  hyalins  occupent  parfois  une  partie  de  la 
cavité  du  canal.  On  peut  constater,  en  même  temps,  de 
petits  foyers  d'infiltration  cellulaire.  On  trouve  des  bou- 
quets gloiuérulaires  atropliiés  à  divers  degrés.  Les  lésions 
interstitielles  otïrent  une  intensité  très  variable;  elles  pré- 
sident à  Tatruphie  des  gloiiiérides,  de  la  capsule  de  Bow- 
mann  et  des  tubes  urinifères.  Les  altérations  conjonctives 
offrent  généralement  une  intensité  moindre  que  les  lésions 
épithéliales.  Quand  les  premières  sont  très  prononcées,  le 
cœur  est  hypertrophié  {creur  rénal).  On  constate,  en  même 
temps,  des  infiltra  lions  séreuses  du  tissu  conjonctif  sous- 
cutané,  de  ru'dème  du  poumon  cl  des  (''panchements  dans 
les  séreuses. 

Diagnostic.  —  La  néphrite  chronifiue  du  chcvul  ne  peut 
être  reconnue  que  par  l'examen  de  l'urine.  L'acide  ni- 
trique y  décèle  un  gros  disque  d'albumine;  le  microscope, 
des  cylindres  et  des  cellules  épithéliales.  Tous  les  autres 
symptômes  dépendent  de  l'albumiiiurie  et  des  troubles 
généraux  de  la  nutrition. 

La  néphrite  aigtic  s'en  distingue  par  ime  évolution  plus 
rapide,  une  diminution  plus  considérable  de  la  quantité 
d'urine  et  sm'tout  par  la  présence  de  globules  rouges  dans 
ce  produit  d'excrétion.  Quand  la  néphrite  chronique 
.s'accompagne  d'exacerbations,  de  poussées  aiguës,  la  diffé- 
renciation est  momentanément  Ijeaucoiip  plus  difficile, 
sinon  impossible 


NÉPHRITES   CHRONIQUES.  131 

La  congestion  passive  du  rein  détermine  peu  d'albumi- 
nurie; Turine  a  un  poids  spécifique  plus  élevé  et  ne  ren- 
ferme que  de  i-ares  éléments  rénaux. 

Le  rein  amyloide  peut  engendrer  tous  les  troubles  de  la 
ni'phrite  chronique.  Dans  l'atrophie  rénale  consécutive  à 
Taortite  et  à  l'oblitération  d'une  artère  rénale,  l'hypertro- 
phie cardiaque  est  un  signe  dominant. 

Traitement.  —  Il  n'existe  pas  de  traitement  capable 
d'enrayer  la  marche  de  la  maladie.  Il  est  indiqué  d'acti- 
ver la  nutrition  générale,  de  combattre  l'anémie  et  de 
relever  la  pression  vasculaire  lorsqu'il  y  a  insuffisance 
cardiaque.  On  maintient  les  animaux  au  repos,  ou  l'on 
supprime  tout  au  moins  tout  travail  pénible.  Le  régime 
lacté,  s'il  n'était  pas  aussi  coûteux,  serait  le  plus  favorable  ; 
on  a  quelquefois  donné  jusqu'à  10  litres  de  lait  par  jour 
(PouHn). 

Lessignes  d'hydropisie  sontcombattus  parles  diurétiques, 
les  mucilagineux,  le  bicarbonate  de  soude,  les  injections 
sous-cutanées  et  répétées  de  faibles  doses  de  pilocarpine. 

On  peut  d'ailleurs  apprécier  les  chances  de  guéi'ison 
par  l'examen  des  urines  et  le  dosage  de  l'albumine.  La 
persistance  d'une  albuminurie  intense  indique  la  persis- 
tance ou  l'aggravation  du  mal. 

II.   —  RUMINANTS. 

La  néphrite  chronique  hématogène  ne  s'observe  guère 
que  chez  les  bovidés  (1)  et  offre  les  plus  grandes  analo- 
gies avec  celles  des  solipèdes  :  elle  est  mixte  et  à  tendance 
hypertrophique. 

Étiologie.  —  Les  poisons  endogènes  élaborés  pendant 
la  gestation,  les  maladies  chroniques  de  l'utérus,  du  foie, 
de  l'intestin,  paraissent  jouer  un  rôle  important  dans  son 

(1)  Sur  7000  moutons  tués,  Horn  a  signalé  0,32p.  100  de  néphrites  chro- 
niques; mais  on  y  fait  sûrement  rentrer  les  formes  qui  résultent  de  l'esten- 
sion  d'une  pyélite. 


J32  REINS. 

a 


pparilion.  Des  néphritessuportirielles.  Ir^^'cTOs,  peuvent,  en 
se  répétant,  organiser  la  deslruction  de  l'épitliéliinn  rénal 
el  une  végétation  conjonctive  qui  compromettent  la  l'onc- 
tion rénale.  Une  température  froide,  une  pluie  glaciale,  un 
courant  d'air  continu  sur  le  dos  des  animaux  et  dans  une 
étable  mal  fermée,  enfin  un  refroidissement  gén(''i'al 
peuvcMit  l'occasionner  (Seufîert). 

Symptômes.  —  On  n'observe,  au  début,  aucun  signe 
spécial.  Les  malades  perdent  lappétit  ou  prennent 
leur  nourriture  d'une  façon  très  irrégulière.  Si  les 
vaches  sont  bonnes  laitières,  la  sécrétion  lactée  di- 
minue. 

Ces  manifestations,  qui  s'observent  au  début  de  tout 
état  patliologique  mal  déterminé,  sont  a((Oin|»agnées.  au 
bout  d'un  temps  variable,  de  signes  (jui  penuetlent  de 
localiser  le  mal. 

Les  animaux  se  campent  fréciucimiienl  poiu'  ni-inci'. 
rapprochent  les  membres  sous  le  tronc,  voussenl  la 
colonne  lombaire  et  rejettent  une  petite  (]uanlit(''  d'une 
urine  rougeâlre.  trouble  ou  claire,  riche  en  albumine,  con- 
tenant des  globules  rouges  et  dont  le  poids  spécifique  est 
augmenté.  L'exploration  rectale,  pratiquée  à  cette  épo- 
que, accuse  de  la  douleur  rénale  à  la  compression  el 
dénote  une  hypertrophie  plus  ou  moins  évidente  des 
reins;  le  droit,  notamment,  remplit  tout  l'espace  sous- 
lombaire  et  déborde  l'angle  antérieur  du  creux  du  flanc, 
de  telle  sorte  que  la  palpation  externe  peruicl  de  constater 
cette  hypertrophie  (Seufferl). 

Les  troubles  rénaux  sont  presque  toujours  accompagnés 
de  manifestations  digeslives  ;  la  rumination  est  irrégulière  : 
la  constipation  survient;  on  observe  des  coliques  sourdes 
accompagnées  de  plaintes  intermittentes.  Les  malades 
expulsent  des  matières  noires  recouvertes  d'un  enduit 
muqueux  blanchâtre.  Le  thermomètre  n'accuse  jias  de 
lièvre  ;  la  température  reste  normale. 

Quand    les    lésions    rénales    sont   très     évidentes,     on 


NÉPHRITES    CHRONIQUES.  133 

observe  de  la  dilatation  du  cœur,  de  la  stase  veineuse;  le 
pouls  veineux  apparaît  à  la  jugulaire;  les  muqueuses  se 
foncent,  deviennent  violettes;  des  œdèmes  se  développent, 
débutant  généralement  par  la  région  de  l'auge  (Thomsen), 
descendant  ensuite  au  niveau  des  membres,  de  la  région 
pectorale  et  abdominale  inférieure  (CalTaretti). 

Le  cœur  s'hvpertropliie,  ses  ballements  sont  forts:  l'ar- 
tère est  dure,  tendue,  le  pouls  accéléré;  on  peut  constater 
des  épislaxis  (Thomas). 

La  maladie  évolue  ainsi  avec  des  alternatives  d'aggra- 
vation et  d'amélioration,  des  phases  de  constipation  et  de 
diarrhée,  mais  l'animal  maigrit  progressivement,  devient 
chétif  ;  il  ne  mange  et  ne  rumine  pour  ainsi  dire  plus.  La 
mort  arrive  bientôt  après  dans  le  marasme  le  plus  com- 
plet (Seuffert)  ;  il  n'y  a  pas  de  chance  de  guérison. 

Diagnostic.  ^  La  présence  de  l'albumine  dans  les  urines 
d'une  manière  permanente,  la  sensibilité  et  V hypertrophie 
des  reins  sont  des  signes  caractéristiques.  Lapyélonéphrite 
s'en  distingue  par  le  rejet  d'urine  purulente;  ïhydronc- 
phrose,  par  le  volume  des  uretères  et  l'inégalité  de  volume 
des  reins  ;  la  cystite  chronique  hémorragique,  par  l'explo- 
ration rectale  qui  permet  de  vérifier  l'intégrité  ou  l'alté- 
ration des  reins  et  de  la  vessie. 

Lésions.  —  Les  reins  hypertrophiés  sont  durs,  pâles, 
lardacés.  Leur  surface  est  bosselée  ;  leur  couleur,  rouge 
brun  (Thomsen)  avec  de  grandes  taches  marbrées  par 
])laces  (1). 

Sur  une  coupe,  la  couche  corticale  apparaît  d'un  rouge 
vif;  la  couche  médullaire  a  une  teinte  plus  pâle.  On  ne 
trouve  ni  pus  ni  foyers  d'inflammation  aiguë.  La  substance 
propre  est  ferme,  dense,  résistante  même. 

L'examen  des  coupes  du  rein  démontre  l'infiltration 
du  parenchyme  rénal  par  des  cellules  fusiformeset  rondes 
et  la  disparition  de  l'épithéliuni  dans  les  canaux  urinaires. 

(I)  Morol,  Reins  bronzés  chez  une  vache  (Revue  vét.,  1903,  p   92). 
Gadéac.  —  Pathologie  interne.  VII.  8 


134 


REINS. 


Leur    cavité    est  ofcupée    par  des    cylindres  calcaires; 
quelques-uns,  vides,  apparaissent  comme  une  fente. 

Le  tissu  fibreux  intercanaliculaire  forme  de  véritables 
tractus  cicatriciels  eni^dobant  des  îlots   de  tissu  relative- 


.4 


Fig.  20.  —  Rein  de  bœuf  atteint  de  néphrite  chronique  partielle  (Leblanc). 
A,  zone  malade. 


ment  sain,  autour  desquels  se  dessine  une  surface  iné- 
gale, tomenteuse,  granuleuse. 

Très  souvent  aussi,  les  lésions  de  néphrite  chronitpie 
consistent  en  des  plaques  d'étendue  variable,  à  contours 
irrégulicrs,  enfoncées  dans  les  parties  saines  comme  de 
larges  cicatrices. 

Une  coupe  pratiquée  dans  l'épaisseur  do  ces  taches  et 
alioutissanl    au  hilc   do  l'orirane   d(''monti'o.  d'imo    i'aron 


NÉPHRITES    CHRONIQUES.  135 

très     évidente,  que   la    substance    corticale    est    surtout 
malade  (fig.  20). 

Les  glomérules  de  Malpighi  sont  dilatés,  forment  de 
véritables  cavités  ayant  sept  ou  huit  fois  les  dimensions 
d'un  glomérule  normal.  A  leur  intérieur  est  accumulé 
un  produit  d'origine  urinaire  qui  comprime  le  bouquet 
vasculairo.  le  réduit  à  un  très  fin  peloton  appliqué  contre 


;^'^  X^: 


Fig.  21.    —  Coupe  transversale   au    niveau  de   la  zone    corticale  d  un    rein 
de  bœuf  atteint  de  néphrite  chronique  (grossissement  faible). 

A,  cavités  glomérulaires  dans  lesquelles  le  peloton  vasculaire  est  atrophié 
ou  disparu  ;  B,  espaces  envahis  par  le  conjonctif  et  dans  lesquels  il  ne 
reste  aucune  trace  des  tubes  urinifères. 

la  paroi  du  corpuscule  qui  s'est  hypertrophié  et  est  devenu 
nettement  fibreux.  Les  grandes  dimensions  des  cavités 
glomérulaires  font  qu'elles  ont  détruit  par  compression 
les  tubes  les  plus  voisins  et  qu'elles  parviennent  à  se  tou- 
cher. Au  niveau  de  ces  points,  le  rein  donne  l'impression 
d'un  tissu  constitué  par  des  mailles  délimitant  des  cavités. 

Vépithélium  sécréteur  et  excréteur  a  presque  totale- 
ment disparu.  Les  tubes  restés  intacts  sont  comprimés  et 
enserrés  par  des  productions  conjonctives. 

Le  système  vasculaire  occupe,  au  niveau  de  l'imion  des 


136  RELNS. 

deux  substances,  une  surlafe  anormale.  Los  parois  arté- 
rielles ont  augmenté  de  volume;  elles  forment  de  véri- 
tables anneaux  libreux  très  épais  :  l'endotliélium  vasou- 
culaire  malade  est  irrégulier,  chillonné. 

Le  tissu  conjonctif  envahit  toutes  les  zones  du  rein 
Il  comprime  les  tubes  excréteurs,  en  détermine  l'obstruc- 
tion et,  const'qiiemment.  la  dilatation  des  cavités  glonié- 
rulaires  auxquelles  ils  aboutissent.  Dans  la  zone  corti- 
cale, le  tissu  conjonctif  a  complètement  fait  disparaître 
les  tubuli  contorli;  le  rein  malade  ressemble  à  une 
tumeur  fibi'euse.  En  somme,  les  lésions  les  plus  marquées 
sont  caractérisées  par  l'énorme  développement  pris  par 
le  tissu  conjonctif.  par  l'état  des  vaisseaux  et  des  glomé- 
rules  transformés  en  cavités  kysticpies  i  fig.  t[). 

Traitement.  —  Quand  un  intérêt  particulier  empêche 
de  livrer  immédiatemment  le  malade  à  la  boucherie,  il 
convient  d'instituer  un  traitement  diurétique  composé  de 
graine  de  lin,  de  lait,  de  bicarbonate  de  soude.  On  combat 
l'atonie  du  tube  digestif  par  l'adminislration  d'infusionsde 
café  et  de  purgatifs  salins.  Les  injections  de  sérum  san- 
guin des  veines  rénales  d'animaux  sains,  préconisées  en 
médecine  humaine,  ne  peuvent  être  utilisées  économique- 
ment dans  la  thérapeutique  des  néphrites  de  nos  grands 
animaux  destinés  à  la  boucherie. 

III.  —  IM>R(:. 

La  néphrite  chronique  succède  au  rouget  (Haase).  Elle 
est  caractérisée  anatomiquement  par  des  di'pressions  jau- 
nâtres ou  grisAtres  au  niveau  desquelles  la  capsule  est 
très  adhérente.  Toute  la  zone  corticale.  blancliAtre  ou 
grisâtre,  est  ponctuée  de  taches  vineuses  ou  gris  rouge. 
Des  traînées  fibreuses  issues  de  la  substance  médullaire 
suivent  le  trajet  des  artc'rioles  allant  aux  glomérules.  La 
surface  des  sections  est  dm-e,  scléreuse.  parsemée  de 
taches  blanchâtres  (KitI  . 


NÉPHRITES    CHRONIQUES.  13"; 


IV.  —  CAR-MVORES. 


Etiologie.  —  Nombreuses  sont  les  causes  qui  font  de 
la  néphrite  chronique  ou  mal  de  Bright  des  carnivores 
une  maladie  commune. 

Lai ieillesse  amène  généralement  avec  elle  delà  sclérose 
rénale.  Or,  le  rein  sénile  est  l'expression  des  infections 
et  des  intoxications  légères  que  Tanimal  a  subies.  S'il  a 
résisté,  ce  n'est  qu'en  partie  et  en  gros:  beaucoup  de  ses 
unités  rénales  portent  la  trace  d'inflammations  éteintes. 
Le  rein  sénile  constitue  ainsi  une  lésion  restrictive  d'un 
organe  sans  réaction,  une  diminution  fonctionnelle  sans 
retentissement.  C'est  ainsi  que  toutes  les  néphrites  aiguës 
superficielles  participent  à  la  production  de  la  néphrite 
chronique  interstitielle.  L'administration  méthodique  de 
petites  quantités  de  sels  de  plomb  ou  de  cuivre  peut  déter- 
miner la  néphrite  chronique.  L'abus  de  l'alimentation 
carnée  n'est  pas  étrangère  à  l'apparition  de  celle  maladie 
chez  les  chiens  d'appartement  et  chez  les  chats  maintenus 
séquestrés  [Hébrant  et  Antoine  {!)]. 

Le  froid  ou  le  refroidissement,  c'est-à-dire  l'aclion  lente 
prolongée  du  froid  humide  ou  le  passage  brusque  du  chaud 
au  froid  chez  les  chiens  qui  chassent  dans  les  marais  sont 
des  conditions  d'autant  plus  favorables  au  développement 
des  néphrites  que  ces  chiens  sont  fréquemment  surmenés, 
exposés  à  des  causes  diverses  d'intoxication  et  d'infection. 

Les  diverses  manifestations  eczémateuses  nécessitent 
lutilisalion  de  nombreux  médicaments,  que  l'animal  lèche 
et  ingère,  non  sans  inconvénients  pour  le  rein:  enûn  ces 
maladies  cutanées  sont  par  elle-mémes  des  causes  d'auto- 
intoxication  et  de  néphrite  chronique. 

Les  ulcérations  intestinales  consécutives  à  des  brûlures. 


(1)  Hébrant  et  Antoine,  A  propos  de  la  néphrite  chronique  chez  le  chien  et 
le  chat.  Du  danger  de  pratiquer  des  opérations  sur  des  brighliques  {Ann. 
de  méd.  vit.,  1912,  p.  306). 


138  HKINS. 

il  des  gasti'o-enlériles  lu''inoiTagi(Hics.  sont  des  soiuros 
dlnleclions  septlcémiques  secondaires,  dont  l'animal  ne 
triomphe  qu'imparlaitemenl  :  les  poisons  éliminés  allèrenl 
le  filtre  rénal  et  entretienneni  iiin'  irritation  clironiijiie 
dans  cet  organe. 

Les  aU'eclions  cardiaques,  pàkardiques,  pulmonaires, 
pleurales,  la  tuberculose,  la  malailie  du  jeune  âge,  parti- 
cipent aussi  à  l'éclosiondes  néphrites  chroniques  en  livrant 
au  sang  des  agents  infectieux,  des  toxines  et  des  poisons 
organiques.  Les  enil)olies  répétées,  occassionnées  jiar 
l'endocardite,  peuvent  provoquer  un  processus  atrophique 
(atrophie  rénale  eniboii(p)e).  Les  calculs  et  les  vers  conte- 
nus dans  le  bassinet  sont  quelquefois  aussi  l'origine  <le  la 
néphrite  interslitiello.  La  collaboration  de  ces  diverses 
influences  engendre  mie  néphrite  mixte,  ditliise,  qui  sup- 
prime successivement  les  diverses  unités  organiques  et 
atrophie  l'organe.  La  né[)hrite  chroni(iue  du  chien  gravite 
autour  du  petit  rein  granuleux,  comme  celle  du  cheval  et 
du  yjo?»/"  autour  du  gros  rein  blanc:  on  peut  cependant 
observer  cette  dernière  forme  ou  uneassociation  des  deux: 
la  sclérose  conjonctive  et  la  dégénérescence  épiihéliale 
combinent  leurs  elTets. 

Symptômes.  —  La  né-phrite  chronique  débute  ordinai- 
rement d'une  manière  insidieuse,  et  les  |)remiers  accidents 
se  manifestent  seulement  quand  l'évolution  des  lésions  est 
déjà  très  avancée.  Ils  sont  généralement  peu  caractéris- 
tiques. On  peut  cependant  noter  de  l'inappétence,  un 
appétit  irrégulier,  capricieux,  des  vomissements  ré|)élés. 
fréquents,  sans  cause  connue,  une  oppression  modérée, 
une  accélération  du  iioiils.  une  exagération  de  la  tension 
artérielle  ou  queltpics  palpitations  survenant  dès  que 
l'animal  effectue  une  course  :  il  refuse  généralement  de 
courir;  il  n'a  pbis  la  même  ardeur  à  la  chasse:  il  est 
paresseux,  fatigué,  triste;  il  présente  souvent  de  vives 
démangeaisons  et  une  grande  impressionnabilité  au  froid; 
ses  urines  sont  encore   peu  modifiées;  leur  quantité  est  à 


NÉPHRITES    CHRONIQUES.  130 

pf  u  près  normale  :  ce  liquide  tient  seulement  en  suspen- 
sion quelques  flocons  dus  à  une  légère  desquamation 
épithéliale  et  des  traces  d'albumine. 

A  la  période  d'état,  la  maladie  se  dessine,  son  tableau 
svmptomatiquo  se  complote  eu  s'aggravant.  On  constate 
ilo  la  pollakiiirie.  symptôme  consistant  dans  la  fréquence 
des  mictions,  indépendamment  de  la  quantité  d'urine 
rejetée.  Les  modifications  de  l'urine  sécrétée  sont  caracté- 
ristiques. 

La  quantité  augmente  graduellement  :  le  poli/itrie  devient 
très  manifeste,  quoiqu'il  soit  généralement  difficile  de 
suivre  ses  oscillations  quotidiennes.  L'urine  est  pâle,  de 
faible  densité:  son  poids  spécifique  peut  osciller  entre  1010 
et  1032  fZimmermann':  son  point  de  congélation  ou  point 
cryoscopique  tend  à  se  rapprocher  du  0:  l'albuminurie  est 
habituelle,  mais  d'intensité  très  vanable:  la  quantité 
d'albumine  qu'on  y  trouve  est  d'autant  plus  faible  que  la 
néphrite  interstitielle  est  plus  avancée  ;  elle  est  d'autant 
plus  considérable  que  l'inflammation  épithéliale  dégéné- 
rative  est  plus  prononcée.  Ordinairement,  la  proportion 
d'albumine  ne  dépasse  pas  1  p.  100.  Il  y  a  en  même  temps 
diminution  de  l'urée,  de  l'acide  urique,  des  matières 
extractives.  Parfois  l'urine  est  graisseuse  et  ressemble  à 
du  lait  aqueux  Regenbogen).  L'examen  microscopique  du 
sédiment  que  l'urine  déposée  laisse  au  fond  d'un  verre 
conique  se  compose  de  globules  blancs,  de  débris  épithé- 
liaux,  de  détritus  amorphes  et  de  cylindres  fig.  22) .  Ces 
derniers  permettent  de  vérifier  les  lésions  rénales  sur  le 
vivant;  ils  sont  épithéliaux.  hyalins,  amorphes  ou  granu- 
leux. Leur  persistance  indique  la  persistance  de  l'inflam- 
mation ;  leur  augmentation  de  nombre  dénonce  l'aggra- 
vation du  mal.  La  palpation  du  rein  décèle  quelquefois 
l'hypertrophie  de  ces  organes:  on  peut  constater  leur 
atrophie   ou   leur  inégalité  de  volume. 

En  même  temps,  se  développe  une  hijpertrophie 
cardiaque  caractérisée  par  des  battements  énergiques  qui 


140  UEINS. 

rhianlenl  toute  la  poitrine,  ainsi  que  [lar  la  sonorité  et  la 
dureté  du  premier  bruit;  les  artères  sont  dures,  roulent 
sous  le  doigt;  le  pouls  est  plein  et  dur;  il  se  produit  quel- 
(juefois  des  hémorragies  rétiniennes  entraînant  la  cécité  et 
des  épisfaxis  légères  (Ilébrant  et  Antoine). 

La    respiration   est   précipitée.   dilTicile   et   finalement 
asthmatique  (LiénauxV 


Fig.  2i.  —  Néphrite  chronique.  Chien.  Cylo-exanien  de  l'urine.  Cylindres 
colloïdes  et  granuleux.  Rares  cellules  épithéliales  urinaires.  Fort  grossis- 
sement (Roquet).  > 

Los  tedèmcs  sont  fréquents;  ils  apjiaraissent  quelquefois 
brusquement  dès  le  début  et  olVrcnt  des  loealisations 
diverses;  ils  envahissent  le  fourreau,  les  membres  posté- 
rieurs ou  plus  particulièrement  la  tête  et  le  cou,  qui  devien- 
nent monstrueux;  parfois  c'est  une  anasarque  généralisée 
accompagnée  bienlùl  d'ascite.  d'hydrothorax,  qui  s'exa- 
gèrent quand  le  cœur  vient  h  faiblir.  Ces  œdèmes  peuvent 
rétrograder  et  disparaître  très  raftidcmenl.  comme  ils  sont 


XKPH RITES    CHRONIQUES. 


141 


vomis,  pendant  les  premières  périodes  de  la  maladie  ;  ils 
persistent  et  s'accentuent  dans  les  dernières  périodes  quand 
l'affection  rénale  s'est  compliquée  d'asystolie.  Des  truubles 
respiratoires  dyspnéiques,  d'oi'igine  urémique.  reviennent 
par  accès  et  s'ajoutent  à  la  gène  mécanique  ou  fonction- 
nelle déterminée  par  l'œdème  pulmonaire  et  l'hydro- 
thorax. 

L'anorexie,  les  vomissements,  la  constipation,  la  poly- 
dipsie  constituent  une  forme  d'urémie  gastro-intestinale 
aggravée  par  l'ascite  et  les  altérations  hépatiques. 

Parfois  même  l'urémie  s'accuse  par  des  troubles  nerveux  : 
soubresauts,  crampes,  crises  éclamptiques  iLiénaux  .  Ces 
animaux  émaciés.  étiques.  à  peau  sèche  et  à  poils  piqués, 
succombent  au  bout  d'un  temps  variable.  L'cvolulion  de  ces 
néphrites  embrasse  souvent  plusieurs  années  ;  elle  est  par- 
ticulièrement longue  chez  le  cJiat.  Ni  les  symptômes  ni 
même  les  lésions  ne  permettent  d'apprécier  exactement 
leur  ancienneté.  Cette  maladie  incurable  conduit  inévita- 
blement à  la  consomption. 

Anatomie  pathologique.  —  Les  lésions  des  néphrites  chro- 
niques du  chien  sont  gé- 
néralement celles  de  la 
néphrite  interstitielle  ou 
atrophique.  Les  reins  du 
chien  ont  un  volume  nor- 
mal ou  inférieur  à  la 
normale,  une  coloration 
rougeàtre,  jaunâtre  chez 
le  chat,  une  surface  bos- 
selée ,  une  consistance 
ferme,  un  aspect  ficelé 
(fig.  23  .       La      capsule 

rénale  est  épaissie  et  fortement  adhérente  à  la  couche 
corticale.  Sur  une  section  longitudinale  du  rein,  on  constate 
l'existence  de  travées  fibreuses  partant  de  la  surface  et 
venant  se  perdre  au   niveau  du  hiJe.  C'est   la  substance 


Fig.  23.  —  Atrophie  très  avancée  cTiez 
un  chien  de  25  kilogrammes  (d'après 
Porcher). 


142 


REINS. 


corliralo  (711!  ost  lo  plus  nialadi';  la  coucho  nn'diillairo  n'est 
cependant  pas  indemne  :  elle  est  strii-e  longiliidinalenieni 
ou  présente  des  taches  disséniim-es  (ras|)ect  nodidaii-e.  Aii 


Fig.  2i. 


Néphrite  chronicjiie.  petit  rein  l)lanc  (rhat). 


i,  capsule  fibreuse  sclérosée  ;  2,  glomérule  hypertrophié;  3,  corpuscules 
de  Malpighi  sclùreux  ;  3,  capsule  de  Bownian  épaissie;  4,  cylindre  col 
loïde  ;  5,  tube  urinifère;  6,  charpente  du  rein  hyperi)lasiée  ;  7,  début  de  la 
transformation  kystique  d'un  tube  urinifère  (Bail). 


niveau  de  la  voûte  vasculaire,  la  sclérose  est  très  manifeste. 

A  l'examen  microseopi(iue,  le  système  artériel  se  montre 

profondément  altéré,  surtout  dans  ses  petits  vaisseaux,  qui 


NEPHRITES    CMROMQUES. 


143 


sont  alleinls  dendartérite  et  de  périartérite.  Les  toutes 
petites  artères  sont  obstruées.  Les  glon^érules  atteints  sont 
ceux  dont  l'artère  afférente  est  malade  ou  obstruée; 
certains  sont  réduits  à  un  petit  noyau  fibreux.  Jamais  de 
masses  colloïdes  dans  la  capsule  de  Bowman.  Quelquefois. 
on  observe  la  dilatation  de  la  capsule  et  l'atrophie  du 
bouquet  glomérulaire    flg.  24). 

De    petits   kystes    à    contenu   clair   et   limpide  existent 


-^   -    ■•■'■.-<u- 


ig-  iô.  —  Dilatations  pseudo-kystiques  moniliformes  par  rétraction  fibreuse 
périphérique  (d'après  Porcher). 

B,  glomérule  ;  C,  toljes  avec  épaississement  de  la  basale. 


fréquemment  dans  l'épaisseur  de  la  couche  corticale:  ils 
résultent  d'une  dilatation  de  tubes  urinifères  étouffés  sur 
leur  trajet  par  le  tissu  de  sclérose  (fig.  25). 

L'épithéliumdes  tubes,  à  peine  altéré  dansles  tubes  droits, 
présente  ses  premières  lésions  dans  \e?,ti(biiliconto)'ti.  Les 
cellules  sont  un  peu  gonflées,  très  granuleuses,  quelquefois 
détachi'cs  de  la  paroi.  Dansles  tubes  les  plus  altérés,  il  n'y 
a  plus  d'épithélium;  le  tube,  gonflé,  vésiculeux  en  certains 


144  REINS. 

endroits,   est    lolalemenl   rempli   de   matières  eolloïdes. 

La  réaction  de  sclérose  caractéristique  de  toutes  les 
néphrites  chronicpjes  prolongées  peut  s'acconiftagner  d'hy- 
pertrophie ronipensatrici'  dénoncée  par  des  granulations 
de  volume  variable  roriimiil  (piclquefois  des  saillies  hémi- 
sphériques ou  aplaties  :  ce  sont  les  granulations  de  Bright 
qui  donnent  à  la  surface  du  rein  un  aspect  tourmenté 
rappelant  légèrement  l'aspect  descirconvolutionsetscissures 
d'un  hémisphère  céréhral.  Sur  la  coupe,  la  couche  corti- 
cale ofTre  une  teinte  bigarrée,  semée  de  taches  opaques, 
jaunâtres  ou  saumonées  sur  fond  grisAtre  ou  lilas.  Cette 
hypertrophie  compensatrice  s'opère  dans  toutes  les  né- 
phrites parcellaires:  elle  prolonge  la  résistance  du  sujet  : 
la  quantité  de  parencliyme  r.'nal.  nécessaire  à  la  vie. 
est  d'environ  1er, 50  ^[(,  parencliyme  sécrétant  par  kilo- 
gramme de  substance  animale  à  dépurer  (Tuflier/.  Chaque 
foisque,  dansune  néphrite,  ily  a  des  parties  indemnes,  — et 
ce  fait  s'observe  même  dans  les  néphrites  toxiques.  —  il  se 
produit,  à  ce  niveau,  des  granulations  de  IJright  caractérisées 
par  une  dilatation  de  la  lumière  des  tubes  contournés,  l'hy- 
pert  rojdiie  de  cesglomérules  et  de  leur  bouquet  gloméridaire. 

Traitement.  —  11  est  indiqué  de  mettre  les  animaux 
au  régime  lacté.  (|uon  additionne  d'une  petite  quan- 
tité d'eau  de  Vichy.  S'il  survient  une  amélioration,  on 
peut  ajouter  à  l'alimentation  des  o'ufs,  des  légumes,  de  la 
viande  blanche.  Les  diuri'tiques  (tisane  de  chiendent,  1  à 
À  grammes  de  bicarbonate  de  soude  additionné  d'un  quart 
d'eau  de  Vichy)  sont  donnés  en  boissons.  L'iodure  de 
sodium  (-40  à  50  centigrammes),  administré  d'une  manière 
intermittente,  convient  pour  combattre  la  sch'-rose  rénale, 
pourvu  que  l'albuminurie  soit  peu  manpiée. 

Les  accidents  dyspnéicpies  sont  combattus  par  les  injec- 
tions sous-cutanées  de  morphine,  la  faiblesse  du  cœur  par 
le  café,  la  caféine,  lateinture  de  digitale  (I  à  X  gouttes). 

L'opothérapie  n'a  donné  aucun  n'-sultal  dans  la  néphrite 
interstitielle  du  chien  (liisanli,  1*J04). 


HYDRONÉPHROSES.  145 

Ces  animaux  intoxiqués  supportent  difficilement  la 
moindre  opération  (Hébrant  et  Antoine). 

V.  —  OISEAUX. 

Étiologie.  — Lésions.  —  Chez  les  oiseaux,  l'acide  urique, 
formé  en  quantité  considérable,  engendre  à  la  fois  la  goutte 
et  la  néphrite  chronique.  Les  diverses  infections  si 
communes  chez  ces  animaux  expliquent  la  fréquence  de 
ces  inflammations(Larcher,  Semmer,  Zurn,  Siedamgrotzky, 
Rivolta.  etc.).  On  l'observe  chez  les  poulets  comme  chez  les 
adultes. 

Les  reins  doublent  ou  triplent  de  volume  ;  ils  offrent  une 
coloration  gris  jaune  et  une  consistance  assez  ferme  due 
à  la  végétation  du  tissu  cellulaire  interstitiel  et  à  la  dégé- 
nérescence de  l'épithélium  des  tubes  urinifères. 

Traitement.  —  Cette  maladie  n'étant  pas  soupçonnée 
ne  peut  guère  être  ni  prévenue  ni  combattue. 

VI.   —  HYDRONÉPHROSES. 

Définition.  —  Sous  le  nom  (ï/iydwnéphrose  ou  d'uroné- 
phrose,  on  désigne  la  distension  du  bassinet  et  du  rein  par 
l'urine  aseptique.  Quand  cette  rétention  se  complique 
d'infection,   elle  porte  le  nom  d'uropyonéphrose. 

L'oblitération  partielle  de  l'uretère  est  la  condition 
dominante  de  la  rétention  de  l'urine  et  de  l'hydronéphrose. 
L'oblitération  totale,  comme  celle  qui  succède  à  la  ligature 
brusque  d'un  uretère,  produit  l'atrophie  de  l'organe  et 
non  l'hydronéphrose.  Celte  lésion  résulte  donc  d'un  obstacle 
dans  le  cours  normal  de  l'urine  qui  garde  un  écoulement 
partiel.  Sous  l'influence  de  la  rétention  progressive  de 
l'urine,  le  bassinet  et  les  calices  se  dilatent;  la  pointe  des 
pyramides  s'aplatit;  dos  cavités  se  forment  par  distension 
des  calices  et  refoulerni  ni  du  parenchyme^  qui  subit  une 
atrophie  scléreuse  d'aulant  plus  prononcée  que  l'occlusion 
C.\DÉAC.  —  Pathologie  interne.  Vil.  9 


146  lŒlNS. 

de  ruretùre  est  plus  coinplèlc.  Sinon,  les  pOL-hcs  formées 
par  les  calices  dilatés  se  fusionnent  en  une  poche  pyélo- 
rénale,  peu  cloisonnée,  et  d'autant  plus  régulièrement 
dilatée  qu'elle  est  plus  volumineuse.  La  i»orliou  obstruée 
de  l'uretère  alleint  quelquefois  les  dimensions  du  bras;  le 
rein  acquiert  un  volume  double  ou  triple  et  devient  kystique. 
Cette  transformation,  fréquente  chez  les  bovidés  et 
chez  le  porc,  ne  s'observe  presipiejamais  chez  le  cheval,  le 
cliien  ou  le  cliiit;  elle  est  même  très  rare  chez  le  mouton 
si  on  ne  fait  pas  entrer  en  ligne  de  compte  les  cas  où 
riivdronéphrose  complique  la  gravelle.  La  fréquence  d'un 
accident  purement  mécanique  chez  certaines  espèces 
animales,  sa  rareté  et  son  absence  chez  d'autres  impliquent 
forcément  l'intervention  de  causes  anatomiques  spéciales 
chez  les  animaux  comme  le  hœul'vi  \e  porc,  qui  sont  tribu- 
taires de  riivflronéphrose.  Il  faut  d'ailleurs  reconnaitieque, 
parmi  les  observations  classées  parmi  l'hjdronéphrose,  il 
y  en  a  beaucoup  qui  appartiennent  à  la  pyélo-néphrose  ou 
à  la  pyonéplirose  primitive.  C'est  que  le  rein,  distendu  par 
l'urine  stagnante,  constitue  un  excellent  bouillon  pour  les 
microbes.  L'hydronéphrose  des  solijirdes  se  transforme 
généralement  ainsi  en  pyonéphrose  (Voy.   PytHoncphritc). 

I.  —  SOLIPÈDES. 

Étiologie.  —  Chez  les  er////(/es.  lliydronéphrosc  (1)  peut 
succéder  à  la  lithiase  vésicale  ou  rénale,  au  rétrécissement 
du  col  de  la  vessie  par  des  tumeurs  développées  dans  les 
organes  voisins  (prostate,  utérus,  ovaire,  vessie)  (2).  L'urété- 
rite,  la  dis|)osition  anormale  de  lext rémité  vésicale  de 
luretère  s'ouvrant  perpendic-ulairement  dans  la  vessie 
[Mongiardino  (3)],  sont  les  principales  causes  de  cette  dila- 

(1)  Basset,  Hydioru'iihiose  calciilousc  chez  un  cheval  (Kevue  yen.,  19u3, 
t.  I,  p.  se;!). 

(i)   Bnrrier,  Lithiase  rénale  et  hydronéphrose  (Soc.  centrale,  1906,  p.  683). 
(3)  Mongiardino,  Jouru.  de  Lyon,  1901,  p.  357. 


HYDRONEPHROSES. 


147 


talion  mécanique  (fig.  26).  Une  rétention  urinaire  com- 
plète accompagnée  d'accidents  urémiques  peut  résulter 
d'une     concrétion  b 

sébacée  logée  dans 
le  sinus  urétral 
[Rohr  (1)]. 

II.  —  BOVIDÉS. 

Étiologie.  —  La 

stagnation  de 
l'urine  dans  le  bas- 
sinet et  les  calices 
provient  d'un  obs- 
tacle siégeant  en 
dehors  de  l'uretère, 
dans  sa  paroi  ou 
dans  la  lumière  du 
canal. 

rt.  Les  agents  de 
compression  exté- 
rieure sont  les  tu- 
meurs abdominales 
ou  pelviennes,  les 
néoplasmes  de  la 
vessie,  de  la  pros- 
tate, de  l'utérus, 
des     ovaires,     les 

masses      ganglion-   Fig.  26.  —  h  jdronéphrose du  rem  gauche  atrophié 

"  naires      hypertro-  ^^«c  "•"^'ère  dilaté. 

phiées     par    infec-       b,  rein  droit  dilaté  (d'après  Basset). 

tion    tuberculeuse 

ou  lymphosarcomatose,  et  le  rumen  distendu  par  les  ali- 
ments. Cet  organe  peut  comprimer  le  rein  gauche,  l'iu'etère 


(1)  Rohr,  Journ.  des  vét.  milit.,  1906,  p.  331. 


148  REINS. 

de  ce  côté  ou  tout  au  moins  produire  une  inflexion  de  ce 
canal  (Breuer). 

6.  La  jmroi  elle-même  peut  présenter  des  obstacles 
produits  par  des  rétrécissements,  des  inflexions,  des  dépla- 
cements, des  malformations  des  uretères  ou  même  du 
bassinet  qui  s'opposent  d'une  manière  permanente  ou 
intermittente  au  libre  écoulement  de  l'urine. 

c.  La  lumière  du  canal  peut  être  obstruée  par  des  calculs, 
des  caillots  sanguins,  des  exsudais  inflammatoires,  des 
tumeurs  vésioales  (Cadiot),  les  végétations  de  la  cystite 
hémorragique.  Cette  oblitération  partielle  de  l'embou- 
chure de  l'uretère  dans  la  vessie  est  tantôt  congénitale  (1), 
tantôt  acquise.  L'hjdronéphrose  est  ordinairement  unila- 
térale, mais  elle  peut  être  double. 

Symptômes.  —  L'hydronéphrose  n'est  ordinairement 
dénoncée  par  aucun  signe  particulier  ;  l'hypertrophie  com- 
pensatrice du  rein  sain  assure  l'écoulement  régulier  de 
l'urine.  Presque  toujours,  l'hydronéphrose  unilatérale  est, 
chez  le  bœuf,  une  trouvaille  d'anfopsie.  On  ne  la  reconnaît 
sur  le  vivant  que  lorsque  la  tumeur  formée  par  le  rein 
kystique  vient  faire  saillie  sous  la  peau  au  niveau  du  flanc 
gauche  et  donne  à  la  palpât  ion  la  sensation  d'une  tumeur 
fluctuante  et  non  douloureuse.  L'exploration  rectale 
fournit  des  renseignements  encore  plus  précis  ;  elle  permet 
de  sentir  l'uretère,  dont  la  grosseur  atteint  presque  celle 
du  bras  ;  elle  met  îiussi  en  évidence  la  surface  anfractueuse 
et  lobulée  du  rein  hypertrophié.  Q'iand  l'hydronéphrose 
est  bilati'ralo,  les  troubles  urinaires  appara  ssent  rapide- 
ment ;  ils  consistent  dans  une  diminution  rapide  de  la  (]uan- 
tité  des  urines,  puis  dans  une  anurie  continue  ou  intermit- 
tente, qui  précède  elle-même  les  accidents  urémiques. 

L'évolution  de  l'hydronéphrose  unilatérale  est  essentiel- 
lement chronique  et  con)patibIe  avecune  bonnesanté.  tant 
(pTelle  ne  se  complique  pas  do  pyoncphrose. 

(I)  L'hydronéphrose  est  quelquefois  d'origine  congénita  e  chez  le  mouton. 
Morot  l'a  observée  chez  un  agneau  Agé  d  un  mois. 


HYDRONÉPHROSES.  149 

Lésions.  —  On  constate  une  disproportion  très  grande 
entre  le  rein  sain  et  le  rein  malade.  Ce  dernier  constitue 
une  grosse  masse  lobulée,  blanchâtre,  transparente,  pos- 
sédant autant  de  culs-de-sac  que  de  lobules.  Chacun  d'eux 
est  très  hypertrophié,  lisse,  hémisphérique,  fluctuant.  Le 
rein  malade  présente  une  longueur  de  50  centimètres  et 
une  largeur  de  35  centimètres  (Kitt,  Pourquier,  Eloire),  et 
renferme  de  10  à  20  litres  de  liquide  composé  d'urine 
hydratée,  toujours  moins  riche  en  principes  extractifs  et 
en  sédiments  que  l'urine  sécrétée  par  le  rein  sain. 

Sectionné  longitudinalement,  le  parenchyme  est  atrophié, 
creusé  de  poches  répondant  à  chaque  lobule.  La  substance 
médullaire  a  plus  ou  moins  complètement  disparu;  à  sa 
place,  on  trouve  une  cavité  semi-limaire  en  communica- 
tion avec  d'autres.  Le  bassinet  est  dilaté:  sa  paroi,  épaissie, 
peut  avoir  de  1  à  2  centimètres  de  diamètre  (Kitt). 

L'uretère  qui  lui  fait  suite  forme  un  cordon  volumineux, 
de  16  à  25  centimètres  de  diamètre,  noyé  dans  le  tissu 
conjonctif  infiltré  de  la  région  sous-lombaire.  Quand  les 
lésions  rénales  sont  moins  avancées,  le  bassinet  et  les 
calices  sont  plus  ou  moins  dilatés,  mais  la  substance  rénale 
est  encore  reconnaissable  à  l'œil  nu,  et  l'abouchement  de 
l'uretère  dans  le  bassinet  offre  une  disposition  ampullaire. 

Traitement.  —  L'hydronéphi-ose  unilatérale  n'est  géné- 
ralement pas  soupçonnée,  de  sorte  qu'on  ne  peut  instituer 
aucun  traitement.  Quand  elle  attire  l'attention  par  son 
volume  considérable,  la  néphrectomie  peut  être  tentée; 
elle  a  d'autant  plus  de  chances  de  réussir  que  l'autre  rein 
est  entièrement  sain. 

III.  —  PORC. 

Étiologie.  —  L'hydronéphrose  est  une  maladie  com- 
mune chez  le  porc.  Lucks  l'a  observée  43  fois  sur 
6  425  porcs  qu'il  a  examinés  ;  elle  est  trois  fois  plus  fré- 
quente chez  les  femelles  que  chez  les  mâles  en  raison  des 


150  REINS. 

prossions  exerrôos  sur  la  vossio  par  riili'rus  gravide.  Elle 
résulte  gônéralomeni  d'un  vice  de  eonforniation  île  l'cxlré- 
mité  terminale  de  l'uretère.  Tantôt  un  faisceau  musculaire 
de  la  paroi  de  la  vessie  enlace  ce  conduit  et  y  détermine 
une  sorte  de  valvule  qui  engendre  la  stagnation  perma- 
nente de  l'urine  ;  tantôt  l'un  de  ces  canaux  dcbouche 
dans  le  réservoir  vésical,  plus  près  de  son  exln-initt'  pos- 
térieure, et  efîectue  entre  la  musculeuseetla  muqueuse  un 
trajet  sinueux  de  plusieurs  centimètres.  Lhydronéphrose 
existe  toujours  de  ce  côté  ;  l'élongation  éprouvée  par  cet 
uretère  sous  l'influence  des  tiraillements  diminue  son 
calibre  et  facilile  son  occlusion  (LuiUs)  (Ij. 

D'autre  part,  le  rétrécissement  congénital  des  uretères 
à  leur  insertion  sur  la  vessie  (Lavezzari),  la  compression 
d'un  uretère  par  l'utérus,  la  hernie  périnéale  de  la  vessie 
(Villemin)  sont  des  causes  d'hydronéphrose  (2). 

La  vessie  elle-même  engendre  cet  accident.  Si- 
tuée tout  entière  dans  la  cavité  abdominale,  la  vessie 
du  povc  est  proportionnellement  beaucoup  plus  grosse 
que  celle  des  autres  espèces  ;  elle  est  suspendue  au  bout 
d'un  col  très  long  qui  appuie  sur  le  bord  du  bassin  et  est 
susceptible  de  mouvements  de  (b'placement  d'autant  plus 
étendus  qu'elle  ne  remonte  |»as  dans  la  cavité  pelvienne. 
Les  ligaments  qui  la  tixent  sont  d'ailleurs  très  lAches.  de 
telle  sorte  qu'au  lieu  d'avoir  une  position  horizontale  dans 
la  cavité  abdominale,  elle  s'appuie  sur  le  plan  incliné  des 
parois  ventrales  inféi'icures.  Les  tiraillements  que  supporte 
le  col  comprimé  sur  le  bord  du  ])ul)is  par  le  fait  du  poids 
de  l'organe  et  des  déplacements  latéraux  sont  la  principale 
cause  de  l'hydronéphrose  double. 

Consécutivement  à  cette  ptôse,  il  se  produit  un  arrêt 
périodique  dans  l'écoulement  de  l'urine.  Ces  diverses 
conditions  anatimiiques  expliquent  la  fréqueme  de  l'iiydro- 


(1)  Lucks,  Mo»fitssr/tr.  fiir  Tierhpil.,  1905. 
(i)  Villemin.  yoi</v(.  de  Lyon,  1903. 


HYDRONÉPH ROSES.  151 

néphrose  chez  le  porc  (Roll,  Busch,  Lorge,  Soula,  Ehlers, 
Coreman,  Kitt). 

Symptômes.  —  L'hypertrophie  du  rein  hydropique  peut 
augmenter  considérablement  le  volume  du  ventre,  qui 
arrive  presque  ;i  toucher  le  sol,  comme  dans  l'ascite  :  la 
démarche  de  l'animal  est  pénible,  lourde:  il  prend  souvent 
la  position  du  cliien  assis  (Richter),  et  l'on  constate  de  la 
polydipsie  (Ehlei's). 

La  palpât  ion  du  flanc  met  en  évidence  la  fluctuation 
de  la  tumeur,  et  la  ponction  est  suivie  de  l'écoulement 
d'un  liquide  urineux  limpide. 

Dans  la  plupart  des  cas,  l'hjdronéphrose  ne  provoque 
aucun  trouble  particulier  ;  elle  est  compatible  avec  l'engrais- 
sement, et  cette  lésion  constitue  généralement  une  surprise 
d'autopsie. 

L'hjdronéphrose  bilatérale  peut  évoluer  et  atteindre  un 
degré  très  avancé  sans  déterminer  d'urémie  moi'telle 
(Soula). 

Lésions.  —  Le  rein  malade  est  représenté  par  une 
poche  volumineuse,  diverticulée  et  remplie  de  liquide  dont 
le  poids  peut  atteindre  42  kilos  (Richter).  Cette  poche 
aréolaire  présente,  çà  et  là,  quelques  îlots  de  substance 
rénale  quelquefois  réduite  à  une  petite  masse  réléguée  au 
hile.La  face  interne  de  la  cavité  est  d'un  blanc  nacré;  ony 
remarque  des  brides  tibreuses  disposées  transversalement. 
Habituellement  unilatérale,  elle  est  quelquefois  bilatérale 
[Squadrini  (11]. 

Traitement.  —  On  n'a  ordinairement  pas  l'occasion 
d'instituer  un  traitement. 

IV.  —  CHIEN. 

Étiologie.  —  L'hypertrophie  de  la  prostate  est  la  prin- 
cipale cause  d'hydronéphrose  chez  le  c/i/eH(Liénaux,1896; 

(1)  Squadrini,  Hydronèphrose  chez  la  truie  {Revue  gén.,  1908). 


152  REINS. 

Leigton,  1903).  Le  rétrécissement,  loLliléralion  pro- 
gressive des  uretères  par  iirélérite  (1)  sont,  exceptionnel- 
lement, des  causes  de  rétention  urinaire  simple  et  de 
dilatation  mécanique  du  rein. 

Les  tinneurs  de  la  vessie  peuvent  envahir  successivement 
les  orifices  desdfux  uretères  et  d('terminer  leur  obstruction 
[SufFran  et  Daille,  1905  ;  Huynen  (2)].  Les  autres 
obstacles  à  l'écoulement  de  l'urine  (coudure  de  l'uretère 
dans  le  rein  mobile,  calculs,  hernie  périnéale  de  la  vessie) 
sont  très  rarement,  chez  le  chion,  des  causes  dhydroné- 
phrose  iiT. 

Symptômes.  —  Ils  n'ont  généralement  rien  de  caracté- 
ristique :  ils  traliissent  habituellement  la  difficulté  de 
l'expulsion  de  l'urinesans  faire sou[)çonnerrhy(lronéphrose, 
qui  en  est  la  conséquence  exceptionnelle. 

Les  mictions  sont  fré(iuentes  et  douloureuses  :  le  sujet 
se  campe,  agite  la  queue,  conserve  deux  à  trois  minutes 
cette  attitude,  redouble  ses  efforts,  vousse  le  dos,  contracte 
les  muscles  abdominaux  et  ne  réussit  à  rejeter  qu'une 
faible  quantité  d'urine,  qui  s'écoule  quelquefois  goutte  à 
goutte. 

Le  catliétérisme  de  Vurètrc  dénonce  la  pernK'ubilité  fiar- 
faitedececanal.  L'examen  de  l'urine  peut  révéler  l'infection 
de  la  vessie  et  l'intégrité  du  rein  :  l'urine  est  albumineuse, 
foncée,  et  renferme  des  globules  rouges,  des  leucocytes, 
des  cellules  de  la  vessie  quand  il  y  a  cystite  simple  ou 
cystite  cancéreuse  ;  elle  est  dépoiu'vue  de  cellules  rénales 
et  de  cylindres,  si  les  reins  sont  indemnes. 

Le  toucher  rectal  fait  percevoir  l'état  de  la  prostate  si 
souvent  hypertrophiée  chez  les  vieux  cliiens. 

La  palpalion  abdominale,  vers  le  détroit  antérieur  du 
bassin,  renseigne  sur  l'état  de  la  vessie  et  permet  de 
dépister  les  tumeurs  et  les  dilatations  de  cet  organe,  qui 

(1)  Suffi-an  el  Daille,  Jieviie  vét.,  1905,  p.  Cli. 

(2)  Huynen,  Atui.  de  méd.  vét.,  1912,  p.  208. 

(3)  B&\\,Journ.  de  Lyon,  1903. 


HYDRONÉPHROSES. 


153 


atteint  quelquefois  le  volume  d'une  tête  d'enfant  et  remplit 
presque  entièrement  la  cavité  abdominale.  Ce  même  mode 


c  ' 


Fig.  27.  —  Hydronéphrose  du  rein  droit  avec  dilatatioa  de  l'uretère, 
(d'après  Huynen). 

b,  tumeur  de  la  vessie;  L.  lumière  de  la  vessie;  P,  prostate;  c,  canaux 
déférents. 

d'exploration,  appliqué  à  la  partie  supérieure  du  ventre, 
peut  faire  découvrir  le  rein  distendu  et  flottant. 

Le  pronostic  est  d'autant  plus  grave  que  la  plupart 
des  cas  d'hydronéphrose  sont  consécutifs  au  cancer  de  la 
vessie. 

9. 


154  REINS. 

Lésions.  —  Le  rein  atteint  d'hydronéphrose  est  augmenté 
de  volume,  déformé  ;  il  forme  une  tumeur  molle  et 
fluctuante  de  la  grosseur  des  deux  poings,  flottant  au  milieu 
de  la  masse  intestinale  ;  grAce  à  une  distension  excessive 
de  ses  moyens  d'attache,  il  renferme  ime  urine  d'attache 
claire  et  normale  (fig.  27). 

Ce  caractère  a  été  exceptionnellement  constaté  chez  le 
chien  ;  le  bassinet  et  les  dilatations  de  cet  organe  sont 
généralement  remplis  d'un  li(iuido  trouble. gluant,  jauniitre, 
caractéristique  d'une  infection  pyogènc:  il  y  a  dans  tous 
ces  cas  pyonéphrose  et  non  hydronéphrose.  Cette  alté- 
ration mécanique  pure  est  une  rareté  chez  les  carnivores. 

Le  parenchyme  rénal,  presque  complètement  disparu, 
ne  forme  plus  qu'ime  couche  mince  ayant  seulement 
quelques  millimètres  d'épaisseur  (Daille  et  SufTran). 

Les  uretères  sont  considi-rablement  dilatés  par  l'urine, 
surtout  à  leur  origine  dans  le  bassinet  rénal,  où  ils  s'élar- 
gissent en  forme  d'entonnoir. 

Diagnostic.  —  La  palpât  ion  alxiominale  permet  de 
reconnaître  l'hypertrophie  du  rein  atteint  d'hydronéphrose  ; 
l'absence  de  lièvre  différencie  l'hydronéphrose  de  la  pyo- 
néphrose, qui  a  été  souvent  confondue  avec  une  simple 
rétention  urinaire(l). 

La  limpidité  de  l'urine  rejetée  quand  la  vessie  n'est  pas 
atteinte  de  cyslile  ou  de  cancer  et  les  caractères  normaux 
<le  celle  qu'on  retire  du  bassinet  permettent  lic  distinguer 
rhydroné|)hrose  delà  pyonéphrose. 

Traitement.  —  11  faut  s'elTorcer  de  supprimer  les  causes 
de  rétention  urinaire.  Les  calculs  de  l'urètre  et  de  la 
vessie  sont  extraits,  mais  on  est  généralement  désarmé 
contre  les  cancers  de  la  vessie. 


(1)  Aliny,  Société  rentrale,'.iO  décembre  1897;  il  s'agissait  de  pyonéphrose 
consécutive  à  l'obstruction  de  l'uretère. 


REIN    POLYKYSTIQUE. 


155 


VII.  —  REIN  POLYKYSTIQUE. 

Définition.  —  Sous  le  nom  de  rein  polykystique,  de 
dégénérescence  kystique  du  rein,  on  désigne  une  maladie 
congénitale  ou  ac- 
quise caractérisée 
par  la  transforma- 
tion générale  de 
l'organe  en  un 
amas  de  cavités 
kystiques  qui  lui 
donnent  l'aspect 
d'une  grappe  volu- 
mineuse. Dévelop- 
pés en  plein  paren- 
chyme, ces  kystes 
se  distinguent  ainsi 
de  l'hydroné- 
phrose.  C'est  une 
affection  presque 
toujours  bilatérale 
et  qui  s'accom- 
pagne assez  fré- 
quemment, princi- 
palement chez 
Y  homme    (Collet), 

le  chien  (Roquet),  lâchât  [BoW)  (1).  et  probablement  aussi 
chez  les  autres  espèces,  d'une  lésion  analogue  du  foie.  On 
l'observe  fréquemment  chez  les  ruminants  et  les  porcins, 
rarement  chez  le  rhoval.  plus  souvent  chez  \'àne  (fig.  28). 

Kystes  de  la  néphrite  interstitielle.  —  Assurément 
les  petits  kystes  médullaires  qu'on  rencontre  dans  les  reins 


f:aVî/é-Li 


Fig.  :!5.  —  Rein  polykystique  de  l'dne. 

Un  kyste  apparaît   limité  par  une  membrane 
fibreuse  et  contient  un  exsudât  a:ranuleux. 


(1)  Bail,  Dégénérescence  kystique  des  reins,  du  foie  et  des  ovaires  (Journ. 
de  Lyon,  1911,  p.  405). 


156  REINS. 

atteints  de  néphrite  atrophique  lente  doivent  en  être  soi- 
gneusement distingués;  ils  sont  disséminés  sous  la  capsule 
et  résultent  évidemment  de  la  rétro-dilatation  des  tubes 
urinifères  en  amont  d'un  point  comprimé  par  la  sclérose 
interstitielle:  (iQ%i\epetitreinscléro-kystique,(\\x'on  observe 
principalement  chez  le  chien. 

Les  kystes  sous-capsulaires  sont  généralement  peu  nom- 
breux (une  quinzaine  tout  au  plus);  ils  ne  dépassent  pas 
le  volume  d'un  petit  pois  et  ne  se  développent  que  dans 
les  reins  chroniquement  enflammés;  ils  sont  généralement 
déchirés  ou  détachés  au  moment  de  l'enlèvement  de  la 
capsule  (1). 

Kystes  séreux.  —  Les  kystes  séreux  développés  dans 
un  tissu  rénal  sain  constituent  des  masses  de  volume 
variable,  tantôt  petites  et  multiples,  tantôt  volumineuses 
et  uniques,  à  paroi  lisse  et  mince  et  à  contenu  citrin 
devenant  parfois  hématique.  Les  reins  qui  en  sont  affectés 
ne  présentent  aucune  lésion,  sauf  une  légère  zone  sclé- 
reuse  tout  autour  de  la  production  pathologique.  Ces 
kystes,  qu'on  a  différenciés  jusqu'à  présent  du  reinpolykys- 
tiqve  ont  avec  lui  d'étroites  analogies  étiologiques,  anato- 
luiques,    sjmptomatiques  et    évolutives  (2). 

Étiologie.  —  Le  rein  polykystique  se  rencontre  chez 
tous  les  animaux  à  deux  périodes  de  la  vie:  à  la  naissance 
et  dans  les  premiers  tenq)s  de  la  vie  {vocUi,  agneau,  por- 
celet, poulain)  et  chez  l'adulte  [chien,  chat,  et  toutes  les 
espèces  domestiques).  En  dehors  de  l'âge,  les  conditions 
étiologiques  de  cette  altération  sont  totalement  inconnues. 

Anatomie  pathologique.  —  Cette  affection,  ordinaire- 
ment bilatérale,  se  traduit  chez  la  plupart  des  animaux  par 
une  augmentation  de  volume  des  reins  qui  sont  souvent 
énormes:  le  rein  devea^i  qui  vient  de  naître  pèse  quelque- 


(1)  Basset  et  Chaussé,  Ktude  sur  les  kystes  du  rein   (Revue  génér.,  t.  I, 
1906,  p.  465). 

(2)  Bail,  Cas  exceptionnel  des  kystes  ovariques  cl  rénaux  chez  \xw  dnvsse 
[Journ.  de  Lyon,  1899). 


REIN    POLYKYSTIQFE. 


157 


fois  2''«,300  (Arloing)  ;  ceux  du  fœtus  de  brebis,  de  truie, 
méritent  bien  l'appellation  de  gros  reins  polykystiques 
(Moi'ot)  ;  celui  du  c/i/e/i  adulte  présente  son  volume  normal 
et  est  souvent  plus  petit  (Basset  et  Chaussé)  ;  le  rein  de 
porc  adulte  peut  peser  3''b,500  (Thirion)  (1). 

La  forme  générale  de  l'organe  est  conservée;  mais  sa 
surface  est  irrégulière, 


bosselée  par  une  série 
de  saillies  hémisphé- 
riques de  volume  va- 
riable à  parois  lisses, 
miroitantes,  donnant,  à 
la  palpation,  la  sensa- 
tion do  vésicules  à  con- 
tenu liquide.  Les  kystes 
sont  d'autant  plus  nom- 
breux qu'ils  sont  moins 
volumineux  :  on  peut 
en  compter  une  cen- 
taine, mais  quelquefois 
il  n'y  a  que  quelques 
exemplaires  de  gran- 
deur inégale  (fig.  29). 

La  coupe  de  l'organe 
accuse  la  disparition  du 

parenchyme  rénal  ;  il  est  remplacé  par  des  cavités  de 
toutes  dimensions,  des  multitudes  d'aréoles  sphéroïdales 
qui  se  compriment  les  unes  les  autres,  tout  en  conservant 
leur  indépendance  réciproque  ;  on  peut  cependant  cons- 
tater des  communications  dues  à  des  cloisonnements  in- 
complets. 

Les  cloisons  sont  minces  et  transparentes  ;  il  n'existe 
souvent  entre  elles  aucune  trace,  visible  à  l'œil  nu,  de 
substance  rénale. 

(1)  Thirion,  Kyste  sous-capsulaire  du  rein  chez  le  pore  {Recueil  de  méd., 
1907,  p.  249). 


Fig.  29.  —  Rein  polykyslique  du  chat. 

Les  kystes  sont  situés  dans  la  substance 
corticale  du  rein  et  renferment  des  granu- 
lations albuminoïdes. 


158  REINS. 

Chez  la  plupart  des  animaux  comme  chez  ï homme,  la 
substance  corticale  a  complètement  disparu  ;  chez  le  chien, 
elle  persiste  souvent  ;  les  kystes,  localisés  à  la  substance 
médullaire,  donnent  à  celle-ci  l'aspect  d'une  éponge  ;  les 
plus  gros  siègent  généralement  à  la  base  des  pyramides 
de  Malpighi,  les  plus  petits  dans  le  voisinage  du  bassinet 
(Basset). 

Le  contenu  des  kystes  est  très  variable  d'aspect  d'une 
cavité  à  l'autre  ;  tantôt  fluide,  séreux,  citrin,  tantôt 
gélatineux,  colloïde,  rougeâtre.  ou  ambré,  répandant  une 
odeur  urineuse  (1),  quoique  l'analyse  chimique  démontre 
qu'il  est  assez  différent  de  l'urine;  il  est  généralement 
albumineux,  et  parfois  il  subit  la  transformation  purulente 
par  infection  secondaire. 

Il  n'est  i)as  rare  de  constater,  en  même  temps,  des  mal- 
formations du  bassinet,  des  uretères,  et  de  rencontrer, 
aussi  bien  chez  l'adulte  que  chez  le  fœtus,  des  kystes  ana- 
logues dans  le  foie,  les  ovaires,  dans  le  corps  thyroïde  et 
même  dans  la  rate. 

Les  cavités  kystiques  sont  formées  par  une  paroi  con- 
jonctive tapissée  d'un  épithéliuin  simple  ou  stratifié;  les 
cellules  qui  le  composent  sont  cubiques  ou  polyédriques,  à 
noyau  volumineux,  ovoïde  ou  arrondi;  les  cellules  super- 
ficielles, très  généralement  hautes  et  cylindritpies,  offrent 
parfois  tous  les  caractères  des  cellides  ciliées  ;  des  végéta- 
tions papilliformes  font  souvent  saillie  ilans  l'intérieur  des 
cavités  comme  dans  les  fibro-adénomes  kystiques  de  la 
mamelle. 

Entre  les  kystes,  le  tissu  rénal,  étouffé  par  la  sclérose, 
peut  avoir  complètement  disparu,  il  peut  être  simplement 
comprim(''  ;  mais,  parfois,  il  a  gardé  son  inlégriti-  parfaite 
sans  aucune  prolifération  de  son  tissu  interstitiel;  la  sclé- 
rose manque  autour  des  petits  kystes;  elle  est  marquée  et 
plus  nettement  fibreuse  auloiu'  des  grands  kystes. 

(1)  .Moi'cl   et  Vieilluril,  Rein  polykystir|uc  cliez  un  ««e  {Revue  vét.,  1909). 


REIN    POLYKYSTIQUE.  159 

Pathogénie.  —  a.  Théorie  inflammatoire.  —  Les  tubes  uri- 
nifères  sont  l'origine  des  kystes;  les  cavités  glomérulaires 
ne  prennent  qu'une  faible  part  à  la  dilatation.  Chezl'/wm- 
7«e,les  tnbuli  contovti  sont  considérés  comme  étant  leur 
point  de  départ;  chez  le  chien  et  peut-être  aussi  chez  le 
cheval,  ils  se  développent  aux  dépens  des  tubes  collec- 
teurs. L'épithélium  du  canal  prolifère  se  stratifié  pendant 
que  le  conjonctif  bourgeonne  et  fait  subir  à  la  lumière  du 
tube  des  constrictions  latérales  d'où  résulte  un  tube  à  appa- 
rence moniliforme  ;  puis  les  étranglements  se  complètent 
et  le  chapelet  s'égrène  ;  les  grains  isolés  forment  des 
kystes  (Basset).  Cette  théorie  de  la  néphrite  scléreuse  ne 
paraît  pas  s'appliquer  au  rein  polykystique  congénital, 
dépourvu  de  lésions  de  néphrite  interstitielle  ;  d'autre 
part,  elle  explique  encore  moins  la  coexistence  fréquente 
chez  l'adulte  comme  chez  le  fœtus,  des  mêmes  kystes 
dans  le  foie.  On  ne  peut  d'ailleurs  s'empêcher  de 
reconnaître  qu'il  existe  une  dissemblance  frappante 
entre  l'aspect  du  rein  polykystique  du  veau,  de  l'a- 
gneaii,  du  porcelet,  et  celui  des  reins  scléreux  du  chien 
parsemés  de  quelques  kystes.  La  sclérose  dans  le  rein 
polykystique  est  toujours  confinée  au  pourtour  des  grands 
kystes  et  fait  défaut  autour  des  petits,  de  sorte  qu'on  peut 
considérer  la  sclérose  périkystique  non  comme  initiale, 
mais  comme  secondaire. 

b.  Théorie  de  l'adénome.  —  La  prolifération  épithéliale 
observée  dans  le  rein  polykystique  étant  assimilée  à  celle 
qu'on  rencontre  dans  les  processus  adénomateux  et  par- 
ticulièrement dans  l'épithélioma  mucoïde,  on  a  pu  penser 
que  les  kystes  dérivent  d'un  processus  analogue  ;  mais  de 
nombreux  arguments  s'élèvent  contre  cette  manière  de 
voir. 

La  néoformation  épithéliale  se  borne  à  tapisser  les 
cavités  kystiques;  elle  ne  devient  jamais  infectante,  et  on 
n'observe  jamais  ni  envahissement  ganglionnaire,  ni  méta- 
stase ;  les  kystes  qui  se  développent  dans  le  foie  résultent 


160  REINS. 

du    même  processus  évolutif  et  non  d'une    localisation. 

c.  Théorie  TÉRATOLOGiQUE.  — Le  rein  polykystique  est  une 
malformation  congénitale  due  à  une  oblitération  destubes 
par  atrésie  papillaire  ou  à  un  défaut  d'abouchement  des 
tubes  supi'i'ieurs  avec  les  tubes  inférieurs.  La  rétention  des 
produits  de  sécrétion  amène  la  dilatation  kystique.  Cette 
théorie  explique  la  pathogénie  du  rein  polj kystique  des 
fœtus  ou  des  jeunes  animaux  :  elle  permet  de  concevoir 
la  coexistence  de  pareilles  altérations  dans  le  foie;  elle  est 
moins  solidement  étayée  quand  il  s'agit  d'interpréter  les 
kystes  des  uniinanx  adultes  ou  âgés.  Pourtant  on  sait  que 
les  kystes  salivaires  d'origine  congénitale  et  bien  d'autres 
affections  de  même  origine  demeurent  longtemps  à  l'état 
de  germe  inclus  pour  évoluer  tardivement. 

Symptômes.  —  Les  symptômes  font  géiféralement 
défaut;  la  mort  peut  survenir  par  urémie  comateuse  sans 
qu'on  ait  même  soui^çonné  l'exislence  d'une  aiTection 
rénale. 

L'exploration  des  reins  par  le  rectum  permettrait  de 
constater  une  tumeur  rénale  bilatérale,  ferme,  rénitente, 
mobile  ou  ballottante,  indolore  à  la  pression:  mais  on  ne 
songe  pas  à  la  pratiquer. 

Traitement.  —  Le  rein  polykyslique  n'est  pas  une 
lésion  ayant  quelque  chance  d'être  dépistée;  on  ne  peut 
d'ailleurs  la  combattre:  tout  traitement  est  inutile. 

VIIL  —  PyKLONf:i'lI RITES   KT    PY()M':Pri ROSES. 

Considérations  générales.  —  La  pyclite  est  l'inllam- 
mation  du  bassinet  ;  elle  s'associe  ordinairement  à  l'in- 
flammation du  parenchyme  rénal  :  c'est  alors  la  pijélo- 
néphrite.  Si  la  rétention  vient  s'ajouter  à  l'infection,  des 
collections  purulentes  se  forment  aux  dépens  du  bassinet 
et  des  calices  dilatés  :  c'est  lapyoncphrose.  Ces  altérations 
sont  d'autant  plus  fréquentes  chez  certaines  espèces  que  le 
rein  est  menacé  par  deux  voies  :  les  microbes  peuvent  y 


PYÉLONÉPHRITES  ET  PYONÉPHROSES, 


161 


parvenir  :  1°  par  la  voie  descendante  ou  hématogène,  c'est-à- 
dire  en  abordant  le  parenchyme  par  l'intermédiaire  de 
la  circulation  sanguine  ;  c'est  la  voie  dominante,  presque 
exclusive,  chez  les  solipèdes,  très  exposés  aux  infections 


pjcr.   30.  —  Schéma  de  l'infection  ascendante  et  descendante. 


septicémiques  qui  produisent  les  abcès  du  rein  et  les 
pyélonéphrites  suppurées  ;  2°  par  la  voie  ascendante  ou 
urinaire,  commençant  par  une  infection  génitale  ou  urinaire 
qui  gagne  l'urètre,  la  vessie,  et  se  propage  au  rein  par  la 
voie  canaliculaire  ascendante,  à  la  faveur  de  la  rétention 
vésicale  qui  affaiblit  le  courant  de  l'urine  dans  l'uretère, 
amène  la  stase  urétérale  et  parfois  même  crée  un  reflux 
vers    le    bassinet  et    les  tubes   urinifères  (fig.   30).    La 


162  REIXS. 

pyélonéphrite  ascendante  et  la  pyélonéphrite  liématogène 
se  disputent  la  prééminenfe  chez  les  hovidès,  qui  sont 
ainsi  les  plus  sujets  à  cette  infection  ri'nale  dans  laquelle 
s'associent  trois  ordres  d'altérations  :  les  abcès,  la  pyélite, 
la  pyonéphrose.  Les  abcès  rénaux  et  les  pyélonéphrites 
suppiirécs  compliquent  les  toxi-infections  générales  comme 
la  pyélite,  la  pyélonéphrite  et  la  pyonéphrose  compli- 
quent les  infections  des  voies  urinaires.  Si  l'ordre  d'appa- 
rition de  ces  altérations  est  insidieux,  leur  origine  est  la 
même  ;  elles  procèdent  toujours  d'infections  multiples, 
aépourvues  généralement  de  toute  spécificité.  Les  liens  les 
plus  intimes  unissent  les  abcès  du  rein  aux  pyélonéphrites. 
Tous  les  microbes  pathogènes,  qu'ils  soient  ou  non  habi- 
tuellement pathogènes,  peuvent  provoquer  des  abcès  du 
rein  et  des  pyélonéphrites  quand  ils  parviennent  dans  cet 
organe  par  la  voie  hématogène  ;  tous  les  microbes  qui 
remontent  dans  le  bassinet,  par  stase  urinaire,  peuvent 
déterminer  de  la  pyélonéphrite  et  des  abcès.  Ces  deux 
lésions  ont  la  même  étiologie,  la  même  pathogénie,  les 
mêmes  manifestations  cliniques,  de  sorte  que  leur  sépara- 
tion est  purement  théorique  ;  leur  réunion  dans  un  tableau 
clinique  d'ensemble  nous  paraît,  au  contraire,  entière- 
ment justifiée.  D'autre  part,  désigner  la  pyélonéphrite  des 
hovidrs  sous  le  nom  de  pyélonéphrite  bactérienne  ou  de 
pyélonéphrite  infectieuse,  c'est  prétendre  ou  tout  au 
moins  laisser  croire  que  cette  appellation  naïve  a  une  signi- 
fication spéciale  qu'elle  n'a  pas.  L'infection  est  la  caracté- 
ristique des  pyélonéphrilcs  siippiii-ées  de  toutes  les 
espèces  animales. 

1.  —  SOLIPÈDES. 

Étiologie.  —  Toutes  les  maladies  infectieuses  seplicé- 
miqucs  [M'uvent  créer  des  suppurations  rénales,  commeelles 
peuvent  déterminer  des  néphrites.  Il  convient  de  iMter  tout 
particulièrement  :  la  septicémie,  la  pyohémie,  lendocar- 


PYÉLONÉPHRITES  ET  PYONÉPHROSES.         163 

dite,  la  bronchopneunionic,  les  pneumonies  infectieuses, 
la  gourme  avec  ses  diverses  manifestations,  telles  que  les 
pharyngites  phlegmoneuscs.  la  morve,  la  pyémie  qui 
succède  à  l'infection  ombilicale. 

Des  septicémies  compliquant  des  ulcérations  gastro- 
intestinales, des  entérites  chroniques  (Hasmanow,  Fraim- 
bault)  peuvent  produire  des  abcès  pyémiques  du  rein.  Les 
microbes  apportés  par  le  sang  s'arrêtent  dans  les  capil- 
laires de  la  substance  corticale  (réseaux  glomérulaires  ou 
péritubulaires),  provoquent  la  formation  d'infections  qui 
suppurent  et  se  convertissent  en  abcès.  Les  microbes  les 
plus  fréquemment  en  cause  sont  le  colibacille,  le  strepto- 
coque, le  staphylocoque.  La  pyélonéphrite  nous  apparaît, 
dans  tous  ces  cas,  comme  une  complication  d"une  maladie 
préexistante. 

L'infection  ascendante  est  elle-même  préparée  ou  faci- 
litée par  un  obstacle  plus  ou  moins  complet  à  l'écoulement 
de  l'urine.  Les  calculs,  les  paralysies  vésicales  d'origine 
médullaire,  les  cystites  colibacillaires,  les  tumeurs  de  la 
vessie,  notamment  le  cancer  de  cet  organe,  peuvent  pro- 
duire la  rétention  de  l'urine  et  l'infection  du  bassinet.  Les 
germes  qui  atteignent  les  tubes  urinifères  provoquent, 
suivant  leur  action  irritative,  soit  une  sclérose  simple  avec 
foyers  embryonnaires  sans  suppuration,  soit  la  néphrite 
suppurée.  Parmi  eux.  le  bacille  de  la  suppuration  ca- 
séeuse  est  des  plus  envahissant  ;  il  revendique  divers  cas 
de  pyélonéphrite  et  de  suppuration  rénale  des  solipèdes 
(Schmidt.  Panisset  et  Vieillard).  On  a  vu  aussi  cette 
maladie  compliquer,  chez  un  étalon,  un  abcès  para-urétral 
(Hess).  On  observe  quelquefois  au  Transvaal  une  néphrite 
purulente  attribuée  au  Bacillus  uephriditis  equi  et  qu'on 
a  pu  reproduire  expérimentalement  (Meyer,  1908-1909  . 

La  néphrite  purulente  a  quelquefois  aussi  une  double 
origine.  Primitivement  simple,  d'ordre  toxique,  l'altération 
du  rein,  provoquée  par  le  sang  chargé  d'une  substance 
irritante,  se  complique  d'une    infection   d'origine  ascen- 


164 


HEIXS. 


danle.  Les  dôsordros  de  la  néphrite  primitive  facilitent  la 
puUulation  des  germes  que  peut  contenir  le  bassinet. 

Les  trainnalismes  (chutes,  contusions,  etc.)  peuvent 
localiser  exceptionnellement  des  processus  infectieux  dans 
les  reins. 

Anatomie  pathologique.  —  Abcès miliaires.  — Les  em- 
bolies sepli(iues  provoquent  des  loyers  suppuralifs  appelés 

abcès  miliaires,  en 
raison  de  leur  ap- 
parence habituelle. 
Les  deux  reins  sont 
ordinairement  alté- 
rés simultanément 
et  au  même  degré  ; 
ils  sont  turgescents, 
violacés  ou  ecchy- 
moses. Sous  la  cap- 
sule et  sur  les  cou- 
pes, on  aperçoit  de 
nombreux  abcès 
corticaux  du  vo- 
lume d'un  grain  de 
mil  à  celui  d'im 
pois,  constitués  au 
centre  par  une  pe- 
tite quantité  de  pus 
blanchâtre  ou  jau- 
nâtre et.  à  la  péri- 
phérie, par  une  zone 
congestive  foncée 
ou  hémorragique. 
Quand  ces  petits 
abcès  sont  confluents,  la  coupe  offre  un  aspect  aréo- 
laire.  On  peut  constater,  en  même  temps,  de  véritables 
infections  septiques  (fig.  31  ;. 

Les  voies  urinaires  inférieures  (bassinet,  uretères)  sont 


Fig.  31.   —  Abcès  miliaires  dans  la  néphrite 
embolique. 


PYÉLONÉPHRITES  ET  PYONEPHROSES.         165 

normales.  Histologiquement  ces  abcès  métastatiques  sont 
caractérisés  par  une  embolie  microbienne  centrale  avec 
thrombo-capillarite  infectieuse,  ordinairement  strepto- 
coccique,  diapédèse  intense,  dégénérescence  et  nécrose 
des  épithéliums  tubulaires  et  congestion  périphérique 
marquée. 

De  volumineux  abcès  métastatiques  d'origine  strepto- 
coccique  peuvent  se  développer  pendant  la  gourme  et 
convertir  cet  organe  en  un  sac  purulent  énorme  renfer- 
mant plusieurs  litres  de  pus  (Chouard,  Hasmanow,  Zundel). 
Le  microbe  de  Preisz-Guinard  peut  déterminer  une  vaste 
collection  purulente  englobant  lun  des  reins  et  contenant 
jusqu'à  6  litres  de  pus  (Cocu>  Les  infections  rénales 
descendantes  peuvent  déterminer  des  abcès  disséminés 
irrégulièrement  dans  le  parenchyme  (néphrites  diffuses 
infiltrées)  ou  simplement  des  néphrites  avec  congestion 
ecchymotiqueel  lésions  l'pithéliales  principalement  accusées 
au  niveau  des  tubes  contournés. 

Pyélonéphrite .  —  Les  lésions  depyélonéphrite  ont  deux 
sources:  l'infection  pyogène  et  la  distension  rénale.  Quand 
il  n'y  a  pas  de  distension,  la  muqueuse  du  bassinet  est 
congestionnée,  tuméfiée,  parsemée  de  points  hémorragi- 
ques et  recouverte  de  sédiments  urinaires  d'aspect  crémeux 
et  d'exsudats  glaireux  purulents.  L'affection  évolue  lente- 
ment ;  les  parois  du  bassinet  sont  épaissies,  fibreuses  et 
tapissées  d'un  exsudât  muco-purulent. 

Dans  les  cas  aigus,  les  reins  sont  congestionnés,  ecchy- 
moses, semés  de  petits  abcès  corticaux  ou  sous- 
capsulaires,  de  stries  purulentes  et  jaunâtres  qui  rayonnent 
en  éventail  dans  les  pyramides.  Dans  les  cas  chroniques, 
le  rein  est  mou,  grisâtre,  scléreux. 

Quand  la  distension  s'ajoute  à  V infection,  il  y  a.  pyoné- 
phrose;  le  rein,  toujours  augmenté  de  volume,  est  quelque- 
fois énorme,  de  forme  arrondie,  plus  ou  moins  globuleuse. 
Sa  surface  est  lisse,  sa  capsule  épaissie.  Sur  une  coupe, 
le  bassinet  se  montre  largement  dilaté,  rempli  d'un  pro- 


166 


REINS. 


(luit  purulent,  gluant,  fétide  ou  inodore,  dans  lequel  nagent 
des  llocons  albumineux.  Les  pyramides  sont  aplaties,  le 
parenchyme  rénal  atrophié,  la  distinction  entre  les  deux 
couches  impossible. 

A  Vexamen  microscopique,  sur  des  coupes  longitudinales 
de  l'organe,  parallèles  à  l'axe  des  pyramides,  le  tissu  se 


Fig.  32.  —  Couje  iransvei;-alu  des  pyramides  (Gross.  :  70  diam.). 

A,   tubes    collecteurs  remplis  de  leucocytes  ;     B,   glomérules    de  Malpigbi 
sclérosés;    C,  anses  de  lleale  (d'après  Hesiioit). 


montre  l'orme  d'alvéoles  ri'iiiplis  de  leucocytes,  séparés 
par  des  travées  conjonclives.  Cet  aspect  particulier  est  la 
conséquence  d'une  dilatation  consid(''rable  des  tubes  collec- 
teurs qui  sont  bourrés  de  leucocytes  (Besnoit).  Dans  les 
pyramides  de  Malpighi,  les  tubes  sont  séparés  par  des 
bandes  conjonclives,  leur  épiihéliiim  aplati,  cubique.  Les 
anses  de  Henle  sont  atrophiées  par  le  développement  du 
tissu  conjonctil'.  La  sclérose  de  la  substance  corticale  est 
également  très  manifeste  ;  il  n'existe  que  des  vestiges  de 
tubes  contournés.  La  capsule  des  glomérules  est  épaissie. 


PYÉLONÉPHRITES  ET  PYONÉPHROSES.         167 

fibreuse,  le  bouquet,  vasculaire.  atrophié.  Beaucoup d'arté- 
rioles  ont  disparu  par  sclérose  (fig.  32). 

Les  uretères  sont  intacts  ou  lésés  seulement  dans  leur 
segment  supérieur  quand  l'infection  est  descendante  ou 
d'origine  sanguine  ;  la  pyélite  peut  évoluer  sans  cystite. 

Dans  les  pyélonéphrites  ascendantes,  les  lésions  uré- 
térales  ne  peuvent  manquer  ;  l'urétérite  est  l'intermé- 
diaire obligé  entre  la  pyélonéphrite  et  la  cystite.  L'uretère 
dilaté  forme  un  conduit  de  diamètre  inégal,  épaissi,  rigide, 
entouré  d'une  forte  gangue  scléreuse  de  périurétérite. 
Symptômes.  —  Les  abcès  rénaux  d'origine  pycmique  ne 
s'accusent  par  aucune  manifestation  caractéristique.  Les 
signes  de  l'affection  causale  dominent  la  scène  :  la  suppu- 
ration rénale  y  ajoute  seulement  des  symptômes  généraux 
ou  aggrave  ceux  qui  existaient  déjà  :  appétit  nul,  soif  vive, 
constipation  remplacée  par  la  diarrhée,  état  fébrile  rémit- 
tent, procédant  par  paroxysmes  irréguliers  et  suivis  de 
sueurs  profuses,  la  température  atteignant  quelquefois 
41°  (ïrasbotj,  respiration  courte,  accélérée,  pouls 
petit,  filant,  douleurs  abdominales  avec  frissons,  troubles 
nerveux,  amaigrissement  rapide. 

Les  abcès  rénaux  volumineux,  la  j)\jélonéphrite  et  la 
pyonéphrose  sont  dénoncés  par  une  douleur  et  une  tumé- 
faction rénales  et  par  les  modifications  de  l'urine. 

a.  La  douleur  rénale  se  traduit  quelquefois  par  la  diffi- 
culté du  déplacement  des  membres  postérieurs.  Les  malades 
boitent  alternativement  de  l'un  ou  de  l'autre  membre 
(Olivier,  Coupland)  ou  présentent  de  la  faiblesse  d'une 
extrémité  consécutivement  à  la  compression  du  plexus, 
lombo-sacré  parlamasse  rénale  hypertrophiée  (Benjamin). 
La  sensibilité  de  la  région  lombaire  est  augmentée  ; 
la  pression  du  rein  et  du  sacrum  fait  affaisser  l'animal 
(Deubser)  ;  la  douleur  spontanée  se  traduit  par  des 
coliques  sourdes  qui  augmentent  beaucoup  d'intensité 
quand  il  y  a  rétention  du  pus  ou  pyonéphrose  et  qui 
diminuent  ou  cessent  quand  il  y  a  évacuation  du  pus.  II  y  a 


168  REINS. 

aussi  de  l'oligurio  et  de  la  strongurie.  Exceptionnelle- 
ment, les  volumineux  abcès  du  rein  communiquent  avec 
l'extérieur  par  une  fistule  (Cocu). 

b.  La  tuméfaction  du  rein  n'est  appréciable  que  dans 
les  pjélonéphrites  avec  grande  rétention.  L'exploration 
rectale  décèle  alors  l'existence  d'une  vaste  poche  fluc- 
tuante ou'dune  tumeur  volumineuse,  dure,  pendante,  un  peu 
mobile  même  au  milieu  des  anses  intestinales  (Besnoit, 
Huguet,  Marcenac). 

c.  Uurine  rejelée  est  plus  foncée  qu'à  l'élat  normal, 
épaisse,  gélatineuse,  purulente  et  quelquefois  iélide  ;  le 
microscope  y  décèle  la  présence  de  cristaux  de  phos- 
phates, de  globules  purulents  et  d'éléments  rénaux  mor- 
tifiés (Liesering)  et  quelquefois  de  globules  rouges.  La 
pyurie  est  le  signe  le  plus  constant  ;  mais  il  subit  de 
grandes  variations,  suivant  que  la  rétention  est  passagère 
ou  persistante.  Certains  jours,  la  quantité  de  pus  diminue 
dans  les  urines  ou  cesse  de  s'y  montrer  ;  il  se  produit 
alors  dans  le  rein  une  rétention  purulente  dénoncée  par 
l'aggravation  des  symptômes  fébriles  etseptiques. 

d.  Ui'tat  général  devient  inquiétant  sous  l'influence  de 
l'intoxication  purulente  et  urémique  ;  le  poil  est  piqué,  le 
flanc  levrette,  lappétit  nul;  il  y  a  des  alternatives  de 
constipation  et  de  diarrhée;  la  température  est  toujours 
oscillante,  et  des  œdèmes  cachectiques  se  manifestent  aux 
membres  postérieurs  et  au  fourreau  :  mais  ces  engorge- 
ments œdémateux  sont  rares. 

Pronostic.  —  La  gravité  de  la  pyélonéphrite  et  des 
abcès  du  rein  varie  suivant  l'unilatéralité  ou  l'atteinte 
simultanée  des  deux  reins  :  la  pyélonéphrite  double, 
comme  celle  qui  succède  aux  infections  hématiques, 
tue  rapidement  les  malades;  la  pyélonéphrite  unilatérale, 
qui  résulte  d'une  infection  ascendante  déterminée  par  le 
microbe  de  la  suppuration  caséeuse,  permet  aux  animaux 
d'atteindre  la  vieillesse. 

Traitement.   —  Les  antiseptiques   internes  sont    tout 


PYELONEPHRITES    ET    PYONEPHROSES. 


169 


indiqués  dans  le  traitement  de  la  néphrite  purulente  :  la 
créosote,  l'acide  salicjlique,  le  ^alol.  Tràsbot  dit  s'être 
bien  trouvé  de  l'emploi  des  formules  suivantes  : 


Salicylate  de  soude 30  gr. 

Eau-de-vie 200  — 

Poudre  de  digitale 4  — 

Electuaire  à  la  réglisse.    ...  Q-   S. 


Acétate  d'ammoniaque. .    ..  30  gr. 

Eau-de-vie 300  — 

Poudre  de  digitale 2  — 

Electuaire Q .  S . 


Au  bout  de  quelques  ours,  lorsqu'on  a  constaté  une 
amélioration,  on  remplace  cette  formule  par  le  nitrate 
de  potasse  additionné  de  bicarbonate  de  soude,  parties 
égales  10. 


II. 


BOVIDES. 


Définition.  —  La  pyélonéphrite  des  bovidés  consiste 
généralement  dans  une  pyonéphrose  plus  ou  moins 
accusée  caractérisée  par  la  pyurie,  la  tuméfaction  rénale, 
la  douleur  locale  et  des  troubles  généraux  pyoseptiques,  à 
évolution  lente  ou  rapide  et  à  terminaison  mortelle. 

Cette  maladie  fréquente  a  été  signalée  par  les  praticiens 
de  tous  les  pays.  Décrite  en  France  par  Rossignol  (1848), 
en  Allemagne  par  Pilvk'ax  (1867),  son  origine  microbienne 
a  été  reconnue  par  Siedamgrotzky  (1875)  et  confirmée 
par  Dammann  (1877),  Hess  (1888-1892),  Bang  (1889), 
Schmidt  (1890),  Hofflich  (1891),  Enderlen  (1891),  Lucet 
(1892),  Mollereau  et  Porcher  (1895),  Jensen  (1896), 
Cadéac  et  Morot  (1897),  Liénaux  et  Zwaenopoel  (1902), 
Ernst  (1905). 

Étiologie  et  pathogénie.  —  Cette  maladie  polymicro- 
bienne,  désignée  communément  sous  le  nom  de  pyélo- 
néphrite bacillaire  ou  de  pyélonéphrite  bactérienne,  résulte 
tantôt  d'une  infection  hématogène  ou  descendante,  tantôt 
d'une  infection  urinaire  ou  ascendante.  La  fréquence  rela- 
tive de  ces  deux  modes  d'infection  pyélorénale  dépend  des 
propriétés  biologiques  des  microbes  susceptibles  d'infecter 
les  reins.  Il  y  a  des  microbes  qui  peuvent  y  parvenir  par 
la  voie  sanguine  comme  par  la  voie  urinaire  ;  il  en  est 
Cadéac.  —  Pathologie  interne. VIL  JO 


170  REINS, 

d'autres  qui  infectent  seulement  de  proche  en  proche  ou 
qui  s'aventurent  tout  au  plus  dans  le  système  lymphatique, 
la  circulation  sanguine  demeurant  généralement  fermée 
devant  leurs  tentatives  d'invasion. 

La  détermination  des  microbes  découverts  dans  les  reins 
affectés  de  pjélonéphrite  permet  généralement  de  pré- 
sumer leur  voie  d'introduction.   On  sait  notamment  que 


Fig.  33.  —  Sédiment  urinaire  d'une  vache  à  pyélonéphrite. 

a,  Corynebacillus  renalis  ;   b,  cellules   épithéliales  pavinienleuses  des  ca- 
naux urinaires;  r,  cellules  du  rein  ;  d,  cellules  de  pus;  e,  globules  rouges. 

les  staphylocoques, \os  streptocoques, \emicvohepyocyaniquc, 
le  colibacille  peuvent  suivre  indifféremment  la  voie  héma- 
togène ou  la  voie  urinaire,  tandis  que  le  bacille  de  la 
suppuration  casccuse  se  propage  plus  spécialement  par  les 
muqueuses,  la  peau  et  le  système  lymphati(pie.  Tous  les 
microbes  pyogèncs  qui  atteignent  le  rein  par  la  voie 
urinaire  ou  par  la  voie  hématogène  peuvent  déterminer 
la  pyélonéphrite. 


PTÉLONEPHRITES  ET  PY0XÉPHR05ES.         171 

Le  CorynebaciUus  renalis  (Ernsf,  appelé  encore 
Bacillus  renalis  bovis,  Bacillus  pyelonephritidh  bovum.  est 
l'un  des  agents  les  plus  fréquents  de  la  pyélonéphrite  du 
bœuf.  C'est  un  bâtonnet  polymorphe  de  2-3  ou  même 
4  [i  de  long  sur  Oa.6  à  0a,7  de  largeur,  immobile,  tantôt 
flexueux.  tantôt  recourbé  et  arrondi  aux  extrémités. 
Dans  l'urine,  ces  bacilles  sont  agglomérés  en  touffes  de  la 
grosseur  d"un  grain  de  sable,  ce  qui  a  fait  donner  à  ce 
microbe  le  nom  de  CorynebaciUus.  Ils  se  colorent  bien 
par  le  Gram  ou  le  Weigert;  ils  sont  aérobies,  cultivent 
à  37°  sur  milieux  solides,  comme  l'agar.  sur  le  sérum 
sanguin,  dans  le  bouillon  ordinaire,  dans  l'iu-ine  neutre  ou 
faiblement  alcaline  et  dans  l'agar  d"urine  :  ils  ne  produisent 
ni  acide,  ni  indol,  mais  laspect  de  leurs  cultures  varie 
suivant  les  variétés  de  ce  microbe,  qui  se  rapproche  et 
se  confond  avec  celui  de  la  suppuration  caséeuse  ou 
microbe  de  Preisz-Guinard  (Liénaux.  Hutyra).  Il  en  a  les 
propriétés. 

L'injection  intraveineuse  des  cultures  de  ce  microbe 
demeure  généralement  sans  effet,  aussi  bien  chez  les 
bovidés  que  chez  les  moutons.  L'injection  intravésicale 
chez  la  vache  ne  provoque  ordinairement  aucun  trouble, 
exceptionnellement  une  pyélonéphrite  (  Masselin  et 
Porcher).  La  présence  de  ce  microbe,  regardé  à  tort 
comme  spécifique,  ne  résout  que  très  imparfaitement  la 
question  de  l'étiologie  de  cette  maladie.  C'est  un  microbe 
banal,  cosmopolite  (fig.  33). 

Il  n'est  d'ailleurs  pas  seul  en  cause  :  l'infection  rénale 
est  généralement  mixte;  les  microbes  de  la  suppuration 
et  tous  les  microbes  vulgaires  peuvent  s'y  trouver  associés. 
On  y  a  rencontré  des  staphylocoques  (Cadéac,  etc.),  des 
streptocoques  (Moussu),  des  cocci  (Kitt),  le  microbe  pyocya- 
nique  (Cadéac  et  Morot),  des  bacilles  courts  ou  grêles,  qui 
tantôt  prennent  le  Gram.  tantôt  ne  prennent  pas  cette 
coloration,  des  colibacilles  (Jensen,  Kitt),  le  Bacillus 
enteritidis  (Sommer),  le  bacille  de  Koch  (Ernst),  c'est-à- 


172  REINS. 

dire  tous  les  microbes  des  aliments,  de  la  litière,  du 
fumier  et  du  purin.  Au  point  de  vue  bactériologique,  la 
pyélonéphrile  des  bovidés,  comme  celle  des  autres 
animaux,  est  essentiollernenl  une  maladie  polymicro- 
bienne.  Si  la  concurrence  vitale  favorise  certaines  espèces 
ou  détriment  de  quelques  autres,  il  ne  s'ensuit  pas  qu'on 
puisse  incriminer  exclusivement  les  espèces  survivantes 
et  innocenter  les  espèces  disparues.  Les  variétés  du 
bacille  de  Preisz-Guinard  et  celles  du  colibacille 
paraissent  douées  d'une  telle  résistance  que  les  ense- 
mencements du  pus  retiré  des  reins  malades  donnent 
des  cultures  pures  de  ces  microbes.  Les  uns  et  les 
autres  sont  d'ailleurs  impuissants  à  provoquer  la  pjélo- 
néphrite  tant  que  leur  arrivée  dans  les  reins  et  leur  implan- 
tation dans  ces  organes  ne  sont  pas  favorisées  par  des 
influences  secondaires. 

L'infection  descendante  ou  hématoyène  n'a  guère  de 
chance  de  s'effectuer  en  dehors  des  cas  de  rétention  rénale 
complète  ou  incomplète.  Quand  cette  cause  n'intervient 
pas,  les  microbes  traversent  rapidement  le  rein  sans  s'y 
arrêter.  Deux  minutes  après  leur  injection  dans  les  veines, 
on  les  retrouve  dans  l'urine  (Klecki).  Cette  élimination 
microbienne  ou  cette  bactériurie  peut  même  persister 
pendant  des  semaines  et  des  mois  sans  déterminer  d'alté- 
ration profonde  des  reins  ou  de  la  vessie.  Il  en  est  tout 
autrement  si  l'on  comprime  les  uretères  ou  si  cette  com- 
pression est  produite  spontanément  par  l'utérus  gravide 
ou  par  la  lithiase  rénale.  Les  microbes  déversés  dans  le 
rein  par  les  vaisseaux  peuvent  alors  s'y  installer  et  y 
cultiver;  l'injection  intraveineuse  de  microbes  pyogènes 
détermine  l'infection  d'hydronéphroses  expérimentales.  Les 
slaphylorO(|ucs  injectés  sous  la  peau  ou  dans  les  veines 
produisent  alors  une  pyélonépbrile  1ypi(]ue  (J.  Koch).  Il 
est  îi  présumer  que  les  colibacilles  et  les  paracoli  absorbés 
par  la  muqueuse  intestinale  saine  ou  malade  peuventélire 
domicile  dans  le  rein  quand  des  conditions  de  rétention 


PYÉLONÉPHRITES  ET  PYOXÉPHROSES.         17Î 

OU  des  lésions  rénales  chroniques  favorisent  leur  implan- 
tation dans  ces  organes  (Bollinger,  Fickers,  Bang). 

L'infection  pyélorénale  ascendante,  regardée  à  tort 
comme  la  cause  principale,  sinon  exclusive,  de  la  pyélo- 
néphrite,  est  elle-même  subordonnée  à  des  lésions  anciennes 
ou  récentes  de  l'appareil  génito-urinaire  qui  sont  presque 
toutes  des  facteurs  de  rétention.  Les  acrobustites,  les 
urétrites,  la  lithiase  urinaire  chez  les  mâles,  les  infections 
génitales  post  partum  et  tous  les  accidents  de  la  partu- 
rition  (métrites,  vaginites,  cystites,  fistules  recto-vaginales), 
chez  les  femelles,  se  compliquent  de  pyélonéphrite  indi- 
rectement en  produisant  une  infection  sanguine  suivie 
d'endocardite,  compliquée  à  son  tour  de  néphrite  purulente 
[Scherzer  (d)];  directement  en  amenant  la  rétention  de 
l'urine  et  l'infection  de  la  vessie.  Or  la  vessie  infectée 
qui  ne  se  vide  pas  est  une  menace  permanente  d'infection 
pour  les  uretères  et  le  bassinet. 

D'une  part,  les  microbes  peuvent  refluer  dans  les 
uretères  et  le  bassinet  à  la  faveur  de  la  rétention  de 
l'urine  ;  ils  peuvent  déterminer,  d'autre  part,  une  cystite 
avec  destruction  de  l'épithélium  de  la  muqueuse  vésicale, 
ce  qui  leur  permet  de  passer  dans  le  sang  et  d'atteindre  le 
rein  par  la  voie  hématogène.  Les  germes  infectieux  qui 
sont  le  point  de  départ  de  ces  pyélonéphrites  comprennent 
principalement  les  bactéries  du  groupe  coU  et  celles  du 
groupe  Preisz-Guinard. 

Le  rôle  pathogène  des  premières  a  été  démontré  expé- 
rimentalement par  injection  intravésicale  (Schmidt  et 
Aschoff,  Savor  et  Wûnschheim). 

On  tend  néanmoins  à  accorder,  en  France,  un  rôle  pré- 
pondérant à  celles  du  second  groupe,  dont  l'intervention 
est  favorisée  par  toutes  les  infections  locales  des  organes 
génito-urinaires. 

La  pyélonéphrite   étant  beaucoup  plus  fréquente   chez 

(1)  Scherzer,  Journ.  de  Lyon,  190i,  p.  545. 

10. 


174  REINS. 

la  vache  que  chez  le  hœnl\  il  y  a  lion  d'en  iiilÏTor  que  ces 
microbes  se  multiplient  d'abord  au  niveau  des  lésions 
génitales  ot  gagnent  ensuite  successivement  la  vessie,  les 
uretères  et  le  bassinet.  Cette  invasion  urinaire  de  proche 
en  proche  paraît  être  principalement  la  marque  des 
bactéries  de  la  pvohémie  caséeuse.  qu'on  rencontre  le  plus 
communément  dans  la  pyélonéphrile  des  bovidés  ;  il 
semble  donc  qu'on  est  en  droit  de  conclure  que,  chez  ces 
animaux,  la  pyélonéphrite  résulte  d'une  infection  ascen- 
dante ou  d'une  infection  hémalogène  favorisée  par  la 
gestation.  Il  faut  pourtant  admettre  que  ces  microbes 
peuvent  atteindre  les  reins  par  d'autres  voies  que  la 
muqueuse  urinaire. 

Chez  les  tout  jeunes  animaux,  ou  chez  ceux  qui  viennent 
de  naître,  la  pyélonéphrite  peut  succéder  à  une  infection 
ombilicale  propagée  à  la  vessie  par  l'intermédiaire  de 
l'ouraque:  les  reins  hypertrophiés  i)résentent  dans  ce  cas 
une  multitude  d'abcès  miliaires  [Utz,  Leblanc,  Baillet  et 
Sérès  (1903)].  La  source  de  l'infection  rénale  peut  résider 
aussi  dans  un  abcès  situé  dans  la  région  du  coxal  (Ernst) 
ou  dans  tout  autre  organe  ayant  des  relations  vasculaires 
avec  lappareil  rénal. 

L'infection  produite  par  les  microbes  du  groupe  Preisz- 
Guinard  est  suivie  d'une  intlammation  locale  plus  ou 
moins  étendue  qui  aboutit  à  la  nécrose,  dénoncée  par 
des  foyers  de  ramollissement  renfermant  un  séquestre 
de  tissu  rénal  peu  altéré.  Le  contenu  de  ces  foyers  se 
cas;Mfie  d'abord:  il  peut  se  calcilier  ensuite  pendant 
que  le  processus  s'étend  à  la  périphérie  ou  se  délimite 
nettement  par  une  paroi  fibreuse.  Les  pyélonéphrites 
déterminées  par  de  vulgaires  pyoïjènes  sont  caractérisées 
par  des  foyers  i'rauchemonl  purulentset  des  indammalions 
dilîuses.  Les  iiifcctioiis  mixtes  peuvent  tenir  le  milieu  entre 
l'un  et  l'autre  })rocessus  :  les  foyers  de  nécrose  et  de  caséi- 
fication  évoluent  ;\  côté  des  abcès;  certaines  parties  sont 
envahies  par  la   sclérose  et  l'atrophie   consécutive   pen- 


PYÉLONÉPHRITES  ET  PYOXÉPHROSES.         175 

dant  que  d'autres,  demeurées  saines,  éprouvent  une  hyper- 
trophie compensatrice. 

Les  uretères  n'échappent  généralement  pas  à  l'infection. 

Ces  canaux  peuvent  s'infecter  avant  le  bassinet  et  le 
rein  quand  les  germes  refluent  de  la  vessie  distendue  ;  ils 
s'infectent  généralement  par  suite  du  contact  prolongé  de 
leur  muqueuse  avec  les  bactéries  accumulées  dans  le 
bassinet  et  les  calices  vers  l'extrémité  des  papilles.  L'urine 
chargée  de  microbes,  de  toxines,  risque  surtoiit  d'infecter 
la  vessie,  de  telle  sorte  que.  primitivement  ou  consécutive- 
ment, ce  réservoir  subit  les  etïetsii-ritantsde  son  contenu; 
il  devient  alors  difficile  de  déterminer  la  voie  d'intro- 
duction des  microbes  :  l'infection  descendante  peut  être 
regardée  à  tort  comme  une  infection  ascendante  typique. 

Symptômes.  —  Les  pyélonéphrites  sont  caractérisées 
cliniquement  par  trois  symptômes  locaux:  la  pyurie.  les 
douleurs  et  la  tuméfaction  rénale. 

a.  La  pyurie  est  le  signe  capital;  il  constitue  la  signa- 
ture de  la  maladie.  La  vache  urine  du  pus  ou  un  liquide 
trouble,  louche,  glaireux,  jaunâtre,  rougeàtre  ou  rouge 
foncé,  tenant  souvent  en  suspension  des  masses  flocon- 
neuses rouge  grisâtre.  La  réaction  est  toujours  alcaline;  il 
renferme  de  l'albumine,  souvent  de  l'hémoglobine  en  quan- 
tité variable.  Sa  densité  est  de  1015  à  1020  (Porcher, 
Bartels).  L'examen  microscopique  y  décèle  la  présence  de 
globules  sanguins,  de  cellules  rénales,  de  cylindres  hyalins, 
de  cristaux  d'oxalate  de  chaux,  de  filaments  de  fibrine  et 
surtout  une  grande  quantité  des  globules  purulents.  La 
coloration  par  la  méthode  de  Gram  y  révèle  aussi  des 
cocci,  des  amas  de  bacilles  courts,  épais,  arrondis,  dont 
la  longueur  est  d'environ  la  moitié  des  hématies,  à  l'état 
pour  ainsi  dire  pur  ou  associés  à  divers  autres  microbes. 
Abandonnée  à  l'air,  l'urine  brunit  rapidement  et  répand 
une  odeur  ammoniacale  prononcée.  Recueillie  dans  un 
vase  allongé,  elle  se  clarifie  lentement  mais  imparfaite- 
ment; le  pus  elle  sédiment  se  déposent  peu  à  peu  au  fond; 


176  REINS. 

la  quantité  diirine  rejetée  est  parfois  légèrement 
augmentée;  il  y  a  poljurie  trouble.  L'urine,  franchement 
purulente,  devient  sanglante  à  la  suite  de  nécrose  et  d'ulcé- 
ration rapide  de  la  muqueuse  du  bassinet  ou  des  calices. 
La  purulence  des  urines  est  le  symptôme  le  plus  constant 
et  le  plus  visible;  il  met  en  quelque  sorte  sous  les  yeux  de 
l'observateur  la  lésion  elle-même  avec  toute  son  intensité. 
On  le  voit  tantôt  se  manifester  après  une  période  fébrile 
d'une  durée  variable,  tantôt  il  s'installe  chez  une  VcjW/e  qui 
souffre  depuis  quelques  semaines  de  coliques  néphréticpies 
ou  qui  présente  de  temps  à  autre  un  peu  d'hématurie.  On  le 
voit  enlin  apparaître  insidieusement  deux  à  trois  mois  après 
un  vêlage  laborieux,  une  non-délivrance,  une  vaginite  ou 
une  métrite.  La  pyurie  est  sujette  à  de  grandes  oscillations  ; 
les  uretères  peuvent  être  oblitérés  par  des  caillots  san- 
guins; il  y  a  rétention  momentanée  du  pus  dans  le  rein. 
La  disparition  de  ce  symptôme  est  suivie  d'une  aggra- 
vation de  l'état  général;  sa  réapparition,  d'une  amélio- 
ration analogue  à  celle  qui  succède  k  l'évacuation  du  pus 
renfermé  dans  un  abcès. 

b.  La  douleur  rénale  spontanée  se  trahit  par  une  démarche 
pénible,  accompagnée  de  sourdesplaintes,  par  une  altitude 
voussée,  les  membres  étant  rassemblés  sous  le  tronc,  et 
par  de  légères  coliques  qui  augmentent  d'intensité 
quand  ily  a  rétention  urinaire  et  pyonéphrose.  La  miction 
est  elle-même  toujours  douloureuse.  La  douleur  est  pro- 
voquée par  la  pression  ou  la  percussion  des  lombes,  qui 
rendent  les  coliques  plus  fréquentes.  Celte  sensibilité 
excessive  de  la  région  lombaire  est  un  signe  fréquent, 
facile  à  mettre  en  évidence. 

c.  La  tuméfaction  rénale,  ordinairemenl  unilati'Tnl(\  est 
dénoncée  par  l'exploration  rectale,  et  la  main  per(,'oit  au 
niveau  de  son  bord  postérieur,  un  cordon  libreux,  rigide, 
bosselé,  de  la  grosseur  du  pouce  ou  même  du  bras  d'un 
enfant  serpentant  sur  la  paroi  droite  ou  gauche  du  bas- 
sin ;  c'est  l'uretère,  généralement  plus  dilaté  dans  les  par- 


PYÉLONÉPHRITES  ET  PYONÉPHROSES.         177 

lies  antérieures  que  dans  les  parties  postérieures.  Le  rein 
opposé  est  généralement  sain  ou  peu  altéré. 

d.  L'exploration  vaginale  met  quelquefois  en  évidence 
des  escarres  ou  des  plaies  situées  au  pourtour  du  méat 
ainsi  que  la  rougeur  et  la  tuméfaction  de  la  muqueuse 
vaginale  et  l'existence  d'un  écoulement  vulvaire  purulent. 
Parfois  on  constate  du  phymosis  chez  les  mâles  (Hess). 


Fig.  34.  —  Pyélonéphrite  compliquée  d'hydronéphrose  consécutive  à  l'infec- 
tion pyocyanique  (Cadéac). 


La  main  introduite  dans  la  rectum  peut  dénoncer  aussi 
une  sensibilité  anormale  de  la  vessie. 

Symptômes  généraux.  —  Les  symptômes  généraux 
olïrent  une  très  grande  intensité  dans  les  infections  poly- 
microbiennes  septicémiques  des  organes  urinai res  ;  la  tem- 
pérature s'élève  à  39°  ou  40"  ;la  respiration  s'accélère;  on 
compte  90  à  100  pulsations  par  minute;  la  sécrétion  lactée  se 
tarit  rapidement;  l'aspect  général  des  malades  devient  mau- 
vais ;  ils  demeurent  couchés;  la  station  debout  devient 
impossible  ou  très  pénible  et  les  yeux  s'enfoncent  dans  les 
orbites. 

Habituellement,  les  symptômes  généraux  sont  peu 
appréciables  ;  le  pus  et  les  toxines  s'éliminent  à  mesure 
qu'ils  se  produisent  ;  les  animaux  atteints  de  pyélonéphrite 


178  REIXS. 

offront  sculonient  imo  fliminution  de  l'appétit  et  des  irrégu- 
larités de  la  rumination.  Mais  ils  perdent  graduellement 
leurs  forces  ;  le  poil  devient  terne,  piqué;  la  peau  se  colle 
aux  os,  et  l'amaigrissement  es)  ininterrompu. 

Évolution.  —  La  pyélonéphrite  évolue  sous  deux  formes 
principales:  une  forme  aiguë  ou  siibaigui;  avec  fièvre, 
troubles  généraux  graves  et  terminaison  mortelle  en  une 
ou  deux  semaines;  une  forme  chronique  succédant 
quelquefois  à.  l'état  aigu,  mais  débutant  ordinairement 
d'emblée  sans  troubles  généraux  caractéristiques  et  abou- 
tissant f'i  l'épuisement,  h  la  cachexie  par  intoxication  uro- 
sepliqueet  quelquefois;!  l'urémie  aigué consécutivement  à  la 
destruction  complète  des  deux  reins  ou  à  la  pyonéplirose. 

Cette  terminaison  ne  se  produit  qu'au  bout  de  deux 
quatre,  cinq,  six  mois  ou  plus  tardivement  (Gillot,  Lucet, 
Hess). 

Lésions.  —  Les  reins  malades  sont  toujours  hyper- 
trophiés; leur  poids  peut  atteindre  -4  kilogrammes  (Kitt). 
()''e,500  (Cadéac)  et  parfois  même  davantage.  Leur 
grand  axe  mesure  parfois  30  à  42  centimètres 
(Lucet).  Cette  augmentation  de  volume  est  ordi- 
nairement unilatérale,  rarement  double  et  dans  ce  cas 
toujours  inégale.  L'organe  malade  est  distendu,  boursouflé, 
constitué  par  une  sériede  tumeiu's  fluctuantes,  qui  répondent 
à  sa  lobulation  primitive.  Sa  surface  est  blanchâtre,  plus 
pâle  que  d'habitude  ou  de  teinte  jaunAtre.  La  capsule  est 
opaque,  épaissie,  et  tellement  adhérente  qu'il  est  impos- 
sible de  la  détacher  sans  déchirer  le  tissu  sous-jacent.  La 
tissu  rénal  dénudé  présente  un  aspect  bizarre.  Sur  fond 
brun  rougeAtre,  on  aperçoit  des  foyers  jaunes  au  centre, 
rouges  à  la  périphi-rie,  de  la  grosseur  d'une  tête  d'épingle, 
des  îlots  saillants,  gris  jaundtre,  purulents,  caséeux, 
nécrosés,  parfois  entourés  d'une  zone  congestive  et 
hémorragique.  On  peut  y  rencontrer  aussi  des  abcès  plus 
volumineux,  mais  les  infarctus  héniorragiipies  y  sont 
rares.  Le  parenchyme  rénal  est  mou,  infiltré  de  st-rosilé. 


PYELONEPHRITES  ET  PYONEPHROSES.         179 

Ces  lésions  se  retrouvent,  disséminées,  dans  la  substance 
médullaire. 

Quand  la  maladie  est  plus  ancienne,  le  tissu  rénal 
présente  des  lésions  scléreuses  ;  la  couche  corticale  ofïre 
une  consistance  plus  ferme;  la  couche  médullaire  apparaît 
rouge,  congestionnée,  ecchymosée,  et  se  distingue  nettement 
de  la  couche  corticale  qui  offre  une  couleur  sale,  jaune- 
terre  ou  verte.  Les  papilles  rénales  sont  couvertes  d'une 
masse  purulente,  visqueuse,  ou  sont  remplacées  par  une 
bouillie  purulente  [pyélonéphrite  caverneuse).  Le  bassinet 
agrandi  est  rempli  de  pus,  de  produits  nécrosés,  de  séro- 
sité gris  sale  ou  gris  jaunâtre,  brunâtre,  parfois  infiltrée  de 
sang,  de  produits  floconneux  formés  de  caillots  sanguins. 

La  mutjueuse  du  bassinet,  tuméfiée,  épaissie  dans  les 
cas  récents,  ponctuée  de  taches  hémorragiques,  ou  recou- 
verte d'une  pseudo-membrane  flbrineuse  (Bang,  Mollereau 
et  Porcher),  est  parsemée  d'ulcérations  et  de  foyers  irré- 
guliers de  nécrose  (Ritzenthaler)  (1). 

A  la  dernière  période  de  la  maladie,  la  couche  médullaire 
est  détruite,  la  zone  corticale  réduite  à  une  zone  mince, 
tassée,  presque  fibreuse  constituée  par  la  capsule  rénale. 
Le  rein  est  alors  converli  en  un  vaste  sac  purulent. 
Sectionné,  il  laisse  écouler  2  à  4  litres  de  liquide  muco- 
purulent,  blancjaunàtre,  épais,  légèrement  gluant,  parfois 
gris  sale,  gris  jaune,  caséo-purulent,  renfermant  des 
flocons  albumineux,  de  la  fibrine,  des  sédiments  urinaires 
ronds,  pyramidaux,  des  concrétions  calcaires,  des  cal- 
culs, des  globules  purulents,  des  cristaux  de  phosphates, 
des  microbes  variés,  des  cellules  épithéliales  ou  leurs 
débris.  L'intérieur  de  la  poche  est  formé  par  un  en- 
semble de  cavités  cloisonnées,  mais  communicantes.  La 
paroi  agrandie  du  bassinet  atteint  3  à  4  millimètres 
d'épaisseur  (fig.  34). 

L'examen  histotogique  révèle  une  infiltration  cellulaire 

(1)  Ritzerilhaler,  L'anatomie  pathologique  de  la  pyélonéphrite  bacillaire  du 
bœuf  [Journ,  de  Lyon,  1910). 


180 


REINS. 


de  la  couche  coiiicalo,  des  amas  puiiilonts.  des  altérations 

des  tubes  rénaux  distendus,  privés  dépit  hélium,  ou  remplis 

de  pus,  des  throm- 
bus  des  petits  vais- 
seaux, des  foyers  de 
nécrose  particulière- 
ment nond^reux  au 
niveau  du  sommet  des 
papilles  rénales,  des 
stries  purulentes  sui- 
vant les  rayons  mé- 
dullaires, des  mi- 
crobes, dont  on  peut 
suivre  la  migration 
depuis  le  glomérule 
il(^  Malpiglii  jusqu'au 
liassinel.  La  capsule 
(le  Hovvniann,  les 
thrombus  des  vais- 
seaux, les  canalicules 
collecteurs  sont  bour- 
rés de  unisses  bacté- 
riennes (fig.  35). 

Les  pyélonépfirites 
plus  avancées  se  tra- 
duisent, en  même 
temps,  par  une  réac- 
tion conjonctive  sclé- 
reuse  qui  étouffe  un 
certain  nombre  de 
tubes  urinifères  et 
dt'termine  toutes  les 
lésions  de  la  néphrite 

chronique  interstitielle  irrégulièrement  disséminée  (iîg.  36). 
Les  artérioles  sont  le  siège'  d'une  périartérite  intense  ; 

leur  paroi  est  épaissie   et   les  glomérules  même  les    plus 


Fig.  35. 


Pyéldiièphiiie  nsccinlaiitc  du  Ixrxif 
(d'iipiès  l'oii  lier). 


PYELONEPHRITES  ET  PYONEPHROSES. 


181 


éloignés  de  la  cavité  pui'ulenle  ont  leur  bouquet  vasculaire 
et  la  périphérie  de  leur  paroi  infiltrés  d'éléments  lympha- 
tiques. 

L'uretère  malade  forme  un  gros  conduit  du  volume  des 
deuxpoucesou  du  poignet,  partant  delà  vessieet  se  rendant 


Fig.  36.  —  Coupe  perpendiculaire  aux  parois  d'un  a))cès  lobulaire. 

A,  amas  microbiens  imprégnant  le  tissu  fongueux  de  l'abcès.  — A,  zcoglées 
siégeant  dans  le  lubes  droits  dilatés  et  coupés  ici  en  travers.  —  B,  cavité 
de  l'abcès  (d'après  Porcher). 


au  rein.  Ce  conduit  est  noyé  dans  une  abondante  couche 
de  tissu  conjonctif  mollasse,  infiltré,  jaunâtre  ;  il  est  quel- 
quel'ois  rétréci  en  divers  ])oints  de  son  parcours,  et,  lorsqu'il 
est  plein  d'urine,  il  donne  l'impression  d'un  long  boudin 
qu'on  aurait  ficelé  en  un  ou  deux  points.  Souvent,  il  con- 
tient un  produit  qui  n'est  autre  chose  que  de  l'urine  alté- 
rée, fortement  ammoniacale,  riche  en  globules  de  pus; 
quelquefois,  il  est  rempli  d'une  matière  fibrino-purulente , 
épaisse,  gluante,  mélangée  de  caillots  sanguins  et  de  muco- 
pus  verdàlre. 

