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Full text of "The plays of Molière in French"

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THE  PLAYS  OF 

JEAN  BAPTISTE  POQUELIN  MOLli:RE 


Born  January  15th  (?),  162a 
Died  February  17th,  1673 
In  the  age  of  Louis  xiv 


TARTUFFE,  OR  THE  HYPOCRITE 

LE    TARTUFFE,    OU     L'iMPOS- 
TEUR 

DON  JUAN,  OR  THE  FEAST  WITH  THE 
STATUE 

DOM  JUAN,  OU  LE   FESTIN   DB 
PIERRE 

LOVE  'S  THE  BEST  DOCTOR 
l' AMOUR  MfiDECIN 


•|"$"f 


AllfighU  reserved 


V. 


'ifJiO^Jt^^ltort'd^t't^ 


Jri*<<i**;  J^'.^vi&t*' 


LE   TARTUFFE 
(Acte  IV,  Scene  IV) 


IT      t    ^     i^      '     \Jt        f 


THE 


PLAYS  OF  MOLIERE 

IN  FRENCH 

With   an   English   Translation 
and    Notes    by 

A.  R.  WALLER,  M.A. 


VOLUME    IV 

166*4-1665 


ILLUSTRATED  WITH  THIRTY-ONE  ETCHINGS 
AFTER  LELOIR 


EDINBURGH:    JOHN   GRANT 

31    GEORGE    IV    BRIDGE 
1907 


Edinburgh  :  T.  and  A.  Constable,  Printers  to  His  Majesty 


CONTENTS 

PAGE 

Tartuffe,  or  the  Hypocrite    Le  Tartuffe,  ou  L'lm- 

posteur.         .         .         1 

Don   Juan,  or  the  Feast    Dom    Juan,    ou    Le 
with  the  Statue    .         .        Festin  de  Pierre     .     137 

Love 's  the  Best  Doctor    .    L'Amour  Medecin     .     265 

Notes      .- 325 


TARTUFFE 

OS 

THE  HYPOCRITE 

(Vlmposteur) 

A  Comedy 


DRAMATIS  PERSONS 

Mmb.  Pernellb,  Organ's  mother. 

Obgon,  Elmire's  husband. 

Eluire, ^Organ's  wife. 

Damis,  Organ's  son. 

Mabiane,  Organ's  daughter  and  Valere's  lover. 

VAiiaiE,  Mariane's  lover. 

Cli6antb,  Organ's  brother-in-law. 

Tabtuffe,  a  hypocrite  (faux  devot). 

DoEiNE,  Mariane's  maid. 

M.  Loyal,  a  bailiff  or  tipstaff  (sergent). 

Un  Exempt,  a  police  officer. 

Flipote,  Mme.  Femelle's  servant. 

Scene  :  Paris. 


LE  TARTUFFE 

ou 
UIMPOSTEUR 


ACTE  I 

ScilNE     I 

Madame  Pbrnellb  et  Flipotb,  sa  servante,  Elmibe, 
Mabiane^  Dobine,  Damis^  Cl^ante. 

Mmb.  Per.  Allons,  Flipote,  allons,  que  d'eux  je  me 
delivre. 

Etju.  Vous  marchez  d'un  tel  pas  qu'on  a  peine  a  vous 
suivre. 

Mme.  Per.   Laissez^   ma  bru,  laissez^    ne  venez  pas 
plus  loin  : 
Ce  sont  toutes  fagons  dont  je  n'ai  pas  besoin. 

Elm.    De  ce  que    Ton  vous   doit    envers  vous    on 
s'acquitte. 
Mais,  ma  mere,  d'ou  vient  que  vous  sortez  si  vite  ? 

Mme.  Per.  C'est  que  je  ne  puis  voir  tout  ce  menage-ci, 
Et  que  de  me  complaire  on  ne  prend  nul  soucL 
Oui,  je  sors  de  chez  vous  fort  mal  edifiee  : 
Dans  toutes  mes  legons  j'y  suis  contrariee, 
On  n'y  respecte  rien,  chacun  y  parle  haut, 
Et  c'est  tout  justement  la  cour  du  roi  Petaud. 

Dor.  Si  .  .  . 

Mme.  Per.  Vous  etes,  ma  mie,  une  fille  suivante 

Un  peu  trop  forte  en  gueule,  et  fort  impertinente ; 
Vous  vous  melez  sur  tout  de  dire  votre  avis. 


TARTUFFE 

0£ 

THE  HYPOCRITE 


ACT  I 

Scene    I 

Madame  Pernelle  and  Flipote,  her  servant,  Elmire, 
Mariane,  Dorine,  Damis,  Cl^lante. 

Mue.  Per.  Come  along,  Flipote,  come  along ;  let  me 

get  away  from  them. 
Elm.  You  walk  so  fast  that  I  can  scarcely  keep  up 

with  you. 
Mmb.  Per.  You  need  not  come  any  further,  child.     I 

can  dispense  with  such  ceremony. 

Elm.  We  only  give  what  is  due  to  you.  But,  mother, 
why  are  you  in  such  a  hurry  to  leave  us .'' 

Mme.  Per.  Because  I  cannot  bear  to  see  such  goings 
on  and  no  one  takes  any  pains  to  meet  my  wishes. 
Yes,  I  leave  your  house  not  very  well  pleased  :  you 
ignore  all  my  advice,  you  do  not  show  any  respect 
for  anything,  everyone  says  what  he  likes,  and  it  is 
just  like  the  Court  of  King  Petaud. 

Dor.  If  .  .  . 

Mme.  Per.  You  are  far  too  free  with  your  tongue  for 
your  position,  my  lass,  and  too  saucy.  You  offer 
your  advice  about  everything. 


4  LE  TARTUFFE  [actb  i. 

Dah.  Mais  ... 

Mme.  Per.  Vous  etes  un   sot   en   trois  lettres, 

mon  fils ; 
C'est  moi  qui  vous  le  dis,  qui  suis  votre  grand'mere ; 
Et  j'ai  predit  cent  fois  a  mon  fils,  votre  pere. 
Que  vous  preniez  tout  I'air  d'un  mechant  garnement, 
Et  ne  lui  donneriez  jamais  que  du  tourment. 

Mar.  Je  crois  .  .  . 

Mme.  Per.  Mon  Dieu,  sa  soeur,  vous  faites  la  discrette, 
Et  vous  n'y  touchez  pas,  tant  vous  semblez  doucette ; 
Mais  il  n  est,  comme  on  dit,  pire  eau  que  I'eau  qui 

dort, 
Et  vous  menez  sous  chape  un  train  que  je  hais  fort. 

Elm.  Mais,  ma  mere  .  .  . 

Mme.  Per.  Ma  bru,  qu'il  ne  vous  en  deplaise, 

Votre  conduite  en  tout  est  tout  a  fait  mauvaise ; 
Vous  devriez  leur  mettre  un  bon  exemple  aux  yeux, 
Et  leur  defunte  mere  en  usait  beaucoup  mieux. 
Vous  etes  depensiere  ;  et  cet  etat  me  blesse. 
Que  vous  alliez  vetue  ainsi  qu'une  princesse. 
Quiconque  a  son  mari  veut  plaire  seulement, 
Ma  bru,  n'a  pas  besoin  de  tant  d'ajustement. 

Cu6an.  Mais,  Madame,  apres  tout  .  .  . 

Mme.  Per.  Pour  vous.  Monsieur  son  frere, 

Je  vous  estime  fort,  vous  aime,  et  vous  revere  ; 
Mais  enfin,  si  j'etais  de  mon  fils,  son  epoux, 
Je  vous  prierais  bien  fort  de  n'entrer  point  chez  nous. 
Sans  cesse  vous  prechez  des  maximes  de  vivre 
Qui  par  d'honnetes  gens  ne  se  doivent  point  suivre. 
Je  vous  parle  un  peu  franc ;  mais  c'est  la  mon  humeur, 
Et  je  ne  mache  point  ce  que  j'ai  sur  le  coeur. 

Dam.  Votre  monsieur  Tartufi"e  est  bien  heureux  sans 

doute  . 
Mme.  Per.  C'est  un  homme  de  bien,  qu'il  faut  que 
Ton  ecoute ; 
Et  je  ne  puis  souffrir  sans  me  mettre  en  courroux 
De  le  voir  querelle  par  un  fou  comme  vous. 
Dam.  Quoi.^  je  souiFrirai,  moi,  qu'un  cagot  de  critique 
Vienne  usurper  ceans  un  pouvoir  tyrannique, 


so.  I.]  TARTUFFE  5 

Dam.  But  .  .  . 

Mme.  Per.    You  are  a  fool  thrice  over,   my  boy, 

though  it  is  your  own  grandmother  who  says  it. 

I  have  told  your  father  a  hundred  times  that  you 

will  become  a  ne'er-do-weel,  and  will  cause  him 

nothing  but  trouble. 

Mar.  I  think  .  .  . 

Mme.  Per.  As  for  you,  his  sister,  you  put  on  such  a 
demure  air  that  it  is  difficult  to  catch  you  tripping. 
But,  as  the  saying  is,  still  waters  are  the  most 
dangerous,  and  I  hate  yourunderhand  ways. 

Elm.  But,  mother  .  .  . 

Mme.  Per.  Let  me  tell  you,  daughter,  that  your 
whole  conduct  is  entirely  wrong.  You  ought  to 
set  them  a  good  example :  their  late  Tnn|Tip.r  did 
juuch-hfittor.  You  are  extravagant :  I  am  shocked 
to  see  you  decked  out  like  a  princess.  If  a  woman 
wishes  to  please  her  husband  only,  she  has  no  need 
for  so  much  finery,  my  child. 

CLi;AN.  But,  madam,  after  all  .  .  . 

Mme.  Per.  As  for  you,  sir,  who  are  her  brother,  I 
think  very  highly  of  you,  and  I  both  love  and 
respect  you,  but,  at  the  same  time,  if  I  were  my 
son,  her  husband,  I  should  request  you  not  to  enter 
our  house.  You  are  always  laying  down  rules  of 
conduct  which  respectable  people  should  not  follow. 
I  speak  rather  frankly  to  you,  but  that  is  my 
nature :  I  do  not  mince  matters  when  1  have  any- 
thing on  my  mind. 

pAM^Your  Mr.  Tartuffe  is.  no  doubt,  an  excellent 
person  .  .  . 

Mme.  Per.  He  is  a  very  worthy  man,  one  who  should .    yy 
be  listened  to  ;  and  it  makes  me  ve^^y  gnprry  y^  lipar    '•'^ 
him  sneered  at  by  a  tool  like  yoU; 


Dam.  What !    Am  I  to  permit  a  censorious  bigot  to 
exercise  a  tyrannical  influence  in  the  family ;  and 


6  LE  TARTUFFE  [actb  i. 

Et  que  nous  ne  puissions  a  rien  nous  divertir, 
Si  ce  beau  Monsieur-la  n'y  daigne  consentir  ? 
Dor.  S'il  le  faut  ecouter  et  croire  a  ses  maximes. 
On  ne  peut  faire  rien  qu'on  ne  fasse  des  crimes ; 
Car  il  controle  tout,  ce  critique  zele. 

Mme.  Feb.    Et  tout  ce  qu'il  controle  est  fort  bien 
controle. 
C'est  au  chemin  du  Ciel  qu'il  pretend  vous  conduire, 
T^       Et  mon  fils  a  I'aimer  vous  devrait  tous  induire. 

Dam.  Non,  voyez-vous,  ma  mere,  il  n'est  pere  ni  rien 
Qui  me  puisse  obliger  a  lui  vouloir  du  bien  : 
Je  trahirais  mon  coeur  de  parler  d'autre  sorte  ; 
Sur  ses  ia9ons  de  faire  a  tous  coups  je  m'emporte ; 
J'en  prevois  una  suite,  et  qu'avec  ce  pied  plat 
II  faudra  que  j'en  vienne  a  quelque  grand  eclat. 

Dor.  Certes  c'est  une  chose  aussi  qui  scandalise, 
De  voir  qu'un  inconnu  ceans  s'impatronise, 
Qu'un  gueux   qui,  quand  il  vint,  n'avait  pas   de 

souliers 
Et  dont  I'habit  entier  valait  bien  six  deniers, 
En  vienne  j usque-la  que  de  se  meconnaitre, 
De  contrarier  tout,  et  de  faire  le  maitre. 

Mme.  Per.  He !  merci  de  ma  vie !  il  en  irait  bien  mieuz. 
Si  tout  se  gouvernait  par  ses  ordres  pieux. 

.  Dor.  II  passe  pour  un  saint  dans  votre  fantaisie : 

*  Tout  son  fait,  croyez-moi,  n'est  rien  qu'hypocrisie. 

Mme.  Per.  Voyez  la  langue  ! 

Dor.  a  lui,  non  plus  qu'a  son  Laurent, 

Je  ne  me  fierais,  moi,  que  sur  un  bon  garant. 

Mme.  Per.  J'ignore  ce  qu'au  fond  le  serviteur  peut  etre ; 
Mais  pour  homme  de  bien,  je  garantis  le  maitre. 
Vous  ne  lui  voulez  mal  et  ne  le  rebutez 
Qu'a  cause  qu'il  vous  dit  a  tous  vos  ve'rites. 
C'est  contre  le  peche  que  son  coeur  se  courrouce, 
Et  I'interet  du  Ciel  est  tout  ce  qui  le  pousse. 

Dor.  Oui ;  mais  pourquoi,  surtout  depuis  un  certain 
temps, 


I-l 


TART[JFFE 


are  we  not  to  be  allowed  any  pleasures  unless  this 
good  gentleman  condescends  to  give  his  consent? 

Dor.  Were  we  to  listen  to  him  and  to  put  faith  in    )/ 
his  maxims,  we  should  look  upon  all  our  acts  as 
criminal,   for  the    zealous   critic  finds   fault  with 
everything. 

Mme.  Per.  And  whatever  he  finds  fault  with  deserves  /  \Aj\j/l  ^ 


censure, 
J8  my  son 


fjTp  wants   tn  IpnH    ynii   tn    Ht^ftyfin,  find  it^ 

's^uty  to  teach  you  to  value  him.'    7-      -    ^ 


Dam.  No  ;  Innlc  hftrP  t^rnndmntliPT^  neither  my  ^"^^p'' 
nor  anyone  elseshall  ever  induceme_to_yiuik_stfill 
j)f  him  :  I  should  be  false  tO  myself  were  I  to  speak 
otherwise.  His  ways  irritate  me  constantly.  I  can 
see  what  the  consequence  will  be  :  that  underbred 
fellow  and  I  will  soon  quarrel. 

Dor.  Siirp.ly  it  is  a  scanda|()iis  thing  tn  fip.e  a  st.ranfref 
exercise  such  authority  in  this  house  :  to  see  a 
beggar,  who,  when  hft  i-amej  had  not  shoes  on  his 
feetj  and  whospi  whole  clothing-  may  havft  bean 
worth  twopence,  bo  far  forget  himself  as  to  interfere 
with  everything,  and  play  the  master" 

Mme.  Per.  Ah  !  mercy  on  me  !  it  would  be  much 
better  if  everything  were  done  in  accordance  with 
his  good  rules. 

D^OR.  JJe-iaja-Saint  in  vour  opinion,  but^  i"  TniT]p,  ha  _ 
is  a  hypocrite.  ~"" — ~- 

MME.TERf  Wliat  language  ! 

Dor.  I  should  not  like  to  trust  myself  either  with 
him  or  with  his  man  Laurent,  without  good 
security. 

Mme.  Per.  I  do  not  know  what  the  servant  may  be 
at  heart,  but  I  will  swear  the  master  is  a  worthy 
man.  You  all  hate  and  flout  him  because  he  tells 
you  unpleasant  truths.  ^is  ""jfftir  '"  dirfiotcd 
against  sin^  and  liis  only  desire  is  to  further  the. 
cause  oFTTeaven. 

Dor.  Yes  ;  but  why,  especially  for  some  time  past,  can 
he  not  bear  any  one  to  come  to  the  house  ?    Why 


-7^' 


^^yy^X^^ 


K 


8  LE  TARTUFFE  [acte  i. 

Ne  saurait-il  souflFrir  qu'aucun  hante  ceans  ? 
En  quoi  blesse  le  Ciel  une  visite  honnete. 
Pour  en  faire  un  vacarme  a  nous  rompre  la  tete  ? 
Veut-on  que  la-dessus  je  m'explique  entre  nous? 
Je  crois  que  de  Madame  il  est,  ma  foi,  jaloux. 

Mme.  Per.  Taisez-vous,  et  songez  aux  choses  que  vous 
dites. 
Ce  n'est  pas  lui  tout  seul  qui  blame  ces  visites. 
Tout  ce  tracas  qui  suit  les  gens  que  vous  hantez, 
Ces  carrosses  sans  cesse  a  la  porte  plantes, 
Et  de  tant  de  laquais  le  bruyant  assemblage 
Font  un  eclat  facheux  dans  tout  le  voisinage. 
Je  veux  croire  qu'au  fond  il  ne  se  passe  rien ; 
Mais  enfin  on  en  parle,  et  cela  n'est  pas  bien. 

Cii)AN.  He  !  voulez-vous,  Madame,  empecher  qu'on 
ne  cause  ? 
Ce  serait  dans  la  vie  une  facheuse  chose, 
Si  pour  les  sots  discours  ou  Ton  peut  etre  mis, 
II  fallait  renoncer  a  ses  meilleurs  amis. 
Et  quand  meme  on  pourrait  se  resoudre  a  le  faire, 
Croiriez-vous  obliger  tout  le  monde  a  se  taire .'' 
Contre  la  medisance  il  n'est  point  de  rempart. 
A  tons  les  sots  caquets  n'ayons  done  nul  egard ; 
EfFor^ons-nous  de  vivre  avec  toute  innocence, 
Et  laissons  aux  causeurs  une  pleine  licence. 

Dob.  Daphne,  notre  voisine,  et  son  petit  epoux 
Ne   seraient-ils  point   ceux    qui  parlent   mal    de 

nous? 
Ceux  de  qui  la  conduite  offre  le  plus  a  rire 
Sont  toujours  sur  autrui  les  premiers  a  medire ; 
lis  ne  manquent  jamais  de  saisir  promptement 
L'apparente  lueur  du  moindre  attachement, 
D'en  semer  la  nouvelle  avec  beaucoup  de  joie, 
Et  d'y  donner  le  tour  qu'ils  veulent  qu'on  y  croie 
Des  actions  d'autrui,  teintes  de  leurs  couleurs, 
lis  pensent  dans  le  monde  autoriser  les  leurs, 
Et,  sous  le  faux  espoir  de  quelque  ressemblance, 
Aux  intrigues  qu'ils  ont  donner  de  I'innocence, 
Ou  faire  ailleurs  tomber  quelques  traits  partages 
De  ce  blame  public  dont  ils  sont  trop  charges. 


8C.  I.]  TARTUFFE  9 

is  a  polite  call  so  offensive  to  Heaven  that  he  needs 
mate  noise  enough  about  it  to  split  otir  heads? 
Betweea  ourselves  1  will  tell  you  what  I  think. 
Upon  my  wordj  I  believe  that  he  is  jealous  of 
Madame.. 
Mme.  Per.  Hold  your  tongue,  and  take  care  what 
you  say.  He  is  not  the  only  person  who  blames 
these  visits.  The  whole  neighbourhood  is  annoyed 
by  the  bustle  of  the  people  you  receive,  their 
carriages  always  waiting  before  the  door,  and  the 
noisy  crowd  of  servants.  I  am  willing  to  believe 
that  there  is  no  actual  harm  done,  but  people  will 
talk,  and  it  is  better  not  to  give  them  cause. 

CiAkv.  Ah  !  madam,  how  can  you  stop  people  talking.'' 
It  would  be  a  sorry  thing  if  in  this  world  we  had  to 
give  up  our  best  friends,  because  of  idle  chatter 
aimed  at  us.  And  even  if  we  could  bring  ourselves 
to  do  so,  do  you  think  it  would  stop  people's 
tongues.''  There  „i§„._UQt.„any  protection  against 
slander.  Do  not  let  us  pay  any  attention  to  foolish 
gossip,  but  endeavour  to  live  "honestly  and  leave 
the  scandal-mongers  to  say  what  they  will. 


Dob.  Probably  our  neighbour  Daphne,  and  her  little 
husband,  are  at  the  bottom  of  all  this  slander. 
Those  who  are  the  most  ridiculous  in  their  own 
conduct  are  always  the  first  to  libel  others.  They 
are  quick  to  get  hold  of  the  slightest  rumour  of  a 
love-affair,  to  spread  it  abroad  with  high  glee, 
giving  the  story  just  what  twist  they  like.  They 
paint  the  actions  of  others  in  their  own  colours, 
thinking  thereby  to  justify  their  own  conduct  to 
the  world ;  and  in  the  vain  hope  of  a  resemblance 
they  try  to  give  their  intrigues  some  show  of 
innocence,  or  else  to  shift  to  other  shoulders  a  part 
of  that  blame  with  which  they  themselves  are  over- 
burdened. 


10  LE  TARTUFFE  [acte  i. 

Mme.  Per.    Tous  ces  raisonnements  ne  font  rien  a 
I'affaire. 
On  sait  qu'Orante  mene  une  vie  exemplaire : 
Tous  ses  soins  vont  au  Ciel ;  et  j'ai  su  par  des  gens 
Qu'elle  condamne  fort  le  train  qui  vient  ceans. 

Dob.    L'exemple  est  admirable,   et   cette  dame  est 
bonne ! 
II  est  vrai  qu'elle  vit  en  austere  personne ; 
Mais  I'age  dans  son  ame  a  mis  ce  zele  ardent, 
Et  Ton  sait  qu'elle  est  prude  a  son  corps  defendant. 
Tant  qu'elle  a  pu  des  coeurs  attirer  les  hommages, 
EUe  a  fort  bien  joui  de  tous  ses  avantages ; 
Mais,  voyant  de  ses  yeux  tous  les  brillants  baisser, 
Au  monde,  qui  la  quitte,  elle  veut  renoncer, 
Et  du  voile  pompeux  d'une  haute  sagesse 
De  ses  attraits  uses  deguiser  la  foiblesse. 
Ce  sont  la  les  retours  des  coquettes  du  temps. 
II  leur  est  dur  de  voir  deserter  les  galants. 
Dans  un  tel  abandon,  leur  sombre  inquietude 
Ne  voit  d'autre  recours  que  le  metier  de  prude ; 
Et  la  severite  de  ces  femmes  de  bien 
Censure  toute  chose,  et  ne  pardonne  a  rien ; 
Hautement  d'un  chacun  elles  blament  la  vie, 
Non  point  par  charite,  mais  par  un  trait  d'envie. 
Qui  ne  saurait  souffrir  qu'une  autre  ait  les  plaisirs 
Dont  le  penchant  de  I'age  a  sevre  leurs  desirs. 

Mme.  Per.  Voila  les  contes  bleus  qu'il  vous  faut  pour 
vous  plaire, 
Ma  bru.  Ton  est  chez  vous  contrainte  de  se  taire, 
Car  Madame,  a  jaser,  tient  le  de  tout  le  jour. 
Mais  enfin  je  pretends  discourir  a  mon  tour  : 
Je  vous  dis  que  mon  fils  n'a  rien  fait  de  plus  sage 
Qu'en  recueillant  chez  soi  ce  devot  personnage  ; 
Que  le  Ciel  au  besoin  I'a  ceans  envoye 
Pour  redresser  a  tous  votre  esprit  fourvoye ; 
Que  pour  votre  salut  vous  le  devez  entendre, 
Et  qu'il  ne  reprend  rien  qui  ne  soit  a  reprendre. 
Ces  visites,  ces  bals,  ces  conversations 
Sont  du  malin  esprit  toutes  inventions. 


M.  I.] 


TARTUFFE 


11 


Mmk.  Per.  All  these  arguments  have  nothing  to  do 
with  the  matter.  Everybody  knows  that  Orante 
leads  an  exemplary  life,  and  that  all  her  thoughts 
are  towards  heaven.  Well,  I  have  been  told  that 
she  strongly  disapproves  of  the  company  who  visit 
here. 

Dor.  The  example  is  admirable,  and  the  lady  is 
beyond  reproach  !  It  is  true  that  she  lives  an 
austere  life,  but  age  is  responsible  for  her  fervent 
zeal,  and  people  know  that  she  is  a  prude  because 
she  caiinot  help  it.  She  made  the  most  of  all  her 
advantages  while  she  had  the  power  of  attracting 
attention.  But  now  that  her  eyes  have  lost  their 
lustre  she  renounces  the  world  which  renounces 
her,  and  hides  under  the  pompous  cloak  of  prudence 
the  decay  of  her  worn-out  charms.  Such  is  the 
last  shift  of  a  modern'  Coquette.  Mortified  to  see 
their  lovers  fall  away  from  them,  their  gloomy 
despair  sees  nothing  for  it,  when  thus  forsaken, 
but  the  role  of  prudery ;  and  in  their  strictness 
these  good  women  censure  everything  and  pardon 
nothing.  They  loudly  condemn  the  actions  of 
others,  not  from  principles  of  charity,  but  out  of 
envy,  since  they  cannot  bear  to  see  another  taste 
those  pleasures  for  which  age  has  taken  away  their 
appetite. 

Mme.  Per.  These  are  idle  tales  told  to  please  you. 
I  have  to  be  silent  in  your  house,  my  child,  for 
madam  keeps  the  ball  rolling  all  day  long.  Still, 
I  mean  to  have  my  say  in  my  turn.  JLjielLyim-that 
""y  sjBJgy^''  'y\'^  '^  wiff^r  n''*  th;^n  y})Pn  hf,  rpppivpi] 
tTiir^^d_m;in^jiito  his  fapnily  :  Heaven  mercifully 
senthirrPintfTyour  house  to  convert  your  erring 
thoughts.  You  ought  to  Jiear  him  for  your  soulji 
6aka,_since  he  censures  notTimg~5ut  that  which 
dfiservea,  censure.  All  these  visits,  these  balls, 
these  tales,  are  inventions  of  the  evil  one.  Not 
one  good  word  is  heard  at  them,  nothing  but  idle 
gossip,   songs    and    chatter.      Often    enough    the 


12  LE  TARTUFFE  [actei. 

La  jamais  on  n'entend  de  pieuses  paroles : 

Ce  sont  propos  oisifs,  chansons  et  fariboles ; 

Bien  souvent  le  prochain  en  a  sa  bonne  part, 

Et  Ton  y  sait  medire  et  du  tiers  et  du  quart. 

Enfin  les  gens  senses  ont  leurs  tetes  troubl^es 

De  la  confusion  de  telles  assemblees  : 

Mille  caquets  divers  s'y  font  en  moins  de  rien ; 

Et  comma  I'autre  jour  un  docteur  dit  fort  bien, 

C'est  veritablement  la  tour  de  Babylone, 

Car  chacun  y  babille,  et  tout  du  long  de  I'aune  ; 

Et  pour  conter  I'histoire  ou  ce  point  I'engagea  .  .  . 

Voila-t-il  pas  Monsieur  qui  ricane  d^ja ! 

Allez  chercher  vos  fous  qui  vous  donnent  a  rire, 

Et  sans .  .  .  Adieu,  ma  bru :  je  ne  veux  plus  rien  dire. 

Sachez  que  pour  ceans  j'en  rabats  de  moitie, 

Et  qu'il  fera  beau  temps  quand  j'y  mettrai  le  pied. 

Dormant  un  aoufflet  d  Flipotb. 
Allons,  vous,  vous  revez  et  bayez  aux  corneilles. 
Jour  de  Dieu  !  je  saurai  vous  frotter  les  oreilles. 
Marchons,  gaupe,  marchons. 


Sc^NE  II 
Cl^nte,  Dobine. 

Cii^AN.  Je  n'y  veux  point  aller, 

De  peur  qu'elle  ne  vint  encor  me  quereller. 
Que  cette  bonne  femme  .  .  . 

Dor.  Ah  !  certes,  c'est  dommage 

Qu'elle  ne  vous  ouit  tenir  un  tel  langage  : 
Elle  vous  dirait  bien  qu'elle  vous  trouve  bon, 
Et  qu'elle  n'est  point  d'age  a  lui  donner  ce  nom. 

CiisAN.  Comme    elle    s'est    pour    rien    contre    nous 
echauffee  ! 
Et  que  de  son  Tartuffe  elle  parait  coiffee  ! 

Dob.  Oh !  vraiment  tout  cela  n'est  rien  au  prix  du 
fils, 
Et  si  vous  I'aviez  vu,  vous  diriez :  '  C'est  bien  pis  ! ' 
Nos  troubles  I'avaient  mis  sur  le  pied  d'homme  sage. 


sc.  II.]  TARTUFFE  13 

neighbour  comes  in  for  his  share,  and  there  is 
scandal  right  and  left.  Indeed  the  heads  of  sensible 
people  are  quite  turned  by  the  distraction  of  these 
gatherings.  A  thousand  ill-natured  stories  are 
spread  abroad  in  no  time  ;  and,  as  a  certain  doctor 
very  truly  said  the  other  day,  it  is  a  perfect  tower 
of  Babylon,  for  every  one  babbles  as  long  as  he 
likes.  And  to  tell  the  story  which  brought  this 
up  .  .  .  Here  is  this  gentleman  giggling  already ! 
Go  and  find  the  fools  who  make  you  laugh,  and 
without  .  .  .  Good-bye,  my  child.  I'll  say  no 
more.  My  regard  for  your  house  has  fallen  by 
one-half,  and  it  will  be  a  very  long  time  before  I 
set  foot  in  it  again. 

(Slapping  FuporK's/oce.) 
Come  along,  you,  don't  stand  there  dreaming  and 
gaping.     Good  Lord  !    I  '11  warm  your  ears  for  you, 
come  on,  hussy,  come  on. 


Scene  II 

CuSante,  Dorine. 

Cl^an.  I  will  not  follow  her  lest  she  should  begin 
scolding  me  again.     How  that  old  woman  .   .  . 

Dor.  Ah  !  truly  it  is  a  pity  that  she  does  not  hear 
you  use  such  language.  She  would  soon  .tell  you 
your  age,  and  that  she  is  not  yet  old  enough  to 
deserve  that  title. 

