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ENCYCLOPEDIE CADEAC
PATHOLOGIE INTERNE
•••••••
NUTRITION - AUTO-INTOXICATION
APPAREIL URINAIRE - PEAU
TRAVAUX ET OUVRAGES DU MEME AUTEUR
Recherches expérimentales sur la morve (in <ollaboration
avec M. .M.\i.i.et) (Ilccoiiipensé pai' l'Acadtîinie des sciences
l't par l'Acailéiiiic do médecine). Paris, 1886, 2uo paf^es.
Mémoire sur la contagion miasmique du cliarLon, de la
clavelée, de la morve et de la tuberculose (en collaboration
avec M. Mallet) (Couronné par l'Académie de nudecine de
France).
Recherches expérimentales sur les essences. — Ktude des
lii|ui'ur.s dabsiiiLiie, d'aïqiiebuse. de l'eau de mélisse ries
Carmes, de Garus (en collaboration avec le D'' Meinier).
Paris, 18'Jl (Ouviage couronné par l'Académie des sciences
et récomiiensé j)ar l'Académie de médecine de France).
Innocuité des poussières tuberculeuses provenant des
crachats desséchés. Danger des particules liquides (Mé-
moire récompensé |)ai' l'AcadiMiiie de méilecine, l'.lQli).
Pathologie générale des animaux domestiques, -J' édition,
l'JO.'i. I vol. in-IS ji^sus, a\fc ;î7 li;,'ures.
Sémiologie et diagnostic des maladies des- animaux domes-
tiques, i'" (dition, l!Mi.i. -2 vol. in-18 jesus, avec ligures
( /•^iici/clopé(/ie ('.(tdéac) .
Pathologie interne des animaux domestiques. 8 vol. in-18
Jésus, avec ligures {Enci/c/opédie Cadéac) (Ouvrage récom-
pensé par l'Institut). :?« édition, 1908 à 1911.
Pathologie chirurgicale : 1» l'allmlogie chirurgicale générale;
2' Maladies de la peau et des vaisseaux ; 3° Muscles, tendons
et nerl's (en collaboration avec Padek) ; 4" Articulations ;
;i° Arthrites; G» Appareil digestif. C vol. iii-i8 jésus.
Anatomie pathologique des animaux domestiques, ^'édition,
1907 (avec la collaboi'ation de M. Ball). I vol. in-18 jésus
avec fiKures.
2480. — CiiHiim.. — Iiniii'iinerie CrKtk.
ENCYCLOPEDIE YÉTÉRINAmE
Publiée sous la direction de G. GADÉAG
PATHOLOGIE INTERNE
•••••••
MTRITIOX — AUTO-LMOXICÀTION
APPAREIL URIXAIRE — PEAU
C. CADEAG
PROFESSEUR DE CLINIQUE A l"ÉCOLE VÉTÉRINAIRE DE LVON
Avec 143 figures intercalées dans le texte
Deuxième édition entièrement refondue
PARIS
LIBRAIRIE J.-B. BAILLIÈRE et FILS
19, rue Haulefcuille, près dn Boulevard Sainl-Germain
1914
Tous droits réservés
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in 2009 witli funding from
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PATHOLOGIE INTERNE
LIVRE VII
MALADIES DE LA NUTRITION
I. — DIABÈTE SUCRÉ.
Définition — Pathogénie. — C'est une affection grave,
incurable, caractérisée par de la polydipsie, delà polyurie,
de la glvcosiirie. des troubles oculaires et des troubles
nutritifs qui aboutissent au marasme. Il ne faut pas con-
fondre le diabète avec la glycosurie, simple passage du
sucre dans les urines : la glycosurie n'est qu'un sym-
ptôme du diabète et résulte d'un grand nombre de causes
[glycosurie alimentaire, nerveuse, asphyxique, toxique,
traumatique, lactosurie des femelles en état de gestation (1)].
Il n'y a diabète que lorsque la surcharge en glycose des
humeurs et des tissus de l'organisme affecte un caractère
chronique. Ce phénomène peut résulter d'une production
exagérée de sucre livré au sang ou d'une destruction insuffi-
sante. Ces deux troubles sont souvent associés : la suracti-
vité fonctionnelle du foie a pour résultat de déterminer
ill Voy. Sémiologie, t. I et 11.
C.\DÉAc. — Pathologie interne. VII. 1
2 MALADIES DE LA NUTHITIOX.
la présence il'tin excès de sucre dans le sang; la diminu-
tion du ferment gljcolytique, capable de dédoubler le gly-
cose, cmpêclio l'organisme de l'utiliser et de le détruire;
il y a ainsi à la l'ois hyperglycémie et glycosurie.
I. — SOLIPÈDES.
Le diabète des solijH-des est exlrêmeincnl rare si l'on
en distrait les nombreux cas de glycosurie syniploma-
tique qu'on à le tort d'y rattacher. La présence du sucre
dans l'urine n'est qu'un élément accessoire dans ïhémo-
globinurie paroxystique, dans les affectiom cérébrales,
les infections aiguës et les intoxications (1). L'altéra-
tion nutritive caractéristique du diabète vrai ou diabète
chronique a été signalée par Heiss f2>, Diei-kerholT (3),
Krùger (i).
Symptômes. — Le diabète sucré est caractérisé par
de ressoulllemeul, un amaigrissement rapide, de la fai-
blesse, des troubles de la nutrition. Le poil est terne; les
inmpieuses sont ictéri(iues ou rosées, l'appétit capri-
cieux, la respiration normale, le pouls un peu accéléré
(54 pulsations) ; la fièvre est intense d'après Ilciss (39° tY 41°).
faible ou nulle d'après Dicckerholî (37°, 8). Dans tous les
cas, il y a polydijjsie intense ; les malades peuvent ingé-
rer trois à cinq fois plus d'eau (ju'à l'état normal, juscju'à
55 litres d'eau par jour ; la polyurie est excessive,
l'iu-inc est claire, jaunâtre, à réaction neutre, et renferme
toujours du sucre en quantité notable; on en a trouvé
de 3,62 à 3,75 p. 100 en moyenne.
Les troubles oculaires se manifestent trente <i qua-
rante jours après le début des symptômes; le cristallin
(1) Leclorc, Arr/i. vrl., 1881.
(-2) Heiss, Aitanis n'oehe/isrhr., 1888.
(3) Dieckcrhoir, lierliner T/iierarstl. iVochensr/ir., 1892.
(l) Krûger, Diabùle siicré (Zeilschrift fiir Veterinarkunitr, lyOT,
p. 488).
DIABETE SLCRE. 3
devient opaque ; la cataracte diabétique est double. On
peut voir apparaître la conjonctivite, des ulcères cornéens.
Finalement, lamaigrissement est excessif, le sucre diminue
de quantité dans les urines, et le malade succombe dans le
coma.
Marche et terminaison. — La marche est constamment
progressive et la terminaison fatale. Lainaigrissement
est de plus en plus manifeste, l'animal tombe dans le
marasme le plus absolu ; il présente quelquefois de la
furonculose (Kruger) et meurt au bout de sept à huit
semaines, malgré les meilleurs soins.
Anatomie pathologique. — Le foie est congestionné,
hypertrophié, jaunâtre, dégénéré (Heiss, DieckerhotT) :
les autres organes paraissent sains. On ne constate qu'ime
émaciation générale.
Diagnostic. — Pour établir le diagnostic, on se
base sur les symptômes polydipsie et polyurie, qui
portent à examiner les urines et à y rechercher le sucre.
L'amaigrissement progressif, la faiblesse, l'essoufflement
et les troubles oculaires viennent confirmer ce dia-
gnostic.
Pronostic. — Le pronostic est très grave, étant données
rinetlleacité du traitement et la marche progressive et
rapide de la maladie. Il est aggravé en ce sens
que le régime du cheval est un régime essentiellement
féculent et que l'on ne peut ici. comme chez Ihomme.
instituer un régime rationnel, ce qui explique peut-être
l'évolution si rapide de la maladie.
Traitement. — On conseille les cholagogues (acide sali-
cylique. salicylate de soude) et, s"il y a lièvre, les antipy-
rétiques [acétanilide, antipyrine) pour favoiùser la produc-
tion du glvcoffène et arrêter la formation du sucre.
MALADIKS ItK LA NUTRITION.»
II. — BOVIDKS.
Signalé iiar l)arl)as (i), le diabète dos bovidés ost un
phénomène svniplomatique oompliciiianl la lièvre de lait.
[Noeai'd, Saint-Cyr et Violet (2)] ou une maladie du système
nerveux comme l'hydrocéphalie chronique [tJirolti (3)]. On
ne connaît encore rien de précis sur le diabète essentiel
des bovidés en admettant son existence, qui nous parait
hypolliélicpie. Ilillerbrand (-4) a constaté du sucre dans
les urines d'une vache malade depuis cinq mois et réduite
c\ l'état squelettique.
III. — CAHMVORES.
Le diabète sucré constitue, chez les ciirnivorcs, une
affection nettement différenciée (pii est la copie lidèlc du
diabète de l'homme.
Étiologie et pathogénie. — Vàge a une grande influence :
on n'observe celte maladie que chez les sujets âgés. Les
diverses maladies cpii altèrent lanutrition. comme la ;)!ro-
plasmosc, peuvent produire la glycosurie et peut-être le
diabète; on ne sait rien de précis sur le rôle des troubles
nerveux et des émotions dans l'apparition de cette maladie.
L'alimentation trop abondante et trop sucrée, l'abus des
friandises peuvent déterminer de la glycosurie, et toute
glycosurie peut aboutir au diabète.
L'intoxication arsenicale et toutes les causes de dégéné-
rescence graisseuse favorisent son apparition ; on l'a vue se
manifester après ingestion répétée d'eau de La Hourboule
ou d'eau arsenicale (Sendrail et Lafon).
Les allrrationfi du /"o/c jouent un rôle prépondérant. Le
diabète hépatique est assurément le plus fré(iuent ; le foie
(I) Darbas, Jievtie vél., 1890.
(i) Saint Cyr (.'l Violet, Traité d'obsti-triquo.
(3) Girolli, .Xitovo Ereolnni, IS'.Mi.
(i) llillerbianil, T/ie Veterinary Record, 1910.
DIABETE SUCRE. 5
est atteint d'une altération graisseuse plus on moins pro-
noncée [Leblanc (1), ïhiernesse (2), Schmitt (3), Saint-
Cyr (4), Ferraro (5), Frôhner(6), Schindelka (7), Franzen-
burg (8), Cadéac et Maignon (9), Lanfranchi (10)].
Le l'oie est souvent hypertrophié en même temps ; mais
il est rarement indemne. Tant que ses cellules ne sont pas
entièrement détruites, le diabète est sucré, mais la glyco-
surie diminue vers la fin de la maladie, quand les cellules
sont entièrement détruites par la dégénérescence grais-
seuse et dépourvues de glycogène : l'animal privé de ses
fonctions hépatiques succombe. « C'est que, pour être dia-
bétique, il faut bien se porter » (Cl. Bernard), c'est-à-dire
être en possession d'un foie qui fonctionne encore . Quand
cet organe a subi la dégénérescence graisseuse, il ne ren-
ferme plus de glycogène, c'est-à-dire plus de source de
glycose (Sendrail et Lafon). Le système musculaire lui-
même éprouve le contre-coup de l'altération hépatique ; il
subit, par places, la même dégénérescence graisseuse. Des
portions de muscles sont atrophiées, jaunâtres, friables :
elles s'écrasent à la pression et se transforment en pulpe
onctueuse. Les muscles accusent, enfin, la même pauvreté
en glycogène que le foie (Cadéac et Maignon) ; ]esaltérations
du pancréas sont elles-mêmes des causes de diabète (diabète
pancréatique). Minkowski et Mering ont produit un diabète
glycosurique par l'extirpation du pancréas. Ce diabète ne
se produit pas si on laisse plus du dixième du volume
total du pancréas. La sclérose du pancréas peut ainsi
(1) Leblanc, Clitiique vét., 1851.
(2) Thiernesse, Ann. de méd. vét., 1861.
(3) Schmitt, Wocheiischr. f. Tierheil., 1863.
(4) Saint-Cyr, Journ. de l'Ecole de Lyon, 1870.
(5) Ferraro, Il Morgagni, 1883.
(ô) Frôhner, Monatschr. f'iir praklische Tierheil., 1892.
(7) Schindelka, id.
(8) Franzenburg, Berliner Tierarz. Wockenscki'., 1895.
(9) Cadéac et Maignon, Journ. de Lyon, 1907.
(10) Lanfranchi, Clinica veterinaria, 1907
6 MALADIES DE LA MTHITION.
évoluer chez le c/iini sans |)ro(liiire le inoindro syniiitnino
apprécialile. en raison de la rt'génération rajiiile du lissu
glandulaire riiez ret animal : mais, parfois, on voit se
dérouler tous les signes du diabète panci-éatitpie [Liénaux.
Almy. Sendrail el Lal'on il), etc.]. l/alroitliie du pancréas
est alors si prononcée que ses dimensions normales de
30 à 40 lenlimélres de long sont réduites à 3 centi-
mètres de long et à i centimètre d'épaisseur (Liénaux), ù un
nodule de la grosseur d'im haricot (Sendrail et La ton . h
un cordon dur, composé d'une série de grains blandiàlres
dans lestpiels on trouve des ganglions nerveux microsio-
piques dont les cellules semblent être en voie de dégc'né-
resccnce [Almy (2), Eber. Pernberlhy, Miiller].
Du côté du rein, les lésions sont plus discrètes; il existe
seulement de la dégénérescence graisseuse, localisée sur-
tout à la zone limitante, dans les cellules tq/itlndiales des
anses de Henle. et dans quelques points disséminés des
couches corticale et médullaire (tubes contournés et tubes
collecteurs). On constate, en outre, sur quelques points,
des altérations des cellules épilhéliales des tubes contour-
nés, caractérisées par l'abrasion rlu plateau el le défaut de
coloration du noyau. Nous n'avons trouvé rien de sem-
blable à la d(''générescence glyeogi''ni(pie décrite par les
auteurs dans les cellules épithéliales des tubes collecteurs.
Le diabète paraît résulter de l'extension d'un processus
d'artériosclérose, comme tendent à le montrer les lésions
vasculairesetles lésions concomitantes du cœur (Sendrail).
Symptômes. — Le diabète est par excellence la maladie
latente; elle débute d'une manière insidieuse el n'est
soupçonnée que lorsque l'amaigrissement et la polyurie
sont intenses. Le processus est déjà parvenu à la période
d'état ou i» une époque rapprochée de sa terminaison, (piand
(1) Sendrail et Lafon, Revue véf., 1906, p. 232. — Muller, />re.srf. Ber.,
1006. — Li«?naux, Annales de Bruxeltrx, 1897.
(2) Almy, Diabète sucré avec atrophie du pancréas {Société centrale, 1900,
p. 882).— Voy. t. 111, p. 10 de la Pathologie interne.
DIABETE SUCRE. 7
on a la possibilité d'étudier les malades. Il est caracté-
risé par quatre symptômes cardinaux : la glycosurie, la
poljurie, la polvdipsie. l'amaigrissement et des troubles
accessoires.
a. La glycosurie, conséquence de l'iiyperglycémie, est le
symptôme caractéristique du diabète. Le sucre, qui existe
normalement dans le sang dans la proportion de l^',^
■ pour 1 000 en moyenne, augmente notablement de propor-
tion; il passe en partie dans les urines dès que cette quan-
tité dépasse 3 grammes ; on peut même trouver T^'.SS par
litre dans le sang de la carotide (Cadéac et Maignon). Pour-
tant le rapport entre la quantité de sucre qui existe dans
le sang et celle qui traverse le filtre rénal n'est pas constant :
il y a rétention relative quand le rein altéré s'oppose par-
tiellement à ce passage.
La glycosurie offre une intensité très variable ; on n'en
trouve quelquefois qu'une très petite quantité, mais on l'a
vue monter jusqu'à 20 grammes par litre. Cette quantité
subit d'ailleurs de grandes oscillations; on peut la voir
varier de 54 grammes à 94 grammes d'un jour à l'autre,
sous l'influence d'une alimentation féculente ou même sans
cause connue (Gadéac).
L'urine sucrée est jaunâtre, filante, sirupeuse, de den-
sité supérieure à la normale; on y révèle la présence du
glycose en chauffant, dans un tube à essai, l'urine suspecte
additionnée de liqueur de Fehling (liqueur cupro-potas-
sique) ; il se forme, en présence du sucre, un précipité
rougeàtre, pulvérulent, d'oxyde de cuivre (1).
b, Lsi polyurie est généralement très appréciable; elle
est cependant moins marquée que dans le diabète insi-
pide ; les mictions sont fréquentes et abondantes; les chiens
les plus propres s'oublient dans les pièces où ils se trouvent
et finissent par uriner partout. C'est ce symptôme qui attire
(1) Voy. Sémiologie, t. I, p. 424, pour les divers moyens de déceler et de
doser la glycose dans les urines.
8 MALADIES DE LA NUTRITION.
généralement l'attention du propriétaire et rpii fait soup-
çonner l'existence du diabète.
c. La polydipsie est en rapport avec la polyurie ; le chien
manifeste une soif intense; il s'arrête pour boire à toutes
les flaques d'eau.
d. Ij' ainaigrissemott progressif, malgré une nourriture
abondante absorbée avec grand appétit, devient bientôt le
signe caractéristique. La maigreur, attribuée, au début, à
des vers intestinaux, s'accuse de jour en jour malgré un
redoublement d'aliments. L'animal s'affaiblit et devient
d'une maigreur squelettique : les côtes, les apopbjses
épineuses des vertèbres dorsales et lombaires, les angles
externes des iliums, les pointes des ischions, en un mot
toutes les éminences osseuses forment des saillies très
accusées sous la peau, à travers les masses musculaires
atrophiées. Le ventre est levrette (fig. i).
La marche est très difficile; les membres vacillent sous
le poids du corps. Il y a cependant des chiens diabétiques
qui conservent leur embonpoint (diabète gras).
Pes troubles de la plupart des appareils viennent aggra-
ver l'état général du malade. On voit survenir des érup-
tions eczémateuses, de l'œdème du lourroau et de la bala-
nite suppurée : on observe quelquefois de ralbuminm-ie.
qui trahit une altération rénale. Les accidents digestifs
consistent principalement dans une diarrhée intense, opi-
niâtre et parfois dansune stomatite tartrique et ulcéreuse
et dans des vomissements: l'animal s'essoidTle très vile; il
présente souvent de romphysème. de la bronchite, des
troubles circulatoires ave<' insuflisance mitrale, de l'hyper-
tropliie des thyroïdes, l'aspect ulcéreux des plaies; mais
ce sont les troubles oculaires qui sont les plus fréquents et
les plus étroitement liés à l'altération de la nutrition. On
constate des opacités répétées du cristallin (Eisenmenger),
de la cataracte simple ou double f]ui entraine la cécité en
quelques semaines, des ulcères cornéens, un décollement
de la rétine, l'atrophie du nerf optique.
DIABETE SUCRE. 9
La motricité, la sensibilité sont généralement peu altérées;
on peut cependant observer de l'hémiplégie (Schindelka)
et une diminution de l'intelligence avec apathie et indiffé-
rence complète des animaux les plus affectueux.
Marche, durée, terminaison. — On constate quelquefois
au début, un peu de fièvre ; mais la température descend
Kig. 1. — Chien diabétique (Cadeac).
ensuite assez rapidement au-dessous de la normale et. vei-s
la tin de la maladie, elle tombe à 37° .2. Le processus a une
marche progressive et une durée relativement courte; un
(■hicn diabétique vit de quatre à huit mois ; mais il faut tenir
compte de ce fait qu'on ignore généralement le début
de l'affection. L'animal meurt dans un état de maigreur
extrême, ou succombe au coma diabétique avec hypo-
thermie et absence presque complète du sucre dans ses
urines.
Traitement. — Il faut d'abord modifier le régime : sup-
1.
10 MALADIES DE LA NUTRITION.
primer les f(*(ulen(s, les sucres et la viande. Sous rinflucnce
du régime carné, la glycosurie augmente. Le sucre uri-
naire s'accroît, en effet, dans le diabète, proportionnelle-
ment à la quantité de viande ingérée.
Les corps gras saponitiés sont les seuls aliments qui
diminuent ousupprimoni la glycosurie, mais ne suppriment
pas la cause môme du diabète. Le lait est indiqué dans
les cas de lésions rénales; on administre des cholagogues
comme le salicylate de soude, le bicarbonate de soude
(1 à 3 grammes matin et soir), l'eau de Vicby pour couper
l'eau des boissons.
On combat la poljurieà l'aide des bromures et de lanti-
pjrine :
.\ntip\Tine G à 12 grammes.
Sirop simple 300 —
On administre trois à quatre cuillen-es par jour de ce!
mélange.
(tn combat le coma par le café, le thé ou les injection^
soizs-cutanées d'étber ou de café. On entretient les malades
au grand air, en supprimant toute cause de fatigue; éviter
de pratiquer des opérations sur ces malades. i
IL — DLVnÈTE INSIPIDE.
Définition. — Le diabète insipide est caractérisé par le
rejet d'une quantité considérable d'urine, claire, transpa-
rente, d'un poids spécifique moins élevé qu'à l'état normal
et ne renfermant pas de sucre. 11 se distingue du syndrome
polyurie par la diiuinulion des forces et l'amaigrisseuKMît
des animaux. La polyurie dénonce la résorption dexsudals
ou d'épancliements [z<rme,ç criiiçMes (i)], la néphrite inter-
stitielle chronique, des intoxications déterminées par le
nitrate de potasse, de soude, parla digitale ou les produits
mélasses; le diabète insipide trahit biihitucllcmcnt une
(1) Voy. Polyurie, iii Sémiologie, t. I, p. Ii87).
DIABÈTE INSIPIDE. il
désassimilation exagérée, une dénutrition azoturique,
albuminurique, analogue à celle qu'on observe dans le dia-
bète sucré ; mais on ne connaît pas, chez les animaux, les
diabètes insipides phosphatique. inosurique, oxalique ; c'est
le diabète insipide essentiel, sans sucre ni albumine, qui
est le plus commun ; il est exclusivement caractérisé par
la polyurie, la polvdipsie et l'amaigrissement. On Tobserve
principalement chez les solipi'des et le chien.
I. — SOLIPÈDES.
Le diabète insipide essentiel ou vrai a été signalé par
Moiroud. Weber, Cagnj-, Dieckerhoff. Schindelka.
Étiologie. — Les aliments moisis, notamment le pain
moisi, l'avoine échauffée (Moiroud. Dieckerhoff), les vesces
altérées sont les principales causes de ce diabète insipide;
les fermentations déterminent probablement la formation
de produits toxiques qui troublent le système nerveux et
provoquent la diurèse. Les adonis, les anémones et sur-
toutlesasclépiadées engendrent ce trouble chez les inou^o»s
(Veith'i. Les fourrages gelés sont également une cause de
ce diabète (Koll). On le voit particulièrement apparaître
l'été, àla suite de grandes fatigues chezhs chevaux entiers;
il est beaucoup plus rare chez les fy/evau.Y hongres et excep-
tionnel chez les juments. Il est permis de croire à la con-
tagion de ce trouble fonctionnel quand on voit tous les
chevaux d'une écurie devenir polyuriques quelque temps
après l'arrivée d'un cheval lui-même atteint de polyurie
(Cagny, Gagnât) ; mais on peut supposer aussi que les
mêmes conditions de travail et d'alimentation se tradui-
sent par des troubles analogues. La polyurie symptoma-
lique peut succéder à un traumatisme du foie (Perrin , à
des altéi'ations du système nerveux central et sm'tout à la
tuberculose, à la morve et à la lymphadénie ; il y a géné-
ralement un amaigrissement progressif des animaux en
même temps qu'une anomalie de la sécrétion rénale.
12 MALADIES DE LA NUTRITION.
Symptômes. — Le diabMo insipide qui succède k l'in-
gestion d'aliments altérés, à un travail pénible pendant les
chaleurs de l'été, se développe tantôt brusquement, tantôt
graduellement, de sorte que son existence passerait inaper-
çue si elle n'était trahie par l'affaiblissement des sujets,
leur amaigrissement et une polyurie de plus en plus
intense. Les animaux urinent fréquemment et en grande
quantité; ils expulsent journellement 30à601itres d'urine,
et urinent jusqu'à quatre à dix fois par heure ; on observe
quelquefois delà dysurie par suite de la tuméfaction catar-
rhale de la muqueuse des tubes urinifères; il j a parfois
même une véritable incontinence d'urine. Ce liquide est
aqueux, transparent, d'une densité toujours inférieure à
celle de l'urine normale; son poids spécifique est de 1001 à
d002; ce sont surtout les sels de chaux qui disparaissent ;
on peut y découvrir quelquefois de l'albumine, mais jamais
de sucre; l'examen microscopique donne des résultats né-
gatifs.
La polydipsie est toujours très prononcée ; les animatix
absorbent quelquefois jusqu'à 100 litres de liquide.
En même temps, les malades maigrissent, leurs forces
baissent; le pénis est pendant; lessécrétionsdigeslivesdimi-
nuent ; ou observe de la constipation sans lièvre, sans
troul)ics circulatoires bien appréciables.
Marche. — Ce trouble sécrétoire persiste pendant un
mois à six semaines ; il disparaît plus rapidement quand
il est d'origine alimentaire et (piOu h promptement sup-
primé les aliments nocifs. Exceiitiounelieuient, le diabète
insipide, abandonné à lui-même, persiste plusieurs mois et
parfois même plus de deux ans (Crève, DieckerliolV) pour
aboutir à la cachexie.
Diagnostic. — La poh/uric simple se distinguedu diabète
insipide par sa dispai-iliou |u-oiiipt(' sans auiaigriss(Miient
(lu sujet.
Le diabète sucré s'en ditVérencie par i'i'b'vation du poids
spécifique et la pi'ésence du sucre dans les urines ; la
DIABÈTE INSIPIDE. 13
néphrite, par l'existence d'une albuminiirie persistante.
Traitement. — Le changement de nourriture, le repos,
donnent les meilleurs résultats ; on doit réduire aussi la
quantité d'eau à 20 ou 24 litres par jour, car on a remar-
qué que la polyurie est entretenue par l'absorption de
grandes quantités d'eau (Leblanc, Gagnai).
Les médicaments sont entièrement inefficaces.
II. — CHIEN.
Le diabète insipide du chien n'est pas rare : il est carac-
térisé par de l'amaigrissement et le rejet d'une grande
quantité d'urine ne contenant aucun élément anormal
{polvurie essentielle) ou renfermant une certaine quantité
d'albumine.
Étiologie. — Les causes passagères de polydipsie qui
déterminent de la poljurie, en augmentant la masse du
sang, ne peuvent être regardées comme des sources de
diabète insipide.
Telles sont les gastro-entérites, qui s'accusent par une
soif intense; la néphrite chronique, les intoxications,
les diurétiques, le sucre, qui élèvent la tension sanguine
dans les glomérules et engendrent des vaso-dilatations
rénales.
Le diabète insipide résulte principalement de troubles
nerveux.
La piqûre du quatrième ventricule, les lésions bulbaires,
cérébrales, cérébelleuses, l'écrasement de la région sous-
lombaire par une roue de voiture (Holzmann), la compres-
sion de la moelle par des tumeurs déterminent la polyurie
par excitation des nerfs vaso-dilatateurs du rein.
La désassimilation exagérée pi'oduite par des tumeurs,
la ]jmphadénie,la tuberculose, l'abcédation de la prostate
et des ganglions périanaux (Schindelka), s'accompagnent
quelquefois de diabète insipide. La sécrétion rénale devient
anormale, l'organisme perd la faculté de séparer l'acide
14 MALADIES DE L\ MTIUTION.
nrique et les sels ; ces prodiiili^ d'excrrlion sont résorbés
;m nivciui des gloméniles par ilo grandes qiiantilé-s d'eau.
Symptômes. — La polyiirie essentielle est dcnonci'-e par
ré'niission fn^piente cl ahondantc (Turinc <daire, limpide,
inodore, ne renfermant ni sucre, ni aucun élément étran-
ger. 11 s'agit, le plus souvent, dans ce cas, d'un phénomène
passager, dépourvu de troubles gé-néraux, qui s'atti'nue et
disparaît pi'ogressivemenl au bout de quelques semaines
ou d'un mois. Quand le diabète insipideest lié à une mala-
die organique, l'urine présente souvent des traces d'albu-
mine; elle est rejetée encpianlilt- considérable(3 àilitres) ;
l'animal urine aussi à tout instant : il ne peut être con-
servé dans les appartements; il manifeste une soif vive;
il absorbe de grandes quantités d'eau (quelquefois 10 à
151itres). Quand l'eau vientà manquer, ces malades absor-
bent l'eau croupie, l'eau sale infecte ou même leurju-opre
urine ; l'urine rejetée est ainsi constamment en rapport
avec la quantité de liquide que l'animal a pu ingérer. La
peau devient sèche, les poils ternes, les muqueuses pAles ;
l'appétit diminue ou est capricieux : l'amaigrissement
s'accuse de plus en plus, cl ranimai peut succomber si
l'on ne modilie pas son régime ou si on l'abandonne fi
lui-même.
Diagnostic. — Le diabète insipide vrai peut être reconnu
el dinV'reucié dembb'eilcs diverses maladies qui engendrent
une polyurie passagère ; il suflil d'administrer i\ l'animal
suspect une dose de quelques grammes de sel marin pen-
dant quelques jours. L'exagération rapide de la quantité
d'urine sécrétée témoigne de l'existence du diabète insi-
{»ide ; le sel marin ne modilie pas laquantiti- d'urine dans
les autres cas, sauf dans la néphrite inlerstitielle, qu'on
dilV(''rencie du diabète par des symptômes spéciaux.
Traitement. — Une bonne alimentation, composée de
lait et de viande crue, exerce une influence salutaire.
Il faut Restreindre la quantité de liquide (tisane d'orge et
de chiendent) qu'on donne en boissons. Les préparations
OBÉSITÉ. IS
valérianées, bromurées ou opiacées, exercent une action
sédative sur le système nerveux et peuvent enrayer un
diabète insipide récent ; elles sont peu efficaces quand il
est ancien.
Bromure de potassium ou de sodium 25 grammes.
Sirop d'écorce d'oranges amères iOO —
Une cuillerée à soupe, matin et soir.
III. — OBÉSITÉ.
L'obésité est un état pathologique caractérisé par Ihyper-
trophie généralisée du tissu adipeux.
Étiologie. — L'obésité physiologique ou engraissement
résulte d'une alimentation très copieuse chez les animaux
au repos, de telle sorte qu'il y a disproportion entre l'apport
et l'utilisation des matériaux nutritifs.
L'obésité pathologique l'ésulte fréquemment d'un ralen-
tissement delà nutrition caractérisé par une oxydation et
une combustion incomplète des aliments ingérés en quan-
tité normale.
; Les chiens eczémateux sont fréquemment obèses par
ce mécanisme.
La suppression de la vie génitale agénéralementrobésité
pour conséquence. La castration diminue l'activité muscu-
laire et ralentit les combustions; elle diminue à la fois les
besoins et les dépenses.
Vdge avancé, qui est caractérisé parla prédominance de la
désassimilation sur l'assimilation, diminue l'activité mus-
culaire et favorise l'engraissement : les vieux chiens sont
fréquemment obèses.
Les (7;era;/.Y emphysémateux deviennent obèses par suite
de la diminution de la capacité respiratoire du poumon.
L'obésité résulte toujours d'une suralimentation absolue ou
relative. Augmenter la quantité de principes nutritifs ou
diminuer l'intensité des combustions produit l'obésité.
Symptômes. — Le corps s'arrondit, les angles s'effacent;
16 MALADIES DE LA NUTRITION.
les creux se remplissent ; la peau s'épaissit et forme des
plis mous et élastiques. Le tissu adipeux envahit principa-
lement le tissu cellulaire sous-culané et intermusculaire du
cou, du tronc, du ventre, des épaules et des cuisses, l'épi-
ploon et le mésentère. Le ventre, distendu, donne quelque-
lois l'impression, chez le chien, d'un commencement d'as-
cile. L'obésité est une cause de fatigue pour le fonction-
nement de tous les organes; les animaux indolents s'es-
souflent au moindre exercice; ils se fatiguent vite et se
couvrent de sueur. Lactivité cardiaque est alTaiblie; le
pouls est accéléré et mou; la digestion est lente, pénible;
le chien gras est généralement constipé (fig. 2).
Marche. — C'est une maladie qui évolue lentement,
compatible avec un léger travail; elle est suivie d'ané-
mie, demphjsème, de troubles respiratoires et circula-
toires, qui peuvent devenir asphyxiques. Chez le cheval,
elle se complique fréquemment de furonculose au pour-
tour de la queue et chez le chien d'eczéma et d'impé-
tigo. Parfois, chez cet animal, l'adiposité du mésentère est
si itrononcée (lucilo simule l'ascile (Magnin).
Traitement. — Diminuer la ration journalière et
augmenter la durée de l'exercice, tels sont les deux
moyens de combattre le dépôt de graisse dans les
organes et les tissus. Chez le chien, il faut diminuer le
nombre des repas et la quantité de corps gras et de
f('cul('nts qu'on donne à cliafpie repas. L'iodin-e de potas-
.sjum est souvent utilisé, chez un animal, pour le faire
maigrir.
Les préparationsà base de thjroïdine rendent de grands
services parce qu'elles amènent une disparition rapide des
graisses, et une forte deslruclion d'albumine, i-'est ji^urquoi
leiireniploi nécessile un plus riche apport d'albumines.
Parmi ces dilïérentes préparations, on peut employer la
la thvroïdine éjiurée [chien, 0'!'',2-0e>',3 jusqu'à Qs^Tri, ou
t rois fois par jour unr;uillère à café de la solution îi 0,1 p. 100);
Ibvroïdine de P6/(/ (trois fois par jour0g^3 k 08', 0' ; iodo-
GOUTTE. 17
thji-ine (Og%l à 0sf,2). Les glandes thyroïdes d'animaux
Fig. 2. — Chien obèse d'apparence ascitique.
fraîchement abattus conviennent bien pour combattre
l'adiposité.
IV. — GOUTTE.
Définition. — La goutte est une maladie générale de la
nutrition caractérisée par le dépôt d'acide urique et
d'urates dans les articulations (arthrite goutteuse) et dans
les organes internes (goutte viscérale). Sous sa forme la
plus typique, on l'observe exclusivement chez les oiseaux;
mais avec des caractères frustes, elle paraît susceptible de
se développer chez les autres espèces animales.
18 MALADIES DE LA NL'THITION,
I. — OISEAUX.
Étiologie et Pathogénie. — L;ilimcnlation joue un rolo
prépondérant dans l'étiologie de cette maladie. 1^'acide
urique provient principalement des aliments riches en
nucléines, comme certaines graisses et diverses matières
animales : les nucléo-alhumines so dédoublent en albu-
mine et nufléinos ; les nucléines, en albumine et acide
nucléinique; lacide nucléinique donne de l'acide phosplio-
rique, certains sucres et les corps alloxuriques (xantbine,
hypoxanthine, guanine, adénine, etc.) ; ceux-ci, à leur tour,
se transforment partiellement en acide urique. L'ingestion
expérimentale de viande de clicvnl pendant une semaine à
un mois i)erme( de faire déveIop|ier la goutle chez les
/*o;//e.s (Kionka et Bannes, Khsiein, Widal).
Certains produits toxiques favorisent ces dépôts d'urate
et d'acide urique : tels sont le plomb, chez YJioiinne; les
acides chromique, oxalique, le sublimé, le sucre de canne,
l'acétone, l'aloïne chez \es jjoiik's iKossa). Des observations
récentes permettent de considérer ÏUsIilaç/o rndidis
comme une cause de goutte chez les oiseaux. Tous les
poisons agissent en déterminant des néphrites toxiques
qui sont des causes de rétention des urales. La ligature
des uretères aboutit, chez la poule, le pigeon ou Voie,
au même résultat par le même mécanisme : il se l'orme des
dépôts uratiques dans les organes internes (estomac, intes-
tin, cœur, poumon), commedansles articulations (Ebstein,
Arthus).
Il n'est d'ailleurs pas rare de constater l'obstruction
d'un uretère par une concrétion uratique soit chez la
poule, soit chez le pigeon (Larcher) (1). Chez le lapin,
l'acide urique, injecté en assez grande quantité sous la
peau, se transforme en paillettes d'urate de soude (Van
Loghem).
(1) Larcher, Société centrale, I891-, p. 45.
GOUTTE, ' 19
Le défaut d'élimination des urates produit ainsi les
mêmes résultats que leur excès de production.
Les sédiments d'acide urique et d'urates se déposent
partout où le sang circule très lentement, comme au niveau
des reins du pigeon (Liénaux), au niveau des tissus
nécrosés chez tous les animaux (Ebstein) ou des articu-
lations chez les poules bien nourries et sédentaires. Les
grosses races, comme celles de Cochinchine et de Brahma,
qui ne font presque pas d'exercice, y sont particulièrement
|irédisposées (i).
La goutte est très commune chez les perroquets, qui ne
quittent pas leur perchoir : chez les rapnces entretenus
dans les jardins zoologiques, tandis que la maladie est rare
chez les autruches et chez les oiseaux qui vivent en liberté,
comme les palini])èdes aquatiques ; cependant on l'a vue
frapper, d'une manière enzootique, les oies d'une grande
exploitation (Hartenstein).
Cette maladie sévit plus souvent chez les roqs que chez
les poules, et, parmi celles-ci, ce sont les poules qui ne
font pas d'œufs qui sont le plus fréquemment atteintes ; elle
frappe exclusivement les animaux adultes ou âgés. Un
trouble nutritif accidentel ou héréditaire semble s'ajouter,
chez ces animaux, à l'action des aliments pour favoriser
les dépôts uratiques engendrés par rétention rénale ou
hyperproduction aboutissant, dans les deux cas, à la satu-
ration du sang par les urates.
Symptômes. — Dans la goutte articulaire, les arti-
culations frappées (tarse, métatarse, phalanges, coude)
sont douloureuses à la pression et présentent des tuméfac-
tions partielles ou diffuses, situées sur les parties laté-
rales des jointures, d'une consistance molle: ce sont des
tophus ou des nodules arthritiques. De la grosseur d'un
d'un grain de chènevis ou d'une lentille, exceptionnelle-
(1) Lucet, Sur un cas d'urémie chez là poule (Recueil de méd. vét., 1891,
p. 171).
20 MALADIES DE LA NUTRITION.
ment de celle d'un (piif de pigeon chez les gros oiseaux, ces
lophus sont rarement mobiles sous la peau ; ils l'ont
généralement corps avec l'os; ils se multiplient au pour-
tour de l'articulation et s'étendent le long des tendons,
dans la peau et les tissus sous-jacents, ou dans le voisinage
du rachis des plumes. Ces nodules ont une évolution très
variable : tantôt l'épidenne se desquame et s'amincit à
leur surface; tantôt meurtris par des contacts anormaux,
ils se ramollissent et s'ulcèrent ; il s'en échappe une
matière blanchâtre ou gris jaunâtre constituée par un
mélange de pus et d'urates. Les bords de ces ulcérations
sont légèrement sanguinolents; le tissu osseux ou cartila-
gineux peut apparaître dénudé, et la sonde peut pénétrer
dans l'articulation ouverte.
Les signes fonctionnels qui accompagnent ces altérations
articulaires consistent dans des troubles locomoteurs ou
dans l'impossibilité de voler.
Les membres malades sont fréquemment agités de
mouvements spasmodiques : les animaux ne peuvent se
maintenir longtemps sur leurs pattes; ils ont une démar-
che chancelante et paraissent souffrir beaucoup. Chaque
fois que leurs doigts, déformés, heurtent un obstacle, on
les voit se tenir' immobiles comme s'ils couvaient des
œufs.
L'évolution de la maladie est lente et progressive ; la
plupart des articulations deviennent malad.es; les sujets
perdent l'appétit et deviennent d'une maigreur extrême.
L'as|)ect de leurs plumes moins brillantes et hérissées, la
pâlciu" de leur crête, devenue flasque, et enfin l'invasion de
la diarrhée, dénotent, chez eux, une grande faiblesse et lina-
lement, on les voit succomber dans le marasme.
Quand les animaux résistent, les articulations intéressées
se déforment et s'ankylosent ; souvent les ongles s'épais-
sissent, prennent une forme tortueuse ; quelquefois même
ils tombent avec la idialange qui leur correspond flg. 3).
La goutte a une évolution chronique; elle est rarement
GOUTTE.
21
aiguë, comme Harstentein l'a observée chez les oies. Elle
commence habituellement par une extrémité et gagne
ensuite, au bout de quelques mois, les articulations corres-
pondantes de l'autre patte sans troubler en rien l'état
général. On peut constater des poussées aiguës dans les
principales articulations atteintes.
La guérison est très rare; elle ne peut survenir que chez
Fig. 3. — Extrémités des pattes d'une poule goutteuse (d'ajirès Liénaux).
les animaux enfermés auxquels on rend la liberté. Chez
tous ceux qui vivent en captivité, le pronostic est défavo-
rable; la goutte ne rétrograde jamais ; il se produit tou-
jours des ankvloses et des déibrmations irrémédiables (1).
Anatomie pathologique. — Les cartilages articulaires
sont le siège de dépôts blancs comme la craie, limités au
(1) Hébrant et Antoine, A propos de la goutte ou diathèse urique cliez les
oiseaux (Ann. de méd. vét., 1909, p. 321).
22 MALADIES DK LA NUTRITION.
centre ou étendus à la périphérie; çà et là, on observe des
ulcérations cartilagineuses. Les ligaments articulaires, les
muscles, le tissu conjonctil" intermusculaire, les tendons au
niveau de leurs insertions sont le siège de dépôts uratiques
qui envahissent aussi le tissu osseux [colonne vertébrale,
os du bassin, côtes, ailes et membres inférieurs (Larcher)],
les cartilages du larynx, les parois vasculaires et la peau.
Les lésions viscérales sont elles-mêmes très fréquentes.
Les séreuses (plèvre, péritoine, péricarde), les paren-
chymes (foie, poumon, estomae) sont le siège de nodosités
crayeuses ou analogues à du talc, plus ou moins volumi-
neuses, à l'eflets plus ou moins chatoyants quand elles sont
sèches.
Les reins et les î/j'e^è/rs renferment des cylindres ou des
bouchons blanchâtres: on trouve des cristaux autour et
dans les tubes droits et les tubes contournés.
Diagnostic. — La maladie est réellement caract ('risée
par l'examen microscopique ou chimique de l'acide urique
ou des urates dans les articulations ou les viscères. L'exa-
men microscopique permet de constater la présence de
cristaux en aiguille d'uralede soude. Le produit traité par
l'acide nitrique et évaport' dans un verre de montre, à une
température douce, donne une masse rouge-pelure d'oignon,
qui devient pourpre par l'addition d'une goutte d'ammo-
niaque. On a là d'excellents moyens de distinguer les
arthrites goutteuses des arthrites hiberculeuses ou des
formes articulaires chroniques du choléra aviaire. Dans
la gale des pattes, les déformations articulaires sont déter-
minées par des croûtes,, au-dessous desquelles on peut
découvrir les femelles ovigèrcs du Sarcoptes mutans.
Traitement. — Diminuer la nourriture des animaux
malades; supprimer les aliments Iroj) azotés, particidiè-
rement ceux (pii sont très riches en nucléines ; administrer
avec l'eau des boissons des sols alcalins, notamment du
bicarbonate de soude, de l'eau de Vichy ; modifier le régime
des animaux eu leunlonnanl la liberté.
GOUTTE. 23
La pipérazine à la dose de 0?''.5 à 1 gramme chez les
poules, de 0^^,40 à 08^,50 chez les pigeons, fait diminuer
la quantité d'acide urique et d'urates dans le sang. Le
salicylate de soude à l'intérieur, les frictions à lalcool. les
badigeonnages à la teinture diode ou à l'huile de laurier
sont indiqués pour combattre les déformations arti-
culaires.
Après la disparition des manifestations aiguës, Marek
conseille l'ablation, avec le scalpel, des tuniem's bien
délimitées: pour celles qui sont molles, on en pratique
lincision. puis le curettage.
Lorsque l'articulation est ouverte, on institue un traite-
ment antiseptique.
II. — MAMMIFÈRES.
La goutte des inawiniteres est à peine soupçonnée.
Signalée chez les vieux r/;ye/3s($pinola. Bruckmùlier. Cha-
zeau), elle se localise au niveau des articulations infé-
rieures des membres et de l'extrémité inférieure des côtes
et paraît se terminer par l'ankylose des articulations
noueuses.
Chez le cheval, les extrémités osseuses des membres
postérieurs deviennent douloureuses; elles se tuméfient et
empêchent l'animal de se déplacer pendant quinze jours
au minimum. Cette douleur peut se localiser aux boulets,
aux jarrets, à la couronne, au paturon, et s'accompagner
de troubles urinaires avec rejet d'un sédiment abondani
(Vogt) qui fait dire que les animaux sont « graveleux »
(Chazeau) (1). C'est une maladie récidivante qui tend à
s'atténuer à la suite d'un travail régulier.
Chez le bœuf, on peut observer des troubles articulaires
« chez des animaux ayant la pierre ».
Chez le porc, on a signalé des dépôts de guanine dans
(1) Chazeau. Revue générale, t. II, 1911, p. 695.
24 MALADIES I)K LA NLTRITIOX.
les articiihitions (Ffliig, etr.). La réaction de Tiirine de ces
animaux est en rapport avec leur alimentation. Les povi-s
goutteux sont fréquemment atteints aux ijuatre membres
[Péricaud (1)].
Traitement. — t)n ne s'est pas pn-occupé du traitement
de cette maladie chez les inanuuilV'res.
V. — ACHONDROPLASIE.
L'achondroplasie est une maladie congénitale qui atteint
lesos développés aux dépens des cartilages (2). Il y a raccour-
cissement des membres et de la tôle [veinix-boulcdoçjues.
veaux-tortues) par défaut de formation, de prolifération
et d'ossification des cartilages (Voy. Achondroplasie. in
Pathologie chirurgicale générale, t. L p. 334).
VI.— RACHITISME.
Le racbitisme est une affection du système osseux des
jeunes animaux caractérisée par des déformations tempo-
raires ou permanentes dues à l'insutïisance des sels miné-
raux nécessaires à la constitution du squelette. On l'observe
chez tous les animaux (3). (Voy. Pathologie chirurgicale gé-
nérale, t. I.)
(1) Péricaud, Goiilte du iiorc {Soc. renir., 190S).
(2) Zschokke, Anomalies de développement des os. — Regnaull, L'achon-
droplasie chez le chien (Recueil de mcd. vcl., 1901, p. 118). — lA'blanc,
Achondroplasie et my.\œ lème (loitrnnl de Lyon, 1901).
(3) Zwaenepoel, Enquête faite en 1912 poui- eciirlor les causes, la fréquence
et la gravité du rachitisme des [joulains dans la Flandre occidentale: mesures
à prendre pour enrayer l'extension de la maladie (Annales de mcd. x'ét.,
1913, p. 69). — Liénau.\, Le fau.'c éparvin du poulain rachilique (Anna/es
de méd. vél., 1911, p. 377). — Liénaux, Sur l'alaxic locomotrice des poulains
rachitiqiies et sur le diagnostic difTérentiol du tour de rein (Anna /ci de
méd. vêt., 1912, p. 130). — Loos, Rachitisme chez des porcelets alimentés
exclusivement avec de la viande et des pommes de Icrre (]Vor/ienschri/'( fiir
Tierheilkunde, 1905, et Revue générale, 190C, 1. 1, p. i'67).
MALADIE DU RENIFLEMENT.
VII. — CACHEXIE OSSEUSE.
La cachexie osseuse est une maladie générale qui se
traduit par la décalcification du système osseux et la disso-
lution des travées osseuses. On l'observe principalement
chez les bovidés adultes et la chèvre sous la forme
sporadique ou endé-
mique à rinstar des
maladies infectieuses
(tig. 4j. Cette maladie
se sépare nettement
du rachitisme (Voy.
Pathologie chirurgi-
cale générale, t. 1,
p. 281) (Carougeau).
VllI. — MALADIE
DU
RENIFLEMENT.
La maladie du reni-
flement est une mala-
die microbienne du
porc très rapprochée
de l'ostéomalacie des
bovidés eldeschè vro.t,
si ce n'est pas la même
maladie.
En faveur de l'iden-
tité, on peut invoquer son inoculabilité à la chèvre et la
coexistence de la maladie du reniflement chez le porc et
de la cachexie osseuse du ])œut' dans les mêmes exploita-
tions (Liénaux) (Voy. Maladie du reniflement, in Patho-
logie chirurgicale générale, t. I).
Il faut isoler les malades et désinfecter les locaux qu'ils
occupent. ,
Cadéac. — Patholosie interne. VII. 2
Fig. 4. — Ostéomalacie (Besiioit).
26 MALADIES DE LA NUTRITION.
IX. — OSTÉOMALACIE DES EQUIDES.
Conntio sous le nom de maladies du non, ou (ïostéopo-
rose(i), refle maladie infectieuse, propre aux équidés. es!
raraotérisée par une ostéomyélite généralisée avec démi-
naralisalion progressive et se traduit par d(!s boiteries, un
gontlement pathognomonique des os maxillaires, par des
arrachements tendineux et ligamenteux, des fractures et
par un amaigrissement considérable, malgré la conserva-
lion de Tappétit (Carougeau).
Elle est rare en Europe, 1res répandue en Amérique,
enzoolique en Cochinehine, en Australie, dans l'inde et
dans l'Afrique du Sud. A Madagascar, elle rend inutilisables
dans un délai de trois à quatre ans la plupart des équidés
importés. L'ostéomalacie frappe les animaux de tout âge ;
elle évolue comme une maladie infectieuse de la moelle
osseuse qui intéresse ensuite l'ensemble du squelette; le
tissu osseux se raréfie et est remplacé pardutissu conjonc-
tivo-vasculaire plus ou moins abondant. Les diverses
tentatives d'inoculation ont échoué.
Traitement. — Le phosphate trihasi(pie de chaux
(10 grammes) associé au carbonate de chaux (8 grammes),
à la magnésie, calcinée (5 grammes), au chlorure de sodium
(10 grammes), produit de bons résultats.
Les arsenicaux sont un adjuvant important de celle
médication (Carougeau) (2). Le déplacement des malades
vers des régions indemnes amène souvent la guérison.
X. — OSTKO-PI^KIOSTITR DIFFUSE.
Le domaine de l'ostéo-périostile dilhise du r/irval et du
(1) Pathologie rkiruriiieale générale, t. I,]). 'M^S.
(i\ Carougeau, Klude génornle de l'ostéomalacie chez le cheval uarticuliè-
remenl à Madagascar {Revue générale, t. 1, p. 1-04). — Guilheni et Jandraii,
Revice vét., iSOS, p. 201. — Germain, Recueil de méd. vét., 1881. — Pécaud,
l.ostéoinalacie des équidés auToiikin [Revue générale de méd. re/., janvier
1904).— Horrel, Diaiiaz el .Marliaiigeas {.hiurn. des véf. mi/ilaires. H»10).
OSTEO-PERIOSTITE DIFFUSE. 'l >
chien, (\è]k décrite (1), s'est enrichi d'une série de travaux
importants qui établissent le rôle prépondérant de la
tuberculose inflammatoire dans Je dévelo[)pement des
ostéo-arthropathies hypertrophiantes et des ostéo-périos-
tites ditTuses, presque toujours symétriques. Poncet puis
Marie ont précisé depuis longtemps les relations étroites
de l'ostéo-arthropathie hyperlrophiante de \ homme avec
une affection broncho-pulmonaire antérieure, d'où le terme
de pneumique employé pour caractériser l'origine du pro-
cessus. Les toxines pulmonaires ou bronchiques résorbées
ont une action élective sur les os et les articulations.
L'exactitude de ces vues a été confirmée chez les ani-
maux par des expériences (Dor, 1892) et par de nom-
breuses observations [Ballet Alamartine (2), Liénaux (3),
Auger (4), Cadiot (5)]. Les recherches de Bail et Alamar-
tine (6) ont été le point de départ de travaux importants sur
la tuberculose inflammatoire des animaux ; ils ont fait res-
sortir la diversité des lésions pneumiques ; ils ont reconnu
que ces lésions peuvent intéresser les diverses pièces
.du squelette : vertèbres, côtes (Liénaux), os coxal et côtes
[Bissauge et Naudin (7)], os de la face (Bail et Alamar-
tine), le poumon [Bail (8)], le cœur [Boquet (9)]. Les néo-
formations se développent presque constamment cliez les
chiens affectés de tuberculose pulmonaire à forme inflam-
matoire simple, c'est-à-dire à type épithélioïde, non folli-
culaire et à évolution très lente. D'ailleurs, chez le chien,
cette forme de tuberculose est très commune; on ne
(1) Pathologie chirurgicale générale, t. I, p. 230.
(2) Bail et Alamartine, Revue de chirurgie, octobre 1908 : Ostéo-arfhro-
pathies hypertrophiantes d'origine tuberculeuse chez l'homme et chez le
chien.
(3) Liénaux, Annatesde méd. vét., 1909, p. 313.
(4) Auger, Journal de Lyon, 1909, p. 712.
(o) Cadiot, Recueil de méd. vét., 1912, 15 avril.
(6) Bail et Alamartine, Gazette des hôpitaux, 1912, 8 octobre.
(7) Bissauge etNaudin, Revue générale de méd. vêt., 1906.
(8) Bail, Journal de Lyon, 1913.
(9) Roquet, idem, 1913.
28 MALADIES DE LA NUTRITION.
découvre jamais chez oot animal tlo cellules géantes Bail-.
Les lésions osseuses sont elles-mêmes purcmenlinnainma-
toires. Histologiquement et bactériologiquement, elles sont
dépourvues de toute caractéristique tuberculeuse et parais-
sent dépendre, uniquement, des toxines tuberculeuses
charriées par la circulation vers la périphérie, notamment
vers les extrémités, où la stase liée aux lésions cardiaques
favorise leur action.
XI. — PSEUDO-RHUMATISMES ARTICULAIRES.
Le rhumatisme articulaire n'est qu'un rhumatisme
infectieux provoqué par des causes inconnues qui sont les
mêmes que celles des pseudo-rhumatismes infectieux. Il
s'agit toujours d'infections générales de l'économie à
manifestations articulaires (Voj. Pathologie chirurgicale
des articulations, Arlhritesj.
LIVRE YIll
MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION
Ce groupe renferme des maladies dues à la résorption
de poisons élaborés dans le tube digestif [gastro-entérites
toxi-infectieusesouvertige abdominal 1)], auxquels viennent
s'ajouter des produits de déchet comme dans la fourbure
et l'hémoglobinurie paroxystique. On y trouve desmaladies
par insuffisance glandulaire (auto-intoxication gravidique,
fièvre vitulaire. éclampsie puerpérale, maladie de Basedow,
crétinisme . Le rein est la principale sauvegarde contre la
plupart des auto-intoxications; le péril est conjuré tant que
son fonctionnement est normal; il devient imminent dès
qu'il laisse filtrer lalbumine. 11 n'y a ni éclampsie puer-
pérale, ni fièvre vitulaire, ni liémoglobinurie paroxystique
sans albuminurie ; nous avons même constaté ce sym-
ptôme dans plusieurs cas de fourbure. Ces maladies sont
sœurs '2). L'insuffisance rénale joue dans leur évolution un
rôle prépondérant.
La fcRU'bure a été décrite dans les maladies du pied
{Voy. Pathologie chirurgicale ; nous classons la maladie
de Basedow, le crétinisme dans les maladies du système
nerveux ; la fièvre vitulaire et l'éclampsie puerpérale sont
étudiées en obstétrique.
(1) Cadéac, Pathologie interne : Intestin.
(:!) Cadéac, Fièvre vitulaire et hémoglobinurie paroxystique sont deux
ni.'iladies sœurs {Journal de Lyon, 1910).
30 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
IIÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE
PAROXYSTIQUE.
SOLIPÈDES.
Idée générale. — Synonymie. — L'h&moglobimirie mus-
cidaire paroxystique est une auto-intoxication à invasion
toujours subite, frappant au sortir, de l'écurie ou pendant
le travail, les animaux reposés et caractérisée par l'émis-
sion d'urine foncée, l'engourdissement des membres, la
tuméfaction des muscles contractures, rimpiiissancc de la
locomotion suivie ou non de chute.
Sa physionomie clinique est celle d'une paraplégie.
L'altération du muscle exprimée par l'expulsion dans les
urinesde méihémoglobine est la lésion dominante. L'intoxi-
cation musculaire, aggravée par la marche, est suivie
d'anoxyhémie. d'accélération de la respiration, île la cir-
culation, de cyanose des muqueuses, de congestion et
d'hémorragies dans les divers tissus.
Lésions et symptômes ont une grande tendance à la
diffusion, parce que l'agent toxique qui détermine la
dissolution de l'hémoelobine musculaire se ré[)and dans
tout l'organisme.
Les premièresobservations précises sur Ihémoglobinurie
musculaire remontent au commencement du siècle der-
nier. Gohier (1813) signale les lésions des psoas. Coul-
beaux (1824), Houpp, Chariot. Prévost (1825), Houley jeune
attirent l'attention sur les lésions de la moelle. Sépai-ées
ou réunies, on constate dans cette maladie des lésions
médullaires nerveuses, musculaires, rénales, intestinales,
auxquelles on accorde successivement la prépondérance,
ce qui a permis de faire tour àtourde cette hémoglobinurie
une affection exclusive de la moelle, des nerfs, des nmscles
ou du rein. Chacune de ces localisations a eu ses partisans,
comme en témoignent les diverses appellations qui servent
à la désigner, et qui rappellent le symptôme le plus
HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 31
expressif ou la lésion la plus difficile à reconnaître :
congestion de la moelle, ncvropathie brachiale, congestion
spino-rénale, paraplégie cpizootiqite, lumbago, névrite
des nerfs fémoraux, hémoglobinurie paroxystique a frigore,
néphrite, mal de Bright aigu, azcturie, strangurie noire,
congestion musculaire, contracture pelvienne, typhus spinal,
typhus lombaire, typhus rénal, hémoglobinémie, hémoglobi-
némie rhumatismale, charbon apoplectique, apoplexie mus-
culaire.
Son évolution est toujours rapide, l'accès d"hémoglobi-
némie se dissipe en quelques heures ou se complique de
lésions graves souvent mortelles.
Ces caractères la différencient nettement des affections
septiques accompagnées aussi du syndrome hémoglobinurie.
Étiologie. — L'hémoglobinémie est spéciale au cheval;
on ne l'observe ni chez Vâne, ni chez le mulet. Elle sévit
l'automne, l'hiver ou le printemps, et revêt le caractère
enzootique ou sporadique : elle attaque surtout les ani-
maux qu'on remet au travail après quelques jours de
repos. C'est ce qui lui a fait donner le nom de m,aladie du
li(ndi,de\apentecôte,de maladie des chevaux des blanchis-
seurs, parce que ces animaux, bien nourris, ne travaillant
que deux jours par semaine, sont particulièrement frappés.
L'inaction absolue pendant un ou plusieurs jours est une
des causes prédisposantes les plus actives (Demilly,
H. Bouley, C. Leblanc, Riquet). Cependant on a vu la
maladie se développer, l'après-midi, chez des chevaux de
brasseurs ayant travaillé toute la matinée.
Hormis quelques exceptions, un brusque repos, chez les
animaux qui reçoivent de fortes rations et qui sont em-
ployés à des travaux journaliers, constitue la condition la
plus favorable au développement de cette maladie.
L'hémoglobinurie survient après une stabulation d'une
durée très variable (1) ; mais unstagede deux ou troisjours
(I) Dans une statistique d'Adam et de Pustcher, les chevaux frappés se
32 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
est plus funeste qu'un repos de deux ou trois mois.
La stabulalion favorise la concentration des produits
toxiques, susceptibles de modifier le sang et de provoquer
la dissolution de l'hémoglobine musculaire.
Tous les animaux de travail y sont exposés ; mais,
dans l'immense majorité des cas, les animaux frappés
sont en parfaite condition de santé au moment où ils
subissent, si inopinément, les premières atteintes de la
maladie.
Ni le mode d'alimentation, ni V administration d'une trop
forte ration pendant le repos, ne peuvent être considérés
isolément comme des influences prédisposantes.
Cette affection sévit chez les chevaux de meuniers,
nourris de son et de farine, comme chez ceux des maraî-
chers et des petits cultivateurs maintenus pendant une
grande partie de l'année au régime du vert et des carottes,
ou nourris de maïs, de fourrages altérés.
L' état pléthoriqne, incriminé par un grand nombre d'au-
teurs, contribue à l'éclosion du mal qui frappe presque
exclusivement les plus beaux sujets. Pourtant les animaux
saignés abondamment au commencement du printemps
sont aussi souvent atteints d'hémoglobinurie que ceux qui
ne l'ont pas été. Mais l'amaigrissement les préserve de ses
atteintes. A la Compagnie des Oinnibusde Paris, la. swppj'e*'-
sion d'une grande quantité de la ration des animaux qui
restaient au repos faisait considérablement diminuer le
nombre des chevaux paraplégiques. La fourbure et la
paraplégie ont, à cet égard, d'étroites relations, et l'on
peut voir la première se compliquer de la seconde (Sen-
drail).
Les clievHiix Acracc commune, les animaux de gros trait,
les chevnux entiers, les Juments bien portantes, les races
lourdes, y sont particulièrement exposés; mais les r//rrr/».v
répartissent de la manière suivante : 5 avaient séjourné^ récurie un jour;
-21, deux jours; 11, trois jours; 3, quatre jours ; 5, cinq jours; 4, six et huit
jours, i'I tl, un tcnips imléterniinè.
HÉMOGLOBINURIK MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 33
de race noble ne sont pas absolument réfractaires à cette
maladie ; nous lavons observée sur des anglo-normands et
même chez des pur-sang 1).
L'âge a une certaine influence sur le développement de
cette maladie. C'est le plus souvent vers l'âge de cinq à
six ans que les animaux tombent malades, mais jamais
avant trois ans Adam et Pustcher).
On a incriminé les efforts qu'efîectue Tanimal pour éviter
les glissades occasionnées par le verglas, la neige, la
glace; mais cette influence n'est pas nécessaire pour pro-
voquer la maladie. Signol l'a observée chez des animaux
boiteux qui venaient de faire une courte promenade
n'ayant nécessité d'autres efforts musculaires que ceux
indispensables à la station ou à l'allure du pas.
Le froid est le facteur étiologique le plus important;
tous les auteurs sont unanimes à le reconnaître. L'affec-
tion est très commune pendant les mois de novembre.
Janvier, février, mars, avril; on la voit même revêtir
un caractère enzootique: elle sévit presque toujours sur
plusieurs chevaux en même temps et dans le même
lieu (2 .
Ce ne sont pas les froids intenses et continus qui
occasionnent la maladie : une différence de température
entre l'écurie et l'air extérieur suffit pour la faire appa-
raître; \Qs,écuries chaudes exercent aussi l'influence la plus
il) Adam et Putscher (f!) ayant ramené au pourcentage 63 cas d'hémoglo-
binémie constatent que ^5 cas sont fournis par les chevaux de gros trait,
36 p. 100 par les gros chevaux de labour, 20 p. 100 par les chevaux ordi-
naires de culture, 9 p. 100 par les chevaux fins. Schindelka rapporte 352 cas
dont 65 p. 100 de sujets lourds et 35 p. 100 de chevaux légers. Le danger
commence à partir de 550 kilos. La fréquence et la gravité du mal sont fonc-
tion du poids des animaux (.\dam et Pustcher, Adam Wochenschrift, 1885,
p. 363).
(2) Bouley en a observé, en 1S61, 21 cas dans une même journée au com-
mencement du mois de janvier. DieckerhotT. en 18S5, en a recueilli 17 obser-
vations après les fêtes de Noël; Letard l'a constatée le même jour que Bouley
sur deux c/iei-ai/j; de la même écurie Cagny_ sur 6 chevaux appartenant à
1^ même ferme.
3i MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
nocive. Exceptionnellement, on peut observer la maladie
Vctc, par un temps chaud et sec.
L'action isolée du refroidissement ne peut, malgré les
affirmations de quelques auteurs, engendrer les accidents
paraplégiques; l'observation démontre, en effet, que ceux-ci
ne s'observent jamais chez ]oschcvntix exposés au froid
qu'on tient absolument immobiles. Le refroidissement et
la mise au travail sont deux causes indissolublement liées
dans la majorité des cas de paraplégie : les journées rie
verglas sont particulièrement redoutables, parce que l'élé-
ment surmenage vient se joindre à la réfrigération. Il n'est
pourtant par très rare de voir la maladie survenir, même
au milieu de la journée, par un temps cliaud et sec,
comme en témoignent un grand nombre d'observations.
Sans vouloir préjuger en rien de sa nature, on constate
que l'hémoglobinurie frappe brusquement les animaux
jeunes, bien portants jusque-là, doués d'un excellent
appétit, soumis pendant un repos temporaire à une ali-
mentation intensive. La reprise du travail et le refroi-
dissement favorables à l'apparition de l'accès hémoglobi-
nurique ne sont pas indispensables à son éclosion.
Pathogénie. — La pathogénie de cette maladie a jusqu'à
présent échappé à tous nos moyens d'investigation. La
théorie microbienne et la théorie par simple auto-intoxi-
cation ont chacune leurs partisans.
Théorie infectieuse. — L'hémoglobinurie paroxystiijuc
doit-elle être envisagée comme une maladie infectieuse?
F.,es arguments ne mancpient pas en faveur de cette opi-
nion. On peut d'abord invoquer son caractère endémicpie ;
elle procède par séries; elle frappe plus certaines écuries
que d'autres et peut atteindre successivement les clieviiux
qui remplacent ceux qui ont succombé à ses atteintes
(Dessart). Son évolution est rapide comme dans les mala-
dies infectieuses suraiguës et sa terminaison fréquemment
mortelle. Les animaux morts de cette maladie se décom-
posent rapidement ; leur sang est foncé, noin\tre, comme
HÉMOGLOBIXURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 35
dans les affections septiques, les reins sont altérés : l'urine
est brunâtre ; les muscles sont ecchymoses, dégénérés
comme dans les affections typhiques; tout l'organisme
semble avoir subi les effets d'une infection microbienne
ou parasitaire. A l'appui de cette théorie, on peut invoquer
la nature parasitaire de l'hémoglobinurie du bœuf, du
mouton et de Y homme lui-même, qui ne se manifeste que
dans les affections paludéennes. On trouve sans doute des
microbes variés chez les animaux qui ont succombé ; mais
quel est celui qui opère la dissolution de l'hémoglobine ?
On ne peut émettre que des hypothèses. On a soupçonné
le streptocoque d'être cet agent de destruction et de disso-
lution parce qu'il passe rapidement et facilement par tous
les degrés de virulence.
L'attaque soudaine d'hemoglobinurie et de pseudo-para-
plégie rentre bien dans sa manière de procéder. Ne peut-il
condamner l'animal à l'impuissance locomotrice, comme
il produit une précipitation extrême et subite des mou-
vements du flanc, chez certains animaux affectés de
formes avortées et passagères de pneumonie infectieuse'*.
Nous avons du reste vu plusieurs fois, dans une écurie à
pneumonie contagieuse, des animaux qui ne sortaient pas
présenter des accès de pseudo-paraplégie et d'hemoglo-
binurie.
Dans cette conception, l'hémoglobinurie apparaît comme
une maladie infectieuse du sang produite probablement
par des streptocoques et caractérisée par la dissolution
de l'hémoglobine, d'où découle l'émission d'urine foncée,
l'engourdissement des membres, l'impuissance de la loco-
motion.
Mais des arguments décisifs se dressent contre cette
manière de voir. L'injection du sang des malades prélevé au
moment de l'apparition de la maladie et injecté à la dose
de 10 centimètres cubes au cheval sain ne détermine rien.
Le sérum de ces animaux malades ou morts n'a aucune
action chez le cobaye ou le lapin à la dose de 3 à 5 centi-
36 MALADIES PAR ALTO-l.NTOXICATION.
mètres cubes (Césari). Toutes les condilions qui président
à l'apparition de cette maladie tendent à démontrer
qu'elle n'est pas de nature infectieuse. La pléthore, l'ali-
mentation abondante et riche, le repos, l'Age de cinq à
six ans, loin d'être une prédisposition à l'égard des mala-
dies infectieuses, sont des causes de préserval ion. On ne
constate d'ailleurs pas de [)ériode prodromique comme
dans les maladies infectieuses, el ses troubles peuvent
cesser presque instantanément, comme si la source des
toxines était immédiatement tarie. En outre, l'hémoglobi-
nurie ne procure aucune immunité; une première atteinte
prédispose même à de nouveaux accès. Une maladie qui
débute ainsi sans prodromes, avec une telle violence que
les animaux deviennent en quelques instants incapables de
se tenir debout, et qui disparaît souvent avec la même
rapidité quand on arrête immédiatement les animaux qui
en sont atteints, ne peut être regardée comme infectieuse
(Cuny)(l). On ne peut, en effet, concevoir un agent mi-
crobien qui continue ou suspend ses méfaits suivant qu'un
animal a fait quelques centaines de mètres de plus ou de
moins. II n'y a pas d'agent microbien susceptible de pro-
voquer la mort, de se dépouiller en quelques instants de
sa puissance pathogène après avoir engendré les symptômos
les plus caractéristiques. Un microbe ne peut s'atténuer ou
se détruire avec une telle rapidité, de sorte qu'on peut
regarder l'hémoglobinurie paroxystique comme indépen-
dante de toute infection microbienne.
Théorie de l'auto-intoxication. — L'Iirmoglobinurie
paroxystique est-elle bien une maladie par auto-intoxica-
tion ? La soudaineté de l'accès d'hémoglobinurie, l'état
d'embonpoint des animaux frappés, l'absence de lièvre, la
disparition rapide de tous les symptômes quand l'animal
est arrêté avant sa chute, les bons eiïets d^ la saignée, les
(1) Cuny, L'hémoglobinurie paroxystique est-elle une maladie infectieuse?
(Journal de Lyon, 1910, p. 130). — Lucet, Presse médicale, 4 juin 1910.
HEMOGLOBIMRIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 37
sueurs qui se produisent dans les formes bénignes comme
dans les formes graves, les congestions hémorragiques,
lanémie elle-même, plaident en faveur d'une auto-intoxi-
cation. Cette opinion est enfin renforcée par les vaines
tentatives qu'on a faites pour transmetti*e la maladie ou
pour découvrir un agent pathogène chez les malades. De
plus, l'auto-intoxication des animaux frappés d'hémoglobi-
nurie est toujours préparée par une alimentation abondante
coïncidant avec une période de l'epos qui leur permet de
manger davantage. Le lundi est le jour des coliques et des
indigestions comme de l'hémoglobinurie. Sous l'influence
de ce régime, les animaux offrent de la constipation
suivie de rétention et de fermentation des matières accu-
mulées dans l'appareil digestif. Lauto-intoxication résul-
tant de ces troubles n'est-elle pas suffisante pour produire
la contracture des muscles et la paraplégie à un degré va-
riable quand le foie laisse passer unetropgrande quantité de
poisons et que le rein ne parvient pas à les éliminer immé-
diatement ? La résorption des principes toxiques et leur
accumulation dans l'organisme expliquent l'apparition et
la disparition brusques du mal. son aggravation quand les
animaux continuent à marcher ou à s'agiter et l'influence
salutaire des mictions abondantes sur l'issue de la maladie.
L'auto-intoxication est aggravée par le travail musculaire
qui engendre de nouveaux poisons, comme par la ferme-
ture du rein qui empêche leur élimination.
Le tube digestif n'en demeure pas moins la source prin-
cipale des poisons susceptibles d'engendrer l'attaque
d'hémoglobinurie.
Ce sont les animaux gros mangeurs, maintenus au repos
pendant un ou deux jours, libres d'ingérer des masses
énormes d'aliments, qui sont frappés d'hémoglobinurie. On
n'a d'abord vu dans cette réplétion du tube digestif qu'une
action mécanique, et l'hémoglobinurie a été regardée
comme l'expression d'une vicieuse répartition du sang créée
par une stase mécanique dont la cause est ordinairement
Cadé.\c. — Pathologie interne. VII- 3
38 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
une indigestion. Le rejet d'une masse considérable d'exrré-
nients durs et résistants, pendant les quarante-huit heures
qui suivent Tapparition de la paraplégie, légitime cette con-
ception de la maladie. Sous l'inHuence de cette réplétion
alimentaire et excrémentilielle du tube digestif, il y a
obstruction des troncs veineux iliaques internes (Garreau,
Gojau), compression de la veine cave postérieure (Sym-
phorien Bouley), congestion de tout le train postérieur,
gonflement des muscles fessiers, ischiaux, rotuliens, et
paraplégie. D autre part, le gros intestin, surchargé d'ali-
ments, remplit peu à peu la cavité abdominale, repousse en
haut le côlon flottant plein d'excréments durs, qui com-
prime les gros vaisseaux sanguins et les uretères. Ces
influences mécaniques déterminent ainsi des troubles di-
gestifs, des troubles vasculaires et des troubles urinaires.
Les troubles digestifs se révèlent par des coliques, qui
marquent le début et indiquent l'origine de la paraplégie.
Quand les troubles sont peu graves, on n'observe qu'un
peu d'irrégularité dans la marche, et l'affection se ter-
mine par la défécation et l'émission d'une urine sangui-
nolente.
Qu'à ces troubles se joignent la compression et l'obs-
truction des uretères, il y a intoxication urinaire, d'au-
tant plus [grave que la masse des poisons à éliminer est
des plus considérables en r.aison de la marche et des
efforts musculaires qu'effectue l'animal.
L'anurie qu'on observe dans les cas les plus graves
témoigne de cette compression des uretères, qui crée une
rétention urinaire exagérant la pression intrarénale et
rendant toute sécrétion impossible (Cagny .
Nous ne nous attacherons pas îi réfuter cette théorie
mécanique, qui tend à subordonner toute attaque d'hémo-
globinurio aune indigestion; la réplétion du tube digestif
et la constipation n'ont d'autre rôle que celui de favoriser
l'auto-intoxication.
Le tube digestif est un laboratoire de poisons issus des
HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 39
fermentations. Les microbes toxigènes développés dans
certains compartiments intestinaux se chitîrent par mil-
liards. Ils peuvent, sous l'influence de modifications phy-
sico-chimiques du milieu, acquérir une virulence anormale
et sécréter des poisons solubles d'une extrême activité.
L'intestin est donc la source de l'infection ou de l'intoxi-
cation favorisée par l'alimentation intensive; les lésions
multiples que l'on rencontre, à l'autopsie des chevaux
hémoglobinuriques, résultent de la diffusion par le sang ou
les vaisseaux lymphatiques, de ces poisons: on s'explique
ainsi l'apparition primitive des coliques témoignant d'un
fonctionnement anormal de l'intestin. Les troubles loco-
moteurs, urinaires, découlent de l'action paralysante ici,
irritante là. des poisons qui passent dans le sang, touchent
la moelle, les muscles et les reins. Il n'est même pas
nécessaire que les microbes aillent élire domicile au niveau
de ces organes ; le bacille de Nicolaier produit le tétanos
par la seule action de ses toxines. De fait, si on ensemence,
sur différents milieux, du sang et des matières prélevées
dans les muscles altérés, dans le rein, le foie, la rate, la
moelle, on a des résultats variables; tantôt on isole des
microbes divers, tantôt les milieux ensemencés restent
stériles (1).
Les produits toxiques issus des fermentations micro-
biennes ne résument pas toute l'auto-intoxication diges-
tive; l'insuffisance des glandes digestives détermine un
autre empoisonnement. 11 ne faut pas plus négliger le rôle
antitoxique des glandes intestinales que celui des glandes
thyroïdes, parathyroïdes, des capsules surrénales, etc. Les
paj-ois intestinales renferment «les substances toxiques ;
les extraits d'intestin ont une action convulsivante et
hypotensive. La suppression de l'action de l'intestin est
suivie d'une insuffisance glandulaire dont les effets sont
analogues ou de même ordre que ceux qui résultent de
(1) Drouin, Revue (générale, 15 avril 1911.
40 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
l'insuffisance glandulaire de la mamelle chez les vaches
atteintes de paraplégie vitulaire. L'auto-inloxication intes-
tinale par insuffisance glandulaire et par fermentations
exagérées et anormales joue un rôle prépondérant dans le
développement de la paraplégie paroxystique. Les poisons
intestinaux résorbés sont lacause essentielle, indispensable,
de rhémoglobinurie. Rationnez les animaux et purgez-les;
rhémoglobinurie n'éclate pas. Si on ne connaît pas la
nature de ces poisons, Tobserva-lion clinique journalière
accuse leur nocivité. Leur action s'exerce sur le sang, les
muscles, le système nerveux, les reins et sur tous ces
appareils à la fois.
a. Action sur le sang. — Le sang a été longtemps consi-
déré comme le substratum de rbémoglobiniu"ie paroxys-
tique. Cette conception semblait justiliée par la soudai-
neté de l'invasion, les hémorragies qui se produisent
pendant son évolution et surtout par l'émission d'urines
foncées, noirâtres. Le symptôme hémoglobinurie était
notamment considéré comme la preuve irréfragable de
l'altération des hématies déterminée par une diastase
hémolytique. On sait, d'ailleurs, que rhémoglobinurie
succède à l'empoisonnement par l'acide phénique, l'hydro-
gène arsénié, le chlorate de potasse, l'acide pyrogal-
lique. etc., ou à la destruction des globules par des parasites
intraglobulaires comme les piroplasmes. De pareilles ana-
logies ont contribué à fortifier cette croyance (pie rhémo-
globinurie est d'origine hématogène. L'intensité de ce syn-
drome caractéristique semble se proportionner à la quan-
tité de globules rouges distincts. S'ils sont peu altérés, ce
signe est peu marqué et très passager. Les urines foncées
sont quelquefois rejetées en une seule fois, de sorte que
rhémoglobinuricpeut passerinaperçue. D'ailleurs, l'absence
d'hémoglobine n'implique pas l'intégrité des globules :
le symptôme hémoglobinurie n'apparaît nettement, à la
vue, que lorsque la destruction globulaire atteint le
soixantième de la masse totale des hématies. Mais toute
HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 41
hémoglobinurie, spontanée ou expérimentale, d'origine
sanguine, est suivie de la coloration rougeâtre du sérum
sanguin et d'anémie aiguë.
Or, on n'observe rien de pareil dans la paraplégie : le
sang ne laque pas, le sérum des animaux n'est pas modifié
pendant la crise, il n'est pas teinté en rouge ; le nombre
des globules l'ouges n'est pas diminué; il ny a ni hémo-
lyse, ni hémoglobinémie, de sorte qu'on peut affirmer que
rhémoglobinurie ne procède pas du sang (1).
Le symptôme albuminurie est beaucoup plus constant
que rhémoglobinurie et paraît impliquer autant une alté-
ration sanguine qu'une altération musculaire. D'autre part,
les hémorragies nombreuses disséminées des muscles, du
système nerveux, de l'endocarde, etc., témoignent nette-
ment de l'altération du sang, dont l'action plus toxique ou
dégénérative se fait sentir sur tous les tissus. Le sérum
des animaux malades est d'autantplus toxique que l'attaque
d"hémoglobinurie est plus grave ; il tue le cobaye quand
il provient d'un cheval frappé mortellement ; il est
inoffensif s'il provient d'un chevalsous le coup d'un accès
bénin [Sipon-Keristedjean (2)].
b. Action sur les muscles. — L'intervention du système
musculaire dans le développement de la paraplégie pa-
roxystique est un événement secondaire. On peut laisser
impunément au repos les animaux mis à l'abri de l'auto-
intoxication digestive par un régime rafraîchissant ou des
purgatifs. Le fonctionnement des muscles n'est même pas
indispensable à la production de rhémoglobinurie. On
peut voir en effet l'accès se déclarer avant que le cheval
sorte de l'écurie et évoluer « sans localisation musculaire
apparente ». Son existence se trahit dans ce cas par deux
signes carastéristiques : rhémoglobinurie et l'albuminurie.
Pourtant, si, dans l'ordre chronologique, les altérations
(1) Roger, Absence d héniolysines dans le sérum des chevaux hémoglobi-
nuriques (/îev. ré?e>., 19Û9, p. i92-48i').
(2) Sipon-Keristedjean, Revue vétérinaire, 1909, p. 566.
42 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
congeslives, héinorragiqueset d(''gén(''ratives des muscles ne
viennent pas en première ligne, elles sont très importantes
et généralement très caractéristiques (Demilly, Letard,
Aubry, Lucet, Mouquet, Gallier). Du reste l'hémoglobine
qui passe dans les urines ne provient pas du sang, mais
exclusivement des muscles : c'est de la met hémoglobine
musculaire. On ])eut reproduire expérimenlalement ce
symptôme. L'injection veineuse de suc musculaire est sui-
vie de l'évacuation d'urine rose ou rouge foncé suivant
la quantité injectée ; c'est l'hémoglobine du muscle qui
passe sans addition d'hémoglobine globulaire : le suc
de muscles de chiens, débarrassés de leur sang par de
nombreux lavages effectués par injection de pliisieur.s
litres dans l'aorte abdominale, détermine de riu-moglobinu-
rie. Le suc musculaire décoloré par ébuUition ne provoque
pas d'hémoglobinurie (1).
La production d'hémoglobinurie d'origine musculaire (â)
est d'ailleurs obtenue en agissant directement sur les
muscles qu'on tranmatise par injection d'eau distillée ou
de glycérine dans leur épaisseur (Camus et Pagniez). Ces
faits établissent péremptoirement que l'hémoglobinurie
procède bien des muscles (3). C'était l'opinion des premiers
praticiens qui ont bien décrit la maladie sans parvenir à
découvrir le mécanisme des alti-rations musculaires
aboutissant à la disparision de leurs fonctions. Ils n'ont
pu, à. ce sujet, qu'émettre des idées basées sur des obser-
(1) Camiis et Pagnioz, Ilémogloliiiiiirie iiuisculaire (Académie des sciences,
190i).
(2) Les injeclions d'extrait de raie, de foie, ne donnent pas d'hémoglobi-
nurie à des doses beaucoup plus fortes ([ue celles du suc musculaire.
(o) Meyer-Belz prétend que l'hémoglobine éliminée n'est pas totalement
d'origine musulaire, car il a souvent constaté que le sang du chien hémo-
globinurique par injection de glycérine élait laqué [Semaine médicale, 19U,
p. 88) et, d'autre part. Aehard et Feuillée soutiennent que l'hémoglobinurie
provoquée par l'injection intraveineuse d'hémoglobine globulaire et muscu-
laire ne résulte pas du passage à tr.ivers le rein de la matière colorante globu-
laire ou musculaire dissoute dans le plasma sanguin, mais d'une hémolyse
intra-urinairo.
HÉMOGLOBINCRIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 43
sations personnelles : la tViéoriede la contracture pelvienne
(Demilly 1853) et la théorie de la congestion musculaire
(Ponimeret-Mannechez, 1855) soutenue depuis par Letard,
Aubry, Luect, Mouquet, Gallier, ont abouti à la constata-
tion de deux signes importants, l'hémoglobinurie et l'albu-
minurie. Autant il est facile de constater les altérations
musculaires, autant il est difficile d'établir par quel méca-
nisme les muscles se dépouillent de leur hémoglobine et
de leur albumine, si cette dernière substance ne provient
pas du sang. Frôhner attribue cette désintégrât ion aune exa-
gération des métamorphoses nutritives dans les muscles
sous l'influence de l'irritation des nerfs sensitifs de la peau.
Le froid étant la cause irritante, il se produit, sous son
influence, une décomposition du tissu musculaire, c'est-à-
dire de l'albumine organique. Lassar et Nassarofî ont
obtenu, en exposant des animaux au refroidissement, des
dégénérescences parenchymateuses des muscles et une
décoloration très prononcée de ces derniers.
Schindelka a démontré que le sang des sujets atteints
d'hémoglobinurie rhumatismale est plus riche en hémoglo-
bine que celui du cheval sain. Pour expliquer cette consta-
tation, il admet qu'il s'ajoute au sang un principe colorant
identique à l'hémoglobine et provenant des muscles.
Camus et Pagniez ont constaté la présence de l'albumine
dans les urines non seulement pendant la crise d'hémo-
globinurie, mais avant l'arrivée de l'hémoglobine muscu-
laire. 11 y a donc une véritable destruction musculaire.
Cette destruction se localise à certaines régions; les
muscles du train postérieur, de la croupe et des lombes,
fonctionnant plus activement que ceux des autres régions
et étant moins couverts, moins protégés, sont de ce fait les
plus touchés. Ce sont eux qui se couvrent d'abord de sueur
profuses, qui se tuméfient les premiers et avec le plus
d'intensité. La cause de cette tuméfaction, c'est la con-
tracture. Elle se manifeste sous l'influence du froid ou du
refroidissement, brusquement, quand l'animal sort d'une
44 MALADIKS PAR AUTO-INTOXICATION.
écurie chaude et passe brusquement dans un milieu froid.
Pareillement, on peut voir, chez IV/o^yj/yic, l'hémoglobinurie
paroxystique a frigore se manifester à la suite d'un bain de
pieds froid. Chauffard, Neilson et Terry ont rejiroiluil une
crise dhémoglobinurie avec frissons, tremblements et
albuminurie, en plongeani simplement la main ou les pieds
malades dans l'eau glacée, quoique les extrémités fussent
isolées du reste du corps par une ligature. Meyer-Betz a
observé un cas d'hémoglobinurie humaine avec des
myopathies et des paralysies musculaires, comme dans
l'hémoglobinurie paroxystique du c/icvnl. L'apparition de
1-hémoglobinurie chez cet animal pendant l'hiver ou le
printemps, à la suite d'un léger exercice, fournit un appui
important à cette théorie. Sans doute, on peut invoquer
des cas de paraplégie se manifestant pendant les mois de
mai, de juin ou même pendant l'été; mais le refroidisse-
ment est possible en toute saison; c'est une question de
variation de température extérieure.
L'action du froid sur les parties dénudées du corps comme
la croupe se traduit par une irritation des nerfs sensitifs
qui a pour conséquence la contracture des muscles, l'albu-
minurie et l'hémoglobinurie. (les symptômes procédant
d'une hyperexcitation musculaire déterminée par le froid,
on conçoit que toutes les causes qui l'entretiennent telles
que la marche, les irritants cutanés (moutarde, essence
de térébenthine) aggravent rapidement la maladie. Ces
agents ajoutent leur action àcelle de la cause provocatrice
et exagèrent ses elTels. Mais l'hémoglobinurie paroxystique
est rare si on la compare à la fréquence de la cause qui la
produit; le refroidissement est assurément un des éléments
les plus importants dans la patliogénie de cette maladie ;
mais il n'est pas le seul : l'inaction et une alimentation
abondante revendiquent la majeure part do responsabilité.
Les poisons issus de l'appareil digestif s'allient à ceux qui
sont engendrés ensuite dans les muscles sous l'influence du
refroidissement et du travail pour produire des inyosites
HÉMOGLOBINUKIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 45>
toxiques. Les muscles extenseurs du train postérieur et
quel(iuefois du train antérieur sont pour ainsi dire exclu-
sivement frappés.
Leur fonction motrice est d'ailleurs très inégalement
troublée suivant les cas; presque abolie d'un côté de la
croupe, elle peut être conservée de l'autre; le triceps
crural gauche est quelquefois le seul groupe musculaire
condamné à l'impuissance. Une pareille localisation paraît
incompatible avec l'arrivée du sang par la voie sanguine.
Il paraît d'autant plus légitime d'admettre que le poison
prend naissance dans les muscles qu'on voit tous les jours
la maladie enrayée par l'immobilisation du sujet au début
de la crise et aggravée parla continuation du travail. Sans
méconnaître la force de ces arguments, nous devons faire
observer que la localisation de l'intoxication dans certains
groupes musculaires, presque toujours les mêmes, n'exclut
pas le transport des poisons parle sang. Intoxiquez un sujet
par le plomb, vous constatez une pareille électivité pour les
muscles extenseurs; empoisonnez le cy^t'Cfliavec des gesses,
vous constatez des monoplégies, parmi lesquelles l'hémi-
plégie ou la diplégie laryngienne est la plus fréquente. Le
travail nécessaire à la station quadrupédale congestionne
les muscles qui contribuent à maintenir l'animal dans cette
attitude. Or la congestion est la principale cause de la
localisation de tous les toxiques circulant dans le sang. Ils-
sont attirés vers les muscles, qui présentent leur maximum
de fonctionnement. La localisation du mal ne résulte-t-elle
pas de cette activité fonctionnelle? Le muscle n'est que
l'instrument de l'hémoglobinurie musculaire paroxystique;
il n'en est pas la cause primitive.
Les poisons qui chassent l'hémoglobine des muscles
sont élaborés par l'organisme, transportés par la circula-
tion et retenus parles muscles. Les animaux frappés d'hémo-
globinurie sont sous le coup d'une auto-intoxication com-
plexe. D'un côté, ils éprouvent déjà les effets d'une auto-
intoxication digestive permanente par le fait de leur
3.
46 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
appétit et de rabondance de leur ration. Leur organisme
est déjà surchargé de produits de désassimilation suscep-
tibles d'apporter une perturbation profonde dans le fonc-
tionnement musculaire. On sait que des principes toxiques
issus de l'intestin déterminent fréquemment, chez Vlinmiiip,
de l'engourdissement et des crampes musculaires pendant
la nuit, c'est-à-dire pendant le repos; ils peuvent orga-
niser des troubles analogues chez le clieval inaclif soumis
à une véritable suralimentation? D'autre part, le cIicvrI
qui va présenter une crise d'hémoglobinurie n'urine pas,
et cette insuffisance de la fonction rénale favorise la
rétention des poisons et l'auto-intoxication musculaire (1).
Cette absence de miction résulte elle-même de l'action
vaso-dilatatrice exercée par les produits de la désassi-
milation qui se répandent dans le système musculaire dès
que les écluses vasculaires s'ouvrent sous l'influence de
l'hyperexcitation créée par l'inaction et une nourriture
trop abondante. La reprise du travail devient ainsi un éh'menl
favorable au déversement dans les muscles en activité des
poisons élaborés pendant le repos dans le tube digestif.
Ouand le système musculaire éprouve, au contact de ces
poisons, un commencement de désintégration organique,
le refroidissement provoque, à son tour, une excitation
musculaire suivie de tremblements fibrillaires et de
•crampes, comme dans la fatigue. L'accès d'hémoglobinurie
résulte, à notre avis, d'une auto-intoxication dorigine
digestive favorisée par une insutfisance rénale momenta-
née et aggravée par le refroidissement. Sous l'influence
de cette cause, l'oxydation du glycogène musculaire est
imparfaite; la diastase qui l'opère habituellement a son
action paralysée ou retardée, et des acides organiques
{formique, acétique, lactique, butyrique, etc.) s'inlercallent
«ntre le glycogène et ses résidus normaux : l'acide carbo-
(1) VoY. Théorie rénale de l'Iiémoiîlohiiuirie paroxystique dans la I"-' édi-
iion.
HEMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 47
nique et l'eau (1). A ces agents de dégénérescence muscu-
laire dont la production est favorisée par les tremblements
fibrillaires s'ajoutent les poisons issus de la digestion
troublée pour compléter l'auto-intoxication.
Ces poisons associés déterminent l'altération de la
substance musculaire, le départ de l'albumine, de l'hémo-
globine, la décoloration des muscles dégénérés. Si l'on
supprime l'un ou l'autre de ces facteurs, l'accès d'hémo-
globinurie est évité. Si l'on purge l'animal trop bien nourri
et maintenu dans l'inaction, on supprime l'auto-intoxi-
cation digestive; il n'j a pas d'hémoglobinurie; d'autre
part, si l'on arrête le cheval qui se met à trembler, si on
le réchauffe, on prévient la fatigue musculaii'e et la
formation de ses poisons : l'animal demeure pour ainsi
dire au seuil de l'hémoglobinurie. L'évolution complète
de la maladie résulte de l'action synthétique de ces
divers poisons. La maladie est à peine esquissée, ou
n'est pas soupçonnée quand les poisons, en faible quan-
tité, s'éliminent rapidement ou que leur action n'est pas
favorisée par le refroidissement ; on constate seulement
que le cheval se couvre de sueur sans cause connue, et son
conducteur constate seulement que le c/^ev'.v/ n'a pas marché
ce jour-là comme d'habitude et qu'il a fallu le pousser: la
cause réelle de ces troubles moteurs, mal définis, passe
inaperçue (2). Si, enraidi et contracture, il tombe, on le
croit paralysé.
c. Action sur le système nerveux. — L'auto-intoxication
n'épargne pas plus le système nerveux que le système mus-
culaire ; mais c'est n'envisager qu'un côté du problème
que de faire du système nerveux le siège exclusif de la
maladie. La théorie de la congestion de la moelle, sou-
tenue par Bouleyjeune, Delwart, Weber, Haubner, Fried-
(1) Delmer, A propos de létiologie, de la pathogénie et du traitement de
l'hémoglobinurie du cheval {Semaine vétérinaire, 10 juin 19U).
(2) Le cheval qui se surmène pendant une contention décubitale peut pré"
senter de l'hémoglobinurie (Dagès).
48 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
berger, Csokor, Saint -Cvr, Trasbot), a été combattue par
Deniillv, Signol, Létard, Lucet, Cadéac (d).
C'est que généralement le cheval hémoglobinurique
n'est paraplégique qu'en apparence. S'il ne peut se relever
et marcher, il a, néanmoins, conservé sa motricité et sa
sensibilité; il ne présente, à l'autopsie, aucune lésion cérébro-
médullaire congestivc ou hémorragique. Dans ces cas,
l'hémoglobinurie paroxystique est exclusivement muscu-
laire ; mais il en est d'autres où l'auto-intoxication intéresse
à la t'ois les muscles et le système cérébro-médullaire ; on
constate de la glycosurie, qui témoigne d'un trouble céré-
bral ou médullaire (Mouquet." Lucet). et l'autopsie révèle
des hémorragies multiples ou une véritable apoplexie
cérébrale ou médullaire, de sorte que les cas ne sont
jamais absolument semblables. Suivant l'électivité pré-
pondérante des principes toxiques apportés par le sang,
on constate des formes à dominante médullaire et des
■Cormes à dominante musculaire, ou ces deux types diver-
sement combinés.
Les nerfs sont fréquemment lésés d'emblée par les prin-
cipes toxiques qui circulent dans le sang ; on constate des
paralysies motrices immédiates, indépendantes de toute
action mécanique ou traumatique. II s'agit exclusivement
de paralysies toxiques analogues à celles qu'on observe chez
le cheval à la suite d'ingestion de gesses, chez les volailles
intoxiquées par le plomb, le riz altéré ou l'acide oxalique.
Les polynévrites toxiques del'hémoglobinurie paroxystique
intéressent principalement le plexus lombo-sacré, les
nerfs fémoraux, le tibial antérieur (F'réger) (1), le radial;
mais, parmi eux, c'est le nerf fémoral qui est le plus fré-
quemment altéré soit d'un seul, soit des deux côtés. Sa dé-
générescence est suivie de l'atrophie rapide du triceps crural .
Cette lésion s'observe chez des animaux maintenus
(1) Voy. Théorie nerveuse, in Pathologie interne, i'e édit., l. VI, p. 13i!.
(2) Frt'ger, Paralysie du tibial antérieur après un accès d'hémoglobinurie
{Journal de Lyon, 1909).
HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 49
immobiles au moment de l'accès d'hémoglobinurie et qui
ne tombent jamais, de telle sorte qu'on ne peut attribuer
ces névrites qu'à l'intervention d'un poison agissant à l'ins-
tar des toxines microbiennes de la gourme du cheval,
delà maladiedu jeune âge du chien, de la fièvre typhoïde,
de la tuberculose ou de la diphtériehumaines.
Les vaso-moteurs sont immédiatement influencés par
l'auto- intoxication hémoglobinurique ; les vaisseaux péri-
phériques éprouvent une vaso-dilataiion prononcée qui se
traduit par une sudation générale abondante, par une con-
gestion musculaire intense, dénoncée par la tuméfaction
des muscles superficiels et quelquefois, sans doute, parles
manifestations caractéristiques de la fourbure, comme on
voit celle-ci se déplacer pour se traduire par les signes de
la paraplégie hémoglobinurique (Sendrail et Naudinat) (1).
Sous l'influence de la vaso-dilatation générale périphéritpie
qui accompagne cette auto-intoxication, la pression san-
guine s'abaisse; le sang stagne à la périphérie; la fonction
rénale s'arrête, l'oxygénation des hématies est com-
promise; la respiration etlacirculation s'accélèrent, l'ani-
mal bat des flancs, il y a anoxhémie, dyspnée, cyanose
des muqueuses, congestion et hémorragies dans les divers
tissus, comme chez les animaux surmenés, qui sont eux-
mêmes des intoxiqués.
d. Action sur les reins. — Cet appareil d'élimination
éprouve des troubles fonctionnels et matériels dès que
lauto-intoxication commence. Sa sécrétion diminue ou
s'arrête dès que la pression sanguine fléchit ; son épithé-
lium s'altère au contact de la méthémoglobine, de l'albu-
mine et des divers principes toxiques; il ne constitue plus
qu'un mauvais filtre, gorgé de sang, qui se remplit de
cylindres hyalins et épithéliaux, et ne laisse passer qu'un
peu de liquide foncé et albumineux. On assiste au début
d'une néphrite toxique.
(1) Sendrail etNaudinat, Contribution à l'étude de 1 etiologie de !a fourbure
considérée comme maladie toxi-infectieuse {/lévite vétérinaire, 1908, p. 1).
50 MALADIES P\n AUTO-INTOXICATION.
C'est ollc (jui a faililoiiner a la paraplégie le nom de mal
de Briijld avju. de stranfjurie noire, de néphrite suraiguë.
de congestion « a frigore » des reins.
On peut, du reste, constater, à l'autopsie, la congestion et
le ramollissement des reins, notamment de la substance
corticale chez tous les cJievaux paraplégiques.
Le cheval paraplégique devient ainsi une sorte d'uré-
mique [Berger (1840), Adam, Williams. Lucet 1892)]. Son
sort est étroitement lié à lintégrité relative de ses reins.
Les formes les plus graves de la paraplégie sont celles où
il y a anurie : un rein complètement fermé hâte l'intoxi-
cation et précipite la dénouement fatal ; il est incapable
de récupérer ses fonctions ; les formes les plus bénignes
découlent d'une excrétion urinaire abondante : un rein
ouvert favorise l'élimination des principes toxiques, la réso-
lution musculaire et la guérison rapide. On trouve dans
cet organe des causes importantes de la mort des para-
plégiques ; on n'y découvre pas l'altération initiale de la
maladie. L'auto-intoxication primitive, aggravée par la
contraction musculaire et par les troubles urinaires. fait
sentir ses effets sur tous les organes, sur tous les tissus,
et tend à déterminer partout des lésions congestives, hémor-
ragiques et dégénératives.
Symptômes. — L'invasion de Ihémoglobinurie sur-
vient sans prodromes. Cette pseudo-paraplégie s'accuse
d'emblée par des troubles intestinaux, locomoteurs, uri-
naires, cutanés, rapidement suivis de modifications de la
respiration et de la circulation.
Troibles digestifs, — L'animal est subitement pris de
coliques ou de manifestations analogues; il présente des
trépignements: il cherche îi se coucher etàse rouler comme
au début de la congestion ou de Vindigestion intestinale
(Symph. Bouley, Letard).
Ces coliques précèdent quelquefois tous les autres sym-
ptômes et offrent beaucoup d'analogie avec celles qui se
manifestent un instant avant l'apparition de la fourhure.
HEMOGLOBIMRIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 51
Elles sont d'autant plus intenses que le début de l'affection
est moins rapide et la chute plus tardive. A ce moment,
elles sont éclipsées par les troubles locomoteurs.
L'auscultation de l'abdomen fait percevoir de violents
borboryytnes, qui sont quelquefois entendus à distance
(Gênée) : ils sont suivis de l'expulsion de crottins ramollis
ou de matières diarrbéiques. Ces troubles cessent bientôt.
La parésie remplace les contractions péristaltiques de l'in-
testin : la constipation se produit et les crottins qui sont
rendus par l'animal, de loin en loin, ou qui sont retirés par
l'exploration rectale, se montrent secs, durs et bien
moulés.
Troubles locomoteurs. — a. Signes fonctionnels. —
Brusques et soudains, les signes d'impuissance locomo-
trice se produisent dans les conditions les plus imprévues
chez les animaux atteints de maladies du pied qu'on
promène dans une cour ou chez ceux qui sortent de l'écu-
rie du marchand pour être livrés Benjamin). Exception-
nellement, on les voit apparaître chez les clievaux qui
n'ont pas encore quitté le wagon (Arloing"! ou l'écurie
(Symph. Bouley. Lucet, Cadiot) (IV
Ordinairement, l'affection se déclare chez les animaux
qu'on vient d'atteler; il en est qui sont frappés dès les
premiers pas. D'autres sautent, gambadent deux minutes
à peine, un quart d'heure, rarement plus d'une heure et
quart, et les phénomènes paralytiques font leur appa-
rition.
L'animal frappé d'hémoglobinurie présente tout d'abord
de la paresse, de V engourdissement musculaire ; il y a
(i) Sur 63 cas observés par Adam et Pustcher. 49 chevaux étaient utilisés à
un travail proportionné à leur constitution ; dans 6 cas, les fardeaux avaient
été trop lourds; 4 navaienl pas travaillé. .\dam et Pustcher l'ont vue débuter
à l'écurie chez lUchevauxsur 63. Le temps depuis lequel les animaux ava'ent
quitté l'écurie était : pour 3, de quatre à cinq minutes : pour 1, de huit mi-
nutes ; pour 10, de dix minutes à un quart d'heure; pour 19, de un quart
d'heure à une heure ; pour 10, de une heure à deux heui-es ; pour 8, de deux
à quatre heures.
52 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
hypere.vcitation dun certain nombre de groupes de
muscles (Ilofmann). Puis une raideur localisée qui devient
rapidement envahissante sous l'inlluence de la marche
aboutit à la chute de Tanimal et à la porte complète de la
motricité. Cette raideur débute généralement parl'arrière-
main ; elle se propage ensuite -k lavant-main : elle n'in-
téresse, souvent au début, qu'un seul membre postérieur :
le membre gauche semble plus souvent alfecté que le
droit (Urbain Leblanc).
Exceptionnellement, l'affection est exclusivementcaracté-
risée par une roù/ewr prononcée du tronc, qui permet à l'ani-
mal de conserver toujours la station quadnqx'-dale (Lucet;.
Ouand les premières manifestations commencent par un
membre, le cheval 6o/fe dune manière évidente, et la
claudication est significative. Le membre atteint ne fonc-
tionne plus aussi activement que l'autre : il a de la peine
à embrasser le terrain, il traîne la pince, il se meut avec
difficuU/', et la trace, laiss(''e par le pied, se trouve en
arrière du point où elle devrait exister. Bientôt après, sous
linfluence de la marche, la difficulté de la locomotion se
propage à l'autre membre, l'appui devient plus difficile,
l'animal vacilledu train postéritnu-. dont les muscles sont
impuissants à soutenir le poids du corps: la marche se
ralentit ; l'animal, qui trottait, prend immédiatement le
pas, malgré les excitations ou les coups, et cette allui-e
devient elle-même très pénible : les boulets se portent en
avant; les angles formés par les rayons des membres
deviennent moins ouverts; ceux-ci se rétractent, seraccour-
cissentplus ou moins; la face plantaire du pied est tournée
en arrière : « L'animal éprouve la plus grande difficulté à
marcher; il semble que le membre ou les membres posté-
rieurs soient tirés en arrière, comme on le fait ordinaire-
ment lorsqu'on veut faire ferrer un clwvril difficile, en
fixant à l'aide d'une corde le pied à la queue » (Uemilly).
Menacé d'une chute imminente, l'animal s'accroupit
comme un c/iien ou s'iminobilise, tend la tète sur l'enco-
HEMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. o3
lure abaissée, reporte en avant tout le poids du corps,
engage les membres antérieurs sous le tronc et réussit
ainsi à se maintenir un instant debout ; il présente au
niveau de la tète, de l'encolure et de la queue, des tremble-
ments comparables à ceux qui résultent de piqûres d'in-
sectes. Puis les forces s'éteignent, la chute survient malgré
les excitations produites par le fouet, la voix ou les fric-
tions irritantes.
Tantôt la chute est brusque, rapide, tantôt il s'écoule un
certain temps entre le début du mal et la perte complète
de la motricité.
On voit des chevaux parcourir un certain chemin sans
aucun secours ou à demi soutenus par la queue et à l'aide
de barres. Certains chevaux hémoglobinuriques ne tom-
bent jamais malgré la durée de la marche.
Néanmoins, on peut poser en principe que la chute est
d'autant plus à craindre que l'animal a marché ou s'est
agité plus longtemps et que la maladie s'est localisée dans
le train postérieur.
Déjà, en 1854, Demillv avait établi cette règle : « Si
l'animal peut encore tenir sur ses jambes au moment où
vous le voyez, faites-le rester sur place et arrêter à l'ins-
tant même ; vous le guérirez, cela est certain ; mais si, au
contraire, la maladie développée, le chevala. étéforcéà la
marche ou que vous le forciez pour un motif quelconque,
votre animal périra (ceci est inévitable). »
b. Signes physiques. — Ils consistent essentiellement
dans la congestion, la tuméfaction et le durcissement des
principales luasses musculaires qui servent à la station
quadrupédale.
D'après une statistique d'Adam et Pustcher, quarante-
quatre fois on a remarqué la dureté des muscles de la
croupe ; sur vingt-deux chevaux, on n'a presque pas observe
de symptômes avant la paralysie.
Demilly ( j . qui avait observé ces modifications muscu-
(1) Demilly, Rec. de méd. vit., 1853.
5i
MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
laires, avait donné à rinTiioglobinurie le nom de contracture
pelvienne. INinmiei'el el iMannt'clioz (1855) avaient adopté,
vers la même époque, celui
de congestion musculai7'e,
parce qu'ils considéraient le
spasme et la tension des
muscles de la croupe comme
les signes dominants.
La croupe, le dos. les épau-
les, le poitrail, ensemble ou
successivement, présentent
un excès de tonicité et se
tuméfient à vue d'oeil. Les
muscles de ces régions de-
viennent énormes et sont tel-
lement contractés qu'ils sont
fermes, durs, donnant, au
toucher, la sensation du bois.
La peau qui les recouvre est
tendue, impossible à saisir et
à plisser (Létard, Lucet)
(fig. 5).
La croupe a souvent chan-
gé complètement d'aspect :
les fessiers forment des mas-
ses rebondies laissant entre
elles un sillon médian très
profond. Les animaux pren-
nent une croupe double,
comme elle existe normale-
ment chez les gros c7/cr«».Y.
Parfois (( le spasme et la rétraction des muscles de cette
région sont si violents (pie la ligne médiane forme une
scissure si profonde que la i»(\m d'un côté se réimit à
celle du cùté opposé ».
Vers la région lombaire, cette scissure se prolonge jus-
Fig. 5. — Gonflenient des muscles
1 dans l'hémoglobitiurie.
HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 55
qu'aux dernières vertèbres dorsales, par suite de la turges-
cence des ilio-spinaux.
En avant, « les extenseurs de l'avant-bras, le sus-épi-
neux, le sous-épineux, le long abducteur du bras, les pec-
toraux sont si tuméfiés que les deux membres antérieurs
paraissent très écartés l'un de l'autre et donnent à la région
du poitrail une physionomie d'ampleur toute particulière»
(Létard) (1).
La contractilité musculaire est plus ou moins réduite
dans le train postérieur ; elle n'est jamais complètement
abolie. Le sujet n'est jamais un paraplégique au vrai sens
du mot. L'animal debout réussit encore à faire mouvoir
ses membres ; couché, il les projette en arrière avec une
certaine force.
La sensibilité persiste également. Si parfois l'animal
supporte les piqûres cutanées sans témoigner de douleur,
c'est qu'on a irrité les parties normalement peu sensibles,
comme la peau de la croupe. Les piqûres faites à la « partie
postérieure et supérieure de la fesse, où se termine un des
nerfs fessiers postérieurs, ou bien à la partie supérieure de
la face externe de la jambe, oùvientse ramifier labranche
cutanée péronière du nerf petit sciatique, produisent tou-
jours une douleur assez vive, que l'animal traduit par des
secousses musculaires ou par des déplacements brusques
des membres et même par des mouvements de la tête »
(Arloing) (2).
Déjà, en 1834, Demillj avait reconnu la persistance de
la motricité et de la sensibilité et fait ressortir ce fait
important que la paraplégie épizootiqiie n'est pas une
paralysie. Effectivement, ni au début, ni dans le cours de
la maladie, on nobserve ladisparition totale des fonctions
de la vie de relation.
Troubles urinaires. — L' hémoglobinurie est un des
signes les plus caractéristiques. Il se traduit parunecolora-
(1) Lélard, Rec. de môd. vél., 1887.
(2) Arloing, Journ. de l'école vét. de Lyon, 1866, p. 107.
"i6 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
lion l'oncéc. brun rouj^'cAIre. brunAIre des urines, se rap-
prochant plus ou moins du porto, du maiaga. du bordeaux,
du bourgogne. Ce symptôme a lait appeler la maladie
strangurie, urines sanguinolentes:, hétnoglobinurie, né-
phrite, etc.: il a été signab- par Demilly. Signol, Dubois et
André, Adenot, Brisavoine, etc., et, à l'étranger, par la
plupart des auteurs. Pendant longtemps, en France, les
auteurs n'ont accordé à ce signe aucune importance ; ils
en faisaient à peine mention. Lucet lui a rendu, ily a
quelques années, toute la valeur qu'il mérite.
Le symptôme est-il constant ?.Iusqu"à [irésent, on pouvait
croire que l'hémoglobinurie lait défaut dans les cas bénins
et dans ceux où la maladie avorte. L'examen direct est
un indice insuffisant; la spectroscopie elle-même peut
donner un résultat négatif ; la réaction obtenue par la
benzidine de Schlesinger et Holst ou par la teinture de
gaïac-essence de térébenthine de Schnumm l'évèle cons-
tamment la présence de Ihémoglobine (Mayer).
Généralement « l'urine émise à la première miction qui
suit l'apparition des symptômes est, quelle que soit la
gravité de l'accès, toujours hémoglobinurique et, par con-
séquent, toujours colorée en brun rougoàtre », malgré
l'absence constante do glol)ules ronges. Parfois l'excn'tion
de pigment par l'urine précède le spasme musculaire (Mac-
Fadyean). Tantôt la coloi*ation rougeàtre disparaît après
la deuxième ou troisième miction dans les formes bé-
nignes, tantôt elle persiste jusqu'à la mort ou diminue
progressivement d'une miction à l'autre.
V albuminurie accompagne l'hémoglobinurie : elle est
même proportionnelle à son intensité ; la réaction est
toujours alcaline. Sur 63 cas, une seul fois l'albumine
manquait (Adam). « L'urine est muqueuse, filante, difficile
ù filtrer et possède, dans la majorité des cas, une
densité moindre qu'à l'état normal ; elle contient cons-
tamment de l'albumine, dont la proportion, variant de
i à 25 grammes par litre et quelquefois plus, est en
HEMOGLOBIM'RIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 57
rapport avec la quantité d'hémoglobine dissoute quelle
renferme, c'est-à-dire avec l'intensité de sa coloration.
Sous l'influence de la chaleur ou des acides, cette albu-
mine se coagule en caillots qui entraînent la matière
tinctoriale, se colorent en brun et se déposent.
Recueillie dans une éprouvette, ou mieux un verre à
pied, et laissée au repos, elle abandonne lentement et
sans s'éclaicir. en raison de sa richesse en mucus, un
amas sédimenteux plus ou moins abondant suivant les
cas. Ce dépôt, traité par le picro-carmin, montre au mi-
croscope, en dehors des cristaux de carbonate et d'oxa-
late de chaux, constants dans l'urine du cheval : 1» des
traînées muqueuses tenant fréquemment en suspension
de tins cristaux des corps précédents et des granulations
sans caractères définis, granulations parfois libres, réu-
nies en amas et colorées les unes en rouge, les autres en
jaune rougeàtre: 2° des cellules épithéliales libres pro-
venant des canalicules du rein, à noyau bien coloré par le
carmin ; 3° quelques cylindres hyalins ; 4° enfin de nom-
breux cylindres épithéliaux, à contom's réguliers ou mal
délimités, constitués par des cellules épithéliales granu-
leuses, colorées en jaune rougeàtre. à noyau bien distinct
et franchement coloi^é. « Ces éléments, toujours présents
dans les urines hémoglobinuriques quelle que soit la gra-
vité de l'accès, sont cependant plus nombreux dans les
cas à forme grave que dans ceux où la guérison est rapide.
De plus leur proportion relative varie également d'un cas
à l'autre •> [Lucet (1)].
La présence du sucre dans les urines des chevaux pa-
raplégiques, révélée par Mouquet et Lucet, est constatée
exceptionnellement. La glycosurie est passagère ; elle révèle
les troubles du système nerveux. Tantôt l'urine renferme
plus de 30 grammes de sucre, tantôt elle n'en présente
que des traces.
L'émission d'urine est rare, difficile ; on peut constater
(i* Lucet, Bec. de méd. vét., iS92.
58 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
de la rétention pendant les quinze ou vinj^'t premières
heures; l'urine est quelquefois rejetée très abondamment
dès que l'animal est moins agité; sinon, on peut vider
la vessie en comprimant cet organe à laide de la main
introduite dans le rectum.
Ordinairement l'animal urine dès qu'il s'arrête, au
début du mal; il rejette une petite quantité de liquide
dont la coloration est frappante. Quand il marche jusqu'au
moment de la chute, la miction ne se produit que
longtemps après la cessation de tout effort ; elle est
très abondante; l'animal rejette sans difficulté appré-
ciable une grande quantité d'urine noire. Cette expulsion
d'urine précède fréquemment latténual ion ou la cessation
des symptômes alarmants.
Troubles CUTANÉS. — Une sudation abondante se montre
d'emblée et coïncide avec l'engourdissement musculaire (1).
La sueur inonde tout le corps, en commençant par la
croupe, l'épaule, les membres antérieurs, lencolure. Elle
est souvent bornée à l'ari-ière-main, quand l'impuissance
locomotrice doit se localiser dans ces régions.
La transpiration cutanée, subite, précède les formes
bénignes comme les formes les plus graves de la maladie.
« Elle est d'autant plus abondante que l'attaque d'hémo-
globinurie est plus soudaine et plus violente. Quant à
sa durée, elle est en rapport avec la gravité de l'affection.
Si celle-ci est bénigne, l'exagération de la sécrétion des
glandes sudoripares dure peu, une demi-heure, une heure
au plus, puis elle disparaît, et, raiiidement. l'animal
sèche; mais, dans les cas graves, elle dure souvent plu-
sieurs heures et quel(|iiefois même jusqu'à la mort, si elle
doit avoir lieu à bref délai » (Lucet), Elle est entretenue
par les violents efforts qu'effectue l'animal pour garder
la station quadrupédale ou pour s efforcer de la reprendre.
(1) Revel, Cas de paralysie momentanée du sentiment avec éphid rose pro-
noncée observée chez la jument (/?ecMei7, 1882, p. 571).
HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQLE. 59
En résumé, la sudation n'offre jamais de siège défini en
rapport avec les régions malades ; elle présente des carac-
tèi'es très variables, de sorte qu'elle est dépourvue de
toute valeur symptomatique.
Troubles respiratoires. — La respiration, calme et ré-
gulière au début, s'accélère à mesure que les troubles
locomoteurs augmentent d'intensité. Quand l'animal ne
conserve la station quadrupédale que grâce à des efforts
considérables, on peut voir le nombre des' mouvements
respiratoires s'élever à 40, 60 et même 70 par minute.
Quelquefois même, la respiration est dyspnéique, trem-
blotante ou soubresautante, la physionomie inquiète,
anxieuse, empreinte d'une angoisse extrême, l'œil fixe
ou égaré, les narines crispées ou dilatées à l'extrême. On
peut alors compter jusqu'à 85 respirations par minute
témoignant d'une anoxyhémie très prononcée. Ces cas
extrêmes ne se produisent que chez les animaux couchés
en proie aune agitation continue.
Troubles circulatoires. — Au début, ils font complè-
tement défaut, le pouls est normal (40 à la minute) ou
un peu accéléré (45 à 50), quand l'animal est arrêté à
temps, mis dans une écurie, bouchonné et convenable-
ment couvert. Sous l'influence de la marche ou des efforts
continus que fait l'animal pour se tenir debout ou se
relever, les muqueuses se congestionnent, se cyanosent
même.
Les battements du cœur deviennent tumultueux, le
pouls vite, dur, filant et si rapide qu'il est presque
impossible à compter : les pulsations atteignent 120° à
130°. On voit quelquefois ces troubles circulatoires persister
plusieurs jours, alors que la respiration est redevenue
normale (Arloing).
Modifications de la température. — La température
peut exceptionnellement s'élever sous l'influence de la
marche et des troubles généraux pour atteindre 39o,5 et
même dépasser 40° avant l'accès (Marek, Fréger), mais
60 M\L.\D1E.S PAU AUTO-INTOXICATION.
habitiiollement, la mahulio est apvriHique ou peu fébrile, la
température varie de 38° à ;{8o,5 ; il n'est rtième pas rare
de constater de l'hypothermie chez les animaux, qui ne
tombent pas etqui se rétablissent; Cuny(l)a constaté une
température de 34°, 2 chez un malade, de 3oo.8 chez un
second et de 37° chez un troisième. Elle remonte bientôt à
la normale quand la guérison survient; elle remonte aussi
et s'élève même à 39°, S et même à 40°, chez les ani-
maux tombés qui s'agitent en faisant de vains efforts pour
se relever. La température ne fournit donc aucune indi-
cation sérieuse sur la marche et la terminaison de la
maladie ; on peut seulement constater que rhypothermie
précède souvent la guérison et que Thyperthermie, qui varie
de 38°,5 à 41° chez les animaux couchés qui se débattent,
est le prélude d'une mort prochaine. La terminaison est
presque toujours mortelle quand la température dépasse
39°,5 (Hùtling).
Marche. — Durée. — Terminaison. — Lhémoglo-
binurie a un début brusque, ra|)ide; elle arrive en quelques
instants à sa période d'état : le tableau symptomatique
se dessine et se complète sous l'œil -de l'observateur. Le
clioviil, plein de force et de gaîté en sortant de l'écurie,
se couvre bientôt de sueur et manifeste des coliques ;
il ralentit son allure, marche, traîne un ou plusieurs
membres, boite, tremble, fléchit sous le poids du corps,
se raidit, vacille du train postérieur, menace de tomber,
fait de violents efforts pour se maintenir debout.
La respiration, la circulation s'accélèrent, la physio-
nomie exprime l'anxiété et la souffrance. En quelques
heures, l'affection est arrivée à son paroxysme ; elle est
caractérisée par l'apparition du symptôme pathogno-
monique : la tuméfaction des masses nuisculaires de la
croupe, du dos, de l'épaide. du poitrail.
La maladie est parvenue à son apogée ; le dénouement
(1) Cuny,,/oMr7ia; de Lyon, 1910, p. 137.
HÉMOGLOHINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 61
est rapide et souvent foudroyant. Dans une statistique
portant sur 63 cas, la durée de la maladie a été 8 fois
de douze heures; 14 fois de vingt-quatre heures; 17 fois
de quarante-huit heures ; 12 fois de trois jours ; 1 fois de
quatre jours ; 3 fois de cinq joiu-s ; 6 fois de huit jours et
2 fois de quatorze jours (Adam et Pustcher).
Deux signes permettent de présager la guérison ou
la mort du malade. Vexcrétion d'urine abondante, peu
foncée, indique une évolution bénigne et est le signal
de l'atténuation ou de la disparition des mjosites et
des troubles locomoteurs ; la chute sans excrétion
urinaire est l'indice, le plus probable, d'une mort pro-
chaine.