.  La  vessie,  également   malade,  est  ratatinée,   rétractée. 
Sa  muqueuse  est  le  siège  d'une  inflammation  purulente 
Cadéac. —  Pathologie  interne.  VU.  il 


182  HEINS. 

elle  est  terne,  grisâtre,  plombée,  injectée  ;  ses  parois 
épaissies  lui  donnent,  lorsqu'elle  est  vide,  les  caractères 
d'une  tumeur  pleine.  Souvent,  elle  a  conservé  ses  carac- 
tères à  peu  près  normaux;  elle  est  le  plus  souvent  vide 
ou  contient  une  petite  quantité  d'iu-ine  louche,  rougeâtre. 
purulente,  trèsalbumineuse.  Exceptionnellement,  linflam- 
mation  de  la  mucpieuse  vésicale  revêt  la  forme  pseudo- 
membraneuse (Bang.  Rôder). 

La  muqueuse  de  l'urètre  est  inliltive,  ecclijmosée,  par- 
courue de  stries  longitudinales  rougeâtres,  ponctuée 
de  taches  hémorragiques  quand  la  pyélonéphrile  est 
récente,  grisàti'e,  marbrée,  érodée  en  divers  points  de  son 
trajet  quand  rintlammation  est  chronique. 

Dans  le  vayiii  on  an  niveau  ilu  foin-reau.  on  trouve  des 
érosions  de  mauvaise  nature,  un  état  catarrhal  jilus  ou 
moins  prononcé  de  la  muqueuse,  des  plaies  du  prépuce  à 
caractère  ulcéreux  (Hess). 

Diagnostic.  — ^  L'amaigrissement,  les  coliques,  la  pyurie 
font  immédiatement  penser  à  la  pvélonéphrite.  Le  dia- 
gnostic demeure  inci'rtain  tant  ([ue  ce  symptôme  n'a  pas 
été  constaté. 

La  palpation  du  liane  droit,  s'il  s'agit  d'une  pyélo- 
néiihrile  h  droite,  accuse  une  sensibilité  manifeste  (Hess). 
L'exploration  rectale  lève  tous  les  doutes  :  on  perçoit  la 
tuméfaction  du  rein  iiialade  et  l'existence  d'im  uretère 
volumineux. 

La  cystite  simple  s'en  différencie  par  l'absence  d'hyper- 
trophie rénale  et  il'uu  conduit  anormal  allant  de  la  vessie 
au  rein. 

La  cystite hémorra;/i<iue  est  nettement  caractérisée  pai' 
l'absence  de  coli([ues,  les  caractères  tranchés  et  constants 
de  l'urine  et  la  sensation  donnée  par  la  vessie  à  l'explo- 
ration vaginale. 

La  tuberculose  rénale  est  dénonct'e  par  la  liiliercMline  : 
Yhydroncpltrose  est  caractérisée  par  rhv()ertrophie  rénale 
et  l'émission  d'urine  normale. 


PYÉLONÉPHKITES  ET  PYONÉPHROSES.         183 

Pronostic.  —  C'est  une  maladie  rapidement  mortelle 
quand  elle  est  double  ;  la  pjélonéphrite  unilatérale  est 
une  affection  grave  qui  épuise  d'autant  plus  les  malades 
que  la  pyurie  est  plus  abondante  et  qu'elle  s'accompagne 
d'une  plusgrande  rétention  du  pus  et  de  la  distension  du  rein. 

Traitement.  —  La  désinfection  des  voies  urinaires  est 
la  principale  indication  à  poursuivre  par  l'administration 
à  l'intérieur  de  substances  antiseptiques  tolérées  par  l'or- 
ganisme, comme  le  borate  de  soude,  la  benzoate  de  soude 
(8  à  10  grammes  par  jour),  l'urotropine  ouhelmitol. 

Les  lavages  de  la  vessie  avec  une  solution  de  nitrate 
d'argent  ou  d'une  solution  tiède  d'oxjcyanure  de  mercure 
à  1  p.  3  000  ou  même  à  1  p.  10000  complète  cette  médi- 
cation. 

On  doit  s'efforcer  de  prévenir  la  rétention  de  l'urine  par 
le  cathétérisme  de  la  vessie,  l'administration  de  diuré- 
tiques, et  on  envoie  à  la  boucherie  les  animaux  en  bon  état, 
avant  que  la  maladie  ait  fait  de  notables  progrès  et  amené 
l'amaigrissement. 

La  néphrectomie  a  été  tentée  sans  succès  (Munich)  ;  cette 
opération  est  contre-indiquée  en  raison  des  obstacles  à  son 
exécution  et  de  la  difficulté  de  déterminer  le  rein  malade. 
La  ponction  de  l'abcès  îi  travers  le  flanc  est  aussi  une 
opération  à  peu  près  impraticable. 

La  prophylaxie  de  la  pyélonéphrite  est  réalisée  par  des 
mesures  hygiéniques  de  nature  à  prévenir  les  accidents, 
les  complications  de  la  parturition  ou  les  infections 
générales  susceptibles  d'amener  la  suppuration  rénale 
hématogène  ou  urinaire.  Dans  les  cas  de  non-délivrance, 
de  plaies  vaginales,  de  vaginite,  on  désinfecte  soigneu- 
sement les  organes  génitaux. 

L'abatage  des  animaux  reconnus  malades  est  la  solution 
la  plus  avantageuse. 


184  REINS. 

III.  —  PETITS  RUML\Ai\TS. 

Étiologie.  —  L'infection  pyogène  du  rein  de  la  chèvre 
el  ilii  indutuii  résulte  fréquemment  de  la  généralisation 
(les  lésions  de  la  pjohémie  casccuse. 

Le  microbe  de  Preisz-Guinai-d  [)eul  infecter  les  paren- 
chymes par  la  voie  lyni|dKili(iiic  ou  la  voie  sanguine.  Les 
affections  suppurât ives  des  divers  organes  (pyémie,  mam- 
mite  purulente,  métrlte.  vaginite,  arthrite,  etc.)  peuvent 
se  compliquer  d'abcès  du  rein  et  do  ])yélonéphrite.  Les 
abcès  du  rein  qu'on  trouve  quelquel'ois  chez  les  uijueuux 
(Oslerlag)  procèdent,  sans  doute,  d'une  infection  ombili- 
cale. 

La  pyt'Jonéplu'ilc  ascendante  résulte  (jiielipiefois  de  la 
gravelle,  d'une  infection  génitale,  dune  intlammation 
des  voies  urinaii'es  (Oslerlag).  Ilorn  a  constaté  la  néphrite 
puridente  chez  0,1  p.  100  des  montons,  aliattus. 

Symptômes. —  La  maladie  s'accuse  par  la  perle  de  l'ap- 
pétit et  du  lait,  quelquefois  par  une  hématurie  légère.  l..es 
manifestations  ne  sont  jamais  bien  vives;  la  maladie  a, 
du  reste,  presque  toujours  une  allure  chronique. 

Les  animaux  atteints  prennent  (piebpiefois  une  attitude 
spéciale;  les  membres  postérieurs  sont  écartés  en  pied 
de  banc.  La  l'égion  lombaire  est  sensible;  parfois  le 
tlanc  est  le  siège  d'une  tuméfaction  (Philips).  L'animal 
rejette  une  urine  purulente  ou  sanguinolente  qui  salil  les 
lèvres  de  la  vulve  cl  de  la  base  de  la  queue.  L'urine  est 
souvent  fortemenl  auunoniacale  et  contient  en  suspension 
des  ilocons  librineu.x. 

L'exploration  rectale  permet  de  reconnaître  l'existence 
d'une  lumeur  ipii  a  pu  être  prise  pour  le  cul-de-sac  gauche 
du  riiiiMii.  (Jncliiiielois  le  rein  conslitue  une  volumineuse 
luiiieiir  soutenue  par  une  corde. 

Diagnostic.  — Lediagnoslic  es!  basésiu-lescaraclères  de 
l'urine  el  sur  les  ri'useignenients  douné's  par  l'exiiloi'alion 
rectale. 


PVÉLONEPHRITES  ET  PYONKPHROSES.         185 

Pronostic.  —  Le  pronostic  doit  être  considéré  comme 
1res  grave,  la  néplii'ite  f)uriilente  et  les  abcès  du  rein 
entraînant  un  amaigrissement  rapide.  La  mort  en  est  sou- 
vent la  terminaison  :  elle  survient  en  quatre  à  onze  jours. 

Anatomie  pathologique.  —  La  néphrite  purulente  est 
quelquefois  diffuse  ;  elle  est  encore  désignée  sous  le  nom 
de  néphrite  ponctuée;  elle  atteint,  dans  ce  cas,  tout  l'organe. 
La  substance  du  rein  présente  dans  son  épaisseur  de  petites 
masses  de  couleur  blanche  ;  quelquefois,  ce  ne  sont  que 
des  taches  ponctiformes  entourées  de  zones  hémorra- 
giques rouge  foncé.  Le  bassinet  lésé  renferme  des  leu- 
cocj'tes  et  de  l'urine,  mélangés  à  du  sang. 

A  l'examen  microscopique,  on  remarque  une  infiltra- 
tion cellulaire  bien  caractérisée,  très  manifeste,  qui  occupe 
dans  les  substances  corticale  et  médullaire  les  espaces  in- 
tercanaliculaires  (Kilt).  Les  points  purulents  n'apparais- 
sent que  comme  de  petites  taches  dans  lesquelles  on  trouve 
des  leucocytes  fragmentés  et  des  cellules  de  pus,  du  sérum 
et  des  globules  rouges.  Les  canaux  urinifères  sont  en  par- 
tie normaux  ;  l'épithélium  est  quelquefois  atteint  de 
tuméfaction  trouble  ou  granulo-graisseuse  ;  les  cylindres 
peuvent  manquer.  Les  glomérules  de  Malpighi  sonttantôt 
normaux,  tant(M  remplis  de  leucocytes,  surtout  à  leur 
partie  basale  ;  la  circonférence  de  la  capsule  est  alors 
épaissie  par  une  infiltration  cellulaire. 

Dans  les  cas  de  néphrite  purulente  mixte,  on  constate 
une  grande  quantité  de  leucocytes  dans  les  tubes contour- 
n;'s  et  dans  les  tubes  droits.  Beaucoup  de  tubes  urinifères 
sont  t  étalement  ou  partiellement  dépourvus  de  leur  épi- 
thélium,  et  la  lumière  des  tubes  est  obstruée  par  des 
cylindres  albumineux  ;  dans  les  endroits  situés  en  amont, 
le  canal  est  dilaté. 

Traitement.  —  Le  traitement  est  exclusivement  pro- 
phylactique. Il  consiste  à  prévenir  l'infection  ombilicale 
en  maintenant  les  jeunes  animaux  dans  les  meilleures  con- 
ditions hygiéniques. 


186  REINS. 

IV.  —  PORC. 

Étiologie.  — Lesabcèsdureinetlapyôlonéphritc  no  sont 
pas  rares  chez  le  povf.  La  néphrite  purulente  hérnatogène 
existe  chez  0,5  p.  100  des  animaux  abattus  (Degen).  Elle 
est  souvent  une  complication  do  l'infection  ombilicale. 

Les  colibacilles  et  les  pararoli.  les  microbes  do  la  sup- 
puration caséeuse,  les  microbes  pvogènes.  le  Polymorphus 
sttis  (Degen)  peuvent  émigrer  de  l'intestin,  envahir  lo  sang 
et  secondairement  le  rein  ;  les  bacilles  du  rouget  peuvent 
occasionner  aussi  des  fovers  purulents  (Haase)  (1). 

Les  infections  urogéniques  comme  les  infections  héma- 
togènes  peuvent  déterminer  la  pyélonéphrite  et  la 
suppuration  difîuse  du  parenchyme  rénal.  Elles  peuvent 
engendrer  aussi  l'infection  pyogéne  d'une  ancienne 
liydronéphrnso. 

Symptômes.  —  Le  lableaii  cliniciiio  d(>  la  pyéloni''|)hrilo 
du  porc  se  rapproclio  d'autant  plus  do  celui  do  Ihydro- 
néphrose  qu'il  ne  se  forme  pas  à  proi»romont  parler  d'abcès 
collecté,  de  sorte  que  les  urines  sont  rarement  troubles  et 
purulentes.  C'est  donc  une  maladie  qu'on  reconnaît  seule- 
ment à  l'autopsie. 

Lésions.  —  Los  b'sions  consistent  ossontiollomont  en  une 
liyporéiiiio  intenseavec  inliltration  liémorragi(iue  et  dans 
des  foyoï's  miliaires  sous-cai)suiaires  do  la  grosseur  d'une 
léto  d'épingle  ou  tout  au  plus  d'une  lentille,  d'une  couleur 
rouge  sombre  à  la  périphérie,  jaunâtre  au  centre.  La 
coupe  des  reins  accuse  des  stries  purulentes  dont  la  dispo- 
sition est  celle  des  rayons  médullaires. 

Cette  néphrite  rayonnante,  accompagnée  do  petits  foyers 
miliaires  corticaux,  est  la  caractéristique  de  l'inflammation 
pyogène  du  pore  (Degen).  En  vieillissant,  les  lésions  pré- 
citées deviennent   scléreuses  ;    les    foyers    miliaires    sont 

(1)  Wysnwnn,  Pyélonéphrite  bactérienne  par  infection  mixte  consécutive 
chez  le  porc  (Revue  génér.,  t.  1,  1905y. 


PYÉLONEPHRITES  ET  PYONÉPHROSES.         187 

remplacés  par  des  cicatrices  grisâtres,  irrégulières,  légè- 
rement déprimées,  qui  se  continuent  dans  la  substance 
rénale  sous  forme  de  bandes  scléreuses. 

Traitement.  —  On  ne  peut  instituer  aucun   traitement. 

V.  —  CHIEX. 

Étiologie.  —  La  néphrite  purulente  et  la  pyélonéphrite 
succèdent  quelquefois  à  Y  endocardite,  à  la  pyémie,  à  la 
maladie  da  jeune  âge,  au\  bnîlures,  aux  ulcérations  gastro- 
intestinales et  à  la  piroplasmose. 

Les  maladies  des  voies  urinaires  (calculs  de  l'urètre,  de 
la  vessie,  hypertrophie  de  la  prostate,  urétérite)  peuvent 
aussi  lui  donner  naissance. 

La  plupart  des  cas  d'h3dronéphrose  de  l'espèce  canine 
appartiennent  à  la  pyonéphrose  [Almy  (1897)  (1),  Bail 
(1903   i2V. 

Symptômes.  —  Les  symptômes  des  néphrites  purulentes 
et  des  pyélonéphrites  hématogènes  se  confondent  avec 
ceux  de  Taflection  primitive;  les  troubles  rénaux  passent 
inaperçus;  lurine  conserve  ses  caractères  normaux  ou 
offre  les  changements  qu'on  observe  dans  une  néphrite 
hémorragique  banale.  11  en  est  tout  autrement  quand  la 
pyélonéphrite  s'installe  chez  un  calculeux  ou  un  prostatique 
reientionniste.  L'animal  pi'ésente  des  douleurs  lombaires; 
il  marche  le  dos  voussé,  ou  demeure  obstinément  couché; 
ses  narines  sont  fréquemment  hématuriques  oublanchàtres 
et  lactescentes  ;  elles  renferment  une  quantité  variable 
de  pus,  de  cellules  du  bassinet,  du  rein.  La  région  rénale 
est  le  siège  d'une  vive  douleur  décelée  par  la  pression  des 
flancs. 

La  tuméfaction  est  généralement  peu  accusée;  la  pyélo- 
néphrite demeure  toujours  ouverte  chez  ces  animaux;  elle 
ne  se  complique  ni  d'abcès  rénal,  ni  de  pyonéphrose. 

({)  Almy,  Société  centrale,  1897. 

(2)  Bail,  Journ.  de  l'École  vét.  de  Lyon,  1903. 


ii 


REINS. 


Quand  l'urino  s'écoule  difficilcinont.  1rs  animaux  vomis- 
sent fréquemment:  ils  nianiioslenl  une  soif  vive,  une 
inappétence  complète  :  leurs  yeux  se  cavent  ;  leur  nez  se 
dessèche,  et  ils  meurent  il'ur .'mie  si  la  désobstruction  ne 
peut  s'opérer  (fig.  37). 

Lésions.  — Lesinfeclionshématoijènes  sont  caractérisées 


Fig.  37.  —  Pyélont'phrile.   Ghnt.  (^yto-exinieii  de  l'urine. 

.Nombreux  polynucléaires  et  gloliulos  de  pus,  cellules  épilhéli;ile-i  du  rein, 
staphylocoques  iRc)[uel). 


par  des  infarctus,  des  foyers  microscopiques  ou  miliaires 
de  suppuration  disséminés  dans  la  substance  corticale  et 
par  des  stries  rayonnantes  dans  la  substance  médullaire 
sans  abcès. 

La  muqueuse  du  bassinet  est  quelqutd'ois  congestionnée 
et  érodée,  par  suite  fFune  inflammation  catarrhale.  Cette 
muqueuse  est  ('paissie.  scb-rosée  (piand  l'inflammation  ré- 
sulte d'une  inlVctionconsécutive  à  la  rétention  de  l'urine  ;  les 


LITHIASE    RKNALE.  189 

uretères  sont  épaissis:  le  bassinet  et  les  calices  sont  remplis 
d'urine  trouble  et  purulente:  le  rein  est  sclérosé. 

Traitement.  —  La  première  indication  à  remplir,  c'est 
de  faciliter  l'écoulement  de  l'm'ine  en  supprimant  les 
calculs  urétraux  et  en  pratiquant  le  cathétérisme  de  la 
vessie. 

La  néphrotomie  est  rarement  indiquée  ;  on  peut  la  pra- 
tiquer l'acilenientchez  le  chien  (Parascondola). 

W.    —    LITIHASE    RÉNALE. 

Définition.  —  La  lilbiase  rénale  est  caractérisée  par 
la  formation  de  calculs  dans  le  rein. 

Les  sels  minéraux  que  l'urine  charrie  se  précipitent, 
s'agglomèrent  et  constituent  des  concrétions  de  dimensions 
variables.  Réduit  au  minimum,  le  processus  lithiasique 
consiste  dans  la  production  de  dépôts  pulvérulents  ou 
sableux  connus  sous  le  nom  de  sédiments,  qui  se  déposent 
dans  les  vases  où  l'on  recueille  l'urine. 

A  un  degré  plus  élevé,  on  observe  des  concrétions  de  la 
grosseur  de  têtes  d'épingle  ou  de  grains  de  chènevis  ;  c'est 
la  ijravelle  si  commune  chez  le  mouton.  Quand  elles  sont 
agglutinées  de  manière  à  constituer  des  masses  plus  ou 
moins  volumineuses  retenues  dans  le  bassinet  ou  à  l'entrée 
des  uretères,  on  a  les  calculs  rénaux.  Sectionnées,  on  "peut 
reconnaître,  dans  leur  constitution,  trois  parties  :  i°  un 
noyau  constitué  par  une  matière  organique  amorphe  ;  des 
débris  épithéliaux  ou  fibrineux,  un  caillot  sanguin  ou  des 
amas  microbiens  ;  2°  une  trame  organique  de  mucine  ou 
d'albumine  :  3°  des  couches  concentriques  oti  striées  de 
composition  variable. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  La  quantité  anormale  ou 
l'insolubilité  des  sels  urinaires  est  la  principale  condition 
de  développement  des  calculs.  Normalement,  l'urine  des 
herbivores  élimine  des  hippurates,  des  urates,  des  phos- 
phates de   calcium,  de  sodium,  de  magnésium,  d'ammo- 

11. 


190  REINS. 

ninm.  L'hyperproduction  de  ces  sels  résulte  généralement 
d'un  régime  intensif  dont  les  effets  se  font  particulièrement 
sentir  chez  le  ujoiiton,  le  bœuf.  La  gravelle  est  la  maladie 
des  animaux  fortement  nourris,  engraissés,  à  l'étable  ou 
il  la  bergerie,  comme  elle  est  la  maladie  des  classes  aris- 
locratiques  de  la  société,  des  riches  et  des  sédentaires.  Chez 
les  moutons  et  les  agneaux,  on  peut  la  faire  apparaître  à 
volonté,  expérimentalement,  et  dans  un  délai  relativement 
court,  avec  des  rations  alimentaires  déterminées,  par 
exemple  3''e,500  de  maïs,  lentilles  et  féveroles  pour  les 
adultes,  4''b,500  par  jour  pour  des  agneaux.  La  prépara- 
tion des  animaux  de  concours  est  une  des  conditions  les 
plus  favorables  à  l'apparition  de  cette  maladie.  Les  ali- 
ments interviennent  principalement  par  leur  quantité, 
mais  ils  peuvent  intervenir  (jiie^picfois  par  leur  qua- 
lité. 

On  a  cru  observer  quchiuel'ois  un  lit-n  enli'e  la  propor- 
tion des  sels  du  sol  et  la  fréquence  des  calculs  (Lafosse. 
-Morton.  Gaussé).  Une  alimentation  contenant  une  forte 
proportion  de  magnésie  (11.  Bouley)  ou  de  phosphates 
(Yvart  !  favorise  rapjiai-ition  de  la  gravellecbez  le  mouton. 
La  surabondance  des  phosphates  calcaires  dans  lalimen- 
tation  du  cheval  prédispose  à  toutes  les  productions  calcu- 
leuses.  Langa  observé  la  lithiase  urinaire  dans  un  troupeau 
de   hœul's  placés  dans  une  métairie  à  sol  très  calcaire. 

('.(•rtaincs  substances  paiviissent  douées  d'une  action 
pathogène  spéciale:  la  lithiase  oxalique  de  Vliounne  ap- 
partient principalement  aux  végétariens  mangeurs  de 
chocolat,  de  cacao,  de  haricots  comme  la  lithiase  unique  aux 
carnivores.  Le  porc  nourri  de  châtaignes  est  très  souvent 
affecté  de  calculs  rénaux  (Lafosse). 

Les  //or;//s  nourris  de  pommes  de  terre,  de  carottes,  de 
betteraves  iY  sucre,  présentent  des  calculs  siliceux.  ïiieis  a 
observé  des  calculs  chez  deux  Juments  auxquelles  on  avait 
distribué  pendant  des  mois  de  la  poudre  d'os.  Les  chiens, 
les  chats,   les   hi/iins  qui  ingèrent  de  Vo.ramide  dérivé  de 


LITHIASE    RENALE.  191 

Tacide  oxalique  présentent  bientôt  des  calculs  r.'naux 
(Ebslein,  Thoinassen). 

Dès  lors,  on  conçoit  (]ue  la  gravelle  soit  une  maladie 
d'élevage,  d'exploitation,  liée  aux  conditions  du  sol  et 
surtout  à  la  nature  et  à  la  quantité  des  aliments  qui  entrent 
dans  la  ration  journalière  des  animaux. 

L'insolubilité  des  sels  véhiculés  par  le  sang  ne  peut  être 
attribuée  aujourd'hui  à  leur  trop  grande  concentration, 
déterminée  par  linsufïisance  des  boissons.  On  régularise, 
du  reste,  le  régime  des  bovidés  et  des  ovirh's  par  une  dis- 
tribution régulière  des  boissons  et  par  l'addition  des  four- 
rages verts,  de  tubercules  et  de  racines  à  la  nourriture 
sèche. 

Le  dépôt  des  sels  résulte  donc,  exclusivement,  de  leur 
excès  dans  le  sang  et  dans  les  urines  en  raison  d'une  ali- 
mentation trop  abondante  ou  d'une  oxydation  incomplète 
des  matières  azotées  chez  les  animaux  affectés  d'un  ralen- 
tissement de  la  nutrition. 

Il  y  a  en  effet  des  moutons  et  surtout  des  Jrrut's  qui 
sont  affectés  de  lithiase  indépendante  de  la  quantité  d'ali- 
ments ;  ce  sont  des  animaux  qui  ont  puisé  chez  leurs 
ascendants  un  terrain  goutteux  prédisposé  à  la  gravelle. 
La  sursaturation  du  sérimi  sanguin  cesse  bientôt  d'être 
compensée  par  une  hyperexcrciioit  rénale.  Le  filtre  rénal 
s'obstrue;  les  sols  peu  solublcs  se  précipitent. 

Les  infection.'^  de  voies  urinaires,  la  pyéloiiéphrite 
notamment,  déterminent  la  fermentation  de  l'urine,  la 
décomposition  de  l'urée  qui  se  transforme  en  carbonate 
d'ammoniaque  et  la  précipitation,  dans  ce  milieu  alcalinisé, 
de  phosphate  ammoniaco-magnésien  insoluble. 

Chez  les  hut'lles  de  Hongrie,  la  néphrite  graveleuse 
vient  souvent  compliquer  l'infection  ascendante  des  voies 
urinaires  (Vannos  et  Schoppelt).  Chez  le  bœut\  cette 
infection  urogénique  est  fréquemment  aussi  la  source  des 
calculs  rénaux. 

Les  calculs  s'observent  chez  tous  r7/i/m;j(/T  domestiques  :ils 


1 92  REINS. 

diiïorent  des  eoniivlionsi)ar  ce  fait  que  les  cet /c» /s  résultent 
de  la  i)réfij»itali()n  de  sels  calcaires;  \cs  concrétions  sont 
exeliisivemeiil  lormées  de  matière  organique. 

I    —  SOLIPKDES. 

Anatomie  pathologique.  —  La  riiMiiicnce  des  ealctds 
croît  avec  l'âge  des  animaux.  Ij's  reins  calculeux  des 
soli/irdcs  présentent  à  étudier  le  sal)le  ou  les  calculs  et  les 
lésions  rénales  secondaires. 

Les  calculs  rénaux  du  chovnl  sont  ronds,  ovoïdes,  lissf^s 
ou  rugueux  à  la  surface,  quelquefois  crislallins,  lamelloux 
ou  s(''diinentaires  :  ils  présentent  ordinairement  le  volume 
Fun  pois  à  celui  d'une  châtaigne;  inais.  quelquefois,  ils 
sont  énormes,  el  leni-  jioids  peut  atteindre  1500  grammes 
(Persillel,  Kitt)  ;  ils  remplissent  le  bassinet,  alfeclent  une 
disposition  semi-lunaire  ou  bicorne,  et  leur  surface  est 
recouverte  de  fins  cristaux  ou  de  sédiments  granuleux. 

Chez  Vnnc.  le  rein  est  quebpiefois converti  parla  lithiase 
en  un  sac  (pu' paraîl  bourré  de  cailloux  ou  de  noix  (Porcher). 
Leur  poids  total,  très  variable,  peut  s'élever  à  2'*s,rj00. 
Leur  densité  est  de  d  .50  environ.  Leur  surface  irrégulière, 
mamelonnée,  se  moule  parfaitement  surles  aspérités  et  les 
sillons  du  sac  rénal.  La  coloration  des  calculs  rénaux  des 
solijiècles  est  brun  clair,  jaune  brun,  gris  jaune,  gris-fer. 
Ils  sont  formés  de  carbonate  de  j)Otassium,  de  carbonate 
de  sodium,  de  carbonate  de  magnésium  et  de  malières 
organifpies.  ou,  i)resque  exclusivemeni,  de  cari)onale  de 
chaux  (.\dam). 

Les  lésions  rénales  sont  dues  au  si'jour  du  calcul  dans 
le  bassinet  suivant  qu'elles  sont  dcmeiu'ées  aseptiques  ou 
qu'elles  se  sont  compliquées  d'infeclion  jnogène. 

Les  calculs  aseptiques  eniraiueni  l'atrophie  scléreuse  du 
parenchyme  rénal,  la  distension  progressive  de  l'organe 
sans  hvdronéi)hrose  bien  accusée.  La  délimitation  entre 
les  parties  malades  et  les  parties  relativement  saines  est 


LITHIASE    RKNALE, 


193 


très  brusque;  les  portions  malades  sont  scléreuses  et 
p  arséniées  de  kystes  îi  toutes  les  périodes  de  leui*  évolution 
(fig.  38). 

Les  calculs  septiqiics  déterminent  de  la  pjélonéphrite 
dénoncée  par  l'hypertrophie  et  rai)cédation  des  reins 
caleuleux;  le  bassinet 
est  dilaté,  rempli  do 
pus  ;  ses  parois  soni 
épaissies,  sclérosées  ; 
des  foyers  purulents 
sont  disséminés  dans 
la  substance  corticalf; 
il  y  a  de  la  pyoné- 
jdirose  et  derinflam- 
mation  purulent  r 
chronique  des  ure- 
tères. On  a  même 
signalé  la  rupture  des 
reins  [Dickens,  Bar- 
rier  (1)]  avec  de  la 
périnéphrite  suppu- 
rée. 

Les  deux  uretères 
peuvent  être  oblitérés 
par  les  calculs. 

Symptômes.  — Les 
calculs  immobilisés 
dans  le  bassinet  des 

solipèdos  demeurent  latents  ou  ne  déterminent  que  des 
symptômes  vagues,  imprécis;  on  constate  exceptionnelle- 
ment de  l'hématurie  quand  les  calculs  sont  nombreux 
(Desban):  mais  généralement  Tatrophie  complète  du  rein 
s'efTectue  sans  troubles  appréciables  (Lafosse.  Riquet, 
Schrader,  ïui-ner,  Persillet,  Schmalz,  Porcher). 


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-rv^;-;    -; 

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:.^0:^- 

Fig.  38. —  Sclérose  rénale  calculeuse.  Cheval. 

En  haut,  capsule  rénale  sclérosée.  Au-des- 
sous, tissu  fibreux  inllammatoire  avec  rares 
corpuscules  de  Malpighi  et  tubes  urinaires 
atrophiés.    Vaisseaux  sanguins  congestionnés 

(Gross.  :  iO). 


(1)  Barrier,  Société  centrale,  1906.  I.e  rein  rupture  pesait  i'^j.n 


194  REINS. 

L'obstruction  de  rurctère  et  l'aniirie  calculeuse  unilaté- 
rale déterminent  dos  coliques  plus  ou  moins  violentes  et 
persistantes  suivant  le  degrt'  et  la  durée  du  rétrécissement. 
L'animal  présente  brusquement  de  l'anxiété,  de  l'agitation; 
il  se  campe  fréquemment  pour  uriner  et  rejette  parfois 
une  urine  claire,  mais  peu  abondante,  exceptionnellement 
une  urine  sanguinolente  (Desban).  Ces  douleurs  cessent 
par  migration  ou  d(''[)lacement  du  calcul;  elles  sont  rare- 
mont  mortelles  ;  elles  reviennent  facilement  sous  l'intluoni-e 
du  travail  et  disparaissent  par  le  repos. 

Les  calculs  compliqués  d'infection  pyogène  déterminent 
les  symptômes  do  la  pyélite  et  de  la  pyonépbrose,  notam- 
ment l'expulsion  d'urine  purulente  (l^odet). 

La  îïiort  peut  résidter,  exceptionnellement,  de  la  lièvre 
uroseptique  de  la  périnéphrite  suppurée,  de  la  rupture  du 
rein  ou  de  l'anurie. 

Diagnostic.  —  La  présence  de  sédiments  calculeux  dans 
lurino  ot  les  coliques  qui  précèdent  leur  expulsion  sont 
des  signes  caractéristiques. 

La  cvsloscopie  et  le  cathétérisme  des  uretères  sont 
applicables  à  \sx  Jument  (Redecha  et  Kaszas). 

Pronostic.  —  La  litbiase  rénale  doit  toujours  être  consi- 
dérée comme  grave  en  raison  des  complications  possibles. 

Traitement.  —  L'administration  répétée  du  bicarbonate 
de  soude  20-;50  grammes)  associé  à  l'azotate  de  potasse, 
à  faible  dose,  facilite  l'élimination  des  graviers.  Les 
aliments  très  riches  en  produits  minéraux,  tels  que  le  son 
et  la  farine,  doivent  être  proscrits;  par  contre,  le  vert,  les 
betteraves  sont  dos  alimonts  tout  iudi(iués. 

II.  —BOVIDÉS. 

Ânatomie  pathologique.  —  Fréquents  chez  ces  animaux 
et  chez  les  hiil'/lo^.  ils  se  logent  plus  ou  moins  exacte- 
ment dans  le  bassinet;  ils  sont  ovoïdes,  polyédriques, 
mùriformes    et  i»ossèdont   dos  prolongements  qui  répon- 


LITHIASE    REXALE. 


195 


dent  aux  calices  rénaux  (calculs  coralli formes).  On  en 
trouve  de  gris  formés  de  carbonate  de  calcium,  de  carbo- 
nate de  magnésium,  de  phosphate  ammoniaco-magnésien, 
de  matières  organiques,  de  traces  de   fer.  d'oxalate    de 


Fig.  39.  —  Calculs  du  rein  du  bœuf,  pesant  195  grammes, 
47  grammes  et  37  grammes. 


calcium:  il  y  en  a  qui  contiennent  seulement  de  l'oxalate 
et  des  carbonates  de  calcium  et  de  magnésium;  on  trouve 
aussi  des  cristaux  de  triphosphate  faciles  à  reconnaître 
(Kitt).  Il  y  en  a  de  rosés,  de  blancs,  de  gris  terreux  :  les 


196  REIXS. 

uns  soiil  l'i'iablos,  trautres  rôsislanls;  ils  ponvonl  obstruer 
onlièrement  louvorturo  des  uretères  (Bartlie)  (1). 

Leur  poids  atleinl  quelquefois  788  grammes  (Losdi):  ils 
sont  solitaires  ou  très  nombreux;  on  peut  en  compter 
jusqu'à  100  (flg.  39). 

Lorsfju'on  en  trouve  dans  un  rein,  il  est  bien  rare  de  ne 
pas  en  trouver  dans  Taulre.  Au  niveau  des  points  où  ils 
existent,  la  surface  du  rein  est  déprini(''e  ;  elle  api)arail 
av(^c  unecoloration anormale,  rouge-lie  devin  oujaunAtre, 
qui  trauflie  manifestement  sur  la  teinte  ocre  des  parties 
voisines.  Ces  taches  sont  irrégulières  et  se  propagent  en 
irradiant  du  lobe  où  siège  le  calcul  au  lobe  voisin.  Incisées 
dans  le  sens  de  leur  épaisseur,  elles  se  montrent  dures, 
scléreuses,  résistantes,  d'une  épaisseur  variable,  et  la 
section  aboutit  ;'i  unccaviti'  (i.iiis  laquelle  on  trouve  un  ou 
plusieurs  calculs  verts,  irréguliers,  le  plus  souvent  petits. 

\  l'examen  histologique,  le  tissu  environnant  le  calcul 
est  profondément  altéré.  La  portion  immédiatement  en 
contact  avec  la  pieri-e  est  sclérosée,  fibreuse,  et  forme  une 
coque  conjonctive,  toujours  très  épaisse.  A  la  péripbérie 
de  cette  zone,  le  tissu  du  rein,  très  malade,  a  perdu  ses 
caractères  normaux;  il  est  infiltré,  sclérosé,  transformé  en 
tissu  fibreux,  méconnaissable:  les  organes  qui  résistent  le 
plus  à  la  destruction  sont  les  corpuscules  de  Malpigbi. 
(Juoique  ne  fonctionnant  plus,  ils  ont  conservé  leur  forme; 
Ijcaucouj)  sont  étouirés  et  infiltr(''s.  mais  nettement  recon- 
naissables.  Un  certain  nondire  de  hibes  nriniières  ont 
sid)i,  par  suite  de  leur  oblitération  partielle  ou  totale,  en 
un  point  de  leur  trajet,  la  transformation  kystique.  Ils 
apparaissent  sur  une  coupe  comme  de  larges  conduits 
limités  par  une  zone  épaisse  de  tissu  fibreux  et  reconnais- 
sablés  à  leur  épithélium  (fig.  40),  parfois  d'autant  plus 
aplati  que  la  dilatation  des  tubes  est  plus  considérable. 
Ceux-ci  contiennent,  en  outre,  un  produit  granuleux  ou  des 

(I)  Barlhc.  /tpvue  vél.,  1006,  p.  2S9. 


LITHIASE    RENALE, 


197 


blocs  de  substance  hjaline  conibiant  la  bimière  du  tube. 

Quand  rinfection  pjogène  complique  la  lithiase  rénale, 
on  peut  constater  les  lésions  de  la  pyélonéphrite  et  de  la 
pyélonéphrose. 

Symptômes.  — Les  coliques,  la  douleur  rénale  dénoncée 
par  la  pression  et  la  palpation.  la  diminution  de  la  sécré- 


l-'ig.  40.  —  Coupe  longitiuliiiak' d'un  rein  de  bœ\if  atteint  de  lithiase  rénale 
(faible  gross.). 

A,  cavité  du  calcul:  B,  diUlition  des  tubes  iirinifères  voisins  ;  C,  zones  en- 
vahies par  le  tissu  conjonctif  (l-el)lanc). 


tion  même,  sont  les  signes  les  plus  caractéristiques;  mais 
ils  sont  ordinairement  peu  martjués,  de  sorte  que  la  lithiase 
rénale  n'est  pas  soupçonnée.  Exceptionnellement,  les 
symptômes  sont  tellement  nets  qu'on  ne  peut  en  mécon- 
naître l'origine  ;  la  sécrétion  urinaire  paraît  supprimée;  la 
dysurie  est  accompagnée  de  coliques  bruyantes,  de  ma- 
nifestations d'urémie  caractérisées  par  la  saillie  de  la 
langue  en  dehors  de  la  bouche,  des  tremblements  des 
muscles  de  la  face,  Thyperesthésie  des  paroisabdominales, 
et  une  respiration  lente  et  profonde. 


198  REINS. 

L'animal  couché  ne  peut  se  relever,  il  ne  tarde  pas  à 
mourir. 

Quand  le  calcul  passe  dans  l'uretère  et  s'y  enclave,  le 
rein  se  distend,  et  la  pression  de  l'urine  peut  déchirer  le 
conduit  (Hohenleitner). 

Diagnostic.  —  Le  diagnostic  est  basé  sur  la  douleur 
rénale,  les  coliques,  les  caractères  de  l'urine,  qui  est 
souvent  albumineuse  et  charg.'>e  de  sédiments. 

Pronostic.  —  La  lithiase  rénale  est  toujours  grave,  par 
suite  des  complications  d'urémie  ou  de  paralysie  lombaire. 

Traitement.  —  Il  est  alimentaire  et  médicamenteux. 

Le  régime  du  pâturage,  les  tisanes  d'orge,  de  pariétaire, 
la  graine  do  lin.  l'administration  de  médicaments  alcalins 
comme  le  bicarbonate  de  soude  pr.'-viennent  la  lithiase, 
l'améliorent  ou  la  guérissent. 

Les  dépôts  sableux  ou  boueux  sont  entraînés  ou  dissous. 

Dans  le  cas  d'accidents  aigus,  il  est  indiqué  de  com- 
liattre  la  doideur  par  l'application  de  cataplasmes  sur  la 
région  lombaire  et  l'administration,  à  l'intérieur,  dune 
l'aible  quantité  de  laudanum. 

III.  —  MOUÏO\. 

Les  calculs  sont  frécpients.  surtout  chez  les  mouionsgras, 
sur  les  nioiitons  de  concours  et  les  agneaux  d'engrais.  Us 
sont  petits:  les  plus  gros  atteignent  le  volume  d'un  pois; 
ils  sont  blancs  ou  noiràti'es,  lisses  ou  tomenteux,  quelque- 
lois  réunis  au  nombre  de  dix  ou  quinze.  Chez  une  chèvre, 
le  ItiissJMct  l'Iait  reuipii  de  calculs  [Kabieaux  (■!)]. 

Symptômes.  —  La  gravelledu  inouton  t's\  généralement 
dénoncée  par  l'émission  d'urine  sédimenteuse,  irritant 
l'extrémité  du  fourreau  et  constituant,  à  ce  niveau,  un 
dépôt  plus  ou  moins  apparent.  On  constate  en  même 
temps  de  la  dvsurie.  des  coliques  à  peine  esquissées  et  des 

(1)  Ral)ipaux,  Sor.  centr.   do  m"d.   vcl..  1002. 


LITHIASE    RENALE.  199 

frissons  convulsifs  uréniiques  généralisés.  Les  malades 
tristes,  abattus,  présentent  une  anorexie  complète  ;  ils  se 
placent  en  décubitus  sterno-abdominal  ou  sterno-latéral 
et  peuvent  succomber  plus  ou  moins  vite  quand  l'urine  ne 
peut  s'éliminer. 

Pronostic.  —  Le  pronostic  est  très  grave  en  raison  du 
nombre  danimaux  qui  peuvent  tomber  malades  à  la 
fois. 

Traitement.  —  Le  seul  traitement  applicable  dans 
l'espèce  consiste  dans  la  modification  du  régime  alimen- 
taire. Le  son  doit  être  proscrit,  le  seigle  cuit  substitué  à 
l'avoine,  en  même  temps  que  la  proportion  de  betteraves 
augmentée.  Ce  régime,  combiné  quelque  temps  avec 
l'ingestion  d'tme  eau  bicarbonatée,  1  à  2  grammes  par 
litre  de  boisson,  peut  être  suivi  des  meilleurs  résultats 
(H.  Bouley). 

IV.  —  CHIEN. 

La  lithiase  rénale  s'observe  quelquefois  chez  les  chiens 
âgés,  abondamment  nourris  ou  obèses.  Elle  consiste  dans 
le  dépôt  de  sédiments  ou  de  calculs  sphériques  ou  irré- 
guliers, quelquefois  aplatis,  de  coloration  blanchâtre, 
brunâtre  ou  verte,  atteignant  quelquefois  le  poids  de 
97  grammes  (Guillon). 

Symptômes.  —  Les  sédiments  ou  petits  graviers  sont 
habituellement  entraînés  et  expulsés  avec  l'urine;  mais  ils 
peuvent  s'arrêter,  chez  le  mâle,  en  arrière  de  l'os  pénien 
et  devenir  une  cause  de  rétention  absolue  ou  relative  de 
l'urine. 

Les  calculs  rénaux  s'accusent  par  de  Ihyperesthésie  de 
la  région  lombaire,  des  souffrances  et  des  accès  d'anorexie 
(Mégnin).  Dans  certains  cas,  il  y  a  de  la  strangurie  ;  les 
animaux,  debout,  maintiennent  le  dos  voussé.  Ces  signes 
peuvent  être  accompagnés  de  violentes  coliques  et  d'efforts 
de  miction  aboutissant  à  l'émission  d'urine  sanguinolente. 

Diagnostic.  —  L'expulsion  de  sédiments  met  sur  la  voie 


200  nKiNS. 

du  diagnostic,  qui,  indépendamment  de  ce  signe,  est  très 
dil'licile,  sinon  impossible. 

La  cvstoscopie  est  applicable  à  la  chienne:  mais  le 
cathétérisme  des  uretères  n'a  pu  être  réalisé  (Hedechà  et 
Kaszas,  d909). 

Traitement.  —  La  prophylaxie  de  la  lithiase  i-énale  est 
une  affaire  de  régime  :  le  lait,  les  soupes  légères,  les  viandes 
blanches  conviennent  aux  animaux  sé-dentaires.  Si  l'on 
nourrit  davantage  les  animaux,  il  faut  y  joindre  un 
exercice  régulier.  On  doit  administrer  aussi  des  alcalins  et 
des  diurétiques  (i  à  5  grammes  de  bicarbonate  de  soude 
ou  08^.50  à  i  gramme  de  benzoate  ou  de  salicylate  de 
lithine    I). 

Quand  la  lilhiase  est  certaine,  la  m'^plireclomie  est 
indiipKM';  on  peut  même  enlever  les  calculs  en  conservant 
le  rein.  Cette  opération  a  été  exécutée  avec  succès 
(Thonuissen)  (d). 

V.  —  OISEAUX. 

Les  dr-pols  lu'inaires  ne  sont  pas  rares  dans  les  reins 
des  o;.sv,7».v:  ils  se  présentent  sous  forme  de  concrétions 
ou  de  stries  blanchâtres  [Larclier  (2).  Lucet)  (3)]. 

X.    —    CANCEUS    DU    UEIN. 
I     _  SOLII»ÈI)ES. 

Anatomie  pathologique.  —  Les  cancers  ihi  rein  l'iubras- 
sent  les  é|)ilh(''liomes,  les  carcinomec,  les  sarcomes  et  les 
tumeurs  mixtes  de  cet  organe.  Ils  sont  primitifs  ou  secon- 
daires. Ces  derniers  s'appliquent  ordinairement  au  cancer 
de  l'ovaire,  de  l'utérus,  de  la  vessie,  du  foie,  de  l'estomac, 

(1)  Thomassen,  Aidi.  mrd.ivél .,  180;f,  p.  659. 
{•2)  Larclier,  Mé/.  de  palh.  rnmp..  l^iris,  IS74. 
(3)  L\xCL-\.,  Recueil,  févr.  1S94. 


CANCERS    DU    REIN.  201 

(lu  poumon,  du  testicule:  ils  reproduisent  les  caractères 
histologiques  de  la  néoplasie  primitive.  Les  cancers 
primitifs,  beaucoup  plus  rares,  n'ont  été  signalés  que  chez 
de  vieux  animaux:  ils  sont  généralement  unilatéraux  ; 
ils  se  développent  principalement  au  niveau  du  hile  et 
atteignent  quelquefois  des  dimensions  considérables. 

Les  epitliéliomes,  les  épit/ielio-carcinomes  et  les  adcno- 
carcinoines  affectent  souvent  la  forme  massive,  de  telle 
sorte  que  le  rein  est  transformé  en  une  masse  néoplasique 
énorme  intracapsulaire  (Maja)  (1)  oblitérant  les  calices, 
refoulant  le  bassinet  et  présentant  souvent  des  foyers 
hémorragiques  diffus.  Les  cancers  nodulaires,  de  nature 
sarcomateuse,  constituent  des  masses  molles,  hémor- 
ragiques, l'amollies,  dégénérées,  encéphaloïdcs,  dont  le 
poids  peut  atteindre  17  kilogrammes  (Kittj;  ceux  de  nature 
épithéliale  sont  caractérisés  par  des  nodosités  molles  ou 
dures,  squirreuses,  accompagnées  de  petits  noyaux  aber- 
i-ants.  Ces  diverses  tumeurs  se  propagent  aux  ganglions 
du  hile,  au  poumon  et  au  foie  par  la  voie  veineuse  et  la 
voie  lymphatique. 

Le  rein  sain  présente  quelquefois  une  hypertrophie 
compensatrice. 

L'examen  histologique  est  souvent  nécessaire  pour  les 
différencier.  On  trouve  tantôt  un  épithéliome  cylindrique 
formé  de  tubes  tapissés  d'une  seule  couche  de  cellules 
épithéliales,  tantôt  des  formes  atypiques  qui  établissent  la 
transition  entre  les  épithéliomes  et  les  carcinomes,  tantôt 
le  type  du  carcinome,  tantôt  enfin  des  sarcomes  fuso- 
cellulaires  ou  globo-cellulaii*es,  plus  rarement  des  tumeurs 
mixtes  ou  des  adénosarcomes. 

Symptômes.  —  Ces  tumeurs  demeurent  ordinairement 
latentes  malgré  leur  développement  considérable  et  leur 
malignité.  Les  troubles  rénaux  manquent  ou  sont  trop 
peu  accusés  pour  permettre  de  soupçonner  une  maladie  de 

(1)  -Maja,  Deux  faits  de  cancer  épithélial  du  rein  généralisé  au  poun.on 
chez  le  cheval  (Bull,   de  la  Soc.  centrale,  1910). 


202  «EINS. 

ces  organes  el  moins  encore  une  néoplasie.  Ihihiliiellc- 
ment,  on  ne  constate  que  des  coliques,  de  la  raideur  dans 
les  mouvements,  une  marche  vacillante,  de  l'hypertrophie 
cardiaque  et  des  irrr^Milarités  dans  les  battements,  do 
lanémio,  de  la  cachexie.  On  peut  constater,  par  compres- 
sion de  la  tumeur,  les  signes  d'im  anévrysnie  aorlique 
(Zicssler)  (Ii. 

Traitement.  —  i/exiirpation  du  rein  malade  est  le  seul 
traitement  efïicace  ;  mais  cette  opération  est  elle-même 
dangereuse  et  dilïîcile  à  prali(itier  chez  le  cheval. 

H.  —  RI  MINAATS. 

Anatomie  pathologique.  —  Le  cancer  rénal  des  hovirirs 
estr('pr(''S('iilr  par  le  larcinomc  lypi(pie(lless),  le  carcinome 
colloïile  (Ilayer),  le  sarcome  (Ostertag)  ou  par  Tadéno- 
carcin()me(lMliig,  Siedamgrotzky).  (les  tumeurs  unilatérales 
ou  bilatérales  déterminent  une  telle  hypertrophie  de 
l'organe  malade  que  l'exploration  rectale  permet  de 
reconnaiti-e  cette  augmentation  de  voliune  (Hess).  On 
constate  quciipieroisdes  tumeiu'sde  celte  nature alteignani 
le  poids  de  V.i  kilos,  bourgeonnant  dans  les  calices,  le 
bassinet  et  même  l'urètre  (Mathis  et  Forgeot)  (2). 

Le  volume  des  uretères  dans  la  pyélonéphrite  et  dans 
l'hydronéphrose  assure  le  diagnostic  dilTérentiel  avec  le 
cancer  rénal  (3). 

Le  sarcome  des  ganglions  du  bile  peut  simuler  une 
tumeiu-  du  parenchyme  rénal,  déterminant  de  la  néphrite 
et  le  développement  au  niveau  de  l'un  des  reins  dune 
grosse  tumeur  accessible  par  l'exploration  rectale 
(Hhiim)  (i). 


(1)  Zil•^sll■r,  A.Iénome  du  rein  chez  le  cheval  {/ievue  tfniiér.,  lÛOti,  l.  I). 
(i)  Malhis  et  Korgeot,  Revue  vét.,  1906,  p.  80i. 

(3)  Chez   \tmoulon,  Koger  a  signalé  un  cancer  épilhéiial  [Aiui.  de  mèii. 
vét.,  1864,  p.  34). 

(t)RluiiM,  /teviie  fjé/i.,  1907. 


CANCERS    DU    REIN. 


203 


III.    —  PORC. 

Le  sarcome  et  Vadéiwsarcome  sont  les  deux  principales 
tumeurs  primitives  des  reins  chez  le  porc.  Ces  tumeurs 
peuvent  se  développer  chez  les /jorfWp/s,  comme  on  observe 
le  cancer  rénal  chez  les  enfants.  Elles  acquièrent  quelque- 


Fig.  41.  —  Nodules  sarcomateux  d'un  rein  de  jeune  porc  (Cadéac). 


fois   des    dimensions     considérables  ;   leur     poids    peut 
atteindre  31^8,500  (Rieck),  14  kilos  (Johne);  elles  affectent 
la  forme  médullaire  et  se  développent  également  dans  les 
deux  substances  du  rein  (fig.  41). 
Le  carcinome,  plus  i*are.  a  été  signalé  par  Ostertag. 


204 


IV. 


CAU-MVOIÎES. 


Le  cancer  vrn;\\  |iiiinilil'  est  l'ai'e  cliez  les  r;//'/;/i'o/V'^'. 
On  a  cependant  siynalé,  cliez  le  chien,  le  caninoiiie 
[llabacher(l)],le  carcinome  colloïde  (Zundel),  répilhélionie 
(Bournay,    Maja)   et  le  sarcome    généralisé    au  poumon 

[Maja  (2)1.  r.licz  le  rlml.  on  |iPiil  oliscrvei-  je  saivnnie  pri- 


l'i^.    '\1.  —  Uciii  Liuucrciix  ilu  <-h(il.   lace  exleri.e. 

La    capsule  du    rein   a  élé   eiilevcLV  pour  iiionlrer  les  bourgeons  nèopla- 
siciues  (Auger  et  Koquol). 

mitif  [Petit (3),  N'alillo  (ijj,  le  cairinoine  encéi)lialoïde  [Au- 
ger et  Uoqiiet  (5)1  (lig.  42). 

Symptômes.   —    Les    limicurs    voliiinineuscs   s'accom- 
pagnent seuk'sde  troubles  particuliers.  L'animal  maigrit  et 


(I)  Hahaciier,  Revue  géii.,  1907,  p.  '.iù't. 

{■2)  Maja,  Soc.  eentrule,  1010. 

(S*  Pelil,    Sor.    reiilra/c,  1901,  p.  6l'9. 

(1)   Valillu,  C/iiiiru   ve/erhiuria,  19U9. 

(.'>)  .Vu^'er  el  Koquct,  Joiini.  rie  l'Éeo/e  vri.  de  Lijoii,  \'.">i. 


REIN    FLOTTANT.  ,         205 

se  tient  difricilenient  debout;  la  respiration  semble  nor- 
male, ce  qui  écarte  toute  localisation  du  côté  de  l'appareil 
respiratoire,  mais  l'attention  est  immédiatement  attirée 
par  le  volume  du  ventre.  Contrairement  à  ce  que  l'on 
observe  dans  l'ascite,  le  ventre  ne  pai'ait  pas  descendu; 
il  semble  élargi  en  son  milieu  et  à  sa  partie  supérieure. 
A  la  palpation,  qui  ne  décèle  aucune  douleur,  on  sent 
immédiatement,  en  arrière  des  côtes,  de  chaque  côté, 
une  masse  volumineuse,  allongée,  cylindrique,  à  déplace- 
ments limités,  mais  plus  mobile  cependant  qu'un  rein 
normal.  En  plaçant  l'animal  sur  le  dos,  on  a  la  sensation 
d'une  tumeur  volumineuse,  bilobée,  développée  de  chaque 
côté  de  la  cavité  abdominale,  (juand  la  tumeur  est  bilaté- 
rale (Auger  et  Roquet). 

Quelquefois,  on  constate  de  l'albuminurie,  des  cylindres 
hyalins,  et  quelquefois  de  l'hématurie  et  des  signes  de 
cachexie  avec  complications  ulcéreuses  de  la  muqueuse 
buccale. 

Traitement.  —  La  néphrectomie  est  le  seul  traitement 
efficace. 

\l.  —  REIN  FLOTTANT. 

Chez  beaucoup  de  chiens,  les  reins  sont  plus  ou  moins 
flottants  au  milieu  de  la  masse  intestinale.  On  peut  les 
■  déplacer  en  avant  et  en  arrière  comme  une  tumeur  mobile 
réunie  àla  colonne  vertébrale  par  un  ligament  de  longueur 
variable,  mais  toujours  insuffisant  pour  a  mener  le  rein 
en  contact  avec  la  ligne  blanche  de  l'abdomen.  Cette  mo- 
bilité du  rein  s'observe  chez  environ  15  à  20  p.  100  des 
chiens  (Johne).  Habituellement,  un  seul  de  ces  organes 
pend  à  l'extrémité  d'un  mésentère  et  donne,  à  l'exploration, 
la  sensation  d'une  tumeur  réniforme,  allongée,  légèrement 
douloureuse  à  la  pression  [Hébrant  et  Antoine  (1)].  Le  rein 
mobile  ou  flottant  a  été  signalé  quelquefois  chez  la  vache 

(I)  Hébi-ant  et  Antoine,  Rein  Uotlant  (Annales  de  méd.  cet.,  1913). 
Cadéac. —  Pathologie  interne.  YII.  i- 


200  REINS. 

(Slocktlelli.  Heali  I  ]  ot  chez  le  porc  (Zell)  ;  il  exerce  fféné- 
ralcrncnl  des  lii'iullemenls  plus  ou  moins  pénibles  ou  dou- 
loureux, par  le  ligament  suspensif,  pendant  les  allures 
rapides.  La  rupture  de  ce  ligament  est  peu  à  craindre, 
quoique  Pinel  ait  signalé,  chez  le  cheval,  le  détachement 
d'im  rein  trouvé  libre  dans  la  cavité  abdominale  et  réduit 
en  boule  dégénérée  du  poids  de  270  grammes. 

Traitement.  —  La  m'-phrorraphie  ou  népbropexie  (lixa- 
tiondurein)  est  l'opération  (pii  permet  de  remédier  à  cette 
disposition  anormale. 

XII.  —  PAR.\S1TES. 

I.   —   EUSTRONGYLOSE. 

Définition.  —  l^'cusiroinjulosc  est  une  alïei-tion  parasi- 
1,1  ire  du  chien  due  à  la  présence  d'Eustronyyhis  ijiyas 
dans  le  rein  et  plus  rarement  en  dehors  de  cet  organe. 

D'autres  espèces  sont  exceptionnellement  parasitées  par 
VEustroïKjijhts  ui(jas.  Le  r//r»;// (Chabert,  Leblanc.  Labat), 
le  bœuf  [Hudolphi.  Grève  i2)],  le  y>orr  (Linstow)  peuvent 
renfermer  ce  parasite  dans  leur  rein. 

Étiologie.  —  L'Eustronyylus  gi(jas  ou  viscerali^  est  le 
plus  grand  îles  nématodes  connus.  Son  corps  est  rouge 
sanguin,  strie''  transversalement  ;  il  offre  une  bouche 
triangulaire  entourée  de  six  papilles.  Le  mâle  a  de  13  à 
1()  millimètres  de  long,  i  à  (i  de  large  :  la  femelle, 
longue  de  20  centimètres  à  1  mètre,  est  ovipare.  L'œiil' 
mesure  de  64  à  68  [j.  de  long  sur  40  à  40  [a  de  large  ;  il  se 
développe  dans  un  milieu  humide,  et  l'embryon  fusiforme 
peut  y  conserver  sa  vitalité  [jcnilant  cinq  ans  au  moins. 
Il  ne  peut  infecter  directement  lesaniuiatix,  cl  Ion  ignore 

(l)  Keali,  Hein  gauche  mobile  chez  une  v.iche  (Revue  générale,  1900, 
p.  i'7(i). 

(i)  Grève  l'a  rencontré  sur  un  taureau  qui  depuis  longtemps  souffrait  de 
dysurie  ;  l'urine  expulsée  contenait  des  flocons  de  mucus  ;  le  rein  gauche  était 
transformé  en  un  énorme  abcès. 


PARASITES.  207 

riiôle  internu'diairc  —  poisson  ?  —  qui  assure  son  dévelop- 
pement. 

L'eustrongylose,  commune  en  Italie  chez  les  eJiieus  de 
chasse,  est  rare  en  France  ;  elle  a  été  signalée  dans  les 
divers  pays  européens,  en  Amérique  et  au  Japon  ;  elle  est 
particulièrement  fréquente  dans  les  régions  où  abondent 
les  crustacés  et  les  mollusques. 

Symptômes.  —  Dans  la  plupart  des  cas,  on  n'observe 
aucun  symptôme  appréciable  ;  l'eustrongylose  est  une 
découverte  d'autopsie.  Dans  quelques  cas  seulement,  ce 
parasite  trahit  sa  présence  dans  le  rein  par  des  troubles 
plus  ou  moins  graves  :  l'animal  maigrit,  dépérit  plus  ou 
moins  rapidement,  présente  de  l'hématurie,  des  signes  de 
néphrite  et  de  cystite,  de  la  rétention  d'urine  passagère  ou 
durable,  de  l'urémie  quand  le  ver  a  obstrué  un  uretère  ou 
l'urètre,  marche  péniblement,  la  colonne  vertébrale 
courbée  du  côté  malade  ;  il  soutîre  tellement  qu'il  pousse 
des  hurlements  continus,  comme  dans  certains  cas  de 
lithiase  rénale.  Sa  tristesse,  sa  voix  rauque,  son  excitation 
rabiforme  peuvent  faire  songer  à  la  rage  ;  on  observe 
quelquefois  des  convulsions  et  de  la  péritonite  quand  le  para- 
site tombe  dans  la  cavité  abdominale,  des  vomissements  et 
des  signes  asphyxiques  quand  il  s'aventure  dans  la  plèvre. 
L'eustrongyle  tend  à  abandonner  le  rein,  son  habitat  pri- 
mitif ;  il  peut  le  déserter  de  bonne  heure,  passer  dans  le 
bassinet,  dans  l'uretère  et  atteindre  la  vessie,  puis  s'enga- 
ger dans  l'urètre,  se  loger  dans  le  tissu  conjonctif  péri- 
urétral,  être  expulsé  au  dehors;  il  peut  sortir  directement 
du  rein  et  passer  dans  la  cavité  abdominale,  dans  le  foie, 
les  plèvres,  se  loger  sous  la  peau  de  la  paroi  abdominale 
inférieure  en  arrière  des  bourses,  sortir  au  niveau  d'une 
mamelle  ou  pénétrer  dans  le  cœur. 

Lésions.  —  Généralement  un  seul  rein  est  parasité,  et 
on  n'y  trouve  le  plus  souvent  qu'un  seul  ver  :  mais  on  en  a 
rencontré  deux,  trois,  quatre,  six  et  même  huit  (Klein), 
l'autre  rein  demeure  indemne  ou  s'hypertrophie.  Le  para- 


208  REINS. 

site  détruit  progressivement  le  parenchyme  rénal  qu'il 
habite  ;  il  ne  reste  bientôt  plus  à  la  place  du  rein  qu'un 
kyste  limité  par  une  mince  couche  de  la  zone  corticale. 
Parfois  la  surface  présente  une  série  de  petits  nodules  hlan- 
chAtres  renfermant  des  u'ufs  d'eus! rongles  témoignant  du 
passage  ou  du  séjouràce  niveau  d'une  femelle  d'eustrongle 
[Massaglia  {{)].  ' 

Diagnostic.  —  L'émission  d'iunne  sanguinolente,  et 
l'examen  microscopique  du  dépôt  urinaire.  décelant  les 
œufs  du  parasite,  sont  les  deux  principaux  éléments  du 
diagnostic. 

Pronostic.  —  Le  pronostir  de  la  strongylose  rénale  est 
évidciiunent  iort  grave  ;  toujours  fatal  quand  les  vers 
quittent  le  kyste  par  ellVaclion,  il  est  presque  aussi  fâcheux 
quand  ils  émigrent  i)ar  les  voies  naturelles,  en  raison  de 
la  i'('l('iilion  (fiu'ine  qu'ils  occasionnent. 

Traitement.  —  Le  traiiementchirurgical  est  seul  efticace 
(|iiand  il  peut  être  inslitui'  en  parfaite  connaissance  île 
cause.  11  l'aut  extirper  le  rein  conleuant  le  parasite,  inciser 
la  tumeur  ])érinéale  ou  mammaire  qu'il  a  provoquée  (2). 

II.   —   PSEUDO-TUBERCULOSE  VERMINEUSE. 

Nous  di'signous  ainsi  luic  alfection  nodulaire  de  la  couche 
corticale  du  rein  due  à  l'infestation  péi-i-arlt-rielle  des 
artérioles  i-énales  de  Viiiir  par  des  larves  de  Uhnbditis. 

Cette  pseudo-tuberculose,  très  rare,  a  fait  l'objet  d'une 
('■Inde  i-é'cente  de  Petit.  Henry  et  Germain  (3). 

Étiologie.  —  Les  larves  de  /{/(rt/j(7t//.s- mesurent  280  cen- 
tinu'-tres  de  long  sur  15  centimètres  d'épaisseur;  elles  ont 
la  forme  d'un  fuseau  et  itossèdent  un  appareil  génital, 
indice   d'iuie    umlliplicalidn   rapide   des   larves  par  elles- 

(1)  Massiiglia,  Bulletin  de  iliistilut  Pasteur,  févr.  1912. 

(2)  Chez  le  cheval,  ou  a  signalé  des  écliinocoques  dans  le  rein  (Cadéac  cl 
Malet,  Blanc);  on  les  observe  aussi  chez  le  Im'uf,  le  mouton,  le  pore  et 
même  chez  le  chien  {Perroncito). 

(3)  Polil,  Henry  et  Germain,   Hec .  de  méd .   vrt.,  1909,  p.  493. 


PARASITES.  209 

mêmes  qui  explique  leur  groupement  dans  lintérieur  des 
tubercules.  Apportés  par  le  sang  artériel,  ces  parasites 
perforent  la  paroi  artt^rielle  de  dedans  en  dehors  et  se 
logent  dans  les  tunique  interne  et  moyenne  des  petites 
artérioles  dont  ils  provoquent  l'occlusion. 

Lésion:.  —  Le  rein  est  couvert  de  marbrures  blan- 
châtres plus  ou  moins  continentes  et  très  légèrement  sail- 
lantes, ressemblant  à  des  foyers  de  nécrose,  situées  presque 
exclusivement  dans  la  substance  corticale.  Ces  nodules  sont 
régulièrement  suspendus  comme  de  petits  grains  aux 
divisions  latérales  des  artérioles  rénales  situées  au  centre 
et  très  riches  en  cellules  géantes. 

Symptômes.  —  L'occlusion  d'un  grand  nombre  d'arté- 
rioles  rénales  détermine  les  signes  d'une  urémie  intense 
marquée  par  des  séries  de  crises  de  vertige  accompagnées 
de  chutes  successives,  de  tremblements  musculaires,  de 
tétanie,  dexorbitisme,  sans  salivation  ni  évacuation 
alvine  se  terminant  par  la  mort  ou  nécessitant  l'aba- 
tage  du  malade    Mouilleron). 

Traitement.  —  On  ne  peut  ni  soupçonner  ni  prévenir 
cette  infestation  parasitaire. 


12. 


CHAPITRE  II 
VESSIE 

I.    —    CYSTITES. 

Considérations  générales.  —  Les  inflammations  do  la 
vessio  ou  cvstitcs  fonsistcnt  dans  des  inl'ections  de  la  paroi 
vésicale  par  tous  les  germes  pathogènes  ou  susceptibles  de 
s'implanter  sur  la  muqueuse  de  cet  organe  à  la  faveur  de 
causes  prédisposantes.  —  llabiluolloinent.  les  microbes 
parvenus  accidentellement  dans  la  vessie  sont  totalement 
entraînés  avec  l'urine,  qui  redevient  aseptique  :  linfeition 
est  évitée  ;  parfois  ils  cultivent  partiellement  dans  l'urine 
sans  intéresser  la  paroi  vésicale  :  il  y  a  simplement  de  la 
bactériuric  ;  parfois  la  muqueuse  vésicale  s'infecte  et 
s'enflamme  ;  il  y  a  cystite.  Dans  cette  infection,  trois 
éléments  doivent  retenir  notre  attention  :  1<»  les  microbes  ; 
2°  la  voie  de  pénétration  ;  3"  les  causes  (jui  permcltont 
leur  implantation. 

a. 'Le  microbe  infectant  est  très  variable  ;  on  pciil  incri- 
miner principalement  les  staphylocoques,  les  strepto- 
coques, les  colibacilles,  les  microbes  de  la  suppiu-ation 
caséeiise,  le  hacille  do  la  tuberculose.  Plusieurs  espèces 
microbiennes  peuvent  d'ailleurs  s'associer  ou  se  remplacer 
quand  la  nnujueuse,  altérée,  est  dépourvue  de  son  é'pilhé- 
lium  protecteur. 

b.  La  pénétration  des  microbes  dans  la  vessie  s'effectue 
parla  voie  descendante  ou  rénale  dans  le  cours  des  infec- 
tions  générales  accompagnées  de   rétention  et  dans   les 


CYSTITES.  211 

pyélonéphriles  suppurées.  Un  rhume  descend  dans  la 
poitrine  ;  une  néphrite  purulente  hématogène  peut 
engendrer  une  cystite  pyogène.  L'infection  ascendante 
urétrale  est  fréquente  ;  la  cystite  complique  l'acrobus- 
tite.  la  gravelle,  les  plaies,  les  ulcérations  vaginales. 
L'infection  par  les  vaisseaux  lymphatiques  peut  déterminer 
une  plaque  de  cystite  produite  par  les  microbes  de  la 
suppuration  caséeuse  ou  par  les  bacilles  de  la  tuberculose. 
D'autres  microbes  viennent  plus  tard  se  greffer  sur  cette 
plaque  dénudée. 

c.  La  prédisposition  est  indispensable  à  toute  infection. 
Sans  elle,  on  peut  injecter  isolément  ou  ensemble  tous  les 
microbes  infectieux  dans  la  vessie  :  l'urine  les  entraîne  ; 
il  ne  se  développe  pas  de  cystite.  La  prédisposition  est 
réalisée  :  i°  par  la  rétention  :  la  vessie  qui  se  vide  bien 
résiste  à  l'infection  ;  2°  par  le  traumatisme  occasionné  par  le 
cathétérismeoula  gravelle;  3°  par  la  congestion  déterminée 
par  l'urine,  devenue  irritante,  en  éliminant  des  agents 
toxiques.  Chez  les  solipèdes,  les  bovidés  et  les  chiens. 
on  peut  reconnaître  deux  sortes  de  cystites  :  la  cystite 
aiguë  et  la  cystite  chronique.  Ces  inflammations,  très  rares 
chez  le  mouton  et  le  porc,  n'ont  pas  été  étudiées. 


I.  —  SOLIPEDES. 

I.    —  CYSTITE  AIGUË. 

Définition.  —  La  cystite  aigué  des  solipèdes  est  une 
maladie  toxi-iufectieuse  caractérisée  par  des  coliques,  des 
troubles  de  la  miction,  de  la  douleur  vésicale.  une  marche 
rapide  aboutissant  à  la  guérison,  à  l'état  chronique  ou  à 
la  mort. 

Étiologie.  —  La  cystite  aiguë  est  une  maladie  toujours 
secondaire.  La  vessie  constitue,  en  effet,  un  réserv'oir 
d'attente  placé  à  égale  distance  du  rein  et  du  méat  uri- 
naire.    Tous  les  troubles    du   rein    s'accompagnent  d'une 


212  VESSIE. 

altération  plus  ou  moins  profonde  fie  l'urine  ;  réliiiiina- 
lion  de  prinripos  irritants  ou  infectieux  a  néeessairenienl 
un  retentissement  plus  ou  moins  marqué  sur  létal  de  la 
vessie.  La  cystite  évolue,  dans  ces  circonstances,  comme 
évoluent  la  bronchite  ou  la  pneumonie  à  la  suite  du  <orvza 
ou  de  l'angine.  L'infection  est  descendante. 

La  plupart  dosproduits  irritants  capables  de  «l'IermintM' 
une  néphrite  sont  donc  susceptibles  de  provoipier  une 
cystite.  Les  végétaux  toxiques,  les  résineux,  la  canthari- 
dine,  l'essence  de  térébenthine,  certains  champignons  sont 
des  agents  fréquents  de  la  maladie.  Prévôt  la  vue  se  déve- 
lopper à  la  suite  de  frictions  légères  à  l'alcool  cantha- 
ridé. 

La  cystilc  qui  (■voliic  |»cnilaul  le  cours  des  niabulies 
contagieuses  a  la  même  origine  (pie  les  précédentes. 

Dans  les  cas  d'infection  ascendante,  les  agents  micro- 
biens, avant  de  se  rendre  au  rein,  sont  obligés  de  séjour- 
ner pendant  un  temps  plus  ou  moins  long  dans  le  réser- 
voir vésical. 

Leur  pri'sence  à  la  surface  de  la  muqueuso.  dans  l'urine, 
est  quchjuefois  suivie  de  l'apparition  de  désordres  plus  ou 
moins  graves.  Cette  seconde  forme  de  cystite  par  infection 
ascendante  est  surtout  fréquente  chez  la  femelle  à  la 
suite  d'accouchements  laborieux,  de  non-dëlirrancc.  de 
plaies  vaijiiialcs,  de  catarrhe  du  raijin.  ou  de  sondages 
intempestifs,  pratiqués  avec  des  sondes  infectées. 

Les  obstacles  au  cours  d(>  l'in-inc.  réirécissement  uré- 
Iral,  calculs,  néoplasies,  en  sopposani  à  l'expulsion  régu- 
lière de  l'urine,  sont  autant  d'accidcnls  (jui  ]pi'éparenl  et 
facililiMil  l'infection. 

Symptômes.  —  La  maladie  di-bute  par  de  l'inquiétude  ; 
l'animal  malade  cesse  de  manger,  gratte  le  sol,  se  couche 
avec  précaution  et  se  relève  aussitôt.  S'il  s'agit  d'un  mâle, 
on  constate  que  les  testicules  sont  remontés  dans  l'aine  : 
sur  la  temelle,  les  lèvres  de  la  vulve  s'entr'ouvrenl.  mon- 
trant un  clitoris  lurgescenl. 


CYSTITES.  213 

Le  malade  se  campe  fréquemment  et  rejette  une  faible 
quantité  d'urine  ;  les  mictions  sont  fréquentes  et  doulou- 
reuses, l'iu'ine  est  expulsée  par  gouttes,  par  jets  interrom- 
pus. Pendant  lurination,  lattitude  de  l'animal  exprime 
une  vive  douleur;  lorsqu'elle  a  cessé,  lise  déplace  latéra- 
lement à  droite,  à  gauche:  la  queue  est  agitée,  toujours  en 
mouvement. 

L'exploration  rectale,  ou  vaginale,  s'il  s'agit  d'une 
femelle,  est  douloureuse  ;  l'animal  se  défend  vivement 
pendant  l'opération,  ou  se  plaint.  Elle  permet  de  constater 
la  réplétion  de  l'organe. 

La  douleur  déterminée  par  les  efforts  expulsifs.  néces- 
saires à  la  défécation,  empêche  le  malade  de  se  livrer  à 
cet  acte.  Les  excréments  s'accumulent  dans  le  rectum 
et  augmentent,  jiar  les  pressions  qu'ils  déterminent",  les 
douleurs  ressenties. 

La.  pyurie  comp\i'\o  ce  tableau  symi>tomatique  ;  l'urine 
est  trouble,  épaisse,  plus  dense  qu'à  l'état  normal  :  elle 
renferme  des  éléments  proven.int  de  la  muqueuse 
enflammée  :  épithélium  vésical,  globules  de  pus,  mucus, 
albumine,  cristaux  de  phosphate  ammoniaco-magnésien. 
lorsqu'elle  a  subi  un  commencement  de  fermentation,  et 
des  microbes  abondants.  Elle  peut  contenir,  en  outre,  du 
sang,  des  fausses  membranes.  Quelquefois  la  maladie  se 
complique  de  la  formation  d'abcès. 

Les  symptômes  généraux  qui  accompagnent  ces  mani- 
festations sont  peu  accusés  ;  la  température  ne  dépasse 
pas  39°. o  ;  le  pouls  est  peu  accéléré  et  la  respiration  peu 
troublée. 

Marche.  —  Cet  état  dure  pendant  un  temps  variable. 
Le  malade  se  rétablit  en  quelques  jours  ou  un  accident 
termine  brusquement  l'évolution  du  processus  quand  celui- 
ci  ne  tend  pas  à  persister  indéfiniment.  La  maladie  peut, 
en  somme,  se  terminer  par  résolution,  par  urémie,  par  la 
rupture  ou  par  la  gangrène  de  l'organe  ou  par  le  passage 
à  l'état  chronique. 


214  VESSIE. 

La  RÉsoLiTiON  s'annonce  par  l'attcniiation  de  tous  les 
symptômes  que  nous  avons  énumérés  ;  elle  survient  ordi- 
nairement au  bout  de  quelques  jours;  parfois  elle  se  fait 
attendre  plus  longtemps  (quinze  jours)  (Oresle).  Lorsque 
les  symptômes  persistent  après  avoir  perdu  de  leui-  inten- 
sité, la  maladie  passe  à  l'état  dironique. 

La  MORT  peut  être  la  conséquence  de  iurémio,  de  la 
rupture  ou  de  la  gangrène  de  la  vessie. 

L'urémie  se  produit  lorsque  la  plénitude  de  l'organe 
s'oppose  au  déversement  de  l'urine  contenue  dans  les  ure- 
tères et  le  hassinet.  Elle  se  caractérise  par  l'appari- 
tion de  phénomènes  nerveux  auxquels  donne  lieu  cette 
intoxication,  qnciquel'ois  par  de  la  paralysie  générale 
(Isnard). 

La  RUPTURE  DE  LA  VESSIE  cst  facilitée  par  sa  paralysie 
plus  ou  moins  complète  et  par  l'altération  de  ses  i)arois; 
elle  est  déterminée  par  sa  réplétion  extrême,  par  un 
effort,  par  une  violence  extérieure.  Cet  accident  est  fré- 
quent [Adam,  Overed].  Il  s'accuse  par  un  bien-être  immé- 
diat, mais  de  courte  durée,  par  la  suppression  des  efforts 
de  miction  et  par  une  déformation  de  l'alidomen.  L'explo- 
ration rectale  lève  tous  les  doutes.  Bientôt  de  nouvelles 
coliques  se  montrent  ;  elles  indiquent  le  déhiit  dune  périto- 
nite, constamment  mortelle. 

La  GANGRÈNE  est  uue  terminaison  rare.  KUe  est  annon- 
cée par  des  coliques  violentes.  L'urine  se  fonce  en  couleur, 
dégage  une  odeur  fétide  et  renferme  souvent  des  frag- 
ments de  membranes.  Cette  terminaison  aboutit  presque 
toujours  à  la  nipliu'e  de  la  vessie. 

Anatomie  pathologique.  —  La  vessie  enflammée  est 
généralement  distendue,  remplie  d'urine  épaisse  tenant 
en  suspension  des  exsudais  pathologiques.  Sa  muqueuse 
est  injectée,  congestionnée,  desquauu'x^  stu"  toute  la  surface 
ou  seulement  par  îlots  au  niveau  desquels  se  sont  incrustés 
les  sédiments  urinaires.  Quand  l'inflammation  est  récente, 
on  constate  des  exsudais  jaune  verdàtre,  mélangés  à  des 


CYSTITES.  215 

quantités  variables  de  sang  qui  lui  donnent  un  aspect  rouge, 
couleur  chocolat  ou  café  au  lait. 

On  peut  constater  aussi  des  pseudo-membranes,  recou- 
vrant des  érosions,  des  escarres  (Lafosse.  Johne,  etc.).  La 
couche  musculaire  elle-nième  est  infiltrée,  et  l'on  peut 
même  constater  quelquefois  des  plaques  de  péricystite. 

Quand  il  j  a  eu  perforation  ou  rupture  de  la  vessie,  on 
trouve,  dans  la  cavité  péritonéale,  une  quantité  considérable 
de  liquide,  et  l'on  constate  les  lésions  d'une  péritonite 
plus  ou  moins  intense.  La  plaie  qui  a  livré  passage  à  l'urine 
est  souvent  de  faibles  dimensions  ;  elle  occupe  ordinaire- 
ment le  fond  d'une  ulcération  et  présente  des  bords 
tuméfiés  et  hémorragiques;  la  rupture  vésicale  pouvant  se 
produire  rapidement  ou  succéder  à  l'ulcération.  Parfois, 
l'urine,  s'insinue  entre  la  musculeuse  et  la  séreuse  en  for- 
mant deux  vessies  concentriques  (Adam  % 

La  gangrène  se  reconnaît  à  la  mortification  de  la 
muqueuse  vésicale,  qui  prend  une  teinte  rouge  brunâtre  et 
perd  toute  cohésion  (Oreste). 

Diagnostic.  —  La  fréquence  des  mictions,  les  caractères 
des  coliques,  l'exploration  rectale  et  la  purulence  de  l'urine 
permettent,  dans  la  majorité  des  cas,  de  porter  un  dia- 
gnostic certain. 

Pronostic.  —  Toujours  grave,  par  suite  de  complications 
possibles  et  de  la  terminaison  fatale,  assez  fréquente,  de 
la  cystite.  Lorsque  la  réplétion  de  la  vessie  est  complète, 
le  pronostic  doit  être  considéré  comme  très  grave  en 
raison  de  l'imminence  delà  rupture. 

Traitement.  —  Il  est  toujours  indiqué  d'atténuer  les 
propriétés  irritantes  de  l'urine  et  de  calmer  l'inflamma- 
tion vésicale.  La  première  indication  est  remplie  par 
Tadministration  de  breuvages  mucilagineux  et  l'emploi 
des  diurétiques  alcalins,  du  bicarbonate  de  soude  (20  à 
40  grammes)  ;  s'il  y  a  rétention  d'urine,  on  doit  chercher 
à  vider  la  vessie.  Chez  les  grands  animaux,  ce  résultat  peut 
être  obtenu  en  introiluisant  la  main  dans  le  rectum  et  en 


216  VESSIE. 

comprimant  modérément  l'organe  avec  la  main  posée  à 
plat.  Lorsqu'on  y  parvient,  on  conseille  de  ne  pas  faire 
sortir  la  totalité  du  liquide.  Quand  la  miction  est  entravée, 
il  convient  de  recomuninder  les  préparations  au  goudron  ; 
le  bromure  de  potassium  (10  à  15  grammes),  le  bromure 
de  camphre  (Trasbot)  ont  un  eilet  l'apide  et  très  sûr.  Chez 
les  femelles,  il  convient  de  pratiquer  îles  lavages  de  la 
vessie  au  moyen  des  antiseptiques;  mais  ce  lavaje  n'est 
cfïicace  (ju'en  utilisant  dessubslancesabsolumentanodines. 
L'oxycyanure  de  mercure  en  solution  de  I  p.  3  000  à 
1  p.  10000  dans  l'eau  légèrement  salée  est  un  moyen 
désinfectant  indispensable  pour  les  lavages  de  la  vessie  et 
des  voies  urinaircs. 

D'autre  part,  l'adininistraliou  d'iirolropine  à  la  ilose  de 
Oe^S  à  1  gramme  pour  les  petits  animaux,  5ù  10  grammes 
pour  les  grands,  désinfecte  les  voies  urinaires  en  donnant 
probablement  dans  les  reins  de  l'aldéhyde  formlipie.  La 
combinaison  des  deux  méthodes  de  traitement  donne 
d'excellents  résultats  dans  la  cystite  des  animaux  domes- 
tiques (1). 

Chez  les  mâles,  on  peut  recourir  à  l'urétrotomie  dans 
les  cas  très  graves  ;  on  pratique  ensuite  le  lavage  de  la  vessie 
avec  des  solutions  antiseptiques  faibles  :  eau  boriipiée 
saturée,  permanganate  de  potasse  à  I  p.  iOOO. 

il.   —  CYSTITE  CHRONIQUE. 

La  cystite  chroniipie  est  (pielquel'ois  le  reliipiatdo  It-lat 
aigu;  elle  est  rarement  d'origine  toxique,  secondaire  m  une 
néphi'ite;  le  (dus  souvent,  elle  apparaît  .'i  la  suite  d'une 
infeclion  de  l'urètre,  du  vagin  (Saint-Cyr)  (2)  ou  de  la 
lithiase.  La  maladie  est  aussi  désignée  sous  le  nom  de 
catarrhe  rcsical.  Klle  a  él(''  très  bien  décrite  au  point  de 
vuesymplomatique  par  Sainl-Cyr;  nous  ne  saurions  mieux 

(1)  Gemi'incr,  A/oiia/ssrhr.  fiir  prakt.  Tierhril..  1901. 
(-2)  Sainl-Cyr,  Joiirn.  tic  Lyon,  1867,  p.  57. 


CYSTITES.  217 

faire  que  de  reproduire  en  grande  partie  sa  description. 

Symptômes.   —   La    maladie   ne    s'accuse    par   aucun 

trouble  manifeste  des  grandes  fonctions  ;  la  démarche  seule 

a  quelque  chose  d'insolite  ;  les  membres  sont  raides,  l'ar- 


Fig.  43.  —  Cystite  sédimenteuse,  nécrose  de  la  vessie,  péritonite 
(d'après  Pécus) . 

rière-train  vacillant;  au  trot,  la  raideur  des  membres  et  la 
faiblesse  sont  encore  plus  apparentes.  La  miction  est  assez 
difficile  et  quelquefois  précédée  de  l'expulsion,  paria  vulve, 
d'une  matière  semi-fluide,  ressemblant  à  du  pus.  L'explo- 
ration des  organes  génitaux  permet  de  constater  l'infection 
delamuqueuse  vaginale,  l'existence  d'excoriations  de  plaies 
C.^DÉAc.  —  Pathologie  interne.  VII.  13 


218  VESSIE. 

d'aspecl  ulcéreux.  Vurinc  est  foncée,  filante,  collante  aux. 
doigts,  jaunâtre,  tenant  en  suspension  des  mucosités  abon- 
dantes; dans  certains  cas,  elle  est  blanchâtre,  opaque  ci 
très  fétide  (Vitet).  Ces  manifestations  durent  un  temps 
variable  et  s'accompagnent  d'un  état  général  mauvais, 
d'amaigrissement;  le  poil  est  piqué,  terne,  l'appétit  capri- 
cieux; des  troubles  digestifs  divers  viennent  se  greffer 
sur  la  maladie  primitive. 

Anatomie  pathologique.  —  La  maladie  est  caractérisée 
[lar  l'épaississement  de  la  nniqueuse,  la  distension  variqueuse 
des  vaisseaux,  par  des  ulcérations  d'étendue  et  de  profon- 
deur variables,  à  fond  grenu,  rougeàtre,  quelquefois  enduites 
d'un  produit  muqueux,  jaunâtre,  ou  recouvertes  de  fausses 
membranes  gris  verdàtre.  Des  abcès  existent  quelquefois 
dans  la  sous-muqueuse,  dont  les  plans  sont  dissociés  par  le 
pus. 

Parfois  la  muqueuse  a  subi  l'inliltration  calcaire  ou  offre 
un  dépôt  sédimentaire  jaunâtre  constiiué  par  de  petits 
graviers  [Pécus  (l)j.  Les  parois  vésicales  sont  hypertro- 
phiées, pigmentées,  parsemées  de  brides  scléreuses. 

Les  uretères  sont  dilatés,  les  reins  atteints  de  pyoné- 
phrose. 

Diagnostic.  —  Il  est  basé  sur  la  difticulté  de  lurination. 
le  caujper,  le  fouettement  de  la  queue,  l'examen  du  vagin 
et  les  caractères  purulents  de  l'urine. 

Pronostic.  —  Toujours  grave  en  raison  de  la  curabilité 
relative  de  la  maladie  et  de  la  possibilité  de  complications 
rénales. 

Traitement.  —  Dans  la  cystite  chronique,  il  faut  re- 
courir aux  réiineux,  à  la  térébenthine,  à  l'aloès.  Trasbot 
recommande  le  bromure  de  camphre  et  le  bromure  de 
potassium.  Sainl-Cyr  s'est  bien  trouvé  de  l'administration 
à  l'intérieur  de  goudron  de  liois  à  la  dose  de  45  grammes 
par  jour  en  trois  bols.  Lorsqu'il  y  a,  en  même  temps,  des 

(1)  l'écus,  Journ .  de  Lyon,  IS98. 


CYSTITES.  219 

lésions  vaginales,  les  lavages  du  vagin  avec  une  solution 
antiseptique  sont  naturellement  indiqués.  A  la  suite  de 
Tamélioration  du  sujet,  on  peut  conseiller  Teau  goudron- 
neuse en  boissons  (1  kilo  de  goudron  dans  20  litres  d'eau); 
on  donne  chaque  jour,  à  Tanimal.  1  ou  2  litres  d'eau 
goudronnée. 

Quand  ce  traitement  est  insuffisant,  il  faut  recourir  à 
une  action  directe  sur  la  muqueuse  parles  lavages  vésicaux 
à  Taide  d'une  petite  quantité  de  collargol  à  1  p.  100.  de 
nitrate  d'argent  à  1  p.  1  000.  On  peut  faire  précéder  ce  trai- 
tement d'injections  d'eau  bouillie  destinées  à  nettoyer  la. 
muqueuse  et  à  enlever  ses  produits  de  sécrétion. 

II.  —  BOVIDÉS. 

I.  —  CYSTITE  AIGUË. 

La  CA^stite  aiguë  des  bovidés  est  une  inflammation  secon- 
daire de  la  muqueuse,  parfois  de  la  musculeuse  et  des  tissus 
périvésicaux  caractérisée  cliniquement  par  des  mictions- 
fréquentes,  douloureuses  et  la  purulence  des  m-ines. 

Étiologie.  —  L'élimination  par  le  rein  de  produits  irri- 
tants, toxiques,  végétaux  ou  minéraux  alimentaires  ou  mé- 
dicamenteux (essence  de  térébenthine,  cantharides)  est 
tantôt  suivie  dune  néphrite  ou  dune  néphrocvstite  ou  seu- 
lement de  l'inflammationcatarrhale  de  la  vessie.  L'infection 
se  greffe  sur  la  congestion. 

L'infection  ascendante  est  plus  fréquente  que  l'infection 
hématogène;  la  cystite  est,  pour  ce  motif,  plus  commune 
chez  les  femelles  que  chez  les  mâles. 

La  maladie  apparaît  souvent  après  la  non-délivrance,  à 
la  suite  des  divers  accidents  de  la  parturition,  plaies  vagi- 
nales, vaginite,  métrite.  Elle  est,  dans  ces  cas,  la  première 
étape  de  la  pyélonéphrite.  Le  sondage  intempestif,  pratiqué 
avec  des  instruments  malpropres,  peut  provoquer  l'appa- 
rition de  la  maladie. 


220  VESSIE. 

Chez  les  vcnux,  il  n'est  pas  rare  de  trouver  des  lésions 
d'inflammation  catarrhale  ou  purulente  à  la  suite  de  l'in- 
lection  du  canal  do  l'urètre  (Ulz). 

La  cystite  est  quelqueroisla  première  étape  de  l'infection 
ascendante  qui  se  termine  par  une  pyélonéphrite. 

Les  calculs  et  les  tumeurs  de  la  vessie  ou  de  l'urètre 
sont  une  cause  fréquente  de  cystite  par  la  rétention  uri- 
naire  qu'ils  [)rovoquent.  Le  séjour  prolongé  de  l'urine  dans 
la  vessie  est  suivi  de  son  altération  :  l'urine  décomposée 
irrite  les  [)arois  vésicales.  La  nature  des  agents  microbiens 
qui  cultivent  dans  lurinc  ou  à  la  surface  de  la  muqueuse 
fait  varier  le  type  inflammatoire  ;  la  maladie  revêt  la 
forme  hémorrar/ique,  catarrhale.  jmrulente.  pseudo-mem- 
braneuse ou  nccrosique. 

Symptômes.  —  Les  symptômes  essentiels  sont  à  peu 
près  les  iiièmes  dans  les  diflerenles  formes  de  la  maladie; 
ils  varient  seulement  d'intonsilé. 

a.  La  douleur  vésicale  s'annonce  par  une  attitude  géné- 
rale équivoque;  les  animaux  cessent  démanger,  regardent 
leur  flanc,  se  déplacent  latéralement  du  train  postérieur, 
[•iétinent  du  derrière.  Ces  signes,  qui  sont  des  indices  cer- 
tains de  coliques,  se  localisent,  et  les  manifestations  uri- 
naires  apparaissent.  Les  vaches  se  campent  fréquemment 
pour  uriner,  mais  ne  rejettent,  chaque  fois,  qu'une  petite 
(juantité  d'iu'ine;  le  besoin  d'uriner  se  répète  parfois  tous 
les  quarts  d'heure  ou  toutes  les  demi-heure  et,  chaque  fois, 
le  dos  se  voûte,  le  ventre  se  tend,  l'arrière-train  est  agité 
par  un  tremblement  qui  décèle  des  crampes  douloureuses; 
la  région  lombaire  est  très  sensible  à  la  pression. 

b.  Les  urines  émises  sont  troubles  parce  qu'elles  con- 
tiennent du  pus.  et  leur  coloration  varie  beaucoup  suivant 
l'intensité  de  l'inflammation.  Tantôt  roussiUre  et  légèrement 
foncée  par  une  petite  quantité  de  globules  rouges,  tantôt 
brunâtre,  sanguinolente,  l'urine  offre  souvent  l'aspect  d'une 
bière  brune  et  devient  sanguinolente  vers  la  fin  de  chaque 
miction.  En  subissant  la  fermentation  ammoniacale  dans 


CYSTITES.  221 

la  vessie,  elle  devient  extrêmement  fétide.  L'hématurie 
terminale  cesse  habituellement  au  bout  de  quelques  jours; 
l'urine  devient  alors  plus  épaisse,  nettement  blanchâtre, 
visqueuse,  c'est-à-dire  franchement  purulente.  Examinée 
au  microscope,  on  y  découvre  de  nombreux  globules  de 
pus,  des  globules  rouges,  des  cellules  épithéliales  plates, 
polygonales  à  gros  noyaux  et  une  grande  quantité  de 
microbes. 

c.  L'exploration  rectale  dénonce  une  constipation  opi- 
niâtre ;  le  rectum  est  rempli  d"excréments  tassés  et  durs, 
de  mucosités  pelotonnées  et  striées  de  sang.  On  peut  cons- 
tater, en  même  temps,  la  distension  et  la  sensibilité  de  la 
vessie  et  particulièrement  du  col  de  cet  organe,  qui  forme, 
dès  le  début,  une  tumeur  tendue,  brûlante  très  doulou- 
reuse à  la  pression  après  trois  ou  quatre  jours  de  maladie 
(Roche-Lubin,  Ringuet,  Tannenhauer).  La  muqueuse  du 
vagin  est  également  plus  rouge,  parfois  l'ecouverte  de 
mucus  épaissi.  Tous  ces  symptômes  augmentent  rapide- 
ment d'intensité  et  arrivent,  après  quelques  jours,  à  leur 
maximum. 

Cette  forme  inflammatoire  simple  ne  s'accompagne  pas 
de  fièvre,  ou  ne  détermine  qu'une  fièvre  modérée. 

Variétés.  —  La  cystite  catarrhale  simple  évolue  géné- 
ralement en  deux  à  trois  semaines,  puis  guérit  complè- 
tement ou  persiste  en  présentant,  de  temps  à  autre,  des 
poussées  aiguës. 

Laoystite  cantharidienne  anne  marche  aigué,  rapide  ;  elle 
est  souvent  accompagnée  d'émission  d'urine  sanguinolente. 

La  cystite  pseudo-membraneuse  est  caractérisée  par  l'ex- 
pulsion de  petits  lambeaux  grisâtres,  débris  de  fausses 
membranes  qui  peuvent  obstruer  l'uretère  chez  les  vaches 
comme  chez  les  mâles  et  déterminer  la  rétention  totale  de 
l'urine  et  la  rupture  de  la  vessie. 

La  cystite  nécrosante,  souvent  compliquée  d'inflammation 
périvésicale,de  péritonite  localisée  ou  généralisée,  s'accom- 
pagne de  troubles  généraux  très  marqués. 


222  VESSIE. 

La  température  peut  atteindre  40"  ;  le  regard  est  anxieux, 
les  yeux  sont  injectés,  les  battements  cardiaques  violents, 
le  pouls  petit,  vite  et  dur,  la  bouche  chaude,  l'appétit  nul, 
laruminationinlerronipue  ;lesco]iquesredoublentd'iicuilé; 
les  efforts  de  miction  sont  continus;  infructueux;  l'animal 
se  tient  le  dos  voussé  ;  il  tremble  fortement,  grince  des 
dents  et  ne  rejette  que,  goutte  à  goutte,  un  peu  d'urine 
sanguinolente  (Tannenhauer.  Hinguet,  Roche-Lubin,  Guit- 
tard),  des  fausses  membranes  ou  dos  membranes  d'appa- 
rence nécrosée  Rose  ot  Perrins,  Khnudsen).  L'animal  s'af- 
faiblit rapidement,  le  train  [lostérieur  ne  peut  plus  le 
supporter. 

La  paraplégie  apparaît  vers  le  quatrième  jour  et  se 
complote  (Tannenhauer);  la  constipation  augmente,  se 
complique  souvent  de  renversement  du  rectum  ;  l'œil 
devient  cave,  les  extrémités  froides  ;  tout  annonce  une  fin 
prochaine. 

Souvent  l'affection  se  termine  par  la  rupture  de  la  vessie 
ou  par  la  (janurène  de  l'organe.  La  rupture  de  la  vessie 
est  accusée  par  la  disparition  momentanée  des  coliques  ; 
un  soulagement  immédiat,  lalfaisemcnt  de  l'organe  suivi 
bientôt  dune  réaction  et  de  l'évolution  de  symptômes  géné- 
raux graves,  dénonçant  la  péritonite.  La  gangrène  est 
marquée  par  l'expulsion  d'une  urine  très  odorante,  infecte, 
et  le  rejet  de  portions  do  muqueuse  nécrosée  mélangées  à 
du  sang. 

Ânatomie  pathologique.  —  A  l'ouverture  de  la  cavité 
abdominale,  on  trouve,  dans  le  cas  de  rupture,  une  quan- 
tité plus  ou  moins  considérable  d'urine,  et  tous  les 
viscères  exhalent  une  odeur  urineuse  ;  le  péritoine  est 
enflammé,  les  muscles  décolorés.  La  vessie  est  rouge 
brunâtre,  ot.  dans  sa  partie  la  plus  évasée,  on  aperçoit  une 
déchirure  à  bords  ourlés,  par  laquelle  l'iu-ino  s'est 
répandue  dans  l'abdomen. 

Quand  il  n'y  a  pas  eu  rupture,  on  constate  souvent  que 
les  reins  sont  i)lus  ou  moins  altérés,  rarement  indenmcs  ; 


CYSTITES.  223 

ils  sont  rouges,  congestionnés,  et  présentent  des  foyers 
hémorragiques  (Derain\  La  vessie  forme,  en  arrière, 
une  énorme  tumeur,  à  surface  violacée  ou  noirâtre  ; 
ouverte,  elle  donne  écoulement  à  un  produit  qui  est  du 
sang  presque  pur,  liquide,  et  à  des  caillots,  ou  bien  encore 
à  un  produit  séro-purulent.  noirâtre  et  fétide  (Roche- 
Lubin,  Ringuet). 

A  la  muqueuse,  adhère  un  produit  muco-purulent, 
glaireux,  riche  en  globules  rouges,  en  cristaux  divers; 
quelquefois,  elle  est  recouverte  de  fausses  membranes 
jaunâtres,  cachant  un  fond  hémorragique,  saigneux. 
L'inflammation  de  la  muqueuse  peut  revêtir  le  caractère 
hémorragique  et  diffus;  toute  la  surface  interne  de  la 
vessie  est  d'une  coloration  rouge  foncé,  noire  par  places 
(Derain).  Dans  d'autres  cas,  la  muqueuse  est  épaissie 
et  parsemée  de  lai'ges  ecchymoses  sur  certains  points, 
désorganisée,  sphacélée,  verdàtre  dans  d'autres.  Des 
érosions  et  des  plaies  bourgeonnantes  s'observent  dans  les 
formes  moins  graves.  Des  infiltrations  sanguines  ou  puru- 
lentes existent  quelquefois  entre  la  muqueuse  et  la  mus- 
culeuse.  Le  tissu  conjonctivo-adipeux  qui  tapisse  la  péri- 
phérie de  la  vessie  au  niveau  des  fossettes  péritonéales 
intrapelviennes  est  fortement  enflammé  dans  les  formes 
grangreneuses;  il  y  a  de  la  pelvi-péritonite  ou  de  la  péri- 
tonite généralisée,  h'urètre  est  souvent  le  siège  d'une 
inflammation  aussi  intense  que  la  vessie. 

Diagnostic.  —  Le  diagnostic  est  facile  ;  il  y  a  cystite 
chaque  fois  qu'on  observe  des  mictions  fréquentes,  dou- 
loureuses, accompagnées  de  pyurie  ou  d'hématurie. 
L'exploration  de  la  vessie,  en  révélant  sa  sensibilité  et 
sa  distension,  confirme  l'existence  de  cette  inflamma- 
tion. 

Un  seul  état  pathologique  pourrait  être  confondu  avec 
le  précédent  :  Vobstruction  de  l'urètre  par  un  calcul.  Dans 
ce  cas,  en  effet,  on  observe,  comme  dans  la  cystite,  des 
coliques  et  la  réplétion  de  la  vessie  ;  le  diagnostic  diffé- 


224  VESSIE. 

rentiel  est  basé  sur  l'exploration  négative  du  trajet  de 
l'urètre  et  sur  l'absence  du  bond  urétral. 

Dans  la  cystite,  il  n'y  a  pas  de  bond  urétral  (Cruzel, 
Ringuef.  Dorain).  et  cela  tient  à  la  paralysie  complète 
de  l'organe  qui  maintient  hermétiquement  clos  le  col  de 
la  vessie;  il  j  a  toujours  un  bond  urétral  dans  le  cas 
d'obstruction  du  canal  de  l'urètre. 

Pronostic.  —  Le  pronostic  est  variable  suivant  la  nature 
et  le  degré  de  l'infection  vésicale  et  l'intensité  des  lésions 
qui  se  sont  développées.  Il  ne  faut  pas  oublier  que  cette 
maladie  peut  avoir  une  terminaison  mortelle  une  fois  sur 
quatre,  en  moyenne  (Rocbe-Lubin,  Ringuet),  bien  moins 
souvent  si  l'on  fait  entrer  en  ligne  de  compte  les  nombreux 
cas  de  cyslile  bénigne  qui  guérissent  rapidement. 

Traitement.  —  Tant  que  les  douleurs  sont  très  vives, 
le  besoin  d'uriner  très  fréquent,  les  calmants  (sachets 
chauds  sur  les  lombes  et  les  flancs,  lavements  mucihigi- 
neux,  laudanisés,  administration  de  boissons  émollienles  . 
sont  tout  indiqués. 

A  ces  moyens  palliatifs,  il  faut  joindre  les  désinfectants 
de  la  vessie.  Les  diurétiques  comme  les  boissons  mucilagi- 
neuses,  les  tisanes  d'orge,  de  pariétaire,  additionnées  de 
bicarbonate  de  soude,  40  à  50  grammes  en  plusieurs  fois 
diminuent  l'action  irritante  de  l'ui'ine  et  facilitent  l'éva- 
cuation du  contenu  de  la  vessie.  Les  antiseptiques  qui 
s'éliminent  par  le  rein  tendent  à  rendre  l'urine  aseptique  : 
le  benzoate  de  soude,  l'urotropine  (i  à  li  grammes),  le 
camphre,  l'acide  salicylique  15  à  20  grammes)  sont  des 
agents  très  recommandables.  Le  lavage  de  la  vessie, 
impraticable  chez  les  mâles,  est  difficile  et  très  douloureux 
chez  les  vnclies,  sinon  dangereux.  L'extrémité  de  la  sonde 
rigide  (métal,  gutta  ou  caoutchouc  durci)  risque  de  blesser 
la  mmpieuse  vésicale,  enflammée,  d'y  déterminer  des 
auto-inoculations  très  graves,  de  hâter  la  nécrose  ou  la 
perforation  de  la  paroi. 


CYSTITES.  225 

II.  -  CYSTITE  CHRONIQUE. 

Les  bovidés  présentent  deux  formes  de  cystite  chro- 
nique nettement  séparées  :  la  cystite  clironique  simple  et 
la  cystite  chronique  hémorragique. 

A.  —  Cystite  chronique  simple. 

L'infection  vésicule  tend  à  persister  et  disparaît  diffici- 
lement :  l'urine  demeure  généralement  un  excellent 
bouillon  de  culture  des  microbes  qui  entretiennent  lirri- 
tation  de  la  muqueuse.  Caractérisée  par  le  rejet  d'urine 
purulente  et  l'épaississement  plus  ou  moins  considérable 
de  la  paroi  vésicale,  cette  maladie,  fréquente  chez  la  vache, 
est  rare  chez  le  taureau. 

Symptômes.  —  Le  début  est  insidieux,  peu  net,  caché  ; 
quand  elle  est  bien  développée,  les  malades  urinent  ra- 
rement, et,  lorsqu'ils  le  font,  c'est  avec  précaution;  ils 
se  campent,  agitent  la  queue  et  expulsent  un  jet  aminci 
ou  une  faible  quantité  d'une  urine  blanchâtre,  purulente, 
trouble,  louche,  contenant  des  grumeaux.  Si  on  examine 
au  microscope,  le  dépôt  formé  par  l'urine,  on  y  trouve 
de  nombreux  globules  purulents,  des  sels,  des  cristaux  de 
phosphate  ammoniaco-magnésienengrande  quantité,  quel- 
ques amas  bacillaires  sous  forme  de  petits  grains  même 
visibles  à  l'œil  nu.  L'urine  a  une  odeur  fade,  légèrement 
ammoniacale. 

Ces  manifestations  s'accusent  de  plus  en  plus  ;  la  mic- 
tion devient  tous  les  jours  plus  pénible  ;  il  y  a  des  épreintes  ; 
les  animaux  tiennent  le  dos  voussé  quelque  temps  encore 
après  avoir  uriné.  L'examen  du  vagin,  au  spéculum, 
démontre  une  inflammation  plus  ou  moins  marquée  de 
cet  organe;  la  main,  introduite,  constate  l'épaississement 
des  parois  de  l'urètre,  qui  sont  rigides.  La  vessie,  quoique 
vide,  ne  s'affaisse  pas  à  l'exploration  rectale  ;  elle  donne 

13. 


226  VESSIE. 

même  quelquefois  la  sensation  dune  tumeur  dure;  le  col 
est  liyperlropliié  (Lewis).  Quand  la  maladie  persiste,  les 
parois  vésiralcs  acquièrent  un  tel  degré  d'épaisseur  que  la 
cavité  disparail  ;  l'urine  venant  du  rein  ne  séjourne  plus 
dans  l'organe  destiné  à  la  recevoir;  elle  s'écoule  constam- 
ment au  dehors;  il  v  a  incontinence  d'urine. 

Marche.  —  La  marche  de  la  maladie  est  essentielle- 
ment chronique;  au  début,  aucun  signe  spécial  ne 
l'annonce,  puis,  ])eu  à  peu,  l'élat  génc'ral  devient  mauvais; 
les  animaux  maigrissent,  la  rumination  n'est  plus  régu- 
lière ;  si  l'on  n'intervient  pas,  la  mort  survient  dans  la 
cachexie. 

Anatomie  pathologique.  —  A  première  vue,  la  vessie 
paraît  énorme,  ses  parois  sont  épaissies,  rigides,  ne 
s'affaissent  pas;  elles  atteignent  quelquefois  4  à  5  cen- 
timètres d'épaisseur  et  ne  se  laissent  que  diflicilement 
inciser  par  l'instrument  tranchant.  Leur  coloration  est 
jaunâtre  ou  blanc  grisâtre,  plombée.  La  face  interne  de 
la  vessie  présente  des  plis  épaissis,  volumineux,  entre 
lesquels  on  trouve  du  pus  et  des  sédiments  urinaircs;  elle 
est  hémorragique,  piquetée,  gris  plombé  ou  ardoisée,  sup- 
purante ou  bourgeonnante,  sans  jamais  présenter  les  végé- 
tations en  choux-fleurs  do  la  cystite  hémorragique. 

La  musculeuie  est  épaissie,  sclérosée  ou  infiltrée  par 
places,  résistante  ou  élastique.  Le  tissu  conjonctif  péri- 
vésical  est  infiltré  et  épaissi.  '\jQS  uretères  sont  générale- 
ment dilatés.  Dans  quelques  rares  cas,  la  muqueuse  vési- 
cale  est  parsemée  de  vésicules  transparentes  ou  rouges 
qui  contiennent  des  gaz  et  crépitent  sous  la  pression.  Des 
dilatations  gazeuses,  abondantes  dans  la  couche  muqueuse 
et  surtout  volumineuses  dans  la  sous-mu(pieuse.  sont  rares 
dans  la  couche  musculaire.  La  ]>lupart  paraissent  consti- 
tuées par  des  lymphatiques  dilatés;  on  peut  constater,  çà 
et  là,  des  hémorragies  interstitielles  (Hunge,  4898;  Troll- 
denier,  1903). 

Diagnosrtic.  —  La  purulence  des  urines,    l'exploration 


CYSTITES.  227 

du  méat  urinaire,  chez  la  vache,  à  l'aide  du  spéculum  et 
l'exploration  rectale  permettent  de  reconnaître  l'inflam- 
mation de  la  vessie. 

Pronostic.  —  Le  pronostic  est  toujours  grave  en  raison 
de  l'incurabilité  du  mal  et  de  sa  tendance  à  déterminer 
l'infection  des  uretères  et  la  pyélonéphrite. 

Traitement.  —  Ce  sont  les  mêmes  agents  infectieux 
qui  sont  implantés  sur  la  muqueuse  :  il  faut  en  poursuivre 
l'asepsie  à  laide  des  mêmes  moyens  :  l'acide  benzoïque.  le 
benzoatede  soude,  le  camphre,  l'urotropine.  le  bicarbonate 
de  soude  doivent  être  longtemps  employés.  Les  balsa- 
miques et  les  l'ésineux  sont  ici  particulièrement  indiqués  ; 
l'essence  de  térébenthine  à  la  dose  de  40  à  50  grammes 
par  jour,  en  capsules  ou  en  bols,  donne  de  bons  résultats 
(Caffaretti).  L'acide  salicylique  et  le  salicylate  de  soude, 
les  injections  intravésicales  de  solutions  astringentes 
d'eau  blanche,  de  nitrate  d'argent  (1  à  2  p.  100  ,  d'eau 
boriquée  à  3  p.  100.  d'eau  fluorée  (0g''.50  à  1  gramme  de 
fluorure  de  sodium  par  litre  .  d'oxycyanure  de  mercure  en 
solution  salée  de  1  p.  3000  à  1  p.  10000  sont  conseillées: 
mais  ce  traitement  prolongé  devient  onéreux,  de  sorte 
qu'il  est  préférable  d'envoyer  les  animaux  à  la  boucherie 
avant  que  l'amaigrissement  soit  devenu  trop  prononcé. 

B.  —  Cystite  chronique  hémorragique.     • 

La  cystite  chronique  hémorragique  est  une  affection 
spéciale  aux  animaux  de  l'espèce  bovine.  Elle  est  caracté- 
risée par  une  hématurie  intermittente,  un  amai'jrissement 
progressif  et  généralement  par  des  ulcérations  et  des  néo- 
formations hémorragiques  de  la  vessie  et  quelquefois  des 
uretères.  Sa  marche  lente  et  fatale,  son  caractère  enzootique, 
l'obscurité  qui  entoure  encore  sa  nature  en  font  une 
maladie  très  importante  à  connaître  au  point  de  vue 
économique. 

Synonymie.  —  La   maladie  est  connue  sous  des  noms 


228  VESSIE. 

très  divers.  En  France,  c'est  la  cystirrar/ie,  \o  pisscmcnt  de 
sai}g,  l'hématurie  enzootique,  Yhcmatiirie  eaucntiellc ,  l'hciua- 
tiirie  chronique.  Les  Allemands  la  désignent  sous  le  nom 
d'hématurie  vésicale,  et  de  Stallroth  ou  rouge  des  établcs, 
par  opposition  au  rouge  des  prairies,  Wcidcroth,  qui  est 
l'hémoglobinémie  ou  la  piroplasmose.  Le  nom  de  cystite 
chronique  hcmorrarjique  est  celui  qui  exprime  le  mieux  la 
nature  et  le  caractère  dominant  de  cette  maladie. 

Historique.  —  Fréquente  dans  la  Creuse,  la  Corrèze,  la 
Haute-Vienne,  le  Cantal,  le  Puy-de-l)ùnw,  la  Ilaute-Loireet 
dans  les  départements  de  rOiiest  de  la  France,  elle  est 
signalée  par  Vigney  (18-4.^.  Gillet  (18Gâj  l'observe  dans  les 
départements  de  la  Mayenne,  de  la  Sarthe  et  de  Maine-et- 
Loire.  L'année  suivante,  Pichon  la  retrouve  dans  les 
départements  de  l'Ouest.  En  1864,  Sinoir  lui  consacre  un 
mémoin;  de  la  plus  haute  importance.  Après  ces  auteurs, 
il  faut  rappeler lesobservations  deConslanlin.  deMathivet, 
de  Robcis,  deButel,de  MoUereau,  deBoudeaud,  de  Morand, 
d'Éloire  et  les  recherches  de  Detroye  (1891),  de  Galticr 
(1892). 

En  Allemagne  et  dans  les  pays  du  nord  de  l'Europe,  la 
maladie  a  été  très  souvent  observée  et  très  bien  décrite 
par  BoU,  Stiévenart,  Arnold,  Sakowitch  et  Sobornow. 
Ligo-Dolpopulow,  Reichenbach,  Ilink,  Anacker. 

En  Italie,  la  cystite  chronique  hémorragique  a  été 
bien    étudiée    par  Cavalazzi,    Rivolta. 

En  /it'/,7((/»/(?,  cette  maladie  a  étéégalement  l'objet  de  très 
nombreuses  observations  dont  les  plus  intéressantes 
sont  celles  de  Polet,  Dessart,  Van  Vellendael,  Durieux, 
Liénaux. 

Répartition  géographique.  —  En  France,  la  maladie 
semble  localisée  dans  fOuost  et  le  Centre.  Observée  dans 
les  <lépartements  de  la  Sarthe,  de  la  Mayenne  et  de 
Maine-et-Loire  (Cillet,  Pichon,  Sinoir),  elle  existe  actuel- 
lement dans  les  départements  de  la  Creuse,  de  la  Corrèze, 
de  la  Haute-Vienne,  de  l'Indre,  de  la  Vendée,  de  l'Allier. 


CYSTITES.  229 

du   Cantal    depuis   1886.   de    l'Indre-et-Loire,   de   l'Eure. 

A  l'étranger,  la  maladie  est  très  fréquente  en  Belgique, 
dans  divers  districts,  notamment  dans  celui  de  Liège.  En 
Allemagne,  on  l'a  rencontrée  à  l'état  enzootique  dans  la 
Hesse,  le  duché  de  Nassau,  le  grand-duché  de  Bade,  le 
Wurtemberg  et  la  Souabe.  On  l'observe  aussi  en  Hongrie. 
En  Italie,  elle  paraît  siu'tout  répandue  dans  les  provinces 
du  Centre. 

Dans  ces  diverses  régions,  elle  cause  des  pertes  consi- 
dérables. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  L'étiologie  et  la  pathogénie 
de  cette  maladie  meurtrièi'e  sont  inconnues.  Elle  ne  frappe 
généralement  pas  les  animaux  avant  l'âge  de  deux  ans 
(Gillet,  Pichon,  Sinoir,  etc.).  A  partir  de  cette  époque,  elle 
se  développe  indistinctement  chez  les  animaux  des  deux 
sexes,  chez  les  vaches  en  état  de  gestation  comme  chez 
celles  qui  ont  vêlé,  chez  les  animaux  nourris  à  l'étable 
comme  chez  ceux  qui  vivent  dans  les  pâturages.  Elle 
apparaît  pendant  toutes  les  saisons  de  l'année,  mais  plus 
particulièrement  vers  la  fin  de  l'hiver,  dans  les  mois  de 
mars  et  d'avril,  à  l'époque  de  la  mise  au  vert  (Pichon). 
Elle  est  souvent  désignée  en  Allemagne  sous  le  nom  de 
ronge  des  établcs,  par  opposition  au  ronge  des  prairies,  qui 
désigne  la  piroplasmose.  En  dehors  de  ces  simples  consta- 
tations facilement  vérifiables,  on  a  émis  diverses  hypo- 
thèses. Cette  maladie  a  été  attribuée  :  1°  à  une  alimen- 
tation insuffisante  ;  2°  à  une  infection  microbienne  ;  3°  à 
une  infestât  ion  parasitaire  simple  ou  compliquée  à  la  fois 
d'une  action  toxique  et  d'une  infection  microbienne  ;  4"  à 
des  lésions  vasculaires;  5°  à  une  inflammation  spécifique. 
Chacune  de  ces  manières  de  voir  a  eu  ses  défenseurs. 

a.  L'alimentation  insuffisante  tient  à  l'accumulation  d'un 
trop  grand  nombre  d'animaux  dans  les  fermes  qui  ne 
disposent  pas  d'une  quantité  suffisante  d'aliments  pour 
les  nourrir  convenablement  pendant  l'hiver  (Anacker, 
Cruzel).  Les  animaux  épuisés   par   un   régime    débilitant 


230  VESSIE. 

deviennent  anémiques  et  sont  prédisposés  à  contracter 
toutes  les  maladies.  D'autre  part.  rapi)auvrissement  du 
sol  principalement  en  pliosphates  (Boudeaud),  les  défri- 
chements, les  amendements  calcaires  (Gillet,  Pichon).  les 
fourrages  mal  récoltés,  recouverts  de  champignons  ou  de 
moississures  sont  l'origine  de  cette  maladie.  Cette  hypo- 
thèse trouve  un  appui  dans  la  fréquence  de  l'hématurie 
dans  les  régions  basses  au-dessous  de  800  mètres  d'altitude 
fit  dans  certains  départements  relativement  peu  fertiles 
comme  certaines  parties  de  la  ('reuse,  de  la  Haute-Vienne, 
de  la  Haute-Loire,  etc.  ;  mais  il  est  avéré  que  la  nour- 
riture insuffisante  aboutit  à  l'amaigrissement  et  à  l'étisie 
sans  jamais  déterminer  la  cystite  hémorragique,  qu'on 
peut  d'ailleurs  voir  apparaître  chez  des  animaux  bien 
nourris. 

b.  ]j'infection  microbienne  (I)etroye,  1891)  est  une 
opinion  qui  semble  justifiée  par  l'existence  des  microbes 
dans  l'urine,  le  sang,  les  lésions  rénales,  les  ganglions  des 
malades  et  par  la  persistance  de  la  maladie  dans  les  exploi- 
tations ou  les  contrées  à  hématurie:  mais  les  microbes 
incriminés  sont  de  vulgaires  saprophytes  inoffensifs,  qui 
trouvent,  chez  ces  anémiés,  un  bouillon  de  culture  propice 
à  leur  invasion  et  à  leur  développement.  Les  microbes 
pyogènes  n'interviennent  même  pas;  il  y  a  hématurie, 
bactériurie.  mais  non  pyurie. 

c.  L'infestation  parasitaire  n'est  pas  entièrement  hypo- 
thétique. Arnold  (1890),  Roger  (1)  (1910)  ont  signalé  des 
coccidies  dans  les  végétations;  mais  ces  parasites  acci- 
dentels n'y  sont  découverts  que  très  rarement  ;  d'autres 
parasites,  comme  la  liilharziaon  ses  œufs,  peuvent  produire 
des  altérations  vésicales  et  donner  naissance  à  des  hémor- 
ragies (Voy.  liilharziosc).  Jusqu'à  présent,  on  n'a  pas 
découvert  de  parasite  spécial,  constanl.  dont  la  JciMclion 
fist  de  produire  la  cystite  hémorragique  (lig.  44). 

(1)  Roger,  Essai  de  pathologie  comparée  au  sujet  de  l'hématurie  vésicale 
des  bovidés.  Thèse  de  doctoral,  1910. 


CYSTITES. 


231 


d.  L'absence  de  ce  critérium  étiologique  a  fait  attribuer 
un  rôle  prépondérant  aux  parasites  vulgaires  comme  les 
filaires  et  les  douves  (Lvdtin).  11  n"a  pas  été  difficile  de 


^^r^^'  •»'. 