Clean.  What  a  passion  she  got  into  with  us  about 
nothing,  and  how  infatuated  she  seen^g  yjtln  bar 
Tartuffe  !       ' ' 

DoffT'Ofa.!  indeed y  her  infatuation  Is  nothing  jn  r^m- 
parison  with  her  son  s,  and  if  you  could  see  him  you 
woultt  SAjf  he  wag  tar  worse  !  During  our  civil 
troubles  he  gained   a   reputation  for  sense,   and 


14  LE  TARTUFFE  [actb  i. 

£t  pour  servir  son  prince  il  montra  du  courage ; 

Mais  il  est  devenu  comme  un  homme  hebete, 

Depuis  que  de  Tai-tuffe  ou  le  voit  entete  ; 

II 1  appelle  son  frere,  et  I'aime  dans  son  ame 

Cent  fois  plus  qu'il  ne  fait  mere,  fils,  fille,  et  femme. 

C'est  de  tous  ses  secrets  I'unique  confident, 

Et  de  ses  actions  le  directeur  prudent ; 

II  le  choie,  il  I'embrasse,  et  pour  une  maitresse 

On  ne  saurait,  je  pense,  avoir  plus  de  tendresse  ; 

A  table,  au  plus  haut  bout  il  veut  qu'il  soit  assis ; 

Avec  joie  il  I'y  voit  manger  autant  que  six  ; 

Les  bons  morceaux  de  tout,  il  fait  qu'on  les  lui 

cede; 
Et  s'il  vient  a  roter,  il  lui  dit,  '  Dieu  vous  aide  ! ' 

(C'est  une  servante  qui  parle.) 
Enfin  il  en  est  fou ;  c'est  son  tout,  sou  heros  ; 
II  I'admire  a  tous  coups,  le  cite  a  tous  propos  ; 
Ses  moindres  actions  lui  semblent  des  miracles, 
Et  tous  les  mots  qu'il  dit  sont  pour  lui  des  oracles. 
Lui,  qui  connait  sa  dupe  et  qui  veut  en  jouir. 
Par  cent  dehors  fardes  a  I'art  de  I'eblouir ; 
Son  cagotisme  en  tire  a  toute  heure  des  sommes, 
Et  prend  droit  de  gloser  sur  tous  tant  que  nous 

sommes. 
II  n'est  pas  jusqu'au  fat  qui  lui  sert  de  gar^on 
Qui  ne  se  mele  aussi  de  nous  faire  le^on  ; 
II  vient  nous  sermonner  avec  des  yeux  farouches, 
Et  Jeter  nos  rubans,  notre  rouge  et  nos  mouches. 
Le  traitre,  1' autre  jour,  nous  rompit  de  ses  mains 
Un  mouchoir  qu'il  trouva  dans  une  Fleur  des  Saints, 
Disant  que  nous  melions,  par  un  crime  efFroyable, 
Avec  la  saintete  les  parures  du  diable. 


SciNE  III 

Elhire,  Mariane,  Damis,  Cl4a.ntb,  Dobine. 

Elm.  Vous  etes  bien  heureux  de  n'etre  point  venu 
Au  discours  qu'a  la  porte  elle  nous  a  tenu. 


,.  III.]  TARTUFFE  16 

showed  some  courage  jljusejajn g  h i «  pri n r,Pj  but-be 

ha»  bft'^nTTiA  an  iflint.  sin<^o  ^is  hpaA  has   been  full ^  of 

Tartuffe.  He  calls^  him  brother^  and-ia  bia  heart 
ioY.es  ^i"'  a~Eundrfld  times, jnore  than  h©  4oves 
mother,  son,  daughter,  and  wifr,  Hp  maV^s  b'"" 
4ltP  gnlfl  rnnfifiaij^^oTjIFhiHrfiprrfitB.  and  the  aage 
adviser  of  all..his  actions.  He  caresses  him,  kisses 
him,  andXdoTiot  think  he  could  show  more  affec- 
tion to  a  mistress.  Ila-will-hRve  him  seatftd^at^he 
bead-©£  the_tablfi,..aDd  is  delighted  to  see  him  eat 
as  much  as  half-a-dozen  other  people.  All  the 
choice  morsels  are  given  to  him,  and  if  he  chance 
to  hiccup  he  saysjta  him,  '  Gnd,  bless-you  ! ' 

(It  is  a  servant  who  is  speaking.) 
In  short,  he  is  crazy  about  him  ;  h_e_is_Jua_all,Jus 
hero  ;  he  admires  him  at  all  points,  quotes  him  on 
all  ~occasions7  he  considers  that  his  most  trifling  -^ 
actions  are  miracles,  and  eveFy  word  he  utters  an    ^ 
oracle.     Tartuife,  vmo  iTndersta'nds  his  dupe,  and    ''Vw 
v^sFes  to  maEe'QrS'mgst  profit  ont  offaimrisrctever        j 
onjjiigh  t.n  ujipose  upon  him  in  a  hundreE'dlfferent         I 
shams.     PIeconstantly"extorts  money  from  htnTby     / 
hiscant,  and  takes  upon  himself  the  right  t6~fihd 
fqj^  witli  lis  all      Even  that  puppy  of  a  footboy  of 
his  has  the  cheek  to  lecture  us  ;  he  preaches  at  us 
with  indignant  looks,  and  throws  away  our  ribbons, 
rouge,  and  patches.    Only  the  other  day  the  wretch 
tore  a  handkerchief  to  pieces  which  he  found  in  a 
'  Flower  of  the  Saints,'  saying  that  it  was  an  abomin- 
able sin  to  put  the  devil's  trappings  side  by  side 
with  holy  things. 


Scene  III 

Elmibe,  Mabiane,  Damxs,  Cleante,  Dobinb 

Elm.  You  are  very  lucky  to  have  missed  the  sermon 
she  gave  us  at  the  door.     But  I  have  just  seen  my 


16  LE  TARTUFFE  acte  i. 

Mais  j'ai  vu  mon  mari :  comme  il  ne  m'a  point  vue, 
Je  veux  aller  la-haut  attendre  sa  venue. 

CvkkN.  Moi,  je  I'attends  ici  pour  moins  d'amusement, 
Et  je  vais  lui  donner  le  bonjour  seulement. 

Dam.  De  I'hymen  de  ma  soeur  touchez-lui  quelque 
chose. 
J'ai  soup9on  que  TartuflFe  a  son  eflFet  s'oppose, 
Qu'il  oblige  mon  pere  a  des  detours  si  grands  ; 
Et  vous  n'ignorez  pas  quel  interet  j'y  prends. 
Si  meme  ardeur  enflamme  et  ma  soeur  et  Valere, 
La  soeur  de  cet  ami,  vous  le  savez,  m'est  chere ; 
Et  s'il  fallait  .  .  . 

Dob.  II  entre. 


Scene  IV 

OrGON,  CliiANTE,  DORINB. 

Org.  Ah  !  mon  frere,  bonjour. 

Clean.  Je  sortais,  et  j'ai  joie  a  vous  voir  de  retour. 
La  campagne  a  present  n'est  pas  beaucoup  fleurie. 

Org.  Dorine  .  .  .  Mon  beau-frere,  attendez,  je  vous 
prie  : 
Vous  voulez  bien  soufFrir,  pour  m'oter  de  souci. 
Que  je  m'informe  un  peu  des  nouvelles  d'ici. 
Tout  s'est-il,  ces  deux  jours,  passe  de  bonne  sorte.^ 
Qu'est-ce  qu'on  fait  ceans .''  comme  est-ce  qu'on  s'y 
porte .'' 

Dob.  Madame  eut  avant-hier  la  fievre  jusqu'au  soir, 
Avec  un  mal  de  tete  etrange  a  concevoir. 

Org.  EtTartuffe? 

Dor.  TartuiFe  }  II  se  porte  k  merveille, 

Gros  et  gras,  le  teint  frais,  et  la  bouche  vermeille. 

Org.  Le  pauvre  homme  ! 

Dor.  Le  soir,  elle  eut  un  grand  degout, 

Et  ne  put  au  souper  toucher  a  rien  du  tout, 
Tant  sa  douleur  de  tete  etait  encor  cruelle  ! 

Org.   EtTartuffe? 

Dor.  II  soupa,  lui  tout  seul,  devant  elle. 


8C.  IV.]  TARTUFFE  17 

husband,  and  as  he  did  not  see  me  I  shall  go  and 
wait  upstairs  for  him. 
Clean.  I  will  wait  for  him  here  for  a  little  longer, 
only  to  bid  him  'Good-morning.' 

Dam.    Sm^nd  bjm    a  littlft   abniit.   my  sistpr'a  Tnari-ia{]fa     ^    ^p^giAA^ 

I  nii'prrMjxati  Tnrtiuffr  oppnir~  it,  because  he  puts 
my  latherup  to  so  many  evasions ;  and  you  know 
what  a  great  interest  I  take  in  it.  If  the  same 
passion  influences  my  sister  and  Valere,  his  sister 
is,  as  you  know,  dear  to  me^^gd, 
sary  .   .  .  ' 

Dob.  Here  he  is. 


Scene  IV 
Obgon,  Cl^ante,  Dokinb 

Org.  Ah  !  good-morning,  brother. 

Cl^an.  I  am  glad  to  see  you  back.  I  was  just  going 
away.     The  country  is  not  very  attractive  just  now. 

Org.  Dorine  .  .  .  Just  one  moment,  brother,  I  beg. 
You  will,  I  know,  let  me  relieve  my  mind  by  asking 
how  things  have  gone  here.  Has  all  been  well 
during  the  last  two  days.''  What  has  happened.'' 
How  are  they  all  ? 


Dob,  The  day  before  yesterday  Madam  was  feverish 

from  morning  to  night,  with  a  splitting  headache. 
Org.  AxuUTaftttfl'e  ? 
Dor.  Tartuffe?     He  is  in  excellent  health,  stout  and 

fat,  with  a  fresh  complexion  and  ruddy  lips. 
Obg.  Poor  man  ! 
Dob.  In  the  evening  she  felt  very  sick,  and  her  head 

ached  so  violently  she  could  not  touch  anything 

at  supper. 
Org.  And  Tartuffe  ? 
Dob.  He  took  his  supper,  in  her  presence,  and  very 


A  ^  A^lAAJ/lt-^    ^{4^-^^/^ 


A^/' 


18  LE  TARTUFFE  [actb  i. 

Et  fort  devotement  il  mangea  deux  perdrix, 
Avec  une  moitie  de  gigot  en  hachis. 

Org.  Le  pauvre  homme  ! 

Dob.  La  nuit  se  passa  tout  entiere 

Sans  qu'elle  put  farmer  un  moment  la  paupiere ; 
Des  chaleurs  I'empechaient  de  pouvoir  sommeiller, 
Et  jusqu'au  jour,  pres  d'elle,  il  nous  fallut  veiller. 

Org.  EtTartuffe? 

DoH.  Presse  d'un  sommeil  agreable, 

II  passa  dans  sa  chambre  au  sortir  de  la  table, 
Et  dans  son  lit  bien  chaud  il  se  mit  tout  soudain, 
Ou  sans  trouble  il  dormit  jusques  au  lendemain. 

Org.  Le  pauvre  homme  ! 

Dor.  a  la  fin,  par  nos  raisons  gagnee, 

Elle  se  resolut  a  souffrir  la  saignee, 
Et  le  soulagement  suivit  tout  aussitot. 

Org.  EtTartuffe? 

Dor.  II  reprit  courage  comme  il  faut, 

Et  contre  tous  les  maux  fortifiant  son  ame. 
Pour  reparer  le  sang  qu'avait  perdu  Madame, 
But  a  son  dejeuner  quatre  grands  coups  de  vin. 

Org.  Le  pauvre  homme  ! 

Dor.  Tous  deux  se  portent  bien  enfia  ; 

Et  je  vais  a  Madame  annoncer  par  avance 
La  part  que  vous  prenez  a  sa  convalescence. 


SciNE  V 

Orgon,  Cl^ante. 

Cl^an.  a  votre  nez,  mon  frere,  elle  se  rit  de  vous  ; 
Et  sans  avoir  dessein  de  vous  metti'e  en  courroux, 
Je  vous  dirai  tout  franc  que  c'est  avec  justice. 
A-t-on  jamais  parle  d'un  semblable  caprice  ."* 
£t  se  peut-il  qu'un  homme  ait  un  charme  aujour- 

d'hui 
A  vous  faire  oublier  toutes  choses  pour  lui, 
Qu'apres  avoir  chez  vous  repare  sa  misere, 
Vous  en  veniez  au  point  .  .  .  ? 


Jlc.  v.]  /         TARTUFFE  '  19 

devoutly  ate  a  brace  of  partridges  and  half  a  leg  of 

mutton  hashed. 
0kg.  Poor  man ! 
"Dor.  She  passed  the  whole  night  without  closing  her 

eyes  for  a  moment^  kept  from   sleeping  by  her 

feverishnessj  and  we  were  obliged  to  sit  up  with  her 

until  morning. 
Org.  ^And-TarJtuffe? 
Dob.  Comfortably  drowsy  when  he  got  up  from  the 

table,  he  went  to  his  bedroom  and  quickly  tumbled 

into  his  warmed  bed,  where  he  slept  undisturbed 

till  the  morning. 
Org.  Eaoijman  ! 
Dob.  At  length  we  prevailed  upon  her  to  be  bled, 

and  immediately  she  felt  relieved. 

Org.  A_ndTartuffe? 

Dob.  He  tookHeart  again,  as  was  only  right,  and  to 

fortify  himself  against  all  ills,  and  to  make  up  for 

the  blood  which  Madam  had  lost,  he  drank  four 

large  bumpers  of  wine  at  breakfast. 
Org.  Poor  man  ! 
Dor.  fioth  are  now  well  again,  and  I  will  go  and  tell  j^^av*'^ 

Madam  how  pleased  you  are  at  her  recovery. 


Scene  V 

Obgon,  CiAantb 

Clean.  She  is  making  game  of  you,  brother,  to  your 
face,  and,  without  wishing  to  vex  you,  I  tell  you 
frankly  there  is  good  reason  for  it.  Who  ever 
heard  of  such  a  whim }  Tfnw  ^"^  y""  ^*^  so  i^^fa- 
tuated  with  a  man  at_this  time  of  day  as  to  forget 
ev.grytfaTn^eIseloFh im .''  And,  after  having  saved 
him  from  want  by  talfing_>irmintn  your  own  house 
you  should  go  so  far  as  .  .  . 


20  LE  TARTUFFE  [actb  i. 

Org.  Alte-la,  mon  beau-frere  : 

Vous  ne  connaissez  pas  celui  dont  vous  parlez. 

Clean.  Je  ne  le  connais  pas,  puisque  vous  le  voulez  ; 
Mais  enfin,  pour  savoir  quel  homme  ce  peut  etre  .  . . 

Org.  Mon  frere,  vous  seriez  charme  de  le  connaitre, 
Et  vos  ravissements  ne  prendraient  point  de  fin. 
C'est  un  homme  .  .   .  qui  .  .  ha  !  .  .  .  un  homme 

.  .  .  un  homme  enfin. 
Qui  suit  bien  ses  le§ons  goute  une  paix  profonde, 
Et  comme  du  fumier  regarde  tout  le  monde. 
Oui,  je  deviens  tout  autre  avec  son  entretien ; 
II  m'enseigne  a  n'avoir  affection  pour  rien, 
De  toutes  amities  il  detache  mon  ame ; 
Et  je  verrais  mourir  frere,  enfants,  mere  et  femme. 
Que  je  m'en  soucierais  autant  que  de  cela. 

Cii^AN.  Les  sentiments  humains,  mon  frere,  que  voila ! 

Org.  Ha  !  si  vous  aviez  vu  comme  j'en  fis  rencontre, 
Vous  auriez  pris  pour  lui  I'amitie  que  je  montre. 
Chaque  jour  a  I'eglise  il  venait,  d'un  air  doux. 
Tout  vis-a-vis  de  moi  se  mettre  a  deux  genoux. 
II  attirait  les  yeux  de  I'assemblee  entiere 
Par  I'ardeur  dont  au  Ciel  il  poussait  sa  priere  ; 
II  faisait  des  soupirs,  de  grands  dlancements, 
Et  baisait  humblement  la  terre  a  tous  moments ; 
Et  lorsque  je  sortais,  il  me  devan^ait  vite. 
Pour  m'aller  a  la  porte  oiFrir  de  I'eau  benite. 
Instruit  par  son  gar^on,  qui  dans  tout  I'imitait, 
Et  de  son  indigence,  et  de  ce  qu'il  etait, 
Je  lui  faisais  des  dons  ;  mais  avec  modestie 
II  me  voulait  toujours  en  rendre  une  partie. 
*  C'est  trop,  me  disait-il,  c'est  trop  de  la  moitid ; 
Je  ne  merite  pas  de  vous  faire  pitie  ; ' 
Et  quand  je  refusais  de  le  vouloir  reprendre, 
Aux  pauvres,  a  mes  yeux,  il  allait  le  repandre. 
Enfin  le  Ciel  chez  moi  me  le  fit  retirer, 
Et  depuis  ce  temps-la  tout  semble  y  prosperer. 
Je  vois  qu'il  reprend  tout,  et  qu'a  ma  femme  meme 
II  prend,  pour  mon  honneur,  un  interet  extreme  ; 
II  m'avertit  des  gens  qui  lui  font  les  yeux  doux, 


sa  v.]  TARTUFFE  21 

Org.  Stop  there,  brother,  you  do  not  know  the  man 
of  whom  you  speak. 

Clean.  I  do  not  know  him  then,  if  you  like ;  but, 
after  all,  to  know  what  sort  of  a  man  he  is  .  .  . 

One.  Brother,  you  would  be  only  too  glad  to  know 
him,  and  your  astonishment  would  be  boundless. 
He  is  a  man  .  .  .  who  ...  ha !  ...  a  man  .  .  . 
in  fact,  a  man.  He  who  follows  attentively  his 
precepts  enjoys  a  pi-ofound  peace,  and  looks  upon 
the  rest  of  the  world  as  so  much  dross.  Yesy^-am 
quite  another  man  since  I  onnY*"'"*''^  -ar'^fh  liim 
He  teaches  me  that  1  must  not  set  my  affections 

upon  anything  ;   t»A  flptaryiPg  my  hpart  frnm  all  tipp  ; 

and  I  could  see  my  brother,  children,  mother  and 
wife  die  without  caring  as  much  as  a  snap  of  the 
fingers. 

Clean.  Humane  feelings  these,  brother  ! 

Org.  Oh  !  had  you  but  seen  him  as  I  first  saw  him, 
you  would  have  for  him  the  same  affection  that  I 
have.      jEvery_^ay  htt  "^'^"IH  rinmf?  t"  churchy  and       i       L. 
with_mild  Inoka  ^<-ipp1  fl"wn  in  front  of  me.     He  J(j^  \AJ^'\ 
drew  upon  himself  the  attention  of  the  whole  con-  "^        <  aC 
gregation  by  the  fervour  of  hia  prayprs  t^TTeaven  ;    JiA^^-^ 
he  sighed  deeply  in  his  saintly  raptures  and  kissed    **       4/{J\ 
the   ground  humbly  every  moment,  and  when  I   sX'^        j 
came  out  he  would  steal  quickly  before  me  to  the      1/4^1/,)*'^ 
floor  to  offer  me  holy  water.     Slaving  learnt~who       r  *         \ 
he  was,  and  that   he  was  poor — through  his  foot-      r      /     f 
boy — who  copies  everything  he  does — I  gave  him      ^ 
presents,  but  he  always  modestly  wished  to  return  .  /  _ 

me  some  part  ftf  thorn  'It  is  too  much,  too  much  /?  -fv^  '^ 
Iby  half,'  he  would  say,  'I  do  not  deserve  your 
pity.'  And  when  I  refused  to  take  it  back  he  distri- 
buted JtJto_the_20or_£fiSifii!^!ejEfiS>  At  last  Heaven 
moved  me  to  take  him  into  my  house,  and  since 
then  everything  has  seemed  to  prosper  here.  He 
reproves  everything,  and,  with  a  view  to  my  honour, 
he  shows  an  extreme  solicitude  even  towards  my 
wife.  He  telK  me  of  those  who  cast  sweet  looks 
"Tier  way,  and  he  is  six  times  more  jealous  of  her 


22  LE  TARTUFFE  [actr  i. 

Et  plus  que  moi  six  fois  il  s'en  montre  jaloux. 

Mais  vous  ne  croiriez  point  jusqu'ou   monte  son 
zele : 

II  s'impute  a  peche  la  moindre  bagatelle ; 

Un  rien  presque  suffit  pour  le  scandaliser ; 

Jusque-la  qu'il  se  vint  I'autre  jour  accuser 

D'avoir  pris  une  puce  en  faisant  sa  priere, 

Et  de  I'avoir  tuee  avec  trop  de  colere. 
Clean.  Parbleu  !  vous  etes  fou^  mon  fr^re,  que  je  croi. 

Avec  de  tels  discours  vous  moquez-vous  de  moi  ? 

Et  que  pre'tendez-vous  que  tout  ce  badinage  .  .  .  ? 
Org.  Mou  frere,  ce  discours  sent  le  libertinage : 

Vous  en  etes  un  peu  dans  votre  ame  entiche' ; 

Et  comme  je  vous  I'ai  plus  de  dix  fois  preche, 

Vous  vous  attirerez  quelque  mechante  affaire. 
Cl^an.  Voila  de  vos  pareils  le  discours  ordinaire : 

lis  veulent  que  chacun  soit  aveugle  comme  eux. 

C'est  etre  libertin  que  d'avoir  de  bons  yeux, 

Et  qui  n'adore  pas  de  vaines  simagrees, 

N'a  ni  respect  ni  foi  pour  les  choses  sacrees. 

Allez,  tous  vos  discours  ne  me  font  point  de  peur  : 

Je  sais  comme  je  parle^  et  le  Ciel  voit  mon  cceur. 

De  tous  vos  fagonniers  on  n'est  point  les  esclaves. 

II  est  de  faux  devots  ainsi  que  de  faux  braves  ; 

Et  comme  on  ne  voit  pas  qu'ou  I'honneur  les  con- 
duit 

Les  vrais  braves  soient  ceux  qui  font  beaucoup  de 
bruit, 

Les  bons  et  vrais  devots,  qu'on  doitsuivre  a  la  trace, 

Ne  sont  pas  ceux  aussi  qui  font  tant  de  grimace. 

He  quoi .''  vous  ne  ferez  nulle  distinction 

Entre  I'hypocrisie  et  la  devotion .'' 

Vous  les  voulez  traiter  d'un  semblable  langage, 

Et  rendre  meme  honneur  au  masque  qu'au  visage, 

Egaler  I'artifice  a  la  sincerite, 

Confondre  I'apparence  avec  la  verite, 

Estimer  le  fantome  autant  que  la  personne, 

Et  la  fausse  monnaie  a  I'egal  de  la  bonne  } 

Les  hommes  la  plupart  sont  etrangement  faits  ! 

Dans  la  juste  nature  on  ne  les  voit  jamais  ; 


).  v.]  TARTUFFE  23 

thanlam.  You  would  never  guess  how  far  he 
'carries  Eis  zeal  :  he  accuses  himself  of  sin  over  the 
slightest  trifle  ;  a  mere  nothing  is  enough  to  shock 
him ;  he  even  accused  himself  the  other  day  for 
having  killed  a  flea  too  angrily  which  he  caught 
whilst  saying  his  prayers. 


Clean.  Really,  brother,  I  think  you  must  be  crazy. 
Are  you  joking  at  my  expense  with  this  nonsense .'' 
How  can  you  pretend  that  all  this  foolery  .  .   .  ? 

Org.  Brother,  your  talk  savours  of  free  thought :  you 
are  somewhat  tainted  with  it ;  and,  as  I  have  re- 
peatedly told  you,  you  will  draw  down  some  heavy 
judgment  upon  your  head. 

Clean.  That  is  the  usual  style  of  talking  among  your 
set ;  they  want  everyone  to  be  as  blind  as  them- 
selves. To  be  clear-sighted  is  to  be  a  free-thinker, 
and  he  who  does  not  bow  down  to  idle  afi"ectations 
has  neither  respect  for  nor  faith  in  sacred  things. 
1  tell  you  none  of  your  sermons  frighten  me  :  1 
know  what  I  say,  and  Heaven  sees  my  heart.  We 
are  not  ruled  by  your  formalists.  There  are  pre- 
tenders to  devotion  as  to  courage ;  and  even  as 
those  who  are  truly  brave  when  honour  calls  are 
not  those  who  make  the  most  noise,  so  the  good 
and  truly  pious,  in  whose  footsteps  we  ought  to 
follow,  are  not  those  who  make  so  many  grimaces. 
^Vhail,  >  will  yny  nnt  m^^]^p  anv  djstlnction  betweefl_ 
hypocrisy  ap^  sin<'f»rity^  vViil  you  speak  ot'  theni 
in  the  same  words,  and  render  the  same  homage  to 
the  mask  as  to  the  face,  put  artifice  on  a  level  with 
sincerity,  confound  the  appearance  with  the  reality, 
value  the  shadow  as  much  as  the  substance  and 
false  coin  as  good  ?  Men,  truly,  are  strange  beings  ! 
They  are  never  seen  in  their  proper  nature  ;  reason's 
boundaries  are  too  limited  for  them  ;  in  every  char- 
acter they  over-act  the  part ;  and  they  often  mar 
that  which  is  most  noble  by  too  much  exaggeration 


24  LE  TARTUFFE  [actb  i. 

La  raison  a  pour  eux  des  bornes  trop  petites  ; 
En  chaque  caractere  ilg  passent  sea  limites  ; 
Et  la  plus  noble  chose,  ils  la  gatent  souvent 
Pour  la  vouloir  outrer  et  pousser  trop  avant. 
Que  cela  vous  soit  dit  en  passant,  mon  beau-frere. 

Org.  Oui,  vous  etes   sans  doute  un  docteur  qu'on 
revere  ; 
Tout  le  savoir  du  monde  est  chez  vous  retire  ; 
Vous  etes  le  seul  sage  et  le  seul  eclaire, 
Un  oracle,  un  Caton  dans  le  siecle  ou  nous  sommes ; 
Et  pres  de  vous  ce  sont  des  sots  que  tous  les  hommes. 

Cl^an.  Je  ne  suis  point,  mon  frere,  un  docteur  revere, 
Et  le  savoir  chez  moi  n'est  pas  tout  retire. 
Mais,  en  un  mot,  je  sais,  pour  toute  ma  science, 
Du  faux  avec  le  vrai  faire  la  diiFerence. 
Et  comme  je  ne  vols  nul  genre  de  heros 
Qui  soient  plus  a  priser  que  les  parfaits  devots, 
Aucune  chose  au  monde  et  plus  noble  et  plus  belle 
Que  la  sainte  ferveur  d'un  veritable  zele, 
Aussi  ne  vois-je  rien  qui  soit  plus  odieux 
Que  le  dehors  platre  d'un  zele  specieux. 
Que  ces  francs  charlatans,  que  ces  devots  de  place, 
De  qui  la  sacrilege  et  trompeuse  grimace 
Abuse  impunement  et  se  joue  a  leur  gre 
De  ce  qu'ont  les  mortels  de  plus  saint  et  sacre, 
Ces  gens  qui,  par  une  ame  a  I'interet  soumise. 
Font  de  devotion  metier  et  marchandise, 
Et  veulent  acheter  credit  et  dignites 
A  prix  de  faux  clins  d'yeux  et  d' elans  affectes, 
Ces  gens,  dis-je,  qu'on  voit  d'une  ardeur  non  com- 
mune 
Par  le  chemin  du  Ciel  courir  a  leur  fortune. 
Qui,  briilants  et  priants,  demandent  chaque  jour, 
Et  prechent  la  retraite  au  milieu  de  la  cour. 
Qui  savent  ajuster  leur  zele  avec  leurs  vices, 
Sont  prompts,  vindicatifs,  sans  foi,  pleins  d'artifices, 
Et  pour  perdre  quelqu'un  couvrent  insolemment 
De  I'interet  du  Ciel  leur  fier  ressentiment, 
D'autant  plus  dangereux  dans  leur  apre  colere, 
Qu'ils  prennent  centre  nous  des  armes  qu'on  revere. 


8C.  v.]  TARTUFFE  26 

and  by  wilful  extremes.     But  this,  brother,  is  by 
the  way. 


Org.  Yes,  you  are  doubtless  a  doctor,  revered  by  all ; 
all  the  learning  of  the  ages  is  concentrated  in  you  ; 
you  alone  are  wise,  enlightened,  an  oracle,  a  Cato 
for  the  present  age ;  and  compared  with  you,  all 
men  are  fools. 

Clean.  No,  brother,  I  am  not  a  revered  teacher,  nor 

do  I  possess  all  wisdom  ;  my  learning  is  simply  the  y2.-^' 
knowledge  of  how  to  tell  the  false  from  the  true. 
And  since  1  do  not  know  any  character  more  admir- 
able than  the  truly  devout,  nor  anything  in  the 
world  more  noble  and  more  beautiful  than  the 
righteous  fervour  of  a  sincere  piety,  neither  do  I 
know  anything  more  odious  than  the  whited 
sepulchre  of  a  specious  zeal ;  than  these  barefaced 
hypocrites,  these  hireling  bigots,  whose  sacrilegious 
and  deceitful  mouthings  impose  on  people  with 
impunity,  who  jest  as  they  please  with  all  that 
men  hold  most  holy  and  sacred ;  these  slaves  of 
self-interest  who  barter  religion  and  make  a  trade 
of  it,  and  who  would  purchase  honour  and  reputa- 
tion with  a  false  uplifting  of  the  eyes  and  affected 
groans.  These  men,  I  say,  whom  we  see  possessed 
of  such  uncommon  ardour,  make  their  fortunes  in 
this  world  by  way  of  the  next ;  themselves  asking 
each  day  some  new  favour,  they  preach  solitude  in 
the  midst  of  the  Court,  burning  with  zeal  and  great 
in  prayer.  They  know  how  to  reconcile  their  pro- 
fession with  their  vices,  are  passionate,  revengeful, 
faithless,  full  of  deceit,  and,  in  order  to  ruin  a  man, 
insolently  cover  their  fierce  resentment  with  the 
cloak  of  Heaven's  interests.  They — ar«.„doubly 
dangerous  in  their  bitter  wrath  for  they  use  against 
us  the  weapons  we  revere ;  and  their  anger,  for 
which  they  are  commended,  prompts  them  to  kill 


26  LE  TARTUFFE  [acth  l 

Et  que  leur  passion,  dont  on  leur  salt  bon  gre, 

Veut  nous  assassiner  avec  un  fer  sacre. 