LaGuÉRisox est la terminaison habituelle quand l'animal
pris d'hémoglobinurie est arrêté, maintenu immobile
ou conduit, à quelques mètres, dans la maison la plus
proche.
La tranquillité dissipe souvent tous les troubles
locomoteurs, les sueurs cessent, les masses musculaires
ne se tuméfient pas; les coliques, à peine appréciables,
s'éteignent après l'expulsion de quelques matièi*es diar-
rhéiques; la respiration se calme plus vite que la circu-
lation; l'animal manifeste de la lassitude, de rabattement,
de la somnolence, puis un phénomène salutaire se pro-
duit : c'est le rejet d'urine noire ou foncée, qui entraîne
sans doute les éléments toxiques, stupéfiants, retenus
dans l'organisme, car l'amélioration commence dès la
première miction; elle s'accentue à chacune d'elles; la
guérison est complète quand l'urine a récupéré sa colo-
ration normale. Parfois Vurine hémoglobinurique ou sim-
plement foncée est rejetée en une seule fois, et l'animal est
guéri en tant que maladie ; ses effets subsistent encore
pendant sept à huit heures, quelquefois douze à vingt-
quatre heures.
Exceptionnellement cette forme bénigne se complique,
« au bout de vingt-quatre à quarante-huit heures, d'un
Gadéac. — PatholoRie interne. VII. 4
62 MALADIES PAU AUTO-INTOXlCATlON.
œdème soiis-vonlral qui se résorbe on doux ou Irois
jours » (Lucet).
Souvent la maladie arrive à un degré de plus avant
que l'impuissance loconiolrice soit bien établie; le i^on-
fleniont musculaire, caractéristique, s'est produit. La
guérison osl encore fréquente malgré l'existence des
symptômes les plus alarmants : coliques intenses, diffi-
culté ou impossibilité de conserver la station quadrupé-
dale, sueurs abondantes, généralisées ou localisées aux
masses musculaires tuméfiées, respiration accélérée,
haletante, pouls petit, filant, très précipité, physionomie
anxieuse; les défécations diarrhéiques et l'expulsion
abondante d'urine foncée annoncent généralement la
décroissance des symptômes. La guérison est surtout
rapide quand l'atîection est localisée aux masses mus-
culaires des membres antérieurs.
La forme paraplégique est celle qui se généralise ot se
complique le plus facilement d'altérations prolongées et
quelquefois incurables des muscles et des nerfs. Quelle
que soit la forme que la maladie affecte, elle peut gué-
rir; les animaux qui ont fait des chutes ne sont pas
irrémédiablement perdus; on cite môme des clievnux
tombés dix fois en chemin avant de se rendre à l'écurie
et qui sont complètement guéris; mais c'est l'excep-
tion.
Debout ou couché, le malade marche vers la guérison
quand il continue à manger, à remuer les membres sans
manifester d'agitation et qu'il expulse les excréments et
urine abondamment.
La conservation de la fonction urinaire demeure, sous
toutes les formes et à tous les degrés de la maladie, le
signe essentiel et la principale cause de la guérison.
Alors, en deux ou trois jours, l'urine récupère ses
caractères normaux, mais la station quadrupédale ne se
rétablit qu'en cinq, six, huit ou même neuf jours, l'animal
commence dès les premiers jours du décuhitus à se
HEMOGLOBIMRIE MUSCULAIRE PAROXYSTIOUE. 63
placer en position sterno-costale ou sternale ; les nijosites
se dissipent, les muscles tuméfiés deviennent pâteux et
un peu douloureux.
La MORT survient quelquefois quatre à sept heures
après le début de la maladie ; celle-ci a une évolution
foudroyante.
L'animal tombe un quart dheure ou une demi-heure
après le départ ; il est étendu « en décubitus latéral com-
plet, en proie à une agitation continue» ; ses muscles sont
gonflés à Textrème: il est couvert de sueur ; les conjonc-
tives sont cyanosées, la langue pendante; il meurt subi-
tement, comme frappé d'apoplexie ; parfois il s'agite
inutilement sans avoir uriné, ou rejette, aux der-
niers moments de la vie, une petite quantité d'urine
noire.
Ordinairement la mort se fait attendre douze, vingt-
quatre heures, deux jours, trois jours ou même cinq
jours. Dans les premières heures qui suivent la chute,
les muscles du train postérieur, surtout ceux de la
croupe, sont énergiquement contractés, durs, tendus; la
peau est mouillée et fumante, l'animal paraît en proie à
de vives souffrances, comme en témoignent son regard
brillant et anxieux, ses naseaux dilatés et crispés, sa
respiration haletante et ses mouvements désordonnés ;
puis il récupère un peu de calme, il cherche même à
combiner ses efforts en vue de se lever (fig. 6).
On voit alors le malade se placer sur le sternum,
allonger successivement les membres antérieurs et
se soulever : mais le train postérieur reste cloué au sol ;
l'animal est assis sur son derrière ; il ne garde pas long-
temps cette attitude, il se laisse retomber, comme con-
vaincu de l'impuissance de ses efforts. La motilité n'est
cependant pas complètement abolie; l'animal exécute
des mouvements partiels, des flexions ou des détentes
violentes des membres postérieurs. La sensibilité n'est
pas éteinte au niveau des parties postérieures; il semble
64
MALADIES l'AH ALTD-INTOXICATION.
qu'il y ail hjpereslhésie plus ou moins manileste des
parties antérieures.
Pendant les périodes de calme, la température est
normale, le pouls moins rapide, la respiration légèrement
accélérée, l'appétit conservé. L'animal prend ses aliments
et ses boissons si on a la précaution de lui relever la
Fig. (). — L'animal fait de vains efforts pour se lever.
tète; mais l'urine, rejotée en petite quantité, est noire, le
sujet s'épuise, les grandes fonctions (respiration, circula-
tion), gênées par la position décubilale. se troublent,
s'embarrassent, les parties saillantes du corps s'excorient,
la température monte de quelques dixièmes )\ i° au-dessus
de la normale ; le poumon s'engoue par congestion bypo-
statique et l'animal succombe.
Complications. — L'émaciation, générale ou locale,
temporaire ou délinitive, des muscles de la croupe succède
HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 65
à certaines paraplégies qui ont duré depuis quelques
heures jusqu'à huit ou neuf jours. Les animaux demeurent
boiteux ou affectés dune gêne particulière de l'arrière-
inain d'une durée en rapport avec celle de Tatrophie
musculaire (Lucet'.
Ldi paralysie du nerf fémoral antérieur n'est pas rare ;
elle survient chez des paraplégiques qui se relèvent sans
trop de difficultés (Voy. Paralysie du fémoral). C'est,
le plus souvent, le premier membre affecté qui manifeste
cette paralysie locale : Tanimal boite, et il est aisé de
reconnaître que la boiterie est due à l'inactivité des
muscles de la région crurale antérieure facia lata et tri-
ceps crural), de telle sorte que chaque fois que le membre
affecté fait son appui, l'angle fémoro-tibial se ferme et la
croupe s'affaisse plus ou moins suivant le degré de la
paralysie. Pendant que disparaissent tous les autres
symptômes de l'affection primitive, cette boiterie spéciale
persiste et s'accentue. Bientôt la région crurale anté-
rieure se déforme. Le triceps criii'al s'atrophie, et on voit
se produire au-dessus du grasset une dépression plus ou
moins profonde : la paralysie du nerf fémoral antérieur
est confirmée. Ce reliquat de la paraplégie aiguë n'est
pas rare; on en a même fait, pendant longtemps, la
lésion essentielle de la paraplégie.
Cette paralysie n'est pas extrêmement grave; elle per-
siste généralement deux ou trois mois ; puis elle diminue
peu à peu et flnit par disparaître en trois à cinq mois
ou davantage. On peut la voir persister indéfiniment
avec une telle intensité que l'animal, rendu absolument
inutilisable, doit être sacrifié (Saint-Cyr).
Ldi paralysie Ae?, extenseurs des deux membres antérieurs
est quelquefois consécutive à un accès d'hémoglobinurie
La piqûre pratiquée au niveau du radial ne provoque
aucune réaction. La boiterie, peu manifeste au pas, est
très accentuée au trot, par suite de la dégénérescence des
extenseurs.
4.
66 MALADIES l'AR AUTO-INTOXICATION.
La fourbiirc du membre sain chez les chevaux affec-
tés de la paralysie du fémoral antérieur du membre
opposé se produit, quelquefois, et rend de nouveau le
cheval impuissant à se maintenir sur le train posté-
rieur.
Les plaies, les excoriations résultant d'un décubiliis
prolongé s'infectent, provoquent la fièvre et luttent la
mort.
Rechutes. — Loin de donner l'immunité, une première
attaque de paraplégie est une cause prédisposante pour
des attaques ulti'-rieures. Un cheval peut être frappé de
cette maladie trois foisentjuinze jours (Lucet). \j'lu'ino!/lobi-
nwne recidù'e quelquefois dans la même journée: l'animai
dontlaguérison paraît certaine el procliaine peut retomber
tout à coup aussi complètement paralysé qu'au début.
Dans ces conditions, une seconde attaque est presque
toujours mortelle. Nous avons cependant constaté la
guérison d'un cheval qui a présenté trois récidives en
huit jours. 11 y en a d'autres qui présentent tous les ans
un accès de paraplégie.
Anatomie pathologique. — La décomposition rapide du
cadavre el l'altération du sang sont des lésions secon-
daires consécutives à l'auto-intoxication.
Les sujets se putrétient en quelques heures comme les
animaux surmenés. Leur sang est mou, épais, huileux
comme celui des animaux septicémiques. Les globules
rouges sont altérés, décolorés; le sérum est rougeâtre :
mais cette coloration résulte de la décomposition cada-
vérique. On peut d'ailleurs y découvrir des granulations
pigmenlaires, des cristaux d'hématoïdine et des microbes
de la putréfaction.
Tube dickstif. — L'estomac et l'intestin présentent les
traces d'tme légère irritation; les follicules solitaires ou
agminés sont quelquefois légèrement inlillrés et entourés
d'une ecchymose ; mais ces lésions, inconstantes, n'ont
aucune signification.
HÉMOGLOBIXURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 67
Le FOIE offre une teinte jaunâtre, son tissu est sec,
grenu ; il est infiltré de graisse et hémorragique. Le noyau
(les cellules hépatiques est invisible au microscope; il est
dissimulé par des granulations graisseuses.
La RATE, surchargée de pigments, est hypertrophiée,
lisse ou bosselée: sa coupe est molle, diffluente, noire au
niveau des bosselures. Cette coloration s'atténue au contact
de l'air.
Muscles. — Les lésions du système musculaire, loca-
lisées ou diffuses, sont plus ou moins prononcées, mais
elles ne manquent jamais : les psoas, les adducteurs de la
cuisse, les muscles de la région crurale antérieure, les
fessiers, les ischio-tibiaux — puis, loin de ceux qui précè-
dent, les muscles de la région scapulaire, sous-scapulaire,
le grand dentelé, sous et sus-épineux, les olécraniens, enfin
les ilio-spinaux et les muscles âeV encolure sont les plus tou-
chés. Les autres, notamment ceux delà jambe, de l'avant-
bras, de la tète, sont généralement sains. Le coeur demeure
rarement indemne.
L'altération, des psoas est quelquefois tellement pro-
noncée qu'en ouvrant l'abdomen on voit, à la région
sous-lombaire, une sorte de tuméfaction de couleur
bleuâtre, bien apparente, à travers la séreuse péritonéale.
Cette coloration est due à des ecchymoses ou à une vaste
hémorragie sous-lombaire qui englobe la masse des psoas
et se prolonge, quelquefois, à travers les piliei's du dia-
phragme jusqu'à l'intérieur de la cavité pectorale. Ordi-
nairement la quantité de sang épanché est moins considé-
rable ; le caillot présente les dimensions d'un œuf de dinde,
de poule, ou est plus petit encore. Les hémorragies révèlent
les déchirures musculaires q\x\ se sont produites pendant la
vie sous l'influence de violents efforts qu'effectue l'animal
pour se maintenir debout. Un ou plusieurs psoas présen-
tent des interruptions dans leur continuité; il existe une
cavité intramusculaire située au centre de la partie
charnue dans laquelle flottent les extrémités des fi')res
68 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
musculaires rompues à diverses hauteurs; les extrémi-
tés déchirées des fibres sont distantes de 2 à 3 centi-
mètres.
D'autres muscles [scalénc, muscles de l'encolure) pré-
sentent également des traces de déchirure ; mais celles-ci
sont beaucoup moins étendues : elles sont bornées h
quelques faisceaux, et s'accusent, à l'œil, par des taches
ecchjmotiques du diamètre d'une pièce de 20 cen-
times à celui d'une pièce de 1 franc, qu'on découvre en
pratiquant des sections musculaires longitudinales ou
transversales.
La couleur des muscles malades est toujours modiliée ;
elle est grisâtre, rouge, rouge foncé, rouge livide dans les
cas foudroyants ; jaune orangé, jaune pâle ou même
blanchâtre dans les cas à évolution lente.
La décoloration n'occupe pas toujours toute la masse
d'un muscle ; elle se présente, souvent, sous laspecl de
taches disséminées, de grandeur, de forme et de teinte
variables, ce qui indique que l'altération qu'elles expri-
ment ne se produit pas partout en même temps.
• La consistance du muscle est considérablement dimi-
nuée dans tous les points décolorés. Une pression légère
suffit pour faire pénétrer le doigt dans son tissu, qui
s'écrase facilement; la plus faible traction rupture ses
fibres.
Le tissu musculaire est tuméfié, u'démateux ou sec,
presque exsangue, cassant, et ressemblant, plus ou moins,
à un morceau de chair cuite.
Vexamen microscopique révèle une série d'altérations
musculaires plus ou moins différenciées qui rappellent : la
tuméfaction trouble, la dégénérescence graisseuse ou
granulo-graisseuse. la dégénérescence cireuse ou vitreuse
et, exceptionnellement, la sclérose musculaire à l'état
embryonnaire.
La tuméfaction trouble marque le début des altérations
dégénératives des fibres musculaires ; celles-ci sont tumé-
HÉMOGLOBINURIE MUSCtLAIRE PAROXYSTIQUE. 69
fiées, opaques, granuleuses ; la striation est moins visible
ou efTacée; le sarcolemnie est encore normal.
La dégénérescence graisseuse est l'altération la plus
répandue ; elle s'observe partout où les muscles sont
friables et offrent une teinte jaunâtre; elle existe aussi
mais moins prononcée, dans les muscles, qui, à l'œil nu, ne
semblent pas altérés.
La transformation cireuse, ou dégénérescence vitreuse,
rend les fibres musculaires transparentes, hyalines; elles
présentent un reflet brillant analogue à celui de la cire
blanche.
Fragile et dépourvu de striations, le contenu sarcolem-
mique présente, de distance en distance, des espèces de
fentes transversales ou même des cassures complètes.
Les morceaux sont irréguliers, vitreux, complètement
détachés ou adhérents par places et maintenus par le
sarcolemme coloré en jaune qui comprime les extrémités
des blocs vitreux. Cette dégénérescence, comme celle qui
précède, est très inégalement répartie ; des faisceaux
intacts ou à peine granuleux siègent à côté des faisceaux
complètement transparents et vitreux.
Toutes ces altérations se pi'oduisent avec une grande
rapidité, puisqu'on les l'encontre, déjà bien caractérisées,
chez des sujets morts le quatrième, le troisième et même
le deuxième jour de la maladie.
Certains muscles, très tuméfiés sont noyés dans un
exsudât fibrineux (myosite parenchymateuse).
Les noyaux des fibres musculaires, « volumineux, mul-
tipliés, nettement colorés, sont disposés en série, soit à
la surface, soit dans l'épaisseur des faisceaux, et le tissu
conjonctif interfasciculaire a subi un commencement
d'organisation » (Lucet).
Moelle épinière. — Les lésions médullaires, recherchées
en raison des troubles locomoteurs, sont inconstantes et
disparates. Quand elles existent, elles sont limitées au
renflement lombaire ou s'étendent le plus souvent jusqu'au
70 MALADIES PAR ALTO-INTOXICATION.
renflement brachial. Décrites i)ar Coiilbeaux (1824), el
Bouley jeune (1828), Adenot (18(14). on leur a attribué en
France un rôle prépondérani .
La congestion simple de la uioelle ou de ses enveloppes
est l'altération la plus commune; elle est visible même à
travers les méninges.
Les vaisseaux superficiels du canal rachidien sont lor-
lement injectés. Quand la dure-mère est incisée, la
moelle apparaît avec sa teinte rosée, rouge vif ou rouge
sombre; les vaisseaux qui rampent à sa surface sont
distendus parle sang; le liquide arachnoïdien est rosé
et plus abondant qu'à l'état normal. On trouve parfois
de nombreuses adhérences entre les doux feuillets de
l'arachnoïde. De la face interne de la pie-mère s'élèvent
des vaisseaux chargés de sang qui pénètrent dans la
substance propre de la moelle. Les coupes longitudinales
ou transversales de cet organe permettent d'apercevoir,
à l'œil nu, un pointillé prononcé dans la substance grise,
principalement au niveau des cornes. Les vaisseaux
capillaires y sont fortement dilatés, déchirés, ou offrent
des renflements fusiformes, des réseaux magnifiques,
comme s'ils avaient été gonflés par une injection artili-
cielle.
Les ruptures vasculaires sont souvent si nombreuses que
l'on constate une véritable apoplexie de la moelle, carac-
térisée par uneextravasation du sang, soit à la surface, soit
à, l'intérieur du cordon médullaire. Tantôt, en elTet, les
caillots accumulés à sa surface dépriment et déforment cet
organe; tantôt, formés dans son épaisseur, ils réduisent
mécaniquement en bouillie la substance grise, lis sont plus
ou moins nombreux, irrégulièrement répartis, plus abon-
dants d'un côté que de l'autre : le sang peut même ru]>-
turer la muqueiise, qui tapisse le canal de l'épendyme et se
répandre dans son intérieur.
Ces altérations occupent la moelle lombaire, parfois la
partie moyenne de la région dorsale, parfois la ré-
HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 7t
gion brachiale, exceptionnellement la région bulbaire.
Quand ces lésions ne sont pas suffisantes pour déter-
miner immédiatement la mort, elles se compliquent d'un
c(M"tain degré de ramollissement médullaire, d'épaississe-
luent de la dure- mère et d'arachnoïdite rachidienne.
Nerfs. — Les nerfs qui émergent de la moelle présentent
à leur origine, surtout au niveau du plexus lombo-sacré,
une coloration jaunâtre, lis sont plus volumineux quà
l'état normal, congestionnés et ecchymoses, ou bien infil-
tri's d'un peu de sérosité jaunâtre ou gélatiniforme, soit à
leur issue des trous rachidiens, soit sur divers points de
leur trajet extérieur.
Les nerfs fémoraux sont fréquemment altérés sur une
étendue de 4 à 5 centimètres; les flbres sont dissociées;
les tubes nerveux sont souvent ruptures et dégénérés.
Les troncs sciafiques racines desfcmorau.r) sont quelquefois
congestionnés au niveau du bord externe de l'ischium, au
point où le tronc nerveux, après avoir rampé sur le liga-
ment sacro-sciatique, s'infléchit en bas pour descendre
entre les muscles ischio-tibiaux; mais toutes ces altérations
nerveuses sont également inconstantes.
Reins. — Les reins, toujours altérés, le sont à des degrés
divers ; ils sont congestionnés, piquetés de rouge, noirs
comme de l'encre (Berger) ; ils s'écrasent facilement sous la
pression du doigt ; le bassinet renferme une grande quan-
tité de liquide trouble, brunâtre, dans les cas d'hémoglo-
biniirie fiuraiuKë. Ils sont mous, friables, ramollis au point
de tomber en détritus par leur propre poids quand la mort
est rapide, grisâtres, œdémateux, hypertrophiés quand la
mort est plus tardive. Ces organes incisés laissent écouler
plus ou moins de sang ou de sérosité claire suivant que la
mort est survenue plus ou moins rapidement.
A Vexarneii microscopique, tous les capillaires sont
dilatés. Les cellules épithéliales des tubes contournés ont
subi la tuméfaction trouble. Les tubes droits sont presque
sains ; les glomérules de Malpighi sont le siège d'une
72
MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
altérai ion caractérisée par la présence, dans la cavité
glomériilaire, d'un liquide granuleux contenant des cel-
lules migratrices qui peuvent exister aussi dans les
vaisseaux glomérulaires. Parfois, on observe un épanche-
ment de globules rouges et de leucocytes dans la capsule
de Bowmann. Une exsudation albumineuse les sépare
quelquefois de leur enveloppe séreuse.
Lorsque la maladie a duré quelque temps, les lésions de
la substance corticale sont plus
avancées.
Vues au microscope, les cel-
lides épithélialc's des tubes con-
lournés sont hypertrophiées,
granuleuses ; leur bord libre
est déchiqueté, frangé. Elles
présentent souvent plusieurs
noyaux (lig. 7i.
D'autres fois, elles sont tel-
lement hypertrophiées qu'elles
bouchent la lumière du con-
duit. Les tubes rénaux sont pri-
vés de leur épilhélium. vides,
ou renferment des cellules
épilhéliales desquamées, iso-
lées ou réunies en amas
(Lucet) (1).
Le tism conjonctif intertu-
nurie. 11 apparaît constitué d'une bulaire est parfois creusé. par
matière homogène, colloïde, et i i .,,.,,..
de cellules épithéiiaies (couche P'^ces, de cavites iiTegulieres.
médullaire). de dimensions variées, refou-
lant, et écartant les tubes ré.
naux ; ces cavités sont remplies de débris de globules et
de cristaux d'ht'moglobine.
Pronostic. — Le pronostic est variable suivant le degré
d'intensité des crampes et d'impuissance locomotrice.
(1) Lucet, Rec. deméd. vêt., 189'i, p. 162.
Fig. 7. — (-vlindre urinaire (coupé
longitudinalement) dans le rein
d'un cheval mort dhémoglobi-
HEMOGLOBIXLRIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 73
Les animaux qui continuent de travailler quand la
maladie l'ait son apparition succombent ; ceux qu'on ar-
rête d'emblée guérissent généralement. Demilly disait
avec raison : « Faites marcher le cheval frappé de con-
tracture pelvienne, il périra. Faites rester l'animal sur
place, il guérira. » C'est que, dans le premier cas, on ajoute
à l'intoxication préexistante l'empoisonnement déterminé
par les produits issus des muscles contractures, tandis que,
dans le second, on permet aux produits toxiques de s'éli-
miner, à la contracture de se dissiper et aux muscles de
revenir à l'état physiologique. La maladie est bénigne
quand la tuméfaction des muscles est appréciable ou
qu'elle est localisée aux muscles de l'avant-main : elle est
plus grave quand les lésions musculaires intéressent le
train postérieur ; elle est mortelle quand les myosites sont
généralisées et l'excitation considérable : c'est la mort à
bref délai quand la respiration est précipitée, le pouls
petit, rapide et les muqueuses cyanosées. Les animaux
tombés qu'il faut transporter dans une écurie guérissent
rarement; les mousements violents auxquels ils se livrent
précipitent leur mort.
L'époque de l'émission de l'urine et la qualité de ce
liquide ont une certaine valeur pour établir le pronostic.
Les symptômes généraux s'atténuent en effet d'autant
plus rapidement que la sécrétion rénale se rétablit plus
promptement et que la vessie évacue l'urine hémoglobi-
nurique. La maladie est d'autant plus grave que l'urine est
plus foncée et plus riche en albumine.
La mortalité est variable suivant les cas qu'on envi-
sage.
Elle est considérable pour les cas de paraplégie confir-
mée ; cette maladie fait périr 70 p. 100 au moins des
sujets atteints; le pourcentage de la mortalité est beau-
coup moins élevé si l'on considèi'e le nombre des sujets à
peine frappés qui résistent. Le taux de la mortalité est tou-
jours beaucoup plus élevé dans les écoles vétérinaii-es, où
Cadé.\c. — Pathologie interne. VII. 5
74 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATIOX.
sont amenés la plupart des animaux gravement atteints,
que dans les clientèles civiles.
Le traitement utilisé fait t'galemenl varier le pronostic.
Les révulsifs ou les irritants cutanés, comme l'essence de
térébenthine, assombrissent le pronostic.
Diagnostic. — Le diagnostic de l'hémoglobinurie du
cbevcil est facile; la soudaineté de son apparition sur les
animaux remis au travail après quelques jours de repos,
la tuméfaction des muscles, la chute ou l'impuissance
motrice et l'émission d'urine noire ou foncée et ailiumi-
neuse sont des signes caractéristiques.
Les coliques s'en différencient toujours, quelle que
soit leur origine, par la dilTiculté ou l'impossibilité
qu'éprouvent les sujets hémoglobinuriques pour se
relever.
La THROMBOSE DE l'aorte POSTÉRIEURE cst facilement
reconnue à l'aide de l'exploration rectale. D'ailleurs, les
symptômes se dissipent rapidement quand l'animal est
arrêté ; la maladie s'accuse essentiellement par une boi-
terie intermittente à chaud,
La PARAPLÉGIE INFECTIEUSE olfre, au contraire, beaucoup
de traits communs avec l'hémoglobinurie. Elle débute,
comme elle, à l'écurie ou après un instant d'exercice, mais
elle est plus franchement épidémique et s'accompagne
d'une tuméfaction plus ou moins prononcée de la vulve
chez les juments, et d'inilammation des organes génitaux
avec rejet d'urine non colorée (Voy. plus loin, Paraplégie
infectieuse).
Traitement préventif. — Les moyens préventifs sont
pluseflicaces que les moyens curatifs. Les chevaux sont à
l'abri de la maladie quand ils effectuent un travail régulier
ou quand on a soin de diminuer la ration et d'administrer
des purgatifs pendant la période de repos. La diminu-
tion de la rai ion d'avoine, quand on ne la supprime pas
entièrement pour la remplacer par de la mélasse qui pos-
sède une action purgative par ses sels de potasse, les
HEMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 75
dimanches et les jours de fête, est un moyen d'une effica-
cité certaine pour empêcberrauto-intoxication qui prépare
l'attaque d'hémoglobinurie. il faut reiloubler de soins
envers les animaux pendant la saison froide, les mettre
au régime de la demi-ration quand ils sont trop gras,
éviter de les tenir dans des écuries trop chaudes; il
faut aérer celles-ci de manière que leur température soit
à peine plus élevée que celle du dehors. Il est utile
de couvrir les chevaux, qui sont exposés à s'arrêter et à
demeurer immobiles au dehors, les jours de brouillard.
Traitement curatif. — La principale indication à rem-
plir,c'est défaire éliniinerlesprincipes toxiques accumulés
dans l'organisme aussi prompteraent que possible, de
manière à éviter la chute du sujet. On a recours à des
moyens hygiéniques et ù des moyens thérapeutiques.
1° Moyens hygiÉxXiques. — Quand on a lachance d'inter-
venir dès le début de la crise, c'est-à-dire avant la chute, au
moment de l'apparition des tremblements musculaires, il
faut arrêter les animaux sur place, les dételer, les bou-
chonner, les couvrir, les réchauffer, les maintenir immo-
biles, une demi-heure au moins, ou n'exiger d'eux d'autres
efforts que ceux qui sont indispensables dans quelques cas,
pour les conduire, aussi doucement que possible, à l'écurie
la plus voisine. A la campagne, on peut immobiliser
l'animal sur le bord du chemin: une tente montée à l'aide
d'une toile et de quelques piquets sert d'écurie. En ville,
il est préférable de faire entrer lemalade dans une voiture
ad hoc et de lui éviter ainsila'moindre fatigue musculaire.
Il ne faut jamais songer à le faire sortir de l'écurie où on
l'a fait entrer qu'après sa guérison complète.
L'expérience a prouvé que la maladie est d'autant plus
bénigne que ces conditions sont remplies d'une manière
plus parfaite. Les conducteurs, ignorant les conséquences
des efîorts excessifs qu'etfectuent les animaux pour mar-
cher pendant les premiers moments de la paraplégie, et
espérant les ramener à domicile, les poussent jusqu'à
76 MALADIES PAR AITO-IXTOMCATIOX.
ce qu'ils tombent pour ne plus se relever (Trnsbot).
Si les malades sont déjà tombés au moment où Ton
arrive près d'eux, il faut les entraver afin de lesempéclicr
de se débattre et de s'épuiser ; il faut éviter de les bisser
dans des voitures de transport à l'aide de moj'ens de
traction trop violents; il faut les cbarger avec inliniment
de précaution en les maintenant solidement pour les em-
pêcher de s'agiter et de se l'aligner à l'excès. Les chances
de guérison sont alors presque nidles : les tractions
nécessitées par le chargement, le bruit et la trépidation
de la voiture pendant le transport, surexcitent le malade,
qui s'épuise et succombe presque toujours.
2° Moyens thérapeutiques. — La saignée, proportionnée
à la vigueur du cheval et à l'intensité des symptômes, est
indiquée quand l'hémoglobinurie est caractérisée par des
symptômes intenses, non seulement pour combattre la
congestion, mais encore ])Our débarrasser l'organisme
d'une partie des principes toxiqut>s qu'il renferme. Chez
les chevaux de forte taille, ime saignée de 3 ou 6 litres
de sangestindi(|uée. Quand l'affection est àpeine esquissée,
il n'est pas nécessaire de retirer une aussi grande quantité
de sang. Ce moyen de traitement, regardé comme inutile
par de nombreux auteurs ou praticiens (Hulyra et Marek,
Schlegel, Braund, Breton, etc.), est généralement employé
en France, et donne d'excellents résultats dans les cas
graves.
La constipation doit élre immédiatement combattue à
l'aide des lavements simples, glycérines, ou renfermant
du sulfate de«oude. qui amènent l'expulsion des crottins
durcis accumulés dans le rectum et des injections de pilo-
carpine ou de pilocarpine et d'ésérine mélangés; on
administre, en même temj)s, dans les boissons, des j)urga-
tifs comme le sulfate de §oude et de magnésie.
Tous ces agents suppriment les poisons digestifs.
On peutassocier l'iodure de potassium (15 à 23 grammes)
ausalicylaled'ésérine (10 cenligrammes) considéré comme
Ht.MOGLOBlNURIE MUSCULAIllE PAROXYSTIQUE. 77
évacuant de l'intestin (Braund), ou employer les alcaloïdes
hypersécrétoires, comme la pilocarpine et l'ésérine.
Les diurétiques sont indispensables pour accélérer l'éli-
mination de tous les principes toxiques: le rétablissement
rapide de la sécrétion urinaire est généralement d'un bon
augure chez le cheval hémoglobinurique ; les mictions
abondantes hâtent la guérison : le bicarbonate de soude,
la lactose, le lait, les boissons mucilagineuses. la théobro-
mine sont donc indiqués. On pratique journellement des
injections d'éther camphré (trois à quatre piqûres de
2 grammes de camphre dissous dans 10 grammes d'éther
[lour soutenir la tonicité cardiaque).
Les excitants du système nerveux et particulièrement
ceux de la moelle ont été conseillés pour remédier à
l'impuissance musculaire ; mais ils n'ont aucune action
curative ; les antispasmodiques sont préférables pour
calmer l'excitation du sujet et l'empêcher de se débattre.
Le camphre, le bromure de sodium (oO à 70 grammes),
de potassium 3 à .5 grammes , la morphine, le chloral. le
sulfonal remplissent cette indication : mais, si les ani-
maux demeurent tranquilles, leur administration est
contre-indiquée.
On peut associer les calmants [bromure de sodium) aux
diurétiques, comme le sucre à haute dose loOO grammes)
(Leitz, Green. Metzger).
Les révulsifs doivent être absolument proscrits pendant
toute la durée de la maladie.
L'hydrothérapie calmeles animaux et donne aux muscles
le temps de récupérer leur contractilité ; elle est tou-
jours utile ; son elTicacité est reconnue, et son emploi
mérite de se généraliser. Ses effets salutaires ont été
constatés en utilisant l'eau froide ou l'eau chaude, les
compresses humidesou les irrigations continues (Lafosse,
Hartenstein. Marion, Rippert, Maris et Ranvier). Un drap
plié en quatre ou en huit, trempé dans l'eau froide le
printemps, l'été ou l'automne, dans l'eau chaude l'hiver,
78 MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION.
est appliqué sur la rt'gion Ioml)aire ou les groupes mus-
culaires les plus tumélit'S ; on Tarrose toutes les dix
minutes pour maintenir la région dans le même degré
d'humidité et assurer la continuation de l'eiïet analgé-
sique et sédatif obtenu.
On peut restreindre Tévaporation en appliquant une
toile cirée mince sur le drap mouillé.
Sur 9 cas traités par ce procédé, Jouquan et Grenier ont
obtenu 9 guérlsons. Sa supériorité sur les agents irri-
tants locaux est aujourd'hui universellement reconnue.
Les analogies que nous avons fait ressortir entre l'hémo-
globinurie paroxystique et la fièvre vitulaire ont suggéré
l'idée de pratiquer des injections sous-cutanées d'air ou
d'oxigène purs. Brunschwik a utilisé plusieurs fois ce
traitement avec succès (1).
Le sérum artificiel h 7 p. 1000 injecté dans la jugulaire
à la dose de 2 à 3 litres augmente la tension sanguine
et tend à rétablir la diurèse.
Le lavage du sang et, par lui, des muscles altéréssemble
devoir faire disparaître leur impotence fonctionnelle.
Heichlinger a obtenu de bons résultats en injectant, deux
fois [)ar jour, 3 litres de sérum artificiel ; Bergeon, en
remplaçant la quantité de sang enlevée à l'aide du trocart
par unequantité égale desérum; Péricaud, en utilisant un
sérum alcalin à base de potasse. Neilson et Terrj recom-
mandent, chez V homme, le chlorure de calcium comme
agent susceptible d'empéclier l'hénioglobinurie.
Règle générale, au bout d'un, deux jours au plus, une
première émission d'urine noire a lieu; elle est suivie
d'une seconde et d'une troisième dans un court délai, puis
les sjmptômes généraux s'atténuent ; la station quadrupé-
dale est reprise et l'animal est hors de danger.
Quand le décubitus se prolonge au delà de ce temps,
il^gêne l'exercice desprincipalesfonctions.il fauts'elforcer
(1) biunic\\\\'i\i. Journal (le Lyon, 1911.
HÉMOGLOBINURIE MUSCULAIRE PAROXYSTIQUE. 79
de relever le malade, de le maintenir debout à l'aide d'ap-
pareils de suspension; mais, pour donner de bons résul-
tats, la suspension ne doit pas être continue ; il faut qu'on
puisse alternativement relever le malade et le soutenir, le
descendre sur la litière quand on s'aperçoit qu'il se
fatigue.
D'ailleurs, la suspension n'est vraiment salutaire que
lorsque le malade, une fois debout, s'aide un peu lui-
même, sinon, il est préférable de le laisser couché et de le
retourner deux ou trois fois par jour.
Au début de la convalescence, il faut surveiller le régime
et administrer de légers purgatifs.
On combat la tuméfaction musculaire à l'aide de fric-
tions d'alcool camphré ; quelques promenades achèvent
de la dissiper. Contre les paralysies locales des muscles
rotuliens, on utilise les frictions résolutives avec l'alcool
camphré seul ou additionné d'essence de lavande, de
térébenthine, ou irritantes avec la teinture de cantharide,
les frictions de teinture de noix vomique, les sétons ap-
pliqués sur la région malade, le feu en raies, l'électricité.
L'exercice est à cette ("poque très utile ; il faut mettre
les malades en liberté dans un enclos, prairie, cour, où ils
puissentse mouvoir, et aussi forcer les animaux à marcher
pendant plusieurs heures tous les jours.
L'atrophie musculaire est combattue par des injec-
tions de solutions saturées de sel marin ; on injecte en
moyenne 5 grammes de la solution en deux points diffé-
rents; le lendemain, il existe un engorgement irrégulier,
bossue, remplaçant la concavité de la veille. On injecte
alors 10 centigrammes de sulfate de strychnine au grasset
pendant cinq jours ; les muscles atrophiés augmentent
rapidement de volume (Maris et Ranvier).
LIVRE IX
APPAREIL URINAIRE
CHAPITRE PREMIER
REINS.
I. — CONGESTIONS RÉNALES.
Les congestions rénales sont aiguës ou chroniques. Ces
deux formes diffèrent entièrement par leur origine, leur
mécanisme pathog(''ni(|ue, leur évolution, leur répercussion
immédiate sur la fonction de l'organe et par toutes leurs
conséquences. Les congestions aiguës appartiennent aux
processus inflammatoires ou toxiques : les comjestions
chroniques dépendent d'une stase veineuse et trouvent leur
expression la plus complète dans le rein cardiaque. On les
observe chez toutes les espèces animales.
I. — SOLIPÈDES.
A. — CONGESTION AIGUË. — HÉMORRAGIE RÉNALE.
Définition. — Les congestions rénales actives ou aiguës
sont des états pathologi(iues d'ordre toxique, infectieux ou
traumatique, caractérisés, au poini de vue clinifjiie. par
des coliques urinaires.
CONGESTION AlfiUE. — HKMORRAGlE RÉNALE. 81
Étiologie et Pathogénie. — a. Toutes les intoxications,
notamment celles qui résultent de la cantharide, de l'if à
baies, de la scille, de la brvone, de l'essence de térében-
thine, des nitrates, retentissent sur le rein ; les poisons ne
peuvent s'éliminer sans léser plus ou moins le filtre rénal
au passage. Les congestions dues à des plantes toxiques
mélangées aux aliments sont très rares; les animaux ne
les ingèrent pas. L'ingestion d'eau de mer peut la produire
accidentellement (Williams).
b. Les infections générales réalisent le mieux la conges-
tion rénale par un mécanisme complexe dans lequel il
faut faire la part des toxines qui irritent Tépithélium rénal
et suscitent des vaso-dilatations comme la tuberculine, la
malléine, et celle des microbes qui cultivent dans le rein
comme les staphylocoques, les streptocoques, les bacilles de
la morve (Conte et Bosc). Ces congestions rénales infec-
tieuses sont de simples déterminations locales d'un état
morbide général ; elles sont communes dans les pneumo-
nies infectieuses, dans Vanasarque et la piroplasmose aiguë.
On peut les voir apparaître à la suite du froid, qui dé-
termine le trouble vasculaire. préface de la néphrite
aiguë.
c. Les traumatismes comme les contusions de la région,
les violents efforts de tirage, les chutes violentes, les coups
de pied sur le dos (Violet, Caroni, Lapôtre) sont rarement
des causes de congestion rénale. La surexcitation de la
circulation, par une longue course désordonnée, a une
action plus directe sur la dilatation des vaisseaux l'énaux
et peut provoquer la rupture de ces organes (Cadéac,
Avérons, Schmidt, Guillemin et Cadix) (fig. 8).
L'irritation d'un point quelconque des muqueuses de
la vessie, de l'urètre, des uretères et du bassinet, peut
déterminer, par voie réflexe, la vaso-dilatation rénale. Les
calculs rénaux, les tumeurs sont également suivies de vaso-
dilatations actives directes ou réflexes.
Symptômes. — La symptomatologie de la congestion
5.
82 REINS.
rénale active se confond, gcnéralemenl. avec celle ilc la
néphrite aiguë qui raccompagne.
L'animal, subitement frappé, ralentit l'allure s'il est
au travail; sa démarche est embarrassée ; ses membres
postérieurs, déplacés avec peine, décrivent un mouvement
d'abiluclion très pro-
noncé. La douleur est
vive; la physionomie
anxieuse ; les mu-
queuses s'injectent :
le sujet se couche,
se relève ; il présente
descoliques; les reins
sont peu ou très
sensibles à la pres-
sion. Une heure ou
deux après Fappa-
rition de ces si-
gnes, l'animal fait
des efforts pour uri-
ner: il expulse alors
une quantité toujours
abondante d'urine,
([ui est claire, trans-
parente, lorsque l'ac-
cident ne s'accom-
pagne pas de rupture
descapillairesrénaux.
La quantité d'urine émise peut varier de 5 à 25 litres ;
son poids spécifique est diminué ; elle est albuniineuse,
hématurique.
Quand la congestion est très vive, hémorragique, l'ani-
mal est atteint de coliques très violentes (Cadéac), aux-
quelles succède l'émission d'une urine très colorée ou de
sang rutilant rejeté, par jet, en quantité assez abondante
(Lapôtre). Dans ces cas, l'urine foiu'uit un d(''pôf abondant.
Fig. 8. — Rupture des deux reins chez un
c/ieraMe contrebandier pendant une course
(Cadéac).
CONGESTIOiN AIGUË. — HEMORRAGIE RENALE.
83
rouge, formé de globules sanguins et de caillots cylin-
driques (Trasbot) ; elle est fortement albumineuse.
Évolution. — Quand la congestion aiguë affecte des
reins sains jusque-là, elle se dissipe vite : la miction
devient plus facile, l'urine perd sa coloration rouge et est
rejetée en abondance; le malade reste debout, récupère
l'appétit et se remet rapidement ; exceptionnellement, des
Fig. 9. — Hémorragie rénale. Le sang forme une masse englobant
complètemenl le rein (P. Leblanc^
rechutes surviennent et compliquent la maladie (Trasbot,
Violet).
Si, -au contraire, les reins sont déjà malades, ou si
lagression congestive est très intense, le lobule rénal est
envahi par une congestion diapédétique intense, par un
oedème congestif aigu qui prédomine au niveau de la porte
d'entrée du sang artériel dans les glomérules ; la portion
sécrétante du rein se trouve annulée par cet œdème ; il se
produit de Vanurie et de l'empoisonnement urémique ; la
84
REINS.
mort survient vers le qualriènie ou le cinquième jour.
Quand la congestion est très inlense ou le rein très altéré,
il se produit une hémorragie interstitielle, intracapsulaire
ou abdominale rapidement mortelle (Cadéac, Kitt, Molle-
reau et Porcher, Touvé).
Anatomie pathologique. — Les reins sont tuméfiés; la
substance corticale est pi(iuctéede rouge, hémorragique ;
les capillaires sont dilatés, gorgés de sang ; on constate
l'ig. m. — Coupe (lu rein i)técé<Ienl montrant l'origine des hémorragies
(P. Leblanc).
des hémorragies glomérulaires. périrénales : la capsule
soulevée et distendue forme la paroi d'une sorte de kyste
sanguin mou, élastique, crépitant, du poids de 3 à 42 kilo-
grammes. Cette tumeur est généralement unilatérale; elle
renferme, au centre, le tissu rénal tantôt nettement res-
pecté, lanlùt réduit eu houillie par le [)r(icessus liémor-
ragique (lig. 9 et 10).
On constate généralement un vaste hématome en arrière
de l'organe rupture. Exceptionnidlement. les deux reins se
sont déchirés simultanément.
Diagnostic. — La congestion aigiiè est caractérisée ])ar
labsence de fièvre et l'émission d'urines abondantes.
CONGESTION' PASSIVE OU CHRONIQUE. 8o
albumineuseset hématuriqiies revenant rapidement à Tétat
normal quand il n'y a pas hémorragie mortelle ou néphrite
consécutive.
h'hémoylobinurie muscitlaive s'en distingue par le déve-
loppement rapide de troubles locomoteurs ; les indigestions
par des coliques plus intenses : la fourhure par l'attitude
des malades.
Traitement. — Le traitement des congestions actives
se confond avec celui des néphrites aiguës. Le repos, la
diète, les diurétiques comme les carottes, le fourrage vert,
les sédatifs comme le camphre: les révulsifs externes sont
indiqués.
B. - CONGESTION PASSIVE OU CHRONIQUE.
Définition. — La congestion chronique consiste essen-
tiellement en une stase sanguine liée à un obstacle à la
circulation de retolir {rein cardiaque) ; elle est caractérisée
par des urines rares, foncées, concentrées, sédimenteuses
et albumineuses.
Étiologie. — Les causes de la congestion rénale chro-
nique chez le cheval sont liées à un obstacle de la circu-
lation dans les veines émulgentes et la veine cave, ou
bien à une maladie du cœur et du poumon. L'obstacle au
cours du sang dans les veines reconnaît pour causes les
thrombus, les tumeurs de toute nature, l'hypertrophie
des ganglions lymphatiques, etc. Dans le cœur, ce sont
les insuffisances valvulaires, consécutives aux dilata-
tions des orifices ou à l'endocardite qui déterminent la
stase sanguine ; dans le poumon, elle est créée par l'em-
physème, la pneumonie chi'onique, la sclérose, en un
mot par l'imperméabilité du tissu pulmonaire ; les épan-
chements pleuraux en sont souvent aussi le point de
départ.
Symptômes. — Les urines sont peu abondantes, foncées,
plus denses que normalement : elles deviennent albumi-
86 REINS.
neuses par ralentissement de la circtilation ilaus le rein ;
elles laissent déposer beaucoup de sédiments.
Ces manifestations rénales compliquent diverses aHec-
lions; elles contribuent à amener l'alVailjlissement progres-
sif du malade ; mais elles ne] sont jamais la cause de la
mort, dont l'origine doit être recherchée dans un autre
organe.
Anatomie pathologique. — Les lésions son 1 1 rés variables
suivant le dcgn'' d'anciennelé du mal. Au déi)ut. le rein
cardiaque est hypertrophié; sa surface est lisse, sa ca[»sule
s'enlève facilement. Sur une coupe, il paraît gorgé de
sang : on distingue çà et là des points ecchymotiques rouges
ou bruns, ainsi que des traînées de même nuance repré-
sentant les glomérules et les canaux urinifères distendus
par le sang. Au microscope, les capillaires sont dilatés;
les cellules épithéliales de certains tubes contournés ont
subi la dégénérescence graisseuse; il existe une légère
infiltration interstitielle. Chez le cheval, les lésions ne
sont généralement pas plus avancées parce que les mala-
dies qui provoquent la congestion passive ont presque
toutes une évolution assez rapide. Quand la pression du
sang dans le rein est considérable, la congestion passive
peut être suivie de la rupture de cet organe (Cadéac).
Traitement. — Les toniques du cœur comme la digi-
tale, la caféine, produisent les meilleurs elTets ; ils
augmentent la sécrétion urinaire et maintiennent la
perméabilité rénale à son taux normal.
II — RUMIIVAATS.
Chez les ruminants plus encore que chez les autres ani-
maux, les congestions rénales sont des accidents secondaires
qui apparaissent dans le cours d'un grand nombre de
processus morbides infectieux, parasitaires ou toxiques,
décrits autrefois sous le nom de maladies des bois (Chabert),
CONGESTION PASSIVE OU CHRONIQUE. 87
de gastro-entérite enzootique, de mal de brou (Reynal), de
gastro-entéro-néphro-cystite et aussi de piroplasmose.
Étiologie. — 1° Congestion aiguë. — Les maladies infec-
tieuses (coryza gangreneux, charbon, piroplasmose, liémo-
globinurie parasitaire) sont des causes certaines de conges-
tion rénale aiguë.
Les principe, irritants médicamenteux (nitrates, essence
de térébenthine, etc.), ou alimentaires (pousses des arbres
au printemps, résidus industriels altérés ou fermentes,
aliments trop riches en huiles essentielles ou en principes
toxiques) sont susceptibles de provoquer la congestion
rénale.
Chez le mouton, elle a rarement une origine alimen-
taire (1); elle est presque toujours symptomatique d'une
maladie infectieuse ou d'une maladie parasitaire. Chez le
porc, elle peut résulter d'une intoxication par des aliments
avariés, mais elle complique généralement le rouget et la
peste.
2° Congestion chronioue. — Elle reconnaît pour causes
essentielles les maladies du cœur, du péricarde, du pou-
mon {tuberculose, pleuropneiimonie), les atTections parasi-
taires du foie, la compression de la veine cave. On la
voit succéder à la météorisation aiguë, à l'indigestion
chronique awec surcharge alimentaire, à \a gestation gémel-
laire, à l'hydx-opisie des enveloppes. Chez le mouton, la
chèvre et le porc, toutes les maladies susceptibles de
déterminer de l'asystolie conduisent au rein cardiaque.
Symptômes. — Congestion aiguë. — L'animal est brus-
quement atteint de coliques sourdes. Le malade tient les
membres rassemblés sous le corps, vousse la région lom-
baire, se campe fréquemment pour uriner et expulse un
liquide dont la coloration varie de la teinte normale au
rouge foncé, hématurique. L'exploration externe ou interne
des reins réveille une sensibilité anormale.
(1) Cependant Weith l'a déterminée expérimentalement en faisant ingérer à
quatre moutons sains des feuilles de dompte-venin.
88 HEIiNS.
Les troubles généraux sont peu accusés; l'appélit est
diminué, le mufle se dessèche, la respiration s'accélère,
les battements cardiaques deviennent tumultueux.
L'évolution de cet accident congeslif est très rapide;
en deux ou trois jours, l'animal est guéri (Drouard). Excep-
tionnellement, l'hématurie persiste, le pouls devient fili-
forme, la sécrétion lactée se tarit, la faiblesse devient
extrême et l'animal meurt d'hémorragie rénale du qua-
trième ou sixième jour.
Les congestions passives ou secondaires ne se traduisent
par aucun symptôme spécial, indi'pondant des altérations
rénales chroniques. Elles demeurent toujours gouvernées
par l'altération cardiaque, hépatique, ganglionnaire qui a
provoqué l'asystolie rénale.
AxATOMiE PATHOLOGIQUE. — Daus la conf/estion aiyuë, les
lésions rénales sont très prononcées. Ces organes ont doublé
ou triplé de volume et présentent des taches ecchymo-
tiques à Ictu* surface, des foyers hémorragiques dans leur
parenchyme.
Los reins cardiaques sont durs à la pression, turges-
cents (imhiration cyanolique). A l'examen microscopique,
les altérations rénales sont très évidentes. Les dépôts
sanguins siègent dans les capillaires dilatés, dont le par-
cours, irrégulier, présente des culs-de-sac, des nids de
jiigeon dans lesquels sont accumulés des globules rouges.
Dans les rannux urinairos. répitindium est recouvert de
granulationspigmentaires, reste des ht-maties. dégénérées.
Lorsque les troubles ont atteint un certain degré, on
observe des ruptures vasculaires; les globules sanguins
sortis des vaisseaux s'accumulent sous forme de cylindres
ou de sphères dans le tissu conjonclil' interstitiel. Quand
la lésion est récente, l'absence d'inlilt ration cellulaire
marquée permet de différencier les h'-sions congénitales
des lésions intlammatoires (Ivilt).
Diagnostic. — La congestion rénale est dillicile à distin-
guer d'une néphrite hénioi'ragiipie ; l'intensité de la lièvre
CONGESTION PASSIVE OU CHRONIQUE. 89
et la persistance des souffrances indiquent une néphrite.
La cystite hémorragique s'en ditTérencie par l'absence
de coliques et par l'exploration rectale, qui permet de
localiser le mal dans la vessie.
Ldi piroplasmose s'accompagne d'hémoglobinurie, d'une
hématurie et d'accès fébriles caractéristiques. Les calculs
du rein, de la vessie ou de l'urètre provoquent parfois
des hémorragies qui colorent l'urine en rouge; mais ces
hémorragies sont toujours faibles, et l'animal ne présente
à aucun moment de la polyurie ; suivant qu'ils occupent
telle ou telle partie de l'appareil urinaire. leur présence
est décelée par des signes spéciaux.
Pronostic. — Le pronostic varie suivant la nature de la
cause. Quand la congestion est d'origine alimentaire, sa
gravité est subordonnée à la toxicité de la plante et à la
quantité de substances toxiques ingérées. Ces réserves
étant faites, on peut poser en principe que la congestion
rénale est une maladie relativement bénigne, puisqu'elle
se termine par la guérison au bout de quatre à six jouirs.
Traitement. — Étant donnée la nature des causes, il
est évident que le traitement est, avant tout, prophylac-
tique. Les animaux, avant d'être conduits à la forêt, doi-
vent recevoir un léger repas de fourrage sec, qui apaise leur
voracité et atténue l'action toxique desplantes nouvelles.
Quand la maladie est déclarée, la saignée est toujours
recommandée. A l'intérieur, les mucilagineux et les séda-
tifs (bromure de potassium, bromure de camphre) sont
administrés à la dose de 10 à 15 grammes. Les décoctions
émollientes d'orge ou de pariétaire, les frictions sèches
et une douce température complètent le traitement.
III. — C.\RMVORES.
Ëtiologie. — La congestion aigué succède à l'ingestion
ou à l'injection des diverses essences (Cadéac), à l'adminis-
tration de fortes doses d'azotate de potasse.
90 REINS.
Les inflammations de la peau, l'eczéma généralisé, les
brûlures étendues qui s'accompagnent de la suppression
d'une partie de la fonction cutanée: les coups, les chutes,
les courses désordonnées, le froid, les traumatismes
déterminent directement ou par voie réflexe la dilatation
des vaisseaux du rein.
La congestion rénale clivonhiue apparaît chez le chien
pendant le cours de l'endocardite, de la péricardite, chez
les animaux qui présentent des altérations valvulaires
ou d'orifice, à la suite de la pneumonie, de la pleurésie,
de la tuberculose pulmonaire et des tumeurs du poumon ,
de l'anévrjsme de l'aorte, de la torsion de restomac
(Cadéac), des tumeurs développées dans la cavité abdomi-
nale. Ces divers états pathologiques ont un retentissement
très marqué sur la circulation rénale de retour qui,
modérée, ralentie, transforme la glande rénale en un
diverticule éloigné du cœur (rein cyanotique).
Symptômes. — La congestion aiguë s'accuse par une
douleur symétrique qui se révèle d'une façon très évidente
à la palpation de la région lombaire. L'urine normale ou
teintée de sang est rejetée en abondance. Lorsque l'ac-
cident est léger, ces signes sont de courte durée, et ils
disparaissent quand on cesse l'emploi des préparations
nuisibles; ils s'aggravent, au contraire, et peuvent aboutir
à la mort lorsque l'agent irritant a déterminé, dans la
substance rénale, des hémorragies de quelque importance,
lienjamin a observé tous les signes de la congestion
avec hémorragie rénale chez le chien (1).
La congestion chronique se traduit par les signes des
néphrites chroniques.
Danstous les cas, la perméabilité du rein est diminuée ;
(1) Benjamin, Hémorragie rénale chez un chien (Soe. c'entr., 30 janv.
1893, p. 18). Scoffié a vu un chien mourir d'hémorragie interne à la suite
d'une déchiriire du rein. L'existence d'un ihrombus dans une ramiricaliun
artérielle perjuit d'expliquer la production de l'hémorragie (Revue vétéri-
naire, i" juin 1898).
CONGESTION PASSIVE OU CHRONIQUE. 9i
l'urine est sécrétée en plus petite quantité ; elle est ordi-
nairement plus foncée, plus colorée.
Elle contient une proportion variable d'albumine ainsi
que des cylindres hyalins et même du sang. Comme dans
les affections chroniques du rein, l'animal s'affaiblit pro-
gressivement. Lorsqu'il est possible de découvrir la lésion
initiale, les symptômes, fournis par l'urine, acquièrent
toute leur signification ; dans le cas contraii'e, le mal ne
peut quï'tre soupçonné.
La marche de la congestion passive du rein, subordon-
née à celle de sa cause, est, comme elle, permanente ou
transitoire.
Anatqmie PATHOLO(;iQUE. — Daïïs, [â coïKjest 10 H active, les
reins hypertrophiés présentent une coloration rouge vineux
caractéristique ; ils se montrent parfois parsemés de taches
ecchymotiques visibles surla membrane d'enveloppe ; l'in-
cision de la substance rénale permet de constater l'exis-
tence dans son intérieur détaches analogues (Benjamin).
Quand la congestion rénale s'est compliquée d'hémorragie,
on aperçoit, dans la vessie, un caillot sanguin plus ou
moins volumineux.
A l'examen microscopique, on constate une dilatation
marquée des capillaires au niveau des glomérules et des
vaisseaux droits; la cavité des glomérules est occupée
par un exsudât coagulé qui refoule le bouquet vasculaire.
Quand la congestion est très violente, les globules i"ouges
se répandent dans le glomérule et passent à plein canal
dans le tube contourné, dont les cellules sont altérées.
Habituellement, les lésions s'arrêtent là quand la conges-
tion ne se continue pas par une néphrite.
La congestion rénale chronique [rein cyanotique) s'accuse
par l'engorgement des étoiles veineuses de Verheyen,
Lacouche corticale est épaissie, la substance médullaire
montre des rayons plus accusés, rouges d'abord, pâles plus
tard.
La séparation des deux substances devient de plus
92
liKINS.
en plus marquée ; les pyramides sont plus colorées à leur
hase quàlcMir sommet.
A l'examen liistologique, les (jlniiiévulcs sont le siège
d'hémorragies; le plus souvent, ils sont partiellement ou
totalement distendus. Quand il y a hémorragie, le sang
épanché distend la capsule, s'infiltre dans les canalicules
Fig. 11. — Congestion jinssive du rein.
Chien. — Les capillaires du gloniérule sont apparents ainsi que les capil-
laires interluliulaires gorgés de globules rouges. .\ remarquer l'oxsudat albu-
niineux dans la cavité du corpuscule de Malpighi (rciit cyanotique).
{Iloqucl).
sinueux de la couche corticale, puis dans les anses de
Henle, dans les lubes droits des rayons médullaires et les
tubes collecteurs, où il se résout en pigment qui infiltre
les cellules desquaméos (fig. 11).
La disposition des vaisseaux au niveau des espaces inter-
tuhulaires est très variable. Sur des sections perpendicu-
laires à l'axe des pyramides, les vaisseaux sanguins très
INFARCTUS DU REI>'. 93
agrandis offrent un diamètre considérable. Dans certains
cas. il existe des hémorragies interstitielles.
Le tissu conjonctif lui-même devient malade : il subit
un léger commencement d'hypertrophie ; avec le temps,
l'organe prend une coloration rouge foncé bleuâtre, il
s'indure (induration cvanosée). se densifie : sa capsule
devient adhérente, sa surface perd son brillant et peut
devenir bosselée ou granuleuse. Ce processus répond,
au point de vue histologique, à la sclérose du rein. Le
conjonctif, épaissi par points, enserre les tubes urini-
fères : ceux-ci renferment alors un épithélium granuleux
et contiennent des cylindres. Peu à peu, ces lésions vas-
culaires. épithéliales et glomérulaires prennent la phy-
sionomie de la néphrite chronique ^néphrite intersti-
tielle diffuse) : les deux processus finissent par se
ressembler tellement que la distinction en devient
impossible.
Diagnostic. — On ne réussit généralement pas à diffé-
rencier les congestions rénales des néphrites.
Traitement. — Le traitement est celui de l'affection
causale. La congestion passive est combattue par des
toniques cardiaques (digitale, caféine), et par le régime
lacté. Le traitement des congestions actives se confond
avec celui des néphrites aiguës.
II. — INFARCTUS DU REIX.
Considérations générales. — La thrombose des vais-
seaux artériels du rein détermine la nécrose du terrain
irrigué par l'artère obstruée. Si lembolie qui produit
cette nécrose est aseptique, la lésion reste purement nécro-
tique; si, au contraire, l'embolus estseptique, il détermine
l'apparition de la purulence ou la formation d'abcès.
Chez les solipèdes, les infections succèdent principa-
lement aux thromboses de l'aorte et des artères rénales
déterminées par des sclérostomes. Ces parasites déter-
94 REINS.
ininenl le rétrécissement ou rocckision dos artères rénales
ou de l'une d'elles seulement. Le rein s'atrophie comme
le testicule bistourné quand des germes septiques ne sont
pas enfermés dans l'orijane privi' de circulation (Cadéac.
Lustig, Ostermann).
Chez tous les animaux, les infarctus des reins succèdent
à Vendocnrdite ulcéreuse et aux diverses infections san-
guines susceptibles de provoquer des embolies rénales.
Chez les veaux, les agneaux et, quelquefois, chez les
poulains, les infarctus résultent d'une omphalo-phlébite.
AxATOMiE PAïHOLOGigi'E. — Lcs infarctus se présentent
généralement sous la forme de petites masses blanc gri-
sâtre, de dimensions variables; ilssontsous-capsulaires et,
dans ce cas, hémisphériques, lenticulaires ou intrarénaux;
leur coupe rappelle alors la disposition de la surface d'une
pyramide à sommet dirigé du côté du bile (Brault). Les
infarctus sous-capsulaires, d'abord de niveau avec la
surface du rein, ne tardent pas ii se déprimer, et ils
entraînent dans leur mouvement de retrait la capsule
fibreuse. Cette rétraction ne s'arrête que lorsque toute
la substance mortifiée est résorbée. La portion conique de
l'infarctus disparue est remplacée par l'adossement de
deux lames conjonctives.
A l'examen microscopique, il est facile de se rendre
compte des phases successives par lesquelles passe l'in-
farctusavant de disparaître complètement. Les capillaires
avoisinant le territoire nécrosé se montrent chargés de
gouttelettes graisseuses, de granulations et de matières
pigmenta ires. Les lymphatiques participent largement
à la réparation: les phagocytes contribuent à déblayer et
à faire disparaître les parties du rein mortifiées. Ces phé-
nomènes sont analogues, au point de vue des conséquences,
à ceux que l'on obtient parla ligature simultanée des deux
artères rénales. O'iclquefois, enetl'et, les infarctus occupent
la presque totalité des reins.
Symptômes. — Cliniqnemcnt, lesiufai'dus rénanxrestent
DÉGÉNÉRESCENCE AMVLOIDE DU REIN. 95
latents ou sont marqués par l'évolution de la néphrite ou
du rein cardiaque. Parfois Tanimal est brusquement pris
de coliques néphrétiques; la région des reins devient très
douloureuse à la pression ; les mictions sont fréquentes,
mais l'urine est rejetée en petite quantité; elle renferme
de Talbumine. des cellules rénales, des cylindres urinaires
et des globules du sang : hématurie visible à l'œil nu ou
au microscope (cyto-examen de l'urine).
Malgré tout, on ne soupçonne généralement pas la
production ou l'existence d'infarctus.
Traitement. — On ne peut ni les prévenir ni les guérir.
III. — DÉGÉNÉRESCENCE AMYLOIDE DU REIN.
Étiologie. — La dégénérescence amyloïde du rein est
toujours une affection secondaire ; elle est la conséquence
de l'action prolongée de toxines ayant déterminé un état
cachectique plus ou moins pi'ononcé.
Les suppurations persistantes, les injections répétées de
toxines (toxine pyocyanique, etc.) peuvent la produire. Elje
a été observée chez le cheval (Rabe), chez le hœuf{Rahe),
chez le chien (Rabe, Rivolta, Kitt, Dortlinger), chez le chat
(Mathis).
Symptômes. — Son histoire clinique est à peine ébau-
chée chez les carnivores; on constate des œdèmes,
accusés surtout au niveau des membres, de l'ascite, de
l'albuminurie et des accidents urémiques: vomissements,
faiblesse paralytique, coma, coUapsus. Comme on le voit,
ces signes ne diffèrent en rien de ceux de la néphrite
chronique.
Son évolution est lente ; elle tue par hémorragie consé-
cutive à l'altération des vaisseaux ou par urémie due à la
dégénérescence de l'épithélium des tubes urinifères.
Ânatomie pathologique. — Le rein amyloïde ressemble
au gros rein blanc, c'est-à-dire au rein affecté de néphrite
parenchymateuse diffuse, chronique; sa surface est lisse.
96
REINS.
blanc jaunAfrc et pou vascularisée : il se dccnrtique faci-
lement. A la coupe, sa consistance est à la fois pilleuse et
un peu ferme, sans élasticité; la section est lisse, sèche,
presque exsangue.
Les gloniérciles sont augmentés de volume et ont subi la
tuméfaction liyaline ; dans les anses des canalicules urini-
fères, on constate la présence de cylindres homogènes à
reflets mats et peu réfringents.
Traité par la solution iodo-iodurée, le tissu rénal devient
rouge-acajou et vire au bleu d'acier sous l'action de l'acide
sulfurique.
Sur les coupes minces, d'ailées soit par une solution
iodurée faible, soit par le violet de métbylaniline, on
colore en brun par l'iode, en rouge
par le violetde méthyle, toutes les
parties devenues transparentes et
hyalines par suite de la dégéné-
rescence amyloïde.
Traitement. — Le traitement
préventif dirigé contre toutes les
causes de suppuration prolongée
est seul -efiicace. Sinon la théra-
peutique n'a aucune prise sur la
dégénérescence amyloïde.
IV. _ Dr:(iK.NËHKSCENCE
URAISSEUSE.
La stéatose rénale est un fait
pulhologique chez tous les animaux,
saufchezie chirn et le clntl, où la
graisse existe normalement dans
l'épilhélium rénal. Cette altéra-
tion, il est vrai, fait souvent
lai'tie intégrante des néphrites (tig. 12).
On peut cependant observer chez le />a'i//'et le /)0;v- des
.'ig. 12. — Dégénérescence
graissiusc du rein chez le
chat. — Coui)e longiludi-
nale (d'après .Mathis).
DÉGÉNÉRESCENCE GRAISSEUSE. 97
altérations rénales dans lesquelles la dégénérescence grais-
seuse est prépondéi'ante.
Les reins de pore leucémique ou lymphadénique sont
parfois graisseux : ils ont un aspect uniformément blan-
châtre, gris clair, à surface lisse et transparente ; leur
consistance est peu modifiée. La substance, lie de vin, res-
semble comme coloration à de lalaitance de hareng (Kitt) ;
la dégénérescence est parfois si prononcée que l'on ne
trouve plus que des vestiges de la substance tubuleuse.
Chez le chien et le chat, l'infiltration physiologique
graisseuse des reins est quelquefois si prononcée qu'elle
aboutit à une destruction quasi complète de ces organes.
CARiMVORES.
La dégénérescence graisseuse des reins présente chez le
chat son maximum d'intensité.
Étiologie. — Le défaut de travail musculaire (Vulpian".
uni à une bonne alimentation et au défaut d'urination,
causes qui interviennent chez les chiens et les c/ia^.s d'ap-
partement, contribuent à produire cette dégénérescence.
11 suffit d'enfermer lescJiats pour la déterminer.
L'albuminurie graisseuse des chats n'est que l'exagération
dune fonction qui paraît spéciale au rein du chat : savoir
lemmagasinement de la graisse de réserve dans le proto-
plasma des cellules parenchymateuses. Le rein serait un
un organe où la graisse, contrairement à ce qui se passe
chez les autres espèces, se déposerait de préférence,
comme elle se dépose, par exemple, dans le tissu conjonc-
tif.
Les hitoxications lentes parlespoisonssléalogènescomme
larsenic, le phosphore, les troubles circulatoires consé-
cutifs aux maladies du cœur, exagèrent rinlillration grais-
seuse physiologique.
Symptômes. — La dégénérescence graisseuse, peu pro-
noncée, ne se révèle par aucim symptôme.
Gadéac. — Patholoijrie interne. VU. 6
98 IIEIN'S.
Plus tard, on peut observer une soif vive et insatiable,
une diurèse abondante, un amaigrissement lent et fatal.
L'amaigrissement, qui semblerait devoir amener une
amélioration dans l'état des sujets, ne modifie rien en
réalité, parce que répithélium».frappé a subi de telles alté-
rations qu'il n'existe plus que dans certains points, et que.
dans d'autres, il est incapable de fonctionner. L'albumine
existe dans l'urine en quantité considérable; celle-ci con-
tient, en outre, des globules graisseux qui nagent àsa sur-
face; la sécrétion urinaire diminue; on voit survenir del'in-
filtration des membres, de l'asrite, des signes d'anorexie,
déclauipsie, de salivation. La démarcbe est raide : l'ani-
mal, inquiet, fait entendre des miaulements fréquents;
il meurt d'urémie.
Anatomie pathologique. — Les reins atteints de dégé-
nérescence graisseuse conservent leur volume normal ;
ils sont p;Ues, jaunAtres. quelquefois jaune-paille; leur
couleur varie du jaune ocreux au jaune clair. La capsule
de l'organe se détache facilement de la substance corti-
cale. Sur une coupe, la zone corticale présente la même
coloration que la surface du rein ; la zone médullaire est
pille, la ri'gion vasculaire rouge ; la surface de section est
lisse, brillante, onctueuse au toiiclier. Le produit du raclage,
examiné extemporanément dans quelques gouttes d'acide
osmique, décèle la présence de nombreuses gouttelettes
graisseuses et de cellules chargées de granulations de la
même matière. Toutes les altérations intéressent Tépithé-
lium, sp(''cialement Tt-pitliélium des tnbuli contorti. Quel-
ques-uns sont sains, d'autres peu altérés, le plus grand
nombre très malades; les globules graisseux ont envahi
complètement les éléments cellulaires; le protoplasma a
disparu ; les noyaux sont épars dans la masse. Les tubes
de Henle sont absolument sains ou très malades; leur
obstruction a pour conséquence le refoulement des gra-
nulations graisseuses formées en amont; celles-ci s'accu-
mulent dans le tube contourné, pénètrent dans le glomé-
DÉGÉNÉRESCENCE GRAISSEUSE. 99
rule, où elles refoulent le peloton vasculaire (Mathis).
Au point de vue fonctionnel, ces lésions diminuent la
capacité sécrétoire et affaiblissent l'aptitude à résorber
Fig. 13. — Néphrite chronique type dégénératif.
Chat. 1, glomérule ; 2, tube urinifère dont l'épithélium est atteint de
dégénérescence graisseuse. Les gouttelettes de graisse sont colorées en noir
par l'acide osmique ; 3, trame sclérosée (Bail).
l'albumine, qui sort avec le sérum de l'enveloppe de Bow-
mann fig. 13).
Diagnostic. — Les symptômes énumérés, observés chez
un chat âgé. doivent faire penser à la néphrite chronique
avec dégénérescence graisseuse. L'examen de Turine per-
met de reconnaître lexistence de granulations graisseuses
10(1 HKINS.
et de cellules en voie de dégénérescence. Cet état doit être
considéré comme fréquent puisque, sur 40 c///?^s examinés
à la rourrièrc,28 ont été trouvésatleints de dégénérescence
graisseuse.
'Pronostic — La fin de cette maladie paraitètre la mort
dans tous les cas (Trasbot).
Traitement. — Si la dégénérescence reconnaît pour
causes la claustration, il est évident que le traitement
doit être surtout prophylactique.
Il est. en elTet, iliflicile decombatire unelésiou avancée;
les diurétiques, l'essence de térébenthine, les alcalins, à
dose faible, doivent être essayés.
V. — NÉPHRITES.
Considérations générales. — Les ni'pluites sont des
inlluuiiuations diffuses du parenchyme rénal caractérisées
j)ar des altérations épithéliales et vasculo-conjonctives
variables avec la nature et le degré d'activité de l'agent
toxiipie qui préside à leur développement. Qu'un poison
organi(pie, microbien ou minéral très violent, agisse à
dose massive, il exerce son action sur tous les éléments
glandulaires des reins et détermine la nécrose quasi
totale de l'épithélium ; la réaction inflammatoire con-
gestive et exsudative du bouquet glomérulaire et du tissu
interstitiel est presque nulle : la mort résulte de la suppres-
sion In-usque et complète des fonctions rénales. Une
agression moins brutale, déterminée par un poison moins
violent, on à plus petite dose, mais qui répète son action
plusieurs jours de suite, comme pendant la durée de
l'évolution d'une maladie infectieuse, est suivie de lésions
épithéliales moins profondes et moins généralisées: les
systèmes glomérulo-tubulaires sont atteints inégalement;
•certains même demeurent sains, et les lésions réaction-
nelles (congestion, exsudation plasmatique, apport leuco-
cytaire, prolifération des cellules conjonctives interstitielles
NÉPHRITES. 101
et des cellules endothéliales des glomérules) s'ajoutent, en
proportions très variables, aux lésions dégénératives. On a
ainsi des néphrites aiguës à dominante dégénérative, con-
gestive ou diapédétique suivant la nature et l'intensité de
la cause provocatrice. Ces lésions peuvent se réparer d'une
manière complète ou incomplète : la néphrite aiguë
guérit ; mais elle peut continuer son évolution. Elle est
dite subaiguë quand l'intoxication est prolongée ou agit à
doses fractionnées et plus ou moins longtemps répétées.
La réaction inflammatoire devient ici beaucoup plus
accusée, sans exclure l'altération dégénérative; ces
deux ordres d'altérations se combinent très diversement
suivant les cas; la sclérose rénale commence à poindre
dans les néphrites chroniques sans que cette altération
puisse être considérée comme l'aboutissant fatal de toute
néphrite de longue durée.
On retrouve encore ici des néphrites dans lesquelles
la cause irritante a porté tout spécialement son action
sur l'élément épithélial, et qui demeurent ainsi des
néphrites essentiellement dégénératives, pendant que
d'autres sont essentiellement scléreuses et atrophiques.
Entre le gros rein blanc et le rein granuleux et dur, on
peut trouver tous les intermédiaires, sans qu'on puisse
établir entre eux le moindre lien de continuité.
Le petit rein blanc granuleux n'est pas la dernière étape
du gros rein blanc: il est seulement l'expression d'un
processus dégénératif et inflammatoire de moindre acuité
et de plus longue durée. Les néphrites chroniques com-
portent ainsi de nombreux degrés et une durée très
variable : il y a des néphrites chroniques relativement
jeunes comme il y en a de très vieilles.
La néphrite atrophique lente qui répond à des intoxi-
cations minimes représente la forme la plus âgée, parce
que le poison, peu actif, qui attaque et détruit, une à
une, les unités glomérulo-tubulaires de l'organe met des
années pour parachever son œuvre et permet ainsi au
6.
102 REINS.
tissu de sclérose d'atlcindi-e son maximum de déve-
loppement.
La néphrite interstitielle constitue donc une néphrite de
cause bénigne exerçant une faible action sur l'épithélium
sécréteur; la néphrite chronique à gros rein blanc, une
néphrite à cause plus agissante qui a frappt' l'épithélium
sans donner au tissu conjonclil' le temps de réagir et de
s'édifier. Le gros rein blanc est un rein qui meurt jeune ;
le petit rein atrophié est un rein qui meurt vieux ; leur
point de départ diffère comme leur évolution. Assurément
l'épithélium, les glomérules cl le tissu coujonctif sont
toujours associés pour constituer lanéphrite, mais, comme
dans les sociétés en commandite, il arrive très souvent
que, devant l'imminence d'une catastrophe, que l'un des
commanditaires retire la plus grande partie de ses fonds
pendant qu'un autre y verse tous les siens pour parer au
déficit. On a ainsi, suivant les circonstances, des néphrites
diffuses qui sont plus épithéliales que conjonctivo-vascu-
laires, et des néphrites glomérulaires ou en voie de
devenir interstitielles.
NÉPHRITES AIGUËS.
I. — SOLIPÈDES.
L'inflammation aiguë du parenchyme rénal est une
maladie fébrile, à évolution rapide, caractérisée par la
douleur rénale, le rejet d'urines rares, foncées, avec des
signes il'uri'mie.
Étiologie. — a. Los maladies infectieuses occupent
une place importante dans l'étiologie des néphrites aiguës.
La septicémie, la pyohémie, la pneumonie contagievse
déterminent, fréquemment, une néphrite congeslive et
hémorragique dénoncée par la présence d'albumine et de
cylindres hyalins dans les urines.
Les angines graves, les bronchites, les adénites
NÉPHRITES AIGUËS. 103
gourmeuses et toutes les affections streptococciques
retentissent quelquefois sur le rein. Les infections coliba-
cillaires, d'origine ombilicale, produisent, chez les jeunes
animaux, des néphrites hémorragiques. D'autre part, les
colibacilles peuvent produire des infections ascendantes
ou des pyélo-n&phrites; mais ces microbes infectent or-
dinairement le rein par la voie sanguine. On peut le
démontrer expérimentalement : la ligature du rectum est
suivie du passage du colibacille dans la voie sanguine,
d'albuminurie, de glomérulite et de nécrose épithéliale
(Posner).
Le charbon, la morve aiguë peuvent entraîner la fonte
granulo-graisseuse de l'épithélium rénal.
Les endocardites, les piroplasmes sont une source de
néphrites secondaires.
Les néphrites, consécutives aux maladies infectieuses,
dépendent moins des agents microbiens de ces maladies
que de leurs toxines. Les néphrites microbiennes ne sont
que des néphi'ites toxiques caractérisées par la nature et
la provenance du poison pathogène. Tantôt ce poison est
élaboré dans le sang et le rein, comme dans les maladies
septicémiques, où le filtre rénal sert d'émonctoire aux
microbes {streptocoques, colibacilles, bacteridie charbon-
neuse) qui encombrent les canalicules rénaux. Tantôt la
toxine est la seule cause de l'inflammation rénale et
revendique, dans tous les cas, un rôle prépondérant. Les
toxines pyocyanique, colibacillaire, stnphylococcique. pro-
duisent des altérations épithéliales. des altérations
vasculaires et périvasculaii-es aussi nettes que les agents
infectieux les plus actifs.
6. Les POISONS ENDOGÈNES déterminent des auto-intoxica-
tions qui ne sont pas étrangères àl'éclosion des néphrites:
les troubles gastro-intestinaux, hépatiques, élèvent la
toxicité urinaire : les matières extractives (leucine. tyro-
sine, créatine, etc.) provoquent la dégénérescence granulo-
gi-aisseuse des épithéliums tubulaires; les néphrites des
104 liEINS.
ictéi'iqiies sont dues à une insuffisance hépatique et à
l'intoxication biliaire.
c. Les POISONS EXOGÈNES (cantharidine, essence de téré-
benthine, goudron, acide phénique, acide salicylique,
chlorate de potasse, calomel, etc., chlorolorme, ergové-
ratrine) (Hoquet) délennincnt des néphrites variées, mais
principalement hémorragiques et throml)Osi(pies.
Certains toxiques ont, comme le plomb, une électivité
évidente pour le tissu conjonctif ; d'autres, comme l'ar-
senic etle phosphore, sefixent plus spécialement surle tissu
épithélial. Les plantes toxiques sont rarement des causes
d'empoisonnement et de néphrite chez \es soJiprdes ; elles
se bornenl généralement à produire des entérites.
d. Le FROID agit, dans maintes circonstances, comme
cause occasionnelle, localisant diverses infections ; il peut
engendrer, à lui seul, des néphrites aiguës ou subaigués en
entraînant une vaso-conslriction des vaisseaux du rein
et une diminution de la perméabilité rénale (Wertheinier,
Delezenne).
La réfrigération détermine, en outre, une exagération
des produits de désnssimilation, une destruction globu-
laire intense, une modification des fermentations intesti-
nales et un arrêt de la fonction antitoxique du foie. Les
néphrites a frigore deviennent ainsi des néphrites toxiques:
elles deviennent aussi des néphrites infectieuses, car le
froid peut amener le passage des microbes intestinaux
dans le sang.
Symptômes. — Certaines néphrites aiguës sont si
légères (pioii ne constate qu'une albuminurie modérée et
transitoire sans douleur lombaire, ni œdème, ni héma-
turie. 11 en est souvent ainsi dans la pneumonie infectieuse,
dans Vanasar que, àdiXis Vhémoglobinurie paroxystique, etc.,
de telle sorte qu'on a pu croire que les diverses maladies
provoquent l'albuminurie sans lésion ai)pré('iable du rein.
Les néphrites aiguës intenses débutent brusquement dans
les intoxications, plus insidieusement dans les maladies
NÉPHRITES AlfiUES. 105
infectieuses et sont immi'diatement très graves; elles
déterminent la fermeture du rein et ajoutent une auto-
intoxication (urémie) à l'intoxication initiale. Les ncj>hri te s
a frigore sont les plus nettes; les symptômes procèdent
alors exclusivement des lésions rénales; mais, quelle que
soit l'origine de la néphrite, ses manifestations ofîi'ent
une intensité très variable.
Les symptômes généraux du début font défaut, sont
insigniliants ou très nets. La conjonctive est conges-
tionnée, la respiration accélérée, courte, saccadée ; les
battements de cœur sont forts, le ventre est tendu, dou-
loureux, cordé (Carougeau) , la fièvre s'allume, la tempé-
rature monte à 38°, 10°, 2, 40°. 5 ; des tremblements géné-
raux apparaissent; le pouls, d'abord dur et fréquent, devient
serré ; des sueurs générales ou partielles apparaissent en
divers points du coi'ps; parfois le malade grince des dents
(Clichj); il refuse les aliments et semble éprouver une
douleur intense.
Les signes locaux sont eux-mêmes sujets à de grandes
variations. Parfois on ne constate aucune douleurlombaire;
mais ordinairement le malade manifeste une douleur ou
une sensibilité exagérée au niveau de la région des
reins. Cette douleur est plus évidente encore à la
percussion qu'au pincement. L'exploration l'ectale dénote
une sensibilité très vive du rein accessible; le contact du
rein malade détermine de violents efforts expulsifs qui
chassent la main hors du rectum (Lafosse). L'animal
paraît éprouver une douleur intense, profonde ; il se
couche, se relève, regarde son flanc, se laisse tomber sur
la litière; mais, le plus souvent, il se couche avec précau-
tion. Dans l'intervalle de ces coliques, il prend une atti-
tude spéciale; il recule sur la longe, écarte les membres
postérieurs, vousse la colonne vertébrale, baisse la tête
pendant que la queue est agitée de mouvements fré-
quents.
Si on force l'animal à se déplacer, il ne le fait qu'avec
106 REINS;
peine, en traînant l'un ou les deux membres postérieurs :
la région inguinale et supérieure de la cuisse est comme
engourdie. Les malades, dans les moments d'arrêt, ont
les membres postérieurs raides et vacillants; quelquefois
l'aclion de tourner est très difficile et douloureuse : la
douleur rénale augmente par la commotion de la tous, par
l'ébrouement, par une inspiration profonde, et généra-
lement dans tous les mouvements du tronc (Zundel). Chez
le mâle, le testicule correspondant au rein le plus malade
est souvent remonté (Rôll) :1e pénis est pendant et l'animal
entre parfois en état de semi-érection.
• Les wùZiuns sont fréquentes, douloureuses; l'animal, pour
uriner, s'abaisse beaucoup du train postérieur, qu'il tord
tantôt à droite, tantôt à gauche (Carougeau) ; la quantité
d'urine rejetée est peu abondante ; la réaction urinaire est
sensiblement diminuée : parfois lanurie est complète etse
prolonge de cinq à sept jours.
L'urine présente des changements en rapport avec
l'intensité de la néphrite. Dans les néphrites légères,
l'albuminurie est modérée (1 h ^ p. 100). et la quantité
d'urine est normale ou peu diminuée ; elle renferme seu-
lement des cylindres épithéliaux ou h valins et quelques glo-
bules rouges et blancs isolés (fig. 14). Dans les néphrites
graves, l'urine est rouge, épaisse, trouble, fortement albu-
mineuse ; elle contient parfois de véritables caillots san-
guins; il v a aniirie ou oligurie par ralentissement de la
circulation capillaire dans les glomérules et obstruction
des tubes urinifères par les cellules épithéliales, les
cylindres et l'infiltration interstitielle.
Son poids spécifique est augmenté : on y trouve moins
d'acide urique, d'urates. de chlorures et de phosphates que
dans l'urine saine. .Vu microscope, on constate la présence
de cylindres fibrineux. incolores, hyalins, graisseux ou
épithéliaux, de globules blancs, d'hématies, de fragments
de tubes urinifères, de filaments amorphes et de microbes
(streptocoques, etc.), des amas de sels de chaux sinuilant
NÉPHRITES AIGUËS.
lo:
des cylindres, mais disparaissant par les acides avec déga-
gement d'acide carbonique.
Lesœdémes du tissu conjonctif sous-cutané des paupièi-es,
de la région inférieure, de la poitrine, du ventre, du four-
reau, des extrémités, etles épanchementsdupéricarde, des
plèvres, etc., sont très rares chez les solipèdes. La perméa-
Fig. 14. — Néphrite aiguë.
Cyto-examen de Vurine. Cheval à hémoglobinurie paroxystique. Cylindre
granuleux, cellules épithéliales urinaires. hématies, leucocytes, granulations
pigmentaires ocres {Roquet).
bilité rénale est amoindrie, l'appétit est diminué; la
dépression générale apparaît; le pouls est toujours accéléré
ou faible : l'urémie est proche si la maladie ne rétrocède
pas.
Le f;Aeva7 est quelquefois pris de coliques violentes, aux-
quelles succède une prostration absolue ; il a le faciès
grippé, le regard fixe; il tombe et se couvre de sueurs;
sa sensibilité s'émousse ; il présente des contractions mus-
108 REI.NS.
culaires ou des convulsions et meurt pendant l'excitation
ou dans un coma profond avec collapsus, œdème |)m1-
monaire et dyspnée intense, engorgement des extré-
mités iHoy), anasarque (Cadéac), amaurose double.
Évolution. — La néphrite suraiguë par intoxication
canlharidienne, etc., aune évolution trèsrapide: l'anurieest
complète ; la l'onction r(''nale est totalement supprimée, et
la mort survient au bout de trois iicpialro jours (Carougeau),
de cinq jours (Benjamin).
L'état chronique succède à l'état aigu quand l'iu-émie
n'est pas mortelle. Presque toujours, la néphrite aigué,
même guérie, laisse après elle des l'orinations conjonctives
qui tendent à étouffer les corpuscules et qui manifestent
leur présence par l'oblitération de quelques groupes
canaliculaires, par la formation d'embolies ou d'artério-
sclérose ; si un seul rein est lésé^ une hyperémie colla-
térale compensatrice se produit. Si les deux reins pré-
sentent des lésions des capillaires, la pression sanguine,
qui augmente dans l'organe, se transmet par les artères
rénales à l'aorte, au cœur gauche ; celui-ci subit Vhyper-
trophie avec ou sans dilatation (9 kilogrammes. Benjamin).
Celte hypertrophie cardiaciue tend à compenser la maladie
du rein, parce que l'excès de pression sanguine augmente
la filtration de l'urine. Ces altérations se complètent si
la maladie se prolonge (Voy. Néphrite chronique).
La guérison s'annonce par l'atténuation des symptômes
généraux, le retour de l'appétit et surtout par la modili-
cation survenue dans les caractères de l'iu-ine. Celle-ci
est évacuée en grande quantité ; elle perd peu t\ peu
sa coloration, qui redevient normale vers le sixième ou
le septième jour, mais elle reste albumineuse pendant
une période de temps variable. Ce sont là des marques
de la guérison des lésions rénales; l'épilliélium di'généré,
détaché et expulsé, se régénère; les globules sjinguins,
émigrés par diapédèse, sont résorbés; tout reilevienl
normal.
NEPHRITES AIGUËS.
109
La guérison complète
est exceptionnelle ; la
restauration de l'épithé-
lium rénal est imparfaite ;
il se produit une cica-
trice rénale.
Anatomie pathologi-
que. — Les reins sont
volumineux, leur capsule
est distendue. La subs-
tance corticale est tumé-
fiée, congestionnée, par- ^>4-%^^^^K
semée de nombreux #i /^ i^.
points hémorragiques
irrégulièrement arrondis
ou de traînées ravonnées
qui s'étendent dans la
substance médullaire,
dont la couleur est deve-
nue vineuse. Le tissu
imbibé de sérosité est
friable. Il donne écoule-
ment, par la pression, à
un liquide rougeàtre et
trouble. Le bassinet ren-
ferme une uriïie épaisse,
gélatineuse ou sanguino-
lente. Parfois le tissu
rénal est transformé en
une pulpe noirâtre, très
friable, s'enlevant par le
grattage. Histologique-
ment. les lésions com-
prennent ; 1» la glomé-
rulo-néphrite ; 2° lajj né-
phrite épithéliale ; 3" une inflammation
Gadéac. — Pathologie intfrne.VII.
Fig. Ij. — Néphrite aiguë chez le cheval
(fort grossissement) (Roquet).
Les gloméniles de Malpighi montrent
nettement les thromboses des capillaires
sous forme de blocs homogènes, fibri-
noïdes, fortement colorés. On voit dans
la cavité du corpuscule un exsudât albu-
mineux, poussiéreux, contenant quel-
ques cellules endothéliales desquaniées.
Remarquer aussi la dégénérescence gra-
nuleuse des tubes du rein, dont la trame
conjonctive est infiltrée par de nombreux
lï-ucocyles.
conjonctive.
7
no REINS.
a. Le t/loménile présente des lésions constantes. Les
capillaires qui constituent le bouquet glomérulaire sont
dilatés, gonflés par le sang ; l'ensemble du peleton a doublé
ou triplé de volume (fig. dS). La capsule de Bowmann est
infiltrée de leucocytes, distendue par un exsudât constitué
par des globules blancs, des hématies et quelquefois par
des boules hyalines ; lorscjuc l'irritation a été très intense,
la capsule est remplie de sang en nature qui s'est extra-
vasé des capillaires rompus. Le passage du sérum san-
guin dans la capsule explique la présence de l'albumine
dans les urines. Dans quelques points, le sang passe à plein
canal du glomérule dans les tubes urinifères, qui se
montrent remplis de globules rouges, et l'on peut quel-
quefois compter jusqu'à trente ou quarante thromboses
capillaires {thrombo-capillarites gloméniluircs) dans un
bouquet vasculaire (Roquet) (1).
Ces lésions congestives et hémorragiques sont complétées
par des altérations qui relèvent dire<'tcmcnt du processus
irritatif. Les cellules de la capsule de Bowmann se tumé-
fient et se multiplient ; elles deviennent turgides et se
desquament. 11 y a i\ la fois endo, méso et péricapsulite.
Si le processus a quelque durée, ces lésions marchent
vers l'organisation conjonctive, la capsule s'épaissit, le
bouquet a de la tendance à devenir libreux.
b. L'épithélium sécréteur (tubes contournés et branche
montante du tube) est manifestement malade. Les cana-
licules sont dilatés et opaques. Les cellules des tubes
contournés sont gonflées, granuleuses, troubles, sou-
dées les unes aux autres ; leurs noyaux persistent (('arou-
geau). Certains éléments cellulaires sont mortilii's. Ouel(|ues
groupes de cellules quittent la paroi des tubes et forment
des bouchons allongés qui obstruent complètement leur
lumière. lien est qui présentent des va<uoles. cavités plus
ou moins volumineuses qui contiennent des blocs, des
(1) Koquct, your/i. lie Lyon, 1909, p. 388.
NEPHRITES AIGUËS.
111
boules de substance protéique. Ces boules tombent ensuite
dans la lumière du tube et contribuent à former des
cylindres hyalins. L'inflammation des cellules de l'épi-
thélium rénal ressemble donc à l'inflammation des
cellules de certaines muqueuses qui sécrètent, à peu près,
Fig. 16. — Néphrite cantharidienne chez un cheval (Carougeau).
B, capsule glomérulaire épaissie et rompue par places ; C, cylindre
épithélial ; E, cellules épilhéliales ; G, hémorragie entre le bouquet vas-
culaire et la capsule de Bowmann ; H. hémorragie intratubulaire ; I, hémor-
ragie interstitielle ; L, hémorragie au pourtour du glomérule.
de la même manière, des blocs de substance albumineuse
(Cornil).
L'inflammation légère, passagère, aboutit à la forma-
tion des cylindres hyalins ; l'inflammation aiguë, durable,
aboutit à la formation des cylindres épithéliaux (fig. 10).
Les cellules épithéliales subissent, en effet, la tuméfaction
trouble, la desquamation, la nécrose. Ces cellules dégé-
nérées s'entassent dans la lumière des tubes et contribuent.
112 REINS.
de cnncert avec les piles de globules s;ini.Miins et les
cylindres hyalins, à les oblitérer.
11 n'est pas rai-c de voir l'épitliéliiini sirié s"inlillror,
par places, de granulations graisseuses.
c. Les Iules collecteurs sont plus tardiveiucul Trappes
que les prJ'oédents. mais leur épitliéliuni n'en subit pas
moins des transformai ions très marquées. De cylindrique
et clair qu'il est normalemcnl . il (Icvient cubique, polyé-
drique ou irrégulier, constitué jtar une série de couches
cellulaires disposées sans ordre. Cette transformation
cellulaire du d(''but n'est pas persistante, les cellules des
tubes collecteurs sont frappées de nécrose comme celles
des tubes sécréteurs.
d. Le tissu conjonctif lui-même participe à l'inllam-
mation, même dans la néphrite aiguë. Les interstices des
tubes sont, en effet, le siège d'une infiltration leucocytaire
manifeste; on peut y reconnaître aussi la présence d'exsu-
dals granuleux ou de petites masses hémorragiques. La
néphrite, piimitivement parenchymateuse, devient rapide-
ment interstitielle. L'élément conjonctif subit des modifi-
cations progressives ; les lésions interstitielles complètent
la suppression fonctionnelle de l'organe en étouiïant
l'élément noble morlouen voie de mortification.
e. Le sj/stéme vasculaire du rein est considérablement
distendu: (pielques artérioles sont rupturées, et, si la
néphrite est de quelque durée, les parois des vaisseaux
s'épaississent ; l'endartérite et la périartérite apparais-
sent et tendent h donner à la néphrile aiguë la physio-
nomie d'une néphrite .subaigué dilTusc.
Telles sont les lésions dégénératives, nécrosantes,
irrilatives et phlegmasiques des néphrites aiguës.
Diagaostic. — La néphrite aiguë est caractérisée par
la diminution de «luantité de l'urine qui est albumineuse et
par la présence de cellules épilhéliales, de cylindres, de
globules rouges et blancs dans le sédiment m-inaire.
L'association des éléments cellulaires et de l'albumine
NÉPHRITES AIGUËS. 113
constitue le signe le plus important de cet état aigu.
L'albumine seule n'est pas un symptôme univoque de
rinflammation ; on peut constater sa présence dans les
néphrites chroniques, dans l'hjperémie rénale passive et
dans toutes les maladies des voies urinaires accompagnées
du passage de sang ou de pus dans l'urine.
La congestion rénale active ne peut être confondue avec
la néphrite; la première est toujours accompagnée de
polyurie, la seconde d'anurie; dans l'hémorragie rénale
(infarctus, lésions traumaliques des reins, rupture des
artères et du rein), la quantité d'urine reste invariable ;
le sang se coagule souvent dans les uretères, de sorte que
le sédiment urinaire ne renferme qu'un petit nombre de
globules rouges.
La cystite, Vurétrite s'en ditîé rendent par les caractères
des cellules contenues dans le sédiment urinaire. La péri-
tonite, ['entérite, la métrite, sont faciles à éliminer en rai-
son de l'absence des symptômes propres à ces affections
Pronostic. — La néphrite aigué, quand elle est légère
et bien soignée, peut guérir en une huitaine de jours.
Dans d'autres cas, elle persiste, passe à l'état subaigu et
peut durer plusieurs mois. Le pronostic est donc toujours
grave, puisque la maladie se termine par la mort dans la
moitié des cas.
Traitement. — La diminution ou la suppression de la
sécrétion urinaire constitue le plus grand danger de la
néphrite aiguë. On le combat :
1» En favorisant l'élimination immédiatedes principes toxi-
ques renfermés dans l'organisme, par toutes les voies. Les
diaphorétiques, enveloppement du corps avec des couver-
tures chaudes, sachets émollients sur les lombes, frictions
sèches, injections sous-cutanées de pilocarpine (de 10 à
IScentigrammes), de bromhydrated'arécoline (à ladosede
6 à 8 centigrammes), les purgatifs (huile de ricin, ca-
lomel, aloès, etc.) suppriment une partie de l'eau, de l'urée
et des phosphates de l'urine.
H4 REINS.
2° On diininiie la toxicité iirinairo en restreignant les
matières azotées qui entrent dans lalimentalion et en
donnant la préférence aux matières liydrocarboni-es. et
surtout aux matières qui sont à la fois pauvres en albu-
mine et en sels comme les fourrages verts, les carottes,
les tubercules, les décoctions légères de graine de lin,
additionnées d'une certaine quantité de lait.
',i'' On rétablit la perméabilité rénale à l'aide des alcalins
à petites doses (bicarbonate de soude, 20 à 30 grammes;
eau chargée d'acide carbonique i. Ces agents facilitent le
processus de filtration, empêchent l'occlusion descanalicules
iirinaires par l'épithélium desquamé et les cylindres, il
faut cependant empêcher l'animal de boire à satiété quand
les (édèmes hydropiques ont fait leur apparition. Les diu-
rétiques augmentent la liltration de l'eau : l'acétate de
potassium, le nitrate de potasse (20 à 25 grammes), la
caféine, la digitale sont indiqués. Ces derniers élèvent la
tension artérielle en combattant la faiblesse cardiaque.
Si des symptômes urcmique.s font leur apparition, la
saignée est de rigueur. C'est ime excellente médication
qu'on ne doit jamais renvoyer au lendemain : le chloral.
le bromure de potassium, les inhalations de chloroforme
ne donnent jamais des résultats aussi satisfaisants.
Pendant toute la durée de la maladie, on combat l'irri-
tation rénale k laide du camphre (8 à 10 grammes), du
bromure de camphre et du bromure de potassium (-4 à
6 grammes). Ces médicaments jouissent d'une action salu-
taire incontestable.
Les néphrites qui compliquent les pneumonies et les
maladies infectieuses réclament les antisepti(iues comme
le salicylate de sourie (20 à 30 grammes), le salol (dij i"»
20 grammes) et tous les agents antibactériens qui s'éliminent
par le rein.
NÉPHRITES AIGUËS. llî
II. — RUMI^AIVTS.
Étiologie. — Les maladies infectieuses [coryza gangre-
neux, hémoglobinurie, septicémie des veaux (Thomassen),
pyosepticémie ombilicale, métrite et infectionspos^ partum,
fièvre charbonneuse, piroplamoses] sont des causes impor-
tantes de néphrites aiguës. On peut d'ailleurs déterminer
expérimentalement àl'aide de toxines, comme la tuberculine,
une nécrose spéciale de l'épithélium sécréteur du rein, carac-
térisée par la désintégration fragmentaire des noyaux et
la dégénérescence vacuolaire et granuleuse du protoplasma.
La gestation est une cause fréquente d'auto-intoxication
qui pi'oduil la stéatose du foie, des reins, la compression
des uretères et peut-être des veines rénales, d'où résultent
de l'albuminurie, une légère néphrite, ou le réveil d'une
inflammation apaisée. Ces néphrites gravidiques sont tou-
jours plus bénignes que les néphrites j^ost partum dues
généralement à une septicémie puerpérale ou à une cystite
avec infection ascendante (1).
Lesagents toxiques médicamenteux (acide phénique, naph-
taline, etc.) ou contenus dans les aliments (sels de potasse
et de soude utilisés comme engrais) produisent un em-
poisonnement général dont les effets retentissent surtout
sur l'appareil éliminateur : le filtre rénal. Les bourgeons
de chêne et d'arbres résineux, les glands (Godbille, 1905)
produisent quelquefois des néphrites par le même méca-
nisme.
h^ froid et les refroidissements ont une action manifeste
sur l'évolution des néphrites. On a vu cette inflammation
succéder à l'injection d'eau très froide (Heuser) ou au séjour
des animaux dans des pâturages humides ou givrés (Rei-
chenbach).
Le surmenage est quelquefois suivi d'auto-intoxication et
d'auto-infection d'origine intestinale. Sous l'influence de
(1) Scherzer. Journ. de Lyon, 1904, p. 545.
116 REINS.
CCS deux fiuises. une nt'|jlirite aiguë peut éclater. Cruzcl a
vu cette inllamniation se manifester chez un />(/'u/'poursuivi
par un chien. Les chutes, les chevauchées, les commotions
(Joyeux) peuvent contribuer à déterminer des néphrites.
Symptômes. — L'animal atteint de néphrite est triste;
à l'étahlo. il tient onlinairement ses inombres postérieui's
engagés sous le tronc, ou iiien il les étend en soulevant la
queue légèrement; la région dorso-lombaire est voussée,
douloureuse à la pression exercée au-dessus ou au-dessous
des lombes à l'aide du poing enfoncé sous les apophyses
transverses des vertèbres de la région.
Cette doideur augmente progressivement, des trépigne-
ments surviennent; l'animal se couche, se relève sans
jamais conserver une position normale; il refuse toutes
sortes d'aliments, ne rumine point ; le mufle est sec, les
conjonctives injectées: il regarde son flanc et pousse de
temps à autre des mugissements plaintifs, dans l'intervalle
desquels on observe des grincements de dents.
Si on force les animaux à se déplacer, ils ne le font
qu'avec peine ; les mouvements du train postérieur sont
raides et vacillants. Le pouls est vite, précipité (80 à 100
pulsations), la respiration accélérée; la température monte
parfois à M\°, 410,2 (Hoichenbarh).
Au début de l'apparition de ces signes, l'animal urine peu
ou point; l'anurie peut persister pendant cinq jours (Funk).
L'urine rejetée est peu abondante, colorée, quelquefois san-
guinolente, toujours albumineuse. La proportion d'albumine
est très variable.
L'examen microscopique de ce liquide y décèle des cylin-
dres hyalins ou épitliéliaux, des globules rouges, des globules
blancs, des cellules rénales. On peut voir survenir, dans les
cas de néphrite double intense, des accidents urémiques
caractérisés par du vertige, des attatiues éclampliques
violentes, de l'opistbotonos et un coma profond jiendant
l'intervalle des accès (Ptlug).
Les œdèmes sous-cutanés sont très rares chez les ruiiii-
NÉPHRITES AIGUËS. H7
liants: l'œdème pulmonaire est plus fréquent; on a signalé
quelquefois des épistaxis.
La marche de la maladie est rapide et le pronostic grave ;
les néphrites légères guérissent seules d'une manière com-
plète. Les néphrites graves déterminent la mort ou passent
à l'état chronique.
Diagnostic. — La congestion rénale s'en différencie par
l'ahsence de fièvre et la polyurie : il y a anurie ou diminu-
tion de la quantité d'urine dans la néphrite.
La piropîasmose est caractérisée par la présence de para-
sites dans les globules rouges: la cystite hémorragique est
une maladie chronique apyrétique. Les hémorragies acci-
dentelles ou traumatiques de l'appareil urinaire ne sont ni
précédées, ni suivies de coliques.
Lésions. — Les reins sont gorgés de sang, distendus;
la substance rénale se déchire facilement, et l'on peut cons-
tater une exsudation intratubulaire et intracapsulaire.
Les glomérules de Malpighi sont noyés dans un épan-
chement hyalin. dilTus : le peloton vasculaire est entouré
d'un exsudât qui contient une matière d'apparence albu-
mineiise. formant une sorte de manteau.
Certains tubes sont intacts; d'autres, au contraire, sont
dépourvus d'épithélium. Quand l'affection a évolué rapi-
dement, l'élément noble de l'organe seul est atteint; il
n'y a pas d'infiltration cellulaire dans les interstices.
Traitement. — La saignée est le principal moyen de
traitement de la néphrite aiguë : ses résultats sont
d'autant plus nets qu'elle est plus abondante et plus ra-
pide. Localement, l'application des cataplasmes émol-
lients de mauve, de farine de lin, ou de dérivatifs sur la
région lombaire, a donné de bons résultats entre les mains
de divers praticiens. A l'intérieur, il est indiqué de donner
des boissons rafraîchissantes à petites doses, des infusions
de feuilles de mauve, de racine dWIthœa (Reichenbach),
additionnées de 5 à 10 grammes de nitrate de potasse, de
tisane de pariétaire et de décoction de graine de lin. On
7.
118 REINS.
a préconisé le breuvage suivant, qu'on fait prendre en
trois l'ois :
Camphre ])ulvéi'isé 24 grammes.
Jauiio dœuf N" I.
Emulsionner. Ajouter :
Nitrate de potasse 45 grammes.
Décocté de graines de lin 500 —
Ces moyens tliérapeuliiiucs doivent être accompagnés
d'agents activant la sudation. Le chlorhydrate de pilocar-
pineàladose de 50 centigrammes est tout particulièrement
indiqué ; les bouchonnages, les frictions énergiques sur le
corps complètent son action. Les attaques d'urémie sont
combattues par la saignée abondante : les médicaments
nervins, bromure de potassium et hydrate de chloral ont
une action peu efficace. Quand le cœur faiblit, les infusions
de café, de digitale ou les injections sous-cutanées des
alcaloïdes de ces deux plantes renforcent son action.
Néphrite à macules blanches.
Définition. — On désigne ainsi une néphrite subaiguë
propre au venu (A caraiHérisée [)ar des nodules blancliAlres,
bien délimités, de volume variable, situés presque exclusi-
vement dans la substance corticale.
Étiologieet pathogénie. — Cette altération est fréquente
chez des vcnu.x de première qualité, en parfait état de
graisse, sacriliés dans les abattoirs. Elle se développe pour
ainsi dire à l'état enzootique chez les i rr^u.v à l'engraisse-
ment :0,80p. iOOetquelquefoisSà 4 p. 100 de ces animaux
en sont affectés (Blieck). C'est ce qui fait incriminer une
alimentation surabondante et le séjour des jeunes animaux
dans des étables étroites et mal aérées. A ces causes pré-
disposantes, on nepeuts'empêcherd'adjoindreune infection
microbienne d'origine ombilicale (Kitt, Kabitz), qui ne
s'accorde guère avec l'intégrité complète du foie ou une
infection sanguine d'origine digestive. Les toxines micro-
NÉPHRITE A MACULES BLANCHES 119
biennes issues de ces microbes ou celles qui résultent de
la fermentation des aliments ne sont peut-être pas étran-
gères à ce processus, dont la véritable étiologie est encore
inconnue.
Quelle est. la nature de ces nodules? Rieck. Kitt les consi-
dèrent comme des foyers métastatiques d'origine embo-
lique; Ostertag comme des infections et des noyaux sar-
comateux ; Basset (1) comme une néphrite aiguë circonscrite
consécutive à une infection sanguine ; Panisset, comme une
néphritechroniqueavecprédominance des lésions artériel-
les; Fally (2), comme une néphrite interstitielle en foyers,
d'origine inconnue; Vaerst(3),(iuillebeau, comme des arrêts
de développement du tissu rénal : les macules ne sont pour
eux que des zones dans lesquelles les tubes urinifères sont
restés à l'état embryonnaire. L'existence des taches chez
des animaux en parfaite santé et leur disparition chez les
animaux adultes, sans laisser de traces, militent en faveur
de cette manière de voir. Assurément, il ne s'agit pas là
de sarcomes ; mais il est avéré que ces taches peuvent
s'abcéder, laisser persister des cicatrices et qu'elles peuvent
même exister chez les animaux adultes (4). Autant de raisons
qui permettent de rattacher ces lésions à une néphrite
subaiguë, fibro-plastique , susceptible de passer à l'état
chronique, mais se terminant habituellement par la gué-
rison complète.
Lésions. — Les reins présentent de nombreuses taches,
légèrement proéminentes, arrondies, d'un blanc bleuâtre ou
d'un blanc laiteux, de dimensions variant d'une graine de
chanvre à une pièce de cinquante centimes. Elles sont quel-
quefois tellement confluentes qu'on ne trouve que de rares
vestiges de tissu rénal sain {néphrite blanche). La consis-
tance du rein est normale, un peu plus molle quand les
(1) Basset, Revue gén., 1903, t. Il, p. 583.
(2) Fally, Aiui . de méd. vêt., 1907.
(3) Vaerst, Journ. de Lyon, 1901, p. 65.
(4) De Blieck, Revue gén., 1907, t. 1, p. 89.
120
REIXS.
lésions sont récentes; habituellement, elle est plus dure. Les
surfaces de section offrent un aspect bigarré dii ù la mul-
titude de taches
blanclies ou légè-
rement grisâtres
qui tranchent sur
la coloration rouge
ItriuiAtre ou rouge
vil du tissu rénal
normal. Les plus
petites forment un
lin piqueté dans la
substance corti-
cale, les plusgrosses
s'avancent jusque
dans la substance
médullaire. Entre
elles, on observe
un discret pointillé
hémorragique ou
quelques fines traî-
nées rougeAIres.
Parmi ces taches,
il en est de ramol-
lies au centre et de
purulentes (Kitt) :
il en est d'autres
qui contractent une
adhérence intime
avec la capsule, qui se déchire partiellement à leur
niveau, et la substance corticale apparaît déprimée, creusée
de cicatrices irrégulières, peu profondes, d'un blanc mat,
de consistance ferme et ulcéreuse, comme dans la néphrite
chronique, (lig. 17 .
Au microscope, on constate une infiltration cellulaire
intense des différents tissus du rein ; le bouquet vasculaire
Kig. 17. — Néphrite à macules blanches
du veau (P. Leblanc).
NEPHRITE A MACULES BLANCHES.
121
(lu glomérule de Malpighi est bouiTc de leucocytes, et les
tubes sont séparés par une véritable coulée de ces éléments
et par un exsudât
fViav^»-"" — ''~ — '
fibrineux. Vers le
centre de la lé-
sion, les leuco-
cytes pénètrent
dans les tubes
dont les cellules
épithéliales sont
altérées et granu-
leuses, (fig. 18).
Parfois les leuco-
cytes réunis en
amas sont dé-
générés au
centre et trans-
formés en un bloc
amorphe très
paie : ils consti-
tuent de petits
abcès en minia-
ture. Quand les
exsudats et les leucocytes ne se résolvent pas rapide-
ment, ils offrent une évolution cicatricielle. Lesglomérules
se rétractent et deviennent fibreux; la substance corticale
est envahie par du tissu conjonctif jeune formé d'éléments
volumineux (fibroblastes) qui déterminent l'atrophie et la
disparition des tubes urinifères et l'occlusion de diverses
artérioles par endartérite oblitérante : le rein à macules
est devenu le rein blanc (Panisset").
Fig. 18. — Rein à macules du veau.
Néphrite interstitielle.
III
PORC.
Étiologie. — La néphrite aiguë toxique et accidentelle
est la seule forme primitive : elle est extrêmement rare.
122 REINS.
La néphrite secondaire est l'apanage des animaux affectés
de rouget, de choléra : celte forme est fréquente.
Lésions. — La néphrite aiguë s'accompagne toujours
d'une hypertrophie des reins, qui sont doublés et triplés
de volume, de couleur gris jaunâtre et assez fermes.
L'examen microscopique du rein révèle toutes les lésions
de la néphrite diffuse aiguë ou de la néphrite hémorra-
gique (1).
L'urine renferme des éléments épithéliaux. des leuco-
cytes, des globules rouges, des cylindres hyalins et des
biictéries (Marek. 189-4).
Symptômes. — Les signes de la néphrite aigui' n'ont
pas été distingués de ceux de la maladie infectieuse pri-
mitive et toujours dominante.
Traitement. — Cette maladie n'étant généralement pas
soupçonnée ne peut être traitée.
IV. — CARMVORES.
Ëtiologie. — Lm néphrite com|)ii(pie fréquemment la
maladie du jeune âge. la piicinnonie, les diverses formes
de bronchopnvamonie . V endocardite, la piroplasmose, la
gastro-entérite hémorragique et les diverses maladies in-
fectieuses. Elle résulte d'un empoisonnement aigu déter-
miné par un agent toxique absorbé par le tube digestif ou
parla peau (sublimé corrosif, menuriaux, acide arsénieux.
iodoforme, nitrate de potasse à trop forte dose), ou d'intoxi-
cations consécutives à de vastes brûlures de la peau, à
un surmenage intensif, à des infections gastro-intestinales,
ù. l'ictère, à l'insuffisance hépatique, au diabète.
Le refroidissement peut lui-même engendrer une autre
infection susceptible de se localiser au parenchyme rénal.
Les cou|)s violents sur la région lombaire déterminent
(pielquefois une hémorragie péricapsulaire et exception-
(1) Voy. 1" édition, t. VI, p. 495.
NÉPHRITE A MACULES BLANCHES. 123
nellemeiit une hématonéphi'ose accompagnée de coliques
néphrétiques (Parascandolo) (1).
Symptômes. — La néphrite aigué du chien débute par
des symptômes fébriles peu accusés accompagnés d'un
abattement profond. L'appétit est diminué, souvent aboli ;
la soif normale. L'animal demeure couché ; il ne bouge
pas quand ou l'appelle ou se déplace péniblement, la tête
basse, le dos voiîlé ; la région lombaire est douloureuse à
la palpation.
« Les mictions sont fréquentes, douloureuses et peu
abondantes. A de brefs intervalles, le malade expulse de
l'urine colorée en rouge par du sang et toujours fortement
albumineuse ; l'examen macroscopique y décèle des cel-
lules épithéliales du rein, des globules rouges, des cylin-
dres hématiques granuleux et hyalins » (Cadiot).
Le tube digestif tend à suppléer, dans une certaine
mesure, à l'insuffisance de la miction et de l'élimination
des poisons urinaires: la constipation, fébrile au début, est
remplacée par de la diarrhée, des nausées, des vomissements.
Ces derniers coïncident généralement avec la fermeture
du rein et l'anurie complète. L'urémie consécutive à cet
état est dénoncée par des troubles nerveux (parésie, con-
vulsions, manifestations épileptiformes, état comateux),
des troubles respiratoires (dyspnée, odeur urineuse de l'air
expiré), par un abaissement notable de la température
et par des vomissements incoercibles. L'évolution est
rapide ; l'animal guérit quand le rein redevient perméable ;
il succombe en quelques jours quand il demeure fermé.,
Anatomie pathologique. — Los reins sont volumineux,
distendus. La substance corticale est parsemée de petites
hémorragies punctiformes ; la substance médullaire offre
une teinte vineuse. Les anses vasculaires du bouquet glo-
mérulaire sont dilatées, et la cavité glomérulaire est rem-
plie d'un épancliement albumineux composé de globules
(l) Parascandolo, Lésions traumaliques du rein chez les animaux domes-
liques {Revue gén., 1903, t. Il, p. 79).
124
HEINS.
ronges, de globules blancs et disposé souvent en croissant.
Les cellules épilhéliales des tubes contournés sont gra-
nuleuses et tuméfiées, parfois creusées de vacuoles. Dans
les tubes collecteurs, on constate la prolifération et la
desquamation des cellules (lig. 19).
' -wV <?,
*"^V^
,oj.}^-^M^
Fig. 19.
^Néphrite aiguë par le sublimé (rein de lapin mort
au troisième jour).
Un grand nombre de tubes montrent une nécrose complète de leur épi-
tliélium dont les cellules ne sont plus reconnaissables. Quelques tubes ont
leur lumière obstruée par un cylindre albumineux.
Le tissu conjonclif interlobulaire est infiltré de cellules
rondes.
Traitement. — Le régime lacté donne les meilleurs
résultats cliez les carnivores. On peut l'administrer en
NEPHRITES CHRONIQUES. 125
lavements et le rendre tolérable pour l'estomac en l'addi-
tionnant d'un quart d'eau de Vichy ou de 3 à 5 grammes
de sel de Vichy et en l'administrant par petites quan-
tités il l'aide d'une cuillerée.
On facilite l'élimination des produits toxiques à l'aide des
diaphorétiques comme les diverses infusions chaudes, à
l'aide des laxatifs ou purgatifs (huile de ricin, manne grasse,
sirop de nerprun, injection hypodermique quotidienne de
1 milligramme à 1 centigramme de nitrate de pilocar-
pine).
On calme les douleurs rénales à l'aide d'applications sur
la région lombaire, de compresses humides et chaudes
fréquemment renouvelées.
Les accidents urémiques sont combattus par les purga-
tifs associés, mais administrés par doses fractionnées
toutes les trois à quatre heures; ils agissent en provoquant
une dérivation vers la muqueuse intestinale du sang et
des poisons qu'il renferme ; on soustrait une dose impor-
tante de poisons par une saignée de 40 à 330 grammes ;
on dilue ces poisons et on favorise leur élimination par des
injections journalières d'eau salée '^20 à 150 grammes à
7 p. 1000).
La faiblesse du cœur est combattue par des injections
sous-cutanées de caféine à la dose de 1 gramme dissoute
dans 40 centimètres cubes d'eau distillée ; on peut prati-
quer trois à quatre injections de 1 à 5 centimètres cubes
dans la journée. On administi-e aussi des infusions de
thé ou de café.
NÉPHRITES CHRONIQUES.
Considérations générales. — Les néphrites chroniques
sont des inflammations diffuses caractérisées par la durée
d'action et le peu de nocivité du poison pathogène.
Les variations de son activité et de sa persistance diver-
sifient l'association des lésions inflammatoires et des
126 REINS.
lésions dégénéral ives. On peut rlisUngaer aussi des formes
plus ou moins trancliées.
Les espères animalos à vie courte comme le mouton,
le jiorc, écliappent gi'ntTalement à la néphrite chronique:
les lésions anciennes ont rarement le temps d'évoluer; les
espèces k vie pénible quoique longue, comme les solijtèdes.
succombent généralement avantque les lésions aientatteint
leiH" degré ultime ; on n'observe guère chez ces animaux
que les néphrites chroniques ;'i (hu'èc courte, à prédominance
parenchvmateuse ou épithéliale, désignées autreiois sous
le nom de gros reinblanc, de sorte qu'il n'y a guère que les
espèces sédentaires, comme le chien et le chat, qui puissent
réaliser la forme alrophique, ou le petit rein blanc, expres-
sion delà néphrite interstitielle de longue durée.
I. — SOLIPÈDES.
La néphrite chronique des soliiirdrs consiste donc géné-
ralement dans une inflammation mixte à prédominance
parenchymateuse ou cpilJiélialc — yro.s rein blanc — ordinai-
rement dénoncée par des troubles urinaires, de l'amaigris-
sement, de l'anémie, des œdèmes et de l'hypertrophie car-
diaque, qui amènent la mort en quelques mois ou unanau
plus. Cette néphrite est à la fois caractérisée par sa courte
durée et sa tendance hydropigène. Assurément, tous les
cas de néphrite chronique des solijx'-dcs n'appartiennent
pas absolument à cette forme : mais la plupart gravitent
autour d'elle et font ressortir sa prédominance sur les
autres formes. Les observations de llable, Verheyen,
Lustig, Thomassen, Marcone(l), DeU'.Vcqua. Markus. Hou-
doire (i). s'y rattachent étroitement.
Étiologie. — Les agents toxiques qui l'ivippent lépilhé-
liuni l'cnal et suscitent une inllaiiiiiialiiui secondaire ilu
(1) Marcone, Revue gén., 1906.
(2) Buudoire, Revue vét., 1906, p. HIO. — Pimliii, Un cas de iiépliriie
mixte cliez le clieval (.1/i/i. de méd. vél., 1907).
NÉPHRITES CHUOXIQUES. 127
système vasculo-conjonctif agissent plus longtemps, mais
d'une manière moins intense que dans les néphrites aiguës.
L'auto-intoxication d'origine gastro-intestinale ou d'oi-i-
gine hépatique et les toxines élaborées par les microbes
dans le cours des diverses maladies infectieuses sont les
deux principales sources de ces néphrites chroniques qui
ne font presque jamais suite aux formes aiguës.
Les affections gastro-intstinales (indigestions), les ali-
ments azotés donnés en trop grande abondance à des
animaux qui ne travaillent pas contribuent au développe-
ment des néphrites chroniques comme deThémoglobinurie
musculaire.
L'insuffisance hépatique accompagnée ou non dictèi"e
devient, par auto-intoxication, une cause importante de
néphrites chroniques. Les matières extractives que le foie
livre à la circulation provoquent la dégénérescence granulo-
graisseuse des épithéliums tubulaires.
Les maladies infectieuses subaiguës ou chroniques
(bronchite chronique, pneumonies et bronchopneumonies,
tuberculose, morve, etc.) agissent parleurs toxines sur le
rein comme sur le foie, qui perd sa fonction d'arrêt pour
les poisons et contribue à son tour à intoxiquer le rein.
Tous ces poisons hématogènes réunis déterminent la
néphrite chronique épithéliale, dont l'insuffisance rénale
est la première manifestation.
L'artérite chronique, l'anévrysme de l'aorte (Cadéac,
Marek), l'aortite (Cadéac), l'endartérite des artères rénales
(Lustig), n'a qu'un rôle elTacé^dans l'éclosion delà néphrite
chronique, qui d'ailleurs n'offre pas, dans ces cas, les ca-
ractères du gros rein blanc.