Fig.  44.  —  Infection  coccidienne  (d'après  Rjger). 

constater  l'hématurie  chez  des  animaux  indemnes  de 
filariose  etdedistoinose  ;  ce  sont  là  des  maladies  absolument 
différentes  qui  peuvent  évokier  côte  à  côte,  se  compliquer 
mutuellement  sans  jamais  se  confondre.  L'insuffisance  de 
cette  pathogénie  parasitaire  n'a  pas  échappé  à  Galtier,  qui 
a  envisagé  ces  infections  parasitaires  comme  des  prédis- 
positions générales  aux  infections  microbiennes.  L'inges- 
tion de  renoncules,  de  carex,   de  joncs,  c'est-à-dire  de  sub- 


232  VESSIE. 

stances  toxiques.  Acres,  irritantes,  change  la  prédisposition 
générale  en  préilisposition  locale  :  les  principes  (oxiques 
irritent  les  organes  sécréteurs  et  éliminateurs,  principale- 
ment la  vessie,  où  ils  déterminentune  infection  microbienne 
qui  entretient  l'irritation  :  la  cystite  hémorragique  est 
la  conséquence  de  celte  triple  collaboration  :  le  parasite, 
le  poison  et  le  microbe.  Or  le  parasite  fausse  souvent 
compagnie  à  l'hématurie  ;  le  poison  végétal  n'est  pas 
ingéré  volontiers  par  les  animaux  qui  vivent  dans  les 
pâturages  où  l'on  voit  demeurer  intactes  les  plantes  qui 
les  récèlent  ;  il  ne  peut  être  absorbé  par  les  bovins  en- 
tretenus à  retable  ;  le  microbe  n'a  aucune  spécificité  ;  il 
ne  peut  simplanter  dans  la  vessie  (pio  lorsque  celle-ci  est 
lésée,  de  sorte  que  toute  cette  pathogénie,  péniblement 
édifiée,  s'écroule  d'elle-même. 

e.  Les  lésions  vasculaircs  sont  incontestablement  domi- 
nantes dans  cette  singulière  maladie,  caractérisée  exclusive- 
ment par  des  hémorragies  vésicales  répétées.  L'ectasie  des 
vaisseaux  capillaires  et  veineux  sous-inuqueux  et  muqueux 
constitue  le  premier  degré  de  l'affection  ;  elle  est  le  prélude 
indispensable  des  hémorragies  futures  (1).  Ces  vaisseaux 
continuent  à  se  dilater,  à  former  des  réseaux  dont  on  peut 
suivre  lesarborisations,  à  grossir  par  stase  veineuse  comme 
gi'ossissent,  pendant  la  marche,  les  veines  des  membres 
variqueux  ou  pourvus  au  niveau  du  genou  d'une  bande 
Velpeau  trop  serrée.  Sous  l'inlluence  de  causes  produisant 
des  effets  analogues,  les  vaisseaux  turgescents  déterminent 
des  varicosilés,  des  végétations  rouges  ou  brunes,  parfois 
jaunes  ou  grises,  de  lagrossein-  d'une  petite  tète  d'épingle, 
d'un  grain  de  chanvre  ou  même  d'une  lentille,  angiomes 
en  miniature  qui  soulèvent  l'épilhélium  vésical  et  font 
saillie  à  la  surface  de  la  muqueuse  jusqu'à  la  ]»reinière 
hémorragie  capillaire.  Dès  lors,  l'épithéliuni  qui  coiffe  ces 
bouquelsvasculaireshémorragiipicsse  décolle,  est  entraîné 

(i)  Liùnaiix,   De   la   jiathogcnie  et  de  l'cliologie  de  riiémaluric  chronique 
des  bovidés  {Ann.  de  méd.   vét.,  1905,  p.  183). 


CYSTITES. 


233 


ou  se  détruit,  toute  hémorragie  sous-jacente  compro- 
mettant sa  nutrition  :  une  exulcération  vésicale  est  créée. 
Son  existence  et  son  développement  sont  assurés  par 
les  contractions  vésicales  exagérées  par  ce  foyer  de  con- 
gestion et  d'irritation.  A  chaque  miction,  la  vessie  se 
rétracte,  et  sa  tunique  musculeuse  spasmodiquement  con- 
tractée, en  exprime  tout  le  contenu,  comme  une  main  crispée 
presse  une  éponge.  Ces  contractions,  qui  ont  présidé  aux 


Fie-.  45.  —  Néoforraation  angiomateuse  (d'après  Roger). 


premières  hémorragies,  désagrègent  les  thrombus  obtura- 
teurs qui  les  avaient  arrêtées  et  en  produisent  indéfiniment 
de  nouvelles.  Leur  répétition,  comme  leur  apparition,  est 
étroitementsubordonnée  à  la  disposition  des  vaisseaux  dans 
cet  organe.  En  raison  de  sa  forme  en  poire,  dit  Liénaux,  la 
circulation  vésicale  se  trouve  dépourvue  d'anastomoses 
dans  sa  partie  antérieure  :  les  veines  se  collectent  toutes 
vers  la  partie  postérieure  seulement.  De  plus,  la  musculeuse 
de  la  vessie  est  formée  de  faisceaux  orientés  d'une  façon 
compliquée,  en  long,  circulairement,  obliquement,  en 
spires,  disposition  inconciliable  avec  Texistence  d'inter- 
stices réguliers  pour  le  passage  des  vaisseaux,  dételle  sorte 
que   les   efforts  de  miction,   les   contractions  effacent  la 


234  VESSIE. 

lumière  des  veines  vésicales,  exagèrent  la  tension  du  sang 
dans  les  vaisseaux  capillaires  et  les  veinules  de  la  muqueuse, 
dont  la  rupture  s'effectue  au  moment  où  l'organe  présente 
«on  minimum  de  volume  qui  correspond  au  maximum  de 
consistance  de  la  musculeuse  (fig.  4o). 

A  mesure  que  les  hémorragies  se  multiplient  et  de- 
viennent plus  abondantes,  les  efforts  expulsifs  deviennent 
plus  fréquents  :  c'est  le  cercle  vicieux  par  excellence  ;  les 
contractions  du  muscle  vt'sical  déterminent  des  hémor- 
ragies :  les  hémorragies,  à  leur  tour,  suscitent  de  nouveaux 
réflexes  expulsils.  A  la  place  du  repos  de  l'organe  favo- 
rable à  la  cicatrisation  des  vaisseaux,  c'est  un  mouvement 
constricteurqui  chasse  ou  désagrège  les  caillots  obturateurs, 
rouvre  sans  cesse  les  vaisseaux  déchirés  et  rend  les 
hémorragies  capillaires  permanentes.  Cette  plaie  minus- 
cule, qui  ne  peut  se  cicati"iser,  végète  et  se  sclérose.  Le  tissu 
bourgeonnant,  pressé  et  meurtri  à  sa  base  à  chaque 
resserrement  de  la  vessie,  devient  exubérant,  s'allonge  du 
côté  de  la  cavité  vésicale,  constitue  des  végétations  papil- 
lomateusos  pédiculées  ou  sessiles  de  grosseur  variable. 
Toute  la  pathogénie  de  la  cystite  hémorragique  paraît 
graviter  autour  de  cette  angiomatose  capillaire^  de  cette 
télangiectasie  maculeuse  de  la  vessie  (Liénaux).  La 
stase  sanguine  qui  préside  à  ces  altérations  conjonclivo- 
vasculaires  a  été  attribuée  à  une  thrombose  de  la  veine 
cave  postt'rieure  (llink),  à  la  compression  des  vaisseaux 
veineux  par  les  organes  digestifs  et  principalement  par 
les  réservoirs  gastriques  anormalement  distendus.  Sous 
l'influence  de  cette  distension,  la  respiration  est  gênée  et 
la  circulation  intrahépatique  entravée  :  la  télangiectasie 
7naculeusc(\\ifoie  et  celle  de  la  vesnie  apparaissent  ensemble 
ou  isolément  suivant  que  la  compression  veineuse  apporte 
un  obstacle  pré[)ondérant  dans  la  circulation  hépatique  ou 
dans  la  circulation  vésicale  (Liénaux). 

f.  Théorie  inflammatoire.  — La  perpétuation  de  la  maladie 
dans  les  contrées,  les  localités  ou  les  étables  où  elle  s'est 


CYSTITES.  235 

manifestée  semble  infirmer  la  théorie  vasculaire  pure  et 
tend  à  accréditer  la  doctrine  de  la  spécificité.  La  cystite 
hémorragique  est  bien  une  inflammation  chronique 
épithéliale  suivie  d'infiltration  cellulaire  sous-jacente,  de 
néoformation  d'un  tissu  embryonnaire  riche  en  vaisseaux 
capillaires,  d"hypertrophie  en  massue,  c'est-à-dire  d'aspect 
papillomateux  sous  l'influence  d'une  irritation  prolongée 
(Gôtz)  (1).  Ces  productions  inflammatoires,  comparables  à 
de  petits  angiomes,  se  développent  dans  la  cystite  grave 
de  l'homme  comme  dans  celle  des  bovidés  (Clado,  Roger). 
Leur  origine  est  difficile  à  déterminer.  Si  elles  répondent 
à  un  agent  spécial  (microbe  ou  parasite,  toxine  ou  poi- 
son végétal),  cet  agent  est  jusqu'à  présent  demeuré 
introuvable.  On  constate  l'hématurie,  on  ne  peut  la 
reproduire.  Sa  persistance  dans  certaines  contrées  té- 
moigne d'une  cause  inflammatoire  spéciale,  qu'on  ne 
connaît  pas. 

Symptômes.  —  La  cystite  hémorragique  débute  d'une 
manière  insidieuse  sans  troubles  généraux  ;  elle  est  exclu- 
sivement dénoncée  par  l'apparition  du  trouble  urinaire 
caractéristique  :  le  rejet  d'urine  plus  ou  moins  trouble  à 
la  fin  de  la  miction.  Elle  se  fonce  progressivement  en  cou- 
leur et  devient,  plus  tard,  rose  pâle,  rose  ou  rougeàtre,  à 
la  fin  de  chaque  miction  ou  d'une  manière  intermittente. 
L'intermittence  peut  durer  des  semaines  et  des  mois  sans 
que  l'évolution  de  la  maladie  soit  interrompue  :  l'hémor- 
ragie est  temporairement  arrêtée  par  thrombose  des 
vaisseaux  rompus  ;  mais  la  cause  qui  a  amené  leur  rupture 
persiste  ;  les  capillaires  ectasiés  ou  variqueux  du  tissu  sous- 
muqueux  complètent  leur  dilatation  et  préparent  de  nou- 
velles hémorragies.  L'hématurie  reparaît,  tôt  ou  tard,  à 
son  premier  foyer  d'élection  par  désorganisation  des 
thromboses  ou  dans  son  voisinage  ;  l'hémorragie  est  plus 
abondante.    C'est    presque  du  sang   rutilant  qui  s'écoule 

(1)  Gi)tz,  Contribution  à  la  pathologie  de  la  cystite  verruqueuse  des  bovidés 
{Schweizer  Archiv  fur  Tier/filk. ,  l'iOQ). 


236  VESSIE. 

avec  les  dernières  poultes  d'urine.  C'est  qu'en  ce  moment 
la  contraction  vésiiale  atteint  son  maximum  de  puissance. 

Le  sang  fait  alors  irruption  dans  l'épaisseur  de  la 
muqueuse  ou  dans  la  cavité  vésicale.  Le  symptôme  inquiétant 
augmente  d'intensité  à  mesure  que  les  thromboses  se 
multiplient,  entretiennent  la  stase,  suppriment  des  anas- 
tomoses et  achèvent  de  compromettre  la  circulation  vési- 
cale. Les  animaux  semblent  uriner  du  sang  en  nature  ;  il 
offre  tous  ses  caractères  normaux  ;  les  globules  dilués 
dans  lurinc  ne  sont  nullement  altérés,  déformés  ;  enfin  il 
séchaïqie  en  caillots  filamenteux  plus  ou  moins  volumineux, 
souvent  énormes,  dépassant  la  grosseur  du  iloigt  chez  les 
ruches  âgées.  Ces  caillots  sont  des  causes  fi'équentes  dob- 
struction  urétrale,  de  rétention  urinaire,  de  distension 
de  la  vessie  et  de  rupture,  comme  dans  les  cas  de  cystite 
calculcuse.  Un  pareil  accident  est  rare  chez  la  vache  en 
raison  de  la  dilatabilité  de  l'urètre  ;  il  peut  cependant  se 
produire  cpiand  la  vessie  est  le  siège  d'un  vérital)le  flux 
hémorragique  s'élevant  à  2  ou  3  litres  de  sang.  L'explo- 
ration rectale  fait  reconnaître  la  distension  de  la  vessie 
et  permet  de  préciser  la  cause  de  la  cessation  brusque 
de  toute  miction. 

Évolution.  —  L  évolution  de  la  cystite  hémorragique 
est  très  lonle  ;  elle  peut  guérir  par  cicatrisation  successive 
des  loyers  hémorragipares  ;  mais  cette  terminaison  est 
extrêmement  rare  ;  les  vaisseaux  sous-muqueux  cctasiés 
et  variqueux  sont  toujours  prêts  à  se  déchirer  pendant  les 
efforts  de  miction.  Ils  résistent,  cependant,  dans  quelques 
cas  ;  il  y  a  des  animaux  alïectés  de  ces  varicosités  (pii  ne 
présentent  jamais  dhématurie.  Parfois  aussi,  les  premiers 
vaisseaux  qui  se  rupturent  sont  tellement  volumineux  que 
les  animaux  succombent  en  un  mois  (Pichon).  Le  sort 
des  malades  et  la  durée  de  la  maladie  sont  donc  étroite- 
ment liés  il  la  fréquence  et  à  l'importance  des  hémorragies. 
Quand  ces  hémorragies  sont  peu  intenses,  les  malades 
les  supportent  dune  manière  parfaite  ;  ils  conservent  tout 


CYSTITES.  237 

leur  embonpoint.  La  plupart  présentent  au  bout  d'un  temps 
variable  une  anémie  symptomatique  de  leur  pissement  de 
sang.  Le  chiffre  des  globules  rouges  descend  graduellement 
de  six  à  sept  millions  jusqu'au-dessous  d'un  million  : 
l'animal  saigne  jusqu'à  épuisement.  Son  état  général 
trahit  son  alTaiblissemcnt.  Chez  les  animaux  de  travail, 
les  propriétaires  constatent,  d'abord,  une  diminution,  de 
l'énergie  ou  une  mollesse  plus  ou  moins  accusée  ;  la 
respiration  et  la  circulation  s'accélèrent  sous  l'influence 
de  la  marche,  hors  de  pi'oportion  avec  les  efforts  accom- 
plis ;  les  muqueuses  externes  sont  pâles  ;  le  poil  est 
terne  et  piqué. 

Si  l'on  s'obstine  à  faire  travailler  l'animal,  tous  les  sym- 
ptômes s'aggravent,  la  peau  se  colle  aux  os,  l'appétit 
diminue,  les  yeux  ternes  s'enfoncent  dans  les  orbites  ;  les 
muqueuses  deviennent  exsangues  et  les  battements  car- 
diaques extrêmement  violents. 

Le  malade  reste  indifférent  à  tout  ce  qui  l'entoure,  sa 
sensibilité  s'émousse,  il  ne  semble  sortir  de  sa  torpeur  qu'à 
la  suite  de  coliques  plus  ou  moins  violentes,  qui  sont  le 
fait  de  l'obstruction  de  l'urètre  par  des  caillots  sanguins. 
Il  offre,  à  l'écurie,  une  attitude  abattue  ;  il  lient  la  tête 
basse,  jusque  sur  la  crèche  ;  un  oedème  apparaît  sous  la 
gorge  dans  l'espace  intramaxillaire  ;  une  salive  filante, 
odorante,  s'écoule  de  la  bouche,  dont  les  lèvres  sont  pen- 
dantes, «  une  diarrhée  infecte  vient  achever  l'œuvre  de 
destruction  de  la  machine  animale  ».  Exceptionnellement, 
le  mal  tue  l'animal  qui  en  est  atteint  en  moins  d'un  mois 
(Pichon)  ;  quelques-uns  restent  dans  un  embonpoint  qui 
surprend,  Pichon  en  a  même  vu  qui  engraissaient.  Mais 
ceci  est  l'exception  ;  malgré  foutes  les  médications,  la  ma- 
ladie poursuit  sa  marche  fatale  et  amène  la  mort  en  quatre, 
cinq,  six  mois,  un  an  et  même  plusieurs  années  (Sinoir). 
Dans  les  cas  où  la  maladie  a  une  telle  durée,  elle  est  tou- 
jours intermittente;  l'hémori'agie  vésicaie  cesse  pendant 
plusieurs  mois  pour  réapparaître  ensuite. 


238  VESSIE. 

Diagnostic.  —  Laffection  est  si  difficile  à  reconnaître 
au  début  que,  dans  beaucoup  de  pays,  sur  le  champ  de 
foire,  les  acheteurs  stipulent  souvent  que  cette  maladie 
leur  sera  frarantie  (Pichonl. 

A  la  période  d'état,  la  maladie  est  nettement  caractérisée 
par  de  l'hématurie  et  la  persistance  de  petits  caillots  sur  le 
bouquet  de  poils  de  la  commissure  inférieure  de  la  vulve. 
Sa  (iu'onicité  et  son  évolution  ainréticjue  la  distinguent  de 
la  ph'oplasmose  coiiune  de  la  népliritc  aiguë.  ■ 

Anatomie  pathologique.  —  La  vessie  est  généralement 
le  seul  organe  lésé.  Elle  est  le  siège  d'un  piqueté  hémcrx'a- 
gique  sous-épilhélial  et  d'une  vascularisation  anormale 
caractérisée  par  des  varicosités  des  vaisseaux  capillaires 
muqueux  et  sous-muqueux.  A  une  période  plus  avancée, 
la  vessie  olï're  l'aspect,  la  consistance  d'une  tumeur.  La 
surface  est  parcourue  par  des  vaisseaux  abondants  et 
veineux;  sa  muqueuse  olfre  des  lésions  caractéristiques, 
des  ulcéfations  et  des  végétations. 

Les  ulcérations  ou  l'ulcération, —  car  on  peut  n'en  trouver 
qu'une,  —  peut  être  très  petite,  large  comme  une  tête 
d'épingle  ordinaire,  circulaire,  faite  comme  à  lemporte- 
pièce  dans  la  muqueuse  et  dont  le  fond  et  les  bords  sont 
cruentés  ;  la  muqueuse  seule  est  touchée  ;  on  peut  la  faire 
mouvoir  sur  le  tissu  sous-jacent,  entièrement  sain.  Cletto 
petite  ulcération,  constituée  aux  déftens  d'un  petit  bouton 
vésiculaire  rouge  ou  jaune  de  très  faible  dimension,  est  la 
source  des  hémorragies  répétées.  Au  niveau  de  ces  ulcéra- 
tions, il  se  développe,  avec  le  temps,  une  inflammation 
proliférative  qui  peut  envahir  le  tissu  sous-mu(]ueux  et 
même  la  couche  musculaire  dans  toute  son  épaisseur. 
Exceptionnellement  les  ulcères  sont  perforés. 

Les  végétations  qui  en  résultent  ont  un  volume  très 
variable  ;  elles  sont  sessiles  ou  pédiculées,  généralement 
peu  consistantes,  de  coloration  rouge,  grise,  jaune  rouge, 
i\  surface  irx-égulière.  niauielonnéc,  rappelant,  par  leur 
aspect,  un  chou-lleur.  une  mûre  ou  une  framboise.  Elles 


CYSTITES.  239 

acquièrent,  avec  le  temps,  un  développement  considérable 
et  peuvent  atteindi-e  le  poids  de  2  kilos  (Raconnat)  ; 
elles  siègent  sur  le  plancher  de  la  vessie.  Quand  elles 
siègent  au  niveau  du  col  de  la  vessie,  elles  peuvent 
déterminer  de  la  dysurie  (Mollereau).  Au  niveau  de  l'orifice 
(les  uretères,  elles  provoquent,  par  obstacle  à  l'écoulement 
de  l'urine,  la  dilatation  des  conduits  et  l'apparition  de 
riivdronéphrose  (fig.  46). 


46.  —  Lésions  de  la  vessie    (d'après  Gotz). 


Ces  tumeurs  sont  succulentes,  friables;  elles  subissent 
souvent  la  dégénérescence  kystique  quand  leur  développe- 
ment est  très  avancé  (fig.  47). 

Histologiquement,  les  végétations  sont  constituées  par 
des  néoformations  vasculo-conjonctives  muqueuses  et  sous- 
muqueuses,  qui  revêtent  l'aspect  papillomateux.  Cet 
accroissement  s'effectue  d'une  manière  irrégulière  ;  très 
actif  par  places,  il  est  réduit  dans  d'autres;  il  se  forme  des 
saillies  acuminées  séparées  par  des  sillons  et  des  anfrac- 
tuosités  recouvertes  de  l'épithélium  vésical,  qui  semble 
ainsi  s'enfoncer  dans  les  couches  profondes  de  la  tumeur 
et  donne,  à  celle-ci.  une  apparence  épithéliomateuse.  En 


240 


VESSIE. 


effet,    la    prolifération  ('pithéliale   est  si    abondante    an 
niveau  des   sillons  qu'il    se   forme  des   blocs  épitbéliaux 


lif^^i 


J 


ri. 


mJ 


mr^'f  hiiU  ./M 


iSr-î  ■■  ■■'"'-■ii>,'^ii> 


Fig.    17.  —  Vessie    de  bœuf  atteint  de  cystite  chronique  hémorragique. 
T,  tumeurs  vésicules  :  -M,  muqueuse  intacte. 


complètement  séparés  et  inclus  dans  le  conjonclif  (fitj.  48). 
Ces  globes  subissent  rapidement  la  dégénérescence  kys- 


CYSTITES. 


241 


tique.  Le  kjslc  est  tapissé  d'une  couclie  épithélialc  qui 
tend  à  revenir  vers  le  type  vésical,  et  l'on  distingue  dans 
son  contenu  des  éléments  cellulaires  en  voie  de  dégéné- 
rescence. 

La  végétation  est  donc  essentiellement  constituée  par 
du   tissu   conjonctif  semé   de  globes  épitliéliaux    ou    de 


Fig.  48.  —  Coupe  d'une  tumeur  vésicale  vue  à  un  fort  grossissement. 

A,  épithélium  cylindrique  simple  tapissant  des  cavilés  qui  ne  sont  que  des 
enfoncements  de  la  muqueuse  vésicale;  B,  une  cavité  semblant  contenir  un 
bourgeon  épilhélial  (Leblanc). 


kystes  et  par  des  vaisseaux  très  abondants  dans  les  divers 
points  :  les  uns  en  couche  profonde,  d'autres  immédia- 
tement logés  sous  l'épithélium,  formant  là  de  véritables 
lacs  sanguins  seulement  recouverts  par  une  faible  couche 
de  cellules  cylindriques. 

h'régulièreraent,  la  sous-muqueuse  et  le  conjonctif  se 

montrent  infiltrés  de  cellules  embryonnaires  ;  on  en  trouve 

même  jusque  dans  la  musculeuse.  Ces  amas  répondent  à 

des  nids  de  microbes  qui  sont  venus  se  greffer  sur  les  lésions 

Cai>k.vg.  —  PallioluLMC  interne.  VIL  14 


VESSIE. 


priinilives;  on  peut  s'en  assurer  par  la  coloration  de  ces 
agents  dans  les  coupes. 

A  côté  de  ces  lésions  essentielles,  on  trouve  souvent  des 
lésions  secondaires  de  pyélonéplirite  ascendante  (fig.  49). 


Fig.    W.   —  Cystite  clii-oiii(iiie  liùmorragi(iiie  liu  ba-uf. 

I.a  vessie  ouverte  forme  une  tumeur  presque  pliint  (V)  ;  un  des  deux  reins 
est  atteint  de  pyélonéphrile  consécutive  (R). 

Quand  la  maladie  est  très  ancienne,  tous  les  tissus  sont 
décolorés,  pûtes,  mous,  peu  résistants  et  infiltrés  ;  lesgrandes 
cavités,  péricarde,  plèvre,  péritoine,  renferment  un  liquide 
séro-Sanguinolent  (Sinoir)  ;  on  observe  en  même  temps 
imc  inliltration  u'démateuse  au  niveau  de  la  gorge,  du  poi- 
trail et  du  sternum. 

Traitement.  —   11  n'existe  pas  de  traitement    curatif 


CYSTITES.  .  ;2*3 

susceptible  d'amener  même  une  amélioration  passagère. 
Les  décoctions  de  plantes  (fumeterre,  plantain),  les  ferru- 
gineux, les  toniques,  les  arsenicaux  sont  conseillés;  mais 
ils  peuvent  être  regardés  comme  inefficaces. 

Prophylaxie.  —  Le  traitement  prophylactique  ne  peut 
être  institué  d'une  manière  rationnelle  en  raison  de  l'incer- 
titude qui  plane  sur  l'étiologie  de  la  maladie.  On  ne  peut 
formuler  que  des  indications  empiriques.  Le  drainage  des 
pâturages  humides,  leur  amélioration  par  des  engrais  divers 
tels  que  les  superphosphates  et  la  chaux  modifient  la  flore 
de  ces  herbages  et  augmentent  leurs  propriétés  nutritives. 

Vémigration  du  bétail  malade  vers  des  régions  indemmes 
semble  favoriser  la  guérison,  mais  on  ne  saurait  affirmer 
l'efficacité  de  cette  mesure. 

III.  —  CHIEN. 

1.  —  CYSTITE  AIGUË. 

Étiologie.  —  La  cystite  aiguë  est  une  maladie  toxi-infec- 
tieuse  produite  par  toutes  les  causes  qui  engendrent  les 
néphrites.  Les  agents  infectieux  ou  irritants  déversés  dans 
la  vessie  irritent  d'autant  plus  facilement  la  muqueuse  de 
cet  organe  que  l'urine  y  stagne  davantage.  Les  prostatiques 
et  les  calculeux  sont  particulièrement  exposés  aux  cystites 
aiguës.  Les  animaux  âgés  atteints  de  maladies  cutanées 
sont  traités  par  des  solutions,  des  pommades  irritantes  ou 
toxiques  qui  engendrent  l'inflammation  de  la  vessie.  Excep- 
tionnellement, celle-ci  résulte  de  l'extension  d'une  urétrite 
ou  d'une  vaginite. 

Symptômes.  —  Le  malade  a  des  mictions  fréquentes, 
douloureuses;  les  mâles  sont  en  demi-érection  continuelle. 
Des  coliques  légères  apparaissent,  dans  l'intervalle  des- 
quelles l'animal  se  campe  et  s'efforce  d'expulser  l'urine 
accumulée  dans  sa  vessie  ;  celle-ci  ne  s'écoule  que  goutte 
à  goutte,  sanguinolente.  La  palpation  de  la  vessie  par  les 
parois  abdominales,  par  le  toucher  rectal  ou  vaginal  est 


244  VESSIE. 

douloureuse.  La  fièvre  est  élevée,  l'appétit  diminué  ou 
supprimé.  L'urine  est  devenue  ammoniacale;  elle  renferme 
des  débris  épithéliaux,  des  globules  blancs,  du  mucus,  de 
l'albumine,  des  cristaux  de  pliosphate  ammoniaco-magné- 
sien,  des  bactéries. 

Lanimal  offre  de  la  fièvre,  de  la  constipation  et  un  pro- 
fond abattement. 

Quand  la  miction  est  complètement  supprimée,  l'animal 
meurt  rapidement  d'urémie  ou  de  rupture  de  la  vessie 
accompagnée  de  péritonite. 

Diagnostic.  —  La  cystite  est  souvent  confondue  avec  la 
népluile  ;  mais  la  distension  et  la  sensibilité  de  la  vessie,  à 
toute  exploration,  sont  des  signes  différentiels  caracté- 
ristiques. 

Traitement.  —  11  faut  s'efforcer  de  diminuer  les  pro- 
priétés irritantes  de  l'urine  à  l'aide  d'un  régime  rafraî- 
chissant composé  de  lait  coupé  avec  de  l'eau  de  Vichy,  de 
la  tisane  de  chiendent  ou  d'orge.  On  augmente  les  propriétés 
diurétiques  de  ces  liquides  en  ajoutant,  aux  aliments,  d  à 
4  grammes  de  bicarbonate  de  soude. 

Ces  agents  sont  des  moyens  mécaniques  de  désinfection 
de  la  vessie  ;  on  peut  en  ajouter  d'autres  pliisactifs,  pourvu 
qu'ils  ne  soient  pas  irritants;  il  faut  s'adresser  aux  produits 
qui  s'éliminent  par  le  rein;  le  salol,  le  benzo-naphtol  à  la 
dose  de  2  grammes  par  jour  sont  indiqués.  La  consti- 
pation est  combattue  à  l'aide  d'une  cuillerée  à  bouche 
d'huile  de  ricin  et  par  des  lavements  d'eau  chaude  addi- 
tionnée d'un  peu  d'huile  ou  de  glycérine. 

II.  —  CYSTITE  CHRONIQUE. 

Étiologie.  —  La  cystite  chronicpie  est  l'apanage  des c/H'e«s 
calcuieux.  prostatiques  ou  atteints  d'un  cancer  delà  vessie. 

Symptômes.  —  Cette  maladie  s'accuse  par  l'émission 
«i'iu-ine  purulente  et  quelquefois  par  de  l'hématurie;  les 
mictions  sont  fréquentes;  mais  la  pollakiurie  par  excitation 


CYSTITES. 


245 


vésicale  s'accompagne  de  signes  de  douleur  à  chaque  mic- 
tion. L'exploration  delà  vessie  dénonce  la  dilatation  de  cet 


Fig.  50.  —  Distension  énorme    de    la  vessie  dont  les  parois  sont  infiltrées 
et  œdémateuses. 

organe  qui  a  une  consistance  plus  ou  moins  dure  (fig.  50). 
Diagnostic.  —  La  lithiase  est  caractérisée  par  des  signes 
de  rétention  et  danurie  et  quelquefois  de  rupture  quand 
les  calculs,  situés  au-dessus  de  l'os  pénien,  obstruent  le 
conduit;  urétral  ;    d'incontinence,   quand   les  calculs   sont 

14. 


246  VESSIE. 

situés    dans    la    portion    juxtavésicale    de   l'urètre    (1). 

Les  tumeurs  malignes  de  la  vessie  se  différencient  géné- 
ralement des  cystites  par  l'hématurie,  témoignant  d'une 
ulcération  de  la  tumeur,  par  la  gêne  des  miclions  et  la 
réplélion  extrême  de  la  vessie  en  raison  de  l'obstruction 
partielle  de  l'orifice  de  l'urètre  et  enfin  par  l'état  apy- 
rétique  et  la  maigreur  du  sujet,  qui  sont  des  caractères 
propres  aux  néoplasies  [Daille  et  SulTran  (2]]. 

Lésions.  —  La  vessie  est  ferme  et  résistante  au  toucher; 
sa  face  externe  est  couverte  d'arborisations  vasculaires 
rougeâtres.  Elle  offre  quelquefois  de  telles  dimensions 
qu'elle  remplit  la  cavité  abdominale.  L'incision  de  cet 
organe  permet  de  constater  une  hypertrophie  remarquable 
de  la  paroi  vésicale.  La  muqueuse  est  recouverte  de  caillots 
sanguins  conglomérés,  quelquefois  en  une  seule  masse 
de  la  grosseur  de  la  tète  d'un  enfant  (Marck).  A|)rès  leur 
enlèvement,  on  peut  constater  la  présence  de  petites  saillies 
arrondies  ou  coniques,  quelquefois  cylindroïdes.  Ces  saillies 
molles,  lisses,  brillantes,  de  coloration  rosée  ou  rougeâtre? 
ont  le  volume  d'un  grain  de  chénevis  ou  même  d'un  pois 
(fig.  51).  Entre  elles,  on  peut  constater  de  nombreux  plis  et 
quelquefois  même  des  ulcérations.  Exceptionnellement,  le 
tissu  sous-muqueux  est  le  siège  d'une  infiltration  gélatineuse 
qui  décuple  l'épaisseur  des  parois  vésicales.  Cet  œdème  chro- 
nirjue  peut  se  compliquer  de  sclérose.  L'épithélium  vésical 
est  vascularisé  ;  il  est  traversé  par  les  leucocytes,  ou  soulevé 
par  lambeaux  sous  rinfiuence  du  processus  hémorragique. 

Les  faisceaux  musculaires  lisses  sont  hypertrophiés.  La 
muqueuse  de  l'urètre  est  congestionnée  ;  la  prostate  est 
hypertrophiée  dans  beaucoup  de  cas  ;  les  reins  présentent 
ordinairement  de  la  pyélonéphrite. 

Traitement.  —  En  dehors  des  moyens  préconisés  contre 

(1)  Taylor,  Cystite  ulcéreuse,  rupture  de  la  vessie  et  pyélonéphrite  chez 
un  chien  (T/ie  Veterinary  Record,  1904).  —  Schmidt,  Télangiectasie  de  la 
vessie  (Berlinfir,  I90ô).  —  Marek,  Revue  géti.,  1908.  —  Bail,  La  lithiase 
vésicale  dans  l'espèce  canine  (./o»r;i.  de  Lyon,    1906,  p.    19i'). 

(2)  Daille  et  Suffran,  Revue  vdt.,  1903,  p.  612. 


CYSTITE^ 


247 


la  cystite  aigui-,  il  faut  utiliseï"  tous  les  agents  capables  de 
tarir  la  suppuration  de  la  muqueuse  vésieale,  tels  que  le 
copahu.  Textrait  alcoolique  de  cubèbe.  le  sirop  de  téré- 
benthine, 
le  benzoate 
de  soude, 
le  salol,  Tu- 
rotropine. 
le  biborate 
de  soude. 

Le  catbé- 
térisme  et 
le  lavage  de 
la  vessie 
sont  égale- 
ment indi- 
qués quand 
l'urine  de- 
meure pu- 
rulente ;  la 
l'irrigue  avec 
^3  p.   100).    de 


0<ry 


""^■f^ 


Fig.  51.  —  Cystite  granuleuse.  Chien.  La  muqueuse 
vèsicale  est  soulevée  par  une  multitude  de  granulations 
visibles  à  l'œil  nu,  formées  par  des  amas  de  leucocytes. 

(Gross.  :  40)  (Roquet). 


vessie  étant  préalablement  vidée,  on 
une  solution  tiède  d'acide  borique 
résorcine  (1  à  2  p.  100),  de  crésyl 
(1  p.  lOOj  ou  d'acide  salicylique  additionné  de  borate  de 
soude. 

Il  faut  extraire  les  calculs  vésicaux  en  pratiquant 
la  c^-stotomie;  si  les  chiens  sont  affectés  d'hypertro- 
phie de  la  prostate,  il  faudrait  recourir  à  la  prostatec- 
tomie. 

I  Y.  — CHAT. 

La  cystite  calculeuse  du  chat  est  une  maladie  rare  carac- 
térisée par  la  distension  de  la  vessie  à  la  suite  de  l'obstruc- 
tion de  l'urètre  et  susceptible  de  se  compliquer  d'uré- 
mie [Gadéac  (1),  Suffran    (2)]. 

(1)  Cadéac,  Journ.  de  Lyon,  1900,  p.   140. 
(i)    Suffran,    Revue    vét.,     1909,     p.     405. 


248 


VESSIE. 


Symptômes.     — 

elTorts   do    niiftion, 


KiK 


—  Points  hé- 
morragiques de  la 
muqueuse  vt'sicale  et 
et  de  l'urètre  {Cadéac). 


L'animal  n'iirino  pas,  fait  des 
salive,  so  Uoni  immobile,  recro- 
quevillé, prostré,  et  mani- 
feste quelquefois  une  sali- 
vation intense.  La  palpa- 
lion  du  ventre  révèle  l'exis- 
tence, dans  celte  cavité, 
d'une  grosseur  indolore  ou 
insensible,  dépressible,  lé- 
gèrement oTalaire,  des 
dimensions  d'un  œuf  de 
[louie,  située  sur  le  plan 
iu('(lian,  immédiatement  en 
avant  de  la  symphyse  pubienne.  C'est 
la  vessie  distendue. 

La  sonde,  introduite  dans  l'urètre, 
rencontre  un  obstacle  insurmontable 
constitué   par   le  calcul. 

L'état  (jcnéral  s'aggrave  rapidement  ; 
la  respiration  et  la  circulation  se  ralen- 
tissent, la  température  descend  à  36°, 
et  l'animal  meurt  d'urémie  comateuse 
si  l'on  n'intervient  pas  rapidement  (1). 
Lésions.  —  La  vessie  congestionnée, 
hémorragique,  présente  un  nombre 
variable  de  calculs  ;  il  y  en  a  parfois  une 
dizaine.  Ses  parois  sont  épaissies  ;  sa 
muqueuse  est  quebpiefois  bourgeon- 
nante (tlg.  r)2). 

Les  reins  sont  volinnineux,  hypertro- 
phiés. 

Traitement.  —  L'arétrotomie,  la 
ponction  de  la  vessie  permettent  de 
conjurer  les  eifets  de  la  rétention. 


(1)  Sellier,  Lithiase  véiicale  et  cystite  liomorrairi([uo  chez  un  cliat  (Journ. 
de  Lyon,  1909). 


CHAPITRE  III 
CAPSULES   SURRÉNALES 

I.  —  SOLIPÈDES. 

Les  capsules  surrénales  des  so/ipèc/es  peuvent  présenter  : 
1°  des  hématomes  de  dimensions  variables  (Forgeot, 
Detroye)  ;  2°  des  kystes  colloïdes  du  volume  d'une  noix  et 
contenant  un  liquide  visqueux,  brunâtre,  analogue  à  de  la 
colle  de  menuisier  [Bi-uckmûller,  Detroye,  Forgeot  (1)]  ; 
3'  des  cancers  primitifs  ou  secondaires  de  nature  carcino- 
mateuse  et  atteignant  quelquefois  le  poids  de  S'^s^soO 
(Johne,  Prévost,  Petit)  oudepetites  nodosités  œdémateuses, 
grises,  ordinairement  en  saillie,  du  volume  d'une  tête 
d'épingle  à  celui  d'un  pois  [Césari  et  Panisset  (2)]  ; 

4»  Une  surrénalite  caractérisée  par  l'hypertrophie  de  ces 
organes,  qui  sont  bosselés  et  paraissent  constitués  de  plu- 
sieurs lobes  bien  distincts,  de  grosseur  variable  à  contours 
arrondis  [Detroye  (3)]  et  remplis  de  sang  coagulé.  Ces 
hématomes  anciens  sont  limités  par  du  tissu  surrénal 
congestionné. 

II.  —  RUMIi\A]\TS. 

Les  tumeurs  des  capsules  surrénales  ne  sont  pas  très 
rares  chez  les  nnninauts. 

(1)  Forgeot,  Journ.  de  Lyon,  1906,  p.  101. 

(2)  Césari  et  Panisset,  Soc.  centrale,  5  avril  1906. 

(3)  Detroye,  Surrénalite  hémorragique  et  kystique  avec  thrombose  de 
l'aorte  postérieure  chez  le  cheval  (Soc.  centrale,  1906,  p.  445). 


250  CAPSULES    SUURÉNALES. 

Le  cancer  existe  chez  le  mouton  (Pellotier)  el  surtout, 
chez  les  bovidés  (Horne,  Gôrig,  Sticker,  Delroye).  Dans 
ces  dix  dernières  années,  Horne  (1)  en  a  recueilli  une 
douzaine  d'observations. 

Ces  tumeurs  volumineuses  peuvent  peser  plus  de  ""^SjOÛO 
et  atteindre  même  le  poids  de  TiO  kilogrammes  ;  elles 
ont  une  forme  à  peu  près  sphérique,  une  surface  lisse, 
recouverte  d'une  membrane  libreuse  ;  leur  consistance  est 
molle,  pulpeuse,  quelquefois  un  peu  fluctuante.  On  y  ren- 
contre de  nombreux  foyers  hémorragiques  irrégulièrement 
distribués,  des  cavités  kystiques  renfermant  un  liquide 
séro-sanguinolent.  Les  cloisons  présentent  souvent  des 
lésions  de  dégénérescence  caséeuse  et  d'infiltration  calcaire. 
Leur  structure  rappelle  celle  des  carcinomes  encéphaloïdes 
ou  celle  des  épithéliomes  à  cellules  cylindriques. 

(1)  Ilorne,  Revue  gén.,  190S,  t.  II,  p.  62. 


LIVRE    X 

PEAU 


CHAPITRE  PREMIER 
TRICHOSES 

On  désigne  sous  le  nom  de  trichoses  les  maladies  des 
poils.  Ces  maladies  comprennent  :  4°  les  hypertrichoses; 
2°  les  hypotrichoses  ou  alopécies;  3"  les  trichoses  dystro- 
phiques;  4»  les  trichoses  parasitaires. 

I.  —  SOLIPÈDES. 

I.  —    HYPERTRICHOSES. 

Par  hypertrichose  ou  hypertrophie  des  poils,  on  désigne 
une  anomalie  caractérisée  par  une  hypei'prodiiction  de 
poils  plus  volumineux  et  plus  abondants  qu'à  l'état 
physiologique. 

Cette  hypertrichose  est  quelquefois  congénitale  ;  on 
connaît  les  hommes-chiens,  les  chcxaux  russes  et  polonais 
à  crinière  et  à  queue  abondamment  fournies  de  crins  ; 
cette  hypertrichose  congénitale  semble  témoigner  d'un 
retour  vers  la  forme  ancestrale;  en  effet,  à  l'état  fossile,  le 


252  TRICHOSES. 

cheval  est  toujours  pourvu  d'une  barbe  touffue  et  de  poils 
très  longs  sur  toute  la  surface  du  corps. 

Il  est  commun  de  rencontrer  des  poils  anormalement 
développés  à  rintérieur  des  kystes  dcrmoïdes. 

U hypertrichose  acquise  résulte  d'irritations  locales  déter- 
minées artificiellement  par  un  topique,  par  une  affection 
eczémateuse  entretenant  la  congestion  du  derme. 

Traitement.  —  Cette  affection  est  sans  importance;  on 
n'a  qu'à  n^aintenir  les  poils  ras. 

II.    —  ALOPÉCIES. 

Définition.  —  Le  terme  alopécie  s'applique  aux  dépila- 
tions  partielles  ou  générales  et  même  à  l'absence  congé- 
nitale de  poils. 

Ordinairement  sjmptomalique  de  diverses  maladies 
cutanées,  la  chute  des  poils  peut  revêtir  la  physionomie 
d'une  affection  spéciale  de  nature  inconnue. 

Les  alopécies  congénitales  sont  caractérisées  par  l'absence 
de  poils  dans  toute  l'étendue  du  corps,  sauf  sous  l'abdomen 
et  au  niveau  des  extrémités. 

Les  poils  présentent  une  fragilité  exti'ême;  le  tégument 
est  souple,  lisse,  mais  il  offre  une  coloi'ation  plus  foncée. 
Cette  forme  d'alopécie,  très  rare,  est  simple  ouaccompagnée 
d'hyperkératose  ;  elle  est  héréditaire  (1)  (KôUcr,  André), 
liée  à  la  race  (Fitzinger)  ou  accidentelle  (Gherardi, 
Hering).  Souvent,  on  constate  en  même  temps,  un  dévelop- 
pement défectueux  des  sabots,  de  la  corne  et  des  dents 
(Bonnet).  Les  animaux  nés  sans  poils  ne  tardent  généra- 
lement pas  à  succomber  (2). 

(1)  André  a  observé  l'alopécie  généralisée  chez  onze  poulains  provenant 
d'une  jument  et  sur  huit  poulains  provenant  d'une  autre  jument.  Ces  dépila- 
tions  se  manifestent  aux  nieml)res  et  sous  le  ventre. 

(2)  Les  injections  d'éther  sont  suivies,  deux  h  trois  semaines  après,  d'une 
sudation,  nu  |)oint  d'injection,  qui  persiste  quelque  temps,  et  les  poils  prennent 
une  teinte  plus  foncée,  (Korget).  —  l-"ltr!ol,  Hypersécrélion  sudornic  localisée 
constante  conséculive  à  une  injection  d'éther  (Soc.  cenir.,  I91i>,  p.  011). 


ALOPÉCIES.  253 

Les  alopécies  acquises  sont  diffuses  et  régionales  ou  au 
contraire  circonscrites.  Celles-ci  comprennent  les  alopécies 
cicatricielles  consécutives  à  une  plaie,  à  une  brûlure, 
à  l'action  d"un  caustique,  et  les  alopécies  parasitaires 
résultant  des  gales  et  des  épidermomycoses  {herpès 
tonsurans  .  (".es  deux  ordres  de  dépilation  sont  faciles  à  dis- 
tinguer par  l'atrophie  des  follicules  pileux  et  l'état  de  la  peau 
qui  a  changé  de  couleur,  de  consistance  dans  les  alopécies 
cicatricielles,  tandis  que  le  tégument  subit  une  infiltration 
pigmentaire  et  se  recouvre  de  débris  sébo-épidermiques 
dans  les  alopécies  parasitaires.  En  outre,  dans  ces  dernières, 
les  surfaces  dépitées  ont  une  forme  arrondie,  ovale,  irré- 
gulière ou  zébrée. 

Les  alopécies  régionales  et  diffuses  résultent  d'un  affai- 
blissement général  déterminé  par  une  maladie  infectieuse, 
dyscrasique,  cachectisante,  comme  l'hydronéphrose  double 
Barrier,  lanasarque,  la  lièvre  typhoïde,  le  tétanos,  la 
fièvre  puerpérale,  les  maladies  très  longues,  les  sueurs 
prolongées,  la  gestation,  les  gastro-entérites  (Adam, 
Siedamgrotzky\  ou  d'une  intoxication  comme  l'hydrargy- 
risme.  qui  en  est  la  cause  la  plus  commune  [Crevelle. 
Voinier,  Puthoste,  Krait.  Joly  .  i)]. 

Les  poils  deviennent,  ternes  et  cèdent  à  la  moindre 
traction;  la  dépilation,  dénoncée  par  des  plaques  lenticu- 
laires à  la  face  intex-ne  des  cuisses,  se  dessine  et  progresse- 
d'une  manière  insensible:  elle  s'étend  au  tronc,  au  cou,, 
sur  la  moitié  des  membres.  Cette  chute  complète  des  poils; 
peut  survenir  en  quelques  semaines  sans  prurit.  En  même 
temps,  on  voit  apparaître  des  tuméfactions  œdémateuses 
des  membres,  du  ventre  et  des  pai'ties  inférieures  de  la 
poitrine,  comme  dans  l'anasarque  :  le  plus  souvent,  ces 
signes  secondaires  font  défaut  (2). 

(1)  Joly,  .\u  sujet  des  alopécies  hydrargyriques  du  cheval  {Bull,  de  la  Soc. 
reiitr.,  1912,  p.  61). 

[2)  Cievelle,  .\lopécie  déterminée  par  le  biiodure  de  mercure  [./o'.trn.  dex 
vét.  milit.,  1900^ 

C.AD.ô.\c.  —  Pathologie  interne.  VII.  15 


254  TRICHOSES. 

L'alopécie  essentielle  ou  hérose  constitue  une  dystrophie 
cutanée,  caractérisée  par  du  pityriasis, de  laséborrhéesèclio. 
des  troubles  de  la  nutrition  du  système  pileux,  de  l'hjper- 
trichosect  do  l'alopécie.  Elle  aélé  parliculiorenienl  étudiée 
par  Trolimow,  Hoj,  Hrisavoine,  Dejsine. 

Son  éliologio  réelle  est  inconnue.  Les  animaux  à  robe 
claire  j  sont  plus  sujets  que  ceux  à  robe  foncée.   On  la 
voit  apparaître  sur  les  animaux  qui  font  un  long  séjour  à 
Técurie  ou  soumis  à  un  travail  mal  réglé  et  qui  sont  mal 
pansés  :  c''est  une  maladie  d'hiver  qui  semble  élre  quelque- 
fois sous   la   dépendance    d'un   froid    persistant    (Hering. 
Kolhepp  ;  les   dépilations    se  produisent    principalement 
dans   les    régions   exposées  au    froid.    Les   modilications 
réflexes  de  la  circulation  cutanée  engendrées  par  un  froid 
intense  compromettent  la  nutrition  du  système  pileux  et 
entraînent    l'alopécie.    Son    caractère    enzootique    a   fait 
admettre  son   origine  pai-asitaire  ;  on  a   invoqué  l'action 
d'un  microbacille    développé  dans    les   follicules   pileux 
(Sabouraud);   d'un  champignon   voisin  du    Trichoplnjton 
tonsurans  (Ilollebornn),  de  bactéries  diverses   Dobesi.sans 
réussir  à  établir  leur  spécificité.  Pourtant  Roy  a  conslati' 
des  cas  de  contagion   de  cIiovhI  à  cheval  par  l'intermé- 
diaire des  instruments  de  pansage  ou  de  la  couverture;  il 
est  même  parvenu  à  la  communiquer  expérimentalement 
en  faisant  frictionner  un  cheval  sain  avec  des  pellicules 
recueillies  sur  im  malade.  iNéanmoins,  on  incline  ;\  penser  que 
cette  alopécie  progi'cssive  n'est  pas  contagieuse  ;  rien  ne 
permet  j)Ourtanl  d'exclure  absolument  l'action  des  para- 
sites. 

L'apparition  iires(pii'  loiijonrs  syiinUriquo  des  di-pilalions 
a  fait  rapp()rt(>r  cette  alojiécie  à  une  cause  nerveuse  ou  à 
des  troubles  Irophiqiies.  D'ailleurs  Max  .lose|di  a  produit 
expérimentalement,  chez  le  chat,  des  alopécies  en  aires 
par  section  des  nerfs  occipitaux,  et  Trendelenburg  a 
observé,  chez  le  pigeon,  la  chute  des  plumes  après  la  sec- 
tion des  racines  sensitivesde  la  moelle:   on  a    enfin  cous- 


ALOPÉCIES.  255 

taté  que  la  déséquilibration  nerveuse  exerce  une  véritable 
iniluence  sui"  l'apparition   de  la  pelade  humaine. 

Dans  la  théorie  dijstrophiqite,  une  violation  organique 
complexe  préside  à  l'apparition  de  cette  alopécie.  Elle  est 
caractérisée  par  l'apparition  de  bandes  symétriques  sur  le 
dos,  le  rein  et  la  croupe,  s'étendant  à  tout  le  corps  en  respec- 
tant les  membres.  Les  poils,  ternes,  hérissés  et  cassants,  sont 
comme  coupés  à  1  millimètre  de  leur  racine  et.  à  l'examen 
microscopique,  ils  montrent  une  division  en  un  grand  nombre 
de  flbrilles,une  véritable  schizotrichie.  Dansles  points  où  ils 
né  sont  pas  encore  tombés,  ils  sont  gonflés,  noueux,  comme 
remplis  d'air,  et  se  brisent  très  aisément  au  niveau  des 
nodosités.  11  n'y  a  pas  le  moindre  prurit.  L'animal  n'accuse 
jamais  rien  d'irrégulier  dans  ses  fonctions  générales: 
son  appétit  et  sa  vigueur  se  conservent  intacts,  et  on  peut 
l'utiliser  comme  d'habitude.  Les  poils  s'arrachent  facile- 
ment, les  dépilations  progressent  et  donnent  à  l'animal 
l'aspect  le  plus  misérable,  quoiqu'il  conserve  un  embon- 
point satisfaisant. 

Diagnostic.  —  L'alopécie  idiopathique  est  caracté- 
risée par  l'absence  de  prurit,,  la  facilité  avec  laquelle 
les  poils   s'arrachent  et  la  séborrhée   qui  l'accompagne. 

Pronostic.  —  Il  est  plus  grave  pour  l'alopécie  généra- 
lisée et  épizootique  que  pour  l'alopécie  circonscrite.  Tou- 
tefois, la  repousse  des  poils  est  ordinairement  la  règle. 

Traitement.  —  Les  indications  prophylactiques  consis- 
tant dans  une  bonne  alimentation,  des  soins  hygiéniques 
convenables  et  la  précaution  d'éviter  l'action  prolongée 
d'un  froid  intense. 

Les  agents  thérapeutiques  varient  avec  la  cause  de 
l 'affection.  V alopécie  parasitaire  est  combattue  par  tous 
les  parasiticides. 

L'alopécie  essentielle  guérit  sans  intervention,  à  l'ap- 
proche de  la  belle  saison:  il  y  a  cependant  lieu  de  sur- 
veiller l'application  des  harnais  sur  les  parties  dénudées, 
d'activer  la   pousse  du  poil   par   des   frictions  irritantes 


256  TruciiosEs. 

avec  :  l'alcool  camphi'c,  la  teinture  de  cantliarides  diluée 
au  cinquième,  les  pommades  sulfureuses,  les  lotions 
de  sulfure  de  potassium,  le  savon  de  potasse,  la  solution 
de  chlorure  de  sodium  à  5  p.  100,  Tiode  et  l'alcool  à  parties 
égales,  la  pommade  à  hase  de  nitrate  d'arj^'ont  et  de 
teinture  de  cantliarides  (l^ov).  (^n  a  conseillé  des  pulvé- 
risations ou  des  frictions  de  : 

Eau-de-vie  camphrée fo  i,'rainiiies. 

Teinture  d'aloès 10         — 

—  ûv  myrrhe S         — 

—  de  caulharides 2        — 

Chez  les  chevaux  à  nutrition  languissante,  le  traitement 
curatif  est  complété  par  l'administration  d'acide  arsé- 
nieux  et  de  toniques. 

III.  —  TRICHOSES  DYSTROPHIQUES. 

I.  —  La  leneotrioliio  est  une  décoloration  congé- 
nitale des  poils  qui  na  pas  été  étudiée  ;  la  canitie  est 
une  décoloration  acquise  qui  résulte  de  la  sénilité  ou  d'ime 
compression  locale  par  les  harnais  ou  des  bandages.  Le 
pigment  est  détruit,  soit  par  phagoc^'tose,  soit  par  usure 
sur  place. 

II.  —  La  TrichorrexLs  nodosa  Ij  est  une  alTection 
caractérisée  par  des  renflements  avec  éclatements  des 
poils  dont  les  fibres  se  séparent  comme  deux  balais 
enfoncés  l'un  dans  l'autre.  Elle  se  développe  principalement 
au  niveau  des  poils  de  la  base  de  la  queue  et  de  la  crinière, 
parfois  même  sur  le  tronc.  Considérée  comme  parasitaire 
et  contagieuse,  elle  résulte  généralement  de  grattages  et 
d'un  dégraissement  exagéré  des  poils  par  suite  de  savon- 
nages trop  fréquents.  L'abus  des  mêmes  soins  hygiéniques 
crée  de  véritables  enzooties  de  celte  maladie  de  cause 
mécanique.    Les    poils    ébouriffés    prennent    un     aspect 

{i)  Willierl,  De  la«  Trichorrexis  nodosn  »{/{ecueil  de  iném.  et  observât,  sur 
l'Iiygièiie  et  la  inéit.  vét.  mi/it.,  1908). 


TRICHOSES    PARASITAIRES. 


25' 


terne,  mat  ;  ils  présentent  des  nodosités  de  couleui-  jaune 
sale  ou  blanchâtre  distribuées  irrégulièrement  sur  la  tige  : 
ils  deviennent  cassants  ;  les  extrémités  libres  sont  brisées 
à  chaque  nettoyage:  la  queue  et  la  crinière  se  dénudent; 
la  peau  devient  rinle  ;  le  prurit  est  absent  (fig.  53). 


Fi 


53. 


1"  Stade  :  Accumulation  pigmentaire  avec  2«  Stade  :  Ècarlemenl  des 

écrasement  (sous  l'action  de  la  potasse)  (d'après       libres  corticales. 
Wilbert). 

L'évolution  de  cette  dépilation  est  très  lente  :  elle  peut 
durer  un  an. 

Traitement.  —  Les  lotions  sulfureuses  accompagnées 
d'applications  de  corps  gras  après  la  tonte  et  la  désinfection 
de  la  peau  permettent  d'obtenir  rapidement  la  guérison. 

IV.  —  TRICHOSES   PARASITAIRES. 

Les  trichoses  parasitaires  comprennent  les  diverses 
variétés  de  teignes  (Voy.  plus  loin  :  Épidermomycoses.) 


II.  — BOVIDES. 

L'alopécie  est  la  seule  trichose  intéressante  de  l'espèce 
bovine. 


258  TRICHOSES. 

L'alopécie  congénitale  est  presque  loujoiirs  généralisre, 
et  les  jeunes  veaux  qui. en  sont  affectés  meurent  peu  de 
teni[)s  après  leur  naissance  (Laurent,  Cézard.  Mardii  ot 
Lucel);  quand  ils  survivent,  leurs  cornes  se  développent 
anormalement  (Hering).  Ordinairement  la  peau  nue.  saut" 
aux  paupières,  aux  joues  et  aux  lèvres,  est  tachetée  de 
rouge. 

L'alopécie  acquise  succède  généralement  à  l'eczéma 
séborrhéique,  localisé  à  la  tête,  aux  extrémités,  aux 
membres,  au  llioi-ax  sous  forme  do  larges  plaques  circu- 
laires ou  c]lipti<iues.  Lafi'ection  peut  se  généraliser; 
elle  présente  partout  les  mêmes  symptômes  :  les  poils 
s'arrachent,  au  moindre  effort,  sans  se  briser.  La  peau 
conserve  sa  souplesse:  aucun  prurit  ne  pousse  l'animal  à 
se  gratter.  L'ex;imen  microscopique  montre  que  les 
poils  sont  entiers,  intacts  dans  leur  constitution,  non 
envahis  par  des  spores  de  parasites.  Muclipios-uns  ont 
l'extrémité  radiculaire  disposée  en  chapelet,  avec  des 
rentlements  et  des  rétrécissements  {Tricliorrcxis).  La  peau 
de  la  tête  est  complètement  glahro,  la  (pieue,  noire, 
ressemble  à  celle  d'un  rat  ;  l'extri-milc'  est  blanche  et 
terminée  par  un  petit  bou(|nct  de  poils  blancs  très  soveux; 
les  oreilles  sont  complètement  nues,  les  cornes  minces  et 
noires;  le  fanon  est  noir  sans  aurnii  vestige  de  poils;  les 
côtés  de  la  poitrine  et  du  ventre,  les  épaules  et  les  cuisses 
offrent  les  mêmes  caractères;  il  existe  quelques  bouquets 
de  poils  lins  et  soyeux  sous  l'abdomen  et  au  niveau  des 
extrémités  des  membres  postérieurs.  Des  troubles  sécré- 
toires  s'ajoutent  à  ces  dépilations,  comme  en  témoigne  un 
revêtement  ci-oùteux,  desséché  el  l'urfiu-acé  de  certaines 
régions  du  corps  et  des  membres. 

Traitement.  —  11  consiste  en  applications  de  pommades 
boriquée.  ph(''ni(iuée,  qu'on  l'ait  alterner  avec  des  sa- 
vonnages, (lu  peut  rameucr  les  fonctions  cutanées  à  leur 
état  normal,  en  employant  des  lotions  de  chloral  î\  4  ou 
5  p.  -100  et  des  lotions  salicylées  au  même  titre. 


TRICHOSES.    CHIEN.  2l9 

III.— Monox. 

Dans  cette  espèce,  il  n"est  pas  rare  d'observer  des  irré- 
gularités dans  la  longueur  et  le  diamètre  des  brins  de 
laine.  En  général,  les  plus  petits  diamètres  occupent  la 
partie  moyenne  :  les  plus  grands,  les  e.\ti'émités.  C'est  la 
foi'me  qui  est  désignée  sous  le  nom  de  laine  à  deux  bouts. 
Elle  se  montre  dans  les  troupeaux  dont  Valimentation  est 
irrégulière.  Les  extrémités  correspondent  aux  poussées 
estivales,  la  portion  intermédiaire  à  la  poussée  hivernale  (1). 

IV.  —  CIIIEX. 

L'alopécie  congénitale  généralisée  et  permanente  s'ob- 
serve à  l'état  physiologique  sur  les  chieus  cJjiiiois:  l'alo- 
pécie ACQUISE  est  très  fréquente  en  raison  même  de  la 
multiplicité  des  affections  parasitaires  et  eczémateuses 
qui  peuvent  la  provoquer.  Elle  est  presque  toujours 
accompagnée  d'une  pigmentation  foncée  des  parties  dénu- 
dées, qui  demeurent  souples  et  lisses. 

L'examen  microscopique  de  ces  pai'ties  pigmentées  met 
en  évidence.une  atrophie  des  poils,  des  follicules  pileux  et  de 
cellules  du  corps  muqueux de  Malpighi.  qui  sont  infiltrées  de 
granulations  noires  et  brimes  ainsi  que  les  cellules  de  la 
racine  du  poil  et  celles  des  glandes  sébacées  (Siedam- 
grotzky). 

Traitement.  —  Le  traitement  est  subordonné  à  la  cause 
de  l'alopécie.  Quand  la  peau  a  été  débarrassée  des  parasites 
et  des  microbes,  on  utilise,  quotidiennement  ou  tous  les 
deux  jours,  les  solutions  de  sulfure  de  potassium  à  1  ou 
2  p.  100.  ou  de  permanganate  de  potasse  à  1  oui  p.  1000. 
Les  préparations  à  base  d'irritants,  comme  la  teinture  de  con- 
tharides  dissoute  dans  l'alcool  au  centième,  sont  efficaces; 
il  est  avantageux  d'alterner  ces  lotions  avec  des  bains  sul- 
fureux et  des  pommades  adoucissantes  il). 

{l)  Exceptionnellement,  on  peut  observerchez  leporcle  Tric/torrcxis  no- 
dosa  Schindelka)  ;  l'alopécie  succède  à  la  peste  porcine. 


261)  TRICHOSES. 

V.  —OISEAUX. 

Les  poussins  nés  (J.ans  des  couveuses  artificielles  sont 
souvent  complètement  nus;  les  oies  et  les  oiseaux  de 
volière  présentent  quelquefois  une  alopécie  presque  com- 
plète sous  l'influence  des  infestations  parasitaires. 


CHAPITRE  11 
DERMITES   ECZÉMATEUSES 


Définition.  —  On  désigne  sous  le  nom  d'eczéma  une  épi- 
dermo-dermite  caractérisée  initialement  par  de  la  rougeur, 
du  prurit  et  une  série  de  lésions  élémentaires  auxquelles 
succèdent  un  suintement  séreux  ou  '  séro-purulent,  des 
squames,  des  croûtes,  avec  ou  sansépaississemen  de  la  peau 
et  chute  des  poils  aux  parties  atteintes. 

L'éruption  érythémateiise  ou  vésiculeuse  disposée  en 
plaques,  en  taches  ou  en  nappes,  à  contours  irréguliers  com- 
parables à  des  archipels,  évolue  par  poussées  avec  exten- 
sion périphérique.  L"eczéma  est  marqué  par  sa  tendance 
récidivante  ou  chronique  et  par  son  caractère  prurigineux. 
C'est  la  plus  fréquente  des  affections  cutanées. 

Étiologie  générale.  —  Les  causes  qui  président  à  son 
évolution  sont  externes  et  internes. 

Les  CAUSES  INTERNES  sout  dcs  causcs  prédisposantes  qui 
confèrent  à  la  peau  une  vulnérabilité  anormale.  Diverses 
dispositions  morbides  préparent  l'éclosion  de  cette  der- 
matose. 

a.  \:hérédité  assure  fréquemment  la  transmission 
directe  des  parents  à  leurs  descendants  :  les  chiens  fils 
d'eczémateux  deviennent  souvent  eczémateux  peu  de  temps 
après  leur  naissance  (Delabère-Blaine,  Lafosse).  La  trans- 
mission est  généralement  indirecte  :  les  descendants 
héritent  d'un  mode  de  nutrition  connu  sous  le  nom  d'ar- 
thritisme,  qui  tend  constamment  à  faire  éclore  l'eczéma. 

15. 


262  DERMITES    ECZEMATEUSES. 

b.  Lesaî<^o-i/i<o.rîca/tonslesplus  diverses  (gaslro-entérilcs. 
alTections  du  foie,  des  reins,  de  riitérus.  des  bronches, 
aliments  (roj)  excitants,  de  mauvaise  (|uaiité,  trop  riciies 
en  matières  azotées)  sont  fréquemment  suivies  deczcma. 
On  constate  souvent  une  alternance  ou  un  balancement 
entre  les  [)oussées  d'eczéma  et  les  affections  des  bronches, 


■t^ 


C--f 


Fig.  54.  —  Eczéma.  Cheval  (peau  de  la  joue). 

L"épiderme  apparaît  séparé  du  derme,  d,  par  raccumulalion  de  sérosilé,  s. 
Commencement  d'œdème  épidermique  aboutissant  à  la  vésiculutioD,  e. 
Hyperkératose,  h;  poils,  pp'  (Roquet). 


de  l'oreille  ou  du  tube  digestif,  nolainmcnt  chez  le  c/iicii. 

c.  Les  tioubles  nerveux,  moins  a[)prrciablcs  et  moins 
variés  chez  les  animaux  que  chez  V homme,  contribuent  au 
développement  de  l'eczéma  en  produisant  des  troubles 
circulatoires  régionaux  et  un  excès  d'irritabilité  de  certaines 
parties  de  la  peau.  Les  animaux,  éprouvent  du  prurit;  ils 
se  grattent  :  l'eczéma  se  développe. 

Les  CAUSES  EXTERNES  deviennent  ainsi  des  causes  occa- 
sionnelles ou  déterminantes  de  ICczé/na. 


ÉTIOLOGIE    GtNÉRALE.  263 

a.  Les  irritants  fJtysiques.  comme  le  grattage,  le  frotte- 
ment des  harnais,  la  chaleur,  la  luuiiore  solaire  déter- 
minent de  la  dermite  et.  chez  les  animaux  prédisposés,  des 
eczémas  plus  ou  moins  durables. 

b.  Les  irritants  chimiques  comme  l'huile  de  cade,  le 
pétrole,  la  moutarde,  l'essence  de  térébenthine,  les  mer- 
curiaux  sont  susceptibles  de  faire  développer  l'eczéma  chez 
les  animaux  dont  le  terrain  organique  général  ou  local  est 
plus  ou  moins  prédisposé  à  ce  mode  de  réaction.  C'est  ce 
qui  explique  lapparition  d'éruptions  foncièrement  dis- 
tinctes sous  l'influence  d'un  même  agent. 

c.  Les  irritants  parasitaires  peuvent  donner  lieu  à  de 
l'eczématisation  véritable  par  l'intermédiaire  du  prurit,  du 
grattage  ou  simplement  des  toxines  microbiennes  ou  du 
venin  des  parasites,  comme  dans  les  gales.  Les  staphvlo- 
eoques,  les  streptocoques  peuvent  susciter  la  réaction 
eczémateuse  quand  ils  s'implantent  dans  l'épidémie  à  la 
faveur  de  traumalismes  physiques,  mécaniques  ou  chi- 
miques. Les  microbes  jouent  un  rôle  important  dans 
l'auto-inoculation  de  l'eczéma  par  grattage  et  sont  une 
cause  de  récidive  dans  les  fovers  mal  éteints  ;  ils  contribuent 
enfin  à  l'extension  périphérique  des  placards  eczémateux. 
En  résumé,  tout  eczéma  résulte  de  la  combinaison,  à  dose 
variable,  de  facteurs  internes  et  de  facteurs  externes. 

Les  chevaux  de  luxe,  fortement  avoines,  sont  le  plus 
souvent  frappés  d'eczéma  à  l'âge  adulte:  ceux  de  fialaije 
ont  les  eaux-aux-jambes  :  les  lymphatiques  qui  séjournent 
dans  les  endroits  boueux  et  humides  sont  prédisposés  au 
crapaud;  les  chiens  d'appartement,  nourris  de  friandises, 
présentent  l'eczéma  de  tout  le  corps  quand  ils  sont  jeunes, 
l'eczéma  de  la  ligne  du  dos  quapd  ils  sont  vieux  et  gras  : 
c'est  la  chaleur  solaire  qui  contribue  à  localiser  l'eczéma 
dans  les  parties  de  la  peau  qui  sont  dépourvues  de  pigment; 
ce  sont  aussi  toutes  les  excitations  extérieures  qui  localisent 
l'inflammation  diathésique  au  point  où  l'irritation  a  fait 
sentir  sou  influence. 


26^ 


DKUMITES    ECZÉMATEUSES. 


Anatomie  pathologique.  —  La  lésion  principale  de 
l'eczéma  consiste  dans  un  œdème  du  corps  muqueux  de 
Malpighiqiii  infiltre  les  cellules  épidermiques,  distend  leurs 
filanienls  d'union  et  provoque  la  parakératose,  c'est-à-dire 
la  disparition  des  stratiim  <jra)tulosiwi  (lig.  54). 

Quand  cet  état  spongoïde  est  très  prononcé,  le  liquide 
rompt  lesfilamentsd'union,  secoUecteen  i'»/sicu/es remplies 
de  plasma  fihrineux,  translucides  et  limitées  par  des  cel- 


«  ^  -^> 


1  ....i5t.. 

l.     l .-^ 


4  y^'i 


A 


B 


Fis.  5").  —  Vésiculatioii. 


A,  par  mode  inlercellulaire  :  1,  filaments  d'union  distendus  jiar  l'œdème 
iiitercellulaire  ;  2,  cellules  du  corps  muqueux.  — B,  par  mode  intracellulaire: 
1,  cellules  du  cori>s  muqueux  en  altération  cavilaire  (Pader). 


Iules  épidorniiques  refoulées  et  tassées.  Ces  vésicules 
grandissent,  soulèvent  la  couche  cornée  pendant  qu'il  s'en 
forme  d'autres  à  diverses  hauteurs  du  corps  muqueux  de 
Malpighi  (lig.  55). 

Leur  évolution  est  très  variable;  elles  peuvent  se  ter- 
•minor  par  desssiccation,  se  rupturer  ou  s'inlecter. 

a.  La  dessiccation  sanssuintemenlest  suivie  de  cvoûtcUes 
ou  de  croules  composées  de  sérum  desséché,  de  lits  de 
cellules  parakératosiques  et  d'amas  microbiens;  la  dessic- 
cation inimédiato  est  la  caractéristique  des  eczémas  secs. 


AXATOMIE    PATHOLOGIQUE. 


•265 


b.  La  rupture  des  vésicules  est  suivie  d'un  suintement  qui 
peut  se  prolonger  longtemps  sans  production  de  nouvelles 
vésicules  :  le  liquide  de  la  spongiose  continue  de  s'écouler 
par  l'effraction  d«s  vésicules  ouvertes  ;  ces  pores  ou  puits 
eczématiqiies  sont  la  marque  des  eczémas  suintants  (fig.  36). 


m^S^:--: 


t.~:  ■-■ 


W^  Ê^  l^ï^i 


Fig.  56.  —  Formatiou  d  une  vésicule  au  somniel  d'une  papille  chez  le  cheval 
affecté  de  crapaud. 

p,  papille  œdémaliée  ;  c,  corps  miiqueux  de  Malpighi;  s.  cellules  du  corps 
rauqueux  en  spongiose;  v.  vésicule  résultant  de  la  rupture  de  plusieurs 
cellules  (Pader). 


C.  Les  infections  secondaires  des  eczémas  sont  d'autant 
plus  faciles  que  les  microbes  pvogènes  trouvent  là  un 
excellent  milieu  de  culture  et  y  attirent  les  leucocytes  poly- 
nucléaires: on  a  ainsi  les  eczémas  impétiginés  à  sécrétion 
purulente  et  à  croûtes  mélicériques. 


260  DEUMITES    ECZEMATEUSES. 

(/.  Lii  spon<jios:c  cl  la  lésiculation  ont  pour  corollaire  la 
multiplication (ioscelliiles  nialpigliiennosoirépaississemenl 
(lu  corps  niuqueux  ou  ïacanlhoae.  Les  papilles  s'allongent  ; 
les  bourgeons  inlerpapillaires  sont  agrandis;  l'épiderme 
est  épaissi  ;  on  dit  que  l'crzéina  est  lichéiwide  (fig.  57). 

c.  Le  derme  est  lui-même  hjpcrémié,  œdématié;  il  pré- 
sente des  inlillrats  [x'rivasculaires  qui  se  traduisent  parla 
rougeur,  le  gontlement  caractéristiques,  deïeczéma  rubrum. 
(les  diverses  lésions  se  combinent  dans  les  eczémas. 

Symptômes.  —  L'éruption  est  essentiellement  poly- 
moriihc  :  l'érythème,  les  vésicules,  le  suintement  cl  la 
desquamation  résument  ses  primipales  manilcstalions. 

L'érythème  consiste  dans  une  rougeur  iranclie  en  nappes 
jilus  ou  moins  étendues,  accompagnée  d'une  légère  tumé- 
faction, d'un  prurit  intense  et  de  la  chute  des  poils.  Cet 
(pdème  congeslif  s'elTace  au  bout  d'un  à  deu\  jours  et  est 
remplacé  par  une  desipiamation  lamelleuso.  furl'uracée, 
ou  par  le  stade  vésiculeux. 

Les  vésicules  de  l'eczéma  sont  petites,  acuminées,  super- 
ficielles, du  volume  d'un  grain  de  miel  ou  d'une  tête 
d'é|)ingle.  Elles  déterminent  le  hérissement  des  poils;  elles 
sont  faciles  à  découvrir  en  passant  hl  main  à  la  surface  du 
corps;  elles  renferment  un  licpiide  clair,  trans[iarent,  ou 
un  peu  louche.  Elles  peuvent  confluer,  demeurer  dissé- 
minées, dures,  ou  présenter  l'aspect  de  petites  papules. 
Les  vésicules  s'ouvi'ent  spontanément  ou  sous  l'influence 
lie  grattages.  Le  suintement  est  caractérisé  par  un  exsudât 
clair  ini  peu  lilant.à  peine  jaunAlre  ou  louche,  qui  s'échappe 
d'une  multitude  d'érosions  superlicielles,  arrondies,  de 
petit  pertuis  ou  pores  eczématiques.  Parfois  le  liquide 
sécrété  acciuiert  une  consistance  gommeuse  et  se  concrète 
en  croûtes  ressemblant  à  du  miel  desséché  {eczéma  impé- 
tigineux). 

Le  suintement  se  tarit,  les  croûtes  tombent,  la  surface 
l'épidermise;  mais  la  couche  cornée  reste  mince,  craque- 
séc;  l'exfolialion  commence. 


SYMPTÔMES.  267 

Le  stade  de  desquamation  est  caractérisé  par  des  exfo- 
liations, larnelleiises  ou  furfuracées,  qui  se  reproduisent 
incessamment  sous  l'influence  du  prurit  persistant  et  de 
nouvelles  poussées,  qui  déierminent  Tépaississement  des 
placards  eczémateux  et  l'exagération  des  plis,  ou  des 
sillons  cutanés. 

Les  FORMES  de  l'eczéma  sont   en  voie  de  transformation 


}1  t^' 


£   n3 


^- 


Kig.  57.  —  Hyperacanthose  ou  hyperplasie  du  corps  muqueux. 

1,  2,  derme;  3,  amas   leucocytaires;  4,   papilles    dermiques    irrégulières 
et  hypertrophiées. 


constante  ;  il  se  forme  ici  des  vésicules,  là  des  croûtes, 
là  des  pointssuintants  et  des  gerçures;  mais  tous  les  eczé- 
mas ne  parcourent  pas  toutes  les  phases  ;  fréquemment, 
chez  le  cheval,  on  n'observe  que  la  première  et  la  der- 
nière phase  :  les  phases  éruptives  caractérisées  par  des 
papules,  des  vésicules,  quelquefois  des  pustules,  passent 
inaperçues,  de  sorte  que  l'on  n'observe  que  les  consé- 
quences de  l'évolution  eczémateuse,  c'est-à-dire  les  croûtes 
et  les  squames. 


268  DERMIÏKS    ECZEMATEISES. 

Variétés.  —  On  constate  des  eczémas  des  parties  pour- 
vues de  longs  poils  (crinière,  queue),  des  eczémas  orbicu- 
laires  des  orifices  naturels  (paupières,  oreilles,  narines), 
qui  tendent  à  envahir  la  conjonclive,  la  pituitaire,  la 
muqueuse  auditive,  il  y  a  des  eczémas  des  exli-émités  qui 
sont  sans  cesse  aggravés  par  des  traumatismes.  le  con- 
tact de  boues  irritantes,  de  poussières,  de  l'urine  ou  des 
matières  fécales. 

Les  eczémas  des  plis  articulaires  se  compliquent  de 
gerçiu-es  et  de  crevasses;  ceux  de  la  couronne  des  soli- 
pèdes,  de  décollement  de  la  paroi;  ceux  du  pied,  comme 
le  crapaud,  de  la  chute  du  sabot.  Les  lymphangites  et 
les  adénites  s'ajoutent  fréquemment  aux  eczémas  humides 
et  croùteux  de  ceux  des  extrémités.  L"eczéma  peut  avoir 
vme  allure  aiguë  ou  subaiguë  ;  mais  il  a  toujours  de  la 
tendance  à  renaître  ;  il  procède  par  poussées  et  finit  par 
constituer  une  véritable  infirmité.  On  le  rencontre  chez 
tous  les  animaux  et  sous  les  aspects  les  plus  divers. 

I.   —    SOLIPÈDES. 

Les  alVections  eczématiformes  des  soliprdes  sont  très 
nombreuses,  très  variées  ;  elles  peuvent  se  généraliser  ou 
se  localiser  à  la  tête,  au  tronc  et  aux  extrémités. 

1.  —  ECZÉMA  AIGU  GÉNÉRALISE. 

Cet  eczéma  débute  pur  les  parties  du  corps  qui  suppor- 
tent la  pression  des  harnais  et  qui  suent  facilement; 
mais  il  peut  envahir  les  diverses  parties  du  corps  et 
gagner  les  extrémités;  parfois  même,  la  maladie,  occasion- 
née par  les  boues,  demeure  confinée  aux  oxirémilés  {der- 
mite  papulcuse  des  viembiTs).  En  quelques  jours,  la  peau 
se  couvi'e  de  vésicules  conllucntes  dans  certaines  régions  ; 
les  poils  deviennent  hérissés,  ternes  ;  ils  ne  tardent  pas  à 
tomber;  la  peau,  grenue  et  comme  sablée  au  loucher,  ne 


ECZEMA    CHRONIQUE    SEC.  269 

larde  pas  à  se  dénuder.  En  même  temps,  elle  apparaît 
chaude,  douloureuse,  adhérente,  difficile  à  soulever  et  à 
plisser.  Le  prurit  est  très  intense,  et  on  éprouve  beaucoup 
de  difficulté  à  empêcher  les  animaux  de  se  gratter  (fig.  38.) 
Sous  l'influence  de  ces 
grattages,  les  excoriations  ^_-J 

sont  fréquentes.  Sinon, 
l'éruption  est  bient(:)t  sui- 
vie d'une  desquamation 
abondante;  l'évolution  est 
rapide:  la  peau  reprend 
ses  caractères  noi'maux 
au  bout  de  trois  semaines 
à  un  mois  de  traitement. 


II.    —    ECZÉMA   CHRO- 
NIQUE   SEC. 

L'eczéma  chronique  sec 
est  caractérisé  par  des 
démangeaisons  intenses 
accompagnées  d'une  sorte 
de  pityriasis  localisé  ou 
presque    généralisé ,     de 

CrOÙteletleS  et  de  quelques       Kig.  58.  -  Eczéma  aigu  généralisé  suivi 

vésicules    éphémères   dis-  d'alopécie, 

persées  sur  les  faces  laté- 
rales de  l'encolure,  du  garrot  et  du  tronc.  Cette  maladie 
s'observe  pendant  l'été  chez  les  ('//e?r,/wA'àpeaufine,  àtempé- 
rament  nerveux  et  revêt  une  allure  enzootique  .\lix.  Wœhr- 
ling  .  Le  prurit  rappelle  par  son  intensité  celui  de  la  gale 
sarcoptique,  mais  il  ne  s'exagère  pas  sous  l'influence  de  la 
chaleur  solaire.  Les  vésicules,  de  la  dimension  d'une  tête 
d'épingle  ou  d'une  lentille,  se  rupturent  et  sont  rempla- 
cées par  de  petites  croùtelettes  qui  tombent  et  laissent 
apercevoir  de  petites  tonsures.  Sousl'influence  de  nouvelles 


270  DEUMITES    ECZÉMATEUSES. 

éruptions,  les  tonsures  se  rejoignenf.se  conlondenl  ;  la 
peau  présente  de  larges  surl'acos dénudées,  irréguliéres  ou 
<lisposées  en  bandes  séparées  par  des  espaces  sains  don- 
n;uit  A  la  peau  un  aspect  zébré  (Mégnin). 

A  mesure  que  la  peau  se  dénude,  elle  s'épaissit,  se  pig- 
mente et  se  recouvre  de  pellicules  épidermiques.  La 
maladie  peut  s'atténuer,  disparaître,  présenter  des  pous- 
sées successives,  s'éterniser;  on  la  voit  généralement  s'at- 
ténuer pendant  l'hiver  et  s'aggraver  pendant  l'été.  Elle  se 
localise  souvent  aux  joues,  au  chanfrein,  aux  paupières, 
qui  s'épaississent  et  se  dénudent.  La  peau  de  ces  régions 
ilemeure  sèfthe,  rude,  pityriasique  ;  ces  altérations  en- 
lèvent aux  rlicvtnix  de  luxe  une  grande  partie  de  leur 
valeur. 

III.  —    ECZÉMA    DES    RÉGIONS    POURVUES    DE  CRINS. 

Cet  eczéma  est  fréquent  chez  lesgros  rlicvniix  à  crinière 
épaisse  et  queue  très  toulTue.  La  maljiroprelé  due  au 
défaut  de  pansage  favorise  son  apparition  chez  les  ani- 
maux prédisposés. 

La  maladie  passe  longtemps  inaperçue  ;  elle  devient 
apparente  par  la  chute  et  la  raréfaction  des  poils  et  l'ac- 
cumulation des  produits  de  séci'étion  à  la  hase  de  ceux 
qui  restent.  La  peau  est  fortement  épaissie,  enllammée  ; 
le  bord  supérieur  de  l'encolure  est  plissé  transversalement; 
sa  surface  est  recouverte  d'un  dépôt  grisâtre  ou  de  croûtes 
formées  de  sérosité,  de  pus  et  de  sang  desséchés. 
Au-dessous,  on  trouve  une  matière  sale,  graisseuse, 
fétide  et  gluante.  Si  la  maladie  n'est  pas  traitée,  les  fol- 
licules pileux  s'atrophient  par  places,  deviennent  lins  et 
tombent;  ailleurs,  ils  paraissent  mieux  nourris;  les  folli- 
cules congestionnés  sont  plus  gros  et  raides.  Plus  tard,  la 
sclérose  cutanée  est  très  marquée  ■:  les  plis  persistent 
ou  s'accentuent,  la  peau  présente  des  s(iuames  abondantes. 

La    durée  du    processus  est  illimitée;  le    plus  souvent 


ECZÉMA    DES    EXTRÉMITÉS.  271 

même  tout  traitement  est  inutile,  la  réparation  intégrale 
de  la  peau  étant  impossible. 


IV.    -  ECZÉMA    DES  PLIS    ARTICULAIRES    DU    GENOU 
ET    DU    JARRET. 

Ces  régions  sont  le  siège  de  prédilection  de  l'eczéma  de 
Vàne,  plus  rarement  du  cheval.  On  observe  des  squames 
abondantes  pendant  lété,  accompagnées  de  gerçures,  et 
quelquefois  de  crevasses,  de  poussées  vésiculeuses  et  de 
suintement.  Chez  le  cheval,  il  existe  quelquefois  une  exco- 
riation ovalaire  dans  le  creux  du  jarret,  qu'on  regarde 
souvent  comme  de  nature  eczémateuse  et  qui  résulte  de 
la  compression  de  la  peau  pendant  le  décubitus  entre  la 
tubérosité  inférieui-e  du  tibia  et  le  sol   Joly). 

V.  —   ECZÉMA   DES  EXTRÉMITÉS. 

Le  pli  du  paturon,  la  couronne,  le  boulet  et  parfois 
la  région  du  canon  des  membres  postérieurs  sont  le  siège 
d'eczémas  zébrés  secs  et  d'eczémas  suintants,  ordinairement 
suivis  de  productions  verruqueuses  dues  à  l'hypertrophie 
des  papilles.  Ces  eczémas  atteigent  principalement  les 
chevaux  communs,  lymphatiques,  des  régions  humides  ; 
ils  se  développent  et  sont  entretenus  par  le  contact  des 
boues  irritantes,  du  fumier,  du  purin,  de  la  malpropreté 
des  extrémités,  dont  la  situation  déclive  est  favorable  à  la 
stase  sanguine,  aux  œdèmes,  à  l'induration  des  tissus  et 
aux  infections  secondaires  (1). 

Veczéma.  fréquent  chez  les  chevaux  nerveux,  s'observe 
le  printemps,  l'été,  l'automne,  plus  rarement  l'hiver,  et 
occupe  le  pli  du  paturon.  Cette  région  est  sèche,  chaude, 
squameuse,  brillante,  sans  suintement  ni  croûtes  et  com- 
plètement glabre.  Celte  variété  d'eczéma  estbénigne,  faci- 

(1)  Rieux,  Dermite  des  extrémilés  (Joiirn.  des  vél.  milit.,  190f,  p.  414). 


272  DERMITES   ECZEMATEUSES. 

leinont  ciumIjIo  ;    mais    ello  se  complique  soiivenl  de  cre- 
vasses. 

L'eczéma  suintant  de  celle  région  se  traduil  généralo- 
menl  au  début  par  uneéruplion  vésiculeuse,  des  crevasses 
et  de  la  lymphangite. 

a.  Les  vésicules  petites,  acuminées,  arrondies,  transpa- 
rentes, ont  une  évolution  rapide,  une  durée  éphémère; 
elles  se  rupturent  si  vite  qu'elles  passent  souvent  inaper- 
çues, ou  ne  sont  mises  en  évidence  que  par  un  examen 
des  plus  minutieux.  Leur  déchirure  est  précipitée  par  le 
grattage,  par  les  mouvements  d'extension  et  de  flexion 
des  membres,  par  le  contact  du  fumier,  etc.  Le  liquide 
qui  s'en  écoule,  immédiatement,  est  clair  et  transparent, 
séreux,  non  odorant  ;  il  humecte  les  poils  et  est  parfois 
si  abondant  qu'il  lombe  en  gouttelettes  sur  le  sabot  et 
sur  le  sol. 

Les  poussées  de  vésicules  se  succèdent  :  lépiderme  est 
l)ientôt  criblé  de  petites  ouvertures  qui  d'ab.ord  ne  sont 
^uère  visibles,  mais  elles  se  rejoignent,  se  confondent;  la 
peau  se  dépouille  de  son  épiderme  sur  de  vastes  surfaces; 
les  poils  sont  hérissés,  piqués  ;  ils  macèrent  dans  l'enduit 
qui  recouvre  la  surface  malade  et  tombent  progressive- 
ment. 

h.  Le  prurit  est  souvent  peu  appréciable  ;  d'autres  fois,  il 
est  très  prononcé;  certains  animaux  cherchent  à  se  frotter 
contre  tous  les  objets  environnants;  ils  réussissent  quel- 
quefois à  se  mordre  et  ont  alors  les  membres  ensanglan- 
tés. Parfois  la  maladie  est  exclusivement  limitée  à  un 
seul  membre;  elle  envahit  plus  Iréquemment.  d'ime  ma- 
nière symétrique,  soit  les  deux  membres  antérieurs,  soit 
les  deux  membres  postérieurs.  Dans  ce  cas,  elle  est  tou- 
jours plus  grave  chez  les  juments  en  raison  de  l'urine  qui 
rejaillit,  à  chaque  miction,  sur  les  parties  irritées  et  dé- 
pourvues d'épiderme. 

r.  \j(i  marche  de  ces  eczémas  aigus  n'a  rien  de  fixe;  tantôt 
l'éruption  s'arrête,  et  toutes  les  com[)lications  sont  con- 


ECZÉMA    DES    EXTRÉMITÉS.  273 

jurées  :  l'animal  peut  guérir  en  quinze  jours:  tantôt  les 
poussées  éruptives  se  succèdent,  et  le  corps  niuqueux  de 
Malpighi  se  dénude  sur  une  vaste  surface  qui  devient 
rouge,  enflammée,  suppurante. 

L'infection  vyogène  complique  la  plupart  des  cas  d'eczéma 


Fig.  59.  —  Eaux-aux-jambes  accompagnées  de  crevasses. 

aigu  du  pli  du  paturon  qui  ne  sont  pas  promptement 
désinfectés  et  protégés  par  un  pansement  occlusif  contre 
le  contact  de  la  boue,  des  poussières,  du  fumier,  du 
purin.  Cette  infection  est  facilitée  par  la  persistance  des 
éruptions  qui  amènent  des  effractions  et  des  destructions 
épidermiques.  Elle  a  pour  résultat  de  modifier  les  carac- 
tères du  liquide  sécrété.  Il  devient  plus  épais,  visqueux  et 
présente  une  coloration  grisâtre  ou  légèrement  verdàtre  :  il 
s'attache  aux  poils,  qu'il  recouvre  d'un  enduit  blanchâtre, 
et  répand  très  vite  une  insupportable  fétidité.  La  peau  se 
couvre  d'excoriations  superficielles;  elle  est  rouge,  chagri- 


274  DEHM1TES    ECZÉMATEUSES. 

née,  saiifnanlc.  hiiinidc;  elle  se  fendille  et  se  crevasse 
transversalement  au  i)li  du  paturon  ou  à  deux  travers  de 
doigt  au-dessus  de  lergot  des  membres  postérieurs 
[Roger  (])]. 

d.  Les  crevasses  sont  des  lentes  profondes  intéressant  le 
derme  ou  le  tissu  eonjonctir  sons-culané  et  accompagnées 
d'une  exsudation  abondante  qui  se  convertit  en  croûtes 
grisâtres  ou  noirâtres.  Très  fréquemment,  leurs  bords 
contusionnés,  blessés  par  les  mouvements  de  flexion,  se 
renversent,  deviennent  exubérants  ou  prennent  un  carac- 
tère ulcéreux  (lig.  59). 

e.  La  lynipham/ite  complique  fréquemment  l'infection 
pyogène  locale.  Elle  se  manifeste  chaque  fois  que  l'animal 
n'est  pas  mis  au  repos  dès  l'apparition  des  premiers  signes 
d'inflammation  du  paturon  et  qu'on  ne  désinfecte  ou 
qu'on  ne  protège  pas,  par  un  pansement  occlusif,  la  ré- 
gion eczémateuse.  Les  boues,  les  poussières  v  déposent 
des  germes  pyogènes  et  septiques  qui  communiquent  aux 
produits  dexsudation  un  semblant  de  spécilicité.  La 
lymphangite  commence  à  se  manifester  dès  l'éclosion  des 
premières  vésicules  abandonnées  au  contact  de  l'air;  elle 
est  alimentée  par  la  marche,  la  production  de  crevasses, 
les  chocs  et  toutes  les  causes  qui  facilitent  la  pénétration 
des  germes  pyogènes. 

Son  apparition  se  traduit  ici  par  un  engorgement  (jni 
commence  d'habitude  dans  le  pli  du  paturon  ou  à  la 
face  postérieure  du  boulet  et  qui  remonte  quelquefois 
jusqu'au  milieu  du  canon,  11  est  intermittent  ;  il  s'exa- 
gère i\  la  suite  d'une  longue  marche  qui  provoque  de 
nouvelles  inoculations;  il  disparaît  au  début  de  l'exer- 
cice et  revient  au  repos;  il  est  chaud  et  douloureux.  A 
mesure  que  l'infection  locale  s'aggrave,  la  dose  de  mi- 
crobes et  de  toxines  qui  gagnent  les  lymphatiques  est  plus 
con.sidérable  ;  la   tuméfaction  atteint  les  jarrets,   les  ge- 

(1)  Roger,  Dermatoses  des  extromilés  chez  le  cheval  {iievite  t'p7.,    1908, 

!■•  87). 


ECZÉMA    DES    EXTRÉMITÉS.  275 

noiix;  l'animal  tient,  quelquefois,  le  membre  souffrant 
levé  :  il  présente  des  élancements  ;  la  marche  est  hési- 
tante, la  boiterie  prononcée;  l'animal  refuse  quelquefois 
de  marcher  ou  n'etïectue  les  premiers  pa-s  qu'en  manifes- 
tant les  signes  d'une  vive  douleur  (Voy.  Lymphangite). 
Sous  l'influence  de  ces  complications,  la  durée  de  la  mala- 
die peut  être  décuplée;  elle  est  du  reste  sujette  à  de  fré- 
quentes récidives  et  tend  à  prendre  la  forme  chronique  ou 
la  forme  verruqueuse. 

L'eczéma  verruqueux  résulte  de  l'hypertrophie  des  pa- 
pilles soumises  à  une  irrigation  sanguine  normale  ;  elles 
prennent  l'aspect  de  tics,  de  verrues,  de  grappes.  L'évolu- 
tion de  ces  végétations,  situées  généralement  au-dessous 
du  boulet,  est  très  lente.  Au  début,  la  peau  paraît  légère- 
ment sablée  ;  les  végétations  ont  les  dimensions  d'une  graine 
de  chènevis;  elles  sont  isolées,  clairsemées;  elles  s'allon- 
gent progi'essivement  et  se  subdivisent  pendant  (pie  d'au- 
tres se  développent  dans  le  voisinage.  Leur  grosseur  se 
rapproche  de  celle  d'une  noisette,  d'une  noix  et  excep- 
tionnellement du  poing.  Sessiles  ou  pédiculées,  elles 
s'élèvent  d'autant  plus  au-dessus  de  la  surface  du  tégument 
qu'elles  sont  plus  étroitement  pressées  les  unes  contre  les 
autres.  Le  pédoncule  acquiert  une  longueur  moyenne  de 
2  à  5  centimètres  :  il  est  cylindrique,  mince  ou  épais,  tou- 
jours fibreux,  résistant;  il  se  termine  par  une  extrémité 
libre,  renflée,  généralement  arrondie  ou  légèrement  co- 
noïde  (tîg.  60). 

Ces  excroissances  sont  rouges  et  injectées  quand  elles 
résultent  d'une  poussée  récente  :  incolores  ou  marbrées 
de  noir  quand  elles  sont  anciennes  et  qu'elles  ont  subi  de 
traumatismes  qui  les  ont  blessées  ou  qui  ont  provoqué  des 
hémorragies  à  leur  intérieur.  Tant  qu'elles  sont  jeunes, 
elles  sécrètent  une  matière  grisâtre,  épaisse,  caséeuse  et 
très  fétide.  En  vieillissant,  elles  deviennent  cornées  à  la 
surface;  mais  cette  corne  s'arrache  facilement  et  met  à 
nu  une  surface  irrégulièrement  boui'geonnante,  très  vascu- 


•276 


DERMITES    ECZEMATEUSES. 


laire.  constituée  par  des  villo-pnpilles  liyiiprtrophii'cs, 
comme  on  l'observe  au  niveau  du  tissu  volout(''.  ciicz  les 
animaux  affectés  de  crapaud.  Du  reste,  les  végétations  des 
eaux-aux-jambes  ont  la  môme  origine  et  la  même  struc- 
ture que  les  fies  du  crapaud.  Dans  les  intervalles  qui  sé- 
parent ces  productions,  on  rencontre  quelques  pinceaux 

de  [loils  volumineux  et  bé- 
rissés  qui  retiennent  une 
matière  épaisse,  puru- 
lente, coagulée,  toujours 
fétide. 

Ces  signes  persistent  in- 
définiment avec  des  alter- 
natives d'aggravation  et 
d'amélioration,  sans  qu'on 
observe  jamais  la  dispari- 
tion des  altérations  cuta- 
nées, notamment  des  vé- 
gétations papillomaleuses 
qui  rendent  sa  surface  si 
irrégulière. 

Les    THOl'Itl.ES    FO.NCTION- 

Fig.  co.  —  Eau.\-au.\-janiiies  ciiioiiiqiies.  .\ELs  subisscnt  de  nom- 
breuses oscillations,  à 
commencer  par  Vœdème  des  extrémités  malades.  Sous  l'in- 
fluence de  l'irritation  locale,  il  se  pi'oduit  d'abord  des  stases 
sanguines  et  des  infections  locales  qui  engendrent  des 
lymphangites  seco7t(laii'rs. 

Les  membres  s'engorgent,  les  lyin[dialiques,  constam- 
ment surchargés  de  lymphe,  se  dilatent,  les  ganglions  de 
l'aine  et  de  l'entrée  de  la  poitrine  shypertrophient.  Pen- 
dant longtemps,  l'œdème  des  membres  augmente  pro- 
gressivement au  repos;  il  disparait  par  l'exercice.  Toutefois, 
ce  travail  intempestif  peut  amener  des  désordres  graves  : 
c'est  (lu'en  effet  les  membres,  très  engorgés,  s'entre- 
choquent, et  il   en  résulte  des  blessures  parfois  très  pro- 


ECZEMA    SEBORRHEIQUE.  277 

fondes,  portes  ouvertes  à  l'infection.  De  plus,  les  boues  et 
les  poussières  sont  autant  d'agents  irritants  qui  augmen- 
tent encore  l'inflammalion  de  la  peau. 

Diagnostic.  —  C'est  une  des  maladies  les  plus  faciles  à 
dépister  ;  on  en  retrouve  les  traces  quand  les  manifesta- 
tions ont  cessé,  et  on  peut  en  soupçonner  le  retour.  La 
peau  du  pli  du  paturon  demeure  légèrement  épaissie, 
squameuse,  farineuse  ;  elle  présente  quelquefois  des  cica- 
trices transversales,  derniers  vestiges  des  crevasses  gué- 
ries. Ces  cicatrices  sont  plus  nombreuses  et  plus  superfi- 
cielles; elles  se  prolongent  moins  sur  les  faces  latérales  du 
paturon  que  celles  qui  résultent  de  prises  de  longe.  Pen- 
dant l'évolution  de  l'eczéma,  le  diagnostic  différentiel  est 
également  facile  à  faire. 

Toute  dékératinisation  anormale  de  Tépiderme  du  pli 
du  paturon,  indépendante  d'une  application  vésicante,  est 
produite  par  Veczcma  ou  la  gale.  Que  l'eczéma  soit  sec  ou 
humide,  on  peut  facilement  le  distinguer  des  effets  pro- 
duits par  les  applications  vésicantes.  L'eczéma  occupe 
symétriquement  les  membres  antérieurs  ou  postérieurs, 
quelquefois  les  quatre  membres  ;  on  n'applique  générale- 
ment des  vésicants  qu'à  un  seul  membre. 

La  gale  n'est  pas  aussi  localisée  que  l'eczéma  :  elle  re- 
monte le  long  des  canons  et  s'accuse  par  un  prurit  spé- 
cial (1). 

VI.   —  ECZÉMA  SÉBORRHÉIQUE. 

Cette  forme  particulière  d'eczéma  s'observe  quelquefois 
chez  le  cheval  (Mégnin,  Schindelka,  Gautier,  Marek)  et 
chez  Vàne  (Rossi)  (2). 

On  a  attribué  son  développement  à  des  microbes  ronds 
ou  moroques  disposés  en  amas  mûriformes  dans  les  croii- 

(1)  Voy.  Gale  symbiotique. 

(2)  Brisavoine,  De  la  séborrhée  sèche  et  de  l'alopécie  a  frigore  (Journ.  des 
vi't.  milil.,  1902,  p.  324).  —  Gautier,  Séborrhée  chez  le  cheval  (Journ. 
de  Lyon,  1906,  p.  565). 

Cadéac.  —  Patholoofie  interne.  Yll.  16 


278  DERMITES    ECZÉMATEUSES. 

telles  (Unna\  D'autres  accusent  la  séborrhée  de  provo- 
quer l'eczéma  (Dubrenilh);  d'autres  pensent  que  la  kérose 
ou  hypertrophie  de  la  couche  cornée  avec  kyperkéralose 
des  orifices  pilo-si'bacés  crée  la  prédisposition  à  l'eczéma, 
dont  léclosion  résulte  dune  infection  microbienne  locale. 

ileUe  affection,  localisée  ou  généralisée,  sèche  ou  grasse, 
est  caractérisée  par  sa  disposition  en  plaques  arrondies  ou 
ellipsoïdes,  de  dimensions  variables,  recouvertes  de  squames 
gris  jaimAtre  ou  grises,  luisantes  et  graisseuses,  d'aspect 
circiné.  qui  agglutinent  les  poils  et  se  détachent  facilement. 
On  aperçoit  alors  la  peau  rouge  et  parfois  un  peu  humide 
vers  le  bord  des  plaques.  Cet  eczéma  se  développe  géné- 
ralement sur  les  faces  latérales  de  l'encolure,  ou  à  la  tête, 
auxjoues.  aux  épaules,  etc.;  il  peut  rétrograderet  guérir: 
mais  il  récidive  généralement  et  peut  déterminer  l'épui- 
semcnl  des  malades. 

Traitement.  —  L'eczéma  réclame  des  soins  locaux  et 
<los  soins  généraux. 

Soins  locaux.  —  Ce  sont  les  plus  eHicaoes  quand  ils  sont 
utilisés  d'une  manière  rationnelle. 

Chaque  éruption  doit  être  traitée  suivant  sa  modalité-: 
il  n'y  a  pas  de  spéciiique  anti-eczémateux.  Il  faut  com- 
mencer par  réaliser  l'asepsie  des  régions  malades;  on 
coupe  les  poils,  on  fait  tomber  les  croûtes  et  l'on  pra- 
tique des  lotions  ou  des  pulvérisations  de  solutions  anti- 
septiques peu  irritantes  :  les  agents  antiseptiques  pré*- 
viennent  l'invasion  des  germes  pyogènes  ou  atténuent 
leurs  effets.  L'eau  boriciuée,  l'eau  oxygénée  étendue  de 
vaseline,  les  goudrons  étendus,  la  solution  de  sublimé  à 
I  p.  2  000,  sont  habituellement  bien  supportés.  Les  eczé- 
mas secs  sont  arrêtés  par  ce  traitement.  On  fait  tomber 
ensuite  les  squames  à  l'aide  d'applications  de  vaseline  ou 
de  pommade  à  l'oxyde  de  zinc  additionnée  d'aride  salicy- 
lique. 

Oxyde  de  zinc 8  grammes. 

Acide  salicyiique -        — 

Vaseline i'>        — 


ECZKMA    SEBORRHEIQUE.  279 

L'acide  salicjlique  agit  comme  antiseptique,  l'oxyde  de 
zinc  comme  un  léger  astringent,  la  vaseline  comme  un 
enduit  protecteur  qui  préserve  la  peau  excoriée  du  contact 
de  l'air  :  tous  ces  agents  excitent,  en  même  temps,  la  crois- 
sance des  poils.  On  calme  le  prurit  violent  de  certains 
eczémas  à  laide  de  pommade  cocaïnée  (1  partie  de 
coca'ine  pour  2,5  de  parafïine  ou  de  Uniment  oléo-calcaire). 

Les  eczémas  suintants  ou  impétigineux  sont  rapidement 
améliorés  par  les  lotions  astringentes,  les  pansements 
humides  et  antiseptiques  :  la  pommade  au  calomel,  au  pré- 
cipité jaune,  la  pommade  ichtyolée  ou  boriquée,  la  solu- 
tion aqueuse  de  formol  à  1  p.  2,  de  nitrate  d'argent 
à  1  p.  30,  ou  d'acide  picrique  (1  p.  86  d'eau),  coagulent  les 
exsudais  ;  les  préparations  goudi'onnées  connues  sous  le 
nom  d'huile  décade,  ou  le  goudron  végétal  pur  produisent 
une  modification  salutaire  du  tégument  et  rendent  la  sur- 
face aseptique. 

Les  poudi'es  de  tan,  d'acide  borique  pulvérisé,  de  sous- 
nitrate  de  bismuth,  d'iodoforme,  de  tannoforme,  de  der- 
matol.  de  sucre  suffisent  à  tarir  le  suintement,  à  provo- 
quer la  guérison  des  excoriations  et  une  dessiccation  rapide. 
Les  boues  radio-actives  agissent  à  la  fois  comme  antisep- 
tique puissant,  comme  astringent  et  desséchant  (Petit). 

On  peut  employer  aussi  la  solution  à  10  p.  100  de 
collodion  crésylé  ou  ichtyolé,  la  gutta-percha  dissoute 
dans  6  parties  de  chloroforme. 

Les  eczémas  suintants  des  extrémités  sont  combattus 
avec  succès  par  les  poudres  antiseptiques  et  astringentes, 
acide  borique,  tan,  iodoforme,  et  les  pansements  occlusifs. 

Les  eczémas  végétants  et  verriiqueux  sont  combattus  par 
la  teinture  diode,  qui  réprime  le  bourgeonnement  et 
désinfecte  la  région,  par  le  sulfate  de  cuivre,  l'orpiment, 
l'acide  arsénieux  ou  les  caustiques  plus  énergique?,  comme 
les  acides;  il  est  préférable  de  i"aser  les  fies  et  de  cauté- 
riser la  base  de  leur  pédicule. 

Les  crevasses  sont  justiciables  des  antiseptiques,  des  pan- 


280  DERMITES    ECZKMATErSES. 

sements  protecteurs;  on  recommande  même  de  recourir 
au  sérum  antistreptococcique  (Gaston). 

Soins  généraux.  —  Ils  secondent  tout  au  plus  les  soins 
locaux  :  la  suppression  de  l'irritation  culani'e.  facile  à 
obtenir  quand  elle  est  d'origine  externe,  est  ordinairement 
irréalisable  chez  les  solipbdes  quand  elle  est  d'origine 
interne".  L'arsenic  est  considéré  aujourd'hui  comme  étant 
plus  souvent  nuisible  qu'utile;  l'hygiène  est  difficile  à  mo- 
difier; on  ne  peut  supprimer  entièrement  l'avoine  et  rem- 
placer ce  régime  fortifiant  et  excitant  par  un  régime 
éniollient.  de  sorte  que  les  moyens  locaux  sont,  dans  la 
majorité  des  cas,  la  seule  ressource  dans  le  traitement  des 
eczémas  des  solipèdes. 

II.  —  BOVIDÉS. 

Les  lésions  élémentaires  prurigineuses,  suintantes  et 
squameuses  se  c  imbinent,  se  succèdent  ou  coexistent  dans 
l'eczéma  des  hoviaés  comme  dans  celui  des  autres  espèces 
animales.  Son  développement  est  relativement  rare  chez 
les  ruminants. 

Étiologie.  —  Un  état  diatbésique  préexistant,  un  vice 
de  la  nutrition  héréditaire  ou  acquis  allié'  à  une  mauvaise 
hygiène  ou  des  irritants  physiques,  mécaniques,  chimiques, 
parasitaires  ou  microbiens,  peuvent  susciter  la  réaction 
iun;uiiiiiat()ire  eczémateuse. 

Symptômes.  —  (Juand  l'eczéma  débute  brusquement 
sur  une  surface  étendue,  on  peut  observer  quelques  sym- 
ptômes généraux  fébriles  accompagnés  d'inappétence,  de 
constipation  et  de  courbature. 

L'éruption  qui  se  manifeste  bientôt  est  polymorphe; 
elle  se  compose  de  rougeur,  de  vésiculation,  de  suinte- 
ment, de  croûtes,  de  squames  qui  deviennent  prépondé- 
rantes. Les  poils  sont  piqués,  ternes,  et  l'épiderme  est 
fendillé,  craquelé  dans  les  premiers  foyers  eczémateux 
pendant  qu'une  éruption  plus  récente  dans  le  voisinage  ou 


BOVIDÉS.    ECZÉMA   SÉBORRHÉIQUE.  281 

dans  une  autre  région  exsude  et  suinte.  Le  stade  de  suin- 
tement est  souvent  prolongé  pendant  des  jours  ou  même 
des  semaines  par  des  frottements  et  des  léchages. 

Sinon,  le  suintement  se  dessèche  en  croûtes  ambrées  ou 
brunes  si  un  peu  de  sang  a  été  mêlé  à  la  sérosité;  c'est  le 
stide  croùteux,  qui  peut  devenir  impétiginé  par  infection 
secondaire  ;  la  peau  se  crevasse  sous  l'influence  des 
mouvements  de  flexion,  d'extension  ou  des  grattages,  et 
l'eczéma  se  complique  d'excoriations,  de  plaies,  de 
décollements  cutanés,  de  lymphangites,  d'adénites. 

Quand  l'eczéma  persiste  longtemps,  la  peau  devient 
sèche,  rugueuse,  squameuse  ;  les  plis  et  les  sillons  normaux 
sont  plus  accentués,  et  elle  tend  à  s'épaissir  et  às'indurer. 

Variétés.  —  On  peut  distinguer  des  variétés  de  siège 
et  des  variétés  de  forme  éruptive. 

Les  régions  de  prédilection  de  l'eczéma  sont  le  front,  la 
nuque,  la  base  de  la  queue  et  surtout  les  membres. 

a.  L'eczéma  des  membres  affecte  les  membres  postérieurs 
de  préférence  (Huzard,  Festal,  Armandier,  etc.).  Son  in- 
v.ision  est  rapide:  la  peau  du  paturon  devient  rouge, 
chaude,  tuméfiée,  douloureuse  ;  l'animal  boite;  ces  sym- 
ptômes durent  trois  ou  quatre  jours,  puis  la  souffrance 
devient  tellement  intense  que  les  animaux  ne  peuvent 
plus  être  utilisés. 

A  ce  moment,  on  voit  apparaître  de  petites  vésicules 
sous-épidermiques,  du  volume  d'une  tête  d'épingle;  elles 
sont  confluentes  ou  disséminées,  rosées;  elles  renferment 
un  liquide  citrin  et  s'accumulent  de  préférence  dans 
l'espace  situé  entre  les  talons  et  dans  le  fond  du  pli  du 
paturon.  Ces  vésicules  s'ouvrent  rapidement  et  laissent 
écouler  leur  contenu,  qui  se  dessèche  au  contact  de  l'air  et 
se  convertit  en  croûtes,  qui,  une  fois  formées,  s'épaississent 
et  se  détachent  pour  se  renouveler  rapidement  et  pour 
ainsi  dire  indéfiniment  si  l'on  n'intervient  pas. 

Cette  éruption,  qui  s'opère  ainsi  au  pli  du  paturon,  a 
souvent   pour  conséquence   un   engorgement  intense  du 

16. 


282  DERMITES    ECZÉMATEUSES. 

membre  dont  l'appui  devient  incertain,  difficile,  quelque- 
fois impossible.  La  peau  s'épaissit,  se  plisse,  se  ride,  se 
crevasse,  et  des  lymphangites  se  développent. 

L'afTeclion  peut  devenir  rhroni(|ue.  se  compliquer  d"élé- 
phantiasis,  de  sclérose  du  derme  et  d'hypertrophie  de  la 
couche  épidermique  (Voy.  Pathologie  chirurgicale),  in  Ma- 
ladies de  la  peau  et  du  tissu  conjonctif  sous-cutané]. 

b.  L'eczéma  interdigitéouintertrigo  succède  au  séjour  dans 
des  étables  où  stagne  le  purin  ou  à  la  marche  des  animaux 
sur  des  roules  boueuses  ou  pierreuses  Honvicini,  Mioardio, 
Gualducci)  (Voy.  Pathologie  chirurgicale,  ïa  Maladies  de  la 
peau,  p.  204). 

La  peau  fine  de  celte  région  se  couvre  de  vésicules; 
puis  des  crevasses  s'étendent  en  rayonnant  du  point  de 
réunion  des  deux  onglons  vers  les  fiarties  latérales  pour  se 
propager  quelquefois  vers  les  parties  antérieures;  elles 
sont  profondes,  irrégulières,  à  bords  renversés  et  ulcérés  ; 
le  pus  sécrète,  irrite  le  bourrelet,  produit  des  décollements 
et  quelquefois  même  la  chute  du  sabot. 

c.  h' eczéma  de  l'extrémité  de  la  queue  envahit  le  toupil- 
lon  ;  il  se  développe  chez  les  animaux  qui  vivent  en  stabu- 
lation  permanente,  sans  pansage  ni  lavage. 

d.  L'eczéma  aigu  des  parties  supérieures  du  corps  aiîecte 
spécialement  les  animaux  adultes  de  six  à  douze  ans  ;  il  se 
développe,  principalement,  pendant  lété  et  envahit  les 
régions  dépourvues  de  pigment,  comme  les  reins,  le  dos,  le 
garrot,  les  faces  latérales  de  l'encolure  et  plus  rarement  les 
mamelles  des  animaux  à  robe  pie  [Mouroux  (1)]. 

11  s'accompagne  quelquefois  d'une  luméfaction  énorme 
de  la  peau  de  l'encolure,  du  pourtour  des  yeux,  des  oreilles 
et  d'un  suintement  fétide  (Brégeard). 

e.  L'eczéma  chronique  généralise  h  poussées  ré'cidivantes 
est  surtout  caractérisé  par  la  production  de  grandes  squames 
lamelleuses,  diaphanes,  adhérentes  ;  l'éruption  est  trèsatté- 

(1)  Mouroux,  Soc.  cenlr.,  1904. 


BOVIDÉS.     —    ECZÉMA    SÉBORRHÉIQUE.  283 

nuée,  le  suintement  inappréciable;  la  peau  rougit  sous 
l'inlluence  des  grattages;  elle  se  pigmente  à  mesure  que  les 
poils  tombent;  l'alopécie  et  les  squames  épidermiques 
accusent  seules  la  persistance  de  la  maladie,  qui  peut  durer 
des  années   Méguin,  Noack,  Prietsch  . 

f.  Ueczéma  séborrhéique,  décrit  sous  le  nom  de  sébori'hée. 
a  été  étudié  par  Moussu.  Leblanc.  Mathis,  Vaché,  etc. 
(Voy.  Pathologie  chirurgicale,  in  Maladies  de  la  peau). 

Diagnostic.  —  Les  eczémas  des  bovidés  se  difl'érencient 
des  acariases,  de  la  phtiriase  et  des  teignes  par  l'examen 
microscopique,  qui  permet  de  constater  l'absence  de  tout 
parasite. 

Pronostic.  —  La  gravité  de  ces  affections  dépend  plus 
de  leurs  récidives  et  de  leur  complication  croùteuse  et 
suppurative  que  de  leur  résistance  aux  agents  thérapeu- 
tiques. 

Traitement.  —  Les  soins  locaux  doivent  varier  suivant 
la  modalité  de  ratfection.  son  siège  et  son  étendue.  Les 
lavages  antiseptiques  et  les  applications  dessiccatives  pul- 
vérulentes sont  préférables,  au  début,  aux  pommades  et 
aux  pâtes  comme  aux  émoUients,  car  toutes  ces  médica- 
tions tendent  à  échauffer  la  peau  et  à  faire  macérer  l'épi- 
derme.  Les  lotions  boriquées.  crésvlées.  ou  au  permanga- 
nate de  potasse,  les  applications  d'huile  de  cade  ou  de 
goudron  légèrement  dilués  avec  de  la  vaseline  conviennent 
pour  les  eczémas  légèrement  suintants;  les  poudres  d'ami- 
don, d'écorce  de  chêne,  de  talc,  le  tannoforme,  l'acide 
borique,  finement  pulvéïùsé,  hâtent  la  dessiccation.  Les 
eczémas  croùteux  sont  efficacement  combattus  avec  les 
émollients,  le  glycérolé  d'amidon,  les  lotions  soufrées,  les 
pommades  émollientes  et  astringentes,  qui  toutes  favo- 
risent le  détachement  des  croûtes  et  permettent  d'utiliser 
ensuite  les  antiseptiques  et  les  astringents  en  lotions  ou  en 
poudres. 

Les  badigeons  à  l'acide  azotique  à  1  p.  10  ou  au  nitrate 
d'argent  à  1  p.  iO  suppriment  généralement  le  suintement 


284  DERMITES    ECZÉMATEUSES. 

et  lo  priiri(.  mais  ils  peuvent  devenir  dangereux  en  raison 
de  leur  énergie  même. 

Quand  la  guérison  est  obtenue,  il  faut  veiller  à  la  pro- 
preté de  la  peau,  entretenir  ses  fonctions  par  des  savon- 
nages, des  frictions  sèches  et  favoriser  la  repousse  du  poil 
h  l'aide  de  solutions  alcoolisées  ou  salicylées. 

Le  traitement  général  doit  surtout  chercher  à  faciliter 
les  fonctions  digeslives;  les  nurgiitils  salins,  les  fourrages 
verts  sont  indiqués;  le  chlorure  de  calcium,  à  la  dose  de 
15  à  20  grammes,  tend  à  remplacer  les  arsenicaux,  qu'on 
emploie  de  moins  en  moins. 

On  peut  préserver  les  animaux  de  cette  maladie  en  les 
maintenant  dans  des  étables  ])ropres.  i\  litière  abondante, 
en  empêchant  le  séjour  du  purin,  en  tirant  le  fumier  de 
la  place  qu'il  occupe.  Quand  les  animaux  y  sont  prédis- 
posés, il  convient  de  redoubler  de  soins,  de  nettoyer  les 
extrémités,  quand  les  hoviiis  ont  dû  marcher  sur  un  sol 
couvert  de  boues  acres,  irritantes. 

III.  —  MOIJTOi\. 

Les  eczémas  du  ninutou  sont  généralenienl  bi-nins.  Les 
principales  variétés  sont  : 

Ucczéma  squameux,  qu'on  observe  chez  les  animaux 
affectés  de  distomose  ou  de  strongylose  et  qu'il  estsouvent 
impossible  de  différencier  du  pityriasis. 

L'eczéma  des  extrémités  est  Vintertrigo.  qu'on  voit  appa- 
raître dans  les  bergeries  humides.  Les  autres  affections 
cutanées  décrites  comme  des  eczémas  sont  des  dermites 
produites  par  des  agents  irritants  physiquesou  parasitaires. 

La  séborrhée  sèche  atteint  cependant  le  cou,  le  dos,  les 
épaules,  les  côtes,  la  poitrine,  et  se  traduit  par  des  squames 
blanchâtres  ou  brun  jaunâtre  et  par  la  chute  de  la  laine 
sans  prurit  (Haubner). 

Traitement.  —  Les  médications  des  bovins  sont  égale- 
mont  efticaces  chez  le  mouton. 


CHIEN.    —   ECZÉMA  SÉBORRHÉIQUE.  285 

IV.  —  CHIEX. 

Définition.  —  L'eczéma  du  chien  consiste  dans  une 
série  de  lésions  élémentaires  variables,  isolées  ou  diver- 
sement combinées,  qui  se  traduisent  cliniquement  par  de 
l'éry thème,  de  la  vésiculation,  du  suintement,  de  la  liché- 
nisation  et  de  la  desquamation.  Cette  maladie  offre,  chez 
le  chion,  son  expression  la  plus  complète;  elle  peut  déter- 
miner l'atrophie  des  follicules  pileux,  des  glandes  et 
l'hypertrophie  de  l'épiderme  et  des  papilles.  On  l'observe 
à  tout  âge  :  les  jeunes  sont  atteints  principalement 
d'eczéma  aigu  des  parties  fines  de  la  peau  ;  les  vieux, 
d'eczéma  chronique  du  dos. 