De  ce  faux  caractere  on  en  voit  trop  paraitre ; 

Mais  les  devots  de  coeur  sont  aises  a  connaitre. 

Notre  siecle,  mon  frere,  en  expose  a  nos  yeux 

Qui  peuvent  nous  servir  d'exemples  glorieux  : 

Regardez  Ariston,  regardez  Periandre, 

Oronte,  Alcidamas,  Polydore,  Clitandre ; 

Ce  titre  par  aucun  ne  leur  est  debattu  ; 

Ce  ne  sont  point  du  tout  fanfarons  de  vertu  ; 

On  ne  voit  point  en  eux  ce  faste  insupportable, 

Et  leur  devotion  est  humaine,  est  traitable  ; 

lis  ne  censurent  point  toutes  nos  actions  ; 

lis  trouvent  trop  d'orgueil  dans  ces  corrections  ; 

Et  laissant  la  fierte  des  paroles  aux  autres, 

C'est  par  leurs  actions  qu'ils  reprennent  les  notres. 

L'apparence  du  mal  a  chez  eux  pen  d'appui, 

Et  leur  ame  est  portee  a  juger  bien  d'autrui. 

Point  de  cabale  en  eux,  point  d'intrigues  a  suivre  ; 

On  les  voit,  pour  tous  soins,  se  meler  de  bien  vivre; 

Jamais  contre  un  pecheur  ils  n'ont  d'acharnement ; 

lis  attachent  leur  haine  au  peche  seulement, 

Et  ne  veulent  point  prendre,  avec  un  zele  extreme, 

Les  interets  du  Ciel  plus  qu'il  ne  veut  lui-meme. 

Voila  mes  gens,  voila  comme  il  en  faut  user, 

Voila  I'exemple  enfin  qu'il  se  faut  proposer. 

Votre  homme,  a  dire  vrai,  n'est  pas  de  ce  modele  : 

C'est  de  fort  bonne  foi  que  vous  vantez  son  zele  ; 

Mais  par  un  faux  eclat  je  vous  crois  ebloui. 

Org.  Monsieur  mon  cher  beau-frere,  avez-vous  tout 
dit.? 

Cli£an.  Oui. 

Org.  Je  suis  votre  valet.  (H  veut  s'en  aller.) 

Cli6an.  De  grace,  un  mot,  mon  frere. 

Laissons  la  ce  discours.    Vous  savez  que  Valere 
Pour  etre  votre  gendre  a  parole  de  vous  ? 

Org.  Oui. 

Cl6an.         Vous  aviez  pris  jour  pour  un  lien  si  doux. 

Org.  II  est  vrai. 

Ci^N.  Pourquoi  done  en  differer  la  fete  ^ 


8C.  v.]  TARTUFFE  27 

us  with  a  consecrated  blade.  There  are  too  many  of 
these  false  characters ;  the  truly  devout  are  easily 
recognised.  Our  age,  brother,  has  shown  us  some 
who  should  serve  us  as  glorious  examples :  look 
at  Ariston,  look  at  Pe'riandre,  Oronte,  Alcidamas, 
Polydore,  Clitandre — no  one  denies  their  title. 
These  are  not  boasters  of  virtue  ;  unbearable  osten- 
tation is  not  seen  in  them ;  their  piety  is  human, 
is  reasonable;  they  do  not  condemn  all  our  actions: 
they  think  there  is  too  much  arrogance  in  these 
censures;  and,  leaving  haughty  words  to  others, 
they  reprove  our  actions  by  their  own.  They  do 
not  build  upon  the  appearances  of  evil,  and  their 
minds  are  inclined  to  think  well  of  others.  No 
spirit  of  cabal  is  found  in  them  ;  they  have  no 
intrigues  to  scent  out ;  their  sole  care  is  to  live 
rightly.  They  do  not  persecute  a  sinner  ;  it  is  only 
the  sin  itself  they  hate.  Neither  do  they  desire 
to  vindicate  the  interests  of  Heaven  with  a  keener 
zeal  than  Heaven  itself  shows.  These  are  the 
people  I  admire ;  that  is  the  right  way  to  live  ; 
there  is,  in  short,  the  example  to  be  followed. 
Your  man,  to  speak  truly,  is  not  of  this  mould : 
you  applaud  his  piety  in  good  faith,  but  I  believe 
you  are  dazzled  by  a  false  glitter. 


Org.  Have  you  said  your  say,  my  dear  brother  ? 

Clean.  Yes. 

Org.  I  am  your  humble  servant.  (going.) 

Cl6an.  One  word,  brother,  I  pray.     Let  us  drop  this 

discussion.     You    know   you  promised  Valere  he 

should  become  your  son-in-law .'' 
Org.  Yes. 

Cli^an.  And  that  you  had  fixed  the  happy  day. 
Org.  True. 
Cu^N.  Why,  then,  defer  the  ceremony  ? 


28  LE  TARTUFFE  [aotb  ii. 

Org.  Je  ne  sais. 

Cl^n.  Auriez-vous  autre  pensee  en  tete  ? 

Org.  Peut-etre. 

CuSan.  Vous  voulez  manquer  a  votre  foi  ? 

Org.  Je  ne  dis  pas  cela. 

Cl]6an.  Nul  obstacle^  je  croi, 

Ne  vous  peut  empecher  d'accomplir  vos  promesses. 
Org.  Selon. 
Cl^an.  Pour  dire  un  mot  faut-il  tant  de  finesse  ? 

Valere  sur  ce  point  me  fait  vous  visiter. 
Org.  Le  Ciel  en  soit  loue  ! 

CiijAN.  Mais  que  lui  reporter  ? 

Org.  Tout  ce  qu'il  vous  plaira. 
Cl^an.  Mais  il  est  necessaire 

De  savoir  vos  desseins.     Quels  sont-ils  done .'' 
Org.  De  faire 

Ce  que  le  Ciel  voudra. 
Clean.  Mais  parlons  tout  de  bon. 

Valere  a  votre  foi :  la  tiendrez-vous,  ou  non  ? 
Org.  Adieu. 

Cl^an.  Pour  son  amour  je  crains  une  disgrace, 

Et  je  dois  I'avertir  de  tout  ce  qui  se  passe. 

PIN  DU  premier  AGTE. 


ACTE    II 

Sc^NE    I 

Orgon,  Marianb. 

Org.  Mariane. 

Mar.  Mon  pere. 

Org.  Approchez,  j'ai  de  quel 

Vous  parler  en  secret. 
Mar.  Que  cherchez-vous  ? 

Org.  (II  regarde  dans  un  petit  cabinet.)  Je  voi 

Si  quelqu'unn' est  point  laquipourraitnous  entendre; 

Car  ce  petit  endroit  est  propre  pour  surprendre. 


sc.  I.]  TARTUFFE  29 

Org.  I  do  not  know. 

Clean.  Have  you  another  design  in  view  ? 

Org.  Perhaps. 

Cl]6an.  You  will  break  your  word  ? 

Org.  I  do  not  say  that. 

Cu^AN.  No  obstacle,  I  believe,  can  prevent  you  tul- 

filling  your  promises. 
Org.  That  depends. 
Cl^an.  Why  so  much  circumspection  about  a  word .'' 

Valere  sent  me  to  see  you  on  this  matter. 
Org.  Heaven  be  praised  ! 
Cii^AN.  But  what  shall  I  tell  him  } 
Org.  What  you  please. 
CiisAN.  But  it  is  necessary  to  know  your  intentions. 

What,  then,  are  they  ? 
Org.  To  perform  the  will  of  Heaven. 

Cl^an.  Come,  speak  to  the  point.     Valere  has  your 

word.     Will  you  keep  it  or  not  ? 
Org.  Good-bye. 
Cl^an.  I  am  afraid  his  love  will  not  run  smooth,  and 

I  ought  to  tell  him  what  is  going  on. 

END  OF  THE  FIRST  ACT. 


ACT  II 

Scene  I 
Orgon,  Marianb, 

Org.  Marian  e. 

Mar.  Yes,  father. 

Org.  Come  here,  I  have  something  to  say  to  you 
privately. 

Mar.  What  are  you  looking  for  ? 

Org.  (looking  into  a  small  side-room.)  I  am  looking  to 
see  whether  anyone  is  there  who  might  overhear 
us  ;  this  is  a  most  likely  little  place  for  such  a  pur- 


30  LE  TARTUFFE  [actb  ii. 

Or  sus,  nous  voila  bien.     J'ai,  Mariane,  en  vous 
Reconnu  de  tout  temps  un  esprit  assez  doux, 
Et  de  tout  temps  aussi  vous  m'avez  ete  chere. 

Mar.  Je  suis  fort  redevable  a  cet  amour  de  pere. 

Org.  C'est  fort  bien  dit^  ma  fille  ;  et  pour  le  meriter, 
Vous  devez  n'avoir  soin  que  de  me  contenter. 

Mar.  C'est  ou  je  mets  aussi  ma  gloire  la  plus  haute. 

Or«.  Fort  bien.     Que  dites-vous  de  Tartuffe  notre 
bote.? 

Mar.  Qui,  moi.'' 

Org.  Vous.     Voyez  bien  comme  vous  repondrez. 

Mar.  Helas  !  j'en  dirai,  moi,  tout  ce  que  vous  voudrez. 

Org.  C'est  parler  sagement.    Dites-moi  done,  ma  fille, 
Qu'en  toute  sa  personne  un  haut  merite  brille, 
Qu'il  toucbe  votre  coeur,  et  qu'il  vous  serait  doux 
De  le  voir  par  mon  cboix  devenir  votre  epoux. 
Eh? 

(Mariane  Be  recule  aveo  surprise.) 

Mar.      Eh.? 

Org.  Qu'est-ce  ? 

Mar.  Plait-il  ? 

Org.  Quoi  ? 

Mar.  Me  suis-je  meprise  ? 

Org.  Comment? 

Mar.  Qui  voulez-vous,  mon  pere,  que  je  dise 

Qui  me  touche  le  coeur,  et  qu'il  me  serait  doux 
De  voir  par  votre  choix  devenir  mon  epoux  ? 

Org.  Tartuffe. 

Mar.  II  n'en  est  rien,  mon  pere,  je  vous  jure. 

Pourquoi  me  faire  dire  une  telle  imposture  ? 

Org.  Mais  je  veux  que  cela  soit  une  verite  ; 

Et  c'est  assez  pour  vous  que  je  I'aie  arrete. 
Mar.  Quoi  ?  vous  voulez,  mon  pere  .  .  .  ? 
Org.  Oui,  je  pretends,  ma  fille, 

Unir  par  votre  hymen  Tartuffe  a  ma  famille. 

II  sera  votre  epoux,  j'ai  resolu  cela ; 

Et  comme  sur  vos  voeux  je  .  .  . 


Bc.  I.]  TARTUFFE  31 

pose.     Now,  we  are  all  right.      Mariane,  I  have 

always  found  you  very  good-natured,  and  you  have 

always  been  dear  to  me. 
Mar.  I  am  very  grateful  for  your  fatherly  love. 
Org.  That  is  well  said,  my  child,  and  in  order  to 

deserve  it  your  chief  care  ought  to  be  to  please  me. 
Mar.  It  is  my  dearest  wish. 
Org.  Very  well.     What  do  you  think  of  our  guest 

Tartuffe  ? 
Mar.  Who,  I .? 

Org.  You.     Think  well  before  you  answer. 
Mar.  Oh,  dear  !     I  will  say  anything  you  like. 
Org.  That  is  sensibly  spoken.      TglL-me^  then,  my 

child,  that  he  is  a  man  whosfl-Kiiliies- Aine  forth, 

that  you  love  him,  and  that  it  would  make  you 

very  happy  weri£.I_tp  cHoose  him  fpr  yoIlE-husband. 

Eh? 

(Mabiane  draws  back,  surprised.) 
Mar.  Eh.? 

Org.  What  is  the  matter? 
Mar.  What  did  you  say  ? 
Org.  What? 

Mar.  Am  I  mistaken  ?  f 

Org.  Why? 
Mar.  Whom  do  you  wish  me  to  say  I  love,  father? 

Whom  do  I  wish  you  to  choose  as  my  husband  ? 

Org.  Tartuffe. 

Mar.  tjdoa't-  wish  -aaytbing  of  the  kind^  father t_I 
assure  you.  Why  would  you  make  me  tell  such 
ajie? 

Org.  But  I  wish  it  to  be  the  tr^^thj  ""'^  it  is  enough 
^"r  yoiTtihat  I  ha^»  mgHo  np^ymind  on  the  subject. 

Mar.  What,  father,  would  you  .  .  .  ? 

Org.  Yes,  my  child,  I  intpn  j  tn  nnitn  Tnrt.uffp  tft  Tny 
family  by  your  marriage.  I  have  decided  that  he 
shall  be  your  husband,  and  since  you  have  pro- 
mised^ I  .  .  . 


/ 


32  LE  TARTUFFE  [acte  n. 

Sc^NE    II 
DORINE^  ObGON,  MaRIANE 

Org.  Que  faites-vous  la  ? 

La  curiosite  qui  vous  presse  est  bien  forte, 

Mamie,  a  nous  venir  ecouter  de  la  sorte. 
Dob.  Vraiment,  je  ne  sais  pas  si  c'est  un  bruit  qui 
part 

De  quelque  conjecture,  ou  d'un  coup  de  hasard  ; 

Mais  de  ce  manage  on  m'a  dit  la  nouvelle, 

Et  j'ai  traite  cela  de  pure  bagatelle. 
Org.  Quoi  done .''  la  chose  est-elle  incroyable  ? 
Dor.  ^  A  tel  point, 

Que  vous-meme,  Monsieur,  je  ne  vous  en  crois 
point. 
Org.  Je  sais  bien  le  moyen  de  vous  le  faire  croire. 
Dor.  Oui,    oui,    vous    nous    contez    une    plaisante 

histoire. 
Org.  Je  conte  justement  ce  qu'on  verra  dans  peu. 
Dor.  Chansons ! 

Org.  Ce  que  je  dis,  ma  fille,  n'est  point  jeu. 

Dor.  AUez,  ne  croyez  point  a  Monsieur  votre  pere : 

II  raille. 
Org.  Je  vous  dis  .  .  . 

Dor.  Non,  vous  avez  beau  faire^ 

On  ne  vous  croira  point. 
Org.  a  la  fin  mon  courroux  .  .  . 

Dor.  H^  bien !  on  vous  croit  done,  et  c'est  tant  pis 
pour  vous. 

Quoi .''  se  peut-il.  Monsieur,  qu'avec  I'air  d'homme 
sage 

Et  cette  large  barbe  au  milieu  du  visage, 

Vous  soyez  assez  fou  pour  vouloir  .  .  .  ? 
Org.  lEcoutez : 

Vous  avez  pris  ceans  certaines  privautes 

Qui  ne  me  plaisent  point;  je  vous  le  dis,  mamie. 
Dob.  Parlous  sans   nous  facher.  Monsieur,  je  vous 
supplie. 


so.  II.]  TARTUFFE  33 

Scene  II 
DoRiNE,  Orgon,  Marians 

Org.  What  are  you  doing  here?  Your  curiosity 
must  be  very  great,  my  girl,  to  urge  you  to  come 
and  listen  to  us  in  this  way. 

Dor.  Indeed,  I  don't  know  whether  the  report  is 
conjecture  or  simply  chance  words,  but  I  have  just 
heard  some  news  about  this  marriage  and  I  treated 
it  as  a  mere  jest. 

Org.  Why  ?    Is  the  thing  incredible .'' 
Dor.  So  much  so  that  I  could  not  believe  it  from  your 
lips.  Monsieur. 

Org.  I  know  how  to  make  you  believe  it,  though.  ■^-A'^^   '^ 
Dor.  Yes,  yes,  you  tell  us  a  pretty  story. 

Org.  I  tell  you  what  you  will  see  happen  very  shortly. 

Dor.  Nonsense  ! 

Org.  I  am  not  jesting,  my  child. 

Dor.  Come,    do    not    believe    your    father,    he    is 

joking. 
Org.  I  tell  you  ... 
Dor.  No,  you  may  say  what  you  like,  and  no  one 

will  believe  you. 
Org.  My  anger  will  very  soon  .  .  . 
Dor.  Very  well,  we  will  believe  you,  but  so  much  the 

worse  for  you.    What,  is  it  possible.  Monsieur,  with 

that  air  of  wisdom  and  your  well-bearded  face,  that 

you  would  be  silly  enough  to  want  .  .  . 

Org.  Now  listen  :  you  have  taken  certain  liberties 
in  this  house,  my  girl,  which  I  do  not  like. 

Dor.  Let  us  talk  without  becoming  angry.  Monsieur, 
I  beg.      Are  you  making  game  of  everybody  by 
C 


34  LE  TARTUFFE  [acte  ii. 

Vous  moquez-vous  des  gens  d' avoir  fait  ce  complot? 

Votre  fille  n'est  point  I'affaire  d'un  bigot : 

II  a  d'autres  emplois  auxquels  il  faut  qu'il  pense. 

Et  puis,  que  vous  apporte  une  telle  alliance? 

A  quel  sujet  aller,  avec  tout  votre  bien, 

Choisir  un  gendre  gueux  ?  .   .  . 

Org.  Taisez-vous.     S'il  n'a  rien, 

Sachez  que  c'est  par  la  qu'il  faut  qu'on  le  revere. 
Sa  misere  est  sans  doute  une  honnete  misere  ; 
Au-dessus  des  grandeurs  elle  doit  I'elever, 
Puisqu'enfin  de  son  bien  il  s'est  laisse  priver 
Par  son  trop  peu  de  soin  des  choses  temporelles, 
Et  sa  puissante  attache  aux  choses  eternelles. 
Mais  mon  secours  pourra  lui  donner  les  moyens 
De  sortir  d'embarras  et  rentrer  dans  ses  biens  : 
Ce  sont  fiefs  qu'a  bon  titre  au  pays  on  renomme ; 
Et  tel  que  Ton  le  voit,  il  est  bien  gentilhomme. 

DoK.  Oui,  c'est  lui  qui  le  dit ;  et  cette  vanity. 
Monsieur,  ne  sied  pas  bien  avec  la  piete. 
Qui  d'une  sainte  vie  embrasse  I'innocence 
Ne  doit  point  tant  proner  son  nom  et  sa  naissance, 
Et  I'humble  procede  de  la  devotion 
Souffre  mal  les  eclats  de  cette  ambition. 
A  quoi  bon  cet  orgueil .''...  Mais  ce  discours  vous 

blesse : 
Parlons  de  sa  personne,  et  laissons  sa  noblesse. 
Ferez-vous  possesseur,  sans  quelque  peu  d' ennui, 
D'une  fille  comme  elle  un  homme  comme  lui .'' 
Et  ne  devez-vous  pas  songer  aux  bienseances, 
Et  de  cette  union  prevoir  les  consequences .'' 
Sachez  que  d'une  fille  on  risque  la  vertu, 
Lorsque  dans  son  hymen  son  gout  est  combattu. 
Que  le  dessein  d'y  vivre  en  honnete  personne 
Depend  des  qualites  du  mari  qu'on  lui  donne, 
Et  que  ceux  dont  partout  on  montre  au  doigt  le  front 
Font  leurs  femmes  souvent  ce  qu'on  voitqu'elles  sont. 
II  est  bien  difficile  enfin  d'etre  fidele 
A  de  certains  maris  faits  d'un  certain  modele ; 
Et  qui  donne  a  sa  fille  un  homme  quelle  hait 
Est  responsable  au  Ciel  des  fautes  qu'elle  fait. 
Songez  a  quels  perils  votre  dessein  vous  livre. 


fic.  n.] 


TARTUFFE 


36 


means  of  this  scheme.  Your  daupi'hter  will  never 
do  for  a  bigot :  he  has  other  things  to  think  about. 
Besides^  wnatgood  willsucH"  an  alliance  be  to  you  ? 
Whyj_with  all  your  wealthy  do  you  choose  a  beggar 
for  a  son -In-law  ?^  ~ 

Org.  Be  quiet.      If  he  has-Bothing  ho  ough-t-to,  be 

tJbe  pi^rft  f Stnnfnrul      Win  pnirnrty  jgj  withnnt  df^nbtj 

a.  noble  poverty ;  it  should  raise  hiiiL-.aJ)jQyeuall 
worldly  greatness  since  he  has  alLoiwed  himself  t.f^ 
be--4lepim£d,_.Qf -his  wealth  byLcariQ&-tofi_little  for 
earthly- -affairs,  and  by  his  ardent  attachment  to 
things  eternal.  STy  help  may  be  Ihe  means  of 
getting  him  out  of  his  troubles  and  of  restoring  his 
property  to  him :  his  estates  are  well  known  in  his 
native  place,  but  even  as  he  is  he  is  a  gentleman. 

Dou.  Well,  he  says  he  is,  but  this  vanity.  Monsieur, 
does  not  agree  well  with  his  piety.  H€^jsJift,sm- 
braces  the  "jjliplif'^y  "f  ^  ^^"1y  lift?  phmilrl  not  boast 
QfWgtlaine  and  lineage  :  the  humble  ways  of  good- 
ness^  have  nothing  in  common_witk.JJxe  glaraj)f 
ambition.  Why  such  ^in3e7  But  what  I  say 
vexes  you :  let  us  speak  of  himself  and  leave  his 
quality.  Can  you  have  the  heart  to  bestow  such 
a  daughter  as  yours  upon  a  man  of  his  stamp? 
Ought  you  not  to  have  some  regard  for  propriety 
and  foresee  the  consequences  of  this  union .''  YsaL_ 
must  know  the  girl's  virtue  is  not  safe  wheo 
shels  married  aj^ainst  her  iucliuatioiis,  that  her, 
living~Tii  luu usjy  depends,  upon  the  qualities  of 
the  husband  who.is-Kiven  to  -h£i^  and  that  those 


who  have  the  finger  of  scorn  pointed  at  them  make 
their  wives  what^  we_see  Hiey.are.  It  is  truly  no 
easy  task  toTje  faithful  to  certain  husbands ;  and 
he  who  gives  his  daughter  to  a  man  she  hates  is 
responsible  tq__haayen  for  the  sins  she  commits. 
Consider,,  theuj.  to  what  perils  your  design  exposes 
you. 


u 


T 


.36  LE  TARTUFFE  [acte  ii. 

Org.  Je  vous  dis  qu'il  me  faut  apprendre  d'elle  a 
vivre. 

Dob.  Vous  n'en  leriez  que  mieux  de  suivre  mes  le9ons. 

Org.  Ne  nous  amusons  point,  ma  fille^  a  ces  chansons : 
Je  sais  ce  qu'il  vous  faut,  ct  je  suis  votre  pere. 
J'avais  donne  pour  vous  ma  parole  a  Valere  ; 
Mais  outre  qu'a  jouer  on  dit  qu'il  est  enclin, 
Je  le  soup^onne  encor  d'etre  un  peu  libertin  : 
Je  ne  remarque  point  qu'il  hante  les  eglises. 

Dob.  Voulez-vous  qu'il  y  coure  a  vos  heures  precises, 
Comme  ceux  qui  n'y  vont  que  pour  etre  aper^us  .'' 

Org.  Je  ne  demande  pas  votre  avis  la-dessus. 
Enfin  avec  le  Ciel  1  autre  est  le  mieux  du  monde, 
Et  c'est  une  richesse  a  nulle  autre  seconde. 
Get  hymen  de  tous  biens  comblera  vos  desirs, 
II  sera  tout  confit  en  douceurs  et  plaisirs. 
Ensemble  vous  vivrez,  dans  vos  ardeurs  fideles, 
Comme  deux  vrais  enfants,  comme  deux  tourterelles ; 
A  nul  facheux  debat  jamais  vous  n'en  viendrez, 
Et  vous  ferez  de  lui  tout  ce  que  vous  voudrez. 

Dob.  EUe?  Elle  n'en  fera  qu'un  sot,  je  vous  assure. 

Org.  Ouais  !  quels  discours  ! 

Dob.  Je  dis  qu'il  en  a  I'encolure, 

Et  que  son  ascendant,  Monsieur,  I'eniportera 
Sur  toute  la  vertu  que  votre  fille  aura. 

Obo.  Cessez    de    m'interrompre,   et    songez  a  vous 
taire. 
Sans  mettre  votre  nez  ou  vous  n'avez  que  faire. 

Dob.  Je  n'en  parle.  Monsieur,  que  pour  votre  interet. 

(Elle  I'interrompt  toujours  au  moment  qu'il  se  retourne 
pour  parler  k  sa  fille.) 

Obg.  C'est  prendre  trop  de  soin  !  taisez-vous,  s'il  voua 

plait. 
Dob.  Si  Ton  ne  vous  aimait  .  .  . 
Org.  Je  ne  veux  pas  qu'on  m'aime. 

Dob.  Et  je  veux  vous  aimer,  Monsieur,  malgr^  vous- 

meme. 
Obg.  Ah! 


80.  II.]  TARTUFFE  37 

Org.  I  see  I  shall  have  to  learn  from  her  how  to 
live. 

Dor.  You  could  not  do  better  than  follow  my  advice. 

Org.  Do  not  let  us  waste  time,  my  child,  with  this 
silly  talk.  I  am  your  father,  and  I  know  what  is 
good  for  you.  I  had  betrothed  you  to  Valere,  but 
I  hear  he  is  inclined  to  gambling,  and  1  also  suspect 
he  is  a  free-thinker,  for  I  never  see  him  at  church. 

Dor.  Would  you  like  him  to  go  there  at  stated  tiyies      /     ij/ll 
IrkeTffbse  who  go  to  be  seen?  _ii      /  -  / vC'  rv^ / -l Vi^^    \^ 

Org.  I'doTrti  ttok  youj  advico  upon  the  hikiter.^T'ar-  ^ 

tufFe  is  on  the  best  possibla_terms  with  heaven,  and 
that  is  a  treasure  second  to  none.  This  union  will 
crown  your  wishes  with  every  blessing.  It  will  be 
full  of  pleasure  and  joy.  You  will  live  together  in 
faithful  love  like  two  young  children,  like  turtle- 
doves, there  will  not  be  any  miserable  disputes 
between  you,  and  you  will  make  anything  you  like 
of  him. 

Dor.  She?  Why,  I  am  sure  she  will  never  make 
anything  of  him  but  a  fool. 

Org.  Good  gracious  !  what  language  ! 

Dor.  I  tell  you  he  looks  it  all  over,  and  his  destiny. 
Monsieur,  will  be  stronger  than  your  daughter's 
virtue. 

Org.  Don't  interrupt  me.  Try  to  hold  your  tongue 
without  poking  your  nose  into  what  does  not  concern 
you. 

Dor.  I  only  speak  for  your  good.  Monsieur. 

fSh(>  intRrrupta  him  every  tima  ha  tiinm  t.n  «i;>£aJ£_^  his 

Org.  You  are  too  good  !     Be  quiet,  will  you  ? 

Dor.  If  I  did  not  like  you  .  .   . 

Org.  I  do  not  need  affection. 

Dor.  But  1  will  care  for  you.  Monsieur,  in  spite  of 

yourself. 
Org.  Ah  ! 


38  LE  TARTUFFE  [actb  ii. 

Dor.  Votre  honneur  m'est  cher,  et  je  ne  puis  soufFrir 
Qu'aux  brocards  d'un  chacun  vous  alliez  vous  ofFrir. 

Org.  Vous  ne  vous  tairez  point  ? 

Dor.  C'est  une  conscience 

Que  de  vous  laisser  faire  une  telle  alliance. 

Org.  Tetairas-tu,  serpent,  dontles traits effrontes  .  . .? 

Dob.  Ah  !  vous  etes  devot,  et  vous  vous  emportez  } 

Org.  Oui,  ma  bile  s'echauffe  a  toutes  ces  fadaises, 

Et  tout  resolument  je  veux  que  tu  te  taises. 
Dor.  Soit.     Mais,  ne  disant  mot,  je  n'en  pense  pas 

moins. 
Org.  Pense,  si  tu  le  veux  ;  mais  applique  tes  soins 

(Se  retoumant  vers  sa  fiUe. ) 

A  ne  m'en  point  parler,  ou  .  .  .  :  suffit.    Comme  sage, 

J'ai  pese  murement  toutes  choses. 
Dor.  J'enrage 

De  ne  pouvoir  parler. 

(EUe  se  tait  lorsqu'il  toume  la  tSte.) 
Org.  Sans  etre  demoiseau, 

TartufFe  est  fait  de  sorte  .  .  . 
Dor.  Oui,  c'est  un  beau  museau. 

Org,  Que  quand  tu  n'aurais  meme  aucune  sympathie 

Pour  tous  les  autres  dons  .  .  . 
(II  se  tourno  devant  elle,  et  la  regarde  les  bras  crois^s.) 
Dor.  La  voila  bien  lotie  ! 

Si  j'etais  en  sa  place,  un  homme  assurement 

Ne  m'epouserait  pas  de  force  impunement ; 

Et  je  lui  ferais  voir  bientot  apres  la  fete 

Qu'une  femme  a  toujours  une  vengeance  prete. 
Org.  Done  de  ce  que  je  dis  on  ne  fera  nul  cas  ? 

Dor.  De  quoi  vous  plaignez-vous .''    Je  ne  vous  parle 

pas. 
Oho.  Qu'est-ce  que  tu  fais  done .'' 
Dor.  Je  me  parle  a  moi-meme. 

Org.  Fort  bien.     Pour  chatier  son  insolence  extreme, 
II  faut  que  je  lui  donne  un  revers  de  ma  main. 
(II  Be  met  en  posture  delui  donner  un  soufflet;  etDoRiNK, 
k  oLaque  coup  d'oeil  qu'il  jette,  se  tient  dioit  sana  parler.) 


so.  n.]  TARTUFFE  89 

Dor.  Your  honour  is  dear  to  me,  and  I  cannot  bear  > 

that  you  should  be  jeered  at  by  every  one.  P  '.A-V^ 

Org.  Will  you  be  silent } 
Dob.  It  is  a  shame  to  let  you  make  such  an  alliance. 