Symptômes. — Le début est ordinairement insidieux,
sans réaction générale ni locale : la maladie est déjà très
avancée quand on observe un affaiblissement des foi'ces,
de l'amaigrissement, le hérissement des poils et la pâleur
des muqueuses, de l'anémie sans élévation appréciable de
la température. Dans la plupart des cas, la maladie n'est
128 HEINS.
soupçonnée que le jour où apparaissent des o'dénies ou
des troubles urinaires.
Les (edcmes constituent la manifeslalion la jilus carac-
téristique du tableau cliniipie de cette maladie. L"(pdènie
apparaît d'abord au fourreau ; il s'étend au-dessus du
ventre, gagne les membres postérieurs, envahit la région
sterno-abdominale et quelquefois même les paupières, qui
retombent sur les veux (Poulinj ; il augmente avec le
repos et disparaît avec rexercice. Cet œdème, variable d'un
jour à l'autre, est indolent et dénressible.
Les urines sont rares ; leur quantité, en vingt-quatre
heures, est considérablement diminuée; mais, malgré cette
oligurie, on note fréquemment de la pollakiurie par irrita-
l)ilité vésicale : Le cheval urine très souvent et en petite
quantité. I^e poids spécifique de l'urine est augmenté par
suite de sa concentration ; elle laisse déposer un sédiment
assez abondant et contient toujours une certaine quantité
d'albumine, variable avec chaque cas et, dans chacun
d'eux avec la période de la maladie. Tantôt limpide,
tantôt mousseuse et foncée, elle est pauvre en phosphates
et en chlorures ; mais l'examen histologique de ce li(iuide
centrifugé y révèle des cristaux de carbonate de chaux,
des globules blancs, des globules rouges, des cylindres
hyalins, des cylindres épithéliaux granuleux et des cellules
épithéliales en voie de transformation graisseuse. Quand
la néphrite mixte est plus interstitielle qu'épithéliale, la
quantité d'urine rejetée, augmentée, se rapproche de la
normale ; il peut même y avoir polyurie ; mais, le rein
devenant imperméable, l'urine devient claire, de densité
plus faible et jiauvre en albumine.
L'exploration rénale révèle exceptionnellement une sen-
sibilité anormale delà région du i-ein ; la main, introduite
dans le rectum, atteint difficilement les organes même
hypertrophiés. Des troubles digestifs accom[iagnent les
troubles urinaires, mais ils sont peu significatifs ; l'appétit
est diminué ; les matières fécales, d'abord recouvertes
NÉPHRITES CHUO.MQUES. 129
de mucus, sont fétides : elles deviennent diarrhéiques et
répandent quelquefois une odeur urineuse ; on peut cons-
tater parfois de légères coliques. La peau se colle aux os
dans les parties non œdéniatiées ; le sang devient séreux
par rétention d'eau ; le pouls est mou, dépressible ; la ten-
sion artérielle est plutôt diminuée qu'augmentée ; les bat-
tements cardiaques sont sourds, mal frappés ; les cavités
cai'diaques ne sontguèrehypertrophiées,mais plutôt dilatées;
les accidents urémiques sont rares quand la néphrite
parenchymateuse prédomine ; mais les œdèmes et les
hjdropisies deviennent prépondérants. Le cheval succombe
à l'œdème pulmonaire, à l'hydrothorax, à rinflammation
des voies respiratoires.
h' évolution de ces néphrites est relativement rapide : la
mort peut survenir quelques mois après des alternatives
d'amélioration et d'aggravation ; les œdèmes disparaissent
par intervalles, et la quantité d'urine rejetée redevient
presque normale ; parfois l'amélioration est très passagère,
et le malade est subitement pris d'une dyspnée intense
qui l'emporte en moins de vingt-quatre heures (1).
Anatomie pathologique. — Les reins sont augmentés
de volume et de poids ; leur surface est lisse, uniforme ;
la capsule est peu épaisse et peu adhérente ; elle se déchire
parfois en quelques points et entraîne avec elle de petits
lambeaux de substance corticale. La coupe est parsemée
de taches jaune gris et de foyers hémori'agiques; elle
est striée de lignes brun grisâtre alternant avec des
stries grises, presque translucides, qui partent de la par-
tie excentrique de la couche corticale pour aboutir à la
couche médul|laire. La consistance du parenchyme est
diminuée.
u Le volume des reins trouve son explication dans l'inten-
sité des phénomènes inflammatoires dans les glomérulites
intenses; les différences de coloration dépendent du
(1) Dell'Acqua, ISéphnle mixte à prédominance parenchymateuse {Revue
gén., t. 1, 1908).
130 HKINS.
degré de congestion, de l'abondance des produits dexsu-
dation dans les tubes, de raltéralion plus ou moins pro-
fonde des ccllidos <''iiilli('Iiales des lulnili co)itorli »
(Brault).
Au microscope, on voit que les tubes contournés et tous
les canaux de la substance corticale ont leur diamètre
doubléou triplé ; cet élargissement est absolument caracté-
ristique des néphrites à prédominance épitliéliale ; les cel-
lules sont granuleuses et oITrentdes contours mal délinis;
les noyaux sont pâles et souvent impossil)les à dilTérencier.
Des cylindres hyalins occupent parfois une partie de la
cavité du canal. On peut constater, en même temps, de
petits foyers d'infiltration cellulaire. On trouve des bou-
quets gloiuérulaires atropliiés à divers degrés. Les lésions
interstitielles otïrent une intensité très variable; elles pré-
sident à Tatruphie des gloiiiérides, de la capsule de Bow-
mann et des tubes urinifères. Les altérations conjonctives
offrent généralement une intensité moindre que les lésions
épithéliales. Quand les premières sont très prononcées, le
cœur est hypertrophié {creur rénal). On constate, en même
temps, des infiltra lions séreuses du tissu conjonctif sous-
cutané, de ru'dème du poumon cl des (''panchements dans
les séreuses.
Diagnostic. — La néphrite chronifiue du chcvul ne peut
être reconnue que par l'examen de l'urine. L'acide ni-
trique y décèle un gros disque d'albumine; le microscope,
des cylindres et des cellules épithéliales. Tous les autres
symptômes dépendent de l'albumiiiurie et des troubles
généraux de la nutrition.
La néphrite aigtic s'en distingue par ime évolution plus
rapide, une diminution plus considérable de la quantité
d'urine et sm'tout par la présence de globules rouges dans
ce produit d'excrétion. Quand la néphrite chronique
.s'accompagne d'exacerbations, de poussées aiguës, la diffé-
renciation est momentanément Ijeaucoiip plus difficile,
sinon impossible
NÉPHRITES CHRONIQUES. 131
La congestion passive du rein détermine peu d'albumi-
nurie; Turine a un poids spécifique plus élevé et ne ren-
ferme que de i-ares éléments rénaux.
Le rein amyloide peut engendrer tous les troubles de la
ni'phrite chronique. Dans l'atrophie rénale consécutive à
Taortite et à l'oblitération d'une artère rénale, l'hypertro-
phie cardiaque est un signe dominant.
Traitement. — Il n'existe pas de traitement capable
d'enrayer la marche de la maladie. Il est indiqué d'acti-
ver la nutrition générale, de combattre l'anémie et de
relever la pression vasculaire lorsqu'il y a insuffisance
cardiaque. On maintient les animaux au repos, ou l'on
supprime tout au moins tout travail pénible. Le régime
lacté, s'il n'était pas aussi coûteux, serait le plus favorable ;
on a quelquefois donné jusqu'à 10 litres de lait par jour
(PouHn).
Lessignes d'hydropisie sontcombattus parles diurétiques,
les mucilagineux, le bicarbonate de soude, les injections
sous-cutanées et répétées de faibles doses de pilocarpine.
On peut d'ailleurs apprécier les chances de guéi'ison
par l'examen des urines et le dosage de l'albumine. La
persistance d'une albuminurie intense indique la persis-
tance ou l'aggravation du mal.
II. — RUMINANTS.
La néphrite chronique hématogène ne s'observe guère
que chez les bovidés (1) et offre les plus grandes analo-
gies avec celles des solipèdes : elle est mixte et à tendance
hypertrophique.
Étiologie. — Les poisons endogènes élaborés pendant
la gestation, les maladies chroniques de l'utérus, du foie,
de l'intestin, paraissent jouer un rôle important dans son
(1) Sur 7000 moutons tués, Horn a signalé 0,32p. 100 de néphrites chro-
niques; mais on y fait sûrement rentrer les formes qui résultent de l'esten-
sion d'une pyélite.
J32 REINS.
a
pparilion. Des néphritessuportirielles. Ir^^'cTOs, peuvent, en
se répétant, organiser la deslruction de l'épitliéliinn rénal
el une végétation conjonctive qui compromettent la l'onc-
tion rénale. Une température froide, une pluie glaciale, un
courant d'air continu sur le dos des animaux et dans une
étable mal fermée, enfin un refroidissement gén(''i'al
peuvcMit l'occasionner (Seufîert).
Symptômes. — On n'observe, au début, aucun signe
spécial. Les malades perdent lappétit ou prennent
leur nourriture d'une façon très irrégulière. Si les
vaches sont bonnes laitières, la sécrétion lactée di-
minue.
Ces manifestations, qui s'observent au début de tout
état patliologique mal déterminé, sont a((Oin|»agnées. au
bout d'un temps variable, de signes (jui penuetlent de
localiser le mal.
Les animaux se campent fréciucimiienl poiu' ni-inci'.
rapprochent les membres sous le tronc, voussenl la
colonne lombaire et rejettent une petite (]uanlit('' d'une
urine rougeâlre. trouble ou claire, riche en albumine, con-
tenant des globules rouges et dont le poids spécifique est
augmenté. L'exploration rectale, pratiquée à cette épo-
que, accuse de la douleur rénale à la compression el
dénote une hypertrophie plus ou moins évidente des
reins; le droit, notamment, remplit tout l'espace sous-
lombaire et déborde l'angle antérieur du creux du flanc,
de telle sorte que la palpation externe peruicl de constater
cette hypertrophie (Seufferl).
Les troubles rénaux sont presque toujours accompagnés
de manifestations digeslives ; la rumination est irrégulière :
la constipation survient; on observe des coliques sourdes
accompagnées de plaintes intermittentes. Les malades
expulsent des matières noires recouvertes d'un enduit
muqueux blanchâtre. Le thermomètre n'accuse jias de
lièvre ; la température reste normale.
Quand les lésions rénales sont très évidentes, on
NÉPHRITES CHRONIQUES. 133
observe de la dilatation du cœur, de la stase veineuse; le
pouls veineux apparaît à la jugulaire; les muqueuses se
foncent, deviennent violettes; des œdèmes se développent,
débutant généralement par la région de l'auge (Thomsen),
descendant ensuite au niveau des membres, de la région
pectorale et abdominale inférieure (CalTaretti).
Le cœur s'hvpertropliie, ses ballements sont forts: l'ar-
tère est dure, tendue, le pouls accéléré; on peut constater
des épislaxis (Thomas).
La maladie évolue ainsi avec des alternatives d'aggra-
vation et d'amélioration, des phases de constipation et de
diarrhée, mais l'animal maigrit progressivement, devient
chétif ; il ne mange et ne rumine pour ainsi dire plus. La
mort arrive bientôt après dans le marasme le plus com-
plet (Seuffert) ; il n'y a pas de chance de guérison.
Diagnostic. ^ La présence de l'albumine dans les urines
d'une manière permanente, la sensibilité et V hypertrophie
des reins sont des signes caractéristiques. Lapyélonéphrite
s'en distingue par le rejet d'urine purulente; ïhydronc-
phrose, par le volume des uretères et l'inégalité de volume
des reins ; la cystite chronique hémorragique, par l'explo-
ration rectale qui permet de vérifier l'intégrité ou l'alté-
ration des reins et de la vessie.
Lésions. — Les reins hypertrophiés sont durs, pâles,
lardacés. Leur surface est bosselée ; leur couleur, rouge
brun (Thomsen) avec de grandes taches marbrées par
])laces (1).
Sur une coupe, la couche corticale apparaît d'un rouge
vif; la couche médullaire a une teinte plus pâle. On ne
trouve ni pus ni foyers d'inflammation aiguë. La substance
propre est ferme, dense, résistante même.
L'examen des coupes du rein démontre l'infiltration
du parenchyme rénal par des cellules fusiformeset rondes
et la disparition de l'épithéliuni dans les canaux urinaires.
(I) Morol, Reins bronzés chez une vache (Revue vét., 1903, p 92).
Gadéac. — Pathologie interne. VII. 8
134
REINS.
Leur cavité est ofcupée par des cylindres calcaires;
quelques-uns, vides, apparaissent comme une fente.
Le tissu fibreux intercanaliculaire forme de véritables
tractus cicatriciels eni^dobant des îlots de tissu relative-
.4
Fig. 20. — Rein de bœuf atteint de néphrite chronique partielle (Leblanc).
A, zone malade.
ment sain, autour desquels se dessine une surface iné-
gale, tomenteuse, granuleuse.
Très souvent aussi, les lésions de néphrite chronitpie
consistent en des plaques d'étendue variable, à contours
irrégulicrs, enfoncées dans les parties saines comme de
larges cicatrices.
Une coupe pratiquée dans l'épaisseur do ces taches et
alioutissanl au hilc do l'orirane d(''monti'o. d'imo i'aron
NÉPHRITES CHRONIQUES. 135
très évidente, que la substance corticale est surtout
malade (fig. 20).
Les glomérules de Malpighi sont dilatés, forment de
véritables cavités ayant sept ou huit fois les dimensions
d'un glomérule normal. A leur intérieur est accumulé
un produit d'origine urinaire qui comprime le bouquet
vasculairo. le réduit à un très fin peloton appliqué contre
;^'^ X^:
Fig. 21. — Coupe transversale au niveau de la zone corticale d un rein
de bœuf atteint de néphrite chronique (grossissement faible).
A, cavités glomérulaires dans lesquelles le peloton vasculaire est atrophié
ou disparu ; B, espaces envahis par le conjonctif et dans lesquels il ne
reste aucune trace des tubes urinifères.
la paroi du corpuscule qui s'est hypertrophié et est devenu
nettement fibreux. Les grandes dimensions des cavités
glomérulaires font qu'elles ont détruit par compression
les tubes les plus voisins et qu'elles parviennent à se tou-
cher. Au niveau de ces points, le rein donne l'impression
d'un tissu constitué par des mailles délimitant des cavités.
Vépithélium sécréteur et excréteur a presque totale-
ment disparu. Les tubes restés intacts sont comprimés et
enserrés par des productions conjonctives.
Le système vasculaire occupe, au niveau de l'imion des
136 RELNS.
deux substances, une surlafe anormale. Los parois arté-
rielles ont augmenté de volume; elles forment de véri-
tables anneaux libreux très épais : l'endotliélium vasou-
culaire malade est irrégulier, chillonné.
Le tissu conjonctif envahit toutes les zones du rein
Il comprime les tubes excréteurs, en détermine l'obstruc-
tion et, const'qiiemment. la dilatation des cavités glonié-
rulaires auxquelles ils aboutissent. Dans la zone corti-
cale, le tissu conjonctif a complètement fait disparaître
les tubuli contorli; le rein malade ressemble à une
tumeur fibi'euse. En somme, les lésions les plus marquées
sont caractérisées par l'énorme développement pris par
le tissu conjonctif. par l'état des vaisseaux et des glomé-
rules transformés en cavités kysticpies i fig. t[).
Traitement. — Quand un intérêt particulier empêche
de livrer immédiatemment le malade à la boucherie, il
convient d'instituer un traitement diurétique composé de
graine de lin, de lait, de bicarbonate de soude. On combat
l'atonie du tube digestif par l'adminislration d'infusionsde
café et de purgatifs salins. Les injections de sérum san-
guin des veines rénales d'animaux sains, préconisées en
médecine humaine, ne peuvent être utilisées économique-
ment dans la thérapeutique des néphrites de nos grands
animaux destinés à la boucherie.
III. — IM>R(:.
La néphrite chronique succède au rouget (Haase). Elle
est caractérisée anatomiquement par des di'pressions jau-
nâtres ou grisAtres au niveau desquelles la capsule est
très adhérente. Toute la zone corticale. blancliAtre ou
grisâtre, est ponctuée de taches vineuses ou gris rouge.
Des traînées fibreuses issues de la substance médullaire
suivent le trajet des artc'rioles allant aux glomérules. La
surface des sections est dm-e, scléreuse. parsemée de
taches blanchâtres (KitI .
NÉPHRITES CHRONIQUES. 13";
IV. — CAR-MVORES.
Etiologie. — Nombreuses sont les causes qui font de
la néphrite chronique ou mal de Bright des carnivores
une maladie commune.
Lai ieillesse amène généralement avec elle delà sclérose
rénale. Or, le rein sénile est l'expression des infections
et des intoxications légères que Tanimal a subies. S'il a
résisté, ce n'est qu'en partie et en gros: beaucoup de ses
unités rénales portent la trace d'inflammations éteintes.
Le rein sénile constitue ainsi une lésion restrictive d'un
organe sans réaction, une diminution fonctionnelle sans
retentissement. C'est ainsi que toutes les néphrites aiguës
superficielles participent à la production de la néphrite
chronique interstitielle. L'administration méthodique de
petites quantités de sels de plomb ou de cuivre peut déter-
miner la néphrite chronique. L'abus de l'alimentation
carnée n'est pas étrangère à l'apparition de celle maladie
chez les chiens d'appartement et chez les chats maintenus
séquestrés [Hébrant et Antoine {!)].
Le froid ou le refroidissement, c'est-à-dire l'aclion lente
prolongée du froid humide ou le passage brusque du chaud
au froid chez les chiens qui chassent dans les marais sont
des conditions d'autant plus favorables au développement
des néphrites que ces chiens sont fréquemment surmenés,
exposés à des causes diverses d'intoxication et d'infection.
Les diverses manifestations eczémateuses nécessitent
lutilisalion de nombreux médicaments, que l'animal lèche
et ingère, non sans inconvénients pour le rein: enûn ces
maladies cutanées sont par elle-mémes des causes d'auto-
intoxication et de néphrite chronique.
Les ulcérations intestinales consécutives à des brûlures.
(1) Hébrant et Antoine, A propos de la néphrite chronique chez le chien et
le chat. Du danger de pratiquer des opérations sur des brighliques {Ann.
de méd. vit., 1912, p. 306).
138 HKINS.
il des gasti'o-enlériles lu''inoiTagi(Hics. sont des soiuros
dlnleclions septlcémiques secondaires, dont l'animal ne
triomphe qu'imparlaitemenl : les poisons éliminés allèrenl
le filtre rénal et entretienneni iiin' irritation clironiijiie
dans cet organe.
Les aU'eclions cardiaques, pàkardiques, pulmonaires,
pleurales, la tuberculose, la malailie du jeune âge, parti-
cipent aussi à l'éclosiondes néphrites chroniques en livrant
au sang des agents infectieux, des toxines et des poisons
organiques. Les enil)olies répétées, occassionnées jiar
l'endocardite, peuvent provoquer un processus atrophique
(atrophie rénale eniboii(p)e). Les calculs et les vers conte-
nus dans le bassinet sont quelquefois aussi l'origine <le la
néphrite interslitiello. La collaboration de ces diverses
influences engendre mie néphrite mixte, ditliise, qui sup-
prime successivement les diverses unités organiques et
atrophie l'organe. La né[)hrite chroni(iue du chien gravite
autour du petit rein granuleux, comme celle du cheval et
du yjo?»/" autour du gros rein blanc: on peut cependant
observer cette dernière forme ou uneassociation des deux:
la sclérose conjonctive et la dégénérescence épiihéliale
combinent leurs elTets.
Symptômes. — La né-phrite chronique débute ordinai-
rement d'une manière insidieuse, et les |)remiers accidents
se manifestent seulement quand l'évolution des lésions est
déjà très avancée. Ils sont généralement peu caractéris-
tiques. On peut cependant noter de l'inappétence, un
appétit irrégulier, capricieux, des vomissements ré|)élés.
fréquents, sans cause connue, une oppression modérée,
une accélération du iioiils. une exagération de la tension
artérielle ou queltpics palpitations survenant dès que
l'animal effectue une course : il refuse généralement de
courir; il n'a pbis la même ardeur à la chasse: il est
paresseux, fatigué, triste; il présente souvent de vives
démangeaisons et une grande impressionnabilité au froid;
ses urines sont encore peu modifiées; leur quantité est à
NÉPHRITES CHRONIQUES. 130
pf u près normale : ce liquide tient seulement en suspen-
sion quelques flocons dus à une légère desquamation
épithéliale et des traces d'albumine.
A la période d'état, la maladie se dessine, son tableau
svmptomatiquo se complote eu s'aggravant. On constate
ilo la pollakiiirie. symptôme consistant dans la fréquence
des mictions, indépendamment de la quantité d'urine
rejetée. Les modifications de l'urine sécrétée sont caracté-
ristiques.
La quantité augmente graduellement : le poli/itrie devient
très manifeste, quoiqu'il soit généralement difficile de
suivre ses oscillations quotidiennes. L'urine est pâle, de
faible densité: son poids spécifique peut osciller entre 1010
et 1032 fZimmermann': son point de congélation ou point
cryoscopique tend à se rapprocher du 0: l'albuminurie est
habituelle, mais d'intensité très vanable: la quantité
d'albumine qu'on y trouve est d'autant plus faible que la
néphrite interstitielle est plus avancée ; elle est d'autant
plus considérable que l'inflammation épithéliale dégéné-
rative est plus prononcée. Ordinairement, la proportion
d'albumine ne dépasse pas 1 p. 100. Il y a en même temps
diminution de l'urée, de l'acide urique, des matières
extractives. Parfois l'urine est graisseuse et ressemble à
du lait aqueux Regenbogen). L'examen microscopique du
sédiment que l'urine déposée laisse au fond d'un verre
conique se compose de globules blancs, de débris épithé-
liaux, de détritus amorphes et de cylindres fig. 22) . Ces
derniers permettent de vérifier les lésions rénales sur le
vivant; ils sont épithéliaux. hyalins, amorphes ou granu-
leux. Leur persistance indique la persistance de l'inflam-
mation ; leur augmentation de nombre dénonce l'aggra-
vation du mal. La palpation du rein décèle quelquefois
l'hypertrophie de ces organes: on peut constater leur
atrophie ou leur inégalité de volume.
En même temps, se développe une hijpertrophie
cardiaque caractérisée par des battements énergiques qui
140 UEINS.
rhianlenl toute la poitrine, ainsi que [lar la sonorité et la
dureté du premier bruit; les artères sont dures, roulent
sous le doigt; le pouls est plein et dur; il se produit quel-
(juefois des hémorragies rétiniennes entraînant la cécité et
des épisfaxis légères (Ilébrant et Antoine).
La respiration est précipitée. dilTicile et finalement
asthmatique (LiénauxV
Fig. 2i. — Néphrite chronique. Chien. Cylo-exanien de l'urine. Cylindres
colloïdes et granuleux. Rares cellules épithéliales urinaires. Fort grossis-
sement (Roquet). >
Los tedèmcs sont fréquents; ils apjiaraissent quelquefois
brusquement dès le début et olVrcnt des loealisations
diverses; ils envahissent le fourreau, les membres posté-
rieurs ou plus particulièrement la tête et le cou, qui devien-
nent monstrueux; parfois c'est une anasarque généralisée
accompagnée bienlùl d'ascite. d'hydrothorax, qui s'exa-
gèrent quand le cœur vient h faiblir. Ces œdèmes peuvent
rétrograder et disparaître très raftidcmenl. comme ils sont
XKPH RITES CHRONIQUES.
141
vomis, pendant les premières périodes de la maladie ; ils
persistent et s'accentuent dans les dernières périodes quand
l'affection rénale s'est compliquée d'asystolie. Des truubles
respiratoires dyspnéiques, d'oi'igine urémique. reviennent
par accès et s'ajoutent à la gène mécanique ou fonction-
nelle déterminée par l'œdème pulmonaire et l'hydro-
thorax.
L'anorexie, les vomissements, la constipation, la poly-
dipsie constituent une forme d'urémie gastro-intestinale
aggravée par l'ascite et les altérations hépatiques.
Parfois même l'urémie s'accuse par des troubles nerveux :
soubresauts, crampes, crises éclamptiques iLiénaux . Ces
animaux émaciés. étiques. à peau sèche et à poils piqués,
succombent au bout d'un temps variable. L'cvolulion de ces
néphrites embrasse souvent plusieurs années ; elle est par-
ticulièrement longue chez le cJiat. Ni les symptômes ni
même les lésions ne permettent d'apprécier exactement
leur ancienneté. Cette maladie incurable conduit inévita-
blement à la consomption.
Anatomie pathologique. — Les lésions des néphrites chro-
niques du chien sont gé-
néralement celles de la
néphrite interstitielle ou
atrophique. Les reins du
chien ont un volume nor-
mal ou inférieur à la
normale, une coloration
rougeàtre, jaunâtre chez
le chat, une surface bos-
selée , une consistance
ferme, un aspect ficelé
(fig. 23 . La capsule
rénale est épaissie et fortement adhérente à la couche
corticale. Sur une section longitudinale du rein, on constate
l'existence de travées fibreuses partant de la surface et
venant se perdre au niveau du hiJe. C'est la substance
Fig. 23. — Atrophie très avancée cTiez
un chien de 25 kilogrammes (d'après
Porcher).
142
REINS.
corliralo (711! ost lo plus nialadi'; la coucho nn'diillairo n'est
cependant pas indemne : elle est strii-e longiliidinalenieni
ou présente des taches disséniim-es (ras|)ect nodidaii-e. Aii
Fig. 2i.
Néphrite chronicjiie. petit rein l)lanc (rhat).
i, capsule fibreuse sclérosée ; 2, glomérule hypertrophié; 3, corpuscules
de Malpighi sclùreux ; 3, capsule de Bownian épaissie; 4, cylindre col
loïde ; 5, tube urinifère; 6, charpente du rein hyperi)lasiée ; 7, début de la
transformation kystique d'un tube urinifère (Bail).
niveau de la voûte vasculaire, la sclérose est très manifeste.
A l'examen microseopi(iue, le système artériel se montre
profondément altéré, surtout dans ses petits vaisseaux, qui
NEPHRITES CMROMQUES.
143
sont alleinls dendartérite et de périartérite. Les toutes
petites artères sont obstruées. Les glon^érules atteints sont
ceux dont l'artère afférente est malade ou obstruée;
certains sont réduits à un petit noyau fibreux. Jamais de
masses colloïdes dans la capsule de Bowman. Quelquefois.
on observe la dilatation de la capsule et l'atrophie du
bouquet glomérulaire flg. 24).
De petits kystes à contenu clair et limpide existent
-^ - ■•■'■.-<u-
ig- iô. — Dilatations pseudo-kystiques moniliformes par rétraction fibreuse
périphérique (d'après Porcher).
B, glomérule ; C, toljes avec épaississement de la basale.
fréquemment dans l'épaisseur de la couche corticale: ils
résultent d'une dilatation de tubes urinifères étouffés sur
leur trajet par le tissu de sclérose (fig. 25).
L'épithéliumdes tubes, à peine altéré dansles tubes droits,
présente ses premières lésions dans \e?,ti(biiliconto)'ti. Les
cellules sont un peu gonflées, très granuleuses, quelquefois
détachi'cs de la paroi. Dansles tubes les plus altérés, il n'y
a plus d'épithélium; le tube, gonflé, vésiculeux en certains
144 REINS.
endroits, est lolalemenl rempli de matières eolloïdes.
La réaction de sclérose caractéristique de toutes les
néphrites chronicpjes prolongées peut s'acconiftagner d'hy-
pertrophie ronipensatrici' dénoncée par des granulations
de volume variable roriimiil (piclquefois des saillies hémi-
sphériques ou aplaties : ce sont les granulations de Bright
qui donnent à la surface du rein un aspect tourmenté
rappelant légèrement l'aspect descirconvolutionsetscissures
d'un hémisphère céréhral. Sur la coupe, la couche corti-
cale ofTre une teinte bigarrée, semée de taches opaques,
jaunâtres ou saumonées sur fond grisAtre ou lilas. Cette
hypertrophie compensatrice s'opère dans toutes les né-
phrites parcellaires: elle prolonge la résistance du sujet :
la quantité de parencliyme r.'nal. nécessaire à la vie.
est d'environ 1er, 50 ^[(, parencliyme sécrétant par kilo-
gramme de substance animale à dépurer (Tuflier/. Chaque
foisque, dansune néphrite, ily a des parties indemnes, — et
ce fait s'observe même dans les néphrites toxiques. — il se
produit, à ce niveau, des granulations de IJright caractérisées
par une dilatation de la lumière des tubes contournés, l'hy-
pert rojdiie de cesglomérules et de leur bouquet gloméridaire.
Traitement. — 11 est indiqué de mettre les animaux
au régime lacté. (|uon additionne d'une petite quan-
tité d'eau de Vichy. S'il survient une amélioration, on
peut ajouter à l'alimentation des o'ufs, des légumes, de la
viande blanche. Les diuri'tiques (tisane de chiendent, 1 à
À grammes de bicarbonate de soude additionné d'un quart
d'eau de Vichy) sont donnés en boissons. L'iodure de
sodium (-40 à 50 centigrammes), administré d'une manière
intermittente, convient pour combattre la sch'-rose rénale,
pourvu que l'albuminurie soit peu manpiée.
Les accidents dyspnéicpies sont combattus par les injec-
tions sous-cutanées de morphine, la faiblesse du cœur par
le café, la caféine, lateinture de digitale (I à X gouttes).
L'opothérapie n'a donné aucun n'-sultal dans la néphrite
interstitielle du chien (liisanli, 1*J04).
HYDRONÉPHROSES. 145
Ces animaux intoxiqués supportent difficilement la
moindre opération (Hébrant et Antoine).
V. — OISEAUX.
Étiologie. — Lésions. — Chez les oiseaux, l'acide urique,
formé en quantité considérable, engendre à la fois la goutte
et la néphrite chronique. Les diverses infections si
communes chez ces animaux expliquent la fréquence de
ces inflammations(Larcher, Semmer, Zurn, Siedamgrotzky,
Rivolta. etc.). On l'observe chez les poulets comme chez les
adultes.
Les reins doublent ou triplent de volume ; ils offrent une
coloration gris jaune et une consistance assez ferme due
à la végétation du tissu cellulaire interstitiel et à la dégé-
nérescence de l'épithélium des tubes urinifères.
Traitement. — Cette maladie n'étant pas soupçonnée
ne peut guère être ni prévenue ni combattue.
VI. — HYDRONÉPHROSES.
Définition. — Sous le nom (ï/iydwnéphrose ou d'uroné-
phrose, on désigne la distension du bassinet et du rein par
l'urine aseptique. Quand cette rétention se complique
d'infection, elle porte le nom d'uropyonéphrose.
L'oblitération partielle de l'uretère est la condition
dominante de la rétention de l'urine et de l'hydronéphrose.
L'oblitération totale, comme celle qui succède à la ligature
brusque d'un uretère, produit l'atrophie de l'organe et
non l'hydronéphrose. Celte lésion résulte donc d'un obstacle
dans le cours normal de l'urine qui garde un écoulement
partiel. Sous l'influence de la rétention progressive de
l'urine, le bassinet et les calices se dilatent; la pointe des
pyramides s'aplatit; dos cavités se forment par distension
des calices et refoulerni ni du parenchyme^ qui subit une
atrophie scléreuse d'aulant plus prononcée que l'occlusion
C.\DÉAC. — Pathologie interne. Vil. 9
146 lŒlNS.
de ruretùre est plus coinplèlc. Sinon, les pOL-hcs formées
par les calices dilatés se fusionnent en une poche pyélo-
rénale, peu cloisonnée, et d'autant plus régulièrement
dilatée qu'elle est plus volumineuse. La i»orliou obstruée
de l'uretère alleint quelquefois les dimensions du bras; le
rein acquiert un volume double ou triple et devient kystique.
Cette transformation, fréquente chez les bovidés et
chez le porc, ne s'observe presipiejamais chez le cheval, le
cliien ou le cliiit; elle est même très rare chez le mouton
si on ne fait pas entrer en ligne de compte les cas où
riivdronéphrose complique la gravelle. La fréquence d'un
accident purement mécanique chez certaines espèces
animales, sa rareté et son absence chez d'autres impliquent
forcément l'intervention de causes anatomiques spéciales
chez les animaux comme le hœul'vi \e porc, qui sont tribu-
taires de riivflronéphrose. Il faut d'ailleurs reconnaitieque,
parmi les observations classées parmi l'hjdronéphrose, il
y en a beaucoup qui appartiennent à la pyélo-néphrose ou
à la pyonéplirose primitive. C'est que le rein, distendu par
l'urine stagnante, constitue un excellent bouillon pour les
microbes. L'hydronéphrose des solijirdes se transforme
généralement ainsi en pyonéphrose (Voy. PytHoncphritc).
I. — SOLIPÈDES.
Étiologie. — Chez les er////(/es. lliydronéphrosc (1) peut
succéder à la lithiase vésicale ou rénale, au rétrécissement
du col de la vessie par des tumeurs développées dans les
organes voisins (prostate, utérus, ovaire, vessie) (2). L'urété-
rite, la dis|)osition anormale de lext rémité vésicale de
luretère s'ouvrant perpendic-ulairement dans la vessie
[Mongiardino (3)], sont les principales causes de cette dila-
(1) Basset, Hydioru'iihiose calciilousc chez un cheval (Kevue yen., 19u3,
t. I, p. se;!).
(i) Bnrrier, Lithiase rénale et hydronéphrose (Soc. centrale, 1906, p. 683).
(3) Mongiardino, Jouru. de Lyon, 1901, p. 357.
HYDRONEPHROSES.
147
talion mécanique (fig. 26). Une rétention urinaire com-
plète accompagnée d'accidents urémiques peut résulter
d'une concrétion b
sébacée logée dans
le sinus urétral
[Rohr (1)].
II. — BOVIDÉS.
Étiologie. — La
stagnation de
l'urine dans le bas-
sinet et les calices
provient d'un obs-
tacle siégeant en
dehors de l'uretère,
dans sa paroi ou
dans la lumière du
canal.
rt. Les agents de
compression exté-
rieure sont les tu-
meurs abdominales
ou pelviennes, les
néoplasmes de la
vessie, de la pros-
tate, de l'utérus,
des ovaires, les
masses ganglion- Fig. 26. — h jdronéphrose du rem gauche atrophié
" naires hypertro- ^^«c "•"^'ère dilaté.
phiées par infec- b, rein droit dilaté (d'après Basset).
tion tuberculeuse
ou lymphosarcomatose, et le rumen distendu par les ali-
ments. Cet organe peut comprimer le rein gauche, l'iu'etère
(1) Rohr, Journ. des vét. milit., 1906, p. 331.
148 REINS.
de ce côté ou tout au moins produire une inflexion de ce
canal (Breuer).
6. La jmroi elle-même peut présenter des obstacles
produits par des rétrécissements, des inflexions, des dépla-
cements, des malformations des uretères ou même du
bassinet qui s'opposent d'une manière permanente ou
intermittente au libre écoulement de l'urine.
c. La lumière du canal peut être obstruée par des calculs,
des caillots sanguins, des exsudais inflammatoires, des
tumeurs vésioales (Cadiot), les végétations de la cystite
hémorragique. Cette oblitération partielle de l'embou-
chure de l'uretère dans la vessie est tantôt congénitale (1),
tantôt acquise. L'hjdronéphrose est ordinairement unila-
térale, mais elle peut être double.
Symptômes. — L'hydronéphrose n'est ordinairement
dénoncée par aucun signe particulier ; l'hypertrophie com-
pensatrice du rein sain assure l'écoulement régulier de
l'urine. Presque toujours, l'hydronéphrose unilatérale est,
chez le bœuf, une trouvaille d'anfopsie. On ne la reconnaît
sur le vivant que lorsque la tumeur formée par le rein
kystique vient faire saillie sous la peau au niveau du flanc
gauche et donne à la palpât ion la sensation d'une tumeur
fluctuante et non douloureuse. L'exploration rectale
fournit des renseignements encore plus précis ; elle permet
de sentir l'uretère, dont la grosseur atteint presque celle
du bras ; elle met îiussi en évidence la surface anfractueuse
et lobulée du rein hypertrophié. Q'iand l'hydronéphrose
est bilati'ralo, les troubles urinaires appara ssent rapide-
ment ; ils consistent dans une diminution rapide de la (]uan-
tité des urines, puis dans une anurie continue ou intermit-
tente, qui précède elle-même les accidents urémiques.
L'évolution de l'hydronéphrose unilatérale est essentiel-
lement chronique et con)patibIe avecune bonnesanté. tant
(pTelle ne se complique pas do pyoncphrose.
(I) L'hydronéphrose est quelquefois d'origine congénita e chez le mouton.
Morot l'a observée chez un agneau Agé d un mois.
HYDRONÉPHROSES. 149
Lésions. — On constate une disproportion très grande
entre le rein sain et le rein malade. Ce dernier constitue
une grosse masse lobulée, blanchâtre, transparente, pos-
sédant autant de culs-de-sac que de lobules. Chacun d'eux
est très hypertrophié, lisse, hémisphérique, fluctuant. Le
rein malade présente une longueur de 50 centimètres et
une largeur de 35 centimètres (Kitt, Pourquier, Eloire), et
renferme de 10 à 20 litres de liquide composé d'urine
hydratée, toujours moins riche en principes extractifs et
en sédiments que l'urine sécrétée par le rein sain.
Sectionné longitudinalement, le parenchyme est atrophié,
creusé de poches répondant à chaque lobule. La substance
médullaire a plus ou moins complètement disparu; à sa
place, on trouve une cavité semi-limaire en communica-
tion avec d'autres. Le bassinet est dilaté: sa paroi, épaissie,
peut avoir de 1 à 2 centimètres de diamètre (Kitt).
L'uretère qui lui fait suite forme un cordon volumineux,
de 16 à 25 centimètres de diamètre, noyé dans le tissu
conjonctif infiltré de la région sous-lombaire. Quand les
lésions rénales sont moins avancées, le bassinet et les
calices sont plus ou moins dilatés, mais la substance rénale
est encore reconnaissable à l'œil nu, et l'abouchement de
l'uretère dans le bassinet offre une disposition ampullaire.
Traitement. — L'hydronéphi-ose unilatérale n'est géné-
ralement pas soupçonnée, de sorte qu'on ne peut instituer
aucun traitement. Quand elle attire l'attention par son
volume considérable, la néphrectomie peut être tentée;
elle a d'autant plus de chances de réussir que l'autre rein
est entièrement sain.
III. — PORC.
Étiologie. — L'hydronéphrose est une maladie com-
mune chez le porc. Lucks l'a observée 43 fois sur
6 425 porcs qu'il a examinés ; elle est trois fois plus fré-
quente chez les femelles que chez les mâles en raison des
150 REINS.
prossions exerrôos sur la vossio par riili'rus gravide. Elle
résulte gônéralomeni d'un vice de eonforniation île l'cxlré-
mité terminale de l'uretère. Tantôt un faisceau musculaire
de la paroi de la vessie enlace ce conduit et y détermine
une sorte de valvule qui engendre la stagnation perma-
nente de l'urine ; tantôt l'un de ces canaux dcbouche
dans le réservoir vésical, plus près de son exln-initt' pos-
térieure, et efîectue entre la musculeuseetla muqueuse un
trajet sinueux de plusieurs centimètres. Lhydronéphrose
existe toujours de ce côté ; l'élongation éprouvée par cet
uretère sous l'influence des tiraillements diminue son
calibre et facilile son occlusion (LuiUs) (Ij.
D'autre part, le rétrécissement congénital des uretères
à leur insertion sur la vessie (Lavezzari), la compression
d'un uretère par l'utérus, la hernie périnéale de la vessie
(Villemin) sont des causes d'hydronéphrose (2).
La vessie elle-même engendre cet accident. Si-
tuée tout entière dans la cavité abdominale, la vessie
du povc est proportionnellement beaucoup plus grosse
que celle des autres espèces ; elle est suspendue au bout
d'un col très long qui appuie sur le bord du bassin et est
susceptible de mouvements de (b'placement d'autant plus
étendus qu'elle ne remonte |»as dans la cavité pelvienne.
Les ligaments qui la tixent sont d'ailleurs très lAches. de
telle sorte qu'au lieu d'avoir une position horizontale dans
la cavité abdominale, elle s'appuie sur le plan incliné des
parois ventrales inféi'icures. Les tiraillements que supporte
le col comprimé sur le bord du ])ul)is par le fait du poids
de l'organe et des déplacements latéraux sont la principale
cause de l'hydronéphrose double.
Consécutivement à cette ptôse, il se produit un arrêt
périodique dans l'écoulement de l'urine. Ces diverses
conditions anatimiiques expliquent la fréqueme de l'iiydro-
(1) Lucks, Mo»fitssr/tr. fiir Tierhpil., 1905.
(i) Villemin. yoi</v(. de Lyon, 1903.
HYDRONÉPH ROSES. 151
néphrose chez le porc (Roll, Busch, Lorge, Soula, Ehlers,
Coreman, Kitt).
Symptômes. — L'hypertrophie du rein hydropique peut
augmenter considérablement le volume du ventre, qui
arrive presque ;i toucher le sol, comme dans l'ascite : la
démarche de l'animal est pénible, lourde: il prend souvent
la position du cliien assis (Richter), et l'on constate de la
polydipsie (Ehlei's).
La palpât ion du flanc met en évidence la fluctuation
de la tumeur, et la ponction est suivie de l'écoulement
d'un liquide urineux limpide.
Dans la plupart des cas, l'hjdronéphrose ne provoque
aucun trouble particulier ; elle est compatible avec l'engrais-
sement, et cette lésion constitue généralement une surprise
d'autopsie.
L'hjdronéphrose bilatérale peut évoluer et atteindre un
degré très avancé sans déterminer d'urémie moi'telle
(Soula).
Lésions. — Le rein malade est représenté par une
poche volumineuse, diverticulée et remplie de liquide dont
le poids peut atteindre 42 kilos (Richter). Cette poche
aréolaire présente, çà et là, quelques îlots de substance
rénale quelquefois réduite à une petite masse réléguée au
hile.La face interne de la cavité est d'un blanc nacré; ony
remarque des brides tibreuses disposées transversalement.
Habituellement unilatérale, elle est quelquefois bilatérale
[Squadrini (11].
Traitement. — On n'a ordinairement pas l'occasion
d'instituer un traitement.
IV. — CHIEN.
Étiologie. — L'hypertrophie de la prostate est la prin-
cipale cause d'hydronéphrose chez le c/i/eH(Liénaux,1896;
(1) Squadrini, Hydronèphrose chez la truie {Revue gén., 1908).
152 REINS.
Leigton, 1903). Le rétrécissement, loLliléralion pro-
gressive des uretères par iirélérite (1) sont, exceptionnel-
lement, des causes de rétention urinaire simple et de
dilatation mécanique du rein.
Les tinneurs de la vessie peuvent envahir successivement
les orifices desdfux uretères et d('terminer leur obstruction
[SufFran et Daille, 1905 ; Huynen (2)]. Les autres
obstacles à l'écoulement de l'urine (coudure de l'uretère
dans le rein mobile, calculs, hernie périnéale de la vessie)
sont très rarement, chez le chion, des causes dhydroné-
phrose iiT.
Symptômes. — Ils n'ont généralement rien de caracté-
ristique : ils traliissent habituellement la difficulté de
l'expulsion de l'urinesans faire sou[)çonnerrhy(lronéphrose,
qui en est la conséquence exceptionnelle.
Les mictions sont fré(iuentes et douloureuses : le sujet
se campe, agite la queue, conserve deux à trois minutes
cette attitude, redouble ses efforts, vousse le dos, contracte
les muscles abdominaux et ne réussit à rejeter qu'une
faible quantité d'urine, qui s'écoule quelquefois goutte à
goutte.
Le catliétérisme de Vurètrc dénonce la pernK'ubilité fiar-
faitedececanal. L'examen de l'urine peut révéler l'infection
de la vessie et l'intégrité du rein : l'urine est albumineuse,
foncée, et renferme des globules rouges, des leucocytes,
des cellules de la vessie quand il y a cystite simple ou
cystite cancéreuse ; elle est dépoiu'vue de cellules rénales
et de cylindres, si les reins sont indemnes.
Le toucher rectal fait percevoir l'état de la prostate si
souvent hypertrophiée chez les vieux cliiens.
La palpalion abdominale, vers le détroit antérieur du
bassin, renseigne sur l'état de la vessie et permet de
dépister les tumeurs et les dilatations de cet organe, qui
(1) Suffi-an el Daille, Jieviie vét., 1905, p. Cli.
(2) Huynen, Atui. de méd. vét., 1912, p. 208.
(3) B&\\,Journ. de Lyon, 1903.
HYDRONÉPHROSES.
153
atteint quelquefois le volume d'une tête d'enfant et remplit
presque entièrement la cavité abdominale. Ce même mode
c '
Fig. 27. — Hydronéphrose du rein droit avec dilatatioa de l'uretère,
(d'après Huynen).
b, tumeur de la vessie; L. lumière de la vessie; P, prostate; c, canaux
déférents.
d'exploration, appliqué à la partie supérieure du ventre,
peut faire découvrir le rein distendu et flottant.
Le pronostic est d'autant plus grave que la plupart
des cas d'hydronéphrose sont consécutifs au cancer de la
vessie.
9.
154 REINS.
Lésions. — Le rein atteint d'hydronéphrose est augmenté
de volume, déformé ; il forme une tumeur molle et
fluctuante de la grosseur des deux poings, flottant au milieu
de la masse intestinale ; grAce à une distension excessive
de ses moyens d'attache, il renferme ime urine d'attache
claire et normale (fig. 27).
Ce caractère a été exceptionnellement constaté chez le
chien ; le bassinet et les dilatations de cet organe sont
généralement remplis d'un li(iuido trouble. gluant, jauniitre,
caractéristique d'une infection pyogènc: il y a dans tous
ces cas pyonéphrose et non hydronéphrose. Cette alté-
ration mécanique pure est une rareté chez les carnivores.
Le parenchyme rénal, presque complètement disparu,
ne forme plus qu'ime couche mince ayant seulement
quelques millimètres d'épaisseur (Daille et SufTran).
Les uretères sont considi-rablement dilatés par l'urine,
surtout à leur origine dans le bassinet rénal, où ils s'élar-
gissent en forme d'entonnoir.
Diagnostic. — La palpât ion alxiominale permet de
reconnaître l'hypertrophie du rein atteint d'hydronéphrose ;
l'absence de lièvre différencie l'hydronéphrose de la pyo-
néphrose, qui a été souvent confondue avec une simple
rétention urinaire(l).
La limpidité de l'urine rejetée quand la vessie n'est pas
atteinte de cyslile ou de cancer et les caractères normaux
<le celle qu'on retire du bassinet permettent lic distinguer
rhydroné|)hrose delà pyonéphrose.
Traitement. — 11 faut s'elTorcer de supprimer les causes
de rétention urinaire. Les calculs de l'urètre et de la
vessie sont extraits, mais on est généralement désarmé
contre les cancers de la vessie.
(1) Aliny, Société rentrale,'.iO décembre 1897; il s'agissait de pyonéphrose
consécutive à l'obstruction de l'uretère.
REIN POLYKYSTIQUE.
155
VII. — REIN POLYKYSTIQUE.
Définition. — Sous le nom de rein polykystique, de
dégénérescence kystique du rein, on désigne une maladie
congénitale ou ac-
quise caractérisée
par la transforma-
tion générale de
l'organe en un
amas de cavités
kystiques qui lui
donnent l'aspect
d'une grappe volu-
mineuse. Dévelop-
pés en plein paren-
chyme, ces kystes
se distinguent ainsi
de l'hydroné-
phrose. C'est une
affection presque
toujours bilatérale
et qui s'accom-
pagne assez fré-
quemment, princi-
palement chez
Y homme (Collet),
le chien (Roquet), lâchât [BoW) (1). et probablement aussi
chez les autres espèces, d'une lésion analogue du foie. On
l'observe fréquemment chez les ruminants et les porcins,
rarement chez le rhoval. plus souvent chez \'àne (fig. 28).
Kystes de la néphrite interstitielle. — Assurément
les petits kystes médullaires qu'on rencontre dans les reins
f:aVî/é-Li
Fig. :!5. — Rein polykystique de l'dne.
Un kyste apparaît limité par une membrane
fibreuse et contient un exsudât a:ranuleux.
(1) Bail, Dégénérescence kystique des reins, du foie et des ovaires (Journ.
de Lyon, 1911, p. 405).
156 REINS.
atteints de néphrite atrophique lente doivent en être soi-
gneusement distingués; ils sont disséminés sous la capsule
et résultent évidemment de la rétro-dilatation des tubes
urinifères en amont d'un point comprimé par la sclérose
interstitielle: (iQ%i\epetitreinscléro-kystique,(\\x'on observe
principalement chez le chien.
Les kystes sous-capsulaires sont généralement peu nom-
breux (une quinzaine tout au plus); ils ne dépassent pas
le volume d'un petit pois et ne se développent que dans
les reins chroniquement enflammés; ils sont généralement
déchirés ou détachés au moment de l'enlèvement de la
capsule (1).
Kystes séreux. — Les kystes séreux développés dans
un tissu rénal sain constituent des masses de volume
variable, tantôt petites et multiples, tantôt volumineuses
et uniques, à paroi lisse et mince et à contenu citrin
devenant parfois hématique. Les reins qui en sont affectés
ne présentent aucune lésion, sauf une légère zone sclé-
reuse tout autour de la production pathologique. Ces
kystes, qu'on a différenciés jusqu'à présent du reinpolykys-
tiqve ont avec lui d'étroites analogies étiologiques, anato-
luiques, sjmptomatiques et évolutives (2).
Étiologie. — Le rein polykystique se rencontre chez
tous les animaux à deux périodes de la vie: à la naissance
et dans les premiers tenq)s de la vie {vocUi, agneau, por-
celet, poulain) et chez l'adulte [chien, chat, et toutes les
espèces domestiques). En dehors de l'âge, les conditions
étiologiques de cette altération sont totalement inconnues.
Anatomie pathologique. — Cette affection, ordinaire-
ment bilatérale, se traduit chez la plupart des animaux par
une augmentation de volume des reins qui sont souvent
énormes: le rein devea^i qui vient de naître pèse quelque-
(1) Basset et Chaussé, Ktude sur les kystes du rein (Revue génér., t. I,
1906, p. 465).
(2) Bail, Cas exceptionnel des kystes ovariques cl rénaux chez \xw dnvsse
[Journ. de Lyon, 1899).
REIN POLYKYSTIQFE.
157
fois 2''«,300 (Arloing) ; ceux du fœtus de brebis, de truie,
méritent bien l'appellation de gros reins polykystiques
(Moi'ot) ; celui du c/i/e/i adulte présente son volume normal
et est souvent plus petit (Basset et Chaussé) ; le rein de
porc adulte peut peser 3''b,500 (Thirion) (1).
La forme générale de l'organe est conservée; mais sa
surface est irrégulière,
bosselée par une série
de saillies hémisphé-
riques de volume va-
riable à parois lisses,
miroitantes, donnant, à
la palpation, la sensa-
tion do vésicules à con-
tenu liquide. Les kystes
sont d'autant plus nom-
breux qu'ils sont moins
volumineux : on peut
en compter une cen-
taine, mais quelquefois
il n'y a que quelques
exemplaires de gran-
deur inégale (fig. 29).
La coupe de l'organe
accuse la disparition du
parenchyme rénal ; il est remplacé par des cavités de
toutes dimensions, des multitudes d'aréoles sphéroïdales
qui se compriment les unes les autres, tout en conservant
leur indépendance réciproque ; on peut cependant cons-
tater des communications dues à des cloisonnements in-
complets.
Les cloisons sont minces et transparentes ; il n'existe
souvent entre elles aucune trace, visible à l'œil nu, de
substance rénale.
(1) Thirion, Kyste sous-capsulaire du rein chez le pore {Recueil de méd.,
1907, p. 249).
Fig. 29. — Rein polykyslique du chat.
Les kystes sont situés dans la substance
corticale du rein et renferment des granu-
lations albuminoïdes.
158 REINS.
Chez la plupart des animaux comme chez ï homme, la
substance corticale a complètement disparu ; chez le chien,
elle persiste souvent ; les kystes, localisés à la substance
médullaire, donnent à celle-ci l'aspect d'une éponge ; les
plus gros siègent généralement à la base des pyramides
de Malpighi, les plus petits dans le voisinage du bassinet
(Basset).
Le contenu des kystes est très variable d'aspect d'une
cavité à l'autre ; tantôt fluide, séreux, citrin, tantôt
gélatineux, colloïde, rougeâtre. ou ambré, répandant une
odeur urineuse (1), quoique l'analyse chimique démontre
qu'il est assez différent de l'urine; il est généralement
albumineux, et parfois il subit la transformation purulente
par infection secondaire.
Il n'est i)as rare de constater, en même temps, des mal-
formations du bassinet, des uretères, et de rencontrer,
aussi bien chez l'adulte que chez le fœtus, des kystes ana-
logues dans le foie, les ovaires, dans le corps thyroïde et
même dans la rate.
Les cavités kystiques sont formées par une paroi con-
jonctive tapissée d'un épithéliuin simple ou stratifié; les
cellules qui le composent sont cubiques ou polyédriques, à
noyau volumineux, ovoïde ou arrondi; les cellules super-
ficielles, très généralement hautes et cylindritpies, offrent
parfois tous les caractères des cellides ciliées ; des végéta-
tions papilliformes font souvent saillie ilans l'intérieur des
cavités comme dans les fibro-adénomes kystiques de la
mamelle.
Entre les kystes, le tissu rénal, étouffé par la sclérose,
peut avoir complètement disparu, il peut être simplement
comprim('' ; mais, parfois, il a gardé son inlégriti- parfaite
sans aucune prolifération de son tissu interstitiel; la sclé-
rose manque autour des petits kystes; elle est marquée et
plus nettement fibreuse auloiu' des grands kystes.
(1) .Moi'cl et Vieilluril, Rein polykystir|uc cliez un ««e {Revue vét., 1909).
REIN POLYKYSTIQUE. 159
Pathogénie. — a. Théorie inflammatoire. — Les tubes uri-
nifères sont l'origine des kystes; les cavités glomérulaires
ne prennent qu'une faible part à la dilatation. Chezl'/wm-
7«e,les tnbuli contovti sont considérés comme étant leur
point de départ; chez le chien et peut-être aussi chez le
cheval, ils se développent aux dépens des tubes collec-
teurs. L'épithélium du canal prolifère se stratifié pendant
que le conjonctif bourgeonne et fait subir à la lumière du
tube des constrictions latérales d'où résulte un tube à appa-
rence moniliforme ; puis les étranglements se complètent
et le chapelet s'égrène ; les grains isolés forment des
kystes (Basset). Cette théorie de la néphrite scléreuse ne
paraît pas s'appliquer au rein polykystique congénital,
dépourvu de lésions de néphrite interstitielle ; d'autre
part, elle explique encore moins la coexistence fréquente
chez l'adulte comme chez le fœtus, des mêmes kystes
dans le foie. On ne peut d'ailleurs s'empêcher de
reconnaître qu'il existe une dissemblance frappante
entre l'aspect du rein polykystique du veau, de l'a-
gneaii, du porcelet, et celui des reins scléreux du chien
parsemés de quelques kystes. La sclérose dans le rein
polykystique est toujours confinée au pourtour des grands
kystes et fait défaut autour des petits, de sorte qu'on peut
considérer la sclérose périkystique non comme initiale,
mais comme secondaire.
b. Théorie de l'adénome. — La prolifération épithéliale
observée dans le rein polykystique étant assimilée à celle
qu'on rencontre dans les processus adénomateux et par-
ticulièrement dans l'épithélioma mucoïde, on a pu penser
que les kystes dérivent d'un processus analogue ; mais de
nombreux arguments s'élèvent contre cette manière de
voir.
La néoformation épithéliale se borne à tapisser les
cavités kystiques; elle ne devient jamais infectante, et on
n'observe jamais ni envahissement ganglionnaire, ni méta-
stase ; les kystes qui se développent dans le foie résultent
160 REINS.
du même processus évolutif et non d'une localisation.
c. Théorie TÉRATOLOGiQUE. — Le rein polykystique est une
malformation congénitale due à une oblitération destubes
par atrésie papillaire ou à un défaut d'abouchement des
tubes supi'i'ieurs avec les tubes inférieurs. La rétention des
produits de sécrétion amène la dilatation kystique. Cette
théorie explique la pathogénie du rein polj kystique des
fœtus ou des jeunes animaux : elle permet de concevoir
la coexistence de pareilles altérations dans le foie; elle est
moins solidement étayée quand il s'agit d'interpréter les
kystes des uniinanx adultes ou âgés. Pourtant on sait que
les kystes salivaires d'origine congénitale et bien d'autres
affections de même origine demeurent longtemps à l'état
de germe inclus pour évoluer tardivement.
Symptômes. — Les symptômes font géiféralement
défaut; la mort peut survenir par urémie comateuse sans
qu'on ait même soui^çonné l'exislence d'une aiTection
rénale.
L'exploration des reins par le rectum permettrait de
constater une tumeur rénale bilatérale, ferme, rénitente,
mobile ou ballottante, indolore à la pression: mais on ne
songe pas à la pratiquer.
Traitement. — Le rein polykyslique n'est pas une
lésion ayant quelque chance d'être dépistée; on ne peut
d'ailleurs la combattre: tout traitement est inutile.
VIIL — PyKLONf:i'lI RITES KT PY()M':Pri ROSES.
Considérations générales. — La pyclite est l'inllam-
mation du bassinet ; elle s'associe ordinairement à l'in-
flammation du parenchyme rénal : c'est alors la pijélo-
néphrite. Si la rétention vient s'ajouter à l'infection, des
collections purulentes se forment aux dépens du bassinet
et des calices dilatés : c'est lapyoncphrose. Ces altérations
sont d'autant plus fréquentes chez certaines espèces que le
rein est menacé par deux voies : les microbes peuvent y
PYÉLONÉPHRITES ET PYONÉPHROSES,
161
parvenir : 1° par la voie descendante ou hématogène, c'est-à-
dire en abordant le parenchyme par l'intermédiaire de
la circulation sanguine ; c'est la voie dominante, presque
exclusive, chez les solipèdes, très exposés aux infections
pjcr. 30. — Schéma de l'infection ascendante et descendante.
septicémiques qui produisent les abcès du rein et les
pyélonéphrites suppurées ; 2° par la voie ascendante ou
urinaire, commençant par une infection génitale ou urinaire
qui gagne l'urètre, la vessie, et se propage au rein par la
voie canaliculaire ascendante, à la faveur de la rétention
vésicale qui affaiblit le courant de l'urine dans l'uretère,
amène la stase urétérale et parfois même crée un reflux
vers le bassinet et les tubes urinifères (fig. 30). La
162 REIXS.
pyélonéphrite ascendante et la pyélonéphrite liématogène
se disputent la prééminenfe chez les hovidès, qui sont
ainsi les plus sujets à cette infection ri'nale dans laquelle
s'associent trois ordres d'altérations : les abcès, la pyélite,
la pyonéphrose. Les abcès rénaux et les pyélonéphrites
suppiirécs compliquent les toxi-infections générales comme
la pyélite, la pyélonéphrite et la pyonéphrose compli-
quent les infections des voies urinaires. Si l'ordre d'appa-
rition de ces altérations est insidieux, leur origine est la
même ; elles procèdent toujours d'infections multiples,
aépourvues généralement de toute spécificité. Les liens les
plus intimes unissent les abcès du rein aux pyélonéphrites.
Tous les microbes pathogènes, qu'ils soient ou non habi-
tuellement pathogènes, peuvent provoquer des abcès du
rein et des pyélonéphrites quand ils parviennent dans cet
organe par la voie hématogène ; tous les microbes qui
remontent dans le bassinet, par stase urinaire, peuvent
déterminer de la pyélonéphrite et des abcès. Ces deux
lésions ont la même étiologie, la même pathogénie, les
mêmes manifestations cliniques, de sorte que leur sépara-
tion est purement théorique ; leur réunion dans un tableau
clinique d'ensemble nous paraît, au contraire, entière-
ment justifiée. D'autre part, désigner la pyélonéphrite des
hovidrs sous le nom de pyélonéphrite bactérienne ou de
pyélonéphrite infectieuse, c'est prétendre ou tout au
moins laisser croire que cette appellation naïve a une signi-
fication spéciale qu'elle n'a pas. L'infection est la caracté-
ristique des pyélonéphrilcs siippiii-ées de toutes les
espèces animales.
1. — SOLIPÈDES.
Étiologie. — Toutes les maladies infectieuses seplicé-
miqucs [M'uvent créer des suppurations rénales, commeelles
peuvent déterminer des néphrites. Il convient de iMter tout
particulièrement : la septicémie, la pyohémie, lendocar-
PYÉLONÉPHRITES ET PYONÉPHROSES. 163
dite, la bronchopneunionic, les pneumonies infectieuses,
la gourme avec ses diverses manifestations, telles que les
pharyngites phlegmoneuscs. la morve, la pyémie qui
succède à l'infection ombilicale.
Des septicémies compliquant des ulcérations gastro-
intestinales, des entérites chroniques (Hasmanow, Fraim-
bault) peuvent produire des abcès pyémiques du rein. Les
microbes apportés par le sang s'arrêtent dans les capil-
laires de la substance corticale (réseaux glomérulaires ou
péritubulaires), provoquent la formation d'infections qui
suppurent et se convertissent en abcès. Les microbes les
plus fréquemment en cause sont le colibacille, le strepto-
coque, le staphylocoque. La pyélonéphrite nous apparaît,
dans tous ces cas, comme une complication d"une maladie
préexistante.
L'infection ascendante est elle-même préparée ou faci-
litée par un obstacle plus ou moins complet à l'écoulement
de l'urine. Les calculs, les paralysies vésicales d'origine
médullaire, les cystites colibacillaires, les tumeurs de la
vessie, notamment le cancer de cet organe, peuvent pro-
duire la rétention de l'urine et l'infection du bassinet. Les
germes qui atteignent les tubes urinifères provoquent,
suivant leur action irritative, soit une sclérose simple avec
foyers embryonnaires sans suppuration, soit la néphrite
suppurée. Parmi eux. le bacille de la suppuration ca-
séeuse est des plus envahissant ; il revendique divers cas
de pyélonéphrite et de suppuration rénale des solipèdes
(Schmidt. Panisset et Vieillard). On a vu aussi cette
maladie compliquer, chez un étalon, un abcès para-urétral
(Hess). On observe quelquefois au Transvaal une néphrite
purulente attribuée au Bacillus uephriditis equi et qu'on
a pu reproduire expérimentalement (Meyer, 1908-1909 .
La néphrite purulente a quelquefois aussi une double
origine. Primitivement simple, d'ordre toxique, l'altération
du rein, provoquée par le sang chargé d'une substance
irritante, se complique d'une infection d'origine ascen-
164
HEIXS.
danle. Les dôsordros de la néphrite primitive facilitent la
puUulation des germes que peut contenir le bassinet.
Les trainnalismes (chutes, contusions, etc.) peuvent
localiser exceptionnellement des processus infectieux dans
les reins.
Anatomie pathologique. — Abcès miliaires. — Les em-
bolies sepli(iues provoquent des loyers suppuralifs appelés
abcès miliaires, en
raison de leur ap-
parence habituelle.
Les deux reins sont
ordinairement alté-
rés simultanément
et au même degré ;
ils sont turgescents,
violacés ou ecchy-
moses. Sous la cap-
sule et sur les cou-
pes, on aperçoit de
nombreux abcès
corticaux du vo-
lume d'un grain de
mil à celui d'im
pois, constitués au
centre par une pe-
tite quantité de pus
blanchâtre ou jau-
nâtre et. à la péri-
phérie, par une zone
congestive foncée
ou hémorragique.
Quand ces petits
abcès sont confluents, la coupe offre un aspect aréo-
laire. On peut constater, en même temps, de véritables
infections septiques (fig. 31 ;.
Les voies urinaires inférieures (bassinet, uretères) sont
Fig. 31. — Abcès miliaires dans la néphrite
embolique.
PYÉLONÉPHRITES ET PYONEPHROSES. 165
normales. Histologiquement ces abcès métastatiques sont
caractérisés par une embolie microbienne centrale avec
thrombo-capillarite infectieuse, ordinairement strepto-
coccique, diapédèse intense, dégénérescence et nécrose
des épithéliums tubulaires et congestion périphérique
marquée.
De volumineux abcès métastatiques d'origine strepto-
coccique peuvent se développer pendant la gourme et
convertir cet organe en un sac purulent énorme renfer-
mant plusieurs litres de pus (Chouard, Hasmanow, Zundel).
Le microbe de Preisz-Guinard peut déterminer une vaste
collection purulente englobant lun des reins et contenant
jusqu'à 6 litres de pus (Cocu> Les infections rénales
descendantes peuvent déterminer des abcès disséminés
irrégulièrement dans le parenchyme (néphrites diffuses
infiltrées) ou simplement des néphrites avec congestion
ecchymotiqueel lésions l'pithéliales principalement accusées
au niveau des tubes contournés.
Pyélonéphrite . — Les lésions depyélonéphrite ont deux
sources: l'infection pyogène et la distension rénale. Quand
il n'y a pas de distension, la muqueuse du bassinet est
congestionnée, tuméfiée, parsemée de points hémorragi-
ques et recouverte de sédiments urinaires d'aspect crémeux
et d'exsudats glaireux purulents. L'affection évolue lente-
ment ; les parois du bassinet sont épaissies, fibreuses et
tapissées d'un exsudât muco-purulent.
Dans les cas aigus, les reins sont congestionnés, ecchy-
moses, semés de petits abcès corticaux ou sous-
capsulaires, de stries purulentes et jaunâtres qui rayonnent
en éventail dans les pyramides. Dans les cas chroniques,
le rein est mou, grisâtre, scléreux.
Quand la distension s'ajoute à V infection, il y a. pyoné-
phrose; le rein, toujours augmenté de volume, est quelque-
fois énorme, de forme arrondie, plus ou moins globuleuse.
Sa surface est lisse, sa capsule épaissie. Sur une coupe,
le bassinet se montre largement dilaté, rempli d'un pro-
166
REINS.
(luit purulent, gluant, fétide ou inodore, dans lequel nagent
des llocons albumineux. Les pyramides sont aplaties, le
parenchyme rénal atrophié, la distinction entre les deux
couches impossible.
A Vexamen microscopique, sur des coupes longitudinales
de l'organe, parallèles à l'axe des pyramides, le tissu se
Fig. 32. — Couje iransvei;-alu des pyramides (Gross. : 70 diam.).
A, tubes collecteurs remplis de leucocytes ; B, glomérules de Malpigbi
sclérosés; C, anses de lleale (d'après Hesiioit).
montre l'orme d'alvéoles ri'iiiplis de leucocytes, séparés
par des travées conjonclives. Cet aspect particulier est la
conséquence d'une dilatation consid(''rable des tubes collec-
teurs qui sont bourrés de leucocytes (Besnoit). Dans les
pyramides de Malpighi, les tubes sont séparés par des
bandes conjonclives, leur épiihéliiim aplati, cubique. Les
anses de Henle sont atrophiées par le développement du
tissu conjonctil'. La sclérose de la substance corticale est
également très manifeste ; il n'existe que des vestiges de
tubes contournés. La capsule des glomérules est épaissie.
PYÉLONÉPHRITES ET PYONÉPHROSES. 167
fibreuse, le bouquet, vasculaire. atrophié. Beaucoup d'arté-
rioles ont disparu par sclérose (fig. 32).
Les uretères sont intacts ou lésés seulement dans leur
segment supérieur quand l'infection est descendante ou
d'origine sanguine ; la pyélite peut évoluer sans cystite.
Dans les pyélonéphrites ascendantes, les lésions uré-
térales ne peuvent manquer ; l'urétérite est l'intermé-
diaire obligé entre la pyélonéphrite et la cystite. L'uretère
dilaté forme un conduit de diamètre inégal, épaissi, rigide,
entouré d'une forte gangue scléreuse de périurétérite.
Symptômes. — Les abcès rénaux d'origine pycmique ne
s'accusent par aucune manifestation caractéristique. Les
signes de l'affection causale dominent la scène : la suppu-
ration rénale y ajoute seulement des symptômes généraux
ou aggrave ceux qui existaient déjà : appétit nul, soif vive,
constipation remplacée par la diarrhée, état fébrile rémit-
tent, procédant par paroxysmes irréguliers et suivis de
sueurs profuses, la température atteignant quelquefois
41° (ïrasbotj, respiration courte, accélérée, pouls
petit, filant, douleurs abdominales avec frissons, troubles
nerveux, amaigrissement rapide.
Les abcès rénaux volumineux, la j)\jélonéphrite et la
pyonéphrose sont dénoncés par une douleur et une tumé-
faction rénales et par les modifications de l'urine.
a. La douleur rénale se traduit quelquefois par la diffi-
culté du déplacement des membres postérieurs. Les malades
boitent alternativement de l'un ou de l'autre membre
(Olivier, Coupland) ou présentent de la faiblesse d'une
extrémité consécutivement à la compression du plexus,
lombo-sacré parlamasse rénale hypertrophiée (Benjamin).
La sensibilité de la région lombaire est augmentée ;
la pression du rein et du sacrum fait affaisser l'animal
(Deubser) ; la douleur spontanée se traduit par des
coliques sourdes qui augmentent beaucoup d'intensité
quand il y a rétention du pus ou pyonéphrose et qui
diminuent ou cessent quand il y a évacuation du pus. II y a
168 REINS.
aussi de l'oligurio et de la strongurie. Exceptionnelle-
ment, les volumineux abcès du rein communiquent avec
l'extérieur par une fistule (Cocu).
b. La tuméfaction du rein n'est appréciable que dans
les pjélonéphrites avec grande rétention. L'exploration
rectale décèle alors l'existence d'une vaste poche fluc-
tuante ou'dune tumeur volumineuse, dure, pendante, un peu
mobile même au milieu des anses intestinales (Besnoit,
Huguet, Marcenac).
c. Uurine rejelée est plus foncée qu'à l'élat normal,
épaisse, gélatineuse, purulente et quelquefois iélide ; le
microscope y décèle la présence de cristaux de phos-
phates, de globules purulents et d'éléments rénaux mor-
tifiés (Liesering) et quelquefois de globules rouges. La
pyurie est le signe le plus constant ; mais il subit de
grandes variations, suivant que la rétention est passagère
ou persistante. Certains jours, la quantité de pus diminue
dans les urines ou cesse de s'y montrer ; il se produit
alors dans le rein une rétention purulente dénoncée par
l'aggravation des symptômes fébriles etseptiques.
d. Ui'tat général devient inquiétant sous l'influence de
l'intoxication purulente et urémique ; le poil est piqué, le
flanc levrette, lappétit nul; il y a des alternatives de
constipation et de diarrhée; la température est toujours
oscillante, et des œdèmes cachectiques se manifestent aux
membres postérieurs et au fourreau : mais ces engorge-
ments œdémateux sont rares.
Pronostic. — La gravité de la pyélonéphrite et des
abcès du rein varie suivant l'unilatéralité ou l'atteinte
simultanée des deux reins : la pyélonéphrite double,
comme celle qui succède aux infections hématiques,
tue rapidement les malades; la pyélonéphrite unilatérale,
qui résulte d'une infection ascendante déterminée par le
microbe de la suppuration caséeuse, permet aux animaux
d'atteindre la vieillesse.
Traitement. — Les antiseptiques internes sont tout
PYELONEPHRITES ET PYONEPHROSES.
169
indiqués dans le traitement de la néphrite purulente : la
créosote, l'acide salicjlique, le ^alol. Tràsbot dit s'être
bien trouvé de l'emploi des formules suivantes :
Salicylate de soude 30 gr.
Eau-de-vie 200 —
Poudre de digitale 4 —
Electuaire à la réglisse. ... Q- S.
Acétate d'ammoniaque. . .. 30 gr.
Eau-de-vie 300 —
Poudre de digitale 2 —
Electuaire Q . S .
Au bout de quelques ours, lorsqu'on a constaté une
amélioration, on remplace cette formule par le nitrate
de potasse additionné de bicarbonate de soude, parties
égales 10.
II.
BOVIDES.
Définition. — La pyélonéphrite des bovidés consiste
généralement dans une pyonéphrose plus ou moins
accusée caractérisée par la pyurie, la tuméfaction rénale,
la douleur locale et des troubles généraux pyoseptiques, à
évolution lente ou rapide et à terminaison mortelle.
Cette maladie fréquente a été signalée par les praticiens
de tous les pays. Décrite en France par Rossignol (1848),
en Allemagne par Pilvk'ax (1867), son origine microbienne
a été reconnue par Siedamgrotzky (1875) et confirmée
par Dammann (1877), Hess (1888-1892), Bang (1889),
Schmidt (1890), Hofflich (1891), Enderlen (1891), Lucet
(1892), Mollereau et Porcher (1895), Jensen (1896),
Cadéac et Morot (1897), Liénaux et Zwaenopoel (1902),
Ernst (1905).
Étiologie et pathogénie. — Cette maladie polymicro-
bienne, désignée communément sous le nom de pyélo-
néphrite bacillaire ou de pyélonéphrite bactérienne, résulte
tantôt d'une infection hématogène ou descendante, tantôt
d'une infection urinaire ou ascendante. La fréquence rela-
tive de ces deux modes d'infection pyélorénale dépend des
propriétés biologiques des microbes susceptibles d'infecter
les reins. Il y a des microbes qui peuvent y parvenir par
la voie sanguine comme par la voie urinaire ; il en est
Cadéac. — Pathologie interne. VIL JO
170 REINS,
d'autres qui infectent seulement de proche en proche ou
qui s'aventurent tout au plus dans le système lymphatique,
la circulation sanguine demeurant généralement fermée
devant leurs tentatives d'invasion.
La détermination des microbes découverts dans les reins
affectés de pjélonéphrite permet généralement de pré-
sumer leur voie d'introduction. On sait notamment que
Fig. 33. — Sédiment urinaire d'une vache à pyélonéphrite.
a, Corynebacillus renalis ; b, cellules épithéliales pavinienleuses des ca-
naux urinaires; r, cellules du rein ; d, cellules de pus; e, globules rouges.
les staphylocoques, \os streptocoques, \emicvohepyocyaniquc,
le colibacille peuvent suivre indifféremment la voie héma-
togène ou la voie urinaire, tandis que le bacille de la
suppuration casccuse se propage plus spécialement par les
muqueuses, la peau et le système lymphati(pie. Tous les
microbes pyogèncs qui atteignent le rein par la voie
urinaire ou par la voie hématogène peuvent déterminer
la pyélonéphrite.
PTÉLONEPHRITES ET PY0XÉPHR05ES. 171
Le CorynebaciUus renalis (Ernsf, appelé encore
Bacillus renalis bovis, Bacillus pyelonephritidh bovum. est
l'un des agents les plus fréquents de la pyélonéphrite du
bœuf. C'est un bâtonnet polymorphe de 2-3 ou même
4 [i de long sur Oa.6 à 0a,7 de largeur, immobile, tantôt
flexueux. tantôt recourbé et arrondi aux extrémités.
Dans l'urine, ces bacilles sont agglomérés en touffes de la
grosseur d"un grain de sable, ce qui a fait donner à ce
microbe le nom de CorynebaciUus. Ils se colorent bien
par le Gram ou le Weigert; ils sont aérobies, cultivent
à 37° sur milieux solides, comme l'agar. sur le sérum
sanguin, dans le bouillon ordinaire, dans l'iu-ine neutre ou
faiblement alcaline et dans l'agar d"urine : ils ne produisent
ni acide, ni indol, mais laspect de leurs cultures varie
suivant les variétés de ce microbe, qui se rapproche et
se confond avec celui de la suppuration caséeuse ou
microbe de Preisz-Guinard (Liénaux. Hutyra). Il en a les
propriétés.
L'injection intraveineuse des cultures de ce microbe
demeure généralement sans effet, aussi bien chez les
bovidés que chez les moutons. L'injection intravésicale
chez la vache ne provoque ordinairement aucun trouble,
exceptionnellement une pyélonéphrite ( Masselin et
Porcher). La présence de ce microbe, regardé à tort
comme spécifique, ne résout que très imparfaitement la
question de l'étiologie de cette maladie. C'est un microbe
banal, cosmopolite (fig. 33).
Il n'est d'ailleurs pas seul en cause : l'infection rénale
est généralement mixte; les microbes de la suppuration
et tous les microbes vulgaires peuvent s'y trouver associés.
On y a rencontré des staphylocoques (Cadéac, etc.), des
streptocoques (Moussu), des cocci (Kitt), le microbe pyocya-
nique (Cadéac et Morot), des bacilles courts ou grêles, qui
tantôt prennent le Gram. tantôt ne prennent pas cette
coloration, des colibacilles (Jensen, Kitt), le Bacillus
enteritidis (Sommer), le bacille de Koch (Ernst), c'est-à-
172 REINS.
dire tous les microbes des aliments, de la litière, du
fumier et du purin. Au point de vue bactériologique, la
pyélonéphrile des bovidés, comme celle des autres
animaux, est essentiollernenl une maladie polymicro-
bienne. Si la concurrence vitale favorise certaines espèces
ou détriment de quelques autres, il ne s'ensuit pas qu'on
puisse incriminer exclusivement les espèces survivantes
et innocenter les espèces disparues. Les variétés du
bacille de Preisz-Guinard et celles du colibacille
paraissent douées d'une telle résistance que les ense-
mencements du pus retiré des reins malades donnent
des cultures pures de ces microbes. Les uns et les
autres sont d'ailleurs impuissants à provoquer la pjélo-
néphrite tant que leur arrivée dans les reins et leur implan-
tation dans ces organes ne sont pas favorisées par des
influences secondaires.
L'infection descendante ou hématoyène n'a guère de
chance de s'effectuer en dehors des cas de rétention rénale
complète ou incomplète. Quand cette cause n'intervient
pas, les microbes traversent rapidement le rein sans s'y
arrêter. Deux minutes après leur injection dans les veines,
on les retrouve dans l'urine (Klecki). Cette élimination
microbienne ou cette bactériurie peut même persister
pendant des semaines et des mois sans déterminer d'alté-
ration profonde des reins ou de la vessie. Il en est tout
autrement si l'on comprime les uretères ou si cette com-
pression est produite spontanément par l'utérus gravide
ou par la lithiase rénale. Les microbes déversés dans le
rein par les vaisseaux peuvent alors s'y installer et y
cultiver; l'injection intraveineuse de microbes pyogènes
détermine l'infection d'hydronéphroses expérimentales. Les
slaphylorO(|ucs injectés sous la peau ou dans les veines
produisent alors une pyélonépbrile 1ypi(]ue (J. Koch). Il
est îi présumer que les colibacilles et les paracoli absorbés
par la muqueuse intestinale saine ou malade peuventélire
domicile dans le rein quand des conditions de rétention
PYÉLONÉPHRITES ET PYOXÉPHROSES. 17Î
OU des lésions rénales chroniques favorisent leur implan-
tation dans ces organes (Bollinger, Fickers, Bang).
L'infection pyélorénale ascendante, regardée à tort
comme la cause principale, sinon exclusive, de la pyélo-
néphrite, est elle-même subordonnée à des lésions anciennes
ou récentes de l'appareil génito-urinaire qui sont presque
toutes des facteurs de rétention. Les acrobustites, les
urétrites, la lithiase urinaire chez les mâles, les infections
génitales post partum et tous les accidents de la partu-
rition (métrites, vaginites, cystites, fistules recto-vaginales),
chez les femelles, se compliquent de pyélonéphrite indi-
rectement en produisant une infection sanguine suivie
d'endocardite, compliquée à son tour de néphrite purulente
[Scherzer (d)]; directement en amenant la rétention de
l'urine et l'infection de la vessie. Or la vessie infectée
qui ne se vide pas est une menace permanente d'infection
pour les uretères et le bassinet.
D'une part, les microbes peuvent refluer dans les
uretères et le bassinet à la faveur de la rétention de
l'urine ; ils peuvent déterminer, d'autre part, une cystite
avec destruction de l'épithélium de la muqueuse vésicale,
ce qui leur permet de passer dans le sang et d'atteindre le
rein par la voie hématogène. Les germes infectieux qui
sont le point de départ de ces pyélonéphrites comprennent
principalement les bactéries du groupe coU et celles du
groupe Preisz-Guinard.
Le rôle pathogène des premières a été démontré expé-
rimentalement par injection intravésicale (Schmidt et
Aschoff, Savor et Wûnschheim).
On tend néanmoins à accorder, en France, un rôle pré-
pondérant à celles du second groupe, dont l'intervention
est favorisée par toutes les infections locales des organes
génito-urinaires.
La pyélonéphrite étant beaucoup plus fréquente chez
(1) Scherzer, Journ. de Lyon, 190i, p. 545.
10.
174 REINS.
la vache que chez le hœnl\ il y a lion d'en iiilÏTor que ces
microbes se multiplient d'abord au niveau des lésions
génitales ot gagnent ensuite successivement la vessie, les
uretères et le bassinet. Cette invasion urinaire de proche
en proche paraît être principalement la marque des
bactéries de la pvohémie caséeuse. qu'on rencontre le plus
communément dans la pyélonéphrile des bovidés ; il
semble donc qu'on est en droit de conclure que, chez ces
animaux, la pyélonéphrite résulte d'une infection ascen-
dante ou d'une infection hémalogène favorisée par la
gestation. Il faut pourtant admettre que ces microbes
peuvent atteindre les reins par d'autres voies que la
muqueuse urinaire.
Chez les tout jeunes animaux, ou chez ceux qui viennent
de naître, la pyélonéphrite peut succéder à une infection
ombilicale propagée à la vessie par l'intermédiaire de
l'ouraque: les reins hypertrophiés i)résentent dans ce cas
une multitude d'abcès miliaires [Utz, Leblanc, Baillet et
Sérès (1903)]. La source de l'infection rénale peut résider
aussi dans un abcès situé dans la région du coxal (Ernst)
ou dans tout autre organe ayant des relations vasculaires
avec lappareil rénal.
L'infection produite par les microbes du groupe Preisz-
Guinard est suivie d'une intlammation locale plus ou
moins étendue qui aboutit à la nécrose, dénoncée par
des foyers de ramollissement renfermant un séquestre
de tissu rénal peu altéré. Le contenu de ces foyers se
cas;Mfie d'abord: il peut se calcilier ensuite pendant
que le processus s'étend à la périphérie ou se délimite
nettement par une paroi fibreuse. Les pyélonéphrites
déterminées par de vulgaires pyoïjènes sont caractérisées
par des foyers i'rauchemonl purulentset des indammalions
dilîuses. Les iiifcctioiis mixtes peuvent tenir le milieu entre
l'un et l'autre })rocessus : les foyers de nécrose et de caséi-
fication évoluent ;\ côté des abcès; certaines parties sont
envahies par la sclérose et l'atrophie consécutive pen-
PYÉLONÉPHRITES ET PYOXÉPHROSES. 175
dant que d'autres, demeurées saines, éprouvent une hyper-
trophie compensatrice.
Les uretères n'échappent généralement pas à l'infection.
Ces canaux peuvent s'infecter avant le bassinet et le
rein quand les germes refluent de la vessie distendue ; ils
s'infectent généralement par suite du contact prolongé de
leur muqueuse avec les bactéries accumulées dans le
bassinet et les calices vers l'extrémité des papilles. L'urine
chargée de microbes, de toxines, risque surtoiit d'infecter
la vessie, de telle sorte que. primitivement ou consécutive-
ment, ce réservoir subit les etïetsii-ritantsde son contenu;
il devient alors difficile de déterminer la voie d'intro-
duction des microbes : l'infection descendante peut être
regardée à tort comme une infection ascendante typique.
Symptômes. — Les pyélonéphrites sont caractérisées
cliniquement par trois symptômes locaux: la pyurie. les
douleurs et la tuméfaction rénale.
a. La pyurie est le signe capital; il constitue la signa-
ture de la maladie. La vache urine du pus ou un liquide
trouble, louche, glaireux, jaunâtre, rougeàtre ou rouge
foncé, tenant souvent en suspension des masses flocon-
neuses rouge grisâtre. La réaction est toujours alcaline; il
renferme de l'albumine, souvent de l'hémoglobine en quan-
tité variable. Sa densité est de 1015 à 1020 (Porcher,
Bartels). L'examen microscopique y décèle la présence de
globules sanguins, de cellules rénales, de cylindres hyalins,
de cristaux d'oxalate de chaux, de filaments de fibrine et
surtout une grande quantité des globules purulents. La
coloration par la méthode de Gram y révèle aussi des
cocci, des amas de bacilles courts, épais, arrondis, dont
la longueur est d'environ la moitié des hématies, à l'état
pour ainsi dire pur ou associés à divers autres microbes.
Abandonnée à l'air, l'urine brunit rapidement et répand
une odeur ammoniacale prononcée. Recueillie dans un
vase allongé, elle se clarifie lentement mais imparfaite-
ment; le pus elle sédiment se déposent peu à peu au fond;
176 REINS.
la quantité diirine rejetée est parfois légèrement
augmentée; il y a poljurie trouble. L'urine, franchement
purulente, devient sanglante à la suite de nécrose et d'ulcé-
ration rapide de la muqueuse du bassinet ou des calices.
La purulence des urines est le symptôme le plus constant
et le plus visible; il met en quelque sorte sous les yeux de
l'observateur la lésion elle-même avec toute son intensité.
On le voit tantôt se manifester après une période fébrile
d'une durée variable, tantôt il s'installe chez une VcjW/e qui
souffre depuis quelques semaines de coliques néphréticpies
ou qui présente de temps à autre un peu d'hématurie. On le
voit enlin apparaître insidieusement deux à trois mois après
un vêlage laborieux, une non-délivrance, une vaginite ou
une métrite. La pyurie est sujette à de grandes oscillations ;
les uretères peuvent être oblitérés par des caillots san-
guins; il y a rétention momentanée du pus dans le rein.
La disparition de ce symptôme est suivie d'une aggra-
vation de l'état général; sa réapparition, d'une amélio-
ration analogue à celle qui succède k l'évacuation du pus
renfermé dans un abcès.
b. La douleur rénale spontanée se trahit par une démarche
pénible, accompagnée de sourdesplaintes, par une altitude
voussée, les membres étant rassemblés sous le tronc, et
par de légères coliques qui augmentent d'intensité
quand ily a rétention urinaire et pyonéphrose. La miction
est elle-même toujours douloureuse. La douleur est pro-
voquée par la pression ou la percussion des lombes, qui
rendent les coliques plus fréquentes. Celte sensibilité
excessive de la région lombaire est un signe fréquent,
facile à mettre en évidence.
c. La tuméfaction rénale, ordinairemenl unilati'Tnl(\ est
dénoncée par l'exploration rectale, et la main per(,'oit au
niveau de son bord postérieur, un cordon libreux, rigide,
bosselé, de la grosseur du pouce ou même du bras d'un
enfant serpentant sur la paroi droite ou gauche du bas-
sin ; c'est l'uretère, généralement plus dilaté dans les par-
PYÉLONÉPHRITES ET PYONÉPHROSES. 177
lies antérieures que dans les parties postérieures. Le rein
opposé est généralement sain ou peu altéré.
d. L'exploration vaginale met quelquefois en évidence
des escarres ou des plaies situées au pourtour du méat
ainsi que la rougeur et la tuméfaction de la muqueuse
vaginale et l'existence d'un écoulement vulvaire purulent.
Parfois on constate du phymosis chez les mâles (Hess).
Fig. 34. — Pyélonéphrite compliquée d'hydronéphrose consécutive à l'infec-
tion pyocyanique (Cadéac).
La main introduite dans la rectum peut dénoncer aussi
une sensibilité anormale de la vessie.
Symptômes généraux. — Les symptômes généraux
olïrent une très grande intensité dans les infections poly-
microbiennes septicémiques des organes urinai res ; la tem-
pérature s'élève à 39° ou 40" ;la respiration s'accélère; on
compte 90 à 100 pulsations par minute; la sécrétion lactée se
tarit rapidement; l'aspect général des malades devient mau-
vais ; ils demeurent couchés; la station debout devient
impossible ou très pénible et les yeux s'enfoncent dans les
orbites.
Habituellement, les symptômes généraux sont peu
appréciables ; le pus et les toxines s'éliminent à mesure
qu'ils se produisent ; les animaux atteints de pyélonéphrite
178 REIXS.
offront sculonient imo fliminution de l'appétit et des irrégu-
larités de la rumination. Mais ils perdent graduellement
leurs forces ; le poil devient terne, piqué; la peau se colle
aux os, et l'amaigrissement es) ininterrompu.
Évolution. — La pyélonéphrite évolue sous deux formes
principales: une forme aiguë ou siibaigui; avec fièvre,
troubles généraux graves et terminaison mortelle en une
ou deux semaines; une forme chronique succédant
quelquefois à. l'état aigu, mais débutant ordinairement
d'emblée sans troubles généraux caractéristiques et abou-
tissant f'i l'épuisement, h la cachexie par intoxication uro-
sepliqueet quelquefois;! l'urémie aigué consécutivement à la
destruction complète des deux reins ou à la pyonéplirose.
Cette terminaison ne se produit qu'au bout de deux
quatre, cinq, six mois ou plus tardivement (Gillot, Lucet,
Hess).
Lésions. — Les reins malades sont toujours hyper-
trophiés; leur poids peut atteindre -4 kilogrammes (Kitt).
()''e,500 (Cadéac) et parfois même davantage. Leur
grand axe mesure parfois 30 à 42 centimètres
(Lucet). Cette augmentation de volume est ordi-
nairement unilatérale, rarement double et dans ce cas
toujours inégale. L'organe malade est distendu, boursouflé,
constitué par une sériede tumeiu's fluctuantes, qui répondent
à sa lobulation primitive. Sa surface est blanchâtre, plus
pâle que d'habitude ou de teinte jaunAtre. La capsule est
opaque, épaissie, et tellement adhérente qu'il est impos-
sible de la détacher sans déchirer le tissu sous-jacent. La
tissu rénal dénudé présente un aspect bizarre. Sur fond
brun rougeAtre, on aperçoit des foyers jaunes au centre,
rouges à la périphi-rie, de la grosseur d'une tête d'épingle,
des îlots saillants, gris jaundtre, purulents, caséeux,
nécrosés, parfois entourés d'une zone congestive et
hémorragique. On peut y rencontrer aussi des abcès plus
volumineux, mais les infarctus héniorragiipies y sont
rares. Le parenchyme rénal est mou, infiltré de st-rosilé.
PYELONEPHRITES ET PYONEPHROSES. 179
Ces lésions se retrouvent, disséminées, dans la substance
médullaire.
Quand la maladie est plus ancienne, le tissu rénal
présente des lésions scléreuses ; la couche corticale ofïre
une consistance plus ferme; la couche médullaire apparaît
rouge, congestionnée, ecchymosée, et se distingue nettement
de la couche corticale qui offre une couleur sale, jaune-
terre ou verte. Les papilles rénales sont couvertes d'une
masse purulente, visqueuse, ou sont remplacées par une
bouillie purulente [pyélonéphrite caverneuse). Le bassinet
agrandi est rempli de pus, de produits nécrosés, de séro-
sité gris sale ou gris jaunâtre, brunâtre, parfois infiltrée de
sang, de produits floconneux formés de caillots sanguins.
La mutjueuse du bassinet, tuméfiée, épaissie dans les
cas récents, ponctuée de taches hémorragiques, ou recou-
verte d'une pseudo-membrane flbrineuse (Bang, Mollereau
et Porcher), est parsemée d'ulcérations et de foyers irré-
guliers de nécrose (Ritzenthaler) (1).
A la dernière période de la maladie, la couche médullaire
est détruite, la zone corticale réduite à une zone mince,
tassée, presque fibreuse constituée par la capsule rénale.
Le rein est alors converli en un vaste sac purulent.
Sectionné, il laisse écouler 2 à 4 litres de liquide muco-
purulent, blancjaunàtre, épais, légèrement gluant, parfois
gris sale, gris jaune, caséo-purulent, renfermant des
flocons albumineux, de la fibrine, des sédiments urinaires
ronds, pyramidaux, des concrétions calcaires, des cal-
culs, des globules purulents, des cristaux de phosphates,
des microbes variés, des cellules épithéliales ou leurs
débris. L'intérieur de la poche est formé par un en-
semble de cavités cloisonnées, mais communicantes. La
paroi agrandie du bassinet atteint 3 à 4 millimètres
d'épaisseur (fig. 34).
L'examen histotogique révèle une infiltration cellulaire
(1) Ritzerilhaler, L'anatomie pathologique de la pyélonéphrite bacillaire du
bœuf [Journ, de Lyon, 1910).
180
REINS.
de la couche coiiicalo, des amas puiiilonts. des altérations
des tubes rénaux distendus, privés dépit hélium, ou remplis
de pus, des throm-
bus des petits vais-
seaux, des foyers de
nécrose particulière-
ment nond^reux au
niveau du sommet des
papilles rénales, des
stries purulentes sui-
vant les rayons mé-
dullaires, des mi-
crobes, dont on peut
suivre la migration
depuis le glomérule
il(^ Malpiglii jusqu'au
liassinel. La capsule
(le Hovvniann, les
thrombus des vais-
seaux, les canalicules
collecteurs sont bour-
rés de unisses bacté-
riennes (fig. 35).
Les pyélonépfirites
plus avancées se tra-
duisent, en même
temps, par une réac-
tion conjonctive sclé-
reuse qui étouffe un
certain nombre de
tubes urinifères et
dt'termine toutes les
lésions de la néphrite
chronique interstitielle irrégulièrement disséminée (iîg. 36).
Les artérioles sont le siège' d'une périartérite intense ;
leur paroi est épaissie et les glomérules même les plus
Fig. 35.
Pyéldiièphiiie nsccinlaiitc du Ixrxif
(d'iipiès l'oii lier).
PYELONEPHRITES ET PYONEPHROSES.
181
éloignés de la cavité pui'ulenle ont leur bouquet vasculaire
et la périphérie de leur paroi infiltrés d'éléments lympha-
tiques.
L'uretère malade forme un gros conduit du volume des
deuxpoucesou du poignet, partant delà vessieet se rendant
Fig. 36. — Coupe perpendiculaire aux parois d'un a))cès lobulaire.
A, amas microbiens imprégnant le tissu fongueux de l'abcès. — A, zcoglées
siégeant dans le lubes droits dilatés et coupés ici en travers. — B, cavité
de l'abcès (d'après Porcher).
au rein. Ce conduit est noyé dans une abondante couche
de tissu conjonctif mollasse, infiltré, jaunâtre ; il est quel-
quel'ois rétréci en divers ])oints de son parcours, et, lorsqu'il
est plein d'urine, il donne l'impression d'un long boudin
qu'on aurait ficelé en un ou deux points. Souvent, il con-
tient un produit qui n'est autre chose que de l'urine alté-
rée, fortement ammoniacale, riche en globules de pus;
quelquefois, il est rempli d'une matière fibrino-purulente ,
épaisse, gluante, mélangée de caillots sanguins et de muco-
pus verdàlre.
. La vessie, également malade, est ratatinée, rétractée.
Sa muqueuse est le siège d'une inflammation purulente
Cadéac. — Pathologie interne. VU. il
182 HEINS.
elle est terne, grisâtre, plombée, injectée ; ses parois
épaissies lui donnent, lorsqu'elle est vide, les caractères
d'une tumeur pleine. Souvent, elle a conservé ses carac-
tères à peu près normaux; elle est le plus souvent vide
ou contient une petite quantité d'iu-ine louche, rougeâtre.
purulente, trèsalbumineuse. Exceptionnellement, linflam-
mation de la mucpieuse vésicale revêt la forme pseudo-
membraneuse (Bang. Rôder).
La muqueuse de l'urètre est inliltive, ecclijmosée, par-
courue de stries longitudinales rougeâtres, ponctuée
de taches hémorragiques quand la pyélonéphrile est
récente, grisàti'e, marbrée, érodée en divers points de son
trajet quand rintlammation est chronique.
Dans le vayiii on an niveau ilu foin-reau. on trouve des
érosions de mauvaise nature, un état catarrhal jilus ou
moins prononcé de la muqueuse, des plaies du prépuce à
caractère ulcéreux (Hess).
Diagnostic. — ^ L'amaigrissement, les coliques, la pyurie
font immédiatement penser à la pvélonéphrite. Le dia-
gnostic demeure inci'rtain tant ([ue ce symptôme n'a pas
été constaté.
La palpation du liane droit, s'il s'agit d'une pyélo-
néiihrile h droite, accuse une sensibilité manifeste (Hess).
L'exploration rectale lève tous les doutes : on perçoit la
tuméfaction du rein iiialade et l'existence d'im uretère
volumineux.
La cystite simple s'en différencie par l'absence d'hyper-
trophie rénale et il'uu conduit anormal allant de la vessie
au rein.
La cystite hémorra;/i<iue est nettement caractérisée pai'
l'absence de coli([ues, les caractères tranchés et constants
de l'urine et la sensation donnée par la vessie à l'explo-
ration vaginale.
La tuberculose rénale est dénonct'e par la liiliercMline :
Yhydroncpltrose est caractérisée par rhv()ertrophie rénale
et l'émission d'urine normale.
PYÉLONÉPHKITES ET PYONÉPHROSES. 183
Pronostic. — C'est une maladie rapidement mortelle
quand elle est double ; la pjélonéphrite unilatérale est
une affection grave qui épuise d'autant plus les malades
que la pyurie est plus abondante et qu'elle s'accompagne
d'une plusgrande rétention du pus et de la distension du rein.
Traitement. — La désinfection des voies urinaires est
la principale indication à poursuivre par l'administration
à l'intérieur de substances antiseptiques tolérées par l'or-
ganisme, comme le borate de soude, la benzoate de soude
(8 à 10 grammes par jour), l'urotropine ouhelmitol.
Les lavages de la vessie avec une solution de nitrate
d'argent ou d'une solution tiède d'oxjcyanure de mercure
à 1 p. 3 000 ou même à 1 p. 10000 complète cette médi-
cation.
On doit s'efforcer de prévenir la rétention de l'urine par
le cathétérisme de la vessie, l'administration de diuré-
tiques, et on envoie à la boucherie les animaux en bon état,
avant que la maladie ait fait de notables progrès et amené
l'amaigrissement.
La néphrectomie a été tentée sans succès (Munich) ; cette
opération est contre-indiquée en raison des obstacles à son
exécution et de la difficulté de déterminer le rein malade.
La ponction de l'abcès îi travers le flanc est aussi une
opération à peu près impraticable.
La prophylaxie de la pyélonéphrite est réalisée par des
mesures hygiéniques de nature à prévenir les accidents,
les complications de la parturition ou les infections
générales susceptibles d'amener la suppuration rénale
hématogène ou urinaire. Dans les cas de non-délivrance,
de plaies vaginales, de vaginite, on désinfecte soigneu-
sement les organes génitaux.
L'abatage des animaux reconnus malades est la solution
la plus avantageuse.
184 REINS.
III. — PETITS RUML\Ai\TS.
Étiologie. — L'infection pyogène du rein de la chèvre
el ilii indutuii résulte fréquemment de la généralisation
(les lésions de la pjohémie casccuse.
Le microbe de Preisz-Guinai-d [)eul infecter les paren-
chymes par la voie lyni|dKili(iiic ou la voie sanguine. Les
affections suppurât ives des divers organes (pyémie, mam-
mite purulente, métrlte. vaginite, arthrite, etc.) peuvent
se compliquer d'abcès du rein et do ])yélonéphrite. Les
abcès du rein qu'on trouve quelquel'ois chez les uijueuux
(Oslerlag) procèdent, sans doute, d'une infection ombili-
cale.
La pyt'Jonéplu'ilc ascendante résulte (jiielipiefois de la
gravelle, d'une infection génitale, dune intlammation
des voies urinaii'es (Oslerlag). Ilorn a constaté la néphrite
puridente chez 0,1 p. 100 des montons, aliattus.
Symptômes. — La maladie s'accuse par la perle de l'ap-
pétit et du lait, quelquefois par une hématurie légère. l..es
manifestations ne sont jamais bien vives; la maladie a,
du reste, presque toujours une allure chronique.
Les animaux atteints prennent (piebpiefois une attitude
spéciale; les membres postérieurs sont écartés en pied
de banc. La l'égion lombaire est sensible; parfois le
tlanc est le siège d'une tuméfaction (Philips). L'animal
rejette une urine purulente ou sanguinolente qui salil les
lèvres de la vulve cl de la base de la queue. L'urine est
souvent fortemenl auunoniacale et contient en suspension
des ilocons librineu.x.
L'exploration rectale permet de reconnaître l'existence
d'une lumeur ipii a pu être prise pour le cul-de-sac gauche
du riiiiMii. (Jncliiiielois le rein conslitue une volumineuse
luiiieiir soutenue par une corde.
Diagnostic. — Lediagnoslic es! basésiu-lescaraclères de
l'urine el sur les ri'useignenients douné's par l'exiiloi'alion
rectale.
PVÉLONEPHRITES ET PYONKPHROSES. 185
Pronostic. — Le pronostic doit être considéré comme
1res grave, la néplii'ite f)uriilente et les abcès du rein
entraînant un amaigrissement rapide. La mort en est sou-
vent la terminaison : elle survient en quatre à onze jours.
Anatomie pathologique. — La néphrite purulente est
quelquefois diffuse ; elle est encore désignée sous le nom
de néphrite ponctuée; elle atteint, dans ce cas, tout l'organe.
La substance du rein présente dans son épaisseur de petites
masses de couleur blanche ; quelquefois, ce ne sont que
des taches ponctiformes entourées de zones hémorra-
giques rouge foncé. Le bassinet lésé renferme des leu-
cocj'tes et de l'urine, mélangés à du sang.
A l'examen microscopique, on remarque une infiltra-
tion cellulaire bien caractérisée, très manifeste, qui occupe
dans les substances corticale et médullaire les espaces in-
tercanaliculaires (Kilt). Les points purulents n'apparais-
sent que comme de petites taches dans lesquelles on trouve
des leucocytes fragmentés et des cellules de pus, du sérum
et des globules rouges. Les canaux urinifères sont en par-
tie normaux ; l'épithélium est quelquefois atteint de
tuméfaction trouble ou granulo-graisseuse ; les cylindres
peuvent manquer. Les glomérules de Malpighi sonttantôt
normaux, tant(M remplis de leucocytes, surtout à leur
partie basale ; la circonférence de la capsule est alors
épaissie par une infiltration cellulaire.
Dans les cas de néphrite purulente mixte, on constate
une grande quantité de leucocytes dans les tubes contour-
n;'s et dans les tubes droits. Beaucoup de tubes urinifères
sont t étalement ou partiellement dépourvus de leur épi-
thélium, et la lumière des tubes est obstruée par des
cylindres albumineux ; dans les endroits situés en amont,
le canal est dilaté.
Traitement. — Le traitement est exclusivement pro-
phylactique. Il consiste à prévenir l'infection ombilicale
en maintenant les jeunes animaux dans les meilleures con-
ditions hygiéniques.
186 REINS.
IV. — PORC.
Étiologie. — Lesabcèsdureinetlapyôlonéphritc no sont
pas rares chez le povf. La néphrite purulente hérnatogène
existe chez 0,5 p. 100 des animaux abattus (Degen). Elle
est souvent une complication do l'infection ombilicale.
Les colibacilles et les pararoli. les microbes do la sup-
puration caséeuse, les microbes pvogènes. le Polymorphus
sttis (Degen) peuvent émigrer de l'intestin, envahir lo sang
et secondairement le rein ; les bacilles du rouget peuvent
occasionner aussi des fovers purulents (Haase) (1).
Les infections urogéniques comme les infections héma-
togènes peuvent déterminer la pyélonéphrite et la
suppuration difîuse du parenchyme rénal. Elles peuvent
engendrer aussi l'infection pyogéne d'une ancienne
liydronéphrnso.
Symptômes. — Le lableaii cliniciiio d(> la pyéloni''|)hrilo
du porc se rapproclio d'autant plus do celui do Ihydro-
néphrose qu'il ne se forme pas à proi»romont parler d'abcès
collecté, de sorte que les urines sont rarement troubles et
purulentes. C'est donc une maladie qu'on reconnaît seule-
ment à l'autopsie.
Lésions. — Los b'sions consistent ossontiollomont en une
liyporéiiiio intenseavec inliltration liémorragi(iue et dans
des foyoï's miliaires sous-cai)suiaires do la grosseur d'une
léto d'épingle ou tout au plus d'une lentille, d'une couleur
rouge sombre à la périphérie, jaunâtre au centre. La
coupe des reins accuse des stries purulentes dont la dispo-
sition est celle des rayons médullaires.
Cette néphrite rayonnante, accompagnée do petits foyers
miliaires corticaux, est la caractéristique de l'inflammation
pyogène du pore (Degen). En vieillissant, les lésions pré-
citées deviennent scléreuses ; les foyers miliaires sont
(1) Wysnwnn, Pyélonéphrite bactérienne par infection mixte consécutive
chez le porc (Revue génér., t. 1, 1905y.
PYÉLONEPHRITES ET PYONÉPHROSES. 187
remplacés par des cicatrices grisâtres, irrégulières, légè-
rement déprimées, qui se continuent dans la substance
rénale sous forme de bandes scléreuses.
Traitement. — On ne peut instituer aucun traitement.
V. — CHIEX.
Étiologie. — La néphrite purulente et la pyélonéphrite
succèdent quelquefois à Y endocardite, à la pyémie, à la
maladie da jeune âge, au\ bnîlures, aux ulcérations gastro-
intestinales et à la piroplasmose.
Les maladies des voies urinaires (calculs de l'urètre, de
la vessie, hypertrophie de la prostate, urétérite) peuvent
aussi lui donner naissance.
La plupart des cas d'h3dronéphrose de l'espèce canine
appartiennent à la pyonéphrose [Almy (1897) (1), Bail
(1903 i2V.
Symptômes. — Les symptômes des néphrites purulentes
et des pyélonéphrites hématogènes se confondent avec
ceux de Taflection primitive; les troubles rénaux passent
inaperçus; lurine conserve ses caractères normaux ou
offre les changements qu'on observe dans une néphrite
hémorragique banale. 11 en est tout autrement quand la
pyélonéphrite s'installe chez un calculeux ou un prostatique
reientionniste. L'animal pi'ésente des douleurs lombaires;
il marche le dos voussé, ou demeure obstinément couché;
ses narines sont fréquemment hématuriques oublanchàtres
et lactescentes ; elles renferment une quantité variable
de pus, de cellules du bassinet, du rein. La région rénale
est le siège d'une vive douleur décelée par la pression des
flancs.
La tuméfaction est généralement peu accusée; la pyélo-
néphrite demeure toujours ouverte chez ces animaux; elle
ne se complique ni d'abcès rénal, ni de pyonéphrose.
({) Almy, Société centrale, 1897.
(2) Bail, Journ. de l'École vét. de Lyon, 1903.
ii
REINS.
Quand l'urino s'écoule difficilcinont. 1rs animaux vomis-
sent fréquemment: ils nianiioslenl une soif vive, une
inappétence complète : leurs yeux se cavent ; leur nez se
dessèche, et ils meurent il'ur .'mie si la désobstruction ne
peut s'opérer (fig. 37).
Lésions. — Lesinfeclionshématoijènes sont caractérisées
Fig. 37. — Pyélont'phrile. Ghnt. (^yto-exinieii de l'urine.
.Nombreux polynucléaires et gloliulos de pus, cellules épilhéli;ile-i du rein,
staphylocoques iRc)[uel).
par des infarctus, des foyers microscopiques ou miliaires
de suppuration disséminés dans la substance corticale et
par des stries rayonnantes dans la substance médullaire
sans abcès.
La muqueuse du bassinet est quelqutd'ois congestionnée
et érodée, par suite fFune inflammation catarrhale. Cette
muqueuse est ('paissie. scb-rosée (piand l'inflammation ré-
sulte d'une inlVctionconsécutive à la rétention de l'urine ; les
LITHIASE RKNALE. 189
uretères sont épaissis: le bassinet et les calices sont remplis
d'urine trouble et purulente: le rein est sclérosé.
Traitement. — La première indication à remplir, c'est
de faciliter l'écoulement de l'm'ine en supprimant les
calculs urétraux et en pratiquant le cathétérisme de la
vessie.
La néphrotomie est rarement indiquée ; on peut la pra-
tiquer l'acilenientchez le chien (Parascondola).
W. — LITIHASE RÉNALE.
Définition. — La lilbiase rénale est caractérisée par
la formation de calculs dans le rein.
Les sels minéraux que l'urine charrie se précipitent,
s'agglomèrent et constituent des concrétions de dimensions
variables. Réduit au minimum, le processus lithiasique
consiste dans la production de dépôts pulvérulents ou
sableux connus sous le nom de sédiments, qui se déposent
dans les vases où l'on recueille l'urine.
A un degré plus élevé, on observe des concrétions de la
grosseur de têtes d'épingle ou de grains de chènevis ; c'est
la ijravelle si commune chez le mouton. Quand elles sont
agglutinées de manière à constituer des masses plus ou
moins volumineuses retenues dans le bassinet ou à l'entrée
des uretères, on a les calculs rénaux. Sectionnées, on "peut
reconnaître, dans leur constitution, trois parties : i° un
noyau constitué par une matière organique amorphe ; des
débris épithéliaux ou fibrineux, un caillot sanguin ou des
amas microbiens ; 2° une trame organique de mucine ou
d'albumine : 3° des couches concentriques oti striées de
composition variable.
Étiologie et pathogénie. — La quantité anormale ou
l'insolubilité des sels urinaires est la principale condition
de développement des calculs. Normalement, l'urine des
herbivores élimine des hippurates, des urates, des phos-
phates de calcium, de sodium, de magnésium, d'ammo-
11.
190 REINS.
ninm. L'hyperproduction de ces sels résulte généralement
d'un régime intensif dont les effets se font particulièrement
sentir chez le ujoiiton, le bœuf. La gravelle est la maladie
des animaux fortement nourris, engraissés, à l'étable ou
il la bergerie, comme elle est la maladie des classes aris-
locratiques de la société, des riches et des sédentaires. Chez
les moutons et les agneaux, on peut la faire apparaître à
volonté, expérimentalement, et dans un délai relativement
court, avec des rations alimentaires déterminées, par
exemple 3''e,500 de maïs, lentilles et féveroles pour les
adultes, 4''b,500 par jour pour des agneaux. La prépara-
tion des animaux de concours est une des conditions les
plus favorables à l'apparition de cette maladie. Les ali-
ments interviennent principalement par leur quantité,
mais ils peuvent intervenir (jiie^picfois par leur qua-
lité.
On a cru observer quchiuel'ois un lit-n enli'e la propor-
tion des sels du sol et la fréquence des calculs (Lafosse.
-Morton. Gaussé). Une alimentation contenant une forte
proportion de magnésie (11. Bouley) ou de phosphates
(Yvart ! favorise rapjiai-ition de la gravellecbez le mouton.
La surabondance des phosphates calcaires dans lalimen-
tation du cheval prédispose à toutes les productions calcu-
leuses. Langa observé la lithiase urinaire dans un troupeau
de hœul's placés dans une métairie à sol très calcaire.
('.(•rtaincs substances paiviissent douées d'une action
pathogène spéciale: la lithiase oxalique de Vliounne ap-
partient principalement aux végétariens mangeurs de
chocolat, de cacao, de haricots comme la lithiase unique aux
carnivores. Le porc nourri de châtaignes est très souvent
affecté de calculs rénaux (Lafosse).
Les //or;//s nourris de pommes de terre, de carottes, de
betteraves iY sucre, présentent des calculs siliceux. ïiieis a
observé des calculs chez deux Juments auxquelles on avait
distribué pendant des mois de la poudre d'os. Les chiens,
les chats, les hi/iins qui ingèrent de Vo.ramide dérivé de
LITHIASE RENALE. 191
Tacide oxalique présentent bientôt des calculs r.'naux
(Ebslein, Thoinassen).
Dès lors, on conçoit (]ue la gravelle soit une maladie
d'élevage, d'exploitation, liée aux conditions du sol et
surtout à la nature et à la quantité des aliments qui entrent
dans la ration journalière des animaux.
L'insolubilité des sels véhiculés par le sang ne peut être
attribuée aujourd'hui à leur trop grande concentration,
déterminée par linsufïisance des boissons. On régularise,
du reste, le régime des bovidés et des ovirh's par une dis-
tribution régulière des boissons et par l'addition des four-
rages verts, de tubercules et de racines à la nourriture
sèche.
Le dépôt des sels résulte donc, exclusivement, de leur
excès dans le sang et dans les urines en raison d'une ali-
mentation trop abondante ou d'une oxydation incomplète
des matières azotées chez les animaux affectés d'un ralen-
tissement de la nutrition.
Il y a en effet des moutons et surtout des Jrrut's qui
sont affectés de lithiase indépendante de la quantité d'ali-
ments ; ce sont des animaux qui ont puisé chez leurs
ascendants un terrain goutteux prédisposé à la gravelle.
La sursaturation du sérimi sanguin cesse bientôt d'être
compensée par une hyperexcrciioit rénale. Le filtre rénal
s'obstrue; les sols peu solublcs se précipitent.
Les infection.'^ de voies urinaires, la pyéloiiéphrite
notamment, déterminent la fermentation de l'urine, la
décomposition de l'urée qui se transforme en carbonate
d'ammoniaque et la précipitation, dans ce milieu alcalinisé,
de phosphate ammoniaco-magnésien insoluble.
Chez les hut'lles de Hongrie, la néphrite graveleuse
vient souvent compliquer l'infection ascendante des voies
urinaires (Vannos et Schoppelt). Chez le bœut\ cette
infection urogénique est fréquemment aussi la source des
calculs rénaux.
Les calculs s'observent chez tous r7/i/m;j(/T domestiques :ils
1 92 REINS.
diiïorent des eoniivlionsi)ar ce fait que les cet /c» /s résultent
de la i)réfij»itali()n de sels calcaires; \cs concrétions sont
exeliisivemeiil lormées de matière organique.
I — SOLIPKDES.
Anatomie pathologique. — La riiMiiicnce des ealctds
croît avec l'âge des animaux. Ij's reins calculeux des
soli/irdcs présentent à étudier le sal)le ou les calculs et les
lésions rénales secondaires.
Les calculs rénaux du chovnl sont ronds, ovoïdes, lissf^s
ou rugueux à la surface, quelquefois crislallins, lamelloux
ou s(''diinentaires : ils présentent ordinairement le volume
Fun pois à celui d'une châtaigne; inais. quelquefois, ils
sont énormes, el leni- jioids peut atteindre 1500 grammes
(Persillel, Kitt) ; ils remplissent le bassinet, alfeclent une
disposition semi-lunaire ou bicorne, et leur surface est
recouverte de fins cristaux ou de sédiments granuleux.
Chez Vnnc. le rein est quebpiefois converti parla lithiase
en un sac (pu' paraîl bourré de cailloux ou de noix (Porcher).
Leur poids total, très variable, peut s'élever à 2'*s,rj00.
Leur densité est de d .50 environ. Leur surface irrégulière,
mamelonnée, se moule parfaitement surles aspérités et les
sillons du sac rénal. La coloration des calculs rénaux des
solijiècles est brun clair, jaune brun, gris jaune, gris-fer.
Ils sont formés de carbonate de j)Otassium, de carbonate
de sodium, de carbonate de magnésium et de malières
organifpies. ou, i)resque exclusivemeni, de cari)onale de
chaux (.\dam).
Les lésions rénales sont dues au si'jour du calcul dans
le bassinet suivant qu'elles sont dcmeiu'ées aseptiques ou
qu'elles se sont compliquées d'infeclion jnogène.
Les calculs aseptiques eniraiueni l'atrophie scléreuse du
parenchyme rénal, la distension progressive de l'organe
sans hvdronéi)hrose bien accusée. La délimitation entre
les parties malades et les parties relativement saines est
LITHIASE RKNALE,
193
très brusque; les portions malades sont scléreuses et
p arséniées de kystes îi toutes les périodes de leui* évolution
(fig. 38).
Les calculs septiqiics déterminent de la pjélonéphrite
dénoncée par l'hypertrophie et rai)cédation des reins
caleuleux; le bassinet
est dilaté, rempli do
pus ; ses parois soni
épaissies, sclérosées ;
des foyers purulents
sont disséminés dans
la substance corticalf;
il y a de la pyoné-
jdirose et derinflam-
mation purulent r
chronique des ure-
tères. On a même
signalé la rupture des
reins [Dickens, Bar-
rier (1)] avec de la
périnéphrite suppu-
rée.
Les deux uretères
peuvent être oblitérés
par les calculs.
Symptômes. — Les
calculs immobilisés
dans le bassinet des
solipèdos demeurent latents ou ne déterminent que des
symptômes vagues, imprécis; on constate exceptionnelle-
ment de l'hématurie quand les calculs sont nombreux
(Desban): mais généralement Tatrophie complète du rein
s'efTectue sans troubles appréciables (Lafosse. Riquet,
Schrader, ïui-ner, Persillet, Schmalz, Porcher).
■ •>-
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1
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-rv^;-; -;
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:.^0:^-
Fig. 38. — Sclérose rénale calculeuse. Cheval.
En haut, capsule rénale sclérosée. Au-des-
sous, tissu fibreux inllammatoire avec rares
corpuscules de Malpighi et tubes urinaires
atrophiés. Vaisseaux sanguins congestionnés
(Gross. : iO).
(1) Barrier, Société centrale, 1906. I.e rein rupture pesait i'^j.n
194 REINS.
L'obstruction de rurctère et l'aniirie calculeuse unilaté-
rale déterminent dos coliques plus ou moins violentes et
persistantes suivant le degrt' et la durée du rétrécissement.
L'animal présente brusquement de l'anxiété, de l'agitation;
il se campe fréquemment pour uriner et rejette parfois
une urine claire, mais peu abondante, exceptionnellement
une urine sanguinolente (Desban). Ces douleurs cessent
par migration ou d(''[)lacement du calcul; elles sont rare-
mont mortelles ; elles reviennent facilement sous l'intluoni-e
du travail et disparaissent par le repos.
Les calculs compliqués d'infection pyogène déterminent
les symptômes do la pyélite et de la pyonépbrose, notam-
ment l'expulsion d'urine purulente (l^odet).
La îïiort peut résidter, exceptionnellement, de la lièvre
uroseptique de la périnéphrite suppurée, de la rupture du
rein ou de l'anurie.
Diagnostic. — La présence de sédiments calculeux dans
lurino ot les coliques qui précèdent leur expulsion sont
des signes caractéristiques.
La cvsloscopie et le cathétérisme des uretères sont
applicables à \sx Jument (Redecha et Kaszas).
Pronostic. — La litbiase rénale doit toujours être consi-
dérée comme grave en raison des complications possibles.
Traitement. — L'administration répétée du bicarbonate
de soude 20-;50 grammes) associé à l'azotate de potasse,
à faible dose, facilite l'élimination des graviers. Les
aliments très riches en produits minéraux, tels que le son
et la farine, doivent être proscrits; par contre, le vert, les
betteraves sont dos alimonts tout iudi(iués.
II. —BOVIDÉS.
Ânatomie pathologique. — Fréquents chez ces animaux
et chez les hiil'/lo^. ils se logent plus ou moins exacte-
ment dans le bassinet; ils sont ovoïdes, polyédriques,
mùriformes et i»ossèdont dos prolongements qui répon-
LITHIASE REXALE.
195
dent aux calices rénaux (calculs coralli formes). On en
trouve de gris formés de carbonate de calcium, de carbo-
nate de magnésium, de phosphate ammoniaco-magnésien,
de matières organiques, de traces de fer. d'oxalate de
Fig. 39. — Calculs du rein du bœuf, pesant 195 grammes,
47 grammes et 37 grammes.
calcium: il y en a qui contiennent seulement de l'oxalate
et des carbonates de calcium et de magnésium; on trouve
aussi des cristaux de triphosphate faciles à reconnaître
(Kitt). Il y en a de rosés, de blancs, de gris terreux : les
196 REIXS.
uns soiil l'i'iablos, trautres rôsislanls; ils ponvonl obstruer
onlièrement louvorturo des uretères (Bartlie) (1).