Étiologie.  —  L'hérédité,  Varthritisme,  les  gastro-entérites 
chroniques,  les  néphrites,  les  affections  du  foie  favorisent 
le  développement  des  eczémas  par  insuffisance  intestinale, 
rénale  ou  hépatique.  Les  animaux  nourris  d'aliments 
épicés,  de  débris  de  restaurants  ou  de  pain  de  suif  v  sont 
particulièrement  prédisposés. 

Les  facteurs  externes  de  l'eczéma  sont  presque  innom- 
brables; ils  comprennent  tous  les  irritants  locaux,  qui, 
suivant  leur  activité,  sont  capables  de  réaliser  toutes  les 
formes  de  l'eczéma. 

Les  excitations  extérieures  produites  par  les  poussières, 
les  saletés,  les  bains  et  les  savonnages  fréquents,  les  irri- 
tations déterminées  par  des  parasites,  puces,  poux;  les 
frottements  répétés  et  les  pressions  soutenues  sur  une 
partie  de  la  peau,  comme  celles  qui  résultent  de  l'appui  du 
collier,  agissent  dans  la  production  de  l'eczéma  et  expli- 
quent la  fréquence  de  cette  maladie  aux  parties  supé- 
rieures du  corps  et  aux  extrémités,  c'est-à-dire  dans  les 
régions  les  plus  exposées  à  ces  causes  d'irritation. 

Le  grattage  est  eczématogène  chez  les  animaux  prédis- 
posés; il  aggrave  l'eczéma  préexistant  et  peut  le  dissé- 
miner: les  animaux  galeux  sont  généralement  eczémateux 
secondairement. 


286  DERMITES    ECZEMATEUSES. 

Les  frictions  cutani'es  à  l'aide  île  solutions  alcalines  ou 
acides  et  tous  les  irritants  chimiques  sont  des  causes 
d'eczéma.  La  température  élevée,  la  lumière  vive,  les 
rayons  solaires  ardents  congestionnent  la  peau,  irritent 
l'ëpiderme,  font  éclore  des  eczémas  ou  déterminent  de 
nouvelles  poussées. 

Les  microbes  qui  pullulent  à  la  surface  de  la  peau  (sta- 
phylocoques, streptocoques,  etc.)  peuvent  produire  des 
eczémas  primitifs  ou  secondaires;  ils  expliquent  l'aulo- 
inoculation  de  l'eczéma  par  grattage,  l'extension  péri- 
phérique des  placards  d'eczéma,  ses  récidives  au 
niveau  des  foyers  mal  éteints  et  l'efficacité  des  agents 
microbiens,  quelle  que  soit  la  forme  d'eczéma  (1). 

Symptômes.  —  L'eczéma  débute  généralement  par  une 
rougeur  vive,  œdémateuse,  irrégulière,  chagrinée  ou  dis- 
posée par  plaques  ;  c'est  le  stade  crythémateux. 

Le  stade  vésiculeux,  qui  survient  peu  d'heures  après,  est 
caractérisé  par  un  semis  abondant  de  vésicules  de  la 
dimension  d'une  tête  d'épingle,  qui  peuvent  confluer  en 
phlyctènes.  Ces  vésicules,  très  superficielles,  à  contenu 
clair,  s'ouvrent  spontanément  ou  sous  l'inlluence  de  grat- 
tages (fig.  61). 

Le  .stade  de  suintement  est  dénoncé  par  un  liquide  clair, 
jaunâtre  ou  louche,  un  peu  filant,  qui  macère  l'épiderme, 
agglutine  les  poils,  se  décompose  et  laisse  dégager  une 
odeur  fétide.  Quand  les  grattages  ne  sont  pas  trop  intenses, 
le  liquide  exsudé  se  dessèche  et  se  convertit  en  croûtes 
ambrées,  ou  de  teinte  foncée  quand  dos  poussières  ou  du 
sang  y  sont  mélangés  :  c'est  Veczàma  croûteux. 

Le  prurit  intense  qui  se  manifeste  souvent  au  niveau  des 
plaques  eczémateuses  provoque  la  chute  des  croûtes,  de 
l'épiderme  et  l'infection  pyogène  des  surfaces  dénudées; 
le  [»roduit  de  sécrétion  devient  séro-purulent  ou  purulent 
et  la  couche  papillaire  apparaît  l'ouge,   finement   granu- 

(1)  Baer,  Das  Eczéma  lubruni.   Thèse  de  doctorat,  Zurich,  19ul. 


CHIEN'.    ECZÉMA    SÉBORRHÉIQUE.  287 

leuse,  tuméfiée  et  douloureuse  ;  l'infection  à  pyocoques, 
grelfée  sur  ces  plaques  suintantes,  confère  à  celles-ci  le 
caractère  impétiginé . 

Ordinafrement  le  suintement  diminue  et  se  tarit,  après 
un  temps  variable;  les  croûtes  tombent,  la  surface  s'épi- 
dermise  ;  mais  l'épiderme  se  fend  par  dessiccation  {eczéma 


■  .^FV 


c 


♦-^.      --^  -    ^ 


Fig.  61.  —  Spongiose  liéminr-agiquo. 

a,  derme  œdématié  et  hémorragique;  altération  vasculaire  du  corps  mu- 
queux  de  Malpighi  ;  des  globules  rouges  g  sont  situés  dans  les  vésicules  ; 
c,  épiderme  dont  les  cellules  sont  en  voie  de  spongiose.  Peau  de  l'oreille. 
Chien  (Roquet). 

craquelé),  s'exfolie  en  lamelles  furfuracées  qui  se  repro- 
duisent pendant  un  temps  prolongé  [eczéma  squameux). 
De  nouvelles  poussées  surviennent  et  ramènent  de  nou- 
veauxsuintements,  des  croùtelles  ou  des  croûtes.  Si  l'eczéma 
persiste  longtemps,  les  régions  atteintes  se  plissent,  s'in- 
durent.  se  dénudent  :  elles  deviennent  sèches,  rugueuses, 
fortement  pigmentées,  couvertes  de  ci'oûtesetde  squames 
{eczéma  lichénifié). 
Variétés.  —  1°  L'eczéma  généralisé  s'accompagne  ordi- 


288  DERMITES    ECZÉMATEUSES. 

naireiiient  de  phénomènes  fébriles  et  d'une  telle  fétidit(''  que 
le  voisinage  de  ces  animaux  est  insupportable:  il  se  traduit 
par  des  poussées  prinlanièrcs  et  estivales  -qui  se  succèdent 
d'une  manière  irrégulière.  La  peau  de  la  tête,  du  cou,  du 
dos,  des  fesses,  des  épaules  et  des  parties  couvertes  de  poils 
présente  des  parties  irritées,  rouges,  de  petites  dimensions, 
qui  s'étendent  progressivement  et  acquièrent  la  largeur  de 
la  main  ou  même  davantage.  Leur  surface  se  couvre  de 
papules  et  de  vésicules  continentes,  pendant  que  la  peau 
s'œdématie  légèrement,  s'épaissit,  devient  plus  sensible  et 
plus  chaude  et  que  les  poils  se  ht'rissent  et  se  rassemblent 
en  petites  touffes. 

En  même  temps,  on  constate  un  prurit  très  intense;  les 
grattages  provoquent  la  chute  prématurée  ries  poils  et  la 
formation  de  surfaces  humides  qui  deviennent  croi'iteuses. 
La  maladie  poursuit  régulièrement  sa  marche.  De  petites 
vésicules,  le  plus  souvent  disséminées  sur  tout  le  corps, 
plus  nombreuses  au  niveau  du  dos,  de  la  tête  et  de  la 
base  de  la  queue,  se  forment;  elles  atteignent  la  dimen- 
sion d'un  grain  d'avoine;  on  les  sent  en  passant  la  main 
sur  le  dos  du  chien,  mais  elles  restent  cachées  par  les 
poils;  elles  surmontent  les  papules;  elles  renferment  un 
liquide  clair  qui  se  dessèche  îi  leur  intérieur  et  forme  de 
petites  croûtes;  ou  bien  elles  sont  déchirées  prématuré- 
ment et  constituent  de  petits  foyers  inllammatoires  qui 
se  dépilent  rapidement. 

.\  ce  moment,  la  marche  de  la  maladie  varie  :  tantôt 
l'exsudat  se  convertit  en  petites  croûtes,  l'épidernic  se 
régénère  et  la  maladie  guérit;  tantôt  les  vésicules  se 
multiplient  dans  un  territoire  restreint,  la  surface  devient 
franchement /tMTJude;  un  exsudât  séreux  ou  séro-purulent 
s'accumule  sur  une  surface  dépouillée  de  poils  et  d'épi- 
derme,  le  derme  s'enllamme;  l'eczéma  otTre  son  summum 
de  gravité.  Dès  que  le  pruritse  calme,  l'exsudat  se  concrète 
en  croiîtes  qui  se  dessèchent,  et  la  maladie  guérit  seule, 
ou  sous  l'inllut-nce  (l'un  Irailement  rationnel. 


CHIEN.    —    ECZÉMA    SÉBORRHÉIQUE.  289 

L'eczéma  peut  devenir  chi'oniqite  à  toutes  ses  phases; 
les  formes  les  plus  bénignes,  comme  les  plus  graves,  sont 
susceptibles  de  récidiver;  mais  c'est  l'eczéma  franchement 
vésiculeux  qui  a  le  plus  de  tendance  à  la  chronicité. 

Les  éruptions  vésiculeuses  se  succèdent  à  divers  inter- 
valles; la  peau  est  hvpcrémiée;  elle  offre  une  température 
élevée  et  un  épaississement  considérable,  surtout  au  niveau 
du  dos.  où  elle  est  quelquefois  trois  à  quatre  fois  plus  épaisse 
qu'a  l'état  normal.  A  mesure  qu'elle  se  densifie.  elle  devient 
plus  sèche,  plus  rigide  et  conserve  les  plis  qu'on  lui 
donne;  elle  paraît  plus  brillante  et  se  couvre  de  croûtes  et 
de  lamelles  épidermiques  blanches  ou  grisâtres. 

Les  poils  sont  hérissés;  ils  tombent  par  places,  d'une 
manière  presque  complète;  souvent,  ils  ne  repoussent 
plus,  parce  que  lem*  chute  est  suivie  de  l'atrophie  des 
follicules  et  des  vaisseaux  qui  entretiennent  leur  vitalité; 
cette  atrophie  vasculaire  est  la  conséquence  de  la  sclé- 
rose et  de  la  rétraction  du  tissu  conjonctif  périvasculaire. 

On  observe  anss'i.  pavfois.Y hypertrophie  des  papilles  par 
le  fait  d'une  irrigation  permanente  excessive;  elles 
deviennent  proéminentes  et  constituent,  à  la  surface  du 
tégument,  des  véfjétations  papillaires,  épaisses,  qui  ren- 
dent la  peau  rude,  irrégulière  et  granuleuse  au  toucher. 
.\  ces  signes  locaux  se  joint  un  autre  symptôme  qui 
décèle  l'existence  de  l'eczéma  chronique  sans  qu'il  soit 
nécessaire  de  faire  un  examen  approfondi  du  sujet. 
C'est  une  odeur  fétide  et  insupportable  que  répandent 
les  chioijs  malades;  elle  trahit  l'existence  de  quelques 
vésicules  disséminées  sur  le  tégument  et  atteste  que  la 
guérison  est  incomplète. 

L'état  général  des  malades  est  peu  modilié  au  début; 
ils  offrent  uniquement  une  excitation  et  une  inquiétude 
continuelles,  et  parfois  aussi  une  soif  très  vive. 

La  marche  de  l'eczéma  chronique  est  sujette  à  des 
rémissions,  à  des  poussées  successives,  à  des  atténuations 
rapides,  à  des  retours  soudains,  de  sorte  que  la  durée 
Cadéac.  —  Patliolosie  interm-.  VII.  17 


290  DERMITES    ECZÉMATEUSES. 

est  longue  ;  l'aniinul  sV'puise  peu  à  peu,  raniaignssement 
est  progrcssiC,  l'anémie  se  déclare,  et  beaucoup  de  sujets 
jeunes  ou  débiles  deviennent  cachectiques  et  succombent. 

2°  L'eczi''ma  cutcoxscuir  d'une  région  déterminée  est  la 
manifcslalion  habituelle  de  la  maladie.  Il  comprend  lui- 
même  un  gran<l  nombre  de  variélés. 

a.  Ucczcmarxbnimùsl  caraolérisé  parla  rougeur  intense 
et  souvent  œdémateuse  de  la  peau  de  la  face  interne  des 
membres,  du  ventre  et  de  toutes  les  parties  Unes  à  peu  près 
dépoui'vues  de  poils.  On  l'observe  généralement  chez  les 
animaux  d'im  à  deux  ans. 

Cette  l'orme  débute,  ordinairement,  pai-  les  aines  et  la 
face  interne  dos  membres  postérieurs;  la  peau  devient 
rouge,  érytbémaleuse.  chaude  et  un  peu  douloureuse: 
l'irrilalion  s'étend  ensuite  à  tout  le  ventre,  envahit  le 
poitrail,  les  ars,  la  lace  interne  des  quatre  membres; 
elle  stationne  quelque  temps  dans  ces  régions,  puis 
déborde  les  membres  postérieurs  et  arrive  juscpi'aux 
flancs,  atteint  les  coudes,  le  cou,  les  narines,  engendre 
partout  une  rougeur  dilTuse,  teint  les  poils  eux-mêmes; 
c'est  donc  exclusivement  une  maladie  des  parties  Unes 
et  délicates  de  la  peau,  dont  la  rongeur  est  surtout 
appréciable  chez  tous  ]cs  chiens  à  poils  blanc. 

Lo  2'>rurit  est  intense,  continu;  une  exsudation  se  pro- 
duit ;  de  i-ares  vésicules,  appréciables  seulement  à  la 
loupe,  s'élèvent;  elles  sont  vite  dt''ehirées  par  le  grattage 
et  l'emplacées  par  des  idcéralious  toutes  superficielles. 
Finalement,  la  peau  devient  légèrement  humide  aux 
aines  et  aux  ars;  elle  est  aussi  plus  ou  moins  rugueuse, 
chagrinée,  mais  il  ne  se  l'orme  jamais  de  croûtes  (lig.  G;2). 

C'est  là  toule  l'aU'ection;  elle  peut  rester  longtemps 
stationnaire  ou  même  guérir,  se  modifier  heureusement 
sous  l'influence  d'un  changement  de  régime,  de  tempé- 
rature et  de  sîiison,  îiugmentant  pendant  l'hiver,  cessant 
pendant  l'été  et  restant  toujours  une  all'ection  bénigne. 

6.  L'eczéma  séborrhéique  ou  séborrhée  sèche  aflccte  la 


CHIEN. 


ECZEMA    SEBORRHEIQUE. 


291 


ppau  sitiK'e  derrière  les  oreilles,  le  cou,  les  épaules,  la  queue 
d'où  il  s'étend  peu  à  peu  aux  régions  voisines,  notamment 
vers  le  pli  et  la  face  interne  des  cuisses.  Ces  régions  sont 
le  siège  d'une  sécrétion  graisseuse  ou  huileuse  qui  réunit 
les    poils    en    pinceaux    ou    en    bouquets    (Schindelka). 


Fig.  Giî.  —  Éruption    pustuleuse   de   la  maladie    du   jeune    âge 
bien  dill'érente  de  l'eczéma  rubrum. 

On  observe  en  même  temps  un  léger  prurit  et  la  chute  des 
poils. 

c.  L'eczéma  sec  de  la  tête,  du  cou  et  des  membres  offre 
souvent  l'image  clinique  de  la  (/rt/e  sarcoptique.  La  maladie 
est  exclusivement  localisée  à  la  tète,  aux  oreilles;  elle 
envahit  quelquefois  les  membres,  mais  elle  progresse  très 
lentement.  Cette  forme  d'eczéma  est  dénoncée  par  de 
petites  dépilations  discrètes  restant  indépendantes,  toujours 
sèches,  accompagnées  d'un  prurit  modéré;  cet  eczéma  se 


292  DERMITES    ECZICMATKUSES. 

rapproclic  ilii  pHyriasis.  Il  en  diffère  {)!ir  le  plissement  de 
la  [)e;ui  surtout  sur  la  lèle,  où  elle  prend  un  aspect  froncé. 
Elle  peut  d>irer  ainsi  des  mois:  aucun  suintement  ne  se 
manifeste,  mais,  à  la  longue,  les  poils  tombent,  la  surface 
se  dénude,  cl  la  ressemblance  avec  la  (/aie  sarcoptiqiie  est 
encore  plus  i)ai'l'aile. 

Cependant  réruption  acaricnue  atrccle  <lc  iirclérence  la 
tête,  les  oreilles  et  les  parties  postérieures;  elleesl  toujours 
caractérisée  par  un  prurit  très  intense;  elle  est  contagieuse 
et  curable.  Avec  ces  seuls  signes,  il  est  souvent  impos- 
sible de  la  reconnaître;  il  faut  recourir  à  l'exanu'n  micro- 
scopique, (pii  permet  de  constater  la  présence  des  acares, 
seul  signe  certain  de  l'existence  de  cette  mala<lie. 

(/.  L'eczéma  circonscrit  du  dos  [psoriasis,  rogne ,  roux-vieux) 
est  caractérisé  par  de  la  rougeur,  de  la  dépilation,  des 
excoriations  superficielles  ou  profondes,  par  un  prurit  très 
intense  du  dos,  des  reins  et  de  la  base  de  la  ([ueue.  On 
l'appelle  <^ale  des  vieux  cliinis,  parce  qu'il  est  fréquent 
chez  les  animaux  à  partir  de  l'Age  de  cinq  ans;  rjatc  des 
(■/liens  ç/ras,  parce  que  ce  sont  les  animaux  obèses  qui  en 
sont  particidièremcnt  atîectés.  Mégnin  a  d'abord  rappro- 
ché cette  maladie  du  psormsis  et  plus  tard  du  lirkcn  : 
c'est  qu'ellVctivenient  elle  a  de  l'un  et  de  l'autre,  comme 
en  témoignent  les  modifications  cutanées  qui  lui  sont 
propres. 

Quand  le  roux-vieux  s'est  dévelo|)pé.  la  peau,  au  niveau 
des  reins,  de  la  base  de  la  queue  et  du  dos,  csl  ('-paissie  ; 
les  poils  sont  droits  et  volumineux,  d'une  couleur  rouge- 
brique;  ilsdécèleut  ainsi  l'état  irritatif  des  follicules  pileux. 

Ces  régions  sont  le  siège  d'im  prurit  intense  ;  les  ani- 
maux se  grattent,  constamment,  avec  les  ])attes  ou  se 
mordent.  Consécutivement,  la  peau  s'irrite  davantage, 
rougit;  le  derme  s'infiltre,  la  peau  se  crevasse,  devient 
rugueuse,  et  les  poils  tombent.  En  même  temps,  une 
exsudation  se  produit  à  la  surface  :  le  liquide  qui  suinte  est 
séro-albumineux   tout  d'abord;  il    s'épaissit,  se  convertit 


CHIEN.    —    ECZÉMA    SÉBORRHÉIQUE.  293 

en  croûtes  gi'isàtres,  raboteuses,  qui  donnent  à  la  partie 
malade  un  aspect  repoussant.  Quelquefois,  les  croûtes 
deviennent  noirâtres,  par  le  mélange  du  produit  exsudé 
avec  des  poussières  ou  avec  le  sang  épanché  au  moment 
du  grattage. 

Si  l'on  ne  remédie  pas  à  ces  premièi'es  altérations 
cutanées,  la  maladie  progresse  lentement,  s'étend  en 
avant  au  niveau  des  épaules,  mais  gagne  très  peu  latéra- 
lement; le  prurit  se  modère,  et.  par  intervalles,  la  peau 
récupère  un  peu  d'élasticité  :  elle  se  dépouille  des  croûtes 
anciennes,  mais,  bientôt,  sous  l'inlluence  d'une  nouvelle 
poussée,  elle  se  gerce,  se  fendille;  une  infiltration  abon- 
dante du  derme  et  du  tissu  conjonctif  sous-cutan(''  se 
révèle,  puis  cette  infiltration  se  résorbe,  et  la  peau  paraît 
alors  trop  étendue  pour  couvrir  les  régions  afTeclées. 
Elle  forme  des  plis  irréguliers,  dépourvus  de  poils,  très 
rugueux,  secs  à  la  surface  :  la  peau  ressemble  à  celle  de 
l'éléphant. 

e.  Les  coudes,  les  jarrets  sont  assez  fréquemment  le 
siège  d'une  affection  cutanée  très  limitée,  qui  offre  beau- 
coup d'analogie  avec  la  précédente.  Elle  se  localise  à  la 
pointe  du  jarret  et  au  sommet  du  coude  ;  la  peau  de  ces 
régions  rougit  et  s'épaissit,  puis  elle  se  recouvre  d'une 
croiite  blanche  très  adhérente,  ressemblant  quelquefois  à 
du  plâtre  et  dont  l'épaisseur  augmente  graduellement.  Ces 
croûtes,  formées  de  stratifications  épidermiques  nom- 
breuses, se  l'enouvellent  peu.  le  prurit  étant  très  peu 
marqué;  cette  forme  d'eczéma  est  le  plus  souvent  incu- 
rable. 

f.  L'eczéma  interdigité  et  périoiu/ulc  s'observe  principale- 
ment chez  les  chiens  de  chasse,  quand  les  extrémités  sont 
meurtries  par  un  sol  très  caillouteux  ou  blessées  par  des 
épines:  il  débute  par  une  hypersensibilité  et  une  éruption 
vésiculeuse;  il  se  continue  par  de  la  rougeur,  de  la  tu- 
méfaction, du  suintement  et  une  boiterie  d'intensité 
variable. 


294  DKUMITES    ECZÉMATEUSES. 

Quand  le  mal  est  localisé  à  la  racine  des  ongles,  la  [teau 
qui  les  entoure  est  roiigo,  luméfiée;  les  ongles  saignent 
facilement;  l'eczéma  est  désigné  sous  le  nom  d'ondille. 

La  congestion  inflammaloire  des  tubercules  plantaires, 
que  Ion  désigne  sous  le  nom  (ïaggravée,  de  pieds  cr/uniffcs 
ou  (le  l'oiirbnre,  est  aussi  de  nature  eczémateuse. 

7.  \,'fczcma  de  la  queue  oti  chancre  caudal  siège  soit  à 
l'extrémité  de  la  (jueue  du  cJiicii  et  du  cJiat,  soit  à  vme 
hauteur  variable  de  cet  organe.  Quel  que  soit  le  siège 
(ju'il  occupe,  la  peau  est  dénudée  de  poils  ;  le  derme  est 
rosé  et  légèrement  tuméfié;  le  prurit  est  intense;  lanimal 
agite  fréquemment  la  queue,  la  mord,  se  couvre  les  lianes 
de  sang.  Sous  ces  diverses  influences,  la  surface  devient 
rouge,  saignante,  ulcéreuse.  Les  os  sont  quelquefois  jiiis  à 
nu:  la  maladie  devient  chronique  et  incurable.  L'amputa- 
tion de  la  queue  ne  réussit  |)as  toujours  à  la  limiter  et  à  la 
guérir. 

h.  Les  bourses  sont  fréipiemment  un  foyer  de  localisa- 
tion de  l'eczéma.  Subitement,  elles  deviennent  rouges  et 
chaudes;  elles  se  tuuu'fient,  se  couvrent  de  vésicides;  le 
suintement  commence,  le  grattage  est  toujours  intense. 

La  partie  inférieure  des  bourses,  la  plus  exposée  à  tous 
les  frottements,  est  bientôt  fortement  excoriée;  elle  se 
convertit  en  plaie  ulcéreuse;  consécutivement,  on  observe 
une  inflammation  des  Icsiicules  cl  une  grande  tuméfaction 
des  bourses. 

i.  L'eczéma  du  pourtour  des  orifices  naturels  est  fréquent, 
surtout  chez  les  jeunes  chirns  alfeclés  de  la  maladie  ilii 
jcimc  Age. 

Le  pourtour  de  l'anus  et  de  la  vulve,  sur  une  largeur 
de  2  à  3  centimètres,  jusqu'au  bord  de  la  nniqueuse.  est 
alfecté  d'un  suintement  eczémateux,  qui  devient  fétide, 
très  [)rurigineux.  et  se  complique  (pieltpiefois  de  tissures 
de  l'anus:  les  animaux  jioussent  des  cris  au  moment  de 
la  défécation,  raclent  le  sol  avec  leur  derrière  (|uand  ils 
sortent  de  leur  niche. 


CHIEN.    ECZÉMA    SÉBORRHÉIQUE.  295 

L'eczéma  des  paupières  est  caractéi'isé  par  leur  bour- 
souflement, leur  dépilation  ;  il  se  complique  (\'e7}tro- 
pion  et  s'observe  principalement  chez  les  animaux 
affectés  de  conjonctivite  et  d'inflammation  du  canal 
lacrymal. 

L'eczéma  des  commissures  des  lèvres  ne  peut  guère  se 
différencier  de  la  gale  démodécique  que  par  l'examen 
microscopique. 

Parfois,  le  bord  du  nez  et  les  commissures  nasales  sont 
affectées  d'un  eczéma  qui  devient  ulcéreu:;  sous  l'influence 
des  léchages  continuels. 

h'eczéma  dti  la  conque  auriculaire  et  du  conduit  auditif 
(otite  externe)  est  l'un  des  plus  fréquents  et  des  plus 
tenaces  (Imhofer,  Becker]. 

Les  races  de  chions  à  poils  longs  et  épais  et  à  oreilles 
longues  comme  les  chiens  de  chasse,  les  barbets,  les 
éffjgneuls,  les  caniches  et  les  cliieus  de  montagne,  y  sont 
particulièrement  prédisposés,  parce  que,  chez  ces  animaux, 
le  cérumen  se  dessèche  diflicilement  et  se  putréfie  vite 
pendant  les  fortes  chaleurs.  Cette  décomposition  est  favo- 
risée par  l'application  de  béguins. 

Des  influences  mécaniques  ou  traumatiques  comme  les 
corps  étrangei's.  des  parasites  (chorioptes)  les  blessures  de 
la  conque  déterminées  par  des  morsures  ou  des  coups  de 
griffe,  des  irritants  chimiques  comme  les  bains  utilisés 
pour  combattre  la  gale  sarcoptique  de  la  tête  ou.  pour 
nettoyer  le  conduit  auditif  peuvent  ramollir  l'épiderme, 
faire  développer  un  eczéma  de  cette  région.  Parfois  cette 
inflammation  diathésique  se  développe  en  même  temps 
que  celle  du  reste  du  corps.  11  s'établit  même  souvent  un 
balancement  entre  l'eczéma  cutané  et  l'eczéma  auriculaire, 
et  le  catarrhe  trachéobronchique  :  l'animal  se  met  à 
tousser  quand  les  éruptions  cutanées  s'effacent.  Parfois  la 
maladie  du  jeune  âge  détermine  une  éruption  cutanée  et 
auriculaire  accompagnée  de  suintement  et  de  suppuration  ; 
les  microbes  pyogènes  peuvent  susciter  une  réaction  eczé- 


296  DERMITES    ECZIÎMATEUSKS. 

matogène,  qui  survient  dans  environ  50  p.  100  dos  cas  tie 
maladie  du  jeune  âge  iLanger  . 

Lossvmptùuies  do  l'oczoma  auriculaire  se  Irailuisent  par 
une  rougeur  érylhomaleuse  de  la  conque,  qui  est  chaude 
ol  endolorie.  Le  prurit  est  violent  et  se  traduit  par  l'agita- 
tion continue  de  la  tôto.  par  un  grattage  intense  des 
parties  postérieures  dos  oreilles  et  par  une  attitude  pen- 
chée <lo  la  tête  vers  le  sol  ou  déviée,  inclinée  du  côté  de 
ioreille  malade,  comme  si  Tanimal  était  alTecté  de  tortico- 
lis. (Jiiandon  presse  les  oreilles  à  leur  base, on  peut  consla- 
ler  une  hypersensibilité  plus  ou  moins  vive,  suivant  l'in- 
tensité du  mal  ;  les  animaux  gémissent  souvent  ou  «rient 
à  la  moindre  pression;  ils  i-edoutent  tellement  le  moindre 
attouchement  (pie  beaucoup  d'entre  eux  sont  prêts  à 
mordre.  Leur  caractère  est  presque  toujours  modilié  :  des 
(■liions  affectés  d'eczéma  grave  des  oreilles  sont  grognons 
ol  tristes. 

Le  conduit  auditif,  exploré,  ofl're  un  exsudât  abondant, 
jaunâtre,  brun-chocolat,  ou  brim  noirâtre  et  très  fétide, 
qui  résulte  d'une  hvpors(''crétion  oérumineuse  et  d'une 
exsudation  si'ro-pui'ulente.  Parfois  cet  exsudât  agglutine 
les  poils  et  obstrue  le  conduit  auditif;  il  détermine  la 
surdité  et  donne  à  la  pression  (U'  la  base  de  l'oreille  la 
sensation  d'une  bouillie  qu'on  écrase  {otite  catarrkale). 

Quand  la  peau  do  la  conque  et  du  conduit  auditif  externe 
se  convertit  en  membrane  pyogéniqiie,  on  n'observe  plus 
qu'une  sécrétion  jaunâtre,  entièrement  purulente,  qui 
devient  sanieusc,  par  grattage  ou  agitation  des  oreilles  ; 
on  voit  ap[)ara)tre  des  ulcères  sur  le  bord  des  oreilles 
(chancre  auriculaire)  ;  la  peau  de  la  face  externe  do  la 
conque  se  plisse,  et  dos  ulcérations  se  produisent  au  niveau 
du  sommet  dos  plis  ol  à  l'ontroo  du  conduit  auditif 
iotite  ulcéreuse).  Un  oczi'ina  aussi  intense  s'accompagne 
souvent  de  nausées,  Ac  voniisscmcnts,  d'inappétence,  de 
fièvre,  de  Iroidilos  réiloxos;  il  a  peu  de  tendance  à  guérir 
et  récidive  fré(iuemmonl.  Les  parties  érodées  ou  ulcérées 


CHIEN.    ECZKMA    SÉBORRHÉIQUE.  2&7 

vôgèlont,  pirscntent  des  gi'anulalions  verruqucusos  ou 
papilloiiiateuses,  qui  ivtivcissent  le  conduit  auditil'  pendant 
que  les  glandes  deviennent  kystiques;  quelquefois,  il  y  a 
un  épaississement  dittus  qui  obstrue  presque  entièrement 
ce  conduit  (otite  chronique  vc(jctante). 

L'eczéma  de  l'oreille  peut  amener  diverses  complica- 
tions :  l'hémalome,  le  chancre  persistant  qui  détei*mine 
une  incisure  profonde  de  l'oreille,  le  phlegmon  de  la 
conque,  la  perforation  de  la  memJjrane  tympanique  et 
une  otite  moyenne. 

Diagnostic.  —  L'ecz<''ma  du  chien  est  essentiellement 
caractt'risé  par  sa  persistance,  ses  récidives  et  l'inefïicacité 
fréquente  d'un  grand  nombre  d'agents  thérapeutiques. 

La  giile  sarcoptique  s'en  distingue  par  l'intensitt'  du 
prurit,  sa  prédominance  à  la  tète,  aux  oreilles,  au  train 
postérieur  et  par  la  présence  des  acariens  souvent  très  dif- 
ficile à  découvrir. 

La  (jale  folliculaire  affecte  les  extrémités,  le  pourtour 
<les  lèvres,  des  paupières  et  le  cou.  s'accompagne  d'ime 
éruption  de  pustules  discrètes  ou  conlluentes  qui  acquiè- 
rent une  coloration  violacée  et  renferment  du  pus  san- 
guinolent. 

Traitement.  —  Le  trailemcnt  doit  être  local  et 
gé'néral  :  le  premier  a  pour  but  de  détruire  l'altération 
des  parties  malades;  il  s'adresse  à  la  lésion;  le  second,  de 
modifier  la  nutrition  de  l'organisme,  de  manière  à  en 
empêcher  le  retour;  il  s'adresse  à,  la  cause  elle-même. 

Traitement  local.  —  On  commence  par  tondre 
l'animal  entièrement,  ou  seulement  au  niveau  des  régions 
atteintes  ;  on  savonne  la  peau  pour  faire  tomber  les  croûtes, 
et  on  calme  les  grattages  aumoyende  bandages,  de  panse- 
ments et  de  muselières,  surtout  à  l'aide  de  topiques  qui 
tendent  à  guérir  le  mal  lui-même. 

L'eczcma  aigu  suintant  est  combattu  par  les  agents 
antiseptiques  comme  l'eau  oxygénée  à  6  volumes,  une 
solution  de  lysol  ou  de  créolinc  à  1  p.  100,  de  permanganate 

17. 


■29H  DERMITES    ECZÉMATELSKS. 

(lo  potasse  à  \  on  2  p.  1000  ou  (Facide  salicvliqiio  à  2  on 
o  p.  100.  On  saii[)Oiii]iT  cnsiiilo  la  peau  «l'un  astrin,:renl 
comme  la  poudre  de  tan  ou  d'un  mélange  absorbant  et 
antiseptique  comme  l'acide  borique  pulvérisé,  le  sous-nitrate 
ili'  bismuth,  le  talc,  le  soufre,  l'oxjde  (1(>  zinc,  la  poudre 
d'amidon  on  proportions  que  l'on  lait  varier  suivant  les 
caractères  de  chaque  eczéma  que  l'on  doit  combattre. 

Ij'erzcma  ruhrum  est  justiciable  des  Iriciions  d'huile  do 
cade.  Il  sullit  de  frictionner  une  ou  deux  fois  pour  faire 
disparaître  cnlioreiuenl  la  rougeur  érvlhémateuse  delà 
ri'gion. 

Ouaud  lirrilaliou  dt'doriiiiuée  pai'  l'iinilo  de  cado  est 
trop  vive,  les  fridions  de  styrax,  de  vaseline,  de  cénit 
saturné.  do  pommade  à  l'oxyde  de  zinc  produisent  les 
iiioillonrs  résultais. 

L'eczéma  imprligincux  guérit  à  l'aide  d'une  ou  deux 
applications  do  pommade  au  calomel  ;  on  saupoudre 
ensuite  de  jjoudre  de  lan. 

Les  eczémas  de  la  tête,  dos  cominissiircs  des  lèvres  et 
des  ouvertures  naturell^'s  sont  traités  à  l'aide  d'une  solul  ion 
de  glycérine  iodée  et  do  pommades  astringentes  et  anti- 
septicpies  : 

Résorciiie 1  gramme. 

Acide  salicylique 2  graiDmes. 

Oxyde  de  zinc ;i        — 

Vaseline ."iO        — 

Ia^s  foinii'.s  siiiianifitscs  ^oni  traitées  comme  la  gale  sar- 
coptiqiKV,  c'ost-à-dii'c  à  l'aide  de  bains  arsenicaux  et  do 
l»ommades. 

Les  poudres  d'amidon,  d'oxyde  de  zine.  de  eampbi'o, 
de  i-iz.  c<)tii|)lèlent  hoiu'ousomont  colle  nu''dicaliou. 

Si  l'ocziMMa  est  croiUeux,  l'huile  de  cade  ou  frictions 
répi'lées,  puis  les  pommades  à  l'oxyde  de  zinc,  les  appli- 
cations de  corps  gras,  axongo,  vaseline  glycérine,  sui- 
\ies  ensuite  de  lavages  avec  une  soliMion  de  goudron, 
de  borax,  de  carbonate  do  potasse  ou  «lo  soude,  de  sul- 


CHIEN.    —    FXZKMA    SÉBORRHÉIQUE.  299 

lure  de  potasse  suffisent  ordinairement  pour  obtenir   la 
guérison  de  la  maladie. 

Les  eczémas  chroniques  réclament  des  irritants  suscep- 
tibles de  raviser  Tintlammation  cutanée  et  do  substituer 
à  celle-ci  une  inflammation  passagère.  On  y  parvient  à 
l'aide  de  frictions  d'huile  de  cade,  de  teinture  de  cantha- 
ride,  et  l'on  continue  l'action  de  ces  médicaments  par  des 
applications  de  goudron,  employé  en  nature,  en  solution 
alcoolique  ou  sous  forme  do  linimont.  Le  goudron  est, 
avec  l'huile  de  cade.  le  principal  remède  contre  l'eczéma 
chronique  ;  il  peut  être  employé,  pendant  longtemps,  sans 
inconvénient  ;  il  isole  la  peau  en  déterminant  une  croûte 
protectrice  à  sa  surface;  et,  au-dessous  d'elle,  la  maladie 
guérit  ou  s'atténue  considérablement.  Au  bout  d'une  se- 
maine, on  enlève  ces  croûtes  à  l'aide  de  corps  gras  ou 
de  lavages  désinfectants,  et  l'on  renouvelle  l'application 
de  goudron.  Les  boues  radio-actives,  utiles  dans  le  traite- 
ment des  dermatoses,  en  gém-ral,  sont  particulièrement 
efficaces  contre  l'eczéma  du  chien  [Petit    1  ]. 

Uulcére  de  la  queue  est  traité  par  l'immersion  jour- 
nalière dans  une  solution  phéniquée  par  le  saupoudrage 
d'iodoforme,  de  sous-nitrate  de  bismuth,  de  tan,  et  une 
application  adoucissante,  dans  le  voisinage,  de  pommade 
à  l'oxyde  de  zinc.  Il  est  quelquefois  nécessaire  d'appliquer 
un  fourreau  de  toile  ou  de  cuir  et  d'enfermer  le  chien 
dans  une  cage  étroite  afin  de  l'empêcher  d'agiter  la  queue 
et  de  se  blesser. 

L'ecz&ma  de  la  conque  et  du  conduit  auditif  nécessite 
un  nettoyage  préalable  des  oreilles  ;  on  savonne  à  l'eau 
chaude  ;  on  coupe  les  poils  qui  garnissent  l'entrée  du  con- 
duit auditif;  on  tamponne  avec  du  coton  placé  au  bout 
d'une  pince  ou  de  bâtonnets  flexibles  et  imbibés  d'une  solu- 
tion antiseptique  crésyléè,  oxygénée,  iodée  ou  astringente, 
comme  la  solution  de  sulfate  de  zinc  à  2  p.  100.  On  pousse 

(1)  Petit,  Recueil  de  méd.  vct.,  l'.Ul,  p.  552. 


300  DKUMITKS    ECZÉMATEUSES. 

à  fond  ces  Ixilonnels  iiiix(|iiL'ls  on  imprime  un  mouvomonl 
lent  de  rolation;  on  renouvelle  les  tampons  jusqu'au 
moment  où  la  oiiale  demeure  propre.  Onand  la  douleur  esl 
trop  intense,  on  i)ralique  des  injections  analgésiques  iglj- 
cérine  cocaïnée  ù  2  p.  100,  acide  borique  ou  décoction 
d'écorce  de  chêne  laudanisés,  3  grammes  de  l'audanum 
par  demi-lilre  de  solution  .  Quand  l'oreille  est  jiropre,  on  y 
insuffle  de  la  poudre  d'amidon,  de  l'oxyde  de  zinc,  de 
l'acide  bori(juc  |)ulvérisé,  du  sous-nitrate  de  bismuth,  de  la 
poudre  de  tan.  du  (Icrniatol,  duxéroforme,  du  thioforme, 
de  l'aristol.  11  fautcnipècherranimal  de  secouer  les  oreilles 
par  l'application  d'un  béguin. 

Traitkme.xt  gknkhal.  —  On  fait  maigrir  les  chiens  trop 
gras  par  im  régime  rafraîchissant,  lacté  et  végétarien,  par 
des  purgations  douces  et  un  exercice  régulier.  11  faut  remon- 
ter les  animaux  déprimés  et  amaigris  par  une  alimentation 
carnée  ;  l'administration  de  1  à  5  grammes  de  bicarbonate 
de  soudp,  de  Osr.2."^)  à  1  gramme  de  soufre  d'ime  à  six 
gouttes  de  liqueur  de  Fowler  ou  d'eau  de  La  Bourboule 
additionnée  aulaitilans  la  proportiond'un  tiers.  L'usage  de 
ces  médicaments  ne  peut  être  prolongé  ;  il  faut  alterner  et 
changer  de  médication,  toutes  les  semaines,  ou  cesser 
momenlanéjnent  celle  qu'on  a  employée.  On  a  songi' 
aussi  àmodilier  l'état  général  par  des  injections  de  sérum 
artilicjcj  (l>é(;us)  :  mais  ce  li-ailcinent  est  peu  enq)loyé. 


CHAPITRE    m 
KÉRATOSES 

Ces  affections  sont  caraclérisées  par  un  épaississement 
de  la  couche  cornée  de  l'épiderme.  Tantôt  celte  évolution 
épidermique  exagérée  ne  se  trahit  que  par  une  desquama- 
tion en  Une  poussière  (pityriasis),  tantôt  elle  se  révèle  par 
des  plaques  régionales  couvertes  de  squames  sèches  lamel- 
leuses,  friables,  abondantes  et  persistantes  (psoriasis),  par 
des  hypertrophies  circonscrites  formant  tumeurs  (cornes 
<nitanées)ou  par  une  kératose  ditîuse  etgénéralisée(ichtyose). 
L'altération,  essentielle  et  primordiale  qu'on  observe 
dans  ces  maladies,  c'est  la  kérose,  c'est-à-dire  l'hypertro- 
phie delà  coufhe  cornée  avec  tendance  à  la  desquamation 
et  à  l'hyperkératose  des  orifices  pilo-sébacés  qui  entraîne 
l'alopécie. 

1.  — *SOLIPÈDES. 

I.   —    PITYRIASIS. 

Définition.  —  Une  maladie  cutanée  caractérisée  par  de 
petites  squames  épidermiques  comparables  à  du  son  ou  de  la 
farine  et  par  une  dépilation  plus  ou  moins  prononcée  sans 
aucune  élevure  de  la  peau. 

Son  caractère  essentiel  consiste  dans  un  trouble  delà 
kératinisation  marqué  parime  sorte  de  catarrhe  épidermi- 
que. Les  squames  furfuracées  ou  lamelleusesqui  se  forment 
à  la  surface  du  tégument  irrité  se  reproduisent  incessam- 
ment.  L'hérédité,  le  tempérament  sont  des  conditions  qui 


302  KÉUATOSES. 

intcrvionnent  dans  rapparilioir  de  ce  trouble.  «  Jamais 
(jneue  de  rat  ne  laisse  son  maître  dans  l'embarras.  » 
disaient  les  hippialres  pour  montrer  le  rap|)r()(liemont 
entre  le  pityriasis  et  le  tempérament  nerveux. 

L'fhjc  avanc('\  une  nourriture  constamment  sèche,  dans 
laquelle  l'avoine  entre  pour  une  ii:rande  proportion,  con- 
tribuent au  dùveloppemenl  de  cette  maladie  (Lafosse, 
Dagès).  La  chaleur  de  l'été  contribue  aussi  à  l'aire  naître 
le  pityriasis  ou  à  exagérer  ses  manifestations. 

A  ces  causes  prédisposantes  s'ajoutent  les  causes  locales  : 
malpropreté  de  la  peau,  principalement  des  régions  pour- 
vues de  longs  poils  (crinière,  toupet,  queue)  :  accumula- 
tionsde  substances  irritantes  (poussières de  foin,  parasites 
de  toutes  sortes)  qui  jouent  un  rôle  capital  dans  l'étio- 
logie  de  cette  affection.  C'est  tlans  les  ri-Krics  mal  entrete- 
nues que  l'on  rencontre,  le  plus  souvent,  le  pityriasis:  ce 
sont  les  animaux  mal  pansés,  mal  lavés,  qui  sont  le  plus 
souvent  frappés.  Il  est  vrai  que  l'excès  de  soins,  les  la- 
vages fréquents  de  la  crinière  et  de  la  base  de  la  queue 
avec  le  savon  noir  peuvent  irriter  l'épiderme,  macérer  ses 
premières  couches,  diminuer  les  sécrétions  cutanées  nor- 
males, dessécher  la  peau,  favoriser  la  formation  de  S(pia- 
mcs  et  surexciter  la  sécrétion  épidermique. 

Symptômes.  —  Le  pityriasis  est  ordinairemeul /oca/: 
il  alï'ectela  tête,  le  bordsupérieiu-  de  l'encolure  et  la  queue, 
quelquefois  les  épis  du  flanc,  les  faces  latérales  de  l'enco- 
lureet  larégion  du  dos  ;  très  exceptionnellement,  il  devient 
général. 

|o  piTYRL\sis  GÉNÉRAL. —  O  troiibledela  Ivéraliuisatiou 
se  traduit  p;ir  la  formation  de  squames  poudreuses  ou  fari- 
neuses qui  recouvrent  tout  le  corps.  sauil(>s  extrémités.  l>a 
régénération  épidermique  est  presque  p;ul  ont  luuiul  tueuse, 
excessive.  Les  couches  éi)ideruiiques  accumub'es  autour 
des  orifices  pilo-si'bacés  déterminent  la  rujdure  des  poils. 
Ilsufflt  dépasser  la  main  à  la  surface  du  corps  de  l'animal 
pour  entraîner  ime  grande  quantité    de  poils  et    de  pelli- 


SOLIPÈDES.    PITYRIASIS.  303 

culos.  Bien  que  les  pansages  soient  fréquents,  le  tég-unient 
paraît  sale  ;  il  semble  saupoudré  de  farine.  Si  on  le  net- 
toie à  l'aide  de  la  brosse  et  de  l'étrille,  la  dépilation  est 
parfois  très  prononcée  et  même  complète  dans  les  régions 
où  la  maladie  se  localise  habituellement;  ailleurs,  l'alo- 
pécie est  incomplète. 

La  peau,  débarrassée  de  ces  squames,  n'est  pas  épaissie  ; 
elle  ne  présente  ni  éruption,  ni  suintement;  elle  est  moins 
douce  au  toucher,  un  peu  dure  et  rigide,  plus  chaude  et 
plus  sensible,  maisces  changements  sont  peu  appréciables. 
Du  reste,  l'animal  ne  cherche  pas  à  se  frotter,  et  quand  il 
y  a  du  prurit,  celui-ci  est  toujours  très  modéré.  Les  poils 
deviennent  secs,  ternes  et  cassants  ;  l'alopécie,  limitée,  se 
généralise. 

2°  Pityriasis  partiel.  —  La  tète,  la  crinière,  la  queue  et 
les  épis  sont  les  régions  affectées.  A  la  tête,  le  pityriasis 
occupe  généralement  le  front,  le  chanfrein,  les  joues, 
c'est-à-dire  les  parties  qui  recouvrent  les  os;  celles  qui 
sont  le  plus  exposées  aux  frottements  des  diverses  pièces 
des  harnais.  Il  débute  par  une  sécheresse  particulière  de 
la  peau,  qui,  au  niveau  des  parties  recouvertes  parla  bride, 
devient  moins  souple  et  moins  onctueuse  ;  il  est  bientôt 
caractérisé  par  l'apparition  de  squames  fines,  grises  ou 
blanches,  qui  se  renouvellent  incessamment.  Bientôt  les 
points  primitivement  envahis  s'étendent,  se  rejoignent  et 
se  confondent;  la  dépilation  des  régions  affectées  commence 
à  se  produire,  et  celle-ci  dénonce  l'existence  de  cette  affec- 
tion. L'alopécie  est  lente  à  se  produire. 

Quand  l'affection  est  caractérisée  par  les  squames,  la 
dépilation  et  un  prurit  modéré,  elle  est  complète  ;  elle 
persiste  sous  cet  état  sans  s'accentuer.  Certaines  parties, 
telles  que  les  oreilles,  le  bout  du  nez,  sont  respectées  ;  il 
en  résulte  un  contraste  frappant  entre  les  parties  saines 
et  les  parties  altérées. 

La  maladie  est  très  lente  dans  sa  marche,  sujette  à  de 
nombreuses   récidives,  stable  dans  ses  caractères;  \a  peau 


304  KKllATdSKS. 

ftiriiH'uaevesie  assez  souple  et  naiigmenle  pas  d'i-paissciir. 

Oiiainl  le  pityriasis  occupe  la  crittière  ei  la  queue  ititi,!- 
riasis  rrinalis)  ou  Tune  de  ces  n'-gions.  ledébul  île  la  uiala- 
die  passe  inaperçu  en  raison  de  la  longueur,  de  lépaisseur 
des  crins  et  de  la  malpropreté  de  la  peau.  O  n'est  que 
lorsque  ralTedion.  marqure  par  un  prurit  assez  intense, 
a  fait  beaucoup  de  [irogrès,  (jue  laltenlion  du  propriiHaire 
est  ('veillée. 

La  maladie  progresse  lentement  :  les  crins  tombent 
peu  à  peu  ;  ils  deviennent  clairsemés,  coupés  à  des  hau- 
teurs diverses  par  le  frotlenient  de  l'animal  contre  la 
paroi  de  la  stalle,  surtout  si  la  maladie  siège  au  niveau 
de  la  queue.  Dans  cette  région,  la  peau  devient  [dusépaisse. 
plus  dense;  les  l'ollicnles  pileux  s"atro])liienl,  le  derme  se 
sclérose,  la  perte  des  poils  est  irréparable  [queue  de  rat). 

Quelquefois  le  pityriasis  a  son  ])iège  dans  V axe  des  épia 
soit  du  flanc,  soit  de  l'encolure.  (>l  a.  par  conséquent,  tou- 
jours une  forme  linéaire  très  limitée  :  c'est  le  jiHt/riasis 
spiceus  ou  (Vcpi  de  !\I(''gnin.  Cette  varii'dé  disparaît  pen- 
dant riiivcr  pour  se  nionirci'  di'  nouveau  le  printemps  et 
l'été. 

Pronostic.  —  i/alTeclion  esl.  pai-  elle-même,  (b'miée  de 
toute  gravité.  Elle  n'empéclie  Jamais  l'utilisation  des  ani- 
maux et  n'a  aucun  retentissement  sur  la  sauté.  C.epen- 
daid.  elle  olfre  le  grave  inconvénient  de  déligurer  les  che- 
v;iii\,  particulièrement  les  animaux  de  luxe,  qui  perdent 
leurs  crins. 

Diagnostic.  —  Le  pityriasis  est  une  maladie  facile  à 
rcionuaili-e  :  ou  ne  peut  la  confondi'e  qu'avec  la  j/rt/c 
psoroplique  ou  avec  Vcrzcma   sec  île  la  tète. 

Elle  se  dislingue  de  la  ju-emière  jtar  l'absence  de  suin- 
tement et  de  parasites  acariens,  soit  à  la  crinière,  soit  h 
la  queue;  par  le  peu  de  tendance  (juelle  a  à  s'étendre. 

Elle  se  dislingue  de  la  seconde  par  le  défaut  d'éruption 
à  toutes  les  «'"poques  de  son  évolution  et  le  manque 
d'(''paississement  du  tégument.  De  plus,    W'czéma  procède 


SOLIPÈDES.    PSOHIASIS.  305 

par  plaques  peu  étendues  et  indépendantes  ;  le  pityriasis 
se  d(''velop[ie  en  surface. 

Traitement.  —  Le  traitement  de  cette  maladie  exige 
surtout  des  soins  locaux. 

On  peut  modiller  le  régime  des  animaux,  donner  des 
aliments  doux,  laxatifs,  du  vert,  des  prép.^rationsalcalines, 
telles  que  le  bicarbonate  de  soude  ou  les  diurétiques, 
sel  de  nitre.  afin  de  rendre  Ihyperémie  cutanée  moins 
intense. 

Les  médicaments  a{)pliqués  localement  sont  les  plus 
efficaces;  les  soins  de  propreté  entrent  en  première  ligne. 
Il  suffit  très  souvent  de  frictionner  la  région  malade  au 
savon  noir  ou  au  savon  de  potasse  pour  obtenir  une  gué- 
rison  rapide.  Sinon,  on  peut  compléter  les  bons  effets 
de  ces  frictions  par  des  applications  de  pommade  de 
goudron,  pommade  à  la  créosote,  à  la  naphtaline,  par 
des  frictions  à  l'huile  de  cade,au  phénol,  par  des  lotions  à 
l'eau  phéniquée.  à  l'eau  de  goudron.  O'iand  ces  niovens 
échouent,  on  peut  recourir  aux  frictions  de  pommade 
boriqviée  ou  à  l'oxyde  de  zinc. 

Enfin,  quand,  malgré  tous*  les  soins  de  propreté,  on  ne 
peut  venir  à  bout  d'empêcher  les  chryniix  de  se  frotter, 
il  faut  laver  fréquemment  la  région  malade  avec  le  to- 
pique suivant  : 

Acide  salicylique o  grammes . 

Glycérine 15         — 

Esprit-de-vin 300        — 

et  appliquer  journellement  de  la  pommade  à  l'ox^'de  de 
zinc. 

II.  -  PSORIASIS. 

Définition.  —  Maladie  caractcrisce  par  l'épaississement 
de  la  7)t'(7».  la  congestion  du  derme,  la  rougeur  du  tégu- 
ment,  quand  Vépiderme  n  offre  pas  de  pigmentation,  et  par 
le  développement  de  squames  lamellemes  ou  de  croûtes 
blanches  rpaisses  et  adhérentes. 


30C  kKHAloSES. 

La  congcslion  dv  la  peau  est  le  i)oinl  de  départ  d'une 
hypertrophie  des  papilles  et  d'une  multiplication  des 
cellules  du  corps  niufjueux,  dont  la  croissance  est  exa- 
gérée à  toi  poini  que  ces  jeunes  cellules  épidermiques  se 
kératinisent  avec  une  grande  rapidité.  Cliniciuement,  ce 
lait  se  traduit. ,  chez  le  clievuL  par  la  formation  do 
squames  disposées  en  écailles,  sèches,  blanc  grisâtre  ou 
noirâtres  quand  un  épanchement  sanguin  ou  purulent  ou 
quand  des  poussières  se  mélangent  à  la  sécrétion  épider- 
mique. 

.Malgré  leur  ailhéroncc  au  légumont.  ces  sijuamos,  l'on- 
dillées,  crevassées,  peuvent  être  détachées.  C'est  une  ma- 
ladie régionale,  symétrique,  à  caractère  rebelle  ou  incu- 
rable; elle  s'aggrave  toutes  les  fois  que  le  sang  se  porte 
abondamment  à  la  peau,  comme  pendant  la  chaleur  de 
l'été;  elle  diminue  et  passe  inaperçuo  pendant  Thivor,  dos 
que  le  sang  se  retire.  Lorsqu'elle  s'est  implantée  sur  un 
organisme,  elle  j-eviont  périodiquement  dans  les  mêmes 
régions.  La  maladie  \w  délorniino  qu'un  |)rMril  modéré  et 
n'altéro  jioint  la  santé  générale. 

Étiologie.  —  Le  psoriasis  est  une  maladie  Iréipiente 
pondant  les  grandes  chaleurs.  L'.i/k'.  le  nnilel  puis  les 
rJievaux  communs  y  sont  très  sujets.  L'induence  irritante 
exercée  par  la  boue,  le  piu-in.  les  poussières,  la  lonle  des 
extrémités  no  sullisent  pas  à  expliquer  son  développement. 
Son  origine  parasitaire  externe  n'est  pas  établie  ;  la  limi- 
tation nette  des  plaques  de  psoriasis  et  leur  évolidion 
centrifuge  ne  sont  pas  des  preuves  sulïisantes.  La  symétrie 
habituelle  des  foyers  de  psoriasis  n'est  pas  un  élément 
certain  <!(>  son  origine  nerveuse.  Sa  nature  est  inconnue. 

Symptômes.  —  Cotte  maladie  des  extrémités  et  dos  plis 
de  llcxion  des  articulations,  notamment  chez  r,/'//t',  s'a[i- 
pelle  mala)i<lie  lorsque  lo  mal  siège  au  pli  du  genou  ; 
solandre,  quand  il  siège  an  |)li  du  jai'ret  ;  mal  d'à  ne  et 
crapaudinc,  quand  il  se  développe  au  niveau  du  bourrelet 
et  qu'il  altère  la  production  cornée;  mules,  travemincs. 


SOLIPEDES.   PSORIASI; 


307 


pciijnes,  teignes,  quand  il  se  localise  au  tendon  et  au  ni- 
veau des  fanons.  Toutes  ces  dislinctions  ne  méritent  pas 
d'être  conservées  ;  il  suffit  de  savoir  que  le  psoriasis  des 
extrémités  ne  dépasse  pas  le  genou  ou  le  pli  du  jarret, 
régions  ([ui  sont  très  souvent  le  lieu  d'élection  de  la  mnla- 
die.  susceptible  néanmoins  d'envahir  aussi  le  pli  du  patu- 
ron, de  se  développer 
plus  souvent  encoi'e  au 
niveau  de  la  couronne 
et  du  bouri'flet  {mal 
d'(inr),  appelé  ainsi 
parce  que  ï'nne  est 
l'animal  le  plus  sou- 
vent atteint  de  ce  type 
morbide. 

L'évolution  de  cette 
maladie  est  surtout 
uniforme. 

Au  début,  la  peau  se 
tuméfie,  devient 
chaude,  douloureuse, 
rouge  chez  les  ani- 
maux privés  de  pig- 
ment ,  puis  elle  se  plisse, 
s'indure,  se  gerce,  se 
fendille,  par  suite  des  mouvements  des  articulations  et 
des  déplacements  de  la  peau.  Il  se  produit  ainsi,  au  niveau 
des  surfaces  de  flexion,  des  articulations  envahies,  des 
crevasses  ou  fissures  intéressant  plus  ou  moins  le  tégu- 
ment; elles  sont  sans  cesse  meurtries  par  les  mouvements 
d  extension  et  de  flexion  des  membres  malades,  par  les 
trottements  de  l'animal  qui  éprouve  de  légères  démangeai- 
sons, accrues  par  les  piqûres  de  mouches  pendant  l'été. 

Sous  ces  influences  divei'ses,  les  plaies  et  crevasses  se' 
recouvrent  d'exsudations  séreuses,  sanguinolentes,  qui 
deviennent  parfois  purulentes  quand  le  mal  est  invétéré. 


Hg.  03.  —  Psoriasis   symétrique  de  la  face 
antérieure  de  la  coui'onne  chez  le  cheval. 


308  KKHATOSKS. 

La  peau  ost,  cxroi-ii'-c,  saignanlo.  irn-giilièreiiicnl  hoiir- 
geonnanlo,  iilcéroo  :  les  boiirgoons  charnus  sont  do  mau- 
vaise natiin;,  ils  ont  peu  de  tendance  à  se  cicatriser. 

Les  animaux  sont  inutilisables:  ils  boitent  beaucoup  en 
soi-tant  de  l'écurie,  lèvent  eonvulsiveinent  les  membres, 
présentent  un  engorgement  considérable  des  exlrémilés; 
l»uis,  par  Texercice,  la  soulTrance  diminue,  rcngorgemcnt 
se  résorbe,  mais  les  crevasses  s'agrandissent.  A|)rcs  quel- 
ques heures  de  repos,  le  membre  est  plus  engorgé  que  la 
veille;  les  lymphaliques  sont  enflanimés,  l'intervalle  des 
crevasses,  remj)li  de  sang,  et  les  boui-geons  charnus  sont 
en  voie  de  mortification.  Quand  la  maladie  présente  ces 
caractères,  elle  doit  être  considérée  comme  incurable  ; 
elle  s'atténue  pendant  l'hiver;  le  suintement  disparaît,  les 
plaies  se  cicatrisent,  mais  les  elTels  de  la  maladie  n'en 
persistent  ])iis  moins  :  la  peau  reste  épaissie,  indurée, 
dépourvue  de  poils  ou  n'en  présente  que  de  très  rares 
et  de  très  gros;  elle  est  toujours  itrédisposée  aussi  aux 
crevasses,  qui  se  montrent,  de  nouveau,  dès  le  reloiu-  du 
printemps. 

Ordinairement,  la  peau  demeui-e  toujours  sèche,  déuu- 
nudéc  :  il  se  forme  des  croiites  épaisses,  saillantes,  paral- 
lèles, dis[)osées  Iransversalement. 

Après  plusieurs  récidives,  les  engorgements  des  meui- 
bres  malades  amènent  peu  ;"i  peu  Vrpniasissemnil  du  tissu 
conjonclif  sous-ciilaué.  cpii  slivpcrlroijliie  parfois  d'une 
manière  si  notable  (pi'il  détermine  cet  le  altération  dési- 
gnée sous  le  nom  d'r/rpluniliasis. 

Les  variétés  du  psoriasis  des  extrémités  comprennent 
certaines  crevasses  qui  se  développent  au  pli  du  ])aturon, 
certaines  inllaiinnations  chroniques  du  bourrelet  cl  de  la 
couronne. 

l^xceptionuellement.  le  psoriasis  se  développe  aux  fesses. 
aux  épaules,  aux  flancs  sous  forme  de  traînées  croû- 
teuses,  blanches  et  nacrées  et  d'aspect  plâtreux  {psoriasis 
ijyrala)  ou  de  plaques  nunnnulaires  de  la  dimension  d'une 


SOUPÈDES    —  PSORIASIS.  309 

pièce  d'un  franc,  ressemblant  aux  plaques  trichophvtiques 
(Mégnin.  Perrussel).  Peu  à  peu,  ces  taches  s'agrandissent, 
ac(iuièrent  les  dimensions  d'une  pièce  de  5  francs  ou 
même  de  la  paume  de  la  main,  et  prennent  la  forme 
annulaire.  Elles  s'allongent  ensuite,  deviennent  ovalaires, 
en  forme  de  fer  à  cheval  ou  de  demi-lune  et  s'étendent 
quelquefois  à  la  plus  grande  partie  de  la  fesse  (Cadéac). 

Les  croûtes  étant  détachées  de  la  peau  à  laquelle  elles 
adhèrent,  on  voit  leur  face  interne  plus  unie,  plus  foncée 
que  la  face  externe;  l'épiderme.  dénudé,  offre  une  surface 
noire,  sèche,  glabre,  très  brillante  et  parsemée  d'infundi- 
bula  qui  sont  les  orifices  des  follicules  pileux  privés  de 
leur  contenu. 

L'affection  peut  mettre  près  d'un  an  à  se  développer 
entièrement;  elle  peut  occuper  alors  la  moitié  de  la  fesse, 
puis  elle  s'éternise;  elle  procède  par  poussées  plus  ou  moins 
brusques  d'une  durée  variable  qui  résistent  quelquefois  à 
tous  les  traitements. 

Anatomie  pathologique.  —  Le  psoriasis  consiste  analo- 
miquement  dans  une  altération  de  la  kératinisalion  mar- 
quée par  une  stratification  de  la  couche  cornée  disposée 
en  lamelles  superposées. 

Le  corps  muqueux  est  hypertrophié  et  très  épaissi  (acan- 
those)  entre  les  papilles  allongées  (papillomatose).  La 
desquamation  est  déterminée  par  le  clivage  et  la  friabilité 
des  lamelles  cornées. 

La  membrane  sous-squameuse  est  formée  de  lits  de 
cellules  malpighiennes  aplaties  ;  elle  est  mince  et  molle  en 
raison  de  la  disparition  du  stratum  granulosum  et  de  la 
persistance  de  noyaux  aplatis  dans  les  cellules.  Le  moindre 
frottement  de  cette  surface  peut  blesser  les  papilles  vas- 
culaires  qui  y  affleurent. 

Diagnostic.  —  Le  psoriasis  est  reconnaissable  à  son 
siège,  aux  caractères  des  croûtes,  à  sa  marche,  à  ses  réci- 
dives fréquentes,  à  son  incurabilité.  Cette  afTection  se 
développe  surtout  aux  extrémités  et  se  distingue  bien  net- 


310  KKRATOSKS. 

loinenl  des  ciiiix-aux-jambcs  of  du  ci-apaud  par  lahscnce 
<le  sécrétion  fétide  et  Ihypcrtropliie  dos  papilles.  Quant 
au  psoriasis  des  parties  supi-rieiires  du  corps.  (\o  nouvelles 
recherches  sont  nécessaires  pour  le  dill'érencier  macrosco- 
piquement  des  maladies  parasitaires,  de  Vhcrpcs  tonsuidits 
ou  des  autres  afîections  eczémateuses. 

Pronostic.  —  Le  psoriasis  est  la  dartre  morte  par 
excellenee;  sa  marche  est  lente  et  silencieuse;  sa  durée 
mdélinie  ;  son  début  insidieux,  son  évolution  irrégulière. 
Tantôt  elle  ne  s'accuse  que  par  quelques  démimgeaisons; 
tantôt  elle  laisse,  après  chaque  poussée,  des  traces  indélé- 
biles, des  déformations  de  la  couronne,  du  sabot  :  elle 
nuit  à  l'utilisation  des  sujets  et  résiste  à  tous  les  traite- 
ments. 

Traitement.  —  Il  consiste  essentiellement  dans  des 
moyens  locaux.  Il  comprend  deux  étapes  : 

d°  DÉCAPAGE.  —  On  débarrasse  les  pla<pies  de  leur  en- 
duit squameux  avant  «le  faire  agir  les  médicaments.  Les 
bains,  les  a|)plicalions  émollientes,  les  onctions  de  vase- 
line, de  fiommade  à  l'axonge,  les  savonnages  réalisent  celte 
condition. 

2°  ïopiQUKs  HÉDicTErus.  —  Lcs  agents  réducteurs  les 
plus  eflîeaces  sont  l'huile  île  cade,  les  goudrons  sous  forme 
de  pommade,  de  glycérolés  ou  même  à  l'état  pur.  Il  faut 
empêcher  les  animaux  de  se  mordre,  de  se  frotter,  les 
soumettre  au  repos  dès  que  les  premières  crevasses  se 
produisent,  juv-server  les  régions  malades  des  mouches, 
désinfecter  les  plaies,  les  tenir  propres  afin  d'empêcher  les 
germes  septiques  de  se  déposer  à  leur  surface  et  d'être 
absorbés.  Quand  l'affection  a  déterminé  la  protluclion  d(> 
plaies,  il  faut  recouvrir  celles-ci  de  {)Oudres  astrin- 
gentes ou  désinfectantes  (tanin,  poudre  d'écorce  de  chêne, 
oxyde  de  zinc,  alun,  chlorure  de  chaux,  etc.).  On  doit 
aussi  badigeonner  le  pourtoiu-  de  la  plaie  avec  de  l'huile 
empyreumatique  afin  d'éloigner  les  mouches. 

Un    moyen,    employé  avantageusement,  consiste  dans 


BOVIDÉS.  PITYRIASIS.  311 

rapplicalion  d"un  pansement  antiseptique  i  lavage  avec  une 
solution  fie  sublimé  corrosif,  iodolorme,  sous-nitrate  de 
bismuth  répandu  sur  la  plaie)  ;  on  obtient  ainsi  rapide- 
ment la  cicatrisation  des  crevasses. 

Si  raiTection  tend  à  passer  à  l'état  chronique,  il  faut  la 
réveiller  par  des  frictions  d'huile  de  cade.  par  des  appli- 
cations de  goudron,  de  coaltar,  qui  sont  d'excellents  sicca- 
tifs; il  est  quelquefois  nécc'^saire  d'employer  les  caustiques 
(nitrate  d'argent,  cgvptiac,  poudre  de  Rousselot,  ferrouge) 
ou  d'exciser  même  les  bourgeons  quand  ils  deviennent 
exubérants. 

Quand  la  maladie  envahit  le  bourrelet  et  le  sabot,  on  a 
recours  à  des  applications  de  goudron  et  à  divers  autres 
moyens, 

III.  -  CORNES   CUTANÉES. 

Ces  kératomes.  caractérisés  par  des  excroissances  qui 
ont  la  forme,  la  consistance 
de  la  corne,  ont  une  origine 
embryonnaire  (Voy.  Mala- 
dies de  la  peau  et  des  vais- 
seaux, in  Pathologie  chirur- 
gicale). Ils  se  développent 
généralement  au  niveau  «lu 
cou  du  y^fx'u/^Forgeot)  et  du 
mouton  (Even  et.  Reibel). 

II.   —  BOVIDÉS. 

I.  —   PITYRIASIS. 

Le  pityriasis  du  bœut'esi 
une  maladie  sans  gravité, 

qui  se  développe  au  fanon  et       ng.  64.  _  Corne  cutanée  (Forgeot). 

àlanuque  sous  l'influence  de 
la  malpropreté,  de  l'anémie 
par  défaut  d'aliments,  de  maladies  chroniques  et  de  la  dia- 


312 


KKRATOSES. 


thèseda  ri  rciise.  Elle  se  caracti'rise.comiiio  chez  les  au  très  ani- 
maux.parla  productiond'une  poussière  itianchàtreel  abon- 
daiilr,  loiijourssèche,  que  labrosse  détaclie  sans  difficulté. 
Traitement.  —  11  consiste  à  savonner  la  peau,  à  la  laver, 
ou  il  la  lotionner  avec  du  carbonate  de  potasse. 


11.  —  CORNES  CUTANÉES. 

Les  cornes  cutanées  sont  fréquentes  à  rencontrer  clioz 
les  niiniiiniits;  elles  renferment  quelquefois  au  centre  des 
îlots  osseux  (fig.  04).  Nous  avons  étudié  ces  kératoses  dans 
patliologic  chirurgicale  (Maladies  de  la  peau  et  des  vais- 
seaux, p.  236). 

III.  —  ICHTYOSE. 

("ietleiv('ratose  diffuse  on  presque  généralisée  n"aété  obser- 
vée ipie  chez  le  venu,  qui.  à  la  naissance,  semble  recouvert 

I 


....l 


V 


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l'ig.  6.").  —  llyperkëriilose  ou  iclityose  congénitale  du  veau. 

\,  derme;  2,  corps  muf[ueiix  de  Malpighi  ;  3,  couclic  cornée  considéral>le- 
inent  é])aissie. 

d'une  carapace  épidermiipiequi  empêche  la  sortie  des  poil  s 
(fig.  63.)  (V'^oy.  Maladies  de  lapcau^l  des  vaisseaux,  p.  231). 


CHIEN.    PITYRIASIS.  313 

III.  —  CHIEX. 

I.  —  PITYRIASIS 

Le  pityriasis,  ou  dartre  farineuse  du  chien,  est  caracté- 
risé par  la  formation  au  niveau  de  la  tête,  du  cou,  du  dos, 
de  squames  blanches,  sèches,  qui  ressemblent  assez  bien 
à  de  la  farine  ou  à  du  son. 

Cette  maladie  s'observe  de  préférence  chez  les  chiens 
d'appartement  qui  mangent  beaucoup  de  friandises.  Cepen- 
dant on  peut  rencontrer  aussi  des  cas  de  pityriasis  parmi 
les  chiens  de  garde,  et  parmi  tous  les  chiens  à  longs 
poils  i terre-neuve,  etc.).  On  ne  l'observe  guère  chez  ceux 
qui  sont  atteints  d'eczéma  ruhrum:  c'est  une  affection  des 
chiens  adultes  ou  âgés. 

Symptômes.  —  La  tête,  le  cou  et  le  dos  présentent  une 
grande  quantité  de  pellicules;  elles  sont  toujours  pulvé- 
rulentes et  se  détachent  d'un  fond  toujours  sec.  Pourtant 
la  peau  se  modifie  :  elle  devient  rosée  ou  noire  et  se 
dépile  par  plaques  qui  sont  généralement  bien  délimitées. 

Quelquefois  le  derme  reste  entièrement  sain,  et  la  ma- 
ladie est  uniquement  caractérisée  par  une  sécrétion  épi- 
dermique  exagérée,  sécrétion  qui  est  presque  toujours 
restreinte,  limitée  à  une  surface  plus  ou  moins  étendue. 
C'est  l'une  dos  fesses,  un  côté  du  corps  qui  sont  ainsi 
atteints  ;  l'affection  s'accompagne  d'un  prurit  modéré. 

Pronostic.  —  11  est  peu  grave. 

Traitement.  —  A  l'intérieur,  administrer  des  purgatifs, 
de  l'eau  arsenicale,  de  la  liqueur  de  Fowler;  modifier  le 
régime,  supprimer  la  viande,  le  sucre  et  les  autres  frian- 
dises, afin  de  rendre  ralimentation  moins  excitante. 

Localement,  le  traitement  peut  consister  dans  des  lo- 
tions alcalines  de  bicarbonate  de  soude,  de  potasse  à 
4  i».  100,  dans  des  lotions  de  sulfure  de  potassium  ou  de 
bisulfite  de  soude  à  3  ou  4  p.  100,  dans  des  bains  alcalins, 
Caué.\c.  —  Patliologie  interne.  VIL  18 


314 


KKHATOSES. 


OU  siiirui'ciix,  dans  dos  bains  do  son  on  do  saponaire  [)Oiir 
assouplir  la  peau. 

11.   —  ACANTHOSIS  NIGRICANS. 

Colle  ini^Iadie  osl  earaelôriséo  par  un  aceroissenieni 
modéré  de  la  oouche  cornée,  dos  végiHalions  pnpilloma- 
teuscs  disséminées  ou  agglomérées,  par  une  auguH'nlalion 
de  la  pigmentation  de  la  couche  cornée,  du  corps  papil- 
laire  et  du  pourtour  des  glandes  et  des  vaisseaux  sanguins. 
Cette  maladie,   décrite  par  Schindelka  et  étudiée  par 

Ilabaclicr,  a  été 
0  hser  vée  trois 
l'ois  par  llutyra 
et  Marek. 

Ses causes  soni 
inconnues  ;  on 
l'observe  chez  les 
jeunes  animaux. 
i'.lioz  Vhoinine. 
cotle  dermatose 
est  nroscpie  tou- 
joursTexprossion 
d'un  cancer  la- 
tent. Une  irrita- 
lion  de  l'appareil 
A.  nerveux    svmpa- 

'"'"'  lliiipie     péricap- 

sulairo  dos  glan- 
des surrénales 
n'y  est  probable- 
ment pas  étran- 
gère. 

Symptômes. 
—  Los  l'overs  de 
prédilection  de  cette  maladie  régionale  et  sjmélritiue  sont 
le  creux  axillaire,  le  pli  des  genoux,  les  laces  latérales  des 


;fiL, 


66.  —  C/i'ipii  iMt'\ni  il  nra/it/iosis  nigrirans 
(CadOac). 


CHIEX.  CORNES  CUTANEES.  315 

iloigis,  la  peau  des  bourses.  le  voisinage  de  Tanus,  la  face 
inférieure  de  la  queue,  le  voisinage  des  commissures  des 
lèvres  et  des  paupières.  La  peau  de  ces  régions  se  déiiile, 
s'épaissit,  se  plisse,  devient  rugueuse,  se  fonce  et  prend 
l'aspect  du  cuir. 

La  pigmentation  varie  du  gris  bleu  au  brun  noir;  les 
papilles  végètent  :  la  surface  devient  papillomateuse;  les 
plis  cutanés  s'accentuent  et  les  sillons  sont  ainsi  de 
plus  en  plus  profonds  :  la  peau  est  râpeuse  ;  la  desqua- 
mation est  peu  appréciable;  mais  le  prurit  est  fréquent. 
Parfois  le  processus  s'étend  aux  doigts  jusqu'aux  griffes 
et  même  aux  muqueuses,  mais  celles-ci  ne  sont  jamais 
pigmentées;  elles  présentent  seulement  des  granulations 
blanchâtres,  molles,  non  sanguinolentes. 

Diagnostic.  —  Ses  manifestations  symétriques,  la  pig- 
mentation de  la  peau  et  le  peu  d'intensité  du  prurit  per- 
mettent de  la  distinguer  des  ac.ariases  et  même  des  verrues. 

Traitement.  —  Les  soins  locaux  consistent  dans  l'em- 
ploi (le  bains  émollients  (bains  de  son)  et  dans  l'application 
de  pommades,   d'onguent  napbtolé  à  10  ou   13  p.   100. 

A  l'intérieur,  on  administre  des  arsenicaux,  de  l'acide 
salicylique  ou  des  salicylates. 

La  maladie  résiste  souvent  à  tout  traitement  ou  a  une 
grande  tendance  à  récidiver  (1). 

Itl.  —  CORNES  CUTANÉES. 

Ces  productions  ne  sont  pas  rares  chez  les  chiens  et  les 
cliats  au  niveau  du  front,  des  oreilles,  du  cou.  du  ventre, 
du  flanc,  de  la  région  ombilicale,  du  prépuce.  On  les 
observe  également  chez  les  oiseaux  (Voy.  Maladies  de  la 
peau  et  des  vaisseaux,  in  Pathologie  chirurgicale,  p.  278). 

(1)  On  observe  souvent,  dans  l'oreille  du  c/icia/,(les  acanthomes  papillaires, 
aplatis,  blanchâtres,  en  forme  de  verrues,  qui  proviennent  d  une  prolifération 
de  l'épithélium,  puis  du  tis^u  conjonctif  sous-jacent  (Proscholdt).  Mégnin 
attribue  ces  productions  aux  piqûres  des  simulies  (Habacher,  Monaishefte, 
1909,  p.  97). 


CHAPITRb]   IV 
HYPERTROPHIES     CUTANÉES 


La  fondcnsalion  et  répaississeincnt  du  donne  cararlé- 
risent  les  liy|)(>i'lrophios  cidanées. 

I.  —  ÉLÉPHANTIASIS. 

L'éléphanliasis  est  une  maladie  chronique  des  solipèdes 
qui  atteint  principalement  les  extrémités:  il  succède  aux 
plaies  et  à  divers  accidents  traumatiques  (Vov.  Pat/iolor/ic 
chirurgicale:  Maladies  de  la  peau  et  des  vaisseaux,  p.  112). 

II.  —  BOTRYOMYCOSE. 

Celte  maladie,  consécutive  à  une  jilaic  accidentelle  ou 
opératoire,  est  caractérisée  par  une  sclérose  régionale  et 
diffuse  du  tissu  conjonctif  sous-cutané,  aboutissant  ù  la 
production  de  Imneurs  fibreuses  le  plus  souvent  creusées 
de  listulcs  purulentes  {\oy.  liotryomvcose,  in  Pathologie 
chiriirgirate.  t.  I,  p.  2()0). 

I.   —  SCLÉRODERMIE. 

La  sclérodcrmie  est  marquée  par  l'ati-opliii'  du  tissu 
adipeux,  la  rigidité  du  t(''gument  par  Inperli'opliie  ou 
hvperplasie  du  derme  Basset).  On  observe  celle  inodili- 
cation  chez  les  vcrrnls  âgés  (Voy.  Pathologie  chirurgi- 
cale :  Maladies  de  la  peau  et  des  vaisseaux,  j).  '2^'.\). 


'■■f 


CHAPITRK  V 
NEURO-DERMATOSES 

Oa  désigne  ainsi  les  démangeaisons  primitives  et 
essentielles. 

Les  neuro-dermatoses  comprennent  le  prurit  cutané,  le 
prurigo,  le  dermograpliisme  et  le  zona. 

I.  —  SOLIPÈDES. 

1.  —  PRURIT   CUTANÉ. 

Le  imu'it  cutané  ou  démangeaison  est  une  sensation 
particulière  dépendante  des  nerfs  sensitifs  ou  du  sympa- 
Ihique  et  qui  provoque  le  grattage.  11  peut  s'observer  en 
dehors  de  toute  cause  provocatrice  extérieure,  de  toute 
maladie  parasitaire  ou  eczémateuse  apparente  et  semble 
constituer  toute   l'affection. 

Étiologie.  —  Les  auto-intoxications  déterminées  par  la 
néphrite  chronique  (Schindelka),  l'urémie,  les  dyspepsies, 
les  affections  digestives  chroniques  peuvent  lui  donner 
naissance  ;  c'est  le  prurit  dyscrasique.  On  l'a  observé  dans 
l'ictère,  le  diabète,  dans  la  pneumonie,  les  intoxications 
déterminées  par  l'arsenic,  le  mais,  les  vesces,  les  aliments 
altérés.  Les  poisons  modifient  le  système  nerveux,  de  sorte 
que  les  prurits  toxiques  font  intervenir  un  mécanisme 
nerveux. 

.  Les   prurits    nerveux    apparaissent   dans  le    cours   de 
diverses  maladies  nerveuses,   comme   la  rage,  la  para- 
is. 


318  NKriîd-IiKltMATdSES. 

Ijsie  bulbaire  infeclicusc  ou  pseudo-rage,  dans  la  dourine 
dans  la  paralysie  combinée  de  la  queue  et  des  s]diinc(ers 
par  altération  des  voies  sensitives  ;  ils  ont  souvent  une 
origine  réllexe  comme  le  prurit  de  l'anus,  déterminé  par 
les  vers  du  côlon  flottant  ou  du  gros  intestin,  ou  comme  le 
prurit  du  nez  dans  la  pentastniuose  du  chien  et  l'œstrose 
du  mouton. 

Parl'ois  le  prurit  opiniâtre,  qui  se  manifeste  dans  certaine 
région  comme  le  ne/,  les  maxillaires  du  rlievnl  (Frolmer), 
la  queue  du  a/iien  ou  sur  tout  le  corps  des  bovidés,  est 
d'origine  inconnue. 

Symptômes.  —  i.c  prurit  se  li-aduit  |)ar  d(;s  grattages 
modérés  ou  violents,  répétés,  intermittents  ou  continus. 
L'animal  se  frotte  contre  tous  les  objets,  se  gratte  avec 
les  pieds,  se  lèche,  se  mord,  s'excorie  les  tissus  ou  h  s 
arrache. 

Le  besoin  de  se  gratter  dcvicul  (juehpiefois  si  intense 
chez  certains  animaux  (pi'aucun  moyen  ne  parvient  à  les 
en  emi)êcher.  Les  conséciuenees  de  ces  grattages  consistent 
dans  de  l'éry thème,  de  l'eczéma  traumali(pie,  des  exco- 
riations linéaires,  dans  des  infections  impéligineuses,  dans 
des  pyodermites,  des  lymphangites  et  des  hypertrophies 
ganglionnaires. 

II.  —  PRURIGO. 

Le  prurigo  conslilue  ime  dcuiangeaison  persistante  qui 
s'accompagne  de  réactions  cutanées  spéciales  k  physiono- 
mie eczémateuse.  I^e  prurigo,  qui  appnraît  quelquefois  dans 
une  région  limitée  des  exti'émilés  après  une  névrotomic. 
olfre  c(<  caractère.  Il  se  développe  ordinairement  un  mois 
après  l'opération,  au  niveau  de  la  couronne,  sur  les  parties 
latérales  privées  de  nerfs.  .\  la  suite  du  [uurit  et  des 
grattages,  on  voit  se  dessiner  une  plaipie  da[)parence 
eczémateuse,  qui  se  recouvre  de  piipules,  de  vésicules  et 
qui  otVre  bientôt  im  asi»ect  suintant  ou  devient  ulcéreuse 
si  on  ne  la  protège  pas  soigneusement  contre  les  trauma- 


<OLIPEDES. 


DERMOGRAPHISME. 


310 


tisiiics   consécutifs  à  ces  démangeaisons  susceptibles  de 
persister    pen- 
dant un  à  deux 
mois  [[). 

Traitement. 
—  Une  bonne 
hygiène,  un  ré- 
gime  rafraî- 
chissant, des 
purgatifs  salins 
et  des  diuré- 
tiques ont  sou- 
vent raison  du 
prurit  essen- 
tiel. 

Le  traitement 
local  a  égale- 
ment une  gran- 
de importance: 
le  menthol,  le 
phénol,  le  cam- 
phre sont  des 
médicaments 

antiprurigineux  ;  le  gljcérolé  tartrique.  l'huile  de  foie  de 
morue  en  onctions,  la  pommade  à  l'oxyde  de  zinc,  les 
pommades  anesthésiques  composées  de  2  parties  de  co- 
caïne, 5  parties  de  borax  et  200  de  lanoline,  les  lotions 
chaudes  de  créoline  produisent  aussi  de  bons  efli'ets. 


Ki 


Kczénia  d'origine  Irophique. 


III-  —  DERMOGRAPHISME. 

On  désigne  ainsi  l'aptitude  que  possèdent  les  téguments 
de  conserver  les  traces  des  figures  qui  y  sont  dessinées. 
Ce  trouble  des  vaso-moteurs,  bien  connu  chez  ïhomme, 

(1)  Lardeyret,  Trophonévrose  cutanée  accompagnée  de  leucoderniie  chez  le 
cheval   {Jour,  f/es  véh  inilit.,  1909,  p.  46i). 


320 


NEURO-DERMATOSES. 


a  ôtô  signalé  par  l'ôcus  (1)  chez  un  cheval  tiquonr  alli'inl 
d'une  ribolition  dos  réflexes  oculaires  et  d'une  anoslliésio 
de  loulo  la  tête,  exccplé  au  niveau  de  la  région  inassé- 
térine. 

Le  dcrniographismc  pont  être  lapanago  du  nervosisme. 

Les  rayures  fai- 
tes avec  longlc 
et  toutes  les  inu 
pressions  se  tra- 
duisaient par  un 
lii-risseniont  pi- 
leux el  un  sou- 
I évoluent  cutané 
analogu(>  <■  à  co- 
liii  (|iie  pourrait 
produire  une 
l'orde  passée  sous 
Il  peau.  On  |teut 
varier  les  dessins 
ot  simuler  les 
plaquesd'herpès. 
d'échauboulure 
ou  d'anasarquo. 
("otte  réaction  do 
la  peau  os!  per- 
manente ou  in- 
termittente .  On 
la  reconnaît  en  passant  un  stylet  mousse  ou  le  manclie 
d'un  porte-plume  sur  la  peau,  de  manière  à  v  graver  di- 
vers caractères  qui  apparaissent  nettement  au  bout  do 
quelques  minutes  et  persistent  plusieurs  heures. 

Traitement.  —  On  ne  s'occupe  pas  de  ce  troui)lo,  géné- 
ralcnicnt  déi-ouvert  par  hasard. 


Kig.  68.  —  liermographisme  du  cheval  (l'écus). 


(I)  l'écus,  Klude  de  pathologie  comparée  sur  le  deriiiograpliisiiie  du  clievjil 
el  de  l'homme  (Société  centrale,  ;tO  sepl.  l'.U:!). 


CHIEN.    —    ZOXA.  321 

II.    -    CHIEiX. 

I.  —  PRURIT  CUTANÉ. 

Chez  le  chien,  la  maladie  du  jeune  âge  détermine  quel- 
quei'ois  une  exagération  de  la  sensiiMJité  tactile  et  la  dimi- 
nution OH  l'abolition  de  la  sensibilité  à  la  douleur,  de  telle 
sorte  que  l'animal  en  proie  à  une  sensation  prurigineuse 
spontanée  ou  provoquée  par  un  irritant  (moutarde,  etc.), 
peut  se  dévorer  la  queue,  un  membre  ou  une  grande 
étendue  du  corps  (Basset  et  Pécard,  Marchand  et  Petit, 
Charitat,  Blain  etc.)  ;  Voy.  Maladies  du  système  nerveux). 

II.  —  ZONA. 

Le  zona  ou  herpès  zosler  consiste  dans  une  éruption 
vésiculeuse  aiguë  sur  des  plaques  érvthémateuses  canton- 
nées sur  le  trajet  d'un  nerf  sensible,  et  développées  sous 
l'influence  d'une  névralgie^  Cette  alTection  a  été  signalée 
chez  le  fhien  par  Hébrant  (1). 

Symptômes.  —  Cet  animal  présente  des  plaques  circu- 
laires d'eczéma  au  liane  gauche  se  prolongeant  jusque 
sous  le  ventre.  Cette  région  est  le  siège  d'un  prurit  violent  ; 
le  chien  se  mord  cette  région  en  aboyant  avec  fureur. 
Quelque  temps  après,  il  se  mord  le  flanc  droit  avec  la 
même  fureur  que  le  gauche,  et,  deux  jours  plus  tard,  une 
éruption  de  vésico-pustules  fait  son  apparition. 

Traitement.  —  Les  frictions  légèrement  vésicantes  le 
long  de  la  colonne  vertébrale;  les  badigeonnages  de  sali- 
cylate  de  méthyle,  en  solution  dans  l'alcool,  les  pommades 
à  l'extrait  de  belladone  ont  calmé  l'irritation  et  assuré  la 
guéi'ison. 

(1)  Hébrant,  Annales  de  méd.  vél.,  l'JO.3, 


CHAPITRi:   M 
DERMITES    ARTIFICIELLES 

I.  —  SOLIPÈDES. 

Définition. — Ôndcsijiiieainsi  les  iiillainiu.il ions  prodiiiles 
par  (les  causes  mécaniques  physiques  ou  cliiniiques.  Elles 
se  traduisent  [)ar  des  aspects  cliniques  d'une  extrême 
diversité  suivant  l'intensiti'  ou  la  durée  d"iuie  même  cause 
et  le  degré  de  vulnérabilité  du  terrain.  \.o  même  atrent 
peut  [U'ovoquer  des  ('riiplions  entièrement  dissemblables 
(érvllième.  urticaire,  pustules,  etc.  ,  et  des  dermiles  sem- 
blables en  apparence  peuvent  provenir  d'actions  nocives 
entièrement  dilVérentes. 

Examinons  successivement  :  1"  les  dermites  de  cause 
mécanique;  2°  les  dermites  de  cause  physique  ;  'M  les 
dermites  de  cause  cliiiniipic. 

I.  —  DERfVlITES  DE  CAUSE  MÉCANIQUE. 

Les  traumalismes  légers  comme  les  frottements, 
l'irritation  déterminée  par  la  tondeuse,  sont  suivis 
d'cnjthémc,  d'intertriijo.  d'eczéma  Iraiumitiqiic  de  la  queue 
et  des  régions  recouvertes  par  les  harnais. 

Quand  les  pressions  et  les  frottements  deviennent  plus 
éuergiques  et  |)lus  prolongés,  on  voit  apparaître  des  r.rco- 
ridlionx,  des  plaies,  des  crevasses,  des  Inmeurs  saïKjiiùies, 
des  œdèmes  cliauds,  des  (liirillons  ou  callosités  et  des  cors 


SOLIPÈDF.S.    DERMITES    DE    CAUSE    CHIMIQUE.  323 

(Voy.  Pathologie  chirurgicale  :  Maladies  de  la  peau  eL  du 
tissu  conjonclii"  soiis-culané.  p.  1  à  88). 

II.  —  DERMITES  DE  CAUSE  PHYSIQUE- 

La  chaleur,  le  froid,  les  radiations  solaires  engendrent 
de  l'érjthème  {érythème  solaire),  du  lichen  vésiculeux 
{gale  bédouine),  parfois  de  la  gangrène  cutanée  (Voy.  Patho- 
logie chirurgicale,  p.  88  à  95). 

Les  brûlures  et  les  gelures  peuvent  déterminer  l'en- 
semble des  éruptions  et  des  altérations  cutanées  (t.  1, 
Pathologie  chirurgicale). 

Les  rayons  X  produisent  des  radiodermites  extrêmement 
graves. 

m.  —  DERMITES  DE  CAUSE  CHIMIQUE. 

Les  toxiilerinies  externes  embrassent  les  éruptions  pro- 
voquées par  l'application  directe  de  médicaments  irritants 
(acide  phénique,  i'ormol,  sublimé,  mercuriaux,  révulsifs 
comme  la  moutarde,  la  teinture  d'iode,  etc.,  ou  même  la 
vaseline  blonde,  qui  exerce  quelquefois  une  véritable  vési- 
/^ation)  [Rebeillard  (1)]. 

Les  dermites  vénéneuses  déterminées  par  l'ortie,  etc., 
les  dermites  venimeuses  occasionnées  par  les  chenilles 
processionnaires  (  Blaps  mortissaga)  (érythème  vésiculeux 
<les  lèvres  et  du  nez)  (Voy.  Pathologie  chirurgicale  de  la 
peau  et  des  vaisseaux,  p.  9i5),  les  petites  taches  érythé- 
mateuses  produites  par  les  larves  du  trombidion  soyeux 
(Cavalin)  et  par  les  nymphes  d'ixodes  réduves  [Joly, 
Joyeux  (2)]  rentrent  dans  ce  groupe.  Les  divers  érythèmes 
d'origines  diverses  consistent  dans  une  rougeur  congestive 


(1)  Rohi-,  Nys,  Rel)eiliai'd,  Joiirn.  ifp.i  vét.  milit.,  1SU9,  —  Hurel, 
Érylhème  de  l'extrémité  inlérieure  de  la  tète  {Jouru.  de  Lyon,  lOOo, 
p.  "691).  —  Nys,  Revue  vét.,  1907,  p.  412. 

(:;i  Joyeux,  Joiirii.  fies  vét.  mi/it-,  1900  p.  11-'. 


324  DERMITES    ARTIFICIELLES. 

cl  passagère  de  la  peau  circonscrite  ou  (lilïuse,  disparais- 
sant momentanément  sous  la  pression  du  doigt. 

Les  toxidcrmies  de  cause  interne  embrassent  des  éi\v- 
tlièmes,  des  éniptions  et  des  troubles  divers  d'origine 
alimentaire  ;  les  cniptions  scriijucs,  et  l'urticaire,  syndi'onic 
éruplif  d'origines  multiples. 

1°  Toxidermies  alimentaires. 

Les  toxidorniics  aliincninires  sont  iioiiii)reuses  et  très 
variées. 

La  jarosse,  le  millepertuis  produisent  de  l'érjtbème  et 
des  éruptions  cutanées  (Cornevin). 

Les  tourteaux  de  maïs  déterminent  cbez  le  clioviil  une 
maladie  ('ruptive  de  la  région  des  paturons,  analogue  aux 
eaux-aux-jambes,  qui  s'étend  peu  à  peu  sur  la  lace  anté- 
rieure des  membres  et  peut  remonicr  jusipi'aux  genoux 
et  jusqu'aux  jarrets  (Mouilleron  . 

Plus  rarement,  la  peau  de  la  Uxr.c  interne  des  cuisses,  du 
fourreau,  du  voisinnge  de  l'anus  et  du  pourtour  des  yeux 
et  de  la  boucbe  sont  atteints.  L'éruption  est  préin'-dée  d'un 
mouvement  lébrile  d'intensité  variable  ;  elle  est  accom- 
pagnée de  suintement  des  extrémités,  de  squames  dans  les 
autres  régions  et  guérit  dès  qu'on  supprime  les  tourteaux. 

Les  vesces,  la  luzerne  produisent,  quelquel'ois.  cbez  le 
rAe\///.  une  éruption  des  exlréniili's  (Burmeister  et  parfois 
mémo  de  la  muqueuse  buccale.  Les  membres  sont  envabis 
par  une  tumélaclion  œdémateuse  suivie  d'une  exsudation 
séreuse,  qui  se  convertit  en  croûtes. 

■ValimentatioH  mélassce  produit  (pielquefois  une  exsu- 
dation séreuse  au  niveau  des  palui-ons   Roder  . 

Le  li-éllc  iTrif'olium  hijhridum)  détermine  souvent  une 
toxidermie  fél)i-ile  caractérisée  par  une  inllanmiation  plus 
ou  inoins  vive  des  parties  blanches  de  la  peau  de  la  tête 
et  des  membres  et  souvent  aussi  de  la  muqueuse  buccale 
(Dammann,  liaultner,  Zipperlein,  iMicbael,  llcrmann  . 


SOLIPÈDES.    —    DERMITES    DE    CAUSE    CHIMIQUE.        32!) 

La  forme  légère  de  celte  toxidermie  se  traduit  par  une 
rougeur  érvthémateuse  et  une  tuméfaction  passagère  des 
n'-gions  précitées.  [Jne  desquamation  abondante  termine 
le  processus. 

Les  formes  plus  graves  s'accompagnent  d'une  coloration 
vioLacée  des  téguments,  d'une  tuméfaction  intense  et  d'une 
vive  sensibilité  des  régions  affectées.  Sur  ce  fond  érythé- 
mateux,  se  développent  des  vésicules  qui  acquièrent  une 
coloration  jauniUre  et  laissent  écouler  un  liquide  séreux 
<iui  s'épaissit  et  se  concrète  en  croiltes.  L'infection  pyogène 
s'ajoute  fréquemment  à  l'intoxication  :  il  se  forme  du  pus 
qui  jaillit  entre  les  croûtes  desséchées,  provoque  leur  chute 
et  prolonge  la  maladie  d'une  quinzaine  de  jours.  La  durée 
de  la  maladie  dépend  aussi  de  diverses  causes  qui  peuvent 
l'augmenter,  telles  que  le  prurit,  Tintlammation  des 
glandes  sébacées,  les  lymphangites  suppurées. 

Certaines  formes  graves  de  ces  toxidermies  se  traduisent 
par  la  nécrose  sèche  des  parties  atteintes,  par  de  la  stoma- 
tite phlegmoneuse,  des  ulcérations  cutanées,  de  l'ictère, 
des  coliques,  des  ti'oubles  nerveux  (Haubner,  Kovals, 
Friedi)erger  et  Frohncr). 

Traitement.  —  Les  toxidermies  alimentaires  s'arrêtent 
et  s'effacent  généralement  dès  qu'on  supprime  l'aliment 
nocif.  Les  formes  graves  nécessitent,  en  outre,  un  traitement 
local  qui  est  analogue  à  celui  de  l'eczéma  (enveloppement 
humide,  lavages  désinfectants,  poudres  absorbantes).  La 
stomatite  est  combattue  par  des  gargarismes,  les  troubles 
nerveux  par  les  calmants,  les  purgatifs  et  les  diui'étiques. 

2°  Toxidermies  sériques. 

Les  sérums  immunisants  sont  susceptibles  de  déterminer 
des  éruptions  témoignant  d'une  hypersensibilité  qui  se 
traduit  par  des  réactions  intenses  sous  l'influence  de  doses 
minimes.  Cette  sensibilité  croissante  à  l'action  des  -albu- 
mines proprement  dites  est  connue  sous  le  nom  d'anaphy- 
Cadéac.  —  Pathologie  interne.  VII.  19 


320  DEUMITES    AUTIFICIELLES. 

laxie.  Elle  permet  d'expliquer  les  poussées  d'érjtlième, 
durticaii'C  ou  d'eczém.i  qui  succèdent  à  lingestion  ou  j\ 
rinjoction  de  telle  on  Icllc  substance  regardée  comnio 
inolTcnsive  (1). 

L'injection  de  sérum  antipneumonique  dans  30  p.  100 
des  cas  (Bartels),le  sérum  anticliarbonneux  dans  10  p.  100 
des  cas  (Alexandrescu  et  Ciuca),  provoquent  la  réaction 
iinaplivlaclique.  La  malléine,  la  tuherculine,  le  sérum 
anlitétaiiique  possèdent  un  pouvoir  anapliylactogène 
remarquable,  dû  à  la  présence  de  l'albumine  spécilique  du 
bacille  tuberculeux,  du  bacille  morveux  ou  du  bacille  téta- 
nique (2). 

L'injection  d'une  albumine  étrangère  à  l'économie  peut 
se  traduire  par  des  signes  d'inlolérance  (anapliylaxie  natu- 
relle) ou  créer  une  sensibilisation  telle  que  les  injections 
do  cette  substance,  pratiquées  ultérieurement,  agissent 
comme  de  véritables  poisons  (anapliylaxie  arlilicielle). 
La  séro-anaphylaxie  est  la  forme  la  plus  commune  de 
cette  intoxication  par  des  matières  albuminoïdes.  Les 
troubles  consécutifs  à  la  sérothérapie  n'évoluent  qu'après 
une  période  d'incubation.  C'est  que  la  substance  albumi- 
noïde  introduite  n'est  pas  la  substance  toxique  qui  pro- 
voque la  réaction  anaphylactique.  Le  sérum  ne  fait  que 
provoquer,  dans  l'organisme  uneréactionqui  engendre  des 
anticor[)s.  La  durée  de  cette  incubation  atteint  souvent 
huit  à  quatorze  jours.  Pendant  ce  temps,  les  anticorps  se 
forment  en  quantité  sul'lisante  pour  acquérir  le  pouvoir  de 
détruire  les  albumines  étrangères  circulant  dans  le  sang. 
Habituellement  l'anaphvlaxie  résulte  d'injections  succes- 
sives de  sérum;  la  première  injection  ne  détermine  (pi'une 
sensibilisation  de  l'organisme;  la  seconde.  i)ratiquée  six 
à  dix  jours  après,  se  traduit  par  une  réaction  morbide 
vis-à-vis  de  cette  albumine  ou  de  sérums  chez  un  nombre 
variable  d'animaux  ;  les  manifestations  qu'on  observe  sont 

(I)  Pécherot.  l/anapln laxie  (Jour»,  de  Lyon.  l'.ilJ,  p.  27'.i). 
(J)  Von  Uoidsenlioven,  A  un.  rti;  métl.  tél.,   19  11'. 


SOLIPÈDES.    —   DERMITES    DE    CAUSE     CHIMIQUE.        327 

étroitement    liées    à    ce    séi'utii    ou    à    cette     albumine. 

Symptômes.  —  Quand  l'anaphylaxie  est  naturelle,  la 
première  injection  du  sérum  est  suivie  cinq  à  six  minutes, 
quelquefois  même  trois  heures  après,  de  troubles  divei's 
plus  ou  moins  graves. 

Chez  le  cheval,  on  voit  apparaître  une  éruption  d'urti- 
caire prurigineuse  ou  simplement  un  œdème  de  la  tète  et 
de  l'encolure  qui  peut  s'étendre  atout  le  corps  (Bartels). 

Chez  les  bovidés,  on  observe  de  l'ui'ticaire  généralisée 
extrêmement  prurigineuse,  de  l'œdème  de  la  tête,  des 
mamelles,  des  muqueuses  anale,  vulvaii'e  avec  une  vive 
douleur  au  point  d'inoculation.  On  constate,  en  même  temps, 
une  dyspnée  intense,  de  l'œdème  pulmonaire,  du  jetage, 
de  la  toux,  de  la  salivation,  du  larmoiement,  delà  cyanose 
des  mamelles,  de  l'inquiétude,  de  l'abattement  pendant 
trois  (juarts  d'heure  et,  exceptionnellement,  la  chute  de 
l'animal  avec  contractions  généralisées  et  mort  au  bout  de 
cinq  à  six  minutes  (Alexandrescu  et  Ciuca).  Chez  le  povc, 
on  peut  constater  des  signes  analogues. 

Ordinairement,  tous  les  troubles  s'effacent  en  quelques 
heures  ou  en  moins  d'un  jour. 

Traitement.  —  Le  traitement  ciiratif  de  la  maladie  du 
sérum  est  analogue  à  celui  de  l'urticaire. 

Les  moyens  à  employer  pour  prévenir  les  accidents 
anaphylactiques  sont  directs  ou  indirects. 

Les  moyens  directs  consistent  à  diminuer  la  toxicité  du 
sérum.  Carnot  et  Slavu  ont  constaté  que,  si  l'on  ajoute  au 
sérum  de  l'acide  chlorhydrique  dans  les  proportions  de 
3,3  p.  1  000,  les  cobayes  supportent  deux  doses  mortelles 
de  ce  sérum  sans  présenter  de  troubles  anaphylactiques. 

Le  chauffage  à  56°  enlève  au  sérum  une  grande  partie 
de   sa  toxicité  sans  le  priver  de  son  action  thérapeutique. 

Quand  il  s'agit  de  sérums  très  actifs,  on  doit  aussi  les 
employer  à  dose  très  modérée. 

Habituellement,  le  sérum  de  cheval,  employé  chez  une 
autre  espèce,  n'est  toxique   qu'à  des  doses  supérieures  à 


328  DERMITES   ARTIFICIELLES. 

celles  qui  sont  oinployées  pour  la  guorison  des  l'ornios 
curables  de  la  maladie  [Vallée  et  Finzi  il  J. 

Les  moyens  indirects  agissent  sur  l'individu  en  augmen- 
tant sa  résistance.  Lïntroduclion  dans  le  rectum  d'une 
dose  de  sérum  vingt  minutes  avant  l'injection  sous-cutanée 
curative  provoijue  l'imniunisalion  anli-ana])liylacti(pie 
(BesredUa). 

Si  l'on  entreprend  une  sérothérapie  de  longue  durée,  on 
doit  inoculer  le  sérum  régulièrement  tous  les  jours  de  peur 
de  laissera  l'anaphylaxie  le  temps  de  s'amorcer.  Les  acci- 
dents anaplivlacliques  graves  sont  partiellement  évités  par 
la  substitution  de  la  voie  sous-cutanée  à  la  voie  veineuse. 
Le  chlorure  de  calcium  à  la  dose  de  (i  à  10  grammes,  par 
jour,  pendant  lesjoursde  l'injection  et  les  ijuinze  jours  qui 
suivent,  contribue  aussi  à  empêcher  la  production  de  phé- 
nomènes anaphvlactiques  (Netler). 

IV.  —  URTICAIRE. 

Définition.  —  L'urticaire  ou  rchauboulure  est  carac- 
térisée par  une  éruption  de  plaques  saillantes  arrondies 
ou  ovalaires  de  l'étendue  d'une  pièce  de  2  francs  à  une 
pièce  de  5  francs,  dues  à  une  congestion  exsudative  du  corps 
papillaire  pouvant  s'étendre  à  l'hvpoderme  comme  au 
corps  muqueux  de  Malpighi. 

Celte  éruption,  essentiellement  passagère,  est  déterminée 
par  la  paralysie  des  petites  artérioles,  d'où  résulte  l'afflux 
d'une  très  grande  quantité  de  sang  dans  le  territoire 
qu'elles  irriguent  et  l'épanchement  d'un  exsudai  inllamma- 
toire  ;  elle  est  localisée,  régionale  ou  généralisée  et  peut 
même  atteindre  les  muqueuses  comme  la  bouche,  le 
pharynx,  le  larynx,  gêner  la  respiration  et  produire  de  la 
fièvre.  On  la  voit  apparaître  subitement  el  disparaître 
ordinairement  de  même. 

^l)  Vallée  et    l'iiizi,    Sur    les    modes    irutilisatioii    des  séruins  tlurapcu- 
tiques  (5or;.  centr.  de  tnéd.  vct.,  I'.U1,  i>.  397). 


SOLIPÈDES.    URTICAIRE.  329 

L'urticaire  est  une  simple  manifestation  symptoma- 
tique  des  affections  les  plus  diverses;  c'est  quelquefois 
un  syndrome  accompagné  des  troubles  généraux  ;  mais  ce 
n'est  jamais  une  maladie.  On  l'observe  communément 
chez  \QssoIipcdfs,  moins  souvent  chez  les  rumincinls  ei  le 
poi'i-,  exceptionnellement  chez  \e  chien. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  Des  causes  externes  comme 
les  piqiires  des  moiwlies,  des  Inoiis-,  l'application  d'agents 
irritants  comme  l'essence  de  térébenthine,  l'acide  plié- 
nique,  etc.,  peuvent  produire  l'échauboulure.  Chez  cer- 
tains sujets  prédisposés,  l'irritant  le  plus  banal  et  le  plus 
minime  provoque  cette  éruption  :  un  frottement,  une 
friction,  une  modiflcation  réflexe  des  vaisseaux  cutanés 
engendrée  par  un  refroidissement,  une  pluie,  une  sudation, 
une  course  rapide,  l'eau,  l'air,  la  chaleur  et  le  froid,  etc., 
sont  des  causes  efficientes  chez  les  animaux  prédisposés. 
Elle  apparaît  fréquemment  le  printemps  et  l'automne  chez 
les  animaux  jeunes  et  vigoureux  ou  chez  les  sujets  vieux 
à  peau  sèche  et  adhérente  (1). 

Les  causes  internes  revendiquent  les  agents  excitants, 
irritants  et  toxiques  contenus  dans  les  aliments  comme 
les  principes  toxiques  renfermés  dans  les  fourrages 
artificiels  :  les  animaux  qui  vivent  dans  les  pâturages 
présentent  fréquemment  cette  éruption. 

Les  troubles  digestifs  (catarrhe  gastro-intestinal,  cons- 
tipation), les  changements  brusques  de  régime,  sont  une 
source  de  fermentations  intestinales  anormales,  dauto- 
intoxications  et  d'échauboulure.  Les  sérums  animaux, 
les  sérums  antitoxiques  provoquent  souvent  de  l'urti- 
caire. 

Les  toxines  des  microbes  jouent  un  rôle  considérable 
dans  l'apparition  de  l'urticaire  qui  accompagne  la  gourme; 
les  pneumonies  infectieuses,  la  fièvre  tvphoïde.  On  peut  la 
voir  succéder  à  une  injection  de  malléine  ;  elle  constitue  une 

(Il  Nicolas,  Urticaire  et  symptômes  nerveux  chez  le  cheval  dus  à  l'action 
(le  l'ortie  (^oc.  centr.,  1907). 


330  DERMITES    ARTIFICIELLES. 

inanileslalion  iinportanto  de  la  doiirino  et  de  diverses 
trvpanosonioses. 

Symptômes.  —  Elle  (It'hiile  bnisqiieinent.  sans  fièvre  ou 
avec  iH'ii  lie  lièvre, par  iineèruplion  de6o«<o»saplatisnet(e- 
ment  circonscrits,  du  diamètre  d'une  pièce  de  1  franc, 
atteignant  quelquelois  celui  d'une  pièce  de  5  francs,  et 
d'une  hauteur  de  1  centimètre  au  maximum.  Ces  plaques, 
nettement  séparées  au  début,  se  multiplient  en  quelques 
heures  et  se  confondent  pour  constituer  des  ligures 
irrégulières  qui  ne  répondent  à  aucune  description.  Celle 
éruption  s'accuse  par  le  hérissement  et  la  sécheresse  des 
poils  et  par  des  saillies  mamelonnées  au  niveau  desquelles 
la  peau  est  rouge  ou  légèrement  violacée  quand  elle  est 
dépourvue  de  pigment.  Discrètes  ou  confluenles,  ces  saillies 
sont  toujours  irrégulièrement  disposées,  et  elles  donnent  au 
doigt  (|ui  les  comprime  la  sensation  d'un  (Pdème  récent 
exempt  de  prurit  qniuid  léruplion  n'est  pas  déterminée 
par  l'aclion  directe  de  substances  irritantes  (fig.  (i9  . 

Leur  siège  est  variable;  tantôt  l'urticaire  est  loca- 
lisée à  la  tète,  à  l'encolure,  sur  l'épine  dorso-lombaire,  sur 
les  côtes  et  sur  les  fesses  ;  tantôt  elle  se  développe  sinnd- 
tanément  sur  les  deux  faces  de  l'encolure,  les  épaules, 
la  poitrine,  l'abdomen,  le  train  postérieur  :  l'éruplion 
est  généralisée.  Les  extrémités  des  membres  seules  sont 
généralement  respectées. 

Son  évolution  est  rapide,  tpiçlle  que  soit  son  (Hendue; 
toutelasurfacedu  corps  seiouvre  de  plaques  en  une  demi- 
heure.  Chez  la  plupart  des  individus,  on  les  voit  disparaître 
en  quelques  heures  sans  laisser  de  traces.  Chez  d'autres, 
on  constate  un  léger  hérissement  et  un  reflet  terne  des 
poils,  rpii  prennent,  plus  tard,  une  coloration  foncée  en 
raison  de  b'ur  hypernutrition.  Parfois,  on  voit  d'autres 
éléments  s'ajouter  à  l'échauboulure  :  des  rcsiculcs. 
des  phltjctèiies  peuvent  se  développer  sur  les  boutons.  On 
voit  se  produire  alors  des  exsudations  et  des  croilles 
suivies   de  la   chute    des    poils   et   de    lamelles   épider- 


SOLIPEDES. 


URTICAIRE. 


331 


iniques  dont  la  dos(iuamatioii  commence  une  semaine 
après.  L'échauboulure  offre  alors  la  physionomie  d'une 
dermite  séreuse  [Dagès  (I)]. 

Exceptionnellement,  l'échauboulure   peut   atteindre  la 
muqueuse  oculaire,  nasale,  pharyngienne,  laryngienne,  la 


Vig.  69.  —  Petites   plaques  (l'échauboulure. 

muqueuse  du  gros  intestin,  gêner  la  respiration,  s'accom- 
pagner de  tuméfactions  œdémateuses  considérables  et  d'un 
véritable  réseau  de  lymphangites  (fig.  70).  L'échauboulure 
dorigine  orliée  s'accompagne  d'excitation  générale  et  de 
parésie  du  train  postérieiu*  (Nicolas).  On  peut  voir  cette  ma- 


(1)  Dagès,  Recueil  de  méd.  vèf..,  1894,  p.  441. 


332 


DERMITES    AltTIFICIKM-KS. 


ladie  récidiver  plusieurs   lois  dans  lii  même  année;  ni.ii 
liabitiiollenienl,c"estune  manifestation  passagère,  bénigne 

par  excellence,  qui 
disparail  par  résolu- 
lion  sans  laisser  la 
moindre  trace. 

Diagnostic.  - 
Lurlicaire  est  une 
des  maladies  les  plus 
faciles  à  dépister. 
L'apparition  brusque 
des  i)laques  et  leur 
répartition  irrégu- 
lière à  la  surface  du 
corps  de  si>li[ii-dcs 
i)ien  portants  la  font 
inimédiatement  re- 
connaître. 

Les  boutons  de 
farcin  s'en  distin- 
guent par  leur  dis- 
tribution régulière 
sur  le  trajet  des  vais- 
seaux lymplialifpies 
el  parleur  tendance 
à  persister,  à  su|)pu- 
rer  ou  à  s'indurer. 

ÏJmiasai'qiic  seule 
engendre  des  érup- 
tions analogues  à 
celles  de  l'écliaubou- 
lur(\  \  signaler  leiu-  tendance  à  disparaître,  à  se  repro- 
<luire  uniformément  dans  ces  deux  maladies,  ("est  même 
ce  qui  lésa  fait  souvent  confondre;  pourtant  Vanasanjuc 
s'en  distingue  ])ar  la  présence  de  pétécbies  sur  la  piliii- 
taire,  par  la  conversion  plus  ou  moins  riipide  des  boutons 


<î5^'."- 


70.   —  lk-li;uil)Ouliiic  avec  un  réseiiu 
(le  lymphaiig-ites. 


BOVIDÉS.    URTICAIRE.  333 

œdémateux  en  larges  plaques  d'œdème  et  par  la  persistance 
de  la  fièvre,  signe  essentiellement  passager  de  l'échau- 
boulure. 

Traitement.  —  L'urticaire  est  une  des  maladies  les  plus 
bénignes;  elle  dispai'ait  souvent  sans  aucun  traitement; 
les  soins  hygiéniques  suffisent  généralement  pour  assurer 
la  guérison  des  malades.  11  faut  diminuer  la  ration, 
donner  une  alimentation  raiVaîcliissnnte.  légèrement 
laxative.  ai  ronipagnée  de  purgatifs  :  sulfate  de  soude, 
de  magnésie,  etc.,  pour  faire  disparaître  tous  les  troubles 
cutanés.  Les  diuréticpies  sont  également  indiqués. 

II.  —  BOVIDÉS. 

Les  dermites  mécaniques  des  liovidés  se  traduisent  par 
des  callosités  ou  durillons:  les  dermites  physiques  sont 
peu  importantes;  mais  certaines  dermites  cliiniitiues  ont 
chez  les  bovidés,  une  gravité  particulière.  Les  toxidermies 
d'origine  alimentaire  peuvent  même  s'accompagner  d'énan- 
thèmes  des  muqueuses  buccale,  pharyngée,  quelquefois 
même  d'œdème  du  larynx,  etc..  comme  dans  l'iodisme, 
fhydrargyrisme. 

Le  porc  présente  des  érythèmes  symptomatiques  du 
rouget,  de  la  peste,  les  niniinants,  au  début  de  la  fièvre 
aphteuse,  de  la  vacc-ine.  et  à  la  suite  de  l'ingestion  de 
plantes  et  de  tourteaux. 

1.  —  URTICAIRE. 

Étiologie. —  Lespiciùres  des  tcions.  des  moarhcs,  l'in- 
gestion de  fanes  de  pommes  de  terre,  de  seigle  vert,  d'épis 
de  maïs,  de  vesces.  de  sainfoin,  de  trèfle,  les  brusques 
changements  de  régime  sont  les  principales  causes 
provocatrices.  Parfois,  on  observe  l'urticaire  chez  les 
bovins  porteurs  de  larves  d'hypoderme  (Strose),  chez   les 

19. 


331-  Dlili.MITES    ARTIFICIELLES. 

v-7r/yrs eu  1)011  ('hil  [Taplcoii  {^)]  [Mw  l'étcntion  prolongée 
<lii  Ifiil  dans  la  mamelle  [Hoiillier  et  Delannoy  (2)];  il  s'agit 
dans  ces  cas  (l'iiiie  liypersensibililé  de  l'organisme  à  l'égard 
des  snbH(an('(>s  ,ill)miiinoïdes  résorbées.  On  pent  la  voir 
siiccimIci-  aussi  anx.  injei'lions  de  liibercnline. 

Symptômes.  —  L'éruption  caraclérislique  est  quelque- 
fois précédée  d'une  salivation  abondante,  d'inquiétude 
et  d'agitation  et  d'une  lièvre  intense  40,9  [Eggeling, 
Albreclil  3].  Puis,  brusciuement.  réru|)tion  apparaît  dans 
diverses  parties  du  corps  comme  la  tête,  l'encolure,  l'abdo- 
men, les  parois  thoraciqiies,  les  membres,  les  lèvres,  les 
ailes  du  nez,  les  [jaiipières.  Toutes  les  muqueuses  voi- 
sines des  ouvertures  naturelles  sont  également  atleinles. 

]^cs  paupières  et  le  pourtour  des  yeux  s'infiltrent;  les  yeux 
deviennent  saillants  et  larmoyants;  un  oedème  volumineux 
envahit  le  muffle,  la  tète,  la  gorge  ;  le  pis  enfle  énormé- 
ment et  devient  ex! reniement  sensible;  le  corps  se  couvre 
de  plaques  de  la  largeur  d'une  pièce  de  cinquante  cen- 
times à  celle  d'un  franc;  les  lèvres  delà  vulve  présentent 
une  inlillralion  intense  el  deviennent  iiiamelonnées  ;  la 
peau  de  cette  région  est  luisante,  rosée  ;  la  muqueuse 
vagin;ile  est  également  infiltrée  et  tendue.  Parfois  la 
nuKjueuse  pliaryngo-laryngée  es!  envahie  par  l'œdème,  et 
l'animal  fait  entendre  un  bruit  de  cornage  intense  accom- 
pagné de  signes  asphyxiques  ;  il  peiil  inêiiie  succomber 
[Albrecht,  Wysniann  (i)|. 

LV-ro/w^ton  est  exIrèniiMiii'iil  rapide  :  la  mort  peut  sur- 
venir en  moins  d'une  heui'e  dans  les  formes  graves:  la 
durée  de  l'échauboulure  des  Ar/\ //j.s  dépasse  rarement  plus 
de  cinq  à  six  heures  (Luccl.  Tapken,  Schleg,  Wysniann): 
les  boulons  disparai.sseni  presque  aussi  vite  qu'ils  sont 
venus;  ils  ne  laisseiil  pas  de  trace. 