Org.  Will  you  hold  your  peace,  you  viper,  whose 

brazen  face  .  .  . 
Dor.  What !  you  a  religious  man  and  you  give  way 

to  anger  ? 
Org.  Yes,  my  choler  is  roused  to  fury  by  your  non- 
sense.    I  insist  upon  your  holding  your  tongue. 
Dor.  Very  well.     But  if  I  cannot  speak  I  shall  think 

all  the  more. 
Org.  Think,  if  you  like,  but  take  care  not  to  tell 

your  thoughts  to  me,   or  .  .  .  beware.      (Tiirning 

towards  his  daughter. )     I   have  deliberately   weighed 

everything  as  a  prudent  man  should. 
Dor.  It  makes  me  furious  not    to    be    allowed  to 

speak. 

(She  is  silent  when  he  looks  towards  her.) 
Org.  Without    being    a    fop    Tartuffe's    looks    are 

such  .  .  . 
Dor.  YeSj  he  has  a  fine  mug. 
Org.  That  even  if  you  do  not  appreciate  his  other 

qualities  .  .  . 

(He  turns  towards  her,  and  looks  at  her,  his  arms  folded.) 
Dor.  She  has  got  a  bargain.     If  I  were  in  her  place, 

depend  upon  it  no  man  should  marry  me  against 

my  will  with  impunity.     I  would  soon  let  him  see, 

after  the  wedding-day,  that  a  woman  has  always 

her  vengeance  in  her  own  hands. 
Org.  Then  you  do  not  mean  to  take  any  notice  of 

what  I  say."* 
Dor.   What  are  you  complaining  about.''    I  was  not 

speaking  to  you. 
Org.  What  were  you  doing  then .'' 
Dor.  I  was  speaking  to  myself. 
Org.  All  right.     I  must  give  her  the  back  of  my  hand 

for  her  unbearable  insolence.  (He  prepares  to  slap 
Dokikb's  face ;  and  Dorink  stands  silent  and  erect 
each  time  he  looks  at  her.)    You  ought  to  approve 


40  LE  TARTUFFE  [actb  ii. 

Ma  fille,  vous  devez  approuver  mon  dessein  .  .  . 

Croire  que  le  mari  .  .  .  que  j'ai  su  vous  elire  .  .  . 

Que  ne  te  parles-tu  ? 
Dor.  Je  n'ai  rien  a  me  dire. 

Org.  Encore  un  petit  mot. 
Dor.  II  ne  me  plait  pas,  moi. 

Org.  Cartes,  je  t'y  guettais. 
Dor.  Quelque  sotte,  ma  foi  ! 

Org.  Enfin,  ma  fille,  il  faut  payer  d'obeissance, 

Et  montrer  pour  mon  choix  entiere  deference. 
Dor.  (en  s'enfuyant.)  Je  me  moquerais  fort  de  prendre 
un  tel  epoux. 

(II  lui  veut  donner  un  souflBet  et  la  manque.) 
Org.  Vous  avez  la,  ma  fille,  une  peste  avec  vous, 

Avec  qui  sans  peche  je  ne  saurais  plus  vivre. 

Je  me  sens  hors  d'etat  maintenant  de  poursuivre  : 

Ses  discours  insolents  m'ont  mis  I'esprit  en  feu, 

Et  je  vais  prendre  I'air  pour  me  rasseoir  un  peu. 


SciiNE  III 
Dorinb,  Mariane. 

Dor.  Avez-vous  done  perdu,  dites-moi,  la  parole, 
Et  faut-il  qu'en  ceci  je  fasse  votre  role? 
SouiFrir  qu'on  vous  propose  un  projet  insense. 
Sans  que  du  moindre  mot  vous  I'ayez  repousse  ! 

Mar.  Contre  un  pere  absolu  que  veux-tu  que  je  fasse  } 

Dor.  Ce  qu'il  faut  pour  parer  une  telle  menace. 

Mar.  Quoi? 

Dor.        Lui  dire  qu'un  coeur  n'aime  point  par  autrui. 
Que  vous  vous  mariez  pour  vous,  non  pas  pour  lui, 
Qu'etant  celle  pour  qui  se  fait  toute  raflPaire, 
C'est  a  vous,  non  a  lui,  que  le  mari  doit  plaire, 
Et  que  si  son  Tartuife  est  pour  lui  si  charmant, 
II  le  peut  epouser  sans  nul  empechement. 

Mar.  Un  pere,  je  I'avoue,  a  sur  nous  tant  d'empire, 
Que  je  n'ai  jamais  eu  la  force  de  rien  dire. 


80.  III.1  TARTUFFE  41 

of  my  plan,  my  child  .  .  .  and  believe  the  husband 
...  I  have  chosen  for  you  .  .  Why  do  you 
not  speak  to  yourself? 

Dor.  Because  I  have  no  more  to  say  to  myself. 

Org.  Only  a  little  word. 

Dor.  It  does  not  suit  me. 

Org.  I  was  waiting  for  you. 

Dor.  I  am  not  such  a  fool. 

Org.  In  short,  my  girl,  you  must  obey,  and  show  all 
deference  to  my  choice. 

Dor.  (running  away.)  I  would  take  care  I  would  not 
marry  such  a  husband. 

(He  tries  to  slap  Dokine's  face  and  misses  her.) 

Org.  You  have  a  pestilent  hussy  there,  my  child, 
with  whom  I  cannot  live  without  forgetting  myself. 
I  feel  I  am  not  fit  now  to  continue  the  conver- 
sation. Such  insolent  speeches  have  put  me  in  so 
great  a  passion  that  I  must  have  a  breath  of  air  to 
compose  myself. 

Scene  III 
Dorine,  Mariane. 

Dor.  Tell  me,  have  you  lost  your  tongue ;  must  I 
play  your  part  in  this  matter.'*  To  think  you 
allow  such  an  absurd  proposal  to  be  made  to  you 
without  your  saying  a  word  against  it  ! 

Mar.  What  would  you  have  me  d  o  against  a  tyrannical 
father .'' 

Dor.  Anything  to  ward  off  such  a  fate. 

Mar.  But  what  ? 

Dor.  Tell  him  a  heart  cannot  love  at  the  bidding 
of  another,  that  you  marry  to  please  yourself  not 
him,  that,  as  the  matter  concerns  you  alone  it  is 
you,  not  him,  whom  the  husband  must  please,  and 
that,  since  he  is  so  charmed  with  his  Tartuffe,  he 
can  marry  him  himself  without  any  hindrance. 

Mar.  a  father  has  such  authority  over_ugJhha.t  I  admit 
I  haveTTOthsniie  courage  to  say  anything. 


42  LE  TARTUFFE  [actb  u. 

Dor.  Mais  raisonnons.     Valere  a  fait  pour  vous  des 
pas  : 

L'aime2i-vous,  je  vous  prie,  ou  ne  raimez-vous  pas  ? 
Mar.  Ah  !    qu'envers  mon  amour  ton  injustice  est 
grande, 

Dorine  !  Me  dois-tu  faire  cette  demande  ? 

"Fai-je  pas  la-dessus  ouvert  cent  fois  mon  coeur, 

Et  sais-tu  pas  pour  lui  jusqu'ou  va  mon  ardeur  ? 
Dor.  Que  sais-je  si  le  coeur  a  parl^  par  la  bouche, 

Et  si  c'est  tout  de  bon  que  cet  amant  vous  touche  ? 

Mar.  Tu  me  fais  un  grand  tort,  Dorine,  d'en  douter, 
Et  mes  vrais  sentiments  ont  su  trop  eclater. 

Dor.  Enfin,  vous  I'aimez  done  ? 

Mar.  Ouij  d'une  ardeur  extreme. 

Dor.  Et  selon  I'apparence  il  vous  aime  de  meme  ? 

Mar.  Je  le  crois. 

Dor,  Et  tous  deux  brulez  egalement 

De  vous  voir  maries  ensemble  } 
Mar.  Assurement. 

Dor.  Sur  cette  autre  union  quelle  est  done  votre 

attente .'' 
Mar.  De  me  donner  la  mort  si  Ton  me  violente. 
Dor.  Fort  bien :  c'est  un  recours  ou  je  ne  songeais 
pas ; 

Vous  n'avez  qu'a  mourir  pour  sortir  d'embarras ; 

Le  remede  sans  doute  est  merveilleux.     J'enrage 

Lorsque  j'entends  tenir  ces  sortes  de  langage. 
Mar.  Mon  Dieu  !  de  quelle  humeur,  Dorine,  tu  te 
rends  ! 

Tu  ne  compatis  point  aux  deplaisirs  des  gens. 
Dor.  Je  ne  compatis  point  a  qui  dit  des  sornettes 

Et  dans  I'occasion  mollit  comme  vous  faites. 
Mar.  Mais  que  veux-tu  ?  si  j'ai  de  la  timidite. 
Dor.  Mais  I'amour  dans  un  coeur  veut  de  la  fermete. 
Mar.  Mais  n'en  garde-je  pas  pour  les  feux  de  Valere  ? 

Et  n'est-ce  pas  a  lui  de  m'obtenir  d'un  pere  } 
Dor.  Mais  quoi .-'  si  votre  pere  est  un  bourru  fieffe'. 

Qui  s'est  de  son  Tartuffe  entierement  coifFe 


8c.  III.]  TARTUFFE  43 

Dor.  Let  us  talk  it  all  over.  Valere  has  proposed  to 
you :  do  you  love  him,  pray,  or  do  you  not } 

Mar,  Oh  !  Dorine,  you  are  very  unjust  to  me.  How 
can  you  ask  me  such  a  question  }  Have  I  not  opened 
my  heart  to  you  a  hundred  times  on  this  subject.'' 
Do  you  not  know  how  much  I  love  him  ? 

Dor.  How  do  I  know  your  lips  have  spoken  what 

your  heart  felt  and  that   you  really  care  for  this 

lover .'' 
Mar.  You  wrong  me  greatly,  Dorine,  to  doubt  it. 

Surely  my  real  feelings  have  shown  themselves  only 

too  plainly. 
Dor.  Then  you  love  him  ? 
Mar.  Yes,  passionately. 

Dor.  And  apparently  he  loves  you  just  as  ardently. 
Mar.  I  believe  so. 
Dor.  And  you  both  are  eager  to  be  married. 

Mar.  Most  certainly. 

Dor.  What  do  you  mean  to  do,  then,  about  this  other 

match .'' 
Mar.  To  kill  myself  if  I  am  forced  into  it. 
Dor.  Good  !  I  had  not  thought  of  that  way  out  of 

the  difficulty ;   you  have  but  to  die  to  be  rid  of 

troubles ;  what  an  excellent  remedy  !     It  puts  me 

out  of  all  patience  to  hear  such  talk. 

Mar.  Good   heavens  !    what  a   temper  you  are   in, 

Dorine.     You  have  no  sympathy  for  people  in  their 

troubles. 
Dor.  I  have  no  pity  for  those  who  talk  nonsense  and 

give  way  at  the  critical  moment  as  you  do. 
Mar.  But  what  can  I  do .''     I  am  afraid. 
Dor.  Love  asks  for  courage. 
Mar.  Have  I  wavered  in  my  love  for  Valere  .'*    Is  it 

not  his  place  to  win  me  from  my  father  ? 
Dor.  What  if  your  father  is  a  downright  lunatic, 

who  has  gone  clean  crazy  over  his  TartuflFe,  and 


44  LE  TARTUFFE  [acte  ii. 

Et  manque  a  I'union  qu'il  avait  arretee, 
La  faute  a  votre  amant  doit-elle  etre  imputde  ? 
Mar.  Mais  par  un  haut  refus  et  d'eclatants  mepris 
Ferai-je  dans  mon  choix  voir  un  coeur  trop  epris  ? 
Sortirai-je  pour  lui,  quelque  e'clat  dont  il  brille, 
De  la  pudeur  du  sexe  et  du  devoir  de  fille  ? 
Et  veux-tu  que  mes  feux  par  le  monde  etalds  .  .  .  ? 

Dor.  Non,  non,  je  ne  veux  rien.     Je  vois  que  vous 
voulez 

Etre  a  Monsieur  TartuiFe;   et  j'aurais,  quand  j'y 
pense. 

Tort  de  vous  detourner  d'une  telle  alliance. 

Quelle  raison  aurais-je  a  combattre  vos  voeux? 

Le  parti  de  soi-meme  est  fort  avantageux. 

Monsieur  TartufFe !    oh  !   oh  !   n'est-ce  rien  qu'on 
propose  ? 

Certes  Monsieur  TartuffCj  a  bien  prendre  la  chose, 

N'est  pas  un  homme,  non,  qui  se  mouche  du  pied, 

Et  ce  n'est  pas  peu  d'heur  que  d'etre  sa  moitie. 

Tout  le  monde  deja  de  gloire  le  couronne ; 

II  est  noble  chez  lui,  bien  fait  de  sa  personne  ; 

II  a  I'oreille  rouge  et  le  teint  bien  fleuri : 

Vous  vivrez  trop  contente  avec  un  tel  mari. 
Mar.  Mon  Dieu  f  .  .  . 
Dor,        Quelle  allegresse  aurez-vous  dans  votre  ame, 

Quand  d'un  epoux  si  beau   vous  vous  verrez  la 
femme ! 
Mar.  Ha  !  cesse,  je  te  prie,  un  semblable  discours, 

Et  contre  cet  hymen  ouvre-moi  du  secours. 

C'en  est  fait,  je  me  rends,  et  suis  prete  a  tout  faire. 
Dor.  Non,  il  faut  qu'une  fille  obeisse  a  son  pere, 

Voulut-il  lui  donner  un  singe  pour  epoux. 

Votre  sort  est  fort  beau :  de  quoi  vous  plaigne:^ 
vous? 

Vous  irez  par  le  coche  en  sa  petite  ville, 

Qu'en  oncles  et  cousins  vous  trouverez  fertile, 

Et  vous  vous  plairez  fort  a  les  entretenir. 

D'abord  chez  le  beau  monde  on  vous  fera  venir ; 

Vous  irez  visiter,  pour  votre  bienvenue. 


sc.  in.]  TARTUFFE  46 

who  does  not  keep  his  promise  about  this  marriage  : 
is  your  lover  to  be  blamed  for  that  ? 

Mar,  But  am  I,  by  haughty  refusal  and  contemp- 
tuous disdain^  to  let  everyone  see  my  own  heart 
is  too  deeply  smitten?  However  much  I  desire 
Valere,  am  I  to  cast  aside  for  him  my  womanly 
modesty  and  my  filial  duty  ?  And  would  you  have 
me  show  my  heart  to  the  whole  world  .  .  .  ? 

Dor,  No,  no  !  I  won't  ask  you  to  do  anything.  I  see 
you  wish  to  belong  to  Monsieur  Tartuffe ;  and  I 
should  do  wrong,  now  I  come  to  think  of  it,  were 
I  to  dissuade  you  from  such  a  marriage.  What 
excuse  have  I  for  opposing  your  wishes?  The 
match  in  itself  is  very  advantageous.  Monsieur 
Tartuffe !   oh  !   oh  !   is  it  nothing  that  he  should 

Eropose  for  your  hand  ?  Indeed,  Monsieur  Tartuffe 
as  looked  at  the  thing  in  the  right  light.  He  is 
not  a  man  to  be  trifled  with  by  any  means,  and  it  is 
not  a  piece  of  bad  luck  to  be  his  better  half.  The 
world  has  already  crowned  him  with  glory ;  he 
passes  for  an  aristocrat  in  his  own  parish,  well  set 
up  in  person,  with  his  red  ears  and  his  florid  com- 
plexion. How  very  happy  you  will  be  with  such  a 
husband ! 

Mar.  Oh  !  dear  .  .  . 

Dor.  What  delight  you  will  experience  when  you 
become  the  wife  of  such  a  bridegroom  ! 

Mar,  Oh  !  stop  such  talk,  I  beg  you,  and  show  me 
the  way  to  avoid  this  marriage.  Let  us  make  an 
end  of  it.     I  give  in,  and  am  ready  to  do  anything. 

Dor.  a  daughter  should  obey  her  father  even  if  he 
wished  her  to  marry  an  ape.  Yours  is  an  enviable 
fate ;  of  what  do  you  complain  ?  You  will  go  in 
the  coach  to  his  native  town  and  find  yourself  rich 
in  uncles  and  cousins  whom  it  will  delight  you  ex- 
ceedingly to  entertain.  You  will  soon  be  intro- 
troduced  into  the  best  society ;  you  will  begin  by 
visits  to  the  magistrate's  wife  and  the  tax-surveyor's 
lady,  who  will  honour  you  with  a  folding-stool.    At 


46  LE  TARTUFFE  [acte  ii. 

Madame  la  baillive  et  Madame  I'elue, 

Qui  d'un  siege  pliant  vous  feront  honorer. 

La,  dans  le  carnaval,  vous  pourrez  esperer 

Le  bal  et  la  grand'bande,  a  savoir,  deux  musettes, 

Et  parfois  Fagotin  et  les  marionnettes. 

Si  pourtant  votre  epoux  .  .  . 

Mar.  Ah  !  tu  me  fais  mourir. 

De  tes  conseils  plutot  songe  a  me  secourir. 

Dob.  Je  suis  votre  servante. 

Mab.  Eh  !  Dorine,  de  grace  .  .  . 

Dob.  II  faut,  pour  vous  punir,  que  cette  affaire  passe. 

Mab.  Ma  pauvre  fiUe  ! 

Dob.  Non. 

Mar.  Si  mes  voeux  declares  .  .  . 

Dob.  Point :  Tartuffe  est  votre  homme,  et  vous  en 
taterez. 

Mab.  Tu  sais  qu'a  toi  toujours  je  me  suis  confiee : 
Fais-moi  .  .  . 

Dob.  Non,  vous  serez,  ma  foi !  tartuffiee. 

Mab.  H^  bien  !  puisque  mon  sort  ne  saurait  t'emou- 
voir, 
Laisse-moi  desormais  toute  a  mon  desespoir : 
C'est  de  lui  que  mon  coeur  empruntera  de  I'aide, 
Et  je  sais  de  mes  maux  I'infaillible  remede. 
(Elle  veut  s'en  aller.) 

Dob.  H^  !  la,  la,  revenez.     Je  quitte  mon  courrouz. 
II  faut,  nonobstant  tout,  avoir  pitie  de  vous. 

Mar.  Vois-tu,  si  Ton  m' expose  a  ce  cruel  martyre, 
Je  te  le  dis,  Dorine,  il  faudra  que  j'expire. 

Dob.  Ne  vous  tourmentez  point.     On  peut  adroite- 
ment 
Empecher  .  .  .  Mais  voici  Valere,  votre  amant. 


sc.  III.]  TARTUFFE  47 

carnival  time  you  may  hope  for  a  ball  there,  the 
grand  local  band,  consisting  of  two  bagpipes,  in 
attendance,  and  possibly  the  learned  ape  will  be 
present  and  marionettes,  only,  if  your  husband  .  .  . 


Mar.  Oh  !    you  are  enough  to  kill  me.     Help  me 

rather  with  your  advice. 
Dor.  I  am  your  servant. 
Mar.  Ah  !  Dorine,  for  pity's  sake  .  .  . 
Dor.  This  matter  ought  to  go  through  in  order  to 

punish  you. 
Mar.  My  dear  girl ! 
Dor.  No. 

Mar.  If  my  declared  vows  .  .  . 
Dor.  No.     Tartuffe  is  your  man,  and  you  must  have 

him. 
Mar.  You  know  I  have  always  trusted  in  you.     Help 

me  .  .  . 
Dor.  No,  upon  my  word  you  shall  be  tartufFed. 
Mar.  Very  well,  since  my  fate  fails  to  move  you, 

leave  me  alone  henceforth  with  my  despair :  my 

heart  shall  borrow  help  from   that,  and  I  know 

there  is  one  unfailing  remedy  for  my  misery. 
(She  turns  to  go.) 

Dor.  Here  !  stop,  stop,  come  back.     I  won't  be  angry 

any  longer.     It  seems  I  must  take  pity  on  you,  in 

spite  of  everything. 
Mar.  Dorine,  you  may  be  sure  if  they  force  me  to 

endure  this  cruel  martyrdom  I  shall  surely  die. 
Dor.  Do  not  worry  yourself.     We  will  be  too  clever 

for  them,  and  prevent  .  .  .  But  here  comes  your 

lover  Valere. 


48  LE  TARTUFFE  [aotb  ii. 

Sc^NE    IV 

VAiiaiE,  Mariane^  Dorinb 

Val.  On  vient  de  debiter,  Madame,  une  nouvelle 

Que  je  ne  savais  pas,  et  qui  sans  doute  est  belle. 
Mar.  Quoi? 

Vxh.  Que  vous  epousez  Tartuffe. 

Mar.  11  est  certain 

Que  mon  pere  s'est  mis  en  tete  ce  dessein. 
Val.  Votre  pere,  Madame  .  .  . 
Mar.  a  change  de  visee  : 

La  chose  vient  par  lui  de  m'etre  proposee. 
Val.  Quoi?  serieusement .f* 
Mar.  Oui,  serieusement. 

II  s'est  pour  cet  hymen  declare  hautement. 
Val.  Et  quel  est  le  dessein  ou  votre  ame  s'arrete, 

Madame  ? 
Mar.  Je  ne  sais. 

Val.  La  reponse  est  honnete. 

Vous  ne  savez.'' 
Mar.  Non. 

Val.  Non.? 

Mar.  Que  me  conseillez-vous  ? 

Val.  Je  vous  conseille,  moi,  de  prendre  cet  epoux. 
Mar.  Vous  me  le  conseillez  } 
Val.  Oui. 

Mar.  Tout  de  bon  ? 

Val.  Sans  doute : 

Le  choix  est  glorieux,  et  vaut  bien  qu'on  I'ecoute, 
Mar.  He  bien  !   c'est  un  conseil.  Monsieur,  que  je 

re^ois. 
Val.  Vous  n'aurez  pas  grand'peine  a  le  suivre,  je 

crois. 
Mar.  Pas  plus  qu'a  le  donner  en  a  souffert  votre 

ame. 
Val.  Moi,  je  vous  I'ai  donne  pour  vous  plaire,  Madame, 
Mar.  Et  moi,  je  le  suivrai  pour  vous  faire  plaisir. 
Dor.  Voyons  ce  qui  pourra  de  ceci  reussir. 


sc.  IV.  3  TARTUFFE  49 

Scene  IV 
Val^ire,  Mariane,  Dorine. 

Val.  I  have  just  been  told  a  very  pretty  piece  of 

news  which  I  did  not  know. 
Mar.  What  is  it  ? 

Val.  That  you  are  to  marry  Tartuffe. 
Mar.  It  is  true  my  father  has   this  design  in   his 

head. 
Val.  Your  father^  Madam  .  .  . 
Mar.  Has  changed  his  mind  :  he  has  just  proposed 

this  thing  to  me. 
Val.  What,  seriously .-' 
Mar.  Yes,  seriously.    He  has  declared  himself  openly 

for  the  match. 
Val.  And  what  is  your  own  decision  in  the  matter, 

Madam. 
Mar.  I  do  not  know. 
Val.  a  candid  answer.    You  do  not  know  ? 

Mar.  No. 

Val.  No? 

Mar.  What  do  you  advise  me  ? 

Val.  I }    I  advise  you  to  accept  this  husband. 

Mar.  You  advise  me  that } 

Val.  Yes. 

Mar.  In  earnest  ? 

Val.  Without  doubt :  the  choice  is  excellent  and  well 

worth  considering. 
Mar.  Very  well,  then,  sir,  I  will  act  on  the  advice. 

Val.  That  will  not  be  very  disagreeable,  I  imagine. 

Mar.  Not  more  painful  than  for  you  to  give  it 

Val.  I  .^    I  gave  it  to  please  you.  Madam. 
Mar.  And  I .?    I  shall  follow  it  to  please  you. 
Dor.  Let  us  see  what  will  come  of  this. 


60  LE  TARTUFFE  [actb  ii. 

Val.  C'est  done  ainsi  qu'on  aime  ?    Et  c'etait  trom- 
perie 

Quand  vous  .  .  . 
Mab.  Ne  parlons  point  de  cela^  je  vous  prie. 

Vous  m'avez  dit  tout  franc  que  je  dois  accepter 

Celui  que  pour  epoux  on  me  veut  presenter  : 

Et  je  declare,  moi,  que  je  pre'tends  le  faire, 

Puisque  vous  m'en  donnez  le  conseil  salutaire. 
Val.  Ne  vous  excusez  point  sur  mes  intentions. 

Vous  aviez  pris  deja  vos  resolutions ; 

Et  vous  vous  saisissez  d'un  pretexte  frivole 

Pour  vous  autoriser  a  manquer  de  parole. 
Mar.  II  est  vrai,  c'est  bien  dit. 
Val.  Sans  doute ;  et  votre  coeur 

N'a  jamais  eu  pour  moi  de  veritable  ardeur. 
Mar.  Helas  !  permis  a  vous  d'avoir  cette  pensee. 
Val.  Oui,  oui,  permis  a  moi ;  mais  mon  ame  oiFensee 

Vous  previendra  peut-etre  en  un  pareil  dessein  ; 

Et  je  sais  ou  porter  et  mes  roeux  et  ma  main. 
Mar.  Ah  !  je  n'en  doute  point ;  et  les  ardeurs  qu'ex- 
cite 

Le  merite  .  .  . 
Val.  Mon  Dieu,  laissons  la  le  merite  : 

J'en  ai  fort  peu,  sans  doute,  et  vous  en  faites  foi. 

Mais  j'espere  aux  bontes  qu'une  autre  aura  pour 
moi, 

Et  j'en  sais  de  qui  I'ame,  a  ma  retraite  ouverte, 

Consentira  sans  honte  a  reparer  ma  perte. 
Mar.  La  perte  n'est  pas  grande;   et  de  ce  change- 
ment 

Vous  vous  consolerez  assez  facilement. 
Val.  J'y  ferai  mon  possible,  et  vous  le  pouvez  croire. 

Un  coeur  qui  nous  oublie  engage  notre  gloire  ; 

II  faut  a  I'oublier  mettre  aussi  tous  nos  soins : 

Si  Ton  n'en  vient  a  bout,  on  le  doit  feindre  au  moins ; 

Et  cette  lachete  jamais  ne  se  pardonne, 

De  montrer  de  I'amour  pour  qui  nous  abandonne. 
Mar.  Ce  sentiment,  sans  doute,  est  noble  et  releve. 
Val.  Fort  bien  ;  et  d'un  chacun  il  doit  etre  approuve. 

H4  quoi.''  vous  voudriez  qu'a  jamais  dans  mon  ame 


8c.  IV.]  TARTUFFE  51    ^f^ 

Val.  This^  then,  is  your  affection?    And  it  was  de- 
"ception  when  you  .  .  . 

Mar.  Pray  do  not  let  us  talk  any  more  of  that.  You 
told  me  plainly  I  ought  to  accept  the  husband 
selected  for  me :  and  I  declare  I  intend  to  do  so, 
since  you  have  given  me  that  salutary  advice. 

VAii.  Do  not  make  my  advice  your  excuse.  You  had 
already  made  up  your  mind,  and  you  seized  a 
frivolous  pretext  to  justify  the  breaking  of  your 
word.  " — -~ — ' 

Mab.  Very  true,  and  well  put. 

Val.  No  doubt ;  and  you  never  really  loved  me. 

Mar.  Alas  !  think  so  if  you  please. 

Val.  Yes,  yes,  if  I  please ;  but  my  slighted  love  may 
perchance  forestall  you  in  a  similar  design ;  and  I 
know  where  to  offer  both  my  heart  and  my  hand. 

Mar.  Ah  !  I  do  not  doubt  it.  The  love  which  merit 
can  command  .  .  . 

Val.  For  Heaven's  sake,  let  us  leave  merit  out  of  the 
question  :  there  is  but  little  of  it  in  me,  no  doubt, 
and  you  have  given  proof  of  it.  But  I  have  great 
hopes  of  the  kindness  another  woman  will  have  for 
me,  and  I  know  whose  heart  will  not  be  ashamed  to 
consent  to  make  up  for  my  loss  when  I  am  free. 

Mar.  The  loss  is  not  great ;  and  you  will  be  consoled 
easily  enough  by  this  exchange. 

Val.  I  shall  do  my  best,  you  may  depend.  To  be  • 
forgotten  wounds  self-love ;  every  endeavour  must 
be  used  to  forget  also  ;  and  if  one  does  not  succeed, 
one  must  at  least  pretend  to  do  so  ;  for  it  is  an  un- 
pardonable weakness  to  appear  loving  when  for- 
saken. 

Mar.  Truly,  what  noble  and  praiseworthy  sentiments. 

Val.  Most  certainly ;  and  they  should  be  approved 
by  everyone.     What?     Would  you  have  me  for 


62  LE  TARTUFFE  [acte  ii. 

Je  gardasse  pour  vous  lea  ardeurs  de  ma  flamme, 

Et  vous  visse,  a  mes  yeux,  passer  en  d'autres  braSj 

Sans  mettre  ailleurs  un  coeur  dont  vous  ne  voulez 
pas? 
Mar.  Au  contraire :  pour  moi^  c'est  ce  que  je  sou- 
haite ; 

Et  je  voudrais  deja  que  la  chose  fut  faite. 
Val.  Vous  le  voudriez  ? 
Mar.  Oui. 

VAii,  C'est  assez  m'insulter, 

Madame  ;  et  de  ce  pas  je  vais  vous  contenter. 
(II  fait  un  paa  pour  s'en  aller  et  revient  toujours.) 
Mab.  Fort  bien. 
Val.       Souvenez-vous  au  moins  que  c'est  vous-meme 

Qui  contraignez  mon  coeur  a  cet  effort  extreme. 
Mar.  Oui. 
Val.  Et  que  le  dessein  que  mon  ame  conQoit 

N'est  rien  qu'a  votre  exemple. 
Mar.  a  mon  exemple,  soit. 