Leur poids atleinl quelquefois 788 grammes (Losdi): ils
sont solitaires ou très nombreux; on peut en compter
jusqu'à 100 (flg. 39).
Lorsfju'on en trouve dans un rein, il est bien rare de ne
pas en trouver dans Taulre. Au niveau des points où ils
existent, la surface du rein est déprini(''e ; elle api)arail
av(^c unecoloration anormale, rouge-lie devin oujaunAtre,
qui trauflie manifestement sur la teinte ocre des parties
voisines. Ces taches sont irrégulières et se propagent en
irradiant du lobe où siège le calcul au lobe voisin. Incisées
dans le sens de leur épaisseur, elles se montrent dures,
scléreuses, résistantes, d'une épaisseur variable, et la
section aboutit ;'i unccaviti' (i.iiis laquelle on trouve un ou
plusieurs calculs verts, irréguliers, le plus souvent petits.
\ l'examen histologique, le tissu environnant le calcul
est profondément altéré. La portion immédiatement en
contact avec la pieri-e est sclérosée, fibreuse, et forme une
coque conjonctive, toujours très épaisse. A la péripbérie
de cette zone, le tissu du rein, très malade, a perdu ses
caractères normaux; il est infiltré, sclérosé, transformé en
tissu fibreux, méconnaissable: les organes qui résistent le
plus à la destruction sont les corpuscules de Malpigbi.
(Juoique ne fonctionnant plus, ils ont conservé leur forme;
Ijcaucouj) sont étouirés et infiltr(''s. mais nettement recon-
naissables. Un certain nondire de hibes nriniières ont
sid)i, par suite de leur oblitération partielle ou totale, en
un point de leur trajet, la transformation kystique. Ils
apparaissent sur une coupe comme de larges conduits
limités par une zone épaisse de tissu fibreux et reconnais-
sablés à leur épithélium (fig. 40), parfois d'autant plus
aplati que la dilatation des tubes est plus considérable.
Ceux-ci contiennent, en outre, un produit granuleux ou des
(I) Barlhc. /tpvue vél., 1006, p. 2S9.
LITHIASE RENALE,
197
blocs de substance hjaline conibiant la bimière du tube.
Quand rinfection pjogène complique la lithiase rénale,
on peut constater les lésions de la pyélonéphrite et de la
pyélonéphrose.
Symptômes. — Les coliques, la douleur rénale dénoncée
par la pression et la palpation. la diminution de la sécré-
l-'ig. 40. — Coupe longitiuliiiak' d'un rein de bœ\if atteint de lithiase rénale
(faible gross.).
A, cavité du calcul: B, diUlition des tubes iirinifères voisins ; C, zones en-
vahies par le tissu conjonctif (l-el)lanc).
tion même, sont les signes les plus caractéristiques; mais
ils sont ordinairement peu martjués, de sorte que la lithiase
rénale n'est pas soupçonnée. Exceptionnellement, les
symptômes sont tellement nets qu'on ne peut en mécon-
naître l'origine ; la sécrétion urinaire paraît supprimée; la
dysurie est accompagnée de coliques bruyantes, de ma-
nifestations d'urémie caractérisées par la saillie de la
langue en dehors de la bouche, des tremblements des
muscles de la face, Thyperesthésie des paroisabdominales,
et une respiration lente et profonde.
198 REINS.
L'animal couché ne peut se relever, il ne tarde pas à
mourir.
Quand le calcul passe dans l'uretère et s'y enclave, le
rein se distend, et la pression de l'urine peut déchirer le
conduit (Hohenleitner).
Diagnostic. — Le diagnostic est basé sur la douleur
rénale, les coliques, les caractères de l'urine, qui est
souvent albumineuse et charg.'>e de sédiments.
Pronostic. — La lithiase rénale est toujours grave, par
suite des complications d'urémie ou de paralysie lombaire.
Traitement. — Il est alimentaire et médicamenteux.
Le régime du pâturage, les tisanes d'orge, de pariétaire,
la graine do lin. l'administration de médicaments alcalins
comme le bicarbonate de soude pr.'-viennent la lithiase,
l'améliorent ou la guérissent.
Les dépôts sableux ou boueux sont entraînés ou dissous.
Dans le cas d'accidents aigus, il est indiqué de com-
liattre la doideur par l'application de cataplasmes sur la
région lombaire et l'administration, à l'intérieur, dune
l'aible quantité de laudanum.
III. — MOUÏO\.
Les calculs sont frécpients. surtout chez les mouionsgras,
sur les nioiitons de concours et les agneaux d'engrais. Us
sont petits: les plus gros atteignent le volume d'un pois;
ils sont blancs ou noiràti'es, lisses ou tomenteux, quelque-
lois réunis au nombre de dix ou quinze. Chez une chèvre,
le ItiissJMct l'Iait reuipii de calculs [Kabieaux (■!)].
Symptômes. — La gravelledu inouton t's\ généralement
dénoncée par l'émission d'urine sédimenteuse, irritant
l'extrémité du fourreau et constituant, à ce niveau, un
dépôt plus ou moins apparent. On constate en même
temps de la dvsurie. des coliques à peine esquissées et des
(1) Ral)ipaux, Sor. centr. do m"d. vcl.. 1002.
LITHIASE RENALE. 199
frissons convulsifs uréniiques généralisés. Les malades
tristes, abattus, présentent une anorexie complète ; ils se
placent en décubitus sterno-abdominal ou sterno-latéral
et peuvent succomber plus ou moins vite quand l'urine ne
peut s'éliminer.
Pronostic. — Le pronostic est très grave en raison du
nombre danimaux qui peuvent tomber malades à la
fois.
Traitement. — Le seul traitement applicable dans
l'espèce consiste dans la modification du régime alimen-
taire. Le son doit être proscrit, le seigle cuit substitué à
l'avoine, en même temps que la proportion de betteraves
augmentée. Ce régime, combiné quelque temps avec
l'ingestion d'tme eau bicarbonatée, 1 à 2 grammes par
litre de boisson, peut être suivi des meilleurs résultats
(H. Bouley).
IV. — CHIEN.
La lithiase rénale s'observe quelquefois chez les chiens
âgés, abondamment nourris ou obèses. Elle consiste dans
le dépôt de sédiments ou de calculs sphériques ou irré-
guliers, quelquefois aplatis, de coloration blanchâtre,
brunâtre ou verte, atteignant quelquefois le poids de
97 grammes (Guillon).
Symptômes. — Les sédiments ou petits graviers sont
habituellement entraînés et expulsés avec l'urine; mais ils
peuvent s'arrêter, chez le mâle, en arrière de l'os pénien
et devenir une cause de rétention absolue ou relative de
l'urine.
Les calculs rénaux s'accusent par de Ihyperesthésie de
la région lombaire, des souffrances et des accès d'anorexie
(Mégnin). Dans certains cas, il y a de la strangurie ; les
animaux, debout, maintiennent le dos voussé. Ces signes
peuvent être accompagnés de violentes coliques et d'efforts
de miction aboutissant à l'émission d'urine sanguinolente.
Diagnostic. — L'expulsion de sédiments met sur la voie
200 nKiNS.
du diagnostic, qui, indépendamment de ce signe, est très
dil'licile, sinon impossible.
La cvstoscopie est applicable à la chienne: mais le
cathétérisme des uretères n'a pu être réalisé (Hedechà et
Kaszas, d909).
Traitement. — La prophylaxie de la lithiase i-énale est
une affaire de régime : le lait, les soupes légères, les viandes
blanches conviennent aux animaux sé-dentaires. Si l'on
nourrit davantage les animaux, il faut y joindre un
exercice régulier. On doit administrer aussi des alcalins et
des diurétiques (i à 5 grammes de bicarbonate de soude
ou 08^.50 à i gramme de benzoate ou de salicylate de
lithine I).
Quand la lilhiase est certaine, la m'^plireclomie est
indiipKM'; on peut même enlever les calculs en conservant
le rein. Cette opération a été exécutée avec succès
(Thonuissen) (d).
V. — OISEAUX.
Les dr-pols lu'inaires ne sont pas rares dans les reins
des o;.sv,7».v: ils se présentent sous forme de concrétions
ou de stries blanchâtres [Larclier (2). Lucet) (3)].
X. — CANCEUS DU UEIN.
I _ SOLII»ÈI)ES.
Anatomie pathologique. — Les cancers ihi rein l'iubras-
sent les é|)ilh(''liomes, les carcinomec, les sarcomes et les
tumeurs mixtes de cet organe. Ils sont primitifs ou secon-
daires. Ces derniers s'appliquent ordinairement au cancer
de l'ovaire, de l'utérus, de la vessie, du foie, de l'estomac,
(1) Thomassen, Aidi. mrd.ivél ., 180;f, p. 659.
{•2) Larclier, Mé/. de palh. rnmp.. l^iris, IS74.
(3) L\xCL-\., Recueil, févr. 1S94.
CANCERS DU REIN. 201
(lu poumon, du testicule: ils reproduisent les caractères
histologiques de la néoplasie primitive. Les cancers
primitifs, beaucoup plus rares, n'ont été signalés que chez
de vieux animaux: ils sont généralement unilatéraux ;
ils se développent principalement au niveau du hile et
atteignent quelquefois des dimensions considérables.
Les epitliéliomes, les épit/ielio-carcinomes et les adcno-
carcinoines affectent souvent la forme massive, de telle
sorte que le rein est transformé en une masse néoplasique
énorme intracapsulaire (Maja) (1) oblitérant les calices,
refoulant le bassinet et présentant souvent des foyers
hémorragiques diffus. Les cancers nodulaires, de nature
sarcomateuse, constituent des masses molles, hémor-
ragiques, l'amollies, dégénérées, encéphaloïdcs, dont le
poids peut atteindre 17 kilogrammes (Kittj; ceux de nature
épithéliale sont caractérisés par des nodosités molles ou
dures, squirreuses, accompagnées de petits noyaux aber-
i-ants. Ces diverses tumeurs se propagent aux ganglions
du hile, au poumon et au foie par la voie veineuse et la
voie lymphatique.
Le rein sain présente quelquefois une hypertrophie
compensatrice.
L'examen histologique est souvent nécessaire pour les
différencier. On trouve tantôt un épithéliome cylindrique
formé de tubes tapissés d'une seule couche de cellules
épithéliales, tantôt des formes atypiques qui établissent la
transition entre les épithéliomes et les carcinomes, tantôt
le type du carcinome, tantôt enfin des sarcomes fuso-
cellulaires ou globo-cellulaii*es, plus rarement des tumeurs
mixtes ou des adénosarcomes.
Symptômes. — Ces tumeurs demeurent ordinairement
latentes malgré leur développement considérable et leur
malignité. Les troubles rénaux manquent ou sont trop
peu accusés pour permettre de soupçonner une maladie de
(1) -Maja, Deux faits de cancer épithélial du rein généralisé au poun.on
chez le cheval (Bull, de la Soc. centrale, 1910).
202 «EINS.
ces organes el moins encore une néoplasie. Ihihiliiellc-
ment, on ne constate que des coliques, de la raideur dans
les mouvements, une marche vacillante, de l'hypertrophie
cardiaque et des irrr^Milarités dans les battements, do
lanémio, de la cachexie. On peut constater, par compres-
sion de la tumeur, les signes d'im anévrysnie aorlique
(Zicssler) (Ii.
Traitement. — i/exiirpation du rein malade est le seul
traitement efïicace ; mais cette opération est elle-même
dangereuse et dilïîcile à prali(itier chez le cheval.
H. — RI MINAATS.
Anatomie pathologique. — Le cancer rénal des hovirirs
estr('pr(''S('iilr par le larcinomc lypi(pie(lless), le carcinome
colloïile (Ilayer), le sarcome (Ostertag) ou par Tadéno-
carcin()me(lMliig, Siedamgrotzky). (les tumeurs unilatérales
ou bilatérales déterminent une telle hypertrophie de
l'organe malade que l'exploration rectale permet de
reconnaiti-e cette augmentation de voliune (Hess). On
constate quciipieroisdes tumeiu'sde celte nature alteignani
le poids de V.i kilos, bourgeonnant dans les calices, le
bassinet et même l'urètre (Mathis et Forgeot) (2).
Le volume des uretères dans la pyélonéphrite et dans
l'hydronéphrose assure le diagnostic dilTérentiel avec le
cancer rénal (3).
Le sarcome des ganglions du bile peut simuler une
tumeiu- du parenchyme rénal, déterminant de la néphrite
et le développement au niveau de l'un des reins dune
grosse tumeur accessible par l'exploration rectale
(Hhiim) (i).
(1) Zil•^sll■r, A.Iénome du rein chez le cheval {/ievue tfniiér., lÛOti, l. I).
(i) Malhis et Korgeot, Revue vét., 1906, p. 80i.
(3) Chez \tmoulon, Koger a signalé un cancer épilhéiial [Aiui. de mèii.
vét., 1864, p. 34).
(t)RluiiM, /teviie fjé/i., 1907.
CANCERS DU REIN.
203
III. — PORC.
Le sarcome et Vadéiwsarcome sont les deux principales
tumeurs primitives des reins chez le porc. Ces tumeurs
peuvent se développer chez les /jorfWp/s, comme on observe
le cancer rénal chez les enfants. Elles acquièrent quelque-
Fig. 41. — Nodules sarcomateux d'un rein de jeune porc (Cadéac).
fois des dimensions considérables ; leur poids peut
atteindre 31^8,500 (Rieck), 14 kilos (Johne); elles affectent
la forme médullaire et se développent également dans les
deux substances du rein (fig. 41).
Le carcinome, plus i*are. a été signalé par Ostertag.
204
IV.
CAU-MVOIÎES.
Le cancer vrn;\\ |iiiinilil' est l'ai'e cliez les r;//'/;/i'o/V'^'.
On a cependant siynalé, cliez le chien, le caninoiiie
[llabacher(l)],le carcinome colloïde (Zundel), répilhélionie
(Bournay, Maja) et le sarcome généralisé au poumon
[Maja (2)1. r.licz le rlml. on |iPiil oliscrvei- je saivnnie pri-
l'i^. '\1. — Uciii Liuucrciix ilu <-h(il. lace exleri.e.
La capsule du rein a élé eiilevcLV pour iiionlrer les bourgeons nèopla-
siciues (Auger et Koquol).
mitif [Petit (3), N'alillo (ijj, le cairinoine encéi)lialoïde [Au-
ger et Uoqiiet (5)1 (lig. 42).
Symptômes. — Les limicurs voliiinineuscs s'accom-
pagnent seuk'sde troubles particuliers. L'animal maigrit et
(I) Hahaciier, Revue géii., 1907, p. '.iù't.
{■2) Maja, Soc. eentrule, 1010.
(S* Pelil, Sor. reiilra/c, 1901, p. 6l'9.
(1) Valillu, C/iiiiru ve/erhiuria, 19U9.
(.'>) .Vu^'er el Koquct, Joiini. rie l'Éeo/e vri. de Lijoii, \'.">i.
REIN FLOTTANT. , 205
se tient difricilenient debout; la respiration semble nor-
male, ce qui écarte toute localisation du côté de l'appareil
respiratoire, mais l'attention est immédiatement attirée
par le volume du ventre. Contrairement à ce que l'on
observe dans l'ascite, le ventre ne pai'ait pas descendu;
il semble élargi en son milieu et à sa partie supérieure.
A la palpation, qui ne décèle aucune douleur, on sent
immédiatement, en arrière des côtes, de chaque côté,
une masse volumineuse, allongée, cylindrique, à déplace-
ments limités, mais plus mobile cependant qu'un rein
normal. En plaçant l'animal sur le dos, on a la sensation
d'une tumeur volumineuse, bilobée, développée de chaque
côté de la cavité abdominale, (juand la tumeur est bilaté-
rale (Auger et Roquet).
Quelquefois, on constate de l'albuminurie, des cylindres
hyalins, et quelquefois de l'hématurie et des signes de
cachexie avec complications ulcéreuses de la muqueuse
buccale.
Traitement. — La néphrectomie est le seul traitement
efficace.
\l. — REIN FLOTTANT.
Chez beaucoup de chiens, les reins sont plus ou moins
flottants au milieu de la masse intestinale. On peut les
■ déplacer en avant et en arrière comme une tumeur mobile
réunie àla colonne vertébrale par un ligament de longueur
variable, mais toujours insuffisant pour a mener le rein
en contact avec la ligne blanche de l'abdomen. Cette mo-
bilité du rein s'observe chez environ 15 à 20 p. 100 des
chiens (Johne). Habituellement, un seul de ces organes
pend à l'extrémité d'un mésentère et donne, à l'exploration,
la sensation d'une tumeur réniforme, allongée, légèrement
douloureuse à la pression [Hébrant et Antoine (1)]. Le rein
mobile ou flottant a été signalé quelquefois chez la vache
(I) Hébi-ant et Antoine, Rein Uotlant (Annales de méd. cet., 1913).
Cadéac. — Pathologie interne. YII. i-
200 REINS.
(Slocktlelli. Heali I ] ot chez le porc (Zell) ; il exerce fféné-
ralcrncnl des lii'iullemenls plus ou moins pénibles ou dou-
loureux, par le ligament suspensif, pendant les allures
rapides. La rupture de ce ligament est peu à craindre,
quoique Pinel ait signalé, chez le cheval, le détachement
d'im rein trouvé libre dans la cavité abdominale et réduit
en boule dégénérée du poids de 270 grammes.
Traitement. — La m'-phrorraphie ou népbropexie (lixa-
tiondurein) est l'opération (pii permet de remédier à cette
disposition anormale.
XII. — PAR.\S1TES.
I. — EUSTRONGYLOSE.
Définition. — l^'cusiroinjulosc est une alïei-tion parasi-
1,1 ire du chien due à la présence d'Eustronyyhis ijiyas
dans le rein et plus rarement en dehors de cet organe.
D'autres espèces sont exceptionnellement parasitées par
VEustroïKjijhts ui(jas. Le r//r»;// (Chabert, Leblanc. Labat),
le bœuf [Hudolphi. Grève i2)], le y>orr (Linstow) peuvent
renfermer ce parasite dans leur rein.
Étiologie. — L'Eustronyylus gi(jas ou viscerali^ est le
plus grand îles nématodes connus. Son corps est rouge
sanguin, strie'' transversalement ; il offre une bouche
triangulaire entourée de six papilles. Le mâle a de 13 à
1() millimètres de long, i à (i de large : la femelle,
longue de 20 centimètres à 1 mètre, est ovipare. L'œiil'
mesure de 64 à 68 [j. de long sur 40 à 40 [a de large ; il se
développe dans un milieu humide, et l'embryon fusiforme
peut y conserver sa vitalité [jcnilant cinq ans au moins.
Il ne peut infecter directement lesaniuiatix, cl Ion ignore
(l) Keali, Hein gauche mobile chez une v.iche (Revue générale, 1900,
p. i'7(i).
(i) Grève l'a rencontré sur un taureau qui depuis longtemps souffrait de
dysurie ; l'urine expulsée contenait des flocons de mucus ; le rein gauche était
transformé en un énorme abcès.
PARASITES. 207
riiôle internu'diairc — poisson ? — qui assure son dévelop-
pement.
L'eustrongylose, commune en Italie chez les eJiieus de
chasse, est rare en France ; elle a été signalée dans les
divers pays européens, en Amérique et au Japon ; elle est
particulièrement fréquente dans les régions où abondent
les crustacés et les mollusques.
Symptômes. — Dans la plupart des cas, on n'observe
aucun symptôme appréciable ; l'eustrongylose est une
découverte d'autopsie. Dans quelques cas seulement, ce
parasite trahit sa présence dans le rein par des troubles
plus ou moins graves : l'animal maigrit, dépérit plus ou
moins rapidement, présente de l'hématurie, des signes de
néphrite et de cystite, de la rétention d'urine passagère ou
durable, de l'urémie quand le ver a obstrué un uretère ou
l'urètre, marche péniblement, la colonne vertébrale
courbée du côté malade ; il soutîre tellement qu'il pousse
des hurlements continus, comme dans certains cas de
lithiase rénale. Sa tristesse, sa voix rauque, son excitation
rabiforme peuvent faire songer à la rage ; on observe
quelquefois des convulsions et de la péritonite quand le para-
site tombe dans la cavité abdominale, des vomissements et
des signes asphyxiques quand il s'aventure dans la plèvre.
L'eustrongyle tend à abandonner le rein, son habitat pri-
mitif ; il peut le déserter de bonne heure, passer dans le
bassinet, dans l'uretère et atteindre la vessie, puis s'enga-
ger dans l'urètre, se loger dans le tissu conjonctif péri-
urétral, être expulsé au dehors; il peut sortir directement
du rein et passer dans la cavité abdominale, dans le foie,
les plèvres, se loger sous la peau de la paroi abdominale
inférieure en arrière des bourses, sortir au niveau d'une
mamelle ou pénétrer dans le cœur.
Lésions. — Généralement un seul rein est parasité, et
on n'y trouve le plus souvent qu'un seul ver : mais on en a
rencontré deux, trois, quatre, six et même huit (Klein),
l'autre rein demeure indemne ou s'hypertrophie. Le para-
208 REINS.
site détruit progressivement le parenchyme rénal qu'il
habite ; il ne reste bientôt plus à la place du rein qu'un
kyste limité par une mince couche de la zone corticale.
Parfois la surface présente une série de petits nodules hlan-
chAtres renfermant des u'ufs d'eus! rongles témoignant du
passage ou du séjouràce niveau d'une femelle d'eustrongle
[Massaglia {{)]. '
Diagnostic. — L'émission d'iunne sanguinolente, et
l'examen microscopique du dépôt urinaire. décelant les
œufs du parasite, sont les deux principaux éléments du
diagnostic.
Pronostic. — Le pronostir de la strongylose rénale est
évidciiunent iort grave ; toujours fatal quand les vers
quittent le kyste par ellVaclion, il est presque aussi fâcheux
quand ils émigrent i)ar les voies naturelles, en raison de
la i'('l('iilion (fiu'ine qu'ils occasionnent.
Traitement. — Le traiiementchirurgical est seul efticace
(|iiand il peut être inslitui' en parfaite connaissance île
cause. 11 l'aut extirper le rein conleuant le parasite, inciser
la tumeur ])érinéale ou mammaire qu'il a provoquée (2).
II. — PSEUDO-TUBERCULOSE VERMINEUSE.
Nous di'signous ainsi luic alfection nodulaire de la couche
corticale du rein due à l'infestation péi-i-arlt-rielle des
artérioles i-énales de Viiiir par des larves de Uhnbditis.
Cette pseudo-tuberculose, très rare, a fait l'objet d'une
('■Inde i-é'cente de Petit. Henry et Germain (3).
Étiologie. — Les larves de /{/(rt/j(7t//.s- mesurent 280 cen-
tinu'-tres de long sur 15 centimètres d'épaisseur; elles ont
la forme d'un fuseau et itossèdent un appareil génital,
indice d'iuie umlliplicalidn rapide des larves par elles-
(1) Massiiglia, Bulletin de iliistilut Pasteur, févr. 1912.
(2) Chez le cheval, ou a signalé des écliinocoques dans le rein (Cadéac cl
Malet, Blanc); on les observe aussi chez le Im'uf, le mouton, le pore et
même chez le chien {Perroncito).
(3) Polil, Henry et Germain, Hec . de méd . vrt., 1909, p. 493.
PARASITES. 209
mêmes qui explique leur groupement dans lintérieur des
tubercules. Apportés par le sang artériel, ces parasites
perforent la paroi artt^rielle de dedans en dehors et se
logent dans les tunique interne et moyenne des petites
artérioles dont ils provoquent l'occlusion.
Lésion:. — Le rein est couvert de marbrures blan-
châtres plus ou moins continentes et très légèrement sail-
lantes, ressemblant à des foyers de nécrose, situées presque
exclusivement dans la substance corticale. Ces nodules sont
régulièrement suspendus comme de petits grains aux
divisions latérales des artérioles rénales situées au centre
et très riches en cellules géantes.
Symptômes. — L'occlusion d'un grand nombre d'arté-
rioles rénales détermine les signes d'une urémie intense
marquée par des séries de crises de vertige accompagnées
de chutes successives, de tremblements musculaires, de
tétanie, dexorbitisme, sans salivation ni évacuation
alvine se terminant par la mort ou nécessitant l'aba-
tage du malade Mouilleron).
Traitement. — On ne peut ni soupçonner ni prévenir
cette infestation parasitaire.
12.
CHAPITRE II
VESSIE
I. — CYSTITES.
Considérations générales. — Les inflammations do la
vessio ou cvstitcs fonsistcnt dans des inl'ections de la paroi
vésicale par tous les germes pathogènes ou susceptibles de
s'implanter sur la muqueuse de cet organe à la faveur de
causes prédisposantes. — llabiluolloinent. les microbes
parvenus accidentellement dans la vessie sont totalement
entraînés avec l'urine, qui redevient aseptique : linfeition
est évitée ; parfois ils cultivent partiellement dans l'urine
sans intéresser la paroi vésicale : il y a simplement de la
bactériuric ; parfois la muqueuse vésicale s'infecte et
s'enflamme ; il y a cystite. Dans cette infection, trois
éléments doivent retenir notre attention : 1<» les microbes ;
2° la voie de pénétration ; 3" les causes (jui permcltont
leur implantation.
a. 'Le microbe infectant est très variable ; on pciil incri-
miner principalement les staphylocoques, les strepto-
coques, les colibacilles, les microbes de la suppiu-ation
caséeiise, le hacille do la tuberculose. Plusieurs espèces
microbiennes peuvent d'ailleurs s'associer ou se remplacer
quand la nnujueuse, altérée, est dépourvue de son é'pilhé-
lium protecteur.
b. La pénétration des microbes dans la vessie s'effectue
parla voie descendante ou rénale dans le cours des infec-
tions générales accompagnées de rétention et dans les
CYSTITES. 211
pyélonéphriles suppurées. Un rhume descend dans la
poitrine ; une néphrite purulente hématogène peut
engendrer une cystite pyogène. L'infection ascendante
urétrale est fréquente ; la cystite complique l'acrobus-
tite. la gravelle, les plaies, les ulcérations vaginales.
L'infection par les vaisseaux lymphatiques peut déterminer
une plaque de cystite produite par les microbes de la
suppuration caséeuse ou par les bacilles de la tuberculose.
D'autres microbes viennent plus tard se greffer sur cette
plaque dénudée.
c. La prédisposition est indispensable à toute infection.
Sans elle, on peut injecter isolément ou ensemble tous les
microbes infectieux dans la vessie : l'urine les entraîne ;
il ne se développe pas de cystite. La prédisposition est
réalisée : i° par la rétention : la vessie qui se vide bien
résiste à l'infection ; 2° par le traumatisme occasionné par le
cathétérismeoula gravelle; 3° par la congestion déterminée
par l'urine, devenue irritante, en éliminant des agents
toxiques. Chez les solipèdes, les bovidés et les chiens.
on peut reconnaître deux sortes de cystites : la cystite
aiguë et la cystite chronique. Ces inflammations, très rares
chez le mouton et le porc, n'ont pas été étudiées.
I. — SOLIPEDES.
I. — CYSTITE AIGUË.
Définition. — La cystite aigué des solipèdes est une
maladie toxi-iufectieuse caractérisée par des coliques, des
troubles de la miction, de la douleur vésicale. une marche
rapide aboutissant à la guérison, à l'état chronique ou à
la mort.
Étiologie. — La cystite aiguë est une maladie toujours
secondaire. La vessie constitue, en effet, un réserv'oir
d'attente placé à égale distance du rein et du méat uri-
naire. Tous les troubles du rein s'accompagnent d'une
212 VESSIE.
altération plus ou moins profonde fie l'urine ; réliiiiina-
lion de prinripos irritants ou infectieux a néeessairenienl
un retentissement plus ou moins marqué sur létal de la
vessie. La cystite évolue, dans ces circonstances, comme
évoluent la bronchite ou la pneumonie à la suite du <orvza
ou de l'angine. L'infection est descendante.
La plupart dosproduits irritants capables de «l'IermintM'
une néphrite sont donc susceptibles de provoipier une
cystite. Les végétaux toxiques, les résineux, la canthari-
dine, l'essence de térébenthine, certains champignons sont
des agents fréquents de la maladie. Prévôt la vue se déve-
lopper à la suite de frictions légères à l'alcool cantha-
ridé.
La cystilc qui (■voliic |»cnilaul le cours des niabulies
contagieuses a la même origine (pie les précédentes.
Dans les cas d'infection ascendante, les agents micro-
biens, avant de se rendre au rein, sont obligés de séjour-
ner pendant un temps plus ou moins long dans le réser-
voir vésical.
Leur pri'sence à la surface de la muqueuso. dans l'urine,
est quchjuefois suivie de l'apparition de désordres plus ou
moins graves. Cette seconde forme de cystite par infection
ascendante est surtout fréquente chez la femelle à la
suite d'accouchements laborieux, de non-dëlirrancc. de
plaies vaijiiialcs, de catarrhe du raijin. ou de sondages
intempestifs, pratiqués avec des sondes infectées.
Les obstacles au cours d(> l'in-inc. réirécissement uré-
Iral, calculs, néoplasies, en sopposani à l'expulsion régu-
lière de l'urine, sont autant d'accidcnls (jui ]pi'éparenl et
facililiMil l'infection.
Symptômes. — La maladie di-bute par de l'inquiétude ;
l'animal malade cesse de manger, gratte le sol, se couche
avec précaution et se relève aussitôt. S'il s'agit d'un mâle,
on constate que les testicules sont remontés dans l'aine :
sur la temelle, les lèvres de la vulve s'entr'ouvrenl. mon-
trant un clitoris lurgescenl.
CYSTITES. 213
Le malade se campe fréquemment et rejette une faible
quantité d'urine ; les mictions sont fréquentes et doulou-
reuses, l'iu'ine est expulsée par gouttes, par jets interrom-
pus. Pendant lurination, lattitude de l'animal exprime
une vive douleur; lorsqu'elle a cessé, lise déplace latéra-
lement à droite, à gauche: la queue est agitée, toujours en
mouvement.
L'exploration rectale, ou vaginale, s'il s'agit d'une
femelle, est douloureuse ; l'animal se défend vivement
pendant l'opération, ou se plaint. Elle permet de constater
la réplétion de l'organe.
La douleur déterminée par les efforts expulsifs. néces-
saires à la défécation, empêche le malade de se livrer à
cet acte. Les excréments s'accumulent dans le rectum
et augmentent, jiar les pressions qu'ils déterminent", les
douleurs ressenties.
La. pyurie comp\i'\o ce tableau symi>tomatique ; l'urine
est trouble, épaisse, plus dense qu'à l'état normal : elle
renferme des éléments proven.int de la muqueuse
enflammée : épithélium vésical, globules de pus, mucus,
albumine, cristaux de phosphate ammoniaco-magnésien.
lorsqu'elle a subi un commencement de fermentation, et
des microbes abondants. Elle peut contenir, en outre, du
sang, des fausses membranes. Quelquefois la maladie se
complique de la formation d'abcès.
Les symptômes généraux qui accompagnent ces mani-
festations sont peu accusés ; la température ne dépasse
pas 39°. o ; le pouls est peu accéléré et la respiration peu
troublée.
Marche. — Cet état dure pendant un temps variable.
Le malade se rétablit en quelques jours ou un accident
termine brusquement l'évolution du processus quand celui-
ci ne tend pas à persister indéfiniment. La maladie peut,
en somme, se terminer par résolution, par urémie, par la
rupture ou par la gangrène de l'organe ou par le passage
à l'état chronique.
214 VESSIE.
La RÉsoLiTiON s'annonce par l'attcniiation de tous les
symptômes que nous avons énumérés ; elle survient ordi-
nairement au bout de quelques jours; parfois elle se fait
attendre plus longtemps (quinze jours) (Oresle). Lorsque
les symptômes persistent après avoir perdu de leui- inten-
sité, la maladie passe à l'état dironique.
La MORT peut être la conséquence de iurémio, de la
rupture ou de la gangrène de la vessie.
L'urémie se produit lorsque la plénitude de l'organe
s'oppose au déversement de l'urine contenue dans les ure-
tères et le hassinet. Elle se caractérise par l'appari-
tion de phénomènes nerveux auxquels donne lieu cette
intoxication, qnciquel'ois par de la paralysie générale
(Isnard).
La RUPTURE DE LA VESSIE cst facilitée par sa paralysie
plus ou moins complète et par l'altération de ses i)arois;
elle est déterminée par sa réplétion extrême, par un
effort, par une violence extérieure. Cet accident est fré-
quent [Adam, Overed]. Il s'accuse par un bien-être immé-
diat, mais de courte durée, par la suppression des efforts
de miction et par une déformation de l'alidomen. L'explo-
ration rectale lève tous les doutes. Bientôt de nouvelles
coliques se montrent ; elles indiquent le déhiit dune périto-
nite, constamment mortelle.
La GANGRÈNE est uue terminaison rare. KUe est annon-
cée par des coliques violentes. L'urine se fonce en couleur,
dégage une odeur fétide et renferme souvent des frag-
ments de membranes. Cette terminaison aboutit presque
toujours à la nipliu'e de la vessie.
Anatomie pathologique. — La vessie enflammée est
généralement distendue, remplie d'urine épaisse tenant
en suspension des exsudais pathologiques. Sa muqueuse
est injectée, congestionnée, desquauu'x^ stu" toute la surface
ou seulement par îlots au niveau desquels se sont incrustés
les sédiments urinaires. Quand l'inflammation est récente,
on constate des exsudais jaune verdàtre, mélangés à des
CYSTITES. 215
quantités variables de sang qui lui donnent un aspect rouge,
couleur chocolat ou café au lait.
On peut constater aussi des pseudo-membranes, recou-
vrant des érosions, des escarres (Lafosse. Johne, etc.). La
couche musculaire elle-nième est infiltrée, et l'on peut
même constater quelquefois des plaques de péricystite.
Quand il j a eu perforation ou rupture de la vessie, on
trouve, dans la cavité péritonéale, une quantité considérable
de liquide, et l'on constate les lésions d'une péritonite
plus ou moins intense. La plaie qui a livré passage à l'urine
est souvent de faibles dimensions ; elle occupe ordinaire-
ment le fond d'une ulcération et présente des bords
tuméfiés et hémorragiques; la rupture vésicale pouvant se
produire rapidement ou succéder à l'ulcération. Parfois,
l'urine, s'insinue entre la musculeuse et la séreuse en for-
mant deux vessies concentriques (Adam %
La gangrène se reconnaît à la mortification de la
muqueuse vésicale, qui prend une teinte rouge brunâtre et
perd toute cohésion (Oreste).
Diagnostic. — La fréquence des mictions, les caractères
des coliques, l'exploration rectale et la purulence de l'urine
permettent, dans la majorité des cas, de porter un dia-
gnostic certain.
Pronostic. — Toujours grave, par suite de complications
possibles et de la terminaison fatale, assez fréquente, de
la cystite. Lorsque la réplétion de la vessie est complète,
le pronostic doit être considéré comme très grave en
raison de l'imminence delà rupture.
Traitement. — Il est toujours indiqué d'atténuer les
propriétés irritantes de l'urine et de calmer l'inflamma-
tion vésicale. La première indication est remplie par
Tadministration de breuvages mucilagineux et l'emploi
des diurétiques alcalins, du bicarbonate de soude (20 à
40 grammes) ; s'il y a rétention d'urine, on doit chercher
à vider la vessie. Chez les grands animaux, ce résultat peut
être obtenu en introiluisant la main dans le rectum et en
216 VESSIE.
comprimant modérément l'organe avec la main posée à
plat. Lorsqu'on y parvient, on conseille de ne pas faire
sortir la totalité du liquide. Quand la miction est entravée,
il convient de recomuninder les préparations au goudron ;
le bromure de potassium (10 à 15 grammes), le bromure
de camphre (Trasbot) ont un eilet l'apide et très sûr. Chez
les femelles, il convient de pratiquer îles lavages de la
vessie au moyen des antiseptiques; mais ce lavaje n'est
cfïicace (ju'en utilisant dessubslancesabsolumentanodines.
L'oxycyanure de mercure en solution de I p. 3 000 à
1 p. 10000 dans l'eau légèrement salée est un moyen
désinfectant indispensable pour les lavages de la vessie et
des voies urinaircs.
D'autre part, l'adininistraliou d'iirolropine à la ilose de
Oe^S à 1 gramme pour les petits animaux, 5ù 10 grammes
pour les grands, désinfecte les voies urinaires en donnant
probablement dans les reins de l'aldéhyde formlipie. La
combinaison des deux méthodes de traitement donne
d'excellents résultats dans la cystite des animaux domes-
tiques (1).
Chez les mâles, on peut recourir à l'urétrotomie dans
les cas très graves ; on pratique ensuite le lavage de la vessie
avec des solutions antiseptiques faibles : eau boriipiée
saturée, permanganate de potasse à I p. iOOO.
il. — CYSTITE CHRONIQUE.
La cystite chroniipie est (pielquel'ois le reliipiatdo It-lat
aigu; elle est rarement d'origine toxique, secondaire m une
néphi'ite; le (dus souvent, elle apparaît .'i la suite d'une
infeclion de l'urètre, du vagin (Saint-Cyr) (2) ou de la
lithiase. La maladie est aussi désignée sous le nom de
catarrhe rcsical. Klle a él('' très bien décrite au point de
vuesymplomatique par Sainl-Cyr; nous ne saurions mieux
(1) Gemi'incr, A/oiia/ssrhr. fiir prakt. Tierhril.. 1901.
(-2) Sainl-Cyr, Joiirn. tic Lyon, 1867, p. 57.
CYSTITES. 217
faire que de reproduire en grande partie sa description.
Symptômes. — La maladie ne s'accuse par aucun
trouble manifeste des grandes fonctions ; la démarche seule
a quelque chose d'insolite ; les membres sont raides, l'ar-
Fig. 43. — Cystite sédimenteuse, nécrose de la vessie, péritonite
(d'après Pécus) .
rière-train vacillant; au trot, la raideur des membres et la
faiblesse sont encore plus apparentes. La miction est assez
difficile et quelquefois précédée de l'expulsion, paria vulve,
d'une matière semi-fluide, ressemblant à du pus. L'explo-
ration des organes génitaux permet de constater l'infection
delamuqueuse vaginale, l'existence d'excoriations de plaies
C.^DÉAc. — Pathologie interne. VII. 13
218 VESSIE.
d'aspecl ulcéreux. Vurinc est foncée, filante, collante aux.
doigts, jaunâtre, tenant en suspension des mucosités abon-
dantes; dans certains cas, elle est blanchâtre, opaque ci
très fétide (Vitet). Ces manifestations durent un temps
variable et s'accompagnent d'un état général mauvais,
d'amaigrissement; le poil est piqué, terne, l'appétit capri-
cieux; des troubles digestifs divers viennent se greffer
sur la maladie primitive.
Anatomie pathologique. — La maladie est caractérisée
[lar l'épaississement de la nniqueuse, la distension variqueuse
des vaisseaux, par des ulcérations d'étendue et de profon-
deur variables, à fond grenu, rougeàtre, quelquefois enduites
d'un produit muqueux, jaunâtre, ou recouvertes de fausses
membranes gris verdàtre. Des abcès existent quelquefois
dans la sous-muqueuse, dont les plans sont dissociés par le
pus.
Parfois la muqueuse a subi l'inliltration calcaire ou offre
un dépôt sédimentaire jaunâtre constiiué par de petits
graviers [Pécus (l)j. Les parois vésicales sont hypertro-
phiées, pigmentées, parsemées de brides scléreuses.
Les uretères sont dilatés, les reins atteints de pyoné-
phrose.
Diagnostic. — Il est basé sur la difticulté de lurination.
le caujper, le fouettement de la queue, l'examen du vagin
et les caractères purulents de l'urine.
Pronostic. — Toujours grave en raison de la curabilité
relative de la maladie et de la possibilité de complications
rénales.
Traitement. — Dans la cystite chronique, il faut re-
courir aux réiineux, à la térébenthine, à l'aloès. Trasbot
recommande le bromure de camphre et le bromure de
potassium. Sainl-Cyr s'est bien trouvé de l'administration
à l'intérieur de goudron de liois à la dose de 45 grammes
par jour en trois bols. Lorsqu'il y a, en même temps, des
(1) l'écus, Journ . de Lyon, IS98.
CYSTITES. 219
lésions vaginales, les lavages du vagin avec une solution
antiseptique sont naturellement indiqués. A la suite de
Tamélioration du sujet, on peut conseiller Teau goudron-
neuse en boissons (1 kilo de goudron dans 20 litres d'eau);
on donne chaque jour, à Tanimal. 1 ou 2 litres d'eau
goudronnée.
Quand ce traitement est insuffisant, il faut recourir à
une action directe sur la muqueuse parles lavages vésicaux
à Taide d'une petite quantité de collargol à 1 p. 100. de
nitrate d'argent à 1 p. 1 000. On peut faire précéder ce trai-
tement d'injections d'eau bouillie destinées à nettoyer la.
muqueuse et à enlever ses produits de sécrétion.
II. — BOVIDÉS.
I. — CYSTITE AIGUË.
La CA^stite aiguë des bovidés est une inflammation secon-
daire de la muqueuse, parfois de la musculeuse et des tissus
périvésicaux caractérisée cliniquement par des mictions-
fréquentes, douloureuses et la purulence des m-ines.
Étiologie. — L'élimination par le rein de produits irri-
tants, toxiques, végétaux ou minéraux alimentaires ou mé-
dicamenteux (essence de térébenthine, cantharides) est
tantôt suivie dune néphrite ou dune néphrocvstite ou seu-
lement de l'inflammationcatarrhale de la vessie. L'infection
se greffe sur la congestion.
L'infection ascendante est plus fréquente que l'infection
hématogène; la cystite est, pour ce motif, plus commune
chez les femelles que chez les mâles.
La maladie apparaît souvent après la non-délivrance, à
la suite des divers accidents de la parturition, plaies vagi-
nales, vaginite, métrite. Elle est, dans ces cas, la première
étape de la pyélonéphrite. Le sondage intempestif, pratiqué
avec des instruments malpropres, peut provoquer l'appa-
rition de la maladie.
220 VESSIE.
Chez les vcnux, il n'est pas rare de trouver des lésions
d'inflammation catarrhale ou purulente à la suite de l'in-
lection du canal do l'urètre (Ulz).
La cystite est quelqueroisla première étape de l'infection
ascendante qui se termine par une pyélonéphrite.
Les calculs et les tumeurs de la vessie ou de l'urètre
sont une cause fréquente de cystite par la rétention uri-
naire qu'ils [)rovoquent. Le séjour prolongé de l'urine dans
la vessie est suivi de son altération : l'urine décomposée
irrite les [)arois vésicales. La nature des agents microbiens
qui cultivent dans lurinc ou à la surface de la muqueuse
fait varier le type inflammatoire ; la maladie revêt la
forme hémorrar/ique, catarrhale. jmrulente. pseudo-mem-
braneuse ou nccrosique.
Symptômes. — Les symptômes essentiels sont à peu
près les iiièmes dans les diflerenles formes de la maladie;
ils varient seulement d'intonsilé.
a. La douleur vésicale s'annonce par une attitude géné-
rale équivoque; les animaux cessent démanger, regardent
leur flanc, se déplacent latéralement du train postérieur,
[•iétinent du derrière. Ces signes, qui sont des indices cer-
tains de coliques, se localisent, et les manifestations uri-
naires apparaissent. Les vaches se campent fréquemment
pour uriner, mais ne rejettent, chaque fois, qu'une petite
(juantité d'iu'ine; le besoin d'uriner se répète parfois tous
les quarts d'heure ou toutes les demi-heure et, chaque fois,
le dos se voûte, le ventre se tend, l'arrière-train est agité
par un tremblement qui décèle des crampes douloureuses;
la région lombaire est très sensible à la pression.
b. Les urines émises sont troubles parce qu'elles con-
tiennent du pus. et leur coloration varie beaucoup suivant
l'intensité de l'inflammation. Tantôt roussiUre et légèrement
foncée par une petite quantité de globules rouges, tantôt
brunâtre, sanguinolente, l'urine offre souvent l'aspect d'une
bière brune et devient sanguinolente vers la fin de chaque
miction. En subissant la fermentation ammoniacale dans
CYSTITES. 221
la vessie, elle devient extrêmement fétide. L'hématurie
terminale cesse habituellement au bout de quelques jours;
l'urine devient alors plus épaisse, nettement blanchâtre,
visqueuse, c'est-à-dire franchement purulente. Examinée
au microscope, on y découvre de nombreux globules de
pus, des globules rouges, des cellules épithéliales plates,
polygonales à gros noyaux et une grande quantité de
microbes.
c. L'exploration rectale dénonce une constipation opi-
niâtre ; le rectum est rempli d"excréments tassés et durs,
de mucosités pelotonnées et striées de sang. On peut cons-
tater, en même temps, la distension et la sensibilité de la
vessie et particulièrement du col de cet organe, qui forme,
dès le début, une tumeur tendue, brûlante très doulou-
reuse à la pression après trois ou quatre jours de maladie
(Roche-Lubin, Ringuet, Tannenhauer). La muqueuse du
vagin est également plus rouge, parfois l'ecouverte de
mucus épaissi. Tous ces symptômes augmentent rapide-
ment d'intensité et arrivent, après quelques jours, à leur
maximum.
Cette forme inflammatoire simple ne s'accompagne pas
de fièvre, ou ne détermine qu'une fièvre modérée.
Variétés. — La cystite catarrhale simple évolue géné-
ralement en deux à trois semaines, puis guérit complè-
tement ou persiste en présentant, de temps à autre, des
poussées aiguës.
Laoystite cantharidienne anne marche aigué, rapide ; elle
est souvent accompagnée d'émission d'urine sanguinolente.
La cystite pseudo-membraneuse est caractérisée par l'ex-
pulsion de petits lambeaux grisâtres, débris de fausses
membranes qui peuvent obstruer l'uretère chez les vaches
comme chez les mâles et déterminer la rétention totale de
l'urine et la rupture de la vessie.
La cystite nécrosante, souvent compliquée d'inflammation
périvésicale,de péritonite localisée ou généralisée, s'accom-
pagne de troubles généraux très marqués.
222 VESSIE.
La température peut atteindre 40" ; le regard est anxieux,
les yeux sont injectés, les battements cardiaques violents,
le pouls petit, vite et dur, la bouche chaude, l'appétit nul,
laruminationinlerronipue ;lesco]iquesredoublentd'iicuilé;
les efforts de miction sont continus; infructueux; l'animal
se tient le dos voussé ; il tremble fortement, grince des
dents et ne rejette que, goutte à goutte, un peu d'urine
sanguinolente (Tannenhauer. Hinguet, Roche-Lubin, Guit-
tard), des fausses membranes ou dos membranes d'appa-
rence nécrosée Rose ot Perrins, Khnudsen). L'animal s'af-
faiblit rapidement, le train [lostérieur ne peut plus le
supporter.
La paraplégie apparaît vers le quatrième jour et se
complote (Tannenhauer); la constipation augmente, se
complique souvent de renversement du rectum ; l'œil
devient cave, les extrémités froides ; tout annonce une fin
prochaine.
Souvent l'affection se termine par la rupture de la vessie
ou par la (janurène de l'organe. La rupture de la vessie
est accusée par la disparition momentanée des coliques ;
un soulagement immédiat, lalfaisemcnt de l'organe suivi
bientôt dune réaction et de l'évolution de symptômes géné-
raux graves, dénonçant la péritonite. La gangrène est
marquée par l'expulsion d'une urine très odorante, infecte,
et le rejet de portions do muqueuse nécrosée mélangées à
du sang.
Ânatomie pathologique. — A l'ouverture de la cavité
abdominale, on trouve, dans le cas de rupture, une quan-
tité plus ou moins considérable d'urine, et tous les
viscères exhalent une odeur urineuse ; le péritoine est
enflammé, les muscles décolorés. La vessie est rouge
brunâtre, ot. dans sa partie la plus évasée, on aperçoit une
déchirure à bords ourlés, par laquelle l'iu-ino s'est
répandue dans l'abdomen.
Quand il n'y a pas eu rupture, on constate souvent que
les reins sont i)lus ou moins altérés, rarement indenmcs ;
CYSTITES. 223
ils sont rouges, congestionnés, et présentent des foyers
hémorragiques (Derain\ La vessie forme, en arrière,
une énorme tumeur, à surface violacée ou noirâtre ;
ouverte, elle donne écoulement à un produit qui est du
sang presque pur, liquide, et à des caillots, ou bien encore
à un produit séro-purulent. noirâtre et fétide (Roche-
Lubin, Ringuet).
A la muqueuse, adhère un produit muco-purulent,
glaireux, riche en globules rouges, en cristaux divers;
quelquefois, elle est recouverte de fausses membranes
jaunâtres, cachant un fond hémorragique, saigneux.
L'inflammation de la muqueuse peut revêtir le caractère
hémorragique et diffus; toute la surface interne de la
vessie est d'une coloration rouge foncé, noire par places
(Derain). Dans d'autres cas, la muqueuse est épaissie
et parsemée de lai'ges ecchymoses sur certains points,
désorganisée, sphacélée, verdàtre dans d'autres. Des
érosions et des plaies bourgeonnantes s'observent dans les
formes moins graves. Des infiltrations sanguines ou puru-
lentes existent quelquefois entre la muqueuse et la mus-
culeuse. Le tissu conjonctivo-adipeux qui tapisse la péri-
phérie de la vessie au niveau des fossettes péritonéales
intrapelviennes est fortement enflammé dans les formes
grangreneuses; il y a de la pelvi-péritonite ou de la péri-
tonite généralisée, h'urètre est souvent le siège d'une
inflammation aussi intense que la vessie.
Diagnostic. — Le diagnostic est facile ; il y a cystite
chaque fois qu'on observe des mictions fréquentes, dou-
loureuses, accompagnées de pyurie ou d'hématurie.
L'exploration de la vessie, en révélant sa sensibilité et
sa distension, confirme l'existence de cette inflamma-
tion.
Un seul état pathologique pourrait être confondu avec
le précédent : Vobstruction de l'urètre par un calcul. Dans
ce cas, en effet, on observe, comme dans la cystite, des
coliques et la réplétion de la vessie ; le diagnostic diffé-
224 VESSIE.
rentiel est basé sur l'exploration négative du trajet de
l'urètre et sur l'absence du bond urétral.
Dans la cystite, il n'y a pas de bond urétral (Cruzel,
Ringuef. Dorain). et cela tient à la paralysie complète
de l'organe qui maintient hermétiquement clos le col de
la vessie; il j a toujours un bond urétral dans le cas
d'obstruction du canal de l'urètre.
Pronostic. — Le pronostic est variable suivant la nature
et le degré de l'infection vésicale et l'intensité des lésions
qui se sont développées. Il ne faut pas oublier que cette
maladie peut avoir une terminaison mortelle une fois sur
quatre, en moyenne (Rocbe-Lubin, Ringuet), bien moins
souvent si l'on fait entrer en ligne de compte les nombreux
cas de cyslile bénigne qui guérissent rapidement.
Traitement. — Tant que les douleurs sont très vives,
le besoin d'uriner très fréquent, les calmants (sachets
chauds sur les lombes et les flancs, lavements mucihigi-
neux, laudanisés, administration de boissons émollienles .
sont tout indiqués.
A ces moyens palliatifs, il faut joindre les désinfectants
de la vessie. Les diurétiques comme les boissons mucilagi-
neuses, les tisanes d'orge, de pariétaire, additionnées de
bicarbonate de soude, 40 à 50 grammes en plusieurs fois
diminuent l'action irritante de l'ui'ine et facilitent l'éva-
cuation du contenu de la vessie. Les antiseptiques qui
s'éliminent par le rein tendent à rendre l'urine aseptique :
le benzoate de soude, l'urotropine (i à li grammes), le
camphre, l'acide salicylique 15 à 20 grammes) sont des
agents très recommandables. Le lavage de la vessie,
impraticable chez les mâles, est difficile et très douloureux
chez les vnclies, sinon dangereux. L'extrémité de la sonde
rigide (métal, gutta ou caoutchouc durci) risque de blesser
la mmpieuse vésicale, enflammée, d'y déterminer des
auto-inoculations très graves, de hâter la nécrose ou la
perforation de la paroi.
CYSTITES. 225
II. - CYSTITE CHRONIQUE.
Les bovidés présentent deux formes de cystite chro-
nique nettement séparées : la cystite clironique simple et
la cystite chronique hémorragique.
A. — Cystite chronique simple.
L'infection vésicule tend à persister et disparaît diffici-
lement : l'urine demeure généralement un excellent
bouillon de culture des microbes qui entretiennent lirri-
tation de la muqueuse. Caractérisée par le rejet d'urine
purulente et l'épaississement plus ou moins considérable
de la paroi vésicale, cette maladie, fréquente chez la vache,
est rare chez le taureau.
Symptômes. — Le début est insidieux, peu net, caché ;
quand elle est bien développée, les malades urinent ra-
rement, et, lorsqu'ils le font, c'est avec précaution; ils
se campent, agitent la queue et expulsent un jet aminci
ou une faible quantité d'une urine blanchâtre, purulente,
trouble, louche, contenant des grumeaux. Si on examine
au microscope, le dépôt formé par l'urine, on y trouve
de nombreux globules purulents, des sels, des cristaux de
phosphate ammoniaco-magnésienengrande quantité, quel-
ques amas bacillaires sous forme de petits grains même
visibles à l'œil nu. L'urine a une odeur fade, légèrement
ammoniacale.
Ces manifestations s'accusent de plus en plus ; la mic-
tion devient tous les jours plus pénible ; il y a des épreintes ;
les animaux tiennent le dos voussé quelque temps encore
après avoir uriné. L'examen du vagin, au spéculum,
démontre une inflammation plus ou moins marquée de
cet organe; la main, introduite, constate l'épaississement
des parois de l'urètre, qui sont rigides. La vessie, quoique
vide, ne s'affaisse pas à l'exploration rectale ; elle donne
13.
226 VESSIE.
même quelquefois la sensation dune tumeur dure; le col
est liyperlropliié (Lewis). Quand la maladie persiste, les
parois vésiralcs acquièrent un tel degré d'épaisseur que la
cavité disparail ; l'urine venant du rein ne séjourne plus
dans l'organe destiné à la recevoir; elle s'écoule constam-
ment au dehors; il v a incontinence d'urine.
Marche. — La marche de la maladie est essentielle-
ment chronique; au début, aucun signe spécial ne
l'annonce, puis, ])eu à peu, l'élat génc'ral devient mauvais;
les animaux maigrissent, la rumination n'est plus régu-
lière ; si l'on n'intervient pas, la mort survient dans la
cachexie.
Anatomie pathologique. — A première vue, la vessie
paraît énorme, ses parois sont épaissies, rigides, ne
s'affaissent pas; elles atteignent quelquefois 4 à 5 cen-
timètres d'épaisseur et ne se laissent que diflicilement
inciser par l'instrument tranchant. Leur coloration est
jaunâtre ou blanc grisâtre, plombée. La face interne de
la vessie présente des plis épaissis, volumineux, entre
lesquels on trouve du pus et des sédiments urinaircs; elle
est hémorragique, piquetée, gris plombé ou ardoisée, sup-
purante ou bourgeonnante, sans jamais présenter les végé-
tations en choux-fleurs do la cystite hémorragique.
La musculeuie est épaissie, sclérosée ou infiltrée par
places, résistante ou élastique. Le tissu conjonctif péri-
vésical est infiltré et épaissi. '\jQS uretères sont générale-
ment dilatés. Dans quelques rares cas, la muqueuse vési-
cale est parsemée de vésicules transparentes ou rouges
qui contiennent des gaz et crépitent sous la pression. Des
dilatations gazeuses, abondantes dans la couche muqueuse
et surtout volumineuses dans la sous-mu(pieuse. sont rares
dans la couche musculaire. La ]>lupart paraissent consti-
tuées par des lymphatiques dilatés; on peut constater, çà
et là, des hémorragies interstitielles (Hunge, 4898; Troll-
denier, 1903).
Diagnosrtic. — La purulence des urines, l'exploration
CYSTITES. 227
du méat urinaire, chez la vache, à l'aide du spéculum et
l'exploration rectale permettent de reconnaître l'inflam-
mation de la vessie.
Pronostic. — Le pronostic est toujours grave en raison
de l'incurabilité du mal et de sa tendance à déterminer
l'infection des uretères et la pyélonéphrite.
Traitement. — Ce sont les mêmes agents infectieux
qui sont implantés sur la muqueuse : il faut en poursuivre
l'asepsie à laide des mêmes moyens : l'acide benzoïque. le
benzoatede soude, le camphre, l'urotropine. le bicarbonate
de soude doivent être longtemps employés. Les balsa-
miques et les l'ésineux sont ici particulièrement indiqués ;
l'essence de térébenthine à la dose de 40 à 50 grammes
par jour, en capsules ou en bols, donne de bons résultats
(Caffaretti). L'acide salicylique et le salicylate de soude,
les injections intravésicales de solutions astringentes
d'eau blanche, de nitrate d'argent (1 à 2 p. 100 , d'eau
boriquée à 3 p. 100. d'eau fluorée (0g''.50 à 1 gramme de
fluorure de sodium par litre . d'oxycyanure de mercure en
solution salée de 1 p. 3000 à 1 p. 10000 sont conseillées:
mais ce traitement prolongé devient onéreux, de sorte
qu'il est préférable d'envoyer les animaux à la boucherie
avant que l'amaigrissement soit devenu trop prononcé.
B. — Cystite chronique hémorragique. •
La cystite chronique hémorragique est une affection
spéciale aux animaux de l'espèce bovine. Elle est caracté-
risée par une hématurie intermittente, un amai'jrissement
progressif et généralement par des ulcérations et des néo-
formations hémorragiques de la vessie et quelquefois des
uretères. Sa marche lente et fatale, son caractère enzootique,
l'obscurité qui entoure encore sa nature en font une
maladie très importante à connaître au point de vue
économique.
Synonymie. — La maladie est connue sous des noms
228 VESSIE.
très divers. En France, c'est la cystirrar/ie, \o pisscmcnt de
sai}g, l'hématurie enzootique, Yhcmatiirie eaucntiellc , l'hciua-
tiirie chronique. Les Allemands la désignent sous le nom
d'hématurie vésicale, et de Stallroth ou rouge des établcs,
par opposition au rouge des prairies, Wcidcroth, qui est
l'hémoglobinémie ou la piroplasmose. Le nom de cystite
chronique hcmorrarjique est celui qui exprime le mieux la
nature et le caractère dominant de cette maladie.
Historique. — Fréquente dans la Creuse, la Corrèze, la
Haute-Vienne, le Cantal, le Puy-de-l)ùnw, la Ilaute-Loireet
dans les départements de rOiiest de la France, elle est
signalée par Vigney (18-4.^. Gillet (18Gâj l'observe dans les
départements de la Mayenne, de la Sarthe et de Maine-et-
Loire. L'année suivante, Pichon la retrouve dans les
départements de l'Ouest. En 1864, Sinoir lui consacre un
mémoin; de la plus haute importance. Après ces auteurs,
il faut rappeler lesobservations deConslanlin. deMathivet,
de Robcis, deButel,de MoUereau, deBoudeaud, de Morand,
d'Éloire et les recherches de Detroye (1891), de Galticr
(1892).
En Allemagne et dans les pays du nord de l'Europe, la
maladie a été très souvent observée et très bien décrite
par BoU, Stiévenart, Arnold, Sakowitch et Sobornow.
Ligo-Dolpopulow, Reichenbach, Ilink, Anacker.
En Italie, la cystite chronique hémorragique a été
bien étudiée par Cavalazzi, Rivolta.
En /it'/,7((/»/(?, cette maladie a étéégalement l'objet de très
nombreuses observations dont les plus intéressantes
sont celles de Polet, Dessart, Van Vellendael, Durieux,
Liénaux.
Répartition géographique. — En France, la maladie
semble localisée dans fOuost et le Centre. Observée dans
les <lépartements de la Sarthe, de la Mayenne et de
Maine-et-Loire (Cillet, Pichon, Sinoir), elle existe actuel-
lement dans les départements de la Creuse, de la Corrèze,
de la Haute-Vienne, de l'Indre, de la Vendée, de l'Allier.
CYSTITES. 229
du Cantal depuis 1886. de l'Indre-et-Loire, de l'Eure.
A l'étranger, la maladie est très fréquente en Belgique,
dans divers districts, notamment dans celui de Liège. En
Allemagne, on l'a rencontrée à l'état enzootique dans la
Hesse, le duché de Nassau, le grand-duché de Bade, le
Wurtemberg et la Souabe. On l'observe aussi en Hongrie.
En Italie, elle paraît siu'tout répandue dans les provinces
du Centre.
Dans ces diverses régions, elle cause des pertes consi-
dérables.
Étiologie et pathogénie. — L'étiologie et la pathogénie
de cette maladie meurtrièi'e sont inconnues. Elle ne frappe
généralement pas les animaux avant l'âge de deux ans
(Gillet, Pichon, Sinoir, etc.). A partir de cette époque, elle
se développe indistinctement chez les animaux des deux
sexes, chez les vaches en état de gestation comme chez
celles qui ont vêlé, chez les animaux nourris à l'étable
comme chez ceux qui vivent dans les pâturages. Elle
apparaît pendant toutes les saisons de l'année, mais plus
particulièrement vers la fin de l'hiver, dans les mois de
mars et d'avril, à l'époque de la mise au vert (Pichon).
Elle est souvent désignée en Allemagne sous le nom de
ronge des établcs, par opposition au ronge des prairies, qui
désigne la piroplasmose. En dehors de ces simples consta-
tations facilement vérifiables, on a émis diverses hypo-
thèses. Cette maladie a été attribuée : 1° à une alimen-
tation insuffisante ; 2° à une infection microbienne ; 3° à
une infestât ion parasitaire simple ou compliquée à la fois
d'une action toxique et d'une infection microbienne ; 4" à
des lésions vasculaires; 5° à une inflammation spécifique.
Chacune de ces manières de voir a eu ses défenseurs.
a. L'alimentation insuffisante tient à l'accumulation d'un
trop grand nombre d'animaux dans les fermes qui ne
disposent pas d'une quantité suffisante d'aliments pour
les nourrir convenablement pendant l'hiver (Anacker,
Cruzel). Les animaux épuisés par un régime débilitant
230 VESSIE.
deviennent anémiques et sont prédisposés à contracter
toutes les maladies. D'autre part. rapi)auvrissement du
sol principalement en pliosphates (Boudeaud), les défri-
chements, les amendements calcaires (Gillet, Pichon). les
fourrages mal récoltés, recouverts de champignons ou de
moississures sont l'origine de cette maladie. Cette hypo-
thèse trouve un appui dans la fréquence de l'hématurie
dans les régions basses au-dessous de 800 mètres d'altitude
fit dans certains départements relativement peu fertiles
comme certaines parties de la ('reuse, de la Haute-Vienne,
de la Haute-Loire, etc. ; mais il est avéré que la nour-
riture insuffisante aboutit à l'amaigrissement et à l'étisie
sans jamais déterminer la cystite hémorragique, qu'on
peut d'ailleurs voir apparaître chez des animaux bien
nourris.
b. ]j'infection microbienne (I)etroye, 1891) est une
opinion qui semble justifiée par l'existence des microbes
dans l'urine, le sang, les lésions rénales, les ganglions des
malades et par la persistance de la maladie dans les exploi-
tations ou les contrées à hématurie: mais les microbes
incriminés sont de vulgaires saprophytes inoffensifs, qui
trouvent, chez ces anémiés, un bouillon de culture propice
à leur invasion et à leur développement. Les microbes
pyogènes n'interviennent même pas; il y a hématurie,
bactériurie. mais non pyurie.
c. L'infestation parasitaire n'est pas entièrement hypo-
thétique. Arnold (1890), Roger (1) (1910) ont signalé des
coccidies dans les végétations; mais ces parasites acci-
dentels n'y sont découverts que très rarement ; d'autres
parasites, comme la liilharziaon ses œufs, peuvent produire
des altérations vésicales et donner naissance à des hémor-
ragies (Voy. liilharziosc). Jusqu'à présent, on n'a pas
découvert de parasite spécial, constanl. dont la JciMclion
fist de produire la cystite hémorragique (lig. 44).
(1) Roger, Essai de pathologie comparée au sujet de l'hématurie vésicale
des bovidés. Thèse de doctoral, 1910.
CYSTITES.
231
d. L'absence de ce critérium étiologique a fait attribuer
un rôle prépondérant aux parasites vulgaires comme les
filaires et les douves (Lvdtin). 11 n"a pas été difficile de
^^r^^' •»'.
Fig. 44. — Infection coccidienne (d'après Rjger).
constater l'hématurie chez des animaux indemnes de
filariose etdedistoinose ; ce sont là des maladies absolument
différentes qui peuvent évokier côte à côte, se compliquer
mutuellement sans jamais se confondre. L'insuffisance de
cette pathogénie parasitaire n'a pas échappé à Galtier, qui
a envisagé ces infections parasitaires comme des prédis-
positions générales aux infections microbiennes. L'inges-
tion de renoncules, de carex, de joncs, c'est-à-dire de sub-
232 VESSIE.
stances toxiques. Acres, irritantes, change la prédisposition
générale en préilisposition locale : les principes (oxiques
irritent les organes sécréteurs et éliminateurs, principale-
ment la vessie, où ils déterminentune infection microbienne
qui entretient l'irritation : la cystite hémorragique est
la conséquence de celte triple collaboration : le parasite,
le poison et le microbe. Or le parasite fausse souvent
compagnie à l'hématurie ; le poison végétal n'est pas
ingéré volontiers par les animaux qui vivent dans les
pâturages où l'on voit demeurer intactes les plantes qui
les récèlent ; il ne peut être absorbé par les bovins en-
tretenus à retable ; le microbe n'a aucune spécificité ; il
ne peut simplanter dans la vessie (pio lorsque celle-ci est
lésée, de sorte que toute cette pathogénie, péniblement
édifiée, s'écroule d'elle-même.
e. Les lésions vasculaircs sont incontestablement domi-
nantes dans cette singulière maladie, caractérisée exclusive-
ment par des hémorragies vésicales répétées. L'ectasie des
vaisseaux capillaires et veineux sous-inuqueux et muqueux
constitue le premier degré de l'affection ; elle est le prélude
indispensable des hémorragies futures (1). Ces vaisseaux
continuent à se dilater, à former des réseaux dont on peut
suivre lesarborisations, à grossir par stase veineuse comme
gi'ossissent, pendant la marche, les veines des membres
variqueux ou pourvus au niveau du genou d'une bande
Velpeau trop serrée. Sous l'inlluence de causes produisant
des effets analogues, les vaisseaux turgescents déterminent
des varicosilés, des végétations rouges ou brunes, parfois
jaunes ou grises, de lagrossein- d'une petite tète d'épingle,
d'un grain de chanvre ou même d'une lentille, angiomes
en miniature qui soulèvent l'épilhélium vésical et font
saillie à la surface de la muqueuse jusqu'à la ]»reinière
hémorragie capillaire. Dès lors, l'épithéliuni qui coiffe ces
bouquelsvasculaireshémorragiipicsse décolle, est entraîné
(i) Liùnaiix, De la jiathogcnie et de l'cliologie de riiémaluric chronique
des bovidés {Ann. de méd. vét., 1905, p. 183).
CYSTITES.
233
ou se détruit, toute hémorragie sous-jacente compro-
mettant sa nutrition : une exulcération vésicale est créée.
Son existence et son développement sont assurés par
les contractions vésicales exagérées par ce foyer de con-
gestion et d'irritation. A chaque miction, la vessie se
rétracte, et sa tunique musculeuse spasmodiquement con-
tractée, en exprime tout le contenu, comme une main crispée
presse une éponge. Ces contractions, qui ont présidé aux
Fie-. 45. — Néoforraation angiomateuse (d'après Roger).
premières hémorragies, désagrègent les thrombus obtura-
teurs qui les avaient arrêtées et en produisent indéfiniment
de nouvelles. Leur répétition, comme leur apparition, est
étroitementsubordonnée à la disposition des vaisseaux dans
cet organe. En raison de sa forme en poire, dit Liénaux, la
circulation vésicale se trouve dépourvue d'anastomoses
dans sa partie antérieure : les veines se collectent toutes
vers la partie postérieure seulement. De plus, la musculeuse
de la vessie est formée de faisceaux orientés d'une façon
compliquée, en long, circulairement, obliquement, en
spires, disposition inconciliable avec Texistence d'inter-
stices réguliers pour le passage des vaisseaux, dételle sorte
que les efforts de miction, les contractions effacent la
234 VESSIE.
lumière des veines vésicales, exagèrent la tension du sang
dans les vaisseaux capillaires et les veinules de la muqueuse,
dont la rupture s'effectue au moment où l'organe présente
«on minimum de volume qui correspond au maximum de
consistance de la musculeuse (fig. 4o).
A mesure que les hémorragies se multiplient et de-
viennent plus abondantes, les efforts expulsifs deviennent
plus fréquents : c'est le cercle vicieux par excellence ; les
contractions du muscle vt'sical déterminent des hémor-
ragies : les hémorragies, à leur tour, suscitent de nouveaux
réflexes expulsils. A la place du repos de l'organe favo-
rable à la cicatrisation des vaisseaux, c'est un mouvement
constricteurqui chasse ou désagrège les caillots obturateurs,
rouvre sans cesse les vaisseaux déchirés et rend les
hémorragies capillaires permanentes. Cette plaie minus-
cule, qui ne peut se cicati"iser, végète et se sclérose. Le tissu
bourgeonnant, pressé et meurtri à sa base à chaque
resserrement de la vessie, devient exubérant, s'allonge du
côté de la cavité vésicale, constitue des végétations papil-
lomateusos pédiculées ou sessiles de grosseur variable.
Toute la pathogénie de la cystite hémorragique paraît
graviter autour de cette angiomatose capillaire^ de cette
télangiectasie maculeuse de la vessie (Liénaux). La
stase sanguine qui préside à ces altérations conjonclivo-
vasculaires a été attribuée à une thrombose de la veine
cave postt'rieure (llink), à la compression des vaisseaux
veineux par les organes digestifs et principalement par
les réservoirs gastriques anormalement distendus. Sous
l'influence de cette distension, la respiration est gênée et
la circulation intrahépatique entravée : la télangiectasie
7naculeusc(\\ifoie et celle de la vesnie apparaissent ensemble
ou isolément suivant que la compression veineuse apporte
un obstacle pré[)ondérant dans la circulation hépatique ou
dans la circulation vésicale (Liénaux).
f. Théorie inflammatoire. — La perpétuation de la maladie
dans les contrées, les localités ou les étables où elle s'est
CYSTITES. 235
manifestée semble infirmer la théorie vasculaire pure et
tend à accréditer la doctrine de la spécificité. La cystite
hémorragique est bien une inflammation chronique
épithéliale suivie d'infiltration cellulaire sous-jacente, de
néoformation d'un tissu embryonnaire riche en vaisseaux
capillaires, d"hypertrophie en massue, c'est-à-dire d'aspect
papillomateux sous l'influence d'une irritation prolongée
(Gôtz) (1). Ces productions inflammatoires, comparables à
de petits angiomes, se développent dans la cystite grave
de l'homme comme dans celle des bovidés (Clado, Roger).
Leur origine est difficile à déterminer. Si elles répondent
à un agent spécial (microbe ou parasite, toxine ou poi-
son végétal), cet agent est jusqu'à présent demeuré
introuvable. On constate l'hématurie, on ne peut la
reproduire. Sa persistance dans certaines contrées té-
moigne d'une cause inflammatoire spéciale, qu'on ne
connaît pas.
Symptômes. — La cystite hémorragique débute d'une
manière insidieuse sans troubles généraux ; elle est exclu-
sivement dénoncée par l'apparition du trouble urinaire
caractéristique : le rejet d'urine plus ou moins trouble à
la fin de la miction. Elle se fonce progressivement en cou-
leur et devient, plus tard, rose pâle, rose ou rougeàtre, à
la fin de chaque miction ou d'une manière intermittente.
L'intermittence peut durer des semaines et des mois sans
que l'évolution de la maladie soit interrompue : l'hémor-
ragie est temporairement arrêtée par thrombose des
vaisseaux rompus ; mais la cause qui a amené leur rupture
persiste ; les capillaires ectasiés ou variqueux du tissu sous-
muqueux complètent leur dilatation et préparent de nou-
velles hémorragies. L'hématurie reparaît, tôt ou tard, à
son premier foyer d'élection par désorganisation des
thromboses ou dans son voisinage ; l'hémorragie est plus
abondante. C'est presque du sang rutilant qui s'écoule
(1) Gi)tz, Contribution à la pathologie de la cystite verruqueuse des bovidés
{Schweizer Archiv fur Tier/filk. , l'iOQ).
236 VESSIE.
avec les dernières poultes d'urine. C'est qu'en ce moment
la contraction vésiiale atteint son maximum de puissance.
Le sang fait alors irruption dans l'épaisseur de la
muqueuse ou dans la cavité vésicale. Le symptôme inquiétant
augmente d'intensité à mesure que les thromboses se
multiplient, entretiennent la stase, suppriment des anas-
tomoses et achèvent de compromettre la circulation vési-
cale. Les animaux semblent uriner du sang en nature ; il
offre tous ses caractères normaux ; les globules dilués
dans lurinc ne sont nullement altérés, déformés ; enfin il
séchaïqie en caillots filamenteux plus ou moins volumineux,
souvent énormes, dépassant la grosseur du iloigt chez les
ruches âgées. Ces caillots sont des causes fi'équentes dob-
struction urétrale, de rétention urinaire, de distension
de la vessie et de rupture, comme dans les cas de cystite
calculcuse. Un pareil accident est rare chez la vache en
raison de la dilatabilité de l'urètre ; il peut cependant se
produire cpiand la vessie est le siège d'un vérital)le flux
hémorragique s'élevant à 2 ou 3 litres de sang. L'explo-
ration rectale fait reconnaître la distension de la vessie
et permet de préciser la cause de la cessation brusque
de toute miction.
Évolution. — L évolution de la cystite hémorragique
est très lonle ; elle peut guérir par cicatrisation successive
des loyers hémorragipares ; mais cette terminaison est
extrêmement rare ; les vaisseaux sous-muqueux cctasiés
et variqueux sont toujours prêts à se déchirer pendant les
efforts de miction. Ils résistent, cependant, dans quelques
cas ; il y a des animaux alïectés de ces varicosités (pii ne
présentent jamais dhématurie. Parfois aussi, les premiers
vaisseaux qui se rupturent sont tellement volumineux que
les animaux succombent en un mois (Pichon). Le sort
des malades et la durée de la maladie sont donc étroite-
ment liés il la fréquence et à l'importance des hémorragies.
Quand ces hémorragies sont peu intenses, les malades
les supportent dune manière parfaite ; ils conservent tout
CYSTITES. 237
leur embonpoint. La plupart présentent au bout d'un temps
variable une anémie symptomatique de leur pissement de
sang. Le chiffre des globules rouges descend graduellement
de six à sept millions jusqu'au-dessous d'un million :
l'animal saigne jusqu'à épuisement. Son état général
trahit son alTaiblissemcnt. Chez les animaux de travail,
les propriétaires constatent, d'abord, une diminution, de
l'énergie ou une mollesse plus ou moins accusée ; la
respiration et la circulation s'accélèrent sous l'influence
de la marche, hors de pi'oportion avec les efforts accom-
plis ; les muqueuses externes sont pâles ; le poil est
terne et piqué.
Si l'on s'obstine à faire travailler l'animal, tous les sym-
ptômes s'aggravent, la peau se colle aux os, l'appétit
diminue, les yeux ternes s'enfoncent dans les orbites ; les
muqueuses deviennent exsangues et les battements car-
diaques extrêmement violents.
Le malade reste indifférent à tout ce qui l'entoure, sa
sensibilité s'émousse, il ne semble sortir de sa torpeur qu'à
la suite de coliques plus ou moins violentes, qui sont le
fait de l'obstruction de l'urètre par des caillots sanguins.
Il offre, à l'écurie, une attitude abattue ; il lient la tête
basse, jusque sur la crèche ; un oedème apparaît sous la
gorge dans l'espace intramaxillaire ; une salive filante,
odorante, s'écoule de la bouche, dont les lèvres sont pen-
dantes, « une diarrhée infecte vient achever l'œuvre de
destruction de la machine animale ». Exceptionnellement,
le mal tue l'animal qui en est atteint en moins d'un mois
(Pichon) ; quelques-uns restent dans un embonpoint qui
surprend, Pichon en a même vu qui engraissaient. Mais
ceci est l'exception ; malgré foutes les médications, la ma-
ladie poursuit sa marche fatale et amène la mort en quatre,
cinq, six mois, un an et même plusieurs années (Sinoir).
Dans les cas où la maladie a une telle durée, elle est tou-
jours intermittente; l'hémori'agie vésicaie cesse pendant
plusieurs mois pour réapparaître ensuite.
238 VESSIE.
Diagnostic. — Laffection est si difficile à reconnaître
au début que, dans beaucoup de pays, sur le champ de
foire, les acheteurs stipulent souvent que cette maladie
leur sera frarantie (Pichonl.
A la période d'état, la maladie est nettement caractérisée
par de l'hématurie et la persistance de petits caillots sur le
bouquet de poils de la commissure inférieure de la vulve.
Sa (iu'onicité et son évolution ainréticjue la distinguent de
la ph'oplasmose coiiune de la népliritc aiguë. ■
Anatomie pathologique. — La vessie est généralement
le seul organe lésé. Elle est le siège d'un piqueté hémcrx'a-
gique sous-épilhélial et d'une vascularisation anormale
caractérisée par des varicosités des vaisseaux capillaires
muqueux et sous-muqueux. A une période plus avancée,
la vessie olï're l'aspect, la consistance d'une tumeur. La
surface est parcourue par des vaisseaux abondants et
veineux; sa muqueuse olfre des lésions caractéristiques,
des ulcéfations et des végétations.
Les ulcérations ou l'ulcération, — car on peut n'en trouver
qu'une, — peut être très petite, large comme une tête
d'épingle ordinaire, circulaire, faite comme à lemporte-
pièce dans la muqueuse et dont le fond et les bords sont
cruentés ; la muqueuse seule est touchée ; on peut la faire
mouvoir sur le tissu sous-jacent, entièrement sain. Cletto
petite ulcération, constituée aux déftens d'un petit bouton
vésiculaire rouge ou jaune de très faible dimension, est la
source des hémorragies répétées. Au niveau de ces ulcéra-
tions, il se développe, avec le temps, une inflammation
proliférative qui peut envahir le tissu sous-mu(]ueux et
même la couche musculaire dans toute son épaisseur.
Exceptionnellement les ulcères sont perforés.
Les végétations qui en résultent ont un volume très
variable ; elles sont sessiles ou pédiculées, généralement
peu consistantes, de coloration rouge, grise, jaune rouge,
i\ surface irx-égulière. niauielonnéc, rappelant, par leur
aspect, un chou-lleur. une mûre ou une framboise. Elles
CYSTITES. 239
acquièrent, avec le temps, un développement considérable
et peuvent atteindi-e le poids de 2 kilos (Raconnat) ;
elles siègent sur le plancher de la vessie. Quand elles
siègent au niveau du col de la vessie, elles peuvent
déterminer de la dysurie (Mollereau). Au niveau de l'orifice
(les uretères, elles provoquent, par obstacle à l'écoulement
de l'urine, la dilatation des conduits et l'apparition de
riivdronéphrose (fig. 46).
46. — Lésions de la vessie (d'après Gotz).
Ces tumeurs sont succulentes, friables; elles subissent
souvent la dégénérescence kystique quand leur développe-
ment est très avancé (fig. 47).
Histologiquement, les végétations sont constituées par
des néoformations vasculo-conjonctives muqueuses et sous-
muqueuses, qui revêtent l'aspect papillomateux. Cet
accroissement s'effectue d'une manière irrégulière ; très
actif par places, il est réduit dans d'autres; il se forme des
saillies acuminées séparées par des sillons et des anfrac-
tuosités recouvertes de l'épithélium vésical, qui semble
ainsi s'enfoncer dans les couches profondes de la tumeur
et donne, à celle-ci. une apparence épithéliomateuse. En
240
VESSIE.
effet, la prolifération ('pithéliale est si abondante an
niveau des sillons qu'il se forme des blocs épitbéliaux
lif^^i
J
ri.
mJ
mr^'f hiiU ./M
iSr-î ■■ ■■'"'-■ii>,'^ii>
Fig. 17. — Vessie de bœuf atteint de cystite chronique hémorragique.
T, tumeurs vésicules : -M, muqueuse intacte.
complètement séparés et inclus dans le conjonclif (fitj. 48).
Ces globes subissent rapidement la dégénérescence kys-
CYSTITES.
241
tique. Le kjslc est tapissé d'une couclie épithélialc qui
tend à revenir vers le type vésical, et l'on distingue dans
son contenu des éléments cellulaires en voie de dégéné-
rescence.
La végétation est donc essentiellement constituée par
du tissu conjonctif semé de globes épitliéliaux ou de
Fig. 48. — Coupe d'une tumeur vésicale vue à un fort grossissement.
A, épithélium cylindrique simple tapissant des cavilés qui ne sont que des
enfoncements de la muqueuse vésicale; B, une cavité semblant contenir un
bourgeon épilhélial (Leblanc).
kystes et par des vaisseaux très abondants dans les divers
points : les uns en couche profonde, d'autres immédia-
tement logés sous l'épithélium, formant là de véritables
lacs sanguins seulement recouverts par une faible couche
de cellules cylindriques.
h'régulièreraent, la sous-muqueuse et le conjonctif se
montrent infiltrés de cellules embryonnaires ; on en trouve
même jusque dans la musculeuse. Ces amas répondent à
des nids de microbes qui sont venus se greffer sur les lésions
Cai>k.vg. — PallioluLMC interne. VIL 14
VESSIE.
priinilives; on peut s'en assurer par la coloration de ces
agents dans les coupes.
A côté de ces lésions essentielles, on trouve souvent des
lésions secondaires de pyélonéplirite ascendante (fig. 49).
Fig. W. — Cystite clii-oiii(iiie liùmorragi(iiie liu ba-uf.
I.a vessie ouverte forme une tumeur presque pliint (V) ; un des deux reins
est atteint de pyélonéphrile consécutive (R).
Quand la maladie est très ancienne, tous les tissus sont
décolorés, pûtes, mous, peu résistants et infiltrés ; lesgrandes
cavités, péricarde, plèvre, péritoine, renferment un liquide
séro-Sanguinolent (Sinoir) ; on observe en même temps
imc inliltration u'démateuse au niveau de la gorge, du poi-
trail et du sternum.
Traitement. — 11 n'existe pas de traitement curatif
CYSTITES. . ;2*3
susceptible d'amener même une amélioration passagère.
Les décoctions de plantes (fumeterre, plantain), les ferru-
gineux, les toniques, les arsenicaux sont conseillés; mais
ils peuvent être regardés comme inefficaces.
Prophylaxie. — Le traitement prophylactique ne peut
être institué d'une manière rationnelle en raison de l'incer-
titude qui plane sur l'étiologie de la maladie. On ne peut
formuler que des indications empiriques. Le drainage des
pâturages humides, leur amélioration par des engrais divers
tels que les superphosphates et la chaux modifient la flore
de ces herbages et augmentent leurs propriétés nutritives.
Vémigration du bétail malade vers des régions indemmes
semble favoriser la guérison, mais on ne saurait affirmer
l'efficacité de cette mesure.
III. — CHIEN.
1. — CYSTITE AIGUË.
Étiologie. — La cystite aiguë est une maladie toxi-infec-
tieuse produite par toutes les causes qui engendrent les
néphrites. Les agents infectieux ou irritants déversés dans
la vessie irritent d'autant plus facilement la muqueuse de
cet organe que l'urine y stagne davantage. Les prostatiques
et les calculeux sont particulièrement exposés aux cystites
aiguës. Les animaux âgés atteints de maladies cutanées
sont traités par des solutions, des pommades irritantes ou
toxiques qui engendrent l'inflammation de la vessie. Excep-
tionnellement, celle-ci résulte de l'extension d'une urétrite
ou d'une vaginite.
Symptômes. — Le malade a des mictions fréquentes,
douloureuses; les mâles sont en demi-érection continuelle.
Des coliques légères apparaissent, dans l'intervalle des-
quelles l'animal se campe et s'efforce d'expulser l'urine
accumulée dans sa vessie ; celle-ci ne s'écoule que goutte
à goutte, sanguinolente. La palpation de la vessie par les
parois abdominales, par le toucher rectal ou vaginal est
244 VESSIE.
douloureuse. La fièvre est élevée, l'appétit diminué ou
supprimé. L'urine est devenue ammoniacale; elle renferme
des débris épithéliaux, des globules blancs, du mucus, de
l'albumine, des cristaux de pliosphate ammoniaco-magné-
sien, des bactéries.
Lanimal offre de la fièvre, de la constipation et un pro-
fond abattement.
Quand la miction est complètement supprimée, l'animal
meurt rapidement d'urémie ou de rupture de la vessie
accompagnée de péritonite.
Diagnostic. — La cystite est souvent confondue avec la
népluile ; mais la distension et la sensibilité de la vessie, à
toute exploration, sont des signes différentiels caracté-
ristiques.
Traitement. — 11 faut s'efforcer de diminuer les pro-
priétés irritantes de l'urine à l'aide d'un régime rafraî-
chissant composé de lait coupé avec de l'eau de Vichy, de
la tisane de chiendent ou d'orge. On augmente les propriétés
diurétiques de ces liquides en ajoutant, aux aliments, d à
4 grammes de bicarbonate de soude.
Ces agents sont des moyens mécaniques de désinfection
de la vessie ; on peut en ajouter d'autres pliisactifs, pourvu
qu'ils ne soient pas irritants; il faut s'adresser aux produits
qui s'éliminent par le rein; le salol, le benzo-naphtol à la
dose de 2 grammes par jour sont indiqués. La consti-
pation est combattue à l'aide d'une cuillerée à bouche
d'huile de ricin et par des lavements d'eau chaude addi-
tionnée d'un peu d'huile ou de glycérine.
II. — CYSTITE CHRONIQUE.
Étiologie. — La cystite chronicpie est l'apanage des c/H'e«s
calcuieux. prostatiques ou atteints d'un cancer delà vessie.
Symptômes. — Cette maladie s'accuse par l'émission
«i'iu-ine purulente et quelquefois par de l'hématurie; les
mictions sont fréquentes; mais la pollakiurie par excitation
CYSTITES.
245
vésicale s'accompagne de signes de douleur à chaque mic-
tion. L'exploration delà vessie dénonce la dilatation de cet
Fig. 50. — Distension énorme de la vessie dont les parois sont infiltrées
et œdémateuses.
organe qui a une consistance plus ou moins dure (fig. 50).
Diagnostic. — La lithiase est caractérisée par des signes
de rétention et danurie et quelquefois de rupture quand
les calculs, situés au-dessus de l'os pénien, obstruent le
conduit; urétral ; d'incontinence, quand les calculs sont
14.
246 VESSIE.
situés dans la portion juxtavésicale de l'urètre (1).
Les tumeurs malignes de la vessie se différencient géné-
ralement des cystites par l'hématurie, témoignant d'une
ulcération de la tumeur, par la gêne des miclions et la
réplélion extrême de la vessie en raison de l'obstruction
partielle de l'orifice de l'urètre et enfin par l'état apy-
rétique et la maigreur du sujet, qui sont des caractères
propres aux néoplasies [Daille et SulTran (2]].
Lésions. — La vessie est ferme et résistante au toucher;
sa face externe est couverte d'arborisations vasculaires
rougeâtres. Elle offre quelquefois de telles dimensions
qu'elle remplit la cavité abdominale. L'incision de cet
organe permet de constater une hypertrophie remarquable
de la paroi vésicale. La muqueuse est recouverte de caillots
sanguins conglomérés, quelquefois en une seule masse
de la grosseur de la tète d'un enfant (Marck). A|)rès leur
enlèvement, on peut constater la présence de petites saillies
arrondies ou coniques, quelquefois cylindroïdes. Ces saillies
molles, lisses, brillantes, de coloration rosée ou rougeâtre?
ont le volume d'un grain de chénevis ou même d'un pois
(fig. 51). Entre elles, on peut constater de nombreux plis et
quelquefois même des ulcérations. Exceptionnellement, le
tissu sous-muqueux est le siège d'une infiltration gélatineuse
qui décuple l'épaisseur des parois vésicales. Cet œdème chro-
nirjue peut se compliquer de sclérose. L'épithélium vésical
est vascularisé ; il est traversé par les leucocytes, ou soulevé
par lambeaux sous rinfiuence du processus hémorragique.
Les faisceaux musculaires lisses sont hypertrophiés. La
muqueuse de l'urètre est congestionnée ; la prostate est
hypertrophiée dans beaucoup de cas ; les reins présentent
ordinairement de la pyélonéphrite.
Traitement. — En dehors des moyens préconisés contre
(1) Taylor, Cystite ulcéreuse, rupture de la vessie et pyélonéphrite chez
un chien (T/ie Veterinary Record, 1904). — Schmidt, Télangiectasie de la
vessie (Berlinfir, I90ô). — Marek, Revue géti., 1908. — Bail, La lithiase
vésicale dans l'espèce canine (./o»r;i. de Lyon, 1906, p. 19i').
(2) Daille et Suffran, Revue vdt., 1903, p. 612.
CYSTITE^
247
la cystite aigui-, il faut utiliseï" tous les agents capables de
tarir la suppuration de la muqueuse vésieale, tels que le
copahu. Textrait alcoolique de cubèbe. le sirop de téré-
benthine,
le benzoate
de soude,
le salol, Tu-
rotropine.
le biborate
de soude.
Le catbé-
térisme et
le lavage de
la vessie
sont égale-
ment indi-
qués quand
l'urine de-
meure pu-
rulente ; la
l'irrigue avec
^3 p. 100). de
0<ry
""^■f^
Fig. 51. — Cystite granuleuse. Chien. La muqueuse
vèsicale est soulevée par une multitude de granulations
visibles à l'œil nu, formées par des amas de leucocytes.
(Gross. : 40) (Roquet).
vessie étant préalablement vidée, on
une solution tiède d'acide borique
résorcine (1 à 2 p. 100), de crésyl
(1 p. lOOj ou d'acide salicylique additionné de borate de
soude.
Il faut extraire les calculs vésicaux en pratiquant
la c^-stotomie; si les chiens sont affectés d'hypertro-
phie de la prostate, il faudrait recourir à la prostatec-
tomie.
I Y. — CHAT.
La cystite calculeuse du chat est une maladie rare carac-
térisée par la distension de la vessie à la suite de l'obstruc-
tion de l'urètre et susceptible de se compliquer d'uré-
mie [Gadéac (1), Suffran (2)].
(1) Cadéac, Journ. de Lyon, 1900, p. 140.
(i) Suffran, Revue vét., 1909, p. 405.
248
VESSIE.
Symptômes. —
elTorts do niiftion,
KiK
— Points hé-
morragiques de la
muqueuse vt'sicale et
et de l'urètre {Cadéac).
L'animal n'iirino pas, fait des
salive, so Uoni immobile, recro-
quevillé, prostré, et mani-
feste quelquefois une sali-
vation intense. La palpa-
lion du ventre révèle l'exis-
tence, dans celte cavité,
d'une grosseur indolore ou
insensible, dépressible, lé-
gèrement oTalaire, des
dimensions d'un œuf de
[louie, située sur le plan
iu('(lian, immédiatement en
avant de la symphyse pubienne. C'est
la vessie distendue.
La sonde, introduite dans l'urètre,
rencontre un obstacle insurmontable
constitué par le calcul.
L'état (jcnéral s'aggrave rapidement ;
la respiration et la circulation se ralen-
tissent, la température descend à 36°,
et l'animal meurt d'urémie comateuse
si l'on n'intervient pas rapidement (1).
Lésions. — La vessie congestionnée,
hémorragique, présente un nombre
variable de calculs ; il y en a parfois une
dizaine. Ses parois sont épaissies ; sa
muqueuse est quebpiefois bourgeon-
nante (tlg. r)2).
Les reins sont volinnineux, hypertro-
phiés.
Traitement. — L'arétrotomie, la
ponction de la vessie permettent de
conjurer les eifets de la rétention.
(1) Sellier, Lithiase véiicale et cystite liomorrairi([uo chez un cliat (Journ.
de Lyon, 1909).
CHAPITRE III
CAPSULES SURRÉNALES
I. — SOLIPÈDES.
Les capsules surrénales des so/ipèc/es peuvent présenter :
1° des hématomes de dimensions variables (Forgeot,
Detroye) ; 2° des kystes colloïdes du volume d'une noix et
contenant un liquide visqueux, brunâtre, analogue à de la
colle de menuisier [Bi-uckmûller, Detroye, Forgeot (1)] ;
3' des cancers primitifs ou secondaires de nature carcino-
mateuse et atteignant quelquefois le poids de S'^s^soO
(Johne, Prévost, Petit) oudepetites nodosités œdémateuses,
grises, ordinairement en saillie, du volume d'une tête
d'épingle à celui d'un pois [Césari et Panisset (2)] ;
4» Une surrénalite caractérisée par l'hypertrophie de ces
organes, qui sont bosselés et paraissent constitués de plu-
sieurs lobes bien distincts, de grosseur variable à contours
arrondis [Detroye (3)] et remplis de sang coagulé. Ces
hématomes anciens sont limités par du tissu surrénal
congestionné.
II. — RUMIi\A]\TS.
Les tumeurs des capsules surrénales ne sont pas très
rares chez les nnninauts.
(1) Forgeot, Journ. de Lyon, 1906, p. 101.
(2) Césari et Panisset, Soc. centrale, 5 avril 1906.
(3) Detroye, Surrénalite hémorragique et kystique avec thrombose de
l'aorte postérieure chez le cheval (Soc. centrale, 1906, p. 445).
250 CAPSULES SUURÉNALES.
Le cancer existe chez le mouton (Pellotier) el surtout,
chez les bovidés (Horne, Gôrig, Sticker, Delroye). Dans
ces dix dernières années, Horne (1) en a recueilli une
douzaine d'observations.
Ces tumeurs volumineuses peuvent peser plus de ""^SjOÛO
et atteindre même le poids de TiO kilogrammes ; elles
ont une forme à peu près sphérique, une surface lisse,
recouverte d'une membrane libreuse ; leur consistance est
molle, pulpeuse, quelquefois un peu fluctuante. On y ren-
contre de nombreux foyers hémorragiques irrégulièrement
distribués, des cavités kystiques renfermant un liquide
séro-sanguinolent. Les cloisons présentent souvent des
lésions de dégénérescence caséeuse et d'infiltration calcaire.
Leur structure rappelle celle des carcinomes encéphaloïdes
ou celle des épithéliomes à cellules cylindriques.
(1) Ilorne, Revue gén., 190S, t. II, p. 62.
LIVRE X
PEAU
CHAPITRE PREMIER
TRICHOSES
On désigne sous le nom de trichoses les maladies des
poils. Ces maladies comprennent : 4° les hypertrichoses;
2° les hypotrichoses ou alopécies; 3" les trichoses dystro-
phiques; 4» les trichoses parasitaires.
I. — SOLIPÈDES.
I. — HYPERTRICHOSES.
Par hypertrichose ou hypertrophie des poils, on désigne
une anomalie caractérisée par une hypei'prodiiction de
poils plus volumineux et plus abondants qu'à l'état
physiologique.
Cette hypertrichose est quelquefois congénitale ; on
connaît les hommes-chiens, les chcxaux russes et polonais
à crinière et à queue abondamment fournies de crins ;
cette hypertrichose congénitale semble témoigner d'un
retour vers la forme ancestrale; en effet, à l'état fossile, le
252 TRICHOSES.
cheval est toujours pourvu d'une barbe touffue et de poils
très longs sur toute la surface du corps.
Il est commun de rencontrer des poils anormalement
développés à rintérieur des kystes dcrmoïdes.
U hypertrichose acquise résulte d'irritations locales déter-
minées artificiellement par un topique, par une affection
eczémateuse entretenant la congestion du derme.
Traitement. — Cette affection est sans importance; on
n'a qu'à n^aintenir les poils ras.
II. — ALOPÉCIES.
Définition. — Le terme alopécie s'applique aux dépila-
tions partielles ou générales et même à l'absence congé-
nitale de poils.
Ordinairement sjmptomalique de diverses maladies
cutanées, la chute des poils peut revêtir la physionomie
d'une affection spéciale de nature inconnue.
Les alopécies congénitales sont caractérisées par l'absence
de poils dans toute l'étendue du corps, sauf sous l'abdomen
et au niveau des extrémités.
Les poils présentent une fragilité exti'ême; le tégument
est souple, lisse, mais il offre une coloi'ation plus foncée.
Cette forme d'alopécie, très rare, est simple ouaccompagnée
d'hyperkératose ; elle est héréditaire (1) (KôUcr, André),
liée à la race (Fitzinger) ou accidentelle (Gherardi,
Hering). Souvent, on constate en même temps, un dévelop-
pement défectueux des sabots, de la corne et des dents
(Bonnet). Les animaux nés sans poils ne tardent généra-
lement pas à succomber (2).
(1) André a observé l'alopécie généralisée chez onze poulains provenant
d'une jument et sur huit poulains provenant d'une autre jument. Ces dépila-
tions se manifestent aux nieml)res et sous le ventre.
(2) Les injections d'éther sont suivies, deux h trois semaines après, d'une
sudation, nu |)oint d'injection, qui persiste quelque temps, et les poils prennent
une teinte plus foncée, (Korget). — l-"ltr!ol, Hypersécrélion sudornic localisée
constante conséculive à une injection d'éther (Soc. cenir., I91i>, p. 011).
ALOPÉCIES. 253
Les alopécies acquises sont diffuses et régionales ou au
contraire circonscrites. Celles-ci comprennent les alopécies
cicatricielles consécutives à une plaie, à une brûlure,
à l'action d"un caustique, et les alopécies parasitaires
résultant des gales et des épidermomycoses {herpès
tonsurans . (".es deux ordres de dépilation sont faciles à dis-
tinguer par l'atrophie des follicules pileux et l'état de la peau
qui a changé de couleur, de consistance dans les alopécies
cicatricielles, tandis que le tégument subit une infiltration
pigmentaire et se recouvre de débris sébo-épidermiques
dans les alopécies parasitaires. En outre, dans ces dernières,
les surfaces dépitées ont une forme arrondie, ovale, irré-
gulière ou zébrée.
Les alopécies régionales et diffuses résultent d'un affai-
blissement général déterminé par une maladie infectieuse,
dyscrasique, cachectisante, comme l'hydronéphrose double
Barrier, lanasarque, la lièvre typhoïde, le tétanos, la
fièvre puerpérale, les maladies très longues, les sueurs
prolongées, la gestation, les gastro-entérites (Adam,
Siedamgrotzky\ ou d'une intoxication comme l'hydrargy-
risme. qui en est la cause la plus commune [Crevelle.
Voinier, Puthoste, Krait. Joly . i)].
Les poils deviennent, ternes et cèdent à la moindre
traction; la dépilation, dénoncée par des plaques lenticu-
laires à la face intex-ne des cuisses, se dessine et progresse-
d'une manière insensible: elle s'étend au tronc, au cou,,
sur la moitié des membres. Cette chute complète des poils;
peut survenir en quelques semaines sans prurit. En même
temps, on voit apparaître des tuméfactions œdémateuses
des membres, du ventre et des pai'ties inférieures de la
poitrine, comme dans l'anasarque : le plus souvent, ces
signes secondaires font défaut (2).
(1) Joly, .\u sujet des alopécies hydrargyriques du cheval {Bull, de la Soc.
reiitr., 1912, p. 61).
[2) Cievelle, .\lopécie déterminée par le biiodure de mercure [./o'.trn. dex
vét. milit., 1900^
C.AD.ô.\c. — Pathologie interne. VII. 15
254 TRICHOSES.
L'alopécie essentielle ou hérose constitue une dystrophie
cutanée, caractérisée par du pityriasis, de laséborrhéesèclio.
des troubles de la nutrition du système pileux, de l'hjper-
trichosect do l'alopécie. Elle aélé parliculiorenienl étudiée
par Trolimow, Hoj, Hrisavoine, Dejsine.
Son éliologio réelle est inconnue. Les animaux à robe
claire j sont plus sujets que ceux à robe foncée. On la
voit apparaître sur les animaux qui font un long séjour à
Técurie ou soumis à un travail mal réglé et qui sont mal
pansés : c''est une maladie d'hiver qui semble élre quelque-
fois sous la dépendance d'un froid persistant (Hering.
Kolhepp ; les dépilations se produisent principalement
dans les régions exposées au froid. Les modilications
réflexes de la circulation cutanée engendrées par un froid
intense compromettent la nutrition du système pileux et
entraînent l'alopécie. Son caractère enzootique a fait
admettre son origine pai-asitaire ; on a invoqué l'action
d'un microbacille développé dans les follicules pileux
(Sabouraud); d'un champignon voisin du Trichoplnjton
tonsurans (Ilollebornn), de bactéries diverses Dobesi.sans
réussir à établir leur spécificité. Pourtant Roy a conslati'
des cas de contagion de cIiovhI à cheval par l'intermé-
diaire des instruments de pansage ou de la couverture; il
est même parvenu à la communiquer expérimentalement
en faisant frictionner un cheval sain avec des pellicules
recueillies sur im malade. iNéanmoins, on incline ;\ penser que
cette alopécie progi'cssive n'est pas contagieuse ; rien ne
permet j)Ourtanl d'exclure absolument l'action des para-
sites.
L'apparition iires(pii' loiijonrs syiinUriquo des di-pilalions
a fait rapp()rt(>r cette alojiécie à une cause nerveuse ou à
des troubles Irophiqiies. D'ailleurs Max .lose|di a produit
expérimentalement, chez le chat, des alopécies en aires
par section des nerfs occipitaux, et Trendelenburg a
observé, chez le pigeon, la chute des plumes après la sec-
tion des racines sensitivesde la moelle: on a enfin cous-
ALOPÉCIES. 255
taté que la déséquilibration nerveuse exerce une véritable
iniluence sui" l'apparition de la pelade humaine.
Dans la théorie dijstrophiqite, une violation organique
complexe préside à l'apparition de cette alopécie. Elle est
caractérisée par l'apparition de bandes symétriques sur le
dos, le rein et la croupe, s'étendant à tout le corps en respec-
tant les membres. Les poils, ternes, hérissés et cassants, sont
comme coupés à 1 millimètre de leur racine et. à l'examen
microscopique, ils montrent une division en un grand nombre
de flbrilles,une véritable schizotrichie. Dansles points où ils
né sont pas encore tombés, ils sont gonflés, noueux, comme
remplis d'air, et se brisent très aisément au niveau des
nodosités. 11 n'y a pas le moindre prurit. L'animal n'accuse
jamais rien d'irrégulier dans ses fonctions générales:
son appétit et sa vigueur se conservent intacts, et on peut
l'utiliser comme d'habitude. Les poils s'arrachent facile-
ment, les dépilations progressent et donnent à l'animal
l'aspect le plus misérable, quoiqu'il conserve un embon-
point satisfaisant.
Diagnostic. — L'alopécie idiopathique est caracté-
risée par l'absence de prurit,, la facilité avec laquelle
les poils s'arrachent et la séborrhée qui l'accompagne.
Pronostic. — Il est plus grave pour l'alopécie généra-
lisée et épizootique que pour l'alopécie circonscrite. Tou-
tefois, la repousse des poils est ordinairement la règle.
Traitement. — Les indications prophylactiques consis-
tant dans une bonne alimentation, des soins hygiéniques
convenables et la précaution d'éviter l'action prolongée
d'un froid intense.
Les agents thérapeutiques varient avec la cause de
l 'affection. V alopécie parasitaire est combattue par tous
les parasiticides.
L'alopécie essentielle guérit sans intervention, à l'ap-
proche de la belle saison: il y a cependant lieu de sur-
veiller l'application des harnais sur les parties dénudées,
d'activer la pousse du poil par des frictions irritantes
256 TruciiosEs.
avec : l'alcool camphi'c, la teinture de cantliarides diluée
au cinquième, les pommades sulfureuses, les lotions
de sulfure de potassium, le savon de potasse, la solution
de chlorure de sodium à 5 p. 100, Tiode et l'alcool à parties
égales, la pommade à hase de nitrate d'arj^'ont et de
teinture de cantliarides (l^ov). (^n a conseillé des pulvé-
risations ou des frictions de :
Eau-de-vie camphrée fo i,'rainiiies.
Teinture d'aloès 10 —
— ûv myrrhe S —
— de caulharides 2 —
Chez les chevaux à nutrition languissante, le traitement
curatif est complété par l'administration d'acide arsé-
nieux et de toniques.
III. — TRICHOSES DYSTROPHIQUES.
I. — La leneotrioliio est une décoloration congé-
nitale des poils qui na pas été étudiée ; la canitie est
une décoloration acquise qui résulte de la sénilité ou d'ime
compression locale par les harnais ou des bandages. Le
pigment est détruit, soit par phagoc^'tose, soit par usure
sur place.
II. — La TrichorrexLs nodosa Ij est une alTection
caractérisée par des renflements avec éclatements des
poils dont les fibres se séparent comme deux balais
enfoncés l'un dans l'autre. Elle se développe principalement
au niveau des poils de la base de la queue et de la crinière,
parfois même sur le tronc. Considérée comme parasitaire
et contagieuse, elle résulte généralement de grattages et
d'un dégraissement exagéré des poils par suite de savon-
nages trop fréquents. L'abus des mêmes soins hygiéniques
crée de véritables enzooties de celte maladie de cause
mécanique. Les poils ébouriffés prennent un aspect
{i) Willierl, De la« Trichorrexis nodosn »{/{ecueil de iném. et observât, sur
l'Iiygièiie et la inéit. vét. mi/it., 1908).
TRICHOSES PARASITAIRES.
25'
terne, mat ; ils présentent des nodosités de couleui- jaune
sale ou blanchâtre distribuées irrégulièrement sur la tige :
ils deviennent cassants ; les extrémités libres sont brisées
à chaque nettoyage: la queue et la crinière se dénudent;
la peau devient rinle ; le prurit est absent (fig. 53).
Fi
53.
1" Stade : Accumulation pigmentaire avec 2« Stade : Ècarlemenl des
écrasement (sous l'action de la potasse) (d'après libres corticales.
Wilbert).
L'évolution de cette dépilation est très lente : elle peut
durer un an.
Traitement. — Les lotions sulfureuses accompagnées
d'applications de corps gras après la tonte et la désinfection
de la peau permettent d'obtenir rapidement la guérison.
IV. — TRICHOSES PARASITAIRES.
Les trichoses parasitaires comprennent les diverses
variétés de teignes (Voy. plus loin : Épidermomycoses.)
II. — BOVIDES.
L'alopécie est la seule trichose intéressante de l'espèce
bovine.
258 TRICHOSES.
L'alopécie congénitale est presque loujoiirs généralisre,
et les jeunes veaux qui. en sont affectés meurent peu de
teni[)s après leur naissance (Laurent, Cézard. Mardii ot
Lucel); quand ils survivent, leurs cornes se développent
anormalement (Hering). Ordinairement la peau nue. saut"
aux paupières, aux joues et aux lèvres, est tachetée de
rouge.
L'alopécie acquise succède généralement à l'eczéma
séborrhéique, localisé à la tête, aux extrémités, aux
membres, au llioi-ax sous forme do larges plaques circu-
laires ou c]lipti<iues. Lafi'ection peut se généraliser;
elle présente partout les mêmes symptômes : les poils
s'arrachent, au moindre effort, sans se briser. La peau
conserve sa souplesse: aucun prurit ne pousse l'animal à
se gratter. L'ex;imen microscopique montre que les
poils sont entiers, intacts dans leur constitution, non
envahis par des spores de parasites. Muclipios-uns ont
l'extrémité radiculaire disposée en chapelet, avec des
rentlements et des rétrécissements {Tricliorrcxis). La peau
de la tête est complètement glahro, la (pieue, noire,
ressemble à celle d'un rat ; l'extri-milc' est blanche et
terminée par un petit bou(|nct de poils blancs très soveux;
les oreilles sont complètement nues, les cornes minces et
noires; le fanon est noir sans aurnii vestige de poils; les
côtés de la poitrine et du ventre, les épaules et les cuisses
offrent les mêmes caractères; il existe quelques bouquets
de poils lins et soyeux sous l'abdomen et au niveau des
extrémités des membres postérieurs. Des troubles sécré-
toires s'ajoutent à ces dépilations, comme en témoigne un
revêtement ci-oùteux, desséché el l'urfiu-acé de certaines
régions du corps et des membres.
Traitement. — 11 consiste en applications de pommades
boriquée. ph(''ni(iuée, qu'on l'ait alterner avec des sa-
vonnages, (lu peut rameucr les fonctions cutanées à leur
état normal, en employant des lotions de chloral î\ 4 ou
5 p. -100 et des lotions salicylées au même titre.
TRICHOSES. CHIEN. 2l9
III.— Monox.
Dans cette espèce, il n"est pas rare d'observer des irré-
gularités dans la longueur et le diamètre des brins de
laine. En général, les plus petits diamètres occupent la
partie moyenne : les plus grands, les e.\ti'émités. C'est la
foi'me qui est désignée sous le nom de laine à deux bouts.
Elle se montre dans les troupeaux dont Valimentation est
irrégulière. Les extrémités correspondent aux poussées
estivales, la portion intermédiaire à la poussée hivernale (1).
IV. — CIIIEX.
L'alopécie congénitale généralisée et permanente s'ob-
serve à l'état physiologique sur les chieus cJjiiiois: l'alo-
pécie ACQUISE est très fréquente en raison même de la
multiplicité des affections parasitaires et eczémateuses
qui peuvent la provoquer. Elle est presque toujours
accompagnée d'une pigmentation foncée des parties dénu-
dées, qui demeurent souples et lisses.
L'examen microscopique de ces pai'ties pigmentées met
en évidence.une atrophie des poils, des follicules pileux et de
cellules du corps muqueux de Malpighi. qui sont infiltrées de
granulations noires et brimes ainsi que les cellules de la
racine du poil et celles des glandes sébacées (Siedam-
grotzky).
Traitement. — Le traitement est subordonné à la cause
de l'alopécie. Quand la peau a été débarrassée des parasites
et des microbes, on utilise, quotidiennement ou tous les
deux jours, les solutions de sulfure de potassium à 1 ou
2 p. 100. ou de permanganate de potasse à 1 oui p. 1000.
Les préparations à base d'irritants, comme la teinture de con-
tharides dissoute dans l'alcool au centième, sont efficaces;
il est avantageux d'alterner ces lotions avec des bains sul-
fureux et des pommades adoucissantes il).
{l) Exceptionnellement, on peut observerchez leporcle Tric/torrcxis no-
dosa Schindelka) ; l'alopécie succède à la peste porcine.
261) TRICHOSES.
V. —OISEAUX.
Les poussins nés (J.ans des couveuses artificielles sont
souvent complètement nus; les oies et les oiseaux de
volière présentent quelquefois une alopécie presque com-
plète sous l'influence des infestations parasitaires.
CHAPITRE 11
DERMITES ECZÉMATEUSES
Définition. — On désigne sous le nom d'eczéma une épi-
dermo-dermite caractérisée initialement par de la rougeur,
du prurit et une série de lésions élémentaires auxquelles
succèdent un suintement séreux ou ' séro-purulent, des
squames, des croûtes, avec ou sansépaississemen de la peau
et chute des poils aux parties atteintes.
L'éruption érythémateiise ou vésiculeuse disposée en
plaques, en taches ou en nappes, à contours irréguliers com-
parables à des archipels, évolue par poussées avec exten-
sion périphérique. L"eczéma est marqué par sa tendance
récidivante ou chronique et par son caractère prurigineux.
C'est la plus fréquente des affections cutanées.
Étiologie générale. — Les causes qui président à son
évolution sont externes et internes.
Les CAUSES INTERNES sout dcs causcs prédisposantes qui
confèrent à la peau une vulnérabilité anormale. Diverses
dispositions morbides préparent l'éclosion de cette der-
matose.
a. \:hérédité assure fréquemment la transmission
directe des parents à leurs descendants : les chiens fils
d'eczémateux deviennent souvent eczémateux peu de temps
après leur naissance (Delabère-Blaine, Lafosse). La trans-
mission est généralement indirecte : les descendants
héritent d'un mode de nutrition connu sous le nom d'ar-
thritisme, qui tend constamment à faire éclore l'eczéma.
15.
262 DERMITES ECZEMATEUSES.
b. Lesaî<^o-i/i<o.rîca/tonslesplus diverses (gaslro-entérilcs.
alTections du foie, des reins, de riitérus. des bronches,
aliments (roj) excitants, de mauvaise (|uaiité, trop riciies
en matières azotées) sont fréquemment suivies deczcma.
On constate souvent une alternance ou un balancement
entre les [)oussées d'eczéma et les affections des bronches,
■t^
C--f
Fig. 54. — Eczéma. Cheval (peau de la joue).
L"épiderme apparaît séparé du derme, d, par raccumulalion de sérosilé, s.
Commencement d'œdème épidermique aboutissant à la vésiculutioD, e.
Hyperkératose, h; poils, pp' (Roquet).
de l'oreille ou du tube digestif, nolainmcnt chez le c/iicii.
c. Les tioubles nerveux, moins a[)prrciablcs et moins
variés chez les animaux que chez V homme, contribuent au
développement de l'eczéma en produisant des troubles
circulatoires régionaux et un excès d'irritabilité de certaines
parties de la peau. Les animaux, éprouvent du prurit; ils
se grattent : l'eczéma se développe.
Les CAUSES EXTERNES deviennent ainsi des causes occa-
sionnelles ou déterminantes de ICczé/na.
ÉTIOLOGIE GtNÉRALE. 263
a. Les irritants fJtysiques. comme le grattage, le frotte-
ment des harnais, la chaleur, la luuiiore solaire déter-
minent de la dermite et. chez les animaux prédisposés, des
eczémas plus ou moins durables.
b. Les irritants chimiques comme l'huile de cade, le
pétrole, la moutarde, l'essence de térébenthine, les mer-
curiaux sont susceptibles de faire développer l'eczéma chez
les animaux dont le terrain organique général ou local est
plus ou moins prédisposé à ce mode de réaction. C'est ce
qui explique lapparition d'éruptions foncièrement dis-
tinctes sous l'influence d'un même agent.
c. Les irritants parasitaires peuvent donner lieu à de
l'eczématisation véritable par l'intermédiaire du prurit, du
grattage ou simplement des toxines microbiennes ou du
venin des parasites, comme dans les gales. Les staphvlo-
eoques, les streptocoques peuvent susciter la réaction
eczémateuse quand ils s'implantent dans l'épidémie à la
faveur de traumalismes physiques, mécaniques ou chi-
miques. Les microbes jouent un rôle important dans
l'auto-inoculation de l'eczéma par grattage et sont une
cause de récidive dans les fovers mal éteints ; ils contribuent
enfin à l'extension périphérique des placards eczémateux.
En résumé, tout eczéma résulte de la combinaison, à dose
variable, de facteurs internes et de facteurs externes.
Les chevaux de luxe, fortement avoines, sont le plus
souvent frappés d'eczéma à l'âge adulte: ceux de fialaije
ont les eaux-aux-jambes : les lymphatiques qui séjournent
dans les endroits boueux et humides sont prédisposés au
crapaud; les chiens d'appartement, nourris de friandises,
présentent l'eczéma de tout le corps quand ils sont jeunes,
l'eczéma de la ligne du dos quapd ils sont vieux et gras :
c'est la chaleur solaire qui contribue à localiser l'eczéma
dans les parties de la peau qui sont dépourvues de pigment;
ce sont aussi toutes les excitations extérieures qui localisent
l'inflammation diathésique au point où l'irritation a fait
sentir sou influence.
26^
DKUMITES ECZÉMATEUSES.
Anatomie pathologique. — La lésion principale de
l'eczéma consiste dans un œdème du corps muqueux de
Malpighiqiii infiltre les cellules épidermiques, distend leurs
filanienls d'union et provoque la parakératose, c'est-à-dire
la disparition des stratiim <jra)tulosiwi (lig. 54).
Quand cet état spongoïde est très prononcé, le liquide
rompt lesfilamentsd'union, secoUecteen i'»/sicu/es remplies
de plasma fihrineux, translucides et limitées par des cel-
« ^ -^>
1 ....i5t..
l. l .-^
4 y^'i
A
B
Fis. 5"). — Vésiculatioii.
A, par mode inlercellulaire : 1, filaments d'union distendus jiar l'œdème
iiitercellulaire ; 2, cellules du corps muqueux. — B, par mode intracellulaire:
1, cellules du cori>s muqueux en altération cavilaire (Pader).
Iules épidorniiques refoulées et tassées. Ces vésicules
grandissent, soulèvent la couche cornée pendant qu'il s'en
forme d'autres à diverses hauteurs du corps muqueux de
Malpighi (lig. 55).
Leur évolution est très variable; elles peuvent se ter-
•minor par desssiccation, se rupturer ou s'inlecter.
a. La dessiccation sanssuintemenlest suivie de cvoûtcUes
ou de croules composées de sérum desséché, de lits de
cellules parakératosiques et d'amas microbiens; la dessic-
cation inimédiato est la caractéristique des eczémas secs.
AXATOMIE PATHOLOGIQUE.
•265
b. La rupture des vésicules est suivie d'un suintement qui
peut se prolonger longtemps sans production de nouvelles
vésicules : le liquide de la spongiose continue de s'écouler
par l'effraction d«s vésicules ouvertes ; ces pores ou puits
eczématiqiies sont la marque des eczémas suintants (fig. 36).
m^S^:--:
t.~: ■-■
W^ Ê^ l^ï^i
Fig. 56. — Formatiou d une vésicule au somniel d'une papille chez le cheval
affecté de crapaud.
p, papille œdémaliée ; c, corps miiqueux de Malpighi; s. cellules du corps
rauqueux en spongiose; v. vésicule résultant de la rupture de plusieurs
cellules (Pader).
C. Les infections secondaires des eczémas sont d'autant
plus faciles que les microbes pvogènes trouvent là un
excellent milieu de culture et y attirent les leucocytes poly-
nucléaires: on a ainsi les eczémas impétiginés à sécrétion
purulente et à croûtes mélicériques.
260 DEUMITES ECZEMATEUSES.
(/. Lii spon<jios:c cl la lésiculation ont pour corollaire la
multiplication (ioscelliiles nialpigliiennosoirépaississemenl
(lu corps niuqueux ou ïacanlhoae. Les papilles s'allongent ;
les bourgeons inlerpapillaires sont agrandis; l'épiderme
est épaissi ; on dit que l'crzéina est lichéiwide (fig. 57).
c. Le derme est lui-même hjpcrémié, œdématié; il pré-
sente des inlillrats [x'rivasculaires qui se traduisent parla
rougeur, le gontlement caractéristiques, deïeczéma rubrum.
(les diverses lésions se combinent dans les eczémas.
Symptômes. — L'éruption est essentiellement poly-
moriihc : l'érythème, les vésicules, le suintement cl la
desquamation résument ses primipales manilcstalions.
L'érythème consiste dans une rougeur iranclie en nappes
jilus ou moins étendues, accompagnée d'une légère tumé-
faction, d'un prurit intense et de la chute des poils. Cet
(pdème congeslif s'elTace au bout d'un à deu\ jours et est
remplacé par une desipiamation lamelleuso. furl'uracée,
ou par le stade vésiculeux.
Les vésicules de l'eczéma sont petites, acuminées, super-
ficielles, du volume d'un grain de miel ou d'une tête
d'é|)ingle. Elles déterminent le hérissement des poils; elles
sont faciles à découvrir en passant hl main à la surface du
corps; elles renferment un licpiide clair, trans[iarent, ou
un peu louche. Elles peuvent confluer, demeurer dissé-
minées, dures, ou présenter l'aspect de petites papules.