(l)Tn|)kcn,  Mniialxliofte  f.  /iralct.   Tipr/ipilh-.,  1809. 
(!')  iloullier  et  Delannoy,  Jouriinl  ilc  I.ijon,  lOÛit,  p.  :!5l'. 
(:i)  .Mbrecht,    Monafx/tefic  f.  TieiurcC,    ['MO,  p.  iG. 
(4)  Wysniann,  Sr/ttceiscr  Arch.  f.  Tirrheil/i,  IW.i,  p.  34. 


HÛVIDKS.    TOXIDERMIE    ALIMENTAIRE.  385 

Pronostic.  —  Suivant  que  rinlorveution  est  rapide  ou 
(ardive,  le  pronostic  est  variable  ;  si  l'on  intervient  hâti- 
vement, il  est  bénin  ;  mais,  si  Ton  attend  trop  longtemps,  il 
devient  grave  et  l'on  peut  voir  mourir  les  vaches  en  moins 
d'une  demi-hein-e  ;  les  bètes  pleines  avortent  quelquefois 
[Bedel  (1)]. 

Diagnostic.  —  Le  coryza  gangreneux  se  difïérencie  par 
la  persistance  de  la  fièvre  ;  Vandsarquc,  par  l'extension 
de  l'œdème  aux  parties  déclives  comme  le  dessous  du 
ventre  et  de  la  poitrine.  La  congestion  pulmonaire  s'accom- 
pagne d'une  dyspnée  analogue;  mais  on  ne  constate  pas 
d'd'dènic  exlérieur. 

Traitement.  —  Les  cii'constances  étiologiques  de  cette 
"maladie  nous  indiquent  le  traitement.  La  mulsion  immé- 
<liafe  et  la  saignée  s'imposent.  Souvent,  la  traite  seule 
l'ait  disparaître  les  symptômes.  Dans  la  suite,  un  purga- 
tif, des  diurétiques,  une  demi-diète,  ramènent  entièrement 
la  santé. 

11.  —  TOXIDERMIE  ALIMENTAIRE. 

Définition.  —  Sous  cette  appellation,  nous  désignons 
l'ensemble  des  troubles  généraux  et  cutanés  déterminés 
par  les  drêchcs  de  pommes  de  terre  et  quelquefois  par 
le  marc  de  raisin.  Cette  intoxication  est  communément 
décrite  sous  le  nom  û! eczéma  des  dréches  de  pommes  de 
terre  ou  de  maladie  éruptive  des  bêtesbovines  des  distilleries. 
Elle  est  fréquente,  chez  les  animaux  de  l'espèce  bovine,  à 
l'engraissement^  ou  chez  les  vaches  en  stabulation  perma- 
nente, en  raison  de  la  proportion  relativement  élevée  de 
tubercules  qui  entrent  dans  l'alimentation  de  ces  animaux. 
Mais  les  autres  espèces  n'en  sont  pas  à  l'abri;  on  l'a  ren- 
contrée, en  effet,  chez  le  cheval  (Ohlman),  chez  le  poulain 
dont  la  mère  est  nourrie  avec  des  pommes  de  terre  ger- 
mées  ou  les  pelures  de  pommes  de  terre  (Gros-Claude  et 

(1)  Bedel,  Urticaire  œdénialeuse  aiguc  des  bovidés.  (.S'oe.  di's  sciences  vét., 
1909). 


336  DERMITES    AlniFI(:iEM.ES. 

Frank),  chez  le  chien,  le  povc  rerevaiiL  une  iniiiriiliiic 
riche  en  pommes  de  terre. 

Son  apparition  remonte  au  commencemenl  de  ic  sinle  ; 
elle  atout  d'abord  été  observée  en  Allemagne;  Spinola  la 
signalée  en  1827  et  décrite  plus  complètement  en  18:U). 
Depuis  elle  a  été  étudiée  par  Zurn,  Obieli.  .lolme.  Ual)e. 
Ileiss,  Brantigam  et  les  vétérinaires  belges. 

Elle  est  assez  rare  en  France,  où  les  animaux  ne  sont 
qu'exceptionnellement  nourris  avec  les  pommes  de  terre. 
Cependant  Lignières  a  vu  39  bêles  sur  b2  mourir  de 
cette  alinicntation. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  Celle  inloxifalion  est  géné- 
ralement iir()|»oi-li()nnclle  à  la  <iuanlité  des  dréclies  absor- 
bées :  80  litres  de  pulpes  par  jour  et  par  béte  avec  peu  de 
fourrage  sec  provoquent  chez  des  animaux  de  500  kilos  une 
afl'ection  générale  très  intense;  léruplion  cutanée  produite 
par  iO  litres  est  restreinte  et  bénigne;  les  rations  inférieures 
sont  inolfensives,  hormis  certains  cas  d'intolérance  ou 
d'hvpersensibililé  telles  que  certains  sujets  réagissent  à  des 
doses  minimes.  Les  j)ommes  de  terre  crues  à  la  dose  de 
16  kilos  peuvent  déterminer  une  violente  éruption.  Les 
feuilles  et  les  fanes  de  pommes  de  terre  provoquent  aussi 
la  maladie  (Marlcer).  Mais  il  y  a  des  diiVérences  sensil)les 
suivant  les  saisons  et  les  années.  On  observe  principale- 
ment cette  toxidermie  au  printemps.  Les  sources  de  cette 
intoxication  paraissent  multiples  : 

1°  La  solanine  n'y  a  (pi'une  faible  part:  les  pommes 
de  terre  qui  en  sont  dépourvues  provoquent  la  maladie.  De 
plus,  celle-ci  ne  s'accompagne  pas  des  phénomènes  narco- 
tiques, et  l'on  est  inq)uissant  à  la  déterminer  à  l'aide  de  la 
solanine  ; 

"1°  La  potasse  renfermée  dans  les  pommes  de  terre 
(Qe^S  par  litre  de  drèches  de  pommes  de  terre)  agit  princi- 
palement comme  iri-itant  du  tube  digestif,  puis  comme 
poison  nmsculaire,  !?ans  qu'on  puisse  lui  attribuer  celle 
ériq)lion  eczénialil'orme  : 


BOVIUKS.    —    TOXIDEIIMIE    ALIMENTAIDE.  337 

3°  Les  alcools  supéricurft  contenus  dans  les  drèches  se 
retrouvent  dans  les  résidus  de  distillation  des  grains,  dont 
l'ingestion  est  inotïensive  ; 

-4°  Les  acides  acétique,  lactique,  butyrique  et  les  pro- 
duits de  la  fermentation  des  pommes  de  terre  ne  peuvent 
être  incriminés  pour  un  motif  analogue  ; 

5°  Les  toxines  microbiennes  et  les  microbes  ont  leurs  par- 
tisans sans  plus  de  fondement.  Toutes  ces  causes  peuvent 
s'allier:  la  potasse  irrite  le  tube  digestif, trouble  l'assimila- 
tion, engendre  des  fermentations  secondaires  etdes  toxines, 
(pii.  résorbées  et  véhiculées  par  le  sang,  vont  s'éliminer  en 
masse  chez  les  vaclies  laitières  dont  le  lait  détermine  la 
diarrhée  chez  les  veaux  et  une  éruption  cutanée  chez  les 
enfants.  Chez  les  animaux  a  l'engraissement,  l'élimination 
par  les  émonctoires  est  moins  aisée  ;  l'accumulation  de  tous 
ces  produits  uniformes  devance  l'accoutumance  ou  la 
mithridatisation.  Or  tout  produit,  tout  sel  accumulé  a 
haute  dose  dans  Torganisme  devient  toxique  ;  toute  intoxi- 
cation peut  s'accompagner  de  manifestations  cutanées  ;  la 
toxidermie  peut  être  envisagée  comme  un  effort  élimina- 
toire du  toxique  par  les  téguments.  On  peut  la  regarder 
ainsi  comme  un  phénomène  d'ordre  anaphylactique.  L'ani- 
mal qu'on  engraisse  de  drèches  de  pommes  de  terre  peut 
acquérir  une  sensibilité  croissante  à  l'égard  de  cet  aliment, 
ce  qui  permet  d'expliquer  la  ditférence  de  sensibilité  que 
présentent  à  cet  égard  les  divers  sujets  d'une  même  étable, 
qui  supportenthabituellement  pendantdeux  àtroissemaines 
le  régime  sans  présenter  de  troubles  ap])réciables.  Les 
vaches  laitières  sont  exceptionnellement  malades  ;  elles 
éliminent  rapidement,  par  le  lait,  les  principes  toxiques 
qu'elles  ont  absorbés  ;  les  bœufs  en  liberté  sont  moins 
malades  que  ceux  qui  ne  sortent  pas  de  l'étable.  Les  drèches 
de  maïs  sont  susceptibles  de  produire  une  maladie  analogue, 
mais  plus  grave  (Schruder.  Paris). 

Le  (rèfle,  la  moutarde  blanche,  les  pulpes  de  betteraves, 
le  houblon,   les    tourteaux   de   maïs,  la  luzerne  peuvent 


338  PERMITES   ARTIFICIELLES. 

(IfHcrininer  ilcs  cniplions  analotfuos  ^{oinliai't.  Drulorlcin. 
Si|)p,  Zanil)a,  Hodor.  Kiilin,  Higoloaii.  Marol;;. 

Symptômes.  —  Avec  un  niouvemonl  lélirilc  plus  on 
moins  afciisi'"  accompagné  d'inappélonco,  do  constipation, 
do  diarrhée,  d'alTaiblisscment  progressif,  on  constate  des 
symplùnies  locaux  caractéristiques,  qui  ap|taraissent  ordi- 
nairement vers  le  troisième  jour.  Les  extrémités  présen- 
tent de  la  rougeur,  de  la  chaleur,  de  la  douleur  et  de  la 
tuméfaction  au  niveau  des  paturons. 

l'nis  l'engorgement  envahit  le  boulot,  gagne  le  jarret, 
la  lace  interne  d(>s  membres,  quelquefois  les  testicules  et 
les  mamelles;  il  peut  même  s'étendre  sur  tout  le  li'onc, 
se  localiser  au  bord  supérieur  du  cou  et  recouvrir  la  poi- 
trine, le  venti-e,  le  dos,  la  queue,  l'anus.  Dans  toutes  ces 
régions,  le  poil  se  hérisse,  la  peau  se  plisse,  se  ride,  se 
fendille  et  ressemble  à  l'écorce  rugueuse  du  platane:  la 
démarche  devient  raide,   le   lever  difficile. 

Dans  les  points  où  le  tégument  est  congestionné,  prin- 
cipalement vers  les  ])lis  articulaires,  il  se  form(>  bientcM 
des  ccsiciilcs  petites,  aplaties,  conlluciilcs.  (|ui  ne  lardent 
pas  il  se  réunir:  elles  crèvent  rapidemcul  cl  ((invertissent 
la  surface  de  la  peau  en  vastes  plaques  humides.  La 
sérosité  se  concrète  et  se  convertit  encroides  très  épaisses 
et  très  étendues. 

En  même  temps,  les  gerçures  des  plis  ai'ticulaires  se 
transforment  en  crevasses  qui  s'infectent  et  sont  suivies 
de  lymphangites.  ])arfois  d'abcès  cutanés,  de  mortification 
de  placards  cutanés  et.  exceptionnellement,  d'infection 
septique  et  purulente,  ou  d'une  diarrhée  épuisante.  Les 
vnclics  pleines  avortent  fréquemment. 

Parfois  aussi  la  bouche  se  couvre  d'iilaralions  de  la 
grosseur  d'une  pièce  de  50  centimes,  situées  vers  le  bord 
édenté  dé  la  niAchoire  supériem-e  ;  elles  sont  congestion- 
nées à  la  périphérie,  piu"ulentes  au  centre,  tuméfiées  sur 
les  bords.  Elles  ressend)lent  aux  apitles  en  voie  de  cica- 
trisation. Les  stomatites  pseudo-aphteuses  sont   l'exprès- 


BOVIDÉS.    TOXIDERMIE    ALIMENTAIRE.  339 

sion  d'un  grand  nombre  d'intoxications  alimentaires  et 
microbiennes  (Vov.  Stomatites,  t.  I.  Habituellement,  les 
troubles  généraux  disparaissent  avec  la  cessation  du  régime 
reculent;  les  crovites  et  les  poils  tombent;  on  observe  une 
desquamation  cutanée  intense,  et  la  guérison  se  complète 
en  quelques  semaines:  mais  tous  les  troubles  qui  pré- 
cèdent se  reproduisent  si  l'on  reprend  ce  régimenocif  ;il  y  a 
aussi  dos  animaux  prédisposés  qui  tombent  plusieurs  fois 
malades  dans  le  cours  d'une  année  pendant  que  d'autres, 
placés  dans  les  mêmes  conditions,  résistent.  Cbez  les  mou- 
tons, on  peut  observer  un  prurit  intense  sans  éruption 
visible  (Schindelka). 

Marche.  —  La  marche  de  la  maladie  est  lente  ;  elle 
ne  dépasse  pas  le  stade  érythémateux  dans  les  foi'mes  très 
bénignes  et  guérit  en  deux  à  quatre  semaines;  elle  se 
trahit  par  une  éruption  intense  dans  les  formes  graves, 
principalement  quand  l'alimentation  toxique  est  continuée 
ou  que  les  animaux  sont  maintenus  dans  de  mauvaises 
conditions  hygiéniques;  elle  peut  durer  plusieurs  mois. 

Lésions.  —  Les  lésions  que  l'on  observe  consistent  en 
des  altérations  inflammatoires  de  l'intestin  et  de  la  peau. 

Le  TUBE  DIGESTIF  irrité  offre  les  caractères  de  Y  entérite 
aigm  ou  de  Ventérite  chronique,  suivant  la  rapidité  de 
l'empoisonnement.  L'intestin  grêle  est  toujours  la  partie 
malade;  les  autres  organes  sont  sains,  sauf  le  cerveau  et 
les  méninges,  qui  accusent  toujours  un  certain  degré  de 
congestion.  La  viande  ne  parait  nullement  imprégnée  du 
poison;  elle  ne  diffère  de  la  viande  des  animaux  sains  ni 
par  l'odeur,  ni  par  la  saveur  ;  elle  est  inôtîensive,  mais 
quand  l'intoxication  remonte  à  une  date  ancienne,  les 
chairs  sont  rouges,  saignantes,  fiévreuses,  et  doivent  être 
rejetées  de  la  consommation. 

Pronostic.  —  On  a  vu  le  nombre  des  victimes  de  cette 
intoxication  atteindre  20  p.  100  ;  mais,  aujourdlnu.  on 
évite  les  accidents  graves  par  ime  alimentation  moins 
uniforme. 


340  DKRMITES    ARTinCIELLES. 

Diagnostic.  —  La  maladie  détcrminc'C  par  Tingostion 
(lo  |ioiiiin<'s  (le  Icrre  peut  ("'Ire  confondue  :  l^*  avec  les 
caux-aiix-jauibes  ordinaires  ;  2°  avec  la  gale  symbiotiiiiie 
des  exliv'mités;  3°  avec  la  fièvre  ai)hleiise. 

1°  Eaux-aux-jambes  ordinaires.  —  Dans  les  cas  peu  graves 
d'intoxication,  l'image  clinique  est  souvent  la  même  dans 
les  deux  maladies  ;  mais  les  eaux-aux-jambes  ne  dépas- 
sent pas  les  genoux  et  les  jarrets;  elles  se  caractérisent 
par  de  la  rougeur,  des  vésicules  et  une  desquamation 
épidermique  très  intense. 

2°  Gale  des  extrémités,  ou  CjAle  symbiotique.  —  (".cite 
maladie  est  superficielle,  bénigne,  ne  se  généralise  pas, 
présente  toujours  le  caractère  de  la  (îferonicité  et  n'abou- 
tit qu'à  la  formation  de  s(|uaines.  tandis  que  l'eczéma  des 
pulpes  de  pommes  de  terre  est  plus  aigu,  plus  profond, 
souvent  bumide.  accompagné  toujours  de  la  production 
de  vésicules  et  souvent  d'une  désorganisation  du  tégu- 
ment. 

;{"  FiKVKE  aphteuse.  —  Ottc  maladie  ('ruptive,  conta- 
gieuse, se  localise  dans  la  bouclie.  sur  les  mamelles  et 
aux  extrémités,  principalement  à  la  naissance  des  onglons, 
sur  tout  le  pourtour  de  la  couronne,  sur  le  canal  biflexe  : 
elle  est  très  contagieuse  et  n"a  rien  d(>  commun  avec  la 
maladie  des  pommes  de  terre. 

Traitement.  —  Le  moyen  le  plus  simple  et  le  plus  ralion- 
nel  pour  guérir  cette  maladie,  c'est  de  supprimer  entière- 
ment cette  alimentation,  ou  tout  au  moins  de  la  réduire 
à  des  ]U"oporlions  telles  qu'elle  devienne  compatible  avec 
la  santé  <les  animaux.  Ainsi,  (]uand  on  n'administre  que 
10  à  20  litres  de  pulpe  aux  auinuuix,  il  n'y  a  pas  d'intoxi- 
cation ;  il  suflit  de  substituer  à  l'excès  de  pulpes  de  pommes 
de  terre  soit  des  pulpes  de  maïs  ou  de  grains,  soit  des 
fourrages  secs,  ipiand  il  n'y  a  pas  pénurie  de  ces  aliments. 
L'addition  de  cbaux  i50  à  100  grammes  par  50  litres  de 
drêcbes  ou  d'eau  de  cbaux.  2  à  ;}  litres  par  jour',  est  très 
avantageuse  (llaubner,  .Siedamgrolzky).  Les  drécbes  per- 


MOUTON.    DEUMITE    ÉKYSIPÉLATEUSE.  341 

dent  leurs  propriétés  nocives  quand  elles  sont  soumises  à 
l'action  do  la  vapeur  à  60o(Eggeling).  Les  animaux  malades 
mis  en  liberté  ou  promenés  guérissent  aussi  très  rapide- 
ment ;  on   doit  tenir  Télable  très  propre. 

A  ce  traitement  hygiénique,  on  peut  adjoindre  un  trai- 
tement thérapeutique,  qui  n'a  de  chance  détre  efficace 
qu'autant  qu'on  a  supprimé  la  cause  du  mal.  Quand  la 
maladie  est  superUcielle,  on  peut  se  contenter  de  lotionner 
les  membres  malades  avec  de  l'eau  chaude  ;  on  maintient 
ainsi  la  région  très  propre,  et  l'on  pratique  ensuite  des 
onctions  avec  de  l'axonge,  avec  du  cérat  camphré  ou  sa- 
turné,  avec  de  la  glycérine  saturnée.  Rabe  préconise  un 
mélange  de  goudron  et  de  savon  (1  partie  de  goudron. 
2  parties  de  fleur  de  soufre,  2  parties  d'alcool,  ou  de 
l'huile  phéniquéo  à  5  p.  100.  Tous  les  astringents  en  solu- 
tion ou  en  poudre  peuvent  suffire  :  écorce  de  chêne,  poudre 
de  tan,  décoction  de  ces  produits,  eau  blanche,  sulfate  de 
cuivre,  lait  de  chaux  chloruré. 

II!    —  MOUTON. 

Le  mouton  est  exposé  à  des  dermites  mécaniques  sim- 
ples engendrées  par  le  tondage  et  à  des  dermites  physico- 
chimiques communément  désignées  sous  le  nom  de  fago- 
pyrisme  ou  iïérysipèle  facial  :  il  peut  être  affecté  aussi 
d'urticaire  analogue  à  celle  des  bovidés. 

DERMITE  ÉRYSIPÉLATEUSE.  —   FAGOPYRISME. 

Définition.  —  Cette  affection,  connue  sous  le  nom  de 
fayopyrisme,  d'crysipéle  facial,  est  déterminéeparlalumière 
solaire  et  des  aliments  spéciaux;  elle  est  caractérisée  par 
une  rougeur  subite  et  diffuse  de  la  tête,  par  une  éruption 
polymorphe  et  quelquefois  m'éme  par  la  nécrose  de  la 
peau  du  chanfrein  avec  inflammation  secondaire  des 
muqueuses  oculaire  et  nasale.  On  l'observe  principalement 


:U2  DERMITES    AIITIFICIELLKS. 

clu'zlcs  ni(nil(jijsc[  lesporrs,  rureinent  chez  les  Jjovi(l('\<  i), 
les  c/ii'vvos,  et  exceptionnellomenl  chez  les  rln'vntix 
|);iiiiinann). 

Étiologie.  —  L'ingestion  de  sarrasin  {Pulyijonum  fnijo- 
pyriim)  et  de  quelques  autres  plantes  de  la  même  famille 
a  été  regardée  jusqu'à  nos  jours  comme  la  cause  de  cette 
maladie.  C'est  qu'on  avait  remarqué  que  les  bêtes  à  laine 
que  l'on  fait  pdturer  dans  les  champs  de  sarrasin,  quand 
ces  plantes  commencent  à  diMleurir  et  à  porter  des  graines, 
sont  les  [tius  exposées  à  cette  alTection  i Dupuy). 

Moisanl  rapporte  que,  dans  un  troupeau  composé  de 
(jiiîilre  cents  bêtes  et  de  cent  cinquante  agneaux,  tous  les 
animaux  soumis  à  cette  alimentation,  à  la  bergerie,  furent 
atteints  de  celte  maladie.  La  ronsommalion  de  la  paille, 
des  balles  ou  du  son  paraît  même  susceptible  d'engendrer 
la  même  intoxication  que  la  plante  verte.  L'érnpiion  peul 
se  manifester  quinze  jours  après  l'ingestion  de  la  piaule  si 
les  animaux  sont  exposés  au  soleil. 

La  lumière  paraît  indispensable  à  la  niauii'estalion  île 
ces  efTets  :  Widing  a  constaté  (jue  les  accidents  locaux 
sont  d'autant  plus  intenses  que  les  sujets  sont  plus  blancs 
et  qu'ils  demeurent  plus  longtemps  exposés  à  la  lumière 
diffuse  ou  à  la  lumière  solaire  directe.  Des  animaux  sou- 
mis à  la  même  alimentation  et  maintenus  à.  l'obscurité  ne 
présentent  aucune  éruption.  Les  vaches  à  robe  pie  ne  pré- 
sentent de  signe  d'érythème  qu'au  niveau  des  parties 
claires  de  leur  tégument;  les  parties  de  peau  enduites  de 
goudron  n'olfrenl  pas  d'exanthème  (Finsen).  On  a  d'ail- 
leurs reconnu  que  cette  dermite  frappe  plus  fréquemment 

(I)  (iiiiltard  n  signale';  clicz  le  bœuf  une  afl'ectioii  analogue  caractérist-e  par 
(k'S  croûtes  grisâtres  plus  ou  moins  foncées,  disposées  en  plaques  irrégulières 
sur  la  nnu|ueuse  du  muffle,  et  de  la  face  interne  des  lèvres  jusque  sur  les 
gencives.  Elle  déhule  par  do  petits  points  rouges  ressemblant  à  une  piqûre 
d'épingle,  ou  par  de  petits  foyers  hémorragiques,  qui  augmentent  d'étendue 
et  acquièrent  les  diiuensions  d'une  lentille  et  engendrent  des  croûtes  (pii 
justifient  la  dénomination  de  noir-niuseau.  Celte  maladie  a  sévi  dans  une 
étable  où  se  trouvaient  des  i-a'-Zcs  atteintes  de  vaginite  granuleuse  (Guittard. 
Progrès  viil.,  1900). 


MOUTON.  DERMITE  ÉRYSIPÉLATEUSE.       3*3 

les  moutons  blancs  et  les  agneaux  que  les  animaux  noirs. 

L'action  du  sarrasin  et  de  la  lumière  solaii'e  a  été  éta- 
blie expérimentalement,  chez  la  souris  blanche  et  le 
cobaye,  par  Ohmke,  qui  a  constaté  que  le  sarrasin,  traité 
par  l'alcool .  perd  son  pouvoir  nocif,  tandis  que  l'extrait 
agit  efficacement  sur  les  animaux  blancs. 

On  ne  peut  accorder  un  grand  crédit  à  ces  observations 
depuis  qu'on  a  vu  cette  maladie  —  ou  une  maladie  ana- 
logue —  sévir  sur  les  moutons  noirs  comme  sur  les  blancs, 
chez  les  animaux  n'ayant  jamais  mangé  de  sarrasin 
comme  chez  ceux  qui  en  sont  nourris  (Moussu).  Cette  der- 
mite  n'est  pourtant  ni  inoculable,  ni  contagieuse  ;  on  peut 
faire  cohabiter  impunément  les  animaux  sains  avec  un 
grand  nombre  de  malades  (Dupuy). 

Symptômes.  —  La  maladie  apparaît  brusquement  chez 
les  anhnaux  qu'on  conduit  au  pâturage. 

Bien  portants  à  la  bergerie,  ils  manifestent,  dès  qu'ils 
sont  à  l'air  libre,  une  congestion  soudaine  de  la  face,  des 
oreilles,  des  paupières,  des  narines,  des  lèvres,  du  cou, 
parfois  même  du  pourtour  de  la  vulve  et  de  tout  le  corps 
(Moisant). 

Ces  parties  deviennent  chaudes,  rouges,  un  peu  doulou- 
reuses, prurigineuses.  A  ces  manifestations  locales  du 
début  se  joignent  quelquefois  des  symptômes  généraux  qui 
semblent  accuser  une  mtoxication  des  animaux  malades; 
le  pouls  est  accéléré,  l'artère  est  tendue:  on  remarque  de 
la  raideur  dos  membres  et  une  sorte  d'ivresse  avec  agita- 
tion de  la  tète  ;  les  bêtes  malades  bêlent  fréquemment, 
courent  çà  et  là.  tournoient  rageusement  ou  se  livrent  à 
des  mouvements  involontaires  et  pi'ésentent  de  l'hébé- 
tude, du  vertige,  des  convulsions  épileptiformes  (Dupuy). 
En  même  temps,  une  crnptiou  de  pustules  et  de  vésicules 
se  produit  au  niveau  des  surfaces  congestionnées  et 
œdématiées;  ces  pustules  sont  arrondies,  de  la  grosseur 
d'un  petit  pois  à  la  face,  lenticulaires  et  plus  rares  aux 
commissures  dos  lèvres;  leur  contenu  est  aqueux  et  jau- 


344  DEHMITES    ARTIFICIELLES, 

nAlre  ;  leur  évolution  est  rupide  ;  elles  s'oiivrenl  sponla- 
némenl  ou  plutôt  sont  déchirées  par  des  frottements;  le 
prurit  est  très  intense:  les  animaux  se  Trottent  même  la 
tête  contre  les  murs. 

La  face  se  couvre  ainsi  de  croiUeft  fom-ées  qui  se  des- 
sèchent vite  et  deviennent  adhérentes;  on  ne  peut  les 
détacher  qu'avec  de  grands  efforts  et  en  faisant  saigner  la 
peau,  qui  olfre  un  aspect  ulcéreux.  Parfois  quelques  heures 
d'exposition  à  lair  suffisent  pour  déterminer  la  mortilica- 
tion  des  oreilles,  des  paupières  ou  de  la  peau  du  chanfrein. 

Ordinairement  aussi,  les  muqiiciifics  participent  à  cette 
intlammation  cutanée  :  la  muqueuse  vulvaire.  tuméfiée, 
gène  la  miction  :  les  yeux  deviennent  chassieux  :  la  cornée 
s'enllamme,  l'éruption  et  les  ulcères  qui  succèdent  à  la 
destruction  des  pustules  gagnent  la  muqueuse  nasale,  qui 
laisse  écouler  un  peudejetage,  envahissent  la  face  interne 
des  lèvres  et  gênent  ainsi  la  respiration,  la  préhension 
et  la  mastication  des  aliments. 

L'évoUtlion  de  la  maladie  est  hénigne  ou  inappréciahle 
j\  la  hergerie  ;  elle  n'offre  toute  sa  gravité  (pie  chez  les 
animaux  qu'on  conduit  au  pâturage. 

j/air.  la  lumière,  le  changement  de  température  pré- 
sident à  l'apparition  de  tous  les  troubles  cutanés.  Il  suffit 
de  soustraire  les  animaux  à  leurinlluence.au  début  du  mal. 
pour  en  arrêter  le  développement  et  obtenir  une  guérison 
prompte.  Les  malades,  rentrés  rapidement  à  la  bergerie, 
récupèrent  bientôt  la  santé.  Ceux  qu'on  fait  rentrer  tar- 
divement présentent  les  complications  les  plus  graves  et 
peuvent  même  succomber  à  des  accidents  cérébraux  au 
b(tul  de  liuil  à  douze  heures. 

Traitement!  —  On  conseille  de  tenir  les  animaux  à 
l'abri  (les  r.iyons  solaires,  de  ne  les  mener  au  pâturage 
(pie  vers  la  fin  du  jour  ou  pur  un  temps  couvert,  de  les 
renti'er  (]uand  ils  présentent  les  premiers  signes  de  conges- 
tion faciale  cl  lie  les  nourrir  ou  de  les  engraisser  à  la 
bergerie. 


PORC.    URTICAIRE.  ;U5 

Quand  on  n'a  pu  prévenir  l'apparition  de  cette  maladie, 
il  faut  combattre  l'amaigrissement  pai*  une  alimenta- 
tion abondante  avec  les  l'arineux,  les  soupes,  les  herbes 
tendres,  etc.,  de  manière  à  soutenir  les  forces  et  admi- 
nistrer du  sulfate  et  du  bicarbonate  de  soude  pour  hâter 
lélimination  des  principes  toxiques.  Contre  les  croûtes, 
on  peut  employer  les  astringents  :  eau  blanche,  acétate 
de  plomb,  tanin,  sulfate  de  fer  à  dose  faible,  eau  de 
chaux;  hâter  la  réparation  des  tissus  et  prévenir  l'ex- 
tension des  ulcérations  ;  favoriser  la  dessiccation  des 
produits  exsudés  en  calmant  le  prurit,  en  protégeant  les 
parties  irritées  et  dénudées,  soit  avec  de  la  vaseline  addi- 
tionnée d'acide  borique  ou  d'oxyde  de  zinc,  d'une  solution 
faible  de  sublimé  corrossif  ou  de  liniment  oléo-calcaire  ; 
soit  avec  des  astringents  :  goudron,  pommade  à  l'oxyde  de 
zinc;  soit  à  l'aide  de  poudres  absorbantes  :  poudre  de  tan 
et  amidon.  Les  douches,  les  compresses  d'eau  froide 
conviennent  pour  assurer  la  propreté  des  l'égions  malades. 

IV.  —  PORC. 

URTICAIRE. 

Étiologie.  —  Le  i^ouget  sous  sa  forme  bénigne  se  traduil 
par  le  syndrome  urticaire  caractérisé  par  des  élevures  et 
des  boutons  atteignant  quelquefois  la  grosseur  d'une  noix 
et  par  des  symptômes  fébriles. 

Les  aliments  avariés  plus  ou  moins  riches  en  ptomaïnes 
peuvent  cependant  troubler  les  vaso-motem's  et  produire 
l'urticaire.  Les  tuméfactions  de  couleur  rougeâtre  s'éten- 
dent; elles  pâlissent  au  centre  pendant  que  leur  périphérie 
est  entourée  d'une  couronne  rougeâtre  (1). 

Les  piqùi'es  produites  par  les  orties  déterminent  une 
éruption  érythémateuse  accompagnée  d'un  prurit  intense, 

(1)  Faure,  Une  afl'ection  rubéoliquc  du  porc  (Journal  de  Lyon,  1S99, 
p.  550). 


346  DERMITES   AHTIFICIELLES. 

avec  rrotteinents  énerf^iqucs  des  parties  alteinles  contre 
les  corps  avoisinanls.  Indépondaininont  du  rouget  et  des 
orties,  lo  syndrome  urticaire  olïre  peu  d'importanre  «liez 
le  porc:  l'éruption  apparaît  en  quatre  à  six  jours. 

Pronostic.  —  Il  csl  ui'mi  riilcuient  bénin. 

Traitement.  —  La  diète  et  les  purgatifs  (15  à  50  gram- 
mes do  sulfate  de  soude  ;  calomel.  Of^'',iO  à  0".00)  sont 
efficaces  contre  riu-ticairc  d'origine  digestive. 

V.  —  CIIIEIV. 

I.  — ÉRYTHÈME. 

Des  causes  e.rtcrnes,  comme  les  froltements  (h'-terminés 
par  le  collier,  un  bandage  de  fracture,  les  liarnais.  les 
piqûres  de  puces  et  de  parasites  divers,  ou  des  causes 
internes  comme  les  aliments,  les  médicaments,  les  toxines, 
les  agents  infectieux,  ou  même  des  influences  nerveuses, 
peuv(Mit  engendrer  des  érythèmes  en  provoijuant  des  vaso- 
dilatations générales  ou  locales.  La  principale  forme 
d'érjtlième  du  chien  est  leczéma  rubrum  (Voy.  Eczémas). 
Chez  les  chiens  et  les  chats  nouveau-nés,  on  peut  observer 
pendant  plusieurs  jours  un  éry thème  de  la  région  ombili- 
cale et  de  la  face  interne  des  cuisses. 

Traitement.  —  Une  friction  d'huile  de  cade  suivie  d'ap- 
plicalidii  de  poudre  d'amidon,  de  lan.  etc.,  estgénéralement 
un  traitement  eflicace. 


II.  —  URTICAIRE. 

Étiologie.  —  On  peut  voir  l'urticaire  se  produire  pen- 
dant la  période  des  chaleurs  ou  succéder  au  catarrhe  de  la 
vulve  (Schindelka)  et  h  l'ingestion  de  chocolat  et  de  cer- 
tains gâteaux. 

\j  urticaire  expérimentale  est  réalisée  chez  le  cln'en  en 
insérant  dans  le  derme  des  tubes  capillaires  remplis  de 


CHIEN.    —    URTICAIRE.  347 

diverses  substanres  ipeptone,  pepsine,  trypsine,  antitoxine 
diphtérique,  toxine  staphvlocoociqiie.  etc.)  (Tôrôki  etPhi- 
lippson). 

Il  est  probable  que  ces  substances,  circulant  dans  le  sang, 
même  infiniment  diluées,  jouent  un  rùle  analogue  à  la 
faveur  de  troubles  nerveux. 

L'urticaire  résulte  aussi  de  l'irritation  et  de  l'intoxica- 
tion déterminée  par  les  piqûres  des  orties.  Les  poils  urti- 
cants  qui  se  détachent  très  facilement  des  feuilles  d'ortie 
irritent  les  parties  dénudées,  s'insinuent  jusqu'à  la  base 
des  poils  de  Tanimal,  et  le  produit  toxique,  analogue  au 
venin  des  chenilles  processionnaires,  peut  pénétrer  dans 
l'économie  par  la  peau,  les  voies  digestives  et  les  voies  res- 
piratoires. 

Symptômes.  —  On  voit  survenir  alors  des  symptômes 
nerveux  qui  s'ajoutent  à  la  rubéfaction  extrêmement 
prurigineuse  des  parties  touchées  :  les  animaux  se  lèchent 
ces  l'égions  avec  ardeur,  ingèrent  le  poison,  se  mettent 
à  tousser,  à  saliver,  entrent  en  érection,  présentent  de 
la  dyspnée,  de  l'inflammalion  gastro-intestinale,  de  la 
diarrhée,  du  coma,  après  cette  excitation  hyperesthé- 
sique  accompagnée  quelqufois  de  cris  plaintifs  et  de  crises 
convulsives  [Rohr  (1)]. 

Traitement.  —  Le  camphre,  administré  à  l'intt'rieur,  les 
lavages  de  la  peau  au  permanganate  de  potasse  ou  à  l'al- 
cool dilué  peuvent  produire  de  bons  effets.  Il  faut  éviter  de 
faire  passer  les  chiens  ou  les  furets  dans  les  lieux  où  les 
orties  ont  subi  des  mutilations  antérieures  (Rohr),  car  les 
nouvelles  pousses  sont   extrêmement  riches  en   toxique. 

(1)  Rohr,  Soc.  cenlr.,  1900. 


CHAPITRK   VII 
DERMATOSES  MICROBIENNES 


Les  dermatoses  microbiennes  comprennent  : 

1"  Des  infections  cutanées  d'origine  intei'ne  comme  le 
horse-pox,  le  farcin  du  cJicval,  la  clavelée  du  mouton,  la 
maladie  du  jeune  âge  el  certaines  tuberculoses  cutanées 
du  cliicn  et  du  chat  (Voy.  t.  VI  de  la  Pathologie  interne  et 
maladies  contagienses)  ; 

2°  Des  pyodermites  ou  inflammations  aiguës  de  la  peau 
déterminées  par  les  microbes  habituels  de  la  suppuration 
(staphylocoques  et  streptocoques),  comme  l'impétigo,  le 
pempliigiis.  l'acné,  le  furoncle  el  l'anthrax  (Voy.  Patho- 
logie chirurgicale  :  Maladies  de  la  peau  et  des  vaisseaux, 
p.  100); 

3°  Des  dermatoses  spéciales,  comme  la  pyohémie  ca- 
séuse  déterminée  par  le  microbe  de  Preisz-Guinard  et  la 
nécrobacillose  engendrée  par  le  bacille  de  la  nécrose,  la 
bolryomycose  et  enfin  les  papillomcs. 

I.  —  SOLIPÈDES. 

I.  —   IMPÉTIGO. 

Définition.  —  Maladie  cutanée,  inoculable  et  auto-ino- 
culable, due  à  des  infections  locales,  superficielles,  par  des 
germes  pyogcnes,  et  caractérisée  par  de  petites  pustules 
acuminées  suiries,  rapidement,  de  la  formation  de  croûtes 
jaunâtres  ressemblant  généralement  it  du  miel,  sous  lesquelles 


SOLIPKDES.     —    IMPÉTIGO.  349 

Vépiderme  se  reforme  et  qui  guérit  sans  laisser  de  cicatrice. 

On  peut  dire  que  c'est  une  suppuration  implantée  sur 
une  peau  saine  ou  malade.  L'impétigo  complique  toutes 
les  maladies  à  prurit  qui  facilitent  Tinserlion  épidermique 
des  germes  pj'Ogènos.  On  le  voit  s'ajouter  à  la  p/diriasc, 
;ï  Veczéma.  Ses  agents  provocateurs  sont  des  microorga- 
nismes vulgaires  {Slaphylococcus  pyogenes  aureus,  Stap/iy- 
lococcus  pyogenes  albiis)  et  des  streptocoques. 

Il  y  a  des  impétigos  ou  des  lésions  secondaires  impéti- 
ginées  streptococciques,  un  impétigo  staphylococcique  et 
une  forme  vulgaire  dans  laquelle  les  deux  germes  sont 
associés.  Ces  agents  déterminent  habituellement  une  sup- 
puration intra-épidermique  ;  la  pustule  n'atteint  pas  la 
bas  aie. 

Parfois  la  suppuration  devient  plus  profonde,  et  il  se 
produit  de  véritables  furoncles,  comme  on  l'observe  au 
niveau  du  bord  supérieur  de  l'encolure  des  solipùdcs. 
Quand  l'infection  s'est  établie  dans  un  point,  elle  s'étend 
de  proche  en  proche,  ou  s'inocule  à  distance  par  Irotte- 
ment,  chez  les  solipèdes,  par  l'intermédiaire  de  la  langue 
chez  les  carnivores  et  les  grands  ruminants. 

Cette  inoculation  est  favorisée  par  toutes  les  affections 
prurigineuses  et  toutes  les  lésions  cutanées  antérieures. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  L'impétigo  est  une  affection 
relativement  rare  chez  les  solipi'des;  on  la  voit,  quelque- 
fois, se  greffer  sur  le  pityriasis  et  Veczéma  de  la  base  de 
la  queue  ou  de  la  crinière,  de  l'encolure  ou  de  la  tête, 
c'est-à-dire  des  régions  qui  sont  \e  plus  souvent  le  siège 
de  vives  démangeaisons. 

Les  mercuriaux,  les  vésicants,  les  rubéfiants  comme  la 
moutarde,  etc.,  favorisent  la  pénétration  des  pyocoques;  les 
animaux  grattent  les  parties  irritées  et  provoquent  des 
impétigos  (Salenave)  (1). 

Les  frottements  déterminés  par  les  harnais,  le  licol  et 

(1)  Joyeux,  Impétigo  contagieux  chez  quinze  chevaux  {.loiirii.  des  vél. 
iiiilit.,  1906,  p.  iiij). 

G.\DÉAc.  —  Patliologie  interne.  VIL  20 


3o0  DERMATOSES   MICROBIENNES. 

siiiiolit  le  collier,  peuvent  être  le  point  de  départ  de  pla- 
ques impétigineuscs,  surtout  chez  les  sujets  dont  la  peau 
est  irrégulière,  croùteuse  ou  squameuse  par  suite  d'eczc- 
ma  chronique  ou  de  la  malpropreté.  On  voit,  dans  ces  cas. 
les  objets  qui  frottent  les  prcniièros  plaques  impétigi- 
neuscs s'imprégner  de  produits  purulents  et  inoculer  la 
maladie  en  d'autres  points  du  corps.  Le  surl'aix,  le  collier 
peuvcnl  servir  ainsi  d'instruments  inoculaleurs. 

La  contai/ion,  par  inoculation,  n'est  pas  indispensable 
pour  engendrer  la  maladie.  Les  écorcliures  peuvent  assu- 
rer l'infection  i)ar  les  microbes  qui  existent  toujours  à  la 
surface  de  la  peau:  ralfcclion  [»eul  se  développer  sponta- 
nément. Les  animaux  jeunes  airectés  Aq  ijourme  ou  d'ecze- 
ma  gourmeu.v  et  qui  olVrent  le  maximum  de  ré'ceplivit('- 
pour  les  pyogènes  sont  les  plus  exposés  à  contrailcr  l'im- 
pétigo. Les  streptocoques {/oi<r»ie«j;,  apportés  par  le  sang, 
[)euvent  d'ailleurs  déterminer  une  éruption  à  caractère 
impétigineux.  Les   animaux  très  gras  y   son!    très  prédis- 

p0S(''S. 

Symptômes.  —  On  voil  ap|»ai-;iitrc  des  pustules  acumi- 
n(''cs,  groupées  sur  une  surface  restreinte:  elles  sont  gri- 
sâtres ou  jaunâtres,  et  elles  ont  les  dimensions  d'une  graine 
de  chènevis  ou  d'une  [tetite  lentille.  Elles  sont  ordinaire- 
ment centrées  par  im  poil  et  entourées  d'une  aréole  con- 
gestive.  Kecouvertes  d'une  mince  couclie  épidermique, 
elles  se  décliirent  avec  facilité,  sponlan(''mcnt  ou  sous 
l'inlluence  d'un  léger  grattage,  de  sorte  que  l'éruption  est 
essentiellement  épliémère.  L'épiderme,  macéré  jiar  la 
sérosité,  se  plisse,  s'aifaisse  ;  le  contenu  de  cliaque  pus- 
tule se  concrète  en  une  croûte  jaunâtre  qui  devient  gri- 
sâtre ou  brunâtre,  par  l'adjonetion  île  poussières  des 
fourrages. 

Les  croûtes  s'élargissent  à  mesure  que  les  pustules  se 
imdiiplient  à  la  périidiérie  :  elles  deviennent  épaisses, 
inégales,  fragiles,  se  détacbant  au  moindre  frottement 
et  entraînant  des  pinceaux  de  poils.  Au-dessous  d'elles,  on 


SOLIPÈDES.    IMPÉTIGO.  3  "il 

apeiroit  une  surface  humiile.  recouverte  d'une  sécrétion 
visqueuse  rappelant  la  coloration  du  miel,  qui  se  conver- 
tit en  croiites  se  desséchant  plus  ou  moins  rapidement. 
Au  bout  d'une  semaine  environ,  la  sécrétion  s'aiTéte,  les 
croûtes  cessent  de  se  reproduii-e,  et  la  surface  impétigi- 
neuse  se  recouvre  d'un  épidémie  mince  qui  se  développe 
par  places  pendant  que  d'autres  sont  encore  légèrement 
bourgeonnantes. 

La  plaque  impctiûi rieuse,  unique  au  début,  en  engendre 
quelquefois  de  nouvelles  par  le  fait  du  raclage  qui  facilite 
l'infection  de  la  peau  dans  une  "région  saine  ou  préalable- 
ment altérée  par  une  affection  eczémateuse.  On  peut  i-en- 
contrer  ainsi,  chez  le  même  animal,  des  foyers  d'impétigo 
situés  au  voisinage  des  premiers  ou  dans  une  région  plus 
ou  moins  éloignée  et  parvenus  à  des  périodes  diverses  de 
leur  évolution. 

Pronostic.  —  Affection  bénigne  à  évolution  rapide  et 
qui  guérit  sans  difficulté. 

Diagnostic.  — •  On  a  quelquefois  de  la  peine  à  distin- 
guer Veczéma  de  Yimpétigo.  Les  lésions  eczémateuses 
deviennent  facilement  impétigineuses  à  la  suite  de  grat- 
tages et  d'inoculations.  L'eczéma  est  plus  disséminé,  plus 
lent  dans  sa  marche,  plus  mobile  dans  ses  manifestations, 
et  ne  s'accompagne  pas  de  celte  suppuration  jaunùtre 
caractéristii|ue. 

Traitement.  —  On  oljtient  la  guérison  de  l'impétigo 
par  l'emploi  successif  des  pansements  émollients  ^cata- 
plasmes divers),  des  calmants  et  des  antiseptiques  (pom- 
made boriquée,  pommade  au  calomel,  pommade  au  pré- 
cipité jaune .,  pommade  à  la  résorcine.  (Juand  les  régions 
malades  s'y  prêtent,  les  pansements  antiseptiques  sont 
d'une  grande  efficacité  pour  empêcher  la  repullulation 
des  pustules  d'impétigo.  Les  poudi*es  d'amidon,  de  tan, 
du  sous-nitrate  de  bismuth  achèvent  la  guérison. 


3ri2  DEMMATOSES    MICKUltlENNES. 


11.  —  PEMPHIGUS- 


Définition.  —  C'est  une  iiillainmalion  cutanée  aigiie. 
réeiilivanle.  dont  limage  cliniiiiie  est  analogue  aux  niani- 
l'estations  huileuses  déterniiuées  \>;iv  Veau  himillanle  et 
les  vésicants. 

Le  pemphigus  n'est  iiroiiahlciueut  ([u'uu  simiile  impér 
tigo  huileux:  il  représente  eu  etVel  une  sorte  d'éruption  et 
non  une  maladie  spéciale. 

Signalé  par  Demoussy.  Laiosse.  H.  Boulej,  Barnilc  et 
Gutzcil  chez  le  chcvuL  par  Dagès  chez  le  mulet,  par 
Cadéac  chez  Vûue,  le  pemphigns  résulte  d'une  infection 
microhicune  de  la  peau. 

Symptômes.  —  Le  premier  symiitùme  consiste  dans 
l'apparition  de  grosses  phlvctènes  vers  les  lomhcs.  la 
croupe,  les  i'esses  et  rarement  à  la  face  interne  on  post(''- 
rieure  des  cuisses  et  quelquefois  sur  tout  le  corps  (Graf- 
funder).  L'éi)iderme.  soulevé  par  une  sérosité  limpide, 
incolore  ou  oj)aline.  fait  hérisser  le  poil  sur  la  tuméfaction 
huileuse.  Le  li(pude  ne  tarde  pas  à  s'écouler,  l'ampoule 
s'affaisse.  réi)iderme  se  détache  avec  les  poils.  On  aperçoit 
une  surface  excoriée,  unie,  sccrétaul  uu  liipiide  peu  abon- 
dant, qui  s'épaissit  rapidement  et  forme  ime  croûte  qui 
ne  larde  jias  à  tomher.  laissant,  pendant  une  longue  durée, 
la  peau  polie,  luisante  connue  celle  d'un  cràuc  humain 
atteint  de  calvitie. 

L'éruption  huileuse  est  réduite  à  un  ou  plusieurs  foyers 
de  forme  ronde  ou  ovoïde  ;  chaque  exanthème  mesure  de 
5  à  12  centimètres  de  circonférence.  Exceptionnellement, 
la  maladie  est  réduite  à  une  seule  huile;  le  plus  souvent, 
on  en  constate  dç  W  à  ."^i,  rarement  davantage,  sur  le  même 
animal. 

Presque  tcjujours.  les  bulles  apparaissent  suciessiveiueut 
de  telle  sorte  ipie,  chez  le  mênu'  sujet,  on  eu  rencontre  à 
diverses  périodes  de  leur  évolution. 

Deux  ou  trois  joui's  suflisent  pour  voir  rani[)0ule  naître 


SOLIPÈDES.    PYOHKMIE    CASÉEUSE.  3d3 

et  s'étemlro:  la  desquamation  qui  lui  succède  est  un  peu 
plus  lente,  et  lespèce  dalopécie  dont  elle  est  suivie  ne 
dure  pas  moins  de  trois  à  cinq  semaines:  l'irritation 
locale  est  souvent  entretenue  par  des  grattages. 

Traitement.  —  Les  injections  de  sérum  artificiel,  les 
purgatifs  permettent  de  lutter  contre  l'infection  générale; 
les  lavages  à  Taide  de  solutions  de  créoline.  d"eau  oxygé- 
née, d'eau  iodée  combattent  les  infections  externes.  Les 
pansements  humides  ou  gras  (pommade  à  l'oxyde  de 
zinc,  etc.)  calment  l'irritation  locale  et  le  prurit. 

III.  —  PYOHÉMIE  CASÉEUSE. 

Définition.  —  Nous  désignons  ainsi  une  affection  micro- 
bienne, inoculable,  essentiellement  suppurative.  caractéri- 
sée par  la  production  d'abcès  multiples  de  la  peau  etdutissu 


■'ils 


r%. 


l'ig.  71.  —  Bncille  de  la  lymphadénie  ou  pyohémie  caséeuse. 

conjonctif  sous-cutané,  de  lymphangites  {hjmphanfiUe  ulcé- 
reuse] et  suivie  ou  non  de  métastases  suppura tives  internes. 

20. 


334  DERMATOSES    MICHOHIENNES. 

Microbe  pathogène.  —  L"oxamen  microscopir|no  de  ce 
pus  et  les  ciill  lires  meltent  en  évidence  un  bacille  extrê- 
mement polymorphe,  parfois  mince  et  assez  long,  en 
articles  séparés  ou  épais,  courts,  trapus,  coccil'ornies, 
ovoïdesou  pirilormes,  plus  ou  moinsgranuleux,  disposés  en 
petits  amas  enchevêtrés,  (lilTiciles  ;"\  dissocier.  Toutes  ses 
variétés  iixentleGramou  le(iram-Nicolle.  lathionine  phéni- 
quée,  le  violet  degentianc(l),  d'une  manière  intense,  toutes 
cultivent,  à  la  température  de  la  chambre,  à  la  surface  des 
milieux  liquides,  en  voile  épais  et  en  grains  isolés  dans  la 
profondeur,  et  elles  forment  des  colonies  plus  ou  moins 
arrondies,  parfois  dentelées,  difficiles  à  dissocier  sur  les 
milieux  solides.  Os  microbes  sont  uniquement  des  pvogènes. 
très  répandus,  au  dehors,  dans  les  poussières,  les  boues,  les 
fumiers,  les  cours  des  fermes,  où  ils  vivent  à  l'état  sapro- 
phytique  ;  on  les  trouve  normalement  dans  le  tube  digestif 
du  mouton  et  dans  le  produit  caséoux  (2)  des  écliiuocoques 
dégénérés,  où  ils  ont  été  transportés  par  les  embryons  de 
ces  parasites (Noack)  ;  iisne  déterminent  que  des  maladies 
locales  à  accidents  multiples  et  variés,  quand  ils  réussissent 
à  s'implanter  siu-  une  espèce  aniuuile. 

l/intoxication  est  presque  nulle  :  l'animal  porteur  de 
nombreux  abcès  paraît  peu  malade  :  il  est  miné  par  la 
snppuration;  il  n'est  pas  intoxi(iué.  Dans  les  milieux 
liquides,  comme  le  bouillon  de  peptone  à  "2  p.  100.  ce 
microbe  sécrète,  en  cinq  à  six  joiu's,  une  toxine  extrê- 
mement active.  Ses  effets  sur  les  animaux  ne  rappellent 
en  rien  les  accidents  que  détermine  le  microbe  dans  les 
infections  spontanées.  La  toxine  provoque  des  lésions 
congestives  intenses  et  tue  en  quelques  heures  le  mouton. 
la  clii'vrc:  elle  détermini^  un  (rdème  local  étendu,  chaud 

(1)  Jeiiscn,  /riisr/tr.  fi'ir  /•'/oisr/i  uni/  Milfltliijdivno,  Bel.  VU,  IS96,  p.  0. 
—  Liimlgren,  /pllsrlirifl  fi'tr  T/ticriiirtliriii,  Bd.  Il,  ISÏIS,  p.  401.  —  Herg- 
iiiann,  Jbiil.,  iUl.  V,  l'jul.  p.  l'Sl,  :!:!().  —  Les  liacillcs  colorés  avec  le 
bleu  de  Loeffler  i)arnisseiU  plus  fins  et  resseiiililent  au  liacillt'  iliphli''iii(ue 
(Liveri). 

(L')  Carré,  La  siippiiralion  casécuso  [lli'vuo  (/i'nér..  1910'. 


SOLIPÈDES.   —    PYOHÉMIE    CASEEUSE.  355 

et  sensible  chez  le  clievul  et  les  hoviclés,  et  ne  détermine 
aucun  trouble  chez  le  chirii  et  le  chat  (Cari'é  et  Bigoteau  . 
Son  action  peut  èlre  rapprochée  de  celle  de  la  diphtérie 
humaine  Dassonville).  100  centimètres  cubes  de  cette 
toxine  peuvent  tuer  un  poulnin  de  deux  ans  (Basset). 

Mais  ce  nest  pas  à  elle  qu'on  peut  imputer  les  cai'actères 
essentiels,  ni  même  accessoires,  de  cette  pyohémie  micro- 
bienne. Les  animaux  infectés  ne  présentent  pas  les 
troubles  déterminés  par  la  toxine  des  bouillons  de  culture. 
De  plus,  les  moutons,  solidement  immunisés  contre  la 
toxine,  sont  sans  défense  contre  le  microbe.  Ce  saprophyte 
ne  devient  donc  pas  pathogène  en  sécrétant  dans  l'orga- 
nisme la  toxine  qu'il  élabore  dans  les  bouillons  de  cultui'es(l  . 
Dans  aucun  cas.  ni  chez  aucune  espèce  animale,  nous  ne 
constatons  la  preuve  de  cette  élaboration  et  les  elfets  de 
cette  intoxication  spontanée. 

Le  microbe  est,  à  notre  avis,  le  principal  élément  pntho- 
gène  de  la  maladie.  Il  jouit  de  propriétés  plus  ou  moins 
infectieuses  suivant  l'espèce  animale.  Unie  voit  s'acclimater 
chez  le  clieval  et  produire  des  affections  connues  sous  le 
nom  d'acHé  contagieuse  ou  de  lymphangite  ulcéreuse  à 
forme  plus  ou  moins  envahissante,  s'implanter  sur  la  peau 
des  jeunes  bovidés  et  du  porc  et  y  déterminer  des  abcès 
multiples,  des  bronchopneumonies  chroniques  et  acquérir, 
chez  le  mouton,  toute  sa  virulence  et  toute  son  activité 
infectieuse  et  toxique  pour  y  réaliser  la.  pyohémie  canéeuse 
complète  à  localisations  ganglionnaire  et  viscérale.  Difïicile 
à  identifier  sous  ces  diverses  livrées,   on  lui  a  donné  des 

(1)  Le  sérum  antidiphtérique  modifie  les  propriétés  île  la  toxine  du  bacille 
de  Preisz-Guinard;  il  paralyse  son  action  et  en  retarde  les  effets,  parfois  dune 
faoon  indéfinie. 

La  toxine  du  bacille  de  Preisz-Guinard  jouit  de  propriétés  qui  la  font  classer 
à  coté  de  la  toxine  diphtérique.  Elle  ne  s'identifie  pas  avec  cette  dernière.  .Mais 
on  ne  sait  pas,  jusqu'à  présent,  s"il  s'agit  de  deux  espèces  toxiques  distinctes 
ou  de  deux  variétés  d'une  même  espèce. 

C'est  de  là  qu'est  née  l'idée  de  combattre  par  le  sérum  antidiphtérique  les 
affections  caséeuses  du  mouton,  l'acné  contagieuse  ou  la  lymphangite  ulcé- 
reuse (Vallée),  la  lung-disease  (iSocard). 


350  DKRMATOSES    MICROBIENNES. 

noms  variés:  c'est  Vacnc  bacillns  de  flrawilz  el  Diecker- 
lioff  (1885).  le  microbe  de  la  pseudo-tuberculose  de  Preisz  el 
Guinanl  (1891),  le  microbe  de  la  h/mphawjite  ulcéreuse  de 
iNocard  (189G),  puis  le  microbe  do  i'reisz  et  Nocard,  le 
microbe  des  abcès  iiiiilliples  dos  grands  ruininants.  de  la 
bronchopneumonie  des  bovins  do  Kilt,  de  h\  lung-disease  du 
venu  de  Nocard,  de  la  bronchopneumonie  du  mouton 
(Sivori).  de  l'adônie  caséoiisc  de  Cherry  et  lîulj.  do  l'acné 
conlagieusc  des  soli/ii'dr^. 

C'est  lo  mémo  agent  cpii  réalise  ces  infections  qui,  sous 
leurs  multiples  aspects,  consorvout  un  caractère  permanent 
de  parenté;  c'est  la  suppuration  et  la  tendance  à  la  caséi- 
fication  du  pus  formé. 

Acné   contagieuse  des    solipèdes. 

\j'aenf  conldgieuse  des  soJipi-dcs,  connue  sous  les  noms 
de  deniialllr  jnistuleusc  ronlafjieusc  canadienne,  do  variole 
anglaise,  do  ruriole  cantulienne  ou  de  li/rnpliangite  ulcé- 
reuse, est  caractérisée  par  des  adénites,  des  cordes  lympha- 
tiques, des  engorgements,  dos  boutons,  des  ulcères,  une 
suppuration  chronique.  Cotte  maladie  évolue,  générale- 
ment, sans  retentissement  siu"  l'état  général  de  l'organisme, 
mais  elle  peut  se  compliquer  d'abcès  viscéraiix  internes 
dos  divers  oigaues,  comuK»  chez  les  autres  animaux. 

Historique.  —  Signalée  on  18i::2  par  (!oux,  elle  est 
retrouvée  en  ■187(1  par  Hassi  chez  dos  (■/ic\;in\  provonaul 
du  Canada.  .\xe  (1879)  lui  donne  lo  nom  de  deimatite 
pustuleuse  contagieuse  canadienne;  Schindelka  (1883)  dé- 
couvre sa  nature  miorobionno;  Siedamgrotzky  (1884  .  son 
inoculabilité  ;  (irawitzot  DiockerholV  (I88.j)  font  connaître 
son  étiologio  et  sa  patliogénie.  Les  observations  de  Trasbot 
et  Nocard  189(1-1897  ont  démontré  sa  fréquence;  elles 
ont  fait  connaître  quelques-unes  do  ses  localisations, 
notamment  celle  dosoxtrémités;  maisNocard  ainutilemont 
complirpié  l'étude  do  cetlo  maladie  en  l'appelant  h/mplian- 


SOLIPÈDËS.    —    l'YOlIEMIE    CASEEUSE.  357 

ijile  ulcéreuse  et  en  laissant  croire,  bien  à  tort,  qifil  s'agit 
là  d'une  forme  distincte,  sinon  par  sa  cause,  du  moins 
par  son  évolution.  Or  Vaciié  contagieuse  et  la  lymphangite 
ulcéreuse  ne  sont  qu'une  seule  et  même  maladie,  car  elles 
sont  dutorminées  par  le  même  microbe  et  ont  une  pbvsio- 
noniie  clinique  identique. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  Les  inoculations  sous  la  peau 
du  pus  dos  abcès  ou  des  ulcères  sont  pathogènes  pour  le 
rhfvnl,  le  mulet,  le  lapin,  le  cohayc.  Elles  détei'minent 
fhez  les  t^olipcdes  un  abcès  qui  s'ouvre  en  six  à  dix  jours, 
donne  du  pus  épais,  grumeleux,  et  se  cicatrise;  chez  le 
cohavf,  un  abcès  à  évolution  rapide  et  une  orchite  avec 
vaginalite  intense  et  parfois  des  abcès  caséeux  enkj-stés 
dans  la  rate,  quand  le  microbe  est  introduit  dans  le  péritoine. 
Chez  le  lapin,  l'inoculation  sous-cutanée  provoque  de  la 
rougeur,  de  l'œdème:  l'injection  veineuse,  un  amaigrisse- 
ment progi'essif;  l'injection  péritonéale,  un  abcès  enkysté. 

Les  frictions  douces  exercées  sur  la  peau  desquamée  et 
même  intacte  avec  une  culture  incorporée  dans  un  peu  de 
lanoline  sont  suivies  de  l'apparition  de  pustules  au  bout  de 
quatre  jours  ;Xocard;. 

La  poule  et  le  pigeon  sont  réfractaires. 

L'infection  spontanée  résulte  d'une  inoculation  acciden- 
telle. Le  saprophyte  peut  s'introduire,  accidentellement,  au 
niveau  d'une  plaie  des  extrémités,  d'une  crevasse,  du  pli 
du  paturon  ou  du  jarret,  de  la  plaie  d'un  séton,  d'une  chute 
de  peau  déterminée  [tar  la  cautérisation  ignée  (Dassonville). 

La  maladie  se  transmet  par  tous  les  contacts  directs  ou 
indirects  que  les  animaux  ont  entre  eux  :  harnais,  selles, 
colliers,  sangles,  couvertures,  etc.,  qui  passent  des  sujets 
malades  aux  sujets  sains.  Les  instruments  de  pansage,  et 
particulièrement  la  brosse  et  l'étrille,  dont  l'emploi  exige 
un  contact  plus  intime  avec  la  peau,  sont  fréquemment 
des  agents  de  la  contagion.  Les  conditions  favorables  à  la 
contagion  se  résument  dans  toutes  les  circonstances  qui 
facilitent  le  transport  des  croûtes  ou  du  pus  des  sujets 


358  DERMATOSKS    MICIi0131KN.\ES. 

malades  sur  la  pcaulrrilco,  exrol'icc,  déchii-éoouenllaniiiit'e 
des  sujets  sains.  On  s'explique  ainsi  la  localisation  Iréqucnte 
de  cette  maladie  aux  parties  du  téijumentqui  sont  directe- 
ment en  contact  avec  les  harnais,  telles  que  le  garrot,  le 
dos,  les  eûtes,  quelquclois  les  épaules,  le  poitrail  ou  les 
extrémités,  si  souvent  blessées.  La  maladie  se  propage 
rapidement  et  l'acilement  des  (.■/je\'ini.\  malades  iiuxrJievuux 
sains:  quelques  jours  suffisent  pour<|ije  les  animaux  soient 
infectés:  mais  il  n'est  pas  rare  de  voir  des  uialailes  vivi'c 
longtemps  dans  des  éenries  nombreuses  sans  infecter  leurs 
voisins. 

Symptômes.  —  Les  extrémités  ou  les  surfaces  recou- 
vertes par  la  selle,  les  harnais  et  la  bride  sont  le  siège 
de  lymphangites  caractérisées  par  un]engorgement,  des 
boutons,  des  ulcères,  des  adénites  simides  ou  suppurées. 

L'engorgemcnl  est  chaud,  sensible,  douloureux,  accom- 
pagné du  hérissement  des  poils  et  de  boileric  quand  il 
siège  au  niveau  d'une  extrémité.  L'œdème  se  résorbe 
bientôt;  mais  les  poils  demeurent  réunis  en  jtinceaux.  A  la 
base  de  chaque  paquet  de  poils,  on  sent,  dès  le  lendemain, 
de  petits  ljout<))is  bien  circonscrits,  ronds  ou  ovales,  de  la 
grosseur  d'une  leulille,  d'un  pois  ou  d'une  petite  noix, 
analogues  à  des  furoncles  :  ils  ont  quelquefois  le  volume 
du  poing  el  sont  isolés  ou  réunis.  Ces  boutons  sont  des 
foyers  inflammatoires  peu  sensibles  et  peu  douloureux, 
durs,  semés  à  la  surface  du  tégument  en  nombre  variable: 
les  foyers  les  plus  petits  présenteni  d'un  à  trois  boutons; 
on  en  constate  une  vingtaine  dans  les  plus  étendus.  Ils 
évoluent  lentement,  deviennent  saillants,  se  ramollissent 
et  s'ouvrent. 

Les  ulcères  ijui  succèdent  à  leiu"  ouverture  sont  lantùl 
superliciels,  tantôt  profonds  ;  les  [iremiers  conslittu'nt  une 
sorte  d'excavation  circulaire  creusée  dans  réi)aisseur  du 
dernne,  comblée  tout  d'abord  par  une  croûte  très  épaisse 
au  centre,  remplacée  à  son  toiu"  par  une  cicatrice  ronde, 
dépourvue  de  jioils  et  de  pigment.  Les  seconds  atteignent 


SOLIPÈDES.    PYOHÉMIE   CASÉEUSE.  359 

le  tissu  conjonctif  sous-cutané;  ils  sont  arrondis  et  iri'é- 
guliers,  du  diamètre  d'une  pièce  d'un  franc  ou  davantage  ; 
leur  centre  est  purulent  ;  leurs  bords  indurés,  couverts  de 
bourgeons  charnus,  saignants  ;  ils  ressemblent  à  des  fu- 
roncles et  sécrètent  un  pus  filant,  jaunâtre,  strié  de 
semg;  mais  ils  se  cicatrisent  facilement. 

Les  lymphatiques,  infectés  d'emblée  ou  par  résorption 
du  pus  des  ulcères,  s'enflamment  dans  toutes  les  régions 
contaminées,  et  l'on  voit  apparaître  des  cordes  lymphatiques 
sinueuses  et  saillantes,  qui  se  ramollissent  sur  leur  trajet  et 
transportent  quelquefois,  jusqu'aux  ganglions,  les  germes 
de  la  suppuration  ;  le  ramollissement  ganglionnaire  est  or- 
dinairement bénin  et  peu  appréciable. 

Marche.  —  L'évolution  de  la  maladie  est  lente,  chro- 
nique, limitée  à  un  membre  ou  à  une  région  et  s"étendant 
progressivement  par  la  voie  lymphatique  et  par  auto- 
inoculation.  Les  boutons  et  les  ulcères  deviennent  con- 
fluents quand  on  ne  s'oppose  pas  à  leur  extension.  Cette 
maladie  a  souvent  une  allure  bénigne  etguérit  en  quelques 
semaines  si  la  région  malade  est  protégée  contre  toute 
irritation;  elle  persiste  des  mois  ou  même  des  années 
quand  le  pus  stagne  à  la  surface  de  la  peau  excoriée  et 
engendre  de  nouvelles  colonies  de  foyers  purulents.  La 
région  enflammée  est  alors  le  siège  permanent  de  boutons 
et  d'idcères  qui  naissent  pendant  que  d'autres  sont  en  voie 
de  cicatrisation. 

Des  infections  secondaii'es  déterminées  par  tous  les 
microbes  de  la  suppuration  ou  les  microbes  septiques 
peuvent  se  produire;  le  microbe  de  la  pyohémie  caséeuse 
peut  se  généraliser  et  entraîner  la  mort  par  épuisement 
en  cinq  ou  six  semaines  ;  il  peut  déterminer  des  abcès  se- 
condaires dans  le  rein  et  le  tissu  conjonctif  périrénal  ou 
dans  d'autres  organes. 

Cette  terminaison  est  exceptionnelle  ;  les  foyers  de 
suppuration  demeurent  généralement  superficiels,  inter- 
mittents,  plus  fréquents  pendant   l'hiver,   sans   retentis- 


3Ô0  DERMATOSES   MICROHIENNES. 

soiiient  sin-  l'ôlal  général  ;  ils  n'empéclienl  inêmo  |ias 
i'utilisalion  des  animaux.  La  guérison  est  presque  toujours 
l'acile  à  obtenir. 

Lésions.  —  Les  loyers  purulents,  les  ulcères  et  les 
lymphangites  ne  sont  pasles  seules  lésions  de  cette  maladie. 
L'agent  pathogène  peut  envahir  les  vaisseaux  lympha- 
ti(pies  intermusculaires,  les  ganglions  des  diverses  régions 
et  dcterniiner  des  abcès  de  la  mamelle,  du  tlanc,  de  la 
région  pelvienne,  lombaire,  périrénale;  quelquefois  même, 
les  reins  sont  farcis  d'abcès,  et  le  poumon  présente  des 
fo3'ers  de  bronchopneumonie  de  même  origine. 

Diagnostic.  —  Le  horsepox  s'en  distingue  par  la  dissé- 
mination et  la  rapidité  d'évolution  des  pustules,  qui 
n'engendrent  jamais  des  ulcères  persistants.  L'acné  conta- 
gieuse a  des  analogies  avec  le  farcln,  quand  elle  siège  au 
niveau  des  extrémités  et  est  caractérisée  par  des  ulcères 
et  des  cordes  lymphatiques;  mais  elle  demeure  toujours 
facilement  curable;  le  pus  sécrété  par  les  ulcères  est 
jaunâtre;  il  est  huileux  dans  le  farci n  ;  les  ulcères  sont 
rebelles  à  la  cicatrisation,  el  linjeclion  de  malléine  ne 
provoque]  aucune  réaction,  ni  dans  l'acné  contagieuse,  ni 
même  dans  la  lymphangite  ulcéreuse  épizootiquc. 

Ladormite  pustuleuse  et  la  pycmie  produites  par  les.V/- 
crococcus  tetrar/cnes  ont  beaucoup  d'analogie  avec  l'acné 
contagieuse  et  avec  le  farcin  [.Mongrell  (1)]. 

V cchauboulure  s'en  dill'érencie  par  la  disparition  rajiide 
de  ses  boutons  sans  suppuration. 

Traitement.  —  La  désinfection  complète  des  ulcères, 
des  plaies,  l'ouverture  des  abcès  assurent  la  guérison  rapide 
des  malades.  La  solution  de  sublimé  corrosif,  l'-eau 
oxygénée,  l'eau  iodée  sont  les  agents  antiseptiques  qui 
conviennent  le  mieux  pour  détruire  les  microbes  infectieux. 
Il  faut  éviter  de  les  ensemencer  dans  le  voisinage  ;  les 
régions  malades  ne  doivent  être  ni  pansées,  ni  j)rolégées 

(')  .M:rgrcll,  Annales  de  inéd.  vit.  1913, 


SOLIPÈDES.     NÉCROBACILLOSE.  361 

par  des  couvertures;  mais  on  peut  y  appliquer  un  panse- 
ment occlusif  pour  hâter  la  guérison  en  prévenant  les 
infections  secondaires.  Les  malades  doivent  être  isolés, 
pourvus  de  harnais  et  d'instruments  de  pansage  spéciaux, 
afin  de  ne  pas  contaminer  les  animaux  sains.  Il  faut  dcsin- 
fecter  aussi  les  écuries,  les  râteliers,  les  mangeoires,  les 
seaux,  les  objets  de  pansage,  sangles,  couvertures,  selle,  et 
tout  ce  qui  a  servi  aux  animaux  malades.  Il  faut  tout  laver, 
tout  nettoyer  à  l'eau  bouillante,  puis  à  l'eau  phéniquée,  et 
de  préférence  avec  une  solution  de  sublimé  corrosif;  pour 
compléter  cette  désinfection,  on  peut  blanchir  les  murs  à 
la  chaux. 

IV.  —  NÉCROBACILLOSE. 

Définition.  —  On  désigne  ainsi  l'ensemble  des  altéra- 
ration  cutanées  et  muqueuses  déterminées  par  le  bacille 
de  la  nécrose.  Son  action  est  caractérisée,  chez  tous  les 
animaux,  par  la  production  de  lésions  diphtéroïdes  ou  de 
fausses  membranes  sur  toutes  les  muqueuses,  par  des 
abcès  à  tendance  persistante  et  par  la  nécrose  des  tissus 
envahis  (peau,  cartilages,  tendons,  ligaments,  pou- 
mons, etc.). 

Ce  microbe,  connu  sous  le  nom  de  bacille  de  Bang,  de 
Bacillus  necrophorus,  est  essentiellement  un  agent  d'in- 
fection secondaire  (Voy.  Stomatite  ulcéreuse,  t.  I,  p.  36); 
mais  il  est  susceptible  de  déterminer  chez  le  bœuf,  le 
mouton,  le  chien  et  le  lapin  des  infections  spéciales 
à  caractère  épidémique.  Il  n'est  d'ailleurs  pas  inutile 
d'indiquer,  dans  chaque  espèce,  les  divers  processus  qui 
sont  compliqués  d'infections  par  le  bacille  de  la 
nécrose  (1). 

Étiologie.  —  La  nécrobacillose  ne  constitue  pas  une 
entité  morbide  chez  les  solipèdes;  mais  elle  complique  les 
gangrènes  cutanées  de  l'extrémité  des  membres,  le  javart 

(1)  Cuillé,  Revue  gén.  de  méd.  vct.,  1905,  f.  1,  p.  457. 

Cadéac.  —  Pathologie  interne.  VII.  21 


362 


DERMATOSES    MICUOIUENXES 


cartilagineux,  le  rrupaurl,  les  fojers  de  suppuration  ou 
de  gangrène  chronique,  comme  le  mal  de  garrot, 
d'encolure  ou  de  nuque. 

1^0  bacille  de  la  nécrose  peut  s'implanter  sur  la  muciueuso 
digestive;  il  se  développe  dans  les  exsudais  muco-meni- 
brancux  du  caecum,  du  gros  intestin  (Jensen,  Ernsl)  et 
dans  les  foyers  de  suppuration  et  de  gangrène  du  poumon 
(Nielsen,  Mac  Fadvean). 

Traitement.  —  Les  agents  désinfectants  qui  préviennent 
l'invasion  des  microbes  de  la  suppiu-alion  et  les  pansements 

protecteurs  empêchent  facilc- 
ment  son  implantation  au 
niveau  des  plaies. 


V. 


BOTRYOMYCOSE  d). 


I.a  holrvomycose  est  une 
lésion  intlammatoire  parasi- 
taire du  derme  cutané  et  de 
ses  couches  hypodermiques, 
qu'on  a  allribuée  sucfcessive- 
nicnt  aux  spores  d'un  cham- 
pignon réuni  en  amas  mûri- 
formes  {Botryomyces  equi).  au 
Slaphylococcas  aiirens,  puis  à 
une  amibe  (Lctulle).  Ce  parasite,  Amœba  Letullci,  a  de  30  à 
60  [j.;  il  présenté  diverses  formes  (fig.  72);  mais  son  existence 
chez  Vlioinmr  et  chez  les  animaux  n'est  pas  définitivement 
établie  (Voy.  Patholoijie  chirurgicale  :  Maladies  de  la 
peau). 


Fig.  'i.  —  .{iiuebn   LetiiUei. 
.1.  amibe  ;  I.,  leucocytes,  d'aprè: 
Letulle. 


M)  Poncet  et  Dor,  La  bolryomycose  (Arch.  yen.  de  inêd..  1900,  p.  U'9  e 
271).  —  Bail,  .\rcli.  gén.  de  rtiéd.,  1904,  p.  lOiM.  —  Chaussé,  Bull,  elmém. 
de  la  Soc.  annf.,  190.5.  —  l.elulle,  Jourii.  df  jilnjx.  et  de  patli.  gén.. 
15  mars  1908,  p.  i'.">(i. 


BOVIDÉS.     IMPÉTIGO.  363 


VI-    —    PAPILLOMES. 


Les  papillomes  ou  verrues  ont  une  origine  infectieuse  et 
constituent  une  maladie  inoculable  susceptible  de  se  gé- 
néraliser (Voy.  Pathologie  chirurgicale,  :  Maladies  de  l;i 
peau  et  des  vaisseaux) .  Ces  excroissances  papillaires  et  hy  per- 
kératosiques  ont  été  attribuées  au  Bacillus  Porri;  mais 
l'action  pathogène  de  ce  microbe  n"a  pas  été  démontrée. 

II.— BOVIDÉS. 

I.    —   IMPÉTIGO- 

Définition.  —  L'impétigo  du  bœut^  ou  j^orrigo  (Lafosse) 
est  une  maladie  contagieuse,  caractérisée  par  la  formation 
de  petites  pustules  qui  se  déchirent  rapidement  sous  Vin- 
fluence  des  frottements  ou  sous  l'action  de  la  langue  très 
rugueuse  des  bovins. 

Ces  pustules,  plus  ou  moins  volumineuses,  laissent 
alors  écouler  un  liquide  jaunâtre  purulent. 

Étiologie.  —  L'impétigo  se  développe,  chez  les  ani- 
maux (le  travail,  pendant  l'hiver;  la  malpropreté  des 
étables  et  des  animaux,  pendant  cette  saison,  favorise 
son  apparition.  Mais  la  cause  primordiale  réside  dans 
l'implantation  de  microorganismes  pyogènes  à  la  surface 
de  la  peau.  La  maladie  se  transmet  facilement  entre  ani- 
maux de  même  espèce. 

Symptômes.  —  Cette  affection,  localisée  à  la  base  do 
la  queue,  à  la  nuque,  au  fanon,  est  caractérisée  au  début 
par  une  inflammation  très  intense:  la  peau  est  tuméfiée, 
chaude,  douloureuse  au  toucher,  principalement  à  la  base 
de  la  queue,  à  la  nuque,  au  front,  au  garrot,  où  l'affection 
se  développe  presque  exclusivement. 

Bientôt,  un  suintement  jaunâtre,  séreux,  se  produit;  les 
poils  se  réunissent  en  pinceaux  et  laissent  apercevoir, 
dans  les   intervalles,  la  surface  de  la  peau  dépouillée  de 


364  DERMATOSES    MICROBIENNES. 

ropiilorine  et  devenue  rouge  et  humide.  On  aperçoit 
aussi  de  petites  vésicules  à  la  périphérie  de  la  surface 
enflammée;  mais  elles  sont  déchirées  par  le  frottement 
(\m  résulte  du  prurit  déterminé  par  l'inflammation.  Les 
animaux  se  frottent  avec  les  pieds,  avec  la  langue  et 
contre  tous  les  corjts  durs.  Consécutivement,  les  poils 
tombent,  la  surface  se  dénude,  le  suintement  revêt  un 
caractère  sanguinolent  ou  purulent  ;  il  s'étend  sur  le 
tégument,  s'écoule  sur  les  parties  saines,  où  il  sème  la 
contagion  et  fait  développer  une  affection  identique. 

Au  centre,  le  suintement  se  dessèche  et  se  convertit  en 
croûtes,  brunâtres  ou  grisâtres,  toujours  fendillées  de 
manière  à  livrer  passage  au  pus  formé  au-dessous.  Du 
reste,  les  croûtes  sont  rapidement  enlevées  par  les 
grattages,  et  la  surface  malade  est  transformée,  à 
chaque  instant,  en  plaie  saignante,  qui  bourgeonne  irré- 
gulièi'ement  en  certains  points  et  s'ulcère  dans  d'autres. 
Uuelquefois,  l'infection  microbienne  devient  plus  pro- 
fonde et  plus  compliquée;  il  se  produit  des  abcès  sous- 
cutanés  aboutissant  à  la  nécrose  de  quelques  points  de  la 
peau  par  implantation  du  bacille  de  Bang.  Quand  le  mal 
siège  à  la  (]uoue,  la  suppuration  est  favorisée  par  les 
frottements,  et  il  se  produit  des  complications  :  la  queue 
devient  insensible,  se  mortilie,  se  détache;  on  observe 
quelquefois  la  perte  des  oreilles,  des  paupières  et  des 
yeux,  (fuand  la  maladie  envahit  la  tête. 

Traitement.  —  Il  faut  entretenir  la  propreté  de  la  ré- 
gion malade,  opérer  la  désinfection  par  des  lavages  à 
l'eau  pliéniquéo,  au  sublimé,  à  la  liqueur  de  Van 
Swieten.  On  doit  toujours  couper  les  poils,  bien  ras,  afin 
de  prévenir  l'accumulation  des  produits  du  suintement  à 
la  surface  du  tégument.  On  a  ensuite  recours,  avec  le  plus 
gi'and  succès,  à  la  pommade  au  caloinel,  dont  les  appli- 
cations ne  doivent  pas  être  trop  souvent  renouvelées, 
afin  d'éviter  l'intoxication  mercurielle.  On  peut  remplacer 
ces  médicaments  par  des  pommades  antiseptiques,  astrin- 


BOVIDÉS.    —    PEMPHIGUS.  365 

gentes,  au  sulfate  de  zinc,  etc.  On  peut  utiliser  avec  profit 
les  médicaments  pyrogénés,  tels  que  le  goudron  ;  on  peut 
employer  aussi  l'huile  de  cade  ;  mais  les  meilleurs  anti- 
septiques sont  les  plus  recommandables. 

Quand  l'infection  est  déjà  ancienne  et  que  le  tégu- 
ment s'est  ulcéré,  on  conseille  la  cautérisation  des  ulcères 
avec  l'eau  mercurielle,  l'acide  arsénieux,  le  nitrate  d'ar- 
gent, mais,  ordinairement,  on  obtient  la  guérison  par  le 
secours  exclusif  des  pommades  et  des  lotions  antisep- 
tiques. 

Quand  le  suintement  est  si  intense  qu'il  irrite  les  sur- 
faces du  tégument  avec  lesquelles  il  est  mis  en  contact, 
on  saupoudre  la  surface  enflammée  avec  la  poudre  de 
tan,  de  chlorure  de  chaux  ou  d'amidon.  Il  faut  ouvrir 
les  abcès  qui  se  sont  produits,  désinfecter  la  région  suin- 
tante et  empêcher,  autant  que  possible,  les  animaux  de  se 
frotter. 

II.  —  PEMPHIGUS.      - 

Le  pemphigus  des  bovidés  peut  revêtir  la  forme  enzoo- 
tique  (Loiset);  les  vaches  parturientes  qui  en  sont  efîectées 
peuvent  le  transmettre  au  porc  (Winkler)  ou  même  à 
Vliomme  (Ballart);  mais,  habituellement,  on  ne  constate 
que  des  cas  isolés  (Lucet). 

La  maladie  est  caractérisée  par  une  éruption  huileuse 
des  régions  des  lombes,  de  la  croupe,  des  fesses,  du 
périnée,  de  la  face  interne  des  cuisses  ou  des  mamelles  et 
des  trayons.  Ces  nodosités  saillantes,  à  bords  nets,  dépilés, 
bleuàti'es,  douloureuses,  peuvent  atteindre  les  dimensions 
d'une  pièce  de  5  francs;  elles  renferment  une  sérosité 
citrine  et  guérissent  plus  ou  moins  rapidement. 

Traitement.  —  Les  antiseptiques  et  les  poudres  sicca- 
tives sont  rapidement  efficaces. 


366  ItKHMATOSES    MlcnOBIENNES. 


III.   -    PYOHÉMIE  CASÉEUSE. 

Définition.  —  La  pjoliéniie  cusoousedesu'iullcs  est  une 
affection  caracléi'isée  par  l'apparilion  successive  de  foyers 
(le  suppuralion  variant  du  volume  d'un  pois  à  celui  d'un 
(i'urdc/>o///rilans  lesdiverscs  régions  du  corps  et  analogues 
il  la  dermite  [lusluleuse  eonlagieuse  du  cheval  [Barbe  (1), 
Bitard  (2),  Besnoit  (3),  Liénaux  (4),  Leblanc  (3)]. 

Elle  peut  affecter  aussi  le  ioie,  le  poumon  sous  formé  de 
broncbopneumonie  casceusc  des  adultes  (Kitt),  mais  princi- 
palement des  jeunes  atteints,  à  leur  naissance,  d'infection 
ombilicale  seplico-pyobémique,  connue  sous  le  nom  de 
diarrliée  des  veaux  d'Irlande. 

L'agent  pathogène  du  poumon  comme  de  la  peau  est  le 
microbe  de  la  suppuralion  caséeuse.  L'inoculation  au  bœuf 
de  l'acné  contagieuse  du  cheval  reproduit  cette  maladie 
(Grawitz  et  Dieckerboff).  Quand  le  microbe  s'est  implanté 
dans  un  point  du  tégument,  il  se  produit,  sous  rintluence 
des  frottements  et  des  effractions  cutanées,  des  séries  d'auto- 
inoculations  successives;  mais  le  microbe  est  moins  en- 
vahissant que  chez  le  cheval  et  le  mouton;  la  maladie 
respeclelesganglionset  nese  propage  au  foie  et  au  [)Oumon 
que  chez  les  jeunes,  (piand  Finfection  s'est  effectuée  par  la 
plaie  ombilicale. 

L'évolution  cutanée  et  l'évolution  pulmonaire  consti- 
tuent pour  ainsi  dire  deux  maladies  distinctes,  quoiqu'elles 
soient  produites  par  la  même  cause. 

La  FORME  cur.wKE,  analogue  à  la  furonculose  i)ar  ses 
poussées  siiccessives,  à  Vacné  contagieuse  par  sa  nature, 
affecte  tantôt  un  type  discret,  tantôt  un  type  coniluent  et 

(1)  Barbe,  Itcrueil  de  jiu'd.  vét.,  30  mars  d896. 

(2)  Bitard,  Progrès  vét.,  1902,  p.  1;  Affection  pyohémiqiie  de  la  région 
parotidienne  et  cervicale  chez  le  bmif. 

(3)  Besnoit,  /ievue  vrt.,   I00.\ 

(4)  Liénaux,  Annales  de  méd.  vét.,  1002. 
(t))  Leblanc,  Comnmnicalion  int'dite. 


BOVIDÉS.     —    NKCRÛBACILLOSE.  367 

généralisé  (Voj.  Maladies  de  la  [teaii  et  des  vaisseaux, 
in  Pathologie  chirurgicale). 

Traitement.  — Les  moyens  prophylactiques  qui  réalisent 
l'antisepsie  de  l'extn'mité  du  cordon  ombilical  et  pré- 
viennent son  inlection  empêchent  l'animal  de  contracter 
la  bronchopneumonie  caséeuse  et  la  septicémie  des  nou- 
veau-nés. La  propreté  de  la  litière  et  son  renouvellement 
fréquent,  les  pansages  des  animaux  préviennent  les  infec- 
tions cutanées. 

Les  moyens  curatifs  s'adressent  exclusivement  aux  acci- 
dents cutanés:  favoriser  la  maturation  des  abcès  àl'aidedes 
frictions  vésicantes,  és'acuer  le  pus  par  des  ponctions  et  des 
débridements,  désinfecter  les  cavités  purulentes  pour  tarir 
la  sourcede  la  suppuration,  opérer  la  désinfection  de  toutes 
les  parties  (piiont  été  en  contact  avec  le  pus  à  l'aide  de  la 
solution  phéniquée,  crésvlée,  iodée,  etc.,  atln  de  prévenir 
les  aulo-inoculations. 

IV.  —  NÉCROBACILLOSE- 

Chez  les  bovidés,  le  bacille  delà  nécrose  devient  l'agent 
essentiel  de  la  nécrose  de  la  bouche,  du  pharynx,  de  la 
panse  et  des  exsudais  diphtériques  de  l'intestin:  il  peut 
compliquer  la  plupart  des  maladies  du  tube  digestif 
(Voy.  Pathologie  interne,  t.  Ij. 

Les  stomatites  pseudo-aphteuses  sont  aggravées  ou 
déterminées  par  cet  agent  (Vigadi). 

L'appareil  de  la  reproduction  des  femelles  (vagin,  utérus) 
présente,  quebpiefois,  des  pseudo-membranes  et  des 
ulcères  dus  à  ce  bacille  ;  il  n'est  pas  rare  de  voir  ces  mani- 
festations s'associer  à  des  altérations  analogues  de  la 
muqueuse  buccale  (EUinger).  On  le  voit  compliquer  la 
pyosepticémie  des  nouveau-nés  et  revendiquer  les  foyers 
de  nécrose  du  poumon,  du  foie,  du  cœur;  il  semble  même 
capable  de  déterminer  des  infections  digeslives,  mammaires, 
pulmonaires  et  hépatiques,  primitives  à  formes  endémique 


368  DKllMATOSES    MICItniilKNNKS. 

clanslesgrandescx|tloitations[Miossnor  (1).  Micssnercl  liar 
tels  (2)].  Il  (It'lerinino  oncore  plus  commiint-mont  la  gan- 
grène des  trajons,  la  nécrose  enzootique  de  la  queue 
(Voy.  Maladie  de  la  poau  et  du  tissuconjonctif,  in  Pathologie 
chirurgicale),  de  la  région  périnéale  et  oxceptionm-lleinonl 
de  l'anus,  do  la  quouo  et  des  oreilles  (Elmassian  et 
Ulizar). 

III.  —  MOITO.X. 

I.   —  ACNÉ. 

Étiologie.  —  Linllammation  dos  glandes  el  dos  rolliculos 
pilo-sébaoés  n'-sulle  de  toutes  les  causes  susceptibles  do 
troubler  l'ôvolulion  ôpidcrmique.  d'irrilor  le  tégument  el 
de  déterminci'  on  do  ]ii'éparor    une    inlootion  secondaire. 

C'est  ainsi  que  les  pluies  continuelles  amènent  l'acné  en 
ramollissant  l'épidorme,  qui  ne  s'oppose  plus  à  l'entrée  des 
microbes  dans  les  follicules  pilo-sébaoés  ;  les  moutons 
beaucerons  (mérinos-beaucerons  à  toison  légèrement 
ouverte)  qui  passent  la  nuit  au  parc  à  l'arrière-saison  sont 
frappés  chaque  année  en  nombre  variable. 

Les  éraillures  provoquées  par  la  tondeuse,  liriilalion 
occasionnée  par  les  maladies  parasitaires  (gale  psoroptique 
et  gale  sarcopliquo)  roprésonlent  los  principales  causes  de 
cette  inflammation,  qui  est  généi-alomont  de  nature  staphy- 
lococcifpie. 

Symptômes.  —  Dos  boulons  pou  douloureux  constitués 
par  dos  [)ustulos  suporHoiollos  ou  profondes,  des  pa|)ulo- 
pustules  folliculaires  do  volume  variable,  atteignant  sou- 
vent les  dimensions  d'une  noisette,  caractc-risenl  ces  infoi- 
tions  locales. 

L'évolution  de  cette  éruption  s'elTectue  presque  sans 
rougeur  péri|diéri(pie.  sans  jinn-it   ni  douloui'  aitpréciablo. 

(1)  Miessner,  Nécrobacillose  épidémique  des  l>ovidés  (HrviiP  géit-,  1901, 
t.  Il,  p.  699). 

(2)  .Miessner  et  Bartels,  idem,  19 H,  p.  70. 


MOLTON.    ECTHYMA    CONTAGIEUX   DES    LÈVRES.        369 

Les  boutons  dacné  situés  principalement  sur  les  parties 
latérales  de  la  poitrine,  aux  flancs,  à  l'aine,  sont  géné- 
ralement peu  nombreux:  ils  sont  remplis  de  produits 
graisseux,  sébacés,  mais  ils  peuvent  s'abcéder,  présentai 
un  aspect  furonculeux  [Tetz  (1905)],  engendrer  des  croûtes 
et  des  cicatrices;  ils  guérissent  toujours  sans  difficulté. 

Traitement.  —  Le  savonnage  de  la  peau,  les  lotions 
soufrées  et  la  ponction  au  bistouri  des  abcès  folliculaires, 
ou  des  furoncles,  et  les  lavages  avec  une  solution  crésylée 
assurent  une  prompte  guérison. 

II.  —  ECTHYMA  CONTAGIEUX   DES  LÈVRES- 

Sous  le  nom  d'affection  ulcéro-végétante,  de  papillomcs 
infectieux  des  lèvres  des  agneaux  [Mégnin  (1)  et  Boulier]. 
d'impétigo  labialis  [Peter  (2)j  ou  (ïecthyma  contagieux,  de 
chancre,  de  becqueriau,  on  décrit  une  affection  ulcéreuse 
des  lèvres  qui  devient  plus  ou  moins  rapidement  végétante 
et  papillomateuse.  mais  qui  demblée  ressemble  beaucoup, 
à  la  stomatite  pseudo-aphteuse. 

Étiologie.  —  Cette  affection  ne  s'attaque  pas  exclusive- 
ment aux  agneatix;  les  adultes  peuvent  être  également 
frappés  ;  mais  elle  commence  toujours  par  les  agneaux  : 
elle  sévit  exclusivement  pendant  la  saison  d'été,  de  juin  à 
octobre.  On  l'attribye  à  l'action  traumatique  des  chaumes 
de  blé  ou  d'avoine;  mais  elle  frappe  également  les  ani- 
maux qui  demeurent  à  la  bergerie. 

La  transmission  ne  fait  aucun  doute;  elle  se  propage 
par  contact  direct  et  par  inoculation  non  seulement  au 
mouton,  mais  encore  à  la  chèvre  (Moussu). 

On  ignore  la  nature  de  l'agent  causal;  Mégnin  l'attribue 
à  des  sarcosporidies;  le  parasite  qu'il  y  a  découvert  res- 
semble beaucoup  aux  coccidies  trouvées  dans  les  diverses 
néoplasies. 

(I)  Mégnin  et  Boulier,  Soc.  de  Mol.,  1895. 
{i)  Berliner  thierdrsl.   Wockenschr.,  1399. 

21. 


370  DERMATOSES    MICROBIENNES. 

Symptômes.  —  Cette  maladie  débute  par  lappaiition 
sur  le  bord  des  lèvres  de  pustules  ou  de  petites  vésicules 
remplies  de  li(iuide  clair,  auxquelles  succède  bienlùl  une 
érosion  d'un  rouge  vif,  de  la  dimension  d'une  leidilîe  et 
saignant  facilemenl. 

Celte  érosion  augmente  progressivement  et  représente 
absolument  une  sorte  de  brûlure;  elle  est  recouverte  d'une 
séci'élion  jaune  clair  qui  forme  une  croûte  brun  jaunâtre 
ou  jaune  grisâtre,  épaisse,  dure,  non  suintante.  Sous  Tin- 


Vi^.  7-î.  —  Ecthyiiia  des  lèvres  et  de  la  paupière  du  iiioiitoii. 

fluence  de  l'irritation  déterminée  par  les  aliments,  l'ulcère 
saigne,  suppure  et  végète  (fig.  73). 

On  voit  apparaître  vers  ses  bords  de  nouvelles  vésicules 
étendant  l'ulcération  qui  envaliit  les  commissures  et  les 
parties  glabres  de  la  peau;  il  se  forme  en  même  temps  des 
végétations  subdivisées  acquérant  le  volume  de  jtctites 
fèves. 

L'éruption  se  multiplie  sur  les  lèvres  et  le  ]iourloui-  du 
nez;  elle  forme  de  véritables  bourrelets  qui  peuvent  par- 
venir à  bouclier  les  narines. 


MOUTON    —    PVOHÉMIE    CASÉEUSE.  371 

En  général,  la  muqueuse  buccale  et  les  gencives  demeu- 
rent intactes;  mais  on  observe  quelquefois  des  éi'osions 
sur  le  palais.  Sous  l'influence  de  cette  éruption,  les  lèvres 
inûltrées  et  épaissies  ne  peuvent  prendre  les  aliments;  les 
animaux  se  nourrissent  mal  et  maigrissent. 

L'évolution  de  la  maladie  est  bénigne;  elle  se  commu- 
nique à  presque  tous  les  animaux  du  troupeau  et  guérit  en 
trois  semaines  au  plus.  Elle  devient  plus  grave  (juand  elle 
se  complique  de  stomatite  ulcéreuse. 

Traitement.  —  La  désinfection  réalisée  par  des  lavages 
avec  une  solution  créolinée  suffit  pour  obtenir  la  guérison; 
on  fait  tomber  les  croûtes,  on  enlève  les  produits  de  sécré- 
tion ;  on  peut  cautériser  les  ulcères  et  végétations  au  ni- 
trate d'argent,  à  la  teinture  d'iode,  ou  au  sulfate  de  cuivre. 
Ces  moyens  suffisent  pour  guérir  tous  les  malades. 

m.  —  PYOHÉMIE  CASÉEUSE. 

Définition.  —  La  pyohémie  caséeuse  du  mouton  est  une 
maladie  enzootique  de  tous  les  pays,  caractérisée  par  des 
lymphangites,  des  adénites  et  des  abcès  sous-cutanés, 
ganglionnaires,  intramusculaires,  viscéraux,  ai'ticulaires, 
renfermant  un  pus  épais,  verdàtre,  dont  la  consistance 
rappelle  celle  de  la  pâte  de  guimauve. 

S3rnonymie.  Historique.  —  Suivant  le  siège  des  foyers 
de  suppuration,  on  a  donné  à  cette  maladie  des  noms 
différents,  qui  peuvent  tout  au  plus  servir  à  désigner  ses 
localisations.  Tels  sont  :  adénite  caséeuse,  lymphadénic 
Caséeuse,  bronchopneumonic  caséeuse  du  mouton,  pseudo-tu- 
berculose du  mouton. 

Découverte  en  1891  par  Preisz  et  Guinard,  dans  le  rein, 
les  travaux  de  Turski.  de  Cherry  et  Bull,  de  Norgaard  et 
Mohler,  etc.,  font  ressortir  la  fréquence  des  adénites 
externes  et  internes;  et  ceux  de  Sivori  celle  de  la  bron- 
chopneumonie caséeuse  (1). 

(1)  Carré,     La    suppuration  caséeuse  chez  le  mou  Ion  {Revue  gén.,  1910). 


372  DERMATOSKS    MICHOHIKNNES. 

Étiologie  et  pathogénie.  —  l/inoculation  sous-cutanée 
reproduit  la  lualadie  natuicllo  L'injection,  sous  la  peau  de 
la  face  interne  de  la  cuisse  d'un  mouton,  de  5  centimètres 
cubes  d'une  émulsion  obtonuo  on  mélangeant  le  contenu 
caséeux  d'un  ganij:lion  sous-lombaire  de  lupin  avec  une 
solution  isotoni(pio  d'eau  salée,  est  suivie  de  la  production 
d'un  abcès  qui  s'ouvre  un  mois  après  (Noi'gaard  et  Mobler). 
mais  qui  laisse  persister  une  masse  indurée  creusée  de 
petits  foyers  [lurulents. 

L'infection  obtenue  avec  Oc'^.S  à  1  centimètre  cube  de 
culture  est  suivie  du  dévelopi»ement  d'un  abcès  caséeux  et 
de  la  caséiticalion  des  ganglions  environnants. 

«  Sous  la  peau  du  nioulon,  l'inoculation  d'une  trace  de 
culture  est  suivie  de  l'apparition  d'une  petite  nodosité 
dure,  arronilie,  sans  tcndimcc  à  s'uuvrir  à  l'extérieur. 
Bientôt,  autour  de  cette  première  nodosité  et  à  une  distance 
variable  d'elle,  on  constate  d'autres  petits  foyers  indurés, 
identiques:  puis,  dans  les  semaines  qui  suivent,  des  abcès 
apparaissent  aux  endroits  déjà  signalés.  Ces  abcès  s'ou- 
vrent spontanément,  se  vident  et  se  cicatrisent.  D'autres 
apparaissent  dans  la  suite,  qui  évoluent  suivant  le  même 
mo<le  »  (Carré  et  iJigoteau). 

La  puissance  infectieuse  du  microbe  Preisz-Cuinard 
acquiert,  cbez  les  moulons,  un  maximum  d'intensité  en 
raison  de  l'clroile  promiscuité  dans  Impiclle  vivent  les 
animaux. 

a.  Les  aiiiuiaiix  jjortenrs  d'abcès  superliciels.  s'ouvrant 
siiontanément.  souillent,  pendant  plusieurs  jours,  de  pro- 
duits purulents  la  litière  que  les  animaux  ingèrent  ou  sur 
laquelle  ils  se  coiicbent  :  c'est  là  luic  première  cause  d'in- 
fection. 

b.  Les  animaux  alTectés  de  lésions  pulmonaires  et  bron- 
cbiques  expectorent  un  jetage  iuferlani  qui  dissi'mine  les 
germes  infectieux. 

c.  Les  animaux  sains  on  ai)i)aren(e.  qui  vivent  dans  le 
milieu  infecti'-.  rcnfermeni  et  i  iiltivcnt  les  microbes  infec- 


MOUTON.    —    PYOHÉMIE   CASÉEUSE.  373 

tienx  dans  leur  tube  digestif.  Il  suffii  qu'un  animal  ait  fait 
un  repas  infectant  pour  que  son  tube  digestif  soit  désor- 
mais un  milieu  de  culture  de  ce  microbe,  qu'il  dissémine 
ensuite  partout  avec  les  matières  fécales.  Le  fumier  et  le 
sol  des  bergeries  fourmillent  ainsi  d'agents  infectieux 
(Noack.  Carré). 

La  contamination  de  la  plupart  des  animaux  est  inévi- 
table et  s'eiïectue  rapidement  chez  les  agneaux  qui,  dans 
la  proportion  de  60  p.  100,  présentent  des  abcès  dans  les 
premières  semaines  qui  suivent  leur  naissance. 

Les  voies  de  pénétration  des  germes  infectieux  sont  mul- 
tiples. Les  solutions  de  continuité,  comme  la  plaie  ombili- 
cale ou  les  blessures  de  l'extrémité  de  la  queue,  sont  les 
voies  ouvertes  à  l'infection  chez  les  agneaux  qui  viennent 
de  naître.  Les  lèvres  sont  des  voies  d'infection  dès  que  les 
animaux  sont  exposés  à  se  blesser,  c'est-à-dire  dès  qu'ils 
commencent  à  manger.  J^es  aliments  durs,  acérés  ou  cou- 
pants, comme  les  chaumes,  blessent  les  lèvres,  la  mu- 
queuse buccale  et  sont  des  agents  d'inoculation.  Les 
moutons  affectés  de  ces  blessures  récentes  peuvent  s'in- 
fecter en  rentrant  dans  la  bergerie,  où  ils  retrouvent  des 
aliments  souillés  de  produits  infectieux. 

Les  voies  digestives  se  laissent  traverser  par  les  ger- 
mes infectieux;  les  abcès  des  antenais  et  des  adultes  ré- 
sultent généralement  de  ce  mode  d'infection.  Cependant 
la  contagion  par  l'appareil  digestif  est  beaucoup  moins 
fréquente  que  l'inoculation  cutanée,  et,  ce  qui  le  prouve 
bien,  c'est  qu'il  suffit  de  prévenir  l'infection  par  la  plaie 
ombilicale  et  la  queue  pour  faire  tomber  le  taux  des  abcès 
de  50  p.  100  à  0,3  p.  100.  D'autre  part,  l'ingestion  d'une 
émulsion  de  ganglions  caséeux  du  lapin  ne  produit  pas 
d'accidents  (Nôrgaard  et  Mohler).  Mais  le  cobaye  et  le 
bipin  contractent  la  maladie  par  ingestion. 

Les  microbes  peuvent  déterminer  des  accidents  locaux 
au  niveau  de  leur  introduction  dans  l'organisme  (cordon 
ombilical,  queue,    etc.)   ou  envahir  immédiatement   les 


374  DERMATOSES    MICHOBIENNES. 

vaisseaux  sanguins  ot  lympliatiques  cl  engendrer  secondai- 
rement, quelle  ((ue  soit  leur  voie  de  péiiétralion,  de  nou- 
veaux abcès  internes  ou  sous-cutanés,  des  adi'uiles  suppu- 
rées,  de  la  pseudo-tuberculose,  des  arthrites  suppurées,  des 
foyers  de  bronchopneumonic.  l/int'eclidii  dciueure  locale 
quand  les  germes  sont  peu  virulents  ;  il  ne  se  produit 
qu'un  gros  abcès  ou  une  adénite  volumineuse  ;  elle  s'étend 
et  se  généralise  (piand  les  germes  sont  plus  actifs.  L'infec- 
tion est  généralement  très  ra[)ide.  et  les  lésions  externes 
peuvent  se  reproduire  dans  le  poumon,  moins  de  trois 
semaines  a|)i'ès  l'inoculation  extérieure.  D'autres  mi- 
crobes peuvent  s'associer  à  celui  de  Preisz-Guinard  et  con- 
Irihuer  à  donner,  au  pus  sécrété,  une  odeur  repoussante. 

Symptômes.  —  Les  symptômes  de  la  pyobémie  caséeuse 
consislenl  dans  des  abcès  externes  et  internes  et  dans  des 
adénites  ou  une  broncliopneumonie  caséeuse. 

i"  Adénite  caséeuse.  —  Les  abcès  commencent  à  évo- 
luer dès  les  premières  semaines  qui  suivent  la  naissance 
des  .aj/Hf*auA- juscpTà  l'Age  adulte  et  l'envoi  des  animaux  à 
la  boucherie,  ils  se  propagent  à  tel  point  que  00  p.  100  de 
l'effectif  du  troupeau  en  sont  alfectés.  «  Les  abcès  évoluent 
rapidement  et  dans  des  points  d'élection  :  au  niveau  de 
la  parotide,  sous  la  gorge,  au  flanc,  à  la  mamelle,  aux 
bourses,  etc.  Leur  grosseur  atteint  souvent  le  volume  du 
poing  quand  le  tissu  conjonctif  de  la  région  est  suflisam- 
ment  lâche;  leur  contenu  est  constitué  par  un  pus  épais, 
crémeux,  jaune  verdAIre.  ils  apparaissent  d'une  manière 
intermittente,  de  telle  sorte  ipi'un  animal  guéri  d'im 
abcès  sous-glossien  en  présente  un  aul  re  (pielques  semaines, 
(pielques  mois  plus  lard  au  nivciiu  du  liane  ou  de  la  pointe 
de  l'épaule. 

«  Très  répandus  chez  les  antenais,  leur  nombre  diminue 
h  mesure  que  les  animaux  deviennent  plus  Agés,  mais  îi 
aucune  période  de  leur  existence  les  sujets  du  troupeau, 
mi\les  ou  femelles,  ne  sont  à  l'abri  de  cetle  singulière 
affection  »  (Carré). 


MOL'TOX.     —    PYOHÉMIE    CASÉELSE.  375 

Ces  abcès  intéressent  principalement  les  ganglions  super- 
ficiels situés  dans  le  voisinage  des  premières  voies  diges- 
tives  (ganglions  parolidiens,  rétro-pharyngiens),  puis  les 
ganglions  préscapulaires  et  inguinaux.  La  palpation  des 
principales  régions  ganglionnaires  peut  faire  découvrir  les 
premiers  malades  d'un  troupeau.  Il  n'est  pas  rare  de  cons- 
tater, chez  les  animaux  adultes,  des  ganglions  de  lagros- 


Fig.  74.  — ?s'odules  caséeux  du  fuie  ^Mohlel■). 

seur  d'un  œuf  de  poule;  la  maladie  est  beaucoup  plus 
difficile  à  reconnaître  chez  les  agneaux  en  raison  du  peu 
de  volume  des  ganglions. 

L'existence  de  la  pyohémie  caséeuse  n'est  le  plus  sou- 
vent établie  qu'à  l'abattoir  ;  elle  évolue  sans  produire  des 
troubles  généraux  ou  locaux  appréciables. 

2°  Forme  viscérale.  —  Les  infections  viscérales  demeu- 
rent latentes,  sauf  celles  du  poumon,  <jui  se  traduit  parles 
symptômes  d'une  bronchopneumonie  chronique.  Cette  loca- 
lisation pulmonaire,  observée  par  Liénaux  (1"1,  Besnoit  et 

(1)  Liénaux,  Eludt  d'une  pneumonie  enzootique  du  mouton  (Ann.  de  méd. 
vêt.,  1896,  p.  625). 


376  DERMATOSES    MICROBIENNES. 

Cuillé(l),  a  ('II'  idcnlilii'O  par  Sivori  (2).  Elle  est  caracté- 
risée par  une  diininiilion  plus  ou  moins  ra|)ifJe  des  forces 
et  un  amiu;j:rissemont  progressif  faisant  soupçonner  une 
alTection  caclicctisantc.  La  respiration  est  arccléréc  dès  le 
début  de  l'invasion  morbide;  elle  devient  saccadée,  accom- 
pagnée d'un  souhresaul  si  marqué  qu'il  constitue,  pour  le 
berger,  un  signe  palliognomoiiique  de  l'altération  pulmo- 
naire. 

]^a  percmsio))  de  la  poitrine  ne  fournit  aucun  renseigne- 
ment caractéristique  tant  que  les  lésions  sont  confinées 
aux  lol)cs  antérieurs  et  au  bord  inférieur  de  l'organe; 
mais,  quand  la  pni'umonie  s"étend  en  arrière,  il  existe  une 
zone  de  matiti'  sur  ime  étendue  correspondante  à  celle  des 
parties  hépatisées. 

\jauscullation  donne  peu  d'indications  :  les  masses 
scapulaii-es  mas(|uent  les  bruits  sous-jaccnts;  on  note 
pres(pie  cxnlMsivcmenl.  une  exagération  du  murmure  res- 
piratoire vers  les  parties  élevées  de  la  poitrine. 

Le  jctagc  n'apparaît  qu'îi  une  épofjue  éloignée  du  début 
de  la  maladie  ;  il  est  bilatéral,  blanc  laiteux,  visqueux, 
muco-purulenl.  toujours  peu  abondant;  son  expulsion  est 
sin-tout  ajipréciable  après  une  quinte  de  toux. 

La  gène  respiratoire  fait  des  progrès;  l'animal  est  hale- 
tant; il  maigrit,  perd  rapp(''lit  et  oITre.  peu  île  jours  avant 
la  moi't.  une  diarrln'c  intense. 

Marche.  —  La  maladie  a  une  évolution  lente,  chro- 
nique: sa  diH'ée  est  difiiciie  à  apprécier;  on  sacrifie  géné- 
ralement les  malades;  on  constate  d'ailleurs  de  grandes 
difi"(''rences  subordonnées  à  la  gravité  et  à  l'étendue  des 
lésions  pulmonaires;  sa  duri-e  esl  souvent  de  deux  mois, 
mais  elle  semble  pouvoir  atteindre  six  mois  comme  limite 
extrême.  La  terminaison  est  généralL-ment  mortelle. 

Anatomie  pathologique.  —  Les  lésions  intéressent  les 

(I)  Hesnoit  et  (aiillc,  /{'-viif  rrl.,  IS",)S,  p.   iliS. 

(!')  Sivori,  Sur  une  hronchopncunionie  caséeuse  du  mouton  (Recueil  de 
méd.  vit.,  l.S9!)l. 


MOUTOX.    PYOHÉMIE    CASÉEUSE.  377 

ganglions,  le  foie,  les  reins  et  principalement  le  poumon. 

Les  GANGLIONS  bronchiques,  médiastinaux,  rétro-hcpa- 
liques  et  quelquefois  lombaires  et  mésentériques,  sont 
criblés  de  fojers  casceux.  isolés  ou  réunis  en  un  vaste  abcès 
dont  le  contenu  est  constitué  par  du  pus  épais,  gommeux, 
verdàtre,  renfermant  des  grains  calcaires. 

Le  FOIE  présente  des  nodules  miliaires,  du  volume 
d'un  pois,  ou  d'une  noix  limités  par  une  épaisse  coque 
fibreuse  (fig.  74  et  75). 

Les  REixs  et  la  rate  sont  le  siège  de  nodules  petits,  durs. 


Fig.  7.^.     —Abcès  caséeux  successifs  d'un  membre. 

en  relief,  essentiellement  fibreux,  calcifiés  ou  en  voie  de 
calcification,  qu'on  a  confondus  avec  des  tubercules. 

Le  POUMON  offre,  dans  beaucoup  de  cas,  des  lésions 
caséeuses,  scléreuses  et  pneumoniques. 

Les  foyers  casceux  ont  le  volume  d'une  lentille  à  celui 
d'une  noix  ;  ils  renferment  du  pus  verdàtre,  épais,  concrète 
ou  calcifié,  et  disposé  en  couches  concentriques;  ils  sont 
entourés  d'une  paroi  sclérosée  et  accompagnés  d'une  réac- 
tion inflammatoire  périphérique,  propagée  quelquefois 
jusqu'à  la  plèvre  et  suivie  dé  plaques  de  pleurésie  et 
d'adhérences  superficielles.  Les  lésions  pneumoniques  sont 
bilatérales  et  intéressent  principalement  les  lobes  antérieurs. 


378  DERMATOSES    MICROBIENNES. 

Les  parties  malades  consei'venl  le  volume  du  poumon 
insui'flé  ;  elles  ont  une  teinte  grise  ou  blanche  qui  rappelle 
la  couleur  de  la  substance  cérébrale;  leur  surface  est  lisse, 
régulièrement  arrondie  ;  on  y  aperçoit  un  aspect  linemenl 
lobule,  comme  si  la  substance  se  décomposait  en  de  nom- 
breux grains  d'un  gris  mal,  séparés  par  des  zones  plus 
claires  ou  rosées.  F^a  densité  est  augmentée:  les  fragments 
lésés  tombent  au  fond  de  leau  ;  la  consistance  est  ferme 
tant  que  la  plèvre  viscérale  est  conservée;  la  substance 
devient,  au  contraire,  très  friable  si  l'on 'entame  son  enve- 
loppe :  elle  s'etTrite  entre  les  doigts  et  se  réduit  en  une 
bouillie  blanche,  épaisse  et  visqueuse.  La  surface  de  sec- 
tion répète  l'aspect  lobule  de  la  surface;  elle  donne  au 
doigt  une  impression  de  viscosité  et  laisse  écouler,  parime 
faible  pression,  un  suc  laiteux,  épais.  Le  raclage  détache 
de  la  coupe  une  multitude  de  grains  gris,  submiliaires,  de 
dimensions  égales,  à  contours  irréguliers,  d'une  consis- 
tance plus  ferme,  <pii  lui  donne  l'aspect  lobule  visible  à  la 
surface  (Liénaux). 

Diagnostic.  —  L'échinococcose  pulmonaire  dégénérée 
s'en  distingue  par  l'absence  de  lésions  ganglionnaires;  la 
brochopneiimonie  parasitaire,  par  la  sclérose  du  tissu  pul- 
monaire sans  suppuration  caséeuse  ;  la  tuberculose  n'est 
jamais  caractérisée  par  des  adénites  suppurées  aussi  nom- 
breuses et  aussi  dispersées  que  celles  qu'on  observe  dans 
la  pjohémie  caséeuse  et  ne  sévit  jamais  à  la  fois  sur  un 
nombre  aussi  considérable  d'animaux.  En  outre,  les  lésions 
tuberculeuses  n'offrent  jamais  cette  disposition  en  couches 
concentriques  comjiarables  à  un  oignon,  et  elles  sont 
dépourvues  de  capsule  [INoack  (i)]. 

Pronostic.  —  C'est  une  maladie  grave  qui  fait  périr  un 
grand  nombre  d'agneaux  dans  les  semaines  qui  suivent  la 
naissance.  Elle  complique  et  aggrave  les  infections  para- 
sitaires en  épuisant  les  malades.  Bien  connue  aujourd'hui 

(I)  .Noack,  Recherches  sur  la  pseudo-tuberculose  du  mouton  et  ses  rapports 
«lenkystement  avec  l'échinococcose  (Revue  gén.,  1907,  t.  I,  p.  200). 


MOUTON.    —    NÉGROBACILLOSE.  379 

des  inspecteurs  d'abattoirs,  elle  l'est  irès  peu  des  prati- 
ciens. Elle  atteint  pourtant  les  animaux  d'un  troupeau 
dans  la  proportion  de  15  à  70  p.  100  (Cherry  et  Bull). 

Traitement.  —  Le  traitement  prophylactique  est  le  seul 
pratique  chez  le  mouton.  Il  faut  isoler  les  malades  ou 
mieux  les  abattre  si  leur  état  actuel  permet  d'en  tirer 
parti  pour  la  boucherie,  désinfecter  les  locaux,  réservoirs, 
ustensiles,  qui  peuvent  avoir  été  souillés  par  les  produits 
virulents,  protéger  les  plaies  contre  le  contact  direct  des 
litières.  Il  faut  lier  le  cordon  ombilical  aussitôt  après  la 
naissance  avec  une  ligature  conservée  dans  un  antiseptique 
et  badigeonner  le  cordon  et  l'ombilic  avec  une  solution 
iodée  au  tiers.  On  a  recours  au  même  pansement  pour 
l'extrémité  de  la  queue  amputée,  qu'on  complète  dans  les 
deux  cas  par  une  application  de  collodion  iodoformé. 
C'est  le  meilleur  moyen  de  prévenir  l'extension  du  mal 
dans  les  troupeaux  infectés[Bridré,  Carré  et  Bigoteau(l)]. 

La  vaccination  à  l'aide  d'un  microbe  atténué  capable 
de  déterminer  de  l'œdème  inflammatoire  sans  suppuration 
paraît  efficace  ^(CaiTé)  ;  mais  elle  n'a  pas  encore  fait  ses 
preuves. 

IV.   —  NÉCROBACILLOSE. 

La  nécrobacillose  du  mouton  est  une  maladie  enzootique 
dans  tous  les  pays.  On  l'a  signalée  en  Hongrie  (Vigadi),  en 
Allemagne  (Peter),  en  Nouvelle-Zélande  (Gilruth).  On  l'a 
particulièrement  étudiée  en  Amérique  et  en  Angleterre 
(Mac  Fadyean,  Williams  Knowles,  Flock),  en  France 
(Moussu,  Besnoît,  Vallée). 

Étiologie.  —  L'agent  infectieux,  le  bacille  de  la  nécrose, 
trouve    chez  les   moutons  un  terrain  très  favorable  à  son 

(1)  Carré  et  Bigoteau,  Le  bacille  de  Preisz-Nocard  en  pathologie  ovine.  La 
toxine  et  les  affections  qui  lui  sont  dues  {Revue  gënër.,  l"  avril  1908).  — 
Carré  et  Bigoteau,  Les  affections  dues  à  l'action  toxique  du  bacille  de 
Preisz-Nocard  {Revue  génér  ,  15  avril  1908).  —  Carré,  La  suppuration  ca- 
séeuse  chez  le  mouton.  Prophylaxie.  Essais  de  vaccination  (Revue  génér., 
15  janvier  1910). 


3S0  DICHMATdSKS    MlCnOUlKNNKS. 