Val.  Suffit :  vous  allez  etre  a  point  nomme  servie. 
Mar.  Tant  mieux. 

Val.  Vous  me  voyez,  c'est  pour  toute  ma  vie. 

Mar.  a  la  bonne  heure. 
Val.  Euh  ? 

(II  s'en  va ;  et  lorsqu'il  est  vers  la  porte,  11  se  retourne.) 
Mar.  Quoi  ? 

Val.  Ne  m'appelez-vous  pas  } 

Mar.  Moi  ?    Vous  revez. 
Val.  He  bien  !  je  poursuis  done  mes  pas. 

Adieu,  Madame. 
Mar.  Adieu,  Monsieur. 

Dor.  Pour  moi,  je  pense 

Que  vous  perdez  I'esprit  par  cette  extravagance ; 

Et  je  vous  ai  laisses  tout  du  long  quereller. 

Pour  voir  ou  tout  cela  pourrait  enfin  aller, 

Hola !  seigneur  Valere. 

(EUe  va  I'arrSter  par  le  bras,  et  lui,  fait  mine  de  grande 
resistance. ) 
Val.  He  !  que  veux-tu,  Dorine .'' 

Dor.  Venez  ici. 


gc.  IV.]  TARTUFFE  63 

ever  cherish  in  my  heart  the  warmth  of  my  passion 
for  you  ?  Am  I  to  see  you  throw  yourself  into  the 
arms  of  another  before  my  face,  and  not  elsewhere 
bestow  the  heart  you  no  longer  want  ? 
Mar.  On  the  contrary  :  I  confess  that  is  exactly  what 
I  desire.     I  wish  the  thing  were  done  already. 

Val.  You  wish  it.'' 

Mar.  Yes. 

Val.  You  insult  me,  Madam.     I  will  go  at  once  to 

satisfy  you.  Uu'V^" 

(He  turns  to  go  but  keeps  on  coining  back.)  f 

Mar.  Very  well. 
Val.  Recollect  at  least  that  it  is  you  yourself  who 

drive  me  to  this  extremity. 
Mar.  Yes. 
Val.  And  that  the  design  I  have  in  my  mind  is  but 

to  follow  your  example. 
Mar.  My  example  let  it  be. 

Val.  Be  it  so  :  you  will  be  served  just  as  you  wish. 
Mar.  I  am  very  glad. 

Val.  You  see  me  for  the  last  time  in  your  life. 
Mar.  That  is  all  right. 
Val.  Eh.? 

(He  goes  ;  and  when  he  is  near  the  door  he  returns.) 
Mar.  What.? 
Val.  Did  you  call  me  ? 
Mar.  I }    You  are  dreaming. 
Val.  Ah  !  well,  I  will  go  my  way  then.     Farewell, 

Madam. 
Mar.  Farewell,  Monsieur. 
Dor.  I  think  you  are  mad  to  talk  such  nonsense  ;  I 

have  left  you  to  quarrel  all  this  time  to  see  how  far 

you  would  go.     Stop  there,  seigneur  Valere  ! 


(She  takes  hold  of  his  arm  to  stop  him,  and  he  makes  a 
great  show  of  resistance). 
Val.  Well,  what  do  you  want,  Dorine? 
Dor.  Come  here. 


64  LE  TARTUFFE  [actb  ii. 

Val.  Non,  non,  le  depit  me  domine  : 

Ne  me  ddtourne  point  de  ce  qu'elle  a  voulu. 

Dor.  Arretez. 

Val.  Non,  vois-tu  ?  c'est  un  point  resolu. 

DoK.  Ah! 

Mar.         II  souflFre  a  me  voir,  ma  presence  le  chasse, 
Et  je  ferai  bien  mieux  de  lui  quitter  la  place. 

Dor.   (Elle  quitte  Val±rk,  et  court  kMABiAKx.) 

A  I'autre.     Ou  courez-vous .'' 
Mar.  Laisse. 

Dor.  II  faut  revenir. 

Mar.  Non,  non,  Dorine ;  en  vain  tu  veux  me  retenir. 
Val.  Je  vois  bien  que  ma  vue  est  pour  elle  un  sup- 
plice, 

Et  sans  doute  il  vaut  mieux  que  je  Ten  affranchisse. 
Dor.   (Elle  quitte  Mabians,  et  court  k  VxiiiRB.) 

Encor .''    Diantre  soit  fait  de  vous  si  je  le  veux  ! 

Cessez  ce  badinage,  et  venez  §a  tous  deux. 

(Elle  les  tire  I'un  et  I'autre.) 
Val.  Mais  quel  est  ton  dessein  ? 
Mar.  Qu'est-ce  que  tu  veux  faire .'' 

Dor.  Vous  bien  remettre  ensemble,  et  vous   tirer 
d'affaire. 
Etes-vous  fou  d'avoir  un  pareil  demele  ? 
Val.  N'as-tu  pas  eutendu  comme  elle  m'a  parl^.?* 
Dor.  Etes-vous  folle,  vous,  de  vous  etre  emport^e  } 
Mar.  N'as-tu  pas  vu  la  chose,  et  comme  il  m'a  trait^e.-* 

Dor.  Sottise  des  deux  parts.     Elle  n'a  d'autre  soin 
Que  de  se  conserver  a  vous,  j'en  suis  temoin. 
II  n'aime  que  vous  seule,  et  n'a  point  d'autre  envie 
Que  d'etre  votre  epoux ;  j'en  re'ponds  sur  ma  vie. 

Mar.  Pourquoi  done  me  donner  un  semblable  con- 
seil } 

Val.  Pourquoi  m'en  demander  sur  un  sujet  pareil .'' 

Dor.  Vous  etes  fous  tous  deux,     ^a,  la  main  I'un  et 
I'autre. 
AUons,  vous. 


sc.  IV.]  TARTUFFE  65 

Val.  No,  no,  I  am  too  indignant.     Do  not  turn  me 

away  from  doing  her  will. 
Dor.  Stop. 

Val.  No,  do  you  not  see  my  mind  is  made  up  ? 
Dor.  Ah  ! 
Mar.  He  cannot  bear  to  see  me,  my  presence  drives 

him  away.     I  had  much  better  give  up  the  place  to 

him. 
Dor.  (She  leaves  ValArb  and  runs  to  Mabiane.)  Here  goes 

another.     Where  are  you  running  oflF  to  } 
Mar.  Let  me  go. 
Dor.  You  must  come  back. 
Mar.  No,  no,  Dorine,  it  is  in  vain  for  you  to  try  to 

keep  me. 
Val.  I  see  plainly  the  sight  of  me  annoys  her,  and 

doubtless  I  had  better  rid  her  of  my  presence. 
Dor.   (She  leaves  Mariane  and  runs  to  VALfcRE).    Again  ? 

Deuce  take  you  if  I  wish  it !    Stop  this  fooling  and 

come  here,  both  of  you. 

(She  seizes  hold  of  them  both.) 

Val.  What  do  you  want  ? 
Mar.  What  are  you  going  to  do  ? 
Dor.  To  bring  you  together  again,  and  set  things 
straight.    Are  you  mad  to  wrangle  like  this  ? 

Val.  Did  you  not  hear  how  she  spoke  to  me  ? 

Dor.  Are  you  an  idiot  to  have  got  into  such  a  passion? 

Mar.  Did  you  not  see  how  it  all  happened,  and  how 
he  treated  me  ? 

Dor.  Folly  on  both  sides.  She  has  no  other  wish 
than  to  remain  yours ;  I  can  vouch  for  it.  He  loves 
you  only,  and  desires  nothing  else  than  to  be  your 
husband  ;  I  will  answer  for  it  with  my  life. 

Mar.  Why,  then,  did  you  give  me  such  advice .'' 

Val.  Why  did  you  ask  for  it  on  such  a  subject? 
Dor.  What  a  couple  of  fools  you  are.     Come,  now, 
give  me  your  hands  here. 


66  LE  TARTUFFE  [acte  ii. 

Val.   (en  donnant  sa  main  k  Dorinb.)    A  quoi  bon  ma 
main  ? 

Dor.  Ah  !  §a  la  votre. 

Mab.    (en  donnant  ausai  sa  main.)     De    quoi    sert    tout 
cela.'' 

Dor.  Mon  Dieu  !  vite,  avancez. 

Vous  vous  aimez  tous  deux  plus  que  vous  ne  pensez. 

Val.  Mais  ne  faites  done  point  les  choses  avec  peine, 
Et  regardez  un  peu  les  gens  sans  nulle  haine. 
(Makiane  toume  I'oeil  sur  VALiuB  et  fait  un  petit  souris. ) 

Dor.  A  vous  dire  le  vrai,  les  amants  sont  bien  fous  ! 

Val.  Ho  5a  n'ai-je  pas  lieu  de  me  plaindre  de  vous? 
Et  pour  n'en  point  mentir,  n'etes-vous  pas  mechante 
De  vous  plaire  a  me  dire  une  chose  affligeante  ? 

Mar.  Mais  vous,   n'etes-vous  pas  I'homme  le  plus 
ingrat  ....'' 

Dor.  Pour  une  autre  saison  laissons  tout  ce  debat, 
Et  songeons  a  parer  ce  facheux  mariage. 

Mar.  Dis-nous  done  quels  ressorts  il  faut  mettre  en 
usage. 

Dor.  Nous  en  ferons  agir  de  toutes  les  fa§ons. 
Votre  pere  se  moque,  et  ce  sont  des  chansons  : 
Mais  pour  vous,  il  vaut  mieux  qu'a  son  extravagance 
D'un  doux  consentement  vous  pretiez  I'apparence, 
Afin  qu'en  cas  d'alarme  il  vous  soit  plus  aise 
De  tirer  en  longueur  cet  hymen  propose. 
En  attrapant  du  temps,  a  tout  on  remedie. 
Tantot  vous  payerez  de  quelque  maladie. 
Qui  viendra  tout  a  coup  et  voudra  des  delais ; 
Tantot  vous  payerez  de  presages  mauvais  : 
Vous  aurez  fait  d'un  mort  la  rencontre  facheuse, 
Casse  quelque  miroir,  ou  songe  d'eau  bourbeuse. 
Enfin  le  bon  de  tout,  c'est  qu'a  d'autres  qu'a  lui 
On  ne  vous  peut  lier,  que  vous  ne  disiez  '  oui.' 
Mais  pour  mieux  reussir,  il  est  bon,  ce  me  semble, 
Qu'on  ne  vous  trouve  point  tous  deux  parlant  en- 
semble. 

(A  ValAre.) 
Sortez,  et  sans  tarder  employez  vos  amis, 
Pour  vous  faire  tenir  ce  qu'on  vous  a  promis. 


8c.  IV.]  TARTUFFE  67 

Val.  (giving  his  hand  to  Dorine.)    What  is  the  good  of 

my  hand  ? 
Dob.  Ah  !  now,  then,  yours. 
Mab.  (also  giving  her  hand.)  What  is  the  good  of  my 

hand  .-* 
Dor.  Goodness !  be  quick,  come  on.     You  both  are 

fonder  of  each  other  than  you  think. 
Val.  Don't  do  things  with  such  a  bad  grace,  then, 

but  give  a  man  a  civil  look. 

(Mariane  turns  her  eyes  on  VAtiRE  and  smiles  a  little.) ' 
Dob.  What  silly  creatures  lovers  are,  to  be  sure  ! 
Val.  But  still,  have  I  not  cause  to  complain  of  you  ? 

And,  to  say  the  least,  were  you  not  unkind  to  utter 

such  cruel  things  to  me  ? 
Mar.  But  you,  are  you  not  also  the  most  ungrateful 

man  ....'' 
Dor.  Let  us  leave  all  this  talk  for  another  time,  and 

consider  how  we  can  avert  this  wretched  marriage. 
Mab.  Tell  us,  then,  what  plans  we  must  prepare. 

Dob.  We  will  try  every  means.  Your  father  is  only 
jesting,  and  it  is  mere  talk ;  but  as  for  you,  you 
had  better  pretend  to  humour  his  whim  dutifully, 
so  that  in  case  of  alarm  it  would  be  easier  for  you 
to  put  the  wedding  off  indefinitely.  In  gaining 
time,  we  remedy  everything.  Sometimes  you  will 
give  sudden  illness  as  an  excuse,  and  so  cause 
delays ;  at  other  times  you  will  bring  forward  some 
ill-omen :  you  had  the  ill-luck  to  meet  a  corpse, 
broke  a  mirror,  or  dreamt  of  muddy  water.  But 
the  best  of  all  is  that  they  cannot  marry  you  either 
to  others  or  to  him  unless  you  say  *  yes.'  However, 
the  best  way  to  succeed,  I  think,  is  for  you  two  not 
to  be  seen  talking  together. 


(To  VALiBK.) 

Go  away  at  once,  and  without  delay  employ  your 
friends  to  make  her  father  keep  his  promise  to  you. 


68  LE  TARTUFFE  [actb  hi. 

Nous  aliens  reveiller  les  efforts  de  son  frere, 
Et  dans  notre  parti  jeter  la  belle-mere. 
Adieu. 
Val.  {k  Mabiank.)  Quelques  efforts  que  nous  preparions 
tous. 
Ma  plus  grande  esperance,  a  vrai  dire^  est  en  vous. 
Mab.  {h,  VALiRK.)  Je  ne  vous  reponds  pas  des  volontes 
d'un  pere ; 
Mais  je  ne  serai  point  a  d'autre  qu'a  Valere. 
Val.  Que  vous  me  comblez  d'aise  !  Et  quoi  que  puisse 

oser  .  .  . 
Dor.  Ah  !  jamais  les  amants  ne  sont  las  de  jaser. 

Sortez,  vous  dis-je. 
Val.  (n  fait  un  pas  et  revient.)  Enfin  .  .  . 
Dor.  Quel  caquet  est  le  votre 

Tirez  de  cette  part ;  et  vous,  tirez  de  1' autre. 
(Les  poussant  chacun  par  I'^paule.) 

FIN  DU  SECOND  ACTB 


ACTE    III 

SciiNE  I 
Dahis,  Dorine 

Dam.  Que  la  foudre  sur  I'heure  acheve  mes  destins, 
Qu'on  me  traite  partout  du  plus  grand  des  faquins, 
S'il  est  aucun  respect  ni  pouvoir  qui  m'arrete, 
Et  si  je  ne  fais  pas  quelque  coup  de  ma  tete  ! 

Dor.  De  grace,  moderez  un  tel  emportement : 
Votre  pere  n'a  fait  qu'en  parler  simplement. 
On  n'execute  pas  tout  ce  qui  se  propose, 
Et  le  chemin  est  long  du  projet  a  la  chose. 

Dam.  II  faut  que  de  ce  fat  j'arrete  les  complots, 
Et  qu'a  I'oreille  un  peu  je  lui  dise  deux  mots. 

Dor.  Ha !    tout  doux !    envers  lui,    comme    envers 
votre  pere, 


80.  I.]  TARTUFFE  69 

We  will  enlist  the  efforts   of  his  hrother  and  the 
interest  of  the  step-mother  on  our  side.     Good- 
bye. 
Val.  (To  Mabianb.)  Whatever  efforts  we  all  make  my 
greatest  hope  is  really  in  you. 

Mar.  (To  Valebb.)  I  cannot  answer  for  the  will  of  a 
father,  but  I  will  not  belong  to  any  one  but  Valere. 

Val.  Oh !  how  happy  you  make  me.     And  whatever 

they  may  attempt  .  .  . 
Dor.  Ah  !  lovers  never  weary  of  chattering.     Be  off, 

I  tell  you. 
Val.  (He  goes  a  step  and  returns.)  In  short  .   .  . 
Dor.  What  a  cackle  you  make  !    You  take  yourself 

off  that  way  ;  and  you,  the  other. 

(Pushing  each  by  the  shoulder.) 

END  OF  THE  SECOND  ACT 


ACT     III 

Scene  I 
DamiSj  Dorine 

Dam.  May  I  be  struck  down  by  lightning  this  very 
moment,  may  everybody  look  upon  me  as  the 
greatest  of  scamps,  if  there  is  any  respect  or  power 
to  stop  me  from  doing  something  rash ! 

Dor.  For  heaven's  sake  control  your  temper :  your 
father  merely  mentioned  the  matter.  People  do 
not  carry  out  all  they  propose  :  there  is  many  a 
slip  'twixt  the  cup  and  the  lip. 

Dam.  I  must  put  a  stop  to  this  fellow's  intrigues  and 
whisper  a  few  words  in  his  ear. 

Dor.  Gently,  gently,  let  your  stepmother  manage 
him,  and  your  father  as  well.     She  has  soniie  in- 


60  LE  TARTUFFE  [actb  m. 

Laissez  agir  les  soins  de  votre  belle-mere. 
Sur  I'esprit  de  Tartuffe  elle  a  quelque  credit ; 
II  se  rend  complaisant  a  tout  ce  qu'elle  dit, 
Et  pourrait  bien  avoir  douceur  de  coeur  pour  elle. 
Plut  a  Dieu  qu'il  fut  vrai  !  la  chose  serait  belle. 
Enfin  votre  interet  I'oblige  a  le  mander  : 
Sur  I'hymen  qui  vous  trouble  elle  veut  le  sonder, 
Savoir  ses  sentiments,  et  lui  faire  connaitre 
Quels  facheux  demeles  il  pourra  faire  naitre, 
S'il  faut  qu'a  ce  dessein  il  prete  quelque  espoir 
Son  valet  dit  qu'il  prie,  et  je  n'ai  pu  le  voir  ; 
Mais  ce  valet  m'a  dit  qu'il  s'en  allait  descendre. 
Sortez  done,  je  vous  prie,  et  me  laissez  I'attendre. 

Dam,  Je  puis  etre  present  a  tout  cet  entretien. 

Dob.  Point.     II  faut  qu'ils  soient  seuls. 

Dam.  Je  ne  lui  dirai  rien. 

Dor.  Vous  vous    moquez :    on    sait  vos   transports 
ordinaires, 
Et  c'est  le  vrai  moyen  de  gater  les  affaires. 
Sortez. 

Dam.  Non  :  je  veux  voir,  sans  me  mettre  en  courroux. 

Dob.  Que  vousetes  facheux  !   11  vient.    Retirez-vous. 


Scene  II 

Tartuffe,  Laurent,  Dobine 

Tab.  (apercevant  Dorine.)  Laurent,  serrez  ma  haire  avec 
ma  discipline, 

Et  priez  que  toujours  le  Ciel  vous  illumine. 

Si  Ton  vient  pour  me  voir,  je  vais  aux  prisonniers 

Des  aumones  que  j'ai  partager  les  deniers. 
Dob.  Que  d'affectation  et  de  forfanterie  ! 
Tar.  Que  voulez-vous .'' 
Dob.  Vous  dire  .  .  . 

Tar.  (Iltireunmouchoir  desapoche.)   Ah!    mon  Dieu, 
je  vous  prie, 

Avant  que  de  parler  prenez-moi  ce  mouchoir. 


8c.  11.]  TARTUFFE  61 

fluence  over  TartufFe ;  he  agrees  with  all  she  says, 
and  very  likely  he  has  a  tender  feeling  for  her. 
Would  to  heaven  it  were  true  !  That  would 
be  a  fine  thing !  Indeed,  she  has  thought  it  best 
to  send  for  him  in  your  interest :  she  wants  to 
sound  him  about  the  marriage  which  makes  you 
so  furious,  to  find  out  his  feelings,  and  to  let  him 
know  what  unhappy  contentions  it  would  cause 
were  he  to  entertain  the  least  hope  of  realising  this 
scheme.  His  man  told  me  he  was  at  his  prayers 
60  I  could  not  see  him ;  but  he  said  he  was  just 
coming  down ;  therefore,  pray  be  gone  and  leave 
me  to  wait  for  him. 

Dam.  I  may  be  present  throughout  this  interview. 

Dob.  Certainly  not :  they  must  be  alone. 

Dam.  I  will  not  say  anything  to  him. 

Dob.  You  deceive  yourself:  we  know  what  rages  you 
get  into,  and  that  would  be  the  surest  way  to  spoil 
everything.     Go  away. 

Dam.  No  ;  I  will  look  on,  without  losing  my  temper. 

Dor.  How  tiresome  you  are  !  Here  he  comes.  Do 
go  away. 


Scene  II 
Tabtupfe,  Laurent,  Dorinb 

Tar.  (Perceiving  Dorine.)  Laurent,  lock  up  my  hair- 
shirt  and  my  scourge,  and  pray  heaven  ever  to 
enlighten  you.  If  any  one  comes  to  see  me,  say 
I  have  gone  to  the  prisoners  to  distribute  the  alms 
I  have  received. 

Dob.  What  aflfectation  and  boasting  ! 

Tab.  What  do  you  want .'' 

Dob.  To  tell  you  .  .  . 

Tab.  (He  takes  a  handkerchief  out  of  his  pocket. )  Ah  !  for 
the  sake  of  heaven,  pray  take  this  handkerchief 
before  you  speak  to  me. 


62  LE  TARTUFFE  [acte  iii. 

Dob.  Comment? 

Tar.  Couvrez  ce  sein  que  je  ne  saurais  voir  : 

Par  de  pareils  objets  les  ames  sont  blessees, 
Et  cela  fait  venir  de  coupables  pensees. 

Dob.  Vous  etes  done  bien  tendre  a  la  tentation, 
Et  la  chair  sur  vos  sens  fait  grande  impression  } 
Certes  je  ne  sais  pas  quelle  chaleur  vous  monte  : 
Mais  a  convoiter,  moi,  je  ne  suis  point  si  prompte, 
Et  je  vous  verrais  nu  du  haut  jusques  en  bas, 
Que  toute  votre  peau  ne  me  tenterait  pas. 

Tab.  Mettez  dans  vos  discours  un  peu  de  modestie, 
Ou  je  vais  sur-le-champ  vous  quitter  la  parti e. 

Dor.  Nonj  non,  c'est  moi  qui  vais  vous  laisser  en 
repos, 
Et  je  n'ai  seulement  qu'a  vous  dire  deux  mots. 
Madame  va  venir  dans  cette  salle  basse, 
Et  d'un  mot  d'entretien  vous  demande  la  gr^ce. 

Tar.  Helas !  tres-volontiers. 

Dor.  (en  Boi-mSme.)  Comme  il  se  radoucit ! 

Ma  foi,  je  suis  toujours  pour  ce  que  j'en  ai  dit. 

Tar.  Viendra-t-elle  bientot.'' 

Dob.  Je  I'entends,  ce  me  semble. 

Oui,  c'est  elle  en  personne,  et  je  vous  laisse  ensemble. 


ScilNE    III 

Elmibe,  Tartufpb 

Tab.  Que  le  Ciel  a  jamais  par  sa  toute-bonte 
Et  de  I'ame  et  du  corps  vous  donne  la  sant^, 
Et  b^nisse  vos  jours  autant  que  le  desire 
Le  plus  humble  de  ceux  que  son  amour  inspire. 

Elm.  Je  suis  fort  obligee  a  ce  souhait  pieux. 

Mais  prenons  une  chaise,  afin  d'etre  un  peu  mieux. 

Tab.  Comment  de  votre  mal  vous  sentez-vous  remise? 

Elm.  Fort  bien  ;  et  cette  fievre  a  bientot  quitte  priset 
Tab.  Mes  prieres  n'ont  pas  le  merite  qu'il  faut 


BO.  HI.]  TARTUFFE  63 

Dob.  What  for? 

Tab.  To  coyer  Jhat  bosom  which  I  cannot  bear  to 
see.  Such  a  sight  klnjuriianrtor^the  soni  ^tni  gives 
birth  to  sinful  thoughts. 

Dor.  You  are  mightily  susceptible,  then,  to  tempta- 
tion, and  the  flesh  seems  to  make  a  great  impression       ^ 
on  your  senses.  Truly,  I  do  not  know  why  you  should    •  ^a-^ 
take  fire  so  quickly  :  as  for  me,  my  passions  are  not  f'^"^^ 
so  easily  roused,  were  I  to  see  you  unclothed  from 
top  to  toe  your  hide  would  not  tempt  me. 

Tar.  Be  a  little  more  modest  in  your  conversation, 
or  I  shall  leave  you  at  once. 

Dor.  No,  no,  I  am  going  to  leave  you  in  peace,  and 
I  have  only  two  words  to  say  to  you.  Madame  is 
coming  down  into  this  room,  and  wishes  the  favour 
of  a  few  moments'  talk  with  you. 

Tar.  Alas  !  most  willingly. 

Dob.  (To  herself.)  How  sweet  we  are  !  Upon  my  word, 

I  still  stick  to  what  I  said  about  it. 
Tar.  Will  she  soon  be  here .'' 
Dor.  I  think  I  hear  her.     Tes,  here  she  18.     I  will 

leave  you  together. 


ScKNE    III 

Elmjre,  Tartuffb 

Tar.  May  a  supremely  bountiful  heaven  ever  bestow 
upon  you  health  of  body  and  of  soul,  and  bless  your 
days  as  abundantly  as  the  humblest  of  its  servants 
can  desire. 

Elm.  I  am  much  obliged  for  this«  pious  wish.  But 
let  us  sit  down,  to  be  a  little  more  at  our  ease. 

Tar.  Have  you  quite  recovered  from  your  indis- 
position .'' 

Elm.  Quite  :  the  fever  soon  left  me. 

Tar.  My  prayers  are  not  worthy  to  have  drawn  down 


64  LE  TARTUFFE  [acts  m. 

Pour  avoir  attire  cette  grkce  d'en  haut ; 
Mais  je  n'ai  fait  au  Ciel  nuUe  devote  instance 
Qui  n'ait  eu  pour  objet  votre  convalescence. 

Elm.  Votre  zele  pour  moi  s'est  trop  inquiete. 

Tab.  On  ne  peut  trop  cherir  votre  chere  sante, 
Et  pour  la  retablir  j'aurais  donne  la  mienne. 

Elm.  C'est  pousser  bien  avant  la  charite  chretienne, 
Et  je  vous  dois  beaucoup  pour  toutes  ces  bontes. 

Tab.  Je   fais  bien  moins  pour  vous    que   vous  ne 
meritez. 

Elm.  J'ai  voulu  vous  parler  en  secret  d'une  affaire, 
Et  suis  bien  aise  ici  qu'aucun  ne  nous  eclaire. 

Tab.  J'en  suis  ravi  de  meme,  et  sans  doute  il  m'est 
doux, 
Madame,  de  me  voir  seul  a  seul  avec  vous  : 
C'est  une  occasion  qu'au  Ciel  j'ai  demandee, 
Sans  que  jusqu'a  cette  heure  il  me  I'ait  accordee. 

Elm.  Pour  moi,  ce  que  je  veux,  c'est  un  mot  d'en- 
tretien, 
Ou  tout  votre  coeur  s'ouvre,  et  ne  me  cache  rien. 

Tab.  Et  je  ne  veux  aussi  pour  grace  singuliere 
Que  montrer  a  vos  yeux  mon  ame  tout  entiere, 
Et  vous  faire  serment  que  les  bruits  que  j'ai  faits 
Des  visites  qu'ici  regoivent  vos  attraits 
Ne  sont  pas  envers  vous  I'efFet  d'aucune  haine, 
Mais  plutot  d'un  transport  de  zele  qui  m'entraine, 
Et  d'un  pur  mouvement  .  .  . 

Elm.  Je  le  prends  bien  aussi^ 

Et  crois  que  mon  salut  vous  donne  ce  souci. 

Tab.  (Illui  serreleboutdesdoigts.)  Oui,  Madame,  sans 
doute,  et  ma  ferveur  est  telle  .  .  . 

Elm.  Ouf !  vous  me  serrez  trop. 

Tab.  C'est  par  exces  de  zele. 

Et  vous  faire  autre  mal  je  n'eus  jamais  dessein, 
Et  j'aurais  bien  plutot  .  .  . 

(II  lui  met  la  main  sur  le  genou.) 

EiiM.  Que  fait  la  votre  main  ? 

Tab.  Je  tate  votre  habit :  I'etoffe  en  est  moelleuse. 

Elm.  Ah  !  de  grace,  laissez,  je  suis  fort  chatouilleuse. 
(Elle  recule  sa  chaise,  et  Tartuffs  rapproche  la  sienne.) 


8C.  III.]  TARTUFFE  65 

such  favour  from  heaven  ;  but  I  have  not  offered  up 
a  single  pious  aspiration  which  has  not  had  your 
recovery  for  its  object. 

Elm.  You  are  too  solicitous  in  my  behalf. 

Tar.  It  is  impossible  to  be  too  anxious  concerning 
your  precious  health  ;  I  would  have  sacrificed  my 
own  to  re-estjiblish  yours. 

Elm.  You  carry  Christian  charity  to  an  extreme;  I 
am  much  indebted  to  you  for  all  this  kindness. 

Tar.  I  do  much  less  for  you  than  you  deserve. 

E£m.  I  wished  to  speak  privately  to  you  on  a  certain 
matter.    I  am  very  glad  no  one  is  watching  us. 

Tar.  I  am  equally  delighted^  and  it  is  indeed  very 
pleasant,  Madame,  to  find  myself  quite  alone  with 
you.  I  have  often  implored  heaven  to  grant  me 
this  favour,  but  until  now  it  has  been  denied 
me. 

Elm.  I  too  wish  a  few  words  with  you ;  I  hope  you 
will  speak  openly  to  me  and  not  hide  anything 
from  me. 

Tar.  I  have  but  the  wish,  in  return  for  this  singular 
favour,  to  lay  bare  my  whole  soul  to  you,  and  to 
swear  to  you  that  the  reports  which  I  have  spread 
abroad  concerning  the  visits  paid  here  to  your 
charms  do  not  spring  from  any  hatred  towards  you, 
but  rather  from  a  passionate  zeal  which  carries  me 

away,  and  f'-""'  «  pnro  mntivp    ,    ,    . 

Elm.  I  quite  understand,  and  I  feel  sure  the  pains 
you  take  are  for  my  welfare. 

Tar.  (He  presses  the  end  of  her  fingerspYes.  Madame, 
you  are  right,  and  such Tsmy  devotion  ,  .  ,  , 

Elm.  Oh  !  you  squeeze  me  too  hard. 