Les vésicules s'ouvi'ent spontanément ou sous l'influence
lie grattages. Le suintement est caractérisé par un exsudât
clair ini peu lilant.à peine jaunAlre ou louche, qui s'échappe
d'une multitude d'érosions superlicielles, arrondies, de
petit pertuis ou pores eczématiques. Parfois le liquide
sécrété acciuiert une consistance gommeuse et se concrète
en croûtes ressemblant à du miel desséché {eczéma impé-
tigineux).
Le suintement se tarit, les croûtes tombent, la surface
l'épidermise; mais la couche cornée reste mince, craque-
séc; l'exfolialion commence.
SYMPTÔMES. 267
Le stade de desquamation est caractérisé par des exfo-
liations, larnelleiises ou furfuracées, qui se reproduisent
incessamment sous l'influence du prurit persistant et de
nouvelles poussées, qui déierminent Tépaississement des
placards eczémateux et l'exagération des plis, ou des
sillons cutanés.
Les FORMES de l'eczéma sont en voie de transformation
}1 t^'
£ n3
^-
Kig. 57. — Hyperacanthose ou hyperplasie du corps muqueux.
1, 2, derme; 3, amas leucocytaires; 4, papilles dermiques irrégulières
et hypertrophiées.
constante ; il se forme ici des vésicules, là des croûtes,
là des pointssuintants et des gerçures; mais tous les eczé-
mas ne parcourent pas toutes les phases ; fréquemment,
chez le cheval, on n'observe que la première et la der-
nière phase : les phases éruptives caractérisées par des
papules, des vésicules, quelquefois des pustules, passent
inaperçues, de sorte que l'on n'observe que les consé-
quences de l'évolution eczémateuse, c'est-à-dire les croûtes
et les squames.
268 DERMIÏKS ECZEMATEISES.
Variétés. — On constate des eczémas des parties pour-
vues de longs poils (crinière, queue), des eczémas orbicu-
laires des orifices naturels (paupières, oreilles, narines),
qui tendent à envahir la conjonclive, la pituitaire, la
muqueuse auditive, il y a des eczémas des exli-émités qui
sont sans cesse aggravés par des traumatismes. le con-
tact de boues irritantes, de poussières, de l'urine ou des
matières fécales.
Les eczémas des plis articulaires se compliquent de
gerçiu-es et de crevasses; ceux de la couronne des soli-
pèdes, de décollement de la paroi; ceux du pied, comme
le crapaud, de la chute du sabot. Les lymphangites et
les adénites s'ajoutent fréquemment aux eczémas humides
et croùteux de ceux des extrémités. L"eczéma peut avoir
vme allure aiguë ou subaiguë ; mais il a toujours de la
tendance à renaître ; il procède par poussées et finit par
constituer une véritable infirmité. On le rencontre chez
tous les animaux et sous les aspects les plus divers.
I. — SOLIPÈDES.
Les alVections eczématiformes des soliprdes sont très
nombreuses, très variées ; elles peuvent se généraliser ou
se localiser à la tête, au tronc et aux extrémités.
1. — ECZÉMA AIGU GÉNÉRALISE.
Cet eczéma débute pur les parties du corps qui suppor-
tent la pression des harnais et qui suent facilement;
mais il peut envahir les diverses parties du corps et
gagner les extrémités; parfois même, la maladie, occasion-
née par les boues, demeure confinée aux oxirémilés {der-
mite papulcuse des viembiTs). En quelques jours, la peau
se couvi'e de vésicules conllucntes dans certaines régions ;
les poils deviennent hérissés, ternes ; ils ne tardent pas à
tomber; la peau, grenue et comme sablée au loucher, ne
ECZEMA CHRONIQUE SEC. 269
larde pas à se dénuder. En même temps, elle apparaît
chaude, douloureuse, adhérente, difficile à soulever et à
plisser. Le prurit est très intense, et on éprouve beaucoup
de difficulté à empêcher les animaux de se gratter (fig. 38.)
Sous l'influence de ces
grattages, les excoriations ^_-J
sont fréquentes. Sinon,
l'éruption est bient(:)t sui-
vie d'une desquamation
abondante; l'évolution est
rapide: la peau reprend
ses caractères noi'maux
au bout de trois semaines
à un mois de traitement.
II. — ECZÉMA CHRO-
NIQUE SEC.
L'eczéma chronique sec
est caractérisé par des
démangeaisons intenses
accompagnées d'une sorte
de pityriasis localisé ou
presque généralisé , de
CrOÙteletleS et de quelques Kig. 58. - Eczéma aigu généralisé suivi
vésicules éphémères dis- d'alopécie,
persées sur les faces laté-
rales de l'encolure, du garrot et du tronc. Cette maladie
s'observe pendant l'été chez les ('//e?r,/wA'àpeaufine, àtempé-
rament nerveux et revêt une allure enzootique .\lix. Wœhr-
ling . Le prurit rappelle par son intensité celui de la gale
sarcoptique, mais il ne s'exagère pas sous l'influence de la
chaleur solaire. Les vésicules, de la dimension d'une tête
d'épingle ou d'une lentille, se rupturent et sont rempla-
cées par de petites croùtelettes qui tombent et laissent
apercevoir de petites tonsures. Sousl'influence de nouvelles
270 DEUMITES ECZÉMATEUSES.
éruptions, les tonsures se rejoignenf.se conlondenl ; la
peau présente de larges surl'acos dénudées, irréguliéres ou
<lisposées en bandes séparées par des espaces sains don-
n;uit A la peau un aspect zébré (Mégnin).
A mesure que la peau se dénude, elle s'épaissit, se pig-
mente et se recouvre de pellicules épidermiques. La
maladie peut s'atténuer, disparaître, présenter des pous-
sées successives, s'éterniser; on la voit généralement s'at-
ténuer pendant l'hiver et s'aggraver pendant l'été. Elle se
localise souvent aux joues, au chanfrein, aux paupières,
qui s'épaississent et se dénudent. La peau de ces régions
ilemeure sèfthe, rude, pityriasique ; ces altérations en-
lèvent aux rlicvtnix de luxe une grande partie de leur
valeur.
III. — ECZÉMA DES RÉGIONS POURVUES DE CRINS.
Cet eczéma est fréquent chez lesgros rlicvniix à crinière
épaisse et queue très toulTue. La maljiroprelé due au
défaut de pansage favorise son apparition chez les ani-
maux prédisposés.
La maladie passe longtemps inaperçue ; elle devient
apparente par la chute et la raréfaction des poils et l'ac-
cumulation des produits de séci'étion à la hase de ceux
qui restent. La peau est fortement épaissie, enllammée ;
le bord supérieur de l'encolure est plissé transversalement;
sa surface est recouverte d'un dépôt grisâtre ou de croûtes
formées de sérosité, de pus et de sang desséchés.
Au-dessous, on trouve une matière sale, graisseuse,
fétide et gluante. Si la maladie n'est pas traitée, les fol-
licules pileux s'atrophient par places, deviennent lins et
tombent; ailleurs, ils paraissent mieux nourris; les folli-
cules congestionnés sont plus gros et raides. Plus tard, la
sclérose cutanée est très marquée ■: les plis persistent
ou s'accentuent, la peau présente des s(iuames abondantes.
La durée du processus est illimitée; le plus souvent
ECZÉMA DES EXTRÉMITÉS. 271
même tout traitement est inutile, la réparation intégrale
de la peau étant impossible.
IV. - ECZÉMA DES PLIS ARTICULAIRES DU GENOU
ET DU JARRET.
Ces régions sont le siège de prédilection de l'eczéma de
Vàne, plus rarement du cheval. On observe des squames
abondantes pendant lété, accompagnées de gerçures, et
quelquefois de crevasses, de poussées vésiculeuses et de
suintement. Chez le cheval, il existe quelquefois une exco-
riation ovalaire dans le creux du jarret, qu'on regarde
souvent comme de nature eczémateuse et qui résulte de
la compression de la peau pendant le décubitus entre la
tubérosité inférieui-e du tibia et le sol Joly).
V. — ECZÉMA DES EXTRÉMITÉS.
Le pli du paturon, la couronne, le boulet et parfois
la région du canon des membres postérieurs sont le siège
d'eczémas zébrés secs et d'eczémas suintants, ordinairement
suivis de productions verruqueuses dues à l'hypertrophie
des papilles. Ces eczémas atteigent principalement les
chevaux communs, lymphatiques, des régions humides ;
ils se développent et sont entretenus par le contact des
boues irritantes, du fumier, du purin, de la malpropreté
des extrémités, dont la situation déclive est favorable à la
stase sanguine, aux œdèmes, à l'induration des tissus et
aux infections secondaires (1).
Veczéma. fréquent chez les chevaux nerveux, s'observe
le printemps, l'été, l'automne, plus rarement l'hiver, et
occupe le pli du paturon. Cette région est sèche, chaude,
squameuse, brillante, sans suintement ni croûtes et com-
plètement glabre. Celte variété d'eczéma estbénigne, faci-
(1) Rieux, Dermite des extrémilés (Joiirn. des vél. milit., 190f, p. 414).
272 DERMITES ECZEMATEUSES.
leinont ciumIjIo ; mais ello se complique soiivenl de cre-
vasses.
L'eczéma suintant de celle région se traduil généralo-
menl au début par uneéruplion vésiculeuse, des crevasses
et de la lymphangite.
a. Les vésicules petites, acuminées, arrondies, transpa-
rentes, ont une évolution rapide, une durée éphémère;
elles se rupturent si vite qu'elles passent souvent inaper-
çues, ou ne sont mises en évidence que par un examen
des plus minutieux. Leur déchirure est précipitée par le
grattage, par les mouvements d'extension et de flexion
des membres, par le contact du fumier, etc. Le liquide
qui s'en écoule, immédiatement, est clair et transparent,
séreux, non odorant ; il humecte les poils et est parfois
si abondant qu'il lombe en gouttelettes sur le sabot et
sur le sol.
Les poussées de vésicules se succèdent : lépiderme est
l)ientôt criblé de petites ouvertures qui d'ab.ord ne sont
^uère visibles, mais elles se rejoignent, se confondent; la
peau se dépouille de son épiderme sur de vastes surfaces;
les poils sont hérissés, piqués ; ils macèrent dans l'enduit
qui recouvre la surface malade et tombent progressive-
ment.
h. Le prurit est souvent peu appréciable ; d'autres fois, il
est très prononcé; certains animaux cherchent à se frotter
contre tous les objets environnants; ils réussissent quel-
quefois à se mordre et ont alors les membres ensanglan-
tés. Parfois la maladie est exclusivement limitée à un
seul membre; elle envahit plus Iréquemment. d'ime ma-
nière symétrique, soit les deux membres antérieurs, soit
les deux membres postérieurs. Dans ce cas, elle est tou-
jours plus grave chez les juments en raison de l'urine qui
rejaillit, à chaque miction, sur les parties irritées et dé-
pourvues d'épiderme.
r. \j(i marche de ces eczémas aigus n'a rien de fixe; tantôt
l'éruption s'arrête, et toutes les com[)lications sont con-
ECZÉMA DES EXTRÉMITÉS. 273
jurées : l'animal peut guérir en quinze jours: tantôt les
poussées éruptives se succèdent, et le corps niuqueux de
Malpighi se dénude sur une vaste surface qui devient
rouge, enflammée, suppurante.
L'infection vyogène complique la plupart des cas d'eczéma
Fig. 59. — Eaux-aux-jambes accompagnées de crevasses.
aigu du pli du paturon qui ne sont pas promptement
désinfectés et protégés par un pansement occlusif contre
le contact de la boue, des poussières, du fumier, du
purin. Cette infection est facilitée par la persistance des
éruptions qui amènent des effractions et des destructions
épidermiques. Elle a pour résultat de modifier les carac-
tères du liquide sécrété. Il devient plus épais, visqueux et
présente une coloration grisâtre ou légèrement verdàtre : il
s'attache aux poils, qu'il recouvre d'un enduit blanchâtre,
et répand très vite une insupportable fétidité. La peau se
couvre d'excoriations superficielles; elle est rouge, chagri-
274 DEHM1TES ECZÉMATEUSES.
née, saiifnanlc. hiiinidc; elle se fendille et se crevasse
transversalement au i)li du paturon ou à deux travers de
doigt au-dessus de lergot des membres postérieurs
[Roger (])].
d. Les crevasses sont des lentes profondes intéressant le
derme ou le tissu eonjonctir sons-culané et accompagnées
d'une exsudation abondante qui se convertit en croûtes
grisâtres ou noirâtres. Très fréquemment, leurs bords
contusionnés, blessés par les mouvements de flexion, se
renversent, deviennent exubérants ou prennent un carac-
tère ulcéreux (lig. 59).
e. La lynipham/ite complique fréquemment l'infection
pyogène locale. Elle se manifeste chaque fois que l'animal
n'est pas mis au repos dès l'apparition des premiers signes
d'inflammation du paturon et qu'on ne désinfecte ou
qu'on ne protège pas, par un pansement occlusif, la ré-
gion eczémateuse. Les boues, les poussières v déposent
des germes pyogènes et septiques qui communiquent aux
produits dexsudation un semblant de spécilicité. La
lymphangite commence à se manifester dès l'éclosion des
premières vésicules abandonnées au contact de l'air; elle
est alimentée par la marche, la production de crevasses,
les chocs et toutes les causes qui facilitent la pénétration
des germes pyogènes.
Son apparition se traduit ici par un engorgement (jni
commence d'habitude dans le pli du paturon ou à la
face postérieure du boulet et qui remonte quelquefois
jusqu'au milieu du canon, 11 est intermittent ; il s'exa-
gère i\ la suite d'une longue marche qui provoque de
nouvelles inoculations; il disparaît au début de l'exer-
cice et revient au repos; il est chaud et douloureux. A
mesure que l'infection locale s'aggrave, la dose de mi-
crobes et de toxines qui gagnent les lymphatiques est plus
con.sidérable ; la tuméfaction atteint les jarrets, les ge-
(1) Roger, Dermatoses des extromilés chez le cheval {iievite t'p7., 1908,
!■• 87).
ECZÉMA DES EXTRÉMITÉS. 275
noiix; l'animal tient, quelquefois, le membre souffrant
levé : il présente des élancements ; la marche est hési-
tante, la boiterie prononcée; l'animal refuse quelquefois
de marcher ou n'etïectue les premiers pa-s qu'en manifes-
tant les signes d'une vive douleur (Voy. Lymphangite).
Sous l'influence de ces complications, la durée de la mala-
die peut être décuplée; elle est du reste sujette à de fré-
quentes récidives et tend à prendre la forme chronique ou
la forme verruqueuse.
L'eczéma verruqueux résulte de l'hypertrophie des pa-
pilles soumises à une irrigation sanguine normale ; elles
prennent l'aspect de tics, de verrues, de grappes. L'évolu-
tion de ces végétations, situées généralement au-dessous
du boulet, est très lente. Au début, la peau paraît légère-
ment sablée ; les végétations ont les dimensions d'une graine
de chènevis; elles sont isolées, clairsemées; elles s'allon-
gent progi'essivement et se subdivisent pendant (pie d'au-
tres se développent dans le voisinage. Leur grosseur se
rapproche de celle d'une noisette, d'une noix et excep-
tionnellement du poing. Sessiles ou pédiculées, elles
s'élèvent d'autant plus au-dessus de la surface du tégument
qu'elles sont plus étroitement pressées les unes contre les
autres. Le pédoncule acquiert une longueur moyenne de
2 à 5 centimètres : il est cylindrique, mince ou épais, tou-
jours fibreux, résistant; il se termine par une extrémité
libre, renflée, généralement arrondie ou légèrement co-
noïde (tîg. 60).
Ces excroissances sont rouges et injectées quand elles
résultent d'une poussée récente : incolores ou marbrées
de noir quand elles sont anciennes et qu'elles ont subi de
traumatismes qui les ont blessées ou qui ont provoqué des
hémorragies à leur intérieur. Tant qu'elles sont jeunes,
elles sécrètent une matière grisâtre, épaisse, caséeuse et
très fétide. En vieillissant, elles deviennent cornées à la
surface; mais cette corne s'arrache facilement et met à
nu une surface irrégulièrement boui'geonnante, très vascu-
•276
DERMITES ECZEMATEUSES.
laire. constituée par des villo-pnpilles liyiiprtrophii'cs,
comme on l'observe au niveau du tissu volout(''. ciicz les
animaux affectés de crapaud. Du reste, les végétations des
eaux-aux-jambes ont la môme origine et la même struc-
ture que les fies du crapaud. Dans les intervalles qui sé-
parent ces productions, on rencontre quelques pinceaux
de [loils volumineux et bé-
rissés qui retiennent une
matière épaisse, puru-
lente, coagulée, toujours
fétide.
Ces signes persistent in-
définiment avec des alter-
natives d'aggravation et
d'amélioration, sans qu'on
observe jamais la dispari-
tion des altérations cuta-
nées, notamment des vé-
gétations papillomaleuses
qui rendent sa surface si
irrégulière.
Les THOl'Itl.ES FO.NCTION-
Fig. co. — Eau.\-au.\-janiiies ciiioiiiqiies. .\ELs subisscnt de nom-
breuses oscillations, à
commencer par Vœdème des extrémités malades. Sous l'in-
fluence de l'irritation locale, il se pi'oduit d'abord des stases
sanguines et des infections locales qui engendrent des
lymphangites seco7t(laii'rs.
Les membres s'engorgent, les lyin[dialiques, constam-
ment surchargés de lymphe, se dilatent, les ganglions de
l'aine et de l'entrée de la poitrine shypertrophient. Pen-
dant longtemps, l'œdème des membres augmente pro-
gressivement au repos; il disparait par l'exercice. Toutefois,
ce travail intempestif peut amener des désordres graves :
c'est (lu'en effet les membres, très engorgés, s'entre-
choquent, et il en résulte des blessures parfois très pro-
ECZEMA SEBORRHEIQUE. 277
fondes, portes ouvertes à l'infection. De plus, les boues et
les poussières sont autant d'agents irritants qui augmen-
tent encore l'inflammalion de la peau.
Diagnostic. — C'est une des maladies les plus faciles à
dépister ; on en retrouve les traces quand les manifesta-
tions ont cessé, et on peut en soupçonner le retour. La
peau du pli du paturon demeure légèrement épaissie,
squameuse, farineuse ; elle présente quelquefois des cica-
trices transversales, derniers vestiges des crevasses gué-
ries. Ces cicatrices sont plus nombreuses et plus superfi-
cielles; elles se prolongent moins sur les faces latérales du
paturon que celles qui résultent de prises de longe. Pen-
dant l'évolution de l'eczéma, le diagnostic différentiel est
également facile à faire.
Toute dékératinisation anormale de Tépiderme du pli
du paturon, indépendante d'une application vésicante, est
produite par Veczcma ou la gale. Que l'eczéma soit sec ou
humide, on peut facilement le distinguer des effets pro-
duits par les applications vésicantes. L'eczéma occupe
symétriquement les membres antérieurs ou postérieurs,
quelquefois les quatre membres ; on n'applique générale-
ment des vésicants qu'à un seul membre.
La gale n'est pas aussi localisée que l'eczéma : elle re-
monte le long des canons et s'accuse par un prurit spé-
cial (1).
VI. — ECZÉMA SÉBORRHÉIQUE.
Cette forme particulière d'eczéma s'observe quelquefois
chez le cheval (Mégnin, Schindelka, Gautier, Marek) et
chez Vàne (Rossi) (2).
On a attribué son développement à des microbes ronds
ou moroques disposés en amas mûriformes dans les croii-
(1) Voy. Gale symbiotique.
(2) Brisavoine, De la séborrhée sèche et de l'alopécie a frigore (Journ. des
vi't. milil., 1902, p. 324). — Gautier, Séborrhée chez le cheval (Journ.
de Lyon, 1906, p. 565).
Cadéac. — Patholoofie interne. Yll. 16
278 DERMITES ECZÉMATEUSES.
telles (Unna\ D'autres accusent la séborrhée de provo-
quer l'eczéma (Dubrenilh); d'autres pensent que la kérose
ou hypertrophie de la couche cornée avec kyperkéralose
des orifices pilo-si'bacés crée la prédisposition à l'eczéma,
dont léclosion résulte dune infection microbienne locale.
ileUe affection, localisée ou généralisée, sèche ou grasse,
est caractérisée par sa disposition en plaques arrondies ou
ellipsoïdes, de dimensions variables, recouvertes de squames
gris jaimAtre ou grises, luisantes et graisseuses, d'aspect
circiné. qui agglutinent les poils et se détachent facilement.
On aperçoit alors la peau rouge et parfois un peu humide
vers le bord des plaques. Cet eczéma se développe géné-
ralement sur les faces latérales de l'encolure, ou à la tête,
auxjoues. aux épaules, etc.; il peut rétrograderet guérir:
mais il récidive généralement et peut déterminer l'épui-
semcnl des malades.
Traitement. — L'eczéma réclame des soins locaux et
<los soins généraux.
Soins locaux. — Ce sont les plus eHicaoes quand ils sont
utilisés d'une manière rationnelle.
Chaque éruption doit être traitée suivant sa modalité-:
il n'y a pas de spéciiique anti-eczémateux. Il faut com-
mencer par réaliser l'asepsie des régions malades; on
coupe les poils, on fait tomber les croûtes et l'on pra-
tique des lotions ou des pulvérisations de solutions anti-
septiques peu irritantes : les agents antiseptiques pré*-
viennent l'invasion des germes pyogènes ou atténuent
leurs effets. L'eau boriciuée, l'eau oxygénée étendue de
vaseline, les goudrons étendus, la solution de sublimé à
I p. 2 000, sont habituellement bien supportés. Les eczé-
mas secs sont arrêtés par ce traitement. On fait tomber
ensuite les squames à l'aide d'applications de vaseline ou
de pommade à l'oxyde de zinc additionnée d'aride salicy-
lique.
Oxyde de zinc 8 grammes.
Acide salicyiique - —
Vaseline i'> —
ECZKMA SEBORRHEIQUE. 279
L'acide salicjlique agit comme antiseptique, l'oxyde de
zinc comme un léger astringent, la vaseline comme un
enduit protecteur qui préserve la peau excoriée du contact
de l'air : tous ces agents excitent, en même temps, la crois-
sance des poils. On calme le prurit violent de certains
eczémas à laide de pommade cocaïnée (1 partie de
coca'ine pour 2,5 de parafïine ou de Uniment oléo-calcaire).
Les eczémas suintants ou impétigineux sont rapidement
améliorés par les lotions astringentes, les pansements
humides et antiseptiques : la pommade au calomel, au pré-
cipité jaune, la pommade ichtyolée ou boriquée, la solu-
tion aqueuse de formol à 1 p. 2, de nitrate d'argent
à 1 p. 30, ou d'acide picrique (1 p. 86 d'eau), coagulent les
exsudais ; les préparations goudi'onnées connues sous le
nom d'huile décade, ou le goudron végétal pur produisent
une modification salutaire du tégument et rendent la sur-
face aseptique.
Les poudi'es de tan, d'acide borique pulvérisé, de sous-
nitrate de bismuth, d'iodoforme, de tannoforme, de der-
matol. de sucre suffisent à tarir le suintement, à provo-
quer la guérison des excoriations et une dessiccation rapide.
Les boues radio-actives agissent à la fois comme antisep-
tique puissant, comme astringent et desséchant (Petit).
On peut employer aussi la solution à 10 p. 100 de
collodion crésylé ou ichtyolé, la gutta-percha dissoute
dans 6 parties de chloroforme.
Les eczémas suintants des extrémités sont combattus
avec succès par les poudres antiseptiques et astringentes,
acide borique, tan, iodoforme, et les pansements occlusifs.
Les eczémas végétants et verriiqueux sont combattus par
la teinture diode, qui réprime le bourgeonnement et
désinfecte la région, par le sulfate de cuivre, l'orpiment,
l'acide arsénieux ou les caustiques plus énergique?, comme
les acides; il est préférable de i"aser les fies et de cauté-
riser la base de leur pédicule.
Les crevasses sont justiciables des antiseptiques, des pan-
280 DERMITES ECZKMATErSES.
sements protecteurs; on recommande même de recourir
au sérum antistreptococcique (Gaston).
Soins généraux. — Ils secondent tout au plus les soins
locaux : la suppression de l'irritation culani'e. facile à
obtenir quand elle est d'origine externe, est ordinairement
irréalisable chez les solipbdes quand elle est d'origine
interne". L'arsenic est considéré aujourd'hui comme étant
plus souvent nuisible qu'utile; l'hygiène est difficile à mo-
difier; on ne peut supprimer entièrement l'avoine et rem-
placer ce régime fortifiant et excitant par un régime
éniollient. de sorte que les moyens locaux sont, dans la
majorité des cas, la seule ressource dans le traitement des
eczémas des solipèdes.
II. — BOVIDÉS.
Les lésions élémentaires prurigineuses, suintantes et
squameuses se c imbinent, se succèdent ou coexistent dans
l'eczéma des hoviaés comme dans celui des autres espèces
animales. Son développement est relativement rare chez
les ruminants.
Étiologie. — Un état diatbésique préexistant, un vice
de la nutrition héréditaire ou acquis allié' à une mauvaise
hygiène ou des irritants physiques, mécaniques, chimiques,
parasitaires ou microbiens, peuvent susciter la réaction
iun;uiiiiiat()ire eczémateuse.
Symptômes. — (Juand l'eczéma débute brusquement
sur une surface étendue, on peut observer quelques sym-
ptômes généraux fébriles accompagnés d'inappétence, de
constipation et de courbature.
L'éruption qui se manifeste bientôt est polymorphe;
elle se compose de rougeur, de vésiculation, de suinte-
ment, de croûtes, de squames qui deviennent prépondé-
rantes. Les poils sont piqués, ternes, et l'épiderme est
fendillé, craquelé dans les premiers foyers eczémateux
pendant qu'une éruption plus récente dans le voisinage ou
BOVIDÉS. ECZÉMA SÉBORRHÉIQUE. 281
dans une autre région exsude et suinte. Le stade de suin-
tement est souvent prolongé pendant des jours ou même
des semaines par des frottements et des léchages.
Sinon, le suintement se dessèche en croûtes ambrées ou
brunes si un peu de sang a été mêlé à la sérosité; c'est le
stide croùteux, qui peut devenir impétiginé par infection
secondaire ; la peau se crevasse sous l'influence des
mouvements de flexion, d'extension ou des grattages, et
l'eczéma se complique d'excoriations, de plaies, de
décollements cutanés, de lymphangites, d'adénites.
Quand l'eczéma persiste longtemps, la peau devient
sèche, rugueuse, squameuse ; les plis et les sillons normaux
sont plus accentués, et elle tend à s'épaissir et às'indurer.
Variétés. — On peut distinguer des variétés de siège
et des variétés de forme éruptive.
Les régions de prédilection de l'eczéma sont le front, la
nuque, la base de la queue et surtout les membres.
a. L'eczéma des membres affecte les membres postérieurs
de préférence (Huzard, Festal, Armandier, etc.). Son in-
v.ision est rapide: la peau du paturon devient rouge,
chaude, tuméfiée, douloureuse ; l'animal boite; ces sym-
ptômes durent trois ou quatre jours, puis la souffrance
devient tellement intense que les animaux ne peuvent
plus être utilisés.
A ce moment, on voit apparaître de petites vésicules
sous-épidermiques, du volume d'une tête d'épingle; elles
sont confluentes ou disséminées, rosées; elles renferment
un liquide citrin et s'accumulent de préférence dans
l'espace situé entre les talons et dans le fond du pli du
paturon. Ces vésicules s'ouvrent rapidement et laissent
écouler leur contenu, qui se dessèche au contact de l'air et
se convertit en croûtes, qui, une fois formées, s'épaississent
et se détachent pour se renouveler rapidement et pour
ainsi dire indéfiniment si l'on n'intervient pas.
Cette éruption, qui s'opère ainsi au pli du paturon, a
souvent pour conséquence un engorgement intense du
16.
282 DERMITES ECZÉMATEUSES.
membre dont l'appui devient incertain, difficile, quelque-
fois impossible. La peau s'épaissit, se plisse, se ride, se
crevasse, et des lymphangites se développent.
L'afTeclion peut devenir rhroni(|ue. se compliquer d"élé-
phantiasis, de sclérose du derme et d'hypertrophie de la
couche épidermique (Voy. Pathologie chirurgicale), in Ma-
ladies de la peau et du tissu conjonctif sous-cutané].
b. L'eczéma interdigitéouintertrigo succède au séjour dans
des étables où stagne le purin ou à la marche des animaux
sur des roules boueuses ou pierreuses Honvicini, Mioardio,
Gualducci) (Voy. Pathologie chirurgicale, ïa Maladies de la
peau, p. 204).
La peau fine de celte région se couvre de vésicules;
puis des crevasses s'étendent en rayonnant du point de
réunion des deux onglons vers les fiarties latérales pour se
propager quelquefois vers les parties antérieures; elles
sont profondes, irrégulières, à bords renversés et ulcérés ;
le pus sécrète, irrite le bourrelet, produit des décollements
et quelquefois même la chute du sabot.
c. h' eczéma de l'extrémité de la queue envahit le toupil-
lon ; il se développe chez les animaux qui vivent en stabu-
lation permanente, sans pansage ni lavage.
d. L'eczéma aigu des parties supérieures du corps aiîecte
spécialement les animaux adultes de six à douze ans ; il se
développe, principalement, pendant lété et envahit les
régions dépourvues de pigment, comme les reins, le dos, le
garrot, les faces latérales de l'encolure et plus rarement les
mamelles des animaux à robe pie [Mouroux (1)].
11 s'accompagne quelquefois d'une luméfaction énorme
de la peau de l'encolure, du pourtour des yeux, des oreilles
et d'un suintement fétide (Brégeard).
e. L'eczéma chronique généralise h poussées ré'cidivantes
est surtout caractérisé par la production de grandes squames
lamelleuses, diaphanes, adhérentes ; l'éruption est trèsatté-
(1) Mouroux, Soc. cenlr., 1904.
BOVIDÉS. — ECZÉMA SÉBORRHÉIQUE. 283
nuée, le suintement inappréciable; la peau rougit sous
l'inlluence des grattages; elle se pigmente à mesure que les
poils tombent; l'alopécie et les squames épidermiques
accusent seules la persistance de la maladie, qui peut durer
des années Méguin, Noack, Prietsch .
f. Ueczéma séborrhéique, décrit sous le nom de sébori'hée.
a été étudié par Moussu. Leblanc. Mathis, Vaché, etc.
(Voy. Pathologie chirurgicale, in Maladies de la peau).
Diagnostic. — Les eczémas des bovidés se difl'érencient
des acariases, de la phtiriase et des teignes par l'examen
microscopique, qui permet de constater l'absence de tout
parasite.
Pronostic. — La gravité de ces affections dépend plus
de leurs récidives et de leur complication croùteuse et
suppurative que de leur résistance aux agents thérapeu-
tiques.
Traitement. — Les soins locaux doivent varier suivant
la modalité de ratfection. son siège et son étendue. Les
lavages antiseptiques et les applications dessiccatives pul-
vérulentes sont préférables, au début, aux pommades et
aux pâtes comme aux émoUients, car toutes ces médica-
tions tendent à échauffer la peau et à faire macérer l'épi-
derme. Les lotions boriquées. crésvlées. ou au permanga-
nate de potasse, les applications d'huile de cade ou de
goudron légèrement dilués avec de la vaseline conviennent
pour les eczémas légèrement suintants; les poudres d'ami-
don, d'écorce de chêne, de talc, le tannoforme, l'acide
borique, finement pulvéïùsé, hâtent la dessiccation. Les
eczémas croùteux sont efficacement combattus avec les
émollients, le glycérolé d'amidon, les lotions soufrées, les
pommades émollientes et astringentes, qui toutes favo-
risent le détachement des croûtes et permettent d'utiliser
ensuite les antiseptiques et les astringents en lotions ou en
poudres.
Les badigeons à l'acide azotique à 1 p. 10 ou au nitrate
d'argent à 1 p. iO suppriment généralement le suintement
284 DERMITES ECZÉMATEUSES.
et lo priiri(. mais ils peuvent devenir dangereux en raison
de leur énergie même.
Quand la guérison est obtenue, il faut veiller à la pro-
preté de la peau, entretenir ses fonctions par des savon-
nages, des frictions sèches et favoriser la repousse du poil
h l'aide de solutions alcoolisées ou salicylées.
Le traitement général doit surtout chercher à faciliter
les fonctions digeslives; les nurgiitils salins, les fourrages
verts sont indiqués; le chlorure de calcium, à la dose de
15 à 20 grammes, tend à remplacer les arsenicaux, qu'on
emploie de moins en moins.
On peut préserver les animaux de cette maladie en les
maintenant dans des étables ])ropres. i\ litière abondante,
en empêchant le séjour du purin, en tirant le fumier de
la place qu'il occupe. Quand les animaux y sont prédis-
posés, il convient de redoubler de soins, de nettoyer les
extrémités, quand les hoviiis ont dû marcher sur un sol
couvert de boues acres, irritantes.
III. — MOIJTOi\.
Les eczémas du ninutou sont généralenienl bi-nins. Les
principales variétés sont :
Ucczéma squameux, qu'on observe chez les animaux
affectés de distomose ou de strongylose et qu'il estsouvent
impossible de différencier du pityriasis.
L'eczéma des extrémités est Vintertrigo. qu'on voit appa-
raître dans les bergeries humides. Les autres affections
cutanées décrites comme des eczémas sont des dermites
produites par des agents irritants physiquesou parasitaires.
La séborrhée sèche atteint cependant le cou, le dos, les
épaules, les côtes, la poitrine, et se traduit par des squames
blanchâtres ou brun jaunâtre et par la chute de la laine
sans prurit (Haubner).
Traitement. — Les médications des bovins sont égale-
mont efticaces chez le mouton.
CHIEN. — ECZÉMA SÉBORRHÉIQUE. 285
IV. — CHIEX.
Définition. — L'eczéma du chien consiste dans une
série de lésions élémentaires variables, isolées ou diver-
sement combinées, qui se traduisent cliniquement par de
l'éry thème, de la vésiculation, du suintement, de la liché-
nisation et de la desquamation. Cette maladie offre, chez
le chion, son expression la plus complète; elle peut déter-
miner l'atrophie des follicules pileux, des glandes et
l'hypertrophie de l'épiderme et des papilles. On l'observe
à tout âge : les jeunes sont atteints principalement
d'eczéma aigu des parties fines de la peau ; les vieux,
d'eczéma chronique du dos.
Étiologie. — L'hérédité, Varthritisme, les gastro-entérites
chroniques, les néphrites, les affections du foie favorisent
le développement des eczémas par insuffisance intestinale,
rénale ou hépatique. Les animaux nourris d'aliments
épicés, de débris de restaurants ou de pain de suif v sont
particulièrement prédisposés.
Les facteurs externes de l'eczéma sont presque innom-
brables; ils comprennent tous les irritants locaux, qui,
suivant leur activité, sont capables de réaliser toutes les
formes de l'eczéma.
Les excitations extérieures produites par les poussières,
les saletés, les bains et les savonnages fréquents, les irri-
tations déterminées par des parasites, puces, poux; les
frottements répétés et les pressions soutenues sur une
partie de la peau, comme celles qui résultent de l'appui du
collier, agissent dans la production de l'eczéma et expli-
quent la fréquence de cette maladie aux parties supé-
rieures du corps et aux extrémités, c'est-à-dire dans les
régions les plus exposées à ces causes d'irritation.
Le grattage est eczématogène chez les animaux prédis-
posés; il aggrave l'eczéma préexistant et peut le dissé-
miner: les animaux galeux sont généralement eczémateux
secondairement.
286 DERMITES ECZEMATEUSES.
Les frictions cutani'es à l'aide île solutions alcalines ou
acides et tous les irritants chimiques sont des causes
d'eczéma. La température élevée, la lumière vive, les
rayons solaires ardents congestionnent la peau, irritent
l'ëpiderme, font éclore des eczémas ou déterminent de
nouvelles poussées.
Les microbes qui pullulent à la surface de la peau (sta-
phylocoques, streptocoques, etc.) peuvent produire des
eczémas primitifs ou secondaires; ils expliquent l'aulo-
inoculation de l'eczéma par grattage, l'extension péri-
phérique des placards d'eczéma, ses récidives au
niveau des foyers mal éteints et l'efficacité des agents
microbiens, quelle que soit la forme d'eczéma (1).
Symptômes. — L'eczéma débute généralement par une
rougeur vive, œdémateuse, irrégulière, chagrinée ou dis-
posée par plaques ; c'est le stade crythémateux.
Le stade vésiculeux, qui survient peu d'heures après, est
caractérisé par un semis abondant de vésicules de la
dimension d'une tête d'épingle, qui peuvent confluer en
phlyctènes. Ces vésicules, très superficielles, à contenu
clair, s'ouvrent spontanément ou sous l'inlluence de grat-
tages (fig. 61).
Le .stade de suintement est dénoncé par un liquide clair,
jaunâtre ou louche, un peu filant, qui macère l'épiderme,
agglutine les poils, se décompose et laisse dégager une
odeur fétide. Quand les grattages ne sont pas trop intenses,
le liquide exsudé se dessèche et se convertit en croûtes
ambrées, ou de teinte foncée quand dos poussières ou du
sang y sont mélangés : c'est Veczàma croûteux.
Le prurit intense qui se manifeste souvent au niveau des
plaques eczémateuses provoque la chute des croûtes, de
l'épiderme et l'infection pyogène des surfaces dénudées;
le [»roduit de sécrétion devient séro-purulent ou purulent
et la couche papillaire apparaît l'ouge, finement granu-
(1) Baer, Das Eczéma lubruni. Thèse de doctorat, Zurich, 19ul.
CHIEN'. ECZÉMA SÉBORRHÉIQUE. 287
leuse, tuméfiée et douloureuse ; l'infection à pyocoques,
grelfée sur ces plaques suintantes, confère à celles-ci le
caractère impétiginé .
Ordinafrement le suintement diminue et se tarit, après
un temps variable; les croûtes tombent, la surface s'épi-
dermise ; mais l'épiderme se fend par dessiccation {eczéma
■ .^FV
c
♦-^. --^ - ^
Fig. 61. — Spongiose liéminr-agiquo.
a, derme œdématié et hémorragique; altération vasculaire du corps mu-
queux de Malpighi ; des globules rouges g sont situés dans les vésicules ;
c, épiderme dont les cellules sont en voie de spongiose. Peau de l'oreille.
Chien (Roquet).
craquelé), s'exfolie en lamelles furfuracées qui se repro-
duisent pendant un temps prolongé [eczéma squameux).
De nouvelles poussées surviennent et ramènent de nou-
veauxsuintements, des croùtelles ou des croûtes. Si l'eczéma
persiste longtemps, les régions atteintes se plissent, s'in-
durent. se dénudent : elles deviennent sèches, rugueuses,
fortement pigmentées, couvertes de ci'oûtesetde squames
{eczéma lichénifié).
Variétés. — 1° L'eczéma généralisé s'accompagne ordi-
288 DERMITES ECZÉMATEUSES.
naireiiient de phénomènes fébriles et d'une telle fétidit('' que
le voisinage de ces animaux est insupportable: il se traduit
par des poussées prinlanièrcs et estivales -qui se succèdent
d'une manière irrégulière. La peau de la tête, du cou, du
dos, des fesses, des épaules et des parties couvertes de poils
présente des parties irritées, rouges, de petites dimensions,
qui s'étendent progressivement et acquièrent la largeur de
la main ou même davantage. Leur surface se couvre de
papules et de vésicules continentes, pendant que la peau
s'œdématie légèrement, s'épaissit, devient plus sensible et
plus chaude et que les poils se ht'rissent et se rassemblent
en petites touffes.
En même temps, on constate un prurit très intense; les
grattages provoquent la chute prématurée ries poils et la
formation de surfaces humides qui deviennent croi'iteuses.
La maladie poursuit régulièrement sa marche. De petites
vésicules, le plus souvent disséminées sur tout le corps,
plus nombreuses au niveau du dos, de la tête et de la
base de la queue, se forment; elles atteignent la dimen-
sion d'un grain d'avoine; on les sent en passant la main
sur le dos du chien, mais elles restent cachées par les
poils; elles surmontent les papules; elles renferment un
liquide clair qui se dessèche îi leur intérieur et forme de
petites croûtes; ou bien elles sont déchirées prématuré-
ment et constituent de petits foyers inllammatoires qui
se dépilent rapidement.
.\ ce moment, la marche de la maladie varie : tantôt
l'exsudat se convertit en petites croûtes, l'épidernic se
régénère et la maladie guérit; tantôt les vésicules se
multiplient dans un territoire restreint, la surface devient
franchement /tMTJude; un exsudât séreux ou séro-purulent
s'accumule sur une surface dépouillée de poils et d'épi-
derme, le derme s'enllamme; l'eczéma otTre son summum
de gravité. Dès que le pruritse calme, l'exsudat se concrète
en croiîtes qui se dessèchent, et la maladie guérit seule,
ou sous l'inllut-nce (l'un Irailement rationnel.
CHIEN. — ECZÉMA SÉBORRHÉIQUE. 289
L'eczéma peut devenir chi'oniqite à toutes ses phases;
les formes les plus bénignes, comme les plus graves, sont
susceptibles de récidiver; mais c'est l'eczéma franchement
vésiculeux qui a le plus de tendance à la chronicité.
Les éruptions vésiculeuses se succèdent à divers inter-
valles; la peau est hvpcrémiée; elle offre une température
élevée et un épaississement considérable, surtout au niveau
du dos. où elle est quelquefois trois à quatre fois plus épaisse
qu'a l'état normal. A mesure qu'elle se densifie. elle devient
plus sèche, plus rigide et conserve les plis qu'on lui
donne; elle paraît plus brillante et se couvre de croûtes et
de lamelles épidermiques blanches ou grisâtres.
Les poils sont hérissés; ils tombent par places, d'une
manière presque complète; souvent, ils ne repoussent
plus, parce que lem* chute est suivie de l'atrophie des
follicules et des vaisseaux qui entretiennent leur vitalité;
cette atrophie vasculaire est la conséquence de la sclé-
rose et de la rétraction du tissu conjonctif périvasculaire.
On observe anss'i. pavfois.Y hypertrophie des papilles par
le fait d'une irrigation permanente excessive; elles
deviennent proéminentes et constituent, à la surface du
tégument, des véfjétations papillaires, épaisses, qui ren-
dent la peau rude, irrégulière et granuleuse au toucher.
.\ ces signes locaux se joint un autre symptôme qui
décèle l'existence de l'eczéma chronique sans qu'il soit
nécessaire de faire un examen approfondi du sujet.
C'est une odeur fétide et insupportable que répandent
les chioijs malades; elle trahit l'existence de quelques
vésicules disséminées sur le tégument et atteste que la
guérison est incomplète.
L'état général des malades est peu modilié au début;
ils offrent uniquement une excitation et une inquiétude
continuelles, et parfois aussi une soif très vive.
La marche de l'eczéma chronique est sujette à des
rémissions, à des poussées successives, à des atténuations
rapides, à des retours soudains, de sorte que la durée
Cadéac. — Patliolosie interm-. VII. 17
290 DERMITES ECZÉMATEUSES.
est longue ; l'aniinul sV'puise peu à peu, raniaignssement
est progrcssiC, l'anémie se déclare, et beaucoup de sujets
jeunes ou débiles deviennent cachectiques et succombent.
2° L'eczi''ma cutcoxscuir d'une région déterminée est la
manifcslalion habituelle de la maladie. Il comprend lui-
même un gran<l nombre de variélés.
a. Ucczcmarxbnimùsl caraolérisé parla rougeur intense
et souvent œdémateuse de la peau de la face interne des
membres, du ventre et de toutes les parties Unes à peu près
dépoui'vues de poils. On l'observe généralement chez les
animaux d'im à deux ans.
Cette l'orme débute, ordinairement, pai- les aines et la
face interne dos membres postérieurs; la peau devient
rouge, érytbémaleuse. chaude et un peu douloureuse:
l'irrilalion s'étend ensuite à tout le ventre, envahit le
poitrail, les ars, la lace interne des quatre membres;
elle stationne quelque temps dans ces régions, puis
déborde les membres postérieurs et arrive juscpi'aux
flancs, atteint les coudes, le cou, les narines, engendre
partout une rougeur dilTuse, teint les poils eux-mêmes;
c'est donc exclusivement une maladie des parties Unes
et délicates de la peau, dont la rongeur est surtout
appréciable chez tous ]cs chiens à poils blanc.
Lo 2'>rurit est intense, continu; une exsudation se pro-
duit ; de i-ares vésicules, appréciables seulement à la
loupe, s'élèvent; elles sont vite dt''ehirées par le grattage
et l'emplacées par des idcéralious toutes superficielles.
Finalement, la peau devient légèrement humide aux
aines et aux ars; elle est aussi plus ou moins rugueuse,
chagrinée, mais il ne se l'orme jamais de croûtes (lig. G;2).
C'est là toule l'aU'ection; elle peut rester longtemps
stationnaire ou même guérir, se modifier heureusement
sous l'influence d'un changement de régime, de tempé-
rature et de sîiison, îiugmentant pendant l'hiver, cessant
pendant l'été et restant toujours une all'ection bénigne.
6. L'eczéma séborrhéique ou séborrhée sèche aflccte la
CHIEN.
ECZEMA SEBORRHEIQUE.
291
ppau sitiK'e derrière les oreilles, le cou, les épaules, la queue
d'où il s'étend peu à peu aux régions voisines, notamment
vers le pli et la face interne des cuisses. Ces régions sont
le siège d'une sécrétion graisseuse ou huileuse qui réunit
les poils en pinceaux ou en bouquets (Schindelka).
Fig. Giî. — Éruption pustuleuse de la maladie du jeune âge
bien dill'érente de l'eczéma rubrum.
On observe en même temps un léger prurit et la chute des
poils.
c. L'eczéma sec de la tête, du cou et des membres offre
souvent l'image clinique de la (/rt/e sarcoptique. La maladie
est exclusivement localisée à la tète, aux oreilles; elle
envahit quelquefois les membres, mais elle progresse très
lentement. Cette forme d'eczéma est dénoncée par de
petites dépilations discrètes restant indépendantes, toujours
sèches, accompagnées d'un prurit modéré; cet eczéma se
292 DERMITES ECZICMATKUSES.
rapproclic ilii pHyriasis. Il en diffère {)!ir le plissement de
la [)e;ui surtout sur la lèle, où elle prend un aspect froncé.
Elle peut d>irer ainsi des mois: aucun suintement ne se
manifeste, mais, à la longue, les poils tombent, la surface
se dénude, cl la ressemblance avec la (/aie sarcoptiqiie est
encore plus i)ai'l'aile.
Cependant réruption acaricnue atrccle <lc iirclérence la
tête, les oreilles et les parties postérieures; elleesl toujours
caractérisée par un prurit très intense; elle est contagieuse
et curable. Avec ces seuls signes, il est souvent impos-
sible de la reconnaître; il faut recourir à l'exanu'n micro-
scopique, (pii permet de constater la présence des acares,
seul signe certain de l'existence de cette mala<lie.
(/. L'eczéma circonscrit du dos [psoriasis, rogne , roux-vieux)
est caractérisé par de la rougeur, de la dépilation, des
excoriations superficielles ou profondes, par un prurit très
intense du dos, des reins et de la base de la ([ueue. On
l'appelle <^ale des vieux cliinis, parce qu'il est fréquent
chez les animaux à partir de l'Age de cinq ans; rjatc des
(■/liens ç/ras, parce que ce sont les animaux obèses qui en
sont particidièremcnt atîectés. Mégnin a d'abord rappro-
ché cette maladie du psormsis et plus tard du lirkcn :
c'est qu'ellVctivenient elle a de l'un et de l'autre, comme
en témoignent les modifications cutanées qui lui sont
propres.
Quand le roux-vieux s'est dévelo|)pé. la peau, au niveau
des reins, de la base de la queue et du dos, csl ('-paissie ;
les poils sont droits et volumineux, d'une couleur rouge-
brique; ilsdécèleut ainsi l'état irritatif des follicules pileux.
Ces régions sont le siège d'im prurit intense ; les ani-
maux se grattent, constamment, avec les ])attes ou se
mordent. Consécutivement, la peau s'irrite davantage,
rougit; le derme s'infiltre, la peau se crevasse, devient
rugueuse, et les poils tombent. En même temps, une
exsudation se produit à la surface : le liquide qui suinte est
séro-albumineux tout d'abord; il s'épaissit, se convertit
CHIEN. — ECZÉMA SÉBORRHÉIQUE. 293
en croûtes gi'isàtres, raboteuses, qui donnent à la partie
malade un aspect repoussant. Quelquefois, les croûtes
deviennent noirâtres, par le mélange du produit exsudé
avec des poussières ou avec le sang épanché au moment
du grattage.
Si l'on ne remédie pas à ces premièi'es altérations
cutanées, la maladie progresse lentement, s'étend en
avant au niveau des épaules, mais gagne très peu latéra-
lement; le prurit se modère, et. par intervalles, la peau
récupère un peu d'élasticité : elle se dépouille des croûtes
anciennes, mais, bientôt, sous l'inlluence d'une nouvelle
poussée, elle se gerce, se fendille; une infiltration abon-
dante du derme et du tissu conjonctif sous-cutan('' se
révèle, puis cette infiltration se résorbe, et la peau paraît
alors trop étendue pour couvrir les régions afTeclées.
Elle forme des plis irréguliers, dépourvus de poils, très
rugueux, secs à la surface : la peau ressemble à celle de
l'éléphant.
e. Les coudes, les jarrets sont assez fréquemment le
siège d'une affection cutanée très limitée, qui offre beau-
coup d'analogie avec la précédente. Elle se localise à la
pointe du jarret et au sommet du coude ; la peau de ces
régions rougit et s'épaissit, puis elle se recouvre d'une
croiite blanche très adhérente, ressemblant quelquefois à
du plâtre et dont l'épaisseur augmente graduellement. Ces
croûtes, formées de stratifications épidermiques nom-
breuses, se l'enouvellent peu. le prurit étant très peu
marqué; cette forme d'eczéma est le plus souvent incu-
rable.
f. L'eczéma interdigité et périoiu/ulc s'observe principale-
ment chez les chiens de chasse, quand les extrémités sont
meurtries par un sol très caillouteux ou blessées par des
épines: il débute par une hypersensibilité et une éruption
vésiculeuse; il se continue par de la rougeur, de la tu-
méfaction, du suintement et une boiterie d'intensité
variable.
294 DKUMITES ECZÉMATEUSES.
Quand le mal est localisé à la racine des ongles, la [teau
qui les entoure est roiigo, luméfiée; les ongles saignent
facilement; l'eczéma est désigné sous le nom d'ondille.
La congestion inflammaloire des tubercules plantaires,
que Ion désigne sous le nom (ïaggravée, de pieds cr/uniffcs
ou (le l'oiirbnre, est aussi de nature eczémateuse.
7. \,'fczcma de la queue oti chancre caudal siège soit à
l'extrémité de la (jueue du cJiicii et du cJiat, soit à vme
hauteur variable de cet organe. Quel que soit le siège
(ju'il occupe, la peau est dénudée de poils ; le derme est
rosé et légèrement tuméfié; le prurit est intense; lanimal
agite fréquemment la queue, la mord, se couvre les lianes
de sang. Sous ces diverses influences, la surface devient
rouge, saignante, ulcéreuse. Les os sont quelquefois jiiis à
nu: la maladie devient chronique et incurable. L'amputa-
tion de la queue ne réussit |)as toujours à la limiter et à la
guérir.
h. Les bourses sont fréipiemment un foyer de localisa-
tion de l'eczéma. Subitement, elles deviennent rouges et
chaudes; elles se tuuu'fient, se couvrent de vésicides; le
suintement commence, le grattage est toujours intense.
La partie inférieure des bourses, la plus exposée à tous
les frottements, est bientôt fortement excoriée; elle se
convertit en plaie ulcéreuse; consécutivement, on observe
une inflammation des Icsiicules cl une grande tuméfaction
des bourses.
i. L'eczéma du pourtour des orifices naturels est fréquent,
surtout chez les jeunes chirns alfeclés de la maladie ilii
jcimc Age.
Le pourtour de l'anus et de la vulve, sur une largeur
de 2 à 3 centimètres, jusqu'au bord de la nniqueuse. est
alfecté d'un suintement eczémateux, qui devient fétide,
très [)rurigineux. et se complique (pieltpiefois de tissures
de l'anus: les animaux jioussent des cris au moment de
la défécation, raclent le sol avec leur derrière (|uand ils
sortent de leur niche.
CHIEN. ECZÉMA SÉBORRHÉIQUE. 295
L'eczéma des paupières est caractéi'isé par leur bour-
souflement, leur dépilation ; il se complique (\'e7}tro-
pion et s'observe principalement chez les animaux
affectés de conjonctivite et d'inflammation du canal
lacrymal.
L'eczéma des commissures des lèvres ne peut guère se
différencier de la gale démodécique que par l'examen
microscopique.
Parfois, le bord du nez et les commissures nasales sont
affectées d'un eczéma qui devient ulcéreu:; sous l'influence
des léchages continuels.
h'eczéma dti la conque auriculaire et du conduit auditif
(otite externe) est l'un des plus fréquents et des plus
tenaces (Imhofer, Becker].
Les races de chions à poils longs et épais et à oreilles
longues comme les chiens de chasse, les barbets, les
éffjgneuls, les caniches et les cliieus de montagne, y sont
particulièrement prédisposés, parce que, chez ces animaux,
le cérumen se dessèche diflicilement et se putréfie vite
pendant les fortes chaleurs. Cette décomposition est favo-
risée par l'application de béguins.
Des influences mécaniques ou traumatiques comme les
corps étrangei's. des parasites (chorioptes) les blessures de
la conque déterminées par des morsures ou des coups de
griffe, des irritants chimiques comme les bains utilisés
pour combattre la gale sarcoptique de la tête ou. pour
nettoyer le conduit auditif peuvent ramollir l'épiderme,
faire développer un eczéma de cette région. Parfois cette
inflammation diathésique se développe en même temps
que celle du reste du corps. 11 s'établit même souvent un
balancement entre l'eczéma cutané et l'eczéma auriculaire,
et le catarrhe trachéobronchique : l'animal se met à
tousser quand les éruptions cutanées s'effacent. Parfois la
maladie du jeune âge détermine une éruption cutanée et
auriculaire accompagnée de suintement et de suppuration ;
les microbes pyogènes peuvent susciter une réaction eczé-
296 DERMITES ECZIÎMATEUSKS.
matogène, qui survient dans environ 50 p. 100 dos cas tie
maladie du jeune âge iLanger .
Lossvmptùuies do l'oczoma auriculaire se Irailuisent par
une rougeur érylhomaleuse de la conque, qui est chaude
ol endolorie. Le prurit est violent et se traduit par l'agita-
tion continue de la tôto. par un grattage intense des
parties postérieures dos oreilles et par une attitude pen-
chée <lo la tête vers le sol ou déviée, inclinée du côté de
ioreille malade, comme si Tanimal était alTecté de tortico-
lis. (Jiiandon presse les oreilles à leur base, on peut consla-
ler une hypersensibilité plus ou moins vive, suivant l'in-
tensité du mal ; les animaux gémissent souvent ou «rient
à la moindre pression; ils i-edoutent tellement le moindre
attouchement (pie beaucoup d'entre eux sont prêts à
mordre. Leur caractère est presque toujours modilié : des
(■liions affectés d'eczéma grave des oreilles sont grognons
ol tristes.
Le conduit auditif, exploré, ofl're un exsudât abondant,
jaunâtre, brun-chocolat, ou brim noirâtre et très fétide,
qui résulte d'une hvpors(''crétion oérumineuse et d'une
exsudation si'ro-pui'ulente. Parfois cet exsudât agglutine
les poils et obstrue le conduit auditif; il détermine la
surdité et donne à la pression (U' la base de l'oreille la
sensation d'une bouillie qu'on écrase {otite catarrkale).
Quand la peau do la conque et du conduit auditif externe
se convertit en membrane pyogéniqiie, on n'observe plus
qu'une sécrétion jaunâtre, entièrement purulente, qui
devient sanieusc, par grattage ou agitation des oreilles ;
on voit ap[)ara)tre des ulcères sur le bord des oreilles
(chancre auriculaire) ; la peau de la face externe do la
conque se plisse, et dos ulcérations se produisent au niveau
du sommet dos plis ol à l'ontroo du conduit auditif
iotite ulcéreuse). Un oczi'ina aussi intense s'accompagne
souvent de nausées, Ac voniisscmcnts, d'inappétence, de
fièvre, de Iroidilos réiloxos; il a peu de tendance à guérir
et récidive fré(iuemmonl. Les parties érodées ou ulcérées
CHIEN. ECZKMA SÉBORRHÉIQUE. 2&7
vôgèlont, pirscntent des gi'anulalions verruqucusos ou
papilloiiiateuses, qui ivtivcissent le conduit auditil' pendant
que les glandes deviennent kystiques; quelquefois, il y a
un épaississement dittus qui obstrue presque entièrement
ce conduit (otite chronique vc(jctante).
L'eczéma de l'oreille peut amener diverses complica-
tions : l'hémalome, le chancre persistant qui détei*mine
une incisure profonde de l'oreille, le phlegmon de la
conque, la perforation de la memJjrane tympanique et
une otite moyenne.
Diagnostic. — L'ecz<''ma du chien est essentiellement
caractt'risé par sa persistance, ses récidives et l'inefïicacité
fréquente d'un grand nombre d'agents thérapeutiques.
La giile sarcoptique s'en distingue par l'intensitt' du
prurit, sa prédominance à la tète, aux oreilles, au train
postérieur et par la présence des acariens souvent très dif-
ficile à découvrir.
La (jale folliculaire affecte les extrémités, le pourtour
<les lèvres, des paupières et le cou. s'accompagne d'ime
éruption de pustules discrètes ou conlluentes qui acquiè-
rent une coloration violacée et renferment du pus san-
guinolent.
Traitement. — Le trailemcnt doit être local et
gé'néral : le premier a pour but de détruire l'altération
des parties malades; il s'adresse à la lésion; le second, de
modifier la nutrition de l'organisme, de manière à en
empêcher le retour; il s'adresse à, la cause elle-même.
Traitement local. — On commence par tondre
l'animal entièrement, ou seulement au niveau des régions
atteintes ; on savonne la peau pour faire tomber les croûtes,
et on calme les grattages aumoyende bandages, de panse-
ments et de muselières, surtout à l'aide de topiques qui
tendent à guérir le mal lui-même.
L'eczcma aigu suintant est combattu par les agents
antiseptiques comme l'eau oxygénée à 6 volumes, une
solution de lysol ou de créolinc à 1 p. 100, de permanganate
17.
■29H DERMITES ECZÉMATELSKS.
(lo potasse à \ on 2 p. 1000 ou (Facide salicvliqiio à 2 on
o p. 100. On saii[)Oiii]iT cnsiiilo la peau «l'un astrin,:renl
comme la poudre de tan ou d'un mélange absorbant et
antiseptique comme l'acide borique pulvérisé, le sous-nitrate
ili' bismuth, le talc, le soufre, l'oxjde (1(> zinc, la poudre
d'amidon on proportions que l'on lait varier suivant les
caractères de chaque eczéma que l'on doit combattre.
Ij'erzcma ruhrum est justiciable des Iriciions d'huile do
cade. Il sullit de frictionner une ou deux fois pour faire
disparaître cnlioreiuenl la rougeur érvlhémateuse delà
ri'gion.
Ouaud lirrilaliou dt'doriiiiuée pai' l'iinilo de cado est
trop vive, les fridions de styrax, de vaseline, de cénit
saturné. do pommade à l'oxyde de zinc produisent les
iiioillonrs résultais.
L'eczéma imprligincux guérit à l'aide d'une ou deux
applications do pommade au calomel ; on saupoudre
ensuite de jjoudre de lan.
Les eczémas de la tête, dos cominissiircs des lèvres et
des ouvertures naturell^'s sont traités à l'aide d'une solul ion
de glycérine iodée et do pommades astringentes et anti-
septicpies :
Résorciiie 1 gramme.
Acide salicylique 2 graiDmes.
Oxyde de zinc ;i —
Vaseline ."iO —
Ia^s foinii'.s siiiianifitscs ^oni traitées comme la gale sar-
coptiqiKV, c'ost-à-dii'c à l'aide de bains arsenicaux et do
l»ommades.
Les poudres d'amidon, d'oxyde de zine. de eampbi'o,
de i-iz. c<)tii|)lèlent hoiu'ousomont colle nu''dicaliou.
Si l'ocziMMa est croiUeux, l'huile de cade ou frictions
répi'lées, puis les pommades à l'oxyde de zinc, les appli-
cations de corps gras, axongo, vaseline glycérine, sui-
\ies ensuite de lavages avec une soliMion de goudron,
de borax, de carbonate do potasse ou «lo soude, de sul-
CHIEN. — FXZKMA SÉBORRHÉIQUE. 299
lure de potasse suffisent ordinairement pour obtenir la
guérison de la maladie.
Les eczémas chroniques réclament des irritants suscep-
tibles de raviser Tintlammation cutanée et do substituer
à celle-ci une inflammation passagère. On y parvient à
l'aide de frictions d'huile de cade, de teinture de cantha-
ride, et l'on continue l'action de ces médicaments par des
applications de goudron, employé en nature, en solution
alcoolique ou sous forme do linimont. Le goudron est,
avec l'huile de cade. le principal remède contre l'eczéma
chronique ; il peut être employé, pendant longtemps, sans
inconvénient ; il isole la peau en déterminant une croûte
protectrice à sa surface; et, au-dessous d'elle, la maladie
guérit ou s'atténue considérablement. Au bout d'une se-
maine, on enlève ces croûtes à l'aide de corps gras ou
de lavages désinfectants, et l'on renouvelle l'application
de goudron. Les boues radio-actives, utiles dans le traite-
ment des dermatoses, en gém-ral, sont particulièrement
efficaces contre l'eczéma du chien [Petit 1 ].
Uulcére de la queue est traité par l'immersion jour-
nalière dans une solution phéniquée par le saupoudrage
d'iodoforme, de sous-nitrate de bismuth, de tan, et une
application adoucissante, dans le voisinage, de pommade
à l'oxyde de zinc. Il est quelquefois nécessaire d'appliquer
un fourreau de toile ou de cuir et d'enfermer le chien
dans une cage étroite afin de l'empêcher d'agiter la queue
et de se blesser.
L'ecz&ma de la conque et du conduit auditif nécessite
un nettoyage préalable des oreilles ; on savonne à l'eau
chaude ; on coupe les poils qui garnissent l'entrée du con-
duit auditif; on tamponne avec du coton placé au bout
d'une pince ou de bâtonnets flexibles et imbibés d'une solu-
tion antiseptique crésyléè, oxygénée, iodée ou astringente,
comme la solution de sulfate de zinc à 2 p. 100. On pousse
(1) Petit, Recueil de méd. vct., l'.Ul, p. 552.
300 DKUMITKS ECZÉMATEUSES.
à fond ces Ixilonnels iiiix(|iiL'ls on imprime un mouvomonl
lent de rolation; on renouvelle les tampons jusqu'au
moment où la oiiale demeure propre. Onand la douleur esl
trop intense, on i)ralique des injections analgésiques iglj-
cérine cocaïnée ù 2 p. 100, acide borique ou décoction
d'écorce de chêne laudanisés, 3 grammes de l'audanum
par demi-lilre de solution . Quand l'oreille est jiropre, on y
insuffle de la poudre d'amidon, de l'oxyde de zinc, de
l'acide bori(juc |)ulvérisé, du sous-nitrate de bismuth, de la
poudre de tan. du (Icrniatol, duxéroforme, du thioforme,
de l'aristol. 11 fautcnipècherranimal de secouer les oreilles
par l'application d'un béguin.
Traitkme.xt gknkhal. — On fait maigrir les chiens trop
gras par im régime rafraîchissant, lacté et végétarien, par
des purgations douces et un exercice régulier. 11 faut remon-
ter les animaux déprimés et amaigris par une alimentation
carnée ; l'administration de 1 à 5 grammes de bicarbonate
de soudp, de Osr.2."^) à 1 gramme de soufre d'ime à six
gouttes de liqueur de Fowler ou d'eau de La Bourboule
additionnée aulaitilans la proportiond'un tiers. L'usage de
ces médicaments ne peut être prolongé ; il faut alterner et
changer de médication, toutes les semaines, ou cesser
momenlanéjnent celle qu'on a employée. On a songi'
aussi àmodilier l'état général par des injections de sérum
artilicjcj (l>é(;us) : mais ce li-ailcinent est peu enq)loyé.
CHAPITRE m
KÉRATOSES
Ces affections sont caraclérisées par un épaississement
de la couche cornée de l'épiderme. Tantôt celte évolution
épidermique exagérée ne se trahit que par une desquama-
tion en Une poussière (pityriasis), tantôt elle se révèle par
des plaques régionales couvertes de squames sèches lamel-
leuses, friables, abondantes et persistantes (psoriasis), par
des hypertrophies circonscrites formant tumeurs (cornes
<nitanées)ou par une kératose ditîuse etgénéralisée(ichtyose).
L'altération, essentielle et primordiale qu'on observe
dans ces maladies, c'est la kérose, c'est-à-dire l'hypertro-
phie delà coufhe cornée avec tendance à la desquamation
et à l'hyperkératose des orifices pilo-sébacés qui entraîne
l'alopécie.
1. — *SOLIPÈDES.
I. — PITYRIASIS.
Définition. — Une maladie cutanée caractérisée par de
petites squames épidermiques comparables à du son ou de la
farine et par une dépilation plus ou moins prononcée sans
aucune élevure de la peau.
Son caractère essentiel consiste dans un trouble delà
kératinisation marqué parime sorte de catarrhe épidermi-
que. Les squames furfuracées ou lamelleusesqui se forment
à la surface du tégument irrité se reproduisent incessam-
ment. L'hérédité, le tempérament sont des conditions qui
302 KÉUATOSES.
intcrvionnent dans rapparilioir de ce trouble. « Jamais
(jneue de rat ne laisse son maître dans l'embarras. »
disaient les hippialres pour montrer le rap|)r()(liemont
entre le pityriasis et le tempérament nerveux.
L'fhjc avanc('\ une nourriture constamment sèche, dans
laquelle l'avoine entre pour une ii:rande proportion, con-
tribuent au dùveloppemenl de cette maladie (Lafosse,
Dagès). La chaleur de l'été contribue aussi à l'aire naître
le pityriasis ou à exagérer ses manifestations.
A ces causes prédisposantes s'ajoutent les causes locales :
malpropreté de la peau, principalement des régions pour-
vues de longs poils (crinière, toupet, queue) : accumula-
tionsde substances irritantes (poussières de foin, parasites
de toutes sortes) qui jouent un rôle capital dans l'étio-
logie de cette affection. C'est tlans les ri-Krics mal entrete-
nues que l'on rencontre, le plus souvent, le pityriasis: ce
sont les animaux mal pansés, mal lavés, qui sont le plus
souvent frappés. Il est vrai que l'excès de soins, les la-
vages fréquents de la crinière et de la base de la queue
avec le savon noir peuvent irriter l'épiderme, macérer ses
premières couches, diminuer les sécrétions cutanées nor-
males, dessécher la peau, favoriser la formation de S(pia-
mcs et surexciter la sécrétion épidermique.
Symptômes. — Le pityriasis est ordinairemeul /oca/:
il alï'ectela tête, le bordsupérieiu- de l'encolure et la queue,
quelquefois les épis du flanc, les faces latérales de l'enco-
lureet larégion du dos ; très exceptionnellement, il devient
général.
|o piTYRL\sis GÉNÉRAL. — O troiibledela Ivéraliuisatiou
se traduit p;ir la formation de squames poudreuses ou fari-
neuses qui recouvrent tout le corps. sauil(>s extrémités. l>a
régénération épidermique est presque p;ul ont luuiul tueuse,
excessive. Les couches éi)ideruiiques accumub'es autour
des orifices pilo-si'bacés déterminent la rujdure des poils.
Ilsufflt dépasser la main à la surface du corps de l'animal
pour entraîner ime grande quantité de poils et de pelli-
SOLIPÈDES. PITYRIASIS. 303
culos. Bien que les pansages soient fréquents, le tég-unient
paraît sale ; il semble saupoudré de farine. Si on le net-
toie à l'aide de la brosse et de l'étrille, la dépilation est
parfois très prononcée et même complète dans les régions
où la maladie se localise habituellement; ailleurs, l'alo-
pécie est incomplète.
La peau, débarrassée de ces squames, n'est pas épaissie ;
elle ne présente ni éruption, ni suintement; elle est moins
douce au toucher, un peu dure et rigide, plus chaude et
plus sensible, maisces changements sont peu appréciables.
Du reste, l'animal ne cherche pas à se frotter, et quand il
y a du prurit, celui-ci est toujours très modéré. Les poils
deviennent secs, ternes et cassants ; l'alopécie, limitée, se
généralise.
2° Pityriasis partiel. — La tète, la crinière, la queue et
les épis sont les régions affectées. A la tête, le pityriasis
occupe généralement le front, le chanfrein, les joues,
c'est-à-dire les parties qui recouvrent les os; celles qui
sont le plus exposées aux frottements des diverses pièces
des harnais. Il débute par une sécheresse particulière de
la peau, qui, au niveau des parties recouvertes parla bride,
devient moins souple et moins onctueuse ; il est bientôt
caractérisé par l'apparition de squames fines, grises ou
blanches, qui se renouvellent incessamment. Bientôt les
points primitivement envahis s'étendent, se rejoignent et
se confondent; la dépilation des régions affectées commence
à se produire, et celle-ci dénonce l'existence de cette affec-
tion. L'alopécie est lente à se produire.
Quand l'affection est caractérisée par les squames, la
dépilation et un prurit modéré, elle est complète ; elle
persiste sous cet état sans s'accentuer. Certaines parties,
telles que les oreilles, le bout du nez, sont respectées ; il
en résulte un contraste frappant entre les parties saines
et les parties altérées.
La maladie est très lente dans sa marche, sujette à de
nombreuses récidives, stable dans ses caractères; \a peau
304 KKllATdSKS.
ftiriiH'uaevesie assez souple et naiigmenle pas d'i-paissciir.
Oiiainl le pityriasis occupe la crittière ei la queue ititi,!-
riasis rrinalis) ou Tune de ces n'-gions. ledébul île la uiala-
die passe inaperçu en raison de la longueur, de lépaisseur
des crins et de la malpropreté de la peau. O n'est que
lorsque ralTedion. marqure par un prurit assez intense,
a fait beaucoup de [irogrès, (jue laltenlion du propriiHaire
est ('veillée.
La maladie progresse lentement : les crins tombent
peu à peu ; ils deviennent clairsemés, coupés à des hau-
teurs diverses par le frotlenient de l'animal contre la
paroi de la stalle, surtout si la maladie siège au niveau
de la queue. Dans cette région, la peau devient [dusépaisse.
plus dense; les l'ollicnles pileux s"atro])liienl, le derme se
sclérose, la perte des poils est irréparable [queue de rat).
Quelquefois le pityriasis a son ])iège dans V axe des épia
soit du flanc, soit de l'encolure. (>l a. par conséquent, tou-
jours une forme linéaire très limitée : c'est le jiHt/riasis
spiceus ou (Vcpi de !\I(''gnin. Cette varii'dé disparaît pen-
dant riiivcr pour se nionirci' di' nouveau le printemps et
l'été.
Pronostic. — i/alTeclion esl. pai- elle-même, (b'miée de
toute gravité. Elle n'empéclie Jamais l'utilisation des ani-
maux et n'a aucun retentissement sur la sauté. C.epen-
daid. elle olfre le grave inconvénient de déligurer les che-
v;iii\, particulièrement les animaux de luxe, qui perdent
leurs crins.
Diagnostic. — Le pityriasis est une maladie facile à
rcionuaili-e : ou ne peut la confondi'e qu'avec la j/rt/c
psoroplique ou avec Vcrzcma sec île la tète.
Elle se dislingue de la ju-emière jtar l'absence de suin-
tement et de parasites acariens, soit à la crinière, soit h
la queue; par le peu de tendance (juelle a à s'étendre.
Elle se dislingue de la seconde par le défaut d'éruption
à toutes les «'"poques de son évolution et le manque
d'(''paississement du tégument. De plus, W'czéma procède
SOLIPÈDES. PSOHIASIS. 305
par plaques peu étendues et indépendantes ; le pityriasis
se d(''velop[ie en surface.
Traitement. — Le traitement de cette maladie exige
surtout des soins locaux.
On peut modiller le régime des animaux, donner des
aliments doux, laxatifs, du vert, des prép.^rationsalcalines,
telles que le bicarbonate de soude ou les diurétiques,
sel de nitre. afin de rendre Ihyperémie cutanée moins
intense.
Les médicaments a{)pliqués localement sont les plus
efficaces; les soins de propreté entrent en première ligne.
Il suffit très souvent de frictionner la région malade au
savon noir ou au savon de potasse pour obtenir une gué-
rison rapide. Sinon, on peut compléter les bons effets
de ces frictions par des applications de pommade de
goudron, pommade à la créosote, à la naphtaline, par
des frictions à l'huile de cade,au phénol, par des lotions à
l'eau phéniquée. à l'eau de goudron. O'iand ces niovens
échouent, on peut recourir aux frictions de pommade
boriqviée ou à l'oxyde de zinc.
Enfin, quand, malgré tous* les soins de propreté, on ne
peut venir à bout d'empêcher les chryniix de se frotter,
il faut laver fréquemment la région malade avec le to-
pique suivant :
Acide salicylique o grammes .
Glycérine 15 —
Esprit-de-vin 300 —
et appliquer journellement de la pommade à l'ox^'de de
zinc.
II. - PSORIASIS.
Définition. — Maladie caractcrisce par l'épaississement
de la 7)t'(7». la congestion du derme, la rougeur du tégu-
ment, quand Vépiderme n offre pas de pigmentation, et par
le développement de squames lamellemes ou de croûtes
blanches rpaisses et adhérentes.
30C kKHAloSES.
La congcslion dv la peau est le i)oinl de départ d'une
hypertrophie des papilles et d'une multiplication des
cellules du corps niufjueux, dont la croissance est exa-
gérée à toi poini que ces jeunes cellules épidermiques se
kératinisent avec une grande rapidité. Cliniciuement, ce
lait se traduit. , chez le clievuL par la formation do
squames disposées en écailles, sèches, blanc grisâtre ou
noirâtres quand un épanchement sanguin ou purulent ou
quand des poussières se mélangent à la sécrétion épider-
mique.
.Malgré leur ailhéroncc au légumont. ces sijuamos, l'on-
dillées, crevassées, peuvent être détachées. C'est une ma-
ladie régionale, symétrique, à caractère rebelle ou incu-
rable; elle s'aggrave toutes les fois que le sang se porte
abondamment à la peau, comme pendant la chaleur de
l'été; elle diminue et passe inaperçuo pendant Thivor, dos
que le sang se retire. Lorsqu'elle s'est implantée sur un
organisme, elle j-eviont périodiquement dans les mêmes
régions. La maladie \w délorniino qu'un |)rMril modéré et
n'altéro jioint la santé générale.
Étiologie. — Le psoriasis est une maladie Iréipiente
pondant les grandes chaleurs. L'.i/k'. le nnilel puis les
rJievaux communs y sont très sujets. L'induence irritante
exercée par la boue, le piu-in. les poussières, la lonle des
extrémités no sullisent pas à expliquer son développement.
Son origine parasitaire externe n'est pas établie ; la limi-
tation nette des plaques de psoriasis et leur évolidion
centrifuge ne sont pas des preuves sulïisantes. La symétrie
habituelle des foyers de psoriasis n'est pas un élément
certain <!(> son origine nerveuse. Sa nature est inconnue.
Symptômes. — Cotte maladie des extrémités et dos plis
de llcxion des articulations, notamment chez r,/'//t', s'a[i-
pelle mala)i<lie lorsque lo mal siège au pli du genou ;
solandre, quand il siège an |)li du jai'ret ; mal d'à ne et
crapaudinc, quand il se développe au niveau du bourrelet
et qu'il altère la production cornée; mules, travemincs.
SOLIPEDES. PSORIASI;
307
pciijnes, teignes, quand il se localise au tendon et au ni-
veau des fanons. Toutes ces dislinctions ne méritent pas
d'être conservées ; il suffit de savoir que le psoriasis des
extrémités ne dépasse pas le genou ou le pli du jarret,
régions ([ui sont très souvent le lieu d'élection de la mnla-
die. susceptible néanmoins d'envahir aussi le pli du patu-
ron, de se développer
plus souvent encoi'e au
niveau de la couronne
et du bouri'flet {mal
d'(inr), appelé ainsi
parce que ï'nne est
l'animal le plus sou-
vent atteint de ce type
morbide.
L'évolution de cette
maladie est surtout
uniforme.
Au début, la peau se
tuméfie, devient
chaude, douloureuse,
rouge chez les ani-
maux privés de pig-
ment , puis elle se plisse,
s'indure, se gerce, se
fendille, par suite des mouvements des articulations et
des déplacements de la peau. Il se produit ainsi, au niveau
des surfaces de flexion, des articulations envahies, des
crevasses ou fissures intéressant plus ou moins le tégu-
ment; elles sont sans cesse meurtries par les mouvements
d extension et de flexion des membres malades, par les
trottements de l'animal qui éprouve de légères démangeai-
sons, accrues par les piqûres de mouches pendant l'été.
Sous ces influences divei'ses, les plaies et crevasses se'
recouvrent d'exsudations séreuses, sanguinolentes, qui
deviennent parfois purulentes quand le mal est invétéré.
Hg. 03. — Psoriasis symétrique de la face
antérieure de la coui'onne chez le cheval.
308 KKHATOSKS.
La peau ost, cxroi-ii'-c, saignanlo. irn-giilièreiiicnl hoiir-
geonnanlo, iilcéroo : les boiirgoons charnus sont do mau-
vaise natiin;, ils ont peu de tendance à se cicatriser.
Les animaux sont inutilisables: ils boitent beaucoup en
soi-tant de l'écurie, lèvent eonvulsiveinent les membres,
présentent un engorgement considérable des exlrémilés;
l»uis, par Texercice, la soulTrance diminue, rcngorgemcnt
se résorbe, mais les crevasses s'agrandissent. A|)rcs quel-
ques heures de repos, le membre est plus engorgé que la
veille; les lymphaliques sont enflanimés, l'intervalle des
crevasses, remj)li de sang, et les boui-geons charnus sont
en voie de mortification. Quand la maladie présente ces
caractères, elle doit être considérée comme incurable ;
elle s'atténue pendant l'hiver; le suintement disparaît, les
plaies se cicatrisent, mais les elTels de la maladie n'en
persistent ])iis moins : la peau reste épaissie, indurée,
dépourvue de poils ou n'en présente que de très rares
et de très gros; elle est toujours itrédisposée aussi aux
crevasses, qui se montrent, de nouveau, dès le reloiu- du
printemps.
Ordinairement, la peau demeui-e toujours sèche, déuu-
nudéc : il se forme des croiites épaisses, saillantes, paral-
lèles, dis[)osées Iransversalement.
Après plusieurs récidives, les engorgements des meui-
bres malades amènent peu ;"i peu Vrpniasissemnil du tissu
conjonclif sous-ciilaué. cpii slivpcrlroijliie parfois d'une
manière si notable (pi'il détermine cet le altération dési-
gnée sous le nom d'r/rpluniliasis.
Les variétés du psoriasis des extrémités comprennent
certaines crevasses qui se développent au pli du ])aturon,
certaines inllaiinnations chroniques du bourrelet cl de la
couronne.
l^xceptionuellement. le psoriasis se développe aux fesses.
aux épaules, aux flancs sous forme de traînées croû-
teuses, blanches et nacrées et d'aspect plâtreux {psoriasis
ijyrala) ou de plaques nunnnulaires de la dimension d'une
SOUPÈDES — PSORIASIS. 309
pièce d'un franc, ressemblant aux plaques trichophvtiques
(Mégnin. Perrussel). Peu à peu, ces taches s'agrandissent,
ac(iuièrent les dimensions d'une pièce de 5 francs ou
même de la paume de la main, et prennent la forme
annulaire. Elles s'allongent ensuite, deviennent ovalaires,
en forme de fer à cheval ou de demi-lune et s'étendent
quelquefois à la plus grande partie de la fesse (Cadéac).
Les croûtes étant détachées de la peau à laquelle elles
adhèrent, on voit leur face interne plus unie, plus foncée
que la face externe; l'épiderme. dénudé, offre une surface
noire, sèche, glabre, très brillante et parsemée d'infundi-
bula qui sont les orifices des follicules pileux privés de
leur contenu.
L'affection peut mettre près d'un an à se développer
entièrement; elle peut occuper alors la moitié de la fesse,
puis elle s'éternise; elle procède par poussées plus ou moins
brusques d'une durée variable qui résistent quelquefois à
tous les traitements.
Anatomie pathologique. — Le psoriasis consiste analo-
miquement dans une altération de la kératinisalion mar-
quée par une stratification de la couche cornée disposée
en lamelles superposées.
Le corps muqueux est hypertrophié et très épaissi (acan-
those) entre les papilles allongées (papillomatose). La
desquamation est déterminée par le clivage et la friabilité
des lamelles cornées.
La membrane sous-squameuse est formée de lits de
cellules malpighiennes aplaties ; elle est mince et molle en
raison de la disparition du stratum granulosum et de la
persistance de noyaux aplatis dans les cellules. Le moindre
frottement de cette surface peut blesser les papilles vas-
culaires qui y affleurent.
Diagnostic. — Le psoriasis est reconnaissable à son
siège, aux caractères des croûtes, à sa marche, à ses réci-
dives fréquentes, à son incurabilité. Cette afTection se
développe surtout aux extrémités et se distingue bien net-
310 KKRATOSKS.
loinenl des ciiiix-aux-jambcs of du ci-apaud par lahscnce
<le sécrétion fétide et Ihypcrtropliie dos papilles. Quant
au psoriasis des parties supi-rieiires du corps. (\o nouvelles
recherches sont nécessaires pour le dill'érencier macrosco-
piquement des maladies parasitaires, de Vhcrpcs tonsuidits
ou des autres afîections eczémateuses.
Pronostic. — Le psoriasis est la dartre morte par
excellenee; sa marche est lente et silencieuse; sa durée
mdélinie ; son début insidieux, son évolution irrégulière.
Tantôt elle ne s'accuse que par quelques démimgeaisons;
tantôt elle laisse, après chaque poussée, des traces indélé-
biles, des déformations de la couronne, du sabot : elle
nuit à l'utilisation des sujets et résiste à tous les traite-
ments.
Traitement. — Il consiste essentiellement dans des
moyens locaux. Il comprend deux étapes :
d° DÉCAPAGE. — On débarrasse les pla<pies de leur en-
duit squameux avant «le faire agir les médicaments. Les
bains, les a|)plicalions émollientes, les onctions de vase-
line, de fiommade à l'axonge, les savonnages réalisent celte
condition.
2° ïopiQUKs HÉDicTErus. — Lcs agents réducteurs les
plus eflîeaces sont l'huile île cade, les goudrons sous forme
de pommade, de glycérolés ou même à l'état pur. Il faut
empêcher les animaux de se mordre, de se frotter, les
soumettre au repos dès que les premières crevasses se
produisent, juv-server les régions malades des mouches,
désinfecter les plaies, les tenir propres afin d'empêcher les
germes septiques de se déposer à leur surface et d'être
absorbés. Quand l'affection a déterminé la protluclion d(>
plaies, il faut recouvrir celles-ci de {)Oudres astrin-
gentes ou désinfectantes (tanin, poudre d'écorce de chêne,
oxyde de zinc, alun, chlorure de chaux, etc.). On doit
aussi badigeonner le pourtoiu- de la plaie avec de l'huile
empyreumatique afin d'éloigner les mouches.
Un moyen, employé avantageusement, consiste dans
BOVIDÉS. PITYRIASIS. 311
rapplicalion d"un pansement antiseptique i lavage avec une
solution fie sublimé corrosif, iodolorme, sous-nitrate de
bismuth répandu sur la plaie) ; on obtient ainsi rapide-
ment la cicatrisation des crevasses.
Si raiTection tend à passer à l'état chronique, il faut la
réveiller par des frictions d'huile de cade. par des appli-
cations de goudron, de coaltar, qui sont d'excellents sicca-
tifs; il est quelquefois nécc'^saire d'employer les caustiques
(nitrate d'argent, cgvptiac, poudre de Rousselot, ferrouge)
ou d'exciser même les bourgeons quand ils deviennent
exubérants.
Quand la maladie envahit le bourrelet et le sabot, on a
recours à des applications de goudron et à divers autres
moyens,
III. - CORNES CUTANÉES.
Ces kératomes. caractérisés par des excroissances qui
ont la forme, la consistance
de la corne, ont une origine
embryonnaire (Voy. Mala-
dies de la peau et des vais-
seaux, in Pathologie chirur-
gicale). Ils se développent
généralement au niveau «lu
cou du y^fx'u/^Forgeot) et du
mouton (Even et. Reibel).
II. — BOVIDÉS.
I. — PITYRIASIS.
Le pityriasis du bœut'esi
une maladie sans gravité,
qui se développe au fanon et ng. 64. _ Corne cutanée (Forgeot).
àlanuque sous l'influence de
la malpropreté, de l'anémie
par défaut d'aliments, de maladies chroniques et de la dia-
312
KKRATOSES.
thèseda ri rciise. Elle se caracti'rise.comiiio chez les au très ani-
maux.parla productiond'une poussière itianchàtreel abon-
daiilr, loiijourssèche, que labrosse détaclie sans difficulté.
Traitement. — 11 consiste à savonner la peau, à la laver,
ou il la lotionner avec du carbonate de potasse.
11. — CORNES CUTANÉES.
Les cornes cutanées sont fréquentes à rencontrer clioz
les niiniiiniits; elles renferment quelquefois au centre des
îlots osseux (fig. 04). Nous avons étudié ces kératoses dans
patliologic chirurgicale (Maladies de la peau et des vais-
seaux, p. 236).
III. — ICHTYOSE.
("ietleiv('ratose diffuse on presque généralisée n"aété obser-
vée ipie chez le venu, qui. à la naissance, semble recouvert
I
....l
V
'.%x\
l'ig. 6."). — llyperkëriilose ou iclityose congénitale du veau.
\, derme; 2, corps muf[ueiix de Malpighi ; 3, couclic cornée considéral>le-
inent é])aissie.
d'une carapace épidermiipiequi empêche la sortie des poil s
(fig. 63.) (V'^oy. Maladies de lapcau^l des vaisseaux, p. 231).
CHIEN. PITYRIASIS. 313
III. — CHIEX.
I. — PITYRIASIS
Le pityriasis, ou dartre farineuse du chien, est caracté-
risé par la formation au niveau de la tête, du cou, du dos,
de squames blanches, sèches, qui ressemblent assez bien
à de la farine ou à du son.
Cette maladie s'observe de préférence chez les chiens
d'appartement qui mangent beaucoup de friandises. Cepen-
dant on peut rencontrer aussi des cas de pityriasis parmi
les chiens de garde, et parmi tous les chiens à longs
poils i terre-neuve, etc.). On ne l'observe guère chez ceux
qui sont atteints d'eczéma ruhrum: c'est une affection des
chiens adultes ou âgés.
Symptômes. — La tête, le cou et le dos présentent une
grande quantité de pellicules; elles sont toujours pulvé-
rulentes et se détachent d'un fond toujours sec. Pourtant
la peau se modifie : elle devient rosée ou noire et se
dépile par plaques qui sont généralement bien délimitées.
Quelquefois le derme reste entièrement sain, et la ma-
ladie est uniquement caractérisée par une sécrétion épi-
dermique exagérée, sécrétion qui est presque toujours
restreinte, limitée à une surface plus ou moins étendue.
C'est l'une dos fesses, un côté du corps qui sont ainsi
atteints ; l'affection s'accompagne d'un prurit modéré.
Pronostic. — 11 est peu grave.
Traitement. — A l'intérieur, administrer des purgatifs,
de l'eau arsenicale, de la liqueur de Fowler; modifier le
régime, supprimer la viande, le sucre et les autres frian-
dises, afin de rendre ralimentation moins excitante.
Localement, le traitement peut consister dans des lo-
tions alcalines de bicarbonate de soude, de potasse à
4 i». 100, dans des lotions de sulfure de potassium ou de
bisulfite de soude à 3 ou 4 p. 100, dans des bains alcalins,
Caué.\c. — Patliologie interne. VIL 18
314
KKHATOSES.
OU siiirui'ciix, dans dos bains do son on do saponaire [)Oiir
assouplir la peau.
11. — ACANTHOSIS NIGRICANS.
Colle ini^Iadie osl earaelôriséo par un aceroissenieni
modéré de la oouche cornée, dos végiHalions pnpilloma-
teuscs disséminées ou agglomérées, par une auguH'nlalion
de la pigmentation de la couche cornée, du corps papil-
laire et du pourtour des glandes et des vaisseaux sanguins.
Cette maladie, décrite par Schindelka et étudiée par
Ilabaclicr, a été
0 hser vée trois
l'ois par llutyra
et Marek.
Ses causes soni
inconnues ; on
l'observe chez les
jeunes animaux.
i'.lioz Vhoinine.
cotle dermatose
est nroscpie tou-
joursTexprossion
d'un cancer la-
tent. Une irrita-
lion de l'appareil
A. nerveux svmpa-
'"'"' lliiipie péricap-
sulairo dos glan-
des surrénales
n'y est probable-
ment pas étran-
gère.
Symptômes.
— Los l'overs de
prédilection de cette maladie régionale et sjmélritiue sont
le creux axillaire, le pli des genoux, les laces latérales des
;fiL,
66. — C/i'ipii iMt'\ni il nra/it/iosis nigrirans
(CadOac).
CHIEX. CORNES CUTANEES. 315
iloigis, la peau des bourses. le voisinage de Tanus, la face
inférieure de la queue, le voisinage des commissures des
lèvres et des paupières. La peau de ces régions se déiiile,
s'épaissit, se plisse, devient rugueuse, se fonce et prend
l'aspect du cuir.
La pigmentation varie du gris bleu au brun noir; les
papilles végètent : la surface devient papillomateuse; les
plis cutanés s'accentuent et les sillons sont ainsi de
plus en plus profonds : la peau est râpeuse ; la desqua-
mation est peu appréciable; mais le prurit est fréquent.
Parfois le processus s'étend aux doigts jusqu'aux griffes
et même aux muqueuses, mais celles-ci ne sont jamais
pigmentées; elles présentent seulement des granulations
blanchâtres, molles, non sanguinolentes.
Diagnostic. — Ses manifestations symétriques, la pig-
mentation de la peau et le peu d'intensité du prurit per-
mettent de la distinguer des ac.ariases et même des verrues.
Traitement. — Les soins locaux consistent dans l'em-
ploi (le bains émollients (bains de son) et dans l'application
de pommades, d'onguent napbtolé à 10 ou 13 p. 100.
A l'intérieur, on administre des arsenicaux, de l'acide
salicylique ou des salicylates.
La maladie résiste souvent à tout traitement ou a une
grande tendance à récidiver (1).
Itl. — CORNES CUTANÉES.
Ces productions ne sont pas rares chez les chiens et les
cliats au niveau du front, des oreilles, du cou. du ventre,
du flanc, de la région ombilicale, du prépuce. On les
observe également chez les oiseaux (Voy. Maladies de la
peau et des vaisseaux, in Pathologie chirurgicale, p. 278).
(1) On observe souvent, dans l'oreille du c/icia/,(les acanthomes papillaires,
aplatis, blanchâtres, en forme de verrues, qui proviennent d une prolifération
de l'épithélium, puis du tis^u conjonctif sous-jacent (Proscholdt). Mégnin
attribue ces productions aux piqûres des simulies (Habacher, Monaishefte,
1909, p. 97).
CHAPITRb] IV
HYPERTROPHIES CUTANÉES
La fondcnsalion et répaississeincnt du donne cararlé-
risent les liy|)(>i'lrophios cidanées.
I. — ÉLÉPHANTIASIS.
L'éléphanliasis est une maladie chronique des solipèdes
qui atteint principalement les extrémités: il succède aux
plaies et à divers accidents traumatiques (Vov. Pat/iolor/ic
chirurgicale: Maladies de la peau et des vaisseaux, p. 112).
II. — BOTRYOMYCOSE.
Celte maladie, consécutive à une jilaic accidentelle ou
opératoire, est caractérisée par une sclérose régionale et
diffuse du tissu conjonctif sous-cutané, aboutissant ù la
production de Imneurs fibreuses le plus souvent creusées
de listulcs purulentes {\oy. liotryomvcose, in Pathologie
chiriirgirate. t. I, p. 2()0).
I. — SCLÉRODERMIE.
La sclérodcrmie est marquée par l'ati-opliii' du tissu
adipeux, la rigidité du t(''gument par Inperli'opliie ou
hvperplasie du derme Basset). On observe celle inodili-
cation chez les vcrrnls âgés (Voy. Pathologie chirurgi-
cale : Maladies de la peau et des vaisseaux, j). '2^'.\).
'■■f
CHAPITRK V
NEURO-DERMATOSES
Oa désigne ainsi les démangeaisons primitives et
essentielles.
Les neuro-dermatoses comprennent le prurit cutané, le
prurigo, le dermograpliisme et le zona.
I. — SOLIPÈDES.
1. — PRURIT CUTANÉ.
Le imu'it cutané ou démangeaison est une sensation
particulière dépendante des nerfs sensitifs ou du sympa-
Ihique et qui provoque le grattage. 11 peut s'observer en
dehors de toute cause provocatrice extérieure, de toute
maladie parasitaire ou eczémateuse apparente et semble
constituer toute l'affection.
Étiologie. — Les auto-intoxications déterminées par la
néphrite chronique (Schindelka), l'urémie, les dyspepsies,
les affections digestives chroniques peuvent lui donner
naissance ; c'est le prurit dyscrasique. On l'a observé dans
l'ictère, le diabète, dans la pneumonie, les intoxications
déterminées par l'arsenic, le mais, les vesces, les aliments
altérés. Les poisons modifient le système nerveux, de sorte
que les prurits toxiques font intervenir un mécanisme
nerveux.
. Les prurits nerveux apparaissent dans le cours de
diverses maladies nerveuses, comme la rage, la para-
is.
318 NKriîd-IiKltMATdSES.
Ijsie bulbaire infeclicusc ou pseudo-rage, dans la dourine
dans la paralysie combinée de la queue et des s]diinc(ers
par altération des voies sensitives ; ils ont souvent une
origine réllexe comme le prurit de l'anus, déterminé par
les vers du côlon flottant ou du gros intestin, ou comme le
prurit du nez dans la pentastniuose du chien et l'œstrose
du mouton.
Parl'ois le prurit opiniâtre, qui se manifeste dans certaine
région comme le ne/, les maxillaires du rlievnl (Frolmer),
la queue du a/iien ou sur tout le corps des bovidés, est
d'origine inconnue.
Symptômes. — i.c prurit se li-aduit |)ar d(;s grattages
modérés ou violents, répétés, intermittents ou continus.
L'animal se frotte contre tous les objets, se gratte avec
les pieds, se lèche, se mord, s'excorie les tissus ou h s
arrache.
Le besoin de se gratter dcvicul (juehpiefois si intense
chez certains animaux (pi'aucun moyen ne parvient à les
en emi)êcher. Les conséciuenees de ces grattages consistent
dans de l'éry thème, de l'eczéma traumali(pie, des exco-
riations linéaires, dans des infections impéligineuses, dans
des pyodermites, des lymphangites et des hypertrophies
ganglionnaires.
II. — PRURIGO.
Le prurigo conslilue ime dcuiangeaison persistante qui
s'accompagne de réactions cutanées spéciales k physiono-
mie eczémateuse. I^e prurigo, qui appnraît quelquefois dans
une région limitée des exti'émilés après une névrotomic.
olfre c(< caractère. Il se développe ordinairement un mois
après l'opération, au niveau de la couronne, sur les parties
latérales privées de nerfs. .\ la suite du [uurit et des
grattages, on voit se dessiner une plaipie da[)parence
eczémateuse, qui se recouvre de piipules, de vésicules et
qui otVre bientôt im asi»ect suintant ou devient ulcéreuse
si on ne la protège pas soigneusement contre les trauma-
<OLIPEDES.
DERMOGRAPHISME.
310
tisiiics consécutifs à ces démangeaisons susceptibles de
persister pen-
dant un à deux
mois [[).
Traitement.
— Une bonne
hygiène, un ré-
gime rafraî-
chissant, des
purgatifs salins
et des diuré-
tiques ont sou-
vent raison du
prurit essen-
tiel.
Le traitement
local a égale-
ment une gran-
de importance:
le menthol, le
phénol, le cam-
phre sont des
médicaments
antiprurigineux ; le gljcérolé tartrique. l'huile de foie de
morue en onctions, la pommade à l'oxyde de zinc, les
pommades anesthésiques composées de 2 parties de co-
caïne, 5 parties de borax et 200 de lanoline, les lotions
chaudes de créoline produisent aussi de bons efli'ets.
Ki
Kczénia d'origine Irophique.
III- — DERMOGRAPHISME.
On désigne ainsi l'aptitude que possèdent les téguments
de conserver les traces des figures qui y sont dessinées.
Ce trouble des vaso-moteurs, bien connu chez ïhomme,
(1) Lardeyret, Trophonévrose cutanée accompagnée de leucoderniie chez le
cheval {Jour, f/es véh inilit., 1909, p. 46i).
320
NEURO-DERMATOSES.
a ôtô signalé par l'ôcus (1) chez un cheval tiquonr alli'inl
d'une ribolition dos réflexes oculaires et d'une anoslliésio
de loulo la tête, exccplé au niveau de la région inassé-
térine.
Le dcrniographismc pont être lapanago du nervosisme.
Les rayures fai-
tes avec longlc
et toutes les inu
pressions se tra-
duisaient par un
lii-risseniont pi-
leux el un sou-
I évoluent cutané
analogu(> <■ à co-
liii (|iie pourrait
produire une
l'orde passée sous
Il peau. On |teut
varier les dessins
ot simuler les
plaquesd'herpès.
d'échauboulure
ou d'anasarquo.
("otte réaction do
la peau os! per-
manente ou in-
termittente . On
la reconnaît en passant un stylet mousse ou le manclie
d'un porte-plume sur la peau, de manière à v graver di-
vers caractères qui apparaissent nettement au bout do
quelques minutes et persistent plusieurs heures.
Traitement. — On ne s'occupe pas de ce troui)lo, géné-
ralcnicnt déi-ouvert par hasard.
Kig. 68. — liermographisme du cheval (l'écus).
(I) l'écus, Klude de pathologie comparée sur le deriiiograpliisiiie du clievjil
el de l'homme (Société centrale, ;tO sepl. l'.U:!).
CHIEN. — ZOXA. 321
II. - CHIEiX.
I. — PRURIT CUTANÉ.
Chez le chien, la maladie du jeune âge détermine quel-
quei'ois une exagération de la sensiiMJité tactile et la dimi-
nution OH l'abolition de la sensibilité à la douleur, de telle
sorte que l'animal en proie à une sensation prurigineuse
spontanée ou provoquée par un irritant (moutarde, etc.),
peut se dévorer la queue, un membre ou une grande
étendue du corps (Basset et Pécard, Marchand et Petit,
Charitat, Blain etc.) ; Voy. Maladies du système nerveux).
II. — ZONA.
Le zona ou herpès zosler consiste dans une éruption
vésiculeuse aiguë sur des plaques érvthémateuses canton-
nées sur le trajet d'un nerf sensible, et développées sous
l'influence d'une névralgie^ Cette alTection a été signalée
chez le fhien par Hébrant (1).
Symptômes. — Cet animal présente des plaques circu-
laires d'eczéma au liane gauche se prolongeant jusque
sous le ventre. Cette région est le siège d'un prurit violent ;
le chien se mord cette région en aboyant avec fureur.
Quelque temps après, il se mord le flanc droit avec la
même fureur que le gauche, et, deux jours plus tard, une
éruption de vésico-pustules fait son apparition.
Traitement. — Les frictions légèrement vésicantes le
long de la colonne vertébrale; les badigeonnages de sali-
cylate de méthyle, en solution dans l'alcool, les pommades
à l'extrait de belladone ont calmé l'irritation et assuré la
guéi'ison.
(1) Hébrant, Annales de méd. vél., l'JO.3,
CHAPITRi: M
DERMITES ARTIFICIELLES
I. — SOLIPÈDES.
Définition. — Ôndcsijiiieainsi les iiillainiu.il ions prodiiiles
par (les causes mécaniques physiques ou cliiniiques. Elles
se traduisent [)ar des aspects cliniques d'une extrême
diversité suivant l'intensiti' ou la durée d"iuie même cause
et le degré de vulnérabilité du terrain. \.o même atrent
peut [U'ovoquer des ('riiplions entièrement dissemblables
(érvllième. urticaire, pustules, etc. , et des dermiles sem-
blables en apparence peuvent provenir d'actions nocives
entièrement dilVérentes.
Examinons successivement : 1" les dermites de cause
mécanique; 2° les dermites de cause physique ; 'M les
dermites de cause cliiiniipic.
I. — DERfVlITES DE CAUSE MÉCANIQUE.
Les traumalismes légers comme les frottements,
l'irritation déterminée par la tondeuse, sont suivis
d'cnjthémc, d'intertriijo. d'eczéma Iraiumitiqiic de la queue
et des régions recouvertes par les harnais.
Quand les pressions et les frottements deviennent plus
éuergiques et |)lus prolongés, on voit apparaître des r.rco-
ridlionx, des plaies, des crevasses, des Inmeurs saïKjiiùies,
des œdèmes cliauds, des (liirillons ou callosités et des cors
SOLIPÈDF.S. DERMITES DE CAUSE CHIMIQUE. 323
(Voy. Pathologie chirurgicale : Maladies de la peau eL du
tissu conjonclii" soiis-culané. p. 1 à 88).
II. — DERMITES DE CAUSE PHYSIQUE-
La chaleur, le froid, les radiations solaires engendrent
de l'érjthème {érythème solaire), du lichen vésiculeux
{gale bédouine), parfois de la gangrène cutanée (Voy. Patho-
logie chirurgicale, p. 88 à 95).
Les brûlures et les gelures peuvent déterminer l'en-
semble des éruptions et des altérations cutanées (t. 1,
Pathologie chirurgicale).
Les rayons X produisent des radiodermites extrêmement
graves.
m. — DERMITES DE CAUSE CHIMIQUE.
Les toxiilerinies externes embrassent les éruptions pro-
voquées par l'application directe de médicaments irritants
(acide phénique, i'ormol, sublimé, mercuriaux, révulsifs
comme la moutarde, la teinture d'iode, etc., ou même la
vaseline blonde, qui exerce quelquefois une véritable vési-
/^ation) [Rebeillard (1)].
Les dermites vénéneuses déterminées par l'ortie, etc.,
les dermites venimeuses occasionnées par les chenilles
processionnaires ( Blaps mortissaga) (érythème vésiculeux
<les lèvres et du nez) (Voy. Pathologie chirurgicale de la
peau et des vaisseaux, p. 9i5), les petites taches érythé-
mateuses produites par les larves du trombidion soyeux
(Cavalin) et par les nymphes d'ixodes réduves [Joly,
Joyeux (2)] rentrent dans ce groupe. Les divers érythèmes
d'origines diverses consistent dans une rougeur congestive
(1) Rohi-, Nys, Rel)eiliai'd, Joiirn. ifp.i vét. milit., 1SU9, — Hurel,
Érylhème de l'extrémité inlérieure de la tète {Jouru. de Lyon, lOOo,
p. "691). — Nys, Revue vét., 1907, p. 412.
(:;i Joyeux, Joiirii. fies vét. mi/it-, 1900 p. 11-'.
324 DERMITES ARTIFICIELLES.
cl passagère de la peau circonscrite ou (lilïuse, disparais-
sant momentanément sous la pression du doigt.
Les toxidcrmies de cause interne embrassent des éi\v-
tlièmes, des éniptions et des troubles divers d'origine
alimentaire ; les cniptions scriijucs, et l'urticaire, syndi'onic
éruplif d'origines multiples.
1° Toxidermies alimentaires.
Les toxidorniics aliincninires sont iioiiii)reuses et très
variées.
La jarosse, le millepertuis produisent de l'érjtbème et
des éruptions cutanées (Cornevin).
Les tourteaux de maïs déterminent cbez le clioviil une
maladie ('ruptive de la région des paturons, analogue aux
eaux-aux-jambes, qui s'étend peu à peu sur la lace anté-
rieure des membres et peut remonicr jusipi'aux genoux
et jusqu'aux jarrets (Mouilleron .
Plus rarement, la peau de la Uxr.c interne des cuisses, du
fourreau, du voisinnge de l'anus et du pourtour des yeux
et de la boucbe sont atteints. L'éruption est préin'-dée d'un
mouvement lébrile d'intensité variable ; elle est accom-
pagnée de suintement des extrémités, de squames dans les
autres régions et guérit dès qu'on supprime les tourteaux.
Les vesces, la luzerne produisent, quelquel'ois. cbez le
rAe\///. une éruption des exlréniili's (Burmeister et parfois
mémo de la muqueuse buccale. Les membres sont envabis
par une tumélaclion œdémateuse suivie d'une exsudation
séreuse, qui se convertit en croûtes.
■ValimentatioH mélassce produit (pielquefois une exsu-
dation séreuse au niveau des palui-ons Roder .
Le li-éllc iTrif'olium hijhridum) détermine souvent une
toxidermie fél)i-ile caractérisée par une inllanmiation plus
ou inoins vive des parties blanches de la peau de la tête
et des membres et souvent aussi de la muqueuse buccale
(Dammann, liaultner, Zipperlein, iMicbael, llcrmann .
SOLIPÈDES. — DERMITES DE CAUSE CHIMIQUE. 32!)
La forme légère de celte toxidermie se traduit par une
rougeur érvthémateuse et une tuméfaction passagère des
n'-gions précitées. [Jne desquamation abondante termine
le processus.
Les formes plus graves s'accompagnent d'une coloration
vioLacée des téguments, d'une tuméfaction intense et d'une
vive sensibilité des régions affectées. Sur ce fond érythé-
mateux, se développent des vésicules qui acquièrent une
coloration jauniUre et laissent écouler un liquide séreux
<iui s'épaissit et se concrète en croiltes. L'infection pyogène
s'ajoute fréquemment à l'intoxication : il se forme du pus
qui jaillit entre les croûtes desséchées, provoque leur chute
et prolonge la maladie d'une quinzaine de jours. La durée
de la maladie dépend aussi de diverses causes qui peuvent
l'augmenter, telles que le prurit, Tintlammation des
glandes sébacées, les lymphangites suppurées.
Certaines formes graves de ces toxidermies se traduisent
par la nécrose sèche des parties atteintes, par de la stoma-
tite phlegmoneuse, des ulcérations cutanées, de l'ictère,
des coliques, des ti'oubles nerveux (Haubner, Kovals,
Friedi)erger et Frohncr).
Traitement. — Les toxidermies alimentaires s'arrêtent
et s'effacent généralement dès qu'on supprime l'aliment
nocif. Les formes graves nécessitent, en outre, un traitement
local qui est analogue à celui de l'eczéma (enveloppement
humide, lavages désinfectants, poudres absorbantes). La
stomatite est combattue par des gargarismes, les troubles
nerveux par les calmants, les purgatifs et les diui'étiques.
2° Toxidermies sériques.
Les sérums immunisants sont susceptibles de déterminer
des éruptions témoignant d'une hypersensibilité qui se
traduit par des réactions intenses sous l'influence de doses
minimes. Cette sensibilité croissante à l'action des -albu-
mines proprement dites est connue sous le nom d'anaphy-
Cadéac. — Pathologie interne. VII. 19
320 DEUMITES AUTIFICIELLES.
laxie. Elle permet d'expliquer les poussées d'érjtlième,
durticaii'C ou d'eczém.i qui succèdent à lingestion ou j\
rinjoction de telle on Icllc substance regardée comnio
inolTcnsive (1).
L'injection de sérum antipneumonique dans 30 p. 100
des cas (Bartels),le sérum anticliarbonneux dans 10 p. 100
des cas (Alexandrescu et Ciuca), provoquent la réaction
iinaplivlaclique. La malléine, la tuherculine, le sérum
anlitétaiiique possèdent un pouvoir anapliylactogène
remarquable, dû à la présence de l'albumine spécilique du
bacille tuberculeux, du bacille morveux ou du bacille téta-
nique (2).
L'injection d'une albumine étrangère à l'économie peut
se traduire par des signes d'inlolérance (anapliylaxie natu-
relle) ou créer une sensibilisation telle que les injections
do cette substance, pratiquées ultérieurement, agissent
comme de véritables poisons (anapliylaxie arlilicielle).
La séro-anaphylaxie est la forme la plus commune de
cette intoxication par des matières albuminoïdes. Les
troubles consécutifs à la sérothérapie n'évoluent qu'après
une période d'incubation. C'est que la substance albumi-
noïde introduite n'est pas la substance toxique qui pro-
voque la réaction anaphylactique. Le sérum ne fait que
provoquer, dans l'organisme uneréactionqui engendre des
anticor[)s. La durée de cette incubation atteint souvent
huit à quatorze jours. Pendant ce temps, les anticorps se
forment en quantité sul'lisante pour acquérir le pouvoir de
détruire les albumines étrangères circulant dans le sang.
Habituellement l'anaphvlaxie résulte d'injections succes-
sives de sérum; la première injection ne détermine (pi'une
sensibilisation de l'organisme; la seconde. i)ratiquée six
à dix jours après, se traduit par une réaction morbide
vis-à-vis de cette albumine ou de sérums chez un nombre
variable d'animaux ; les manifestations qu'on observe sont
(I) Pécherot. l/anapln laxie (Jour», de Lyon. l'.ilJ, p. 27'.i).
(J) Von Uoidsenlioven, A un. rti; métl. tél., 19 11'.
SOLIPÈDES. — DERMITES DE CAUSE CHIMIQUE. 327
étroitement liées à ce séi'utii ou à cette albumine.
Symptômes. — Quand l'anaphylaxie est naturelle, la
première injection du sérum est suivie cinq à six minutes,
quelquefois même trois heures après, de troubles divei's
plus ou moins graves.
Chez le cheval, on voit apparaître une éruption d'urti-
caire prurigineuse ou simplement un œdème de la tète et
de l'encolure qui peut s'étendre atout le corps (Bartels).
Chez les bovidés, on observe de l'ui'ticaire généralisée
extrêmement prurigineuse, de l'œdème de la tête, des
mamelles, des muqueuses anale, vulvaii'e avec une vive
douleur au point d'inoculation. On constate, en même temps,
une dyspnée intense, de l'œdème pulmonaire, du jetage,
de la toux, de la salivation, du larmoiement, delà cyanose
des mamelles, de l'inquiétude, de l'abattement pendant
trois (juarts d'heure et, exceptionnellement, la chute de
l'animal avec contractions généralisées et mort au bout de
cinq à six minutes (Alexandrescu et Ciuca). Chez le povc,
on peut constater des signes analogues.
Ordinairement, tous les troubles s'effacent en quelques
heures ou en moins d'un jour.
Traitement. — Le traitement ciiratif de la maladie du
sérum est analogue à celui de l'urticaire.
Les moyens à employer pour prévenir les accidents
anaphylactiques sont directs ou indirects.
Les moyens directs consistent à diminuer la toxicité du
sérum. Carnot et Slavu ont constaté que, si l'on ajoute au
sérum de l'acide chlorhydrique dans les proportions de
3,3 p. 1 000, les cobayes supportent deux doses mortelles
de ce sérum sans présenter de troubles anaphylactiques.
Le chauffage à 56° enlève au sérum une grande partie
de sa toxicité sans le priver de son action thérapeutique.
Quand il s'agit de sérums très actifs, on doit aussi les
employer à dose très modérée.
Habituellement, le sérum de cheval, employé chez une
autre espèce, n'est toxique qu'à des doses supérieures à
328 DERMITES ARTIFICIELLES.
celles qui sont oinployées pour la guorison des l'ornios
curables de la maladie [Vallée et Finzi il J.
Les moyens indirects agissent sur l'individu en augmen-
tant sa résistance. Lïntroduclion dans le rectum d'une
dose de sérum vingt minutes avant l'injection sous-cutanée
curative provoijue l'imniunisalion anli-ana])liylacti(pie
(BesredUa).
Si l'on entreprend une sérothérapie de longue durée, on
doit inoculer le sérum régulièrement tous les jours de peur
de laissera l'anaphylaxie le temps de s'amorcer. Les acci-
dents anaplivlacliques graves sont partiellement évités par
la substitution de la voie sous-cutanée à la voie veineuse.
Le chlorure de calcium à la dose de (i à 10 grammes, par
jour, pendant lesjoursde l'injection et les ijuinze jours qui
suivent, contribue aussi à empêcher la production de phé-
nomènes anaphvlactiques (Netler).
IV. — URTICAIRE.
Définition. — L'urticaire ou rchauboulure est carac-
térisée par une éruption de plaques saillantes arrondies
ou ovalaires de l'étendue d'une pièce de 2 francs à une
pièce de 5 francs, dues à une congestion exsudative du corps
papillaire pouvant s'étendre à l'hvpoderme comme au
corps muqueux de Malpighi.
Celte éruption, essentiellement passagère, est déterminée
par la paralysie des petites artérioles, d'où résulte l'afflux
d'une très grande quantité de sang dans le territoire
qu'elles irriguent et l'épanchement d'un exsudai inllamma-
toire ; elle est localisée, régionale ou généralisée et peut
même atteindre les muqueuses comme la bouche, le
pharynx, le larynx, gêner la respiration et produire de la
fièvre. On la voit apparaître subitement el disparaître
ordinairement de même.
^l) Vallée et l'iiizi, Sur les modes irutilisatioii des séruins tlurapcu-
tiques (5or;. centr. de tnéd. vct., I'.U1, i>. 397).
SOLIPÈDES. URTICAIRE. 329
L'urticaire est une simple manifestation symptoma-
tique des affections les plus diverses; c'est quelquefois
un syndrome accompagné des troubles généraux ; mais ce
n'est jamais une maladie. On l'observe communément
chez \QssoIipcdfs, moins souvent chez les rumincinls ei le
poi'i-, exceptionnellement chez \e chien.
Étiologie et pathogénie. — Des causes externes comme
les piqiires des moiwlies, des Inoiis-, l'application d'agents
irritants comme l'essence de térébenthine, l'acide plié-
nique, etc., peuvent produire l'échauboulure. Chez cer-
tains sujets prédisposés, l'irritant le plus banal et le plus
minime provoque cette éruption : un frottement, une
friction, une modiflcation réflexe des vaisseaux cutanés
engendrée par un refroidissement, une pluie, une sudation,
une course rapide, l'eau, l'air, la chaleur et le froid, etc.,
sont des causes efficientes chez les animaux prédisposés.
Elle apparaît fréquemment le printemps et l'automne chez
les animaux jeunes et vigoureux ou chez les sujets vieux
à peau sèche et adhérente (1).
Les causes internes revendiquent les agents excitants,
irritants et toxiques contenus dans les aliments comme
les principes toxiques renfermés dans les fourrages
artificiels : les animaux qui vivent dans les pâturages
présentent fréquemment cette éruption.
Les troubles digestifs (catarrhe gastro-intestinal, cons-
tipation), les changements brusques de régime, sont une
source de fermentations intestinales anormales, dauto-
intoxications et d'échauboulure. Les sérums animaux,
les sérums antitoxiques provoquent souvent de l'urti-
caire.
Les toxines des microbes jouent un rôle considérable
dans l'apparition de l'urticaire qui accompagne la gourme;
les pneumonies infectieuses, la fièvre tvphoïde. On peut la
voir succéder à une injection de malléine ; elle constitue une
(Il Nicolas, Urticaire et symptômes nerveux chez le cheval dus à l'action
(le l'ortie (^oc. centr., 1907).
330 DERMITES ARTIFICIELLES.
inanileslalion iinportanto de la doiirino et de diverses
trvpanosonioses.
Symptômes. — Elle (It'hiile bnisqiieinent. sans fièvre ou
avec iH'ii lie lièvre, par iineèruplion de6o«<o»saplatisnet(e-
ment circonscrits, du diamètre d'une pièce de 1 franc,
atteignant quelquelois celui d'une pièce de 5 francs, et
d'une hauteur de 1 centimètre au maximum. Ces plaques,
nettement séparées au début, se multiplient en quelques
heures et se confondent pour constituer des ligures
irrégulières qui ne répondent à aucune description. Celle
éruption s'accuse par le hérissement et la sécheresse des
poils et par des saillies mamelonnées au niveau desquelles
la peau est rouge ou légèrement violacée quand elle est
dépourvue de pigment. Discrètes ou confluenles, ces saillies
sont toujours irrégulièrement disposées, et elles donnent au
doigt (|ui les comprime la sensation d'un (Pdème récent
exempt de prurit qniuid léruplion n'est pas déterminée
par l'aclion directe de substances irritantes (fig. (i9 .
Leur siège est variable; tantôt l'urticaire est loca-
lisée à la tète, à l'encolure, sur l'épine dorso-lombaire, sur
les côtes et sur les fesses ; tantôt elle se développe sinnd-
tanément sur les deux faces de l'encolure, les épaules,
la poitrine, l'abdomen, le train postérieur : l'éruplion
est généralisée. Les extrémités des membres seules sont
généralement respectées.
Son évolution est rapide, tpiçlle que soit son (Hendue;
toutelasurfacedu corps seiouvre de plaques en une demi-
heure. Chez la plupart des individus, on les voit disparaître
en quelques heures sans laisser de traces. Chez d'autres,
on constate un léger hérissement et un reflet terne des
poils, rpii prennent, plus tard, une coloration foncée en
raison de b'ur hypernutrition. Parfois, on voit d'autres
éléments s'ajouter à l'échauboulure : des rcsiculcs.
des phltjctèiies peuvent se développer sur les boutons. On
voit se produire alors des exsudations et des croilles
suivies de la chute des poils et de lamelles épider-
SOLIPEDES.
URTICAIRE.
331
iniques dont la dos(iuamatioii commence une semaine
après. L'échauboulure offre alors la physionomie d'une
dermite séreuse [Dagès (I)].
Exceptionnellement, l'échauboulure peut atteindre la
muqueuse oculaire, nasale, pharyngienne, laryngienne, la
Vig. 69. — Petites plaques (l'échauboulure.
muqueuse du gros intestin, gêner la respiration, s'accom-
pagner de tuméfactions œdémateuses considérables et d'un
véritable réseau de lymphangites (fig. 70). L'échauboulure
dorigine orliée s'accompagne d'excitation générale et de
parésie du train postérieiu* (Nicolas). On peut voir cette ma-
(1) Dagès, Recueil de méd. vèf.., 1894, p. 441.
332
DERMITES AltTIFICIKM-KS.
ladie récidiver plusieurs lois dans lii même année; ni.ii
liabitiiollenienl,c"estune manifestation passagère, bénigne
par excellence, qui
disparail par résolu-
lion sans laisser la
moindre trace.
Diagnostic. -
Lurlicaire est une
des maladies les plus
faciles à dépister.
L'apparition brusque
des i)laques et leur
répartition irrégu-
lière à la surface du
corps de si>li[ii-dcs
i)ien portants la font
inimédiatement re-
connaître.
Les boutons de
farcin s'en distin-
guent par leur dis-
tribution régulière
sur le trajet des vais-
seaux lymplialifpies
el parleur tendance
à persister, à su|)pu-
rer ou à s'indurer.
ÏJmiasai'qiic seule
engendre des érup-
tions analogues à
celles de l'écliaubou-
lur(\ \ signaler leiu- tendance à disparaître, à se repro-
<luire uniformément dans ces deux maladies, ("est même
ce qui lésa fait souvent confondre; pourtant Vanasanjuc
s'en distingue ])ar la présence de pétécbies sur la piliii-
taire, par la conversion plus ou moins riipide des boutons
<î5^'."-
70. — lk-li;uil)Ouliiic avec un réseiiu
(le lymphaiig-ites.
BOVIDÉS. URTICAIRE. 333
œdémateux en larges plaques d'œdème et par la persistance
de la fièvre, signe essentiellement passager de l'échau-
boulure.