<léveloi)penienl.  L'aggloméralion  de  ces  animaux  on  trou- 
peau, le  contact  permanent  des  malades  et  des  animaux 
sains  dans  les  bergeries,  la  conservation  des  microbes  dans 
le  pus  répandu  sur  la  litière  par  les  extrémités  infectées 
ou  pendant  le  décubitus,  sont  des  conditions  émineiument 
favorables  à  la  propagation  de  l'infection.  D'autres  in  tlucnces 
prédisposantes  facilitent  l'inoculation  des  animaux.  Parmi 
elles,  citons:  l'ingestion  de  fourrages  durs  et  grossiers,  les 
pAtiu'ages  couverts  d'iierbos  épineuseset  piquantes  comme 
les  chaumes  de  blé,  qui,  pendant  les  années  de  sécheresse 
notauiment,  déterminent  des  érosions  et  des  blessures  des 
muqueuses  et  de  la  peau  au  moment  de  la  préhension  des 
aliments  ou  pendant  la  marche.  Ces  causes  expliquent  la 
fréquence  de  la  maladie,  régions  exposées  aux  trauma- 
tismes,  au  niveau  des  lèvres,  des  ailes  du  nez.  des  extrémi- 
tés et  sa  rareté'  dans  les  régions  couvertes  de  laine.  Les 
bergeries  humides,  sales,  mal  entretenues,  conservent  les 
microbes,  dont  l'inoculation  est  préparée  par  les  causes 
vtdnéranles  précitées  auxquelles  il  convient  d'ajouter  :  la 
marche  dans  des  roules  ou  des  chemins  boueux,  défoncés 
ou  caillouteux.  Quand  la  peau  des  lèvres  de  la  vulve  et  du 
conduit  vaginal  a  été  érodée  ou  blessée  pendant  la  saillie, 
le  bacille  de  la  nécrose  s'y  implante,  sans  diflicullé, 
pendant  la  décubitus  sur  une  litière  souillée  de  produits 
infectieux. 

Chez  les  ni/iimux,  p.irticulièrpmoiit  frappés,  l'infection 
est  favorisée  parla  tiuesse  delapeau.  son  peu  de  résistance 
aux  iniluences  traumatiquesel  probablement  aussi  par  une 
réceptivité  spéciale. 

La  transmission  artificielle  est  obtenue  en  frottant  la 
[)eau  scarifiée  ou  les mu(picuses(Vigadi).  avec  les  croûtes,  le 
pus  des  malades.  Elle  est  déterminée  aussi  par  le  simple 
dépôt  à  l'entrée  du  v;igin,  des  ouvertures  natiu-elles,  d'un 
tampon  d'ouate  imbibée  du  liquidequi  s'écoule  des  organes 
génitaux  des  animaux  infectés  (Mac  Kadjean),  ainsi  que 
|iar    l'inocidation  de  cultures  du    bacille   de   la  nécrose. 


MOUTOX.    —    NÉCROBACILLOSE.  381 

La  maladie  se  propage  quelquefois  des  brebis  malades 
aux  bergers  qui  les  soignent  et  se  traduit  par  la  formation 
déboutons  de  la  grosseur  d'une  lentille,  qui  se  convertissent 
en  petits  abcès  en  trois  ou  quatre  jours  et  guérissent  en 
une  dizaine  de  jours. 

Symptômes.  —  La  nécrobacillose  du  mouton  se  traduit 
fréquemment  par  des  localisations  cutanées  à  forme  enzoo- 
tique,  qui  tantôt  évoluent  isolément,  tantôt  s'associent 
très  diversement  :  les  lèvres,  les  organes  génitaux,  les 
extrémités  sont  les  principaux  foyers  d'infection  par  le 
bacille  delà  nécrose.  La  stomatite  ulcéreuse  et  \es  cruptions 
labiales  des  agneaux  et  quelquefois  des  moutons  sont  ses 
manifestations  les  plus  communes. 

a.La.nécro!ie des  lèvres  débute  parune  éruption  de  vésicules 
remplies  d'un  liquide  clair  etcitrin,  sur  lesboi'ds  des  lèvres, 
qui  apparaissent  larges  et  tumétiées.  Puis  le  contenu  des 
vésicules  exsude,  et  la  peau,  irritée  par  des  frottements  et  la 
préhension  des  aliments,  s'érode,  devient  sanguinolente  ou 
se  recouvre  decroiîtes  jaunâtres.  Le  processus  s'étend  jus- 
qu'aux commissures  des  lèvres  et  à  la  région  nasale  ;  les 
éruptions  vésiculeuses  se  multiplient;  la  peau  s'ulcère  et  la 
périphérie  des  parties  malades  est  progressivement  envahie 
par  des  taches  purpurines  et  se  recouvre  d'une  sécrétion 
boueuse  ou  de  croûtes  jaunâtres,  fissurées.  La  pression  du 
tissu  en  voie  d'invasion  en  fait  sourdre  une  masse  purulente 
ou  caséeuse  qui  répand  une  odeur  fétide.  Le  mal  peut  se 
propager  à  la  face  interne  des  lèvres,  aux  gencives  et  au 
palais,  comme  la  stomatite  ulcéreuse  peut  déborder  au 
dehors.  Ces  diverses  altérations  peuvent  déterminer  de 
l'inappétence,  empêcher  les  animaux  de  se  nourrir  et  entraî- 
ner la  mort  de  quelques  agneaux. 

On  peut  voir  aussi  le  mal  gagner  les  orifices  des  naseaux, 
les  paupières,  se  reproduire  au  niveau  des  extrémités  par 
auto-inoculation  ou  évoluer,  simultanément,  dans  ces 
diverses  régions  :  ulcérations  réunies  des  lèvres  et  des 
extrémités  (iMohler). 


382  DERMATOSES    MICROBIENNES. 

I).  La  nccrobadllose  primitive  de  la  couronne,  connue 
sous  le  nom  de  Fussraiidc  der  Schaf'e  en  Allemagne,  foot- 
rot  of  sfieep  en  Amovlqne,  conlarjious  foot  rot  an  Angle- 
terre, et  de  pictin  contai/ieux  en  France,  est  caractérisée 
par  l'inflammation  delà  couronne  et  par  de  petits  abcès  à 
sécrélion  caséeuse  d'une  lëlidilé  spéciale  qui  se  rapproche 
de  celle  de  certains  fromages.  11  se  produit  des  décollements 
de  la  corne,  des  lislules,  des  nécroses  des  ligaments,  des 
tendons  et  quelquefois  même  des  os  (Mohler  et  Washburn) 
{Voy.  Piétin,  in  Maladies  du  pied). 

c.  La  nécrobaciltose  des  organes  (jénitau.v  externes  se  Ira- 
duitchez  les  femelles  par  une  tuméfaction  douloureuse  îles 
lèvres  de  la  vulve,  par  des  abcès  à  contenu  fétide  de  cette 
muqueuse  et  de  la  peau  avoisinante  et  par  un  écoidemenl 
vulvaire  muqueux  et  pui'ulent.  Chez  les  mAles  {luoiitoiis  et 
houes),  on  peut  constater  aussi  de  petites  taches  blanc 
jaunâtre  sur  la  peau  des  bourses  et  sur  la  muqueuse  du 
pénis.  Ces  taches  isolées  peuvent  se  réunir  et  se  convei'tir 
en  foyers  de  nécrose  et  engendrer  des  abcès  accom[);ignés 
(fune  tuiniM'aclioii  çl  d'une  congestion  |)rononiées  du  lour- 
reau. 

La  uiarcli(^  delà  maladie,  (picllc  que  .soit  sa  loi-aiisalion, 
est  généralement  bénigne;  nuiis,  exceptionnellement,  sous 
l'inlluence  de  conditions  adjuvantes,  elle  peut  déterminer 
une  mortalité  de  10  p.  100  ou  même  davantage. 

Traitement.  —  L'enlèvement  des  premières  croûtes  et 
des  premiers  exsudais  formés,  le  raclage  des  plaies  et  leur 
lavage  avec  des  solutions  désinfectantes  comme  la  teinture 
d'iode  sont  généralement  cflicaces.  La  nécrobacillose  de 
lapeau  desiévres  est  combattue  par  la  solution  deehiorurc 
de  zinc  à  10  p.  100,  ou  la  pommade  crésyU'C,  à  laquelle  on 
ajoute,  en  moyenne,  iO  p.  100  de  fleur  de  soufre  (1). 

La  forme  vaginale  est  jugulée  par  les  lavages  journaliers 
d'une  solution  de  permanganate  de  potasse  à  2  p.  100  ou 

(l)RoosaiKl,  La  iiial.idie  ulcéreuse  des  lèvres  et  des  paUes  ilu  niouttn 
(Itevue  vêt.,  1911). 


PORC.    IMPÉTIGO.  383 

<rune  solution  étendue  deau  oxygénée.  Quand  la  peau  ou 
les  muqueuses  sont  envahies  sur  une  grande  surface,  le 
mal  est  incurable  ou  très  dlfticile  à  guérir. 

Les  MOTEXs  PRÉVENTIFS  consistcut  dans  l'isolement  des 
malades,  la  désinfection  des  bergeries,  dans  l'isolement 
pendant  quinze  jours,  des  animaux  nouvellement  achetés 
et  dans  tous  les  soins  de  propreté  de  nature  à  empêcher 
la  conservation  des  bacilles  dans  la  bergerie  1). 

IV.    —   PORC. 

I.    —    IMPÉTIGO. 

Cette  affection  est  caractérisée  par  l'apparition  de  pus- 
tules qui  sont  des  folliculites  ou  des  périfolliculites,  dont  le 
produit  de  sécrétion  jaunâtre  se  dessèche  et  se  convertit 
en  croûtes  grisâtres  ou  brunâtres.  C'est  l'aiTection  pois- 
seuse des  jeunes. 

Étiologie.  —  Les  porcelets  mal  entretenus  et  exceptionnel- 
lement les  animaux  âgés  contractent  cette  infection  cuta- 
née. La  malpropreté  des  porcheries  expose  les  animaux 
à  l'inoculation  des  pyogènes.  La  rachitisme,  la  peste  por- 
cine, le  rouget,  la  pyobacillose,  la  gale.  V helminthiase, 
c'est-à-dire  toutes  les  maladies  débilitantes  et  toutes  les 
maladies  chroniques,  qui  empêchent  les  animaux  de  se 
déplacer  ou  de  se  lever,  facilitent  cette  inoculation.  La 
maladie  se  communique  facilement  en  une  semaine  à 
tous  les  nouveau-nés  d'une  portée  ;  la  maladie  peut  se 
propager  aux  porcelets  qui  n'ont  pas  dépassé  trois  à  cinq 
jours  des  autres  portées  et  envahir  même  les  mamelles 
appartenant  à  des  mères  nourricières  (Waltherj. 

Symptômes.  —  Les  porcelets  de  deux  à  trois  mois  pré- 
sentent à  la  face  interne  des  cuisses,  sous  le  ventre,  autour 
desyeux,  sur  les  faces  latérales  de  la  poitrine  et  en  divers 

(1)  Chez  le  porc,  la  nécrobacillose  complique  le  choléra  et  la  plupart  des 
infections  suppuratives. 


384  DERMATOSES    MICHOlUENNES. 

endroits  (lu  corps,  des  tachesrouges  chaudes  et  peu  saillantes, 
.  légèrement  prurigineuses,  accompagnées  d"uneérupUoni)US- 
tuleuse.  Cespustules,  accumulées  par  places,  de  la  grosseur 
d'un  grain  de  millet,  s'ouvrent  deux  ou  trois  jours  après 
leur  apparition  et  exsudent  un  liquide  jaunâtre,  mielleux, 
qui  agglutine  les  soies,  se  dessèche  et  forme  des  croûtes 
peu  adhérentes  à  la  surface.  Ces  croûtes  se  fendillent,  se 
crevassent  et  augmentent  d'épaisseur  par  la  dessiccation 
des  produits  de  suppuration.  Elles  Unissent  par  adhérer 
intimement  et  par  recouvrir  le  pourtour  des  yeux  et  une 
grande  partie  du  corps  :  l'animal  semble  recouvert  d'un 
mascpie.  On  ne  peut  les  arraclier,  à  ce  moment, sans  déter- 
miner une  vive  douleur  et  des  hémorragies;  le  chorion 
apparaît  sanieux,  purulent. 

Quelquefois,  on  observe  de  ]aconjonct'vitc,  de  la  rhinite, 
ou  un  peu  de  stomatite,  par  la  propagation  de  l'inflamma- 
tion aux  muqueuses  de  l'œil,  du  nez,  des  lèvres  et  de  la 
bouche. 

L'évolution  de  l'éruption  est  assez  rapide,  et  Vàdurre  de 
la  maladie  n'excède  jamais  plus  de  vingt  jours.  Sa  marche 
est  retardée  par  une  température  trop  basse  ou  trop  • 
élevée.  Pendant  les  chaleurs  de  l'été,  le  prurit  est  très 
intense,  les  animaux  se  frottent,  et  il  survient  des  abcès 
sous-cutanés,  des  œdèmes  ou  même  des  escarres  limitées. 

Chez  les  porcelets  de  deux  à  cinq  jours  des  races  amé- 
liorées, l'impétigo  revêt  une  forme  plus  grave  et  une 
allure  enzootique  (Walther).  La  peau,  couverte  de  vésicules, 
est  suintante,  himiide,  sensible,  pnu-igineuse.  Les  produits 
exsudés  se  dessèclient,  se  convertissent  en  croûtes  d  un  brun 
noirâtre  qui  ressemblent  à  de  la  suie.  Ces  croiiles  se  fen- 
dillent, offrent  un  aspect  parcheminé  et  i-ecouvrent  la  plus 
grande  partie  du  corps.  Les  jeunes  porcelets  sont  fiévreux, 
tètent  peu,  présentent  une  diarrhée  intense  et  succombent 
bientôt. 

Traitement.  —  .Maintenir  la  peau  dans  un  état  complet 
de  propreté  par   des  lavages    avec  des  solutions  alcalines 


POnC.    PYOHÉMIE    CASÉEUSE.  385 

de  lessives  de  cendres,  d'eau  de  savon,  et  la  désinrecter 
par  des  lavages  de  solutions  phéniquée,  crésylée,  bori- 
quée  ou  de  sublimé,  de  sulfate  de  zinc,  telles  sont  les 
premières  indications  à  remplir.  Il  faut  éviter  d'arracher 
les  croûtes  adhérentes  etde  faire  saigner  la  peau,  afin  de  ne 
pas  transfoi'mer  les  surfaces  malades  en  plaies  suppu- 
rantes. Les  onctions  de  vaseline,  de  corps  gras  et  d'huile 
d'olive  battue,  avec  de  l'eau  tiède,  pratiquées  sur  les  régions 
malades  ramollissent  les  croûtes  et  permettent  de  nettoyer 
complètement  la  surface  du  corps.  Une  bonne  alimen- 
tation, le  séjour  au  grand  air,  des  purgatifs  salins  amènent 
une  guérison  prompte. 

11.  —  PYOHÉMIE    CASÉEUSE. 

Le  microbe  de  la  suppui"ation  caséeuse  provoque  égale- 
ment des  abcès  chez  le  porc.  Ces  abcès  sont  superficiels 
ou  profonds:  ils  se  développent  fréquemment  dans  le  péri- 
toine et  les  organes  internes.  L'infection  s'etïectue  au 
moins  aussi  souvent  par  le  tube  digestif  que  par  le  tégu- 
ment. 

La  peau  de  la  face  inférieure  de  l'abdomen,  du  flanc,  de 
la  cuisse,  du  grasset,  de  l'avant-bras,  de  l'épaule,  du  cou, 
du  chanfrein,  est  soulevée  par  des  tuméfactions  demi-sphé- 
riques,  légèrement  fluctuantes,  de  la  grosseur  d'un  œuf 
de  pigeon  à  celle  d'un  œuf  de  poule.  Ces  abcès,  limités 
par  une  coque  fibreuse,  blanchâtre,  résistante,  renfer- 
ment un  pu  épais,  granuleux,  compact,  netteftient  ver- 
dâtre. 

Les  masses  musculaires  de  la  cuisse,  de  l'épaule,  pré- 
sentent de  semblables  lésions  ;  l'articulation  de  la  hanche 
peut  se  luxer  à  la  suite  de  la  destruction  des  ligaments  par 
de  volumineux  abcès.  On  observe  des  nouures  des  articu- 
lations des  membres  et  une  incurvation  de  la  colonne 
vertébrale. 

Le  péritoine  (mésentère  et  épiploon),  le  médiastin,  le 
Galéac.  —  Pathologie  interne.  VIL  22 


386 


DERMATOSES    MICROBIENNES. 


foie,  les  parois  de  l'int(>s(in  grêle  sont  parsemés  d'abcès  de 
la  grosseur  d'un  pois  ou  d'une  noix[Sérès  et  Guillaume  (1)]. 

V.  —  CHIEX. 

Les  dermatoses  microbiennes  du  chien  comprennent  : 
l'impétigo,  le  pemphigus,  l'acné,  la  nécrobacillose,  le  pur- 
pura. 

I.  —  IMPÉTIGO. 

Étiologie.  —  1/impétigo  est  une  maladie  des  plus 
commtuies  des  jeunes  c/iioiis  :  les   excitations  extérieures 


Fig.  76.  —  Bi-rilure  simulant  1  iiiipéligo. 

produilqupar  la  poussière,  la  saielé,  les  irritations  déter- 
minées par  des  parasites,  puces,  poux,  etc.,  les  frottements 
répétés  du  collier  el  les  pressions  soutenues  sur  une 
partie  de  la  peau,  comme  celles  qui  résultent  d'un  ban- 
dage de  fracture,  favorisent  son  apparition  (lig.  7(5). 

Celte    maladie  complique  toutes  les   variétés  d'ercrwa. 
de  ijale  on  do  p/itiiiiise:  le  pi-urit  occasionné  par  ces  mala- 


(1)  Sérès  el  Guilhiiiiiic,  Jicriir  f/ciifr..  l.  I,  p.  127 


CHIEN. 


IMPETIGO. 


387 


dies  entraîne  des  desquamations  épidermiques  profondes 
et  linoculation  de  tous  les  germes  pyogènes  déposés  sur 
la  peau.  On  voit  ainsi  l'impétigo  s'ajouter  à  la  plupart 
des  abcès  cutanés. 

Symptômes.  —   L'impétigo  apparaît    par    plaques  peu 


Fig.  77.  —  Impétigo  du  chien  en  pleine  période  de  sécrétion. 


nombreuses,  une,  deux  ou  trois  ordinairement  ;  elles  se 
montrent  sur  les  joues,  à  la  base  des  oreilles,  au  point 
otj  frotte  le  collier,  au  bord  supérieur  des  bandages  de 
fractures,  à  la  base  de  la  queue,  sur  les  cuisses  (fig.  77). 

Les  vésicules  s'accumulent  sur  une  étroite  surface  ;  la 
peau  devient  très  rouge,  humide,  recouverte  d'un 
exsudât  jaunâtre,  mielleux,  qui  réunit  les  poils  en  pin- 
ceaux; quelquefois  tous  les  poils  s'arrachent  brusque- 
ment,   et    la  peau   semble    avoir   été    brûlée   par  l'eau 


388  DERMATOSES    MICROBIENNES. 

houillanlo.  Qiielqnofois  le  prurit  est  si  violent  que  l'in- 
tlamm.'ition  devient  phlegmoneuse  en  certains  points  ;  on 
voit  même  quelquefois  Vulcération  se  produire  au  centre 
des  parties  malades;  une  escarre  molle  et  sèche  s'éli- 
mine au  centre  pendant  que  l'infection  continue  do 
grandir  par  la  périphérie. 

Au  bout  d'un  temps  variable,  dépassant  rarement  deux 
semaines,  l'afleclion  rétrograde  au  niveau  de  la  première 
surface  envahie  ;  mais  de  nouvelles  plaques  commencent 
à  se  développer  dans  les  points  récemment  inoculés.  On 
peut  rencontrer  ainsi,  chez  le  même  sujet,  des  foyers 
impétigineux  à  diverses  périodes  de  leur  évolution,  de 
telle  sorte  que  l'affection  se  perpétue  en  changeant 
seulement  de  région. 

Cette  extension  est  favorisée  par  la  malpropreté  et  par 
la  présence  de  lésions  cutanées  ou  de  maladies  para- 
sitaires comme  la  gale  sarcoptique. 

Traitement.  —  On  obtient  la  guérison  par  une  désin- 
fection complète  de  la  partie  malade  ;  il  suffit  de  bien 
couper  les  poils,  de  ramollir  et  de  détacher  les  croûtes  à 
l'aide  d'une  ou  deux  applications  de  pommade  boriquée 
à  laquelle  on  fait  succéder  la  pommade  au  calomel  au 
douzième,  la  pommade  à  l'oxj'de  de  zinc  :  les  lavages  au 
crésjl  à  laide  d'une  solution  chaude  de  permanganate  de 
potasse  à  j  ou  2  p.  1000,  de  lysol  à  1  ou  2  p.  100,  com- 
plètent le  traitement  antiseptique.  On  recouvre  ensuite  la 
surface  malade  d'un  topique  pulvérulent  adhésif  et  des- 
séchant comme  la  poudre  de  tan,  d'amidon,  de  sous-nitrate 
de  bismuth. 

II.  —  ACNÉ. 

L'acné  est  une  folliculite  ou  une  périfolliculite  furoncu- 
leuse  qui  a  déj;i  été  décrite  (Voj.  Pathologie  chirurgicale 
de  la  peau  et  des  vaisseaux,  p.  2()7). 

L'acné  comédon  ou  acné  ponctuée  se  traduit  par  de  petites 


CHIEN.    ACNE. 


389 


élevures  arrondies,  plus  ou  moins  saillantes,  mesurant  1  à 
2  millimètx'es  de  diamètre  en  moyenne,  souvent  de  la  taille 
d'une  tête  d'épingle,  parfois  punctiformes,  dans  l'inter- 
valle desquelles  la  peau  est  normale,  mais  grasse,  et  par- 
fois légèrement  pityriasique. 

Certaines  élevures  acnéiques  dessinent  de  petits  monti- 


jiiiL-Joa  cl  kvïtcs  scbdcii:,  inaltiiilc 


Clill: 


A  gauche,  kyste  folliculaire  sébacé  renfermant  des  éléments  épidermiques, 
clairs  et  graisseii'c.  An  milieu,  deux  jeunes  comédons  situés  dans  leur  follicule 
atteint  d'hyperk.ératose  Oitéo-foUiculaire  ;  l'un  d'eux  contient  un  poil  enroulé. 
A  droite,  vieux  comédon  (tanne)  dont  la  tète  fait  saillie  par  l'orifice  de  l'ulri- 
cule  acnéique.  Entre  ces  productions,  hyperkératose  de  la  peau  (Bail  et  Roquet). 


cules  centrés  par  un  point  noir  qui  correspond  à  un  comé- 
don. Quelques  élevures  sont  volumineuses,  très  saillantes, 
ombiliquées,  centrées  par  un  gros  point  noir  obturant  un 
large  orifice.  Des  élevures  à  gros  comédon  correspondent 
aux  tannes  de  Y  homme  et  se  rapporteraient  à  de  volumi- 
neuses glandes  sébacées  (fig.  78). 

La  pression  exercée  autour  du  point  noir  t'ait  saillir  le 
comédon  ou  la  tanne  sous  la  forme  d'un  vermisseau  de 
matière  grasse,  blanc  jaunâtre,  qui  se  contourne  sur  lui- 
même,  coiffé  d'un  point  noir  qui   semble    lui  figurer  une 

00 


300  DERMATOSES   MICROBIENNES. 

lèle.  Celle  partie  noire  est  due  au  mélange  des  poussières 
;\  la  matière  sébacée. 

Les  microbes  et  quelquefois  les  vaisseaux  sont  la  cause 
des  comédons  qui  se  logent  dans  une  petite  poche  résultant 
de  la  dilatation  de  rinlundibulum  folliculaire  (1). 

Traitement.  —  11  n'olTre  rien  de  spécial.  (Voj.  Palholo- 
ijic  chiriiri/icale  de  la  peau  et  des  vaisseaux,  p.  272)  (Bail 
cl  Roquet). 

III.  —  PEMPHIGUS. 

Le  pempbigus  du  chien,  regardé  comme  susceptible 
de  se  transmettre  à  Vhoinmo  (Dasch),  peut  revêtir  une 
l'orme  chronique. 

Diagnostic.  —  Le  pemphigus  est  une  forme  d'éruption 
à  tvpe  biilleux.  d'origine  imj)étigineuse  ou  provoquée  par 
des  iiiloxicalions  variées  ou  par  diverses  maladies. 

Traitement.  —  Le  traitement  antiseptique  est  le  seul 
elïicace. 

IV.—  NÉCROBACILLOSE. 

Le  bacille  de  la  nécrose  détermine,  chez  le  chien,  une 
<lermatile  phlegmoneuse  et  fistuleuse  caractérisée  par  des 
abcès  plus  ou  moins  volumineux  du  tissu  conjonctif  sous- 
cutané  suivis  de  trajets  listuleux  persistants.  Il  est  aidé 
dans  son  action  nécrosante  par  les  microbes  banaux  de  la 
suppuration    staphylocoques  et  streptocoques). 

Cette  maladie  a  été  étudiée  par  Cuillé  (2).  Cadiol  et 
lire! on,  Cray  (3  . 

Ètiologie.  —  On  l'observe  principalement  chez  les 
chiens  de  gi-ande  taille  {danois,  dogues,  chiens  de  chasse); 
elle  est  rare  chez  les  jeunes  chiens;  c'est  une  maladie  des 
chiens  adultes  ou  vieux.  Les  animaux  se  contaminent  en 
se  léchant,  en  se  grattant. 

(1)  Bail  el  Roquet,  Journal  de  Lyon,  mars  1913. 

(2)  Cuillé,  /{evuc  vét.,  1905,  j).  751. 

(3)  Gray,  T/ir  Velerinanj  record,  1911,  p.  32i. 


CHIEN.     —    NÉCROBACILLOSE.  391 

Les  excoriations,  les  blessures,  les  piqûres  par  des  épines, 
des  brins  de  paille,  des  épillets  de  brosses,  sont  des  causes 
de  contamination:  des  frictions  faites  sur  la  peau  desqua- 
niêe  de  la  fai-e  et  des  membres  avec  des  cultures  pures  dt'- 
terminent  la  formation  d'abcès  et  les  lésions  babituellos 
de  la  maladie  (Cuillél.  On  la  voit  compliquer  fréquemment 
la  gale  des  demodex  et  lui  conférer  une  gravité  spéciale. 

Symptômes.  —  La  dermatitc  phlegmoneuse  se  déve- 
loppe au  niveau  des  parties  saillantes  du  corps  :  face 
externe  des  coudes,  des  jarrets,  des  grassets,  région  digi- 
tée,  pourtour  des  lèvres,  du  nez,  queue,  pourtour  de  l'anus, 
fourreau,  ou  dans  diverses  régions  où  elle  demeure  géné- 
ralement localisée.  Cbez  le  clmt.  la  maladie  se  développe 
dans  la  queue  et  les  pattes. 

La  peau  se  tuméfie,  se  dépile,  devient  rouge  violacé  et 
présente  bientôt  de  petits  foyers  purulents  qui  s'ouvrent  et 
laissent  écouler  du  pus  sanguinolent  et  liquide.  La  suppu-- 
ration  envahit  le  tissu  conjonctif  sous-dermique  et  y 
creuse desgalei'ies  sinueuses, ramifiées. analoguesàcellesde 
la  gale  folliculaire  et  qui  tendent  à  persister  indéfiniment. 
Les  ouvertures  des  fistules  paraissent  taillées  à  l'emporte- 
pièce  et  sont  quelquefois  si  nombreuses  que  la  peau  ma- 
lade x-essemble  à  une  écumoire:  elle  demeure  toujours 
dépitée  et  très  épaisse.  La  lésion  n'a  pas  de  tendance  à 
s'étendre  :  elle  demeure  stationnaire  pendant  des  mois, 
sans  amélioration  appréciable. 

Le  pus  sécrété  est  toujours  sanguinolent;  il  contient  des 
staphylocoques,  des  streptocoques  et  le  bacille  de  Bang, 
qui  se  trouve  souvent  à  l'état  pur  dans  les  abcès  non  ouverts. 

La  dermatite  phlegmoneuse  des  extrémités  digitées 
débute  par  les  espaces  interdigités;  elle  gagne  quelquefois 
le  carpe  ou  le  tarse  et  peut  se  compliquer  de  lymphangites, 
de  nécroses  aponévrotiques,  tendineuses  ou  osseuses. 

Cette  maladie  a  une  marche  très  lente  et  n'a  pas  de 
retentissement  sur  l'état  général  du  sujet.  Les  chats  suc- 
combent généralement. 


392  DERMATOSES   MICROBIENNES. 

Diagnostic.  —  On  la  différencie  de  la  gale  des  dcmode.v 
|iai'  r(^xiimen  microscopique  du  pus  et  surtout  par  Fàge 
des  malades  :  la  gale  des  démodex  est  exclusivement  une 
maladie  des  jeunes  chiens. 

Traitement.  —  Quand  les  plaques  sont  rares  et  peu 
étendues,  l'excision  des  lambeaux  cutanés  malades  et  la 
suture  aseptique  des  bords  de  la  plaie  est  le  moyen  le 
plus  pratique  d'obtenir  la  guérison.  Sinon,  il  faut  curctter 
les  trajets  fistuleux,  scarifier  les  surfaces  malades,  enlever 
toutes  les  parties  nécrosées,  les  désinfecter  à  la  teinture 
d'iode,  à  l'eau  oxygénée  ou  à  l'aide  d'une  solution  de  chlo- 
rure de  zinc  à  1  p.  100,  de  nitrate  d'argent,  de  sulfate  de 
cuivre.  Quand  ces  moyens  sont  insuffisants,  on  a  recours 
aux  scarifications  journalières  suivies  de  cautérisations  à 
la  teinture  d'iode  (1). 

V.  —  PURPURA- 

Le  purpura  a  fait  l'objet  d'une  description  spéciale, 
(p.   272,    in   Pathologie   chirurgicale   de  la  peau  et  des 

vaisseau^T). 

(1)  Lapin.  —  La  gangrène  cutanée  du  lapin,  les  lésions  ulcéreuses  de  la 
face,  diverses  collections  purulentes  de  cet  animal  résultent  aussi  du  bacille 
de  la  nécrose  (Voy.  Maladies  de  la  peau  et  du  tissu  conjonctif,  p.  265, 
in  Pathologie  chirurgicale). 


CHAPITRE  VIÏI 
DERMATOSES  PARASITAIRES 


On  peut  distinguer  à  cet  égard  : 

1°  Des  dermatoses  causées  par  des  acariens  habitant 
l'épiderme  (sarcoptes),  les  follicules  pilo-sébacés  (démo-- 
dex)  ou  la  surface  du  tégument  (dermanjsses,  ixodes, 
rougets)  ; 

2°  Des  dermatoses  causées  par  des  insectes  vivant  à  la 
surface  du  tégument  (poux  et  puces)  ; 

3°  Des  épidermomycoses  (teigne  tonsurante,  microspo- 
rie,  teigne  faveuse); 

4"  Des  dermatomycoses  (actinomycose.  sporoti'ichose, 
lymphangite  épizooliquo)  ; 

5"  Des  dermatoses  causées  par  des  vers. 

I.  —  DERMATOSES  AC ARIENNES. 

Les  acariens  possèdent  quatre  paires  de  pattes,  une 
bouche  armée  d'un  rostre,  un  abdomen  ramassé  ou 
fusionné  avec  le  céphalothorax. 

Les  sexes  sont  séparés  ;  ils  subissent  des  métamor- 
phoses ;  les  larves  issues  des  œufs  ne  possèdent  que  trois 
paires  de  pattes  {larves  hexapodes)  ;  elles  se  transforment 
en  nymphes  octopodes  sans  organes  génitaux,  puis  en 
adultes.  Les  espèces  parasitaires  qui  nous  intéressent 
comprennent  :  1°  les  dermatozoaires  vrais  habitant  l'épi- 
derme corné  (sarcoptes,  psoroptes,  symbiotes);  les  folli- 
cules pilo-sébacés  (démodex)  ;  2"  les  épizoaires  répandus  à 


394  DEOMATOSES    PARASITAIHES. 

la  surface  du  légumenl  (rougets,  ixodes,.  etc.).  La  phiparL 
des  dermatoses  acariennes  portent  le  nom  du  parasite  qui 

les  détermine   :   gale  sarcoptiqiie.    psoroptlipie,    symbio- 
tique, démodécique. 

Le  cheval  est  sujet  à  trois  espèces  de  gales  (gale  sar- 
coptique,  gale  psoroptique  et  gale  symbiotique);  le  b(iHil\ 
à  gale  psoroptique,  gale  symbiotique  et  gale  des  démodex; 
le  mouton,  à  gale  sarcoptique,  gale  psoroptique,  gale 
svmbiolique:  la  chèvre  ne  contracte  que  la  gale  sar- 
coptique et  la  gale  des  déniodex;  le  chien  [)résente  la  gale 
sarcoplicpie.  la  gale  symbiotique  des  oreilles  et  la  gale  des 
démodex;  le  chat,  la  gale  sarcoptique  et  la  gale  symbio- 
tique; le  porc,  la  gale  sarcoptique  et  la  gale  des  démodex; 
le  lapin,  la  gale  psoroptique  et  la  gale  symbiotique;  les 
oiseaux,  la  gale  sarcoptiiiue  des  pattes  et  la  gale  sar- 
coptique du  tronc. 

I.  —  SOLIPÈDES. 

I.  —  GALE  SARCOPTIQUE. 

Définition.  —  La  gale  sarcopli(|ue.  délerminée  par  le 
Sarcoptes  cqui,  est  une  alïection  contagieuse,  prurigineuse, 
caractérisée,  chez  les  animaux,  par  des  lésions  éruptives, 
polymorphes,  à  distribution  symétrique. 

Les  sarcoptes  sont  généralement  des  parasites  errants 
(jui  recherchent  les  parties  fines  de  la  peau  et  y  creusent 
des  galeries  sous-épidermiques  ou  sillons,  signe  diagnos- 
tique de  la  gale  humaine. 

Ces  parasites  ovipares  présentent  des  ventouses  ambu- 
lacraires  aux  deux  premières  pattes  dans  les  deux  sexes 
et  à  la  quatrième  paire  chez  le  nulle.  Ce  dernier  est  dé- 
pourvu de  ventouses  nulles.  Les  femelles  adultes  sont  plus 
volumineuses  que  les  mâles  :  leurs  deux  j)aires  de  pattes 
postérieures  sont  terminées  par  des  soies;  elles  creusent 
dans  l'épiderme  des  galeries  où  elles  déposent  leurs  œufs. 


SOLIPÈDES.    GALE    SARCOPTIQUE.  395 

La  gale  sarcoptique  est  la  gale  contagieuse  et  épizootique 
des  solipèdes. 

Étiologie.  —  Le  Sarcopte  sequk  a  les  écailles  dorsales 
assez  aiguës,  bien  chitinisées;  la  femelle  a  un  corps  ova- 
laire,  grisâtre  ;  elle  présente  des  ventouses  aux  deux  paires 
de  pattes  antérieures  et  des  soies  aux  deux  paires  posté- 
rieures ;  la  femelle  ovigère  est  longue  de  400  à  420  a  et 
large  de  280  à  320  jj.  :  le  mâle  est  arrondi,  parfois  rous- 
sàtre  ;  il  possède  une  longue  soie  à  l'avant-dernière  paire 
de  pattes;  il  mesure  220  à  235  [x  de  long  sur  160  à  175  ;a 
de  large.  Le  nombre  des  mâles  par  rapport  aux  femelles 
est  de  5  à  6  p.  100. 

Mâles  et  femelles  adultes  errent  à  la  surface  du  tégu- 
ment, où  ils  se  rencontrent  au  milieu  des  croûtes;  les 
femelles  fécondées  s'attaquent  immédiatement  à  lépi- 
derme,  inoculent  leur  venin,  qui  fait  développer  une 
papule  ;  là,  elles  creusent  des  galeries  intra-épidermiques. 
connues  sous  le  nom  de  sillons,  où  elles  vont  déposer  leurs 
œufs.  Quinze  à  trente  minitos  sufiiscat  [)Oar  l'accomplis- 
sement de  ce  travail. 

On  peut  mettre  des  sillons  en  évidence  en  dépouillant  un 
fragment  de  peau  de  cheval  galeux  d'une  partie  de  son 
épidémie,  à  l'aide  d'un  fin  scalpel,  après  l'avoir  laissée  à 
l'humidité  et  à  la  chaleur,  pendant  vingt-quatre  à  qua- 
rante-huit heures  'Delafond  et  Bourguignon;. 

On  observe  alors,  à  un  faible  grossissement,  des  rai- 
nures droites  ou  sinueuses,  étroites,  peu  profondes,  de 
2  millimètres  à  4  centimètres  de  longueur  et  plus  ou  moins 
rapprochées  les  unes  des  autres.  Ces  sillons  présentent  des 
élargissements  subits  qui  logent  deux  ou  trois^œufs  mélan- 
gés à  des  excréments  i-eprésentés  par  des  points  noirs. 

L'une  des  extrémités  des  galeries  est  occupée  par  la 
vésicule  noire,  lautre  par  la  femelle  ovigère.  où  on  la  dis- 
tingue sous  la  forme  d'un  petit  point  blanc,  brillant;  elle 
chemine  toujours  en  avant,  y  égrène  ses  œufs,  d'autant 
plus   avancés   dans  leur  développement  qu'ils  sont  plus 


396 


DERMATOSES    PARASITAIKES. 


rapprochés  de  l'orifice  d'entrée  :  elle  ne  peut  l'étrograder 
en  raison  de  la  disposition  de  ses  écailles  et  de  ses  épines. 
Les  larves  octopodcs  (|ui  éclosent  dans  ces  galeries  s'y 
nourrissent  de  parcelles  épidermiques,  y  abandonnent  les 
enveloppes  qui  résultent  de  (juelques  mues,  perforent  les 


l'ig.  79.  —  Sarcople  du  cheval  (Srahiesequi)  :  femelle  ovigère 
vue  par  la  face  dorsale. 


galeries  pour  se  répandre  à  la  surface.  Nymphes  octopodes 
et  femelles  p»6é/Ts peuvent,  cependant,  continuer  à  vivre 
dans  les  sillons  jusqu'à  Iheure  de  la  reproduction.  Pen- 
dant que  la  lëconiiation  s'opère  à  la  surface  do  Fépiderme, 
ponte  et  éclosion  s'elToflucnl  dans  la  profondeur,  où  les 
femelles  qui  doivent  assurer  la  conservation  de  lespèce 
sont  venues  chercher  un  abri  (dg.  79). 


SOLIPÈDES.    GALE    SARCOPTIQUE.  397 

Le  cycle  évolutif  de  chaque  génération  s'accomplit  en 
quatre  semaines  environ  :  les  mâles  meurent  peu  de 
temps  après  la  fécondation,  pendant  que  la  femelle  gran- 
dit, mue  et  prépare  son  refuge  pour  la  ponte. 

La  contagion  est  l'œuvre  des  larves,  des  nymphes,  des 
jeunes  femelles  fécondées  et  des  mâles  qui  se  répandent  à 
la  surface  de  l'épiderme. 

La  contagion  immédiate  s'effectue  facilement  quand  les 
animaux  sont  entassés  dans  les  écuries  d'auberge  ou  dans 
les  entreponts  pendant  les  traversées.  Le  moindre  contact 
direct  suffit  pour  amener  la  transmission  quand  la  gale  est 
ancienne  ;  un  contact  prolongé  peut  demeurer  inoffensif 
quand  la  gale  est  au  début  ;  les  sarcoptes  émigrent  peu 
pendant  la  période  de  leur  installation. 

La  contagion  médiate  est  la  plus  commune  ;  les  sai'coptes 
sont  transportés  de  l'animal  malade  sur  l'animal  sain  par 
lintermédiaire  de  l'étrille,  de  la  brosse,  de  tous  les  instru- 
ments de  pansage,  des  couvertures:  ils  sont  déposés  sur  la 
litière,  les  parois  de  l'écurie,  des  stalles,  où  ils  peuvent 
continuer  à  vivre  plus  ou  moins  longtemps.  Conservés  dans 
un  verre  de  montre  à  la  température  de  10''  à  15",  les  sar- 
coptes du  cheval  périssent  du  quatrième  au  sixième  jour; 
les  femelles,  du  sixième  au  neuvième.  Enlevés  avec  les 
croûtes,  ces  parasites  peuvent  vivre  huit  à  douze  jours 
dans  une  écurie  habitée  ;  les  femelles,  quatorze  à  seize 
jours  (Bourguignon  et  Delafond).  Dans  un  lambeau  de 
peau  qui  se  dessèche,  la  mort  des  parasites  survient  le 
neuvième  jour,  quand  la  dessiccation  est  complète  : 
dans  un  lambeau  de  peau  humide,  conservant  son 
humidité,  les  mouvements  de  ces  acariens  peuvent  per- 
sister jusqu'au  vingt-huitième  jour  (Gerlach).  Les 
animaux  peuvent  contracter  ainsi  la  gale  dans  des 
écuries  occupées,  quelques  jours  auparavant,  par  des 
animaux  galeux. 

La  gale  sarcoptique  se  transmet  non  seulement  de  che- 
val à  cheval,  mais  encore  à  Vâiie  et  au  mulet;  elle  se 
Cadéac.  —  Pathologie  interne.  VIL  23 


398 


DERMATOSES    PARASITAIRES. 


(•ommnui(|iio  encore  à  V homme  sotis  une  fonnc  bénigne  et 
facilenienl  ciiialile. 

Sa  transmission  aux  bovidés,  admise  par  quelcpies 
auteurs,  n'est  nullement  démontrée. 

Les  solipèdvs  peuvent-ils  contracter  la  'gale  sarcoptiqiic 


Fig.  80.  —  Gale  sarcoptique  de  la  lèle. 


des  autres  espèces?  Rofractaires  à  la  gale  de  Miommn 
(Delafond  et  Bourguignon),  ils  peuvent  présenter  une 
éruption  passagère  ipiand  on  met  sur  leiu- dos  des  renards 
galeux  qu'on  vient  de  tuer  ou  cpiand  les  sarcoptes  du  cliieii 
sont  déposés  en  grand  nombre  sur  leur  peau  (Bourguignon 
et  Delafond). 


SOLIPÉDES. 


GALE    SARCOPTIyUE. 


399 


Us  contractent  aussi  la  gale  sarcoptique  du  lion  et  peut- 
être  celle  du  chat,  mais  les  parasites  et  leurs  descen- 
ilants  n'ont  qu'une  existence  limitée;  l'affection  disparait 
d'elle-même. 

Symptômes.  —  Cette  gale  sèche  est  caractérisée  parle 


Fig.  S!.  —  Encolure  du  cheval  atleint  de  gale  sarcoptique. 


prurit,  des  vésicules,   des  croùtelettes  de  nature  éruptive 
et  la  présence  de  sarcoptes  (fig.  80). 

Le  prurit  est  le  premier  symptôme  qui  attire  l'atten- 
tion ;  l'animal  cherche  à  se  frotter  contre  tous  les  corps 
environnants  ou  à  se  mordre  dans  les  parties  malades  qu'il 
peut  atteindre;  on  le  voit  se  pencher  du  côté  des  parois 
des  stalles,  des  portes,  et  prendi'e  diverses  attitudes  inso- 
lites pour  se  frotter  avec  une  ardeur  croissante.  Il  recher- 
che le  contact  de  la  brosse,  de  l'étrille  et  s'appuie  sur 
Vhoinme  qui  le  panse  pour  en  augmenter  l'impression.  Il 


400  DERMATOSKS    PAUASlïAIItES. 

siillit  (le  gratter  avec  l'ongle.  j)Oiii'  le  voir  ili-iliir  la  colonne 
verlébrale,  reirousser  la  lèvre  supérieure  et  nianilesler 
ainsi  le  bien-être  qu'il  éprouve. 

Le  prurit  est  plus  intense  par  la  chaleur  que  par  le  froid 
la  nuit  que  le  jour,  à  l'écurie  quaii  dehors,  sous  les  cou- 
vertures que  si  le  corps  est  nu.  Les  parasites  voyagent  et 
travaillent  principalement  quand  la  peau  est  chaude;  on 
croyait  qu'ils  étaient  noctambules  parce  qu'ils  tour- 
mentent davantage  les  animaux  la  nuit  à  l'écurie  que  le 
jour  au  dehors. 

La  vésicule  qui  succède  à  la  piqiire  du  sarcopte  se  rup- 
ture, et  son  contenu,  en  se  desséchant,  se  convertit  en 
croûte  qui  est  suivie  de  la  chute  des  poils  de  la  partie 
superficielle  de  lépiderme  (fig.  81). 

La  croiUclcttc  qui  constitue  le  bouton  de  gale  occupe  les 
surfaces  prurigineuses.  Lorsqu'on  j  passe  la  main,  on 
constate  de  légères  saillies,  des  granulations  semées  au 
jond  des  poils  et  adhérentes  à  la  peau.  Ce  sont  les  petites 
croùtelettcs  qui  étreignent  par  leur  base  deux  ou  trois 
poils;  elles  sont  fai'iles  à  détacher  avec  l'ongle  et  laissent 
à  leur  place  de  petites  exulcérations  humides,  rougeàlres. 
de  2  à  5  millimètres  de  diamètre.  Ces  petites  tonsures, 
dabord  disséminées,  nettement  circulaires,  se  multi- 
plient, deviennent  contluentes  et  se  convertissent  en  pla- 
ques larges,  irrégulières,  sèches,  couvertes  de  squames 
épidermiques  et  de  débris  de  croiites.  Croùteletles  et  ton- 
sures procèdent  d'une  éruption  vésiculeuse  qui  passe  géné- 
l'ali'mçnt  inaperçue. 

La  peau  dénudée  est  irritée  par  les  frottements  :  elle  se 
recouvre  de  produits  d'exsudation  et  de  croûtes:  elle 
s'épaissit,  se  plisse,  devient  rugueuse,  chagrinée;  les  plis 
sont  toujoiM's  sinueux,  irréguliers;  il  se  produit  des  infil- 
trations sou  -cutanées,  des  exsudais  hémorragi(]ues.  et 
Ion  voit  apparaître  des  pustules,  des  crevasses  et  des 
ulcères;  les  surfaces  dénudées  sont  interrompues  par  des 
|inrlics  recouvertes  de   poils,   ce  (jui  tient  aux  habitudes 


SOLIPÈDES.    GALE    SARCOPTIQUE.  401 

cosmopolites  des  sarcoptes  qui  abandonnent  rapidement 
les  sia-races  humides  pour  aller  élire  domicile  dans  les 
parties  saines. 

Marche.  —  Durée.  —  Terminaison.  —  La  gale  sarcop- 
tique  débute  ordinairement  sur  les  côtés  du  garrot  ;  puis 
la  colonie  parasitaire  s'étend  sur  toutes  les  parties  du 
tronc;  les  membres  sont  les  derniers  envahis,  à  leur 
partie  supérieure  seulement.  Les  extrémités  inférieures 
garnies  de  crin-,  sont  respectées.  Plusieurs  semaines  se 
passent  avant  que  la  maladie  arrive  à  ce  degré  de  généra- 
lisation. 

On  n'observe  rien  d'anormal  pendant  la  première  quin- 
zaine ;  les  parasites  sont  encore  trop  peu  nombreux,  et 
leur  installation  est  trop  récente;  mais  ils  se  multiplient 
rapidement. 

Uextension  de  la  maladie  est  en  rapport  avec  cetle 
multiplication  ;  elle  fait  surtout  de  rapides  progrès  du 
quarantième  au  soixantième  jour.  La  généralisation  est 
beaucoup  plus  rapide  quand  la  gale  règne  dans  une  écu- 
l'ie.  De  nouvelles  colonies  se  fondent  tous  les  jours  par 
contagion.  Les  jeunes  sarcoptes  et  les  mâles  essentielle- 
ment cosmopolites  se  promènent  partout  ;  les  parties 
plantées  de  ci'ins  longs  et  gros,  comme  la  queue,  le  bord 
supérieur  de  l'encolure,  les  fanons,  résistent  seuls  à  leur 
invasion. 

Ils  trouvent  dans  la  fourrure  d'hiver,  abri  protecteur 
plus  impénétrable  et  plus  chaud  que  la  fourrure  d'été, 
un  milieu  très  favorable  à  leur  développement  (Mégnin). 
L'épizootie  de  gale  sarcoptique  de  i871-1872  fut  beau- 
coup plus  grave  dans  toutes  les  garnisons  pendant  l'hiver 
que  pendant  l'été.  Abandonnée  à  elle-même,  elle  peut 
faire  mourir  les  animaux  d'épuisement  et  d'insuffisance 
des  fonctions  cutanées.  Elle  ne  disparaît  jamais  d'elle- 
même.  Quand  un  traitement  antiparasitaire  a  amené  la 
destruction  de  tous  les  parasites,  la  peau  congestionnée 
imprime  aux  poils  une  poussée  rapide;  ils  sont  plus  longs, 


402 


DEUMAÏOSES    PARASITAIRES. 


plus  ronci's  et  plus  :.'n)s  que  coiix  des  parties  saines. 
Anatomie  pathologique.  —  Les  lésions  cutanées  con- 
sistent dans  des  traînées  ou  galeries  intra-épidermiques 
présentant,  à  l'entrée,  une  vésiculette  profonde ouejnmence 
acarienne.  Les  cellules  épidermiques  limitant  les  galeries 


•«y  y 


'y^'^^.^S^ 


Kig.  %-.  —  Peau  lie  rheva/  atteint  de  gaie. 

A  gauche  de  la  figure,  près  du  corps  muqueux  de  Malpighi,  dans  la  couche 
cornée,  on  aperçoit  une  longue  ga'erie  occupée  par  deux  acares.  A  droite  de 
cette  galerie,  on  en  voit  une  autre  coupée  transversalement  et  également 
habitée  (Bail). 


sont  des  élé'nients  kéralinisés  (1),  iiuperméal)les.  en  raison 
de  la  graisse  épiderniique,  qui  protègent  les  parasites 
contre  une  inondation  séreuse  (fig.  82). 

Les  papilles  qui  bordent  les  sillons  sont  rouges,  hyper- 
Iropliiées;  elles  ont  fourni  un  produit  d'exsudation  jau- 
nâtre qui  imprègne,   ramollit  la   couche  superficielle   du 

(I)   Bail,    Les  galeries  inlraéi)idermiques  acariennes.    (Journal  de  Lyon, 

191:!). 


SOLIPÈDES.    GALE    SARCOPTIQUE.  403 

derme  et  détermine  des  soulèvements  épidermiques'carao- 
térisés  par  des  vésicules  dans  les  points  où  Tirritation 
venimeuse  s'est  fait  le  plus  vivement  sentir. 

Quand  la  gale  est  ancienne,  la  plupart  des  altérations 
sont  défigurées  par  le  prurit  qui  provoque  des  excoria- 
tions, des  érosions  et  des  gerçures,  par  la  multiplicité  des 
piqûres  et  des  sillons  qui  sentre-croisent  et  s'interrom- 
pent, par  l'épaississement  et  l'infiltration  du  derme,  l'in- 
duration de  la  peau,  la  chute  des  poils  et  la  formation  de 
croûtes  irrégulières. 

A  ces  altérations  psoriques  primitives  ou  secondaires,  il 
faut  joindre  les  altérations  qui  résultent  de  l'anémie,  de 
la  cachexie  et  de  l'insuffisance  des  fonctions  cutanées  : 
pâleur  des  muqueuses,  engorgement  des  extrémités, 
troubles  digestifs. 

Diagnostic.  —  La  découverte  du  sarcopte  est  le  signe 
pathognomonique  par  excellence. 

Il  faut  le  chercher  chez  les  animaux  qui  n'ont  été  l'objet 
d'aucun  traitement,  car  les  sujets  soignés  présentent 
souvent  un  eczéma  intense  complètement  dépourvu  de 
parasites. 

D'autre  part,  il  ne  faut  pas  oublier  que  des  c/ieraH.v,  aussi 
galeux  en  apparence  les  uns  que  les  autres,  ne  nourrissent 
pas  la  même  quantité  de  sarcoptes  ;  c'est  même  l'inverse 
qui  a  lieu,  c'est-à-dire  que  les  chevaux  lymphatiques  qui 
ont  les  croûtes  les  plus  épaisses,  les  plus  abondantes,  ont 
le  moins  de  parasites,  et  que  les  chevaux  à  tempérament 
sec  et  nerveux  qui  ont  la  gale  la  plus  furfuracée.  la  plus 
sèche,  en  ont  le  plus  ^Mégnin    1)'. 

Pour  les  trouver,  il  faut  suivre  les  règles  suivantes  : 

1°  Placer  l'animal  au  soleil  pendant  un  temps  calme, 
afin  de  réchauffer  la  peau  et  d  attirer  les  parasites  à  la 
surface;  un  temps  froid  ou  venteux  rend  cette  recherche 
inutile; 

(I)  Mégoin,  Parasites  et  maladies  parasitaires,  p.  i!34. 


404  DKHMATOSES    PARASITAIRES. 

2"  A  défaut  do  soleil,  réchauffer  la  surface  du  corps  par 
l'application  d'une  couverture; 

3°  Commencer  la  récolte  au  bout  d'une  heure  en  raclant, 
jusqu'au  sang,  la  surface  du  légumont  à  laide  dun  scalpel 
ou  d'un  bistouri  un  peu  mousse;  c'est  le  seul  moyen 
d'atteindre  les  mâles  et  les  femelles  pubères;  sinon,  on  ne 
trouve,  tout  au  plus,  que  des  larves  hexapodes; 

•4°  Tremper  les  croûtes  recueillies  dans  une  solution  de 
potasse  à  10  p.  100:  les  parasites  deviennent  alors  beaucoup 
plus  facilement  perceptibles;  on  peut  aussi  placer  les 
croûtes  fraîches  en  plein  soleil,  les  étaler  sur  une  lame 
de  verre  et  les  examiner  au  microscope.  On  voit  les  para- 
sites se  détacher  des  croûtes,  envahir  la  lame  de  verre 
sur  laquelle  on  peut  les  eu)prisonner  en  y  déposant  une 
goutte  de  glycérine. 

Gerlach  a  conseillé  dr  fixer  les  croûtes,  prises  chez  un 
animal  suspect,  sur  le  bras  dim  liomnie  à  l'aide  d'un  peu 
de  papier  de  soie  maintenu  en  i)lace  par  deux  bandelettes 
de  sparadrap  :  au  bout  de  douze  heures,  on  les  aperçoit 
dans  la  peau  sous  la  forme  de  points  blancs,  et  on  peut 
les  saisir  à  l'aide  d'une  line  aiguille.  Ce  moyen  peu  usité 
n'offre  aucun  inconvénient. 

La  contagion  de  cette  dermatose  prurigineuse  aux  autres 
animaux  de  la  même  écurie  est  encore  un  excellent  signe 
diagnostique. 

La  (jale  psoroptique  peut  se  généraliser;  mais  elle  a 
toujours  pour  foyer  principal  les  régions  pourvues  de  crins 
(crinière,  toupet,  queue),  d'où  elle  irradie  de  proche  en 
proche  sur  les  faces  latérales  de  l'encolure,  le  front,  les 
fesses,  le  pourtour  de  l'anus  et  de  la  vulv». 

Lagalesy/m6/o;/(/»eest  localiséeaux  extrémités,  d'où  elle 
gagne  lentement  et  rarement  le  dessous  du  ventre,  mais 
jamais  les  parties  supérieures  du  corps. 

L'acariase  dermanyssique  s'en  distingue  par  la  physio- 
nomie circulaire  des  petites  tonsures,  isolées  et  dissémi- 
nées, déterminées  par  ce  parasite   suceur,    dont  les  effets 


SOLIPÈDES.    GALE   SARCOPTIQUE.  405 

disparaissent   dès    qu'on    éloigne    les   chevaux    des   pou- 
laillers et  des  pigeonniers. 

h'eczéma  chronique  et  la  gale  sarcoptique  ont  de  nom- 
breux points  de  contact.  Ces  deux  maladies  sont  quel- 
quefois également  prurigineuses  ;  la  récolte  de  sarcoptes 
et  la  giiérison  obtenue  par  un  traitement  antiparasitaire 
peuvent  seuls  tirer  d'embarras. 

La  phtiiiase  déterminée  par  ÏHernatopinus  teninwstiis 
est  facilement  reconnue  ;  elle  n'engendre  que  de  légères 
dépilations,  et  les  parasites  qui  les  pi'oduisent  sont  visibles 
à  l'œil  nu. 

Pronostic.  —  La  gale  sarcoptique  est  la  forme  la  plus 
redoutable  des  trois  espèces  de  gale;  elle  est  épizootique  ; 
elle  se  généralise  ;  elle  est  rebelle  à  toutes  les  médications 
quand  elle  est  invétérée,  elle  anémie,  épuise  les  sujets  et 
empêche  leur  utilisation. 

Traitement.  —  Le  traitement  préventif  consiste  à  isoler 
les  malades,  à  désinfecter  les  écuries  occupées,  les  harnais 
et  les  objets  de  passage  qui  leur  ont  servi.  L'eau  bouillante, 
la  solution  de  crésyl  ou  de  sulfure  de  potassium  sont 
elficaces. 

Le  TRAiTE.MENT  cuRATiF  cousiste  daus  la  deslruclion  des 
parasites  et  des  œufs  répandus  à  la  surface  et  dans 
l'épaisseur  de  l'épiderme.  Pour  obtenir  ce  résultat,  on 
procède  de  la  manière  suivante  : 

["  11  faut  pratiquer  la  tonte  complète  de  l'animal,  alin 
d'enlever  un  refuge  aux  parasites,  de  préciser  l'étendue 
de  la  maladie  et  de  faciliter  Tapplication  du  traitement. 
Cette  opération  doit  être  pratiquée  dans  un  endroit  isolé, 
afin  de  mettre  àl'abri  de  toute  contagion  les  animaux  sains. 

2°  On  étend  sur  toute  la  surface  de  la  peau  1  ou 
2  kilogrammes  de  savon  vert;  on  frotte  énergiquement 
pour  ramollir  les  croûtes  et  pour  dépouiller  la  peau  des 
squames  épidermiques  qui  pourraient  protéger  les  para- 
sites de  l'action  antiparasitaire  ;  on  sèche  le  tégument 
et  on  applique  la  médication  antipsorique. 

23. 


406  DERMATOSES    PARASITAIRES. 

3"  Les  agents  préconisés  sont  très  nombreux.  Le  pétrole 
et  Vhuiledelin,  niélangéspar  parties  égales,  constituentun 
remède  aearicide  excellent  et  peu  coûteux,  que  nous  em- 
[ilojons  généralement  quand  la  gale  n'est  pas  généralisée. 

Les  dcchets  liquides  de  nianuractures  de  tabac,  dans  la 
proportion  de  iOO  grammes  de  ces  déchets  jjour  i  kilo- 
gramme d'huile,  ont  une  aciion  ellicace  et  sont  peu  coû- 
teux mais  assez  toxiques. 

La pomfïiade  d'Ilelmerich,  la  pommade  préconisée  par 
'l'rasbot  (trisullurede  polassium,  10;  carbonate  de  potasse 
pur,  2  grammes;  axonge,  300)  ne  peuvent  être  employées 
<]ue  sur  des  parties  restreintes  du  corps;  il  faut  savonner  la 
moitié  du  corps  recouverte  de  pommade  avant  d'en  appli- 
(]iier  sur  l'autre  moitié  ;  ce  traitement  est  long  et  souvent 
infructueux. 

L'huile  de  cévadille  préparée  suivant  la  formule  sui- 
vante : 

Poudre  de  cévadille 100  grammes. 

Alun  calciné 40        — 

Fleur  de  soufre 00        — 

Huile  d'olive 1   litre. 

<[u"oii  fait  digérer,  pendant  deux  heures,  au  bain-marie 
donne  généralement  de  bons  résultats. 

La  créolino.  le  crésyl,  sont  eflicaces.  et  leur  emploi 
n'est  pas  dangereux. 

L'huile  de  cade  est  souveul  em])loyée  ;  elle  irrile  le  tégu- 
iiieiil  (|uand  ce  traitement  est  longtemps  pi-olongé  :  on 
peut  utiliser  la  créosote,  qui  est  un  des  meilleurs  acari- 
cides;  on  peut  associer  plusieurs  antipsoriques,  comme 
dans  la  formule  suivante  :  goudron  et  soufre  sublimé, 
aâ  500  grammes:  savon  vert  et  alcool.  Sa  dOOO  grammes; 
ou  comme  d;ms  la  formule  donnée  par  le  Codex  : 

Benzine 300  grammes. 

Huile  de  cade 100         — 

Coal  lar 1 00        — 

Savon  noir li)i)        — 

Essence  de  lérébcnlliine loo        — 


SOLIPÈDES.    GALE   PSOROPTIQUE.  407 

Parfois,  l'application  réitérée  et  excessive  de  ces  divers 
remèdes  ne  suffît  pas  à  guérir  complètement  la  gale  ;  le 
mal  reparaît  quelques  semaines  après  :  oi*  n'obtient  que 
des  améliorations  passagères  (1). 

La  gale  sarcoptique  est  quelquefois  rebelle  à  tous  les 
traitements  (Cadéac;. 


II.  -  GALE   PSOROPTIQUE. 

Cette  dermatose  parasitaire  est  régionale,  circonscrite 
généralement  aux  parties  pourvues  de  crins  et  déterminée 
par  le  Psoroptes  equi.  Désignée  autrefois  sous  le  nom  de 
roiivieux,  de  gale  humide,  de  gale  par  acare,  de  gale  derma- 
todectique,  elle  est  très  répandue. 

Étiologie.  —  Le  Psoroptes  equi.  visible  à  l'œil  nu,  est 
ovalaire  :  le  rostre  est  conique  et  allongé.  Le  mâle,  plus 
petit  que  la  femelle  ovigère,  mesure  de  500  à  580  [a  de 
long  sur  300  à  3.'50  a  de  large,  présente  deux  lobes  abdo- 
minaux terminés  par  des  ventouses  supportées  par  un 
long  pédicule  triarticulé  ;  la  quatrième  paire  ne  présente 
ni  ventouses,  ni  soies  à  son  extrémité  (fig.  83> 

La  femelle  ovigère,  longue  de  600  à  700  a  sur  400  à 
440  \L  de  large,  présente  des  soies  à  la  troisième  paire  de 
pattes.  On  peut  observer  des  larves  hexapodes  et  des 
nymphes  octopodes  (fig.  84). 

Ce  parasite  ovipare  ne  creuse  pas  de  galeries  épi- 
dermiques.  Grâce  à  son  venin  irritant,  il  provoque  une 
éruption  et  des  croûtes  au  milieu  desquelles  il  vit.  Il  ne 
s'isole  point  comme  le  sarcopte,  mais  il  vit  en  colonies  à 
la  surface  de  l'épiderme. 

Le  psoropte  se  fixe  à  la  base  d'un  poil  et  sécrète  un 
venin  plus  actif  que  celui  du  sarcopte  ou  du  symbiote.  Les 
vésicules  qui  se  développent  correspondent  toujours  à  la 

(1)  Cabret,  Une  épizootie  da  gale  sarcoptique  {Jou/wi.  des  vit.  milit.,  1911, 
p.  645). 


108 


DERMATOSES    PARASITAIRES. 


partie  de  répidernie  piquée  par  le  parasite.  (Juddcn  imite 
cette  action  mécanique  à  l'aide  d'une  fine  aiguille,  imbibée 
de  teinture  dacantliaride;  ricrlacli  iulrodiiil  <lnns  1-ti  poiiu 


Fig.  Ki.  —  Psorojilcs  commuiiis  (variété  pqui)  (mile). 


du  suc  de  psoropte  ;  tous  deux  reproduisent  ainsi  les 
démangeaisons  et  les  altérations  dc-torniinéos  ])ar  ce 
parasite. 

Lorsque  des  croûtes   se  sont  l'ormécs,  le  psoropte  ne 
l'abandonne  plus,  car  il   y    trouve    un    abri    contre    les 


<OLIPEDES. 


GALE    PSOROPTIOUE. 


409 


agents  extérieurs.  Si  la  population  devient  trop  nombreuse 
pour  vivre  dans  l'espace  circonscrit  tracé  primitivement 
par  la  colonie,  elle  agrandit  son  domaine  en  s'étendant  de 


¥\s.  84. 


Psorojitef  commiinis  (variété  equi)  (femelle). 


proche  en  proche.  Ce  mode  d'envahissement  est  particulier 
à  la  gale  psoroptique. 

La  gale  psoroptique  se  propage  de  cheval  à  cheval:  la 
transmission  est  facilitée  par  le  défaut  de  pansage  des 
animaux  galeux.  La  contagion  médiate  est  accrue  elle-même 
par  la  résistance  vitale  des  psoroptes. 

Ce  parasite  vit  dix  à  quatorze  jours  dans  une  atmosphère 


410  DEUMATOSES    PAHASITAIRES. 

sèche,  vingt  à  Ironie  dans  une  écurie;  les  femelles 
fécondées  sont  plus  résistantes  que  les  mâles,  et  ceux-ci 
l'emportent  sur  les  femelles  non  fécondées.  Ces  parasites 
peuvent  tomber  en  un  état  do  mort  apparente  dans  les 
écuries  et  revivre  au  bout  de  six  à  huit  semaines  dans 
un  milieu  chaud  et  humide,  sans  récupérer  assez  d'énergie 
pour  piquer  la  peau. 

Le  clieval  est  susceptible  de  contracter  la  gale  psoro- 
l>tique  du  lapin  (Mathieu,  Cagnj,  Cadéac). 

Cette  gale  ne  se  transmet  ni  au  bœuf,  ni  au  mouton,  ni 
au  porc,  ni  au  chien,  ni  au  chat  (Delafond). 

Symptômes.  —  Mâles  et  femelles,  larves  et  nymphéa,  ont 
des  habitudes  sédontiiiros  ol  vivent  en  colonies  agglomé- 
rées. Ils  piquent  i)rorondémont  l'épiderme  et  déterminent 
la  production  de  petites  papulo-vésicules  do  7  millimètres 
à  8  millimètres  de  diamètre,  sur  2  millimètres  à  3  milli- 
mètres de  hauteur.  Chaque  piqûre  provoquant  une  papulo- 
vésiculc,  la  surface  envahie  est  bientôt  recouverte  d'une 
éruption  confluente. 

Les  papulo-vésicules  saillautos,  hémisphériques,  évoluent 
rapidement,  deviennent  des  vésicules  ou  dos  pustules  qui 
s'ouvrent,  et  laissent  suinter  un  produit  poisseux,  jau- 
nâtre, qui  réunit  les  crins  on  pinceaux,  im  peu  comme 
dans  l'impétigo.  Ce  produit  so  dessèche  ensuite  et  donne 
naissance  à  dos  croûtes  d'un  blanc  jaunAtro.  dont  laspect 
change  dim  moment  à  l'autre,  sous  linlliience  des  frot- 
tements et  dos  poussières  qui  s'y  associent. 

Le  prurit  est  intense  ;  le  venin  des  psoroptes  est  très 
irritant,  l'animal  se  frotte  l'encolure  et  le  garrot  contre 
les  corps  diu's  à  sa  portée,  ou  contre  ses  voisins.  11  fait 
peu  de  tentatives  pour  se  mordre;  il  sait  qu'elles  seraient 
infructueuses  et  qu'il  ne  pourrait  atteindre  la  queue  et 
la  crinière  avec  les  dents.  Los  crins  sont  d'abord  entre- 
mêlés, ébouriffés,  réunis  par  mèches,  brisés  ensuite  à 
diverses  hauteurs.  La  surface  cutanée,  qui  n'ost  plus  pro- 
tégée par  les  crins,  est  excoriée  ;   les  croules  sont  vio- 


SOLIPÈDES.    GALE    PSOROPTIQUE.  41  i 

lemmeat  arrachées,  les  poils  déracinés;  la  surface 
apparaît  lisse,  avec  un  reflet  brillant,  graisseux  ;  elle  est 
le  siège  d'un  suintement  intense,  rougeâtre,  qui  donne 
aux  croûtes,  de  nouvelle  formation,  une  teinte  rougeâtre 
ou  noirâtre.  La  peau,  sans  cesse  irritée,  s'infiltre,  s'épais- 
sit, se  ride  ;  le  bord  supérieur  de  l'encolure  est  ondulé  ; 
il  présente  de  nombreux  plis  transversaux,  au  fond  des- 
quels s'abritent  quelques  poils  qui  ont  échappé  aux 
frottements.  Les  produits  d'exsudation  s'y  accumulent, 
s'y  putréfient,  et  servent  de  nourriture  et  d'abri  à  des 
larves  de  mouches. 

Malgré  ces  désordres,  les  psoroptes  désertent,  lente- 
ment et  tardivement,  la  place  qu'ils  occupent.  Ils  renou- 
vellent leurs  piqûres  tant  que  persistent  des  débris 
d'éjtiderme;  puis,  pressés  par  la  faim,  ils  font  un  pas 
vers  les  parties  saines  ;  les  colons  se  sont  reproduits,  et 
la  colonie  primitive  ne  peut  plus  suffire  aux  besoins  de 
tant  de  nouvelles  générations.  Ils  s'étendent  de  proche 
en  proche,  sans  laisser  d'intervalles  de  peau  saine,  et 
multiplient  leurs  déprédations.  Pressés  sur  une  surface 
restreinte,  les  parasites  sont  toujours  faciles  à  dénicher 
et  à  reconnaître.  On  les  rencontre  sous  les  croûtes,  prin- 
cipalement à  la  périphérie  des  plaques  humides  qu'ils 
habitent.  Les  produits  du  raclage,  examinés  sur  du  pa- 
pier noir,  à  lœil  nu  ou  à  la  loupe,  à  une  douce  tempéra- 
ture, laissent  apercevoir  de  nombreux  psoroptes  à  toutes 
les  phases  de  leur  développement  ou  accouplés,  qui  s'en 
détachent  et  se  disséminent. 

Marche.  —  Durée.  —  Terminaisons.  —  Les  psoroptes 
ont  toujours  un  habitat  de  prédilection  :  le  toupet,  la 
crinière,  la  base  de  la  queue.  L'affection  débute  au  niveau 
de  ces  régions;  elle  s'y  maintient  pendant  longtemps, 
puis  les  parasites  se  répandent  dans  les  régions  avoisi- 
nantes;  ils  envahissent  l'auge,  le  poitrail,  les  faces  laté- 
rales de  l'encolure,  la  face  interne  des  cuisses  et  le  voisi- 
nage du  fourreau.  Cette  extension  est   très  lente    et  très 


412  DERMATOSES    PARASITAIRES. 

rare.  Il  laul  aux  parasites  cinq  à  six  mois  pour  se 
répandre  sur  tout  le  cor[)S.  On  trouve  rarement  des  pro- 
priétaires assez  peu  soigneux  pour  laisser  la  maladie  se 
généraliser.  Parfois,  les  i)arasiles  sont  transplantés  par 
le  pansage  dans  des  parties  limitées  du  corps  ;  mais  ces 
colonies  secondaires  sont  toujours  marquées  par  une 
ligne  parfaitement  délimitée  entre  les  parties  malades 
et  les  parties  saines. 

Diagnostic.  —  On  dilTérencie  la  gale  psoroptiquc  de 
Veczcma  de  la  crinière  et  de  la  base  de  la  queue  par 
l'examen  microscopique  des  croûtes,  qui  permet  d'aper- 
cevoir les  psoroptes. 

(liiez  un  animal  galeux,  écliaull'é  ou  reposé  aux  rayons 
solaires,  les  psoroptes  abandonnent  leur  abri  croùteux  et 
se  promènent  à  la  superficie  des  poils  et  des  croûtes,  où 
on  peut  les  apercevoir  à  l'œil  nu. 

La  gale  psoroptique  se  distingue  aussi  de  la  gale  sar- 
coplunie  par  son  peu  de  tendance  à  se  généraliser. 

Pronostic.  —  Elle  est  beaucoup  moins  grave  que  la 
gale  sarcoplique,  en  raison  de  sa  localisation,  et  ne  revêt 
jamais  nu  caractère  épizooti<iue. 

Traitement.  —  Le  traitement  préventif  ne  ditïère  en 
rien  de  celui  de  la  gale  sarcoptique  ;  le  succès  est  plus 
certain,  les  psoroptes  étant  plus  faciles  à  atteindre  que 
les  sarcoptes. 

Le  <r(a'^ew<'»ii  Cl/m///' est  essentiellement /c»c«/ ;  les  pso- 
roptes vivant  en  société,  il  suflit  de  désinfecter  les  par- 
ties malades,  en  empiétant  légèrement  sur  les  parties 
saines.  On  peut  tresser  la  crinière  et  la  queue,  couper  les 
crins  au  niveau  des  plis,  de  manière  à  faciliter  le  contact 
des  remèdes  aniipsoriques,  savonner  les  parties  ma- 
lades pour  ramollir  et  enlever  les  croûtes;  puis  recou- 
vrir les  régions  alTectées  de  pommade  d'Helmerich,  de 
goudron  végétal,  de  goudron  mélangé  à  du  savon  vert, 
d'huile  de  cade,  d'im  nu-lange  à  parties  égales  de  pétrole 
et  dhuile  de  lin. 


SOLIPEDES. 


GALE    SYMBIOTIQUE. 


413 


III.  —   GALE  SYMBIOTIQUE. 


^ëm^ 


La  gale  symbiotique  du  cheval  est  une  affection  peu 
pi'urigineuse,  localisée  généralement  à  rextrémité  infé- 
rieure des  membres  et 
déterminée  par  le  s:ym- 
biotes  communis  (variété 
eqiii). 

Désignée  par  Gerlacli 
sous  le  nom  de  gale 
du  pied  (18b7),  elle  a 
été  ensuite  étudiée  par 
Delafond  et  Bourgui- 
gnon, par  Mégnin(  1869). 

Étiologie.  —  Cet  aca- 
rien  a  le  corpsovalaire. 

Le  mâle  a  2S0  à  330  a 
de  long  sur  201  à  230  'j. 
de  large.  Il  présente 
un  rostre  conique  aussi 
large  que  long,  légère- 
ment incurvé  d'un  côté 
à  lautre  et  sans  joues. 
Les  pattes  longues  et 
épaisses  sont  armées 
d'un  puissant  crochet 
à  côté  duquel  s'insère, 
par  un  pédicule  simple 

et  court,  une  large  ventouse.  A  l'origine  des  lobes 
abdominaux,  terminés  par  quatre  longues  soies,  on 
trouve,  chez  le  mâle,  deux  ventouses  copulatrices   fig.  8o^. 

La  femelle  oviçjère,  mesure  360  à  390  a  de  long  sur  225 
à  250  ;a  de  large  ;  les  pattes  sont  terminées  par  des 
ventouses,  sauf  l'avant-dernière  paire,  terminée  par  deux 
soies. 

Comme  le  psoropte,  le   symbiote  vit   en  colonies  très 


Fig.  85.  —  Chorioptes  symbiotes  (variété 
equi)  (mâle). 


414  DERMATOSES    l'AUASITAIRES. 

unies,  ce  qui  indique  do  sa  part  peu  de  tendam-eaux  dT-pla- 
cements;  ses  UKfurs  sédentaires  expliquent  la  laihle  eon- 
tagiosité  de  raffeclion  qu'il  détermine.  Cet  acarien,  tou- 
jours situé  superficiellement,  ne  creuse  pas  de  galeries 
sous-épidermiques;  il  s'attaque  à  peu  près  exclusivement 
à  l'épidernie.  dont  la  destruction  provoque  une  exsudation 
|)lusque  siidisante  pour  subvenir  à  ses  besoins. 

Le  [loii  d'exigence  de  ce  parasite  ressort  très  bien 
d'ailleurs  de  la  diversité  de  ses  mœurs  suivant  la  saison. 

Son  action  nocive  est  à  peu  près  nulle  en  été,  car  il  se 
contente  du  produit  des  sécrétions  cutanées  :  mais  les  pro- 
duits excrétés  parla  peau  pendant  la  saison  l'roide  sont 
en  quant iti'  trop  faible;  le  svmbiote  redevient  alors  pso- 
rique:  il  s'attaque  à  nouveau  à  l'épiderme  et  en  l'ail  sourdre 
les  liquides  nécessaires  à  son  existence.  Un  s"exi)lique 
ainsi   laction  intermittente  de  cet  acarien. 

La  gale  symbiotique,  la  moins  contagieuse  des  trois 
gales  du  chevcil,  nécessite,  pour  s'établir  sur  un  animal, 
une  cause  prédisposante  essentielle,  la  malpropreté  des 
extrémités.  Ce  sont  surtout  les  jeunes  chevaux  à  tempé- 
rament lymphatique  et  à  poils  du  fanon  très  fournis  qui 
y  sont  exposés.  La  contagion  s'effectue  par  tous  les  objets 
de  pansage  et  surtout  par  l'intermédiaire  des  litières  où 
les  parasites  peuvent  vivre  au  milieu  des  croûtes  pendant 
dix  à  quinze  jours.  Les  symbiotes  ne  passent  jamais  direc- 
tement d'un  cheval  à  un  autre;  jamais  on  n'a  pu  obtenir  la 
transmission  de  celte  gale  à  Y  homme,  au  bœuf  ou  aux 
autres  animaux. 

Symptômes.  —  \jes  dcmangcaisoiis,  très  vives  dans  les 
autres  affections  psoriques,  n'ont  pas  une  intensité  com- 
parable dans  la  gale  symbiotique.  Au  repos  et  pendant  la 
nuit,  surtout,  l'animal  frappe  de  temps  en  temps  le  sol 
comme  s'il  présentait  un  inllammation  au  niveau  de  la 
fourchette  ous'il  voulaitse  débarrassord'un  corps  étranger: 
il  peut  encore  se  frotter  avec  le  pied  opjjosé,  se  mordre 
et  même  donner  des  coups  de  pied. 


SOLIPKUES.    —    GALE    SYMBIOTIQUE. 


415 


L'examen  de  la  région  du  paturon  peut  montrer,  au  mi- 
lieu des  touffes  de  poils,  une  desquamation  épidermique 
assez  intense  comme  dans  l'eczématose  sèche.  On  peut  même 
trouver  des  croûtes 
assez  nombreuses  qui 
entraînent  dans  leur 
chute  les  poils  qu'elles 
englobent  et  provo- 
quent ainsi  des  dépi- 
lations  partielles.  Le 
faciès  du  cheval  ex- 
prime une  satisfac- 
tion évidente  si  l'on 
vient  à  gratter  cette 
région.  Quand  l'affec- 
tion est  plus  avancée, 
on  peut  noter  un 
épaississement  assez 
considérable  de  la 
peau,  des  crevasses 
plus  ou  moins  pro- 
fondes, et,  au  milieu 
des  croules  épaisses, 
on  peut  distinguer 
des  symbiotes  vi- 
vants, comme  en  témoignent  les  mouvements  qu'ils 
exécutent  (fig.  86). 

Marche.  —  Extrêmement  lente  dans  sa  marche,  la 
gale  symbiotique  du  cheval  débute  généralement  vers  le 
fanon  ou  le  pli  du  paturon  des  membres  postérieurs,  où 
elle  peut  se  localiser  indéfiniment.  Un  seul  membie 
peut  être  atteint,  et  si  l'extension  au  membre  opposé  est 
de  règle,  ce  n'est  que  exceptionnellement  que  les  an- 
térieurs sont  affectés.  Quand  elle  est  très  ancienne 
et  très  négligée,  cette  gale  peut,  quelquefois,  s'étendre 
jusqu'au-dessus   du  jarret  et  envahir  même    les   cuisses 


Fig.  80.  —  Gale  symbiotique  du  cheval. 


410  DERMATOSES    PARASlTAIItES. 

lii     (i-oiipc    et     les     parties     déolives     do      rabilonien. 

Diagnostic.  —  Très  facile  à  établir  en  raison  iiiénie 
de  la  localisation  à  peu  près  constante  de  l'airoclion  et 
de  la  manière  dont  l'animal  qui  en  est  atteint  percute 
le  sol.  On  découvre  aisément  le  parasite  en  maintenant 
à  une  douce  température  un  papier  noir  sur  lequei  on  a 
déposé  quelques  croûtes. 

Enfin,  dans  les  cas  généralisés,  sa  marche  ascendante 
la  lait  distinguer  de  la  gale  psorojitiiiue,  qui  toujours 
évolue  de  haut  en  bas. 

Pronostic.  —  C'est  la  plus  bénigne  des  affections  pso- 
riques  du  rlicvnl.  Quand  elle  n'est  pas  très  étendue,  elle 
disparaît,  pour  ainsi  dire,  delle-méme.  par  de  simples 
soins  de  [iropreté. 

Traitement.  —  En  raison  de  sa  faible  contagion,  il  est 
à  peu  près  inutile  d'isoler  les  malades. 

Le  renouvellement  de  la  litière  et  les  soins  de  propreté 
ordinaires,  associés  à  une  médication  anlipsori(]ue.  sont 
des  moyens  sullisants  pour  guérir  tous  les  malados. 

On  coupe  les  poils  des  extrémités,  et  après  un  brossage 
énergique,  qui  fait  tomber  les  croûtes  etun grand  nombre 
de  parasites,  on  frictioiine  avec  un  mélange  d'huile  de  lin 
et  de  pétrole  ou  avec  de  la  benzine.  La  pommade 
d'Holmorich,  la  décoction  concentrée  de  tabac,  et  tous  les 
autres  autipsoriquos  sont  utilisés  avec  succès. 

IV.   —    GALE    DÉIVIODÉCIQUE. 

La  gale  démodécique  des  so/i/jèrfes  signalée  ])ar  \\'ilson 
(1843),  (iros  (IKiri),  Wallher  (d908),  Schenzle(190i»),  Berger 
(1911),  Hidaull  (1912),  Miesner  (1912),  est  une  alToction 
bénigne,  non  contagieuse  du  bout  du  nez,  du  chanfrein,  du 
pourtour  des  yeux,  du  front,  de  la  nuque,  de  la  région 
parotidienne  ou  de  la  queue  caractérisée  par  une  légère 
irritation,  sans  prurit,  et  occasionnée  i)ar  le  Demodex 
folliculorum    développé    dans    les     glandes    sébacées  et 


SOLIPEDES.    —    ACARIASE    DERMANYSSIQUE.  4)  / 

les  follicules  pileux.  Les  tentatives  de  transmission  de 
cheval  au  cheval  et  du  i-heval  au  chien  sont  demeurées 
infructueuses  (Bidault].  Pourtant  Berger  a  constaté  la 
transmission  de  la  gale  démodécique  du  chien  au  cheval. 

Symptômes.  —  Ces  régions  présentent  des  taches  dépi- 
tées, irrégulières,  mal  délimitées,  peu  ou  point  prurigineuses, 
recouvei'tes  de  squames  minces,  blanchâtres  ou  de  petites 
croûtes  d'aspect  psoriasiforme,  sans  vésicules,  ni  pustules, 
qui  s'étendent  et  envahissent  quelquefois  la  moitié  de 
l'encolure  et  les  joues. 

La  forme  pustuleuse  observée  au  niveau  des  lèvres,  de  la 
vulve,  de  la  base  de  la  queue  et  sur  les  faces  de  l'enco- 
lure, s'accompagne  d'œdème  de  la  peau  et  delà  sécrétion 
d'un  liquide  visqueux. 

La  gale  folliculaire  du  cheval  rétrograde  et  guérit  sous 
l'influence  d'un  traitement  antiparasitaire. 

Traitement.  —  Les  applications  d'un  mélange  à  parties 
égales  de  goudron  végétal,  glycérine  et  alcool  (^Vallher)  (  i  > 
ou  d'un  mélange  de  150  grammes  d'huile  de  ricin. 
10  grammes  d'essence  de  carvi  et  10  grammes  d'alcool 
(Schenzle)  (2)  sont  efficaces:  on  peut  compléter  ce  traite- 
ment par  des  lavages  sulfureux  tous  les  huit  jours. 

V.  -    ACARIASE   DERMANYSSIQUE. 

Cette  affection  est  déterminée  par  les  piqûres  d'un  aca- 
rien  temporaire,  le  Dermanyssms  gallinœ.  Elle  sévit  chez 
les  solipèdes  placés  à  proximité  des  poulaillers. 

Le  Dermanyssus  gallinœ  sort  de  son  abri  pendant  la 
nuit,  se  répand  sur  les  animaux  et  les  pique  jusqu'au 
jour  où  il  regagne  les  Assures  des  poulaillers  ou  la  paille 
des  pigeonniers.  Trasbot  a  cependant  rencontré  des  der- 
manysses  pendant  le  jour  sur  un  cheval  muni  d'une  cou- 
verture qui  les  maintenait  à  l'abri  de  la  lumière  ,^fig.  87). 

(I)  Wallher,  Berliner,  24  sept.  1908. 

(i)  Schenzle,  Deutsche  Tierârzliche,  1909. 


418 


DERMATOSES  PARASITAIRES. 


Symptômes.  —  Cette  acariase  est  caractérisée  par  un 
liriuil  nocliirne  suivi  de  l'éruption  de  petites  vésicules  vite 
déchirées  par  le  grattage  et  suivies  de  tonsures  d'un 
diamètre  de  5  à  G  millimètres,  bientôt  recouvertes 
d'une  croûte.  Celle-ci    tombe    au  bout  de  quelques  jours; 


'    > 


l'iif.  87.  —  Dermanysse  femelle  ovigère  vue  par  la  face  dorsale 
(d'après  Delafond). 

l'épiderme  se  reforme.  Ouand  les  piqûres  se  multiplient, 
la  robe  de  l'animal  |)r(''senle,  en  quel<iues  jours,  un  as])ect 
moucheté  caractéristique.  Les  plaques  peuvent  se  confon- 
dre; la  dépilation  occupe  ainsi  une  surface  étendue. 

Le   grattage   est  quelquefois  si  intense  qu'il  se  i)io(hiit 
des  éniplions  secondaires  cl  (pi'on  observe  des  excoriations. 


SOLIPEDES. 


THROMBIDIOSE. 


419 


L'évolution  de  cette  maladie  présente  des  intermittences, 
des  récidives  ;  elle  dure  tant  que  les  animaux  sont 
envahis  par  les  parasites. 

Diagnostic.  —  La  gale  sarcoptique  s'en  difTérencie  par 
une  invasion  moins  rapide,  mais  plus  étendue,  et  par  un 
prurit  continu:  la  phtiriase  due  à  VHwmatopimis  macroce- 
phatus  est  dénoncée  par  la  présence  continue  des  parasites. 

Traitement.  —  On  prévient  le  développement  de  cette 
maladie  en  éloignant  les  poules  des  écuries  et  en  désin- 
fectant les  poulaillei's  et  les  pigeonniers.  On  la  guérit  à 
l'aide  de  lotions  sulfureuses. 


VI. 


THROMBIDIOSE. 


Le  lepte  automnal  (Leptits nutumnalis), la-V^ehexa^podedu. 
thromhidium  soyeux  qui  vit  sur  les  végétaux,  s'attaque  à 
tous  les  m  a  mini  fer  es  et  même 
à  ÏJjoinwe  et  aux  oiseaux.  Ces 
acariens  envahissent  exception- 
nellement les  extrémités  des 
solipèdes;  ils  peuvent,  dans  les 
pays  chauds,  déterminer  une 
éruption  croùteuse  des  quatre 
paturons  (Penning),  une  éruption 
érjthémateuse  qui  ne  dépasse 
pas  les  genoux  et  les  jarrets 
<Cavalin,  Biaise)  et  quelquefois 
une  dermatose  du  bord  supérieur 
de  l'encolure  et  des  épaules  (Bro- 
cheriou  et  Grossetti).  Dans  ces 
diverses  régions,  on  constate  de 

petits  boutons  croùteux.  dénoncés  -par  le  hérissement  des 
poils  agglutinés  qui  s'arrachent  à  la  moindre  traction  et 
laissent  apercevoir  des  excavations  dermiques,  en  cupule, 
rosées,  suintantes,  au  niveau  desquelles  on  découvre  des 
points  jaune  orangé,  constitués  par  ces  vulgaires  bétes 
connues  sous  le  nom  de  vendangeurs  (fig.  88). 


Fig.  8S.  —  T hromhid'ntm 
holocericeum  vu  par  la 
face  ventrale  et  grossi 
9  fois. 


42(1 


DEKMATOSES    l'AItASITAlRES. 


Traitement.  —  Un  simple  lavage  avec  une  solution 
crrsyjt'e.  un  savonnage  intense  sufïisent  à  guérir  tous  les 
iinirnjuix. 

VII.  —  IXODES. 

L'acariase  déterminée  par  les  ixuilidi's.  répandue  «lans 
le  monde  entier,  a  une  importance  extrême,  les  ixodes 
étant  les  récepteurs  et  les  propagateurs  des  piroplasnioses 
des  diverses  espèces  animales. 

Les  solipcdes  sont  plus  rarament  attaqués  par  ces  aca- 
riens cosmopolites  tjue  les  autres  mumniifcres.  Ils  peuvent 
cependant  présenter  VLvoile  rcduve,  appelé  encore  ricin  ou 
tique  des  chiens,  lixode  de  Dugès  ou  Hhipicephabis  san- 
guineiis,  qu'on  rencontre  dans  le  midi  de  la  France  et  en 
Italie;  le  Rhipiccphalun  F.vertsi.  tique  commune  chez  les 
uio  m  m  i  fères  domosVuines  etsauvages  de  l'Afriqueorientiile  : 
le  lioophilns  dccoloi'atits,  répandu  dans  toute  FAfrique  équa- 
loriale  ;  Vllyalomma  a.'tj>jptiinii.  qu'on  trouve  en  Égvpte, 
dans  le  nord  de  rAlrique,  à  la 
Guadeloupe,  etc.  ;le  Dermacentor 
reticulaiiis,  qu'on  trouve  en 
France  et  en  divers  points 
d'Furope  et  d'Asie  (fig.  89  et  90). 
Symptômes.  —  Ces  divers 
acariens  se  fixent  sur  tout  le 
corps,  mais  principalement  aux 
parties  que  l'animal  ne  peut 
atteindre.  Parfois  ils  envahissent 
les  memhres  el  le  dessous  du  ventre,  à  tel  point  qu'on  peut 
à  peine  introduire,  enti'C  eux,  la  pointe  d'un  couteau.  Ces 
piqûres  multiples  sont  suivies  des  petits  boutons  saillants 
entourés  ou  non  d'une  zone  œdémateuse.  Parfois  même 
une  sérosité  assez  abondante  s'est  concrélée  sur  les  parties 
déclives,  formant  de  petites  croûtes  jaunes  d'or  analo- 
gues à  celles  qui  résultent  d'un  feu  en  pointes  (Joveux)  {i). 

(I)  Joyeux,  Au  sujet  de  l'ixode  réduve  (Journ.  des  vél.  milil.,  1900, 
p.  il-2). 


Tig.  89  et  90.  —  Ixode  ré- 
duve   femelle. 

a,  vue  de  dessus  ;  b,  vue 
de  dessous  (IJerlôsc). 


BOVIDÉS.    —    GALE    PSORO!>TIQlE.  421 

Parfois  les  ixodes  réduves  déterminent  de  véritables 
furoncles  (Mégnin)  ;  ils  inoculent  la  piroplasmose  quand 
les  tiques  mères  ont  déjà  sucé  le  sang  des  c/ie vaux  affec- 
tés de  cette  maladie.  D'autre  part,  les  ixodes  peuvent  ino- 
culer, accidentellement,  divers  microbes  pathogènes  ou 
déterminer  des  plaies  ouvertes  à  des  infect  ions  secondaires. 
Les  tiques  peuvent  provoquer  des  intlammations  quand 
on  les  arrache;  le  rostre,  demeurant  dans  la  peau,  déter- 
mine une  suppuration  éliminatrice. 

Traitement.  —  11  suffit  de  provoquer  la  chute  du 
parasite  en  le  touchant  avec  de  la  benzine,  du  pétrole  ou 
du  jus  de  tabac. 

II    —  BOVIDÉS. 

Les  bovidés  otlrent  quatre  espèces  de  gales,  dont  deux 
seulement  lui  appartiennent  en  propre  :  la  gale  psoro- 
ptique  et  la  gale  symbiotique. 

I.  —GALE  SARCOPTIQUE. 

La  gale  sarcoptique  est  une  dermatose  d'emprunt  ;  elle 
résulte  du  passage  accidentel  sur  la  peau  des  bovidés  des 
sarcoptes  du  cheval  (Grognier,  Robert  Fauvet),  de  la 
cAèvre  (WalraCf),  du  c///e/î  (Delafond  ou  du  chat  (Rade- 
macher). 

II.  —   GALE  PSOROPTIQUE. 

Cette  dermatose  parasitaire  appelée  gale  dei'matodéciqut^- 
(Delafond),  gale  française  des  bêtes  à  cornes  (Mégnin),  est 
très  rare  et  sans  importance  clinique. 

Étiologie.  —  Le  Psoroptes  communis  (variété  boiis)  a 
été  vu  en  1813  par  Dorfeuille,  en  1814  par  Gohier  sur  des 
bœufs  hongrois  importés  par  les  Autrichiens,  en  1836  par 
Delafond  et  Gerlach,  en  1860  par  Mûller. 

Son  implantation  est  favorisée  par  la  mauvaise  nourri- 
ture, la  malpropreté,  le  séjour  à  l'étable. 

C.VDÉAC.  —  Pathologie  intei-ne.  VII.  24 


422  DERMATOSES    PARASITAIHES. 

Les  saisons  infliiont  sur  révolution  des  parasites  :  ralVec- 
tion  débute  à  la  lin  de  l'autoninc,  atteint  son  maximum 
en  février  et  dimiuuc  au  printemps,  époque  à  laquelle  les 
parasites  sont  exclusivement  cantonnés  à  la  base  de  la 
(jueue  et  au  cou.  Les  animaux  peuvent  même  paraître 
guéris;  mais,  si  l'on  clierche  bien,  on  peut  retrouver  quel- 
ques parasites  dans  les  régions  sus-indiquécs.  Ces  parasites 
ne  se  transmettent  pas  à  d'autres  animaux. 

Symptômes.  —  Le  Psoroptes  bovis  pique  l'épiderme  et 
provoijue  une  exsudation  au  point  où  il  a  enfoncé  ses  man- 
flibules.  Cet  exsudât,  riclie  en  leucocytes,  se  rassemble 
dans  l'épaisseur  de  ré[)iderme  et  détermine  son  soulève- 
ment. On  voit  ainsi  apparaître  de  petites  nodosités  dissémi- 
nées ou  confluentes  dont  la  déchirure  est  suivie  d'un  suin- 
tement séi-eux  qui  se  concrète  à  l'air  et  agglutine  les  poils; 
il  en  résulte  des  plaques  irrégulières,  croùteuses,  d'un 
reflet  argenté,  grisâtre,  el  d'une  épaisseur  d'une  centi- 
mètre, provo([uant  l'épaississement  de  la  peau,  plaques 
qui  correspondent  à  des  piqûres  confluentes. 

Sous  les  croûtes,  et  dans  leurs  intervalles,  pullidenl  nu 
grand  nombre  de  psoroptes.  facilement  visibles  à  l'd'il  nu 
el  à  la  loupe,  après  leur  dépôt  sur  une  feuille  de  papier 
noir.  Ces  parasites  déterminent  une  excitation  inflamma- 
toire très  vive;  il  en  résulte  une  accumulation  de  sérosité 
intra-épidermique,  parfois  si  abondante  que  la  couche 
cornée  se  rupture;  le  corps  muqueux  de  Malpighi  est 
détruit,  et  il  se  forme  un  véritable  ulcère.  Le  prurit  est 
continuel  et  violent,  surtout  pendant  la  nuit  ;  l'animal  se 
gratte,  se  frotte  contre  tout  ce  qui  l'entoure.  La  peau  se 
dépile,  s'épaissit,  se  fendille  et  forme  de  gros  plis  :  elle 
est  parfois  excoriée,  enllammée  el  ulcérée  par   places. 

Marche.  —  Durée.  —  Terminaison.  —  Les  psoroptes 
se  localisent  d'abord  à  la  base  de  la  queue,  rarement  à 
l'encolure  et  au  garrot.  De  là.  ils  irradient  dans  toutes 
les  directions  :  ils  gagnent  la  tète,  le  dos,  les  épaules  et 
les  côtés  de   la   poitrine  ;  les  menibros  restent  indenmes. 


BOVIDES.    GALE    SYMBIOTIQUK.  423 

La  maladie  progresse  lentement  et  s'étend  graduellement 
en  bas. 

Quand  cette  gale  dure  longtemps,  elle  amène  un  état 
cachectique  très  prononcé;  généralement  les  animaux  sont 
envoyés  à  la  boucherie  avant  cette  terminaison.  Quand 
la  maladie  est  ancienne,  elle  se  complique  de  plaies 
ulcéreufies. 

Diagnostic.  —  On  dilïérencie  la  gale  psoroptique  de  la 
teigne  tonsurante  par  l'examen  microscopique  des  croûtes  ; 
de  la  phtiriase  hématopinique  parlaprésence  de  ces  poux; 
de  Veczéma  dartveux  par  la  formation,  à  la  surface  du 
corps,  de  larges  squamesépidermiques  rappelant  les  écailles 
de  la  carpe. 

Pronostic.  —  La  gale  psoroptique  du  />œo/' n'est  pas 
grave  si  l'animal  est  l'objet  de  soins  hygiéniques  rationnels. 

Traitement.  —  Cette  gale  cède  facilement  à  l'emploi 
des  antipsoriques.  Il  faut,  autant  que  possible,  recourir 
aux  substances  peu  toxiques  ou  inoffensives,  proscrire  les 
mercuriaux,  utiliser  la  pommade  d'Helmerich,  l'huile  de 
cade,  le  pétrole,  l'huile  de  lin,  la  benzine,  le  crésyl, 
l'huile  phéniquée.  l'huile  de  cévadille.  On  prévient  les 
récidives  par  la  désinfection  de  l'étable  contaminée. 

m.  -  GALE    SYMBIOTIQUE. 

Définition.  —  La  gale  symbiotique  du  bœuC  est  une 
maladie  prurigineuse,  siégeant  à  la  base  de  la  queue 
presque  exclusivement,  plus  rarement  dans  le  chignon 
ou  dans  le  pli  des  paturons  postérieurs,  et  déterminée 
par  le  Stjmbiotes  communis  variété  bovis. 

Roll  l'a  appelée  gale  dermatophagique  ;  Mégnin.  gale 
chorioptique.  Signalée  par  Kegelaar,  en  1835.  elle  a  été 
étudiée  par  Hering  (184.5),  Gerlach,  Delafond  et  Mégnin. 

Étiologie.  —  Ce  parasite  vit  en  colonies.  Si  on  disperse 
les  individus  qui  les  composent,  ils  ne  tardent  pas  à 
s'agglomérer  de  nouveau   à   l'endroit    d'où  on   les   avait 


424  DERMATOSES    PARASITAIRES. 

chassés.  Le  mâle  est  long  de  270  à  300  a,  large  de  210  à 
220  [i.;  la  femelle  ovigcre,  plus  volumineuse  que  le 
niàle,  a  une  longueiu*  de  380  à  390  u  et  une  largeur  de 
230  à  250  a. 

Celle  gale  est  peu  conlagieuse.  Elle  n'est  pas  Irans- 
missible  à  V Itomiue,  ni  au  cheviil.  Le  parasite,  déposé  sur 
le  paturon  du  clicvnl,  provoque  quelques  papules  qui 
disparaissent  au  bout  de  (jnelques  jours. 

Symptômes.  —  Cette  maladie  cutanée  siège  presque 
exclusivonienl  à  la  base  de  la  queue,  dans  les  fossettes 
latérales  et  au  pourtour  de  lanus  ;  plus  lard,  les  parasites 
remontent  le  long  ihi  dos  et  se  réfugient  dans  le  chignon. 
Les  régions  envahies  par  cet  acarien  présentent  d'abon- 
dantes pellicules  qui  donnent  à  la  peau  une  couleur  jau- 
nâtre. Les  poils  tombent,  elles  cellules  épidermiques  déta- 
chées se  rassemblent  jtour  foi'mer  des  croûtes  sèches  peu 
adhérentes. 

.\u-dessous  des  croûtes,  la  peau  rouge,  tuméliée,  est  le 
siège  d'un  prurit  modéré,  plus  accentué  en  hiver  qu'en 
été.  La  maladie  reste  circonscrite  le  plus  ordinairement, 
mais  quand  les  animaux  sont  malpropres,  que  les  soins 
de  la  [leau  sont  négligés,  on  peut  voir  l'affection  s'éten- 
dre, surtout  en  bas  autour  de  la  vulve,  sur  les  fesses,  les 
mamelles  chez  la  vv/r/ye,  le  scrotum  chez  le /jci?«/'et  remon- 
ter, même  parfois,  tout  le  long  de  la  ligne  médiane 
du  dos. 

Cette  maladie  est  peu  grave. 

Marche.  —  La  marche  de  celte  gale  est  très  lente  :  elle 
s  atténue  l'élé  au  moment  où  les  animaux  sont  envoyés  au 
pâturage;  les  symbiotes  restent,  à  ce  moment,  blottis  au 
fond  des  poils  du  toupet;  mais,  lorsque  l'hiver  revient 
el  qu'ils  ne  peuvent  plus  vivre  des  exsudations  naturelles 
de  la  peau,  ils  déchirent  ré[)iderme  el  redeviennent  de 
nouveau  psoriques.  Celte  gale,  non  traitée,  peut  durer  toute 
la  vie  de  l'animal. 

Diagnostic.  —  La  gale  symbiotique,  au   début,   ne  se 


BOVIDÉS.    —    (.ALE    DÉMODÉCIQUE.  425 

distingue,  de  la  gale  psoroptiqiie.  que  par  l'examen  mi- 
croscopique des  croûtes  caractéristiques. 

La  teigne  tonsurante  du  ycaii  s'en  distingue  par  sa 
l'orme  circulaire  plus  ou  moins  régulière. 

Le  Trichodectes  scalaris,  petit  pou  qui  habite  les 
régions  postérieures  du  corps  et  particulièrement  le  voisi- 
nage de  la  queue,  peut  déterminer  une  phtiriase  accom- 
pagnée d'une  éruption  furfuracée,  de  dépilations  et  d'un 
prurit  léger  pouvant  être  confondu  avec  celui  de  la  gale 
symbiotique;  mais  les  dimensions  du  trichodecte  et  les 
caractères  spécifiques  de  ce  parasite  suffîsent  pour  diffé- 
rencier les  deux  affections. 

Traitement.  —  Le  traitement  est  préventif  et  curatif. 
Le  premier  consiste  à  tenir  les  animaux  proprement,  à 
désinfecter  les  écuries,  à  changer  la  litière  des  animaux, 
à  isoler,  si  on  le  peut,  les  bêtes  atteintes. 

Le  traitement  curatif  est  le  même  que  celui  de  la  gale  pso- 
roptique. 

IV.    —    GALE    DÉMODÉCIQUE. 

Cette  gale,  due  au  Demodex  foU iculorum  [wariéiQ  bovis), 
signalée  par  Gros  (1845).  est  fréquente  en  Amérique 
(Faxon,  1878),  Stiles  (1892),  au  Transvaal.  à  Madagascar 
où  elle  est  épizootique  et  connue  sous  le  nom  de  hoka 
(Geoffroy,  1907)  (Carougeau  ,  dans  lEst-Africain  allemand 
(Probst,  1911),  dans  les  Indes  anglaises  où  elle  est  appelée 
petite  vérole  sèche  {drysmall  po.r),  par  Mitter  (1912)  et 
danslaUépublique  Argentine  (WoltThùgel):  on  larencontre 
quelquefois  en  Allemagne  [Grimm  (1884'.  Oelh  (1892), 
Bugge  (1)].  dans  les  Pays  Scandinaves  (Buschli,  1908),  en 
Italie  ,  Melio,  1910). 

Symptômes.  —  Cette  gale,  localisée  souvent  au  mufle, 
au  pourtour  des  yeux,  à  l'épaule,  au  bras,  au  poitrail,  au 
fanon,  au  cou,  à  la  face  interne  des  cuisses,  au  périnée,  à 
la  mamelle,  peut  se  généraliser.  Elle  est  partout  carac- 

(I)  Bugge,  Z>e«?«eAe  thierdrzl.  Wochensclir.,  1909. —  .Martin,  La  gale 
déraodècique  des  herbivores  (Revue  vétérinaire,  1913,  p.   3:!3). 

24. 


426  DERMATOSES    l'ARASITAIRES. 

tériséc  par  le  dévoloppoment  de  nombreuses  pustules 
au  niveau  des  glandes  sébacées  dilatées.  Pressées,  ces 
pustules  de  la  dimension  d'une  tête  d'épingle,  d'un  grain 
de  cbènevis,  d'un  pois  d'une  petite  cerise,  d'un  œuf  de 
pigeon,  laissent  écliaiiper  une  matière  blancluUre. 
épaisse  et  visqueuse,  formée  en  grande  partie  de  démo- 
dex.  La  peau  se  recouvre  de  croûtes  qui  soulèvent  les 
poils  et  dissimulent  une  surface  rouge  un  peu  sanguino- 
lente. Un  prurit  assez  intense  incommode  les  animaux, 
qui  maigrissent,  se  drpilent.  ou  présentent  do  nombreux 
ulcères;  ils  offrent  un  aspect  repoussant  et  dcvicnneni 
parfois  cachectifpies. 

Cette  affection  altère  le  cuir,  le  déprécie  quelquefois 
de  20  p.  100,  car  il  présente  des  nodosités  signalées  prin- 
cipalement de  septembre  à  décembre  par  les  tanneurs 
ami-ricains.  Elle  est  jiarticulièroment  redoutable  dans 
l'Afrique  du  Sud  et  à  Madagiiscar,  où  sa  propagation  est 
très  rapide.  Aux  Indes  anglaises,  75  p.  100  des  zèbres  en 
sont  atteints. 

Traitement.  —  La  compression  des  nodosités  ouvertes, 
le  nettoyage  de  la  peau  et  les  frictions  de  pommade 
crésylée,  de  pommade  soufrée,  dojus  de  tabac,  de  mélange 
de  pétrole  et  d'huile  de  coco  au  tiers,  etc..  peuvent  guérir 
les  foyers  limités. 

V.  —  ACARIASE     DERIVIANYSSIQUE. 

Lesdermanysscsnodélcniiinent  pas  à  ])ropronient  parler 
de  troubles  cutanés  chez  les  bovidés;  mais  ils. peuvent 
provoquer  de  raffolemonl,  de  l'agitation  violente  «le  la 
tète  en  envahissant  le  conduit  auditif,  en  perforant  la 
membrane  du  tympan  et  en  s'introduisant  dans  l'oreille 
moyenne,  ou  mémo  dans  l'oreille  interne  [Gassner, 
.Schumacher  (1)]. 

(1)  Le  lapin  ((iurlt),  la  rh/h-rc  (llarz),  le  rhii'it  et  le  chat  (Ziirn)  peiivenl 
avoir  la  peau  envahie  par  les  dermanysses  ;  chez  les  carnassiers,  l'éruption 
est  vésiculaire  (Ziirn). 


BOVIDÉS.    THROMBIDIOSE.  427 

Traitement.  —  L'éloignement  des  galliuacés,  la  désin- 
fection des  poulaillers  assurent  la  disparition  de  cette 
acariase. 

VI.   -  THROMBIDIOSE. 

Le  lepte  automnal,  connu  sous  le  nom  de  rouget,  d'acare 
des  regains,  bête  rouge,  bète  d'août,  aoûtat,  vendangeur, 
mite  rouge,  présente  une  forme  orbiculaire  et  une  couleur 
rouge  orangé.  Il  vit  dans  les  taillis,  les  gazons,  les  herbes 
des  prairies  et  détermine 
chez  les  bêtes  bovines  une 
maladie  connue  sous  le 
nom  de  rafle,  feu  d'herbe 
ou     d'érythème    automnal. 

Symptômes.  —  Les 
lèvres,  les  joues,  le  chan- 
frein, l'encolure,  l'exti'é- 
niité  des  membres  sont  le 
siège  d'un  prurit  violent, 
qui  les  prive  de  tout  repos; 
la  peau,  grattée  et  excoriée 
par  places,  se  couvre  de 
papules  ou  de  papulo-vési- 

cules  à  physionomie  eczémateuse.  On  voit  ainsi  les 
régions  atteintes  rougir,  se  tuméfier,  devenir  érythéma- 
teuses  et  parfois  même  violacées. 

Tous  les  ruminants  peuvent  présenter  ces  démangeaisons 
insupportables,  mais  passagères  ;  car  les  parasites  ne 
vivent  quequelques  jours  sur  la  peau  des  animaux(fig.91  . 

Diagnostic.  —  La  présence  des  parasites  dénonce  la 
nature  de  l'irritation. 

Traitement.  —  La  teinture  d'iode,  la  benzine,  le  pétrole, 
l'huile  en  applications,  la  pommade  crésylée  à  2  ou  3  p.  100. 
font  rapidejnent  disparaître  cette  éruption. 


Fig.  91.  —  Larve  de  Tkrombidiurn 
ho/oserireum  vue  par  la  face  ven- 
trale, grossie  près  de  100  fois 
(d'après  Még^ninl. 


428  DERMATOSES    PARASITAIRES. 

VII.  —  IXODES. 

Le  bœuf,  le  mouton,  la  chèvre,  hébergent  :  l»  VIxodes 
réduve  et  VLvodcs  hexagonus,  parasites  essentiels  des 
mammifèfos  de  France  et  d'Europe  et  agents  de  transmis- 
sion de  la  piroplasmose commune  ; 

2°  Le  lihipicephahis  bursa.  (\n\  colporte  lci)iropl;isiiio  du 
mouton  ; 

3°  Les  H.  Evertsi,  simus,  appendiculatiia,  capcnsis  et 
nitens,  agents  de  transmission  des  diverses  piroplasmoses 
du  sud  de  rAfriiiiie  : 

i°  Les  Boop/(//«.s-.  demi  les  variétés  propagent  les  piro- 
plasmoses dans  les  diverses  contrées  de  l'Amérique; 

5°-  h'î.rodes  œgyptius  ou  Hyalommn  vcnyptium,  connu 
sous  le  nom  de  tique  sénégalaise,  colporte  la  piroplasmose 
bovine  commune  (Voy.  Plroplai>moses). 

Symptômes.  —  Ces  divers  ixodes  provoquent  chez  les 
ruiniiinnts,  principalement  chez  le  mouton,  une  irritation 
plus  ou  moins  vive,  due  à  limplanlalion  de  loiu"  rostre 
dans  l'épaisseur  ilu  tégument.  Les  parties  lines  ou 
dépourvues  de  laine,  comme  laisselle,  laine,  la  partie 
supérieure  du  cou  ou  en  arrière  des  oreilles,  sont  parti- 
culièrement piquées.  On  constate,  à  ce  niveau,  une  vive 
démangeaison  avec  formai  ion  d'une  auréole  rouge  autour 
de  chaque  piqûre:  on  observe  ensuite  une  petite  plaie  qui 
est  le  siège  d'une  inflammation  intense. 

Diagnostic.  —  Les  tiques  sont  faciles  à  reconnaître  ;  elles 
oifrent  une  (coloration  brune  ou  gris  sale;  elles  sont  aplaties 
quand  elles  soni  i\  jeun,  bombées  et  globuleuses  quand 
ellessont  repues.  Les  femelles  adultes  sont  toujours  grasses, 
les  mAles  très  petits. 

Pronostic.  —  Os  parasites,  peu  dangereux  quand  ils 
sont  peu  uomlu-eux,  deviennent  redoutables  dans  les  pa\s 
chauds  et  humides  où  les  hwufs  en  sont  pai'fois  couverts; 
ils  peuvent  enlin  ruiner  l'élevage  du  bétail  dans  les  jiays 
<i  piroplasmoses. 


MOUTON.    —    GALE    SARCOPTIQUK.  429 

Traitement.  —  On  détermine  la  chute  des  ixodes  en  les 
humectant  avec  de  l'essence  de  téi'ébenthine,  du  pétrole, 
de  la  benzine,  d'une  solution  concentrée  de  chloral,  ou 
d'une  pulvérisation  d'huile,  de  vaseline,  etc.  Quand  on  les 
arrache  brusquement  avec  des  pinces  ou  avec  les  doigts; 
le  rostre  demeure  souvent  implanté  dans  la  peau  et 
engendre  bientôt  un  peu  de  suppuration. 

III.   —  MOUTOX. 

Trois  espèces  de  gales  sévissent  chez  le  mouton  :  la  gale 
sarcoptique,  la  gale  psoroptique  et  la  gale  symbiotique. 

I.  —  GALE  SARCOPTIQUE. 

Définition.  —  La  gale  sarcoptique  du  mouton  est 
caractérisée  par  la  production  de  croûtes  épaisses,  dures, 
adhérentes,  et  par  un  prurit  très  intense  au  niveau  de  la 
tète  et  dans  les  parties  dépourvues  de  laine. 

Localisée  au  niveau  de  la  face,  des  joues,  des  paupières, 
elle  peut  envahir  le  ventre,  la  région  sternale.  le  scro- 
tum, l'ouverture  du  fourreati,  les  plis  des  genoux,  des 
jarrets  et  des  paturons   fig.  9:2). 

On  l'a  désignée  sous  le  nom  de  gale  de  la  tête,  de  dartre 
de  la  tête,  de  noir-museau,  de  miisarail  dans  le  Midi  et 
becqueriau  dans  la  Beauce. 

Étiologie.  —  Le  Sarcoptes  scabiei  (variété  ovis)  a  été 
découvert  en  1858  par  Delat'ond  et  décrit  en  1877  par 
Gerlach. 

Les  écailles  dorsales  peu  nombreuses  son  raréfiées  surtout 
en  arrière.  Une  faible  clairière  antérieure,  une  postérieure 
plus  étendue.  Sternite  de  l'armure  mâle  lâchement  uni 
aux  épidermes  des  pattes  postérieures.  Mâle  long  de  220  a. 
large  de  160  u..  Femelle  ovigère  longue  de  320  à  440  ;/., 
large  de  240  à  358  a  (Railliet). 

Les  moutons  se  contaminent  facilement  en  se  grattant 


430 


DERMATOSES    PARASITAIRES. 


entre  eux;  ils  contractent  aussi  la  gale  sarcoplique  de 
la  chèvre  (RolofT,  Wulraff.  l{ailliet):il  est  même  pro- 
bable que  ces  deux  espèces  de  gales  sont  produites  par  le 
même  parasite. 

Le    sarcopte   du    mouton  peut    l'aire   développer,    cbez 
Vliomme.  une  véritable  gale  (l)olafond.  (ierlacli);  il  ne  pro- 


■<         <e     »*      ^ 


=^^ 


Fig.  92.  —  Gale  sarcopli(iiie  du  mouton. 


voque  quune  éruiition  passagère  chez  le  clievnl,  le  bœuf 
et  le  chirn  ;  il  ne  détermine  rien  chez  le  lapin. 

Symptômes.  —  La  maladie  commence  ordinairement 
par  la  lèvre  supérieure,  le  pourtour  des  naseaux,  les 
paupières  ou  les  oreilles.  Ses  progrès  sont  peu  rapides. 
Elle  envahit  la  face,  le  chanlrein,  les  joues,  et  exception- 
nellement l'espace  intermaxillaire:  les  parties  pourvues 
de  laine  sont  préservées. 

Le  parasite  ])eut  les  traverser,  mais  sans  s'y  arrêter.  Il 
va  élire  domicile  et  former  de  petites  colonies  entre  les 


MOUTON. 


GALE    SARCOPTIQUE. 


31 


ars.  sous  le  ventre,  au  niveau  des  paturons,  des  jarrets 
et  des  genoux,  en  produisant  partout  des  croûtes  épaisses 
gris  jaunâtre.  Ce  n'est  que  chez  certaines  races  qu'on 
la  voit  s'étendre  à  tout  le  corps,  mouton  de  Zaddel, 
mouton  à  queue  grasse,  mouton  napolitain  (Roloff), 
mouton  southdown  (Railliet).  moutons  algériens  et 
tunisiens  à  laine  grossière.  Elle  n'en  conserve  pas  moins 
toujours  sa  physionomie  caractéristique  :  tète  croùteuse, 
ridée,  qui  semble  recouverte  d'im  masque.  Les  paupières 
sont  tuméfiées  ;  les  yeux  chassieux  ;  les  oreilles  épaissies  : 
les  lèvres  et  les  joues  à  demi  immobilisées,  de  telle  sorte 
que  les  animaux  ont  de  la  peine  à  prendre  les  aliments. 
Les  croûtes  sont  grisâtres,   rugueuses,  erenues,   sèches. 


Fig.  93  et  94.  —  Extrémités  atteintes  de  gale  (Mathis). 


épaisses  et  très  adhérentes,  formant  soit  des  grains  isolés 
de  2  à  3  millimètres  de  diamètre  et  d'épaisseur  ;  soit,  par 
confluence,  des  plaques  irrégulières,  au  niveau  desquelles 
les  poils  sont  englobés  et  cachés.  —  La  gale  de  la  tête 
peut  se  compliquer  de  conjonctivite  traumatique,  parfois 
même  d'ophtalmie  pm-ulente  et  de  perte  de  l'œil. 

«  Aux  extrémités,  les  croûtes  offrent  les  mêmes  carac- 
tères :  au  début,  limitées  à  la  couronne,  elles  s'étendent 
ensuite   de  préférence   sur    les   faces  latérales   et   anté- 


432  DERMATOSES    PAU ASIIAIUES, 

rioures  du  paliiron,  jusqu'au-dessus  du  boulet,  sans 
jamais  alleindro  ou  tout  au  moins  dépasser  la  mi-hau- 
teur du  canon.  Klles  donnent  au  paturon  un  volume  plus 
grand  qu'à  l'état  .normal,  qui  déborde  les  onglons  (fig.  93 
et  94)  »  (Mathis). 

Le  prurit  est  toujours  très  intense;  les  animaux  se 
frottent  avec  les  pieds  de  derrière  et  contre  tous  les  corps 
environnants. 

Lésions.  —  Ces  acarcs  sont  faciles  à  mettre  en  évidence  ; 
ils  sont  situés  sous  les  croûtes  adhérentes  au  tégument  ;  ils 
déterminent  des  papules  surmontées  bientôt  de  vésicules 
et  des  sillons  bien  appréciables  au  début  de  la  maladie. 
Les  frottements  détruisent  bientôt  l'érujttion,  détermi- 
nent du  suintement  et  la  production  de  croûtes  blan- 
chAtres  qui  deviennent  rapidement  épaisses,  grisâtres, 
dures  et  adhérentes.  La  peau  envahie  s'épaissit,  se  ride, 
se  plisse,  longitudinaleinent  aux  lèvres,  circulairement 
autour  des  yeux,  transversalement  aux  oreilles,  et  l'on 
voit  apparaître  des  gerçures,  des  crevasses,  qui  sont  le 
siège  d'excoriations  fréquentes  et  de  légères  hémorragies. 

Dos  kystes  séro-sanguinolonts  résultent  quelquefois  du 
froissement  du  tissu  conjonctif  sous-cutané  (Delafond). 

Diagnostic.  —  Cette  maladie  se  distingue  de  la  gale 
psornpli(pie  par  son  siège  ;  elle  ne  peut  être  confondue 
au  début  qu'avec  l'ecthyma  des  lèvres. 