Tar.  It  is  from  excess  of  zeal.  I  never  had  any  in- 
tention of  doing  you  any  other  ill ;  I  would  much 
sooner  .  .  . 

Elm.  Why  do  you  put  your  hand  there  ? 

Tar.  I  am  feeling  your  dress  :  the  stuff  is  very  soft. 

Elm.  Oh  !  please,  leave  off,  I  am  very  ticklish. 

(She  pushes  backher  chair,  and  Tartuffk  draws  his  nearer.) 


66  LE  TARTUFFE  [actb  iil 

Tab.  Mon  Dieu  !  que  de  ce  point  I'ouvrage  est  mer- 
veilleux  ! 

On  travaille  aujourd'hui  d'un  air  miraculeux  ; 

Jamais^  en  toute  chose,  on  n'a  vu  si  bien  faire. 
Elm.  II  est  vrai.    Mais  parlons  un  peu  de  notre  affaire. 

On  tient  que  mon  mari  veut  degager  sa  foi, 

Et  vous  donner  sa  fille.     Est-il  vrai,  dites-moi  .»* 

Tar.  II  m'en  a  dit  deux  mots  ;  mais,  Madame^  a  vrai 
dire, 
Ce  n'est  pas  le  bonheur  apres  quoi  je  soupire ; 
Et  je  vois  autre  part  les  merveilleux  attraits 
De  la  felicite  qui  fait  tous  mes  souhaits. 

Elm.  C'est  que  vous  n'aimez  rien  des  choses  de  la 
terre. 

Tar.  Mon  sein  n'enferme  pas  un  coeur  qui  soit  de 
pierre. 

Elm.  Pour  moi,  je  crois  qu'au  Ciel  tendent  tous  vos 
soupirs, 
Et  que  rien  ici-bas  n'arrete  vos  desirs. 

Tar.  L' amour  qui  nous  attache  aux  beautes  eternelles 
N'etouffe  pas  en  nous  I'amour  des  temporelles ; 
Nos  sens  facilement  peuvent  etre  charmes 
Des  ouvrages  parfaits  que  le  Ciel  a  formes. 
Ses  attraits  reflechis  brillent  dans  vos  pareilles  ; 
Mais  il  etale  en  vous  ses  plus  rares  merveilles  : 
II  a  sur  votre  face  epanche  des  beautes 
Dont  les  yeux  sont  surpris,  et  les  coeurs  transportes, 
Et  je  n'ai  pu  vous  voir,  parfaite  creature, 
Sans  admirer  en  vous  I'auteur  de  la  nature, 
Et  d'une  ardente  amour  sentir  mon  coeur  atteint, 
Au  plus  beau  des  portraits  ou  lui-meme  il  s'est  peint. 
D'abord  j'appre'hendai  que  cette  ardeur  secrete 
Ne  fut  du  noir  esprit  une  surprise  adroite  ; 
Et  meme  a  fuir  vos  yeux  mon  coeur  se  resolut 
Vous  croyant  un  obstacle  a  faire  mon  salut. 
Mais  enfin  je  connus,  6  beaute  tout  aimable. 
Que  cette  passion  pent  n'etre  point  coupable, 
Que  je  puis  I'ajuster  avecque  la  pudeur, 
Et  c'est  ce  qui  m'y  fait  abandonner  mon  coeur. 


8c.  III.]  TARTUFFE  67 

Tab.  Heavens !  how  marvellous  is  the  workmanship 
of  this  lace !  Work  nowadays  is  wonderfully 
skilful  ;  one  could  not  imagine  anything  more 
beautifully  made. 

Elm.  It  is  true.  But  let  us  talk  a  little  about  our 
business.  They  say  my  husband  wishes  to  break 
his  word  and  give  you  his  daughter.  Tell  me,  is 
it  true  ."* 

Tab.  He  did  just  mention  it ;  but,  Madame,  to  tell 
you  the  truth,  thatJsjiatJJieJiaBJUJi«sa»£Qi_ffiliich 
I  sigh  ;  I  see  elsewjberfi,  the  perfect  attractions  of 
that  bliss  which  is  the  end  of  alf  my-^sirea. 

Elm.  That  is  because  you  have  no  love  for  the  things 

of  the~eMth.  - ' 

Tab.  My  Ibreast  does  not  contain  a  heart  of  flint.    ___ 

Elm.  I  quite  believe  all  your  sighs  tend  heaven- 
wards, and  that  nothing  here  below  satisfies  your 
desires. 

Tab.  Our  love  for  the  beauty  which  is  eternal  does 
not  stifle  in  us  the  love  for  things  fleeting ;  our 
senses  can  easily  be  charmed  with  the  perfect  works 
which  heaven  has  created.  Its  reflected  loveliness 
shines  forth  in  such  as  are  like  you  ;  but  in  you 
yourself  it  displays  its  choicest  wonders.  It  has 
lavished  on  your  face  a  beauty  which  dazzles  the 
eyes  and  transports  the  heart,  and  I  am  unable  to 
gaze'  on  you,  you  perfect  creature,  without  adoring 
in  you  the  author  of  nature,  and  withou]:  feeling'  my 
heariL-agized-  with  a  passionate  laxa_£aiL_tlifi_most 
beautiful  of  the  portraits  in  which  he  has  delineated 
himself.  At  first  I  feared  lest  this  secret  tender- 
ness might  be  but  an  artful  assault  of  the  evil  one ; 
and  my  heart  even  resolved  to  flee  from  your  eyes, 
fearing  you  might  be  a  stumbling-block  in  the  way 
of  my  salvation.  But  at  last  I  learnt,  ah  !  most 
entrancing  beauty,  that  this  passion  need  not  be  a 
guilty  one,  that  I  could  reconcile  it  with  modesty, 
and  so  I  have  let  my  heart  give  way  to  it.     It  is,  I 


68  LE  TARTUFFE  [aote  hi. 

Ce  m'est,  je  le  confesse,  une  audace  bien  grande 
Que  d'oser  de  ce  coeur  vous  adresser  I'ofFrande  ; 
Mais  j 'attends  en  mes  vceux  tout  de  votre  bonte, 
Et  rien  des  vains  efforts  de  mon  infirmite  ; 
En  vous  est  mon  espoir,  mon  bien,  ma  quie'tude, 
De  vous  depend  ma  peine  ou  ma  beatitude, 
Et  je  vais  etre  enfin,  par  votre  seul  arret, 
Heureux,   gi   vous   voulez,  malheureux,   s'il   vous 
plait. 

Elm.  La  declaration  est  tout  a  fait  galante, 
Mais  elle  est,  a  vrai  dire,  un  peu  bien  surprenante. 
Vous  deviez,  ce  me  semble,  armer  mieux  votre  sein, 
Et  raisonner  un  peu  sur  un  pareil  dessein. 
Un  devot  comme  vous,  et  que  partout  on  nomme  .  .  . 

Tar.  Ah  !    pour  etre  de'vot,  je  n'en  suis  pas  moins 
homme ; 
Et  lorsqu'on  vient  a  voir  vos  celestes  appas, 
Un  coeur  se  laisse  prendre,  et  ne  raisonne  pas. 
Je  sais  qu'un  tel  discours  de  moi  parait  etrange ; 
Mais,  Madame,  apres  tout,  je  ne  suis  pas  un  ange  ; 
Et  si  vous  condamnez  I'aveu  que  je  vous  fais, 
Vous  devez  vous  en  prendre  a  vos  charmants  attraits. 
Des  que  j'en  vis  briller  la  splendeur  plus  qu'humaine, 
De  mon  interieur  vous  futes  souveraine  ; 
De  vos  regards  divins  I'ineffable  douceur 
For§a  la  resistance  ou  s'obstinait  mon  coeur ; 
Elle  surmonta  tout,  jeunes,  prieres,  larmes, 
Et  tourna  tons  mes  voeux  du  cote  de  vos  charmes. 
Mes  yeux  et  mes  soupirs  vous  I'ont  dit  mille  fois, 
Et  pour  mieux  m'expliquer  j'emploie  ici  la  voix. 
Que  si  vous  contemplez  d'une  ame  un  peu  benigne 
Les  tribulations  de  votre  esclave  indigne, 
S'il  faut  que  vos  bontes  veuillent  me  consoler 
Et  jusqu'a  mon  neant  daignent  se  ravaler, 
J'aurai  toujours  pour  vous,  6  suave  merveille, 
Une  devotion  a  nulle  autre  pareille. 
Votre  honneur  avec  moi  ne  court  point  de  hasard, 
Et  n'a  nulle  disgrace  a  craindre  de  ma  part. 
Tons  ces  galants  de  cour,  dont  les  femmes  sent 
folles, 


sc.  III.]  TARTUFFE  69 

own,  a  very  great  presumption  in  me  to  dare  to  offer 
you  this  heart ;  but  my  love  expects  everything 
from  your  kindness,  and  nothing  from  the  vain  ' 
efforts  of  my  weakness.  Injrou  ia_myi__hope,  mj 
happiness,  my  peace,  on  ynii  Idftppjids  my  torment 
orntnyL  bliss ;  in  truth,  I  shall  be  happy  if  you  will 
it,  or  unhappy  if  such  be  your  pleasure :  you  are 
thjofllfi-arliitress. 

Elm,  The  declaration  is  most  gallant,  but  it  is  cer- 
tainly a  little  surprising.  I  think  you  ought  to 
have  guarded  your  heart  more  carefully,  and  have 
reflected  a  little  upon  such  a  design.  A  pious  man 
like  you,  whose  name  is  in  every  one's  rfiouth  .  .  . 

Tar.  -Ah.!  I  may  be  piouSy  but  I  am  none  the_lfi&a.a 
'fL"'        ''"     " 


man ;  and  when  your  heavenly  charms  are  seen 
{EeHieart  surrenders  without  reasoning.  I  know 
BUffh  language  from  mft  must  seem  strange:  but, 
after  all,  Madame,  1  am  not  an  ange],  ai]d^  if  y^]fi 
condemn  my  avowal,  you  must  lay  the  blame  on 
youf  captivating  attractions.  Von  became  the 
queen  of  my  heart  the  moment  your  ethereal 
beauty  first  shone  upon  me  ;  the  ineffable  sweet- 
ness of  your  divine  looks  broke  down  the  resistance 
of  my  obstinate  heart ;  it  overcame  everything — 
fasting,  prayers,  tears,  and  diverted  all  my  thoughts 
to  the  consideration  of  your  charms.  J^jcJooks 
and  my  sighs  have  declared  this  Jo  you^a  thousand 
times,  and  to  make  it  still  clearer  1  now  ^J3~my 
voice.  If  it  should  happen  that  you  would  look 
upon  the  sufferings  of  your  unworthy  slave  a  little 
kindly,  if  you  would  only  of  your  bounty  take 
compassion  upon  me  and  deign  to  stoop  even  to 
my  insignificance,  1  should  ever  have  for  you,  ah  ! 
miracle  of  grace,  a  devotion  beyond  comparison. 
With  me  your  reputation  is  not  in  danger,  and  you 
need  not  fear  any  disgrace  from  me.  AH  those 
court  gallants  upon  whom  women  dote  are  noisy 
in  their  doings  and  boastful  in  their  talk,  ceaselessly 
bragging  of  their  successes ;  they  do  not  receive  any 


70  LE  TARTUFFE  [actb  iu. 

Sont  bruyants  dans  leurs  faits  et  vains  dans  leura 

paroles, 
De  leurs  progres  sans  cesse  on  les  voit  se  targuer ; 
lis  n'ont  point  de  faveurs  qu'ils  n'aillent  divulguer, 
Et  leur  langue  indiscrete,  en  qui  Ton  se  confie, 
Deshonore  I'autel  ou  leur  coeur  sacrifie. 
Mais  les  gens  comme  nous  brulent  d'un  feu  discret, 
Avec  qui  pour  to uj  ours  on  est  sur  du  secret : 
Le  soin  que  nous  prenons  de  notre  renommee 
R^pond  de  toute  chose  a  la  personne  aimee, 
Et    c'est  en  nous  qu'on  trouve,  acceptant  notre 

coeur, 
De  I'amour  sans  scandale  et  du  plaisir  sans  peur. 
Elm.  Je  vous  ecoute  dire,  et  votre  rhetorique 
En  termes  assez  forts  a  mon  ame  s'explique. 
N'apprehendez-vous  point  que  je  ne  sois  d'humeur 
A  dire  a  mon  mari  cette  galante  ardeur, 
Et  que  le  prompt  avis  d'un  amour  de  la  sorte 
Ne  put  bien  alterer  I'amitie  qu'il  vous  porte  ? 
Tau.  Je  sais  que  vous  avez  trop  de  benignite', 
Et  que  vous  ferez  grace  a  ma  temerite. 
Que  vous  m'excuserez  sur  I'humaine  faiblesse 
Des  violents  transports  d'un  amour  qui  vous  blesse, 
Et  considererez,  en  regardant  votre  air. 
Que  Ton  n'est  pas  aveugle,  et  qu'un  homme  est  de 

chair. 
Elm.  D'autres  prendraient  cela  d'autre  fagon  peut- 

etre; 
Mais  ma  discretion  se  veut  faire  paraitre. 
Je  ne  redirai  point  I'affaire  a  mon  epoux  ; 
Mais  je  veux  en  revanche  une  chose  de  vous : 
C'est  de  presser  tout  franc  et  sans  nulle  chicane 
L'union  de  Valere  avecque  Marians, 
De  renoncer  vous-meme  a  I'injuste  pouvoir 
Qui  veut  du  bien  d'un  autre  enrichir  votre  espoir, 
Et  .  .  . 


so.  III.]  TARTUFFE  71 

favours  which  they  do  not  divulge,  and  their  indis- 
creet tongues,  in  which  people  believe,  dishonour 
the  altar  where  their  hearts  worship.  But  people 
like  ourselves  love  more  discreetly,  and  our  secrets 
are  always  safely  kept.  The  care  which  we  take  of 
our  reputation  is  a  sufficient  safeguard  to  the  woman 
loved,  who  finds,  in  accepting  our  devotion,  love 
without  scandal  and  pleasure  without  fear. 


Elm.  I  have  listened  to  what  you  say,  and  your 
eloquence  expresses  itself  to  me  in  sufficiently  strong 
terms.  Are  you  not  afraid  I  may  be  disposed  to 
tell  my  husband  of  this  ardent  devotion,  and  that 
the  sudden  knowledge  of  such  a  feeling  may  well 
cause  him  to  change  his  friendship  for  you .'' 

Tar..  I  know  you  are  too  gracious,  and  that  you  will 
forgive  my  boldness ;  you  will  excuse,  in  considera- 
tioii  of  human  frailty,  the  passionate  raptures  of  a 
love  which  offends  you,  and  you  will  consider,  when 
you  look  in  your  mirror,  that  people  are  not  blind, 
and  that  a  man  is  of  the  flesh.  U3&^' 

Elm.  Others  may  perhaps  take  all  this  in  a  different 
way,  but  I  will  exercise  discretion.  I  will  not  speak 
to  my  husband  about  the  matter,  but  I  want  one 
thing  from  you  in  return :  and  that  is,  to  forward 
honestlyand  openly  the  union  of  ValereandMariane, 
and  to  renounce  the  unj  uatjmffip.r  wh  ich  would  enrich 
you  with  what  belongs  to  another,  ant 


72  LE  TARTUFFE  [actb  uu 

Scene  IV 

Damis,  Elmike,  Tartuffk 

Dam.  (sortantdu cabinet  oil  ils'^tait  retire.)  Non,  Madame, 
non  :  ceci  doit  se  repandre. 
J'etais  en  cet  endroit,  d'ou  j'ai  pu  tout  entendre ; 
Et  la  bonte  du  Ciel  m'y  semble  avoir  conduit 
Pour  confondre  I'orgueil  d'un  traitre  qui  me  nuit, 
Pour  m'ouvrir  une  voie  a  prendre  la  vengeance 
De  son  hypocrisie  et  de  son  insolence, 
A  detromper  mon  pere,  et  lui  mettre  en  plein  jour 
L'ame  d'un  scelerat  qui  vous  parle  d' amour. 

Elm.  Non,  Damis :  il  suffit  qu'il  se  rende  plus  sage, 
Et  tache  a  meriter  la  grace  ou  je  m'engage. 
Puisque  je  I'ai  promis,  ne  m'en  dedites  pas. 
Ce  n'est  point  mon  humeur  de  faire  des  eclats  : 
Une  femme  se  rit  de  sottises  pareilles, 
Et  jamais  d'un  mari  n'en  trouble  les  oreilles. 

Dam.  Vous  avez  vos  raisons  pour  en  user  ainsi, 
Et  pour  faire  autrement  j'ai  les  miennes  aussi. 
Le  vouloir  epargner  est  une  raillerie  ; 
Et  I'insolent  orgueil  de  sa  cagoterie 
N'a  triomphe  que  trop  de  mon  juste  courroux, 
Et  que  trop  excite  de  desordre  chez  nous. 
Le  fourbe  trop  longtemps  a  gouverne  mon  pere, 
Et  desservi  mes  feux  avec  ceux  de  Valere. 
II  faut  que  du  perfide  il  soit  desabuse, 
Et  le  Ciel  pour  cela  m'oiFre  un  moyen  aise. 
De  cette  occasion  je  lui  suis  redevable, 
Et  pour  la  ne'gliger,  elle  est  trop  favorable : 
Ce  serait  meriter  qu'il  me  la  vint  ravir 
Que  de  I'avoir  en  main  et  ne  m'en  pas  servir. 

DiiM.  Damis  .  .  . 

Dam.  Non,  s'il  vous  plait,  il  faut  que  je  me  croie. 

Mon  ame  est  maintenant  au  comble  de  sa  joie ; 
Et  vos  discours  en  vain  pretendent  m'obliger 
A  quitter  le  plaisir  de  me  pouvoir  venger. 
Sans  aller  plus  avant,  je  vais  vider  I'affaire  ; 
Et  voici  justement  de  quoi  me  satisfaire. 


I 


60.  IV.]  TARTUFFE  73 


Scene  IV 

Damis,  Elmire,  Tartuffb 

Dam.  (Coming  out  of  the  little  room  in  which  he  had  been 
hiding.)  No,  Madame,  no ;  this  ought  to  be  made 
public.  I  have  been  in  here,  where  I  have  over- 
heard everything ;  and  heaven  in  its  goodness  seems 
to  have  directed  me  here  to  confound  the  pride  of 
a  traitor  who  wrongs  me,^ J:q  point„  out  a^  way  to 
take  vengeance  on  his  hypocrisy  and  his  insolence, 
'loundeceive  my^faEHer  and  to  show  him  plainly  the 
heart  of  the  scoundrel  who  speaks  to  you  of  loye. 

Eiji.  No,  Damis :  it  is  sufficient  that  he  promises  to 
amend  and  tries  to  deserve  the  forgiveness  to  which 
I  have  committed  myself.  Since  I  have  promised  it, 
do  not  make  me  break  my  word.  1  have  no  mind 
to  cause  a  scandal :  a  woman  laughs  at  such  follies, 
and  never  troubles  her  husband's  ears  with  them. 

Dam.  You  have  your  reasons  for  acting  thus  and  I 
have  mine  also  for  dealing  otherwise.  It  is  a 
mockery  to  wish  to  spare  him  ;  the  insolent  pride 
of  his  bigotry  has  lorded  it  over  my  just  anger  but 
too  often,  and  he  has  caused  too  many  troubles  in 
our  house.  The  knave  has  governed  my  father  too 
long,  and  he  has  thwarted  my  love  as  well  as  Valere's. 
It  is  necessary  tiiy  father  should  have  his  eyes  opened 
to  this  treachery,  and  Providence  has  oflFered  me  for 
that  an  easy  opportunity  for  which  I  am  thankful. 
It  is  too  favourable  to  be  neglected ;  and  were  I 
not  to  use  it  whilst  I  have  it  in  my  hands,  I  should 
deserve  to  have  it  snatched  away  from  me. 

Elm.  Damis  .  .  . 

Dam.  No,  by  your  leave,  I  must  take  my  own  counsel. 
My  heart  is  now  overjoyed :  it  is  in  vain  for  you 
to  try  to  persuade  me  to  give  up  the  pleMUrfc-of 
revenging  myself]  I  shall  drsclose  the  affair  with- 
out  delay,  and  here  is  just  the  very  opportunity  I 
want. 


74  LE  TARTUFFE  [actb  hi. 

Sc^NE    V 

Orgon,  Damis,  Tabtuffb,  Elmirb 

Dam.   Nous  allons  regaler,  mon  pere,  votre  abord 
D'un  incident  tout  frais  qui  vous  surprendra  fort. 
Vous  etes  bien  paye  de  toutes  vos  caresses, 
Et  Monsieur  d'un  beau  prix  reconnait  vos  tendresses. 
Son  grand  zele  pour  vous  vient  de  se  declarer  : 
II  ne  va  pas  a  moins  qu'a  vous  deshonorer ; 
Et  je  I'ai  surpris  la  qui  faisait  a  Madame 
L'injurieux  aveu  d'une  coupable  flamme. 
Elle  est  d'une  humeur  douce,  et  son  coeur  trop 

discret 
Voulait  a  toute  force  en  garder  le  secret ; 
Mais  je  ne  puis  flatter  une  telle  impudence, 
Et  crois  que  vous  la  taire  est  vous  faire  une  offense. 

Ex>M.  Oui,  je  tiens  que  jamais  de  tous  ces  vains  propos 
On  ne  doit  d'un  mari  traverser  le  repos. 
Que  ce  n'est  point  de  la  que  I'honneur  peut  de- 

pendre, 
Et  qu'il  suflit  pour  nous  de  savoir  nous  defendre  : 
Ce  sont  mes  sentiments  ;  et  vous  n'auriez  rien  dit, 
Damis,  si  j 'avals  eu  sur  vous  quelque  credit. 


SciNE  VI 

Orqon,  Damis,  Tartuffb 

Org.  Ce  que  je  viens  d'entendre,  6  Ciel !  est-il  cro- 

yable  ? 
Tar.  Oui,  mon  frere,  je  suis  un  mechant,  un  coupable, 

Un  malheureux  pecheur,  tout  plein  d'iniquite, 

Le  plus  grand  scelerat  qui  jamais  ait  ete  ; 

Chaque  instant  de  ma  vie  est  charge  de  souillures  ; 

Elle  n'est  qu'un  amas  de  crimes  et  d'ordures  ; 

Et  je  vols  que  le  Ciel,  pour  ma  punition, 

Me  veut  mortifier  eu  cette  occasion. 


6C.  VI.]  TARTUFFE  7^ 

Scene  V 

Obgon,  Damis,  Tartuffb,  Elmire 

Dam.  Come,  father,  we  will  enliven  your  arrival  with 
an  altogether  novel  and  very  surprising  piece  of 
news.  You  are  well  rewarded  for  all  your  caresses ; 
this  gentleman  amply  recompenses  your  kindness. 
His  great  zeal  for  you  has  just  revealed  itself:  it 
aims  at  nothing  less  than  to  dishonour  yqu.  I  have 
here  overheard  mm  make  shameful  avowal  of  a 
guilty  passion.  She,  being  too  prudent  and  good- 
natured,  insisted  at  all  hazards  upon  keeping  the 
matter  secret ;  but  I  cannot  countenance  such  im- 
pudence, and  I  should  wrong  you  were  I  to  keep 
silence. 

Elm.  Yes,  I  hold  that  it  is  better  never  to  disturb  the 
peace  of  mind  of  one's  husband  by  such  silly  non- 
sense. Honour  does  not  depend  on  the  confession 
of  attacks  upon  it,  and  it  is  enough  for  us  that  we 
know  how  to  protect  ourselves.  These  are  my 
own  sentiments.  You  would  not  have  said  any- 
thing, Damis,  if  I  had  had  more  influence  over  you. 


Scene  VI 

Orqon,  Damis,  Tartuffb 

Org.  What  do  I  hear?    Good  heavens,  is  it  possible? 

Tar.  Yes,  brother,  I  am  a  wicked,  miserable  and 
guilty  sinner,  full  of  iniquity,  the  greatest  wretch 
who  ever  lived.  Every  moment  of  my  life  is  weighed 
down  with  pollution ;  it  is  nothing  but  a  mass  of  ^ 
crime  and  corruption,  and  I  see  that  heaven,  for 
my  punishment,  intends  to  mortify  me  on  this  i 
occasion.     I  throw  away  the  pride  of  self-defence 


76  LE  TARTUFFE  [acte  m. 

De  quelque  grand  forfait  qu'on  me  puisse  reprendre, 
Je  n'ai  garde  d' avoir  I'orgueil  de  m'en  defendre. 
Croyez  ce  qu'on  vous  dit,  armez  votre  courroux, 
Et  comme  un  criminel  chassez-moi  de  chez  vous  : 
Je  ne  saurais  avoir  tant  de  honte  en  partage. 
Que  je  n'en  aie  encor  merite  davantage. 

Org.  (k  son  fils.)   Ah  !  traitre,  oses-tu  bien  par  cette 
faussete' 
Vouloir  de  sa  vertu  ternir  la  purete ; 

Dam.  Quoi  .-*  la  feinte  douceur  de  cette  ame  hypocrite 
Vous  fera  dementir  ....'' 

Org.  Tais-toi,  peste  maudite. 

Tar.  Ah  !  laissez-le  parler  :  vous  I'accusez  a  tort, 

Et  vous  ferez  bleu  mieux  de  croire  a  son  rapport. 

Pourquoi  sur  un  tel  fait  m'etre  si  favorable  ? 

Savez-vouSj  apres  tout,  de  quoi  je  suis  capable  ? 

Vous  fiez-vous,  mon  frere,  a  mon  exterieur  ? 

Et,  pour  tout  ce  qu'on  volt,  me  croyez-vous  meilleur  ? 

Non,  non  :  vous  vous  laissez  tromper  a  I'appareiice, 

Et  je  ne  suis  rien  moins,  helas  !  que  ce  qu'on  pense  ; 

Tout  le  monde  me  prend  pour  un  homme  de  bien ; 

Mais  la  verite  pure  est  que  je  ne  vaux  rien. 
(S'adressant  k  Damis.) 

Oui,  mon  cher  fils,  parlez :  traitez-moi  de  perfide, 

D'infame,  de  perdu,  de  voleur,  d'homicide ; 

Accablez-moi  de  noms  encor  plus  detestes  : 

Je  n'y  contredis  point,  je  les  ai  merites  ; 

Et  j'en  veux  a  genoux  souffrir  I'ignominie, 

Comme  une  honte  due  aux  crimes  de  ma  vie. 

Ro.  (i  Tartuffb.)  Mon  frere,   e'en  est  trop.  (A  son 
fils.)  Ton  coeur  ne  se  rend  point, 

Traitre  ! 
Dah.  Quoi  ?  ses  discours  vous  seduiront  au  point .  .  . 
Org.  Tais-toi,  pendard.  (ATartuffk.)  Mon  frere,  eh! 
levez-vous,  de  grace ! 

(1  son  fils.)  Infame  ! 
Dam.  II  pent  .  .  . 

Org.  Tais-toi. 

Daju.  J'eurage  !    Quoi.''  je  passe 


6c.  VI.]  TARTUFFE  77 

no  matter  what  great  crime  I  may  be  accused  of. 
Believe  what  they  tell  you,  let  your  wrath  take  up 
arms  and  drive  me,  like  a  ci'iminal,  from  your 
house.  I  deserve  even  greater  shame  than  I  shall 
have  in  being  turned  away. 

Org.  (To  his  son.)  Ah  !  you  villain,  how  dare  you  try  \  f^V^^^ 
to  sully  the  purity  of  his  virtue  by  such  false-  LAj^'^iJl^^ 
hoods  ?  /)      /> 

Dam.  What?  Does  the  feigned  meekness  of  this  /A/^v  i^ 
hypocrite  make  you  give  the  lie  to  .  .  .  ? 

Org.  Be  quiet,  you  accursed  plague. 

Tar.  Oh  !  let  him  speak  :  you  chide  him  wrongfully 
and  you  had  much  better  believe  his  story.     WTiy 
be  favourable  to  me  in  the  face  of  such  an  assertion  } 
Are  you  aware,  after  all,  of  what  I  am  capable?       \ 
Why  trust  in  my  bearingr^<>ther  ?     W^hy  believe  ■■ 

me  good  because  of  mioutward  professions  ?\No, 
no;  you  suffer  yourself  to~JJ5"  deceived  by  appear- 
ances,  and  I  am,  alasjjust  what  these  people  tlimk. 
TEe^wofld  takes  me  for  a  worthy  man;  but  the 
simple  trutli  is  that  \  R"i  wnrtVii^gg, 

(Addressing  Damis.) 
Yes,  my  dear  boy,  speak :  accuse  me  of  treachery, 
infamy,  theft,  murder ;  overwhelm  me  with  still 
more  despicable  names.  I  do  not  deny  them,  I 
have  deserved  them  ;  on  my  knees  I  will  bear  the 
shameful  ignominy  due  to  the  sins  of  my  life. 

Org.  (ToTartuffe.)  This  is  too  much,  my  brother. 
(To  his  son.)  Wretch,  does  not  your  heart  relent? 

Dam.  JEh»t?—6«i  his  words  so  far  deceive  you  .  .  .? 

Org.  Hold  your  tongue,  rascal.  (ToTartuff3.)  Oh! 
rise,  my  brother,  I  beseech  you.  (To  his  son.)  In- 
famous scoundrel ! 

Dam.  He  can  .  .  . 

Org.  Be  quiet. 

Dam.  Intolerable  !     What  ?  I  am  taken  for  .  .  . 


78  LE  TARTUFFE  [aotb  in. 

Org.  Si  tu  dis  un  seul  mot,  je  te  romprai  les  bras. 

Tar.  Mon  frere,  au  nom  de  Dieu,  ne  vous  emportez 
pas. 
J'aimerais  mieux  soufFrir  la  peine  la  plus  dure, 
Qu'il  eut  regu  pour  moi  la  moindre  egratignure. 

Org.  (iksonfils.)  Ingrat ! 

Tar.       Laissez-le  en  paix.     S'il  faut,  a  deux  genoux, 
Vous  demander  sa  grace  .  .  . 

Org.  (k  Tartupfe.)  Helas  !  vous  moquez-vous  ? 