Traitement. — L'urticaire est une des maladies les plus
bénignes; elle dispai'ait souvent sans aucun traitement;
les soins hygiéniques suffisent généralement pour assurer
la guérison des malades. 11 faut diminuer la ration,
donner une alimentation raiVaîcliissnnte. légèrement
laxative. ai ronipagnée de purgatifs : sulfate de soude,
de magnésie, etc., pour faire disparaître tous les troubles
cutanés. Les diuréticpies sont également indiqués.
II. — BOVIDÉS.
Les dermites mécaniques des liovidés se traduisent par
des callosités ou durillons: les dermites physiques sont
peu importantes; mais certaines dermites cliiniitiues ont
chez les bovidés, une gravité particulière. Les toxidermies
d'origine alimentaire peuvent même s'accompagner d'énan-
thèmes des muqueuses buccale, pharyngée, quelquefois
même d'œdème du larynx, etc.. comme dans l'iodisme,
fhydrargyrisme.
Le porc présente des érythèmes symptomatiques du
rouget, de la peste, les niniinants, au début de la fièvre
aphteuse, de la vacc-ine. et à la suite de l'ingestion de
plantes et de tourteaux.
1. — URTICAIRE.
Étiologie. — Lespiciùres des tcions. des moarhcs, l'in-
gestion de fanes de pommes de terre, de seigle vert, d'épis
de maïs, de vesces. de sainfoin, de trèfle, les brusques
changements de régime sont les principales causes
provocatrices. Parfois, on observe l'urticaire chez les
bovins porteurs de larves d'hypoderme (Strose), chez les
19.
331- Dlili.MITES ARTIFICIELLES.
v-7r/yrs eu 1)011 ('hil [Taplcoii {^)] [Mw l'étcntion prolongée
<lii Ifiil dans la mamelle [Hoiillier et Delannoy (2)]; il s'agit
dans ces cas (l'iiiie liypersensibililé de l'organisme à l'égard
des snbH(an('(>s ,ill)miiinoïdes résorbées. On pent la voir
siiccimIci- aussi anx. injei'lions de liibercnline.
Symptômes. — L'éruption caraclérislique est quelque-
fois précédée d'une salivation abondante, d'inquiétude
et d'agitation et d'une lièvre intense 40,9 [Eggeling,
Albreclil 3]. Puis, brusciuement. réru|)tion apparaît dans
diverses parties du corps comme la tête, l'encolure, l'abdo-
men, les parois thoraciqiies, les membres, les lèvres, les
ailes du nez, les [jaiipières. Toutes les muqueuses voi-
sines des ouvertures naturelles sont également atleinles.
]^cs paupières et le pourtour des yeux s'infiltrent; les yeux
deviennent saillants et larmoyants; un oedème volumineux
envahit le muffle, la tète, la gorge ; le pis enfle énormé-
ment et devient ex! reniement sensible; le corps se couvre
de plaques de la largeur d'une pièce de cinquante cen-
times à celle d'un franc; les lèvres delà vulve présentent
une inlillralion intense el deviennent iiiamelonnées ; la
peau de cette région est luisante, rosée ; la muqueuse
vagin;ile est également infiltrée et tendue. Parfois la
nuKjueuse pliaryngo-laryngée es! envahie par l'œdème, et
l'animal fait entendre un bruit de cornage intense accom-
pagné de signes asphyxiques ; il peiil inêiiie succomber
[Albrecht, Wysniann (i)|.
LV-ro/w^ton est exIrèniiMiii'iil rapide : la mort peut sur-
venir en moins d'une heui'e dans les formes graves: la
durée de l'échauboulure des Ar/\ //j.s dépasse rarement plus
de cinq à six heures (Luccl. Tapken, Schleg, Wysniann):
les boulons disparai.sseni presque aussi vite qu'ils sont
venus; ils ne laisseiil pas de trace.
(l)Tn|)kcn, Mniialxliofte f. /iralct. Tipr/ipilh-., 1809.
(!') iloullier et Delannoy, Jouriinl ilc I.ijon, lOÛit, p. :!5l'.
(:i) .Mbrecht, Monafx/tefic f. TieiurcC, ['MO, p. iG.
(4) Wysniann, Sr/ttceiscr Arch. f. Tirrheil/i, IW.i, p. 34.
HÛVIDKS. TOXIDERMIE ALIMENTAIRE. 385
Pronostic. — Suivant que rinlorveution est rapide ou
(ardive, le pronostic est variable ; si l'on intervient hâti-
vement, il est bénin ; mais, si Ton attend trop longtemps, il
devient grave et l'on peut voir mourir les vaches en moins
d'une demi-hein-e ; les bètes pleines avortent quelquefois
[Bedel (1)].
Diagnostic. — Le coryza gangreneux se difïérencie par
la persistance de la fièvre ; Vandsarquc, par l'extension
de l'œdème aux parties déclives comme le dessous du
ventre et de la poitrine. La congestion pulmonaire s'accom-
pagne d'une dyspnée analogue; mais on ne constate pas
d'd'dènic exlérieur.
Traitement. — Les cii'constances étiologiques de cette
"maladie nous indiquent le traitement. La mulsion immé-
<liafe et la saignée s'imposent. Souvent, la traite seule
l'ait disparaître les symptômes. Dans la suite, un purga-
tif, des diurétiques, une demi-diète, ramènent entièrement
la santé.
11. — TOXIDERMIE ALIMENTAIRE.
Définition. — Sous cette appellation, nous désignons
l'ensemble des troubles généraux et cutanés déterminés
par les drêchcs de pommes de terre et quelquefois par
le marc de raisin. Cette intoxication est communément
décrite sous le nom û! eczéma des dréches de pommes de
terre ou de maladie éruptive des bêtesbovines des distilleries.
Elle est fréquente, chez les animaux de l'espèce bovine, à
l'engraissement^ ou chez les vaches en stabulation perma-
nente, en raison de la proportion relativement élevée de
tubercules qui entrent dans l'alimentation de ces animaux.
Mais les autres espèces n'en sont pas à l'abri; on l'a ren-
contrée, en effet, chez le cheval (Ohlman), chez le poulain
dont la mère est nourrie avec des pommes de terre ger-
mées ou les pelures de pommes de terre (Gros-Claude et
(1) Bedel, Urticaire œdénialeuse aiguc des bovidés. (.S'oe. di's sciences vét.,
1909).
336 DERMITES AlniFI(:iEM.ES.
Frank), chez le chien, le povc rerevaiiL une iniiiriiliiic
riche en pommes de terre.
Son apparition remonte au commencemenl de ic sinle ;
elle atout d'abord été observée en Allemagne; Spinola la
signalée en 1827 et décrite plus complètement en 18:U).
Depuis elle a été étudiée par Zurn, Obieli. .lolme. Ual)e.
Ileiss, Brantigam et les vétérinaires belges.
Elle est assez rare en France, où les animaux ne sont
qu'exceptionnellement nourris avec les pommes de terre.
Cependant Lignières a vu 39 bêles sur b2 mourir de
cette alinicntation.
Étiologie et pathogénie. — Celle inloxifalion est géné-
ralement iir()|»oi-li()nnclle à la <iuanlité des dréclies absor-
bées : 80 litres de pulpes par jour et par béte avec peu de
fourrage sec provoquent chez des animaux de 500 kilos une
afl'ection générale très intense; léruplion cutanée produite
par iO litres est restreinte et bénigne; les rations inférieures
sont inolfensives, hormis certains cas d'intolérance ou
d'hvpersensibililé telles que certains sujets réagissent à des
doses minimes. Les j)ommes de terre crues à la dose de
16 kilos peuvent déterminer une violente éruption. Les
feuilles et les fanes de pommes de terre provoquent aussi
la maladie (Marlcer). Mais il y a des diiVérences sensil)les
suivant les saisons et les années. On observe principale-
ment cette toxidermie au printemps. Les sources de cette
intoxication paraissent multiples :
1° La solanine n'y a (pi'une faible part: les pommes
de terre qui en sont dépourvues provoquent la maladie. De
plus, celle-ci ne s'accompagne pas des phénomènes narco-
tiques, et l'on est inq)uissant à la déterminer à l'aide de la
solanine ;
"1° La potasse renfermée dans les pommes de terre
(Qe^S par litre de drèches de pommes de terre) agit princi-
palement comme iri-itant du tube digestif, puis comme
poison nmsculaire, !?ans qu'on puisse lui attribuer celle
ériq)lion eczénialil'orme :
BOVIUKS. — TOXIDEIIMIE ALIMENTAIDE. 337
3° Les alcools supéricurft contenus dans les drèches se
retrouvent dans les résidus de distillation des grains, dont
l'ingestion est inotïensive ;
-4° Les acides acétique, lactique, butyrique et les pro-
duits de la fermentation des pommes de terre ne peuvent
être incriminés pour un motif analogue ;
5° Les toxines microbiennes et les microbes ont leurs par-
tisans sans plus de fondement. Toutes ces causes peuvent
s'allier: la potasse irrite le tube digestif, trouble l'assimila-
tion, engendre des fermentations secondaires etdes toxines,
(pii. résorbées et véhiculées par le sang, vont s'éliminer en
masse chez les vaclies laitières dont le lait détermine la
diarrhée chez les veaux et une éruption cutanée chez les
enfants. Chez les animaux a l'engraissement, l'élimination
par les émonctoires est moins aisée ; l'accumulation de tous
ces produits uniformes devance l'accoutumance ou la
mithridatisation. Or tout produit, tout sel accumulé a
haute dose dans Torganisme devient toxique ; toute intoxi-
cation peut s'accompagner de manifestations cutanées ; la
toxidermie peut être envisagée comme un effort élimina-
toire du toxique par les téguments. On peut la regarder
ainsi comme un phénomène d'ordre anaphylactique. L'ani-
mal qu'on engraisse de drèches de pommes de terre peut
acquérir une sensibilité croissante à l'égard de cet aliment,
ce qui permet d'expliquer la ditférence de sensibilité que
présentent à cet égard les divers sujets d'une même étable,
qui supportenthabituellement pendantdeux àtroissemaines
le régime sans présenter de troubles ap])réciables. Les
vaches laitières sont exceptionnellement malades ; elles
éliminent rapidement, par le lait, les principes toxiques
qu'elles ont absorbés ; les bœufs en liberté sont moins
malades que ceux qui ne sortent pas de l'étable. Les drèches
de maïs sont susceptibles de produire une maladie analogue,
mais plus grave (Schruder. Paris).
Le (rèfle, la moutarde blanche, les pulpes de betteraves,
le houblon, les tourteaux de maïs, la luzerne peuvent
338 PERMITES ARTIFICIELLES.
(IfHcrininer ilcs cniplions analotfuos ^{oinliai't. Drulorlcin.
Si|)p, Zanil)a, Hodor. Kiilin, Higoloaii. Marol;;.
Symptômes. — Avec un niouvemonl lélirilc plus on
moins afciisi'" accompagné d'inappélonco, do constipation,
do diarrhée, d'alTaiblisscment progressif, on constate des
symplùnies locaux caractéristiques, qui ap|taraissent ordi-
nairement vers le troisième jour. Les extrémités présen-
tent de la rougeur, de la chaleur, de la douleur et de la
tuméfaction au niveau des paturons.
l'nis l'engorgement envahit le boulot, gagne le jarret,
la lace interne d(>s membres, quelquefois les testicules et
les mamelles; il peut même s'étendre sur tout le li'onc,
se localiser au bord supérieur du cou et recouvrir la poi-
trine, le venti-e, le dos, la queue, l'anus. Dans toutes ces
régions, le poil se hérisse, la peau se plisse, se ride, se
fendille et ressemble à l'écorce rugueuse du platane: la
démarche devient raide, le lever difficile.
Dans les points où le tégument est congestionné, prin-
cipalement vers les ])lis articulaires, il se form(> bientcM
des ccsiciilcs petites, aplaties, conlluciilcs. (|ui ne lardent
pas il se réunir: elles crèvent rapidemcul cl ((invertissent
la surface de la peau en vastes plaques humides. La
sérosité se concrète et se convertit encroides très épaisses
et très étendues.
En même temps, les gerçures des plis ai'ticulaires se
transforment en crevasses qui s'infectent et sont suivies
de lymphangites. ])arfois d'abcès cutanés, de mortification
de placards cutanés et. exceptionnellement, d'infection
septique et purulente, ou d'une diarrhée épuisante. Les
vnclics pleines avortent fréquemment.
Parfois aussi la bouche se couvre d'iilaralions de la
grosseur d'une pièce de 50 centimes, situées vers le bord
édenté dé la niAchoire supériem-e ; elles sont congestion-
nées à la périphérie, piu"ulentes au centre, tuméfiées sur
les bords. Elles ressend)lent aux apitles en voie de cica-
trisation. Les stomatites pseudo-aphteuses sont l'exprès-
BOVIDÉS. TOXIDERMIE ALIMENTAIRE. 339
sion d'un grand nombre d'intoxications alimentaires et
microbiennes (Vov. Stomatites, t. I. Habituellement, les
troubles généraux disparaissent avec la cessation du régime
reculent; les crovites et les poils tombent; on observe une
desquamation cutanée intense, et la guérison se complète
en quelques semaines: mais tous les troubles qui pré-
cèdent se reproduisent si l'on reprend ce régimenocif ;il y a
aussi dos animaux prédisposés qui tombent plusieurs fois
malades dans le cours d'une année pendant que d'autres,
placés dans les mêmes conditions, résistent. Cbez les mou-
tons, on peut observer un prurit intense sans éruption
visible (Schindelka).
Marche. — La marche de la maladie est lente ; elle
ne dépasse pas le stade érythémateux dans les foi'mes très
bénignes et guérit en deux à quatre semaines; elle se
trahit par une éruption intense dans les formes graves,
principalement quand l'alimentation toxique est continuée
ou que les animaux sont maintenus dans de mauvaises
conditions hygiéniques; elle peut durer plusieurs mois.
Lésions. — Les lésions que l'on observe consistent en
des altérations inflammatoires de l'intestin et de la peau.
Le TUBE DIGESTIF irrité offre les caractères de Y entérite
aigm ou de Ventérite chronique, suivant la rapidité de
l'empoisonnement. L'intestin grêle est toujours la partie
malade; les autres organes sont sains, sauf le cerveau et
les méninges, qui accusent toujours un certain degré de
congestion. La viande ne parait nullement imprégnée du
poison; elle ne diffère de la viande des animaux sains ni
par l'odeur, ni par la saveur ; elle est inôtîensive, mais
quand l'intoxication remonte à une date ancienne, les
chairs sont rouges, saignantes, fiévreuses, et doivent être
rejetées de la consommation.
Pronostic. — On a vu le nombre des victimes de cette
intoxication atteindre 20 p. 100 ; mais, aujourdlnu. on
évite les accidents graves par ime alimentation moins
uniforme.
340 DKRMITES ARTinCIELLES.
Diagnostic. — La maladie détcrminc'C par Tingostion
(lo |ioiiiin<'s (le Icrre peut ("'Ire confondue : l^* avec les
caux-aiix-jauibes ordinaires ; 2° avec la gale symbiotiiiiie
des exliv'mités; 3° avec la fièvre ai)hleiise.
1° Eaux-aux-jambes ordinaires. — Dans les cas peu graves
d'intoxication, l'image clinique est souvent la même dans
les deux maladies ; mais les eaux-aux-jambes ne dépas-
sent pas les genoux et les jarrets; elles se caractérisent
par de la rougeur, des vésicules et une desquamation
épidermique très intense.
2° Gale des extrémités, ou CjAle symbiotique. — (".cite
maladie est superficielle, bénigne, ne se généralise pas,
présente toujours le caractère de la (îferonicité et n'abou-
tit qu'à la formation de s(|uaines. tandis que l'eczéma des
pulpes de pommes de terre est plus aigu, plus profond,
souvent bumide. accompagné toujours de la production
de vésicules et souvent d'une désorganisation du tégu-
ment.
;{" FiKVKE aphteuse. — Ottc maladie ('ruptive, conta-
gieuse, se localise dans la bouclie. sur les mamelles et
aux extrémités, principalement à la naissance des onglons,
sur tout le pourtour de la couronne, sur le canal biflexe :
elle est très contagieuse et n"a rien d(> commun avec la
maladie des pommes de terre.
Traitement. — Le moyen le plus simple et le plus ralion-
nel pour guérir cette maladie, c'est de supprimer entière-
ment cette alimentation, ou tout au moins de la réduire
à des ]U"oporlions telles qu'elle devienne compatible avec
la santé <les animaux. Ainsi, (]uand on n'administre que
10 à 20 litres de pulpe aux auinuuix, il n'y a pas d'intoxi-
cation ; il suflit de substituer à l'excès de pulpes de pommes
de terre soit des pulpes de maïs ou de grains, soit des
fourrages secs, ipiand il n'y a pas pénurie de ces aliments.
L'addition de cbaux i50 à 100 grammes par 50 litres de
drêcbes ou d'eau de cbaux. 2 à ;} litres par jour', est très
avantageuse (llaubner, .Siedamgrolzky). Les drécbes per-
MOUTON. DEUMITE ÉKYSIPÉLATEUSE. 341
dent leurs propriétés nocives quand elles sont soumises à
l'action do la vapeur à 60o(Eggeling). Les animaux malades
mis en liberté ou promenés guérissent aussi très rapide-
ment ; on doit tenir Télable très propre.
A ce traitement hygiénique, on peut adjoindre un trai-
tement thérapeutique, qui n'a de chance détre efficace
qu'autant qu'on a supprimé la cause du mal. Quand la
maladie est superUcielle, on peut se contenter de lotionner
les membres malades avec de l'eau chaude ; on maintient
ainsi la région très propre, et l'on pratique ensuite des
onctions avec de l'axonge, avec du cérat camphré ou sa-
turné, avec de la glycérine saturnée. Rabe préconise un
mélange de goudron et de savon (1 partie de goudron.
2 parties de fleur de soufre, 2 parties d'alcool, ou de
l'huile phéniquéo à 5 p. 100. Tous les astringents en solu-
tion ou en poudre peuvent suffire : écorce de chêne, poudre
de tan, décoction de ces produits, eau blanche, sulfate de
cuivre, lait de chaux chloruré.
II! — MOUTON.
Le mouton est exposé à des dermites mécaniques sim-
ples engendrées par le tondage et à des dermites physico-
chimiques communément désignées sous le nom de fago-
pyrisme ou iïérysipèle facial : il peut être affecté aussi
d'urticaire analogue à celle des bovidés.
DERMITE ÉRYSIPÉLATEUSE. — FAGOPYRISME.
Définition. — Cette affection, connue sous le nom de
fayopyrisme, d'crysipéle facial, est déterminéeparlalumière
solaire et des aliments spéciaux; elle est caractérisée par
une rougeur subite et diffuse de la tête, par une éruption
polymorphe et quelquefois m'éme par la nécrose de la
peau du chanfrein avec inflammation secondaire des
muqueuses oculaire et nasale. On l'observe principalement
:U2 DERMITES AIITIFICIELLKS.
clu'zlcs ni(nil(jijsc[ lesporrs, rureinent chez les Jjovi(l('\< i),
les c/ii'vvos, et exceptionnellomenl chez les rln'vntix
|);iiiiinann).
Étiologie. — L'ingestion de sarrasin {Pulyijonum fnijo-
pyriim) et de quelques autres plantes de la même famille
a été regardée jusqu'à nos jours comme la cause de cette
maladie. C'est qu'on avait remarqué que les bêtes à laine
que l'on fait pdturer dans les champs de sarrasin, quand
ces plantes commencent à diMleurir et à porter des graines,
sont les [tius exposées à cette alTection i Dupuy).
Moisanl rapporte que, dans un troupeau composé de
(jiiîilre cents bêtes et de cent cinquante agneaux, tous les
animaux soumis à cette alimentation, à la bergerie, furent
atteints de celte maladie. La ronsommalion de la paille,
des balles ou du son paraît même susceptible d'engendrer
la même intoxication que la plante verte. L'érnpiion peul
se manifester quinze jours après l'ingestion de la piaule si
les animaux sont exposés au soleil.
La lumière paraît indispensable à la niauii'estalion île
ces efTets : Widing a constaté (jue les accidents locaux
sont d'autant plus intenses que les sujets sont plus blancs
et qu'ils demeurent plus longtemps exposés à la lumière
diffuse ou à la lumière solaire directe. Des animaux sou-
mis à la même alimentation et maintenus à. l'obscurité ne
présentent aucune éruption. Les vaches à robe pie ne pré-
sentent de signe d'érythème qu'au niveau des parties
claires de leur tégument; les parties de peau enduites de
goudron n'olfrenl pas d'exanthème (Finsen). On a d'ail-
leurs reconnu que cette dermite frappe plus fréquemment
(I) (iiiiltard n signale'; clicz le bœuf une afl'ectioii analogue caractérist-e par
(k'S croûtes grisâtres plus ou moins foncées, disposées en plaques irrégulières
sur la nnu|ueuse du muffle, et de la face interne des lèvres jusque sur les
gencives. Elle déhule par do petits points rouges ressemblant à une piqûre
d'épingle, ou par de petits foyers hémorragiques, qui augmentent d'étendue
et acquièrent les diiuensions d'une lentille et engendrent des croûtes (pii
justifient la dénomination de noir-niuseau. Celte maladie a sévi dans une
étable où se trouvaient des i-a'-Zcs atteintes de vaginite granuleuse (Guittard.
Progrès viil., 1900).
MOUTON. DERMITE ÉRYSIPÉLATEUSE. 3*3
les moutons blancs et les agneaux que les animaux noirs.
L'action du sarrasin et de la lumière solaii'e a été éta-
blie expérimentalement, chez la souris blanche et le
cobaye, par Ohmke, qui a constaté que le sarrasin, traité
par l'alcool . perd son pouvoir nocif, tandis que l'extrait
agit efficacement sur les animaux blancs.
On ne peut accorder un grand crédit à ces observations
depuis qu'on a vu cette maladie — ou une maladie ana-
logue — sévir sur les moutons noirs comme sur les blancs,
chez les animaux n'ayant jamais mangé de sarrasin
comme chez ceux qui en sont nourris (Moussu). Cette der-
mite n'est pourtant ni inoculable, ni contagieuse ; on peut
faire cohabiter impunément les animaux sains avec un
grand nombre de malades (Dupuy).
Symptômes. — La maladie apparaît brusquement chez
les anhnaux qu'on conduit au pâturage.
Bien portants à la bergerie, ils manifestent, dès qu'ils
sont à l'air libre, une congestion soudaine de la face, des
oreilles, des paupières, des narines, des lèvres, du cou,
parfois même du pourtour de la vulve et de tout le corps
(Moisant).
Ces parties deviennent chaudes, rouges, un peu doulou-
reuses, prurigineuses. A ces manifestations locales du
début se joignent quelquefois des symptômes généraux qui
semblent accuser une mtoxication des animaux malades;
le pouls est accéléré, l'artère est tendue: on remarque de
la raideur dos membres et une sorte d'ivresse avec agita-
tion de la tète ; les bêtes malades bêlent fréquemment,
courent çà et là. tournoient rageusement ou se livrent à
des mouvements involontaires et pi'ésentent de l'hébé-
tude, du vertige, des convulsions épileptiformes (Dupuy).
En même temps, une crnptiou de pustules et de vésicules
se produit au niveau des surfaces congestionnées et
œdématiées; ces pustules sont arrondies, de la grosseur
d'un petit pois à la face, lenticulaires et plus rares aux
commissures dos lèvres; leur contenu est aqueux et jau-
344 DEHMITES ARTIFICIELLES,
nAlre ; leur évolution est rupide ; elles s'oiivrenl sponla-
némenl ou plutôt sont déchirées par des frottements; le
prurit est très intense: les animaux se Trottent même la
tête contre les murs.
La face se couvre ainsi de croiUeft fom-ées qui se des-
sèchent vite et deviennent adhérentes; on ne peut les
détacher qu'avec de grands efforts et en faisant saigner la
peau, qui olfre un aspect ulcéreux. Parfois quelques heures
d'exposition à lair suffisent pour déterminer la mortilica-
tion des oreilles, des paupières ou de la peau du chanfrein.
Ordinairement aussi, les muqiiciifics participent à cette
intlammation cutanée : la muqueuse vulvaire. tuméfiée,
gène la miction : les yeux deviennent chassieux : la cornée
s'enllamme, l'éruption et les ulcères qui succèdent à la
destruction des pustules gagnent la muqueuse nasale, qui
laisse écouler un peudejetage, envahissent la face interne
des lèvres et gênent ainsi la respiration, la préhension
et la mastication des aliments.
L'évoUtlion de la maladie est hénigne ou inappréciahle
j\ la hergerie ; elle n'offre toute sa gravité (pie chez les
animaux qu'on conduit au pâturage.
j/air. la lumière, le changement de température pré-
sident à l'apparition de tous les troubles cutanés. Il suffit
de soustraire les animaux à leurinlluence.au début du mal.
pour en arrêter le développement et obtenir une guérison
prompte. Les malades, rentrés rapidement à la bergerie,
récupèrent bientôt la santé. Ceux qu'on fait rentrer tar-
divement présentent les complications les plus graves et
peuvent même succomber à des accidents cérébraux au
b(tul de liuil à douze heures.
Traitement! — On conseille de tenir les animaux à
l'abri (les r.iyons solaires, de ne les mener au pâturage
(pie vers la fin du jour ou pur un temps couvert, de les
renti'er (]uand ils présentent les premiers signes de conges-
tion faciale cl lie les nourrir ou de les engraisser à la
bergerie.
PORC. URTICAIRE. ;U5
Quand on n'a pu prévenir l'apparition de cette maladie,
il faut combattre l'amaigrissement pai* une alimenta-
tion abondante avec les l'arineux, les soupes, les herbes
tendres, etc., de manière à soutenir les forces et admi-
nistrer du sulfate et du bicarbonate de soude pour hâter
lélimination des principes toxiques. Contre les croûtes,
on peut employer les astringents : eau blanche, acétate
de plomb, tanin, sulfate de fer à dose faible, eau de
chaux; hâter la réparation des tissus et prévenir l'ex-
tension des ulcérations ; favoriser la dessiccation des
produits exsudés en calmant le prurit, en protégeant les
parties irritées et dénudées, soit avec de la vaseline addi-
tionnée d'acide borique ou d'oxyde de zinc, d'une solution
faible de sublimé corrossif ou de liniment oléo-calcaire ;
soit avec des astringents : goudron, pommade à l'oxyde de
zinc; soit à l'aide de poudres absorbantes : poudre de tan
et amidon. Les douches, les compresses d'eau froide
conviennent pour assurer la propreté des l'égions malades.
IV. — PORC.
URTICAIRE.
Étiologie. — Le i^ouget sous sa forme bénigne se traduil
par le syndrome urticaire caractérisé par des élevures et
des boutons atteignant quelquefois la grosseur d'une noix
et par des symptômes fébriles.
Les aliments avariés plus ou moins riches en ptomaïnes
peuvent cependant troubler les vaso-motem's et produire
l'urticaire. Les tuméfactions de couleur rougeâtre s'éten-
dent; elles pâlissent au centre pendant que leur périphérie
est entourée d'une couronne rougeâtre (1).
Les piqùi'es produites par les orties déterminent une
éruption érythémateuse accompagnée d'un prurit intense,
(1) Faure, Une afl'ection rubéoliquc du porc (Journal de Lyon, 1S99,
p. 550).
346 DERMITES AHTIFICIELLES.
avec rrotteinents énerf^iqucs des parties alteinles contre
les corps avoisinanls. Indépondaininont du rouget et des
orties, lo syndrome urticaire olïre peu d'importanre «liez
le porc: l'éruption apparaît en quatre à six jours.
Pronostic. — Il csl ui'mi riilcuient bénin.
Traitement. — La diète et les purgatifs (15 à 50 gram-
mes do sulfate de soude ; calomel. Of^'',iO à 0".00) sont
efficaces contre riu-ticairc d'origine digestive.
V. — CIIIEIV.
I. — ÉRYTHÈME.
Des causes e.rtcrnes, comme les froltements (h'-terminés
par le collier, un bandage de fracture, les liarnais. les
piqûres de puces et de parasites divers, ou des causes
internes comme les aliments, les médicaments, les toxines,
les agents infectieux, ou même des influences nerveuses,
peuv(Mit engendrer des érythèmes en provoijuant des vaso-
dilatations générales ou locales. La principale forme
d'érjtlième du chien est leczéma rubrum (Voy. Eczémas).
Chez les chiens et les chats nouveau-nés, on peut observer
pendant plusieurs jours un éry thème de la région ombili-
cale et de la face interne des cuisses.
Traitement. — Une friction d'huile de cade suivie d'ap-
plicalidii de poudre d'amidon, de lan. etc., estgénéralement
un traitement eflicace.
II. — URTICAIRE.
Étiologie. — On peut voir l'urticaire se produire pen-
dant la période des chaleurs ou succéder au catarrhe de la
vulve (Schindelka) et h l'ingestion de chocolat et de cer-
tains gâteaux.
\j urticaire expérimentale est réalisée chez le cln'en en
insérant dans le derme des tubes capillaires remplis de
CHIEN. — URTICAIRE. 347
diverses substanres ipeptone, pepsine, trypsine, antitoxine
diphtérique, toxine staphvlocoociqiie. etc.) (Tôrôki etPhi-
lippson).
Il est probable que ces substances, circulant dans le sang,
même infiniment diluées, jouent un rùle analogue à la
faveur de troubles nerveux.
L'urticaire résulte aussi de l'irritation et de l'intoxica-
tion déterminée par les piqûres des orties. Les poils urti-
cants qui se détachent très facilement des feuilles d'ortie
irritent les parties dénudées, s'insinuent jusqu'à la base
des poils de Tanimal, et le produit toxique, analogue au
venin des chenilles processionnaires, peut pénétrer dans
l'économie par la peau, les voies digestives et les voies res-
piratoires.
Symptômes. — On voit survenir alors des symptômes
nerveux qui s'ajoutent à la rubéfaction extrêmement
prurigineuse des parties touchées : les animaux se lèchent
ces l'égions avec ardeur, ingèrent le poison, se mettent
à tousser, à saliver, entrent en érection, présentent de
la dyspnée, de l'inflammalion gastro-intestinale, de la
diarrhée, du coma, après cette excitation hyperesthé-
sique accompagnée quelqufois de cris plaintifs et de crises
convulsives [Rohr (1)].
Traitement. — Le camphre, administré à l'intt'rieur, les
lavages de la peau au permanganate de potasse ou à l'al-
cool dilué peuvent produire de bons effets. Il faut éviter de
faire passer les chiens ou les furets dans les lieux où les
orties ont subi des mutilations antérieures (Rohr), car les
nouvelles pousses sont extrêmement riches en toxique.
(1) Rohr, Soc. cenlr., 1900.
CHAPITRK VII
DERMATOSES MICROBIENNES
Les dermatoses microbiennes comprennent :
1" Des infections cutanées d'origine intei'ne comme le
horse-pox, le farcin du cJicval, la clavelée du mouton, la
maladie du jeune âge el certaines tuberculoses cutanées
du cliicn et du chat (Voy. t. VI de la Pathologie interne et
maladies contagienses) ;
2° Des pyodermites ou inflammations aiguës de la peau
déterminées par les microbes habituels de la suppuration
(staphylocoques et streptocoques), comme l'impétigo, le
pempliigiis. l'acné, le furoncle el l'anthrax (Voy. Patho-
logie chirurgicale : Maladies de la peau et des vaisseaux,
p. 100);
3° Des dermatoses spéciales, comme la pyohémie ca-
séuse déterminée par le microbe de Preisz-Guinard et la
nécrobacillose engendrée par le bacille de la nécrose, la
bolryomycose et enfin les papillomcs.
I. — SOLIPÈDES.
I. — IMPÉTIGO.
Définition. — Maladie cutanée, inoculable et auto-ino-
culable, due à des infections locales, superficielles, par des
germes pyogcnes, et caractérisée par de petites pustules
acuminées suiries, rapidement, de la formation de croûtes
jaunâtres ressemblant généralement it du miel, sous lesquelles
SOLIPKDES. — IMPÉTIGO. 349
Vépiderme se reforme et qui guérit sans laisser de cicatrice.
On peut dire que c'est une suppuration implantée sur
une peau saine ou malade. L'impétigo complique toutes
les maladies à prurit qui facilitent Tinserlion épidermique
des germes pj'Ogènos. On le voit s'ajouter à la p/diriasc,
;ï Veczéma. Ses agents provocateurs sont des microorga-
nismes vulgaires {Slaphylococcus pyogenes aureus, Stap/iy-
lococcus pyogenes albiis) et des streptocoques.
Il y a des impétigos ou des lésions secondaires impéti-
ginées streptococciques, un impétigo staphylococcique et
une forme vulgaire dans laquelle les deux germes sont
associés. Ces agents déterminent habituellement une sup-
puration intra-épidermique ; la pustule n'atteint pas la
bas aie.
Parfois la suppuration devient plus profonde, et il se
produit de véritables furoncles, comme on l'observe au
niveau du bord supérieur de l'encolure des solipùdcs.
Quand l'infection s'est établie dans un point, elle s'étend
de proche en proche, ou s'inocule à distance par Irotte-
ment, chez les solipèdes, par l'intermédiaire de la langue
chez les carnivores et les grands ruminants.
Cette inoculation est favorisée par toutes les affections
prurigineuses et toutes les lésions cutanées antérieures.
Étiologie et pathogénie. — L'impétigo est une affection
relativement rare chez les solipi'des; on la voit, quelque-
fois, se greffer sur le pityriasis et Veczéma de la base de
la queue ou de la crinière, de l'encolure ou de la tête,
c'est-à-dire des régions qui sont \e plus souvent le siège
de vives démangeaisons.
Les mercuriaux, les vésicants, les rubéfiants comme la
moutarde, etc., favorisent la pénétration des pyocoques; les
animaux grattent les parties irritées et provoquent des
impétigos (Salenave) (1).
Les frottements déterminés par les harnais, le licol et
(1) Joyeux, Impétigo contagieux chez quinze chevaux {.loiirii. des vél.
iiiilit., 1906, p. iiij).
G.\DÉAc. — Patliologie interne. VIL 20
3o0 DERMATOSES MICROBIENNES.
siiiiolit le collier, peuvent être le point de départ de pla-
ques impétigineuscs, surtout chez les sujets dont la peau
est irrégulière, croùteuse ou squameuse par suite d'eczc-
ma chronique ou de la malpropreté. On voit, dans ces cas.
les objets qui frottent les prcniièros plaques impétigi-
neuscs s'imprégner de produits purulents et inoculer la
maladie en d'autres points du corps. Le surl'aix, le collier
peuvcnl servir ainsi d'instruments inoculaleurs.
La contai/ion, par inoculation, n'est pas indispensable
pour engendrer la maladie. Les écorcliures peuvent assu-
rer l'infection i)ar les microbes qui existent toujours à la
surface de la peau: ralfcclion [»eul se développer sponta-
nément. Les animaux jeunes airectés Aq ijourme ou d'ecze-
ma gourmeu.v et qui olVrent le maximum de ré'ceplivit('-
pour les pyogènes sont les plus exposés à contrailcr l'im-
pétigo. Les streptocoques {/oi<r»ie«j;, apportés par le sang,
[)euvent d'ailleurs déterminer une éruption à caractère
impétigineux. Les animaux très gras y son! très prédis-
p0S(''S.
Symptômes. — On voil ap|»ai-;iitrc des pustules acumi-
n(''cs, groupées sur une surface restreinte: elles sont gri-
sâtres ou jaunâtres, et elles ont les dimensions d'une graine
de chènevis ou d'une [tetite lentille. Elles sont ordinaire-
ment centrées par im poil et entourées d'une aréole con-
gestive. Kecouvertes d'une mince couclie épidermique,
elles se décliirent avec facilité, sponlan(''mcnt ou sous
l'inlluence d'un léger grattage, de sorte que l'éruption est
essentiellement épliémère. L'épiderme, macéré jiar la
sérosité, se plisse, s'aifaisse ; le contenu de cliaque pus-
tule se concrète en une croûte jaunâtre qui devient gri-
sâtre ou brunâtre, par l'adjonetion île poussières des
fourrages.
Les croûtes s'élargissent à mesure que les pustules se
imdiiplient à la périidiérie : elles deviennent épaisses,
inégales, fragiles, se détacbant au moindre frottement
et entraînant des pinceaux de poils. Au-dessous d'elles, on
SOLIPÈDES. IMPÉTIGO. 3 "il
apeiroit une surface humiile. recouverte d'une sécrétion
visqueuse rappelant la coloration du miel, qui se conver-
tit en croiites se desséchant plus ou moins rapidement.
Au bout d'une semaine environ, la sécrétion s'aiTéte, les
croûtes cessent de se reproduii-e, et la surface impétigi-
neuse se recouvre d'un épidémie mince qui se développe
par places pendant que d'autres sont encore légèrement
bourgeonnantes.
La plaque impctiûi rieuse, unique au début, en engendre
quelquefois de nouvelles par le fait du raclage qui facilite
l'infection de la peau dans une "région saine ou préalable-
ment altérée par une affection eczémateuse. On peut i-en-
contrer ainsi, chez le même animal, des foyers d'impétigo
situés au voisinage des premiers ou dans une région plus
ou moins éloignée et parvenus à des périodes diverses de
leur évolution.
Pronostic. — Affection bénigne à évolution rapide et
qui guérit sans difficulté.
Diagnostic. — • On a quelquefois de la peine à distin-
guer Veczéma de Yimpétigo. Les lésions eczémateuses
deviennent facilement impétigineuses à la suite de grat-
tages et d'inoculations. L'eczéma est plus disséminé, plus
lent dans sa marche, plus mobile dans ses manifestations,
et ne s'accompagne pas de celte suppuration jaunùtre
caractéristii|ue.
Traitement. — On oljtient la guérison de l'impétigo
par l'emploi successif des pansements émollients ^cata-
plasmes divers), des calmants et des antiseptiques (pom-
made boriquée, pommade au calomel, pommade au pré-
cipité jaune ., pommade à la résorcine. (Juand les régions
malades s'y prêtent, les pansements antiseptiques sont
d'une grande efficacité pour empêcher la repullulation
des pustules d'impétigo. Les poudi*es d'amidon, de tan,
du sous-nitrate de bismuth achèvent la guérison.
3ri2 DEMMATOSES MICKUltlENNES.
11. — PEMPHIGUS-
Définition. — C'est une iiillainmalion cutanée aigiie.
réeiilivanle. dont limage cliniiiiie est analogue aux niani-
l'estations huileuses déterniiuées \>;iv Veau himillanle et
les vésicants.
Le pemphigus n'est iiroiiahlciueut ([u'uu simiile impér
tigo huileux: il représente eu etVel une sorte d'éruption et
non une maladie spéciale.
Signalé par Demoussy. Laiosse. H. Boulej, Barnilc et
Gutzcil chez le chcvuL par Dagès chez le mulet, par
Cadéac chez Vûue, le pemphigns résulte d'une infection
microhicune de la peau.
Symptômes. — Le premier symiitùme consiste dans
l'apparition de grosses phlvctènes vers les lomhcs. la
croupe, les i'esses et rarement à la face interne on post(''-
rieure des cuisses et quelquefois sur tout le corps (Graf-
funder). L'éi)iderme. soulevé par une sérosité limpide,
incolore ou oj)aline. fait hérisser le poil sur la tuméfaction
huileuse. Le li(pude ne tarde pas à s'écouler, l'ampoule
s'affaisse. réi)iderme se détache avec les poils. On aperçoit
une surface excoriée, unie, sccrétaul uu liipiide peu abon-
dant, qui s'épaissit rapidement et forme ime croûte qui
ne larde jias à tomher. laissant, pendant une longue durée,
la peau polie, luisante connue celle d'un cràuc humain
atteint de calvitie.
L'éruption huileuse est réduite à un ou plusieurs foyers
de forme ronde ou ovoïde ; chaque exanthème mesure de
5 à 12 centimètres de circonférence. Exceptionnellement,
la maladie est réduite à une seule huile; le plus souvent,
on en constate dç W à ."^i, rarement davantage, sur le même
animal.
Presque tcjujours. les bulles apparaissent suciessiveiueut
de telle sorte ipie, chez le mênu' sujet, on eu rencontre à
diverses périodes de leur évolution.
Deux ou trois joui's suflisent pour voir rani[)0ule naître
SOLIPÈDES. PYOHKMIE CASÉEUSE. 3d3
et s'étemlro: la desquamation qui lui succède est un peu
plus lente, et lespèce dalopécie dont elle est suivie ne
dure pas moins de trois à cinq semaines: l'irritation
locale est souvent entretenue par des grattages.
Traitement. — Les injections de sérum artificiel, les
purgatifs permettent de lutter contre l'infection générale;
les lavages à Taide de solutions de créoline. d"eau oxygé-
née, d'eau iodée combattent les infections externes. Les
pansements humides ou gras (pommade à l'oxyde de
zinc, etc.) calment l'irritation locale et le prurit.
III. — PYOHÉMIE CASÉEUSE.
Définition. — Nous désignons ainsi une affection micro-
bienne, inoculable, essentiellement suppurative. caractéri-
sée par la production d'abcès multiples de la peau etdutissu
■'ils
r%.
l'ig. 71. — Bncille de la lymphadénie ou pyohémie caséeuse.
conjonctif sous-cutané, de lymphangites {hjmphanfiUe ulcé-
reuse] et suivie ou non de métastases suppura tives internes.
20.
334 DERMATOSES MICHOHIENNES.
Microbe pathogène. — L"oxamen microscopir|no de ce
pus et les ciill lires meltent en évidence un bacille extrê-
mement polymorphe, parfois mince et assez long, en
articles séparés ou épais, courts, trapus, coccil'ornies,
ovoïdesou pirilormes, plus ou moinsgranuleux, disposés en
petits amas enchevêtrés, (lilTiciles ;"\ dissocier. Toutes ses
variétés iixentleGramou le(iram-Nicolle. lathionine phéni-
quée, le violet degentianc(l), d'une manière intense, toutes
cultivent, à la température de la chambre, à la surface des
milieux liquides, en voile épais et en grains isolés dans la
profondeur, et elles forment des colonies plus ou moins
arrondies, parfois dentelées, difficiles à dissocier sur les
milieux solides. Os microbes sont uniquement des pvogènes.
très répandus, au dehors, dans les poussières, les boues, les
fumiers, les cours des fermes, où ils vivent à l'état sapro-
phytique ; on les trouve normalement dans le tube digestif
du mouton et dans le produit caséoux (2) des écliiuocoques
dégénérés, où ils ont été transportés par les embryons de
ces parasites (Noack) ; iisne déterminent que des maladies
locales à accidents multiples et variés, quand ils réussissent
à s'implanter siu- une espèce aniuuile.
l/intoxication est presque nulle : l'animal porteur de
nombreux abcès paraît peu malade : il est miné par la
snppuration; il n'est pas intoxi(iué. Dans les milieux
liquides, comme le bouillon de peptone à "2 p. 100. ce
microbe sécrète, en cinq à six joiu's, une toxine extrê-
mement active. Ses effets sur les animaux ne rappellent
en rien les accidents que détermine le microbe dans les
infections spontanées. La toxine provoque des lésions
congestives intenses et tue en quelques heures le mouton.
la clii'vrc: elle détermini^ un (rdème local étendu, chaud
(1) Jeiiscn, /riisr/tr. fi'ir /•'/oisr/i uni/ Milfltliijdivno, Bel. VU, IS96, p. 0.
— Liimlgren, /pllsrlirifl fi'tr T/ticriiirtliriii, Bd. Il, ISÏIS, p. 401. — Herg-
iiiann, Jbiil., iUl. V, l'jul. p. l'Sl, :!:!(). — Les liacillcs colorés avec le
bleu de Loeffler i)arnisseiU plus fins et resseiiililent au liacillt' iliphli''iii(ue
(Liveri).
(L') Carré, La siippiiralion casécuso [lli'vuo (/i'nér.. 1910'.
SOLIPÈDES. — PYOHÉMIE CASEEUSE. 355
et sensible chez le clievul et les hoviclés, et ne détermine
aucun trouble chez le chirii et le chat (Cari'é et Bigoteau .
Son action peut èlre rapprochée de celle de la diphtérie
humaine Dassonville). 100 centimètres cubes de cette
toxine peuvent tuer un poulnin de deux ans (Basset).
Mais ce nest pas à elle qu'on peut imputer les cai'actères
essentiels, ni même accessoires, de cette pyohémie micro-
bienne. Les animaux infectés ne présentent pas les
troubles déterminés par la toxine des bouillons de culture.
De plus, les moutons, solidement immunisés contre la
toxine, sont sans défense contre le microbe. Ce saprophyte
ne devient donc pas pathogène en sécrétant dans l'orga-
nisme la toxine qu'il élabore dans les bouillons de cultui'es(l .
Dans aucun cas. ni chez aucune espèce animale, nous ne
constatons la preuve de cette élaboration et les elfets de
cette intoxication spontanée.
Le microbe est, à notre avis, le principal élément pntho-
gène de la maladie. Il jouit de propriétés plus ou moins
infectieuses suivant l'espèce animale. Unie voit s'acclimater
chez le clieval et produire des affections connues sous le
nom d'acHé contagieuse ou de lymphangite ulcéreuse à
forme plus ou moins envahissante, s'implanter sur la peau
des jeunes bovidés et du porc et y déterminer des abcès
multiples, des bronchopneumonies chroniques et acquérir,
chez le mouton, toute sa virulence et toute son activité
infectieuse et toxique pour y réaliser la. pyohémie canéeuse
complète à localisations ganglionnaire et viscérale. Difïicile
à identifier sous ces diverses livrées, on lui a donné des
(1) Le sérum antidiphtérique modifie les propriétés île la toxine du bacille
de Preisz-Guinard; il paralyse son action et en retarde les effets, parfois dune
faoon indéfinie.
La toxine du bacille de Preisz-Guinard jouit de propriétés qui la font classer
à coté de la toxine diphtérique. Elle ne s'identifie pas avec cette dernière. .Mais
on ne sait pas, jusqu'à présent, s"il s'agit de deux espèces toxiques distinctes
ou de deux variétés d'une même espèce.
C'est de là qu'est née l'idée de combattre par le sérum antidiphtérique les
affections caséeuses du mouton, l'acné contagieuse ou la lymphangite ulcé-
reuse (Vallée), la lung-disease (iSocard).
350 DKRMATOSES MICROBIENNES.
noms variés: c'est Vacnc bacillns de flrawilz el Diecker-
lioff (1885). le microbe de la pseudo-tuberculose de Preisz el
Guinanl (1891), le microbe de la h/mphawjite ulcéreuse de
iNocard (189G), puis le microbe do i'reisz et Nocard, le
microbe des abcès iiiiilliples dos grands ruininants. de la
bronchopneumonie des bovins do Kilt, de h\ lung-disease du
venu de Nocard, de la bronchopneumonie du mouton
(Sivori). de l'adônie caséoiisc de Cherry et lîulj. do l'acné
conlagieusc des soli/ii'dr^.
C'est lo mémo agent cpii réalise ces infections qui, sous
leurs multiples aspects, consorvout un caractère permanent
de parenté; c'est la suppuration et la tendance à la caséi-
fication du pus formé.
Acné contagieuse des solipèdes.
\j'aenf conldgieuse des soJipi-dcs, connue sous les noms
de deniialllr jnistuleusc ronlafjieusc canadienne, do variole
anglaise, do ruriole cantulienne ou de li/rnpliangite ulcé-
reuse, est caractérisée par des adénites, des cordes lympha-
tiques, des engorgements, dos boutons, des ulcères, une
suppuration chronique. Cotte maladie évolue, générale-
ment, sans retentissement siu" l'état général de l'organisme,
mais elle peut se compliquer d'abcès viscéraiix internes
dos divers oigaues, comuK» chez les autres animaux.
Historique. — Signalée on 18i::2 par (!oux, elle est
retrouvée en ■187(1 par Hassi chez dos (■/ic\;in\ provonaul
du Canada. .\xe (1879) lui donne lo nom de deimatite
pustuleuse contagieuse canadienne; Schindelka (1883) dé-
couvre sa nature miorobionno; Siedamgrotzky (1884 . son
inoculabilité ; (irawitzot DiockerholV (I88.j) font connaître
son étiologio et sa patliogénie. Les observations de Trasbot
et Nocard 189(1-1897 ont démontré sa fréquence; elles
ont fait connaître quelques-unes do ses localisations,
notamment celle dosoxtrémités; maisNocard ainutilemont
complirpié l'étude do cetlo maladie en l'appelant h/mplian-
SOLIPÈDËS. — l'YOlIEMIE CASEEUSE. 357
ijile ulcéreuse et en laissant croire, bien à tort, qifil s'agit
là d'une forme distincte, sinon par sa cause, du moins
par son évolution. Or Vaciié contagieuse et la lymphangite
ulcéreuse ne sont qu'une seule et même maladie, car elles
sont dutorminées par le même microbe et ont une pbvsio-
noniie clinique identique.
Étiologie et pathogénie. — Les inoculations sous la peau
du pus dos abcès ou des ulcères sont pathogènes pour le
rhfvnl, le mulet, le lapin, le cohayc. Elles détei'minent
fhez les t^olipcdes un abcès qui s'ouvre en six à dix jours,
donne du pus épais, grumeleux, et se cicatrise; chez le
cohavf, un abcès à évolution rapide et une orchite avec
vaginalite intense et parfois des abcès caséeux enkj-stés
dans la rate, quand le microbe est introduit dans le péritoine.
Chez le lapin, l'inoculation sous-cutanée provoque de la
rougeur, de l'œdème: l'injection veineuse, un amaigrisse-
ment progi'essif; l'injection péritonéale, un abcès enkysté.
Les frictions douces exercées sur la peau desquamée et
même intacte avec une culture incorporée dans un peu de
lanoline sont suivies de l'apparition de pustules au bout de
quatre jours ;Xocard;.
La poule et le pigeon sont réfractaires.
L'infection spontanée résulte d'une inoculation acciden-
telle. Le saprophyte peut s'introduire, accidentellement, au
niveau d'une plaie des extrémités, d'une crevasse, du pli
du paturon ou du jarret, de la plaie d'un séton, d'une chute
de peau déterminée [tar la cautérisation ignée (Dassonville).
La maladie se transmet par tous les contacts directs ou
indirects que les animaux ont entre eux : harnais, selles,
colliers, sangles, couvertures, etc., qui passent des sujets
malades aux sujets sains. Les instruments de pansage, et
particulièrement la brosse et l'étrille, dont l'emploi exige
un contact plus intime avec la peau, sont fréquemment
des agents de la contagion. Les conditions favorables à la
contagion se résument dans toutes les circonstances qui
facilitent le transport des croûtes ou du pus des sujets
358 DERMATOSKS MICIi0131KN.\ES.
malades sur la pcaulrrilco, exrol'icc, déchii-éoouenllaniiiit'e
des sujets sains. On s'explique ainsi la localisation Iréqucnte
de cette maladie aux parties du téijumentqui sont directe-
ment en contact avec les harnais, telles que le garrot, le
dos, les eûtes, quelquclois les épaules, le poitrail ou les
extrémités, si souvent blessées. La maladie se propage
rapidement et l'acilement des (.■/je\'ini.\ malades iiuxrJievuux
sains: quelques jours suffisent pour<|ije les animaux soient
infectés: mais il n'est pas rare de voir des uialailes vivi'c
longtemps dans des éenries nombreuses sans infecter leurs
voisins.
Symptômes. — Les extrémités ou les surfaces recou-
vertes par la selle, les harnais et la bride sont le siège
de lymphangites caractérisées par un]engorgement, des
boutons, des ulcères, des adénites simides ou suppurées.
L'engorgemcnl est chaud, sensible, douloureux, accom-
pagné du hérissement des poils et de boileric quand il
siège au niveau d'une extrémité. L'œdème se résorbe
bientôt; mais les poils demeurent réunis en jtinceaux. A la
base de chaque paquet de poils, on sent, dès le lendemain,
de petits ljout<))is bien circonscrits, ronds ou ovales, de la
grosseur d'une leulille, d'un pois ou d'une petite noix,
analogues à des furoncles : ils ont quelquefois le volume
du poing el sont isolés ou réunis. Ces boutons sont des
foyers inflammatoires peu sensibles et peu douloureux,
durs, semés à la surface du tégument en nombre variable:
les foyers les plus petits présenteni d'un à trois boutons;
on en constate une vingtaine dans les plus étendus. Ils
évoluent lentement, deviennent saillants, se ramollissent
et s'ouvrent.
Les ulcères ijui succèdent à leiu" ouverture sont lantùl
superliciels, tantôt profonds ; les [iremiers conslittu'nt une
sorte d'excavation circulaire creusée dans réi)aisseur du
dernne, comblée tout d'abord par une croûte très épaisse
au centre, remplacée à son toiu" par une cicatrice ronde,
dépourvue de jioils et de pigment. Les seconds atteignent
SOLIPÈDES. PYOHÉMIE CASÉEUSE. 359
le tissu conjonctif sous-cutané; ils sont arrondis et iri'é-
guliers, du diamètre d'une pièce d'un franc ou davantage ;
leur centre est purulent ; leurs bords indurés, couverts de
bourgeons charnus, saignants ; ils ressemblent à des fu-
roncles et sécrètent un pus filant, jaunâtre, strié de
semg; mais ils se cicatrisent facilement.
Les lymphatiques, infectés d'emblée ou par résorption
du pus des ulcères, s'enflamment dans toutes les régions
contaminées, et l'on voit apparaître des cordes lymphatiques
sinueuses et saillantes, qui se ramollissent sur leur trajet et
transportent quelquefois, jusqu'aux ganglions, les germes
de la suppuration ; le ramollissement ganglionnaire est or-
dinairement bénin et peu appréciable.
Marche. — L'évolution de la maladie est lente, chro-
nique, limitée à un membre ou à une région et s"étendant
progressivement par la voie lymphatique et par auto-
inoculation. Les boutons et les ulcères deviennent con-
fluents quand on ne s'oppose pas à leur extension. Cette
maladie a souvent une allure bénigne etguérit en quelques
semaines si la région malade est protégée contre toute
irritation; elle persiste des mois ou même des années
quand le pus stagne à la surface de la peau excoriée et
engendre de nouvelles colonies de foyers purulents. La
région enflammée est alors le siège permanent de boutons
et d'idcères qui naissent pendant que d'autres sont en voie
de cicatrisation.
Des infections secondaii'es déterminées par tous les
microbes de la suppuration ou les microbes septiques
peuvent se produire; le microbe de la pyohémie caséeuse
peut se généraliser et entraîner la mort par épuisement
en cinq ou six semaines ; il peut déterminer des abcès se-
condaires dans le rein et le tissu conjonctif périrénal ou
dans d'autres organes.
Cette terminaison est exceptionnelle ; les foyers de
suppuration demeurent généralement superficiels, inter-
mittents, plus fréquents pendant l'hiver, sans retentis-
3Ô0 DERMATOSES MICROHIENNES.
soiiient sin- l'ôlal général ; ils n'empéclienl inêmo |ias
i'utilisalion des animaux. La guérison est presque toujours
l'acile à obtenir.
Lésions. — Les loyers purulents, les ulcères et les
lymphangites ne sont pasles seules lésions de cette maladie.
L'agent pathogène peut envahir les vaisseaux lympha-
ti(pies intermusculaires, les ganglions des diverses régions
et dcterniiner des abcès de la mamelle, du tlanc, de la
région pelvienne, lombaire, périrénale; quelquefois même,
les reins sont farcis d'abcès, et le poumon présente des
fo3'ers de bronchopneumonie de même origine.
Diagnostic. — Le horsepox s'en distingue par la dissé-
mination et la rapidité d'évolution des pustules, qui
n'engendrent jamais des ulcères persistants. L'acné conta-
gieuse a des analogies avec le farcln, quand elle siège au
niveau des extrémités et est caractérisée par des ulcères
et des cordes lymphatiques; mais elle demeure toujours
facilement curable; le pus sécrété par les ulcères est
jaunâtre; il est huileux dans le farci n ; les ulcères sont
rebelles à la cicatrisation, el linjeclion de malléine ne
provoque] aucune réaction, ni dans l'acné contagieuse, ni
même dans la lymphangite ulcéreuse épizootiquc.
Ladormite pustuleuse et la pycmie produites par les.V/-
crococcus tetrar/cnes ont beaucoup d'analogie avec l'acné
contagieuse et avec le farcin [.Mongrell (1)].
V cchauboulure s'en dill'érencie par la disparition rajiide
de ses boutons sans suppuration.
Traitement. — La désinfection complète des ulcères,
des plaies, l'ouverture des abcès assurent la guérison rapide
des malades. La solution de sublimé corrosif, l'-eau
oxygénée, l'eau iodée sont les agents antiseptiques qui
conviennent le mieux pour détruire les microbes infectieux.
Il faut éviter de les ensemencer dans le voisinage ; les
régions malades ne doivent être ni pansées, ni j)rolégées
(') .M:rgrcll, Annales de inéd. vit. 1913,
SOLIPÈDES. NÉCROBACILLOSE. 361
par des couvertures; mais on peut y appliquer un panse-
ment occlusif pour hâter la guérison en prévenant les
infections secondaires. Les malades doivent être isolés,
pourvus de harnais et d'instruments de pansage spéciaux,
afin de ne pas contaminer les animaux sains. Il faut dcsin-
fecter aussi les écuries, les râteliers, les mangeoires, les
seaux, les objets de pansage, sangles, couvertures, selle, et
tout ce qui a servi aux animaux malades. Il faut tout laver,
tout nettoyer à l'eau bouillante, puis à l'eau phéniquée, et
de préférence avec une solution de sublimé corrosif; pour
compléter cette désinfection, on peut blanchir les murs à
la chaux.
IV. — NÉCROBACILLOSE.
Définition. — On désigne ainsi l'ensemble des altéra-
ration cutanées et muqueuses déterminées par le bacille
de la nécrose. Son action est caractérisée, chez tous les
animaux, par la production de lésions diphtéroïdes ou de
fausses membranes sur toutes les muqueuses, par des
abcès à tendance persistante et par la nécrose des tissus
envahis (peau, cartilages, tendons, ligaments, pou-
mons, etc.).
Ce microbe, connu sous le nom de bacille de Bang, de
Bacillus necrophorus, est essentiellement un agent d'in-
fection secondaire (Voy. Stomatite ulcéreuse, t. I, p. 36);
mais il est susceptible de déterminer chez le bœuf, le
mouton, le chien et le lapin des infections spéciales
à caractère épidémique. Il n'est d'ailleurs pas inutile
d'indiquer, dans chaque espèce, les divers processus qui
sont compliqués d'infections par le bacille de la
nécrose (1).
Étiologie. — La nécrobacillose ne constitue pas une
entité morbide chez les solipèdes; mais elle complique les
gangrènes cutanées de l'extrémité des membres, le javart
(1) Cuillé, Revue gén. de méd. vct., 1905, f. 1, p. 457.
Cadéac. — Pathologie interne. VII. 21
362
DERMATOSES MICUOIUENXES
cartilagineux, le rrupaurl, les fojers de suppuration ou
de gangrène chronique, comme le mal de garrot,
d'encolure ou de nuque.
1^0 bacille de la nécrose peut s'implanter sur la muciueuso
digestive; il se développe dans les exsudais muco-meni-
brancux du caecum, du gros intestin (Jensen, Ernsl) et
dans les foyers de suppuration et de gangrène du poumon
(Nielsen, Mac Fadvean).
Traitement. — Les agents désinfectants qui préviennent
l'invasion des microbes de la suppiu-alion et les pansements
protecteurs empêchent facilc-
ment son implantation au
niveau des plaies.
V.
BOTRYOMYCOSE d).
I.a holrvomycose est une
lésion intlammatoire parasi-
taire du derme cutané et de
ses couches hypodermiques,
qu'on a allribuée sucfcessive-
nicnt aux spores d'un cham-
pignon réuni en amas mûri-
formes {Botryomyces equi). au
Slaphylococcas aiirens, puis à
une amibe (Lctulle). Ce parasite, Amœba Letullci, a de 30 à
60 [j.; il présenté diverses formes (fig. 72); mais son existence
chez Vlioinmr et chez les animaux n'est pas définitivement
établie (Voy. Patholoijie chirurgicale : Maladies de la
peau).
Fig. 'i. — .{iiuebn LetiiUei.
.1. amibe ; I., leucocytes, d'aprè:
Letulle.
M) Poncet et Dor, La bolryomycose (Arch. yen. de inêd.. 1900, p. U'9 e
271). — Bail, .\rcli. gén. de rtiéd., 1904, p. lOiM. — Chaussé, Bull, elmém.
de la Soc. annf., 190.5. — l.elulle, Jourii. df jilnjx. et de patli. gén..
15 mars 1908, p. i'.">(i.
BOVIDÉS. IMPÉTIGO. 363
VI- — PAPILLOMES.
Les papillomes ou verrues ont une origine infectieuse et
constituent une maladie inoculable susceptible de se gé-
néraliser (Voy. Pathologie chirurgicale, : Maladies de l;i
peau et des vaisseaux) . Ces excroissances papillaires et hy per-
kératosiques ont été attribuées au Bacillus Porri; mais
l'action pathogène de ce microbe n"a pas été démontrée.
II.— BOVIDÉS.
I. — IMPÉTIGO-
Définition. — L'impétigo du bœut^ ou j^orrigo (Lafosse)
est une maladie contagieuse, caractérisée par la formation
de petites pustules qui se déchirent rapidement sous Vin-
fluence des frottements ou sous l'action de la langue très
rugueuse des bovins.
Ces pustules, plus ou moins volumineuses, laissent
alors écouler un liquide jaunâtre purulent.
Étiologie. — L'impétigo se développe, chez les ani-
maux (le travail, pendant l'hiver; la malpropreté des
étables et des animaux, pendant cette saison, favorise
son apparition. Mais la cause primordiale réside dans
l'implantation de microorganismes pyogènes à la surface
de la peau. La maladie se transmet facilement entre ani-
maux de même espèce.
Symptômes. — Cette affection, localisée à la base do
la queue, à la nuque, au fanon, est caractérisée au début
par une inflammation très intense: la peau est tuméfiée,
chaude, douloureuse au toucher, principalement à la base
de la queue, à la nuque, au front, au garrot, où l'affection
se développe presque exclusivement.
Bientôt, un suintement jaunâtre, séreux, se produit; les
poils se réunissent en pinceaux et laissent apercevoir,
dans les intervalles, la surface de la peau dépouillée de
364 DERMATOSES MICROBIENNES.
ropiilorine et devenue rouge et humide. On aperçoit
aussi de petites vésicules à la périphérie de la surface
enflammée; mais elles sont déchirées par le frottement
(\m résulte du prurit déterminé par l'inflammation. Les
animaux se frottent avec les pieds, avec la langue et
contre tous les corjts durs. Consécutivement, les poils
tombent, la surface se dénude, le suintement revêt un
caractère sanguinolent ou purulent ; il s'étend sur le
tégument, s'écoule sur les parties saines, où il sème la
contagion et fait développer une affection identique.
Au centre, le suintement se dessèche et se convertit en
croûtes, brunâtres ou grisâtres, toujours fendillées de
manière à livrer passage au pus formé au-dessous. Du
reste, les croûtes sont rapidement enlevées par les
grattages, et la surface malade est transformée, à
chaque instant, en plaie saignante, qui bourgeonne irré-
gulièi'ement en certains points et s'ulcère dans d'autres.
Uuelquefois, l'infection microbienne devient plus pro-
fonde et plus compliquée; il se produit des abcès sous-
cutanés aboutissant à la nécrose de quelques points de la
peau par implantation du bacille de Bang. Quand le mal
siège à la (]uoue, la suppuration est favorisée par les
frottements, et il se produit des complications : la queue
devient insensible, se mortilie, se détache; on observe
quelquefois la perte des oreilles, des paupières et des
yeux, (fuand la maladie envahit la tête.
Traitement. — Il faut entretenir la propreté de la ré-
gion malade, opérer la désinfection par des lavages à
l'eau pliéniquéo, au sublimé, à la liqueur de Van
Swieten. On doit toujours couper les poils, bien ras, afin
de prévenir l'accumulation des produits du suintement à
la surface du tégument. On a ensuite recours, avec le plus
gi'and succès, à la pommade au caloinel, dont les appli-
cations ne doivent pas être trop souvent renouvelées,
afin d'éviter l'intoxication mercurielle. On peut remplacer
ces médicaments par des pommades antiseptiques, astrin-
BOVIDÉS. — PEMPHIGUS. 365
gentes, au sulfate de zinc, etc. On peut utiliser avec profit
les médicaments pyrogénés, tels que le goudron ; on peut
employer aussi l'huile de cade ; mais les meilleurs anti-
septiques sont les plus recommandables.
Quand l'infection est déjà ancienne et que le tégu-
ment s'est ulcéré, on conseille la cautérisation des ulcères
avec l'eau mercurielle, l'acide arsénieux, le nitrate d'ar-
gent, mais, ordinairement, on obtient la guérison par le
secours exclusif des pommades et des lotions antisep-
tiques.
Quand le suintement est si intense qu'il irrite les sur-
faces du tégument avec lesquelles il est mis en contact,
on saupoudre la surface enflammée avec la poudre de
tan, de chlorure de chaux ou d'amidon. Il faut ouvrir
les abcès qui se sont produits, désinfecter la région suin-
tante et empêcher, autant que possible, les animaux de se
frotter.
II. — PEMPHIGUS. -
Le pemphigus des bovidés peut revêtir la forme enzoo-
tique (Loiset); les vaches parturientes qui en sont efîectées
peuvent le transmettre au porc (Winkler) ou même à
Vliomme (Ballart); mais, habituellement, on ne constate
que des cas isolés (Lucet).
La maladie est caractérisée par une éruption huileuse
des régions des lombes, de la croupe, des fesses, du
périnée, de la face interne des cuisses ou des mamelles et
des trayons. Ces nodosités saillantes, à bords nets, dépilés,
bleuàti'es, douloureuses, peuvent atteindre les dimensions
d'une pièce de 5 francs; elles renferment une sérosité
citrine et guérissent plus ou moins rapidement.
Traitement. — Les antiseptiques et les poudres sicca-
tives sont rapidement efficaces.
366 ItKHMATOSES MlcnOBIENNES.
III. - PYOHÉMIE CASÉEUSE.
Définition. — La pjoliéniie cusoousedesu'iullcs est une
affection caracléi'isée par l'apparilion successive de foyers
(le suppuralion variant du volume d'un pois à celui d'un
(i'urdc/>o///rilans lesdiverscs régions du corps et analogues
il la dermite [lusluleuse eonlagieuse du cheval [Barbe (1),
Bitard (2), Besnoit (3), Liénaux (4), Leblanc (3)].
Elle peut affecter aussi le ioie, le poumon sous formé de
broncbopneumonie casceusc des adultes (Kitt), mais princi-
palement des jeunes atteints, à leur naissance, d'infection
ombilicale seplico-pyobémique, connue sous le nom de
diarrliée des veaux d'Irlande.
L'agent pathogène du poumon comme de la peau est le
microbe de la suppuralion caséeuse. L'inoculation au bœuf
de l'acné contagieuse du cheval reproduit cette maladie
(Grawitz et Dieckerboff). Quand le microbe s'est implanté
dans un point du tégument, il se produit, sous rintluence
des frottements et des effractions cutanées, des séries d'auto-
inoculations successives; mais le microbe est moins en-
vahissant que chez le cheval et le mouton; la maladie
respeclelesganglionset nese propage au foie et au [)Oumon
que chez les jeunes, (piand Finfection s'est effectuée par la
plaie ombilicale.
L'évolution cutanée et l'évolution pulmonaire consti-
tuent pour ainsi dire deux maladies distinctes, quoiqu'elles
soient produites par la même cause.
La FORME cur.wKE, analogue à la furonculose i)ar ses
poussées siiccessives, à Vacné contagieuse par sa nature,
affecte tantôt un type discret, tantôt un type coniluent et
(1) Barbe, Itcrueil de jiu'd. vét., 30 mars d896.
(2) Bitard, Progrès vét., 1902, p. 1; Affection pyohémiqiie de la région
parotidienne et cervicale chez le bmif.
(3) Besnoit, /ievue vrt., I00.\
(4) Liénaux, Annales de méd. vét., 1002.
(t)) Leblanc, Comnmnicalion int'dite.
BOVIDÉS. — NKCRÛBACILLOSE. 367
généralisé (Voj. Maladies de la [teaii et des vaisseaux,
in Pathologie chirurgicale).
Traitement. — Les moyens prophylactiques qui réalisent
l'antisepsie de l'extn'mité du cordon ombilical et pré-
viennent son inlection empêchent l'animal de contracter
la bronchopneumonie caséeuse et la septicémie des nou-
veau-nés. La propreté de la litière et son renouvellement
fréquent, les pansages des animaux préviennent les infec-
tions cutanées.
Les moyens curatifs s'adressent exclusivement aux acci-
dents cutanés: favoriser la maturation des abcès àl'aidedes
frictions vésicantes, és'acuer le pus par des ponctions et des
débridements, désinfecter les cavités purulentes pour tarir
la sourcede la suppuration, opérer la désinfection de toutes
les parties (piiont été en contact avec le pus à l'aide de la
solution phéniquée, crésvlée, iodée, etc., atln de prévenir
les aulo-inoculations.
IV. — NÉCROBACILLOSE-
Chez les bovidés, le bacille delà nécrose devient l'agent
essentiel de la nécrose de la bouche, du pharynx, de la
panse et des exsudais diphtériques de l'intestin: il peut
compliquer la plupart des maladies du tube digestif
(Voy. Pathologie interne, t. Ij.
Les stomatites pseudo-aphteuses sont aggravées ou
déterminées par cet agent (Vigadi).
L'appareil de la reproduction des femelles (vagin, utérus)
présente, quebpiefois, des pseudo-membranes et des
ulcères dus à ce bacille ; il n'est pas rare de voir ces mani-
festations s'associer à des altérations analogues de la
muqueuse buccale (EUinger). On le voit compliquer la
pyosepticémie des nouveau-nés et revendiquer les foyers
de nécrose du poumon, du foie, du cœur; il semble même
capable de déterminer des infections digeslives, mammaires,
pulmonaires et hépatiques, primitives à formes endémique
368 DKllMATOSES MICItniilKNNKS.
clanslesgrandescx|tloitations[Miossnor (1). Micssnercl liar
tels (2)]. Il (It'lerinino oncore plus commiint-mont la gan-
grène des trajons, la nécrose enzootique de la queue
(Voy. Maladie de la poau et du tissuconjonctif, in Pathologie
chirurgicale), de la région périnéale et oxceptionm-lleinonl
de l'anus, do la quouo et des oreilles (Elmassian et
Ulizar).
III. — MOITO.X.
I. — ACNÉ.
Étiologie. — Linllammation dos glandes el dos rolliculos
pilo-sébaoés n'-sulle de toutes les causes susceptibles do
troubler l'ôvolulion ôpidcrmique. d'irrilor le tégument el
de déterminci' on do ]ii'éparor une inlootion secondaire.
C'est ainsi que les pluies continuelles amènent l'acné en
ramollissant l'épidorme, qui ne s'oppose plus à l'entrée des
microbes dans les follicules pilo-sébaoés ; les moutons
beaucerons (mérinos-beaucerons à toison légèrement
ouverte) qui passent la nuit au parc à l'arrière-saison sont
frappés chaque année en nombre variable.
Les éraillures provoquées par la tondeuse, liriilalion
occasionnée par les maladies parasitaires (gale psoroptique
et gale sarcopliquo) roprésonlent los principales causes de
cette inflammation, qui est généi-alomont de nature staphy-
lococcifpie.
Symptômes. — Dos boulons pou douloureux constitués
par dos [)ustulos suporHoiollos ou profondes, des pa|)ulo-
pustules folliculaires do volume variable, atteignant sou-
vent les dimensions d'une noisette, caractc-risenl ces infoi-
tions locales.
L'évolution de cette éruption s'elTectue presque sans
rougeur péri|diéri(pie. sans jinn-it ni douloui' aitpréciablo.
(1) Miessner, Nécrobacillose épidémique des l>ovidés (HrviiP géit-, 1901,
t. Il, p. 699).
(2) .Miessner et Bartels, idem, 19 H, p. 70.
MOLTON. ECTHYMA CONTAGIEUX DES LÈVRES. 369
Les boutons dacné situés principalement sur les parties
latérales de la poitrine, aux flancs, à l'aine, sont géné-
ralement peu nombreux: ils sont remplis de produits
graisseux, sébacés, mais ils peuvent s'abcéder, présentai
un aspect furonculeux [Tetz (1905)], engendrer des croûtes
et des cicatrices; ils guérissent toujours sans difficulté.
Traitement. — Le savonnage de la peau, les lotions
soufrées et la ponction au bistouri des abcès folliculaires,
ou des furoncles, et les lavages avec une solution crésylée
assurent une prompte guérison.
II. — ECTHYMA CONTAGIEUX DES LÈVRES-
Sous le nom d'affection ulcéro-végétante, de papillomcs
infectieux des lèvres des agneaux [Mégnin (1) et Boulier].
d'impétigo labialis [Peter (2)j ou (ïecthyma contagieux, de
chancre, de becqueriau, on décrit une affection ulcéreuse
des lèvres qui devient plus ou moins rapidement végétante
et papillomateuse. mais qui demblée ressemble beaucoup,
à la stomatite pseudo-aphteuse.
Étiologie. — Cette affection ne s'attaque pas exclusive-
ment aux agneatix; les adultes peuvent être également
frappés ; mais elle commence toujours par les agneaux :
elle sévit exclusivement pendant la saison d'été, de juin à
octobre. On l'attribye à l'action traumatique des chaumes
de blé ou d'avoine; mais elle frappe également les ani-
maux qui demeurent à la bergerie.
La transmission ne fait aucun doute; elle se propage
par contact direct et par inoculation non seulement au
mouton, mais encore à la chèvre (Moussu).
On ignore la nature de l'agent causal; Mégnin l'attribue
à des sarcosporidies; le parasite qu'il y a découvert res-
semble beaucoup aux coccidies trouvées dans les diverses
néoplasies.
(I) Mégnin et Boulier, Soc. de Mol., 1895.
{i) Berliner thierdrsl. Wockenschr., 1399.
21.
370 DERMATOSES MICROBIENNES.
Symptômes. — Cette maladie débute par lappaiition
sur le bord des lèvres de pustules ou de petites vésicules
remplies de li(iuide clair, auxquelles succède bienlùl une
érosion d'un rouge vif, de la dimension d'une leidilîe et
saignant facilemenl.
Celte érosion augmente progressivement et représente
absolument une sorte de brûlure; elle est recouverte d'une
séci'élion jaune clair qui forme une croûte brun jaunâtre
ou jaune grisâtre, épaisse, dure, non suintante. Sous Tin-
Vi^. 7-î. — Ecthyiiia des lèvres et de la paupière du iiioiitoii.
fluence de l'irritation déterminée par les aliments, l'ulcère
saigne, suppure et végète (fig. 73).
On voit apparaître vers ses bords de nouvelles vésicules
étendant l'ulcération qui envaliit les commissures et les
parties glabres de la peau; il se forme en même temps des
végétations subdivisées acquérant le volume de jtctites
fèves.
L'éruption se multiplie sur les lèvres et le ]iourloui- du
nez; elle forme de véritables bourrelets qui peuvent par-
venir à bouclier les narines.
MOUTON — PVOHÉMIE CASÉEUSE. 371
En général, la muqueuse buccale et les gencives demeu-
rent intactes; mais on observe quelquefois des éi'osions
sur le palais. Sous l'influence de cette éruption, les lèvres
inûltrées et épaissies ne peuvent prendre les aliments; les
animaux se nourrissent mal et maigrissent.
L'évolution de la maladie est bénigne; elle se commu-
nique à presque tous les animaux du troupeau et guérit en
trois semaines au plus. Elle devient plus grave (juand elle
se complique de stomatite ulcéreuse.
Traitement. — La désinfection réalisée par des lavages
avec une solution créolinée suffit pour obtenir la guérison;
on fait tomber les croûtes, on enlève les produits de sécré-
tion ; on peut cautériser les ulcères et végétations au ni-
trate d'argent, à la teinture d'iode, ou au sulfate de cuivre.
Ces moyens suffisent pour guérir tous les malades.
m. — PYOHÉMIE CASÉEUSE.
Définition. — La pyohémie caséeuse du mouton est une
maladie enzootique de tous les pays, caractérisée par des
lymphangites, des adénites et des abcès sous-cutanés,
ganglionnaires, intramusculaires, viscéraux, ai'ticulaires,
renfermant un pus épais, verdàtre, dont la consistance
rappelle celle de la pâte de guimauve.
S3rnonymie. Historique. — Suivant le siège des foyers
de suppuration, on a donné à cette maladie des noms
différents, qui peuvent tout au plus servir à désigner ses
localisations. Tels sont : adénite caséeuse, lymphadénic
Caséeuse, bronchopneumonic caséeuse du mouton, pseudo-tu-
berculose du mouton.
Découverte en 1891 par Preisz et Guinard, dans le rein,
les travaux de Turski. de Cherry et Bull, de Norgaard et
Mohler, etc., font ressortir la fréquence des adénites
externes et internes; et ceux de Sivori celle de la bron-
chopneumonie caséeuse (1).
(1) Carré, La suppuration caséeuse chez le mou Ion {Revue gén., 1910).
372 DERMATOSKS MICHOHIKNNES.
Étiologie et pathogénie. — l/inoculation sous-cutanée
reproduit la lualadie natuicllo L'injection, sous la peau de
la face interne de la cuisse d'un mouton, de 5 centimètres
cubes d'une émulsion obtonuo on mélangeant le contenu
caséeux d'un ganij:lion sous-lombaire de lupin avec une
solution isotoni(pio d'eau salée, est suivie de la production
d'un abcès qui s'ouvre un mois après (Noi'gaard et Mobler).
mais qui laisse persister une masse indurée creusée de
petits foyers [lurulents.
L'infection obtenue avec Oc'^.S à 1 centimètre cube de
culture est suivie du dévelopi»ement d'un abcès caséeux et
de la caséiticalion des ganglions environnants.
« Sous la peau du nioulon, l'inoculation d'une trace de
culture est suivie de l'apparition d'une petite nodosité
dure, arronilie, sans tcndimcc à s'uuvrir à l'extérieur.
Bientôt, autour de cette première nodosité et à une distance
variable d'elle, on constate d'autres petits foyers indurés,
identiques: puis, dans les semaines qui suivent, des abcès
apparaissent aux endroits déjà signalés. Ces abcès s'ou-
vrent spontanément, se vident et se cicatrisent. D'autres
apparaissent dans la suite, qui évoluent suivant le même
mo<le » (Carré et iJigoteau).
La puissance infectieuse du microbe Preisz-Cuinard
acquiert, cbez les moulons, un maximum d'intensité en
raison de l'clroile promiscuité dans Impiclle vivent les
animaux.
a. Les aiiiuiaiix jjortenrs d'abcès superliciels. s'ouvrant
siiontanément. souillent, pendant plusieurs jours, de pro-
duits purulents la litière que les animaux ingèrent ou sur
laquelle ils se coiicbent : c'est là luic première cause d'in-
fection.
b. Les animaux alTectés de lésions pulmonaires et bron-
cbiques expectorent un jetage iuferlani qui dissi'mine les
germes infectieux.
c. Les animaux sains on ai)i)aren(e. qui vivent dans le
milieu infecti'-. rcnfermeni et i iiltivcnt les microbes infec-
MOUTON. — PYOHÉMIE CASÉEUSE. 373
tienx dans leur tube digestif. Il suffii qu'un animal ait fait
un repas infectant pour que son tube digestif soit désor-
mais un milieu de culture de ce microbe, qu'il dissémine
ensuite partout avec les matières fécales. Le fumier et le
sol des bergeries fourmillent ainsi d'agents infectieux
(Noack. Carré).
La contamination de la plupart des animaux est inévi-
table et s'eiïectue rapidement chez les agneaux qui, dans
la proportion de 60 p. 100, présentent des abcès dans les
premières semaines qui suivent leur naissance.
Les voies de pénétration des germes infectieux sont mul-
tiples. Les solutions de continuité, comme la plaie ombili-
cale ou les blessures de l'extrémité de la queue, sont les
voies ouvertes à l'infection chez les agneaux qui viennent
de naître. Les lèvres sont des voies d'infection dès que les
animaux sont exposés à se blesser, c'est-à-dire dès qu'ils
commencent à manger. J^es aliments durs, acérés ou cou-
pants, comme les chaumes, blessent les lèvres, la mu-
queuse buccale et sont des agents d'inoculation. Les
moutons affectés de ces blessures récentes peuvent s'in-
fecter en rentrant dans la bergerie, où ils retrouvent des
aliments souillés de produits infectieux.
Les voies digestives se laissent traverser par les ger-
mes infectieux; les abcès des antenais et des adultes ré-
sultent généralement de ce mode d'infection. Cependant
la contagion par l'appareil digestif est beaucoup moins
fréquente que l'inoculation cutanée, et, ce qui le prouve
bien, c'est qu'il suffit de prévenir l'infection par la plaie
ombilicale et la queue pour faire tomber le taux des abcès
de 50 p. 100 à 0,3 p. 100. D'autre part, l'ingestion d'une
émulsion de ganglions caséeux du lapin ne produit pas
d'accidents (Nôrgaard et Mohler). Mais le cobaye et le
bipin contractent la maladie par ingestion.
Les microbes peuvent déterminer des accidents locaux
au niveau de leur introduction dans l'organisme (cordon
ombilical, queue, etc.) ou envahir immédiatement les
374 DERMATOSES MICHOBIENNES.
vaisseaux sanguins ot lympliatiques cl engendrer secondai-
rement, quelle ((ue soit leur voie de péiiétralion, de nou-
veaux abcès internes ou sous-cutanés, des adi'uiles suppu-
rées, de la pseudo-tuberculose, des arthrites suppurées, des
foyers de bronchopneumonic. l/int'eclidii dciueure locale
quand les germes sont peu virulents ; il ne se produit
qu'un gros abcès ou une adénite volumineuse ; elle s'étend
et se généralise (piand les germes sont plus actifs. L'infec-
tion est généralement très ra[)ide. et les lésions externes
peuvent se reproduire dans le poumon, moins de trois
semaines a|)i'ès l'inoculation extérieure. D'autres mi-
crobes peuvent s'associer à celui de Preisz-Guinard et con-
Irihuer à donner, au pus sécrété, une odeur repoussante.
Symptômes. — Les symptômes de la pyobémie caséeuse
consislenl dans des abcès externes et internes et dans des
adénites ou une broncliopneumonie caséeuse.
i" Adénite caséeuse. — Les abcès commencent à évo-
luer dès les premières semaines qui suivent la naissance
des .aj/Hf*auA- juscpTà l'Age adulte et l'envoi des animaux à
la boucherie, ils se propagent à tel point que 00 p. 100 de
l'effectif du troupeau en sont alfectés. « Les abcès évoluent
rapidement et dans des points d'élection : au niveau de
la parotide, sous la gorge, au flanc, à la mamelle, aux
bourses, etc. Leur grosseur atteint souvent le volume du
poing quand le tissu conjonctif de la région est suflisam-
ment lâche; leur contenu est constitué par un pus épais,
crémeux, jaune verdAIre. ils apparaissent d'une manière
intermittente, de telle sorte ipi'un animal guéri d'im
abcès sous-glossien en présente un aul re (pielques semaines,
(pielques mois plus lard au nivciiu du liane ou de la pointe
de l'épaule.
« Très répandus chez les antenais, leur nombre diminue
h mesure que les animaux deviennent plus Agés, mais îi
aucune période de leur existence les sujets du troupeau,
mi\les ou femelles, ne sont à l'abri de cetle singulière
affection » (Carré).
MOL'TOX. — PYOHÉMIE CASÉELSE. 375
Ces abcès intéressent principalement les ganglions super-
ficiels situés dans le voisinage des premières voies diges-
tives (ganglions parolidiens, rétro-pharyngiens), puis les
ganglions préscapulaires et inguinaux. La palpation des
principales régions ganglionnaires peut faire découvrir les
premiers malades d'un troupeau. Il n'est pas rare de cons-
tater, chez les animaux adultes, des ganglions de lagros-
Fig. 74. — ?s'odules caséeux du fuie ^Mohlel■).
seur d'un œuf de poule; la maladie est beaucoup plus
difficile à reconnaître chez les agneaux en raison du peu
de volume des ganglions.
L'existence de la pyohémie caséeuse n'est le plus sou-
vent établie qu'à l'abattoir ; elle évolue sans produire des
troubles généraux ou locaux appréciables.
2° Forme viscérale. — Les infections viscérales demeu-
rent latentes, sauf celles du poumon, <jui se traduit parles
symptômes d'une bronchopneumonie chronique. Cette loca-
lisation pulmonaire, observée par Liénaux (1"1, Besnoit et
(1) Liénaux, Eludt d'une pneumonie enzootique du mouton (Ann. de méd.
vêt., 1896, p. 625).
376 DERMATOSES MICROBIENNES.
Cuillé(l), a ('II' idcnlilii'O par Sivori (2). Elle est caracté-
risée par une diininiilion plus ou moins ra|)ifJe des forces
et un amiu;j:rissemont progressif faisant soupçonner une
alTection caclicctisantc. La respiration est arccléréc dès le
début de l'invasion morbide; elle devient saccadée, accom-
pagnée d'un souhresaul si marqué qu'il constitue, pour le
berger, un signe palliognomoiiique de l'altération pulmo-
naire.
]^a percmsio)) de la poitrine ne fournit aucun renseigne-
ment caractéristique tant que les lésions sont confinées
aux lol)cs antérieurs et au bord inférieur de l'organe;
mais, quand la pni'umonie s"étend en arrière, il existe une
zone de matiti' sur ime étendue correspondante à celle des
parties hépatisées.
\jauscullation donne peu d'indications : les masses
scapulaii-es mas(|uent les bruits sous-jaccnts; on note
pres(pie cxnlMsivcmenl. une exagération du murmure res-
piratoire vers les parties élevées de la poitrine.
Le jctagc n'apparaît qu'îi une épofjue éloignée du début
de la maladie ; il est bilatéral, blanc laiteux, visqueux,
muco-purulenl. toujours peu abondant; son expulsion est
sin-tout ajipréciable après une quinte de toux.
La gène respiratoire fait des progrès; l'animal est hale-
tant; il maigrit, perd rapp(''lit et oITre. peu île jours avant
la moi't. une diarrln'c intense.
Marche. — La maladie a une évolution lente, chro-
nique: sa diH'ée est difiiciie à apprécier; on sacrifie géné-
ralement les malades; on constate d'ailleurs de grandes
difi"(''rences subordonnées à la gravité et à l'étendue des
lésions pulmonaires; sa duri-e esl souvent de deux mois,
mais elle semble pouvoir atteindre six mois comme limite
extrême. La terminaison est généralL-ment mortelle.
Anatomie pathologique. — Les lésions intéressent les
(I) Hesnoit et (aiillc, /{'-viif rrl., IS",)S, p. iliS.
(!') Sivori, Sur une hronchopncunionie caséeuse du mouton (Recueil de
méd. vit., l.S9!)l.
MOUTOX. PYOHÉMIE CASÉEUSE. 377
ganglions, le foie, les reins et principalement le poumon.
Les GANGLIONS bronchiques, médiastinaux, rétro-hcpa-
liques et quelquefois lombaires et mésentériques, sont
criblés de fojers casceux. isolés ou réunis en un vaste abcès
dont le contenu est constitué par du pus épais, gommeux,
verdàtre, renfermant des grains calcaires.
Le FOIE présente des nodules miliaires, du volume
d'un pois, ou d'une noix limités par une épaisse coque
fibreuse (fig. 74 et 75).
Les REixs et la rate sont le siège de nodules petits, durs.
Fig. 7.^. —Abcès caséeux successifs d'un membre.
en relief, essentiellement fibreux, calcifiés ou en voie de
calcification, qu'on a confondus avec des tubercules.
Le POUMON offre, dans beaucoup de cas, des lésions
caséeuses, scléreuses et pneumoniques.
Les foyers casceux ont le volume d'une lentille à celui
d'une noix ; ils renferment du pus verdàtre, épais, concrète
ou calcifié, et disposé en couches concentriques; ils sont
entourés d'une paroi sclérosée et accompagnés d'une réac-
tion inflammatoire périphérique, propagée quelquefois
jusqu'à la plèvre et suivie dé plaques de pleurésie et
d'adhérences superficielles. Les lésions pneumoniques sont
bilatérales et intéressent principalement les lobes antérieurs.
378 DERMATOSES MICROBIENNES.
Les parties malades consei'venl le volume du poumon
insui'flé ; elles ont une teinte grise ou blanche qui rappelle
la couleur de la substance cérébrale; leur surface est lisse,
régulièrement arrondie ; on y aperçoit un aspect linemenl
lobule, comme si la substance se décomposait en de nom-
breux grains d'un gris mal, séparés par des zones plus
claires ou rosées. F^a densité est augmentée: les fragments
lésés tombent au fond de leau ; la consistance est ferme
tant que la plèvre viscérale est conservée; la substance
devient, au contraire, très friable si l'on 'entame son enve-
loppe : elle s'etTrite entre les doigts et se réduit en une
bouillie blanche, épaisse et visqueuse. La surface de sec-
tion répète l'aspect lobule de la surface; elle donne au
doigt une impression de viscosité et laisse écouler, parime
faible pression, un suc laiteux, épais. Le raclage détache
de la coupe une multitude de grains gris, submiliaires, de
dimensions égales, à contours irréguliers, d'une consis-
tance plus ferme, <pii lui donne l'aspect lobule visible à la
surface (Liénaux).
Diagnostic. — L'échinococcose pulmonaire dégénérée
s'en distingue par l'absence de lésions ganglionnaires; la
brochopneiimonie parasitaire, par la sclérose du tissu pul-
monaire sans suppuration caséeuse ; la tuberculose n'est
jamais caractérisée par des adénites suppurées aussi nom-
breuses et aussi dispersées que celles qu'on observe dans
la pjohémie caséeuse et ne sévit jamais à la fois sur un
nombre aussi considérable d'animaux. En outre, les lésions
tuberculeuses n'offrent jamais cette disposition en couches
concentriques comjiarables à un oignon, et elles sont
dépourvues de capsule [INoack (i)].
Pronostic. — C'est une maladie grave qui fait périr un
grand nombre d'agneaux dans les semaines qui suivent la
naissance. Elle complique et aggrave les infections para-
sitaires en épuisant les malades. Bien connue aujourd'hui
(I) .Noack, Recherches sur la pseudo-tuberculose du mouton et ses rapports
«lenkystement avec l'échinococcose (Revue gén., 1907, t. I, p. 200).
MOUTON. — NÉGROBACILLOSE. 379
des inspecteurs d'abattoirs, elle l'est irès peu des prati-
ciens. Elle atteint pourtant les animaux d'un troupeau
dans la proportion de 15 à 70 p. 100 (Cherry et Bull).
Traitement. — Le traitement prophylactique est le seul
pratique chez le mouton. Il faut isoler les malades ou
mieux les abattre si leur état actuel permet d'en tirer
parti pour la boucherie, désinfecter les locaux, réservoirs,
ustensiles, qui peuvent avoir été souillés par les produits
virulents, protéger les plaies contre le contact direct des
litières. Il faut lier le cordon ombilical aussitôt après la
naissance avec une ligature conservée dans un antiseptique
et badigeonner le cordon et l'ombilic avec une solution
iodée au tiers. On a recours au même pansement pour
l'extrémité de la queue amputée, qu'on complète dans les
deux cas par une application de collodion iodoformé.
C'est le meilleur moyen de prévenir l'extension du mal
dans les troupeaux infectés[Bridré, Carré et Bigoteau(l)].
La vaccination à l'aide d'un microbe atténué capable
de déterminer de l'œdème inflammatoire sans suppuration
paraît efficace ^(CaiTé) ; mais elle n'a pas encore fait ses
preuves.
IV. — NÉCROBACILLOSE.
La nécrobacillose du mouton est une maladie enzootique
dans tous les pays. On l'a signalée en Hongrie (Vigadi), en
Allemagne (Peter), en Nouvelle-Zélande (Gilruth). On l'a
particulièrement étudiée en Amérique et en Angleterre
(Mac Fadyean, Williams Knowles, Flock), en France
(Moussu, Besnoît, Vallée).
Étiologie. — L'agent infectieux, le bacille de la nécrose,
trouve chez les moutons un terrain très favorable à son
(1) Carré et Bigoteau, Le bacille de Preisz-Nocard en pathologie ovine. La
toxine et les affections qui lui sont dues {Revue gënër., l" avril 1908). —
Carré et Bigoteau, Les affections dues à l'action toxique du bacille de
Preisz-Nocard {Revue génér , 15 avril 1908). — Carré, La suppuration ca-
séeuse chez le mouton. Prophylaxie. Essais de vaccination (Revue génér.,
15 janvier 1910).
3S0 DICHMATdSKS MlCnOUlKNNKS.
<léveloi)penienl. L'aggloméralion de ces animaux on trou-
peau, le contact permanent des malades et des animaux
sains dans les bergeries, la conservation des microbes dans
le pus répandu sur la litière par les extrémités infectées
ou pendant le décubitus, sont des conditions émineiument
favorables à la propagation de l'infection. D'autres in tlucnces
prédisposantes facilitent l'inoculation des animaux. Parmi
elles, citons: l'ingestion de fourrages durs et grossiers, les
pAtiu'ages couverts d'iierbos épineuseset piquantes comme
les chaumes de blé, qui, pendant les années de sécheresse
notauiment, déterminent des érosions et des blessures des
muqueuses et de la peau au moment de la préhension des
aliments ou pendant la marche. Ces causes expliquent la
fréquence de la maladie, régions exposées aux trauma-
tismes, au niveau des lèvres, des ailes du nez. des extrémi-
tés et sa rareté' dans les régions couvertes de laine. Les
bergeries humides, sales, mal entretenues, conservent les
microbes, dont l'inoculation est préparée par les causes
vtdnéranles précitées auxquelles il convient d'ajouter : la
marche dans des roules ou des chemins boueux, défoncés
ou caillouteux. Quand la peau des lèvres de la vulve et du
conduit vaginal a été érodée ou blessée pendant la saillie,
le bacille de la nécrose s'y implante, sans diflicullé,
pendant la décubitus sur une litière souillée de produits
infectieux.
Chez les ni/iimux, p.irticulièrpmoiit frappés, l'infection
est favorisée parla tiuesse delapeau. son peu de résistance
aux iniluences traumatiquesel probablement aussi par une
réceptivité spéciale.
La transmission artificielle est obtenue en frottant la
[)eau scarifiée ou les mu(picuses(Vigadi). avec les croûtes, le
pus des malades. Elle est déterminée aussi par le simple
dépôt à l'entrée du v;igin, des ouvertures natiu-elles, d'un
tampon d'ouate imbibée du liquidequi s'écoule des organes
génitaux des animaux infectés (Mac Kadjean), ainsi que
|iar l'inocidation de cultures du bacille de la nécrose.
MOUTOX. — NÉCROBACILLOSE. 381
La maladie se propage quelquefois des brebis malades
aux bergers qui les soignent et se traduit par la formation
déboutons de la grosseur d'une lentille, qui se convertissent
en petits abcès en trois ou quatre jours et guérissent en
une dizaine de jours.
Symptômes. — La nécrobacillose du mouton se traduit
fréquemment par des localisations cutanées à forme enzoo-
tique, qui tantôt évoluent isolément, tantôt s'associent
très diversement : les lèvres, les organes génitaux, les
extrémités sont les principaux foyers d'infection par le
bacille delà nécrose. La stomatite ulcéreuse et \es cruptions
labiales des agneaux et quelquefois des moutons sont ses
manifestations les plus communes.
a.La.nécro!ie des lèvres débute parune éruption de vésicules
remplies d'un liquide clair etcitrin, sur lesboi'ds des lèvres,
qui apparaissent larges et tumétiées. Puis le contenu des
vésicules exsude, et la peau, irritée par des frottements et la
préhension des aliments, s'érode, devient sanguinolente ou
se recouvre decroiîtes jaunâtres. Le processus s'étend jus-
qu'aux commissures des lèvres et à la région nasale ; les
éruptions vésiculeuses se multiplient; la peau s'ulcère et la
périphérie des parties malades est progressivement envahie
par des taches purpurines et se recouvre d'une sécrétion
boueuse ou de croûtes jaunâtres, fissurées. La pression du
tissu en voie d'invasion en fait sourdre une masse purulente
ou caséeuse qui répand une odeur fétide. Le mal peut se
propager à la face interne des lèvres, aux gencives et au
palais, comme la stomatite ulcéreuse peut déborder au
dehors. Ces diverses altérations peuvent déterminer de
l'inappétence, empêcher les animaux de se nourrir et entraî-
ner la mort de quelques agneaux.
On peut voir aussi le mal gagner les orifices des naseaux,
les paupières, se reproduire au niveau des extrémités par
auto-inoculation ou évoluer, simultanément, dans ces
diverses régions : ulcérations réunies des lèvres et des
extrémités (iMohler).
382 DERMATOSES MICROBIENNES.
I). La nccrobadllose primitive de la couronne, connue
sous le nom de Fussraiidc der Schaf'e en Allemagne, foot-
rot of sfieep en Amovlqne, conlarjious foot rot an Angle-
terre, et de pictin contai/ieux en France, est caractérisée
par l'inflammation delà couronne et par de petits abcès à
sécrélion caséeuse d'une lëlidilé spéciale qui se rapproche
de celle de certains fromages. 11 se produit des décollements
de la corne, des lislules, des nécroses des ligaments, des
tendons et quelquefois même des os (Mohler et Washburn)
{Voy. Piétin, in Maladies du pied).
c. La nécrobaciltose des organes (jénitau.v externes se Ira-
duitchez les femelles par une tuméfaction douloureuse îles
lèvres de la vulve, par des abcès à contenu fétide de cette
muqueuse et de la peau avoisinante et par un écoidemenl
vulvaire muqueux et pui'ulent. Chez les mAles {luoiitoiis et
houes), on peut constater aussi de petites taches blanc
jaunâtre sur la peau des bourses et sur la muqueuse du
pénis. Ces taches isolées peuvent se réunir et se convei'tir
en foyers de nécrose et engendrer des abcès accom[);ignés
(fune tuiniM'aclioii çl d'une congestion |)rononiées du lour-
reau.
La uiarcli(^ delà maladie, (picllc que .soit sa loi-aiisalion,
est généralement bénigne; nuiis, exceptionnellement, sous
l'inlluence de conditions adjuvantes, elle peut déterminer
une mortalité de 10 p. 100 ou même davantage.
Traitement. — L'enlèvement des premières croûtes et
des premiers exsudais formés, le raclage des plaies et leur
lavage avec des solutions désinfectantes comme la teinture
d'iode sont généralement cflicaces. La nécrobacillose de
lapeau desiévres est combattue par la solution deehiorurc
de zinc à 10 p. 100, ou la pommade crésyU'C, à laquelle on
ajoute, en moyenne, iO p. 100 de fleur de soufre (1).
La forme vaginale est jugulée par les lavages journaliers
d'une solution de permanganate de potasse à 2 p. 100 ou
(l)RoosaiKl, La iiial.idie ulcéreuse des lèvres et des paUes ilu niouttn
(Itevue vêt., 1911).
PORC. IMPÉTIGO. 383
<rune solution étendue deau oxygénée. Quand la peau ou
les muqueuses sont envahies sur une grande surface, le
mal est incurable ou très dlfticile à guérir.
Les MOTEXs PRÉVENTIFS consistcut dans l'isolement des
malades, la désinfection des bergeries, dans l'isolement
pendant quinze jours, des animaux nouvellement achetés
et dans tous les soins de propreté de nature à empêcher
la conservation des bacilles dans la bergerie 1).
IV. — PORC.
I. — IMPÉTIGO.
Cette affection est caractérisée par l'apparition de pus-
tules qui sont des folliculites ou des périfolliculites, dont le
produit de sécrétion jaunâtre se dessèche et se convertit
en croûtes grisâtres ou brunâtres. C'est l'aiTection pois-
seuse des jeunes.
Étiologie. — Les porcelets mal entretenus et exceptionnel-
lement les animaux âgés contractent cette infection cuta-
née. La malpropreté des porcheries expose les animaux
à l'inoculation des pyogènes. La rachitisme, la peste por-
cine, le rouget, la pyobacillose, la gale. V helminthiase,
c'est-à-dire toutes les maladies débilitantes et toutes les
maladies chroniques, qui empêchent les animaux de se
déplacer ou de se lever, facilitent cette inoculation. La
maladie se communique facilement en une semaine à
tous les nouveau-nés d'une portée ; la maladie peut se
propager aux porcelets qui n'ont pas dépassé trois à cinq
jours des autres portées et envahir même les mamelles
appartenant à des mères nourricières (Waltherj.
Symptômes. — Les porcelets de deux à trois mois pré-
sentent à la face interne des cuisses, sous le ventre, autour
desyeux, sur les faces latérales de la poitrine et en divers
(1) Chez le porc, la nécrobacillose complique le choléra et la plupart des
infections suppuratives.
384 DERMATOSES MICHOlUENNES.
endroits (lu corps, des tachesrouges chaudes et peu saillantes,
. légèrement prurigineuses, accompagnées d"uneérupUoni)US-
tuleuse. Cespustules, accumulées par places, de la grosseur
d'un grain de millet, s'ouvrent deux ou trois jours après
leur apparition et exsudent un liquide jaunâtre, mielleux,
qui agglutine les soies, se dessèche et forme des croûtes
peu adhérentes à la surface. Ces croûtes se fendillent, se
crevassent et augmentent d'épaisseur par la dessiccation
des produits de suppuration. Elles Unissent par adhérer
intimement et par recouvrir le pourtour des yeux et une
grande partie du corps : l'animal semble recouvert d'un
mascpie. On ne peut les arraclier, à ce moment, sans déter-
miner une vive douleur et des hémorragies; le chorion
apparaît sanieux, purulent.
Quelquefois, on observe de ]aconjonct'vitc, de la rhinite,
ou un peu de stomatite, par la propagation de l'inflamma-
tion aux muqueuses de l'œil, du nez, des lèvres et de la
bouche.
L'évolution de l'éruption est assez rapide, et Vàdurre de
la maladie n'excède jamais plus de vingt jours. Sa marche
est retardée par une température trop basse ou trop •
élevée. Pendant les chaleurs de l'été, le prurit est très
intense, les animaux se frottent, et il survient des abcès
sous-cutanés, des œdèmes ou même des escarres limitées.
Chez les porcelets de deux à cinq jours des races amé-
liorées, l'impétigo revêt une forme plus grave et une
allure enzootique (Walther). La peau, couverte de vésicules,
est suintante, himiide, sensible, pnu-igineuse. Les produits
exsudés se dessèclient, se convertissent en croûtes d un brun
noirâtre qui ressemblent à de la suie. Ces croiiles se fen-
dillent, offrent un aspect parcheminé et i-ecouvrent la plus
grande partie du corps. Les jeunes porcelets sont fiévreux,
tètent peu, présentent une diarrhée intense et succombent
bientôt.
Traitement. — .Maintenir la peau dans un état complet
de propreté par des lavages avec des solutions alcalines
POnC. PYOHÉMIE CASÉEUSE. 385
de lessives de cendres, d'eau de savon, et la désinrecter
par des lavages de solutions phéniquée, crésylée, bori-
quée ou de sublimé, de sulfate de zinc, telles sont les
premières indications à remplir. Il faut éviter d'arracher
les croûtes adhérentes etde faire saigner la peau, afin de ne
pas transfoi'mer les surfaces malades en plaies suppu-
rantes. Les onctions de vaseline, de corps gras et d'huile
d'olive battue, avec de l'eau tiède, pratiquées sur les régions
malades ramollissent les croûtes et permettent de nettoyer
complètement la surface du corps. Une bonne alimen-
tation, le séjour au grand air, des purgatifs salins amènent
une guérison prompte.
11. — PYOHÉMIE CASÉEUSE.
Le microbe de la suppui"ation caséeuse provoque égale-
ment des abcès chez le porc. Ces abcès sont superficiels
ou profonds: ils se développent fréquemment dans le péri-
toine et les organes internes. L'infection s'etïectue au
moins aussi souvent par le tube digestif que par le tégu-
ment.
La peau de la face inférieure de l'abdomen, du flanc, de
la cuisse, du grasset, de l'avant-bras, de l'épaule, du cou,
du chanfrein, est soulevée par des tuméfactions demi-sphé-
riques, légèrement fluctuantes, de la grosseur d'un œuf
de pigeon à celle d'un œuf de poule. Ces abcès, limités
par une coque fibreuse, blanchâtre, résistante, renfer-
ment un pu épais, granuleux, compact, netteftient ver-
dâtre.
Les masses musculaires de la cuisse, de l'épaule, pré-
sentent de semblables lésions ; l'articulation de la hanche
peut se luxer à la suite de la destruction des ligaments par
de volumineux abcès. On observe des nouures des articu-
lations des membres et une incurvation de la colonne
vertébrale.
Le péritoine (mésentère et épiploon), le médiastin, le
Galéac. — Pathologie interne. VIL 22
386
DERMATOSES MICROBIENNES.
foie, les parois de l'int(>s(in grêle sont parsemés d'abcès de
la grosseur d'un pois ou d'une noix[Sérès et Guillaume (1)].
V. — CHIEX.
Les dermatoses microbiennes du chien comprennent :
l'impétigo, le pemphigus, l'acné, la nécrobacillose, le pur-
pura.
I. — IMPÉTIGO.
Étiologie. — 1/impétigo est une maladie des plus
commtuies des jeunes c/iioiis : les excitations extérieures
Fig. 76. — Bi-rilure simulant 1 iiiipéligo.
produilqupar la poussière, la saielé, les irritations déter-
minées par des parasites, puces, poux, etc., les frottements
répétés du collier el les pressions soutenues sur une
partie de la peau, comme celles qui résultent d'un ban-
dage de fracture, favorisent son apparition (lig. 7(5).
Celte maladie complique toutes les variétés d'ercrwa.
de ijale on do p/itiiiiise: le pi-urit occasionné par ces mala-
(1) Sérès el Guilhiiiiiic, Jicriir f/ciifr.. l. I, p. 127
CHIEN.
IMPETIGO.
387
dies entraîne des desquamations épidermiques profondes
et linoculation de tous les germes pyogènes déposés sur
la peau. On voit ainsi l'impétigo s'ajouter à la plupart
des abcès cutanés.
Symptômes. — L'impétigo apparaît par plaques peu
Fig. 77. — Impétigo du chien en pleine période de sécrétion.
nombreuses, une, deux ou trois ordinairement ; elles se
montrent sur les joues, à la base des oreilles, au point
otj frotte le collier, au bord supérieur des bandages de
fractures, à la base de la queue, sur les cuisses (fig. 77).
Les vésicules s'accumulent sur une étroite surface ; la
peau devient très rouge, humide, recouverte d'un
exsudât jaunâtre, mielleux, qui réunit les poils en pin-
ceaux; quelquefois tous les poils s'arrachent brusque-
ment, et la peau semble avoir été brûlée par l'eau
388 DERMATOSES MICROBIENNES.
houillanlo. Qiielqnofois le prurit est si violent que l'in-
tlamm.'ition devient phlegmoneuse en certains points ; on
voit même quelquefois Vulcération se produire au centre
des parties malades; une escarre molle et sèche s'éli-
mine au centre pendant que l'infection continue do
grandir par la périphérie.
Au bout d'un temps variable, dépassant rarement deux
semaines, l'afleclion rétrograde au niveau de la première
surface envahie ; mais de nouvelles plaques commencent
à se développer dans les points récemment inoculés. On
peut rencontrer ainsi, chez le même sujet, des foyers
impétigineux à diverses périodes de leur évolution, de
telle sorte que l'affection se perpétue en changeant
seulement de région.
Cette extension est favorisée par la malpropreté et par
la présence de lésions cutanées ou de maladies para-
sitaires comme la gale sarcoptique.
Traitement. — On obtient la guérison par une désin-
fection complète de la partie malade ; il suffit de bien
couper les poils, de ramollir et de détacher les croûtes à
l'aide d'une ou deux applications de pommade boriquée
à laquelle on fait succéder la pommade au calomel au
douzième, la pommade à l'oxj'de de zinc : les lavages au
crésjl à laide d'une solution chaude de permanganate de
potasse à j ou 2 p. 1000, de lysol à 1 ou 2 p. 100, com-
plètent le traitement antiseptique. On recouvre ensuite la
surface malade d'un topique pulvérulent adhésif et des-
séchant comme la poudre de tan, d'amidon, de sous-nitrate
de bismuth.
II. — ACNÉ.
L'acné est une folliculite ou une périfolliculite furoncu-
leuse qui a déj;i été décrite (Voj. Pathologie chirurgicale
de la peau et des vaisseaux, p. 2()7).
L'acné comédon ou acné ponctuée se traduit par de petites
CHIEN. ACNE.
389
élevures arrondies, plus ou moins saillantes, mesurant 1 à
2 millimètx'es de diamètre en moyenne, souvent de la taille
d'une tête d'épingle, parfois punctiformes, dans l'inter-
valle desquelles la peau est normale, mais grasse, et par-
fois légèrement pityriasique.
Certaines élevures acnéiques dessinent de petits monti-
jiiiL-Joa cl kvïtcs scbdcii:, inaltiiilc
Clill:
A gauche, kyste folliculaire sébacé renfermant des éléments épidermiques,
clairs et graisseii'c. An milieu, deux jeunes comédons situés dans leur follicule
atteint d'hyperk.ératose Oitéo-foUiculaire ; l'un d'eux contient un poil enroulé.
A droite, vieux comédon (tanne) dont la tète fait saillie par l'orifice de l'ulri-
cule acnéique. Entre ces productions, hyperkératose de la peau (Bail et Roquet).
cules centrés par un point noir qui correspond à un comé-
don. Quelques élevures sont volumineuses, très saillantes,
ombiliquées, centrées par un gros point noir obturant un
large orifice. Des élevures à gros comédon correspondent
aux tannes de Y homme et se rapporteraient à de volumi-
neuses glandes sébacées (fig. 78).
La pression exercée autour du point noir t'ait saillir le
comédon ou la tanne sous la forme d'un vermisseau de
matière grasse, blanc jaunâtre, qui se contourne sur lui-
même, coiffé d'un point noir qui semble lui figurer une
00
300 DERMATOSES MICROBIENNES.
lèle. Celle partie noire est due au mélange des poussières
;\ la matière sébacée.
Les microbes et quelquefois les vaisseaux sont la cause
des comédons qui se logent dans une petite poche résultant
de la dilatation de rinlundibulum folliculaire (1).
Traitement. — 11 n'olTre rien de spécial. (Voj. Palholo-
ijic chiriiri/icale de la peau et des vaisseaux, p. 272) (Bail
cl Roquet).
III. — PEMPHIGUS.
Le pempbigus du chien, regardé comme susceptible
de se transmettre à Vhoinmo (Dasch), peut revêtir une
l'orme chronique.
Diagnostic. — Le pemphigus est une forme d'éruption
à tvpe biilleux. d'origine imj)étigineuse ou provoquée par
des iiiloxicalions variées ou par diverses maladies.
Traitement. — Le traitement antiseptique est le seul
elïicace.
IV.— NÉCROBACILLOSE.
Le bacille de la nécrose détermine, chez le chien, une
<lermatile phlegmoneuse et fistuleuse caractérisée par des
abcès plus ou moins volumineux du tissu conjonctif sous-
cutané suivis de trajets listuleux persistants. Il est aidé
dans son action nécrosante par les microbes banaux de la
suppuration staphylocoques et streptocoques).
Cette maladie a été étudiée par Cuillé (2). Cadiol et
lire! on, Cray (3 .
Ètiologie. — On l'observe principalement chez les
chiens de gi-ande taille {danois, dogues, chiens de chasse);
elle est rare chez les jeunes chiens; c'est une maladie des
chiens adultes ou vieux. Les animaux se contaminent en
se léchant, en se grattant.
(1) Bail el Roquet, Journal de Lyon, mars 1913.
(2) Cuillé, /{evuc vét., 1905, j). 751.
(3) Gray, T/ir Velerinanj record, 1911, p. 32i.
CHIEN. — NÉCROBACILLOSE. 391
Les excoriations, les blessures, les piqûres par des épines,
des brins de paille, des épillets de brosses, sont des causes
de contamination: des frictions faites sur la peau desqua-
niêe de la fai-e et des membres avec des cultures pures dt'-
terminent la formation d'abcès et les lésions babituellos
de la maladie (Cuillél. On la voit compliquer fréquemment
la gale des demodex et lui conférer une gravité spéciale.
Symptômes. — La dermatitc phlegmoneuse se déve-
loppe au niveau des parties saillantes du corps : face
externe des coudes, des jarrets, des grassets, région digi-
tée, pourtour des lèvres, du nez, queue, pourtour de l'anus,
fourreau, ou dans diverses régions où elle demeure géné-
ralement localisée. Cbez le clmt. la maladie se développe
dans la queue et les pattes.
La peau se tuméfie, se dépile, devient rouge violacé et
présente bientôt de petits foyers purulents qui s'ouvrent et
laissent écouler du pus sanguinolent et liquide. La suppu--
ration envahit le tissu conjonctif sous-dermique et y
creuse desgalei'ies sinueuses, ramifiées. analoguesàcellesde
la gale folliculaire et qui tendent à persister indéfiniment.
Les ouvertures des fistules paraissent taillées à l'emporte-
pièce et sont quelquefois si nombreuses que la peau ma-
lade x-essemble à une écumoire: elle demeure toujours
dépitée et très épaisse. La lésion n'a pas de tendance à
s'étendre : elle demeure stationnaire pendant des mois,
sans amélioration appréciable.
Le pus sécrété est toujours sanguinolent; il contient des
staphylocoques, des streptocoques et le bacille de Bang,
qui se trouve souvent à l'état pur dans les abcès non ouverts.
La dermatite phlegmoneuse des extrémités digitées
débute par les espaces interdigités; elle gagne quelquefois
le carpe ou le tarse et peut se compliquer de lymphangites,
de nécroses aponévrotiques, tendineuses ou osseuses.
Cette maladie a une marche très lente et n'a pas de
retentissement sur l'état général du sujet. Les chats suc-
combent généralement.
392 DERMATOSES MICROBIENNES.
Diagnostic. — On la différencie de la gale des dcmode.v
|iai' r(^xiimen microscopique du pus et surtout par Fàge
des malades : la gale des démodex est exclusivement une
maladie des jeunes chiens.
Traitement. — Quand les plaques sont rares et peu
étendues, l'excision des lambeaux cutanés malades et la
suture aseptique des bords de la plaie est le moyen le
plus pratique d'obtenir la guérison. Sinon, il faut curctter
les trajets fistuleux, scarifier les surfaces malades, enlever
toutes les parties nécrosées, les désinfecter à la teinture
d'iode, à l'eau oxygénée ou à l'aide d'une solution de chlo-
rure de zinc à 1 p. 100, de nitrate d'argent, de sulfate de
cuivre. Quand ces moyens sont insuffisants, on a recours
aux scarifications journalières suivies de cautérisations à
la teinture d'iode (1).
V. — PURPURA-
Le purpura a fait l'objet d'une description spéciale,
(p. 272, in Pathologie chirurgicale de la peau et des
vaisseau^T).
(1) Lapin. — La gangrène cutanée du lapin, les lésions ulcéreuses de la
face, diverses collections purulentes de cet animal résultent aussi du bacille
de la nécrose (Voy. Maladies de la peau et du tissu conjonctif, p. 265,
in Pathologie chirurgicale).
CHAPITRE VIÏI
DERMATOSES PARASITAIRES
On peut distinguer à cet égard :
1° Des dermatoses causées par des acariens habitant
l'épiderme (sarcoptes), les follicules pilo-sébacés (démo--
dex) ou la surface du tégument (dermanjsses, ixodes,
rougets) ;
2° Des dermatoses causées par des insectes vivant à la
surface du tégument (poux et puces) ;
3° Des épidermomycoses (teigne tonsurante, microspo-
rie, teigne faveuse);
4" Des dermatomycoses (actinomycose. sporoti'ichose,
lymphangite épizooliquo) ;
5" Des dermatoses causées par des vers.
I. — DERMATOSES AC ARIENNES.
Les acariens possèdent quatre paires de pattes, une
bouche armée d'un rostre, un abdomen ramassé ou
fusionné avec le céphalothorax.
Les sexes sont séparés ; ils subissent des métamor-
phoses ; les larves issues des œufs ne possèdent que trois
paires de pattes {larves hexapodes) ; elles se transforment
en nymphes octopodes sans organes génitaux, puis en
adultes. Les espèces parasitaires qui nous intéressent
comprennent : 1° les dermatozoaires vrais habitant l'épi-
derme corné (sarcoptes, psoroptes, symbiotes); les folli-
cules pilo-sébacés (démodex) ; 2" les épizoaires répandus à
394 DEOMATOSES PARASITAIHES.
la surface du légumenl (rougets, ixodes,. etc.). La phiparL
des dermatoses acariennes portent le nom du parasite qui
les détermine : gale sarcoptiqiie. psoroptlipie, symbio-
tique, démodécique.
Le cheval est sujet à trois espèces de gales (gale sar-
coptique, gale psoroptique et gale symbiotique); le b(iHil\
à gale psoroptique, gale symbiotique et gale des démodex;
le mouton, à gale sarcoptique, gale psoroptique, gale
svmbiolique: la chèvre ne contracte que la gale sar-
coptique et la gale des déniodex; le chien [)résente la gale
sarcoplicpie. la gale symbiotique des oreilles et la gale des
démodex; le chat, la gale sarcoptique et la gale symbio-
tique; le porc, la gale sarcoptique et la gale des démodex;
le lapin, la gale psoroptique et la gale symbiotique; les
oiseaux, la gale sarcoptiiiue des pattes et la gale sar-
coptique du tronc.
I. — SOLIPÈDES.
I. — GALE SARCOPTIQUE.
Définition. — La gale sarcopli(|ue. délerminée par le
Sarcoptes cqui, est une alïection contagieuse, prurigineuse,
caractérisée, chez les animaux, par des lésions éruptives,
polymorphes, à distribution symétrique.
Les sarcoptes sont généralement des parasites errants
(jui recherchent les parties fines de la peau et y creusent
des galeries sous-épidermiques ou sillons, signe diagnos-
tique de la gale humaine.
Ces parasites ovipares présentent des ventouses ambu-
lacraires aux deux premières pattes dans les deux sexes
et à la quatrième paire chez le nulle. Ce dernier est dé-
pourvu de ventouses nulles. Les femelles adultes sont plus
volumineuses que les mâles : leurs deux j)aires de pattes
postérieures sont terminées par des soies; elles creusent
dans l'épiderme des galeries où elles déposent leurs œufs.
SOLIPÈDES. GALE SARCOPTIQUE. 395
La gale sarcoptique est la gale contagieuse et épizootique
des solipèdes.
Étiologie. — Le Sarcopte sequk a les écailles dorsales
assez aiguës, bien chitinisées; la femelle a un corps ova-
laire, grisâtre ; elle présente des ventouses aux deux paires
de pattes antérieures et des soies aux deux paires posté-
rieures ; la femelle ovigère est longue de 400 à 420 a et
large de 280 à 320 jj. : le mâle est arrondi, parfois rous-
sàtre ; il possède une longue soie à l'avant-dernière paire
de pattes; il mesure 220 à 235 [x de long sur 160 à 175 ;a
de large. Le nombre des mâles par rapport aux femelles
est de 5 à 6 p. 100.
Mâles et femelles adultes errent à la surface du tégu-
ment, où ils se rencontrent au milieu des croûtes; les
femelles fécondées s'attaquent immédiatement à lépi-
derme, inoculent leur venin, qui fait développer une
papule ; là, elles creusent des galeries intra-épidermiques.
connues sous le nom de sillons, où elles vont déposer leurs
œufs. Quinze à trente minitos sufiiscat [)Oar l'accomplis-
sement de ce travail.