Traitement.  —  a.  Le  traitement  prophvlactiuue  consiste 
à  séparer  les  malades  du  reste  du  troupeau,  à  empêcher 
l'introduction  de  moutons  galeux  dans  une  bergerie  saine 
et  à  opérer  la  désinfection  des  bergeries  contaminées. 

La  gaie  sarcoptique  du  mouton  étant  rangée  parmi  les 
maladies  réputées  contagieuses  qui  tombent  sous  le  coup 
de  la  loi  du  21  juillet  1881  nécessite  l'application  de 
mesures  sanitaires. 

b.  Le  TRAITEMENT  ouRATiF  anlipsori(pie  peut  être  immé- 
(Jiiitenient  appliqué  quand  cette  gale  est  récente;  il  est 
indispensable  de  ramollir  les  croûtes  avec  l'huile  ou  la 


MOUTOX.    GALE    PSORuPTIQUE.  433 

vaseline  et  de  nettoyer  la  peau  par  un  savonnage  intense 
au  savon  noir,  quand  elle  est  ancienne.  Si  la  peau  a  été 
soigneusement  préparée,  les  frictions  répétées  de  pom- 
made d'Helmerich,  dhuile  de  cade,  de  solution  de  crésyl, 
de  jus  de  tabac  dilué,  de  glycérine  créosotée  ou  phéni- 
quée,  de  mélange  de  benzine,  de  pétrole  et  d'huile  sont 
efficaces. 

II.  —  GALE  PSOROPTIQUE. 

La  gale  psoroptique  est  de  beaucoup  la  plus  fréquente 
et  la  plus  grave  des  gales  qui  atteignent  le  moutou.  Elle 
siège  de  préférence  dans  les  régions  à  peau  une,  couvertes 
de  laine,  et  est  caractérisée  par  des  lésions  cutanées, 
polymorphes,  déterminées  par  le  Psoroples  communis  (va- 
riété oris).  C'est  la  rogne,  la  gale  épizootique  des  an- 
ciens, la  gale  dermatodectique  de  Gerlach,  Bourguignon 
et  Delafond. 

Cette  maladie  est  connue  depuis  la  plus  haute  anti- 
(juité  ;  Moïse  excluait  des  sacrifices  les  bétes  galeuses,  mais 
les  premières  notions  exactes  que  l'on  possède  remontent 
à  Walz,  qui  l'étudia  en  1809  ;  son  étude  fut  complétée  par 
Teissier  (1810),  Bosc  (1811),  Gohier  (1814),  de  Gasparin 
(1821).  Hering  et  Hertwig  (1835),  Delafond  et  Bourguignon 
(1854),  Gerlach  (1857). 

Étiologie.  —  Le  Psoroptes  ovis  est  l'unique  cause  de 
la  maladie;  c'est  un  gros  parasite  visible  à  l'oeil  nu;  le 
mâle  a  500  à  GOO  ;x  de  long  sui"  340  à  370  ijl  de  large  et 
la  femelle  ovigère  670  à  740  a  de  long  sur  450  à  460  [x  de 
lai-ge  (fig.  95). 

Cette  gale  est  très  contagieuse  :  un  seul  malade  conta- 
mine facilement  tout  un  troupeau. 

La  contagion  s'effectue,  par  contact  direct,  quand  les 
animaux  se  pressent  pour  entrer  ou  sortir  de  la  bergerie 
ou  par  contact  indirect,  c'est-à-dire  par  rintermédiaire 
des  mangeoires,  des  râteliers,  des  litières  ou  des  boissons. 
Ce  mode  de  contagion  est  favorisé  par  la  résistance  vitale 
Cadéac.  —  Pathologie  interne.  VU.  '25 


43  i 


DERMATOSES   PARASITAIRES. 


des  psoroptes  en  dehors  de  leur  luMe  :  ils  peuvent  vivre 
dix  à  vingt  jours  à  une  température  moyenne;  ils  s'engour- 
dissent seulement  sous  l'influence  du  froid  ne  dépassant 
pas  0°  (llertwig  et  Gcrlach).  Les  bergeries  chaudes 
sont  assurément  favorables  à  la  conservation  des  parasites 


Fig.  95.  — Psoroptes  commiaiis  (variété  ovis)  (mâle  vu  par  la  face  ventrale). 

qui  se  répamlent  daulant  plus  facilement  sur  les  animaux 
que  ceux-ci  y  séjoiu'nent  davantage;  la  gale  fait  ainsi  de 
grands  progrès  l'autonme  et  l'hiver,  recule  le  printemps 
et  l'été  sous  l'influence  de  la  tonle,  qui  enlève  un  abri 
aux  parasites,  et  de  la  dispersion  des  animaux  dans  les 
pâturages. 

Sinon,  il  est  à  présumer  qu'il  n'existe,  en  dehors  de  ces 
infliieiices,  ni  immunité,  ni  prédispositions  individuelles  : 
la  contagion  est  pour  ainsi'dire  fatale   parmi  les  animaux 


MOUTON.    —    GALE    PSOROPTIQtE.  433 

qui  vivent  ensemble.  Les  moutons  robustes,  énergiques, 
demeurent  moins  immobiles  sur  la  litière  et  sont,  de  ce 
fait,  moins  vite  contaminés  que  les  animaux  débiles  ou 
cachectiques. 

La  gale  psoroptique  du  mouton  ne  peut  se  communiquer 
aux  autres  espèces  animales. 

Symptômes.  —  Cette  gale  débute  généralement  par 
la  ligne  du  dos,  vers  le  garrot;  elle  ne  tarde  pas  à 
s'étendre  au  cou.  au  dos,  aux  côtes,  aux  flancs  et  à  toutes 
les  régions  pourvues  de  laine. 

Les  démanseaisons  sont  très  vives:  l'animal  se  mordille. 


Fig.  96.  —  Gale  psoroptique  du  mouton. 

se  gratte  partout  où  il  peut  s'atteindre  et  salit  sa  toison. 
Le  simple  frottement  de  la  main,  dans  les  parties  où  la 
laine  est  feutrée,  exagère  le  prurit  ;  les  animaux  agitent 
alors  la  tête,  font  trembloter  les  lèvres,  cherchent  à  se 
mordre  ou  à  se  frotter  contre  tous  les  corps  durs  qui  sont 
à  leur  portée  ou  même  contre  leurs  voisins  (fig.  96). 
La  toison  se  couvre  de  poussière,  de  boue;  des  mèches 


436  DERMATOSES    PARASITAIRES. 

(le  laine  s'agglutinent,  se  détachent,  pendent;  Tanimal  a 
un  aspect  déguenillé.  Les  brins  sont  inégaux;  ceux  qui 
se  détachent  sont  remplacés  par  des  brins  nouveaux  qui  ' 
retiennent  les  anciens  et  forment,  avec  eux,  des  mèches 
entremêlées  et  composées  de  couches  d'inégale  longueur  ; 
c'est  la  laine  <Y  deux  bouts.  Cette  altération  devient  gé- 
nérale sous  l'influence  du  prurit  et  de  l'irrigation  san- 
guine anormale  entretenue  dans  la  peau  parles  psoroptes. 

L'examen  de  la  peau  met  en  évidence  les  lésions  de 
l'infestation  parasitaire.  Les  premiers  psoroptes  pro- 
voquent, par  leurs  piqûres,  des  papules  blanclultres  ou 
blanc  jaunâtre,  de  la  grosseur  d'une  lentille,  (jui 
contrastent  avec  la  teinte  rosée  des  parties  environ- 
nantes. 

La  colonie  acarienne  augn)ente  rapidement;  les  pso- 
roptes se  pressent  sur  une  surface  réduite;  ils  multi- 
plient leurs  piqûres;  les  papules  augmentent  de  nom- 
bre, se  rapprochent,  deviennent  confluantes  et  se  confon- 
dent :  la  surface  galeuse  présente  l'image  d'une  plaque 
eczémateuse.  L'éruption  évolue  promptement  ;  les  pa- 
pules sont  remplacées  par  des  vésicules  et  des  pustules. 
Une  sérosité  limpide  s'accumule  à  leur  sommet, 
s'échappe,  humecte  la  toison,  se  dessèche,  forme  des 
croûtes  peu  adhérentes,  furfuracées,  jaunâtres,  grasses 
au  toucher,  par  suite  de  l'hypersécrétion  des  glandes 
sébacées  et  facilement  réductibles  en  poussière  pulvé- 
rulente. Ces  plaques  crouteuses,  assez  bien  délimitées, 
offrent  des  bords  irrégulièrement  festonnés,  qui  dénon- 
cent les  progrès  de  l'invasion  parasitaire.  Les  psoroptes 
abandonnent  les  régions  enflammées  et  crouteuses  pour 
avancer,  de  proche  en  proche,  vers  les  parties  saines.  On 
peut  suivre  pour  ainsi  dire  leur  marche  envahissante  :  on 
les  voit,  aux  contins  des  pla(iues,  sous  l'aspect  de  petits 
points  blancs,  brunâtres  à  une  extrémité.  On  peut  les 
saisir  avec  la  pointe  d'une  aiguille  ou  d'un  pinceau,  les 
placer  sur  une   feuille    de  pa|)ier   noir  pour    mieux    les 


MOUTON.    —   GALE   PSOROPTIQUE.  437 

observer  et  distinguer  les  mâles,  les  femelles,  libres  ou 
accouplés. 

Cette  gale  ne  comporte  pas  d'autres  altéi^ations  primi- 
tives, mais  les  lésions  consécutives  aux  démangeaisons 
sont  très  nombreuses.  Les  frottements  déterminent  la 
chute  de  la  croiite  primitive,  exagèrent  l'exsudation  et  la 
production  de  croûtes  qui  sont  plus  épaisses,  plus  adhé- 
rentes. La  laine  est  arrachée,  salie,  feutrée,  brisée;  chaque 
brin  de  laine  apparaît  rétréci  ou  renflé,  sans  résistance  ; 
la  peau  se  dépile;  le  derme  et  le  tissu  conjonctif  sous- 
cutané,  meurtris,  s'infilti'ent;  les  papilles  s'hypertro- 
phient,  la  peau  est  doublée  et  même  triplée  d'épaisseur; 
elle  est  dure,  ridée,  excoriée,  crevassée,  nécrosée  par 
places;  il  se  produit  des  infections  secondaires  de  nature 
microbienne  :  de  petits  foyers  purulents,  du  volume  d'un 
pois  ou  d'une  noisette,  évoluent  dans  l'épaisseur  du 
tégument  ;  les  lymphatiques  s'infectent,  les  ganglions 
s'hypertrophient. 

Marche.  —  Durée.  —  Terminaison.  —  La  gale  psoro- 
ptique  a  une  marche  lente,  maisses  progrès  sont  inévitables  ; 
les  parasites  abandonnent  le  centre  de  la  plaque  primi- 
tive ;  ils  envahissent  tout  le  corps  au  bout  de  deux  à 
troismois,  excepté  les  régions  abdominale  et  sternale,  qui 
ne  leur  procurent  pas  un  abri  suffisant. 

Cette  extension  est  facilitée  par  les  auto-infections  et 
par  les  contaminations  répétées.  Le  mouton,  en  se 
grattant,  transporte  des  parasites  des  régions  malades 
dans  les  parties  saines  ;  les  parasites  eux-mêmes,  déposés 
sur  les  parois  des  portes,  sur  les  voisins,  peuvent  passer 
sur  les  malades  et  fonder  de  nouvelles  colonies  qui  ont 
la  même  évolution  concentrique  que  les  premières. 

Les  parasites  abandonnent  toujours  le  centre  des 
plaques  ;  la  peau,  épaissie  et  plissée  à  ce  niveau,  récupère 
lentement  son  intégrité;  les  croûtes  tombent  et  laissent 
apercevoir  une  surface  pityriasique.  La  maladie  ne  peut 
s'arrêter  d'elle-même  ;   elle   subit  des  rémiltences,    sous 


438  DERMATOSES   PARASITAIRES. 

linllucnce  dos  saisons  cl  des  changenionts  do  niilioiix. 
Ello  l'ait  de  grands  progrès  pendant  l'anlonino  ol  lliivor 
ot  rétrograde  pendant  le  séjour  dos  animaux,  dans  les 
pâturages.  Les  sujets  aiïaiblis  otTront  pou  de  résistance  à 
la  maladie;  les  mouton  nicrinos  sont  plus  éprouvés  que 
les  moutons  indigènes.  Tous  peuvent  suooomber  k  cette 
gale  quand  ils  ne  sont  pas  soign('s. 

La  mort  survient  dans  le  marasme  ot  la  oachexie  au 
bout  de  deux  à  trois  mois;  une  nourriture  substantielle 
prolonge  la  vie;  un  traitement  insufïisant,  qui  diminue 
seulement  l'extension  des  parasites,  peut  permettre  à  l'ani- 
mal de  résister  à  la  maladie,  qui  s'éternise  ainsi  dans  les 
bcrgcrios. 

Diagnostic.  —  La  gale  psoropticpie  est  une  maladie 
facile  à  dépister. 

Les  psoroptes,  qui  la  déterminent  exclusivement,  sont 
vite  découverts  en  raison  de  leur  taille.  L'examen  micro- 
scopique des  croûtes  empêche  de  confondre  cette  maladie 
avec  d'autres  dermatoses.  D'ailleurs,  la  contagiosité  de  la 
maladie  qui  rogne  dans  un  troupeau,  l'irrégularité  de  la 
toison,  l'existence  de  surfaces  dépliées  notamment  au  dos, 
aux  épaules,  à  la  croupe  et  à  la  base  de  la  queue,  les 
démangeaisons  persistantes  que  [u-ésontent  les  malades  la 
font  imnit'diatoment  soupçonner. 

La  (/aie  sarcoptique  s'en  distingue  par  sa  localisation  aux 
parties  dépourvues  de  laine. 

L'acné,  ou  foUiculite  sébacée,  est  caractérisée  par  lab- 
sence  de  parasites  et  par  une  sécrétion  abondante  d'im 
suint  jaunâtre,  poisseux,  fortement  adhérent. 

La  pliliriase.  déterminée  par  le  Irichodectc  sphcroccpluik. 
les  mélophaijcs  ou  les  ixodcs,  no  produit  pas  un  prurit  aussi 
intense,  ni  des  dépilalions  aussi  étendues,  ot  les  parasites 
sont  nettement  visibles. 

Les  eczémas  et  Valopécie  s'en  distinguent  aussi  par  l'ab- 
sence de  contagion  et  le  peu  d'intensité  du  prurit. 

Pronostic.    —   La  gale   psoroptique  du    mouton   occa- 


MOUTON.    —    GALE   PSOROPTIQUE.  439 

sienne,  chaque  année,  de  grandes  pertes  à  l'agriculture  ; 
elle  est  plus  fréquente  en  JtUemagne  qu'en  France  et, 
dans  notre  pays,  elle  est  plus  répandue  dans  le  nord  et 
louost  que  dans  l'est  et  le  midi. 

Elle  nuit  à  la  croissance  et  à  l'engraissement  des  ani- 
maux qui  en  sont  atteints  et  fait  subir  à  la  laine  une  dépré- 
ciation notable. 

Les  brebis  donnent  naissance  à  des  afjneaiix  chetifs,  et 
la  mortalité  des  galeux  peut  atteindre  40  à  50  p.  100 
quaud  la  distomatose  ou  d'autres  affections  parasitaires 
s'ajoutent  à  la  gale. 

Traitement.  —  Le  traitement  préventif  consiste  à  iso- 
ler les  malades  des  animaux  sains,  à  désinfecter  soigneuse- 
ment la  bergerie  et  à  changer  les  animaux  de  local  pendant 
quinze  à  vingt  jours.  D'autre  part,  une  bonne  nourriture 
et  des  soins  constants  de  propreté  diminuent  les  dangei's 
de  contagion.  Cette  maladie  est  visée  par  la  loi  sanitaire 
(Yoy.  Police  sanitaire). 

Traitement  curatif.  —  Ce  traitement  varie  avec  le 
nombre  d'animaux  galeux  et  la  généralisation  plus  ou 
moins  complote  de  la  maladie  sur  chacun  d'eux. 

Si  quelques  animaux  seulement  sont  atteints,  l'emploi 
des  aatipsoriques  (huile  de  cade,  jus  de  tabac  dilué, 
200  grammes  dans  1  litre  d'eaul,  utilisés  ordinairement 
chez  nos  animaux  domestiques,  est  tout  indiqué  et  permet 
d'obtenir  la  guérison  de  tous  les  malades.  Les  bergers  soi- 
gneux préviennent  l'extension  de  la  gale  dans  les  trou- 
peaux très  nombreux  et  parviennent  à  guérir  tous  les 
malades  qui  sont  traités  dès  quune  toutfe  de  laine  est 
ébouriffée. 

Quand  la  gale  S'est  étendue  à  tout  un  troupeau  et  s'est 
généralisée  sur  de  nombreux  sujets,  un  traitement  plus 
énergique  et  plus  coBiplet  s'impose;  il  consiste  dans  l'em- 
ploi d'un  bain  savonneux  tiède  (1  kilogramme  de  savon 
vert  pour  100  litres  d'eau),  auquel  on  soumet  les  animaux 
galeux  préalablement  tondus  pour  ramollir  et  faire  tom- 


440  DERMATOSES    PARASITAIRES. 

ber  les  croûtes  vingt-quatre  heures  avant  <le  les  plonger 
dans  le  bain  antiseptique. 

[^es  bains  arsenicaux  ou  les  bains  créolinés  sont  aujour- 
criiui  exclusivement  employés;  ils  sont  ctllcaces.  peu  oné- 
reux et  sans  danger,  pourvu  qu'on  attende  pour  les  donner 
quatre  à  cinq  heures  après  le  repas.  Habituellement,  on 
baigne  les  woutons  pendant  la  belle  saison,  et  huit  à 
quatorze  jours  après  la  lonte. 

Le  bain  employé  est  porté  à  une  douce  température. 
30°  environ.  Lorsqu'on  emploie  le  bain  arsenical,  qui  est 
caustique,  il  faut  prendre  le  soin  d'enduire  les  mamelles 
des  brebis  laitières  avec  un  corps  gras,  afin  d'éviter  l'ac- 
tion astringente  du  liquide,  qui  peut  faire  diminuer  la 
sécrétion  lactée  pendant  (piclqncs  jours. 

Les  animaux  doivent  être  plongct;  complètement,  à 
l'exception  des  yeux,  de  la  bouche  et  du  nez;  la  durée 
de  l'immersion  varie  un  peu  avec  le  bain  employé;  quand 
on  emploie  le  bain  arsenical,  une  durée  de  deux  à  trois 
minutes  sullit. 

(Juatre  personnes  sont  nécessaires  pour  oITectuer  cette 
opération  :  l'une  amène  les  moutons,  une  autre  saisit  les 
membres  antérieurs,  une  troisième,  les  membres  posté- 
rieurs ;  le  sujet  est  renversé  sur  le  dos  plongé  ainsi  dans 
le  liquide,  en  appuyant  sur  le  ventre  de  l'animal  pour  la 
maintenir  dans  le  bain;  la  quatrième  tient  la  tète  hors  du 
liquide. 

On  remet  ensuite  le  sujet  sur  ses  membres  en  le  main- 
tenant dans  le  bain  ;  on  exprime  une  partie  du  liquide  qui 
imi)règne  la  laine.  L'animal  est  retiré  du  bain,  fric- 
tionné, brossé  et  nettoyé  vigoureusement,  surtout  sur  les 
régions  supérieures.  Les  sujets  baignés  sont  ensuite  aban- 
donnés dans  un  local  propre,  ou  dans  un  parc  exposé  au 
soleil.  Il  est  nécessaire  de  préserver  les  animaux  de  la 
l»luio,  qui  enlèverait  la  préparation  acaricide  qui  imprègne 
encore  la  peau. 

I^es  bains  arsenicaux  utilisés  sont  : 


MOUTON.    —    GALE    PSOR OPTIQUE.  441 

Le  bain  Tessier,  composé  de  : 

Acide  arsénieux l'=«,500 

Suifale  de  fer 10  kilos. 

Eau 100  litres. 

Le  sulfate  de  fer  agit  comme  astringent;  il  empêche 
l'absorption  du  liquide  et  évite  lintoxication. 

Clément  a  substitué  le  sulfate  de  zinc  au  sulfate  de  fer  : 

Pour  100  moulons  : 

Acide  arsénieux I''8,5û0 

Suifale  de  zinc 5  kilos. 

Eau 100  litres. 

Mathieu  a  i"emplacé  le  sulfate  de  fer  par  l'alun;  l'alun 
ne  colore  pas  la  laine  comme  le  sulfate  de  fer,  et  il  jouit 
également  de  propriétés  astringentes. 

Trasbot  a  ajouté  de  laloès  au  bain  Clément,  sans  grand 
avantage,  en  raison  de  son  insolubilité  complète. 

Ordinairement,  un  seul  bain  ai'senical  suffit  pourobtenir 
la  guérison.  La  peau  est  légèrement  cautérisée  à  la  sortie 
du  bain:  elle  est  difficile  à  plisser  pendant  cinq  à  six  jours 
et  est  recouverte  de  croûtes  au  niveau  des  foyers  ancien- 
nement infectés;  mais  les  animaux  ne  se  grattent  plus;  ils 
manifestent  une  soif  moins  vive  et  un  plus  vif  appétit, 
signes  de  leur  guérison.  Vers  le  huitième  jour,  les  croûtes 
se  détachent,  et  la  peau  récupère  sa  souplesse  et  son 
aspect  normal. 

Néanmoins,  il  faut  surveiller  attentivement  les  animaux 
et  les  baigner  de  nouveau  six  semaines  après  si  des  réci- 
dives locales  se  manifestent.  On  peut  d'ailleurs  enrayer 
leur  extension,  prévenir  toute  contagion  par  des  appli- 
cations locales. 

Les  bains  crésylés  ou  créolinés  sont  particulièrement 
'employés  en  Allemagne  : 

Pour  100  moutons  : 

Créoline 4  litres. 

Eau 200    — 

■>n. 


442  DERMATOSES    PARASITAIRES. 

Les  moutons  sont  baignés  deux  fois,  à  une  semaine 
d'intervalle,  pendant  trois  minutes  chaque  fois  et  brossés 
énergiquement. 

Les  jus  de  tabac  dilués  et  titrés  à  1  p.  2000  de  nicotine 
sont  exclusivement  employés  en  Argentine,  Brésil  et 
Uruguay;  mais,  en  France,  il  est  difficile  de  se  procurer 
des  jus  de  tabac,  de  sorte  que  le  bain  arsenical  ou  le  bain 
crésylé  sont  les  plus  pratiques  dans  notre  pays. 

m.  -  GALE  SYMBIOTIQUE. 

La  gale  symbiotique  est  la  moins  grave  et  la  plus  rare 
des  affections  psori(iuesdu  luonton:  elle  siège,  comme  chez 
le  clieval,  aux  membres  et  dans  le  pli  du  paturon,  ce  (]ui 
lui  a  valu  le  nom  de  (jale  des  pieds. 

Signalée  par  Zùrn  (1874)  et  Schleg  (1877)  sur  les  mou- 
tons de  race  fine,  comme  les  Negretti,  quand  ils  sont 
négligés,  cette  gale  est  déterminée  par  le  Symbiotes  com- 
munis  (variété  ovis). 

Mâles  et  femelles,  en  quantités  h  peu  près  égales,  four- 
millent sous  les  croules  dont  ils  provoquent  la  formation, 
sans  chercher  à  s'en  éloigner  beaucoup.  Les  mœurs  séden- 
taires de  cette  espèce  de  parasite  expliquent  sa  localisation 
constante  au  niveau  des  extrémités,  son  peu  de  tendance 
à  s'(''tendre  et  sa  faillie  contagiosité;  2  à  3  p.  -iOO  des  ani- 
maux au  plus  sont  contaminés. 

Symptômes.  —  Cette  gale  débute  aux  membres  posté- 
rieurs, où  elle  se  localise  souvent,  mais  son  extension  aux 
membres  antérieurs  n'est  pas  rare. 

Elle  jieut  atteindre  les  bourses  chez  le  bélirv  ou  les 
mamelles  chez  la  hrehis.  mais  jamais  elle  ne  s'étend  aux 
autres  régions  du  corps. 

Elle  se  traduit  d'abord  par  de  la  rougeur  et  de  vives 
démangeaisons,  qui  portent  les  animaux  à  remuer  sans 
cesse  les  membres,  à  se  frotter  et  se  mordre. 

A    une  desquamation  épidermique   abondante,   activée 


CHÈVRE.    —   GALE   SARCOPTIQLE.  443 

par  les  mouvements  incessants  des  animaux,  succède 
l'apparition  de  croûtes  d'épaisseur  variée.  L'exsudation, 
intense  surtout  au  niveau  des  jointures,  est  bientôt  suivie 
de  tissures  et  de  crevasses  plus  ou  moins  profondes,  qui 
gênent  la  marche  des  animaux  ou  occasionnent  des  boi- 
teries. 

Traitement.  —  Des  soins  hygiéniques  favorisent  la  gué- 
rison,  qu'un  traitement  antipsorique  amène  très  rapi- 
dement. 

IV.  —GALE  DÈMODÉCIQUE. 

Signalée  par  Oschatz,  cette  affection  est  déterminée  par 
le  Demodex  folliculorum  (variété  ovis),  qui  n'a  été  trouvé 
que  deux  fois  dans  les  glandes  de  Meibomius. 

IV.  —  CHÈVRE. 

|.  —  GALE  SARCOPTIQUE. 

Étiologie.  —  Le  Sarcoptes  Scalnei,  variété  caprae  déter- 
mine une  dermatose  généralisée  ;  elle  est  très  contagieuse 
et  peut  revêtir  un  caractère  épizootique.  Elle  sévit  princi- 
palement sur  les  chèvres  d'Asie  et  d'Afrique  (Henderson, 
MûUer,  Roloff)  ou  de  la  Suisse  (Walraff).  Elle  se  commu- 
nique facilement  aux  moutons  dépourvus  de  laine  ou 
demeure  localisée  à  la  tête  sous  foi-me  de  noir-mitseau. 

Elle  est  transmissible  à  l'homme  et  détermine  une 
éruption  fugace  chez  le  porc,  le  chien,  Vàne  et  le  lapin 
(Roloff);  elle  est  susceptible  de  se  généraliser  chez  la 
clicvve. 

Symptômes.  —  Linvasion  parasitaire,  révélée  par  un 
violent  prurit,  débute  par  la  tête  et  les  oreilles,  gagne  le 
tronc  et  se  généralise  sans  respecter  les  membres.  —  Elle 
se  traduit  par  la  chute  des  poils,  la  sécheresse,  l'épaissis- 
sement,  le  plissement  et  les  gerçures  de  la  peau,  la  tumé- 
faction du  nez  et  des  lèvres  et  la  production  de  boutons 


444  DERMATOSES    PARASITAIRES, 

laissant  suintei"  un  liquide  visqueux  se  transformant  en 
croûtes  sèches,  écailleuses,  qui  s'éliminent  sous  forme  de 
productions  furfuracées  ou  forment  de  grandes  plaques 
épaisses,  brillantes  ou  gris  bleuâtre,  au-dessous  desipielies 
on  trouve  de  nombreux  sarcoptes. 

Quand  la  gale  n'est  pas  soignée,  elle  peut  déterminer 
l'amaigrissement  et  la  mort  des  animaux. 

Diagnostic.  —  Le  prurit  quelle  engendre,  la  rapiilité  de 
sa  transmission  aux  autres  animaux  sont  des  signes  cli- 
niques diagnostiques.  La  ijalc  sarcoptique  se  différencie 
de  la  gale  symbiotique  par  la  forme  du  parasite  beaucoup 
plus  que  par  les  lésions  et  les  symptômes,  qui  ont  beau- 
coup de  parente''. 

Traitement.  —  Chez  les  animaux  préalablement  ton- 
dus, on  peut  utiliser  les  frictions  de  pommade  d'Helme- 
rich  ou  les  bains  (Tessier,  Clément,  etc.)  employés  contre 
la  gale  psoroptique  du  mouton.  L'essence  de  lavande  et 
l'essence  térébenthine  déterminent  la  chute  des  croiites  et 
la  guérison  rapide  du  sujet.  On  applique  les  mêmes 
mesiuTS  (]ue  jiour  la  gale  sarcoptique  du  iiiniitoii. 

II.  —GALE  PSOROPTIQUE  DE   L'OREILLE. 

La  gale  psorojjtique  delà  rlirvre  est  caractérisée  [lar  le 
développement  de  croiites  com[)actes  dans  le  conduit  audi- 
tif sous  l'inlluence  du  I*soroplcs  communis  (variété  capvn'}. 

Celte  acariase,  signalée  par  Pezas  sur  une  chèvre  des 
Pyrénées,  a  été  retrouvée  au  Congo  par  Mense  ;  Gedoelsl  a 
démontré  l'existence  du  même  acarien  chez  les  chèvres  de 
ces  deux  piiys. 

Symptômes.  —  La  pullulai  ion  ilcs  psoroples.  ilans  la 
conque  auriculaire,  se  tradiiit  ]»arla  formation  de  croûtes 
épaisses,  compactes  et  brunâtres,  constituant  un  véritable 
bouchon  qui  obture  le  conduit  auditif.  O'iand  on  le  dé- 
tache, on  peut  découvrir  les  acariens  dans  son  intérieur  et 
constater  la  rougeur  et  les  érosions  de  la  peau  de  l'oreille. 


CHÈVRE.    GALE    SYMBIOTIQUE.  445 

Les  clié'vrrs  atteintes  de  cette  infestation  parasitaire 
deviennent  sourdes  :  elles  cessent  de  manger  et  snccom- 
bent  au  bout  de  quelques  mois. 

Diagnostic.  —  La  présence  d'un  amas  croùteux  dans  le 
conduit  auditif  fait  soupçonner  cette  acariase,  confirmée 
par  la  dt'couverte  des  psoroptes. 

Traitement.  —  Commencer  par  ramollir  les  croûtes 
avec  de  l'huile  d'olive,  puis  savonner  le  conduit  auditif 
avec  de  l'eau  tiède  et  y  introduire  enfin  un  mélange  à  par- 
ties l'gales  de  benzine  et  d'huile  pour  obtenir  une  guérison 
rapide. 

III.  —  GALE  SYMBIOTIQUE. 

La  gale  symbiotique  de  la  clièvre  est  due  au  Symbiotes 
communis  (variété  caprcp). 

Découverte  par  Delafond  (1854)  sur  des  chèvres  d'An- 
gora, elle  a  été  retrouvée  de  nouveau  en  1889  par  MoUe- 
reau  sur  une  chèvre  commune. 

Symptômes.  —  La  gale  symbiotique  de  la  c//èv;-e s'accuse 
par  de  nombreuses  plaques  dénudées.  Elles  sont  produites 
par  la  chute  du  duvet  seul  et  la  persistance  des  poils  rudes 
(jarre).  Les  régions  atteintes  se  recouvrent  bientôt  de 
croûtes  jaunâtres,  dures,  épaisses,  sèches  et  très  adhé- 
rentes. Elles  peuvent  revêtir  l'aspect  d'un  manchon  qui 
entoure  le  paturon  à  la  façon  d'un  bandage.  Sous  ces 
croûtes,  la  peau  est  épaissie,  ridée,  sèche,  crevassée  et  adhé- 
rente, luisante,  prête  à  se  mortifier.  Ces  lésions  entraînent,  à 
leur  suite,  l'engorgement  des  ganglions  lymphatiques  voi- 
sins et  une  boiterie  intense.  Les  croûtes,  examinées  au 
microscope,  après  avoir  été  traitées  par  l'eau  tiède,  se 
montrent  composées  de  cellules  purulentes  déformées  et 
surtout  de  cellules  épidermiques  ;  elles  peuvent  être  mê- 
lées à  des  débris  de  paille  lorsqu'elles  siègent  sur  les  patu- 
rons: la  fourrure  des  chèvres  galeuses  perd  rapidement 
sa  souplesse,  son  brillant  et  s'agglutine  en  mèches  qui 
s'arrachent  facilement. 


446  DERMATOSES   PARASITAIRES. 

Marche.  —  Celte  gale  affecte  (fahord  les  parties  laté- 
rales du  cou,  le  garrot,  le  dos,  le  rein  ;  elle  peut  s'étendre 
après  deux  ou  trois  mois,  derrière  les  oreilles,  à  la  base 
de  la  queue,  aux  parties  latérales  de  la  poitrine,  aux  flancs. 
Mollereau  l'a  vue  localisée  aux  paturons  diin  membre 
postérieur. 

Diagnostic.  —  La  gale  symbiotique  pourrait  être  con- 
londue  avec  Vic/ityosc,  mais  la  présence  des  parasites 
permet  de  l'en  dilTérencier.  On  la  dislingue  facilement 
de  la  gale  sarcuptkjue  par  son  siège,  le  caractère  des 
croûtes  et  surtout  par  les  parasites  (|u'on  rencontre  d'or- 
dinaire sous  les  croûtes  iraiches. 
Traitement.  —  11  faut  commencer  par  tondre  les  chè- 
vros  atteintes;  on  utilise  ensuite  les  divers 
aniipsoriques  connus. 

Les  bains  alcidins  (S'^s.riOO  à  5  kilos 
(le  carbonate  de  potasse  ou  de  soude  dans 
100  litres  d'eau),  accompagnés  de  fric- 
lions  vigoureuses,  pendant  un  quart 
dlieurc,  constituent  un  bon  traitement 
I  l)elalon(l)  ;  (k'ux  ou  trois  bains,  à  quatre 
ou  cinq  jours  d'intervalle,  suffisent  pour 
.^a  obtenir  la  «uérison  des  malades. 


IV.  —  GALE  DÉMODÉCIQUE. 

La  gale  folliculaire  de  la  rhcvrc, 
observée  par  Nieder  hœusen,  Kilt  (4890), 
Hach  (190.^j),  Railliet  et  Nocard,  sur  un 
jeune  bouc  est  déterminée  par  le  Dcmodcx 
folliciiloruin  (variété  caprx).  Elle  revêt  la 
—  iJpmo-   forme  contagieuse  chez  les  chèvres  de  la 

foUiru/o-  °  .  I  r    •  11 

race    Saanen,  mais,   quelqueiois,  elle  ne 

se  transmet  pas  par  cohabitation  (Hach). 

Symptômes.  —  Cette  atTection  est  caractérisée  par  une 

éruption  localisée  généralement  aux  parties  moyennes  du 

tronc,  surtout  vers  la  région  costale,  les  lianes,  les  épaules, 


DROMADAIRE    ET    CHAMEAU.    GALE    SARCOPTIQUE.       447 

le  plat  des  cuisses  et  quelquefois  à  la  tète,  au  cou  et  aux 
extrémités  des  membres.  Les  pustules,  de  consistance  assez 
résistante,  ont  un  volume  variant  de  la  grosseur  d'un  pois 
à  celle  d'une  noisette.  Ce  n'est  qu'en  les  pressant  fortement 
qu'on  peut  en  exprimer  un  produit  épais,  de  coloration 
jaunâtre  plus  ou  moins  foncée,  renfermant  un  grand  nombre 
de  Demodex  noyés  dans  ces  matières  demi-solides.  Les  bou- 
tons de  gale  sont  tantôt  apparents,  superficiels,  tantôt 
profonds  el  dépourvus  de  signes.  On  les  aperçoit  seule- 
ment à  la  face  interne  de  la  peau  préparée  pour  le  tan- 
nage. Ils  sont  aplatis,  nettement  circonscrits;  ils  renferment 
de  nombreux  Demodex  et  enlèvent  à  la  peau  sa  résistance 
et  une  grande  partie  de  sa  valeur  ;'fig.  97). 

Traitement.  —  Ouvrir  les  pustules  et  les  désinfecter  à 
laide  de  lotions  antiparasitaires.  Les  frictions  avec  du 
baume  du  Pérou,  du  styrax,  de  la  glycérine  et  de  la  créo- 
line  sont  inefficaces. 

V.    —    DKOMADAIRE   ET   CHAMEAU. 

GALE  SARCOPTIQUE. 

Cette  gale,  signalée  par  tous  les  vétérinaires  militaires 
qui  ont  vécu  en  Afrique,  est  déterminée  par  le  Sarcoptes 
scahiei  (variété  camelis)  (Paul  Gervais). 

Étiologie.  —  Cet  acarien  se  propage  avec  une  très 
grande  rapidité.  Un  troupeau  de  chameaux  est  rapi- 
dement infecté  par  un  animal  galeux.  Ses  pi-ogrès  sont 
surtout  rapides  au  printemps;  les  jeunes  et  les  vieux  sont 
plus  gravement  affectés  que  les  adultes.  La  maladie  se 
transmet  à  l'hoiume  ;  presque  tous  les  chameliers  sont 
contaminés  par  leurs  animaux  (Piot)  (1)  ;  elle  se  propage 
également  à  l'^He  et  au  cheval  (Filliol)  (2). 

(1)  Voy.  police  sanitaire,  in  Encyclopédie  vctprlnnire  de  Cadéac. 

(2)  Filliol,  Contagion  de  la  gale  du  dromadaire  à  l'.ine  et  au  cheval  {Revue 
et.,  1901,  p.  303). 


448  DERMATOSES    PARASlTAlIiKS. 

Symptômes.  — La  inalailio  envahit  les  aines,  les  ars,  la 
l'ace  inlérieure  de  labdonien,  c'est-à-dire  les  parties  Unes 
de  la  peau  ;  puis  elle  gagne  le  tronc,  l'encolure,  la 
queue,  les  membres,  la  région  interdigitée. 

On  voit  apparaître  dos  boutons  de  1  centimètre  de 
diamètre  accompagnés  d'im  violent  prurit,  de  la  chute 
des  poils  et  de  la  production  de  ermites.  La  peau,  épaissie, 
ridée,  se  gerce,  se  crevasse,  s'ulcère,  prend  vm  aspect 
repoussant  :  elle  est  le  siège  d'une  sécrétion  séro-purulente 
très  fétide;  on  voit  apparaître  des  Ijmjtliangites  multiples, 
des  adénites,  des  œdèmes,  des  phléi)ites  des  membres  pos- 
térieurs. Enfin,  l'animal,  en  proie  à  une  agitation  conti- 
nuelle, se  fi'otte  contre  les  arbres,  le  sol,  s'excorie,  se 
contusionne  les  articulations,  s'inocule  les  divers  germes, 
tétanos,  septicémie,  etc. 

L'affection  évolue  rapidement  ;  elle  se  généralise  et 
devient  souvent  incurable  ;  son  pronostic  est  des  plus 
sombre  ;  le  cluunean  devient  inutilisable,  et  très  souvent 
on  est  dans  l'impossibilité  de  se  procurer  les  médicaments 
nécessaires  pour  le  soigner. 

Traitement.  —  Les  soins  préventifs  consistent  à  empê- 
cher le  cdntact  des  animaux  galeux,  à  les  maintenir  dans 
un  étal  de  |)ropreté  constante,  à  les  bien  nourrir. 

Quand  la  contagion  n'a  pu  être  évitée,  il  faut  commen- 
cer par  tondre  les  malades  et  utiliser  les  remèdes  anti- 
psoriques  préconisés  contre  la  gale  du  c/icvul.  Le  goudron, 
très  employé  par  les  Arabes,  mt'-langé,  au  savon  vert,  à 
parties  égales,  préserve  de  cette  maladie  et  la  guérit 
assez  rapidement  (1). 


(1)  Le  /nma  est  affecté  d'une  gale  sarcoptique  dont  le  parasite  a  été  décou- 
vert en  ISoS-lîSûO  par  Bourguignon  et  Delafond. 

Les  caractères  cliniques  de  celle  gale  se  rapprochent  de  ceux  de  la  gale  du 
dromadaire  el  du  chameau  :  elle  se  Iransmet  enraiement  à  Vhomme. 


.  PORC.    GALE    SARCOPTIQUE.  449 

M.  —  PORC. 

I.  —GALE  SARCOPTIQUE. 

Lagale  sarcoptique  du  porc,  déterminée  parle  Sarcoptes 
scabiei  (variété  suis),  peut  envahir  toute  la  surface  du 
corps. 

Décrite  par  Viborg,  Gurlt,  Spinola,  qui  avaient  observé 
un  sarcopte  chez  le  sanglier  :  elle  a  été  découverte  par 
Delafond  1 1857)  sur  deux  jeunes  porcs. 

Étiologie.  — La  Sarcoptes  scabiei  (variété  suis)  esi  le  plus 
grand  des  sarcoptes  ;  il  est  visible  à  l'œil  nu  et  facilement 
à  la  loupe.  Le  màle  est  long  de  250  à  350  ti.,  large  de  190 
à  300  [j  ;  la  femelle  ovigère  atteint  0'"'",5  de  long  ; 
mais  on  trouve,  quelquefois,  dans  l'intérieur  du  conduit 
auditif  du  porc\  un  sarcopte  plus  petit,  dont  on  ignore 
l'origine  (Guzzoni,  Gurlt,  Spinola,  Gerlach,  Scholl).  La  con- 
tagion est  favorisée  par  la  malpropreté,  les  mauvaises  con- 
ditions hygiéniques  ;  elle  est  cependant  moins  contagieuse 
que  celle  des  autres  animaux,  en  raison  de  l'habitude 
qu'ont  les  porcs  de  se  vautrer  dans  l'eau,  de  plonger  leur 
groin,  une  partie  de  leur  tête  dans  les  seaux,  ce  qui  n'est 
pas  une  condition  favorable  à  l'implantation  des  sarcoptes. 
Les  animaux  de  race  commune  se  défendent  ainsi  mieux 
que  les  sujets  de  race  améliorée.  Elle  est  fréquente  en 
Hollande  ;  on  l'observe  aussi  en  France. 

Le  porc  contracte  la  gale  du  sanglier  ;  il  communique 
une  gale  passagère  à  l'homme  (Bourguignon  et  Delafond, 
Siedamgrotzkj,  Scholl),  au  chien  (Delafond,  Siedam- 
grotzky).  Le  sarcopte  du.  porc  ne  détermine  rien,  ni  chez 
le  chat,  ni  chez  le  mouton. 

Symptômes.  —  On  n'aperçoit  pas  de  sillons  sur  le  tégu- 
ment recouvert  de  papules  rougeàtres.  Cette  éruption  ne 
s'observe  que  dans  les  parties  récemment  atteintes  ;  les 
régions  plus  anciennement  malades  sont  dépourvues  de 
poils  et  l'ecouvertes  de  croûtes  sèches,  argentées  ou  d'un 


4.n0  DERMATOSES    l'AHASlTAIKES. 

blanc  yrisàlro.  do  5  à  10  milliinèlros  d'épaisseur.  Au- 
(lossoiis  d'elles,  la  peau  est  plissée,  exeoriéo,  gercée, 
vtM'riiqiieuse  ;  les  papilles  hypertrophiées  ressemblent 
;iiix  verrues  des  lèvres  du  rhini:  elles  ont  la  dimension 
ilune  noix  ou  d'un  pois  et  soidèvenl  les  croûtes  qui  les 
l'ecoiivrent  (1). 

Marche.  —  Celte  gale  débute  par  les  oreilles,  le  pour- 
tour des  yeux;  elle  envahit  le  garrot,  la  croupe,  la  face 
interne  des  cuisses  et  se  généralise.  Les  soies  se  raréfient, 
se  réunissent  en  pinceaux  ;  la  peau  se  dénude,  se  ride 
et  se  recouvre  de  papillomes  et  de  croûtes  surtout  abon- 
dantes au  niveau  de  la  tête,  qui  paraît  sau|toudrée  de 
guano  sec  (Mûller). 

L'évolution  de  la  maladie  est  très  lente:  elle  nuit  à 
Icngraissement  et  (l(''tcriniue  la  cachexie  et  la  mort  des 
/lorcclets. 

Diagnostic.  —  Cette  maladie  est  cai'actérisée  par 
laspoct  pulvérulent  des  croûtes  et  par  la  présence,  au- 
dessous  d'elles,  des  sarcoptes  quon  découvre  en  grattant 
jusqu'au  sang. 

Traitement.  —  Un  désinlccte  la  porcherie  ;  un  savonne 
éncrgiquement  les  malades  pour  faire  tomber  les  croules, 
et  on  applique  ensuite,  chez  tous  les  malades,  une  médi- 
cation antipsorique  comme  la  décoction  de  tabac,  la 
pommade  dllelicerich,  l'huile  de  cade.    le  goudron,  etc. 

II.  —  GALE   DÉMODÉCIQUE. 

Cette  dermatose  acarienne,  due  à  l'invasion  des  glandes 
sébacées  par  le  Démoder  foUicidorum  var.  *«ùv.  est  suscep- 
tible de  se  généraliser  et  de  se  propager  comme  celle  du 
cliicii. 

Décrite  par  Korzil,  Csokor  (1878),  elle  a  été  observée 
depuis  par    Neumann,   Wright    (1883),   Lindcp-ist  (1884), 

(I)  Scholl,  Une  épizootic  de  gale  saivoplique  du  porc  {Revue  vél.,  1904, 
p.  85^. 


CHIEN.    —    (lALE    SARCOPTIQUE.  451 

Gallier;  elle  a  élé  signalée  en  Algérie  par  Legrain  et 
iiegulata  (d903),  Galtier  (1905).  Geoffroy  (1906).  Csokor  a 
vu  cette  maladie  se  coninumiquer  à  un  troupeau  ;  22  ani- 
maux sur  100  en  étaient  affectés.  Cette  maladie  sévit  en 
Allemagne,  en  Suède,  au  Canada,  en  France,  en  Espagne, 
en  Algérie,  à  Madagascar  (1). 

Symptômes.  —  Cette  gale  débute  par  des  pustules 
variant  de  la  grosseur  d'un  grain  de  sable  à  celle  d'une 
noisette;  elles  sont  entourées  ou  non  d'un  cercle  inflam- 
matoire et  résultent  de  l'accumulation  de  matière  grasse 
à  l'intérieur  des  glandes  sébacées,  qui,  distendues,  aug- 
mentent peu  à  peu  de  volume  et  se  transforment  finale- 
ment en  abcès:  elles  occupent  de  préférence  les  endroits 
où  la  peau  est  fine  :  groin,  partie  inférieure  de  la  poitrine, 
bypocondres,  flancs,  face  interne  des  cuisses.  Le  sommet 
de  la  tète,  le  dos,  la  face  externe  des  membres,  où  la 
peau  est  épaisse,  restent  presque  toujours  indemnes. 

L'état  général  de  l'animal  n'est  nullement  modifié; 
on  a  même  trouvé  jusqu'à  500  parasites  dans  les  pustules 
sans  que  le  povc  en  soit'incommodé  (Csokor). 

Traitement.  —  On  emploie  généx'alement  les  mêmes 
médications  que  pour  la  gale  folliculaire  du  chien,  que 
nous  verrons  plus  loin.  Mais,  le  plus  souvent,  le  traite- 
ment reste  sans  résultat. 

VII.  —  CHIEN. 

I.   —  GALE  SARCOPTIQUE. 

La  gale  sarcoptique  du  chien  est  une  affection  pruri- 
gineuse dénoncée  par  des  rougeurs  punctiformes  qui 
commencent  ordinairement  par  la  tète  et  envahissent 
ensuite  le  reste  du  corps. 

Signalée  par  les  anciens  auteurs  (Bosc,  Gohier,  Hertwig, 

(I)  Martin,  Revue  vétérinaire,  1913,  p.  3'JI. 


452  DERMATOSES    PARASITAIRES. 

Hering),  elle  a  été  ('liKlii'c  [lar  (ii'i-larli,  (liirll.  Kiirs- 
teniberg. 

Le  sarcopk'  qui  la  ilélonnino  a  clé  vu  par  Delafond  et 
bien  (l(Ti'it  parMégnin  ;  c'est  le  Sarcoptes scahici  {\fir.  cmiis). 

Étiologie.  — Le  parasite  est  bien  roconnaissaMe.  —  Les 
écailles  dorsales  de  la  femelle  ovigère  sont  peu  chitinisées, 
*mais  ne  laissent  pas  entre  elles  de  véritables  clairières. 
Sternitc  de  l'armure  du  mâle  est  lâchement  uni  aux  épi- 
mères  des  pattes  postérieures.  Mâle  long  de  190  à  230  a, 
large  de  UO  h  170  [j..  Femelle  ovigère  longue  de  2!)0  à 
380  [JL,  large  de  235  ;Y  285  [x. 

Ces  acares  sont  la  seule  cause  de  la  gale  ;  il  n'existe  ni 
immunité,  ni  prédisposition  individuelle.  Le  passage  d'une 
seule  femelle  fécondée,  chez  un  sujet  sain,  assure  la 
transmission.  Cette  contamination  est  favorisée  par  la 
iiialprnpreli',  une  mauvaise  hygiène,  la  réunion  d'im 
grand  nombre  de  diifus  dans  un  même  local. 

Cette  gale  se  propage  très  rapidement  et  fait  de  nom- 
breuses victimes  dans  les  meutes  où  elle  est  souvent 
méconnue,  les  premiers  cas  de  gale  étant  considérés 
comme  de  nature  eczémateuse;  elle  revêt,  alors,  un 
caractère  épizootique. 

Le  chien  devient  encore  galeux  en  jouant  avec  les 
chats;  les  sarcoptes  du  cJiat  déposés  chez  le  chien  déter- 
minent une  gale  généralisée  (Oelafond)  ;  les  chftts,  allai- 
lés  par  une  chienne,  lui  coiuMiunifiuent  la  gale  dont  ils 
sont  affectés. 

La  gale  sarcoptiqiie  du  chien  est  Iransmissible  à 
Mionune  [Chabert,  (irognier,  Viborg,  Ilertwig,  Marrel. 
Delafond,  Ilébrant  et  Antoine  (l)]ot  peut-être  au  porc  et 
au  cliHvitl  l'Ziu'n). 

Symptômes.  —  Ce  parasite  détermine,  au  di'hut.  des 
rougeurs  punctil'ormes  semblables  aux  pi(pires  de  puces. 
Ces  taches,   bien   délimitées,    sont  surtout   visibles   à  la 

(I)  Ilébrant  et  Aiitoiiu',  .l;i/(.  i/c  mrd.  fc7.,  janv.  1909. 


CHIEN.    —    GALE    SARCOPTIQUE. 


453 


lace  interne  des  membres,  à  la  région  abdominale  infé- 
rieure, partout  où  le  tégument  est  fin  et  dépourvu  de 
pigment  (fig.  98). 

La  rougeur  devient  diffuse,   érjthémaleuse  à  la  suite 
de  frottements  ;  les  pétéchies  primitives  sont  remplacées 
par  des  papules  de  la 
grosseur  d'une  lentille 
ou    d'un    pois,    qui    se 
convertissent  en   vési-  =       \ 

(•nies  ou  en  pustules  et 
laissent  bientôt  écouler 
une  sérosité  abondante; 
la  peau  est  alors  par- 
semée de  plaques  hu- 
mides, de  dimensions 
variables,  qui  se  re- 
couvrent de  croûtes 
jaunâtres  ou  gris  jau- 
nâtre qui  se  dessè- 
chent, se  ti'ansforment 
en  squames,  se  déta- 
chant abondamment. 
Le  prurit  est  très 
intense  ;  il  est  inces- 
sant quand  les  animaux 
sont  couchés  au  soleil, 
près  du  feu,  dans  des 
locaux  chauds,  ou  quand  ils  viennent  de  faire  une  longue 
course.  Ils  se  grattent  continuellement  avec  les  pattes 
postérieures  et,  si  l'on  vient  à  les  frotter  légèrement  avec 
les  doigts,  on  les  voit  manifester  un  véritable  bien-être 
en  agitant  l'une  des  pattes  postérieures,  dont  les  mou- 
vements sont  synchrones  avec  ceux  de  la  main.  Sous 
l'influence  des  frottements,  la  peau  se  dépile,  s'excorie, 
s'infiltre,  s'épaissit,  se  plisse,  se  ride,  s'abcède,  se  crevasse 
plus  ou  moins  profondément  ;  elle  ressemble  quelquefois 


Fig.  98.  —  Gale  sarcoptique  du  chien. 


454  DERMATOSES    l'AltASITAlHKS. 

;Y  la  poau  d'un  éiépliunt.  Les  interstices  (]ni  existent  entre 
les  plis  sont  le  siège  d'une  sécrétion  séreuse,  d'odeur 
inlecle,  qui  rend  l'animal  repoussant.  Karenient  la  gale 
reste  sèche  et  ne  détermine  que  des  pellicules  et  l'alopécie. 
Les  animau.x,  en  proie  à  un  prurit  intolérable,  sagilent 
continuellement,  se  nourrissent  mal.  éprouvent  tous  les 
phénomènes  toxiques  dus  à  la  suppression  des  fonctions 
cutanées  et  meurent  dans  le  marasme  au  bout  de  deux 
ou  li'ois  mois. 

Diagnostic.  —  La  gale  sarcoptique  se  l'ait  remarquer 
par  son  extension  rapide  et  sa  transmission  aux  autres 
animaux  de  même  espèce.  La  constatation  du  sarcopte 
dans  les  croûtes  recueillies  conlirme  le  diagnostic. 

Pour  mettre  le  parasite  en  évidence,  il  faut  exposer  les 
animaux  à  la  chaleur,  gratter  la  peau  jusqu'au  sang  ou  y 
pratiquer  des  divisions  superficielles  à  l'aide  des  ciseaux. 

On  peut  confondre  cette  f/rt/c  avec  Y  eczéma  sec  chronique. 
la  (jale  folliculaire ,  mais  elle  ne  ressemble  en  rien  au  rouge 
[eczéma  ruhrum  du  chien),  ni  à  ïimpétigo,  ni  à  l'eczéma 
du  dos  ou  roui'icux,  comme  certains  auteurs  tendent  à  le 
faire  croire. 

Elle  se  ditïérencic  de  la  ya/c  folliculaire  par  l'intensité 
des  démangeaisons,  la  sécheresse  des  croûtes  :  la  gale 
démodectique  est  essentiellement  ime  affection  pustuleuse 
et  acnéique.  Le  diagnostic  différentiel  de  ïeczéma  sec 
chronique  et  de  la  gale  sarcoptique  découle  exclusivement 
de  l'absence  de  parasites  dans  les  aiîections  eczémateuses. 

Traitement.  —  Le  th.mtkment  phéventif  se  résume  dans 
l'isolement  des  animaux  niala(ies  et  dans  la  destruction 
de  tous  les  objets  contaminés  capables  d'assurer  la  con- 
tagion :  brûler  la  litière,  laveries  loges  à  l'eau  bouillante, 
puis  avec  une  solution  de  créoline  ou  de  lysol  ;  blanchir 
les  parois  à  la  chaux,  laisser  les  loges  inoccupées  pendant 
dix  à  quinze  jours. 

Traite.ment  CL'RATiF.  —  Il  néccssile  l'emploi  de  tous  les 
soins   hygiéniques   susceptibles  de    combattre   les   effets 


CHIEN.    GALE    SARCOPTIQUE.  4;»") 

débilitants  de  la  gale.  Bien  nourrir  les  animaux  et  les 
faire  vivre  au  grand  air  sont  des  conditions  éminemment 
favorables  au  succès  du  traitement. 

Après  avoir  entièrement  tondu  et  convenablement 
savonné  les  sujets  à  l'eau  tiède  pour  faire  tomber  les 
croûtes,  il  faut  appliquer  une  muselière,  recouvrir  le 
corps  d'une  couverture  et  prendre  toutes  les  précautions 
nécessaires  pour  empêcher  l'animal  de  se  lécher. 

Pour  détruire  tous  les  sarcoptes  et  les  œufs,  il  faut 
traiter  toute  la  peau  :  le  bain  arsenical  est  le  mojen  le 
plus  efficace.  On  le  prépare  dans  les  proportions  suivantes 
pour  qu'il  ne  soit  pas  trop  caustique  pour  les  parties  fmes 
de  la  peau,  telles  que  celles  des  bourses,  qu'on  fera  bien  de 
recouvrir  d'une  pommade  protectrice  : 

Acide  arsénieux   800  grainmes. 

Sulfate  de  zinc 5  kilos. 

Eau 100  litres. 

On  le  porte  à  la  température  du  corps,  on  y  plonge 
l'animal;  il  est  frotté  énergiquement  à  l'aide  d'une  brosse 
puis  séché.  Ce  traitement  est  renouvelé  trois  à  quatre  fois 
à  quelques  jours  d'intervalle.  La  pommade  d'Helmerich 
est  appliquée  ensuite  journellement  pour  continuer  l'action 
du  bain  arsenical,  principalement  au  pourtour  des  yeux  et 
de  la  bouche,  qui  n'ont  pu  être  convenablement  baignés 
en  raison  de  l'absorption  du  poison.  On  enduit  seulement 
la  moitié  ou  le  tiers  du  corps  ;  on  laisse  le  médicament 
agir  un  ou  deux  jours  pour  l'enlever  ensuite  par  un  lavage 
avant  d'en  appliquer  sur  la  seconde  moitié  ou  sur  une 
autre  partie. 

L'eczéma  cronteux,  qui  complique  souvent  la  gale,  est 
combattu  avec  succès  par  les  applications  successives 
àliidle  de  cade  et  de  pommade  à  Voxyde  de  zinc. 

L'huile  de  cade  et  tous  les  produits  à  base  de  goudron 
méritent  la  préférence.  Appliquée  sur  des  surfaces  limitées, 
elle  peut  être  employée  pendant  longtemps.  Sous  le  vernis 


456  DERMATOSES    PAUASITAIHES. 

qu'elle  forme,  la  peau  se  répare.  Son  mauvais  goût 
empêche  les  animaux  de  se  lécher.  On  la  laisse  agir 
quelques  jours,  une  semaine  au  plus.  On  la  remplace 
ensuite  par  une  pommade  astringente. 

La  pommade  à  Voxi/de  de  zinc  est  très  efficace  et  pou 
toxique.  On  utilise  avanlagcusoincnl  la  suivante  : 

laiinoforme 10  grammes. 

Acide  salicylique IJ        — 

Vaseline 100        — 

Pour  les  chiens  d'appartement,  nous  recommandons 
beaucoup,  surtout  quand  l'eczéma  ou  la  gale  sont  peu 
étendus,  la  résorcine  : 

Résorcine 1  partie. 

Vaseline 0  jiarlies. 

La  résorcine  astringente  el  parasiticidc  convient  parfai- 
tement pour  le  traitejiient  des  deux  maladies  [C-unv  (1)]. 

On  a  conseillé  bien  d'autres  médications.  Trasbot  recom- 
mande la  formule  suivante  : 

Renzine 300  grammes. 

Huile  de  cade )   _    ..„ 

Coaltar \   ""   '«*^        " 

On  mélange,  au  mortier,  riiuile  de  cade  et  le  coaltar, 
et  on  ajoute  la  benzine.  Cette  charge  pure  ou  additionnée 
d'une  quantité  égale  de  benzine  est  appliquée  d'abord  sur 
une  moitié  du  corps  et,  sur  l'autre  moitié,  (ptaraiile- 
huit  heures  après. 

.Vu  bout  de  quelques  jours,  on  fait  un  savonnage  à  leau 
tiède,  on  recommence  la  même  application  si  l'on  constate 
des  signes  accusateurs  de  la  persistance  de  la  gale. 

Les  bains  sulfureux  ou  crésylés  : 

Sulfure  de  potasse  ou  crésyl 150  grammes. 

Eau 30  litres. 

peuvent  remplacer  les  pommades. 

(I)  Cuny,  Journal  de  Lyon,  1906. 


CHIEN.    —    GALE    DÉMODÉCIQUE.  457 

Quand  il  s'agit  de  traiter  des  cljiens  de  luxe  ou  d'ap- 
partement atteints  de  gale  localisée,  on  peut  utiliser  : 


Baume  du  Pérou. 
Alcool 


11  est  nécessaire  d'interrompre  le  traitement  quand  les 
animaux  sont  trop  débilités  ;  une  nourriture  abondante 
et  substantielle  est  nécessaire  pour  combattre  leur  affai- 
blissement. 

II.  —   GALE  PSOROPTIQUE. 

La  gale  psoroptique  du  chien  est  une  maladie  acci- 
dentelle due  probablement  au  passage,  cbez  cet  animal,  du 
psoropte  du  lapin. 

Signalée  pour  la  première  fois  en  1909,  par  Hébrant  et 
Antoine  (1)  chez  un  chien  du  voisinage  des  halles,  elle  n'a 
pas  été  vue  depuis. 

Symptômes.  —  L'animal,  infecté  sur  toute  l'étendue  du 
corps,  exhalait  une  odeur  de  souris  prononcée;  il  présentait 
des  dépilations  et  des  croûtes  renfermant  des  psoroptes 
adultes,  des  œufs  et  des  larves  de  ces  acariens. 

Traitement.  —  Un  traitement  antipsorique  amène 
rapidement  la  guérison. 

III.  —  GALE  DÉMODÉCIQUE. 

La  gale  démodécique  ou  gale  folliculaire  est  une 
dermatose  parasitaire  à  forme  acnéique  caractérisée  par 
la  présence  de  Demodex  follicuîorum  (variété  canis]  dans  les 
glandes  sébacées  et  les  follicules  pileux. 

Ce  parasite,  découvert  par  Topping  (18i3).  a  été  étudié 
depuis  par  Gruby,  Haubner,  Lafosse,  Baillet,  Cornevin, 
Zùrn,  Saint-Cyr,  Mégnin.  etc. 

(1)  Hebrant  et  Anloine,  Un  cas  de  gale  psoroptique  chez  le  chien  (Aiin.  de 
méd.  vét.,  1909,  p.  696). 

G.ujÉ.'Vc.  —  Pathologie  interne.  VIL  26 


458  DERMATOSES    l'AHASlTAlHES. 

Étiologie.  —  Lo  Demodex  folliculorum  ost  un  petit 
acarien  vcrmilormo  à  thorax  nettement  dislind  de 
l'abdomen. 

Le  mâle,  long  de  220  à  250  \x  sur  45  ;j  de  large,  a  un 
abdomen  plus  court  et  plus  étroit  que  celui  de  la  femelle. 
dont  les  dimensions  sont  de  250  à  300  ia  de  long  sur  50  u. 


Kig.  'J9.  —  Demodex. 
A,  l'animal  vu  de  ventre;  B,  son  rostre  isolé;  C,  son  œuf. 

de  large.  Le  rostre,  plus  étroit  que  le  thorax,  est  saillant 
en  avant.  Le  céphalothorax  donne  implantation  à 
quatre  paires  de  pattes  courtes  et  formées  do  trois  articles 
seulement. 

Ces  acariens  pondent  des  œufs  d'où  sortent  des  larves 
hexapodes  qui  se  transforment  en  nymphes  non  sexuées 
d'abord,  et  bientôt  en  Demodex  parfaits  (fig.  99). 

Mâles  et  femelles,  larves  et  nymphes  pullulent  dans 
les  follicules  pileux  et  sébacés,  où  on  les  trouve  avec  le 
rostre  toujours  dirigé  vers  le  fond.  Quand  ils  sont  nom- 
breux, ils  sont  susceptibles  de  déleruiiner  une  véritable 
pustule  d'acné  (lig.  100). 

La  présence  du  Demodex  ost  la  cause  délerminanto 
de  la  gale   follicuiaii-o.    Klle    s'observe    i)i'esque    exclusi- 


GALE    DEMODIiCinUE. 


459 


vemont  chez  1rs  jeiinos  animaux  :  on  la  voit  rarement 
survenir  chez  les  chiens  âgés  de  plus  d'un  an.  Toutes  les 
races  y  sont  sujettes,  mais,  d'une  façon  générale,  elle  est 
plus  rare  sur  les  chiens  à  loni^'s  poils  qije  sur  les  chiens 
à  poils    courts  (Cornevin). 

La  maladie  ne  se  tranV 
met  qu'aux  animaux  jeunes, 
de  sorte  que  les  chiens 
adultes  ou  Agés  peuvent 
vivre  impunément  avec  les 
malades  sans  être  conta- 
minés. 

Elle  existe  souvent  avec 
la  maladie  du  jeune  âge, 
qui  en  favorise  la  diffusion, 
et  avec  la  trichophytie,  qui 
est  généralement  mécon- 
nue. 

Toutes  les  dermatoses 
cutanées  dans  .  lesquelles 
on  découvre  des  Demodex 
sont  regardées  comme 
fonction  de  ce  parasite.  La 
tricbophitie  canine  est 
absorbée  ainsi    par  la  gale 

démodécique.  C-'est  qu'il  est  inlinimcnt  plus  facile  d'aper- 
cevoir le  Demodex  que  le  Trichophyton. 

Les  formes  sèches,  squameuses,  circinces  de  la  gale  du 
Demodex  appartiennent  à  la  trichobitie.  Ces  caractères 
cliniques  sont  ceux  d'une  épidermomycose  et  non  ceux 
d'une  acariase.  Les  Demodex  nous  paraissent  étrangers 
à  cette  affection.  Parasites  des  follicules  pileux  et  des 
glandes  sébacées,  leur  action  pathogénique  se  trahit  par 
des  pustules  d'acné  et  par  une  inflammation  suppurative 
qui  se  complique,  quand  elle  n'est  pas  dominée  par  la 
pullulation  du  bacille  de  la  nécrose.  Si  les  formes  bénignes 


Fig.  mu.  —  Disposition  des  Demodex 
dans  les  glandes  sébacées. 


460 


DERMATOSES    i'ARASlTAIKES. 


OU  squaincusps  do  lu  iîa\o  dos  Demodex  sont  gouvernées 
par  les  trichophjtons,  les  formes  graves  sont  reven- 
diquées par  la  nécrobacillose. 

■  Cette  démarcalion  étant  établio,  il  est  difiicile  d'établir 

actuellement  la  part  morbide  du  Demodex  f'ollictilorum. 

Aiicioiinemont  il    était  tout:   artuellemeni,  on  a   de   la 


Fig.  lui .  —  Tète  et  cou  de  jeune  c/tifrt  affecté  de  gale  démodécique. 

tendance  à  le  destituer  de  toute  action  patbogénique. 
Présent  chez  les  animaux  jeunes,  sa  multiplication  dans 
les  lésions  parasitaires  ou  microbiennes  semble  n'être 
qu'un  épipb(''nomùne  :  il  s'établit  ainsi  une  véritable  sym- 
biose, d'une  part,  entre  le  Demodex  et  le  Tric/topfn/ton. 
et,  d'autre  part,  entre  le  Demodex  et  le  bacille  de  la 
nécrose.  De  nouvelles  recherches  sont  nécessaires  pour 
préciser  son  rôle  exact  dans  les  manifestations  regardées 


CHIEX.    —    GALE    DÉMODÉCIQUE.  461 

comme  démodéciques.  Certains  praticiens  soutiennent 
même  l'innocuité  du  Demodex. 

Symptômes.  —  Au  début,  la  gale  folliculaire  est  ordi- 
nairement dénoncée  par  des  dépilations  localisées  à.  la 
tète,  aux  lèvres,  aux  joues,  aux  paupières,  au  cou  et  aux 
membres  antérieurs.  Elle  revêt  la  forme  squameuse  ou  la 
forme  pustuleuse  (fig.  101). 

La  forme  squameuse  est  caractérisée  par  la  sécheresse 
des  surfaces  glabres,  qui  simulent  des  plaques  d'eczéma 
ou  d'herpès  tonnurans  et  dues  probablement  à  l'asso- 
ciation des  deux  parasites  chez  le  même  sujet. 

La  peau  est  mince,  souple,  simplement  pityriasique  ou 
légèrement  épaissie,  hyperémiée,  papuleuse  sans  le  moindre 
prurit.  Les  plaques  se  multiplient,  s'étendent,  et  l'animal 
paraît  affecté  de  trichophy t ie  génévalisée.  Il  n'est  d'ailleurs 
pas  rare  de  constater  l'association  de  ces  deux  maladies 
chez  le  même  sujet  [Leumann  (1)]. 

La  forme  pustuleuse  est  caractérisée  par  le  développe- 
ment de  nombreux  boutons  purulents,  grisâtres,  violacés, 
ou  brunâtres  dus  à  l'abcédation  des  glandes  sébacées  et 
des  follicules  pileux.  Pressées  à  la  base,  ces  pustules 
donnent  issue  à  un  liquide  purulent  et  hémorragique.  Les 
parties  voisines,  moins  altérées  en  apparence,  laissent 
également  sourdre,  par  la  pression  d'un  pli  cutané,  de  la 
matière  sébacée  très  riche  en  Demodex.  La  dermatite  est 
alors  intense  ;  la  peau  rougit,  se  dépile,  se  couvre  de 
pustules,  d'exsudats  et  de  croûtes  ;  elle  se  plisse,  se  ride, 
s'épaissit  et  répand  une  odeur  nauséabonde. 

Le  prurit,  peu  marqué  au  début,  devient  intense  et 
trouble  la  santé  des  animaux,  dont  l'aspect  général  devient 
misérable  et  repoussant. 

Le  cou,  entièrement  dépilé,  est  recouvert  de  sérosité,  ou 
les  paupières  sont  tuméfiées;  il  y  a  de  l'entropion;  les 
lèvres  suppurent  ;  les  parois  pectorales  sont  rouges,  exco- 

(1)  Leumann,  Un  cas  de  gale  folliculaire  chez  le  chien  associée  à  l'herpès 
to/isurans  {Journal  de  Lijo»,  18î)9,  p.  216). 

26. 


462  DERMATOSES    PARASITAIRES. 

riées  ;  les  pattes,  saignantes  on  ulcérées  par  plares.  pré- 
sentent (le  nombreuses  pustules  violacées. 

Les  sécrétions  de  l'œil,  de  l'oreille  et  du  prépure  chez 
les  cliiens  affectés  de  gale  folliculaire  renferment  des 
Demodcx  qui  s'y  reproduisent  comme  sur  la  peau 
[Uorneck  (1)]. 

L'allection,  généralisée,  épuise  les  malades,  qui  devien- 
nent cachectiques  ou  succombent  à  l'infection  purulente 
au  bout  de  six  mois  à  trois  ans  de  soulTrances  (fig.  d02). 

Lésions.  —  Les  Dcmodex  sont  répandus  dans  toute  la 
peau,  mais  ils  sont  particulièrement  nombreux  dans  les 
glandes  sébacées  et  les  folliculss  pileux,  où  l'on  peut  en 
compter,  jusqu'à  200,  étroitement  pressés  et  le  rostre 
toujours  dirigé  en  bas  (Gruby,  Delafond).  Mais  ils  se 
répandent  en  dehors  de  cet  habitat  quand  la  maladie 
est  invétérée;  on  les  rencontre  dans  le  lissu  conjonctif 
intradermique  et  même  sous-cutané.  Divers  microbes  s'y 
trouvent  associés,  notamment  les  staphylocoques  ; 
quelquefois  aussi,  on  peut  y  découvrir  le  bacille  de  la 
nécrose;  mais  il  y  a  pourtant  des  formes  suppurées  et 
pustuleuses  très  graves,  dans  lesquelles  ce  microbe  ne  peut 
être  révélé  par  l'examen  microscopique. 

Les  divers  organes  présentent  les  lésions  de  la  cachexie 

Diagnostic.  —  La  forme  pustuleuse  est  si  nettement 
caractérisée  qu'on  ne  peut  s'y  tromper.  La  forme  squa- 
meuse est  surtout  dénoncée  par  sa  localisation  aux  parties 
antérieures  de  la  tète,  aux  pattes  et  à  la  gorge,  et  par  le 
jeune  âge  des  malades.  Néanmoins  l'examen  microscopique 
est  souvent  nécessaire  pour  la  différencier  deVeczéma  sec  et 
de  la  trichophitie  et  même  de  la  gale  sarcoptique.  Au  pour- 
tour des  yeux,  on  peut  la  confondre  avec  une  blépharite 
simi)le  et  au  niveau  des  extrémités  avec  l'eczéma  interdi- 
gité  ou  avec  la  dermalite  fistuleuse  déterminée  par  le 
bacille  de  la  nécrose. 
Pronostic.  —  La  fornic  pustuleuse  généralisée  est  iocu- 

(1)  Ilorneck,  Ber/iner  lierar:.   W'oc/ienschr.,  1901,  n"»  10. 


GALE    DEMODKGIQUE. 


463 


rable  ;    los    médications   ne   déterminent  qu'une  amélio- 
ration temporaire. 

Les  formes  squameuses  localisées  sont   facilement  cu- 


Fig.  10:2.  —  Gale  démodécique  du  chien  à  une  période  avancée. 

rables  ;  on  peut  même  guérir  ces  formes  étendues  par  une 
métlication  énergique  et  prolongée  (1). 
Traitement.  —  Les  formes  l^ocalisées  du  début  sont  jus- 

(1)  Cadéac,  Journal  de  Lyon,  1906. 


464  DERMATOSES    PARASITAIKES. 

ticiables  des  bains  sulfureux  ou  arsenicaux,  des  lotions  de 
solutions  de  sublimé,  de  créoline,  do  Ijsol  et  surtout  de  la 
teinture  diode  pure,  du  pétrole  pur  (Allinann)  oude  la  solu- 
tion alcoolique  de  baume  du  Pérou.  dCssenct'  de  carvi,  10: 
d'alcool.  10  et  150  grammes  dhuile  de  ricin  [(imeiner  (1)]. 
Ces  agents  doivent  être  employés  malin  et  soir.  Parfois 
efficaces  contre  les  formes  sèches,  ils  érliouent  générale- 
ment contre  les  formes  pustideuses.  Quand  lalfection  au 
début  forme  des  pbupies  limitées  au  voisinage  des  paupières 
ou  sur  le  bord  des  lèvres,  il  convient  d"cxciser  le  lambeau 
cutané,  occupé  par  les  parasites,  en  empiétant  sur  la 
peau  saine.  On  [iratique  autant  d'ablations  qu'il  y  a  de 
plaques:  la  guérison  du  malade  est  assurée  pourvu  que  le 
nombre  des  plaques  ne  soit  [las  trop  considérable.  Quand 
les  plaques  sont  nombreuses,  dispersées,  on  scarifie  la 
peau,  à  leur  niveau,  de  manière  à  mettre  les  parasites  à 
nu  et  à  les  atteindre  avec  la  teinture  d'iode.  On  recom- 
mence ce  traitement  tous  les  cinq  à  six  jours,  jusqu'à  ce 
que  la  peau  soit  redevenue  normale. 

Les  injections  intradermiques  de  phénol  à  1  p.  100 
autour  des  plaques  ne  donnent  pas  des  résultats  aussi 
satisfaisants. 

Les  vaccins  antistaphjlococciquesilestinés  à  combattre 
les  infections  secondaires  n'ont  aucune  action  sur  les 
Démoder.  Pendant  toute  la  durée  du  traitement,  on  doune 
au  malade  une  nourriture  bonne  et  abondante,  dans 
laquelle  on  fait  entrer  une  forte  proportion  de  viande  crue. 

IV.  —   ACARIASE  AURICULAIRE    DU  CHIEN. 

Cette  maladie,  due  au  Chorioptcs  auricularum.  appelé 
encore  Olodectes  cynolis  (variété  canis).  Sijtnhiolrs  aiiricii- 
larum,  dermatoplnKjus  aitricularis,   est    caractérisée  par 

(I)  Gmeiiier,  Revue  vét.,  1007,  p.  S38.  —  Moussu,  Société  centrale.  i'JOi, 
p.  i:t(3. 


CHIEN.    —  AGARIASE   AURICULAIRE.  465 

un  violent  prurit  souvent  accompagné  de  manifestations 
épileptiformes. 

Elle  est   souvent    désignée  sous  le  nom  de  gale  auricu- 
laire, de  gale  symbiotique,  de  prurigo  chorioptique  auri- 
culaire, d'otite  parasitaire  ou  de  maladie  épileptique  des 
c/iiens  de  meute  :  mais  elle  peut  sévir  chez  tous  les  cliiens. 
Étiologie.  —  Le  Chorioptes  auricularum  (variété  canis) 
a  le  rostre  à  moitié  caché  par  l'épistome.  Le  mâle  a  toutes 
es  pattes  terminées  par  des  ventouses  :  la  femelle  n'a  pas 
de  ventouses  aux  deux  dernières  paires  de  pattes,    mais 
des  soies.  La  quatrième  paire  de  pattes,   au  lieu  d'être 
bien  développée,  est  rudimentaire  [Hébrant  et  Antoine  (1)]. 
Les  parasites  du  conduit  auditif  externe  contaminent 
principalement  les  cliiens  de  meute  de  tout  âge. 

Symptômes.  —  Les  chiens,  affectés  d'acariase  auricu- 
laire, portent  la  tète  de  côté,  la  secouent  fréquemment, 
se  grattent  la  conque,  sont  pris  d'un  violent  prurit  quinze 
à  vingt  minutes  après  le  début  de  la  chasse  :  ils  poussent 
alors  un  cri  rauque  et  aigu,  bondissent  affolés  à  travers  la 
forêt,  l'oeil  hagard,  la  bouche  écumeuse  :  ils  se  grattent  la 
tête  avec  les  pattes,  ou  la  secouent  parfois:  ils  se  mettent 
à  tourner  en  cercle  à  deux  ou  trois  reprises,  poussent  des 
gémissements,  tombent  à  terre,  se  débattent  plus  ou  moins 
violemment,  présentent  des  convulsions  épileptiformes. 

Si  l'on  examine  le  conduit  auditif  externe,  on  y  décou- 
vre un  petit  amas  de  cérumen  de  couleur  chocolat  et  de 
nombreux  symbiotes  à  tous  les  états  de  développement. 
Parfois  ces  parasites  occupent  exclusivement  le  fond  du 
conduit  et  sont  difficiles  à  mettre  en  évidence.  Les  chiens 
affectés  de  cette  maladie,  principalement  les  chiens  de 
meute,  peuvent  devenir  sourds  ou  même  succomber  dans 
le  cours  d'une  attaque  épileptiforme. 

Diagnostic.  —  Le  grattage  de  la  tête  dénonce  une 
affection  de  l'oreille  dont  Texistence  est  confirmée  par Tamas 

(1)  Hébrant  et  Antoine,  Annales  de  méd.  véf.,  1913,  j>.  2&\. 


4H6  DERMATOSES    PARASITAI  H  ES. 

<lo  cérumen.  L'cpilepsie  essentielle  sacconi|iagne  do  perte 
(le  connaissance  et  démission  involontaire  durine  et  de 
matières  fécales.  L'épilepsie  vermineuse  disparaît  sous  l'in- 
fluence d'un  traitement  anthclminthique  et  ne  s"observe 
guère  que  chez  les  jeunes  chiens.  Le  cdtarvhe  aurimlaire 
s'en  (lislingue  par  l'absence  de  parasites. 

Traitement.  —  La  destruction  des  symbiolos  et  de 
eur  progéniture  doit  commencer  par  le  nettoyage  des 
oreilles  àl'aide  d'une  solution  savonneusetiède  ou  d'injec- 
tions d'huile  d'olive,  de  glycérine,  ou  d'une  solution  de 
sulfure  do  potassium  à  1  p.  20. 

Puis  on  pratique  des  injections  de  baume  du  Pérou 
dissous  dans  i  parties  d'alcool  ou  de  là  solution  sui- 
vante,   conservée  dans  un  flacon  bo)icliô  à  l'émeri  : 

Huile  d'olive 100  grammes. 

Naphtol 10        — 

Éllier 10         — 

On  ferme  l'oreille  pendant  dix  à  quinze  minutes  après  1"  in- 
jection avec  un  tampon  il'ouate  pour  éviter  l'évaporation. 

La  désinfection  des  chenils,  l'isolement  et  le  traite- 
ment des  malades  préviennent  l'extension  de  la  mahulie 
dans  une  meute. 

V.   —  THROMBIDIOSE. 

Le  rouge  ou  larve  du  thromhidion  soi/eu.r  sévit  à  la  lin 
de  l'été  chez  les  chiens  de  chasse  principalement  et  déter- 
mine une  éruption  purigineuse.  Les  parasites  s'implantent 
h  la  tête,  autour  ilu  nez  et  desyeux,  au  ventre, au  fourreau, 
aux  pattes,  et  provoquent  une  éruption  miliaire  disséminée 
en  plaques.  Le  rouget  est  reconnu  à  son  abdomen  volumi- 
neux; on  en  trouve  quelquefois  dix  à  douze  h  la  base  d'un 
seul  poil.  Dans  ces  ri'gions.  les  parasites  groupés  en 
amas  de  nuance  jaune-orange    simulent  des  croûtes. 

Le  chat  n'est  pas  à  l'abri  de  celle  acariase  (Bosc, 
Defrance,  Delafond).  Elle  est  caractérisée  par  de  petites 
érosions  ;\  la  queue  et  à  l'extrémilé  des  pattes. 


CHIEN. 


IXODES. 


467 


Traitement.  —  I<es  applications  de  vaseline  phéniquée. 
benzinée  ou  pélrolée.  les  bains  sulfureux  suffisent  pour 
tuer  les  parasites. 


VI 


IXODES. 


Les  tiques  ou  ricins  des  caniivores,  notamment  du  chien, 
comprennent  :  Vixodes  reduvius,  Vixodes  hexagonus,  le 
Rhipicephalus  sangiiineus,  le  Dermacentor  reticulatus, 
vecteurs,  reproducteurs  et  inoculateurs  de  la  pii'oplasmose 
connue  de  nos  pays  ;  Hœmaphysalis  Leachi  répandu  en 
Asie,  en  Afrique  et  en  .Vustralie. 
où  il  est  le  propagateur  du 
P.  canis  (fig.  103). 

De  tous  les  animaux  domes- 
tiques, le  chien  est  assurément 
le  plus  souvent  affecté  de  cette 
acariase. 

Le  chien  de  chasse  est  pres- 
que toujours  porteur  d'ixo- 
des.  surtout  en  été  et  en  au- 
tomne, quand  il  court  dans  les 
broussailles  et  les  bois;  mais 
linfestation  s'effectue  au  che- 
nil, quand  les  parasites,  apportés  du  dehoi's,  trouvent 
dans  ce  local  des  conditions  favorables  à  leur  conservation. 

L'ixode  se  fixe  sur  tout  le  corps,  mais  plus  spéciale- 
ment aux  oreilles,  à  la  tête,  aux  pattes  et  au  ventre  ;  il 
implante  son  rostre  dans  la  peau  et  se  gorge  de  sang.  Le 
chien  ne  paraît  pas  s'en  apercevoir  ;  les  tiques  repues  se 
détachent  spontanément.  Quand  elles  sonttrèsnombreuses. 
elles  déterminentl'affaiblissementet  l'anémie  de  leur  hôte  ; 
quelquefois,  les  nymphes  de  Vixodes  reduvius  déterminent 
des  tumeurs  furonculeuses  au  niveau  des  oreilles. 

Traitement.  —  Éviter  l'arrachement  des  tiques  par 
traction  brusque;  si  le  rostre  demeure  dans  la  plaie,  il  faut 
pratiquer  une  petite  incision  pour  l'extraire.  Il   est  préfé- 


Ficr.  lu:!.  —  Ixode  du  chien. 


468 


DERMATOSES   PARASITAIRES. 


rable  de  les  tourher  avec  un  pinceau  imbibé  de  pétrole  ou 
de  benzine. 

VIII.  —  CHAT. 


I.  —  GALE  SARCOPTIQUE. 

La  gale  du  cliitl,  déterminée  jiarle  Notoedres  cati.  a  son 
-principal  i'ojer  de  dévelop[)emenl  aux  oreilles,  au  Iront 
et  à  la  partie  antérieure  du  cou;  mais  elle  peut  se  pro- 
pager aux  membres  antérieurs. 

Décrit  par  Wedelius  (  1 G72) .  le  parasite  areçu  le  nom  de  Sar- 


Fig.  104.  — .Xoloedres  cali  (mà\e).     Fig.  1U5.  —  .Votuedres  rnti  (femelle). 

copies»jinor(Furstenberg,  1861),  de  Sarcoptes  cati  (llering, 
1838),  de  Sarcoptes  notoedres  (Delat'ond  et  Bourguignon, 
1802  ;  Mégnin,  1876).  de  Sarcoptes  felis  (derlacb,  1877). 
Étiologie.  —  Le  Notoedres  cati  a  le  corps  arrondi  dans  les^ 
deux  sexes.  Le  7nâle  est  long  de  145  à  150  ;j.,  large  de  120  à 
125  [JL.  La  femelle  ovigère  est  longue  de  215  à  230  [j.,  large 
de  165  à  175  a.  Ces  parasites  ont  des  mœurs  presque  séden- 
taires ;  ils  ne  creusent  pas  de  galeries  sous-épidermiques. 


CHAT. 


GALE   SARCOPTIQUE. 


469 


mais  un  simple  niil  oviilaire  ou  irrégulior,  arrondi,  qui  se 
révèle  par  une  éminence  miliaire  (Mégnin). 

Ce  nid  est  toujours  creusé  dans  la  partie  profonde  de  la 
couche  cornée  de  Tépidei^me.  Souvent  ces  courtes  galeries 
sont  situées  extrêmement  près  des  premières  assises  cellu- 


-'/ 


•\*^ 


"   ,  -'T^-  /•;.•?_■: 


At."*! 


Fig.   lOG.  —  Peau  de  chat  atteint  de  gale  sarcoptique. 


Très  près  du  corps  muqueux  de  Malpighi,  au  sein  du  tissu  coiné,  on  voit  la 
coupe  de  quatre  galeries  habitées.  Dans  des  galeries  situées  au-dessus  de  ces 
dernières,  on  aperçoit  des  œufs,  des  excréments  et  la  coupe  de  quelques 
acarts  (Bail). 


laires  du  corps  muqueux  de  Malpighi  ;  mais  elles  en  sont 
constamment  séparées  par  un  étroit  liséré  de  cellules 
Ivératinisées  (Bail).  Dans  ces  nids,  on  trouve  des  œufs  à 
toutes  les  périodes  d'incubation,  ainsi  que  la  femelle 
ovigère.  Les  larves,  les  nymphes  et  les  mâles  ont  les 
habitudes  des  sarcoptes  ;  ils  errent  sous  les  crotites. 
Cadéac.  —  Pathologie  interne.  VII.  -~ 


470 


DERMATOSES    l'AK.VSlTAlKES. 


^: 


Cette  galo  est  éminomment  conlagiousc  ;  elle  iiT-pargnc 
guère  que  les  clmts  castrôs.  qui  ont  des  habitudes  très 
sédentaires.  Lorsqu'un  r/y;/f  galeux  existe  dans  une  contrée, 
l'affection  prend  un  caractère  épizootique;  elle  fait  périr 
tous  les  cJiats  dans  des  villages  entiers  (Sajous)  ;  les  pa- 
rasites deviennent  si  nombreux  que  les  chnls  peuvent 
succomber  en  quatre  à  cinq  semaines  (Delwart). 

Ces  épizooties  de  gale  sont  très  communes  à  Lyon,  qui 
est.  par  excellence,  la  ville  des  chats. 

A  quelles  espèces  la  gale  du  cliat  peut-elle  se  commu- 
niquer ?  Les  rats  contractent  la  gale  du  c/jat,  mais  on  n"a 
jamais    constaté   d'épizootie    de    gale  marchant  parallè- 

leu)enl  chez  les 
rats  et  chez  les 
cJiats.  La  gale 
du  chat  se  trans- 
met au  cheval 
Joest)  diflicile- 
ment  au  lapin 
(Railliet),  au 
chien  (Delalond) 
et  à  Y  homme,  où 
les  laits  de  con- 
tagion abondent. 
Les  enfants  qui 
s'amusent  avec 
les  chats  y  sont 
le  plus  expo- 
sés. 

Le  chat  peut 
contracter  expi'-- 
rimentalement  la  gale  du  chien  et  du  lion  ;  il  peut 
être  alïeelé  spontanément  de  gale  sareopliiiue  vraie  déter- 
minée par  le  Sarcoptes  scahici  (Henry)  (1). 

(1)  Henry,  Le  Sarcoptes  scnbiei  comme  agent  do  la  gale  du  chat.  (Société 
centrale,  1913,  30  mars.) 


J.ig.  iiiT.    —    Gale   noloédrique   du    r/iril  au  début. 


CHAT.    —    GALE    SARCOPTIQUE. 


4T1 


Symptômes.  —  Los  parasites  envahissent  d'abord  \r 
sommet  du  front,  puis  les  oreilles,  le  museau,  la  nuque 
et  la  partie  antéi'ieure  du  cou;  les  parties  pourvues  de 
poils  longs  résistent  à  l'invasion  parasitaire  (fig.  107).  On 
voit  quelquefois  les  lésions  se  développer  sur  les  membres 
antérieurs,  au  niveau  des  extrémités  ;  elles  dépassent  à 
peine  la  face  antérieure  des  genoux.  Partout  la  maladie 
s'accuse  d'abord  par  des  vésicules  de  la  grosseur  d'une 
tête  dépingle  qui  amènent  la  formation  de  croûtes  gri- 
sâtres, dures,  qui  agglutinent  les  poils  et  déterminent  leur 
chute.  La  peau  se  densifie,  s'épaissit,  se  plisse,  se  gerce  ; 
les  paupières  et  les  oreilles 
sont  excoriées  par  les  frotte- 
ments ;  les  narines  sont  obs- 
truées par  le  gonflement  des 
tissus  et  par  les  croûtes  qui 
se  développent  jusqu'au  ni- 
veau de  ces  ouvertures.  La 
respiration  est  pénible,  par- 
fois un  peu  dvspnéique. 

Les  yeux  sont  enfoncés 
dans  les  orbites,  et  les  con- 
jonctives sont  fréquemment 
le  siège  d'une  sécrétion  puru- 
lente (fig.  108). 

Le  sujet  recroquevillé  est  triste,  immobile,  languissant; 
il  maigrit  beaucoup  ;  il  se  gratte  dès  qu'il  se  rapproche 
du  foyer  ou  qu'il  va  au  soleil,  et  il  succombe  au  bout  de 
quatre  à  six  mois  de  souffrances. 

Diagnostic.  —  Cette  gale  est  caractérisée  par  son  siège 
et  sa  localisation  indéfinie  à  la  tête  et  au  cou. 

L'eczéma  qu'on  observe  chez  les  chats  d'appartement 
affecte  toujours  une  forme  disséminée;  il  est  dénoncé 
par  des  papules  sèches,  prurigineuses,  difficilement  cu- 
rables, qui  apparaissent  sur  le  dos,  le  ventre,  les  membres 
et  la  queue. 


Fig.  108.     —    Gale    du    c/iat    à  la 
dernière  période. 


472  DERMATOSES    PARASITAIRES. 

La  teigne  toitsiiraiitc  osl  qiielciiiofois  associée  à  la 
gale  sarcopliqiio  et  peut  èlrc  conrondue  avec  elle.  Des 
croules  recueillies  sur  lii  I •■  le  d'un  r//;/^  que  l'on  croyait 
galeux  et  déposées  sur  le  corps  d'une  grnisse  ont  l'ait 
dév<>lo[)per  la  tricoplijtie    C'.adéac). 

Traitement.  —  Les  applications  de  pommade  d'ilel- 
mericli,  dliuile  de  cade,  réussissent,  généralement,  à 
guérir  cette  maladie;  le  pétrole  et  la  benzine  doivent  être 
rejetés;  le  baume  du  Pérou  lui-même  détermine  souvent 
des  troubles  cérébraux  et  la  morl.  Il  faut  changer  de 
médication  tous  les  deux  ou  trois  jours,  alin  d'éviter  toute 
intoxication. 

II.    -    GALE   DÉMODÉCIQUE. 

Lagale  démodécique  du  chat,  signalée parLeydig(i859), 
|iar  Mégnin  (1876),  est  déterminée  par  le  Donodex  foUicu- 
lornm  (var.  cati),  plus  petit  que  celui  du  chien. 

11  se  localise  généralement  à  la  tête,  vers  le  nez.  les 
veux,  les  oreilles,  et  ne  produit  jamais  de  bien  vives 
démangeaisons.  Son  action  est  passagère    et  sans  gravité. 

III.—  ACARIASE   AURICULAIRE. 

La  gale  auricidaire  ou  otocariase  du  cJiat,  analogue  à 
celle  du  chien,  est  déterminée  par  le  Chorioptcs  auricu- 
/rt/'um  (var.  cati),  appelé  encore  Otodectes  ci/notis  {\i\r.  cati) 
(Railliet  et  Cadiot)  (1). 

Les  animaux  se  frottent  les  oreilles  contre  les  murs  et 
présentent  il  la  région  occipito-teniporale.  en  dedans  de  la 
conque,  une  lésion  cutanée  pouvant  aller  depuis  la  dépi- 
"lation  jusqu'à  des  plaies  saignantes  et  croiileuses.  Cette 
lésion  externe,  avec  sa  localisation  particulière,  est  presque 
pathognomonique.  Le  toucher  de  l'oreille  est  en  général 
moins  douloinvux  que  dans  le  catarrhe  auriculaire  non 

(I)  Cadiol  et  Railliet,  C.  H.  de  la  Soc.  do  bioL,  6  fcvr.  ISlti. 


FURET.  —  GALE  SARCOPTIQUE.  473 

parasitaire  ;  la  manipulation  de  la  conque  semble  faire 
éprouver  à  l'animal  une  sensation  de  plaisir  (Ilébrant  et 
Antoine). 

Cette  gale  peut  s'accompagner  de  manifestations  rabi- 
formes,  de  ti'oubles  épileptiformes,  de  vertiges,  de  sym- 
ptômes de  mcningo-encéphalite. 

Traitement.  —  Nettoyage  à  l'eau  savonneuse  tiède, 
par  instillation  journalière  de  glycérine  iodée  au  l/IO  ou 
d'huile  ph(''nique  au  1/100.  L'excipient,  huile  ou  glycérine, 
ramollit  le  cérumen  et  facilite  l'action  de  l'agent  parasi- 
ticide. 

IX.    —    FURET. 

I.  —GALE    SARCOPTIQUE. 

La  gale  sarcoptique  du  l'uvet  siège  aux  pattes,  à  la 
tête  et  peut  envahir  tout  le  tronc  ;  elle  est  déterminée 
par  le  Sarcoptes  sc.abiei  (var.  furonis). 

Ëtiologie.  —  Cette  gale  provient  sans  doute  des  putois 
galeux  qui  ont  pénétré  dans  les  terriers.  Les  furets  ne 
peuvent  transmettre  leur  gale  ni  au  chien  ni  à  Vhomme. 

Symptômes.  —  Cette  gale,  très  commune,  est  caracté- 
risée par  des  vésicules  dont  la  déhiscence  est  suivie  d'un 
suintement  gélatineux,  un  peu  poisseux,  qui  se  dessèche 
et  se  convertit  en  une  substance  grossièrement  pulvé- 
rulente. Les  croûtes  prennent  à  la  face  plantaire  et  à  la 
base  des  griffes,  une  grande  épaisseur;  les  griffes,  anor- 
malement développées,  se  recourbent  en  haut.  Parfois  les 
phalanges  offrent  un  épaississement  de  la  peau  tel  qu'elles 
arrivent  à  tripler  de  voliune  ;  les  griffes  restent  normales 
(Railliet). 

Les  poils,  arrachés  par  le  prurit  violent,  se  renouvellent 
rapidement  et  récupèrent  leurs  dimensions  quand  les 
parasites  ont  fui  la  surface  suintante  pour  se  réfugier  au 
niveau  des  extrémités. 

Traitement.  —  11  faut  commencer  par  désinfecter  ou 


4/4  DERMATOSES   PARASITAIRES. 

par  chanfïcr  le  furet  du  local,  caisse,  boUe  ou  fond  de 
tonneau,  qu'il  habitait  ;  on  ramollit  les  croûtes  par  des 
onctions  de  glycérine,  puis  on  frictionne  vigoureusement 
avec  la  pommade  soufrée  simple  ou  l'onguent  d'Helmerich, 
et  l'on  savonne  après  deux  ou  trois  friclions  (I). 

II.  —    ACARIASE  AURICULAIRE. 

Le  ùiret  est  sujet  à  l'otite  parasitaire  déterminée  par 
VOtodectcs  cynotis  (var.  furonis)  ou  otocariase  symbiotique 
(Mégnin),  qui  est  très  conlagiouse. 

Les  malades  éprouvent  un  vif  prurit;  ils  sont  assoupis, 
somnolents  ;  ils  succombent  au  ImuiI  df  (pielques  semaines 
dans  riiébétudc. 

Traitement.  —  On  utilise  les  mêmes  agents  anli- 
parasitaircs  que  cbez  le  cliieii. 

X.    —    LAPIX. 

I.— GALE  SARCOPTIQUE   ET  GALE  NOTOÉDRIQUE. 

Le  lapin  présente  une  unie  sarcoptique  et  une  gale 
HOtoi'driquc. 

a.  Gale  sarcoptique.  —  Déterminée  par  le  Sarcoptes 
scabiei{\av.  cm»i2ci<//),  elle  diffère  de  la  seconde  parl'absence 
de  prurit,  parles  caractères  des  parasites,  notamment  par 
la  pri'sence  fréquente  d'un  embrvon  à  l'iiitérieur  de  l'œuf, 
pendant  «pie  celui-ci  est  encore  enfermé  dans  l'abdomen 
de  la  femelle. 

Cette  gale,  assez  répandue  en  Allemagne,  est  très 
contagieuse  entre  lupins;  elle  se  communique  à  Yhmnnw 
(Zurn),  au  cobaye,  au  furet  (Railliel)  ;  elle  ne  se  commu- 
nique pas  au  chien,   au  mouton,  h  la  vache,   au  porc,  au 

(I)  Le  loup,  le  renard,  le  lion  sont  sujets  h  une  gale  sarcoptique  qui  cause 
souvent  de  grands  préjudices  dans  les  ménageries  ;  les  sarcoptes  de  ces  ani- 
maux déterminent  une  éruption  prurigineuse  passagère  chez  V homme. 


LAPIN.    —    GALE    SARCOPTIQUE. 


475 


cheval  (Neumann),  au  chat  (Gerlacb).  On  a  vainement 
cherché  à  l'introduire  en  Australie  pour  détruire  les 
lapins. 

Symptômes.  —  Cette  dermatose  débute  par  le  bout  du 


'^^r^^ 


Fig.  109.  —  Gale  sarcoplique  da  lapin. 

nez,  les  lèvres,  le  menton,  la  base  des  griffes  et  finit  par 
envahir  diverses  parties  du  corps  (fig.  109  . 

Celte  gale  peut  gêner  la  préhension  des  aliments, 
empêcher  le  développement  des  jeunes  animaux,  déter- 
miner leur  amaigrissement  et  quelquefois  leur  mort. 

b.   Gale  notoédrique.  —  Elle  affecte  la  tête,  le  cou 


476  DERMATOSES    PARASITAIRES. 

et  exceplionncllenienl  los  pattes;  elle  est  délcrminée  par 
le  Notocdrcs  cati  i^var.  cunicxdi). 

Étiologie.  —  Ce  parasite,  décrit  par  Gerlacli,  est  un 
notoèdre  comme  celui  du  chut. 

Le  mâle  est  long  de  145  à  150  [jl,  large  de  120  à  125  a. 

La  femelle  ovigère  est  longue  de  215  à  230  ja,  large  de 
165  à  175  a. 

Cette  gale  se  transmet  facilement  de  hipin  à  Inpiii  ;  on 
peut  la  communiquer  à  ïhomnie  sous  une  forme  fugace 
(Gerlach);  elle  peut  se  propager  à  Vdno  [Joest  (1)]. 

Symptômes.  —  Ce  sarcopte  détermine  un  prurit  très 
intense  rjui  incite  les  animaux  à  se  frotter  avec  les  pattes 
postcrieures  et  à  se  gratter  contre  tous  les  corps  avoisi- 
nanls.  Une  éruption  succède  aux  attaques  de  ces  parasites. 
Elle  est  suivie  de  la  chute  des  poils  et  de  la  production 
de  croules  liianchAIres  ou  grisAtres.  adhérentes,  qui  finis- 
sent par  acipiérir  \  centimètre  d'épaisseur  et  quelque- 
fois davantage.  Au-dessous  d'elles,  on  aperçoit  la  peau 
rouge,  saignante  ;  les  sarcoptes  sont  logés  à  la  face 
interne  îles  croiiles. 

Marche.  —  l^a  maladie  dt'bule  par  le  nez,  puis  elle 
gagne  les  lèvres,  le  front,  le  pourtour  des  yeux,  le  chan- 
frein, la  mAclioire  inférieure,  la  face  externe  des  oreil- 
les et  quelquefois  les  membres,  jusqu'au  niveau  des 
coudes  et  des  jarrets;  elle  peut,  exceptionnellement,  en- 
vahir tout  le  corps  et  déterminer  une  blépharite  intense 
[Walther  Lohlem  (2)]. 

Diagnostic.  —  Les  sarcoptes,  faciles  à  recueillir,  sont 
caractcrisliipies.  On  ne  sauniit  confondre  cette  gale,  ni 
avec  la  tciijnc  favcusc,  ni  avcr  Vher/jrs  tonsuidus,  ni  avec 
la  unie  pmroptiquo . 

Traitement.  —  Les  animaux  étant   tondus,  on  les  sa- 


(1)  .loest,  'l'raiismission   de  l.i  gale  du   lapin    à   l'àiic   (/{eviif  vét..    1901, 
p.  4"). 

(2)  Walther  I.iJhleni,  Blépharite  du  lapin  dolerniiiK'epar  le  Sorrnpips  miiior 
{Revue  générale,  1911.  t.  I,  p.  1.^)6). 


LAPIN.    —   GA.LE    PSOROPTIQUE.  477 

vonne  et  on  les  frictionne  ensuite  avec  la  pommade 
d'Helmerich.  Ces  frictions  doivent  dépasser  les  parties 
malades  pour  atteindre  les  larves,  les  nymphes  et  les 
mâles  ;  on  termine  le  traitement  par  un  savonnage. 

11.  — GALE  PSOROPTIQUE  AURICULAIRE. 

L'otocariase  psoroptique  du  lapin  est  une  maladie 
fréquente,  déterminée  par  le  Psoroptes  communis  var. 
cunicuU. 

Étiologie.  —  Ce  psoropte  se  communique  facilement  à 
tous  les  lapins  élevés  dans  des  cages:  il  peut  même  se 
transmettre  aux  chevaux  du  voisinage. 

On  peut  constater  aussi  la  propagation  de  la  gale  psoro- 
ptique du  cheval  aux  lapins  sous  l'influence  de  la  cohabi- 
tation. 

Symptômes.  —  Cette  gale  est  caractérisée  par  l'irrita- 
tion du  fond  de  la  conque  auriculaire,  qui  rougit  et  présente 
un  vif  prurit  ;  l'animal  secoue  la  tête  et  cherche  conti- 
nuellement à  se  gratter  avec  ses  pattes  postérieures.  Peu 
à  peu,  le  conduit  auditif  se  remplit  d'une  matière  molle, 
jaunâtre,  qui  durcit  graduellement  et  se  transforme  en 
croûtes  épaisses,  habitées  par  de  nombreux  sarcoptes. 
L'obstruction  de  l'oreille  s'accompagne  généralement 
d'une  inclinaison  de  la  tête,  de  ce  côté,  ou  même  d'une 
véi'itable  torsion  du  cou,  à  tel  point  que  la  mâchoire 
inférieure  devient  supérieure.  L'acariase,  toujom's  con- 
finée à  l'intérieur  de  la  conque  auriculaire,  respecte 
entièrement  les  parties  voisines  de  l'oreille,  mais  envahit 
quelquefois  l'oreille  moyenne  et  détermine  des  troubles 
nerveux  graves,  principalement  des  symptômes  verti- 
gineux qui  peuvent  entraîner  la  mort  directement  ou 
empêcher  les  animaux  de  se  nourrir  (fig.  110). 

Les  lapins  maigrissent  ;  ils  sont  épuisés  par  une  diarrhée 
séreuse  et  meurent  d'inanition. 

Diagnostic.  —  Cette  atfection  est  caractérisée   par  la 

•27. 


478 


DERMATOSES   PARASITAIRES. 


présence  de  croules  dans  le  conduit  auditif  et  [tar  l'alti- 
tude penchée  de  la  tête;  on  peut  apercevoir  les  jtsoroples 
à  l'œil  nu  quand  on  étale  les  croûtes  sur  du  papier,  de 
sorte  que  le  diafi^noslic  n'nffi'i'  aiicuuc  dinicullé. 


Fig.  110.  —  Gale  iisuropliquc  ilu  l<ijiin. 


Traitement.  —  On  commence  par  isoler  les  malades,  et 
on  (li'siiirccLe  ensuite;  les  cages  et  les  clapiers. 

Le  traitement  curalif  ne  doit  être  eiil  repris  que  iorsipie, 
le  nomitre  des  lupins  étant  considérahle,  on  ne  peut  se 
résoudre  .'i  les  sacrifier.  Alors  on  nettoie  l'oreille  de 
chaque  malade  avec  de  l'eau  savonneuse,  après  avoir 
ramolli  les  croûtes  avec  de  l'huile  d'ulive,   de  manière  A 


OISEAUX.    —  GALE   DES    PATTES.  479 

faciliter  le  curettage  du  conduit  auditif.  On  badigeonne 
ensuite  l'intérieur  de  ce  conduit  avec  de  la  pommade 
d'Helmericlî  ou  avec  un  mélange,  à  parties  égales,  de 
benzine  et  d'huile. 

III.  —GALE  DÉMODÉCIQUE. 

La  gale  démodécique  du  lapin  a  été  signalée  en  Chine 
par  Pfeiffer  (1903).  Les  parasites  sont  plus  petits  que  ceux 
du  chien,  et  les  œufs  ont  la  forme  d'une  raquette.  D'abord 
caractérisée  par  une  dépilation  et  une  desquamation  de  la 
peau  au  voisinage  de  l'œil  et  de  l'oreille,  elle  s'étend  peu 
à  peu  et  paraît  se  compliquer  de  nécrobacUlose,  qui  entraîne 
la  chute  de  la  conque  auriculaire  et  de  la  paupière. 

Traitement.  —  On  utilise  les  mêmes  agemts  que  chez  les 
herbivores.     . 

XI.  —  OISEAUX. 

Les  dermatoses  acariennes  des  oisenux  soni  déterminées 
par  les  cnémidocoptes  ovoviparcs,  agents  des  gales. 

I.  —  GALE  DES  PATTES. 

Cette  affection  croiiteuse.  connue  sous  le  nom  de  grappe, 
est  exclusivement  localisée  aux  pattes  et  engendrée  par  le 
Cnémidocoptes  mutans,  généralement  appelé  Sarcoptes 
rrnitans  (Cli.  Robin  et  Lanquetin,  1859). 

Étiologie.  ^  Ce  parasite  vit  sous  les  écailles  épider- 
miques  des  pattes  (fig.  IW). 

Le  mdle  est  long  de  190  à  200  ;j.,  large  de  120  à  130  [j.  ; 
les  pattes  sont  coniques,  toutes,  pourvues  d'ambulacre  à 
ventouse  ;  la  femelle  ovigère  est  longue  de  408  à  420  ;j., 
large  de  330  à  380  a  (fig.  112  et  113). 

La  contagion  s'etfectue  lentement;  des  poules  galeuses 
peuvent  vivre  longtemps  au  milieu  des  poules  saines  sans 
leur  communiquer  la  maladie.  Les  nymphes,  les  larves  et 


480 


DERMATOSES    PARASITAIRES 


les  mâles  sont  les  seuls  agents  de  la  contagion  ;  les  femelles 
oviyères  gardent  une  immobilité  à  peu   près  absolue.    La 

transmission 
est  facilitée  par 
le  séjour  des 
oi  seuil  X  dans 
les  volières,  les 
cages; les  para- 
sites émigrent, 
se  répandent 
dans  le  fumier, 
les  perchoirs, 
et  s'attachent 
ensuite  aux  pat- 
tes des  o/'sea»  A- . 
Les  poules  qui 
\  ivent  dans  des 
1)  a  s  s  e  s  -c  o  u  rs 
humides  sont 
beaucoup  moins 
exposées  à  la 
conla:;ion;reau 
empêche  le  pa- 
rasite de  se 
répandre  à  la 
surface  des 
croriles  et  de 
vivre  au  dehors. 
Les  poules 
de  race  com- 
mune qui  vont 
jticorcr  dans  les 
j)  rai  ri  es,  à  une 
grande  dis- 
tance, sont,  i)eut-étre  pour  ce  motif,  moins  exposées  à  la 
contagion   tjue  les  races  exotitjues  l)eaucoup  plus  séden- 


rig.  111.  —  Gale  sarcoptique  du  coq. 


OISEAUX. 


(lALE    DES    PATTES. 


481 


tairos  comme  les  poules  de  Bnndtin,  les  cochinchinoiscs. 
les  dovking  et  les  hrahinapootru. 

Symptômes.  —  Le  parasite  ne  détermine  qu'un 
prurit  modéré,  plus  intense  pendant  la  nuit  et  par  les 
temps  chauds  ;  les  animaux  piétinent  et  portent  souvent 
le  bec  sur  les  endroits  malades. 

Ces  parasites  ont  les  mœurs  des  sarcoptes  :  les  femelles 


Fig.  112. —  Sarcoptes  mu/aiis 
(mâle). 


Sarcoptes     nmiaiis 
(femelle). 


ovigères  s'enfoncent  dans  la  profondeur  de  l'épiderme  ; 
les  larves,  les  nymphes,  les  femelles  pubères  et  un  très 
petit  nombre  de  mâles  errent  à  la  surface.  Les  femelles 
fécondées  irritent,  soulèvent  et  font  proliférer  l'épiderme. 
particulièrement  à  la  face  antérieure  des  tarses  et  au- 
dessus  des  doigts,  déterminent  des  croûtes  épaisses, 
mamelonnées,  irrégulières,  et  des  nodosités  prononcées 
au  niveau  des  articulations  ;  ces  nodosités  et  ces  croûtes, 
formées  d'écaillés  blanchâtres  ou  grisâtres,  cimentées  par 
du  sérum,  renferment  une  infinité  d'alvéoles  qui  servent 
d'abri  à  des  femelles  ovigères.  Ces  alvéoles  donnent  aux 
croûtes  un  aspect  spongieux  :  ils  sont  très  petits  dans  les 
parties  superficielles,  rétractés  par  dessiccation  et  par 
les    pressions    extérieures,    volumineux    dans  les   parties 


482  DERMATOSES   PAHASITAIRES. 

proroniles,  notamment  à  la  face  interne  des  croiiles,  où 
se  trouvent  logés  les  parasites.  On  trouve  les  femelles  blot- 
ties, immobiles,  la  face  ventrale  tournée  du  coté  de  la 
face  profonde  de  la  croiile:  on  les  reconnaît  à  leur  forme 
régulière  et  k  la  teinte  rduiiiée  de  leurs  éiiinicrcs. 

Ia's  croûtes  gênent  considérablement  les  mouvements 
des  doigts  et  déterminent  de  fausses  ankvloses;  elles  sont 
très  adhérentes.  Après  leur  extirpation,  on  voit  le  derme 
irrité,  suintant  et  bientôt  recouvert  de  sang;  des  exsu- 
dations et  des  crevasses  succèdent  aux  froissements  et 
aux  chocs  qui  ébranlent  les  croules;  les  oisoniix  mar- 
chent difficilement,  boitent,  se  maintiennent  péniblement 
sur  les  perchoirs;  des  arthrites  se  manifestent,  et  Ton 
peut  observer  la  chute  d'une  phalange  ou  d'un  doigt. 

L'évolution  de  cette  gale  est  très  lente  ;  elle  peut  durer 
six  mois,  un  an  même  ;  les  poules  maigrissent,  meurent 
dans  l'étisie,  ou  sont  décimées  |)ar  la  tuberculose,  la 
dijihtcrie. 

Traitement.  —  Le  traitemout  prophyla(ti(iue  consiste 
à  isoler  les  oiseaux  galeux,  à  désinfecter  les  volières  et 
les  cages  à  l'eau  bouillante,  t"!  badigeonner  ensuite  le 
poulailler,  les  perchoirs  et  les  juchoirs  au  lait  de  chaux, 
afin  d'empêcher  la  contamination  des  poules  saines  et  la 
réapparition  de  la  gale  après  la  guérison  des  malades. 

Le  traitement  curatif  doit  commencer  par  l'extirpation 
des  croûtes,  qu'on  ramollit  d'abord  par  un  bain  tiède, 
par  des  corps  gras,  ou  qu'on  enlève  directement,  (".et 
arracliemeiil  est  fréquemment  suivi  d'hémorragies  (jui 
alVaiblissent  les  oiseaux  ;  il  est  préférable  d'agir  plus 
lentement  et  plus  sûrement.  On  détache  les  croûtes  peu 
adhérentes;  on  humecte  les  autres  et  l'on  applique,  sur 
la  susface  nialade,  de  la  pommade  d'Ilelmerich,  do  la 
pommade  phéniqiiée  au  I/IO,  de  la  pommade  créosolée 
au  \liO,  de  l'huile  benzinée  au  1/10  ou  du  baume  du 
Pérou.  Quand  il  s'agit  d'animaux  jeunes  ou  de  petits 
oiseaux   (canaris,  etc.),  ces  applications  ne  doivent   pas 


OISEAUX.    —    GALE    DU    CORPS    OU    GALE    DÉPLUMANTE.       483 

être  immédiatement  renouvelées  :  tous  ces  antiparasi- 
taires, même  le  baume  du  Pérou,  peuvent  les  intoxiquer. 
Il  est  bon,  après  une  seule  application  d'antiparasitaire, 
d'enduire  les  pattes  de  glycérine  ou  de  vaseline. 


II.  —  GALE  DU  CORPS  OU  GALE  DÉPLUMANTE. 

La  gale  déplumante  est  déterminée  par  la  Cnemidocoptes 
lœvis  ou  Sarcoptes  lœvis,  qui  occupe  la  limite  du  tuyau  et 
du  rachis  des  plumes.  Cette  affection  parasitaire,  décou- 
verte par  Railliet  (1886),  a  été  retrouvée  par  Neumann  dans 
le  Midi  et  par  Pœnaru  en  Roumanie. 

Étiologie.  —  Cette  gale  sévit  au  printemps,  pendant 
l'automne,  et  disparaît  pendant  l'hiver  ;  elle  est  donc 
intermittente.  Elle  est  très  contagieuse  :  l'introduction  de 
quelques  oiseaux  galeux  dans  une  basse-cour  est  suivie 
de  la  propagation  rapide  de  l'afTeclion.  Sa  transmission 
s'effectue,  principalement,  pendant  Tacte   de  copulation. 

Le  coq,  infesté  au  niveau  du  croupion,  contamine  tout" 
le  poulailler. 

Symptômes.  —  Cette  afTection  des  y/y^/eo/i.'?,  des  poules, 
du  t'ciisan  et  deVoie,  débute  ordinairement  [tarie  croupion, 
puis  gagne  peu  à  peu  les  parties  environnantes,  les  cuisses 
le  dos,  le  ventre.  Souvent  aussi  la  tète  et  la  partie  supé- 
rieure du  cou  se  montrent  affectées  de  bonne  heure.  Les 
oiseaux  s'arrachent  les  plumes  à  coups  de  bec  et,  finale- 
ment, la  peau  est  mise  à  nu  sur  une  vaste  étendue  à  la 
suite  de  ce  piquage.  Cependant  les  grandes  plumes  de  la 
peau  et  des  ailes,  ainsi  que  leurs  couvertures,  sont  géné- 
ralement conservées.  Cette  peau  dénudée  présente  toute- 
fois un  aspect  normal  ;  elle  reste  souple,  rosée  et  non 
sensiblement  épaissie.  En  arrachant  les  plumes  qui  ont 
persisté  au  voisinage  des  régions  envahies,  il  est  facile  de 
constater  l'existence,  comme  chez  le  pigeon,  d'un  amas 
de  lamelles  épidermiques  blanchâtres,  occupant  la  limite 


484  DEKMATOSES    PARASITAIRES. 

du  luyau  et  du  racliis,  et  renfermant  des  sarcoptes  en 
nombre  variable   Railliet). 

Les  volailles  déplumées  maigrissent,  deviennent  cachec- 
tiques; la  peau  du  croupion,  continuellement  piquée, 
prend  une  couleur  rouge  vil";  la  jjonte  diminue  et  cesse. 

Traitement.  —  Des  poudres  an ti parasitaires  insufflées 
sous  les  plumes  assurent  la  guérison  de  cette  gale.  On 
peut  lubrifier  le  fond  du  plum.ige  avec  de  l'eau  savon- 
neuse, avant  de  pratiquer  l'insuftl.ition  de  poudre  de 
pyrèthre,  de  stapliysaigre. 

En  même  temps,  il  faut  désinfecter  les  planchers,  les 
plafonds,  les  murs,  les  perchoirs  et  les  nids,  à  l'aide  des 
moyens  préconisés  contre  ïacariase  dcrmanyssiquc  et  la 
phtiriase. 

III.    —    ACARIASE   DERMANYSSIQUE. 

L'acariase  dcrmanyssiquc  des  rfallinacéseX  des  coloiiihiiis 
est  une  alTeclion  susceptible  d'entraîner  Tt-puisement  et 
la  mort  d'un  grand  nombre  d'oiseaux. 

Étiologie.  —  Le  Derinanyssus  galliniv,  hôte  des  poulaillers 
et  des  pigeonniers,  se  cache  pendant  le  jour  et  se  l'epaît 
chaque  nuit  du  sang  des  oiseaux  domestiques;  il  change 
ainsi  de  couleur,  et,  de  blanc,  il  devient  rouge  rutilant  ou 
rouge  noirâtre  (fig.  114). 

Les  poules  et  les  piijeons  sont  les  oiseaux  les  plus 
attaqués,  surtout  dans  leur  jeune  âge  ;  mais  les  dindons 
et  les  faisans  sont  eux-mêmes  assaillis. 

Symptômes.  —  Les  oysr'/v».v,  troublés  dans  leur  sommeil, 
en  proie  à  un  prurit  intense  et  anémiés  pai-  la  perte  d'une 
quantité  de  sang  soustraite  à  la  suite  de  piqûres  répétées 
dépérissent  ;  il  n'est  pas  rare  de  voir  les  poussins  et  les 
piffeonneaux  mourir  d'épuisement  en  huit  à  quinze  jours. 

Les  adultes  sont  également  très  éprouvés.  Les  poules 
couveuses,  privées  de  sommeil  et  amaigries,  abandonnent 
leur  couvée  ou  n'y  demeurent  que  d'ime  maniéi-e  irrégu- 


Fig.  114.  — Dei-manysse  despoiilaillei-s. 


OISEAUX.    —   ACARIASE  DERMANYSSIQUE.  485 

guliére,  de  sorte  que  l'incubation  des  œufs  est  compromise 
ou  défectueuse. 

Quelquefois  les  parasites  s'introduisent  dans  le  conduit 
auditif  et  dans  les  cavités 
nasales,    où  leur  présence 
engendre  de  ia  rhinite. 