(A.  son  fils.)  Coquin  !  vols  sa  bonte. 

Dam.  Done  ... 

Org.  Paix. 

Dam.  Quoi?  je  .  .  . 

Org.  Paix,  dis-je. 

Je  sais  bien  quel  motif  a  I'attaquer  t'oblige  : 
Vous  le  haissez  tous  ;  et  je  vois  aujourd  nui 
Femme,  enfants  et  valets  dechaines  contre  lui ; 
On  met  impudemment  toute  chose  en  usage, 
Pour  oter  de  chez  moi  ce  devot  personnage. 
Mais  plus  on  fait  d'effort  afin  de  Ten  bannir. 
Plus  j'en  veux  employer  a  I'y  mieux  retenir ; 
Et  je  vais  me  hater  de  lui  donner  ma  fille. 
Pour  confondre  I'orgueil  de  toute  ma  famille. 

Dam.  a  recevoir  sa  main  on  pense  I'obliger? 

Org.  Oui,  traitre,  et   des   ce  soir,  pour  vous  faire 
enrager. 
Ah  !  je  vous  brave  tous,  et  vous  ferai  connaitre 
Qu'il  faut  qu'on  m'obeisse  et  que  je  suis  le  maitre. 
Allons,     qu'on     se     retracte,     et    qu'a    I'instant, 

fripon. 
On  se  jette  a  ses  pieds  pour  demander  pardon. 

Dam.  Qui,  moi.''  de  ce  coquin,  qui,  par  ses  impos- 
tures .  .  . 

Org.  Ah  !  tu  resistes,  gueux,  et  lui  dis  des  injures  ! 
Un  baton  !  un  baton !  (A  TARTurFE.)  Ne  me  retenez 

pas. 
(k  son  fils.)  Sus,  que  de  ma  maison  on  sorte  de  ce 

P*^\  .  ...        .    1.      , 

Et  que  d  y  revenir  on  n  ait  jamais  1  audace. 


8C.  VI.]  TARTUFFE  79 

Org.  If  you  say  another  word  I  will  break  every 
bone. 

Tar.  Control  yourself,  my  brother,  in  heaven's  name.     ■ 
I  would  rather  suffer  the  greatest  injui-y  than  that    ><^^ 
he  should  receive  the  slightest  hurt  on  my  account. 

Org.  (To  his  son.)  Ungrateful  wretch  ! 

Tar.  Leave  him  alone.  If  I  must  on  my  knees  ask 
you  to  forgive  him  .  .  . 

ORG.~(T0-^AimTiTE.)  Oh!  you  jest  .^  (To  his  son.)  Ras- 
cal !    See  how  good  he  is. 

Dam.  Then  .  .  . 

Org.  Cease. 

Dam.  What?     I  .  .  . 

Org.  Cease,  I  say.  I  know  well  the  motive  which 
makes  you  accuse  him.  You  all  hate  him  ;  and  I 
now  see  my  wifPj  children  and  jgryantq  all  irn'oncoH 
against_-him.  Youjtry  every  impudent_Jxi«k  to 
drive  this  saintly  person  awayfTXTIfrlnel  But  the 
more  you  sfnvelTq^^M 7him_iiwa^;zt3rac:^reater 
efforts  I  shall  make  to  keep  him  herg^  longer,  and 
I  will  haste  my  dau^hter'^s  "marn^e  to  him  to  crush 
the  pride  of  the  whole  family^ 

Dam.  You  mean  to  force  her  to  take  him .'' 
Org.  Yes,  scoundrel,  this  very  night,  to  confound 
you  all.  Ah  !  I  defy  the  whole  household.  I 
will  let  you  know  I  am  the  master  and  must  be 
obeyed.  You  wretch,  come  and  retract  what  you 
have  said,  and  throw  yourself  instantly  at  his  feet 
to  beg  his  pardon. 

Dam.  Who,  I  ?  Of  this  villain  who,  by  his  impos- 
tures .  .  . 

Org.  Ah  !  you  refuse,  you  scamp,  and  abuse  him 
besides?  A  stick!  A  stick!  (To  Tartuitk.)  Do 
not  prevent  me.  (To  his  son.)  Begone  this  instant  out 
of  my  sight,  and  never  have  the  face  to  set  foot  in 
my  house  again. 


80  LE  TARTUFFE  [actb  hi. 

Dam.  Oui,  je  sortirai ;  mais  .  .  . 

Org.  Vite,  quittons  la  placa 

Je  te  prive,  pendard,  de  ma  succession^ 

Et  te  donne  de  plus  ma  male'diction. 


SciNK  VII 

OllGON,  TaRTUFFE 

Org.  OfFenser  de  la  sorts  une  sainte  personne  ! 
Tar.  O  Ciel,  pardonne-lui  la  douleur  qu'il  me  donne  ! 
(A  Orqon.)  Si  vous  pouviez  savoir  avec  quel  deplaisir 
Je  vois  qu'envers  men  frere  on  tache  a  me  noir- 
cir  .  .  . 
Org.  Helas  ! 

Tar.  Le  seul  penser  de  cette  ingratitude 

Fait  souffrir  a  mon  ume  un  supplice  si  rude  .  .  . 
L'horreur  que  j'en   congois  .  .  .  J'ai   le  cceur  si 

serre, 
Que  je  ne  puis  parler,  et  crois  que  j'en  mourrai. 
Org.  (II  court  tout  en  laniies  k  la  porte  par  ou  il  a  chasae 
sonfila.)  Coquiu  !  je  me  repens  que  ma  main 
t'ait  fait  grace, 
Et  ne  t'ait  pas  d'abord  assommc  sur  la  place. 
Remettez-vous,  mon  frere,  et  ne  vous  fachez  pas. 
Tar.  Rompons,  rompons   le    cours    de    ces    facheux 
debats. 
Je  regarde  ceans  quels  grands  troubles  j'apporte, 
Et  crois  qu'il  est  besoin,  mon  frere,  que  j'en  sorte. 
Org.  Comment?  vous  moquez-vous ? 
Tar.  On  m'y  bait,  et  je  voi 

Qu'on  cherche  a  vous  donner  des  soupgons  de  ma  foi. 
Org.  Qu'importe  .>*     Voyez-vous  que  mon  coeur  les 

ecoute  ? 
Tar.  On  ne  manquera  pas  de  poursuivre,  sans  doute; 
Et  ces  memes  rapports  qu'ici  vous  rejetez 
Peut-etre  une  autre  fois  seront-ils  ecoutes. 
Org.  Non,  mon  frere,  jamais. 


8C.  VII.]  TARTUFFE  81 

Dam.  Yes,  I  will  go ;  but  .  .  . 

Org.  Quick,  leave  the  place.     I  disinherit-  you,  you 
hangdog,  and  curse  you,  as  wellf  j  i  i  Y  ^ 


D 


cvrs"},-^ 


Scene  VII 

Orgon,  Tartuffb 

Org.  To  affront  a  holy  person  in  such  a  manner ! 
Tar.  Oh  Heaven  !  forgive  him  the  pain  he  causes  me. 

(To  Orqok.)  If  you  only  knew  with  what  anguish  I 

see  them  endeavour  tn  hbckfn  my  rhainrh  i  in  the 

eyfts  nt  my  brother  .   .   . 
Org.  Alas ! 
Tar.  The  very  thought  of  such  ingratitude  is  so  great 

a  torture  to  me  that  ,  .  .  The  horror  I  feel  .  .  . 

My  heart  is  tpp  |jijlto  speak,""aud  I  believe  I  shall 

Org.  (He  runs  in  tears  to  the  door  through  which  he  had 
driveahisson.)  Villain!  How  I  regret  J  held  my 
hand  and  that  I  did  not  instantly  make  an  end 
of  you  on  the  spot.  Compose  yourself,  brother, 
and  do  not  grieve. 

Tar.  Let  us  put  an  end  to  these  miserable  disputes. 
I  see  what  great  friction  I  cause  in  this  house,  and 
I  feel  sure  it  is  needful,  my  brother,  that  I  should 
go  away. 

Org.  What  ?    You  are  not  in  earnest } 

Tar.  They  hate  me,  and  I  see  they  will  seek  to  rouse 
suspicions  in  you  as  to  my  integrity. 

Org.  What  doeij  it  mnttoi'  ? — -Du  ^ou"~t.binlf  T.  pay 
any  attention  to  what  they  say  } 

Tar.  Tiiey  will  not  fail  to  continue,  never  fear,  and 
the  same  stories  which  now  you  reject  you  may  at 
another  time  credit. 

Org.  No,  brother,  never.  .  >' J^*  ^ 

F  ':'      ,       \     .-, 


82  LE  TARTUFFE  [acte  iit. 

Tar.  Ah  !  mon  frere^  une  femme 

Ais^ment  d'un  mari  peut  bien  surprendre  I'ame. 

Org.  Non,  non. 

Tar.  Laissez-moi  vite^  en  m'eloignant  d'ici, 

Leur  oter  tout  sujet  de  m'attaquer  ainsi. 

Org.  Noiij  vous  demeurerez :  il  y  va  de  ma  vie. 

Tar,  He  bien!  il  faudra  done  que  je  me  mortifie. 
Pourtant,  si  vous  vouliez  .  .  . 

Org.  Ah ! 

Tar.  Soit :  n'en  parlons  plus. 

Mais  je  sais  comme  il  faut  en  user  la-dessus. 
L'honneur  est  delicat,  et  I'amitie  m'engage 
A  pre'venir  les  bruits  et  les  sujets  d'ombrage. 
Je  fuirai  votre  e'pouse^  et  vous  ne  me  verrez  .  .  , 

Org.  NoDj  en  depit  de  tous  vous  la  frequenterez. 
Faire  enrager  le  monde  est  ma  plus  grande  joie, 
Et  je  veux  qu'a  toute  heure  avec   elle  on  vous 

voie. 
Ce  n'est  pas  tout  encor :    pour  les  mieux  braver 

tous, 
Je  ne  veux  point  avoir  d'autre  heritier  que  vous, 
Et  je  vais  de  ce  pas,  en  fort  bonne  maniere, 
Vous  faire  de  mon  bien  donation  entiere. 
Un  bon  et  franc  ami,  que  pour  gendre  je  prends, 
M'est  bien  plus  cher  que  fils,  que  femme,  et  que 

parents. 
N'accepterez-vous  pas  ce  que  je  vous  propose .'' 

Tar.  La  volonte  du  Ciel  soit  faite  en  toute  chose. 

Org.  Le  pauvre  homme  !     Aliens  vite  en  dresser  un 
ecrit, 
Et  que  puisse  I'envie  en  crever  de  depit ! 

FIN  DU  troisi:emue  acte 


sc.  VII.]  TARTUFFE  83 

Tar.  Oh  !  my  brother,  a  wife  can  very  easily  influence 
the  mind  of  her  husband. 

Org.  No,  no. 

Tab.  Let  me  leave  here  at  once  and  thus  remove  all 
occasion  for  their  attacks. 

Org.  Noj  you  shall  stay  :  my  life  is  at  stake. 

Tar.  Ah  !  well,  then  I  must  mortify  myself.  Never- 
theless, if  you  would  .   .  . 

Org.  Ah  ! 

Tar.  Be  it  so  :  let  us  not  say  anything  more  about  it. 
But  I  know  how  I  must  act  in  the  future.  Honour 
is  a  delicate  matter,  and  friendship  enjoins  me  to 
prevent  reports  and  not  to  give  cause  for  suspicion. 
I  will  shun  your  wife,  and  you  shall  not  see  me  .  ,  . 

Org.  No.    You  shall  see  her  frequently  in  spite  of 
every  one.     I  desire  nothing  more  than  to  annoy 
people  and  I  wish  her  to  be  seen  in  your  company 
at  all  hours.     Nor  is  this  all :  the  better  to  defy 
them  all  you  shall  /6e  my~sole  heirrand  I  will  go  j^^ 
forthwith  to  arrange  in  due  torm  that  the  whole  of  ^  / 
my  property  shall  be  made  yours.     A  good   and 
faitht'ul  frieiad,  whom  1  take  for  son-in-law,  is  far 
^   dearer  to  me  than  son,  wife,  or  kindred.     Will  you      \ 
not  accept  my  oSeFT 

TAB..,_TlLr  i"iVl  "^  tx^yAn  he  done  in  all  things  !     " 

ORG.^oor  maO  !  Let  us  go  quickly  to  draw  up  the 
deeoT  thenrnay  envy  itself  burst  with  spite. 


END  OF  THE  TBIIID  ACT 


84  LE  TARTUFFE  [acte  iv. 


ACTE    IV 

Sc^NE    I 

Cleante,  Tartuffe 

Cl^an.  Oui,  tout  le  monde  en  parle,  et  vous  m'en 
pouvez  croire, 
L' eclat  que  fait  ce  bruit  n'est  point  a  votre  gloire ; 
Et  je  vous  ai  trouve.  Monsieur,  fort  a  propos. 
Pour  vous  en  dire  net  ma  pensee  en  deux  mots. 
Je  n'examine  point  a  fond  ce  qu'on  expose  ; 
Je  passe  la-dessus,  et  prends  au  pis  la  chose. 
Supposons  que  Damis  n'en  ait  pas  bien  use, 
Et  que  ce  soit  a  tort  qu'on  vous  ait  accuse  : 
N'est-il  pas  d'un  chretien  de  pardonner  I'offense, 
Et  d'eteindre  en  son  coeur  tout  desir  de  vengeance? 
Et  devez-vous  souiFrir,  pour  votre  demele. 
Que  du  logis  d'un  pere  un  fils  soit  exile .'' 
Je  vous  le  dis  encore,  et  parle  avec  franchise, 
II  n'est  petit  ni  grand  qui  ne  s'en  scandalise  ; 
Et  si  vous  m'en  croyez,  vous  pacifierez  tout, 
Et  ne  pousserez  point  les  affaires  a  bout. 
Sacrifiez  a  Dieu  toute  votre  colere, 
Et  remettez  le  fils  en  grace  avec  le  pere. 

Tar.  Helas  !  je  le  voudrais,  quant  a  moi,  de  bon  coeur : 
Je  ne  garde  pour  lui.  Monsieur,  aucune  aigreur ; 
Je  lui  pardonne  tout,  de  rien  je  ne  le  blame, 
Et  voudrais  le  servir  du  meilleur  de  mon  ame  ; 
Mais  I'interet  du  Ciel  n'y  saurait  consentir, 
Et  s'il  rentre  ceans,  c'est  a  moi  d'en  sortir. 
Apres  son  action,  qui  n'eut  jamais  d'egale, 
Le  commerce  entre  nous  porterait  du  scandale  : 
Dieu  sait  ce  que  d'abord  tout  le  monde  en  croirait ! 
A  pure  politique  on  me  I'imputerait ; 
Et  Ton  dirait  partout  que,  me  sentant  coupable, 
Je  feins  pour  qui  m'accuse  un  zele  charitable. 
Que  mon  coeur  I'apprehende  et  veut  le  manager. 
Pour  le  pouvoir  sous  main  au  silence  engager. 


go.  I.]  TARTUFFE  85 

ACT    IV 

Scene  I 

Cli6ante,  Tartuffe 

Clean.  Indeed^  you  may  believe  me,  everybody  is 
talking  about  it.  The  scandal  which  this  rumour 
makes  is  not  to  your  credit.  I  have  met  you. 
Monsieur,  very  seasonably,  and  I  can  tell  you  plainly 
my  view  of  the  matter,  in  two  words.  I  do  not 
sift  these  reports  to  the  bottom ;  1  pass  them  by 
and  admit  the  worst  view  of  the  case.  Let  us 
grant  that  Damis  has  not  acted  wisely,  and  it  may 
be  you  have  been  accused  in  error:  does  it  not 
become  a  Christian  to  forgive  the  offence  and 
to  extinguish  in  him  every  desire  for  vengeance  ? 
And,  because  of  your  quarrel,  ought  you  to  suffer 
a  father  to  drive  a  son  out  of  his  house .''  I  repeat 
it,  and  1  tell  you  candidly,  high  and  low  are  scan- 
dalised by  it.  If  you  take  my  advice,  you  will 
make  peace  and  not  push  matters  to  extremes. 
Make  an  offering  to  God  of  all  your  resentment, 
and  restore  the  son  to  the  father's  favour. 

Tar.  Alas  !  So  far  as  I  am  concerned  I  would  do  so 
with  all  my  heart.  I  do  not  bear  him  any  ill-will. 
Monsieur,  I  forgive  him  everything.  I  do  not  blame 
him  for  anything.  I  would  serve  him  to  the  best 
of  my  power.  But  the  interests  of  heaven  cannot 
consent  to  it ;  and  if  he  returns  home  I  must  go 
away.  After  his  unparalleled  behaviour  intercourse 
betwpftn  "°  wf»il/i  giyo  ^ig^j.  tn  cfo-nHQl  Heaven 
knows  what  every  one  would  think  of  it  at  once  ! 
ITiey  would  impute  it  to  sheer  policy  on  my  part, 
and  it  would  be  said  everywhere  that,  knowing 
myself  to  be  guilty,  I  affect  a  charitable  zeal  for 
my  accuser ;  that  I  am  afraid  of  him ;  and  that  J 
wish  to  conciliate  him  in  order  to  bribe  him  in  an 
underhand  manner  to  silence. 


/ 


86  LE  TARTUFFE  [actb  it. 

Clean.  Vous  nous  payez  ici  d'excuses  colorees, 
Et  toutes  vos  raisous,  Monsieur,  sont  trop  tirees. 
Des  interets  du  Ciel  pourquoi  vous  chargez-vous  ? 
Pour  punir  le  coupable  a-t-il  besoin  de  nous  ? 
Laissez-lui,  laissez-lui  le  soin  de  ses  vengeances  ; 
Ne  songez  qu'au  pardon  qu'il  present  des  offenses ; 
Et  ne  regardez  point  aux  jugements  humains, 
Quand  vous  suivez  du  Ciel  les  ordres  souverains. 
Quoi  ?  le  faible  interet  de  ce  qu'on  pourra  croire 
D'une  bonne  action  empechera  la  gloire  ? 
Non,  non  :  faisons  toujours  ce  que  le  Ciel  prescrit, 
Et  d'aucun  autre  soin  ne  nous  brouillons  I'esprit. 

Tar.  Je  vous  ai  deja  dit  que  mon  coeur  lui  pardonne, 
Et  c'est  faire,  Monsieur,  ce  que  le  Ciel  ordonne  ; 
Mais  apres  le  scandale  et  I'affront  d'aujourd'hui, 
Le  Ciel  n'ordonne  pas  que  je  vive  avec  lui. 

CliSan.   Et   vous    ordonne-t-il.    Monsieur,    d'ouvrir 
I'oreille 
A  ce  qu'un  pur  caprice  a  son  pere  conseille, 
Et  d' accepter  le  don  qui  vous  est  fait  d'un  bien 
Ou  le  droit  vous  oblige  a  ne  pretendre  rien  ? 

Tar.  Ceux  qui  me  connaitront  n'auront  pas  la  pensee 
Que  ce  soit  un  effet  d'une  ame  interessee. 
Tous  les  biens  de  ce  monde  ont  pour  moi  peu  d'appas, 
De  leur  eclat  trompeur  je  ne  m'eblouis  pas  ; 
Et  si  je  me  resous  a  recevoir  du  pere 
Cette  donation  qu'il  a  voulu  me  faire, 
Ce  n'est,  a  dire  vrai,  que  parce  que  je  crains 
Que  tout  ce  bien  ne  tombe  en  de  mechantes  mains, 
Qu'il  ne  trouve  des  gens  qui,  I'ayant  en  partage. 
En  fassent  dans  le  monde  un  crimiuel  usage, 
Et  ne  s'en  servent  pas,  ainsi  que  j'ai  dessein. 
Pour  la  gloire  du  Ciel  et  le  bien  du  prochain. 

Cl^an.  He,    Monsieur,    n'ayez    point    ces    delicates 
craintes, 
Qui  d'un  juste  heritier  peuvent  causer  les  plaintes ; 
Souffrez,  sans  vous  vouloir  embarrasser  de  rien, 
Qu'il  soit  a  ses  perils  possesseur  de  sou  bien ; 
£t  songez  qu'il  vaut  mieux  encor  qu'il  en  mesuse, 


sc.  I.]  TAllTUFFE  87 

CtiiiAN.^XQU  are  putting_us_  off,  Moiisieux^with_sham 
excuses.  All  your  arguments  are  too  far-fetched. 
Wliy  do  you  take  upon  yourself  the  interests  of 
heaven?  Cannot  it  punish  sinners  without  our 
help?  Leave  vengeance  to  it,  leave  vengeance  to 
it,  and  rememher  only  the  forgiveness  which  it  ^ 
directs  towards  offences.  Do  not  trouble  yourself  '^^\ 
about  men's  judgments  when  you  follow  the  sove- 
reign edicts  of  heaven.  What  ?  Shall  the  paltry 
fear  of  men's  opinion  prevent  the  accomplishment 
of  a  good  deed  ?  No,  no ;  let  us  always  do  what 
heaven  commands,  and  not  trouble  our  minds  with 
any  other  care. 

Tar.  I  have  already  told  you.  Monsieur,  that  I  for- 
give him  as  heaven  enjoins.  But,  after  the  scandal 
and  insult  of  to-day,  heaven  does  not  ordain  that 
I  should  live  with  him. 

Clean.  And  does  it  require  you.  Monsieur,  to  lend 
your  ears  to  what  a  mere  whim  dictates  to  his 
father,  and  to  accept  the  gift  which  is  made  you  of 
a  property  to  which  in  justice  you  cannot  pretend 
to  have  any  claim? 

TabT  inose  who  know  me  will  not  think  I  act 
^m  iaterestad  motives.  All  the  riches  of  this 
world  have  few  attractions  for  me.  I  am  not 
dazzled  by  their  false  glitter.  IFI  bring  myself  to 
take  this  gift  which  the  father  wishes  to  make  to 
me,  it  is  merely  because  I  fear  all  thisjcealth  will 
fall  into  wicked  hands,  and  that  it  will  be  shared 
oiily  by  those  wTro~willput  it  hgre  to  bad  uses,  and 
nnt.  p.mplny  it^  as-T  proposfi.  to  do,  for  the  glory  of 
heaven  and  the  well-being  of  my  fellow-men. 


Cii^AN.  Ah!  Monsieur,  do  not  entertain  these  delicate 
scruples,  which  may  give  ground  of  complaint  to  a 
rightful  heir.  Allow  him,  without  giving  yourself 
any  anxiety,  to  enjoy  his  rights  at  his  own  peril ; 
and  consider  that  it  is  far  better  for  him  to  make 
a  bad  use  of  it  than   that  people  should  accuse. 


88  LE  TARTUFFE  [actb  iv. 

Que  si  de  Ten  frustrer  il  faut  qu'on  vous  accusQ 
J'admire  seulement  que  sans  confusion 
Vous  en  ayez  souffert  la  proposition  ; 
Car  enfin  le  vrai  zele  a-t-il  quelque  maxime 
Qui  montre  a  depouiller  Theritier  legitime  ? 
Et  s'il  faut  que  le  Ciel  dans  votre  coeur  ait  mis 
Un  invincible  obstacle  a  vivre  avec  Damis, 
Ne  vaudrait-il  pas  mieux  qu'en  personne  discrete 
Vous  fissiez  de  ceans  une  honnete  retraite. 
Que  de  souffrir  ainsi^  contre  toute  raison, 
Qu'on  en  chasse  pour  vous  le  fils  de  la  maison  ? 
Croyez-moi,  c'est  donner  de  votre  prud'homie. 
Monsieur  .  .  . 

Tar.  II  est.  Monsieur,  trois  heures  et  demie  : 

Certain  devoir  pieux  me  demande  la-haut, 
Et  vous  m'excuserez  de  vous  quitter  si  tot. 

Cl^n.  Ah! 


Sc]6;ne  II 

Elmire,  Mariane,  Dorine,  CliSantb 

Dor.  De  grace,  avec  nous  employez-vous  pour  elle. 
Monsieur  :  son  ame  souflFre  une  douleur  mortelle  ; 
Et  I'accord  que  son  pere  a  conclu  pour  ce  soir 
La  fait,  a  tous  moments,  entrer  en  desespoir, 
II  va  venir.     Joignons  nos  efforts,  je  vous  prie, 
Et  tachons  d'ebranler,  de  force  ou  d'industrie, 
Ce  malheureux  dessein  qui  nous  a  tous  troubles. 

SciNE  III 

Orgon,  EiiMiRB,  Marians,  CliSantb,  Dorinb 

Org.  Ha  !  je  me  rejouis  de  vous  voir  assembles  : 
(AMariank.)  Je  porte  en  ce  contrat  de  quoi  voua 

faire  rire, 
Et  vous  savez  deja  ce  que  cela  veut  dire. 


8C.  III.]  TARTUFFE  89 

^oi^  nf  defrauding  him  of  it.  I  only  wonder  you 
could  have  suffered  unblushingly  such  a  proposal  to 
be  made  you.  For,  in  truths  do  we  find  among  the 
maxims  of  true  piety  one  which  teaches  how  to 
plunder  a  lawful  heir?  And,  if  it  is  a  fact  that 
heaven  has  put  in  your  heart  an  invincible  obstacle 
against  your  living  with  Damis,  would  it  not  be 
better  for  you,  as  a  discreet  person,  honourably  to 
retire  from  this  house,  rather  than  to  allow  the  son 
of  the  house  to  be  turned  ont  nf  it^  aga^nct  all 
in<i<mm^  (tri  yniif  account,'^  Relieve  me^  Monsieur, 
it  would  give  a  proof  of  your  probity  .  .  . 

Tar.  Monsieur,  it  is  half-past  three :  a  certain  reli- 
gious exercise  calls  me  upstairs ;  pray  excuse  me 
for  leaving  you  so  soon. 

Cl^an.  Ah! 


Scene  II 

Elmirb,  Mariane,  Dorine,  CiAante 

Dor.  For  pity's  sake  join  us  in  all  we  do  for  her, 
Monsieur.  She  is  suffering  great  misery,  and  the 
agreement  which  her  father  has  concluded  for  to- 
night drives  her  every  moment  to  despair.  Here 
he  comes.  Let  us  unite  our  efforts,  I  beseech  you, 
to  try,  either  by  force  or  by  skill  to  frustrate  this 
unhappy  design  which  causes  us  all  this  trouble. 


Scene  III 

Orgon,  EiiMiRE,  Mariane,  Cl^nte,  Dorine 

Org.  Ah !  I  am  delighted  to  find  you  all  here. 
(To  Mariane.)  I  have  something  in  this  document 
which  will  please  you :  you  know  already  what  I 
mean. 


90  LE  TARTUFFE  [actb  iv. 

Mar.  (igenoux.)  Mon  pere,  au  nom  du  Ciel  qui  con- 
nait  ma  douleur, 
Et  par  tout  ce  qui  peut  emouvoir  votre  coeur, 
Relachez-vous  un  peu  des  droits  de  la  naissance, 
Et  dispensez  mes  voeux  de  cette  obeissance  ; 
Ne  me  re'duisez  point  par  cette  dure  loi 
Jusqu'a  me  plaindre  au   Ciel  de  ce  que  je  vous 

doi, 
Et  cette  vie,  he'las  !  que  vous  m'avez  donnee, 
Ne  me  la  rendez  pas,  mon  pere,  infortune'e. 
Si,  centre  un  doux  espoir  que  j'avais  pu  former, 
Vous  me  de'fendez  d'etre  a  ce  que  j'ose  aimer, 
Au  moins,  par  vos  bontes,  qu'a  vos  genoux  j 'implore, 
Sauvez-moi  du  tourment  d'etre  a  ce  que  j'abhorre, 
Et  ne  me  portez  point  a  quelque  de'sespoir. 
En  vous  servant  sur  moi  de  tout  votre  pouvoir. 
Org.  (ae  sentant  attendrir. )  Allons,  ferme,  mon  coeur, 

point  de  faiblesse  humaine. 
Mar.  Vos  tendresses  pour  lui  ne  me  font  point  de 
peine ; 
Faites-les  eclater,  donnez-lui  votre  bien, 
Et,  si  ce  n'est  assez,  joignez-y  tout  le  mien: 
J'y  consens  de  bon  coeur,  et  je  vous  I'abandonne  ; 
Mais  au  moins  n'allez  pas  jusques  a  ma  personne, 
Et  soufFrez  qu'un  convent  dans  les  austerites 
Use  les  tristes  jours  que  le  Ciel  m'a  comptes. 
Org.  Ah  !  voila  justement  de  mes  religieuses, 

Lorsqu'un  pere  combat  leurs  flammes  amoureuses  ! 
Debout  ]    Plus  votre  coeur  repugne  a  I'accepter, 
Plus  ce  sera  pour  vous  matiere  a  meriter  : 
Mortifiez  vos  sens  avec  ce  mariage, 
Et  ne  me  rompez  pas  la  tete  davantage. 
Dor.  Mais  quoi  .  .  .? 

Org.  Taisez-vous,  vous ;  parlez  a  votre  ecot : 

Je  vous  de'fends  tout  net  d'oser  dire  un  seul  mot. 

Cl]6an.  Si  par  quelque   conseil  vous   souffrez  qu'on 

reponde  .  .  . 
Org.  Mon  frere,  vos  conseils  sont  les  meilleurs  du 

monde, 


sc.  III.]  TARTUFFE  91 

Mab.  (on  her  knees.)  Father,  in  the  name  of  that  heaven 
which  knows  my  grief,  in  the  name  of  everything 
that  can  move  your  heart,  forego  a  little  of  a 
father's  rights  and  do  not  exact  this  ohedience  from 
me.  Do  not  compel  me,  by  this  harsh  command, 
to  reproach  heaven  with  my  duty  to  you  ;  do  not, 
oh  my  father,  render  most  miserable  the  life  which, 
alas !  you  gave  me.  If,  contrary  to  the  sweet 
hopes  I  had  cherished,  you  forbid  me  to  belong  to 
the  one  whom  I  have  dared  to  love,  I  implore  you 
on  my  knees  at  least,  of  your  goodness,  to  spare  me 
the  horror  of  br1nnjmT^to_mir  Thnm  T  ahhfir  Do 
not  drive  me  to  despair  By^xerting  all  your  autho- 
rity over  me. 