On peut mettre des sillons en évidence en dépouillant un
fragment de peau de cheval galeux d'une partie de son
épidémie, à l'aide d'un fin scalpel, après l'avoir laissée à
l'humidité et à la chaleur, pendant vingt-quatre à qua-
rante-huit heures 'Delafond et Bourguignon;.
On observe alors, à un faible grossissement, des rai-
nures droites ou sinueuses, étroites, peu profondes, de
2 millimètres à 4 centimètres de longueur et plus ou moins
rapprochées les unes des autres. Ces sillons présentent des
élargissements subits qui logent deux ou trois^œufs mélan-
gés à des excréments i-eprésentés par des points noirs.
L'une des extrémités des galeries est occupée par la
vésicule noire, lautre par la femelle ovigère. où on la dis-
tingue sous la forme d'un petit point blanc, brillant; elle
chemine toujours en avant, y égrène ses œufs, d'autant
plus avancés dans leur développement qu'ils sont plus
396
DERMATOSES PARASITAIKES.
rapprochés de l'orifice d'entrée : elle ne peut l'étrograder
en raison de la disposition de ses écailles et de ses épines.
Les larves octopodcs (|ui éclosent dans ces galeries s'y
nourrissent de parcelles épidermiques, y abandonnent les
enveloppes qui résultent de (juelques mues, perforent les
l'ig. 79. — Sarcople du cheval (Srahiesequi) : femelle ovigère
vue par la face dorsale.
galeries pour se répandre à la surface. Nymphes octopodes
et femelles p»6é/Ts peuvent, cependant, continuer à vivre
dans les sillons jusqu'à Iheure de la reproduction. Pen-
dant que la lëconiiation s'opère à la surface do Fépiderme,
ponte et éclosion s'elToflucnl dans la profondeur, où les
femelles qui doivent assurer la conservation de lespèce
sont venues chercher un abri (dg. 79).
SOLIPÈDES. GALE SARCOPTIQUE. 397
Le cycle évolutif de chaque génération s'accomplit en
quatre semaines environ : les mâles meurent peu de
temps après la fécondation, pendant que la femelle gran-
dit, mue et prépare son refuge pour la ponte.
La contagion est l'œuvre des larves, des nymphes, des
jeunes femelles fécondées et des mâles qui se répandent à
la surface de l'épiderme.
La contagion immédiate s'effectue facilement quand les
animaux sont entassés dans les écuries d'auberge ou dans
les entreponts pendant les traversées. Le moindre contact
direct suffit pour amener la transmission quand la gale est
ancienne ; un contact prolongé peut demeurer inoffensif
quand la gale est au début ; les sarcoptes émigrent peu
pendant la période de leur installation.
La contagion médiate est la plus commune ; les sai'coptes
sont transportés de l'animal malade sur l'animal sain par
lintermédiaire de l'étrille, de la brosse, de tous les instru-
ments de pansage, des couvertures: ils sont déposés sur la
litière, les parois de l'écurie, des stalles, où ils peuvent
continuer à vivre plus ou moins longtemps. Conservés dans
un verre de montre à la température de 10'' à 15", les sar-
coptes du cheval périssent du quatrième au sixième jour;
les femelles, du sixième au neuvième. Enlevés avec les
croûtes, ces parasites peuvent vivre huit à douze jours
dans une écurie habitée ; les femelles, quatorze à seize
jours (Bourguignon et Delafond). Dans un lambeau de
peau qui se dessèche, la mort des parasites survient le
neuvième jour, quand la dessiccation est complète :
dans un lambeau de peau humide, conservant son
humidité, les mouvements de ces acariens peuvent per-
sister jusqu'au vingt-huitième jour (Gerlach). Les
animaux peuvent contracter ainsi la gale dans des
écuries occupées, quelques jours auparavant, par des
animaux galeux.
La gale sarcoptique se transmet non seulement de che-
val à cheval, mais encore à Vâiie et au mulet; elle se
Cadéac. — Pathologie interne. VIL 23
398
DERMATOSES PARASITAIRES.
(•ommnui(|iio encore à V homme sotis une fonnc bénigne et
facilenienl ciiialile.
Sa transmission aux bovidés, admise par quelcpies
auteurs, n'est nullement démontrée.
Les solipèdvs peuvent-ils contracter la 'gale sarcoptiqiic
Fig. 80. — Gale sarcoptique de la lèle.
des autres espèces? Rofractaires à la gale de Miommn
(Delafond et Bourguignon), ils peuvent présenter une
éruption passagère ipiand on met sur leiu- dos des renards
galeux qu'on vient de tuer ou cpiand les sarcoptes du cliieii
sont déposés en grand nombre sur leur peau (Bourguignon
et Delafond).
SOLIPÉDES.
GALE SARCOPTIyUE.
399
Us contractent aussi la gale sarcoptique du lion et peut-
être celle du chat, mais les parasites et leurs descen-
ilants n'ont qu'une existence limitée; l'affection disparait
d'elle-même.
Symptômes. — Cette gale sèche est caractérisée parle
Fig. S!. — Encolure du cheval atleint de gale sarcoptique.
prurit, des vésicules, des croùtelettes de nature éruptive
et la présence de sarcoptes (fig. 80).
Le prurit est le premier symptôme qui attire l'atten-
tion ; l'animal cherche à se frotter contre tous les corps
environnants ou à se mordre dans les parties malades qu'il
peut atteindre; on le voit se pencher du côté des parois
des stalles, des portes, et prendi'e diverses attitudes inso-
lites pour se frotter avec une ardeur croissante. Il recher-
che le contact de la brosse, de l'étrille et s'appuie sur
Vhoinme qui le panse pour en augmenter l'impression. Il
400 DERMATOSKS PAUASlïAIItES.
siillit (le gratter avec l'ongle. j)Oiii' le voir ili-iliir la colonne
verlébrale, reirousser la lèvre supérieure et nianilesler
ainsi le bien-être qu'il éprouve.
Le prurit est plus intense par la chaleur que par le froid
la nuit que le jour, à l'écurie quaii dehors, sous les cou-
vertures que si le corps est nu. Les parasites voyagent et
travaillent principalement quand la peau est chaude; on
croyait qu'ils étaient noctambules parce qu'ils tour-
mentent davantage les animaux la nuit à l'écurie que le
jour au dehors.
La vésicule qui succède à la piqiire du sarcopte se rup-
ture, et son contenu, en se desséchant, se convertit en
croûte qui est suivie de la chute des poils de la partie
superficielle de lépiderme (fig. 81).
La croiUclcttc qui constitue le bouton de gale occupe les
surfaces prurigineuses. Lorsqu'on j passe la main, on
constate de légères saillies, des granulations semées au
jond des poils et adhérentes à la peau. Ce sont les petites
croùtelettcs qui étreignent par leur base deux ou trois
poils; elles sont fai'iles à détacher avec l'ongle et laissent
à leur place de petites exulcérations humides, rougeàlres.
de 2 à 5 millimètres de diamètre. Ces petites tonsures,
dabord disséminées, nettement circulaires, se multi-
plient, deviennent contluentes et se convertissent en pla-
ques larges, irrégulières, sèches, couvertes de squames
épidermiques et de débris de croiites. Croùteletles et ton-
sures procèdent d'une éruption vésiculeuse qui passe géné-
l'ali'mçnt inaperçue.
La peau dénudée est irritée par les frottements : elle se
recouvre de produits d'exsudation et de croûtes: elle
s'épaissit, se plisse, devient rugueuse, chagrinée; les plis
sont toujoiM's sinueux, irréguliers; il se produit des infil-
trations sou -cutanées, des exsudais hémorragi(]ues. et
Ion voit apparaître des pustules, des crevasses et des
ulcères; les surfaces dénudées sont interrompues par des
|inrlics recouvertes de poils, ce (jui tient aux habitudes
SOLIPÈDES. GALE SARCOPTIQUE. 401
cosmopolites des sarcoptes qui abandonnent rapidement
les sia-races humides pour aller élire domicile dans les
parties saines.
Marche. — Durée. — Terminaison. — La gale sarcop-
tique débute ordinairement sur les côtés du garrot ; puis
la colonie parasitaire s'étend sur toutes les parties du
tronc; les membres sont les derniers envahis, à leur
partie supérieure seulement. Les extrémités inférieures
garnies de crin-, sont respectées. Plusieurs semaines se
passent avant que la maladie arrive à ce degré de généra-
lisation.
On n'observe rien d'anormal pendant la première quin-
zaine ; les parasites sont encore trop peu nombreux, et
leur installation est trop récente; mais ils se multiplient
rapidement.
Uextension de la maladie est en rapport avec cetle
multiplication ; elle fait surtout de rapides progrès du
quarantième au soixantième jour. La généralisation est
beaucoup plus rapide quand la gale règne dans une écu-
l'ie. De nouvelles colonies se fondent tous les jours par
contagion. Les jeunes sarcoptes et les mâles essentielle-
ment cosmopolites se promènent partout ; les parties
plantées de ci'ins longs et gros, comme la queue, le bord
supérieur de l'encolure, les fanons, résistent seuls à leur
invasion.
Ils trouvent dans la fourrure d'hiver, abri protecteur
plus impénétrable et plus chaud que la fourrure d'été,
un milieu très favorable à leur développement (Mégnin).
L'épizootie de gale sarcoptique de i871-1872 fut beau-
coup plus grave dans toutes les garnisons pendant l'hiver
que pendant l'été. Abandonnée à elle-même, elle peut
faire mourir les animaux d'épuisement et d'insuffisance
des fonctions cutanées. Elle ne disparaît jamais d'elle-
même. Quand un traitement antiparasitaire a amené la
destruction de tous les parasites, la peau congestionnée
imprime aux poils une poussée rapide; ils sont plus longs,
402
DEUMAÏOSES PARASITAIRES.
plus ronci's et plus :.'n)s que coiix des parties saines.
Anatomie pathologique. — Les lésions cutanées con-
sistent dans des traînées ou galeries intra-épidermiques
présentant, à l'entrée, une vésiculette profonde ouejnmence
acarienne. Les cellules épidermiques limitant les galeries
•«y y
'y^'^^.^S^
Kig. %-. — Peau lie rheva/ atteint de gaie.
A gauche de la figure, près du corps muqueux de Malpighi, dans la couche
cornée, on aperçoit une longue ga'erie occupée par deux acares. A droite de
cette galerie, on en voit une autre coupée transversalement et également
habitée (Bail).
sont des élé'nients kéralinisés (1), iiuperméal)les. en raison
de la graisse épiderniique, qui protègent les parasites
contre une inondation séreuse (fig. 82).
Les papilles qui bordent les sillons sont rouges, hyper-
Iropliiées; elles ont fourni un produit d'exsudation jau-
nâtre qui imprègne, ramollit la couche superficielle du
(I) Bail, Les galeries inlraéi)idermiques acariennes. (Journal de Lyon,
191:!).
SOLIPÈDES. GALE SARCOPTIQUE. 403
derme et détermine des soulèvements épidermiques'carao-
térisés par des vésicules dans les points où Tirritation
venimeuse s'est fait le plus vivement sentir.
Quand la gale est ancienne, la plupart des altérations
sont défigurées par le prurit qui provoque des excoria-
tions, des érosions et des gerçures, par la multiplicité des
piqûres et des sillons qui sentre-croisent et s'interrom-
pent, par l'épaississement et l'infiltration du derme, l'in-
duration de la peau, la chute des poils et la formation de
croûtes irrégulières.
A ces altérations psoriques primitives ou secondaires, il
faut joindre les altérations qui résultent de l'anémie, de
la cachexie et de l'insuffisance des fonctions cutanées :
pâleur des muqueuses, engorgement des extrémités,
troubles digestifs.
Diagnostic. — La découverte du sarcopte est le signe
pathognomonique par excellence.
Il faut le chercher chez les animaux qui n'ont été l'objet
d'aucun traitement, car les sujets soignés présentent
souvent un eczéma intense complètement dépourvu de
parasites.
D'autre part, il ne faut pas oublier que des c/ieraH.v, aussi
galeux en apparence les uns que les autres, ne nourrissent
pas la même quantité de sarcoptes ; c'est même l'inverse
qui a lieu, c'est-à-dire que les chevaux lymphatiques qui
ont les croûtes les plus épaisses, les plus abondantes, ont
le moins de parasites, et que les chevaux à tempérament
sec et nerveux qui ont la gale la plus furfuracée. la plus
sèche, en ont le plus ^Mégnin 1)'.
Pour les trouver, il faut suivre les règles suivantes :
1° Placer l'animal au soleil pendant un temps calme,
afin de réchauffer la peau et d attirer les parasites à la
surface; un temps froid ou venteux rend cette recherche
inutile;
(I) Mégoin, Parasites et maladies parasitaires, p. i!34.
404 DKHMATOSES PARASITAIRES.
2" A défaut do soleil, réchauffer la surface du corps par
l'application d'une couverture;
3° Commencer la récolte au bout d'une heure en raclant,
jusqu'au sang, la surface du légumont à laide dun scalpel
ou d'un bistouri un peu mousse; c'est le seul moyen
d'atteindre les mâles et les femelles pubères; sinon, on ne
trouve, tout au plus, que des larves hexapodes;
•4° Tremper les croûtes recueillies dans une solution de
potasse à 10 p. 100: les parasites deviennent alors beaucoup
plus facilement perceptibles; on peut aussi placer les
croûtes fraîches en plein soleil, les étaler sur une lame
de verre et les examiner au microscope. On voit les para-
sites se détacher des croûtes, envahir la lame de verre
sur laquelle on peut les eu)prisonner en y déposant une
goutte de glycérine.
Gerlach a conseillé dr fixer les croûtes, prises chez un
animal suspect, sur le bras dim liomnie à l'aide d'un peu
de papier de soie maintenu en i)lace par deux bandelettes
de sparadrap : au bout de douze heures, on les aperçoit
dans la peau sous la forme de points blancs, et on peut
les saisir à l'aide d'une line aiguille. Ce moyen peu usité
n'offre aucun inconvénient.
La contagion de cette dermatose prurigineuse aux autres
animaux de la même écurie est encore un excellent signe
diagnostique.
La (jale psoroptique peut se généraliser; mais elle a
toujours pour foyer principal les régions pourvues de crins
(crinière, toupet, queue), d'où elle irradie de proche en
proche sur les faces latérales de l'encolure, le front, les
fesses, le pourtour de l'anus et de la vulv».
Lagalesy/m6/o;/(/»eest localiséeaux extrémités, d'où elle
gagne lentement et rarement le dessous du ventre, mais
jamais les parties supérieures du corps.
L'acariase dermanyssique s'en distingue par la physio-
nomie circulaire des petites tonsures, isolées et dissémi-
nées, déterminées par ce parasite suceur, dont les effets
SOLIPÈDES. GALE SARCOPTIQUE. 405
disparaissent dès qu'on éloigne les chevaux des pou-
laillers et des pigeonniers.
h'eczéma chronique et la gale sarcoptique ont de nom-
breux points de contact. Ces deux maladies sont quel-
quefois également prurigineuses ; la récolte de sarcoptes
et la giiérison obtenue par un traitement antiparasitaire
peuvent seuls tirer d'embarras.
La phtiiiase déterminée par ÏHernatopinus teninwstiis
est facilement reconnue ; elle n'engendre que de légères
dépilations, et les parasites qui les pi'oduisent sont visibles
à l'œil nu.
Pronostic. — La gale sarcoptique est la forme la plus
redoutable des trois espèces de gale; elle est épizootique ;
elle se généralise ; elle est rebelle à toutes les médications
quand elle est invétérée, elle anémie, épuise les sujets et
empêche leur utilisation.
Traitement. — Le traitement préventif consiste à isoler
les malades, à désinfecter les écuries occupées, les harnais
et les objets de passage qui leur ont servi. L'eau bouillante,
la solution de crésyl ou de sulfure de potassium sont
elficaces.
Le TRAiTE.MENT cuRATiF cousiste daus la deslruclion des
parasites et des œufs répandus à la surface et dans
l'épaisseur de l'épiderme. Pour obtenir ce résultat, on
procède de la manière suivante :
[" 11 faut pratiquer la tonte complète de l'animal, alin
d'enlever un refuge aux parasites, de préciser l'étendue
de la maladie et de faciliter Tapplication du traitement.
Cette opération doit être pratiquée dans un endroit isolé,
afin de mettre àl'abri de toute contagion les animaux sains.
2° On étend sur toute la surface de la peau 1 ou
2 kilogrammes de savon vert; on frotte énergiquement
pour ramollir les croûtes et pour dépouiller la peau des
squames épidermiques qui pourraient protéger les para-
sites de l'action antiparasitaire ; on sèche le tégument
et on applique la médication antipsorique.
23.
406 DERMATOSES PARASITAIRES.
3" Les agents préconisés sont très nombreux. Le pétrole
et Vhuiledelin, niélangéspar parties égales, constituentun
remède aearicide excellent et peu coûteux, que nous em-
[ilojons généralement quand la gale n'est pas généralisée.
Les dcchets liquides de nianuractures de tabac, dans la
proportion de iOO grammes de ces déchets jjour i kilo-
gramme d'huile, ont une aciion ellicace et sont peu coû-
teux mais assez toxiques.
La pomfïiade d'Ilelmerich, la pommade préconisée par
'l'rasbot (trisullurede polassium, 10; carbonate de potasse
pur, 2 grammes; axonge, 300) ne peuvent être employées
<]ue sur des parties restreintes du corps; il faut savonner la
moitié du corps recouverte de pommade avant d'en appli-
(]iier sur l'autre moitié ; ce traitement est long et souvent
infructueux.
L'huile de cévadille préparée suivant la formule sui-
vante :
Poudre de cévadille 100 grammes.
Alun calciné 40 —
Fleur de soufre 00 —
Huile d'olive 1 litre.
<[u"oii fait digérer, pendant deux heures, au bain-marie
donne généralement de bons résultats.
La créolino. le crésyl, sont eflicaces. et leur emploi
n'est pas dangereux.
L'huile de cade est souveul em])loyée ; elle irrile le tégu-
iiieiil (|uand ce traitement est longtemps pi-olongé : on
peut utiliser la créosote, qui est un des meilleurs acari-
cides; on peut associer plusieurs antipsoriques, comme
dans la formule suivante : goudron et soufre sublimé,
aâ 500 grammes: savon vert et alcool. Sa dOOO grammes;
ou comme d;ms la formule donnée par le Codex :
Benzine 300 grammes.
Huile de cade 100 —
Coal lar 1 00 —
Savon noir li)i) —
Essence de lérébcnlliine loo —
SOLIPÈDES. GALE PSOROPTIQUE. 407
Parfois, l'application réitérée et excessive de ces divers
remèdes ne suffît pas à guérir complètement la gale ; le
mal reparaît quelques semaines après : oi* n'obtient que
des améliorations passagères (1).
La gale sarcoptique est quelquefois rebelle à tous les
traitements (Cadéac;.
II. - GALE PSOROPTIQUE.
Cette dermatose parasitaire est régionale, circonscrite
généralement aux parties pourvues de crins et déterminée
par le Psoroptes equi. Désignée autrefois sous le nom de
roiivieux, de gale humide, de gale par acare, de gale derma-
todectique, elle est très répandue.
Étiologie. — Le Psoroptes equi. visible à l'œil nu, est
ovalaire : le rostre est conique et allongé. Le mâle, plus
petit que la femelle ovigère, mesure de 500 à 580 [a de
long sur 300 à 3.'50 a de large, présente deux lobes abdo-
minaux terminés par des ventouses supportées par un
long pédicule triarticulé ; la quatrième paire ne présente
ni ventouses, ni soies à son extrémité (fig. 83>
La femelle ovigère, longue de 600 à 700 a sur 400 à
440 \L de large, présente des soies à la troisième paire de
pattes. On peut observer des larves hexapodes et des
nymphes octopodes (fig. 84).
Ce parasite ovipare ne creuse pas de galeries épi-
dermiques. Grâce à son venin irritant, il provoque une
éruption et des croûtes au milieu desquelles il vit. Il ne
s'isole point comme le sarcopte, mais il vit en colonies à
la surface de l'épiderme.
Le psoropte se fixe à la base d'un poil et sécrète un
venin plus actif que celui du sarcopte ou du symbiote. Les
vésicules qui se développent correspondent toujours à la
(1) Cabret, Une épizootie da gale sarcoptique {Jou/wi. des vit. milit., 1911,
p. 645).
108
DERMATOSES PARASITAIRES.
partie de répidernie piquée par le parasite. (Juddcn imite
cette action mécanique à l'aide d'une fine aiguille, imbibée
de teinture dacantliaride; ricrlacli iulrodiiil <lnns 1-ti poiiu
Fig. Ki. — Psorojilcs commuiiis (variété pqui) (mile).
du suc de psoropte ; tous deux reproduisent ainsi les
démangeaisons et les altérations dc-torniinéos ])ar ce
parasite.
Lorsque des croûtes se sont l'ormécs, le psoropte ne
l'abandonne plus, car il y trouve un abri contre les
<OLIPEDES.
GALE PSOROPTIOUE.
409
agents extérieurs. Si la population devient trop nombreuse
pour vivre dans l'espace circonscrit tracé primitivement
par la colonie, elle agrandit son domaine en s'étendant de
¥\s. 84.
Psorojitef commiinis (variété equi) (femelle).
proche en proche. Ce mode d'envahissement est particulier
à la gale psoroptique.
La gale psoroptique se propage de cheval à cheval: la
transmission est facilitée par le défaut de pansage des
animaux galeux. La contagion médiate est accrue elle-même
par la résistance vitale des psoroptes.
Ce parasite vit dix à quatorze jours dans une atmosphère
410 DEUMATOSES PAHASITAIRES.
sèche, vingt à Ironie dans une écurie; les femelles
fécondées sont plus résistantes que les mâles, et ceux-ci
l'emportent sur les femelles non fécondées. Ces parasites
peuvent tomber en un état do mort apparente dans les
écuries et revivre au bout de six à huit semaines dans
un milieu chaud et humide, sans récupérer assez d'énergie
pour piquer la peau.
Le clieval est susceptible de contracter la gale psoro-
l>tique du lapin (Mathieu, Cagnj, Cadéac).
Cette gale ne se transmet ni au bœuf, ni au mouton, ni
au porc, ni au chien, ni au chat (Delafond).
Symptômes. — Mâles et femelles, larves et nymphéa, ont
des habitudes sédontiiiros ol vivent en colonies agglomé-
rées. Ils piquent i)rorondémont l'épiderme et déterminent
la production de petites papulo-vésicules do 7 millimètres
à 8 millimètres de diamètre, sur 2 millimètres à 3 milli-
mètres de hauteur. Chaque piqûre provoquant une papulo-
vésiculc, la surface envahie est bientôt recouverte d'une
éruption confluente.
Les papulo-vésicules saillautos, hémisphériques, évoluent
rapidement, deviennent des vésicules ou dos pustules qui
s'ouvrent, et laissent suinter un produit poisseux, jau-
nâtre, qui réunit les crins on pinceaux, im peu comme
dans l'impétigo. Ce produit so dessèche ensuite et donne
naissance à dos croûtes d'un blanc jaunAtro. dont laspect
change dim moment à l'autre, sous linlliience des frot-
tements et dos poussières qui s'y associent.
Le prurit est intense ; le venin des psoroptes est très
irritant, l'animal se frotte l'encolure et le garrot contre
les corps diu's à sa portée, ou contre ses voisins. 11 fait
peu de tentatives pour se mordre; il sait qu'elles seraient
infructueuses et qu'il ne pourrait atteindre la queue et
la crinière avec les dents. Los crins sont d'abord entre-
mêlés, ébouriffés, réunis par mèches, brisés ensuite à
diverses hauteurs. La surface cutanée, qui n'ost plus pro-
tégée par les crins, est excoriée ; les croules sont vio-
SOLIPÈDES. GALE PSOROPTIQUE. 41 i
lemmeat arrachées, les poils déracinés; la surface
apparaît lisse, avec un reflet brillant, graisseux ; elle est
le siège d'un suintement intense, rougeâtre, qui donne
aux croûtes, de nouvelle formation, une teinte rougeâtre
ou noirâtre. La peau, sans cesse irritée, s'infiltre, s'épais-
sit, se ride ; le bord supérieur de l'encolure est ondulé ;
il présente de nombreux plis transversaux, au fond des-
quels s'abritent quelques poils qui ont échappé aux
frottements. Les produits d'exsudation s'y accumulent,
s'y putréfient, et servent de nourriture et d'abri à des
larves de mouches.
Malgré ces désordres, les psoroptes désertent, lente-
ment et tardivement, la place qu'ils occupent. Ils renou-
vellent leurs piqûres tant que persistent des débris
d'éjtiderme; puis, pressés par la faim, ils font un pas
vers les parties saines ; les colons se sont reproduits, et
la colonie primitive ne peut plus suffire aux besoins de
tant de nouvelles générations. Ils s'étendent de proche
en proche, sans laisser d'intervalles de peau saine, et
multiplient leurs déprédations. Pressés sur une surface
restreinte, les parasites sont toujours faciles à dénicher
et à reconnaître. On les rencontre sous les croûtes, prin-
cipalement à la périphérie des plaques humides qu'ils
habitent. Les produits du raclage, examinés sur du pa-
pier noir, à lœil nu ou à la loupe, à une douce tempéra-
ture, laissent apercevoir de nombreux psoroptes à toutes
les phases de leur développement ou accouplés, qui s'en
détachent et se disséminent.
Marche. — Durée. — Terminaisons. — Les psoroptes
ont toujours un habitat de prédilection : le toupet, la
crinière, la base de la queue. L'affection débute au niveau
de ces régions; elle s'y maintient pendant longtemps,
puis les parasites se répandent dans les régions avoisi-
nantes; ils envahissent l'auge, le poitrail, les faces laté-
rales de l'encolure, la face interne des cuisses et le voisi-
nage du fourreau. Cette extension est très lente et très
412 DERMATOSES PARASITAIRES.
rare. Il laul aux parasites cinq à six mois pour se
répandre sur tout le cor[)S. On trouve rarement des pro-
priétaires assez peu soigneux pour laisser la maladie se
généraliser. Parfois, les i)arasiles sont transplantés par
le pansage dans des parties limitées du corps ; mais ces
colonies secondaires sont toujours marquées par une
ligne parfaitement délimitée entre les parties malades
et les parties saines.
Diagnostic. — On dilTérencie la gale psoroptiquc de
Veczcma de la crinière et de la base de la queue par
l'examen microscopique des croûtes, qui permet d'aper-
cevoir les psoroptes.
(liiez un animal galeux, écliaull'é ou reposé aux rayons
solaires, les psoroptes abandonnent leur abri croùteux et
se promènent à la superficie des poils et des croûtes, où
on peut les apercevoir à l'œil nu.
La gale psoroptique se distingue aussi de la gale sar-
coplunie par son peu de tendance à se généraliser.
Pronostic. — Elle est beaucoup moins grave que la
gale sarcoplique, en raison de sa localisation, et ne revêt
jamais nu caractère épizooti<iue.
Traitement. — Le traitement préventif ne ditïère en
rien de celui de la gale sarcoptique ; le succès est plus
certain, les psoroptes étant plus faciles à atteindre que
les sarcoptes.
Le <r(a'^ew<'»ii Cl/m///' est essentiellement /c»c«/ ; les pso-
roptes vivant en société, il suflit de désinfecter les par-
ties malades, en empiétant légèrement sur les parties
saines. On peut tresser la crinière et la queue, couper les
crins au niveau des plis, de manière à faciliter le contact
des remèdes aniipsoriques, savonner les parties ma-
lades pour ramollir et enlever les croûtes; puis recou-
vrir les régions alTectées de pommade d'Helmerich, de
goudron végétal, de goudron mélangé à du savon vert,
d'huile de cade, d'im nu-lange à parties égales de pétrole
et dhuile de lin.
SOLIPEDES.
GALE SYMBIOTIQUE.
413
III. — GALE SYMBIOTIQUE.
^ëm^
La gale symbiotique du cheval est une affection peu
pi'urigineuse, localisée généralement à rextrémité infé-
rieure des membres et
déterminée par le s:ym-
biotes communis (variété
eqiii).
Désignée par Gerlacli
sous le nom de gale
du pied (18b7), elle a
été ensuite étudiée par
Delafond et Bourgui-
gnon, par Mégnin( 1869).
Étiologie. — Cet aca-
rien a le corpsovalaire.
Le mâle a 2S0 à 330 a
de long sur 201 à 230 'j.
de large. Il présente
un rostre conique aussi
large que long, légère-
ment incurvé d'un côté
à lautre et sans joues.
Les pattes longues et
épaisses sont armées
d'un puissant crochet
à côté duquel s'insère,
par un pédicule simple
et court, une large ventouse. A l'origine des lobes
abdominaux, terminés par quatre longues soies, on
trouve, chez le mâle, deux ventouses copulatrices fig. 8o^.
La femelle oviçjère, mesure 360 à 390 a de long sur 225
à 250 ;a de large ; les pattes sont terminées par des
ventouses, sauf l'avant-dernière paire, terminée par deux
soies.
Comme le psoropte, le symbiote vit en colonies très
Fig. 85. — Chorioptes symbiotes (variété
equi) (mâle).
414 DERMATOSES l'AUASITAIRES.
unies, ce qui indique do sa part peu de tendam-eaux dT-pla-
cements; ses UKfurs sédentaires expliquent la laihle eon-
tagiosité de raffeclion qu'il détermine. Cet acarien, tou-
jours situé superficiellement, ne creuse pas de galeries
sous-épidermiques; il s'attaque à peu près exclusivement
à l'épidernie. dont la destruction provoque une exsudation
|)lusque siidisante pour subvenir à ses besoins.
Le [loii d'exigence de ce parasite ressort très bien
d'ailleurs de la diversité de ses mœurs suivant la saison.
Son action nocive est à peu près nulle en été, car il se
contente du produit des sécrétions cutanées : mais les pro-
duits excrétés parla peau pendant la saison l'roide sont
en quant iti' trop faible; le svmbiote redevient alors pso-
rique: il s'attaque à nouveau à l'épiderme et en l'ail sourdre
les liquides nécessaires à son existence. Un s"exi)lique
ainsi laction intermittente de cet acarien.
La gale symbiotique, la moins contagieuse des trois
gales du chevcil, nécessite, pour s'établir sur un animal,
une cause prédisposante essentielle, la malpropreté des
extrémités. Ce sont surtout les jeunes chevaux à tempé-
rament lymphatique et à poils du fanon très fournis qui
y sont exposés. La contagion s'effectue par tous les objets
de pansage et surtout par l'intermédiaire des litières où
les parasites peuvent vivre au milieu des croûtes pendant
dix à quinze jours. Les symbiotes ne passent jamais direc-
tement d'un cheval à un autre; jamais on n'a pu obtenir la
transmission de celte gale à Y homme, au bœuf ou aux
autres animaux.
Symptômes. — \jes dcmangcaisoiis, très vives dans les
autres affections psoriques, n'ont pas une intensité com-
parable dans la gale symbiotique. Au repos et pendant la
nuit, surtout, l'animal frappe de temps en temps le sol
comme s'il présentait un inllammation au niveau de la
fourchette ous'il voulaitse débarrassord'un corps étranger:
il peut encore se frotter avec le pied opjjosé, se mordre
et même donner des coups de pied.
SOLIPKUES. — GALE SYMBIOTIQUE.
415
L'examen de la région du paturon peut montrer, au mi-
lieu des touffes de poils, une desquamation épidermique
assez intense comme dans l'eczématose sèche. On peut même
trouver des croûtes
assez nombreuses qui
entraînent dans leur
chute les poils qu'elles
englobent et provo-
quent ainsi des dépi-
lations partielles. Le
faciès du cheval ex-
prime une satisfac-
tion évidente si l'on
vient à gratter cette
région. Quand l'affec-
tion est plus avancée,
on peut noter un
épaississement assez
considérable de la
peau, des crevasses
plus ou moins pro-
fondes, et, au milieu
des croules épaisses,
on peut distinguer
des symbiotes vi-
vants, comme en témoignent les mouvements qu'ils
exécutent (fig. 86).
Marche. — Extrêmement lente dans sa marche, la
gale symbiotique du cheval débute généralement vers le
fanon ou le pli du paturon des membres postérieurs, où
elle peut se localiser indéfiniment. Un seul membie
peut être atteint, et si l'extension au membre opposé est
de règle, ce n'est que exceptionnellement que les an-
térieurs sont affectés. Quand elle est très ancienne
et très négligée, cette gale peut, quelquefois, s'étendre
jusqu'au-dessus du jarret et envahir même les cuisses
Fig. 80. — Gale symbiotique du cheval.
410 DERMATOSES PARASlTAIItES.
lii (i-oiipc et les parties déolives do rabilonien.
Diagnostic. — Très facile à établir en raison iiiénie
de la localisation à peu près constante de l'airoclion et
de la manière dont l'animal qui en est atteint percute
le sol. On découvre aisément le parasite en maintenant
à une douce température un papier noir sur lequei on a
déposé quelques croûtes.
Enfin, dans les cas généralisés, sa marche ascendante
la lait distinguer de la gale psorojitiiiue, qui toujours
évolue de haut en bas.
Pronostic. — C'est la plus bénigne des affections pso-
riques du rlicvnl. Quand elle n'est pas très étendue, elle
disparaît, pour ainsi dire, delle-méme. par de simples
soins de [iropreté.
Traitement. — En raison de sa faible contagion, il est
à peu près inutile d'isoler les malades.
Le renouvellement de la litière et les soins de propreté
ordinaires, associés à une médication anlipsori(]ue. sont
des moyens sullisants pour guérir tous les malados.
On coupe les poils des extrémités, et après un brossage
énergique, qui fait tomber les croûtes etun grand nombre
de parasites, on frictioiine avec un mélange d'huile de lin
et de pétrole ou avec de la benzine. La pommade
d'Holmorich, la décoction concentrée de tabac, et tous les
autres autipsoriquos sont utilisés avec succès.
IV. — GALE DÉIVIODÉCIQUE.
La gale démodécique des so/i/jèrfes signalée ])ar \\'ilson
(1843), (iros (IKiri), Wallher (d908), Schenzle(190i»), Berger
(1911), Hidaull (1912), Miesner (1912), est une alToction
bénigne, non contagieuse du bout du nez, du chanfrein, du
pourtour des yeux, du front, de la nuque, de la région
parotidienne ou de la queue caractérisée par une légère
irritation, sans prurit, et occasionnée i)ar le Demodex
folliculorum développé dans les glandes sébacées et
SOLIPEDES. — ACARIASE DERMANYSSIQUE. 4) /
les follicules pileux. Les tentatives de transmission de
cheval au cheval et du i-heval au chien sont demeurées
infructueuses (Bidault]. Pourtant Berger a constaté la
transmission de la gale démodécique du chien au cheval.
Symptômes. — Ces régions présentent des taches dépi-
tées, irrégulières, mal délimitées, peu ou point prurigineuses,
recouvei'tes de squames minces, blanchâtres ou de petites
croûtes d'aspect psoriasiforme, sans vésicules, ni pustules,
qui s'étendent et envahissent quelquefois la moitié de
l'encolure et les joues.
La forme pustuleuse observée au niveau des lèvres, de la
vulve, de la base de la queue et sur les faces de l'enco-
lure, s'accompagne d'œdème de la peau et delà sécrétion
d'un liquide visqueux.
La gale folliculaire du cheval rétrograde et guérit sous
l'influence d'un traitement antiparasitaire.
Traitement. — Les applications d'un mélange à parties
égales de goudron végétal, glycérine et alcool (^Vallher) ( i >
ou d'un mélange de 150 grammes d'huile de ricin.
10 grammes d'essence de carvi et 10 grammes d'alcool
(Schenzle) (2) sont efficaces: on peut compléter ce traite-
ment par des lavages sulfureux tous les huit jours.
V. - ACARIASE DERMANYSSIQUE.
Cette affection est déterminée par les piqûres d'un aca-
rien temporaire, le Dermanyssms gallinœ. Elle sévit chez
les solipèdes placés à proximité des poulaillers.
Le Dermanyssus gallinœ sort de son abri pendant la
nuit, se répand sur les animaux et les pique jusqu'au
jour où il regagne les Assures des poulaillers ou la paille
des pigeonniers. Trasbot a cependant rencontré des der-
manysses pendant le jour sur un cheval muni d'une cou-
verture qui les maintenait à l'abri de la lumière ,^fig. 87).
(I) Wallher, Berliner, 24 sept. 1908.
(i) Schenzle, Deutsche Tierârzliche, 1909.
418
DERMATOSES PARASITAIRES.
Symptômes. — Cette acariase est caractérisée par un
liriuil nocliirne suivi de l'éruption de petites vésicules vite
déchirées par le grattage et suivies de tonsures d'un
diamètre de 5 à G millimètres, bientôt recouvertes
d'une croûte. Celle-ci tombe au bout de quelques jours;
' >
l'iif. 87. — Dermanysse femelle ovigère vue par la face dorsale
(d'après Delafond).
l'épiderme se reforme. Ouand les piqûres se multiplient,
la robe de l'animal |)r(''senle, en quel<iues jours, un as])ect
moucheté caractéristique. Les plaques peuvent se confon-
dre; la dépilation occupe ainsi une surface étendue.
Le grattage est quelquefois si intense qu'il se i)io(hiit
des éniplions secondaires cl (pi'on observe des excoriations.
SOLIPEDES.
THROMBIDIOSE.
419
L'évolution de cette maladie présente des intermittences,
des récidives ; elle dure tant que les animaux sont
envahis par les parasites.
Diagnostic. — La gale sarcoptique s'en difTérencie par
une invasion moins rapide, mais plus étendue, et par un
prurit continu: la phtiriase due à VHwmatopimis macroce-
phatus est dénoncée par la présence continue des parasites.
Traitement. — On prévient le développement de cette
maladie en éloignant les poules des écuries et en désin-
fectant les poulaillei's et les pigeonniers. On la guérit à
l'aide de lotions sulfureuses.
VI.
THROMBIDIOSE.
Le lepte automnal (Leptits nutumnalis), la-V^ehexa^podedu.
thromhidium soyeux qui vit sur les végétaux, s'attaque à
tous les m a mini fer es et même
à ÏJjoinwe et aux oiseaux. Ces
acariens envahissent exception-
nellement les extrémités des
solipèdes; ils peuvent, dans les
pays chauds, déterminer une
éruption croùteuse des quatre
paturons (Penning), une éruption
érjthémateuse qui ne dépasse
pas les genoux et les jarrets
<Cavalin, Biaise) et quelquefois
une dermatose du bord supérieur
de l'encolure et des épaules (Bro-
cheriou et Grossetti). Dans ces
diverses régions, on constate de
petits boutons croùteux. dénoncés -par le hérissement des
poils agglutinés qui s'arrachent à la moindre traction et
laissent apercevoir des excavations dermiques, en cupule,
rosées, suintantes, au niveau desquelles on découvre des
points jaune orangé, constitués par ces vulgaires bétes
connues sous le nom de vendangeurs (fig. 88).
Fig. 8S. — T hromhid'ntm
holocericeum vu par la
face ventrale et grossi
9 fois.
42(1
DEKMATOSES l'AItASITAlRES.
Traitement. — Un simple lavage avec une solution
crrsyjt'e. un savonnage intense sufïisent à guérir tous les
iinirnjuix.
VII. — IXODES.
L'acariase déterminée par les ixuilidi's. répandue «lans
le monde entier, a une importance extrême, les ixodes
étant les récepteurs et les propagateurs des piroplasnioses
des diverses espèces animales.
Les solipcdes sont plus rarament attaqués par ces aca-
riens cosmopolites tjue les autres mumniifcres. Ils peuvent
cependant présenter VLvoile rcduve, appelé encore ricin ou
tique des chiens, lixode de Dugès ou Hhipicephabis san-
guineiis, qu'on rencontre dans le midi de la France et en
Italie; le Rhipiccphalun F.vertsi. tique commune chez les
uio m m i fères domosVuines etsauvages de l'Afriqueorientiile :
le lioophilns dccoloi'atits, répandu dans toute FAfrique équa-
loriale ; Vllyalomma a.'tj>jptiinii. qu'on trouve en Égvpte,
dans le nord de rAlrique, à la
Guadeloupe, etc. ;le Dermacentor
reticulaiiis, qu'on trouve en
France et en divers points
d'Furope et d'Asie (fig. 89 et 90).
Symptômes. — Ces divers
acariens se fixent sur tout le
corps, mais principalement aux
parties que l'animal ne peut
atteindre. Parfois ils envahissent
les memhres el le dessous du ventre, à tel point qu'on peut
à peine introduire, enti'C eux, la pointe d'un couteau. Ces
piqûres multiples sont suivies des petits boutons saillants
entourés ou non d'une zone œdémateuse. Parfois même
une sérosité assez abondante s'est concrélée sur les parties
déclives, formant de petites croûtes jaunes d'or analo-
gues à celles qui résultent d'un feu en pointes (Joveux) {i).
(I) Joyeux, Au sujet de l'ixode réduve (Journ. des vél. milil., 1900,
p. il-2).
Tig. 89 et 90. — Ixode ré-
duve femelle.
a, vue de dessus ; b, vue
de dessous (IJerlôsc).
BOVIDÉS. — GALE PSORO!>TIQlE. 421
Parfois les ixodes réduves déterminent de véritables
furoncles (Mégnin) ; ils inoculent la piroplasmose quand
les tiques mères ont déjà sucé le sang des c/ie vaux affec-
tés de cette maladie. D'autre part, les ixodes peuvent ino-
culer, accidentellement, divers microbes pathogènes ou
déterminer des plaies ouvertes à des infect ions secondaires.
Les tiques peuvent provoquer des intlammations quand
on les arrache; le rostre, demeurant dans la peau, déter-
mine une suppuration éliminatrice.
Traitement. — 11 suffit de provoquer la chute du
parasite en le touchant avec de la benzine, du pétrole ou
du jus de tabac.
II — BOVIDÉS.
Les bovidés otlrent quatre espèces de gales, dont deux
seulement lui appartiennent en propre : la gale psoro-
ptique et la gale symbiotique.
I. —GALE SARCOPTIQUE.
La gale sarcoptique est une dermatose d'emprunt ; elle
résulte du passage accidentel sur la peau des bovidés des
sarcoptes du cheval (Grognier, Robert Fauvet), de la
cAèvre (WalraCf), du c///e/î (Delafond ou du chat (Rade-
macher).
II. — GALE PSOROPTIQUE.
Cette dermatose parasitaire appelée gale dei'matodéciqut^-
(Delafond), gale française des bêtes à cornes (Mégnin), est
très rare et sans importance clinique.
Étiologie. — Le Psoroptes communis (variété boiis) a
été vu en 1813 par Dorfeuille, en 1814 par Gohier sur des
bœufs hongrois importés par les Autrichiens, en 1836 par
Delafond et Gerlach, en 1860 par Mûller.
Son implantation est favorisée par la mauvaise nourri-
ture, la malpropreté, le séjour à l'étable.
C.VDÉAC. — Pathologie intei-ne. VII. 24
422 DERMATOSES PARASITAIHES.
Les saisons infliiont sur révolution des parasites : ralVec-
tion débute à la lin de l'autoninc, atteint son maximum
en février et dimiuuc au printemps, époque à laquelle les
parasites sont exclusivement cantonnés à la base de la
(jueue et au cou. Les animaux peuvent même paraître
guéris; mais, si l'on clierche bien, on peut retrouver quel-
ques parasites dans les régions sus-indiquécs. Ces parasites
ne se transmettent pas à d'autres animaux.
Symptômes. — Le Psoroptes bovis pique l'épiderme et
provoijue une exsudation au point où il a enfoncé ses man-
flibules. Cet exsudât, riclie en leucocytes, se rassemble
dans l'épaisseur de ré[)iderme et détermine son soulève-
ment. On voit ainsi apparaître de petites nodosités dissémi-
nées ou confluentes dont la déchirure est suivie d'un suin-
tement séi-eux qui se concrète à l'air et agglutine les poils;
il en résulte des plaques irrégulières, croùteuses, d'un
reflet argenté, grisâtre, el d'une épaisseur d'une centi-
mètre, provo([uant l'épaississement de la peau, plaques
qui correspondent à des piqûres confluentes.
Sous les croûtes, et dans leurs intervalles, pullidenl nu
grand nombre de psoroptes. facilement visibles à l'd'il nu
el à la loupe, après leur dépôt sur une feuille de papier
noir. Ces parasites déterminent une excitation inflamma-
toire très vive; il en résulte une accumulation de sérosité
intra-épidermique, parfois si abondante que la couche
cornée se rupture; le corps muqueux de Malpighi est
détruit, et il se forme un véritable ulcère. Le prurit est
continuel et violent, surtout pendant la nuit ; l'animal se
gratte, se frotte contre tout ce qui l'entoure. La peau se
dépile, s'épaissit, se fendille et forme de gros plis : elle
est parfois excoriée, enllammée el ulcérée par places.
Marche. — Durée. — Terminaison. — Les psoroptes
se localisent d'abord à la base de la queue, rarement à
l'encolure et au garrot. De là. ils irradient dans toutes
les directions : ils gagnent la tète, le dos, les épaules et
les côtés de la poitrine ; les menibros restent indenmes.
BOVIDES. GALE SYMBIOTIQUK. 423
La maladie progresse lentement et s'étend graduellement
en bas.
Quand cette gale dure longtemps, elle amène un état
cachectique très prononcé; généralement les animaux sont
envoyés à la boucherie avant cette terminaison. Quand
la maladie est ancienne, elle se complique de plaies
ulcéreufies.
Diagnostic. — On dilïérencie la gale psoroptique de la
teigne tonsurante par l'examen microscopique des croûtes ;
de la phtiriase hématopinique parlaprésence de ces poux;
de Veczéma dartveux par la formation, à la surface du
corps, de larges squamesépidermiques rappelant les écailles
de la carpe.
Pronostic. — La gale psoroptique du />œo/' n'est pas
grave si l'animal est l'objet de soins hygiéniques rationnels.
Traitement. — Cette gale cède facilement à l'emploi
des antipsoriques. Il faut, autant que possible, recourir
aux substances peu toxiques ou inoffensives, proscrire les
mercuriaux, utiliser la pommade d'Helmerich, l'huile de
cade, le pétrole, l'huile de lin, la benzine, le crésyl,
l'huile phéniquée. l'huile de cévadille. On prévient les
récidives par la désinfection de l'étable contaminée.
m. - GALE SYMBIOTIQUE.
Définition. — La gale symbiotique du bœuC est une
maladie prurigineuse, siégeant à la base de la queue
presque exclusivement, plus rarement dans le chignon
ou dans le pli des paturons postérieurs, et déterminée
par le Stjmbiotes communis variété bovis.
Roll l'a appelée gale dermatophagique ; Mégnin. gale
chorioptique. Signalée par Kegelaar, en 1835. elle a été
étudiée par Hering (184.5), Gerlach, Delafond et Mégnin.
Étiologie. — Ce parasite vit en colonies. Si on disperse
les individus qui les composent, ils ne tardent pas à
s'agglomérer de nouveau à l'endroit d'où on les avait
424 DERMATOSES PARASITAIRES.
chassés. Le mâle est long de 270 à 300 a, large de 210 à
220 [i.; la femelle ovigcre, plus volumineuse que le
niàle, a une longueiu* de 380 à 390 u et une largeur de
230 à 250 a.
Celle gale est peu conlagieuse. Elle n'est pas Irans-
missible à V Itomiue, ni au cheviil. Le parasite, déposé sur
le paturon du clicvnl, provoque quelques papules qui
disparaissent au bout de (jnelques jours.
Symptômes. — Cette maladie cutanée siège presque
exclusivonienl à la base de la queue, dans les fossettes
latérales et au pourtour de lanus ; plus lard, les parasites
remontent le long ihi dos et se réfugient dans le chignon.
Les régions envahies par cet acarien présentent d'abon-
dantes pellicules qui donnent à la peau une couleur jau-
nâtre. Les poils tombent, elles cellules épidermiques déta-
chées se rassemblent jtour foi'mer des croûtes sèches peu
adhérentes.
.\u-dessous des croûtes, la peau rouge, tuméliée, est le
siège d'un prurit modéré, plus accentué en hiver qu'en
été. La maladie reste circonscrite le plus ordinairement,
mais quand les animaux sont malpropres, que les soins
de la [leau sont négligés, on peut voir l'affection s'éten-
dre, surtout en bas autour de la vulve, sur les fesses, les
mamelles chez la vv/r/ye, le scrotum chez le /jci?«/'et remon-
ter, même parfois, tout le long de la ligne médiane
du dos.
Cette maladie est peu grave.
Marche. — La marche de celte gale est très lente : elle
s atténue l'élé au moment où les animaux sont envoyés au
pâturage; les symbiotes restent, à ce moment, blottis au
fond des poils du toupet; mais, lorsque l'hiver revient
el qu'ils ne peuvent plus vivre des exsudations naturelles
de la peau, ils déchirent ré[)iderme el redeviennent de
nouveau psoriques. Celte gale, non traitée, peut durer toute
la vie de l'animal.
Diagnostic. — La gale symbiotique, au début, ne se
BOVIDÉS. — (.ALE DÉMODÉCIQUE. 425
distingue, de la gale psoroptiqiie. que par l'examen mi-
croscopique des croûtes caractéristiques.
La teigne tonsurante du ycaii s'en distingue par sa
l'orme circulaire plus ou moins régulière.
Le Trichodectes scalaris, petit pou qui habite les
régions postérieures du corps et particulièrement le voisi-
nage de la queue, peut déterminer une phtiriase accom-
pagnée d'une éruption furfuracée, de dépilations et d'un
prurit léger pouvant être confondu avec celui de la gale
symbiotique; mais les dimensions du trichodecte et les
caractères spécifiques de ce parasite suffîsent pour diffé-
rencier les deux affections.
Traitement. — Le traitement est préventif et curatif.
Le premier consiste à tenir les animaux proprement, à
désinfecter les écuries, à changer la litière des animaux,
à isoler, si on le peut, les bêtes atteintes.
Le traitement curatif est le même que celui de la gale pso-
roptique.
IV. — GALE DÉMODÉCIQUE.
Cette gale, due au Demodex foU iculorum [wariéiQ bovis),
signalée par Gros (1845). est fréquente en Amérique
(Faxon, 1878), Stiles (1892), au Transvaal. à Madagascar
où elle est épizootique et connue sous le nom de hoka
(Geoffroy, 1907) (Carougeau , dans lEst-Africain allemand
(Probst, 1911), dans les Indes anglaises où elle est appelée
petite vérole sèche {drysmall po.r), par Mitter (1912) et
danslaUépublique Argentine (WoltThùgel): on larencontre
quelquefois en Allemagne [Grimm (1884'. Oelh (1892),
Bugge (1)]. dans les Pays Scandinaves (Buschli, 1908), en
Italie , Melio, 1910).
Symptômes. — Cette gale, localisée souvent au mufle,
au pourtour des yeux, à l'épaule, au bras, au poitrail, au
fanon, au cou, à la face interne des cuisses, au périnée, à
la mamelle, peut se généraliser. Elle est partout carac-
(I) Bugge, Z>e«?«eAe thierdrzl. Wochensclir., 1909. — .Martin, La gale
déraodècique des herbivores (Revue vétérinaire, 1913, p. 3:!3).
24.
426 DERMATOSES l'ARASITAIRES.
tériséc par le dévoloppoment de nombreuses pustules
au niveau des glandes sébacées dilatées. Pressées, ces
pustules de la dimension d'une tête d'épingle, d'un grain
de cbènevis, d'un pois d'une petite cerise, d'un œuf de
pigeon, laissent écliaiiper une matière blancluUre.
épaisse et visqueuse, formée en grande partie de démo-
dex. La peau se recouvre de croûtes qui soulèvent les
poils et dissimulent une surface rouge un peu sanguino-
lente. Un prurit assez intense incommode les animaux,
qui maigrissent, se drpilent. ou présentent do nombreux
ulcères; ils offrent un aspect repoussant et dcvicnneni
parfois cachectifpies.
Cette affection altère le cuir, le déprécie quelquefois
de 20 p. 100, car il présente des nodosités signalées prin-
cipalement de septembre à décembre par les tanneurs
ami-ricains. Elle est jiarticulièroment redoutable dans
l'Afrique du Sud et à Madagiiscar, où sa propagation est
très rapide. Aux Indes anglaises, 75 p. 100 des zèbres en
sont atteints.
Traitement. — La compression des nodosités ouvertes,
le nettoyage de la peau et les frictions de pommade
crésylée, de pommade soufrée, dojus de tabac, de mélange
de pétrole et d'huile de coco au tiers, etc.. peuvent guérir
les foyers limités.
V. — ACARIASE DERIVIANYSSIQUE.
Lesdermanysscsnodélcniiinent pas à ])ropronient parler
de troubles cutanés chez les bovidés; mais ils. peuvent
provoquer de raffolemonl, de l'agitation violente «le la
tète en envahissant le conduit auditif, en perforant la
membrane du tympan et en s'introduisant dans l'oreille
moyenne, ou mémo dans l'oreille interne [Gassner,
.Schumacher (1)].
(1) Le lapin ((iurlt), la rh/h-rc (llarz), le rhii'it et le chat (Ziirn) peiivenl
avoir la peau envahie par les dermanysses ; chez les carnassiers, l'éruption
est vésiculaire (Ziirn).
BOVIDÉS. THROMBIDIOSE. 427
Traitement. — L'éloignement des galliuacés, la désin-
fection des poulaillers assurent la disparition de cette
acariase.
VI. - THROMBIDIOSE.
Le lepte automnal, connu sous le nom de rouget, d'acare
des regains, bête rouge, bète d'août, aoûtat, vendangeur,
mite rouge, présente une forme orbiculaire et une couleur
rouge orangé. Il vit dans les taillis, les gazons, les herbes
des prairies et détermine
chez les bêtes bovines une
maladie connue sous le
nom de rafle, feu d'herbe
ou d'érythème automnal.
Symptômes. — Les
lèvres, les joues, le chan-
frein, l'encolure, l'exti'é-
niité des membres sont le
siège d'un prurit violent,
qui les prive de tout repos;
la peau, grattée et excoriée
par places, se couvre de
papules ou de papulo-vési-
cules à physionomie eczémateuse. On voit ainsi les
régions atteintes rougir, se tuméfier, devenir érythéma-
teuses et parfois même violacées.
Tous les ruminants peuvent présenter ces démangeaisons
insupportables, mais passagères ; car les parasites ne
vivent quequelques jours sur la peau des animaux(fig.91 .
Diagnostic. — La présence des parasites dénonce la
nature de l'irritation.
Traitement. — La teinture d'iode, la benzine, le pétrole,
l'huile en applications, la pommade crésylée à 2 ou 3 p. 100.
font rapidejnent disparaître cette éruption.
Fig. 91. — Larve de Tkrombidiurn
ho/oserireum vue par la face ven-
trale, grossie près de 100 fois
(d'après Még^ninl.
428 DERMATOSES PARASITAIRES.
VII. — IXODES.
Le bœuf, le mouton, la chèvre, hébergent : l» VIxodes
réduve et VLvodcs hexagonus, parasites essentiels des
mammifèfos de France et d'Europe et agents de transmis-
sion de la piroplasmose commune ;
2° Le lihipicephahis bursa. (\n\ colporte lci)iropl;isiiio du
mouton ;
3° Les H. Evertsi, simus, appendiculatiia, capcnsis et
nitens, agents de transmission des diverses piroplasmoses
du sud de rAfriiiiie :
i° Les Boop/(//«.s-. demi les variétés propagent les piro-
plasmoses dans les diverses contrées de l'Amérique;
5°- h'î.rodes œgyptius ou Hyalommn vcnyptium, connu
sous le nom de tique sénégalaise, colporte la piroplasmose
bovine commune (Voy. Plroplai>moses).
Symptômes. — Ces divers ixodes provoquent chez les
ruiniiinnts, principalement chez le mouton, une irritation
plus ou moins vive, due à limplanlalion de loiu" rostre
dans l'épaisseur ilu tégument. Les parties lines ou
dépourvues de laine, comme laisselle, laine, la partie
supérieure du cou ou en arrière des oreilles, sont parti-
culièrement piquées. On constate, à ce niveau, une vive
démangeaison avec formai ion d'une auréole rouge autour
de chaque piqûre: on observe ensuite une petite plaie qui
est le siège d'une inflammation intense.
Diagnostic. — Les tiques sont faciles à reconnaître ; elles
oifrent une (coloration brune ou gris sale; elles sont aplaties
quand elles soni i\ jeun, bombées et globuleuses quand
ellessont repues. Les femelles adultes sont toujours grasses,
les mAles très petits.
Pronostic. — Os parasites, peu dangereux quand ils
sont peu uomlu-eux, deviennent redoutables dans les pa\s
chauds et humides où les hwufs en sont pai'fois couverts;
ils peuvent enlin ruiner l'élevage du bétail dans les jiays
<i piroplasmoses.
MOUTON. — GALE SARCOPTIQUK. 429
Traitement. — On détermine la chute des ixodes en les
humectant avec de l'essence de téi'ébenthine, du pétrole,
de la benzine, d'une solution concentrée de chloral, ou
d'une pulvérisation d'huile, de vaseline, etc. Quand on les
arrache brusquement avec des pinces ou avec les doigts;
le rostre demeure souvent implanté dans la peau et
engendre bientôt un peu de suppuration.
III. — MOUTOX.
Trois espèces de gales sévissent chez le mouton : la gale
sarcoptique, la gale psoroptique et la gale symbiotique.
I. — GALE SARCOPTIQUE.
Définition. — La gale sarcoptique du mouton est
caractérisée par la production de croûtes épaisses, dures,
adhérentes, et par un prurit très intense au niveau de la
tète et dans les parties dépourvues de laine.
Localisée au niveau de la face, des joues, des paupières,
elle peut envahir le ventre, la région sternale. le scro-
tum, l'ouverture du fourreati, les plis des genoux, des
jarrets et des paturons fig. 9:2).
On l'a désignée sous le nom de gale de la tête, de dartre
de la tête, de noir-museau, de miisarail dans le Midi et
becqueriau dans la Beauce.
Étiologie. — Le Sarcoptes scabiei (variété ovis) a été
découvert en 1858 par Delat'ond et décrit en 1877 par
Gerlach.
Les écailles dorsales peu nombreuses son raréfiées surtout
en arrière. Une faible clairière antérieure, une postérieure
plus étendue. Sternite de l'armure mâle lâchement uni
aux épidermes des pattes postérieures. Mâle long de 220 a.
large de 160 u.. Femelle ovigère longue de 320 à 440 ;/.,
large de 240 à 358 a (Railliet).
Les moutons se contaminent facilement en se grattant
430
DERMATOSES PARASITAIRES.
entre eux; ils contractent aussi la gale sarcoplique de
la chèvre (RolofT, Wulraff. l{ailliet):il est même pro-
bable que ces deux espèces de gales sont produites par le
même parasite.
Le sarcopte du mouton peut l'aire développer, cbez
Vliomme. une véritable gale (l)olafond. (ierlacli); il ne pro-
■< <e »* ^
=^^
Fig. 92. — Gale sarcopli(iiie du mouton.
voque quune éruiition passagère chez le clievnl, le bœuf
et le chirn ; il ne détermine rien chez le lapin.
Symptômes. — La maladie commence ordinairement
par la lèvre supérieure, le pourtour des naseaux, les
paupières ou les oreilles. Ses progrès sont peu rapides.
Elle envahit la face, le chanlrein, les joues, et exception-
nellement l'espace intermaxillaire: les parties pourvues
de laine sont préservées.
Le parasite ])eut les traverser, mais sans s'y arrêter. Il
va élire domicile et former de petites colonies entre les
MOUTON.
GALE SARCOPTIQUE.
31
ars. sous le ventre, au niveau des paturons, des jarrets
et des genoux, en produisant partout des croûtes épaisses
gris jaunâtre. Ce n'est que chez certaines races qu'on
la voit s'étendre à tout le corps, mouton de Zaddel,
mouton à queue grasse, mouton napolitain (Roloff),
mouton southdown (Railliet). moutons algériens et
tunisiens à laine grossière. Elle n'en conserve pas moins
toujours sa physionomie caractéristique : tète croùteuse,
ridée, qui semble recouverte d'im masque. Les paupières
sont tuméfiées ; les yeux chassieux ; les oreilles épaissies :
les lèvres et les joues à demi immobilisées, de telle sorte
que les animaux ont de la peine à prendre les aliments.
Les croûtes sont grisâtres, rugueuses, erenues, sèches.
Fig. 93 et 94. — Extrémités atteintes de gale (Mathis).
épaisses et très adhérentes, formant soit des grains isolés
de 2 à 3 millimètres de diamètre et d'épaisseur ; soit, par
confluence, des plaques irrégulières, au niveau desquelles
les poils sont englobés et cachés. — La gale de la tête
peut se compliquer de conjonctivite traumatique, parfois
même d'ophtalmie pm-ulente et de perte de l'œil.
« Aux extrémités, les croûtes offrent les mêmes carac-
tères : au début, limitées à la couronne, elles s'étendent
ensuite de préférence sur les faces latérales et anté-
432 DERMATOSES PAU ASIIAIUES,
rioures du paliiron, jusqu'au-dessus du boulet, sans
jamais alleindro ou tout au moins dépasser la mi-hau-
teur du canon. Klles donnent au paturon un volume plus
grand qu'à l'état .normal, qui déborde les onglons (fig. 93
et 94) » (Mathis).
Le prurit est toujours très intense; les animaux se
frottent avec les pieds de derrière et contre tous les corps
environnants.
Lésions. — Ces acarcs sont faciles à mettre en évidence ;
ils sont situés sous les croûtes adhérentes au tégument ; ils
déterminent des papules surmontées bientôt de vésicules
et des sillons bien appréciables au début de la maladie.
Les frottements détruisent bientôt l'érujttion, détermi-
nent du suintement et la production de croûtes blan-
chAtres qui deviennent rapidement épaisses, grisâtres,
dures et adhérentes. La peau envahie s'épaissit, se ride,
se plisse, longitudinaleinent aux lèvres, circulairement
autour des yeux, transversalement aux oreilles, et l'on
voit apparaître des gerçures, des crevasses, qui sont le
siège d'excoriations fréquentes et de légères hémorragies.
Dos kystes séro-sanguinolonts résultent quelquefois du
froissement du tissu conjonctif sous-cutané (Delafond).
Diagnostic. — Cette maladie se distingue de la gale
psornpli(pie par son siège ; elle ne peut être confondue
au début qu'avec l'ecthyma des lèvres.
Traitement. — a. Le traitement prophvlactiuue consiste
à séparer les malades du reste du troupeau, à empêcher
l'introduction de moutons galeux dans une bergerie saine
et à opérer la désinfection des bergeries contaminées.
La gaie sarcoptique du mouton étant rangée parmi les
maladies réputées contagieuses qui tombent sous le coup
de la loi du 21 juillet 1881 nécessite l'application de
mesures sanitaires.
b. Le TRAITEMENT ouRATiF anlipsori(pie peut être immé-
(Jiiitenient appliqué quand cette gale est récente; il est
indispensable de ramollir les croûtes avec l'huile ou la
MOUTOX. GALE PSORuPTIQUE. 433
vaseline et de nettoyer la peau par un savonnage intense
au savon noir, quand elle est ancienne. Si la peau a été
soigneusement préparée, les frictions répétées de pom-
made d'Helmerich, dhuile de cade, de solution de crésyl,
de jus de tabac dilué, de glycérine créosotée ou phéni-
quée, de mélange de benzine, de pétrole et d'huile sont
efficaces.
II. — GALE PSOROPTIQUE.
La gale psoroptique est de beaucoup la plus fréquente
et la plus grave des gales qui atteignent le moutou. Elle
siège de préférence dans les régions à peau une, couvertes
de laine, et est caractérisée par des lésions cutanées,
polymorphes, déterminées par le Psoroples communis (va-
riété oris). C'est la rogne, la gale épizootique des an-
ciens, la gale dermatodectique de Gerlach, Bourguignon
et Delafond.
Cette maladie est connue depuis la plus haute anti-
(juité ; Moïse excluait des sacrifices les bétes galeuses, mais
les premières notions exactes que l'on possède remontent
à Walz, qui l'étudia en 1809 ; son étude fut complétée par
Teissier (1810), Bosc (1811), Gohier (1814), de Gasparin
(1821). Hering et Hertwig (1835), Delafond et Bourguignon
(1854), Gerlach (1857).
Étiologie. — Le Psoroptes ovis est l'unique cause de
la maladie; c'est un gros parasite visible à l'oeil nu; le
mâle a 500 à GOO ;x de long sui" 340 à 370 ijl de large et
la femelle ovigère 670 à 740 a de long sur 450 à 460 [x de
lai-ge (fig. 95).
Cette gale est très contagieuse : un seul malade conta-
mine facilement tout un troupeau.
La contagion s'effectue, par contact direct, quand les
animaux se pressent pour entrer ou sortir de la bergerie
ou par contact indirect, c'est-à-dire par rintermédiaire
des mangeoires, des râteliers, des litières ou des boissons.
Ce mode de contagion est favorisé par la résistance vitale
Cadéac. — Pathologie interne. VU. '25
43 i
DERMATOSES PARASITAIRES.
des psoroptes en dehors de leur luMe : ils peuvent vivre
dix à vingt jours à une température moyenne; ils s'engour-
dissent seulement sous l'influence du froid ne dépassant
pas 0° (llertwig et Gcrlach). Les bergeries chaudes
sont assurément favorables à la conservation des parasites
Fig. 95. — Psoroptes commiaiis (variété ovis) (mâle vu par la face ventrale).
qui se répamlent daulant plus facilement sur les animaux
que ceux-ci y séjoiu'nent davantage; la gale fait ainsi de
grands progrès l'autonme et l'hiver, recule le printemps
et l'été sous l'influence de la tonle, qui enlève un abri
aux parasites, et de la dispersion des animaux dans les
pâturages.
Sinon, il est à présumer qu'il n'existe, en dehors de ces
infliieiices, ni immunité, ni prédispositions individuelles :
la contagion est pour ainsi'dire fatale parmi les animaux
MOUTON. — GALE PSOROPTIQtE. 433
qui vivent ensemble. Les moutons robustes, énergiques,
demeurent moins immobiles sur la litière et sont, de ce
fait, moins vite contaminés que les animaux débiles ou
cachectiques.
La gale psoroptique du mouton ne peut se communiquer
aux autres espèces animales.
Symptômes. — Cette gale débute généralement par
la ligne du dos, vers le garrot; elle ne tarde pas à
s'étendre au cou. au dos, aux côtes, aux flancs et à toutes
les régions pourvues de laine.
Les démanseaisons sont très vives: l'animal se mordille.
Fig. 96. — Gale psoroptique du mouton.
se gratte partout où il peut s'atteindre et salit sa toison.
Le simple frottement de la main, dans les parties où la
laine est feutrée, exagère le prurit ; les animaux agitent
alors la tête, font trembloter les lèvres, cherchent à se
mordre ou à se frotter contre tous les corps durs qui sont
à leur portée ou même contre leurs voisins (fig. 96).
La toison se couvre de poussière, de boue; des mèches
436 DERMATOSES PARASITAIRES.
(le laine s'agglutinent, se détachent, pendent; Tanimal a
un aspect déguenillé. Les brins sont inégaux; ceux qui
se détachent sont remplacés par des brins nouveaux qui '
retiennent les anciens et forment, avec eux, des mèches
entremêlées et composées de couches d'inégale longueur ;
c'est la laine <Y deux bouts. Cette altération devient gé-
nérale sous l'influence du prurit et de l'irrigation san-
guine anormale entretenue dans la peau parles psoroptes.
L'examen de la peau met en évidence les lésions de
l'infestation parasitaire. Les premiers psoroptes pro-
voquent, par leurs piqûres, des papules blanclultres ou
blanc jaunâtre, de la grosseur d'une lentille, (jui
contrastent avec la teinte rosée des parties environ-
nantes.
La colonie acarienne augn)ente rapidement; les pso-
roptes se pressent sur une surface réduite; ils multi-
plient leurs piqûres; les papules augmentent de nom-
bre, se rapprochent, deviennent confluantes et se confon-
dent : la surface galeuse présente l'image d'une plaque
eczémateuse. L'éruption évolue promptement ; les pa-
pules sont remplacées par des vésicules et des pustules.
Une sérosité limpide s'accumule à leur sommet,
s'échappe, humecte la toison, se dessèche, forme des
croûtes peu adhérentes, furfuracées, jaunâtres, grasses
au toucher, par suite de l'hypersécrétion des glandes
sébacées et facilement réductibles en poussière pulvé-
rulente. Ces plaques crouteuses, assez bien délimitées,
offrent des bords irrégulièrement festonnés, qui dénon-
cent les progrès de l'invasion parasitaire. Les psoroptes
abandonnent les régions enflammées et crouteuses pour
avancer, de proche en proche, vers les parties saines. On
peut suivre pour ainsi dire leur marche envahissante : on
les voit, aux contins des pla(iues, sous l'aspect de petits
points blancs, brunâtres à une extrémité. On peut les
saisir avec la pointe d'une aiguille ou d'un pinceau, les
placer sur une feuille de pa|)ier noir pour mieux les
MOUTON. — GALE PSOROPTIQUE. 437
observer et distinguer les mâles, les femelles, libres ou
accouplés.
Cette gale ne comporte pas d'autres altéi^ations primi-
tives, mais les lésions consécutives aux démangeaisons
sont très nombreuses. Les frottements déterminent la
chute de la croiite primitive, exagèrent l'exsudation et la
production de croûtes qui sont plus épaisses, plus adhé-
rentes. La laine est arrachée, salie, feutrée, brisée; chaque
brin de laine apparaît rétréci ou renflé, sans résistance ;
la peau se dépile; le derme et le tissu conjonctif sous-
cutané, meurtris, s'infilti'ent; les papilles s'hypertro-
phient, la peau est doublée et même triplée d'épaisseur;
elle est dure, ridée, excoriée, crevassée, nécrosée par
places; il se produit des infections secondaires de nature
microbienne : de petits foyers purulents, du volume d'un
pois ou d'une noisette, évoluent dans l'épaisseur du
tégument ; les lymphatiques s'infectent, les ganglions
s'hypertrophient.
Marche. — Durée. — Terminaison. — La gale psoro-
ptique a une marche lente, maisses progrès sont inévitables ;
les parasites abandonnent le centre de la plaque primi-
tive ; ils envahissent tout le corps au bout de deux à
troismois, excepté les régions abdominale et sternale, qui
ne leur procurent pas un abri suffisant.
Cette extension est facilitée par les auto-infections et
par les contaminations répétées. Le mouton, en se
grattant, transporte des parasites des régions malades
dans les parties saines ; les parasites eux-mêmes, déposés
sur les parois des portes, sur les voisins, peuvent passer
sur les malades et fonder de nouvelles colonies qui ont
la même évolution concentrique que les premières.
Les parasites abandonnent toujours le centre des
plaques ; la peau, épaissie et plissée à ce niveau, récupère
lentement son intégrité; les croûtes tombent et laissent
apercevoir une surface pityriasique. La maladie ne peut
s'arrêter d'elle-même ; elle subit des rémiltences, sous
438 DERMATOSES PARASITAIRES.
linllucnce dos saisons cl des changenionts do niilioiix.
Ello l'ait de grands progrès pendant l'anlonino ol lliivor
ot rétrograde pendant le séjour dos animaux, dans les
pâturages. Les sujets aiïaiblis otTront pou de résistance à
la maladie; les mouton nicrinos sont plus éprouvés que
les moutons indigènes. Tous peuvent suooomber k cette
gale quand ils ne sont pas soign('s.
La mort survient dans le marasme ot la oachexie au
bout de deux à trois mois; une nourriture substantielle
prolonge la vie; un traitement insufïisant, qui diminue
seulement l'extension des parasites, peut permettre à l'ani-
mal de résister à la maladie, qui s'éternise ainsi dans les
bcrgcrios.
Diagnostic. — La gale psoropticpie est une maladie
facile à dépister.
Les psoroptes, qui la déterminent exclusivement, sont
vite découverts en raison de leur taille. L'examen micro-
scopique des croûtes empêche de confondre cette maladie
avec d'autres dermatoses. D'ailleurs, la contagiosité de la
maladie qui rogne dans un troupeau, l'irrégularité de la
toison, l'existence de surfaces dépliées notamment au dos,
aux épaules, à la croupe et à la base de la queue, les
démangeaisons persistantes que [u-ésontent les malades la
font imnit'diatoment soupçonner.
La (/aie sarcoptique s'en distingue par sa localisation aux
parties dépourvues de laine.
L'acné, ou foUiculite sébacée, est caractérisée par lab-
sence de parasites et par une sécrétion abondante d'im
suint jaunâtre, poisseux, fortement adhérent.
La pliliriase. déterminée par le Irichodectc sphcroccpluik.
les mélophaijcs ou les ixodcs, no produit pas un prurit aussi
intense, ni des dépilalions aussi étendues, ot les parasites
sont nettement visibles.
Les eczémas et Valopécie s'en distinguent aussi par l'ab-
sence de contagion et le peu d'intensité du prurit.
Pronostic. — La gale psoroptique du mouton occa-
MOUTON. — GALE PSOROPTIQUE. 439
sienne, chaque année, de grandes pertes à l'agriculture ;
elle est plus fréquente en JtUemagne qu'en France et,
dans notre pays, elle est plus répandue dans le nord et
louost que dans l'est et le midi.
Elle nuit à la croissance et à l'engraissement des ani-
maux qui en sont atteints et fait subir à la laine une dépré-
ciation notable.
Les brebis donnent naissance à des afjneaiix chetifs, et
la mortalité des galeux peut atteindre 40 à 50 p. 100
quaud la distomatose ou d'autres affections parasitaires
s'ajoutent à la gale.
Traitement. — Le traitement préventif consiste à iso-
ler les malades des animaux sains, à désinfecter soigneuse-
ment la bergerie et à changer les animaux de local pendant
quinze à vingt jours. D'autre part, une bonne nourriture
et des soins constants de propreté diminuent les dangei's
de contagion. Cette maladie est visée par la loi sanitaire
(Yoy. Police sanitaire).
Traitement curatif. — Ce traitement varie avec le
nombre d'animaux galeux et la généralisation plus ou
moins complote de la maladie sur chacun d'eux.
Si quelques animaux seulement sont atteints, l'emploi
des aatipsoriques (huile de cade, jus de tabac dilué,
200 grammes dans 1 litre d'eaul, utilisés ordinairement
chez nos animaux domestiques, est tout indiqué et permet
d'obtenir la guérison de tous les malades. Les bergers soi-
gneux préviennent l'extension de la gale dans les trou-
peaux très nombreux et parviennent à guérir tous les
malades qui sont traités dès quune toutfe de laine est
ébouriffée.
Quand la gale S'est étendue à tout un troupeau et s'est
généralisée sur de nombreux sujets, un traitement plus
énergique et plus coBiplet s'impose; il consiste dans l'em-
ploi d'un bain savonneux tiède (1 kilogramme de savon
vert pour 100 litres d'eau), auquel on soumet les animaux
galeux préalablement tondus pour ramollir et faire tom-
440 DERMATOSES PARASITAIRES.
ber les croûtes vingt-quatre heures avant <le les plonger
dans le bain antiseptique.
[^es bains arsenicaux ou les bains créolinés sont aujour-
criiui exclusivement employés; ils sont ctllcaces. peu oné-
reux et sans danger, pourvu qu'on attende pour les donner
quatre à cinq heures après le repas. Habituellement, on
baigne les woutons pendant la belle saison, et huit à
quatorze jours après la lonte.
Le bain employé est porté à une douce température.
30° environ. Lorsqu'on emploie le bain arsenical, qui est
caustique, il faut prendre le soin d'enduire les mamelles
des brebis laitières avec un corps gras, afin d'éviter l'ac-
tion astringente du liquide, qui peut faire diminuer la
sécrétion lactée pendant (piclqncs jours.
Les animaux doivent être plongct; complètement, à
l'exception des yeux, de la bouche et du nez; la durée
de l'immersion varie un peu avec le bain employé; quand
on emploie le bain arsenical, une durée de deux à trois
minutes sullit.
(Juatre personnes sont nécessaires pour oITectuer cette
opération : l'une amène les moutons, une autre saisit les
membres antérieurs, une troisième, les membres posté-
rieurs ; le sujet est renversé sur le dos plongé ainsi dans
le liquide, en appuyant sur le ventre de l'animal pour la
maintenir dans le bain; la quatrième tient la tète hors du
liquide.
On remet ensuite le sujet sur ses membres en le main-
tenant dans le bain ; on exprime une partie du liquide qui
imi)règne la laine. L'animal est retiré du bain, fric-
tionné, brossé et nettoyé vigoureusement, surtout sur les
régions supérieures. Les sujets baignés sont ensuite aban-
donnés dans un local propre, ou dans un parc exposé au
soleil. Il est nécessaire de préserver les animaux de la
l»luio, qui enlèverait la préparation acaricide qui imprègne
encore la peau.
I^es bains arsenicaux utilisés sont :
MOUTON. — GALE PSOR OPTIQUE. 441
Le bain Tessier, composé de :
Acide arsénieux l'=«,500
Suifale de fer 10 kilos.
Eau 100 litres.
Le sulfate de fer agit comme astringent; il empêche
l'absorption du liquide et évite lintoxication.
Clément a substitué le sulfate de zinc au sulfate de fer :
Pour 100 moulons :
Acide arsénieux I''8,5û0
Suifale de zinc 5 kilos.
Eau 100 litres.
Mathieu a i"emplacé le sulfate de fer par l'alun; l'alun
ne colore pas la laine comme le sulfate de fer, et il jouit
également de propriétés astringentes.
Trasbot a ajouté de laloès au bain Clément, sans grand
avantage, en raison de son insolubilité complète.
Ordinairement, un seul bain ai'senical suffit pourobtenir
la guérison. La peau est légèrement cautérisée à la sortie
du bain: elle est difficile à plisser pendant cinq à six jours
et est recouverte de croûtes au niveau des foyers ancien-
nement infectés; mais les animaux ne se grattent plus; ils
manifestent une soif moins vive et un plus vif appétit,
signes de leur guérison. Vers le huitième jour, les croûtes
se détachent, et la peau récupère sa souplesse et son
aspect normal.
Néanmoins, il faut surveiller attentivement les animaux
et les baigner de nouveau six semaines après si des réci-
dives locales se manifestent. On peut d'ailleurs enrayer
leur extension, prévenir toute contagion par des appli-
cations locales.
Les bains crésylés ou créolinés sont particulièrement
'employés en Allemagne :
Pour 100 moutons :
Créoline 4 litres.
Eau 200 —
■>n.
442 DERMATOSES PARASITAIRES.
Les moutons sont baignés deux fois, à une semaine
d'intervalle, pendant trois minutes chaque fois et brossés
énergiquement.
Les jus de tabac dilués et titrés à 1 p. 2000 de nicotine
sont exclusivement employés en Argentine, Brésil et
Uruguay; mais, en France, il est difficile de se procurer
des jus de tabac, de sorte que le bain arsenical ou le bain
crésylé sont les plus pratiques dans notre pays.
m. - GALE SYMBIOTIQUE.
La gale symbiotique est la moins grave et la plus rare
des affections psori(iuesdu luonton: elle siège, comme chez
le clieval, aux membres et dans le pli du paturon, ce (]ui
lui a valu le nom de (jale des pieds.
Signalée par Zùrn (1874) et Schleg (1877) sur les mou-
tons de race fine, comme les Negretti, quand ils sont
négligés, cette gale est déterminée par le Symbiotes com-
munis (variété ovis).
Mâles et femelles, en quantités h peu près égales, four-
millent sous les croules dont ils provoquent la formation,
sans chercher à s'en éloigner beaucoup. Les mœurs séden-
taires de cette espèce de parasite expliquent sa localisation
constante au niveau des extrémités, son peu de tendance
à s'(''tendre et sa faillie contagiosité; 2 à 3 p. -iOO des ani-
maux au plus sont contaminés.
Symptômes. — Cette gale débute aux membres posté-
rieurs, où elle se localise souvent, mais son extension aux
membres antérieurs n'est pas rare.
Elle jieut atteindre les bourses chez le bélirv ou les
mamelles chez la hrehis. mais jamais elle ne s'étend aux
autres régions du corps.
Elle se traduit d'abord par de la rougeur et de vives
démangeaisons, qui portent les animaux à remuer sans
cesse les membres, à se frotter et se mordre.
A une desquamation épidermique abondante, activée
CHÈVRE. — GALE SARCOPTIQLE. 443
par les mouvements incessants des animaux, succède
l'apparition de croûtes d'épaisseur variée. L'exsudation,
intense surtout au niveau des jointures, est bientôt suivie
de tissures et de crevasses plus ou moins profondes, qui
gênent la marche des animaux ou occasionnent des boi-
teries.
Traitement. — Des soins hygiéniques favorisent la gué-
rison, qu'un traitement antipsorique amène très rapi-
dement.
IV. —GALE DÈMODÉCIQUE.
Signalée par Oschatz, cette affection est déterminée par
le Demodex folliculorum (variété ovis), qui n'a été trouvé
que deux fois dans les glandes de Meibomius.
IV. — CHÈVRE.
|. — GALE SARCOPTIQUE.
Étiologie. — Le Sarcoptes Scalnei, variété caprae déter-
mine une dermatose généralisée ; elle est très contagieuse
et peut revêtir un caractère épizootique. Elle sévit princi-
palement sur les chèvres d'Asie et d'Afrique (Henderson,
MûUer, Roloff) ou de la Suisse (Walraff). Elle se commu-
nique facilement aux moutons dépourvus de laine ou
demeure localisée à la tête sous foi-me de noir-mitseau.
Elle est transmissible à l'homme et détermine une
éruption fugace chez le porc, le chien, Vàne et le lapin
(Roloff); elle est susceptible de se généraliser chez la
clicvve.
Symptômes. — Linvasion parasitaire, révélée par un
violent prurit, débute par la tête et les oreilles, gagne le
tronc et se généralise sans respecter les membres. — Elle
se traduit par la chute des poils, la sécheresse, l'épaissis-
sement, le plissement et les gerçures de la peau, la tumé-
faction du nez et des lèvres et la production de boutons
444 DERMATOSES PARASITAIRES,
laissant suintei" un liquide visqueux se transformant en
croûtes sèches, écailleuses, qui s'éliminent sous forme de
productions furfuracées ou forment de grandes plaques
épaisses, brillantes ou gris bleuâtre, au-dessous desipielies
on trouve de nombreux sarcoptes.
Quand la gale n'est pas soignée, elle peut déterminer
l'amaigrissement et la mort des animaux.
Diagnostic. — Le prurit quelle engendre, la rapiilité de
sa transmission aux autres animaux sont des signes cli-
niques diagnostiques. La ijalc sarcoptique se différencie
de la gale symbiotique par la forme du parasite beaucoup
plus que par les lésions et les symptômes, qui ont beau-
coup de parente''.
Traitement. — Chez les animaux préalablement ton-
dus, on peut utiliser les frictions de pommade d'Helme-
rich ou les bains (Tessier, Clément, etc.) employés contre
la gale psoroptique du mouton. L'essence de lavande et
l'essence térébenthine déterminent la chute des croiites et
la guérison rapide du sujet. On applique les mêmes
mesiuTS (]ue jiour la gale sarcoptique du iiiniitoii.
II. —GALE PSOROPTIQUE DE L'OREILLE.
La gale psorojjtique delà rlirvre est caractérisée [lar le
développement de croiites com[)actes dans le conduit audi-
tif sous l'inlluence du I*soroplcs communis (variété capvn'}.
Celte acariase, signalée par Pezas sur une chèvre des
Pyrénées, a été retrouvée au Congo par Mense ; Gedoelsl a
démontré l'existence du même acarien chez les chèvres de
ces deux piiys.
Symptômes. — La pullulai ion ilcs psoroples. ilans la
conque auriculaire, se tradiiit ]»arla formation de croûtes
épaisses, compactes et brunâtres, constituant un véritable
bouchon qui obture le conduit auditif. O'iand on le dé-
tache, on peut découvrir les acariens dans son intérieur et
constater la rougeur et les érosions de la peau de l'oreille.
CHÈVRE. GALE SYMBIOTIQUE. 445
Les clié'vrrs atteintes de cette infestation parasitaire
deviennent sourdes : elles cessent de manger et snccom-
bent au bout de quelques mois.
Diagnostic. — La présence d'un amas croùteux dans le
conduit auditif fait soupçonner cette acariase, confirmée
par la dt'couverte des psoroptes.
Traitement. — Commencer par ramollir les croûtes
avec de l'huile d'olive, puis savonner le conduit auditif
avec de l'eau tiède et y introduire enfin un mélange à par-
ties l'gales de benzine et d'huile pour obtenir une guérison
rapide.
III. — GALE SYMBIOTIQUE.
La gale symbiotique de la clièvre est due au Symbiotes
communis (variété caprcp).
Découverte par Delafond (1854) sur des chèvres d'An-
gora, elle a été retrouvée de nouveau en 1889 par MoUe-
reau sur une chèvre commune.
Symptômes. — La gale symbiotique de la c//èv;-e s'accuse
par de nombreuses plaques dénudées. Elles sont produites
par la chute du duvet seul et la persistance des poils rudes
(jarre). Les régions atteintes se recouvrent bientôt de
croûtes jaunâtres, dures, épaisses, sèches et très adhé-
rentes. Elles peuvent revêtir l'aspect d'un manchon qui
entoure le paturon à la façon d'un bandage. Sous ces
croûtes, la peau est épaissie, ridée, sèche, crevassée et adhé-
rente, luisante, prête à se mortifier. Ces lésions entraînent, à
leur suite, l'engorgement des ganglions lymphatiques voi-
sins et une boiterie intense. Les croûtes, examinées au
microscope, après avoir été traitées par l'eau tiède, se
montrent composées de cellules purulentes déformées et
surtout de cellules épidermiques ; elles peuvent être mê-
lées à des débris de paille lorsqu'elles siègent sur les patu-
rons: la fourrure des chèvres galeuses perd rapidement
sa souplesse, son brillant et s'agglutine en mèches qui
s'arrachent facilement.
446 DERMATOSES PARASITAIRES.
Marche. — Celte gale affecte (fahord les parties laté-
rales du cou, le garrot, le dos, le rein ; elle peut s'étendre
après deux ou trois mois, derrière les oreilles, à la base
de la queue, aux parties latérales de la poitrine, aux flancs.
Mollereau l'a vue localisée aux paturons diin membre
postérieur.
Diagnostic. — La gale symbiotique pourrait être con-
londue avec Vic/ityosc, mais la présence des parasites
permet de l'en dilTérencier. On la dislingue facilement
de la gale sarcuptkjue par son siège, le caractère des
croûtes et surtout par les parasites (|u'on rencontre d'or-
dinaire sous les croûtes iraiches.
Traitement. — 11 faut commencer par tondre les chè-
vros atteintes; on utilise ensuite les divers
aniipsoriques connus.
Les bains alcidins (S'^s.riOO à 5 kilos
(le carbonate de potasse ou de soude dans
100 litres d'eau), accompagnés de fric-
lions vigoureuses, pendant un quart
dlieurc, constituent un bon traitement
I l)elalon(l) ; (k'ux ou trois bains, à quatre
ou cinq jours d'intervalle, suffisent pour
.^a obtenir la «uérison des malades.
IV. — GALE DÉMODÉCIQUE.
La gale folliculaire de la rhcvrc,
observée par Nieder hœusen, Kilt (4890),
Hach (190.^j), Railliet et Nocard, sur un
jeune bouc est déterminée par le Dcmodcx
folliciiloruin (variété caprx). Elle revêt la
— iJpmo- forme contagieuse chez les chèvres de la
foUiru/o- ° . I r • 11
race Saanen, mais, quelqueiois, elle ne
se transmet pas par cohabitation (Hach).
Symptômes. — Cette atTection est caractérisée par une
éruption localisée généralement aux parties moyennes du
tronc, surtout vers la région costale, les lianes, les épaules,
DROMADAIRE ET CHAMEAU. GALE SARCOPTIQUE. 447
le plat des cuisses et quelquefois à la tète, au cou et aux
extrémités des membres. Les pustules, de consistance assez
résistante, ont un volume variant de la grosseur d'un pois
à celle d'une noisette. Ce n'est qu'en les pressant fortement
qu'on peut en exprimer un produit épais, de coloration
jaunâtre plus ou moins foncée, renfermant un grand nombre
de Demodex noyés dans ces matières demi-solides. Les bou-
tons de gale sont tantôt apparents, superficiels, tantôt
profonds el dépourvus de signes. On les aperçoit seule-
ment à la face interne de la peau préparée pour le tan-
nage. Ils sont aplatis, nettement circonscrits; ils renferment
de nombreux Demodex et enlèvent à la peau sa résistance
et une grande partie de sa valeur ;'fig. 97).
Traitement. — Ouvrir les pustules et les désinfecter à
laide de lotions antiparasitaires. Les frictions avec du
baume du Pérou, du styrax, de la glycérine et de la créo-
line sont inefficaces.
V. — DKOMADAIRE ET CHAMEAU.
GALE SARCOPTIQUE.
Cette gale, signalée par tous les vétérinaires militaires
qui ont vécu en Afrique, est déterminée par le Sarcoptes
scahiei (variété camelis) (Paul Gervais).
Étiologie. — Cet acarien se propage avec une très
grande rapidité. Un troupeau de chameaux est rapi-
dement infecté par un animal galeux. Ses pi-ogrès sont
surtout rapides au printemps; les jeunes et les vieux sont
plus gravement affectés que les adultes. La maladie se
transmet à l'hoiume ; presque tous les chameliers sont
contaminés par leurs animaux (Piot) (1) ; elle se propage
également à l'^He et au cheval (Filliol) (2).
(1) Voy. police sanitaire, in Encyclopédie vctprlnnire de Cadéac.
(2) Filliol, Contagion de la gale du dromadaire à l'.ine et au cheval {Revue
et., 1901, p. 303).
448 DERMATOSES PARASlTAlIiKS.
Symptômes. — La inalailio envahit les aines, les ars, la
l'ace inlérieure de labdonien, c'est-à-dire les parties Unes
de la peau ; puis elle gagne le tronc, l'encolure, la
queue, les membres, la région interdigitée.
On voit apparaître dos boutons de 1 centimètre de
diamètre accompagnés d'im violent prurit, de la chute
des poils et de la production de ermites. La peau, épaissie,
ridée, se gerce, se crevasse, s'ulcère, prend vm aspect
repoussant : elle est le siège d'une sécrétion séro-purulente
très fétide; on voit apparaître des Ijmjtliangites multiples,
des adénites, des œdèmes, des phléi)ites des membres pos-
térieurs. Enfin, l'animal, en proie à une agitation conti-
nuelle, se fi'otte contre les arbres, le sol, s'excorie, se
contusionne les articulations, s'inocule les divers germes,
tétanos, septicémie, etc.
L'affection évolue rapidement ; elle se généralise et
devient souvent incurable ; son pronostic est des plus
sombre ; le cluunean devient inutilisable, et très souvent
on est dans l'impossibilité de se procurer les médicaments
nécessaires pour le soigner.
Traitement. — Les soins préventifs consistent à empê-
cher le cdntact des animaux galeux, à les maintenir dans
un étal de |)ropreté constante, à les bien nourrir.
Quand la contagion n'a pu être évitée, il faut commen-
cer par tondre les malades et utiliser les remèdes anti-
psoriques préconisés contre la gale du c/icvul. Le goudron,
très employé par les Arabes, mt'-langé, au savon vert, à
parties égales, préserve de cette maladie et la guérit
assez rapidement (1).
(1) Le /nma est affecté d'une gale sarcoptique dont le parasite a été décou-
vert en ISoS-lîSûO par Bourguignon et Delafond.
Les caractères cliniques de celle gale se rapprochent de ceux de la gale du
dromadaire el du chameau : elle se Iransmet enraiement à Vhomme.
. PORC. GALE SARCOPTIQUE. 449
M. — PORC.
I. —GALE SARCOPTIQUE.
Lagale sarcoptique du porc, déterminée parle Sarcoptes
scabiei (variété suis), peut envahir toute la surface du
corps.
Décrite par Viborg, Gurlt, Spinola, qui avaient observé
un sarcopte chez le sanglier : elle a été découverte par
Delafond 1 1857) sur deux jeunes porcs.
Étiologie. — La Sarcoptes scabiei (variété suis) esi le plus
grand des sarcoptes ; il est visible à l'œil nu et facilement
à la loupe. Le màle est long de 250 à 350 ti., large de 190
à 300 [j ; la femelle ovigère atteint 0'"'",5 de long ;
mais on trouve, quelquefois, dans l'intérieur du conduit
auditif du porc\ un sarcopte plus petit, dont on ignore
l'origine (Guzzoni, Gurlt, Spinola, Gerlach, Scholl). La con-
tagion est favorisée par la malpropreté, les mauvaises con-
ditions hygiéniques ; elle est cependant moins contagieuse
que celle des autres animaux, en raison de l'habitude
qu'ont les porcs de se vautrer dans l'eau, de plonger leur
groin, une partie de leur tête dans les seaux, ce qui n'est
pas une condition favorable à l'implantation des sarcoptes.
Les animaux de race commune se défendent ainsi mieux
que les sujets de race améliorée. Elle est fréquente en
Hollande ; on l'observe aussi en France.
Le porc contracte la gale du sanglier ; il communique
une gale passagère à l'homme (Bourguignon et Delafond,
Siedamgrotzkj, Scholl), au chien (Delafond, Siedam-
grotzky). Le sarcopte du. porc ne détermine rien, ni chez
le chat, ni chez le mouton.
Symptômes. — On n'aperçoit pas de sillons sur le tégu-
ment recouvert de papules rougeàtres. Cette éruption ne
s'observe que dans les parties récemment atteintes ; les
régions plus anciennement malades sont dépourvues de
poils et l'ecouvertes de croûtes sèches, argentées ou d'un
4.n0 DERMATOSES l'AHASlTAIKES.
blanc yrisàlro. do 5 à 10 milliinèlros d'épaisseur. Au-
(lossoiis d'elles, la peau est plissée, exeoriéo, gercée,
vtM'riiqiieuse ; les papilles hypertrophiées ressemblent
;iiix verrues des lèvres du rhini: elles ont la dimension
ilune noix ou d'un pois et soidèvenl les croûtes qui les
l'ecoiivrent (1).
Marche. — Celte gale débute par les oreilles, le pour-
tour des yeux; elle envahit le garrot, la croupe, la face
interne des cuisses et se généralise. Les soies se raréfient,
se réunissent en pinceaux ; la peau se dénude, se ride
et se recouvre de papillomes et de croûtes surtout abon-
dantes au niveau de la tête, qui paraît sau|toudrée de
guano sec (Mûller).
L'évolution de la maladie est très lente: elle nuit à
Icngraissement et (l(''tcriniue la cachexie et la mort des
/lorcclets.
Diagnostic. — Cette maladie est cai'actérisée par
laspoct pulvérulent des croûtes et par la présence, au-
dessous d'elles, des sarcoptes quon découvre en grattant
jusqu'au sang.
Traitement. — Un désinlccte la porcherie ; un savonne
éncrgiquement les malades pour faire tomber les croules,
et on applique ensuite, chez tous les malades, une médi-
cation antipsorique comme la décoction de tabac, la
pommade dllelicerich, l'huile de cade. le goudron, etc.
II. — GALE DÉMODÉCIQUE.
Cette dermatose acarienne, due à l'invasion des glandes
sébacées par le Démoder foUicidorum var. *«ùv. est suscep-
tible de se généraliser et de se propager comme celle du
cliicii.
Décrite par Korzil, Csokor (1878), elle a été observée
depuis par Neumann, Wright (1883), Lindcp-ist (1884),
(I) Scholl, Une épizootic de gale saivoplique du porc {Revue vél., 1904,
p. 85^.
CHIEN. — (lALE SARCOPTIQUE. 451
Gallier; elle a élé signalée en Algérie par Legrain et
iiegulata (d903), Galtier (1905). Geoffroy (1906). Csokor a
vu cette maladie se coninumiquer à un troupeau ; 22 ani-
maux sur 100 en étaient affectés. Cette maladie sévit en
Allemagne, en Suède, au Canada, en France, en Espagne,
en Algérie, à Madagascar (1).
Symptômes. — Cette gale débute par des pustules
variant de la grosseur d'un grain de sable à celle d'une
noisette; elles sont entourées ou non d'un cercle inflam-
matoire et résultent de l'accumulation de matière grasse
à l'intérieur des glandes sébacées, qui, distendues, aug-
mentent peu à peu de volume et se transforment finale-
ment en abcès: elles occupent de préférence les endroits
où la peau est fine : groin, partie inférieure de la poitrine,
bypocondres, flancs, face interne des cuisses. Le sommet
de la tète, le dos, la face externe des membres, où la
peau est épaisse, restent presque toujours indemnes.
L'état général de l'animal n'est nullement modifié;
on a même trouvé jusqu'à 500 parasites dans les pustules
sans que le povc en soit'incommodé (Csokor).
Traitement. — On emploie généx'alement les mêmes
médications que pour la gale folliculaire du chien, que
nous verrons plus loin. Mais, le plus souvent, le traite-
ment reste sans résultat.
VII. — CHIEN.
I. — GALE SARCOPTIQUE.
La gale sarcoptique du chien est une affection pruri-
gineuse dénoncée par des rougeurs punctiformes qui
commencent ordinairement par la tète et envahissent
ensuite le reste du corps.
Signalée par les anciens auteurs (Bosc, Gohier, Hertwig,
(I) Martin, Revue vétérinaire, 1913, p. 3'JI.
452 DERMATOSES PARASITAIRES.
Hering), elle a été ('liKlii'c [lar (ii'i-larli, (liirll. Kiirs-
teniberg.
Le sarcopk' qui la ilélonnino a clé vu par Delafond et
bien (l(Ti'it parMégnin ; c'est le Sarcoptes scahici {\fir. cmiis).
Étiologie. — Le parasite est bien roconnaissaMe. — Les
écailles dorsales de la femelle ovigère sont peu chitinisées,
*mais ne laissent pas entre elles de véritables clairières.
Sternitc de l'armure du mâle est lâchement uni aux épi-
mères des pattes postérieures. Mâle long de 190 à 230 a,
large de UO h 170 [j.. Femelle ovigère longue de 2!)0 à
380 [JL, large de 235 ;Y 285 [x.
Ces acares sont la seule cause de la gale ; il n'existe ni
immunité, ni prédisposition individuelle. Le passage d'une
seule femelle fécondée, chez un sujet sain, assure la
transmission. Cette contamination est favorisée par la
iiialprnpreli', une mauvaise hygiène, la réunion d'im
grand nombre de diifus dans un même local.
Cette gale se propage très rapidement et fait de nom-
breuses victimes dans les meutes où elle est souvent
méconnue, les premiers cas de gale étant considérés
comme de nature eczémateuse; elle revêt, alors, un
caractère épizootique.
Le chien devient encore galeux en jouant avec les
chats; les sarcoptes du cJiat déposés chez le chien déter-
minent une gale généralisée (Oelafond) ; les chftts, allai-
lés par une chienne, lui coiuMiunifiuent la gale dont ils
sont affectés.
La gale sarcoptiqiie du chien est Iransmissible à
Mionune [Chabert, (irognier, Viborg, Ilertwig, Marrel.
Delafond, Ilébrant et Antoine (l)]ot peut-être au porc et
au cliHvitl l'Ziu'n).
Symptômes. — Ce parasite détermine, au di'hut. des
rougeurs punctil'ormes semblables aux pi(pires de puces.
Ces taches, bien délimitées, sont surtout visibles à la
(I) Ilébrant et Aiitoiiu', .l;i/(. i/c mrd. fc7., janv. 1909.
CHIEN. — GALE SARCOPTIQUE.
453
lace interne des membres, à la région abdominale infé-
rieure, partout où le tégument est fin et dépourvu de
pigment (fig. 98).
La rougeur devient diffuse, érjthémaleuse à la suite
de frottements ; les pétéchies primitives sont remplacées
par des papules de la
grosseur d'une lentille
ou d'un pois, qui se
convertissent en vési- = \
(•nies ou en pustules et
laissent bientôt écouler
une sérosité abondante;
la peau est alors par-
semée de plaques hu-
mides, de dimensions
variables, qui se re-
couvrent de croûtes
jaunâtres ou gris jau-
nâtre qui se dessè-
chent, se ti'ansforment
en squames, se déta-
chant abondamment.
Le prurit est très
intense ; il est inces-
sant quand les animaux
sont couchés au soleil,
près du feu, dans des
locaux chauds, ou quand ils viennent de faire une longue
course. Ils se grattent continuellement avec les pattes
postérieures et, si l'on vient à les frotter légèrement avec
les doigts, on les voit manifester un véritable bien-être
en agitant l'une des pattes postérieures, dont les mou-
vements sont synchrones avec ceux de la main. Sous
l'influence des frottements, la peau se dépile, s'excorie,
s'infiltre, s'épaissit, se plisse, se ride, s'abcède, se crevasse
plus ou moins profondément ; elle ressemble quelquefois
Fig. 98. — Gale sarcoptique du chien.
454 DERMATOSES l'AltASITAlHKS.
;Y la poau d'un éiépliunt. Les interstices (]ni existent entre
les plis sont le siège d'une sécrétion séreuse, d'odeur
inlecle, qui rend l'animal repoussant. Karenient la gale
reste sèche et ne détermine que des pellicules et l'alopécie.
Les animau.x, en proie à un prurit intolérable, sagilent
continuellement, se nourrissent mal. éprouvent tous les
phénomènes toxiques dus à la suppression des fonctions
cutanées et meurent dans le marasme au bout de deux
ou li'ois mois.
Diagnostic. — La gale sarcoptique se l'ait remarquer
par son extension rapide et sa transmission aux autres
animaux de même espèce. La constatation du sarcopte
dans les croûtes recueillies conlirme le diagnostic.
Pour mettre le parasite en évidence, il faut exposer les
animaux à la chaleur, gratter la peau jusqu'au sang ou y
pratiquer des divisions superficielles à l'aide des ciseaux.
On peut confondre cette f/rt/c avec Y eczéma sec chronique.
la (jale folliculaire , mais elle ne ressemble en rien au rouge
[eczéma ruhrum du chien), ni à ïimpétigo, ni à l'eczéma
du dos ou roui'icux, comme certains auteurs tendent à le
faire croire.
Elle se ditïérencic de la ya/c folliculaire par l'intensité
des démangeaisons, la sécheresse des croûtes : la gale
démodectique est essentiellement ime affection pustuleuse
et acnéique. Le diagnostic différentiel de ïeczéma sec
chronique et de la gale sarcoptique découle exclusivement
de l'absence de parasites dans les aiîections eczémateuses.
Traitement. — Le th.mtkment phéventif se résume dans
l'isolement des animaux niala(ies et dans la destruction
de tous les objets contaminés capables d'assurer la con-
tagion : brûler la litière, laveries loges à l'eau bouillante,
puis avec une solution de créoline ou de lysol ; blanchir
les parois à la chaux, laisser les loges inoccupées pendant
dix à quinze jours.
Traite.ment CL'RATiF. — Il néccssile l'emploi de tous les
soins hygiéniques susceptibles de combattre les effets
CHIEN. GALE SARCOPTIQUE. 4;»")
débilitants de la gale. Bien nourrir les animaux et les
faire vivre au grand air sont des conditions éminemment
favorables au succès du traitement.
Après avoir entièrement tondu et convenablement
savonné les sujets à l'eau tiède pour faire tomber les
croûtes, il faut appliquer une muselière, recouvrir le
corps d'une couverture et prendre toutes les précautions
nécessaires pour empêcher l'animal de se lécher.
Pour détruire tous les sarcoptes et les œufs, il faut
traiter toute la peau : le bain arsenical est le mojen le
plus efficace. On le prépare dans les proportions suivantes
pour qu'il ne soit pas trop caustique pour les parties fmes
de la peau, telles que celles des bourses, qu'on fera bien de
recouvrir d'une pommade protectrice :
Acide arsénieux 800 grainmes.
Sulfate de zinc 5 kilos.
Eau 100 litres.
On le porte à la température du corps, on y plonge
l'animal; il est frotté énergiquement à l'aide d'une brosse
puis séché. Ce traitement est renouvelé trois à quatre fois
à quelques jours d'intervalle. La pommade d'Helmerich
est appliquée ensuite journellement pour continuer l'action
du bain arsenical, principalement au pourtour des yeux et
de la bouche, qui n'ont pu être convenablement baignés
en raison de l'absorption du poison. On enduit seulement
la moitié ou le tiers du corps ; on laisse le médicament
agir un ou deux jours pour l'enlever ensuite par un lavage
avant d'en appliquer sur la seconde moitié ou sur une
autre partie.
L'eczéma cronteux, qui complique souvent la gale, est
combattu avec succès par les applications successives
àliidle de cade et de pommade à Voxyde de zinc.
L'huile de cade et tous les produits à base de goudron
méritent la préférence. Appliquée sur des surfaces limitées,
elle peut être employée pendant longtemps. Sous le vernis
456 DERMATOSES PAUASITAIHES.
qu'elle forme, la peau se répare. Son mauvais goût
empêche les animaux de se lécher. On la laisse agir
quelques jours, une semaine au plus. On la remplace
ensuite par une pommade astringente.
La pommade à Voxi/de de zinc est très efficace et pou
toxique. On utilise avanlagcusoincnl la suivante :
laiinoforme 10 grammes.
Acide salicylique IJ —
Vaseline 100 —
Pour les chiens d'appartement, nous recommandons
beaucoup, surtout quand l'eczéma ou la gale sont peu
étendus, la résorcine :
Résorcine 1 partie.
Vaseline 0 jiarlies.
La résorcine astringente el parasiticidc convient parfai-
tement pour le traitejiient des deux maladies [C-unv (1)].
On a conseillé bien d'autres médications. Trasbot recom-
mande la formule suivante :
Renzine 300 grammes.
Huile de cade ) _ ..„
Coaltar \ "" '«*^ "
On mélange, au mortier, riiuile de cade et le coaltar,
et on ajoute la benzine. Cette charge pure ou additionnée
d'une quantité égale de benzine est appliquée d'abord sur
une moitié du corps et, sur l'autre moitié, (ptaraiile-
huit heures après.
.Vu bout de quelques jours, on fait un savonnage à leau
tiède, on recommence la même application si l'on constate
des signes accusateurs de la persistance de la gale.
Les bains sulfureux ou crésylés :
Sulfure de potasse ou crésyl 150 grammes.
Eau 30 litres.
peuvent remplacer les pommades.
(I) Cuny, Journal de Lyon, 1906.
CHIEN. — GALE DÉMODÉCIQUE. 457
Quand il s'agit de traiter des cljiens de luxe ou d'ap-
partement atteints de gale localisée, on peut utiliser :
Baume du Pérou.
Alcool
11 est nécessaire d'interrompre le traitement quand les
animaux sont trop débilités ; une nourriture abondante
et substantielle est nécessaire pour combattre leur affai-
blissement.
II. — GALE PSOROPTIQUE.
La gale psoroptique du chien est une maladie acci-
dentelle due probablement au passage, cbez cet animal, du
psoropte du lapin.
Signalée pour la première fois en 1909, par Hébrant et
Antoine (1) chez un chien du voisinage des halles, elle n'a
pas été vue depuis.
Symptômes. — L'animal, infecté sur toute l'étendue du
corps, exhalait une odeur de souris prononcée; il présentait
des dépilations et des croûtes renfermant des psoroptes
adultes, des œufs et des larves de ces acariens.
Traitement. — Un traitement antipsorique amène
rapidement la guérison.
III. — GALE DÉMODÉCIQUE.
La gale démodécique ou gale folliculaire est une
dermatose parasitaire à forme acnéique caractérisée par
la présence de Demodex follicuîorum (variété canis] dans les
glandes sébacées et les follicules pileux.
Ce parasite, découvert par Topping (18i3). a été étudié
depuis par Gruby, Haubner, Lafosse, Baillet, Cornevin,
Zùrn, Saint-Cyr, Mégnin. etc.
(1) Hebrant et Anloine, Un cas de gale psoroptique chez le chien (Aiin. de
méd. vét., 1909, p. 696).
G.ujÉ.'Vc. — Pathologie interne. VIL 26
458 DERMATOSES l'AHASlTAlHES.
Étiologie. — Lo Demodex folliculorum ost un petit
acarien vcrmilormo à thorax nettement dislind de
l'abdomen.
Le mâle, long de 220 à 250 \x sur 45 ;j de large, a un
abdomen plus court et plus étroit que celui de la femelle.
dont les dimensions sont de 250 à 300 ia de long sur 50 u.
Kig. 'J9. — Demodex.
A, l'animal vu de ventre; B, son rostre isolé; C, son œuf.
de large. Le rostre, plus étroit que le thorax, est saillant
en avant. Le céphalothorax donne implantation à
quatre paires de pattes courtes et formées do trois articles
seulement.
Ces acariens pondent des œufs d'où sortent des larves
hexapodes qui se transforment en nymphes non sexuées
d'abord, et bientôt en Demodex parfaits (fig. 99).
Mâles et femelles, larves et nymphes pullulent dans
les follicules pileux et sébacés, où on les trouve avec le
rostre toujours dirigé vers le fond. Quand ils sont nom-
breux, ils sont susceptibles de déleruiiner une véritable
pustule d'acné (lig. 100).
La présence du Demodex ost la cause délerminanto
de la gale follicuiaii-o. Klle s'observe i)i'esque exclusi-
GALE DEMODIiCinUE.
459
vemont chez 1rs jeiinos animaux : on la voit rarement
survenir chez les chiens âgés de plus d'un an. Toutes les
races y sont sujettes, mais, d'une façon générale, elle est
plus rare sur les chiens à loni^'s poils qije sur les chiens
à poils courts (Cornevin).
La maladie ne se tranV
met qu'aux animaux jeunes,
de sorte que les chiens
adultes ou Agés peuvent
vivre impunément avec les
malades sans être conta-
minés.
Elle existe souvent avec
la maladie du jeune âge,
qui en favorise la diffusion,
et avec la trichophytie, qui
est généralement mécon-
nue.
Toutes les dermatoses
cutanées dans . lesquelles
on découvre des Demodex
sont regardées comme
fonction de ce parasite. La
tricbophitie canine est
absorbée ainsi par la gale
démodécique. C-'est qu'il est inlinimcnt plus facile d'aper-
cevoir le Demodex que le Trichophyton.
Les formes sèches, squameuses, circinces de la gale du
Demodex appartiennent à la trichobitie. Ces caractères
cliniques sont ceux d'une épidermomycose et non ceux
d'une acariase. Les Demodex nous paraissent étrangers
à cette affection. Parasites des follicules pileux et des
glandes sébacées, leur action pathogénique se trahit par
des pustules d'acné et par une inflammation suppurative
qui se complique, quand elle n'est pas dominée par la
pullulation du bacille de la nécrose. Si les formes bénignes
Fig. mu. — Disposition des Demodex
dans les glandes sébacées.
460
DERMATOSES i'ARASlTAIKES.
OU squaincusps do lu iîa\o dos Demodex sont gouvernées
par les trichophjtons, les formes graves sont reven-
diquées par la nécrobacillose.
■ Cette démarcalion étant établio, il est difiicile d'établir
actuellement la part morbide du Demodex f'ollictilorum.
Aiicioiinemont il était tout: artuellemeni, on a de la
Fig. lui . — Tète et cou de jeune c/tifrt affecté de gale démodécique.
tendance à le destituer de toute action patbogénique.
Présent chez les animaux jeunes, sa multiplication dans
les lésions parasitaires ou microbiennes semble n'être
qu'un épipb(''nomùne : il s'établit ainsi une véritable sym-
biose, d'une part, entre le Demodex et le Tric/topfn/ton.
et, d'autre part, entre le Demodex et le bacille de la
nécrose. De nouvelles recherches sont nécessaires pour
préciser son rôle exact dans les manifestations regardées
CHIEX. — GALE DÉMODÉCIQUE. 461
comme démodéciques. Certains praticiens soutiennent
même l'innocuité du Demodex.
Symptômes. — Au début, la gale folliculaire est ordi-
nairement dénoncée par des dépilations localisées à. la
tète, aux lèvres, aux joues, aux paupières, au cou et aux
membres antérieurs. Elle revêt la forme squameuse ou la
forme pustuleuse (fig. 101).
La forme squameuse est caractérisée par la sécheresse
des surfaces glabres, qui simulent des plaques d'eczéma
ou d'herpès tonnurans et dues probablement à l'asso-
ciation des deux parasites chez le même sujet.
La peau est mince, souple, simplement pityriasique ou
légèrement épaissie, hyperémiée, papuleuse sans le moindre
prurit. Les plaques se multiplient, s'étendent, et l'animal
paraît affecté de trichophy t ie génévalisée. Il n'est d'ailleurs
pas rare de constater l'association de ces deux maladies
chez le même sujet [Leumann (1)].
La forme pustuleuse est caractérisée par le développe-
ment de nombreux boutons purulents, grisâtres, violacés,
ou brunâtres dus à l'abcédation des glandes sébacées et
des follicules pileux. Pressées à la base, ces pustules
donnent issue à un liquide purulent et hémorragique. Les
parties voisines, moins altérées en apparence, laissent
également sourdre, par la pression d'un pli cutané, de la
matière sébacée très riche en Demodex. La dermatite est
alors intense ; la peau rougit, se dépile, se couvre de
pustules, d'exsudats et de croûtes ; elle se plisse, se ride,
s'épaissit et répand une odeur nauséabonde.
Le prurit, peu marqué au début, devient intense et
trouble la santé des animaux, dont l'aspect général devient
misérable et repoussant.
Le cou, entièrement dépilé, est recouvert de sérosité, ou
les paupières sont tuméfiées; il y a de l'entropion; les
lèvres suppurent ; les parois pectorales sont rouges, exco-
(1) Leumann, Un cas de gale folliculaire chez le chien associée à l'herpès
to/isurans {Journal de Lijo», 18î)9, p. 216).
26.
462 DERMATOSES PARASITAIRES.
riées ; les pattes, saignantes on ulcérées par plares. pré-
sentent (le nombreuses pustules violacées.
Les sécrétions de l'œil, de l'oreille et du prépure chez
les cliiens affectés de gale folliculaire renferment des
Demodcx qui s'y reproduisent comme sur la peau
[Uorneck (1)].
L'allection, généralisée, épuise les malades, qui devien-
nent cachectiques ou succombent à l'infection purulente
au bout de six mois à trois ans de soulTrances (fig. d02).
Lésions. — Les Dcmodex sont répandus dans toute la
peau, mais ils sont particulièrement nombreux dans les
glandes sébacées et les folliculss pileux, où l'on peut en
compter, jusqu'à 200, étroitement pressés et le rostre
toujours dirigé en bas (Gruby, Delafond). Mais ils se
répandent en dehors de cet habitat quand la maladie
est invétérée; on les rencontre dans le lissu conjonctif
intradermique et même sous-cutané. Divers microbes s'y
trouvent associés, notamment les staphylocoques ;
quelquefois aussi, on peut y découvrir le bacille de la
nécrose; mais il y a pourtant des formes suppurées et
pustuleuses très graves, dans lesquelles ce microbe ne peut
être révélé par l'examen microscopique.
Les divers organes présentent les lésions de la cachexie
Diagnostic. — La forme pustuleuse est si nettement
caractérisée qu'on ne peut s'y tromper. La forme squa-
meuse est surtout dénoncée par sa localisation aux parties
antérieures de la tète, aux pattes et à la gorge, et par le
jeune âge des malades. Néanmoins l'examen microscopique
est souvent nécessaire pour la différencier deVeczéma sec et
de la trichophitie et même de la gale sarcoptique. Au pour-
tour des yeux, on peut la confondre avec une blépharite
simi)le et au niveau des extrémités avec l'eczéma interdi-
gité ou avec la dermalite fistuleuse déterminée par le
bacille de la nécrose.
Pronostic. — La fornic pustuleuse généralisée est iocu-
(1) Ilorneck, Ber/iner lierar:. W'oc/ienschr., 1901, n"» 10.
GALE DEMODKGIQUE.
463
rable ; los médications ne déterminent qu'une amélio-
ration temporaire.
Les formes squameuses localisées sont facilement cu-
Fig. 10:2. — Gale démodécique du chien à une période avancée.
rables ; on peut même guérir ces formes étendues par une
métlication énergique et prolongée (1).
Traitement. — Les formes l^ocalisées du début sont jus-
(1) Cadéac, Journal de Lyon, 1906.
464 DERMATOSES PARASITAIKES.
ticiables des bains sulfureux ou arsenicaux, des lotions de
solutions de sublimé, de créoline, do Ijsol et surtout de la
teinture diode pure, du pétrole pur (Allinann) oude la solu-
tion alcoolique de baume du Pérou. dCssenct' de carvi, 10:
d'alcool. 10 et 150 grammes dhuile de ricin [(imeiner (1)].
Ces agents doivent être employés malin et soir. Parfois
efficaces contre les formes sèches, ils érliouent générale-
ment contre les formes pustideuses. Quand lalfection au
début forme des pbupies limitées au voisinage des paupières
ou sur le bord des lèvres, il convient d"cxciser le lambeau
cutané, occupé par les parasites, en empiétant sur la
peau saine. On [iratique autant d'ablations qu'il y a de
plaques: la guérison du malade est assurée pourvu que le
nombre des plaques ne soit [las trop considérable. Quand
les plaques sont nombreuses, dispersées, on scarifie la
peau, à leur niveau, de manière à mettre les parasites à
nu et à les atteindre avec la teinture d'iode. On recom-
mence ce traitement tous les cinq à six jours, jusqu'à ce
que la peau soit redevenue normale.
Les injections intradermiques de phénol à 1 p. 100
autour des plaques ne donnent pas des résultats aussi
satisfaisants.
Les vaccins antistaphjlococciquesilestinés à combattre
les infections secondaires n'ont aucune action sur les
Démoder. Pendant toute la durée du traitement, on doune
au malade une nourriture bonne et abondante, dans
laquelle on fait entrer une forte proportion de viande crue.
IV. — ACARIASE AURICULAIRE DU CHIEN.
Cette maladie, due au Chorioptcs auricularum. appelé
encore Olodectes cynolis (variété canis). Sijtnhiolrs aiiricii-
larum, dermatoplnKjus aitricularis, est caractérisée par
(I) Gmeiiier, Revue vét., 1007, p. S38. — Moussu, Société centrale. i'JOi,
p. i:t(3.
CHIEN. — AGARIASE AURICULAIRE. 465
un violent prurit souvent accompagné de manifestations
épileptiformes.
Elle est souvent désignée sous le nom de gale auricu-
laire, de gale symbiotique, de prurigo chorioptique auri-
culaire, d'otite parasitaire ou de maladie épileptique des
c/iiens de meute : mais elle peut sévir chez tous les cliiens.
Étiologie. — Le Chorioptes auricularum (variété canis)
a le rostre à moitié caché par l'épistome. Le mâle a toutes
es pattes terminées par des ventouses : la femelle n'a pas
de ventouses aux deux dernières paires de pattes, mais
des soies. La quatrième paire de pattes, au lieu d'être
bien développée, est rudimentaire [Hébrant et Antoine (1)].
Les parasites du conduit auditif externe contaminent
principalement les cliiens de meute de tout âge.
Symptômes. — Les chiens, affectés d'acariase auricu-
laire, portent la tète de côté, la secouent fréquemment,
se grattent la conque, sont pris d'un violent prurit quinze
à vingt minutes après le début de la chasse : ils poussent
alors un cri rauque et aigu, bondissent affolés à travers la
forêt, l'oeil hagard, la bouche écumeuse : ils se grattent la
tête avec les pattes, ou la secouent parfois: ils se mettent
à tourner en cercle à deux ou trois reprises, poussent des
gémissements, tombent à terre, se débattent plus ou moins
violemment, présentent des convulsions épileptiformes.
Si l'on examine le conduit auditif externe, on y décou-
vre un petit amas de cérumen de couleur chocolat et de
nombreux symbiotes à tous les états de développement.