Traitement.  —  Le  tvai- 
tcment prophylactique  con- 
siste à  désinfecter  les 
poulaillers,  les  volières, 
les  pigeonniers  et  tous 
les  locaux  qui  servent  de 
refuge  aux  parasites.  On 
les  nettoie,  on  les  lave  à 
l'eau  bouillante,  on  badi- 
geonne les  murs  et  les  per- 
choirs à  la  chaux  vive,  à  l'eau  phéniquée  ;  on  refait  les 
nids  ou  on  les  désinfecte  avec  l'essence  d'eucalyptus, 
de  térébenthine  ou  avec  du  pétrole. 

On  peut  assurer  cette  désinfection  d'une  manière  perma- 
nente à  l'aide  d'une  éponge  imbibée  d'essence  et  intro- 
duite dans  un  œuf  qu'on  bouche  à  la  cire;  les  vapeurs 
d'essence  s'échappent  par  les  pores  de  l'œuf  et  éloignent 
les  acariens. 

La  désinfection  des  oiseaux  est  moins  facile  à  opérer; 
elle  est  d'ailleurs  moins  salutaire.  On  pulvérise  chaque 
oiseau  avec  de  la  poudre  insecticide  de  pyrèthre,  d"anis,etc. 
On  peut  recourir  aussi  aux  vapeurs  sulfureuses  à 
l'aide  de  l'exterminateur  Lagrange,  qui  consiste  dans  une 
caisse  en  bois  renfermant  le  corps  de  l'animal,  pendant 
que  la  tête  fait  saillie  au  dehors  par  une  ouverture.  On 
brûle  des  fils  de  soufre  dans  la  caisse,  et  on  retire  le  sujet 
six  à  sept  minutes  après;  on  a  soin  d'effectuer  cette  opé- 
ration pendant  la  nuit  avant  que  les  parasites  aient  déserté 
leurs  victimes. 


486  DERMATOSES    PARASITAIRES. 


IV.    —  THROMBIDIOSE. 


Les  poules  et  surtout  les  poussins  éclos  à  la  fin  de  l'été 
ou  en  automne  sont  quelquefois  très  éprouvés  par  les 
larves  des  thrombidions  soyeux,  qui  se  fixent  à  la  base  des 
plumules,  où  ils  enfoncent  leur  rostre.  L'irritation  qu'ils 
provoquent  est  extrêmemenl  vive  ;  les  petits  oisenu.x 
poussent  des  cris,  s'agitent  en  tous  sons,  battent  des  ailes, 
tombent  sur  le  sol  et  demeurent  un  certain  temps 
sans  se  relever.  Ils  offrent  une  sorte  d'affection  épilepti- 
forme  comparable  à  colle  occasionnée  chez  le  rhicn  par 
les  vers  intestinaux  ou  par  l'acariase  symbiotique  auricu- 
laire (Lucel).  Beaucoup  s'éi)uisont  et  succombent  aux 
piqûres  i^Csokor,  Éloire,  Lucet). 

Le  Sarcopterinus  nidulans  est  encore  un  acarien  throni- 
bididé  qui  vit  en  colonies  dans  les  follicules  plumeux  du 
pigeon  et  de  divers  passereaux.  Des  tumeiu's  cutanées  du 
volume  d'un  pois  ou  même  d'un  liaricot  peuvent  on  être 
la  conséquence.  Quand  les  parasites  y  sont  très  nombreux, 
ils  provoquent  des  troubles  nutritifs  irraves  et  peuvent 
même  déterminer  la  mort. 

Traitement.  —  (in  débarrasse  facilement  les  animaux 
de  CCS  parasites  en  insufflant  do  la  fleur  de  soufre  dans 
leur  plumage  ou  par  (les  applications  do  pommade  h  l'oxyde 
de  zinc,  de  pommades  sulfureuses,  de  frictions  à  l'eau 
phéniquée,  à  la  vaseline  benzinée  ou  pétrolée. 

Quand  on  a  affaire  au  Sarcopterinus  nidulans,  on  incise 
les  nodules,  on  on  fait  sortir  le  contenu  par  pression  et  on 
badigeonne  rinti-rieur  avec  un  mélange  do  baume  du  Pérou 
cl  d'alcool. 

il  convient  d'éloiguor  les  couvées  d'automne  des  jardins 
ou  des  herbages  dans  lesquels  elles  vont  s'infecter  ;  mais 
de  telles  précautions  ne  peuvent  guère  être  prises  que  par 
des  éleveurs  amateurs  ;  mais  dans,  les  fermes  où  la  ma- 
ladie sévit  principalement,  il  est  presque  impossible  de 
jtrondre  de  pareilles  précautions. 


OISEAUX. 


ARGASINES. 


487 


V.  —  ARGASINES. 

Les  argasincs.  sous-famille  des  ixodidés.  sont  des  para- 
sites des  oiseaux  domestiques.  Cachés  pendant  lejour  dans 
les  volières,  les  poulaillers,  les  pigeonniers,  dans  le  voisi- 
nage des  oiseaux,  les  Ai'gas.  Argas  pe)'sicus{Gg.  iio),  Argas 
reflexusifigAl6,){0rni 
tho(ïo7'us).  se  compor- 
tent comme  les  pu- 
naises, dont  ils  ont  la 
couleur  rouge  brun  ; 
ils  demeurent  dissi- 
mulés tout  le  jour 
dans  les  interstices 
des  colombiers,  les 
fentes,  les  fissures  des 
planchers,  les  crevas- 
ses des  murs.  Ces 
parasites  passent  faci- 
lement d'un  local  à 
l'autre  et  se  propa- 
gent à  tous  les  oi- 
seaux de  la  ferme 
{canards,  oies,  etc.)  ; 
d'ailleurs,  ils  peuvent 

se  reproduire  en  l'absence  de  tout  volatile  et  possèdent  une 
résistance  vitale  inouïe  :  ils  peuvent  jeûner  impunément 
pendant  vingt-quatre  mois  (Ghiliani).  Ils  se  répandent  pen- 
dant la  nuit  sur  les  pigeons,  \es  poules,  les  divers  o/seauA- 
de  basse-cour  et  parfois  même  sur  Viiomme,  et  sucent  leur 
sang.  Ils  s'attaquent  principalement  aux  jeunes  ;  toutes 
les  parties  du  corps  peuvent  être  envahies  ;  mais  le  cou, 
la  poitrine  sont  les  régions  de  prédilection.  Les  larves 
demem'ent  fixées  plus  longtemps  que  les  adultes  sur  le 
corps  des  pigeons;  elles  peuvent  même  \  être  sédentaires; 
elles   restent  fixées  aux  orifices  vides  des  follicules  des 


:)^ 


Fig.   115.  —  Argas  persiciis,   de  grandeur 
naturelle  et  grossi. 


488 


DERMATOSES    l'AnASITAIRES. 


plumes  ot  compromettent  rapidement  lélevage  (les/(//7(,'0»s 
ol  dos  poussins.  Les  «/v/a.v  sont  une  eaiise  d'anémie  et 
d'épuisement  pour  les  jeunes,  dont  ils  sucent  le  sanj;:,  une 
cause  d'inquiétude,  d'excitation  pour  les  adultes  connue 
pour  les  jeunes,  dont  ils  troublent  le  repos  et  le  sommeil. 
Les  couvées  sont  abandonnées,  ou  l'incubation  des  œufs 
est  très  irrégulière,  il   n'est    pas  rare  de   voir  les    jeunes 


Kig.  116.  — Argas  re/Jexiis  femelle. 
A,  face  dorsale  ;  B,  face  ventrale. 

mourir  d'épuisement  en  moins  de  quinze  jours.  Les  argas 
ne  sont  pas  seulement  dangereux  par  eux-mêmes,  ils  sont 
Irétiueinment,  notamment  au  lîrésil,  au  Soudan.  (>lc..  les 
agents  de  transniission  de  la  spirocliétose  îles  <j;illiii;iros. 
qui  peuvent  vivre  un  temps  prolonge''  ii)lus  de  cent  jours), 
après  la  surcinii  du  sang  de  jioules  infectées. 

Traitement.  —  (lu  débarrasse  les /j/^/eo/is des  Art/ns  en 
les  arrachant  par  une  traction  graduée,  de  manière  à  ne 
pas  laisser  le  roslri»  dans  la  jilaie  ;  on  écrase  ensuite 
les  parasites.  On  peut  également  insul'ller  dans  les  i)lumes, 
préalablement  humectées  avec  une  solution  de  savon  vert, 
une  poudre  insecticide.    On  a  conseillé  aussi  de  laver  les 


OISEAUX.    ACARIASE    ÊPIDERMOPTIQUE  DE    LA  POULE.       48'J 

pattes  des  pif/eons  avec  une  solution  alcoolique  de  baume 
du  Pérou  Ziirn).  Il  faut  surtout  prévenir  de  nouvelles 
infestations  en  récrépissant  les  murs,  en  blanchissant  à 
la  chaux  et  au  chlorure  de  chaux  les  parties  en  bois,  en 
les  échaudant  à  l'eau  bouillante  et  en  versant  du  pétrole 
dans  les  fentes  qui  peuvent  servir  d'abri  aux  parasites. 


VI.  —  ACARIASE    EPIDERMOPTIQUE  DE  LA  POULE- 

Cette  acariase,  déterminée  par  Epidcrmoptcs  hilobatus 
et  Epidcnnoptes  bifurcalus,  est  assez  commune  et  se  tra- 
duit par  un  pityriasis  intense  (Hivolta,  Caparini,  Fried- 
berger,  Lucet  et  Railliel).  Ces  acariens  très  petits  vivent  à 
la  surface  de  la  peau,  dans  la  profondeur  du  plumage  et 
au  milieu  «hi  duvet. 

Symptômes.  —  Cette  dermatose  occupe  la  tète  et  le  cou, 
la  région  du  jabot,  du  dos,  des  aisselles,  des  ailes  et  de  la  poi- 
trine. Elle  est  généralement  localisée  à  l'une  ou  l'autre  de 
ces  régions,  et  caractérisée  par  des  squames,  des  croûtes 
ou  des  plaques  croùteuses,  de  la  largeur  d"une  pièce  de 
5  francs,  et  de  5  à  6  millimètres  d'épaisseur.  Ces  produc- 
tions épiiiermiques  blanchâtres,  comparables  à  la  mie  de 
pain  desséchée,  sont  plus  ou  moins  stratifiées  ;  elles  occu- 
pent la  base  des  plumes  hérissées  et  pénètrent  à  l'intérieur 
du  lube  même  de  chaque  plume.  Au-dessous,  on  rencontre 
ÏÉpidermoptes  bilobatns  et  YEpidermoptes  bifuvcatus.  Ces 
deux  acariens  sont  surtout  nombreux  chez  les  poules 
cachectiques  ou  malades.  Il  n'est  pas  certain  que  ces 
deux  parasites  soient  la  cause  exclusive  de  cette  affection 
furfuracée.  Ils  sont  ordinairement  associés  soit  au  Sarco- 
ptes Isevis  (var.  gallinœ)  (Railliet  et  Lucet),  soit  au  Sar- 
coptes mutans,  soit  à  ÏAchorion  Schœnleini  (Caparini).  Ce 
sont  ces  derniers  qu'il  faut  généralement  incriminer;  les 
autres  ne  font  probablement  que  s'adapter  à  ce  milieu 
riche  en  exfoliations  épidermiques. 


490  DERMATOSKS    l'AnASITAIRES. 

Uiiiind  \os Epidermoptes  existent  seuls  à  la  siirlaco  «le  la 
peau,  celle-ci  est  comiilèlenient  saine  (Trouessart).  Il  est 
donc  probable  qu'ils  sont  inotïensil's. 

Traitement.  —  Les  l'rictionsavec  un  mélange  de  baume 
du  Pérou  et  d'alcool  ou  avec  une  solution  de  crésjl  débar- 
rassent les  poules  de  ces  parasites. 


CHAPITRE  IX 

DERMATOSES  CAUSÉES 
PAR  DES  INSECTES 


Les  insectes  parasites  des  animaux  vivent  à  la  surface 
du  tégument. 

I.  —  SOLIPÈDES. 

Les  solipèdes  présentent  des  hémiptères  ou  poux(pliti- 
riase),  des  diptères  ou  mouches  et  exceptionnellement  des 
larves  d'hypodermes. 

1-  —  PHTIRIASE. 

La  phtiriase,  connue  sous  le  nom  de  maladie  pcdica- 
laire  ou  pouillottement.  est  une  maladie  cutanée  produite 
par  des  poux. 

Les  poux  sont  des  insectes  de  petite  taille,  aptères,  à 
appareil  buccal  dispos*'  pour  piquer  et  pour  sucer.  Les 
mâles  sont  moins  nombreux  que  les  femelles,  qui  pondent 
un  grand  nombre  d'œiifs  appelés  lentes  ;  ils  sont  pourvus 
d'un  opercule  à  une  extrémité  et  fixés  très  solidement 
par  une  substance  agglutinante.  Les  jeunes  n'éprouvent 
pas  de  niiHamorphoses:  ils  ne  subissent  que  des  mues. 

Étiologie.  —  La  phtii"iase  des  solipèdes  est  produite  par 
V hématopiiim  inacr acéphale,  le  trichodecte  poilu  et  le  tri- 
chodecte  pubescent. 

L'H.EMATOPixus  MACROCEPHALUs  a  la  tête  allongée  petite, 
avec  une  espèce  de  protubérance  qui  sert  de  point  d'in.- 
plantation  aux  antennes  (fig.  llTet  118).  Letho'raxest  petit, 
l'abdomen  ovale,  de  couleur  gris  jaunâtre. 


492 


DERMATOSES    CAUSEES    PAR   DES    INSECTES, 


Lo  TuicHODECTii  POILU  il  iine  lOlc  aplatie.  La  têfe,  lo  tho- 
rax, les  pattes  et  rahiioincii  présentent  des  poils  sur 
leurs  deux  faces.  Le  riiàlc  inirtc  deux  pelotes  pointues 
sur  le  dernier  anneau  abdominal. 

i.e  TiucHOURCTE  l'unK'iCKNT  a  la  tète  poilue  sur  les  bords: 
il  est  plus  rare  que  les  iirécédenls. 

La  phliriase  revêt  un  caractère  épiz'jolique  très  mani- 
feste. Certaines  conditions  favorisent  la  contagion  et  la 
multiplication  des  parasites. 

La  malpropreté,  le  défaut  de  pansaiîc,  la  longueur  des 
poils  agissent  comme  causes  pri'-itisposantes.  On  a  remar- 
qué aussi  que  cette  atîection  se  développe  rapidement  sur 

les  animaux  amaigris  et 
débilités  par  des  maladies 
générales  ou  les  privations, 
la  misère  phvsiologique.  La 
phtiriase  hcmato pin  iq  ne 
sévit  surtout  chez  les  adid- 
tes;  la  phtiriase  trichodec- 
tique  chez  les  jeunes  (1). 

Symptômes.  —  Cette  der- 
matose est  caractérisée  par 
des  démangeaisons  intenses  accompagnées  de  grattages 
violents  :  lanimal  se  mord  avec  fureur,  se  fait  des  exco- 
riations saignantes,  frappe  le  sol  avec  ses  membres  posté- 
rieurs, lance  des  coups  de  pied  comme  s'il  voulait  se 
débarrasser  de  mouches  ;  et,  si  l'on  passe  la  main  sur  la 
partie  supérieure  de  la  croupe,  il  s'affaisse  immédiatement. 
Cette  hyperesthésie  si  vive  et  cette  agitation  revenant  par 
accès  (Peuch)  ne  s'observent  que  dans  quelques  cas  de 
phtiriase  hémalopinique  généralisée.  Habituellement,  les 
parasites  sont  localisés  au  toupet. à  la  crinière  et  àla  base 
de  la  queue,  dont  les  crins  sont   euiMiclés  et  hérissés.  Les 


V\g.  117  et  118.  —  Pattes  antérieures 
du  pou  de  tète. 


(1)  Peuch,   Phliriase  hémaloiiiniciue   chez   un  cheval  (Revue   vct.,  HUO, 
p.  liO). 


SOLIPÈDES.    IIH'POBÛSQUES.  493 

l'égions  affectées  présentent  des  papules  et  se  dénudent 
rapidement.  Quand  on  examine  la  peau,  on  constate  faci- 
lement la  présence  des  parasites  et  de  leurs  lentes. 

Cette  affection  est  facile  à  diagnostiquer,  vu  les  dimen- 
sions des  parasites;  elle  complique  très  souvent  la  gale 
sarcoptique. 

La  phtiriase  hcmatopinique  est  peu  grave  ;  la  phtiriase 
trichodectique  est  encore  plus  bénigne  ;  elle  ne  détermine 
aucune  lésion  et  ne  s'accuse  que  par  une  démangeaison 
modérée,  qui  engendre  l'enchevêtrement  des  poils  et 
des  crins.  Quant  ces  deux  phtiriases  coexistent  chez  le 
même  animal,  on  trouve  les  hématopinus  \ers  les  régions 
supérieures,    les  trichodectes  vers  les  régions  inférieures. 

Traitement.  —  Le  traitement  préventif  consiste  dans 
des  soins  île  propreté,  comme  un  pansage  régulier,  dans 
la  désinfection  des  écuries  avec  l'eau  bouillante  et  l'eau  de 
chaux.  On  tond  les  animaux  pour  rendre,  plus  efficace,  le 
traitement  curatif. 

Ce  traitement  consiste  en  frictions  de  pommade  mercu- 
rielle,  de  corps  gras,  d'huile  de  lin. 

On  a  utilisé  aussi  avec  succès  la  lotion  avec  une  décoc- 
tion de  feuilles  de  tabac  (30  grammes  par  litre).  Ce  pro- 
cédé n'est  pas  sans  danger  ;  il  ne  faut  pas  traiter  toute  la 
surface  du  corps,  en  raison  de  l'intoxication  possible  par 
les  alcaloïdes  du  tabac.  On  a  préconisé  aussi  une  décoction 
de  graines  de  staph^'saigre  (50  grammes  par  litre),  des 
poudres  insecticides,  des  émulsions  de  crésvl  ou  de  créoline 
à  dû  ou  15  p.  100  ;  un  mélange  à  parties  égales  d'huile  et 
de  benzine.,  ou  d'huile  et  de  pétrole,  ou  d'huile  de  chanvre. 

II.  —  HiPPOBOSQUES  (HIPPOBOSCA   EQUINA). 

C'est  un  insecte  diptère  brachycère ,  c'est-à-dire  à  corps  ra- 
massé, à  antennes  courtes  et  trapues  et  à  ailes  larges  ;  il  est 
connu  sous  le  nom  de  mouche  plate  ou  de  mouche-araignée. 

Vhippobosqiœ  pond  des  pupes  et  non  des  oeufs.  Ceux-ci 
Cadéac.  —  Pathologie  interne.  VIL  28 


i94 


DERMATOSES    CAUSÉES    PAlt    DES    INSECTES. 


restent  un  certain  temps  dans  une  dilalation  du  vayin  et 
deviennent  larves.  Ces  larves  se  nourrissent  dans  le  vagin 
avec  la  sécrétion  d'appendices  glandulaires  de  l'utérus. 
Après  plusieurs  mues,  elles  passent  à  l'état  de  nymphe  ou 
pupe  et  sont  expulsées  (fig.  119). 

On  rencontre  surtout  l'hippobosque 
en  été  ;  il  s'attaque  principalement 
aux  r/;Gv////A-,quel(]uerois  aux  hœiil'sow 
aux  chiens.  Il  se  pose  sur  les  parties 
dénudées  ou  à  peau  fine  et  glabre 
(voisinage  de  l'anus,  périnée  et  face 
interne  des  cuisses)  et  court  avec  rapi- 
dité sur  le  corps  de  son  hôte.  Certains 
c Jjev a iL\ sont  irès  sensil)lesaux  déman- 
geaisons (juils  procurent  et  ruent  à  leur  simple   contact. 


Fig.    119.    _  Hippobos 
que  du  ckevnl. 


III.  —  GLOSSINES   OU  TSETSÉS 

Parmi  les  mouches  piqueuses.  les  glossines  jouent  un 
rôle  capital  dans  la  transmission  des  trjpanosomes. 
Elles  possèdent  des  ailes  plus  longues 
que  l'abdomen  se  recouvrant,  comme 
les  branches,  d'une  paire  de  ciseaux  et 
une  énorme  trompe  située  dans  le 
prolongement  de  iaxe  du  corps.  Cette 
trompe  est  constituée  de  deux  pièces 
Fig.  120  —  isctsù  au    ,1,^    l'orme     de  gouttières,    enclavées 

repos,  grandeur  natu-     ,,  ,  i,       ,  i      i.  ■     n.    • 

i-oiie.  1  une  (tans  I  autre  :  la  lèvre  intérieure 

formant  gaine  se  termine  en  avant 
par  deux  organes  tactiles,  les  labelles  :  elle  renferme  ilans 
sa  concavité  la  lèvre  supérieure,  l'hypopharynx  trans- 
formé en  un  canal  à  la  base  duquel  s'ouvre  la  bouche. 
Les  palpes,  gros  et  longs,  sont  creusés  de  fai'on  ;\  foi'mer, 
en  se  rapprochant,  un  fourreau  à  la  trompe.  Le  thorax 
est  gris  cendré  avec  des  taches  brimes:  les  ailes  et  les 
pattes  sont  jaune    brunâtre,   mais  la    |»artii'   postérieure 


SOLIPÈDES.    —    SIMULIES.  495 

des  anneaux  est  généralement  jaunâtre  (Guiart)  (fig.  120). 
Très  répandues  dans  l'Afrique  tropicale,  les  tsetsés  affec- 
tionnent les  endroits  ombragés  et  les  bords  des  rivières  et 
des  lacs;  elles  volent  avec  une  vitesse  extrême,  se  gorgent 
du  sang  des  animaux  qui  passent  et  regagnent  la  brousse. 
Elles  ne  pondent  pas  d'œufs,  mais  donnent  naissance  à  des 
larves  jaunâtres  qui  s'enfoncent  dans  le  sable  ou  la  vase, 
se  transforment  en  pupes  noirâtres  d'où  sortent  les  insectes 
parfaits  au  bout  d'un 
mois  ou  deux.  Les 
principalesespècessont  : 
Glossmamorsttans,Glos- 
sina  palUdipes,  Glossina 
palpalis,  Glossina  tachi-      pj^  j^,,  _  g^^,  v\^.iiî>.-SimuUum 

noides jGlossinalongipal-      moxys  calcitmns.        columbalczense. 

pis,  Glossina  fusca,  etc., 

qui  toutes  jouent  un  rôle  important  dans  la  transmission 

des  trypanosomoses. 

IV.  —  STOMOXES. 

Les  stomoxes  ou  mouches  piqueuses  d'automne  repré- 
sentent les  glossines  dans  nos  pays  ;  elles  sont  communes 
à  la  fin  de  l'été  dans  le  voisinage  des  écuries.  La  trompe,  sem- 
blable à  celle  des  tsetsés,  en  fait  un  dangereux  agent  de  trans- 
mission des  trypanosomes  {siirra,  mal  de  cadcra)  et  de 
microbes  comme  la  bacléridie  charbonneuse.  La  piqûre 
des  stomoxes  [Stomoxys  calcitrans  (fig.  122),  Stomoxys 
nigra,  etc.]  peut  être  suivie  d'une  papule. 

V.  —  SIMULIES- 

Les  simulies  s'attaquent  aux  chevaux.  La  simulie  cen- 
drée est  très  commune  dans  les  forêts  de  Chantilly,  de 
Compiègne,  de  l'Argonne;  elle  attaque  les  chevaux  aux 
parties  dépourvues  de  poils  et  surtout  dans  l'intérieur  de 
la  conque  auriculaire  (fig.  122).  Les  chevaux  conservent 


496  OKRMATOSES    CAUSÉES    PAR    DES    INSECTES. 

souvent,  pendant  plusieurs  jours,  ù  la  suite  de  ces  pi- 
qûres, une  grande  sensibilité  des  oreilles  qui  les  rend 
difficiles  à  brider. 

VI.  —   TABANIDÉS.  ' 

Le  taon  aveuglant  ou  petit  taon  dex  pluies,  taon  au- 
tomnal, se  fixe  principalement  aux  faces  latérales  <le 
la  tête  el  détermine,  par  ses  piqûres,  une  vive  déman- 
geaison suivie  de  dermatite  sorpigineuse  [Ablaire  (I). 
Langinv(2)].  Cette  maladieest  très  commune  dans  la  vallée 
de  la  Marne  ;  elle  sévit  principalement  pendant  les  étés 
cbauds  dans  les  endroits  boisés  et  marécageux.  Les  taons 
se  fixent  principalement  au  niveau  des  joues,  c'est-à-dire 
là  où  la  peau  est  fine  et  sensible.  Les  chevaux  se  frottent 
contre  tousles  objetsàleurportée,  s'excorient  letégument, 
qui  laisse  suinter  un  liquide  sanguinolent;  il  se  produit 
ainsi  des  traînées flexueuseslympbatiques  d'aspect  conver- 
geant plus  ou  moins  prononcé  vers  les  lèvres.  Les  zébrures 
pi'ésentent  toutes  un  sillon  blanchâtre,  superficiel,  dépas- 
sant à  peine  la  couche  de  Ahilpighi;  elles  résultent  d'une 
lymphangite  superficielle  et  se  dirigent  vers  les  ganglions 
préauriculaires  [Nicolas  et  Cazenave  (3)].  Ces  lésions  gué- 
rissent d'elles-mêmes  en  septembre. 


VII.    —    LARVES  DE   MOUCHES- 

Les  larves  parasites  de  la  peau  du  clicvul  comprennent 
des  muscidés  et  des  œstridés. 

Parmi  les  larves  des  TO?/sc/(7ds.  citons:  1°  \ç  sarcophar/c  ma- 
gnifique [Sarcopharja ma(jni/ira f Schiner)], Sarcophila  W'ohl- 
favti  (Portchinskv).  L'insecte  parfait  se  tient  loin  des 
habitations  (fig.  1^3'.  La  femelle  dépose  ses  larves  sur 
les  plaies  du  corps  de  Ions  les  animaux  ou  dans  les  plis 

(1)  Ablaire,  liuU.  de  la  Soc.  centr.  de  utrd.  vét.,  30  mai  190s. 

(2)  Langiny,  id. 

(3)  Nicolas  et  Cazenave,  /iu/l.  rie  la  Soc.  centr.,  juin  tOOS. 


SOLIPEDES. 


HYPODEUMOSE. 


491 


de  peau  souillés  de  matière  sébacée,  comme  les  lacunes 
médiane  et  latérales  de  la  fourchette,  la  cavité  du  four- 
reau, le  pli  du  paturon  du  cheval,  la  région  inguinale  des 
varlies.  l'intérieur  des  oreilles  des  chiens.  Forgeot  a  signalé 
une  tumem-  parasitaire  de  lauge  renfermant  douze  de 
ces  larves  (1). 

Cette  larve  est  sans  doute  la 
seule  qui  infecte  les  plaies  des 
animaux. 


VIII.     —     OCHROMYIE 

ANTHROPOPHAGE. 

[Ochromyia  anthropophaga  ou 

mouche   de    Cayor    (Railliel)]. 


\-Xi.  —  Sarcophaga  carna- 
ria.  Mouche  et  sa  larve. 


Cette  mouche  dépose  ses 
œufs  dans  le  sable,  —  et  les  larves  qui  en  sortent  (vers  de 
Cayor)  s'attaquent  à  la  peau  des  animaux  [cheval,  mulet, 
chameau,  chëvvp,  chat),  et  surtout  àcelle  du  cA/wj.  Sa  pré- 
sence se  décèle  par  de  petites  tumeurs  recouvertes  d'une 
croûte  brunâtre  et  à  développement  rapide.  Après  six  ou 
sept  jours,  la  larve  sort  pour  se  transformer  en  pupe,  d'où 
résulte  l'insecte  parfait.  Ces  tumeurs,  peu  dangereuses 
en  petit  nombre,  se  montrent  sur  les  parties  du  corps  en 
contact  avec  la  peau.  Les  chiens  atteints  s'en  débarrassent 
rapidement  à  Saint-Louis  même,  alors  qu'ils  en  sont 
couverts   à  M'Pal.  qui  esta  32  kilomètres  (Railliet  . 


IX. 


HYPODERMOSE- 


Les  larves  d'œstres  {(Estrus  cuticolis),  qui  vivent  chez  le 
Loeuf  comme  parasites  de  la  peau,  appartiennent  aux 
genres  hypoderme.  La  larve  de  cet  hypoderme  vit  en  pa- 
rasite dans  le  tissu  cellulaire  sous-cutané  du  cheval  ou  de 


(1)  Forgeot,  Recueil  dliyg.  et  de  méd.  vét.  milit.,  1906. 


28. 


498  DERMATOSES    CAUSÉES    PAH    DES    INSECTES. 

Viine,  où  elle  détermine  des  tumeurs  analogues  à  celles 
qnf  provoque  l'hvpoderme  du  bœuf,  mais  ellos  sont  un  pou 
moins  volumineuses. 

Leur  présence  ne  paraît  pas  troubler  la  santé  des  ani- 
maux ;  mais  la  valeur  du  cuir  (]ui  est  percé  est  de  beau- 
coup diminuée. 

Traitement.  —  Les  moyens  préventifs  à  employer  contre 
les  difitércs,  soit  au  dehors,  soit  à  l'écurie,  sont  les  uns 
mécaniques,  les  autres  pharmaceutiques. 

Parmi  les  premiers,  les  éinouchoirs  à  main,  les  mousti- 
quaires, les  caparaçons,  les  oreillères.  les  filets  chasse- 
mouches,  sont  très  employés  pendant  le  travail.  .\  l'écurie, 
l'emploi  de  rideaux,  de  volets,  de  filets  maintenant  une 
obscurité  relative,  empêche  l'entrée  des  insectes.  Le  seul 
inconvénient  de  ces  moyens  est  de  diminuer,  en  même 
temps,  l'entrée  de  l'air. 

Les  moyens  pharmaceiiti'^ues  sont  très  nombreux.  On  a 
beaucoup  conseillé  les  corps  gras  :  l'huile  de  cade. 
l'huile  empyreimiatique,  l'huile  de  poisson  :  mais  ils 
salissent  les  harnais  et  la  robe  des  animaux. 

A  la  campagne,  on  frotte  les  animaux  avec  des  l'euilles 
de  noyer,  d'euphorbe  ;  le  suc  qui  imprègne  les  poils  l'ail 
fuir  les  insectes.  On  peut  aussi  se  servir  de  décoctions 
de  feuilles  de  noyer  ou  de  macérations  de  ces  feuilles 
dans  du  vinaigre.  La  décoction  étendue  de  labae 
(100  grammes  par  litre)  ;  le  mélange  : 

Asa  foelida GO  grammes . 

Vinaigre 150        — 

Eau 200        — 

la  solution  d'aloès  à  3  p.  1000.  enfin  tous  les  corps 
amers  odorants  ou  nauséeux  repoussent  les  insectes. 

A  l'écurie,  on  peut  étouffer  les  mouches  en  brûlant  des 
feuilles  de  courge  ou  autres  plantes  pendant  l'absence  des 
animaux,  mais  cette  fumée  ûcre,  qui  l'este  forcément  en 
partie  dans  l'élablc.  fatigue  les  sujets  à  leur  rentrée. 


BOVIDÉS.    —    PHTIRIASE.  499 

Le  mieux,  et  c'est  ce  qu'on  fait  dans  presque  tous  les 
pays  à  la  campagne,  c'est  de  suspendre  au  plafond  de 
petits  balais  de  bruvère,  de  saule,  de  genêt  ou  de  fou- 
gère, dans  lesquels  les  mouches  viennent  se  réfugier  la 
nuit.  On  n"a  alors  qu'à  brûler  les  balais  ou  simplement 
les  secouer  au-dessus  d'un  feu. 

Les  piqvires  produites  sont  en  général  bénignes;  les 
douches  et  les  affusions  d'eau  froide  font  presque, 
toujours  disparaître  le  prurit  et  les  tuméfactions  engen- 
drés par  les  diptères. 

II.  —  BOVIDÉS. 

I.   —  PHTIRIASE. 

Chez  lesbétes  à  cornes,  laphtiriase  est  produite  par  trois 
parasites  spéciaux  :  Vhématopinus  curysterne.  Yhcmatopi- 
Hus  trniiirostre  et  le  trichodectc  scalaire. 

L'hématopimis  eurysterne  a  une  tête  courte,  arrondie  en 
avant;  l'abdomen  est  ovale,  de  couleur  jaunâtre,  pré- 
sentant une  tache  génitale  noirâtre  (tig.  124). 

Vhématopinus  tenuirostre  a.  une  tête  allongée,  enfoncée 
dans  le  thorax,  un  abdomen  étroit.  Sa  teinte  générale  est 
foncée,  plus  claire  aux  pattes  et  à  l'abdomen  (fig.  125). 

La  trichodecte  scalaire  a  une  tête  aplatie  et  couverte 
de  poils.  Il  n'a  pas  de  pelotes  pointues  au  dernier 
anneau    de    l'abdomen,    comme     le    trichodectc  poilu. 

La  phtiriase  est  toujours  favorisée  par  un  défaut  de 
pansage,  par  l'accumulation  de  poussières  à  la  surface 
du  tégument.  On  la  remarque  chez  les  animaux  affaiblis 
par  la  cachexie  aqueuse  ou  la  tuberculose. 

Symptômes.  —  Comme  chez  le  cheval,  on  constate  un 
prurit  violent  qui  provoque  des  frottements  et  incite 
l'animal  à  se  lécher  ;  les  poils  tombent  par  larges  plaques  ; 
il  se  produit  une  sécrétion  épidermique  abondante  et 
quelquefois  des  épaississements  de  la  peau. 

La  phtiriase  trichodectique  est  fréquente  chez  le  bœuf; 


500 


DERMATOSES    CAUSEES    PAR    DES    IXSECTES. 


elle  peut  régner  sur  tout  le  corps,  tandis  que  la  phti- 
riasc  hcmntopinique  se  montre  surtout  au  rhignon  et  au 
bord  supérieur  de  l'encolure. 

Diagnostic.   —   Cotte   affection  est   toujours  d'un  dia- 


Kig.  1:24. — Hématopinus  eursylerne 
(pou  du  bœuf). 


l'ig.  \ih. —  Hématopinus  tenut- 
roxlre  (pou  du  veart). 


gnostic  facile.  Confondue  quelijuefois  avec  une  gale,  à 
cause  de  la  sécrétion  épidermique  et  des  épaississements 
de  la  peau,  elle  s'en  distingue  par  la  découverte  des  para- 
sites. 

Pronostic.  —  Kelativement  grave,  car  il  se  produit  des 
dépilations  qui  peuvent  déprécier  ranimai  pendant  un 
certain  temps. 

Traitement.  —  A  cause  de  l'habitude  qu'ont  ces  ani- 
maux de  se  servir  de  leur  langue  pour  se  gratter,  ou 
doit  prohiber  tous  les  agents  toxiques  ou  irritants 
des  voies  digestivos.  On  doit  aussi,  pour  le  mémo  motif, 
renoncer  aux  mercuriaux.  Un  emploie,  de  préférence,  des 
émulsions  de  crésjl  et  les  lavages  sulfureux.  Une  simple 
onction  de  corps  gras  sulTil  quelquefois  pour  arrêter  le 
développement  de  l'alfeclion  et  pour  guérir  l'animal. 


BOVIDES. 


TAONS. 


501 


II. 


HIPPOBOSQUE. 


Une  espèce  {Hippohosca  rufipes),  très  commune  dans 
l'Afrique  du  Sud,  est  parasite  des  bovidés  et  transmet  une 
trvpanosomose  (1). 

III.  —   HÉMATOBIES. 

Les  hématobies,  hématobie  stimulante  [Hœmatobia  sti- 
mulans),  l' hématobie  à  scie  [Hœmatobi  serrata),  V héma- 
tobie irritante  {Hwmatobia  irritans),  ï hématobie  féroce 
{Hœmatobia  ferox)  vivent  dans  les  prairies  et  s'attaquent 
principalement  aux  bovidés;  elles  se  posent  par  groupes 
à  la  base  des  cornes,  puis  elles  s'enfoncent  au  milieu  des 
poils  de  l'encolure,  du  poitrail,  des  aisselles,  des  aines,  insi- 
nuent leur  trompe  et  sucent  le  sang. 


IV.  —  TAONS. 


Ce  sont  de  grosses  mouches  qui  s'attaquent  principale- 
ment aux  clicvaux  et  mw  bœufs.  Ils  possèdent  une  trompe 


Kij--.  126.  —  Taon  des  bœii/s. 


Fit;-.  127.  — Taon  aveucrlant. 


puissante  qui  les  rend  redoutables  pondant  l'été  aux  heures 
les  plus  chaudes  de  la  journée  ou  pendant  les  temps  orageux. 

(1)  Les  glossines,  les  stomoxes,  les  ixodes  réduves  s'attaquent  aux  bovidés 
comme  aux  solipédes. 


j02 


DERMATOSES    CAUSEES    PAR    DES    INSECTES. 


Les  espèces  les  plus  communes  sont  :  le  taon  noir 
{Tabamts  morio),  le  taon  des  bœufs  {Tabanua  bovinus).  le 
laon  automnal  (Tabanus  aulumnalis),  le  taon  bruyant 
[Tabamts  bromiits),  le  taon  ïanw  {Tabanus  fulvus).  le  taon 
rustique  Taban^^s  7'ustiais),  le  petit  laon  fluvial  iH.rniato- 
pota  fluvialis),  le  petit  taon  aveuglant  {('ftrysops  csccii- 
liens)  (fig.  d26et  127). 


V.  —  SIMULIES. 

Les  simulies  sont  aux  animaux  ce  que  les  cousins  sont 
à  Yliomme.  Ces  insectes  s'attaquent  aux  bovidés,  aux 
moutons  et  aux  soUpèdes  dans  les  divers  pays. 

Les  parties  piquées  par  la  simulie  tachetée  deviennent 
rouges,  hémorragiques,  tuméfiées  et  douloureuses  (Tis- 
serant). 

VI.  —  MUSCIDES. 

Lesmuscidcs  qui  nous  intéressent  le  plus  sont  ceux  qui  se 

nourrissent  de  sang  ou  des  sécrétions  cutanées  des  ani- 
maux. Parmi  eux.  signalons  di- 
verses espèces,  ressemblant  à  la 
mouche  commune  [Musca  domes- 
tka). 

Telles  sont  :  la  mouche  bovine 
[Musca  borina),  la  mouclie  corvine 
{Musca  rorvina),  la  mouche  des 
vacitcs  {Musca  vacchia),  la  mouche 
vagabonde  {Musca  vagatoria).  la 
mouche-bourreau  {Musca  cunifer), 
la  mouche  vitripenne  (Musca  vitri- 
pennis),    la   mouche   des  jardins 

{Musca  hortorum),  la  mouche  importune  {Mu.'^ca  .^ilimulans), 

la  mouche  dorée  {Lucilia  Cxsor)  (fig.  128). 

Elles  tourmentent  les  animaux  par  les  chatouillements 

et  les  démangeaisons  qu'elles  produisent  à  l'aide  de  leur 

trompe  et  de  leurs  pattes. 


Fig.  128.  —  Mouche  dorée. 
a,  la  mouche;  b,  sa  larve. 


BOVtDÉS.    —    HYPODERMOSE.  503 

Traitement.  —  Il  est  prophylactique  ou  curatif. 

La  prophylaxie  consiste  à  éloigner  les  mouches  des 
habitations  des  animaux.  A  cet  effet,  les  écuries  sont 
tenues  très  propres  et  maintenues  obscures,  ou  bien 
on  s'arrange  afm  que  l'écurie  n'ait  qu'une  seule 
fenêtre  pourvue  d'un  fikt.  Si  des  mouches  se  sont  intro- 
duites, on  {)end,  au  plafond  de  l'écurie,  des  brindilles 
de  bois  ou  des  balais  sur  lesquels  elles  se  posent;  et,  la 
nuit  venue,  on  brûle  le  tout.  On  peut  encore  les  chasser 
en  brûlant  dans  les  écuries  des  feuilles  sèches  de  courge. 

Le  traitement  curatif  comprend  de  nombreux  moyens  ; 
mais  les  résultats  obtenus  ne  sont  pas  toujours  excellents  : 
on  peut  enduire  les  animaux  d'une  décoction  de  feuilles 
de  noyer,  de  feuilles  de  tabac  (100  grammes  pour  i  litre), 
d'une  infusion  de  basilic  (Amérique),  d'une  solution 
d'aloès  (5  grammes  pour  1    litre   d'eau),  d'un  mélange  : 

Asa  fœtida 60  grammes . 

Vinaigre 150         — 

Eau 200        — 

L'alcool  camphré,  l'essence  de  térébenthine,  l'huile 
empyreumatique,  l'huile  de  poisson,  la  poudre  de  céva- 
dille  répandue  sur  le  corps,  ont  été  employés. 

Quand  les  plaies  sont  infectées  par  les  larves,  on 
s'adresse  aux  moyens  antiseptiques  et  curatifs. 

Vil.   —  HYPODERMOSE. 

L'hypodermose  bovine  est  caractérisée  par  le  dévelop- 
pement dans  les  parties  supérieures  du  corps  de  nodosités 
renfermant  les  larves  deVHypoderma  bovis  ou  VBijpoderma 
lineata,  qu'on  trouve  en  Europe  et  dans  toute  l'Amérique 
du  Nord. 

Étiologie.  —  L'insecte  parfait  est  une  grosse  mouche 
d'aspect  noirâtre  et  très  velue.  Sa  longueur  est  de  13  à 
15  millimètres.  Les  ailes  non  tachetées  sont  enfumées 
(lig.  129  et  130). 


i04 


DERMATOSES    CAUSEES    PAR    DES    INSECTES. 


F.a  femelle  est  pourvue,  h  son  exlrémilé  postérieure, 
(Tune  tarière  formée  de  segments  s'einboflant  les  uns 
flans  les  autres  et  armés  de  croehofs  au  milieu  desquels 
on  distingue  une  pince  qui  sert  à  déposer  les  œufs. 

Cette  mouche  ressemble  à  un  bourdon  :  elle  séjourne 
dans  les  pâturages  bordés,  loin  des  étangs,  des  rivières  et 
des  habitations,  pendant  les  mois  de  l'été,  ordinairement 
de  mi-juin   au  commencement  de    septembre.    Elle   est 

commune  dans  toute 
l'Europe,  mais  on  la 
trouve  aussi  en  Asie 
et  en  Afrique.  Sa  larve 
peut  se  développer 
chez  le  clievul,  Vùiieei 
même  chez  Vbominc. 
Évolution.  —  La 
femelle  de  l'hvpoder- 
mo  dépose  ses  œufs 
sur  les  poils  des  rumi- 
nants. On  a  surpris 
Vlli/poderma  linealum  au  moment  où  il  déposait  ses  onifs 
au  nombre  de  quatre  à  six  sur  les  poils  de  diverses 
régions.  Ces  œufs  sont  blancs,  elliptiques,  pourvus  en 
arrière  d'un  appareil  de  fixation  brunAtre  ;  ils  mesurent 
environ  li^m.iirj  de  long  et  contiennent  une  petite  larve 
qui  ne  tarde  pas  à  éclore. 

Ces  (arvulen,  couvertes  d'une  série  de  couronnes  de  pi- 
quants, sont  enlevées  directement  ou  avec  les  œufs  par  la 
langue  du /)*»/*  et  avalées  comme  les  larves  degastropbiles 
par  les  solipèdes;  mais  elles  se  fixent  aux  voies  digestives, 
franchissent  leurs  parois  grAce  à  leurs  crochets  buccaux 
et  il  leur  revêtement  épineux  ;  elles  s'introduisent  aussi 
dans  le  tissu  conjonctif  sous-muqueuxdela  partie  inférieiuT 
de  l'œsophage  et  de  l'entrée  de  la  panse,  comme  en  témoi- 
gnent les  observations  de  Curtice  (1890)  sur  les  larves 
dhvpoderme  rayé,  de  Konrevaar  (18%-1.S!)8).  Koch  (181)3- 


Fig.  li'O  el  130.  —  Œstre  du  bœuf, 
a,  larve;  b,  insecte  p.u-fait. 


BOVIDES.    —    HYPODERMOSE. 


505 


1904),  Jost  (1)  (1907).  Strose  (2)  (1910),  Vaney(1911).  sur 
les  formes  de  l'hypoderme  du  hœuf. 

Ces  larves  cylindriques  vitreuses  et  plus  ou  moins  trans- 
parentes, de  4  à  5  millimètres  au  début,  puis  de  12  à 
15  millimètres,  sont  plongées  dans  une  sorte  de  gelée  jaune 
rouge,  rappelant  la  gelée  de  coing  (fig.  131).  Ces  massesgrais- 
seuses,  qui  adhèrent  à  la  partie  de  l'œsophage  infectée  de 
larves,  offrent  une  couleur  jaune  rougeâtre  qui  fait  recon- 


^Sa^^ssa; 


Fig.  131.  —  Phase  œsophagienne  de  la  larve  d  œstre  (d'après  Vaney) 


naître  leur  présence.  Avec  leurs  crochets,  les  larves  perforent 
les  tissus;  avec  leurs  piquants,  elles  écartent  les  fibres  con- 
jonctives et  déterminent  une  vive  irritation  locale  suivie  de 
la  foi'mation  de  nodosités  gris  verdâtre  et  d'un  exsudât 
séro-sanguinolent  pendant  toute  la  durée  de  leur  migration 
œsophagienne  (3). 

Situées  à  la  partie  inférieure  de  l'œsophage. dès  latin  du 
mois  de  juin  à  la  fin  de  Tété,  elles  se  répandent,  jusqu'au 
mois  de  janvier,  dans  toute  la  région  œsophagienne,  où 
grandes  et  petites  sont  mélangées  pour  se  rapprocher  de 
nouveau  de  l'entrée  de  la  panse,  au  commencement  de 
l'hiver  (Jost).  Celles  qui  périssent  au  cours  de  ces  péré- 
grinations sont  reconnaissables  à  leur  teinte  gris  jaunâtre. 

(1)  Jost,  Association  française  pour  la  destruction  du  varron,  dé- 
cembre 1911. 

(-2)  Strose,  Recherches  sur  la  biologie  des  hypodermes  et  sur  la  lutte  contre 
les  varrors  (Recueil  de  tnéd.  vél.,  1911,  p.  178). 

(3)  Stubbe,  Les  larves  d'hypodermes  (Recueilde  méd.  vét.,  1911, p.  179). 

Cadé.\c.  —  Pathologie  interne.  VII.  29 


506  DERMATOSES    CAUSÉES    PAR    DES    INSECTES. 

Leur  phase  œsophagienne  est  essentiellement  transitoire 
et  (le  durée  très  variable.  La  plupart  ne  s'y  attardent  pas. 
Dès  la  fin  de  rautomno,  quelquefois  même  avant,  elles 
ont  perforé  la  musculeusc  de  Td-sopluige  et  se  sont  répan- 
dues dans  le  tissu  conjonclif  voisin;  puis  elles  envahissent 
le  médiastin,  le  bord  gastrique  de  la  rate,  les  piliers  du 
diaphragme,  l'épiploon,  le  rein,  les  côtes  [Hinrichsen.  Cur- 
tice.  Keiser  (189.5),  Koch  et  Jost].  Elles  se  déplacent  i'aei- 
lenienl.  de  sorte  que  leur  migration  est  assez  rapide  :  elles 
suivent  g  néralement  le  trajet  des  vaisseaux  et  des  nerfs, 
traversent  le  tissu  conjontif  intermusculaire  des  psoas  et 
sintroduisent.  en  grand  nombre,  dans  le  canal  i-achidien, 
parles  trous  de  conjugaison  des  vertèbres.  Arrivéeslà,  dès  le 
mois  (le  novembre  ou  plus  tard,  elles  y  séjournent,  princi- 
palement, pendant  les  mois  de  janvier  et  de  février.  On 
les  trouve  dans  le  tissu  adipeux,  interposé  entre  le  périoste 
du  canal  vertébral  et  la  dure-mère  rachidienne.  Leur  pré- 
sence y  est  dénoncée  «  par  des  taches  jaune  verdâtre  œdé- 
mateuses, parfois  un  peu  injectées,  qui  apparaissent  sur 
la  graisse.  Elles  mesurent,  en  moyenne,  de  10  à  12  milli- 
mètres et,  au  lieu  d'être  transparentes,  comme  celles  de 
lœsophage,  ont  un  aspect  opaque.  Leur  nombre  est  tou- 
jours moins  élevé  que  dans  l'œsophage,  car  il  y  on  a,  sans 
doute,  quelques-unes  qui  périssent  en  route,  mais  il  y  en 
a  sm-toul  une  grande  partie  qui  évitent  de  passer  par  le 
canal  rachidien  »  (Kailliet). 

Certains  auteurs,  parmi  lesquels  Jost,  considèrent  ce 
séjour  dans  le  canal  vertébral  comme  indispensable  au 
développement  normal  de  la  larve  ;  mais  la  plupart 
estiment  (pie  la  migration  peut  s'effectuer  directement 
vers  la  peau,  sans  le  moindre  st'jonr  dans  le  canal 
rachidien. 

Dans  tous  les  cas,  elles  désertent  cet  abri  au  bout  de 
deux  à  trois  mois,  de  sorte  qu'on  ne  les  y  voit  plus  guèr  > 
ver  la  fin  du  nwis  de  mars.  Elles  sortent  par  les  mêmes 
Grillées  oui  ont  servi  à  leur  pénétration  et  se  dirigent  vers 


BOVIDES. 


HYPODERMOSE. 


507 


leur  séjour  définitif  :  le  tissu  conjonctif  sous-cutané,  par 
la  voie  du  tissu  conjonctif  intermusculaire  de  la  partie 
supérieure  du  corps.  On  peut  commencer  à  les  y    décou- 


Fig.   132.  —  Accumulation  des  larves  dans  certaines  régions  sous-cutanées 
(d'après  Boas). 


vrir  vers  la  fin  du  mois  de  janvier,  la  plupart  y  arrivent 
de  février  à  avril.  La  région  qu'elles  occupent,  limitée  à 
la  région  dorso-lombaire,  est  comprise  entre  l'avant-der- 
nière  vertèbi-e  dorsale  et  la  dernière  vertèbre  lombaire.  Ce 
lieu  de  rendez-vous  des  larves,  sillonné  de  trajets,  présente 
des  altérationsmécaniques  et  toxiques  très  accusées  :  le  tissu 


508 


DERMATOSES    CAUSEES    PAR    DES    INSECTES. 


conjonclif  lormo  une  masse  variqueuse,  gélatineuse,  avec 
des  sull'usions  sanguines,  des  œdèmes  jaune  veniàtre.  (ies 
excréments  de  larves  et  des  collections  purulentes  dont 
l'ensemble  présente  un  aspect  repoussant  ;  ces  lésions 
s'étendent  même  jusque  dans  le  pannicule  adipeux  et  dans 
les  faisceaux  musculaires  sous-jacents  [Kailliet  (1)].  La 
plupart  terminent  leur  odvssée  dans  le  tissu  conjonctii" 
de  cette  région  des  reins  :  beaucoup  continuent  encore 
leurs  pérégrinations,  pendant  huit  à  dix  jours,  pour  se 
fixer  dans  la  région  qui  leur  paraît  convenable  ;  elles 
s'installent  de  préférence  sur  le  dos,  les  reins,  la  croupe, 
les  épaules,  les  côtes  et  les  flancs  (lig.  132). 

C'est    alors  que    leur   extrémité  anale,  garnie  d'épines, 

perfore  la  peau 
pendant  que 
leur  extrémité 
antériem-e  est 
dirig(''e  vers  la 
profondeu".  En 
même  temps,  et 
quelquefois 
avant,  chaque  larve  forme,  autour  d'elle,  une  capsule  de 
nature  conjonctive  résultant  de  l'irritation  et  de  l'inflam- 
mation du  tissu  avoisinant.  Cette  néoformation  conjonc- 
tive, de  forme  nodulaire,  de  la  grosseur  d'un  pois,  ferme 
et  nettement  circonscrite,  possède,  au  centre,  une  cavité 
rem|)lio  d'un  exsudât  visquMix,  jaune  grisâtre  ou  séro- 
sanguinolonl.  Depuis  le  moment  de  l'ingestion  de  l'œuf 
ou  de  la  larve,  jusqu'à  l'apparition  de  la  tumeiu*  et  de  la 
perforation  de  la  peau,  sept  mois  se  sont  écouh-s  dans 
l'œsophage,  dans  le  canal  vertébral  ou  dans  les  divers 
tissus  qu'elle  a  traversés  avant  d'atteindre  le  tissu  conjonc- 
lif sous-cutané.  Certaines  larves  retardataires  ne  pour- 
suivent 1  -ur  évolution  que  l'année  suivante  (fig.  133). 


Fig.    KiJi.   —  Perforalion  de    la   peau  de   dedans  en 
dehors.  ,\spect  des  capsules  (daju'ès  Boas). 


(1)  Railliet,  L'évolution  des  varrons,  leurs  dégâts,  moyens  de  les  combattre 
Association  françaisp  ponr  la  ricstrurlion  du  varro»,  fiWr.  1911). 


BOVIDÉS.    —    HYPODERMOSE.  509 

Le  deuxième  stade  qui  succède  à  la'perforation  de  dedans 
en  dehors  de  la  peau  est  caractérisé  par  une  mue  qui 
change  la  foi-me  du  corps  de  la  larve  et  transforma  son 
appareil  i*(»spiratoire.  Pendant  un  mois  ou  un  mois  et 
demi  que  dure  cet  état,  la  larve  atteint  15  millimètres  :  la 
tumeur  grossit,  la  capsule  s'épaissit  et  l'orifice  cutané 
s'élargit  graduellement. 

Le  troisième  stade,  caractérisé  par  une  seconde  mue, 
dure  environ  deux  à  trois  mois;  la  tumeur  se  convertit  en 
abcès  ;  la  larve  arrive  à  maturité  en  mai,  juin,  quelquefois 
en  juillet  ou  même  en  août  ;  elle  sort  le  matin  de  son  habi- 
tat et  gagne,  en  rampant,  un  abri  propice.  La  durée  de  la 
nymphose  est  d'environ  vingt-six  à  trente  jours;  l'insecte 
parfait  sort  de   sa  prison,  et  l'évolution  recommence  (1). 

Lhypodermose,  rare  chez  les  veaux  ei  chez  les  animaux 
âgés,  atteint  surtout  les  adultes  bien  constitués,  vivantdans 
les  pâturages  ;  on  ne  l'observe  jamais  chez  les  animaux 
entretenus  en  stabulation  permanente.  La  contamination 
des  animaux  est  favox'isée  par  un  été  sec  et  chaud 
[Lehmann  et  Vaney  (2)]. 

Symptômes.  —  Du  mois  de  février  au  moisde  mars,  les 
larves  d'hypoderme,  parvenues  dans  la  région  des  reins, 
de  la  croupe,  des  épaules  et  des  côtes,  plus  i*arement  au 
niveau  des  cuisses  ou  de  l'abdomen,  provoquent  l'appari- 
tion d'un  nombre  variable  de  nodosités.  On  peut  en  comp- 
ter ordinairement  quatre  à  cinq,  parfois  vingt  à  cent. 

Les  animaux  infectés,  à  un  aussi  haut  degré,  présentent 
un  état  fébrile  nuisible  à  l'engraissement  comme  à  la 
sécrétion  lactée.  Cette  double  action  malfaisante  ne  s'exerce 
pas  seulement  au  moment  delà  période  d'invasion,  comme 
dans  la  plupart  des  infestations  parasitaires  ;  elle  se  pour- 
suit pendant  huit  à  neuf  mois  au  minimum.  Les  larves 
exercent  une  action   irritante  permanente,  source  de  dou- 

^1)  Boas,  De  l'œstre  du  bœuf  et  des  moyens  de  son  extermination  {Asso- 
ciation française  pour  la  destruction  du  varron,  févr.  1911). 

(-2)  Vaney,  Développement  de  l'hypoderme  du  bœuf  {Association  française 
pour  la  destruction  du  varron,  1911). 


510  DERMATOSES   CAUSÉES    PAR    DES   INSECTES. 

leur  (lui  trouble  rappélil  :  elles  sécrètent,  sans  doute,  îles 
substance  hérnotoxiqiies  comme  leurs  congénères  du  tube 
digestif  (Weinberg)  ;  elles  soustraient  enfin  par  succion 
des  principes  utiles  et  produisent  des  abcès.  Celte  triple 
action  irritative,  spoliatrice  et  toxique,  se  traduit  par  la 
diminution  du  lait,  l'amaigrissement  et  l'altération  delà 
viande,  au  pourtour  de  ces  tiuiieurs  parasitaires. 

Lésions.  —  Les  larves  lixéesau  niveau  des  parties  supé- 
rieures du  corps  altèrent  les  i»rincipales  parties  de  la 
peau  et  déterminent  une  dépréciation  du  cuir  d'un  tiers 
environ,  c'est-à-dire  de  d6  à  17  francs  et  quelquefois 
même  davantage  (Kuhnau,  Ormerod,  Railliet).  La  peau, 
perforée,  en  maints  endroits,  comme  une  éciuTioire,  peut 
devenir  presque  inutilisable;  il  y  a,  en  effet,  des  peaux  qui 
présentent  jusqu  ;i  fwG  trous  (Boas).  C'est  qu'aux  perfo- 
rations irrégulières,  aux  déchirures  comparables  à  celles 
qui  résulteraient  de  clous  arrachés,  dues  aux  varrons  de 
l'année,  s'ajoutent  les  cicatrices  qui  ont  comblé  les  per- 
forations des  années  précédentes.  Sur  les  cuirs  prépa- 
rés, elles  s'accusent  par  de  petits  noyaux  mal  reliés  au 
tissu  tégumentaire  et  dépourvus  de  toute  solidité  :  les 
chaussures  présentent,  inévitablement,  des  trous  à  ce 
niveau. 

Parfois  même,  les  larves,  dans  leurs  migrations,   accu- 
sent leur  passage  par  des  galeries  sinueuses  d'im  vert  sale    ' 
qui  oliligent  à  rejeter,  de  la  consommation,    la    pi-esquc 
totalité  de  la  viande  de  ces  animaux  (Morne). 

Pronostic.  —  La  perte  moyenne  subie  par  cIiihiih'  lnMe. 
pendant  la  diu-ée  de  celle  maladie  parasitaire,  varie  de 
12  à  2.")  francs  (Kuhnau).  L'ensemble  des  perles  occasion- 
ni'es  par  les  larves  d'oestres  atteint,  dans  chaque  pays,  un 
chiffre  élevé  :  l'Allemagne  perd  chaque  année  de  7  à 
10  milions  (Ostertag)  ;  le  Danemark,  plus  de  7  millions 
(Boas);  l'Irlande,  plus  de  12  millions,  et  l'.Vngleterre  bien 
davantage  (.Miss  Ormerod).  Les  varrons  iniligent  encore  de 
sérieuses    pertes    dans    iju'drpies  contrées  de  l'Amérique 


BOVIDÉS.    HYPODERMOSE.  RH 

comme  dans  les  divers  États  de  l'Europe.  La  France  est 
tributaire  de  ces  parasites  à  un  haut  degré. 

Traitement.  —  On  peut  lutter  contre  les  hypodermes  : 
1°  en  empêchant  autant  que  possible  le  dépôt  des  œufs 
sur  le  corps  des  animaux;  2°  en  détruisant  les  larves  par- 
semées sous  la  peau. 

La  ponte  peut  être  contrariée  par  l'application  sur  la 
peau  de  substances  gluantes,  grasses  ou  à  odeur  persis- 
tante renfermant  du  soufre,  du  goudron  ou  de  l'acide 
phénique,  associés  à  l'huile  de  lin  ou  à  l'huile  de  baleine 
(Miss  Ormerod).  On  ne  peut  utiliser  ces  agents  pendant 
toute  une  saison. 

La  destruction  des  larves,  à  mesure  qu'elles  apparaissent 
sous  la  peau,  est  le  seul  procédé  pratique  ;  la  suppression 
des  varrons  restreint  considérablement  le  nombre  des 
mouches  dans  une  contrée;  il  y  a  ainsi  une  diminution 
notable  des  pertes  que  ces  parasites  infligent  à  l'agricul- 
ture. 

L'intoxication  des  varrons,  obtenue  en  introduisant  du 
pétrole,  de  l'onguent  mercuriel,  etc.,  dans  l'orifice  cutané, 
offre  l'inconvénient  de  laisser  subsister,  sous  la  peau,  un 
corps  étranger  irritant,  cause  d'infection,  de  suppuration 
et  d'altération  du  tégument. 

V élarvement  ou  évarronnage  est  le  seul  procédé  inof- 
fensif, efficace  et  à  la  portée  de  tout  le  monde.  La  bles- 
sure opératoire  se  cicatrise  beaucoup  plus  rapidement 
que  la  perforation  déterminée  par  la  larve  elle-même. 
L'évarronnage  se  pratique  de  la  manière  suivante  :  pen- 
dant qu'un  aide  maintient  la  bête,  l'opérateur  pratique 
l'incision  du  varron  à  l'aide  d'un  instrument  tranchant  à 
lame  étroite  connue  sous  le  nom  de  pincette,  puis,  grâce 
à  une  légère  pression,  il  fait  sortir  la  larve,  qu'on  écrase 
immédiatement.  Cette  opération  est  répétée  chaque  fois 
que  de  nouveaux  varrons  apparaissent  chez  les  animaux 
de  l'exploitation.  On  doit  la  généraliser  à  tous  les  animaux 
de  la  région  des  divers  pays  où  règne  l'hypodermose. 


512  DERMATOSES    CAUSÉES    l'AR    DES    INSECTES. 

Les  résultats  déjà  obtenus  en  Danemark,  en  Prusse,  per- 
mettent d'espérer  l'extinclion  complète  de  cette  maladie, 
si  l'on  parvient  à  généraliser  la  méthode  de  lélarvement. 
On  a  même  songé,  en  Allemagne,  à  rendre  celte  opération 
obligatoire  par  une  loi  :  mais  on  a  reconnu  qu'il  était  pré- 
l'érable  d'intéresser  tous  les  agriculteurs  à  cette  destruction 
des  larves  par  des  conférences,  des  causeries  agricoles. 
L'enseignement  primaire  et  celui  des  écoles  pratiques 
•l'agriculture  peuvent  pojtulariser  cette  opération  en  fai- 
sant ressortir  tous  les  inconvénients  de  ces  parasites. 
D'autre  part,  la  préférence  accordée  par  les  marchands 
sur  les  champs  de  foire  aux  animaux  dépourvus  de  varrons 
achèvera  de  convaincre  les  esprits  les  plus  routiniers  de 
la  nécessité  de  les  détruire.  Des  primes  d'encouragement 
distribuées  aux  bergers  et  aux  éleveurs  parles  professeurs 
d'agriculture  contribueraient,  certainement,  à  diminuer 
rapidement  le  nombre  d'animaux  varronnés,  ce  qui  serait 
tout  profit  pour  l'agriculture  et  pour  la  tannerie  (1). 

VIII.  —   DERMATOBIOSE. 

Nous  désignons  ainsi  l'affection  cutanée  déterminée  par 
les  larves  de  la  dermatobie  nuisible. 

Cette  dermatobie  {Dcrmatobia  noxialis)  est  une  sorte 
d'œstre  qui  séjourne  près  des  taillis  et  des  haies  de  l'Amé- 
rique intertropicale.  L'insecte  jjarfait  dépose  ses  œufs  sur 
la  peau  de  Vhoiuine,  du  hœiil\  de  la  clicvre,  du  porc  et  du 
chien;  mais  le  bœnf  ei  le  chien  sont  les  mammifères 
préférés.  La  larve,  connue  sous  le  nom  de  ver  moyoquil 
au  Mexique,  ura  à  Co  ta-Rica,  miche  ou  garano  à  la  Nou- 
velle-Grenade, ver  macaque  i\  Cavenne,  engendre  des 
tumeurs  |>urulentes. 

Traitement.  —  La  dermatobiose  est  traitée  comme 
rhjpodormose. 

(1)  Renne.  —  L'hypoderirose  du  re/i«eest  déteimini'e  par  VHypoderma 
Larandi  et  caractérisée  par  des  tumeurs  analogues  à  celles  des  bovidés.  Cer- 
tains animaux  maigrissent,  dépérissent  et  finissent  même  par  succomber. 


MOUTONS.    —    MELOPHAGE. 


513 


III.  —  MOUTOIVS. 


I.  —  PHTIRIASE- 

Le  Trichodectes  ovis  ou  T.  sphér acéphale ,  de  teinte  fer 
rugineuse,  se  développe  de  préférence 
fhez  les  animaux  débiles  et  mal  nourris  ; 
il  se  fixe  généralement  au  bord  supérieur 
de  l'encoku'e  et  dans  la  région  du  dos 
et  des  cuisses;  mais  il  peut  envahir  toute 
la  toison  et  déterminer  de  véritables 
ravages.  Sous  l'influence  de  ses  piqilres, 
la  peau  se  couvre  de  plaques  érjthéma- 
teuses  et  de  squames  épidermiques  ;  la 
laine  s'altère;  la  peau  se  dénude:  les 
trichodectes  sectionnent  les  brins  de 
laine  à  l'aide  de  leurs  mandibules,  et 
l'alopécie  peut  se  produire  indépendamment  de  toute 
gale  (Lucet)  (lig.  13i). 


Fig.   134.  —    Tri- 
chodectes ovis. 


II.  —  MELOPHAGE. 

Mélopharjus  ovimis  est  un  insecte  diptère,  de  teinte  fer- 
rugineuse, improprement  appelé  pou,  parasite  permanent 
du  mouton  et  quelquefois  de  la  chèvre,  du  chubin  et  de 
Valpaca,  qui  pas^e  facilement  des/jy-eAis  à  leurs  agneaux.  La 
femelle,  plus  grosse  que  le  mâle,  donne  annuellement  nais- 
sance à  quatre  ou  cinq  larves  fixées  par  une  de  leurs 
extrémités  aux  brins  de  laine  et  qui  se  transforment 
en  pupes  rouge  cuivré,  puis  noires,  d'où  sortent  les 
insectes  adultes.  Ces  larves  se  répandent  sur  toute  la 
peau  couverte  de  sa  toison  et  se  réfugient  au  niveau  de  la 
tête  et  du  cou,  après  la  tonte,  pour  être  à  l'abri  des  grat- 
tages (fig.  135  à  137). 

La  piqûre,  très  prurigineuse,  suscite  des  grattages  et  des 
i'rottements  intenses  qui  rendent  la  laine  ébouriflée,  emmê- 

29. 


514 


DERMATOSES   CAUSEES    PAR   DES    INSECTES. 


lée  OU  déterminent  sa  chute  par  places.  Quand  elle  est 
tombée  ou  quand  on  l'écarto,  on  aperçoit,  au  niveau  de 
chaque  piqûre,  une  tache  rouge  de  \\  dimension  d'une 
lentille  avec  un  point  central  de  teinte  plus  foncée.  On 
aperçoit,  en  même  temps,  les  malophages  adultes  et  les 

pupes  fixées  aux  brins  de 
laine.  Certains  oiseaii.\ 
comme  les  étoiirueaux 
et  les  bergeronnettes  se 
posent  fréquemment  sur 


Fig.  13.').  —  Mélophage  ou  hippobosquc     Fig.    136  et   137.  — Larve    d'hippo- 
du  mouton.  bosque  du  mouton. 


A,  grandeur  naturelle;  B,  grossi. 


A.  grandeur  naturelle,   la  larve  sus- 
pendue à  la  laine  ;  B,  grossie. 


le  dos  des  montons  infestés  de  ces  parasites  et  s'en  nour- 
rissent. Quand  les  mélophages  sont  très  nombreux  chez 
les  uijurnux,  ceux-ci  maigrissent. 

Traitement.  —  Les  lotions  parasiticides  (crésyl  i'i2  j).  100; 
pétrole,  benzine  et  jus  de  tabac,  15  i\  120  grammes  par 
litre),  décoction  de  staphvsaigre  à  50  p.  100.  l'eau  de  gaz 
ammoniacale  en  solution  titrant  5»  B.  (Guyot),  sont 
efficaces  si  l'on  a  préalablement  tondu  les  animaux.  Habi- 
tuellement, on  ri'-ussit  à  débarrasser  les  montons  infestés 
de  mélophages  ou  de  trichoilectes  en  tondant  le  liouj>eau 
et  eu  pratiquant,  ensuite,  un  lavage  au  savon  noir,  suivi 
d'imc  légère  friction   avec  l'une  des  lotions  parasiticides. 


MOUTONS.    —    MOUCHES. 


515 


On  prévient  de  nouvelles  infestations  par  l'enlèvement 
de  la  litière,  le  nettoyage  et  la  désinfection  complète  des 
bergeries. 

III.  —  MOUCHES. 

Les  mouches  tourmentent  les  moutons  dans  les  pâtu- 
rages et  les  empêchent  de  s'alimenter  convenablement. 
Pour  les  en  préserver,  il  est 
souvent  nécessaire  de  rentrer 
les  troupeaux,  pendant  les 
heures  les  plus  chaudes  de  la 
journée,  et  de  les  maintenir 
dans  une  demi-obscurité.  Les 
touffes  de  saule,  de  fougère 
pendues  au  plancher  de  la 
bergerie,  servent  de  refuge  aux 
mouches  qu'on  peut  faire  brû- 
ler au  dehors  pendant  la  nuit. 

Les  larves  de  certaines  mou- 
ches {Sarcophage  magnifique) 

envahissent  facilement  les  plaies  qui  ne  sont  pas  pansées; 
des  luciles  soyeuses  déposent  leurs  œufs  au  pourtour  des 
orifices  naturels,  et  leurs  larves  peuvent  déterminer  de 
l'acrobustite,  de  la  vulvite  et  même  delà  vaginite.  Quand 
elles  sont  déposées  au  pourtour  de  l'anus  souillé  de  matières 
fécales,  principalement  chez  les  agneaux  atteints  de  diar- 
rhée, les  larves  gagnent  le  tissu  conjonctif  sous-cutané 
et  déterminent  une  maladie  connue  en  Hollande  sous  le 
nom  de  «  maladie  vermiculaire  »  (fig.  138). 

Les  animaux  éprouvent  des  démangeaisons,  trépignent, 
cherchent  à  se  gratter;  ils  présentent  bientôt  un  suintement 
purulent  dans  la  région  envahie  et  un  feutrage  de  la  laine 
dans  le  voisinage. 

Traitement.  —  Les  lavages  et  savonnages,  les  badigeon- 
nages  au  crésyl  à  2  p.  100,  à  l'huile  empyreumatique,  pré- 
viennent et  guérissent  ces  infestations  parasitaires. 


Fig.  138.  — Mouche  lucilie. 
a,  la  mouche  ;  b,  sa  larve. 


516  DERMATOSES    CAUSÉES    PAR    DES    INSECTES. 

IV.  —  IXODES- 

Les  ixodes  connus  sous  lo  nom  de  li<iues  ou  ricins  (ixode 
réduve,  ixode  de  Dugès)  s"allaquent  surtout  aux  nioutoiis, 
aux  ehèvres  et  aux  bovidés. 

Ces  parasites  s'implantent  au  niveau  des  parties  fines  de 
la  peau  ou  dépourvues  de  laine  (aisselle,  aine,  cou,  tête) 
et  provoquent,  par  leurs  piqûres,  une  démangeaison  intense 
accompagnée  «l'une  auréole  congestive.  Sous  l'influence 
des  grattages,  il  peut  survenir  de  petites  Iplaies  qui  sont 
le  siège  d'une  innammalion  intense.  En  même  temps,  les 
ixodes,  presque  invisibles  au  début,  se  gorgent  de  sang, 
se  gonflent  et  finissent  par  dépasser  le  volume  d'un  pois 
(Voy.  Piiviilasmoses). 

Traitement.  —  On  asphyxie  les  ixodes  et  on  détermine 
leur  chute  en  les  touchant  avec  un  pinceau  imbibé  de  ben- 
zine, de  pétrole,  d'essence  de  térébenthine,  de  solution 
concentrée  de  chloral.  Les  pulvérisations  à  l'huile  de 
vaseline  en  émulsions  à  25  p.  100  dans  l'eau  savonneuse, 
pratiquées  une  fois  par  semaine,  ont  à  la  fois  une  action 
préventive  et  curai ive. 

IV.  —  CHÈVRE. 

L'ILematopinus  stenops  et  les  Thicuouectes  [Tricho- 
dectes scalaris)  déterminent  une  phtiriase  analogue  à  celle 
du  mouliin  ;  elle  est  suivie  d'aitéi  allons  des  poils,  d'alopécie 
et,  pendant  l'hiver,  de  la  production  de  croûtes,  d'inflam- 
mation et  d'ulcérations  cutanées,  notamment  chez  la 
chèvre  angora.  Le  traitement  consiste  à  tondre  l'animal  et 
à  laver  la  peau  avec  une  solution  savonneuse  ou  crésylée. 

V.  —   PORC. 

PHTIRIASE. 
Le  porc  n'héberge  qu'un  seul  pou  :  VHn'jnatopinus  suis, 
«pii  détermine  une  phtiriase  intense  à  forme  enzoolique 
dans  les  porcheries  mal  tenues  (fig.  139). 


CHIEN.    —    PHTIRIASE, 


517 


Elle  est  caractérisée  par  un  prurit  intense  :  l'animal 
se  gratte  avec  violence  contre  tous  les  corps  durs,  ou  se 
roule  dans  le  fumier.  11  peut  s'excorier  toute  la  peau  sous 
l'influence  de  ces  frottements  qui 
augmentent  de  violence  pendant  la 
nuit.  Les  parasites  enfoncent  leur 
rostre  dans  la  peau,  se  nourrissent 
du  sang  de  leur  hôte  et  provoquent 
parfois  une  éruption  papuleuse  très 
marquée. 

Cette  infestation  parasitaire  est 
susceptible  de  déterminer  la  mort 
d'un  grand  nombre  de  porcelets  (40 
sur  140)  appartenant  à  la  même 
bande  (Sequens).  Bernasky  prétend 
que  ces  parasites  sont  des  agents  de 
transmission  des  maladies  infec- 
tieuses du  porc. 

Traitement.  —  Nettoyer  et  désin- 
ecter  les  porcheries  et  laver  soigneusement  les  malades 
à   l'aide  d'une  solution  savonneuse  concentiée,  puis  avec 
une  solution  crésylée  ou  avec  un  mélange  à  parties  égales 
de  pétrole  et  d'huile  de  lin. 


Fi-.  139. 


—  Ifa'nia(o//inus 
suis.' 


VI. 


CHIEN. 


PHTIRIASE- 


Le  chien  ne  nourrit  que  Y hématopinus  pilifére  et  le 
trichodecte  large.  Ces  parasites  se  répandent  dans  un 
chenil  et  peuvent  contaminer  tous  les  chiens.  La  malpro- 
preté, le  jeune  âge  et  la  vieillesse,  la  débilité  et  surtout 
la  longueur  et  l'abondance  des  poils  sont  des  conditions 
favoi'ables  à  l'infestation. 

Les  Hsematopiniis  se  disséminent  dans  tout  le  corps; 
mais  la  région  de  la  gorge  est  leur  siège  de  prédilection. 


518  DERMATOSES    CAUSÉES    PAH    DES    INSECTES. 

Leurs  piqûres  déterminent  un  prurit  intense  accompagné 
de  grattages,  d'excoriations  et  d'amaigrissement  des  ani- 
maux, dont  le  repos  et  le  sojnmeil  sont  troubles.  L'examen 
du  tégument  révèle  la  présence  des 
parasites  adultes  et  des  œufs  acco- 
lés à  la  base  des  poils  (fig.  140). 
Les  trichodectes  causent  aussi 
a'i^'lifceOl  des  démangeaisons  en  cheminani 
sur  la  peau. 
>^y«--/-  Traitement.  —  On  doit,  tout 
'.\);.\'  '■';!. ^^"i^l^^^.  d'abord,  tondre  les  animaux,  les 
/ mi^jvlj^^à^^^^  nettoyer  à  la  brosse  et  au  peigne. 
Comme  moyen  thérapeutique,' on 
„^  a  conseillé  des  bains  fréquents. 
ff  n^mi^\  Mégnin  a  donné  la  formule  d'un 

'^  ^  de  ces  bains  : 

Fig.  140.  _  Hématopinus  pili-        Carbonate  de  soude 50  grammes. 

fère(pouduc/,!en).  ^    dissoudre  dans   Teau 

tiède 1  litre. 

puis  faire  infuser  dans  cette  solution  alcaline  : 

Poudre  de  stapliysaigre 10  grammes. 

Pour  les  chiens  d'appartement,  on  doit  éviter  les  prépa- 
rations qui  peuvent  salir  les  meubles  ou  souiller  les  poils; 
on  recommande,  pour  ces  animaux,  des  lavages  à  l'eau 
créolinée,  au  savon  phéniqué,  etc. 

Il  faut  toujours  proscrire,  dans  le  traitement  de  la 
pbtiriase  du  chien,  les  pommades  mercurielles,  car  i'ani- 
mal  peut  se  lécher  et  s'intoxiquer. 


II.  —  PUCES. 

Les  puces  sont  des  insectes  suceurs  qu'on  rencontre 
principalement  chez  les  chats  et  les  chiens  sédentaires, 
les  cliicns  enchaînés,  les  jeunes  sujets  à  la  mamelle 
comme  chez  les  mères  qui  les  allaitent.  Elles  se  nourrissent 
de  sang  et  se  retrouvent,  chez  les  animaux  infestés,  à 
l'étal  d'œufs.  de  larves  et  de  nymphes. 


CHIEN.    —    CHIUUE. 


519 


h' évolution  de  ces  insectes  s'achève  en  quatre  à  six 
semaines  dans  la  litière  comme  sur  la  peau.  Ces  in- 
sectes {Pulex  serraticeps)  peuvent  s'attaquer  accidentelle- 
ment à  V homme  et  au  lapin  (fig.  141). 

Les  piqûres  des  puces  occasionnent  des  démangeaisons, 
des  grattages  et  une  congestion  plus  ou  moins  prononcée 
de  la  peau,  qui  favorise  l'apparition  des  dermatoses  eczéma- 
tiformes.  Aux  régions  dépigmentées,  la  peau  est  dépilée. 
excoriée,  ponctuée  de  taches  l'ouges.  Si  le  nombre  de  ces 
parasites  est  très  con- 
sidérable, les  animaux 
sont  anémiés  par  pri- 
vation de  repos  et  de 
sommeil.  Les  puces 
hébergent  le  cysticer- 
coïde  du  Txnia  cucii- 
merina  et  concourent 
ainsi  à  la  propagation  ^'S-  '^'-  ■"  ^"'^'^• 

de  cet  helminthe.  £^a,  mâle;  h,  femelle;  c,  œuf. 

Traitement.    —    11 

consiste  à  écarter  les  parasites,  en  enduisant  les  parois 
des  habitations  et  le  corps  des  animaux  de  médicaments 
appropriés  :  pyrèthre.  staphysaigre,  absinthe,  huile  de  lau- 
rier, eau  créolinée  ;  le  pétrole  est  excellent  ;  son  odeur 
éloigne  les  puces  et  n'incommode  pas  les  animaux.  On 
a  conseillé  aussi  d'entourer  le  chien  d'une  couverture  de 
cheval  ayant  déjà  servi,  dont  les  émanations  chassent 
les  parasites,  car  ils  se  refusent  à  vivre  chez  les  soli- 
pèdes  et  les  ruminants. 


m.  —  CHIQUE   DES    MAMMIFERES 
(PULEX  PENETRANS,  SARCOPSYLLA  PENETRANS) 

Répandue  dans  le  nord  du  Mexique  jusqu'au  sud  du 
Brésil,  importée  en  Afrique  (1872)  et  depuis  à  Madagascar, 
est  prospère  dans  les  habitations,  les  étables  et  les  basses- 


f)20 


DERMATOSES    CAUSEES    PAR    DES    INSECTES. 


cours  mal   tenues  ;  elle  abonde  dans  les  plantations,  les 
herbes  sèches  et  le  sable  (fig.  i-42). 

Les  mœurs  desmAles  et  des  femelles  non  lécondées  sont 
analoguesà celles  (les  puces  vulgaires;  ce  sont  des  parasites 
|tass;igers.  Les  leinelles  lécondées  s'attaquent  à  tous  les 
animaux  à  sang  chaud  {chiens,  chats,  moutons,  chèvres, 
bœufs,  chevaux,  unes,   mulets,  porcs  surtout,  oiseaux  et 


Fig.  14:;.  —  Sarcopsyll/t  jiciictrfuia.  IVmelle  lilirc  (grossie  50  fois). 

V homme  même),  se  fixent  aux  membres,  s'insinuent  dans 
la  peau  où  elles  sucent  le  sang.  Elles  grossissent:  leur  abdo- 
men acquiert  la  grosseur  d'un  pois  et  renferme  parfois  une 
centaine  d'ceufs  qui  engendrent  des  larves  vermilormes 
évoluant  comme  celles  des  puces  proprement  dites.  Elles 
forment  ainsi  des  tumeurs  cutanées,  arrondies,  recouvertes 
[)ar  lépiderme.  (pii  présente  seulement  un  petit  orillce 
d'entrée  permettant  d'apercevoir  les  «lerniei-s  anneaux  de 
l'insecte  (lig.  143). 

Les  membres,  les  oreilles,  le  corps  des  animaux  infes- 
tés se  couvrent  quelqufois  de  chiques  si  nombreuses  et 
tellement  pressées  les  unes  contre  les  autres  qu'après  leur 
extirpation   la    peau  apparaît    criblée   d'alvéoles    comme 


CHAT.    —    PHTIRIASE. 


521 


Fig.  143.  —  Femelle  ovigère  de  chique,  extraite 
d'une  tumeur  cutanée  (Grossie  13  fois,^d'après 
Karsten). 


un  gâteau  de  miel.  La  partie  de  peau  qui  les  renferme 
présente  une  vive  irritation,  accompagnée  quelquefois 
d'ulcérations  et  de  gangrène;  il  y  a  des  animaux  qui  perdent 
leurs  phalanges  ; 
d'autres,  un  mem- 
bre tout  entier;  ils 
présentent  souvent 
des  déformations 
des  oreilles  et  de 
nombreuses  taches 
cicatricielles  con- 
sécutives aux  ulcé- 
rations. 

Traitement.  — 
Les  chiques  en- 
kystées doivent 
être  extraites  avec 
précaution,  de  ma- 
nière à  ne  pas  dilacérer  l'abdomen  et  à  éviter  de  répandre 
dans  la  plaie  les  œufs  très  irritants. 

Véchiquage  est  opéré  âyec  autant  de  succès  que  d'adresse 
par  les  indigènes.  L'application  de  parasiticides  (benzine, 
essence  de  térébenthine  et  décoctiom  de  tabac)  au  niveau 
des  boutons  est  moins  etïicace.  Aux  Antilles,  on  recom- 
mande de  plonger  la  patte  atteinte  dans  une  décoction 
d'herbe  à  chique  [Tournefortia  hirsutissima). 

Les  puces  ne  supportant  pas  l'humidité  :  on  débarrasse 
les  habitations,  les  écuries,  les  élables  de  chiques  par  des 
lavages  répétés  à  grande  eau,  en  utilisant  le  papier  englué 
qui  sert  à  prendre  les  mouches,  ou  un  morceau  de  viande 
crue  qui  sert  d'appât. 

VII.  —  CHAT. 

PHTIRIASE. 
Le  chat  n'héberge   qu'un    trichodecte.    Ce   parasite  ne 
détermine  qu'une  démangeaison  modérée.  On  fait  dispa- 


î')22  DERMATOSES    CAUSEES    PAR    DES    INSECTES. 

raître   les  parasites  en   insufflant  au   fond  des  poils   de 
la  poudre  de  staphjsaigre  ou  de  pyrèlhre. 


VIII.  —  OISEAUX. 

Les  oiseaux  présentent  un  j^rand  nombre  de  parasites. 

I-  —  HIPPOBOSQUES. 

Les  liippobosques  des  oiseaux  [Lyncliia  maura),  répan- 
dus en  Algérie,  vivent  sur  les  pi(/eoiineiiiix  Agés  de  quinze 
à  vingt  jours  en  nombre  considérable  (50  à  60)  ;  ils  suc- 
combent quarante-huit  heures  après  qu'ils  sont  séparés  de 
cet  hôte.  Les  femelles  pondent  des  pupes  ovoïdes  dans  la 
poussière  sèche  des  colombiers,  et  leur  éclosion  s'elTectue 
vingt-trois  h  vingt-huit  jours  après  ii  une  température  de 
2-40  à  30";  les  parasites  se  cachent  sous  les  plumes  qui 
commencent  à  pousser  et  s'envolent  rapidement  des 
qu'on  prend  les  oiseaux  à  la  main  et  que  ceux-ci  secouent 
leurs  plumes.  Ces  insectes  propagent  une  hémosporidie 
du  pigeon  (Hœmoprotcus  columbse)  (Éd.  et  Et.  Sergent). 

II-  —  MALLOPHAGES- 

Les  gnllinaoés  hébergent  un  grande  nombre  de  mallo- 
phages  ou  poux. 

La  poule  hé-berge  des  f/oniodcs,  des  (joniocotes.  des 
Upcures  et  des  méaopoiis;  le  dindon  nourrit  un  m('no])on. 
ungoniode  et  uniipeure;  la  pintade,  des  goniodes,  ungonio- 
cote  et  un  lipeure;  le  faisan,  \e  paon,  le  pigeon.  Voie,  le 
canard,  le  cygne  sont  eux-mêmes  envahis  par  un  grand 
nombre  de  ces  parasites. 

La  contagion  est  facilitée  par  l'agglomération  des 
espèces  animales  dans  les  basses-cours  et  par  la  multi- 
plicité des  espèces  parasitaires.  D'ailleurs,  il  y  a  des 
échanges  de  ces  mallophages  entre  des  animaux  d'espèce 
dilTérentc. 

C'est  ainsi  que  l'on  peut  rencontrer  le  ménopon  bisérié  à 


OISEAUX.    —   MALLOPHAGES.  523 

la  fois  sur  la  poule,  le  dindon  et  le  faisan,  le  trinoton  sale 
sur  Voie  et  le  cygne. 

Certaines  conditions  favorisent  l'extension  de  la  phti- 
riase.  Une  alimentation  insuffisante,  avariée,  un  séjour 
dans  des  locaux  humides,  sales,  étroits,  mal  aérés,  sont 
des  causes  qui  assurent  la  descendance  des  parasites.  Le 
tempérament  et  la  race  ne  sont  pas  non  plus  indifférents. 
Neumann  a  vu  une  poule  bantam  véritablement  phtiria- 
sique.  tandis  que  deux  poules  gasconnes  qui  vivaient  avec 
elle  étaient  saines. 

Symptômes.  —  Les  parasites  habitent  toutes  les  parties 
du  corps,  mais  plus  spécialement  le  tronc  et  le  dessous 
des  ailes,  la  tète  et  le  cou;  ils  sont  plus  rares  au  niveau 
des  cuisses.  Ils  pullulent  avec  rapidité  hors  des  atteintes 
du  bec  et  ne  cessent  d'incommoder  les  animaux.  Ils  déter- 
minent un  prurit  intense,  troublent  le  repos  des  galli- 
nacés, les  font  maigrir,  compromettent  l'élevage  des  jeunes, 
facilitent  le  développement  de  la  tuberculose  et  de  la 
diphtérie. 

Diagnostic.  —  Le  diagnostic  de  la  maladie  est  facile,  à 
cause  des  dimensions  des  parasites. 

Pronostic.  —  Le  pronostic  est  plus  grave  que  pour  les 
mamniil'eres  domestiques.  Les  jeunes  animaux,  lespigeon- 
naux,  succombent  souvent,  et  lorsque  les  nids  sont  infestés 
de  parasites,  les  pigeons  peuvent  négliger  leur  couvée. 

Quelquefois,  les  parasites  ne  peuvent  être  détruits  ;  ils 
se  perpétuent  malgré  tous  les  efforts  faits  pour  désinfecter 
les  poulaillers,  les  colombiers  et  les  volières. 

Traitement.  —  La  destruction  des  parasites  doit  être 
simultanément  poursuivie  chez  les  volailles,  dans  les  nids, 
les  planchers,  les  murs,  les  perchoirs  et  partout  où  ils 
s'abritent. 

Le  traitement  des  volailles  consiste  dans  des  insufflations 
de  poudre  de  pyrèthre  du  Caucase,  de  graines  de  cévadille 
ou  de  staphysaigre,  après  avoir  eu  soin  de  lubrifier  le  fond 
des  plumes  avec  de  l'eau  savonneuse.  Le  bain  sulfureux 


524  DERMATOSES    CAUSÉES    PAH    DES    INSECTES. 

complet  (20  grammes  de  sulfure  de  potassium  par  litre 
d'eau  chaude)  est  employé  avec  succès:  onii^cV oiseau  par 
les  pattes  et  les  ailes,  et  on  l'immerge  verticalement,  sauf 
le  bec  et  les  yeux,  et  on  place  ensuite  la  jioiilc  lliiver  dans 
une  chambre  chaude;  l'été  à  l'ombre  jusqu'à  séchage 
complet  (Éloire). 

On  peut  également  faire  brûler  du  tabac  dans  un  endroit 
bien  clos  et  étroit;  on  y  introduit  lespoulcts  infestés  pen- 
dant une  demi-minute  à  une  minute,  et  cette  opération 
renouvelée  deux  fois  encore  en  une  semaine  détruit  les 
parasites  (Chobaul. 

L'exterminateur  Lagrange  remplit  aussi  celte  indication. 
C'est  un  coffre  en  bois  dans  lequel  on  introduit  Voiseau 
immobilisé  et  dont  la  tète  fait  saillie  au  dehors  par  une 
ouverture  spéciale.  On  brûle  à  l'intérieur  de  cette  boîte  une 
mèche  soufrée,  et  les  vapcui's  qui  se  forment  suflisenl  pour 
tuer  tous  les  parasites  en  peu  de  temps. 

Les  pulvérisations  de  cendres  insecticides,  additionnées 
de  fleur  de  soufre,  sont  efficaces  :  les  poules  se  traitent 
elles-mêmes  en  prenant  leurs  ébats,  si  l'on  a  soin  de  creuser 
un  petit  bassin  rempli  de  ces  pi'oduits,  situé  sous  un  abri. 
La  désinfection  des  nids  est  obtenue  à  l'aide  de  l'essence 
d'eucalyptus  :  on  imbibe  entièrement  une  éponge  de  ce 
produit,  puis  on  l'introduit  dans  un  œuf,  qu'on  a  préa- 
lablement vidé  en  perforiint  les  deux  pôles,  qu'on  ferme 
ensuite  à  la  cire,  et  l'on  place  cet  anif  avec  ceux  de  la  cou- 
vée :  les  vapeurs  d'essence  qui  traversent  les  jtores  de  la 
coquille  éloignent  tous  les  poux. 

Les  locaux,  les  perchoirs,  les  nids  sont  débarrassés  de 
ces  parasites  à  l'aide  de  fumigations  de  sulfure  de  carbone, 
disposé  dans  de  petites  fioles  réj»arties  dans  le  poulailler 
(Schneider);  mais  ce  procédé  passe  jtour  diminuer  la 
fécondité  des  poules.  La  poussière  de  chaux  projetée  contre 
le  plafond  et  les  murs  de  manière  à  produire  une  sorte 
de  nuage  de  poussière  est  un  procédé  plus  répandu  et  plus 
efficace.  On  n'a  qu'à  balayer  un  moment  après. 


OISEAUX.     —    PUNAISES.  525 

Le  retour  des  parasites  est  prévenu  en  blanchissant  à  la 
chaux,  deux  fois  par  an,  les  murs  et  même  les  perchoirs 
des  poulaillers.  La  laine  de  bois  répand  une  odeur  qui 
éloigne  tous  les  parasites  :  on  peut  l'utiliser  comme  litière. 

III.  —  PUCES- 
Les  puces  [Pulex  avium),  plus  abondantes  l'été  que 
l'hiver,  s'attaquent  principalement  aux  poulets,  aux 
jeunes  pigeons  et  peuvent  piquer  Vliomme  ;  on  en 
trouve  parfois  des  quantités  dans  les  nids  des  poules  cou- 
veuses. Leurs  piqûres  sont  caractérisées  par  des  points 
hémorragiques  entourés  d'une  zone  lenticulaire  d'érythème 
qui  disparaît  rapidement  ;  elles  sont  suivies  d'un  prurit 
qui  agite  les  jeunes  poulets,  trouble  leur  développement, 
empêche  les  couveuses  de  se  tenir  régulièrement  dans 
leur  nid.  hes  pigeonneaux  dépérissent  et  meurentquelque- 
fois  de  consomption  (Ercolani). 

IV.  —  PUNAISES. 

Les  punaises  des  pigeonniers  {Cime.r  colombarius)  sont 
quelquefois  très  abondantes  dans  les  pigeonniers  et  parfois 
dans  les  poulaillers  ;  elles  se  tiennent  dans  les  interstices 
des  cloisons,  dans  la  paille  des  niches  et  se  répandent  sur 
les  poules  et  les  pigeons  et  parfois  sur  Y  homme  lui-même 
(Lucet).  Les  poules  couveuses  ne  peuvent  résister  à  leurs 
piqûres  :  elles  quittent  à  tout  instant  leur  nid  et  témoi- 
gnent, par  leur  agitation  et  par  l'abandon  de  leurs  œufs 
comme  par  leur  anémie,  des  souffrances  et  de  l'épuise- 
ment occasionnés  par  ces  parasites.  L'examen  des  œufs 
permet  de  reconnaître  la  source  de  ces  troubles  ;  on 
constate,  à  leur  surface,  de  petites  taches  noirâtres  for- 
mées par  les  excréments  de  ces  insectes. 

Traitement.  —  On  débarrasse  les  poulaillers  et  les 
pigeonniers  des  puces  et  des  punaises  par  un  blanchi- 
ment fréquent  à  la  chaux  pour  détruire  les  larves:  l'épan- 
dage  dechaux  en  poudre  sur  le  sol,  les  niches,  lespondoirs. 


526  DERMATOSES    CAUSÉES    l'AR    UES    INSECTES. 

la  subslitution  do  copeaux  à  la  paillede  litiùre.la  combus- 
tion de  soulVe  (30  grammes  par  mètre  cube)  en  fermant 
hermétiquement  toutes  les  issues,  sont  des  moyens  de  faire 
disparaître  les  puces  et  les  punaises  des  locaux.  Ces  insuf- 
flations de  poudre  de  pyr«Mlire.  les  pulvérisations  de  pétrole, 
les  bains  sulfureux  (^20  grammes  de  sulfure  de  potassium 
par  litre  d'eau  chaude)  débarrassent  les  jimilcs  de  ces  para- 
sites comme  des  poux  (Kloirc). 

V.  —  CHIQUE   DES   POULES 
(SARCOPSYLLA  GALLINACEA). 

Celle  espèce,  très  voisine  de  celle  de  VJiomnieel  des  ani- 
maux domestiques,  est  très  cosmopolite.  On  l'a  signalée 
dans  le  Turkestan,  le  sud  des  États-Unis,  le  Cameroun, 
le  Cap,  à  Madagascar,  dans  les  endroits  ombragés,  mais 
secs  ;  elle  s'attaque  non  seulement  aux  poules,  mais 
encore  aux  canards,  aux  cljats,  chiens,  cheva;i.\.  veaux, 
rats  et  même  aux  entants,  et  recherche  i)rincipalemenl 
les  sujets  jeunes.  Mâles  et  femelles  sont  parasites  au 
même  degré.  Contrairement  à  la  chique  pénétrante,  ces 
insectes  ne  s'enfoncent  pas  sous  la  peau,  et  leur  abdomen 
ne  jirend  pas  un  développement  excessif  ;  mais  ils  y  font 
pénétrer  leur  rostre  et  se  fixent  si  solidement  qu'ils  ne  peu- 
vent lâcher  prise  immédiatement  comme  les  autres  puces. 

Ces  parasites  se  fixent  en  grand  nombre  à  la  tête, 
autour  des  yeux  et  au  cou  des  poulets  et  des  j)Oussins. 
Les  oiseaux  infestés  perdent  la  voix,  se  dépouillent  de  leur 
duvet,  se  couvrent  de  boutons  et  d'ulcères  et  succombent 
bientôt.  Les  ravages  déterminés  par  ce  parasite  dans  les 
grands  élevages,  pendant  la  saison  sèche,  sont  considé- 
rables ;  c'est  un  fléau  à  Madagascar,  au  Cap,  etc. 

Traitement.  —  Ces  insectes  ne  supportent  pas  Ihumi- 
diti'  ;  il  siillit  de  laver  â  grande  eau  les  poulaillers.  On 
réussit  à  en  prendre  un  grand  nombre  à  laide  dun  papier 
englué,  analogue  à  celui  qui  est  employé  pour  détruire  les 
mouches. 


TABLE  DES  MATIERES 


LIVRE   VII 

MALADIES   DE   LA' NUTRITION 1 

I.  —  Diabète  sucré 1 

1.  —  Solipèdes, 2 

2.  —  Bovidés 4 

3.  —  Carnivores 4 

II.  —  Diabète  insipide 10 

1 .  —  Solipèdes 1  ! 

2.  —Chien 13 

III.  —  Obésité 15 

IV.  —  Goutte 17 

1 .  —  Oiseaux 18 

2.  —  MammilÏTes 23 

V.  —  Achondroplasie 24 

VI.  —  Rachitisme 24 

VII.  —  Cachexie  osseuse 25 

VIII.  --  Maladie  du  reniflement 25 

IX.  —  Ostéomalacie  des  équidés 26 

X.  —  Ostéo-périostite  diffuse 26 

XI.  —  Pseudo-rhumatismes  articulaires 28 

LIVRK  VIII 

MALADIES  PAR  AUTO-INTOXICATION 29 

Hémoglobinurie  musculaire  paroxystique 30 

Solipèdes 30 


528  TABLE    DES    MATIÈRES. 

LIVRE   IX 

APPAREIL   URINAIRE 80 

CHAIMTRK  l'HKMIKH.  —  Hrins 80 

I .  —  Congestions  rénales 80 

1.  —  Solipèdes 80 

A.  — Congestion  aiguë.  —  Hémorragie  rénale.  80 

B.  —  Congestion   passive  ou  chronique 85 

2.  —  Uutiiinanls 80 

3.  —  Carnivores 8'J 

II.  —  Infarctus  du  rein 93 

III.  —  Dégénérescence  amyloïde  du  rein 95 

IV.  —  Dégénérescence  graisseuse 96 

Carnivores 97 

V.  —  Néphrites 100 

Néphrites  aiguës 102 

i.  —  Solipèdes 102 

2.  —  Rutninanls 115 

Néphrite  à  macules  hlanches 118 

3.  —  Porc 121 

4.  —  Carnivoies 122 

Néphrites  chroniques 125 

1.  —  Solipèdes 126 

2.  —  Ruminants 131 

3.  —  Porc 137 

4.  —  Carnivores 137 

5.  —  Oiseaux 145 

—  Hydronéphroses 145 

1.  —  Solipèdes 146 

2.  —  Bovidés 147 

3.  —  Porc 149 

4.  —  Chien 151 

II.  —  Rein  polykystique 155 

III.  —  Pyélonéphrites  et  pyonéphroses 160 

1.  —  Solipèdes 162 

2.  —  Bovidés 169 

3.  —  Petits  ruminants 184 

4.  —  Pore 186 

5.  —  Chien 187 


TABLE    DE?    MATIÈRES.  529 

IX.  —  Lithiase  rénale ^^^ 

1 .  —  Solipèdos 1^- 

2.  —  Bovidés 1?'' 

3.  —  Mouton 

4.  —  Chien 

5.  —  Oiseaux 


198 
199 
200 


X.  —  Cancers  du  relu. 


200 


l._Solipedes |00 

2.  —  Ruminants -"-' 

3. -Porc fj^ 

4.  -  Carnivores 20. 

XI.  -  Rein  flottant 205 

XII.  —  Parasites -"" 

I.  —  Eustrongylose 206 

II.  _  Pseudo-tuberculose  verniineuse 208 

CHAPITRE  II.  —  Vessie 210 

I.  —  Cystites 210 

I.  —  Solipèdes 211 

1.  —  Cystite  aiguë 211 

2.  —  Cystite  chronique 21fi 

II.  _  Bovidés 219 

1.  _  Cystite  aiguë 219 

â.  —  Cystite  chronique 225 

A.  —  Cystite  chronique  simple 22.o 

B.  _  Cystite  chronique  hémorragique.  227 

III.  —  Chien 243 

1.  _  Cystite  aiguë 243 

2.  —  Cystite  chronique 244 

247 

249 


IV.  —  Chat 

CHAPITRE  III.  —  Capsules  surrénales. 

I.  —  Solipèdes 


II.  —  Ruminants. 


249 
249 


LIVRE   X 

PEAU -^* 

CHAPITRE  PREMIER.  —  Trichoses 231 

I.  —  Solipèdes 251 

C.^DÉAC.  —  Pathologie  interne.  VII.  30 


530  lAlU.K    DKS    MATIÈHES. 

1.  —  Hyiieiirichoses 2bl 

2.  —  Alopécies 232 

3.  —  Triclio.ses  dystrophiques 256 

4.  —  Trichosus  parasitaires 257 

II.  —  Uovidés 2."i7 

III.  —  Mouton 259 

IV.  —  Chien 259 

V.  —  Oiseaux 2(10 

CHAPITRE  II.  —  Dennitcs  eczémateuses 201 

I.  —  Solipèdes 2C8 

1 .  —  Eczéma  aigu  généialisé 208 

2.  —  Eczéma  chronique  sec 269 

3.  —   Eczéma    des    régions   pourvues    de 
crins 270 

4.  —  Eczémades  plis  articulaires  du  genou 

et  du  jarret 271 

5.  —  Eczéma  des  e.\lrémités 271 

0.  —  Eczéma  séborrhéique 277 

II.  —  Bovidés 280 

III.  —  Mouton 284 

IV.  —  Chien 285 

CHAPITRE  III.  —  Kératoses 301 

I .  —  Solipèdes 301 

1 .  —  Pityriasis 301 

2.  —  Psoriasis 305 

3.  —  Cornes  cutanées 311 

II.  —  Bovidés 311 

m.  —  Chien 313 

1 .  —  Pityriasis 313 

2.  —  Acanthosis  nigrieans 314 

3.  —  Cornes  cutanées 315 

CHAPITRE  IV.  —  Hypertrophies  ciitauées 310 

I.  —  Éléphantiasis 310 

II.  —  Botryomycose 316 

III.  —  Sclérodermie 316 

CHAPITRE  V.  —  Xeiiro-deriuatoses 317 

1.  —  Solipèdes 317 

1.  —  Prurit  cutané 317 


TABLE    DES    MATIÈRE?.  531 

•2.  —  Prurigo 318 

3.  —  Dermograpliisme 319 

IL  — Chien 320 

Prurit  cutanr 320 

Zona 320 

CHAPITRE  VI .  —  Dermites  artificielles 322 

I.  —  Solipèdes 322 

1.  —  Dermites  de  cause  mécanique 322 

2.  —  Dermites  de  cause  physique 323 

3.  —  Dermites  de  cause  chimique 323 

1°  Toxidermies  alimentaires 324 

2°  Toxidermies  sériques 325 

4.  —  Urticaire 328 

II.  —Bovidés 333 

1 .  —  Urticaire 333 

2.  —  Toxidermie  alimentaire 335 

III.  —  Mouton 341 

Dermite  érysipélateuso;  fagopyrismë. . . . .  341 

IV.  —  Porc 345 

Urticaire 345 

V.  —  Chien 346 

Érythème ■..:....  346 

Urticaire 346 

CHAPITRE  VII.  —  Dermatoses  microbiennes..     348 

I.  —  Solipèdes 348 

1.  —  Impétigo 348 

2.  —  Pemphigus 352 

3.  —  Pyohémie  caséeuse 353 

Acné  contagieuse  des  solipèdes 356 

4.  —  Nécrobacillose 361 

5.  —  Botryomycose 362 

6.  —  Papillomes 363 

II.  —  Bovidés 363 

1.  —  Impétigo 363 

2.  —  Pemphigus 365 

3.  —  Pyohémie  caséeuse 366 

4.  —  Nécrobacillose 367 


532 


TABLE    DES    MATIERES. 


m.  —  iMouton 368 

1.  —  Acné 3(i8 

2.  —  Eclhyma  contagieux  des  lèvres 309 

3.  —  Pyohémie  easéeus»' 371 

4.  —  Nécrobacillose 379 

IV.  _  i>orc 383 

1 .  —  Impétigo 383 

2.  —  Pyohémie  caséeuse 385 

V.  —  Chien 386 

1.  —  Impétigo 386 

2.  —  Acné 389 

3.  —  Pemphigus 390 

4.  —  Nécrobacillose 390 

5.  —  Purpura 392 

CHAPITRE  Vin.  —  Dermatoses  parasitaires. . .  393 

Dermatoses  acariennes  393 

I.  —  Solipôdes 394 

1.  —  Gale  sarcoptique. 394 

—  Gale  psoropti()ue 407 

—  Gale  symbiotique 413 

—  Gale  démodéci(|ue 4IG 

5.  —  Acariase  derraanyssitjue 417 

6.  —  Thrombidiose 419 

—  Ixodes 420 

II.  —  Bovidés 421 

1 .  —  Gale  sarcoplitiue 421 

2.  —  Gale  psoroptique 421 

3.  —  Gale  symbiotique 423 

4.  —  Gale  démodécique 423 

0.  —  Acariase  dcrmanyssiipie 426 

6.  —  Thrombidiose 427 

7.  —  Ixodes 428 

III.  —  Moulon 429 

1.  —  Gale  sarcopti(iue 429 

2.  —  Gale  psoroptique 433 

3.  —  Gale  symbioli(iue 442 

4.  —  Gale  démodécique  ....    443 

IV.  —  Chèvre 443 

1.  —  Gale  sarcoptique 443 


TABLE    DES    MATIÈRES.  533 

2.  —  Gale  psoroptique  de  l'oreille 444 

3.  —  Gale  symbiotique 445 

4.  —  Gale  démodécique 446 

V.  —  Dromadaire  et  chameau 447 

Gale  sarcoptique 447 

VI.  —Porc 449 

d,  —  Gale  sarcoptique 449 

2.  —  Gale  démodccique 450 

VIL—  Chien 451 

1.  —  Gaie  sarcoptique 451 

2.  —  Gale  psoroptique 457 

3.  —  Gale  démodécique 457 

4.  —  Acariase  auriculaire  du  chien ;.  464 

5.  —  Thrombidiose 4G6 

6.  —  Ixodes 467 

VIII.  —  Chat 468 

1.  —  Gale  sarcoptique 468 

Gale  démodécique 472 

Acariase  auriculaire 472 

IX.  —  Furet 473 

1.  —  Gale  sarcoptique 473 

2.  —  Acariase  auriculaire 474 

X.  —  Lapin 474 

1.  —  Gale  sarcoptique  et  galenotoédrique.  474 

2.  —  Gale  psoroptique  auriculaire 477 

3.  —  Gale  démodécique 479 

XL  —  Oiseaux 479 

1.  —  Gale  des  pattes 479 

2.  ^  Gale  du  corps  ou  gale  déplumante.. .  483 

3.  — Acariase  dermanyssique 485 

4.  —  Thrombidiose 486 

5.  — •  Argasinés 487 

6.  — Acariase  épidermoptique  de  la  poule. .  489 

CHAPITRE  IX.  —  Dermatoses  causées  par  des 

insectes 491 

I.  —  Solipédes 491 

1.  —  Phtiriase 491 

2.  —  Hippobosques  (Hippobosca  equina)..  493 

3.  —  Glossines  ou  tsetsés 494 


J3't 


TAHLK    DES    MATlKItKS. 


II.  — 


—  Stomoxcs 

—  Simulies . 

—  Tabanidi's 

—  Larves  de  iiiouclics 

—  Oclirornyio  anthrojjopliago. 

—  Ilypodermose 

Bovidiîs 

—  Ptitiriaso 

—  Flippoljosciuc 

—  Hématobics 

—  Taons 

—  Simulies 

—  Muscidés 

—  Ilypodofiiiose 

—  Derrnatobiose 


m. 


IV. 

V. 


VI. 


.Moutons , 

—  l'hliriase.. 

—  Mélopha^'e. 

—  Mouches  . . 

—  Ixodes  .... 


-  Chèvres. . . 

Porc 

l'htiriase  , 


-  Chien 

1.  —  l'hliriase 

2.  —  Puces 

3.  —  Chique  des  niaiiimilÏTes  (Pulex  petie- 

trans,  Sat'cops'/l/a  p^netrans) 

VII.  —  Chat 

Phtiriase 

VIII.  —  Oiseaux 

1.  —  Hippobosques 

2.  —  Mallophages 

3.  —  Puces 

4.  —  Punaises 

5.  —  Chique  des  poules  {S(ircopfi///a  ijal- 
linacea) 


495 
495 
490 
49G 
497 
497 

499 

499 
50 1 
501 
501 
502 
502 
503 
512 

513 
513 
513 
515 
516 

olfi 
316 
516 

517 
517 
518 

519 
521 
521 
522 
522 
522 
525 
525 

526 


248n.t: 


('.oKiiKib.  ImpriiiuTie  Cukrit. 


LIBRAIRIE  J.-B.  BAILLIËRE  ET  FILS 

ENCYCLOPÉDIE  VÊTÊRIHAIRE 

Publiée  sous  la  direction  de  C.  CADÉAC 

Professeur  à  l'Ecole  vétérinaire  de  Lyon. 

Colloction  de  volumes  in-18,   6  fr.  le  volume  cartonné 
Patholog  e  générale  des  Animaux  domestiques,  parC.  Cadéac, 

:!«  éditiua,  1904.  1  vol.  in-18  cIl;  4o2  p.,  avec  37  fig.,  cart 6  fr. 

Anatomie  pathologique  et  pratique  des  Autopsies,  par 
C.  Cadéac  et  V.  Ball,  prolessuurs  à  l'Ecole  vétérinaire  de  Lyon  1907, 

1  vol.  in-18  de  475  pages,  avec  100  figures,  cart  G  fr. 

Sémiologie  et  diagnostic  des  Maladies  des  Animaux  domes- 
tiques, par  C.  Cadéac.  2«  édition,  1905.  2  vol.  in-18  de  982  p  ,  avec 

186  (ii;.,  cart 12  fr. 

Pathologie  interne,  par  C.  Cvdéac.  1899-1914.    8  vol.    in-18,  eus. 

3806  pages,  avec  o40  fig.,  cart 4S  fr. 

1.  Bouche  et  estomac.  —  II.  Intestin.  —  III.  Foie,  péritoine,  fosse.^  n'i.'inles. 
sinus.  —  i^'.  Larynx,  trachée,  bronches,  poumons.  —  V.  Plèvre,  péricarde,  çtei/r. 
endocarde,  nrtéres.  —  VI.  AJaladies  du  sang.  .Maladies  générales.  —  VII.  .\/alailte< 
de  nutrition  et  pnr  auto-intoxication.  Maladies  de  l'appareil  urinaire .  .Mal.idits 
de  la  peau  et  maladies  parasitaires.  —  VIII.  Maladies  du  système  nirveui . 
Chaque  volume  se   vead  séparjineiil 6  f  •. 

Pathologie  chirurgicale  générale,  par  C.  Cadéac,  P.  Leblanc, 
C.  Garocgeau.  1902.  1  voL  in-18  de  432  p.,  avec  82  fig.,  cart. . .     6  fr. 

Chirurgie  du  pied,  par  Bournav  et  Sendrail,  professeurs  à  l'Ecole 
de  Toulouse.  1903,  1  vol.  in-18  de  492  p.,  avec  135  figures,  cart.     6  fr. 

Pathologie  chirurgicale  de  la  peau  et  des  vaisseaux,  par 
C.  Cadéac.  1905,  1  vol.  in-18  de  422  pages,  avec  103  fig.,  cart. .     6  fr. 

Pathologie  chirurgicale  des  tendons,  des  nerfs  et  des 
muscles,  par  Cadéac  et  Pader.  1905,  1  vol.  in-18  de  477  p.,  avec 
122  fig.,  cart 6  fr. 

Pathologie  chirurgicale  des  articulations,  par  G  Cadéac. 
1907-1909,  2  vol.  in -18  de  450  pages  avec  fig.,  cart 12  fr. 

Pathologie  chirurgicale  de  l'appareil  digestif,  par  G.  Cadéac. 
1909,  1  vol.  in-18  de  500  pages  avec  fig.,  cart 6  fr. 

Thérapeutique  vétérinaire  générale,  par  Guinard,  chef  des  tra- 
vaux à  l'Ecole  de  Lyon.  1899,  1  vol.  in-18  de  504  p.,  cart 6  fr. 

Thérapeutique  vétérinaire  appliquée,  par  H.-J.  Gobert,  vétéri- 
naire de  l'armée.  1995,  1  vol.  in-18  de  568  p.,  cart- 6  fr. 

Obstétrique  vétérinaire,  par  Bournay,  professeur  à  l'Ecole  de  Tou- 
.louse.  1900,  1  vol.  in-18  de  524  pages,  avec  72  fig.,  cart 6  fr. 

Médecine  légale  vétérinaire,  par  Gallier,  vétérinaire  sanitaire 
de  la  ville  de  Caen.  1895.  1  vol.  in-18  de  502  p.,  cart 6  fr. 

Police  sanitaire,  par  A.  Conte,  ancien  chef  des  travaux  à  l'Ecole  de 
Toulouse.  2«  édition,  1906,  1  vol.  in-18  de  532  pages,  cart 6  fr. 

Pharmacie  et  Toxicologie  vétérinaires,  par  Delaud  et  Stourbb, 
chefs  des  travaux  aux  Ecoles  de  Toulouse  et  d'A,lfort.  1900,  i  vol. 
in-18  de  496  p.,  cart 6  fr. 

Jurisprudence  vétérinaire,  par  A.  Conte.  1898,  1  vol.  in-18  de 
553  p.,  cart 6  fr. 

Extérieur  du  Cheval  et  Age  des  Animaux  domestiques, 
par  M.  MoNTANÉ,  professeur  à  l'Ecole  vétérinaire  de  Toulouse.  1903, 
i  vol.  in-18  de  528  pages,  avec  260  figures,  cart 6  fr. 

Maréchalerie,  par  Thary,  vétérinaire  de  l'armée.  1896,  1  vol.  in-18 
de  458  p.,  avec  303  fig.,  cart 6  fr. 

ENVOI  FRANCO  CONTRE  UN  MANDAT  POSTAL 


DICTIONNAIRE  VÉTÉRINAIRE 


DICTIONNAIRE    VÉTÉRINAIRH 

Par  P.  CACNY 

Membre  de  la  Société  centrale  de  médecine  vétérinaire 

Membre   correspond.jnt  de  la  Société  nationale  d'Agriculture 

Membre  du  Collège  royal  vétérinaire  de  Londres 

ET 

H.-J.    GOBERT 

viTKHINAIRE      DE      l'aIIUÉI 

1904,  2  vol.  gr.  in-<5  de  1622  pages,  avec  1821  fig.  et  8  planches  en  couleurs 
Prix 35  fp. 


Cagny  et  Gobert  onl  pensé  avec  raison  que,  à  côté  des  ouvrages  classiques 
d'enseiy'nemenl,  dus  aux  prolusseurs  des  écoles,  il  y  avait  place  pour  un  livre 
de  pra'Uque,  qui.  sans  prcleution  scientifique,  mettrait  à  la  dispoNJlion  des 
praticiens  et  des  élèves  un  résumé  aussi  exact  que  possible  des  connais- 
sances actuelles,  en  même  temps  que  des  imlicalions  de  Ihérapeuliqu- 
médicale  et  chirurgicale  sanctionnées  par  l'expéiiencc. 

La  forme  de  dictionnaire  r|u'ils  ont  adoptée  était  la  plus  convenable  potr 
un  ouvrage  comprenant  :  l'analomie,  la  physiologie,  la  médecine,  la  chi- 
rurgie, l'hvgiène.  la  police  sanitaire,  la  jurisprudence,  etc..  elle  est  d'ailleiir; 
justifiée  par  le  souci  de  permettre  au  praticien  de  trouver  inslantanémeiit  le 
renseignement  cherché. 

Aujourd'hui  que  les  nouvelles  méthodes  pasloriennes  ont  pu  être  appré- 
ciées et  qu'elles  ont  montré  leur  supériorité,  le  moment  était  venu  de  faire 
une  séleclion  parmi  tous  les  matériaux  disséminés  dans  les  journaux,  dan  ■ 
les  publications,  dans  les  annales  des  soc  étés  savantes,  pour  les  mettre  ù  lu 
disposition  de  tous  ceux  qui,  par  profession  ou  par  goût,  ont  souci  de  l'amé 
lioralion  et  de  la  santé  des  animaux. 

MM  Cagnv  et  Gobert  ont  cherché  à  faire  de  ce  dictionnaire  un  répertoire 
véritablement  mis  au  niveau  des  progrès  de  la  science  et  de  la  pratique 
pouvant  au  besoin  tenir  lieu  d'uni- bibliothèque  complète. 

Aussi  ont-ils  fait  appel  à  l'expérience  de  tous  les  auteurs  français  ei 
élringers  les  plus  connus:  M.\l.  Chauveau,  inspecteur  général  des  écoles 
vétérinaires;  iNocard,  Trasbot,  Cadiol  et  Almy,  Moussu,  Harrier,  de  l'Ecole 
d'Alfort;  Arloiiig,  Peiich.  Caiiéac,  de  l'Kcole  de  Lyon;  Leclainche,  Laulanié, 
Neumann.  de  l'Ecole  de  Toulouse.  Baillet  (de  Bordeaux).  Gallier  (de  C.aeni, 
Detrove  (de  Limoges),  G.  Leblanc,  Mégnin,  Signol,  A.  Sanson,  Jacoulet  e' 
.lolv,  vétérinaires  de  l'armée,  Fleming  (de  Londres),  Give  {de  Bruxelles), 
Lyiltin  (de  Bade),  Hess  et  Guilbeau  (de  Berne),  Kitl  (de  Munich\  Sussdorf 
'de  Stuttgart!,  Roell  et  Koch  (de  Vienne),  Schutz  ide  Berlin),  Lanzilolti  (de 
Milan),  l'errot.cilo  (de  Turin),  Martinez  de  Anguiano  (de  Sarragosse;,  etc. 
Tous  ces  noms  si  haut  placés  dans  la  science  soûl  à  eux  seuls  une  garantie. 

Il  faut  aus>i  mentionner  l'addition  de  i  800  figures  qui  mett  nt  pour  ainsi 
dire  sous  les  yeux  du  lecteur  les  détails  d'anatomie  normale  et  pathologique 
les  procédés  opératoires,  les  instruments  et  les  appareils  :  les  yeux  viennent 
apporter  à  l'intelligence  et  à  la  mémoire  un  secours  précieux",  en  facilitant 
toujours  .n  l'auteur  une  explication  et  en  permettant  souvent  au  lecteur  de  la 
mieux  comprendre. 

ENVOI    KKANCO    CONTRE    UN    MA,ND.\T    POSTAL