Parfois ces parasites occupent exclusivement le fond du
conduit et sont difficiles à mettre en évidence. Les chiens
affectés de cette maladie, principalement les chiens de
meute, peuvent devenir sourds ou même succomber dans
le cours d'une attaque épileptiforme.
Diagnostic. — Le grattage de la tête dénonce une
affection de l'oreille dont Texistence est confirmée par Tamas
(1) Hébrant et Antoine, Annales de méd. véf., 1913, j>. 2&\.
4H6 DERMATOSES PARASITAI H ES.
<lo cérumen. L'cpilepsie essentielle sacconi|iagne do perte
(le connaissance et démission involontaire durine et de
matières fécales. L'épilepsie vermineuse disparaît sous l'in-
fluence d'un traitement anthclminthique et ne s"observe
guère que chez les jeunes chiens. Le cdtarvhe aurimlaire
s'en (lislingue par l'absence de parasites.
Traitement. — La destruction des symbiolos et de
eur progéniture doit commencer par le nettoyage des
oreilles àl'aide d'une solution savonneusetiède ou d'injec-
tions d'huile d'olive, de glycérine, ou d'une solution de
sulfure do potassium à 1 p. 20.
Puis on pratique des injections de baume du Pérou
dissous dans i parties d'alcool ou de là solution sui-
vante, conservée dans un flacon bo)icliô à l'émeri :
Huile d'olive 100 grammes.
Naphtol 10 —
Éllier 10 —
On ferme l'oreille pendant dix à quinze minutes après 1" in-
jection avec un tampon il'ouate pour éviter l'évaporation.
La désinfection des chenils, l'isolement et le traite-
ment des malades préviennent l'extension de la mahulie
dans une meute.
V. — THROMBIDIOSE.
Le rouge ou larve du thromhidion soi/eu.r sévit à la lin
de l'été chez les chiens de chasse principalement et déter-
mine une éruption purigineuse. Les parasites s'implantent
h la tête, autour ilu nez et desyeux, au ventre, au fourreau,
aux pattes, et provoquent une éruption miliaire disséminée
en plaques. Le rouget est reconnu à son abdomen volumi-
neux; on en trouve quelquefois dix à douze h la base d'un
seul poil. Dans ces ri'gions. les parasites groupés en
amas de nuance jaune-orange simulent des croûtes.
Le chat n'est pas à l'abri de celle acariase (Bosc,
Defrance, Delafond). Elle est caractérisée par de petites
érosions ;\ la queue et à l'extrémilé des pattes.
CHIEN.
IXODES.
467
Traitement. — I<es applications de vaseline phéniquée.
benzinée ou pélrolée. les bains sulfureux suffisent pour
tuer les parasites.
VI
IXODES.
Les tiques ou ricins des caniivores, notamment du chien,
comprennent : Vixodes reduvius, Vixodes hexagonus, le
Rhipicephalus sangiiineus, le Dermacentor reticulatus,
vecteurs, reproducteurs et inoculateurs de la pii'oplasmose
connue de nos pays ; Hœmaphysalis Leachi répandu en
Asie, en Afrique et en .Vustralie.
où il est le propagateur du
P. canis (fig. 103).
De tous les animaux domes-
tiques, le chien est assurément
le plus souvent affecté de cette
acariase.
Le chien de chasse est pres-
que toujours porteur d'ixo-
des. surtout en été et en au-
tomne, quand il court dans les
broussailles et les bois; mais
linfestation s'effectue au che-
nil, quand les parasites, apportés du dehoi's, trouvent
dans ce local des conditions favorables à leur conservation.
L'ixode se fixe sur tout le corps, mais plus spéciale-
ment aux oreilles, à la tête, aux pattes et au ventre ; il
implante son rostre dans la peau et se gorge de sang. Le
chien ne paraît pas s'en apercevoir ; les tiques repues se
détachent spontanément. Quand elles sonttrèsnombreuses.
elles déterminentl'affaiblissementet l'anémie de leur hôte ;
quelquefois, les nymphes de Vixodes reduvius déterminent
des tumeurs furonculeuses au niveau des oreilles.
Traitement. — Éviter l'arrachement des tiques par
traction brusque; si le rostre demeure dans la plaie, il faut
pratiquer une petite incision pour l'extraire. Il est préfé-
Ficr. lu:!. — Ixode du chien.
468
DERMATOSES PARASITAIRES.
rable de les tourher avec un pinceau imbibé de pétrole ou
de benzine.
VIII. — CHAT.
I. — GALE SARCOPTIQUE.
La gale du cliitl, déterminée jiarle Notoedres cati. a son
-principal i'ojer de dévelop[)emenl aux oreilles, au Iront
et à la partie antérieure du cou; mais elle peut se pro-
pager aux membres antérieurs.
Décrit par Wedelius ( 1 G72) . le parasite areçu le nom de Sar-
Fig. 104. — .Xoloedres cali (mà\e). Fig. 1U5. — .Votuedres rnti (femelle).
copies»jinor(Furstenberg, 1861), de Sarcoptes cati (llering,
1838), de Sarcoptes notoedres (Delat'ond et Bourguignon,
1802 ; Mégnin, 1876). de Sarcoptes felis (derlacb, 1877).
Étiologie. — Le Notoedres cati a le corps arrondi dans les^
deux sexes. Le 7nâle est long de 145 à 150 ;j., large de 120 à
125 [JL. La femelle ovigère est longue de 215 à 230 [j., large
de 165 à 175 a. Ces parasites ont des mœurs presque séden-
taires ; ils ne creusent pas de galeries sous-épidermiques.
CHAT.
GALE SARCOPTIQUE.
469
mais un simple niil oviilaire ou irrégulior, arrondi, qui se
révèle par une éminence miliaire (Mégnin).
Ce nid est toujours creusé dans la partie profonde de la
couche cornée de Tépidei^me. Souvent ces courtes galeries
sont situées extrêmement près des premières assises cellu-
-'/
•\*^
" , -'T^- /•;.•?_■:
At."*!
Fig. lOG. — Peau de chat atteint de gale sarcoptique.
Très près du corps muqueux de Malpighi, au sein du tissu coiné, on voit la
coupe de quatre galeries habitées. Dans des galeries situées au-dessus de ces
dernières, on aperçoit des œufs, des excréments et la coupe de quelques
acarts (Bail).
laires du corps muqueux de Malpighi ; mais elles en sont
constamment séparées par un étroit liséré de cellules
Ivératinisées (Bail). Dans ces nids, on trouve des œufs à
toutes les périodes d'incubation, ainsi que la femelle
ovigère. Les larves, les nymphes et les mâles ont les
habitudes des sarcoptes ; ils errent sous les crotites.
Cadéac. — Pathologie interne. VII. -~
470
DERMATOSES l'AK.VSlTAlKES.
^:
Cette galo est éminomment conlagiousc ; elle iiT-pargnc
guère que les clmts castrôs. qui ont des habitudes très
sédentaires. Lorsqu'un r/y;/f galeux existe dans une contrée,
l'affection prend un caractère épizootique; elle fait périr
tous les cJiats dans des villages entiers (Sajous) ; les pa-
rasites deviennent si nombreux que les chnls peuvent
succomber en quatre à cinq semaines (Delwart).
Ces épizooties de gale sont très communes à Lyon, qui
est. par excellence, la ville des chats.
A quelles espèces la gale du cliat peut-elle se commu-
niquer ? Les rats contractent la gale du c/jat, mais on n"a
jamais constaté d'épizootie de gale marchant parallè-
leu)enl chez les
rats et chez les
cJiats. La gale
du chat se trans-
met au cheval
Joest) diflicile-
ment au lapin
(Railliet), au
chien (Delalond)
et à Y homme, où
les laits de con-
tagion abondent.
Les enfants qui
s'amusent avec
les chats y sont
le plus expo-
sés.
Le chat peut
contracter expi'--
rimentalement la gale du chien et du lion ; il peut
être alïeelé spontanément de gale sareopliiiue vraie déter-
minée par le Sarcoptes scahici (Henry) (1).
(1) Henry, Le Sarcoptes scnbiei comme agent do la gale du chat. (Société
centrale, 1913, 30 mars.)
J.ig. iiiT. — Gale noloédrique du r/iril au début.
CHAT. — GALE SARCOPTIQUE.
4T1
Symptômes. — Los parasites envahissent d'abord \r
sommet du front, puis les oreilles, le museau, la nuque
et la partie antéi'ieure du cou; les parties pourvues de
poils longs résistent à l'invasion parasitaire (fig. 107). On
voit quelquefois les lésions se développer sur les membres
antérieurs, au niveau des extrémités ; elles dépassent à
peine la face antérieure des genoux. Partout la maladie
s'accuse d'abord par des vésicules de la grosseur d'une
tête dépingle qui amènent la formation de croûtes gri-
sâtres, dures, qui agglutinent les poils et déterminent leur
chute. La peau se densifie, s'épaissit, se plisse, se gerce ;
les paupières et les oreilles
sont excoriées par les frotte-
ments ; les narines sont obs-
truées par le gonflement des
tissus et par les croûtes qui
se développent jusqu'au ni-
veau de ces ouvertures. La
respiration est pénible, par-
fois un peu dvspnéique.
Les yeux sont enfoncés
dans les orbites, et les con-
jonctives sont fréquemment
le siège d'une sécrétion puru-
lente (fig. 108).
Le sujet recroquevillé est triste, immobile, languissant;
il maigrit beaucoup ; il se gratte dès qu'il se rapproche
du foyer ou qu'il va au soleil, et il succombe au bout de
quatre à six mois de souffrances.
Diagnostic. — Cette gale est caractérisée par son siège
et sa localisation indéfinie à la tête et au cou.
L'eczéma qu'on observe chez les chats d'appartement
affecte toujours une forme disséminée; il est dénoncé
par des papules sèches, prurigineuses, difficilement cu-
rables, qui apparaissent sur le dos, le ventre, les membres
et la queue.
Fig. 108. — Gale du c/iat à la
dernière période.
472 DERMATOSES PARASITAIRES.
La teigne toitsiiraiitc osl qiielciiiofois associée à la
gale sarcopliqiio et peut èlrc conrondue avec elle. Des
croules recueillies sur lii I •■ le d'un r//;/^ que l'on croyait
galeux et déposées sur le corps d'une grnisse ont l'ait
dév<>lo[)per la tricoplijtie C'.adéac).
Traitement. — Les applications de pommade d'ilel-
mericli, dliuile de cade, réussissent, généralement, à
guérir cette maladie; le pétrole et la benzine doivent être
rejetés; le baume du Pérou lui-même détermine souvent
des troubles cérébraux et la morl. Il faut changer de
médication tous les deux ou trois jours, alin d'éviter toute
intoxication.
II. - GALE DÉMODÉCIQUE.
Lagale démodécique du chat, signalée parLeydig(i859),
|iar Mégnin (1876), est déterminée par le Donodex foUicu-
lornm (var. cati), plus petit que celui du chien.
11 se localise généralement à la tête, vers le nez. les
veux, les oreilles, et ne produit jamais de bien vives
démangeaisons. Son action est passagère et sans gravité.
III.— ACARIASE AURICULAIRE.
La gale auricidaire ou otocariase du cJiat, analogue à
celle du chien, est déterminée par le Chorioptcs auricu-
/rt/'um (var. cati), appelé encore Otodectes ci/notis {\i\r. cati)
(Railliet et Cadiot) (1).
Les animaux se frottent les oreilles contre les murs et
présentent il la région occipito-teniporale. en dedans de la
conque, une lésion cutanée pouvant aller depuis la dépi-
"lation jusqu'à des plaies saignantes et croiileuses. Cette
lésion externe, avec sa localisation particulière, est presque
pathognomonique. Le toucher de l'oreille est en général
moins douloinvux que dans le catarrhe auriculaire non
(I) Cadiol et Railliet, C. H. de la Soc. do bioL, 6 fcvr. ISlti.
FURET. — GALE SARCOPTIQUE. 473
parasitaire ; la manipulation de la conque semble faire
éprouver à l'animal une sensation de plaisir (Ilébrant et
Antoine).
Cette gale peut s'accompagner de manifestations rabi-
formes, de ti'oubles épileptiformes, de vertiges, de sym-
ptômes de mcningo-encéphalite.
Traitement. — Nettoyage à l'eau savonneuse tiède,
par instillation journalière de glycérine iodée au l/IO ou
d'huile ph(''nique au 1/100. L'excipient, huile ou glycérine,
ramollit le cérumen et facilite l'action de l'agent parasi-
ticide.
IX. — FURET.
I. —GALE SARCOPTIQUE.
La gale sarcoptique du l'uvet siège aux pattes, à la
tête et peut envahir tout le tronc ; elle est déterminée
par le Sarcoptes sc.abiei (var. furonis).
Ëtiologie. — Cette gale provient sans doute des putois
galeux qui ont pénétré dans les terriers. Les furets ne
peuvent transmettre leur gale ni au chien ni à Vhomme.
Symptômes. — Cette gale, très commune, est caracté-
risée par des vésicules dont la déhiscence est suivie d'un
suintement gélatineux, un peu poisseux, qui se dessèche
et se convertit en une substance grossièrement pulvé-
rulente. Les croûtes prennent à la face plantaire et à la
base des griffes, une grande épaisseur; les griffes, anor-
malement développées, se recourbent en haut. Parfois les
phalanges offrent un épaississement de la peau tel qu'elles
arrivent à tripler de voliune ; les griffes restent normales
(Railliet).
Les poils, arrachés par le prurit violent, se renouvellent
rapidement et récupèrent leurs dimensions quand les
parasites ont fui la surface suintante pour se réfugier au
niveau des extrémités.
Traitement. — 11 faut commencer par désinfecter ou
4/4 DERMATOSES PARASITAIRES.
par chanfïcr le furet du local, caisse, boUe ou fond de
tonneau, qu'il habitait ; on ramollit les croûtes par des
onctions de glycérine, puis on frictionne vigoureusement
avec la pommade soufrée simple ou l'onguent d'Helmerich,
et l'on savonne après deux ou trois friclions (I).
II. — ACARIASE AURICULAIRE.
Le ùiret est sujet à l'otite parasitaire déterminée par
VOtodectcs cynotis (var. furonis) ou otocariase symbiotique
(Mégnin), qui est très conlagiouse.
Les malades éprouvent un vif prurit; ils sont assoupis,
somnolents ; ils succombent au ImuiI df (pielques semaines
dans riiébétudc.
Traitement. — On utilise les mêmes agents anli-
parasitaircs que cbez le cliieii.
X. — LAPIX.
I.— GALE SARCOPTIQUE ET GALE NOTOÉDRIQUE.
Le lapin présente une unie sarcoptique et une gale
HOtoi'driquc.
a. Gale sarcoptique. — Déterminée par le Sarcoptes
scabiei{\av. cm»i2ci<//), elle diffère de la seconde parl'absence
de prurit, parles caractères des parasites, notamment par
la pri'sence fréquente d'un embrvon à l'iiitérieur de l'œuf,
pendant «pie celui-ci est encore enfermé dans l'abdomen
de la femelle.
Cette gale, assez répandue en Allemagne, est très
contagieuse entre lupins; elle se communique à Yhmnnw
(Zurn), au cobaye, au furet (Railliel) ; elle ne se commu-
nique pas au chien, au mouton, h la vache, au porc, au
(I) Le loup, le renard, le lion sont sujets h une gale sarcoptique qui cause
souvent de grands préjudices dans les ménageries ; les sarcoptes de ces ani-
maux déterminent une éruption prurigineuse passagère chez V homme.
LAPIN. — GALE SARCOPTIQUE.
475
cheval (Neumann), au chat (Gerlacb). On a vainement
cherché à l'introduire en Australie pour détruire les
lapins.
Symptômes. — Cette dermatose débute par le bout du
'^^r^^
Fig. 109. — Gale sarcoplique da lapin.
nez, les lèvres, le menton, la base des griffes et finit par
envahir diverses parties du corps (fig. 109 .
Celte gale peut gêner la préhension des aliments,
empêcher le développement des jeunes animaux, déter-
miner leur amaigrissement et quelquefois leur mort.
b. Gale notoédrique. — Elle affecte la tête, le cou
476 DERMATOSES PARASITAIRES.
et exceplionncllenienl los pattes; elle est délcrminée par
le Notocdrcs cati i^var. cunicxdi).
Étiologie. — Ce parasite, décrit par Gerlacli, est un
notoèdre comme celui du chut.
Le mâle est long de 145 à 150 [jl, large de 120 à 125 a.
La femelle ovigère est longue de 215 à 230 ja, large de
165 à 175 a.
Cette gale se transmet facilement de hipin à Inpiii ; on
peut la communiquer à ïhomnie sous une forme fugace
(Gerlach); elle peut se propager à Vdno [Joest (1)].
Symptômes. — Ce sarcopte détermine un prurit très
intense rjui incite les animaux à se frotter avec les pattes
postcrieures et à se gratter contre tous les corps avoisi-
nanls. Une éruption succède aux attaques de ces parasites.
Elle est suivie de la chute des poils et de la production
de croules liianchAIres ou grisAtres. adhérentes, qui finis-
sent par acipiérir \ centimètre d'épaisseur et quelque-
fois davantage. Au-dessous d'elles, on aperçoit la peau
rouge, saignante ; les sarcoptes sont logés à la face
interne îles croiiles.
Marche. — l^a maladie dt'bule par le nez, puis elle
gagne les lèvres, le front, le pourtour des yeux, le chan-
frein, la mAclioire inférieure, la face externe des oreil-
les et quelquefois les membres, jusqu'au niveau des
coudes et des jarrets; elle peut, exceptionnellement, en-
vahir tout le corps et déterminer une blépharite intense
[Walther Lohlem (2)].
Diagnostic. — Les sarcoptes, faciles à recueillir, sont
caractcrisliipies. On ne sauniit confondre cette gale, ni
avec la tciijnc favcusc, ni avcr Vher/jrs tonsuidus, ni avec
la unie pmroptiquo .
Traitement. — Les animaux étant tondus, on les sa-
(1) .loest, 'l'raiismission de l.i gale du lapin à l'àiic (/{eviif vét.. 1901,
p. 4").
(2) Walther I.iJhleni, Blépharite du lapin dolerniiiK'epar le Sorrnpips miiior
{Revue générale, 1911. t. I, p. 1.^)6).
LAPIN. — GA.LE PSOROPTIQUE. 477
vonne et on les frictionne ensuite avec la pommade
d'Helmerich. Ces frictions doivent dépasser les parties
malades pour atteindre les larves, les nymphes et les
mâles ; on termine le traitement par un savonnage.
11. — GALE PSOROPTIQUE AURICULAIRE.
L'otocariase psoroptique du lapin est une maladie
fréquente, déterminée par le Psoroptes communis var.
cunicuU.
Étiologie. — Ce psoropte se communique facilement à
tous les lapins élevés dans des cages: il peut même se
transmettre aux chevaux du voisinage.
On peut constater aussi la propagation de la gale psoro-
ptique du cheval aux lapins sous l'influence de la cohabi-
tation.
Symptômes. — Cette gale est caractérisée par l'irrita-
tion du fond de la conque auriculaire, qui rougit et présente
un vif prurit ; l'animal secoue la tête et cherche conti-
nuellement à se gratter avec ses pattes postérieures. Peu
à peu, le conduit auditif se remplit d'une matière molle,
jaunâtre, qui durcit graduellement et se transforme en
croûtes épaisses, habitées par de nombreux sarcoptes.
L'obstruction de l'oreille s'accompagne généralement
d'une inclinaison de la tête, de ce côté, ou même d'une
véi'itable torsion du cou, à tel point que la mâchoire
inférieure devient supérieure. L'acariase, toujom's con-
finée à l'intérieur de la conque auriculaire, respecte
entièrement les parties voisines de l'oreille, mais envahit
quelquefois l'oreille moyenne et détermine des troubles
nerveux graves, principalement des symptômes verti-
gineux qui peuvent entraîner la mort directement ou
empêcher les animaux de se nourrir (fig. 110).
Les lapins maigrissent ; ils sont épuisés par une diarrhée
séreuse et meurent d'inanition.
Diagnostic. — Cette atfection est caractérisée par la
•27.
478
DERMATOSES PARASITAIRES.
présence de croules dans le conduit auditif et [tar l'alti-
tude penchée de la tête; on peut apercevoir les jtsoroples
à l'œil nu quand on étale les croûtes sur du papier, de
sorte que le diafi^noslic n'nffi'i' aiicuuc dinicullé.
Fig. 110. — Gale iisuropliquc ilu l<ijiin.
Traitement. — On commence par isoler les malades, et
on (li'siiirccLe ensuite; les cages et les clapiers.
Le traitement curalif ne doit être eiil repris que iorsipie,
le nomitre des lupins étant considérahle, on ne peut se
résoudre .'i les sacrifier. Alors on nettoie l'oreille de
chaque malade avec de l'eau savonneuse, après avoir
ramolli les croûtes avec de l'huile d'ulive, de manière A
OISEAUX. — GALE DES PATTES. 479
faciliter le curettage du conduit auditif. On badigeonne
ensuite l'intérieur de ce conduit avec de la pommade
d'Helmericlî ou avec un mélange, à parties égales, de
benzine et d'huile.
III. —GALE DÉMODÉCIQUE.
La gale démodécique du lapin a été signalée en Chine
par Pfeiffer (1903). Les parasites sont plus petits que ceux
du chien, et les œufs ont la forme d'une raquette. D'abord
caractérisée par une dépilation et une desquamation de la
peau au voisinage de l'œil et de l'oreille, elle s'étend peu
à peu et paraît se compliquer de nécrobacUlose, qui entraîne
la chute de la conque auriculaire et de la paupière.
Traitement. — On utilise les mêmes agemts que chez les
herbivores. .
XI. — OISEAUX.
Les dermatoses acariennes des oisenux soni déterminées
par les cnémidocoptes ovoviparcs, agents des gales.
I. — GALE DES PATTES.
Cette affection croiiteuse. connue sous le nom de grappe,
est exclusivement localisée aux pattes et engendrée par le
Cnémidocoptes mutans, généralement appelé Sarcoptes
rrnitans (Cli. Robin et Lanquetin, 1859).
Étiologie. ^ Ce parasite vit sous les écailles épider-
miques des pattes (fig. IW).
Le mdle est long de 190 à 200 ;j., large de 120 à 130 [j. ;
les pattes sont coniques, toutes, pourvues d'ambulacre à
ventouse ; la femelle ovigère est longue de 408 à 420 ;j.,
large de 330 à 380 a (fig. 112 et 113).
La contagion s'etfectue lentement; des poules galeuses
peuvent vivre longtemps au milieu des poules saines sans
leur communiquer la maladie. Les nymphes, les larves et
480
DERMATOSES PARASITAIRES
les mâles sont les seuls agents de la contagion ; les femelles
oviyères gardent une immobilité à peu près absolue. La
transmission
est facilitée par
le séjour des
oi seuil X dans
les volières, les
cages; les para-
sites émigrent,
se répandent
dans le fumier,
les perchoirs,
et s'attachent
ensuite aux pat-
tes des o/'sea» A- .
Les poules qui
\ ivent dans des
1) a s s e s -c o u rs
humides sont
beaucoup moins
exposées à la
conla:;ion;reau
empêche le pa-
rasite de se
répandre à la
surface des
croriles et de
vivre au dehors.
Les poules
de race com-
mune qui vont
jticorcr dans les
j) rai ri es, à une
grande dis-
tance, sont, i)eut-étre pour ce motif, moins exposées à la
contagion tjue les races exotitjues l)eaucoup plus séden-
rig. 111. — Gale sarcoptique du coq.
OISEAUX.
(lALE DES PATTES.
481
tairos comme les poules de Bnndtin, les cochinchinoiscs.
les dovking et les hrahinapootru.
Symptômes. — Le parasite ne détermine qu'un
prurit modéré, plus intense pendant la nuit et par les
temps chauds ; les animaux piétinent et portent souvent
le bec sur les endroits malades.
Ces parasites ont les mœurs des sarcoptes : les femelles
Fig. 112. — Sarcoptes mu/aiis
(mâle).
Sarcoptes nmiaiis
(femelle).
ovigères s'enfoncent dans la profondeur de l'épiderme ;
les larves, les nymphes, les femelles pubères et un très
petit nombre de mâles errent à la surface. Les femelles
fécondées irritent, soulèvent et font proliférer l'épiderme.
particulièrement à la face antérieure des tarses et au-
dessus des doigts, déterminent des croûtes épaisses,
mamelonnées, irrégulières, et des nodosités prononcées
au niveau des articulations ; ces nodosités et ces croûtes,
formées d'écaillés blanchâtres ou grisâtres, cimentées par
du sérum, renferment une infinité d'alvéoles qui servent
d'abri à des femelles ovigères. Ces alvéoles donnent aux
croûtes un aspect spongieux : ils sont très petits dans les
parties superficielles, rétractés par dessiccation et par
les pressions extérieures, volumineux dans les parties
482 DERMATOSES PAHASITAIRES.
proroniles, notamment à la face interne des croiiles, où
se trouvent logés les parasites. On trouve les femelles blot-
ties, immobiles, la face ventrale tournée du coté de la
face profonde de la croiile: on les reconnaît à leur forme
régulière et k la teinte rduiiiée de leurs éiiinicrcs.
Ia's croûtes gênent considérablement les mouvements
des doigts et déterminent de fausses ankvloses; elles sont
très adhérentes. Après leur extirpation, on voit le derme
irrité, suintant et bientôt recouvert de sang; des exsu-
dations et des crevasses succèdent aux froissements et
aux chocs qui ébranlent les croules; les oisoniix mar-
chent difficilement, boitent, se maintiennent péniblement
sur les perchoirs; des arthrites se manifestent, et Ton
peut observer la chute d'une phalange ou d'un doigt.
L'évolution de cette gale est très lente ; elle peut durer
six mois, un an même ; les poules maigrissent, meurent
dans l'étisie, ou sont décimées |)ar la tuberculose, la
dijihtcrie.
Traitement. — Le traitemout prophyla(ti(iue consiste
à isoler les oiseaux galeux, à désinfecter les volières et
les cages à l'eau bouillante, t"! badigeonner ensuite le
poulailler, les perchoirs et les juchoirs au lait de chaux,
afin d'empêcher la contamination des poules saines et la
réapparition de la gale après la guérison des malades.
Le traitement curatif doit commencer par l'extirpation
des croûtes, qu'on ramollit d'abord par un bain tiède,
par des corps gras, ou qu'on enlève directement, (".et
arracliemeiil est fréquemment suivi d'hémorragies (jui
alVaiblissent les oiseaux ; il est préférable d'agir plus
lentement et plus sûrement. On détache les croûtes peu
adhérentes; on humecte les autres et l'on applique, sur
la susface nialade, de la pommade d'Ilelmerich, do la
pommade phéniqiiée au I/IO, de la pommade créosolée
au \liO, de l'huile benzinée au 1/10 ou du baume du
Pérou. Quand il s'agit d'animaux jeunes ou de petits
oiseaux (canaris, etc.), ces applications ne doivent pas
OISEAUX. — GALE DU CORPS OU GALE DÉPLUMANTE. 483
être immédiatement renouvelées : tous ces antiparasi-
taires, même le baume du Pérou, peuvent les intoxiquer.
Il est bon, après une seule application d'antiparasitaire,
d'enduire les pattes de glycérine ou de vaseline.
II. — GALE DU CORPS OU GALE DÉPLUMANTE.
La gale déplumante est déterminée par la Cnemidocoptes
lœvis ou Sarcoptes lœvis, qui occupe la limite du tuyau et
du rachis des plumes. Cette affection parasitaire, décou-
verte par Railliet (1886), a été retrouvée par Neumann dans
le Midi et par Pœnaru en Roumanie.
Étiologie. — Cette gale sévit au printemps, pendant
l'automne, et disparaît pendant l'hiver ; elle est donc
intermittente. Elle est très contagieuse : l'introduction de
quelques oiseaux galeux dans une basse-cour est suivie
de la propagation rapide de l'afTeclion. Sa transmission
s'effectue, principalement, pendant Tacte de copulation.
Le coq, infesté au niveau du croupion, contamine tout"
le poulailler.
Symptômes. — Cette afTection des y/y^/eo/i.'?, des poules,
du t'ciisan et deVoie, débute ordinairement [tarie croupion,
puis gagne peu à peu les parties environnantes, les cuisses
le dos, le ventre. Souvent aussi la tète et la partie supé-
rieure du cou se montrent affectées de bonne heure. Les
oiseaux s'arrachent les plumes à coups de bec et, finale-
ment, la peau est mise à nu sur une vaste étendue à la
suite de ce piquage. Cependant les grandes plumes de la
peau et des ailes, ainsi que leurs couvertures, sont géné-
ralement conservées. Cette peau dénudée présente toute-
fois un aspect normal ; elle reste souple, rosée et non
sensiblement épaissie. En arrachant les plumes qui ont
persisté au voisinage des régions envahies, il est facile de
constater l'existence, comme chez le pigeon, d'un amas
de lamelles épidermiques blanchâtres, occupant la limite
484 DEKMATOSES PARASITAIRES.
du luyau et du racliis, et renfermant des sarcoptes en
nombre variable Railliet).
Les volailles déplumées maigrissent, deviennent cachec-
tiques; la peau du croupion, continuellement piquée,
prend une couleur rouge vil"; la jjonte diminue et cesse.
Traitement. — Des poudres an ti parasitaires insufflées
sous les plumes assurent la guérison de cette gale. On
peut lubrifier le fond du plum.ige avec de l'eau savon-
neuse, avant de pratiquer l'insuftl.ition de poudre de
pyrèthre, de stapliysaigre.
En même temps, il faut désinfecter les planchers, les
plafonds, les murs, les perchoirs et les nids, à l'aide des
moyens préconisés contre ïacariase dcrmanyssiquc et la
phtiriase.
III. — ACARIASE DERMANYSSIQUE.
L'acariase dcrmanyssiquc des rfallinacéseX des coloiiihiiis
est une alTeclion susceptible d'entraîner Tt-puisement et
la mort d'un grand nombre d'oiseaux.
Étiologie. — Le Derinanyssus galliniv, hôte des poulaillers
et des pigeonniers, se cache pendant le jour et se l'epaît
chaque nuit du sang des oiseaux domestiques; il change
ainsi de couleur, et, de blanc, il devient rouge rutilant ou
rouge noirâtre (fig. 114).
Les poules et les piijeons sont les oiseaux les plus
attaqués, surtout dans leur jeune âge ; mais les dindons
et les faisans sont eux-mêmes assaillis.
Symptômes. — Les oysr'/v».v, troublés dans leur sommeil,
en proie à un prurit intense et anémiés pai- la perte d'une
quantité de sang soustraite à la suite de piqûres répétées
dépérissent ; il n'est pas rare de voir les poussins et les
piffeonneaux mourir d'épuisement en huit à quinze jours.
Les adultes sont également très éprouvés. Les poules
couveuses, privées de sommeil et amaigries, abandonnent
leur couvée ou n'y demeurent que d'ime maniéi-e irrégu-
Fig. 114. — Dei-manysse despoiilaillei-s.
OISEAUX. — ACARIASE DERMANYSSIQUE. 485
guliére, de sorte que l'incubation des œufs est compromise
ou défectueuse.
Quelquefois les parasites s'introduisent dans le conduit
auditif et dans les cavités
nasales, où leur présence
engendre de ia rhinite.
Traitement. — Le tvai-
tcment prophylactique con-
siste à désinfecter les
poulaillers, les volières,
les pigeonniers et tous
les locaux qui servent de
refuge aux parasites. On
les nettoie, on les lave à
l'eau bouillante, on badi-
geonne les murs et les per-
choirs à la chaux vive, à l'eau phéniquée ; on refait les
nids ou on les désinfecte avec l'essence d'eucalyptus,
de térébenthine ou avec du pétrole.
On peut assurer cette désinfection d'une manière perma-
nente à l'aide d'une éponge imbibée d'essence et intro-
duite dans un œuf qu'on bouche à la cire; les vapeurs
d'essence s'échappent par les pores de l'œuf et éloignent
les acariens.
La désinfection des oiseaux est moins facile à opérer;
elle est d'ailleurs moins salutaire. On pulvérise chaque
oiseau avec de la poudre insecticide de pyrèthre, d"anis,etc.
On peut recourir aussi aux vapeurs sulfureuses à
l'aide de l'exterminateur Lagrange, qui consiste dans une
caisse en bois renfermant le corps de l'animal, pendant
que la tête fait saillie au dehors par une ouverture. On
brûle des fils de soufre dans la caisse, et on retire le sujet
six à sept minutes après; on a soin d'effectuer cette opé-
ration pendant la nuit avant que les parasites aient déserté
leurs victimes.
486 DERMATOSES PARASITAIRES.
IV. — THROMBIDIOSE.
Les poules et surtout les poussins éclos à la fin de l'été
ou en automne sont quelquefois très éprouvés par les
larves des thrombidions soyeux, qui se fixent à la base des
plumules, où ils enfoncent leur rostre. L'irritation qu'ils
provoquent est extrêmemenl vive ; les petits oisenu.x
poussent des cris, s'agitent en tous sons, battent des ailes,
tombent sur le sol et demeurent un certain temps
sans se relever. Ils offrent une sorte d'affection épilepti-
forme comparable à colle occasionnée chez le rhicn par
les vers intestinaux ou par l'acariase symbiotique auricu-
laire (Lucel). Beaucoup s'éi)uisont et succombent aux
piqûres i^Csokor, Éloire, Lucet).
Le Sarcopterinus nidulans est encore un acarien throni-
bididé qui vit en colonies dans les follicules plumeux du
pigeon et de divers passereaux. Des tumeiu's cutanées du
volume d'un pois ou même d'un liaricot peuvent on être
la conséquence. Quand les parasites y sont très nombreux,
ils provoquent des troubles nutritifs irraves et peuvent
même déterminer la mort.
Traitement. — (in débarrasse facilement les animaux
de CCS parasites en insufflant do la fleur de soufre dans
leur plumage ou par (les applications do pommade h l'oxyde
de zinc, de pommades sulfureuses, de frictions à l'eau
phéniquée, à la vaseline benzinée ou pétrolée.
Quand on a affaire au Sarcopterinus nidulans, on incise
les nodules, on on fait sortir le contenu par pression et on
badigeonne rinti-rieur avec un mélange do baume du Pérou
cl d'alcool.
il convient d'éloiguor les couvées d'automne des jardins
ou des herbages dans lesquels elles vont s'infecter ; mais
de telles précautions ne peuvent guère être prises que par
des éleveurs amateurs ; mais dans, les fermes où la ma-
ladie sévit principalement, il est presque impossible de
jtrondre de pareilles précautions.
OISEAUX.
ARGASINES.
487
V. — ARGASINES.
Les argasincs. sous-famille des ixodidés. sont des para-
sites des oiseaux domestiques. Cachés pendant lejour dans
les volières, les poulaillers, les pigeonniers, dans le voisi-
nage des oiseaux, les Ai'gas. Argas pe)'sicus{Gg. iio), Argas
reflexusifigAl6,){0rni
tho(ïo7'us). se compor-
tent comme les pu-
naises, dont ils ont la
couleur rouge brun ;
ils demeurent dissi-
mulés tout le jour
dans les interstices
des colombiers, les
fentes, les fissures des
planchers, les crevas-
ses des murs. Ces
parasites passent faci-
lement d'un local à
l'autre et se propa-
gent à tous les oi-
seaux de la ferme
{canards, oies, etc.) ;
d'ailleurs, ils peuvent
se reproduire en l'absence de tout volatile et possèdent une
résistance vitale inouïe : ils peuvent jeûner impunément
pendant vingt-quatre mois (Ghiliani). Ils se répandent pen-
dant la nuit sur les pigeons, \es poules, les divers o/seauA-
de basse-cour et parfois même sur Viiomme, et sucent leur
sang. Ils s'attaquent principalement aux jeunes ; toutes
les parties du corps peuvent être envahies ; mais le cou,
la poitrine sont les régions de prédilection. Les larves
demem'ent fixées plus longtemps que les adultes sur le
corps des pigeons; elles peuvent même \ être sédentaires;
elles restent fixées aux orifices vides des follicules des
:)^
Fig. 115. — Argas persiciis, de grandeur
naturelle et grossi.
488
DERMATOSES l'AnASITAIRES.
plumes ot compromettent rapidement lélevage (les/(//7(,'0»s
ol dos poussins. Les «/v/a.v sont une eaiise d'anémie et
d'épuisement pour les jeunes, dont ils sucent le sanj;:, une
cause d'inquiétude, d'excitation pour les adultes connue
pour les jeunes, dont ils troublent le repos et le sommeil.
Les couvées sont abandonnées, ou l'incubation des œufs
est très irrégulière, il n'est pas rare de voir les jeunes
Kig. 116. — Argas re/Jexiis femelle.
A, face dorsale ; B, face ventrale.
mourir d'épuisement en moins de quinze jours. Les argas
ne sont pas seulement dangereux par eux-mêmes, ils sont
Irétiueinment, notamment au lîrésil, au Soudan. (>lc.. les
agents de transniission de la spirocliétose îles <j;illiii;iros.
qui peuvent vivre un temps prolonge'' ii)lus de cent jours),
après la surcinii du sang de jioules infectées.
Traitement. — (lu débarrasse les /j/^/eo/is des Art/ns en
les arrachant par une traction graduée, de manière à ne
pas laisser le roslri» dans la jilaie ; on écrase ensuite
les parasites. On peut également insul'ller dans les i)lumes,
préalablement humectées avec une solution de savon vert,
une poudre insecticide. On a conseillé aussi de laver les
OISEAUX. ACARIASE ÊPIDERMOPTIQUE DE LA POULE. 48'J
pattes des pif/eons avec une solution alcoolique de baume
du Pérou Ziirn). Il faut surtout prévenir de nouvelles
infestations en récrépissant les murs, en blanchissant à
la chaux et au chlorure de chaux les parties en bois, en
les échaudant à l'eau bouillante et en versant du pétrole
dans les fentes qui peuvent servir d'abri aux parasites.
VI. — ACARIASE EPIDERMOPTIQUE DE LA POULE-
Cette acariase, déterminée par Epidcrmoptcs hilobatus
et Epidcnnoptes bifurcalus, est assez commune et se tra-
duit par un pityriasis intense (Hivolta, Caparini, Fried-
berger, Lucet et Railliel). Ces acariens très petits vivent à
la surface de la peau, dans la profondeur du plumage et
au milieu «hi duvet.
Symptômes. — Cette dermatose occupe la tète et le cou,
la région du jabot, du dos, des aisselles, des ailes et de la poi-
trine. Elle est généralement localisée à l'une ou l'autre de
ces régions, et caractérisée par des squames, des croûtes
ou des plaques croùteuses, de la largeur d"une pièce de
5 francs, et de 5 à 6 millimètres d'épaisseur. Ces produc-
tions épiiiermiques blanchâtres, comparables à la mie de
pain desséchée, sont plus ou moins stratifiées ; elles occu-
pent la base des plumes hérissées et pénètrent à l'intérieur
du lube même de chaque plume. Au-dessous, on rencontre
ÏÉpidermoptes bilobatns et YEpidermoptes bifuvcatus. Ces
deux acariens sont surtout nombreux chez les poules
cachectiques ou malades. Il n'est pas certain que ces
deux parasites soient la cause exclusive de cette affection
furfuracée. Ils sont ordinairement associés soit au Sarco-
ptes Isevis (var. gallinœ) (Railliet et Lucet), soit au Sar-
coptes mutans, soit à ÏAchorion Schœnleini (Caparini). Ce
sont ces derniers qu'il faut généralement incriminer; les
autres ne font probablement que s'adapter à ce milieu
riche en exfoliations épidermiques.
490 DERMATOSKS l'AnASITAIRES.
Uiiiind \os Epidermoptes existent seuls à la siirlaco «le la
peau, celle-ci est comiilèlenient saine (Trouessart). Il est
donc probable qu'ils sont inotïensil's.
Traitement. — Les l'rictionsavec un mélange de baume
du Pérou et d'alcool ou avec une solution de crésjl débar-
rassent les poules de ces parasites.
CHAPITRE IX
DERMATOSES CAUSÉES
PAR DES INSECTES
Les insectes parasites des animaux vivent à la surface
du tégument.
I. — SOLIPÈDES.
Les solipèdes présentent des hémiptères ou poux(pliti-
riase), des diptères ou mouches et exceptionnellement des
larves d'hypodermes.
1- — PHTIRIASE.
La phtiriase, connue sous le nom de maladie pcdica-
laire ou pouillottement. est une maladie cutanée produite
par des poux.
Les poux sont des insectes de petite taille, aptères, à
appareil buccal dispos*' pour piquer et pour sucer. Les
mâles sont moins nombreux que les femelles, qui pondent
un grand nombre d'œiifs appelés lentes ; ils sont pourvus
d'un opercule à une extrémité et fixés très solidement
par une substance agglutinante. Les jeunes n'éprouvent
pas de niiHamorphoses: ils ne subissent que des mues.
Étiologie. — La phtii"iase des solipèdes est produite par
V hématopiiim inacr acéphale, le trichodecte poilu et le tri-
chodecte pubescent.
L'H.EMATOPixus MACROCEPHALUs a la tête allongée petite,
avec une espèce de protubérance qui sert de point d'in.-
plantation aux antennes (fig. llTet 118). Letho'raxest petit,
l'abdomen ovale, de couleur gris jaunâtre.
492
DERMATOSES CAUSEES PAR DES INSECTES,
Lo TuicHODECTii POILU il iine lOlc aplatie. La têfe, lo tho-
rax, les pattes et rahiioincii présentent des poils sur
leurs deux faces. Le riiàlc inirtc deux pelotes pointues
sur le dernier anneau abdominal.
i.e TiucHOURCTE l'unK'iCKNT a la tète poilue sur les bords:
il est plus rare que les iirécédenls.
La phliriase revêt un caractère épiz'jolique très mani-
feste. Certaines conditions favorisent la contagion et la
multiplication des parasites.
La malpropreté, le défaut de pansaiîc, la longueur des
poils agissent comme causes pri'-itisposantes. On a remar-
qué aussi que cette atîection se développe rapidement sur
les animaux amaigris et
débilités par des maladies
générales ou les privations,
la misère phvsiologique. La
phtiriase hcmato pin iq ne
sévit surtout chez les adid-
tes; la phtiriase trichodec-
tique chez les jeunes (1).
Symptômes. — Cette der-
matose est caractérisée par
des démangeaisons intenses accompagnées de grattages
violents : lanimal se mord avec fureur, se fait des exco-
riations saignantes, frappe le sol avec ses membres posté-
rieurs, lance des coups de pied comme s'il voulait se
débarrasser de mouches ; et, si l'on passe la main sur la
partie supérieure de la croupe, il s'affaisse immédiatement.
Cette hyperesthésie si vive et cette agitation revenant par
accès (Peuch) ne s'observent que dans quelques cas de
phtiriase hémalopinique généralisée. Habituellement, les
parasites sont localisés au toupet. à la crinière et àla base
de la queue, dont les crins sont euiMiclés et hérissés. Les
V\g. 117 et 118. — Pattes antérieures
du pou de tète.
(1) Peuch, Phliriase hémaloiiiniciue chez un cheval (Revue vct., HUO,
p. liO).
SOLIPÈDES. IIH'POBÛSQUES. 493
l'égions affectées présentent des papules et se dénudent
rapidement. Quand on examine la peau, on constate faci-
lement la présence des parasites et de leurs lentes.
Cette affection est facile à diagnostiquer, vu les dimen-
sions des parasites; elle complique très souvent la gale
sarcoptique.
La phtiriase hcmatopinique est peu grave ; la phtiriase
trichodectique est encore plus bénigne ; elle ne détermine
aucune lésion et ne s'accuse que par une démangeaison
modérée, qui engendre l'enchevêtrement des poils et
des crins. Quant ces deux phtiriases coexistent chez le
même animal, on trouve les hématopinus \ers les régions
supérieures, les trichodectes vers les régions inférieures.
Traitement. — Le traitement préventif consiste dans
des soins île propreté, comme un pansage régulier, dans
la désinfection des écuries avec l'eau bouillante et l'eau de
chaux. On tond les animaux pour rendre, plus efficace, le
traitement curatif.
Ce traitement consiste en frictions de pommade mercu-
rielle, de corps gras, d'huile de lin.
On a utilisé aussi avec succès la lotion avec une décoc-
tion de feuilles de tabac (30 grammes par litre). Ce pro-
cédé n'est pas sans danger ; il ne faut pas traiter toute la
surface du corps, en raison de l'intoxication possible par
les alcaloïdes du tabac. On a préconisé aussi une décoction
de graines de staph^'saigre (50 grammes par litre), des
poudres insecticides, des émulsions de crésvl ou de créoline
à dû ou 15 p. 100 ; un mélange à parties égales d'huile et
de benzine., ou d'huile et de pétrole, ou d'huile de chanvre.
II. — HiPPOBOSQUES (HIPPOBOSCA EQUINA).
C'est un insecte diptère brachycère , c'est-à-dire à corps ra-
massé, à antennes courtes et trapues et à ailes larges ; il est
connu sous le nom de mouche plate ou de mouche-araignée.
Vhippobosqiœ pond des pupes et non des oeufs. Ceux-ci
Cadéac. — Pathologie interne. VIL 28
i94
DERMATOSES CAUSÉES PAlt DES INSECTES.
restent un certain temps dans une dilalation du vayin et
deviennent larves. Ces larves se nourrissent dans le vagin
avec la sécrétion d'appendices glandulaires de l'utérus.
Après plusieurs mues, elles passent à l'état de nymphe ou
pupe et sont expulsées (fig. 119).
On rencontre surtout l'hippobosque
en été ; il s'attaque principalement
aux r/;Gv////A-,quel(]uerois aux hœiil'sow
aux chiens. Il se pose sur les parties
dénudées ou à peau fine et glabre
(voisinage de l'anus, périnée et face
interne des cuisses) et court avec rapi-
dité sur le corps de son hôte. Certains
c Jjev a iL\ sont irès sensil)lesaux déman-
geaisons (juils procurent et ruent à leur simple contact.
Fig. 119. _ Hippobos
que du ckevnl.
III. — GLOSSINES OU TSETSÉS
Parmi les mouches piqueuses. les glossines jouent un
rôle capital dans la transmission des trjpanosomes.
Elles possèdent des ailes plus longues
que l'abdomen se recouvrant, comme
les branches, d'une paire de ciseaux et
une énorme trompe située dans le
prolongement de iaxe du corps. Cette
trompe est constituée de deux pièces
Fig. 120 — isctsù au ,1,^ l'orme de gouttières, enclavées
repos, grandeur natu- ,, , i, , i i. ■ n. •
i-oiie. 1 une (tans I autre : la lèvre intérieure
formant gaine se termine en avant
par deux organes tactiles, les labelles : elle renferme ilans
sa concavité la lèvre supérieure, l'hypopharynx trans-
formé en un canal à la base duquel s'ouvre la bouche.
Les palpes, gros et longs, sont creusés de fai'on ;\ foi'mer,
en se rapprochant, un fourreau à la trompe. Le thorax
est gris cendré avec des taches brimes: les ailes et les
pattes sont jaune brunâtre, mais la |»artii' postérieure
SOLIPÈDES. — SIMULIES. 495
des anneaux est généralement jaunâtre (Guiart) (fig. 120).
Très répandues dans l'Afrique tropicale, les tsetsés affec-
tionnent les endroits ombragés et les bords des rivières et
des lacs; elles volent avec une vitesse extrême, se gorgent
du sang des animaux qui passent et regagnent la brousse.
Elles ne pondent pas d'œufs, mais donnent naissance à des
larves jaunâtres qui s'enfoncent dans le sable ou la vase,
se transforment en pupes noirâtres d'où sortent les insectes
parfaits au bout d'un
mois ou deux. Les
principalesespècessont :
Glossmamorsttans,Glos-
sina palUdipes, Glossina
palpalis, Glossina tachi- pj^ j^,, _ g^^, v\^.iiî>.-SimuUum
noides jGlossinalongipal- moxys calcitmns. columbalczense.
pis, Glossina fusca, etc.,
qui toutes jouent un rôle important dans la transmission
des trypanosomoses.
IV. — STOMOXES.
Les stomoxes ou mouches piqueuses d'automne repré-
sentent les glossines dans nos pays ; elles sont communes
à la fin de l'été dans le voisinage des écuries. La trompe, sem-
blable à celle des tsetsés, en fait un dangereux agent de trans-
mission des trypanosomes {siirra, mal de cadcra) et de
microbes comme la bacléridie charbonneuse. La piqûre
des stomoxes [Stomoxys calcitrans (fig. 122), Stomoxys
nigra, etc.] peut être suivie d'une papule.
V. — SIMULIES-
Les simulies s'attaquent aux chevaux. La simulie cen-
drée est très commune dans les forêts de Chantilly, de
Compiègne, de l'Argonne; elle attaque les chevaux aux
parties dépourvues de poils et surtout dans l'intérieur de
la conque auriculaire (fig. 122). Les chevaux conservent
496 OKRMATOSES CAUSÉES PAR DES INSECTES.
souvent, pendant plusieurs jours, ù la suite de ces pi-
qûres, une grande sensibilité des oreilles qui les rend
difficiles à brider.
VI. — TABANIDÉS. '
Le taon aveuglant ou petit taon dex pluies, taon au-
tomnal, se fixe principalement aux faces latérales <le
la tête el détermine, par ses piqûres, une vive déman-
geaison suivie de dermatite sorpigineuse [Ablaire (I).
Langinv(2)]. Cette maladieest très commune dans la vallée
de la Marne ; elle sévit principalement pendant les étés
cbauds dans les endroits boisés et marécageux. Les taons
se fixent principalement au niveau des joues, c'est-à-dire
là où la peau est fine et sensible. Les chevaux se frottent
contre tousles objetsàleurportée, s'excorient letégument,
qui laisse suinter un liquide sanguinolent; il se produit
ainsi des traînées flexueuseslympbatiques d'aspect conver-
geant plus ou moins prononcé vers les lèvres. Les zébrures
pi'ésentent toutes un sillon blanchâtre, superficiel, dépas-
sant à peine la couche de Ahilpighi; elles résultent d'une
lymphangite superficielle et se dirigent vers les ganglions
préauriculaires [Nicolas et Cazenave (3)]. Ces lésions gué-
rissent d'elles-mêmes en septembre.
VII. — LARVES DE MOUCHES-
Les larves parasites de la peau du clicvul comprennent
des muscidés et des œstridés.
Parmi les larves des TO?/sc/(7ds. citons: 1° \ç sarcophar/c ma-
gnifique [Sarcopharja ma(jni/ira f Schiner)], Sarcophila W'ohl-
favti (Portchinskv). L'insecte parfait se tient loin des
habitations (fig. 1^3'. La femelle dépose ses larves sur
les plaies du corps de Ions les animaux ou dans les plis
(1) Ablaire, liuU. de la Soc. centr. de utrd. vét., 30 mai 190s.
(2) Langiny, id.
(3) Nicolas et Cazenave, /iu/l. rie la Soc. centr., juin tOOS.
SOLIPEDES.
HYPODEUMOSE.
491
de peau souillés de matière sébacée, comme les lacunes
médiane et latérales de la fourchette, la cavité du four-
reau, le pli du paturon du cheval, la région inguinale des
varlies. l'intérieur des oreilles des chiens. Forgeot a signalé
une tumem- parasitaire de lauge renfermant douze de
ces larves (1).
Cette larve est sans doute la
seule qui infecte les plaies des
animaux.
VIII. — OCHROMYIE
ANTHROPOPHAGE.
[Ochromyia anthropophaga ou
mouche de Cayor (Railliel)].
\-Xi. — Sarcophaga carna-
ria. Mouche et sa larve.
Cette mouche dépose ses
œufs dans le sable, — et les larves qui en sortent (vers de
Cayor) s'attaquent à la peau des animaux [cheval, mulet,
chameau, chëvvp, chat), et surtout àcelle du cA/wj. Sa pré-
sence se décèle par de petites tumeurs recouvertes d'une
croûte brunâtre et à développement rapide. Après six ou
sept jours, la larve sort pour se transformer en pupe, d'où
résulte l'insecte parfait. Ces tumeurs, peu dangereuses
en petit nombre, se montrent sur les parties du corps en
contact avec la peau. Les chiens atteints s'en débarrassent
rapidement à Saint-Louis même, alors qu'ils en sont
couverts à M'Pal. qui esta 32 kilomètres (Railliet .
IX.
HYPODERMOSE-
Les larves d'œstres {(Estrus cuticolis), qui vivent chez le
Loeuf comme parasites de la peau, appartiennent aux
genres hypoderme. La larve de cet hypoderme vit en pa-
rasite dans le tissu cellulaire sous-cutané du cheval ou de
(1) Forgeot, Recueil dliyg. et de méd. vét. milit., 1906.
28.
498 DERMATOSES CAUSÉES PAH DES INSECTES.
Viine, où elle détermine des tumeurs analogues à celles
qnf provoque l'hvpoderme du bœuf, mais ellos sont un pou
moins volumineuses.
Leur présence ne paraît pas troubler la santé des ani-
maux ; mais la valeur du cuir (]ui est percé est de beau-
coup diminuée.
Traitement. — Les moyens préventifs à employer contre
les difitércs, soit au dehors, soit à l'écurie, sont les uns
mécaniques, les autres pharmaceutiques.
Parmi les premiers, les éinouchoirs à main, les mousti-
quaires, les caparaçons, les oreillères. les filets chasse-
mouches, sont très employés pendant le travail. .\ l'écurie,
l'emploi de rideaux, de volets, de filets maintenant une
obscurité relative, empêche l'entrée des insectes. Le seul
inconvénient de ces moyens est de diminuer, en même
temps, l'entrée de l'air.
Les moyens pharmaceiiti'^ues sont très nombreux. On a
beaucoup conseillé les corps gras : l'huile de cade.
l'huile empyreimiatique, l'huile de poisson : mais ils
salissent les harnais et la robe des animaux.
A la campagne, on frotte les animaux avec des l'euilles
de noyer, d'euphorbe ; le suc qui imprègne les poils l'ail
fuir les insectes. On peut aussi se servir de décoctions
de feuilles de noyer ou de macérations de ces feuilles
dans du vinaigre. La décoction étendue de labae
(100 grammes par litre) ; le mélange :
Asa foelida GO grammes .
Vinaigre 150 —
Eau 200 —
la solution d'aloès à 3 p. 1000. enfin tous les corps
amers odorants ou nauséeux repoussent les insectes.
A l'écurie, on peut étouffer les mouches en brûlant des
feuilles de courge ou autres plantes pendant l'absence des
animaux, mais cette fumée ûcre, qui l'este forcément en
partie dans l'élablc. fatigue les sujets à leur rentrée.
BOVIDÉS. — PHTIRIASE. 499
Le mieux, et c'est ce qu'on fait dans presque tous les
pays à la campagne, c'est de suspendre au plafond de
petits balais de bruvère, de saule, de genêt ou de fou-
gère, dans lesquels les mouches viennent se réfugier la
nuit. On n"a alors qu'à brûler les balais ou simplement
les secouer au-dessus d'un feu.
Les piqvires produites sont en général bénignes; les
douches et les affusions d'eau froide font presque,
toujours disparaître le prurit et les tuméfactions engen-
drés par les diptères.
II. — BOVIDÉS.
I. — PHTIRIASE.
Chez lesbétes à cornes, laphtiriase est produite par trois
parasites spéciaux : Vhématopinus curysterne. Yhcmatopi-
Hus trniiirostre et le trichodectc scalaire.
L'hématopimis eurysterne a une tête courte, arrondie en
avant; l'abdomen est ovale, de couleur jaunâtre, pré-
sentant une tache génitale noirâtre (tig. 124).
Vhématopinus tenuirostre a. une tête allongée, enfoncée
dans le thorax, un abdomen étroit. Sa teinte générale est
foncée, plus claire aux pattes et à l'abdomen (fig. 125).
La trichodecte scalaire a une tête aplatie et couverte
de poils. Il n'a pas de pelotes pointues au dernier
anneau de l'abdomen, comme le trichodectc poilu.
La phtiriase est toujours favorisée par un défaut de
pansage, par l'accumulation de poussières à la surface
du tégument. On la remarque chez les animaux affaiblis
par la cachexie aqueuse ou la tuberculose.
Symptômes. — Comme chez le cheval, on constate un
prurit violent qui provoque des frottements et incite
l'animal à se lécher ; les poils tombent par larges plaques ;
il se produit une sécrétion épidermique abondante et
quelquefois des épaississements de la peau.
La phtiriase trichodectique est fréquente chez le bœuf;
500
DERMATOSES CAUSEES PAR DES IXSECTES.
elle peut régner sur tout le corps, tandis que la phti-
riasc hcmntopinique se montre surtout au rhignon et au
bord supérieur de l'encolure.
Diagnostic. — Cotte affection est toujours d'un dia-
Kig. 1:24. — Hématopinus eursylerne
(pou du bœuf).
l'ig. \ih. — Hématopinus tenut-
roxlre (pou du veart).
gnostic facile. Confondue quelijuefois avec une gale, à
cause de la sécrétion épidermique et des épaississements
de la peau, elle s'en distingue par la découverte des para-
sites.
Pronostic. — Kelativement grave, car il se produit des
dépilations qui peuvent déprécier ranimai pendant un
certain temps.
Traitement. — A cause de l'habitude qu'ont ces ani-
maux de se servir de leur langue pour se gratter, ou
doit prohiber tous les agents toxiques ou irritants
des voies digestivos. On doit aussi, pour le mémo motif,
renoncer aux mercuriaux. Un emploie, de préférence, des
émulsions de crésjl et les lavages sulfureux. Une simple
onction de corps gras sulTil quelquefois pour arrêter le
développement de l'alfeclion et pour guérir l'animal.
BOVIDES.
TAONS.
501
II.
HIPPOBOSQUE.
Une espèce {Hippohosca rufipes), très commune dans
l'Afrique du Sud, est parasite des bovidés et transmet une
trvpanosomose (1).
III. — HÉMATOBIES.
Les hématobies, hématobie stimulante [Hœmatobia sti-
mulans), l' hématobie à scie [Hœmatobi serrata), V héma-
tobie irritante {Hwmatobia irritans), ï hématobie féroce
{Hœmatobia ferox) vivent dans les prairies et s'attaquent
principalement aux bovidés; elles se posent par groupes
à la base des cornes, puis elles s'enfoncent au milieu des
poils de l'encolure, du poitrail, des aisselles, des aines, insi-
nuent leur trompe et sucent le sang.
IV. — TAONS.
Ce sont de grosses mouches qui s'attaquent principale-
ment aux clicvaux et mw bœufs. Ils possèdent une trompe
Kij--. 126. — Taon des bœii/s.
Fit;-. 127. — Taon aveucrlant.
puissante qui les rend redoutables pondant l'été aux heures
les plus chaudes de la journée ou pendant les temps orageux.
(1) Les glossines, les stomoxes, les ixodes réduves s'attaquent aux bovidés
comme aux solipédes.
j02
DERMATOSES CAUSEES PAR DES INSECTES.
Les espèces les plus communes sont : le taon noir
{Tabamts morio), le taon des bœufs {Tabanua bovinus). le
laon automnal (Tabanus aulumnalis), le taon bruyant
[Tabamts bromiits), le taon ïanw {Tabanus fulvus). le taon
rustique Taban^^s 7'ustiais), le petit laon fluvial iH.rniato-
pota fluvialis), le petit taon aveuglant {('ftrysops csccii-
liens) (fig. d26et 127).
V. — SIMULIES.
Les simulies sont aux animaux ce que les cousins sont
à Yliomme. Ces insectes s'attaquent aux bovidés, aux
moutons et aux soUpèdes dans les divers pays.
Les parties piquées par la simulie tachetée deviennent
rouges, hémorragiques, tuméfiées et douloureuses (Tis-
serant).
VI. — MUSCIDES.
Lesmuscidcs qui nous intéressent le plus sont ceux qui se
nourrissent de sang ou des sécrétions cutanées des ani-
maux. Parmi eux. signalons di-
verses espèces, ressemblant à la
mouche commune [Musca domes-
tka).
Telles sont : la mouche bovine
[Musca borina), la mouclie corvine
{Musca rorvina), la mouche des
vacitcs {Musca vacchia), la mouche
vagabonde {Musca vagatoria). la
mouche-bourreau {Musca cunifer),
la mouche vitripenne (Musca vitri-
pennis), la mouche des jardins
{Musca hortorum), la mouche importune {Mu.'^ca .^ilimulans),
la mouche dorée {Lucilia Cxsor) (fig. 128).
Elles tourmentent les animaux par les chatouillements
et les démangeaisons qu'elles produisent à l'aide de leur
trompe et de leurs pattes.
Fig. 128. — Mouche dorée.
a, la mouche; b, sa larve.
BOVtDÉS. — HYPODERMOSE. 503
Traitement. — Il est prophylactique ou curatif.
La prophylaxie consiste à éloigner les mouches des
habitations des animaux. A cet effet, les écuries sont
tenues très propres et maintenues obscures, ou bien
on s'arrange afm que l'écurie n'ait qu'une seule
fenêtre pourvue d'un fikt. Si des mouches se sont intro-
duites, on {)end, au plafond de l'écurie, des brindilles
de bois ou des balais sur lesquels elles se posent; et, la
nuit venue, on brûle le tout. On peut encore les chasser
en brûlant dans les écuries des feuilles sèches de courge.
Le traitement curatif comprend de nombreux moyens ;
mais les résultats obtenus ne sont pas toujours excellents :
on peut enduire les animaux d'une décoction de feuilles
de noyer, de feuilles de tabac (100 grammes pour i litre),
d'une infusion de basilic (Amérique), d'une solution
d'aloès (5 grammes pour 1 litre d'eau), d'un mélange :
Asa fœtida 60 grammes .
Vinaigre 150 —
Eau 200 —
L'alcool camphré, l'essence de térébenthine, l'huile
empyreumatique, l'huile de poisson, la poudre de céva-
dille répandue sur le corps, ont été employés.
Quand les plaies sont infectées par les larves, on
s'adresse aux moyens antiseptiques et curatifs.
Vil. — HYPODERMOSE.
L'hypodermose bovine est caractérisée par le dévelop-
pement dans les parties supérieures du corps de nodosités
renfermant les larves deVHypoderma bovis ou VBijpoderma
lineata, qu'on trouve en Europe et dans toute l'Amérique
du Nord.
Étiologie. — L'insecte parfait est une grosse mouche
d'aspect noirâtre et très velue. Sa longueur est de 13 à
15 millimètres. Les ailes non tachetées sont enfumées
(lig. 129 et 130).
i04
DERMATOSES CAUSEES PAR DES INSECTES.
F.a femelle est pourvue, h son exlrémilé postérieure,
(Tune tarière formée de segments s'einboflant les uns
flans les autres et armés de croehofs au milieu desquels
on distingue une pince qui sert à déposer les œufs.
Cette mouche ressemble à un bourdon : elle séjourne
dans les pâturages bordés, loin des étangs, des rivières et
des habitations, pendant les mois de l'été, ordinairement
de mi-juin au commencement de septembre. Elle est
commune dans toute
l'Europe, mais on la
trouve aussi en Asie
et en Afrique. Sa larve
peut se développer
chez le clievul, Vùiieei
même chez Vbominc.
Évolution. — La
femelle de l'hvpoder-
mo dépose ses œufs
sur les poils des rumi-
nants. On a surpris
Vlli/poderma linealum au moment où il déposait ses onifs
au nombre de quatre à six sur les poils de diverses
régions. Ces œufs sont blancs, elliptiques, pourvus en
arrière d'un appareil de fixation brunAtre ; ils mesurent
environ li^m.iirj de long et contiennent une petite larve
qui ne tarde pas à éclore.
Ces (arvulen, couvertes d'une série de couronnes de pi-
quants, sont enlevées directement ou avec les œufs par la
langue du /)*»/* et avalées comme les larves degastropbiles
par les solipèdes; mais elles se fixent aux voies digestives,
franchissent leurs parois grAce à leurs crochets buccaux
et il leur revêtement épineux ; elles s'introduisent aussi
dans le tissu conjonctif sous-muqueuxdela partie inférieiuT
de l'œsophage et de l'entrée de la panse, comme en témoi-
gnent les observations de Curtice (1890) sur les larves
dhvpoderme rayé, de Konrevaar (18%-1.S!)8). Koch (181)3-
Fig. li'O el 130. — Œstre du bœuf,
a, larve; b, insecte p.u-fait.
BOVIDES. — HYPODERMOSE.
505
1904), Jost (1) (1907). Strose (2) (1910), Vaney(1911). sur
les formes de l'hypoderme du hœuf.
Ces larves cylindriques vitreuses et plus ou moins trans-
parentes, de 4 à 5 millimètres au début, puis de 12 à
15 millimètres, sont plongées dans une sorte de gelée jaune
rouge, rappelant la gelée de coing (fig. 131). Ces massesgrais-
seuses, qui adhèrent à la partie de l'œsophage infectée de
larves, offrent une couleur jaune rougeâtre qui fait recon-
^Sa^^ssa;
Fig. 131. — Phase œsophagienne de la larve d œstre (d'après Vaney)
naître leur présence. Avec leurs crochets, les larves perforent
les tissus; avec leurs piquants, elles écartent les fibres con-
jonctives et déterminent une vive irritation locale suivie de
la foi'mation de nodosités gris verdâtre et d'un exsudât
séro-sanguinolent pendant toute la durée de leur migration
œsophagienne (3).
Situées à la partie inférieure de l'œsophage. dès latin du
mois de juin à la fin de Tété, elles se répandent, jusqu'au
mois de janvier, dans toute la région œsophagienne, où
grandes et petites sont mélangées pour se rapprocher de
nouveau de l'entrée de la panse, au commencement de
l'hiver (Jost). Celles qui périssent au cours de ces péré-
grinations sont reconnaissables à leur teinte gris jaunâtre.
(1) Jost, Association française pour la destruction du varron, dé-
cembre 1911.
(-2) Strose, Recherches sur la biologie des hypodermes et sur la lutte contre
les varrors (Recueil de tnéd. vél., 1911, p. 178).
(3) Stubbe, Les larves d'hypodermes (Recueilde méd. vét., 1911, p. 179).
Cadé.\c. — Pathologie interne. VII. 29
506 DERMATOSES CAUSÉES PAR DES INSECTES.
Leur phase œsophagienne est essentiellement transitoire
et (le durée très variable. La plupart ne s'y attardent pas.
Dès la fin de rautomno, quelquefois même avant, elles
ont perforé la musculeusc de Td-sopluige et se sont répan-
dues dans le tissu conjonclif voisin; puis elles envahissent
le médiastin, le bord gastrique de la rate, les piliers du
diaphragme, l'épiploon, le rein, les côtes [Hinrichsen. Cur-
tice. Keiser (189.5), Koch et Jost]. Elles se déplacent i'aei-
lenienl. de sorte que leur migration est assez rapide : elles
suivent g néralement le trajet des vaisseaux et des nerfs,
traversent le tissu conjontif intermusculaire des psoas et
sintroduisent. en grand nombre, dans le canal i-achidien,
parles trous de conjugaison des vertèbres. Arrivéeslà, dès le
mois (le novembre ou plus tard, elles y séjournent, princi-
palement, pendant les mois de janvier et de février. On
les trouve dans le tissu adipeux, interposé entre le périoste
du canal vertébral et la dure-mère rachidienne. Leur pré-
sence y est dénoncée « par des taches jaune verdâtre œdé-
mateuses, parfois un peu injectées, qui apparaissent sur
la graisse. Elles mesurent, en moyenne, de 10 à 12 milli-
mètres et, au lieu d'être transparentes, comme celles de
lœsophage, ont un aspect opaque. Leur nombre est tou-
jours moins élevé que dans l'œsophage, car il y on a, sans
doute, quelques-unes qui périssent en route, mais il y en
a sm-toul une grande partie qui évitent de passer par le
canal rachidien » (Kailliet).
Certains auteurs, parmi lesquels Jost, considèrent ce
séjour dans le canal vertébral comme indispensable au
développement normal de la larve ; mais la plupart
estiment (pie la migration peut s'effectuer directement
vers la peau, sans le moindre st'jonr dans le canal
rachidien.
Dans tous les cas, elles désertent cet abri au bout de
deux à trois mois, de sorte qu'on ne les y voit plus guèr >
ver la fin du nwis de mars. Elles sortent par les mêmes
Grillées oui ont servi à leur pénétration et se dirigent vers
BOVIDES.
HYPODERMOSE.
507
leur séjour définitif : le tissu conjonctif sous-cutané, par
la voie du tissu conjonctif intermusculaire de la partie
supérieure du corps. On peut commencer à les y décou-
Fig. 132. — Accumulation des larves dans certaines régions sous-cutanées
(d'après Boas).
vrir vers la fin du mois de janvier, la plupart y arrivent
de février à avril. La région qu'elles occupent, limitée à
la région dorso-lombaire, est comprise entre l'avant-der-
nière vertèbi-e dorsale et la dernière vertèbre lombaire. Ce
lieu de rendez-vous des larves, sillonné de trajets, présente
des altérationsmécaniques et toxiques très accusées : le tissu
508
DERMATOSES CAUSEES PAR DES INSECTES.
conjonclif lormo une masse variqueuse, gélatineuse, avec
des sull'usions sanguines, des œdèmes jaune veniàtre. (ies
excréments de larves et des collections purulentes dont
l'ensemble présente un aspect repoussant ; ces lésions
s'étendent même jusque dans le pannicule adipeux et dans
les faisceaux musculaires sous-jacents [Kailliet (1)]. La
plupart terminent leur odvssée dans le tissu conjonctii"
de cette région des reins : beaucoup continuent encore
leurs pérégrinations, pendant huit à dix jours, pour se
fixer dans la région qui leur paraît convenable ; elles
s'installent de préférence sur le dos, les reins, la croupe,
les épaules, les côtes et les flancs (lig. 132).
C'est alors que leur extrémité anale, garnie d'épines,
perfore la peau
pendant que
leur extrémité
antériem-e est
dirig(''e vers la
profondeu". En
même temps, et
quelquefois
avant, chaque larve forme, autour d'elle, une capsule de
nature conjonctive résultant de l'irritation et de l'inflam-
mation du tissu avoisinant. Cette néoformation conjonc-
tive, de forme nodulaire, de la grosseur d'un pois, ferme
et nettement circonscrite, possède, au centre, une cavité
rem|)lio d'un exsudât visquMix, jaune grisâtre ou séro-
sanguinolonl. Depuis le moment de l'ingestion de l'œuf
ou de la larve, jusqu'à l'apparition de la tumeiu* et de la
perforation de la peau, sept mois se sont écouh-s dans
l'œsophage, dans le canal vertébral ou dans les divers
tissus qu'elle a traversés avant d'atteindre le tissu conjonc-
lif sous-cutané. Certaines larves retardataires ne pour-
suivent 1 -ur évolution que l'année suivante (fig. 133).
Fig. KiJi. — Perforalion de la peau de dedans en
dehors. ,\spect des capsules (daju'ès Boas).
(1) Railliet, L'évolution des varrons, leurs dégâts, moyens de les combattre
Association françaisp ponr la ricstrurlion du varro», fiWr. 1911).
BOVIDÉS. — HYPODERMOSE. 509
Le deuxième stade qui succède à la'perforation de dedans
en dehors de la peau est caractérisé par une mue qui
change la foi-me du corps de la larve et transforma son
appareil i*(»spiratoire. Pendant un mois ou un mois et
demi que dure cet état, la larve atteint 15 millimètres : la
tumeur grossit, la capsule s'épaissit et l'orifice cutané
s'élargit graduellement.
Le troisième stade, caractérisé par une seconde mue,
dure environ deux à trois mois; la tumeur se convertit en
abcès ; la larve arrive à maturité en mai, juin, quelquefois
en juillet ou même en août ; elle sort le matin de son habi-
tat et gagne, en rampant, un abri propice. La durée de la
nymphose est d'environ vingt-six à trente jours; l'insecte
parfait sort de sa prison, et l'évolution recommence (1).
Lhypodermose, rare chez les veaux ei chez les animaux
âgés, atteint surtout les adultes bien constitués, vivantdans
les pâturages ; on ne l'observe jamais chez les animaux
entretenus en stabulation permanente. La contamination
des animaux est favox'isée par un été sec et chaud
[Lehmann et Vaney (2)].
Symptômes. — Du mois de février au moisde mars, les
larves d'hypoderme, parvenues dans la région des reins,
de la croupe, des épaules et des côtes, plus i*arement au
niveau des cuisses ou de l'abdomen, provoquent l'appari-
tion d'un nombre variable de nodosités. On peut en comp-
ter ordinairement quatre à cinq, parfois vingt à cent.
Les animaux infectés, à un aussi haut degré, présentent
un état fébrile nuisible à l'engraissement comme à la
sécrétion lactée. Cette double action malfaisante ne s'exerce
pas seulement au moment delà période d'invasion, comme
dans la plupart des infestations parasitaires ; elle se pour-
suit pendant huit à neuf mois au minimum. Les larves
exercent une action irritante permanente, source de dou-
^1) Boas, De l'œstre du bœuf et des moyens de son extermination {Asso-
ciation française pour la destruction du varron, févr. 1911).
(-2) Vaney, Développement de l'hypoderme du bœuf {Association française
pour la destruction du varron, 1911).
510 DERMATOSES CAUSÉES PAR DES INSECTES.
leur (lui trouble rappélil : elles sécrètent, sans doute, îles
substance hérnotoxiqiies comme leurs congénères du tube
digestif (Weinberg) ; elles soustraient enfin par succion
des principes utiles et produisent des abcès. Celte triple
action irritative, spoliatrice et toxique, se traduit par la
diminution du lait, l'amaigrissement et l'altération delà
viande, au pourtour de ces tiuiieurs parasitaires.
Lésions. — Les larves lixéesau niveau des parties supé-
rieures du corps altèrent les i»rincipales parties de la
peau et déterminent une dépréciation du cuir d'un tiers
environ, c'est-à-dire de d6 à 17 francs et quelquefois
même davantage (Kuhnau, Ormerod, Railliet). La peau,
perforée, en maints endroits, comme une éciuTioire, peut
devenir presque inutilisable; il y a, en effet, des peaux qui
présentent jusqu ;i fwG trous (Boas). C'est qu'aux perfo-
rations irrégulières, aux déchirures comparables à celles
qui résulteraient de clous arrachés, dues aux varrons de
l'année, s'ajoutent les cicatrices qui ont comblé les per-
forations des années précédentes. Sur les cuirs prépa-
rés, elles s'accusent par de petits noyaux mal reliés au
tissu tégumentaire et dépourvus de toute solidité : les
chaussures présentent, inévitablement, des trous à ce
niveau.
Parfois même, les larves, dans leurs migrations, accu-
sent leur passage par des galeries sinueuses d'im vert sale '
qui oliligent à rejeter, de la consommation, la pi-esquc
totalité de la viande de ces animaux (Morne).
Pronostic. — La perte moyenne subie par cIiihiih' lnMe.
pendant la diu-ée de celle maladie parasitaire, varie de
12 à 2.") francs (Kuhnau). L'ensemble des perles occasion-
ni'es par les larves d'oestres atteint, dans chaque pays, un
chiffre élevé : l'Allemagne perd chaque année de 7 à
10 milions (Ostertag) ; le Danemark, plus de 7 millions
(Boas); l'Irlande, plus de 12 millions, et l'.Vngleterre bien
davantage (.Miss Ormerod). Les varrons iniligent encore de
sérieuses pertes dans iju'drpies contrées de l'Amérique
BOVIDÉS. HYPODERMOSE. RH
comme dans les divers États de l'Europe. La France est
tributaire de ces parasites à un haut degré.
Traitement. — On peut lutter contre les hypodermes :
1° en empêchant autant que possible le dépôt des œufs
sur le corps des animaux; 2° en détruisant les larves par-
semées sous la peau.
La ponte peut être contrariée par l'application sur la
peau de substances gluantes, grasses ou à odeur persis-
tante renfermant du soufre, du goudron ou de l'acide
phénique, associés à l'huile de lin ou à l'huile de baleine
(Miss Ormerod). On ne peut utiliser ces agents pendant
toute une saison.
La destruction des larves, à mesure qu'elles apparaissent
sous la peau, est le seul procédé pratique ; la suppression
des varrons restreint considérablement le nombre des
mouches dans une contrée; il y a ainsi une diminution
notable des pertes que ces parasites infligent à l'agricul-
ture.
L'intoxication des varrons, obtenue en introduisant du
pétrole, de l'onguent mercuriel, etc., dans l'orifice cutané,
offre l'inconvénient de laisser subsister, sous la peau, un
corps étranger irritant, cause d'infection, de suppuration
et d'altération du tégument.
V élarvement ou évarronnage est le seul procédé inof-
fensif, efficace et à la portée de tout le monde. La bles-
sure opératoire se cicatrise beaucoup plus rapidement
que la perforation déterminée par la larve elle-même.
L'évarronnage se pratique de la manière suivante : pen-
dant qu'un aide maintient la bête, l'opérateur pratique
l'incision du varron à l'aide d'un instrument tranchant à
lame étroite connue sous le nom de pincette, puis, grâce
à une légère pression, il fait sortir la larve, qu'on écrase
immédiatement. Cette opération est répétée chaque fois
que de nouveaux varrons apparaissent chez les animaux
de l'exploitation. On doit la généraliser à tous les animaux
de la région des divers pays où règne l'hypodermose.
512 DERMATOSES CAUSÉES l'AR DES INSECTES.
Les résultats déjà obtenus en Danemark, en Prusse, per-
mettent d'espérer l'extinclion complète de cette maladie,
si l'on parvient à généraliser la méthode de lélarvement.
On a même songé, en Allemagne, à rendre celte opération
obligatoire par une loi : mais on a reconnu qu'il était pré-
l'érable d'intéresser tous les agriculteurs à cette destruction
des larves par des conférences, des causeries agricoles.
L'enseignement primaire et celui des écoles pratiques
•l'agriculture peuvent pojtulariser cette opération en fai-
sant ressortir tous les inconvénients de ces parasites.
D'autre part, la préférence accordée par les marchands
sur les champs de foire aux animaux dépourvus de varrons
achèvera de convaincre les esprits les plus routiniers de
la nécessité de les détruire. Des primes d'encouragement
distribuées aux bergers et aux éleveurs parles professeurs
d'agriculture contribueraient, certainement, à diminuer
rapidement le nombre d'animaux varronnés, ce qui serait
tout profit pour l'agriculture et pour la tannerie (1).
VIII. — DERMATOBIOSE.
Nous désignons ainsi l'affection cutanée déterminée par
les larves de la dermatobie nuisible.
Cette dermatobie {Dcrmatobia noxialis) est une sorte
d'œstre qui séjourne près des taillis et des haies de l'Amé-
rique intertropicale. L'insecte jjarfait dépose ses œufs sur
la peau de Vhoiuine, du hœiil\ de la clicvre, du porc et du
chien; mais le bœnf ei le chien sont les mammifères
préférés. La larve, connue sous le nom de ver moyoquil
au Mexique, ura à Co ta-Rica, miche ou garano à la Nou-
velle-Grenade, ver macaque i\ Cavenne, engendre des
tumeurs |>urulentes.
Traitement. — La dermatobiose est traitée comme
rhjpodormose.
(1) Renne. — L'hypoderirose du re/i«eest déteimini'e par VHypoderma
Larandi et caractérisée par des tumeurs analogues à celles des bovidés. Cer-
tains animaux maigrissent, dépérissent et finissent même par succomber.
MOUTONS. — MELOPHAGE.
513
III. — MOUTOIVS.
I. — PHTIRIASE-
Le Trichodectes ovis ou T. sphér acéphale , de teinte fer
rugineuse, se développe de préférence
fhez les animaux débiles et mal nourris ;
il se fixe généralement au bord supérieur
de l'encoku'e et dans la région du dos
et des cuisses; mais il peut envahir toute
la toison et déterminer de véritables
ravages. Sous l'influence de ses piqilres,
la peau se couvre de plaques érjthéma-
teuses et de squames épidermiques ; la
laine s'altère; la peau se dénude: les
trichodectes sectionnent les brins de
laine à l'aide de leurs mandibules, et
l'alopécie peut se produire indépendamment de toute
gale (Lucet) (lig. 13i).
Fig. 134. — Tri-
chodectes ovis.
II. — MELOPHAGE.
Mélopharjus ovimis est un insecte diptère, de teinte fer-
rugineuse, improprement appelé pou, parasite permanent
du mouton et quelquefois de la chèvre, du chubin et de
Valpaca, qui pas^e facilement des/jy-eAis à leurs agneaux. La
femelle, plus grosse que le mâle, donne annuellement nais-
sance à quatre ou cinq larves fixées par une de leurs
extrémités aux brins de laine et qui se transforment
en pupes rouge cuivré, puis noires, d'où sortent les
insectes adultes. Ces larves se répandent sur toute la
peau couverte de sa toison et se réfugient au niveau de la
tête et du cou, après la tonte, pour être à l'abri des grat-
tages (fig. 135 à 137).
La piqûre, très prurigineuse, suscite des grattages et des
i'rottements intenses qui rendent la laine ébouriflée, emmê-
29.
514
DERMATOSES CAUSEES PAR DES INSECTES.
lée OU déterminent sa chute par places. Quand elle est
tombée ou quand on l'écarto, on aperçoit, au niveau de
chaque piqûre, une tache rouge de \\ dimension d'une
lentille avec un point central de teinte plus foncée. On
aperçoit, en même temps, les malophages adultes et les
pupes fixées aux brins de
laine. Certains oiseaii.\
comme les étoiirueaux
et les bergeronnettes se
posent fréquemment sur
Fig. 13.'). — Mélophage ou hippobosquc Fig. 136 et 137. — Larve d'hippo-
du mouton. bosque du mouton.
A, grandeur naturelle; B, grossi.
A. grandeur naturelle, la larve sus-
pendue à la laine ; B, grossie.
le dos des montons infestés de ces parasites et s'en nour-
rissent. Quand les mélophages sont très nombreux chez
les uijurnux, ceux-ci maigrissent.
Traitement. — Les lotions parasiticides (crésyl i'i2 j). 100;
pétrole, benzine et jus de tabac, 15 i\ 120 grammes par
litre), décoction de staphvsaigre à 50 p. 100. l'eau de gaz
ammoniacale en solution titrant 5» B. (Guyot), sont
efficaces si l'on a préalablement tondu les animaux. Habi-
tuellement, on ri'-ussit à débarrasser les montons infestés
de mélophages ou de trichoilectes en tondant le liouj>eau
et eu pratiquant, ensuite, un lavage au savon noir, suivi
d'imc légère friction avec l'une des lotions parasiticides.
MOUTONS. — MOUCHES.
515
On prévient de nouvelles infestations par l'enlèvement
de la litière, le nettoyage et la désinfection complète des
bergeries.
III. — MOUCHES.
Les mouches tourmentent les moutons dans les pâtu-
rages et les empêchent de s'alimenter convenablement.
Pour les en préserver, il est
souvent nécessaire de rentrer
les troupeaux, pendant les
heures les plus chaudes de la
journée, et de les maintenir
dans une demi-obscurité. Les
touffes de saule, de fougère
pendues au plancher de la
bergerie, servent de refuge aux
mouches qu'on peut faire brû-
ler au dehors pendant la nuit.
Les larves de certaines mou-
ches {Sarcophage magnifique)
envahissent facilement les plaies qui ne sont pas pansées;
des luciles soyeuses déposent leurs œufs au pourtour des
orifices naturels, et leurs larves peuvent déterminer de
l'acrobustite, de la vulvite et même delà vaginite. Quand
elles sont déposées au pourtour de l'anus souillé de matières
fécales, principalement chez les agneaux atteints de diar-
rhée, les larves gagnent le tissu conjonctif sous-cutané
et déterminent une maladie connue en Hollande sous le
nom de « maladie vermiculaire » (fig. 138).
Les animaux éprouvent des démangeaisons, trépignent,
cherchent à se gratter; ils présentent bientôt un suintement
purulent dans la région envahie et un feutrage de la laine
dans le voisinage.
Traitement. — Les lavages et savonnages, les badigeon-
nages au crésyl à 2 p. 100, à l'huile empyreumatique, pré-
viennent et guérissent ces infestations parasitaires.
Fig. 138. — Mouche lucilie.
a, la mouche ; b, sa larve.
516 DERMATOSES CAUSÉES PAR DES INSECTES.
IV. — IXODES-
Les ixodes connus sous lo nom de li<iues ou ricins (ixode
réduve, ixode de Dugès) s"allaquent surtout aux nioutoiis,
aux ehèvres et aux bovidés.
Ces parasites s'implantent au niveau des parties fines de
la peau ou dépourvues de laine (aisselle, aine, cou, tête)
et provoquent, par leurs piqûres, une démangeaison intense
accompagnée «l'une auréole congestive. Sous l'influence
des grattages, il peut survenir de petites Iplaies qui sont
le siège d'une innammalion intense. En même temps, les
ixodes, presque invisibles au début, se gorgent de sang,
se gonflent et finissent par dépasser le volume d'un pois
(Voy. Piiviilasmoses).
Traitement. — On asphyxie les ixodes et on détermine
leur chute en les touchant avec un pinceau imbibé de ben-
zine, de pétrole, d'essence de térébenthine, de solution
concentrée de chloral. Les pulvérisations à l'huile de
vaseline en émulsions à 25 p. 100 dans l'eau savonneuse,
pratiquées une fois par semaine, ont à la fois une action
préventive et curai ive.
IV. — CHÈVRE.
L'ILematopinus stenops et les Thicuouectes [Tricho-
dectes scalaris) déterminent une phtiriase analogue à celle
du mouliin ; elle est suivie d'aitéi allons des poils, d'alopécie
et, pendant l'hiver, de la production de croûtes, d'inflam-
mation et d'ulcérations cutanées, notamment chez la
chèvre angora. Le traitement consiste à tondre l'animal et
à laver la peau avec une solution savonneuse ou crésylée.
V. — PORC.
PHTIRIASE.
Le porc n'héberge qu'un seul pou : VHn'jnatopinus suis,
«pii détermine une phtiriase intense à forme enzoolique
dans les porcheries mal tenues (fig. 139).
CHIEN. — PHTIRIASE,
517
Elle est caractérisée par un prurit intense : l'animal
se gratte avec violence contre tous les corps durs, ou se
roule dans le fumier. 11 peut s'excorier toute la peau sous
l'influence de ces frottements qui
augmentent de violence pendant la
nuit. Les parasites enfoncent leur
rostre dans la peau, se nourrissent
du sang de leur hôte et provoquent
parfois une éruption papuleuse très
marquée.
Cette infestation parasitaire est
susceptible de déterminer la mort
d'un grand nombre de porcelets (40
sur 140) appartenant à la même
bande (Sequens). Bernasky prétend
que ces parasites sont des agents de
transmission des maladies infec-
tieuses du porc.
Traitement. — Nettoyer et désin-
ecter les porcheries et laver soigneusement les malades
à l'aide d'une solution savonneuse concentiée, puis avec
une solution crésylée ou avec un mélange à parties égales
de pétrole et d'huile de lin.
Fi-. 139.
— Ifa'nia(o//inus
suis.'
VI.
CHIEN.
PHTIRIASE-
Le chien ne nourrit que Y hématopinus pilifére et le
trichodecte large. Ces parasites se répandent dans un
chenil et peuvent contaminer tous les chiens. La malpro-
preté, le jeune âge et la vieillesse, la débilité et surtout
la longueur et l'abondance des poils sont des conditions
favoi'ables à l'infestation.
Les Hsematopiniis se disséminent dans tout le corps;
mais la région de la gorge est leur siège de prédilection.
518 DERMATOSES CAUSÉES PAH DES INSECTES.
Leurs piqûres déterminent un prurit intense accompagné
de grattages, d'excoriations et d'amaigrissement des ani-
maux, dont le repos et le sojnmeil sont troubles. L'examen
du tégument révèle la présence des
parasites adultes et des œufs acco-
lés à la base des poils (fig. 140).
Les trichodectes causent aussi
a'i^'lifceOl des démangeaisons en cheminani
sur la peau.
>^y«--/- Traitement. — On doit, tout
'.\);.\' '■';!. ^^"i^l^^^. d'abord, tondre les animaux, les
/ mi^jvlj^^à^^^^ nettoyer à la brosse et au peigne.
Comme moyen thérapeutique,' on
„^ a conseillé des bains fréquents.
ff n^mi^\ Mégnin a donné la formule d'un
'^ ^ de ces bains :
Fig. 140. _ Hématopinus pili- Carbonate de soude 50 grammes.
fère(pouduc/,!en). ^ dissoudre dans Teau
tiède 1 litre.
puis faire infuser dans cette solution alcaline :
Poudre de stapliysaigre 10 grammes.
Pour les chiens d'appartement, on doit éviter les prépa-
rations qui peuvent salir les meubles ou souiller les poils;
on recommande, pour ces animaux, des lavages à l'eau
créolinée, au savon phéniqué, etc.
Il faut toujours proscrire, dans le traitement de la
pbtiriase du chien, les pommades mercurielles, car i'ani-
mal peut se lécher et s'intoxiquer.
II. — PUCES.
Les puces sont des insectes suceurs qu'on rencontre
principalement chez les chats et les chiens sédentaires,
les cliicns enchaînés, les jeunes sujets à la mamelle
comme chez les mères qui les allaitent. Elles se nourrissent
de sang et se retrouvent, chez les animaux infestés, à
l'étal d'œufs. de larves et de nymphes.
CHIEN. — CHIUUE.
519
h' évolution de ces insectes s'achève en quatre à six
semaines dans la litière comme sur la peau. Ces in-
sectes {Pulex serraticeps) peuvent s'attaquer accidentelle-
ment à V homme et au lapin (fig. 141).
Les piqûres des puces occasionnent des démangeaisons,
des grattages et une congestion plus ou moins prononcée
de la peau, qui favorise l'apparition des dermatoses eczéma-
tiformes. Aux régions dépigmentées, la peau est dépilée.
excoriée, ponctuée de taches l'ouges. Si le nombre de ces
parasites est très con-
sidérable, les animaux
sont anémiés par pri-
vation de repos et de
sommeil. Les puces
hébergent le cysticer-
coïde du Txnia cucii-
merina et concourent
ainsi à la propagation ^'S- '^'- ■" ^"'^'^•
de cet helminthe. £^a, mâle; h, femelle; c, œuf.
Traitement. — 11
consiste à écarter les parasites, en enduisant les parois
des habitations et le corps des animaux de médicaments
appropriés : pyrèthre. staphysaigre, absinthe, huile de lau-
rier, eau créolinée ; le pétrole est excellent ; son odeur
éloigne les puces et n'incommode pas les animaux. On
a conseillé aussi d'entourer le chien d'une couverture de
cheval ayant déjà servi, dont les émanations chassent
les parasites, car ils se refusent à vivre chez les soli-
pèdes et les ruminants.
m. — CHIQUE DES MAMMIFERES
(PULEX PENETRANS, SARCOPSYLLA PENETRANS)
Répandue dans le nord du Mexique jusqu'au sud du
Brésil, importée en Afrique (1872) et depuis à Madagascar,
est prospère dans les habitations, les étables et les basses-
f)20
DERMATOSES CAUSEES PAR DES INSECTES.
cours mal tenues ; elle abonde dans les plantations, les
herbes sèches et le sable (fig. i-42).
Les mœurs desmAles et des femelles non lécondées sont
analoguesà celles (les puces vulgaires; ce sont des parasites
|tass;igers. Les leinelles lécondées s'attaquent à tous les
animaux à sang chaud {chiens, chats, moutons, chèvres,
bœufs, chevaux, unes, mulets, porcs surtout, oiseaux et
Fig. 14:;. — Sarcopsyll/t jiciictrfuia. IVmelle lilirc (grossie 50 fois).
V homme même), se fixent aux membres, s'insinuent dans
la peau où elles sucent le sang. Elles grossissent: leur abdo-
men acquiert la grosseur d'un pois et renferme parfois une
centaine d'ceufs qui engendrent des larves vermilormes
évoluant comme celles des puces proprement dites. Elles
forment ainsi des tumeurs cutanées, arrondies, recouvertes
[)ar lépiderme. (pii présente seulement un petit orillce
d'entrée permettant d'apercevoir les «lerniei-s anneaux de
l'insecte (lig. 143).
Les membres, les oreilles, le corps des animaux infes-
tés se couvrent quelqufois de chiques si nombreuses et
tellement pressées les unes contre les autres qu'après leur
extirpation la peau apparaît criblée d'alvéoles comme
CHAT. — PHTIRIASE.
521
Fig. 143. — Femelle ovigère de chique, extraite
d'une tumeur cutanée (Grossie 13 fois,^d'après
Karsten).
un gâteau de miel. La partie de peau qui les renferme
présente une vive irritation, accompagnée quelquefois
d'ulcérations et de gangrène; il y a des animaux qui perdent
leurs phalanges ;
d'autres, un mem-
bre tout entier; ils
présentent souvent
des déformations
des oreilles et de
nombreuses taches
cicatricielles con-
sécutives aux ulcé-
rations.
Traitement. —
Les chiques en-
kystées doivent
être extraites avec
précaution, de ma-
nière à ne pas dilacérer l'abdomen et à éviter de répandre
dans la plaie les œufs très irritants.
Véchiquage est opéré âyec autant de succès que d'adresse
par les indigènes. L'application de parasiticides (benzine,
essence de térébenthine et décoctiom de tabac) au niveau
des boutons est moins etïicace. Aux Antilles, on recom-
mande de plonger la patte atteinte dans une décoction
d'herbe à chique [Tournefortia hirsutissima).
Les puces ne supportant pas l'humidité : on débarrasse
les habitations, les écuries, les élables de chiques par des
lavages répétés à grande eau, en utilisant le papier englué
qui sert à prendre les mouches, ou un morceau de viande
crue qui sert d'appât.
VII. — CHAT.
PHTIRIASE.
Le chat n'héberge qu'un trichodecte. Ce parasite ne
détermine qu'une démangeaison modérée. On fait dispa-
î')22 DERMATOSES CAUSEES PAR DES INSECTES.
raître les parasites en insufflant au fond des poils de
la poudre de staphjsaigre ou de pyrèlhre.
VIII. — OISEAUX.
Les oiseaux présentent un j^rand nombre de parasites.
I- — HIPPOBOSQUES.
Les liippobosques des oiseaux [Lyncliia maura), répan-
dus en Algérie, vivent sur les pi(/eoiineiiiix Agés de quinze
à vingt jours en nombre considérable (50 à 60) ; ils suc-
combent quarante-huit heures après qu'ils sont séparés de
cet hôte. Les femelles pondent des pupes ovoïdes dans la
poussière sèche des colombiers, et leur éclosion s'elTectue
vingt-trois h vingt-huit jours après ii une température de
2-40 à 30"; les parasites se cachent sous les plumes qui
commencent à pousser et s'envolent rapidement des
qu'on prend les oiseaux à la main et que ceux-ci secouent
leurs plumes. Ces insectes propagent une hémosporidie
du pigeon (Hœmoprotcus columbse) (Éd. et Et. Sergent).
II- — MALLOPHAGES-
Les gnllinaoés hébergent un grande nombre de mallo-
phages ou poux.
La poule hé-berge des f/oniodcs, des (joniocotes. des
Upcures et des méaopoiis; le dindon nourrit un m('no])on.
ungoniode et uniipeure; la pintade, des goniodes, ungonio-
cote et un lipeure; le faisan, \e paon, le pigeon. Voie, le
canard, le cygne sont eux-mêmes envahis par un grand
nombre de ces parasites.
La contagion est facilitée par l'agglomération des
espèces animales dans les basses-cours et par la multi-
plicité des espèces parasitaires. D'ailleurs, il y a des
échanges de ces mallophages entre des animaux d'espèce
dilTérentc.
C'est ainsi que l'on peut rencontrer le ménopon bisérié à
OISEAUX. — MALLOPHAGES. 523
la fois sur la poule, le dindon et le faisan, le trinoton sale
sur Voie et le cygne.
Certaines conditions favorisent l'extension de la phti-
riase. Une alimentation insuffisante, avariée, un séjour
dans des locaux humides, sales, étroits, mal aérés, sont
des causes qui assurent la descendance des parasites. Le
tempérament et la race ne sont pas non plus indifférents.
Neumann a vu une poule bantam véritablement phtiria-
sique. tandis que deux poules gasconnes qui vivaient avec
elle étaient saines.
Symptômes. — Les parasites habitent toutes les parties
du corps, mais plus spécialement le tronc et le dessous
des ailes, la tète et le cou; ils sont plus rares au niveau
des cuisses. Ils pullulent avec rapidité hors des atteintes
du bec et ne cessent d'incommoder les animaux. Ils déter-
minent un prurit intense, troublent le repos des galli-
nacés, les font maigrir, compromettent l'élevage des jeunes,
facilitent le développement de la tuberculose et de la
diphtérie.
Diagnostic. — Le diagnostic de la maladie est facile, à
cause des dimensions des parasites.
Pronostic. — Le pronostic est plus grave que pour les
mamniil'eres domestiques. Les jeunes animaux, lespigeon-
naux, succombent souvent, et lorsque les nids sont infestés
de parasites, les pigeons peuvent négliger leur couvée.
Quelquefois, les parasites ne peuvent être détruits ; ils
se perpétuent malgré tous les efforts faits pour désinfecter
les poulaillers, les colombiers et les volières.
Traitement. — La destruction des parasites doit être
simultanément poursuivie chez les volailles, dans les nids,
les planchers, les murs, les perchoirs et partout où ils
s'abritent.
Le traitement des volailles consiste dans des insufflations
de poudre de pyrèthre du Caucase, de graines de cévadille
ou de staphysaigre, après avoir eu soin de lubrifier le fond
des plumes avec de l'eau savonneuse. Le bain sulfureux
524 DERMATOSES CAUSÉES PAH DES INSECTES.
complet (20 grammes de sulfure de potassium par litre
d'eau chaude) est employé avec succès: onii^cV oiseau par
les pattes et les ailes, et on l'immerge verticalement, sauf
le bec et les yeux, et on place ensuite la jioiilc lliiver dans
une chambre chaude; l'été à l'ombre jusqu'à séchage
complet (Éloire).
On peut également faire brûler du tabac dans un endroit
bien clos et étroit; on y introduit lespoulcts infestés pen-
dant une demi-minute à une minute, et cette opération
renouvelée deux fois encore en une semaine détruit les
parasites (Chobaul.
L'exterminateur Lagrange remplit aussi celte indication.
C'est un coffre en bois dans lequel on introduit Voiseau
immobilisé et dont la tète fait saillie au dehors par une
ouverture spéciale. On brûle à l'intérieur de cette boîte une
mèche soufrée, et les vapcui's qui se forment suflisenl pour
tuer tous les parasites en peu de temps.
Les pulvérisations de cendres insecticides, additionnées
de fleur de soufre, sont efficaces : les poules se traitent
elles-mêmes en prenant leurs ébats, si l'on a soin de creuser
un petit bassin rempli de ces pi'oduits, situé sous un abri.
La désinfection des nids est obtenue à l'aide de l'essence
d'eucalyptus : on imbibe entièrement une éponge de ce
produit, puis on l'introduit dans un œuf, qu'on a préa-
lablement vidé en perforiint les deux pôles, qu'on ferme
ensuite à la cire, et l'on place cet anif avec ceux de la cou-
vée : les vapeurs d'essence qui traversent les jtores de la
coquille éloignent tous les poux.
Les locaux, les perchoirs, les nids sont débarrassés de
ces parasites à l'aide de fumigations de sulfure de carbone,
disposé dans de petites fioles réj»arties dans le poulailler
(Schneider); mais ce procédé passe jtour diminuer la
fécondité des poules. La poussière de chaux projetée contre
le plafond et les murs de manière à produire une sorte
de nuage de poussière est un procédé plus répandu et plus
efficace. On n'a qu'à balayer un moment après.
OISEAUX. — PUNAISES. 525
Le retour des parasites est prévenu en blanchissant à la
chaux, deux fois par an, les murs et même les perchoirs
des poulaillers. La laine de bois répand une odeur qui
éloigne tous les parasites : on peut l'utiliser comme litière.
III. — PUCES-
Les puces [Pulex avium), plus abondantes l'été que
l'hiver, s'attaquent principalement aux poulets, aux
jeunes pigeons et peuvent piquer Vliomme ; on en
trouve parfois des quantités dans les nids des poules cou-
veuses. Leurs piqûres sont caractérisées par des points
hémorragiques entourés d'une zone lenticulaire d'érythème
qui disparaît rapidement ; elles sont suivies d'un prurit
qui agite les jeunes poulets, trouble leur développement,
empêche les couveuses de se tenir régulièrement dans
leur nid. hes pigeonneaux dépérissent et meurentquelque-
fois de consomption (Ercolani).
IV. — PUNAISES.
Les punaises des pigeonniers {Cime.r colombarius) sont
quelquefois très abondantes dans les pigeonniers et parfois
dans les poulaillers ; elles se tiennent dans les interstices
des cloisons, dans la paille des niches et se répandent sur
les poules et les pigeons et parfois sur Y homme lui-même
(Lucet). Les poules couveuses ne peuvent résister à leurs
piqûres : elles quittent à tout instant leur nid et témoi-
gnent, par leur agitation et par l'abandon de leurs œufs
comme par leur anémie, des souffrances et de l'épuise-
ment occasionnés par ces parasites. L'examen des œufs
permet de reconnaître la source de ces troubles ; on
constate, à leur surface, de petites taches noirâtres for-
mées par les excréments de ces insectes.
Traitement. — On débarrasse les poulaillers et les
pigeonniers des puces et des punaises par un blanchi-
ment fréquent à la chaux pour détruire les larves: l'épan-
dage dechaux en poudre sur le sol, les niches, lespondoirs.
526 DERMATOSES CAUSÉES l'AR UES INSECTES.
la subslitution do copeaux à la paillede litiùre.la combus-
tion de soulVe (30 grammes par mètre cube) en fermant
hermétiquement toutes les issues, sont des moyens de faire
disparaître les puces et les punaises des locaux. Ces insuf-
flations de poudre de pyr«Mlire. les pulvérisations de pétrole,
les bains sulfureux (^20 grammes de sulfure de potassium
par litre d'eau chaude) débarrassent les jimilcs de ces para-
sites comme des poux (Kloirc).
V. — CHIQUE DES POULES
(SARCOPSYLLA GALLINACEA).
Celle espèce, très voisine de celle de VJiomnieel des ani-
maux domestiques, est très cosmopolite. On l'a signalée
dans le Turkestan, le sud des États-Unis, le Cameroun,
le Cap, à Madagascar, dans les endroits ombragés, mais
secs ; elle s'attaque non seulement aux poules, mais
encore aux canards, aux cljats, chiens, cheva;i.\. veaux,
rats et même aux entants, et recherche i)rincipalemenl
les sujets jeunes. Mâles et femelles sont parasites au
même degré. Contrairement à la chique pénétrante, ces
insectes ne s'enfoncent pas sous la peau, et leur abdomen
ne jirend pas un développement excessif ; mais ils y font
pénétrer leur rostre et se fixent si solidement qu'ils ne peu-
vent lâcher prise immédiatement comme les autres puces.
Ces parasites se fixent en grand nombre à la tête,
autour des yeux et au cou des poulets et des j)Oussins.
Les oiseaux infestés perdent la voix, se dépouillent de leur
duvet, se couvrent de boutons et d'ulcères et succombent
bientôt. Les ravages déterminés par ce parasite dans les
grands élevages, pendant la saison sèche, sont considé-
rables ; c'est un fléau à Madagascar, au Cap, etc.
Traitement. — Ces insectes ne supportent pas Ihumi-
diti' ; il siillit de laver â grande eau les poulaillers. On
réussit à en prendre un grand nombre à laide dun papier
englué, analogue à celui qui est employé pour détruire les
mouches.
TABLE DES MATIERES
LIVRE VII
MALADIES DE LA' NUTRITION 1
I. — Diabète sucré 1
1. — Solipèdes, 2
2. — Bovidés 4
3. — Carnivores 4
II. — Diabète insipide 10
1 . — Solipèdes 1 !
2. —Chien 13
III. — Obésité 15
IV. — Goutte 17
1 . — Oiseaux 18
2. — MammilÏTes 23
V. — Achondroplasie 24
VI. — Rachitisme 24
VII. — Cachexie osseuse 25
VIII. -- Maladie du reniflement 25
IX. — Ostéomalacie des équidés 26
X. — Ostéo-périostite diffuse 26
XI. — Pseudo-rhumatismes articulaires 28
LIVRK VIII
MALADIES PAR AUTO-INTOXICATION 29
Hémoglobinurie musculaire paroxystique 30
Solipèdes 30
528 TABLE DES MATIÈRES.
LIVRE IX
APPAREIL URINAIRE 80
CHAIMTRK l'HKMIKH. — Hrins 80
I . — Congestions rénales 80
1. — Solipèdes 80
A. — Congestion aiguë. — Hémorragie rénale. 80
B. — Congestion passive ou chronique 85
2. — Uutiiinanls 80
3. — Carnivores 8'J
II. — Infarctus du rein 93
III. — Dégénérescence amyloïde du rein 95
IV. — Dégénérescence graisseuse 96
Carnivores 97
V. — Néphrites 100
Néphrites aiguës 102
i. — Solipèdes 102
2. — Rutninanls 115
Néphrite à macules hlanches 118
3. — Porc 121
4. — Carnivoies 122
Néphrites chroniques 125
1. — Solipèdes 126
2. — Ruminants 131
3. — Porc 137
4. — Carnivores 137
5. — Oiseaux 145
— Hydronéphroses 145
1. — Solipèdes 146
2. — Bovidés 147
3. — Porc 149
4. — Chien 151
II. — Rein polykystique 155
III. — Pyélonéphrites et pyonéphroses 160
1. — Solipèdes 162
2. — Bovidés 169
3. — Petits ruminants 184
4. — Pore 186
5. — Chien 187
TABLE DE? MATIÈRES. 529
IX. — Lithiase rénale ^^^
1 . — Solipèdos 1^-
2. — Bovidés 1?''
3. — Mouton
4. — Chien
5. — Oiseaux
198
199
200
X. — Cancers du relu.
200
l._Solipedes |00
2. — Ruminants -"-'
3. -Porc fj^
4. - Carnivores 20.
XI. - Rein flottant 205
XII. — Parasites -""
I. — Eustrongylose 206
II. _ Pseudo-tuberculose verniineuse 208
CHAPITRE II. — Vessie 210
I. — Cystites 210
I. — Solipèdes 211
1. — Cystite aiguë 211
2. — Cystite chronique 21fi
II. _ Bovidés 219
1. _ Cystite aiguë 219
â. — Cystite chronique 225
A. — Cystite chronique simple 22.o
B. _ Cystite chronique hémorragique. 227
III. — Chien 243
1. _ Cystite aiguë 243
2. — Cystite chronique 244
247
249
IV. — Chat
CHAPITRE III. — Capsules surrénales.
I. — Solipèdes
II. — Ruminants.
249
249
LIVRE X
PEAU -^*
CHAPITRE PREMIER. — Trichoses 231
I. — Solipèdes 251
C.^DÉAC. — Pathologie interne. VII. 30
530 lAlU.K DKS MATIÈHES.
1. — Hyiieiirichoses 2bl
2. — Alopécies 232
3. — Triclio.ses dystrophiques 256
4. — Trichosus parasitaires 257
II. — Uovidés 2."i7
III. — Mouton 259
IV. — Chien 259
V. — Oiseaux 2(10
CHAPITRE II. — Dennitcs eczémateuses 201
I. — Solipèdes 2C8
1 . — Eczéma aigu généialisé 208
2. — Eczéma chronique sec 269
3. — Eczéma des régions pourvues de
crins 270
4. — Eczémades plis articulaires du genou
et du jarret 271
5. — Eczéma des e.\lrémités 271
0. — Eczéma séborrhéique 277
II. — Bovidés 280
III. — Mouton 284
IV. — Chien 285
CHAPITRE III. — Kératoses 301
I . — Solipèdes 301
1 . — Pityriasis 301
2. — Psoriasis 305
3. — Cornes cutanées 311
II. — Bovidés 311
m. — Chien 313
1 . — Pityriasis 313
2. — Acanthosis nigrieans 314
3. — Cornes cutanées 315
CHAPITRE IV. — Hypertrophies ciitauées 310
I. — Éléphantiasis 310
II. — Botryomycose 316
III. — Sclérodermie 316
CHAPITRE V. — Xeiiro-deriuatoses 317
1. — Solipèdes 317
1. — Prurit cutané 317
TABLE DES MATIÈRE?. 531
•2. — Prurigo 318
3. — Dermograpliisme 319
IL — Chien 320
Prurit cutanr 320
Zona 320
CHAPITRE VI . — Dermites artificielles 322
I. — Solipèdes 322
1. — Dermites de cause mécanique 322
2. — Dermites de cause physique 323
3. — Dermites de cause chimique 323
1° Toxidermies alimentaires 324
2° Toxidermies sériques 325
4. — Urticaire 328
II. —Bovidés 333
1 . — Urticaire 333
2. — Toxidermie alimentaire 335
III. — Mouton 341
Dermite érysipélateuso; fagopyrismë. . . . . 341
IV. — Porc 345
Urticaire 345
V. — Chien 346
Érythème ■..:.... 346
Urticaire 346
CHAPITRE VII. — Dermatoses microbiennes.. 348
I. — Solipèdes 348
1. — Impétigo 348
2. — Pemphigus 352
3. — Pyohémie caséeuse 353
Acné contagieuse des solipèdes 356
4. — Nécrobacillose 361
5. — Botryomycose 362
6. — Papillomes 363
II. — Bovidés 363
1. — Impétigo 363
2. — Pemphigus 365
3. — Pyohémie caséeuse 366
4. — Nécrobacillose 367
532
TABLE DES MATIERES.
m. — iMouton 368
1. — Acné 3(i8
2. — Eclhyma contagieux des lèvres 309
3. — Pyohémie easéeus»' 371
4. — Nécrobacillose 379
IV. _ i>orc 383
1 . — Impétigo 383
2. — Pyohémie caséeuse 385
V. — Chien 386
1. — Impétigo 386
2. — Acné 389
3. — Pemphigus 390
4. — Nécrobacillose 390
5. — Purpura 392
CHAPITRE Vin. — Dermatoses parasitaires. . . 393
Dermatoses acariennes 393
I. — Solipôdes 394
1. — Gale sarcoptique. 394
— Gale psoropti()ue 407
— Gale symbiotique 413
— Gale démodéci(|ue 4IG
5. — Acariase derraanyssitjue 417
6. — Thrombidiose 419
— Ixodes 420
II. — Bovidés 421
1 . — Gale sarcoplitiue 421
2. — Gale psoroptique 421
3. — Gale symbiotique 423
4. — Gale démodécique 423
0. — Acariase dcrmanyssiipie 426
6. — Thrombidiose 427
7. — Ixodes 428
III. — Moulon 429
1. — Gale sarcopti(iue 429
2. — Gale psoroptique 433
3. — Gale symbioli(iue 442
4. — Gale démodécique .... 443
IV. — Chèvre 443
1. — Gale sarcoptique 443
TABLE DES MATIÈRES. 533
2. — Gale psoroptique de l'oreille 444
3. — Gale symbiotique 445
4. — Gale démodécique 446
V. — Dromadaire et chameau 447
Gale sarcoptique 447
VI. —Porc 449
d, — Gale sarcoptique 449
2. — Gale démodccique 450
VIL— Chien 451
1. — Gaie sarcoptique 451
2. — Gale psoroptique 457
3. — Gale démodécique 457
4. — Acariase auriculaire du chien ;. 464
5. — Thrombidiose 4G6
6. — Ixodes 467
VIII. — Chat 468
1. — Gale sarcoptique 468
Gale démodécique 472
Acariase auriculaire 472
IX. — Furet 473
1. — Gale sarcoptique 473
2. — Acariase auriculaire 474
X. — Lapin 474
1. — Gale sarcoptique et galenotoédrique. 474
2. — Gale psoroptique auriculaire 477
3. — Gale démodécique 479
XL — Oiseaux 479
1. — Gale des pattes 479
2. ^ Gale du corps ou gale déplumante.. . 483
3. — Acariase dermanyssique 485
4. — Thrombidiose 486
5. — • Argasinés 487
6. — Acariase épidermoptique de la poule. . 489
CHAPITRE IX. — Dermatoses causées par des
insectes 491
I. — Solipédes 491
1. — Phtiriase 491
2. — Hippobosques (Hippobosca equina).. 493
3. — Glossines ou tsetsés 494
J3't
TAHLK DES MATlKItKS.
II. —
— Stomoxcs
— Simulies .
— Tabanidi's
— Larves de iiiouclics
— Oclirornyio anthrojjopliago.
— Ilypodermose
Bovidiîs
— Ptitiriaso
— Flippoljosciuc
— Hématobics
— Taons
— Simulies
— Muscidés
— Ilypodofiiiose
— Derrnatobiose
m.
IV.
V.
VI.
.Moutons ,
— l'hliriase..
— Mélopha^'e.
— Mouches . .
— Ixodes ....
- Chèvres. . .
Porc
l'htiriase ,
- Chien
1. — l'hliriase
2. — Puces
3. — Chique des niaiiimilÏTes (Pulex petie-
trans, Sat'cops'/l/a p^netrans)
VII. — Chat
Phtiriase
VIII. — Oiseaux
1. — Hippobosques
2. — Mallophages
3. — Puces
4. — Punaises
5. — Chique des poules {S(ircopfi///a ijal-
linacea)
495
495
490
49G
497
497
499
499
50 1
501
501
502
502
503
512
513
513
513
515
516
olfi
316
516
517
517
518
519
521
521
522
522
522
525
525
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1. Bouche et estomac. — II. Intestin. — III. Foie, péritoine, fosse.^ n'i.'inles.
sinus. — i^'. Larynx, trachée, bronches, poumons. — V. Plèvre, péricarde, çtei/r.
endocarde, nrtéres. — VI. AJaladies du sang. .Maladies générales. — VII. .\/alailte<
de nutrition et pnr auto-intoxication. Maladies de l'appareil urinaire . .Mal.idits
de la peau et maladies parasitaires. — VIII. Maladies du système nirveui .
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Chirurgie du pied, par Bournav et Sendrail, professeurs à l'Ecole
de Toulouse. 1903, 1 vol. in-18 de 492 p., avec 135 figures, cart. 6 fr.
Pathologie chirurgicale de la peau et des vaisseaux, par
C. Cadéac. 1905, 1 vol. in-18 de 422 pages, avec 103 fig., cart. . 6 fr.
Pathologie chirurgicale des tendons, des nerfs et des
muscles, par Cadéac et Pader. 1905, 1 vol. in-18 de 477 p., avec
122 fig., cart 6 fr.
Pathologie chirurgicale des articulations, par G Cadéac.
1907-1909, 2 vol. in -18 de 450 pages avec fig., cart 12 fr.
Pathologie chirurgicale de l'appareil digestif, par G. Cadéac.
1909, 1 vol. in-18 de 500 pages avec fig., cart 6 fr.
Thérapeutique vétérinaire générale, par Guinard, chef des tra-
vaux à l'Ecole de Lyon. 1899, 1 vol. in-18 de 504 p., cart 6 fr.
Thérapeutique vétérinaire appliquée, par H.-J. Gobert, vétéri-
naire de l'armée. 1995, 1 vol. in-18 de 568 p., cart- 6 fr.
Obstétrique vétérinaire, par Bournay, professeur à l'Ecole de Tou-
.louse. 1900, 1 vol. in-18 de 524 pages, avec 72 fig., cart 6 fr.
Médecine légale vétérinaire, par Gallier, vétérinaire sanitaire
de la ville de Caen. 1895. 1 vol. in-18 de 502 p., cart 6 fr.
Police sanitaire, par A. Conte, ancien chef des travaux à l'Ecole de
Toulouse. 2« édition, 1906, 1 vol. in-18 de 532 pages, cart 6 fr.
Pharmacie et Toxicologie vétérinaires, par Delaud et Stourbb,
chefs des travaux aux Ecoles de Toulouse et d'A,lfort. 1900, i vol.
in-18 de 496 p., cart 6 fr.
Jurisprudence vétérinaire, par A. Conte. 1898, 1 vol. in-18 de
553 p., cart 6 fr.
Extérieur du Cheval et Age des Animaux domestiques,
par M. MoNTANÉ, professeur à l'Ecole vétérinaire de Toulouse. 1903,
i vol. in-18 de 528 pages, avec 260 figures, cart 6 fr.
Maréchalerie, par Thary, vétérinaire de l'armée. 1896, 1 vol. in-18
de 458 p., avec 303 fig., cart 6 fr.
ENVOI FRANCO CONTRE UN MANDAT POSTAL
DICTIONNAIRE VÉTÉRINAIRE
DICTIONNAIRE VÉTÉRINAIRH
Par P. CACNY
Membre de la Société centrale de médecine vétérinaire
Membre correspond.jnt de la Société nationale d'Agriculture
Membre du Collège royal vétérinaire de Londres
ET
H.-J. GOBERT
viTKHINAIRE DE l'aIIUÉI
1904, 2 vol. gr. in-<5 de 1622 pages, avec 1821 fig. et 8 planches en couleurs
Prix 35 fp.
Cagny et Gobert onl pensé avec raison que, à côté des ouvrages classiques
d'enseiy'nemenl, dus aux prolusseurs des écoles, il y avait place pour un livre
de pra'Uque, qui. sans prcleution scientifique, mettrait à la dispoNJlion des
praticiens et des élèves un résumé aussi exact que possible des connais-
sances actuelles, en même temps que des imlicalions de Ihérapeuliqu-
médicale et chirurgicale sanctionnées par l'expéiiencc.
La forme de dictionnaire r|u'ils ont adoptée était la plus convenable potr
un ouvrage comprenant : l'analomie, la physiologie, la médecine, la chi-
rurgie, l'hvgiène. la police sanitaire, la jurisprudence, etc.. elle est d'ailleiir;
justifiée par le souci de permettre au praticien de trouver inslantanémeiit le
renseignement cherché.
Aujourd'hui que les nouvelles méthodes pasloriennes ont pu être appré-
ciées et qu'elles ont montré leur supériorité, le moment était venu de faire
une séleclion parmi tous les matériaux disséminés dans les journaux, dan ■
les publications, dans les annales des soc étés savantes, pour les mettre ù lu
disposition de tous ceux qui, par profession ou par goût, ont souci de l'amé
lioralion et de la santé des animaux.
MM Cagnv et Gobert ont cherché à faire de ce dictionnaire un répertoire
véritablement mis au niveau des progrès de la science et de la pratique
pouvant au besoin tenir lieu d'uni- bibliothèque complète.
Aussi ont-ils fait appel à l'expérience de tous les auteurs français ei
élringers les plus connus: M.\l. Chauveau, inspecteur général des écoles
vétérinaires; iNocard, Trasbot, Cadiol et Almy, Moussu, Harrier, de l'Ecole
d'Alfort; Arloiiig, Peiich. Caiiéac, de l'Kcole de Lyon; Leclainche, Laulanié,
Neumann. de l'Ecole de Toulouse. Baillet (de Bordeaux). Gallier (de C.aeni,
Detrove (de Limoges), G. Leblanc, Mégnin, Signol, A. Sanson, Jacoulet e'
.lolv, vétérinaires de l'armée, Fleming (de Londres), Give {de Bruxelles),
Lyiltin (de Bade), Hess et Guilbeau (de Berne), Kitl (de Munich\ Sussdorf
'de Stuttgart!, Roell et Koch (de Vienne), Schutz ide Berlin), Lanzilolti (de
Milan), l'errot.cilo (de Turin), Martinez de Anguiano (de Sarragosse;, etc.
Tous ces noms si haut placés dans la science soûl à eux seuls une garantie.
Il faut aus>i mentionner l'addition de i 800 figures qui mett nt pour ainsi
dire sous les yeux du lecteur les détails d'anatomie normale et pathologique
les procédés opératoires, les instruments et les appareils : les yeux viennent
apporter à l'intelligence et à la mémoire un secours précieux", en facilitant
toujours .n l'auteur une explication et en permettant souvent au lecteur de la
mieux comprendre.
ENVOI KKANCO CONTRE UN MA,ND.\T POSTAL