Org.  (feeling himself  Boften.)  Be  firm,  my  heart;  none 
of  this  human  weakness. 

Mab.  r  do  notfeel  aggrieved  at  your  tenderness  for 
him ;  indulge  in  it,  give  him  your  wealth,  and,  if 
that  is  not  enough,  add  all  mine  to  it :  I  consent 
with  all  my  heart  and  give  it  to  you.  But,  at 
least,  do  not  go  so  far  as  to  include  my  person,  let 
me  wear  out  in  the  hardships  of  a  convent  the  rest 
of  the  sad  days  that  heaven  has  allotted  to  me. 

Org.  Ah  !  girls  always  wish  to  become  nuns  when  a 
father  crosses  their  love-sick  inclinations.  Get 
up  :  the  more  your  heart  recoils  from  accepting  the 
offer,  the  greater  will  be  your  merit.  Mortify  your 
senses  by  this  marriage,  and  do  not  trouble  me  any 
further. 

Dob.  But  what  .  .  .  ? 

Org.  You  hold  your  tongue :  mind  your  own  busi- 
ness. I  absolutely  forbid  you  to  dare  to  say  a  single 
word. 

Cl^an.  If  you  will  allow  me  to  speak  and  advise  .  . 

Org.  Brother,  your  advice  is  the  best  in  the  world. 


t 


92  LE  TARTUFFE  [actf  iv. 

lis  sont  bien  raisonnes,  et  j'en  fais  un  grand  cas  ; 
Mais  V0U8  trouverez  bon  que  je  n'en  use  pas. 

Erjtf,  (k.  son  mari.)  A  voir  ce  que  je  vois,  je  ne  sais  plus 
que  dire, 
Et  votre  aveuglement  fait  que  je  vous  admire : 
C'est  etre  bien  coiffe,  bien  prevenu  de  lui, 
Que  de  nous  dementir  sur  le  fait  d'aujourd'hui. 

Org.  Je  suis  votre  valet,  et  crois  les  apparences  : 
Pour  mon  fripon  de  fils  je  sais  vos  complaisances, 
Et  vous  avez  eu  peur  de  le  desavouer 
Du  trait  qu'a  ce  pauvre  homme  il  a  voulu  jouer ; 
Vous  etiez  trop  tranquille  enfin  pour  etre  crue, 
Et  vous  auriez  paru  d'autre  maniere  emue. 

Elm.  Est-ce  qu'au  simple  aveu  d'un  amoureux  trans- 
port 
II  faut  que  notre  honneur  se  gendarme  si  fort.^ 
Et  ne  peut-on  repondre  a  tout  ce  qui  le  touche 
Que  le  feu  dans  les  yeux  et  I'injure  a  la  bouche  ? 
Pour  moi,  de  tels  propos  je  me  ris  simplement, 
Et  I'eclat  la-dessus  ne  me  plait  nuUement ; 
J'aime    qu'avec    douceur    nous     nous     montrions 

sages, 
Et  ne  suis  point  du  tout  pour  ces  prudes  sauvages 
Dont  I'honneur  est  arme  de  griiFes  et  de  dents, 
Et  veut  au  moindre  mot  devisager  les  gens  : 
Me  preserve  le  Ciel  d'une  telle  sagesse  ! 
Je  veux  une  vertu  qui  ne  soit  point  diablesse, 
Et  crois  que  d'un  refus  la  discrete  froideur 
N'en  est  pas  moins  puissante  a  rebuter  un  coeur. 

Org.  Enfin  je  sais  I'affaire  et   ne   prends   point  le 
change. 

Elm.  J'admire,  encore  un  coup,  cette  faiblesse  etrange. 
Mais  que  me  repondrait  votre  incred\ilit^ 
Si  je  vous  faisais  voir  qu'on  vous  dit  verite.^ 

Org.  Voir? 

EiiH.  Qui. 

Org.  Chansons. 

Elm.  Mais  quoi  ?  si  je  trouvais  maniere 

De  vous  le  faire  voir  avec  pleine  lumiere  ? 

Org.  Contes  en  I'air. 


Bc.  III.]  TARTUFFE  93 

and  I  value  it  highly  :  you  will  permit  me^  however, 
not  to  take  it. 

Elm.  (To  Obgon.)  In  the  face  of  all  this  I  do  not  know 
I  can  say  more  than  that  I  am  astonished  at  your 
blindness.  You  must  be  quite  bewitched  with  the 
man  and  altogether  prejudiced  in  his  favour,  to  deny 
the  truth  of  what  we  tell  you  took  place  to-day. 

Org.  I  am  your  humble  servant,  l^ut  I  judge  by  -jkr 
appparanp.Pifi.  I  know  how  lenient  you  are  towards 
my  rascal  of  a  son,  and  you  were  afraid  to  disown 
the  trick  which  he  wished  to  play  on  the  poor 
fellow.  In  fact,  you  took  it  too  calmly  to  be  believed. 
You  should  have  been  a  little  more  disturbed. 

Elm.  Is  it  necessary  one's  honour  should  take  up 
arms  so  furiously  at  a  simple  declaration  of  tender 
feelings  ?  Is  it  not  possible  to  give  a  fitting  answer 
without  anger  in  the  eyes  and  invective  on  the 
lips.''  For  myself,  I  simply  laugh  at  such  talk; 
it  does  not  please  me  to  make  a  noise  about  it. 
I  prefer  to  show  that  prudence  can  be  accompanied 
by  gentleness.  I  am  not  at  all  like  the  savage 
prudes  who  defend  their  honour  with  tooth  and 
nail,  and  who  are  ready,  at  the  slightest  word,  to 
tear  a  man's  eyes  out.  Heaven  preserve  me  from 
such  discretion  !  I  prefer  a  virtue  that  has  nothing 
of  the  tigress  about  it,  and  I  believe  a  quiet  and 
cold  rebuff  is  not  less  efficient  in  repelling  an 
advance. 

Org.  Nevertheless,  I  understand  the  whole  affair  and 
I  will  not  be  imposed  upon. 

Elm.  Once  more,  I  wonder  at  this  strange  weakness : 
but  what  answer  would  your  incredulity  give  me, 
if  I  made  you  see  we  have  told  you  the  truth  } 

Org.  See? 

Elm.  Yes. 

Org.  Nonsense. 

Elm.  Never  mind !  Suppose  I  found  a  way  of  con- 
vincing you  irresistibly  ? 

Org.  Moonshine. 


94  LE  TARTUFFE  [actb  iv. 

Elm.  Quel  homme  !     Au  moins  repondez-moi. 

Je  ne  vous  parle  pas  de  nous  ajouter  foi ; 

Mais  supposons  ici  que,  d'un  lieu  qu'on  peut  prendre, 

On  vous  fit  clairement  tout  voir  et  tout  entendre. 

Que  diriez-vous  alors  de  votre  homme  de  bien  ? 
Org.  En  ce  cas,  je  dirais  que  .  .  .  Je  ne  dirais  rien. 

Car  cela  ne  se  peut. 
Elm.  L'erreur  trop  lon^emps  dure, 

Et  c'est  trop  condamner  ma  bouche  d'imposture. 

II  faut  que  par  plaisir,  et  sans  aller  plus  loin, 

De  tout  ce  qu'on  vous  dit  je  vous  fasse  temoin. 
Org.  Soit :  je  vous  prends  au  mot.     Nous  verrons 
votre  adresse, 

Et  comment  vous  pourrez  remplir  cette  promesse. 
Elm.  Faites-le-moi  venir. 
Dor.  Son  esprit  est  ruse, 

Et  peut-etre  a  surprendre  il  sera  malaise. 
Elm.  Non  :  on  est  aisement  dupe  par  ce  qu'on  aime, 

Et  I'amour-propre  engage  a  se  tromper  soi-meme. 

(Parlant  k  Cleante  et  k  Mariane.)      Faites-le-moi  de- 
scend re.     Et  vous,  retirez-vous. 


SciNE  IV 

Elmire,  Orgon 

Elm.  Approchons  cette  table,  et  vous  mettez  dessous. 

Org.  Comment.'' 

Elm.  Vous  bien  caclier  est  un  point  necessaire. 

Org.  Pourquoi  sous  cette  table .'' 

Elm.  Ah,  mon  Dieu  !  laissez  faire : 

J'ai  mon  dessein  en  tete,  et  vous  en  jugerez. 

Mettez-vous  la,  vous  dis-je ;  et  quand  vous  y  serez, 

Gardez    qu'on    ne    vous    voie    et   qu'on   ne  vous 
entende. 
Org.  Je  confesse  qu'ici  ma  complaisance  est  grande ; 

Mais  de  votre  entreprise  il  vous  faut  voir  sortir. 


8c.  IV.]  TARTUFFE  96 

Elm.  What  a  man  you  are  !  At  least,  answer  me. 
I  do  not  ask  you  to  believe  us,  but,  look  here,  sup- 
pose we  found  a  place  where  you  could  plainly  see 
and  hear  everything,  what  would  you  say  then  of 
your  good  man .'' 

Org.  In  that  case  I  should  say  ...  I  should  not  say 
anything,  for  such  a  thing  could  not  be. 

Elm.  Your  delusion  has  lasted  too  long,  and  you 
have  taxed  us  too  much  with  imposture.  You  must, 
to  satisfy  me,  and  without  going  any  further,  be  a 
witness  of  all  that  has  been  told  you. 

Org.  Be  it  so.  I  take  you  at  your  word.  We  will 
see  your  cleverness  and  how  you  can  carry  out  this 
undertaking. 

Elm.  Make  him  come  here. 

Dor.  He  is  very  crafty  and  perhaps  it  will  be  difficult 
to  catch  him. 

Elm.  No  ;  people  are  easily  duped  by  those  whom 
they  love.  Self-love  leads  the  way  to  self-deceit. 
(Speaking  to  CLiiANTE  and  to  Mabiane.)  Tell  him  to 
come  down  to  me.     And  you,  withdraw. 


Scene  IV 
Elmire,  Orgon  Xo*^' 

Elm.  Let  us  bring  this  table  nearer  and  you  go  under 

it. 
Org.   Why? 

Elm.  It  ia  necessary  you  should  be  well  concealed. 
Org.  Why  under  this  table .'' 
Elm.  Oh  !  good  heavens,  never  mind  ;  I  have  thought 

out  my  plan,  and  you  shall  judge  of  it.     Go  under 

there,  I  tell  you  ;  and,  when  you  are  there,  take 

care  you  are  neither  seen  nor  heard. 

Org.  I  must  say  my  complaisance  in  this  matter  is 
great,  but  I  will  see  you  through  with  your  scheme. 


96  LE  TARTUFFE  [actbiv. 

Elm.  Vous  n'aurez,  que  je  crois,  rien  a  me  repartir. 
(A  son  mari  qui  est  sous  la  table.) 
Au  moins,  je  vais  toucher  une  etrange  matiere  ; 
Ne  vous  scandalisez  en  aucune  maniere. 
Quoi  que  je  puisse  dire^  il  doit  m'etre  permis, 
Et  c'est  pour  vous  convaincrej  ainsi  que  j'ai  promis. 
Je  vais  par  des  douceurs^  puisque  j'y  suis  reduite, 
Faire  poser  le  masque  a  cette  ame  hypocrite. 
Flatter  de  son  amour  les  desirs  eiFrontes, 
Et  donner  un  champ  libre  a  ses  temerites. 
Comme  c'est  pour  vous  seul,  et  pour  mieux  le  con- 

fondre, 
Que  mon  ame  a  ses  voeux  va  feindre  de  repondre, 
J'aurai  lieu  de  cesser  des  que  vous  vous  rendrez, 
Et  les  choses  n'iront  que  jusqu'ou  vous  voudrez. 
C'est  a  vous  d'arreter  son  ardeur  insensee, 
Quand  vous  croirez  I'afFaire  assez  avant  poussee, 
D'epargner  votre  femme,  et  de  ne  m'exposer 
Qu'a  ce  qu'il  vous  faudra  pour  vous  desabuser : 
Ce  sont  vos  interets  ;  vous  en  serez  le  maitre, 
Et  .    .    .    L'on  vient.      Tenez-vous,  et  gardez  de 

paraitre. 

SciNE  V 

Tabtuffb,  Elmibg,  Obgon 

Tar.  On  m'a  dit  qu'en  ce  lieu  vous  me  vouliez  parler. 

EiiM.  Oui.     L'on  a  des  secrets  a  vous  y  reveler. 
Mais  tirez  cette  porte  avant  qu'on  vous  les  dise, 
Et  regardez  partout  de  crainte  de  surprise. 
Une  affaire  pareille  a  celle  de  tantot 
N'est  pas  assurement  ici  ce  qu'il  nous  faut. 
Jamais  il  ne  s'est  vu  de  surprise  de  meme  ; 
Damis  m'a  fait  pour  vous  une  frayeur  extreme, 
Et  vous  avez  bien  vu  que  j'ai  fait  mes  efforts 
Pour  rompre  son  dessein  et  calmer  ses  transports. 
Mon  trouble,  il  est  bien  vrai,  m'a  si  fort  possedee. 
Que  de  le  dementir  je  n'ai  point  eu  I'ide'e ; 


sc.  v.]  TARTUFFE  97 

Elm.  You  will  not  have  anything  with  which  to 
reproach  me,  that  I  swear.  (To  her  husband,  under  the 
table.)  Now  mind  !  I  am  going  to  speak  on  a  strange 
subject  and  you  must  not  be  shocked  in  any  way. 
As  I  have  undertaken  to  convince  you,  I  must  be 
allowed  to  say  whatever  I  choose.  Since  I  am  com- 
pelled to  it,  I  shalLflatter  this  hypot-rite  until  hf, 
Ipta  ^^^^  hi"  mask  :  I  shall  encourage  the  impudent 
desires  of  his  love,  and  give  free  scope  to  his 
audacity.  As  I  am  going  to  pretend  to  yield  to 
his  wishes  for  your  sake  alone,  and  the  better  to 
confound  him,  things  need  not  go  any  further  than 
you  like,  and  I  will  cease  as  soon  as  you  are  con- 
vinced. I  leave  it  to  you  to  stop  his  mad  passion 
when  you  think  matters  have  gone  far  enough,  to 
spare  your  wife,  and  not  to  expose  me  longer  than 
is  necessary  to  disabuse  you.  This  is  your  concern, 
you  must  decide,  and  .  .  .  Here  he  comes.  Keep 
still,  and  do  not  show  yourself. 


Scene  V 
Tabtufpe,  EiiMiBE,  Obgon 
Tar.  They  tell  me  you  wish  to  speak  to  me  here. 

Elm.  Yes.  I  have  some  secrets  to  reveal  to  you. 
But  shut  the  door  before  I  begin  to  tell  them  to 
you.  Look  everywhere,  lest  we  should  be  surprised. 
We  must  certainly  not  have  such  an  affair  here  as 
we  had  a  little  while  ago.  I  was  never  so  surprised. 
Damis  put  me  in  a  terrible  fright  on  your  account. 
You  saw  I  tried  all  I  could  to  baffle  his  design 
and  to  calm  his  anger.  In  fact  I  was  so  con- 
fused that  the  thought  of  denying  what  he  said 
never  occurred  to  me  ;  but,  nevertheless,  thank 
heaven,  it  was  all  for  the  best  and  things  are  on  a 
G 


98  LE  TARTUFFE  [acte  iv. 

Mais  par  Ik,  grace  au  Ciel,  tout  a  bien  mieux  ete, 
Et  les  choses  en  sont  en  plus  de  surete. 
L'estime  ou  Ton  vous  tient  a  dissipe  I'orage, 
Et  mon  mari  de  vous  ne  peut  prendre  d'ombrage. 
Pour  mieux  braver  I'eclat  des  mauvais  jugements, 
II  veut  que  nous  soyons  ensemble  a  tous  moments  ; 
Et  c'est  par  ou  je  puis,  sans  peur  d'etre  blamee. 
Me  trouver  ici  seule  avec  vous  enfermee, 
Et  ce  qui  m'autorise  a  vous  ouvrir  un  coeur 
Un  peu  trop  prompt  peut-etre  a  souffrir  votre  ardeur. 
Tab.  Ce  langage  a  comprendre  est  assez  difl&cile, 

Madame^  et  vous  parliez  tantot  d'un  autre  style. 
Elm.  Ah  !  si  d'un  tel  refus  vous  etes  en  courroux. 
Que  le  coeur  d'une  femme  est  mal  connu  de  vous 
Et  que  vous  savez  peu  ce  qu'il  veut  faire  entendre 
Lorsque  si  faiblement  on  le  voit  se  defendre  ! 
Toujours  notre  pudeur  combat  dans  ces  moments 
Ce  qu'on  peut  nous  donner  de  tendres  sentiments. 
Quelque   raison  qu'on  trouve  a  I'amour  qui  nous 

dompte. 
On  trouve  a  I'avouer  toujours  un  peu  de  honte ; 
On  s'en  defend  d'abord ;    mais  de  I'air  qu'on  s'y 

prend. 
On  fait  connaitre  assez  que  notre  coeur  se  rend, 
Qu'a  nos  voeux  par  honneur  notre  bouche  s' oppose, 
Et  que  de  tels  refus  promettent  toute  chose. 
C'est  vous  faire  sans  doute  un  assez  libre  aveu, 
Et  sur  notre  pudeur  me  menager  bien  peu  ; 
Mais  puisque  la  parole  enfin  en  est  lachee, 
A  retenir  Damis  me  serais-je  attach ee, 
Aurais-je,  je  vous  prie,  avec  tant  de  douceur 
^ficoute  tout  au  long  I'ofFre  de  votre  coeur, 
Aurais-je  pris  la  chose  ainsi  qu'on  m'a  vu  faire. 
Si  I'offre  de  ce  coeur  n'eut  eu  de  quoi  me  plaire  ? 
Et  lorsque  j'ai  voulu  moi-meme  vous  forcer 
A  refuser  I'hymen  qu'on  venait  d'annoncer, 
Qu'est-ce    que    cette    instance    a    du    vous    faire 

entendre. 
Que  I'interet  qu'en  vous  on  s'avise  de  prendre, 
Et  I'ennui  qu'on  aurait  que  ce  noeud  qu'on  resout 
Vint  partager  du  moins  un  coeur  que  Ton  veut  tout  ? 


sc.  v.]  TARTUFFE  99 

surer  footing.  The  esteem  in  which  you  are  held 
has  dispelled  the  storm,  and  my  husband  cannot  be 
offended  with  you.  He  wishes  us  to  be  together 
constantly,  the  better  to  set  at  defiance  the  spiteful 
remarks  which  people  spread  abroad,  and  that  is 
the  reason  why  I  may  be  shut  up  here  alone  with 
you,  without  fear  of  being  blamed.  This  justifies 
me  in  opening  my  heart  to  you,  a  little  too  readily, 
perhaps,  in  response  to  your  love. 

Tab.  This  language,  Madam,  is  a  little  diflficult  to  com- 
prehend. You  spoke  but  lately  in  a  diiFerent  strain. 

Elm.  Ah  !  if  such  a  refusal  has  offended  you,  how  very 
little  you  know  a  woman's  heart,  how  little  you 
understand  what  we  mean  when  we  defend  our- 
selves so  feebly.  At  such  times  our  modesty  always 
struggles  with  any  tender  sentiments  we  may  feel. 
Whatever  reasons  we  may  find  for  the  love  which 
conquers  us,  there  is  always  a  little  shame  in  the 
avowal  of  it.  We  resist  at  first,  but  from  our 
manner  it  can  easily  be  seen  our  heart  surren- 
ders,   that    our   words    nppnsp    any    wisbfts  for  t.bft 

sake  of  honour,  and  that  we  refuse  in  such  a  way 
as  to  promise  everything.  I  am  making  a  very  free 
confession  to  you,  to  be  sure,  and  I  am  not  sparing 
woman's  modesty ;  but,  since  these  words  have  at 
last  escaped  me,  should  I  have  been  anxious  to 
restrain  Damis,  should  I,  I  ask  you,  have  listened 
to  you  so  long  and  with  so  much  patience,  when 
you  offered  me  your  heart,  should  I  have  taken  the 
thing  as  I  did,  if  the  offer  of  your  heart  had  not 
given  me  pleasure.''  What  could  you  infer  from 
such  an  action  when  I  myself  tried  to  make  you 
renounce  the  proposed  marriage,  if  it  were  not  that 
I  took  an  interest  in  you,  and  that  I  should  have 
been  grieved  if  such  a  marriage  had  taken  place 
and  you  had  in  the  least  divided  that  affection 
which  I  wanted  to  be  wholly  mine .'' 


100  LE  TARTUFFE  [actb  iv. 

Tab.  C'est  sans  doute,  Madame,  une  douceur  extreme 
Que  d'entendre  ces  mots  d'une  bouche  qu'on  aime  : 
Leur  miel  dans  tous  mes  sens  fait  couler  a  longs  traits 
Une  suavite  qu'on  ne  gouta  jamais. 
Le  bonheur  de  vous  plaire  est  ma  supreme  etude, 
Et  mon  coeur  de  vos  voeux  fait  sa  beatitude ; 
Mais  ce  coeur  vous  demande  ici  la  liberte 
D'oser  douter  un  peu  de  sa  felicite. 
Je  puis  croire  ces  mots  un  artifice  honnete 
Pour  m'obliger  a  rompre  un  hymen  qui  s'apprete ; 
Et  s'il  faut  librement  m'expliquer  avec  vous, 
Je  ne  me  fierai  point  a  des  propos  si  doux, 
Qu'un  peu  de  vos  faveurs,  apres  quoi  je  soupire, 
Ne  vienne  m'assurer  tout  ce  qu'ils  m'ont  pu  dire, 
Et  planter  dans  mon  ame  une  constante  foi 
Des  charmantes  bontes  que  vous  avez  pour  moi. 

Elh.   (Elle  tousse  pour  avertir  son    mari.)     Quoi?    vous 
voulez  aller  avec  cette  vitesse, 
Et  d'un  cceur  tout  d'abord  epuiser  la  tendresse  .'' 
On  se  tue  a  vous  faire  un  aveu  des  plus  doux  ; 
Cependant  ce  n'est  pas  encore  assez  pour  vous, 
Et  Ton  ne  pent  aller  jusqu'a  vous  satisfaire, 
Qu'aux  dernieres  favours  on  ne  pousse  I'affaire  ? 

Tab.  Moins  on  merite  un  bien,  moins  on  I'ose  esperer. 
Nos  voeux  sur  des  discours  ont  peine  a  s' assurer. 
On  soupgonne  aisement  un  sort  tout  plein  de  gloire, 
Et  Ton  veut  en  jouir  avant  que  de  le  croire. 
Pour  moi,  qui  crois  si  peu  meriter  vos  bontes, 
Je  doute  du  bonheur  de  mes  temerites ; 
Et  je  ne  croirai  rien,  que  vous  n'ayez,  Madame, 
Par  des  realites  su  convaincre  ma  flamme. 

EiiM.  Mon  Dieu,  que  votre  amour  en  vrai  tyran  agit, 
Et  qu'en  un  trouble  etrange  il  me  jette  I'esprit ! 
Que  sur  les  occurs  il  prend  un  furieux  empire, 
Et  qu'avec  violence  il  veut  ce  qu'il  desire  ! 
Quoi .''  de  votre  poursuite  on  ne  pent  se  parer, 
Et  vous  ne  donnez  pas  le  temps  de  respirer  ? 
Sied-il  bien  de  tenir  une  rigueur  si  grande, 
De  vouloir  sans  quartier  les  choses  qu'on  demande, 
Et  d'abuser  ainsi  par  vos  efforts  pressants 
Du  faible  que  pour  vous  vous  voyez  qu'ont  les  gens  ? 


so.  v.]  TARTUFFE  101 

Tar,  It  is  certainly,  Madam,  extremely  pleasant  to 
hear-fiiirh  w^rds  frntn  ihf\  lips  ny^ft  jfnvpg  Their 
honey  generously  diffuses  through  all  my  senses  a 
sweetness  which  I  never  before  knew.  The  happi- 
ness of  pleasing  you  is  my  supreme  study,  and  it  is 
the  delight  of  my  heart  to  carry  out  your  wishes, 
but,  with  your  leave,  my  heart  presumes  still  to 
doubt  a  little  of  its  felicity.  It  may  be  that  these 
words  are  a  plausible  stratagem  to  compel  me  to 
break  off  the  approaching  marriage ;  and,  if  I  must 
speak  candidly  to  you,  I  shall  not  trust  in  these 
tender  words  until  I  am  assured  they  mean  what 
they  say  by  a  few  of  those  favours  for  which Xsighj 
which  will  establish  in  my  heart  a  firm  belief  in 
the  kindly  sentiments  you  bear  towards  me. 

Elm.  (She  coughs  to  warn  her  husband.)  What.''  would 
you  proceed  so  fast  and  exhaust  the  kindness  of  my 
heart  all  at  once .''  I  commit  myself  in  making  such 
a  tender  admission  ;  yet  that  is  not  enough  for  you. 
Will  nothing  satisfy  you  but  to  push  things  to  their 
furthest  extremity .'' 

Tab.  The  less  a  blessing  is  merited  the  less  one 
ventures  to  hope  for  it.  Our  love  can  hardly  be 
satisfied  with  words.  A  con3iti6ft  tull-ffiught  with 
happiness  is  difficult  to  realise  and  we  wish  to  enjoy 
it  before  we  believe  in  it.  I  so  little  deserve  your 
favours  that  I>-iioubt  the  succfipa  of  my  hnldn<»Bg ; 
and  I  shall  not  believe  anything,  Madam,  until  you 

have  satisfif^d  my  p^^fjsjnn-hy  uniil  p.rnnfg 

Elm.  Good  Heavens  !  How  very  tyrannical  is  your 
love,  and  into  what  strange  agitation  it  throws  me  ! 
What  an  irresistible  power  it  exercises  over  the 
heart,  and  how  violently  it  clamours  for  what  it 
desires  !  What .-'  is  there  no  avoiding  your  pursuit. 
Will  you  not  give  me  time  to  breathe.^  Is  it 
decent  to  be  so  very  exacting,  to  insist  without 
quarter  upon  those  things  which  you  demand,  and, 
by  your  pressing  ardour,  thus  to  take  advantage  of 
the  weakness  which  you  see  is  felt  for  you  } 


102  LE  TARTUFFE  [acte  iv. 

Tar.  Mais  si  d'un  ceil  benin  vous  voyez  mes  hommages, 

Pourquoi  m'en  refuser  d'assures  temoignages  ? 
Elm.  Mais  comment  consentir  a  ce  que  vous  voulez, 

Sans  offenser  le  Ciel,  dont  toujours  vous  parlez? 
Tar.  Si  ce  n'est  que  le  Ciel  qu'a  mes  voeux  on  oppose, 

Lever  un  tel  obstacle,  est  a  moi  peu  de  chose, 

Et  cela  ne  doit  pas  retenir  votre  coeur. 
Elm.  Mais  des  arrets  du  Ciel  on  nous  fait  tant  de  peur ! 
Tar.  Je  vous  puis  dissiper  ces  craintes  ridicules, 

Madame,  et  je  sais  I'art  de  lever  les  scrupules. 

Le  Ciel  defend,  de  vrai,  certains  contentements ; 
(O'est  un  sc^l^rat  qui  parle.) 

Mais  on  trouve  avec  lui  des  accommoderaents ; 

Selon  divers  besoins,  il  est  une  science 

D'etendre  les  liens  de  notre  conscience, 

Et  de  rectifier  le  mal  de  Taction 

Avec  la  purete  de  notre  intention. 

De  ces  secrets,  Madame,  on  saura  vous  instruire  ; 

Vous  n'avez  seulement  qu'a  vous  laisser  conduire. 

Contentez  mon  de'sir,  et  n'ayez  point  d'efFroi : 

Je  vous  reponds  de  tout,  et  prends  le  mal  sur  moi. 

Vous  toussez  fort,  Madame. 
Elm.  Oui,  je  suis  au  supplice. 

Tar.  Vous  plait-il  un  morceau  de  ce  jus  de  reglisse? 

Elm.  C'est  un  rhume  obstine,  sansdoute;  et  je  vols 
bien 
Que  tons  les  jus  du  monde  ici  ne  feront  rien. 

Tar.  Cela  certe  est  facheux. 

Elm.  Oui,  plus  qu'on  ne  peut  dire. 

Tar.  Enfin  votre  scrupule  est  facile  a  detruire : 
Vous  etes  assuree  ici  d'un  plein  secret, 
Et  le  mal  n'est  jamais  que  dans  I'e'clat  qu'on  fait; 
Le  scandale  du  monde  est  ce  qui  fait  I'offense, 
Et  ce  n'est  pas  pecher  que  pecher  en  silence. 

Er,M.  (aprfes  avoir  encore  touss^.)  Enfin  je  vois  qu'il  faut 
se  resoudre  a  ceder, 
Qu'il  faut  que  je  consente  a  vous  tout  accorder, 
Et  qu'a  moins  de  cela  je  ne  dois  point  pretendre 


sc.  v.]  TARTUFFE  103 

Tar.  But  if  you  look  upon  my  address  with  a  favour- 
able eye,  why  refuse  me  convincing-  proofs  ? 

Elm.  How  can  I  comply  with  your  desires  without 
offending  that  heaven  of  which  you  constantly  speak .'' 

Tar,  If  heaven  is  the  only  thing  which  opposes  my 
wishes  I  can  easily  remove  such  an  obstacle ;  that 
Pgeij.  Tint  he  any  restraint  upon  youriav^. 

Elm.  But  the  judgments  of  heaven  are  terrifying. 

Tar.  I  can  dispel  these  absurd  fears  from  you, 
Madam  ;  I  know  the  art  of  removing  scruples. 
Heaven,  IE  la  true,  forbids  certain  gratifications ; 
(it  is  a  scoundrel  who  is  speaking)  but  there  are  ways 
of  compounding  with  it.  It  is  a  science  to  stretch 
the  strings  of  our  conscience  according  to  divers 
needs  and  to  rectify  the  immorality  of  the  act  with 
the  purity  of  our  intention.  I  can  initiate  you  into 
these  secrets,  Madam  ;  you  have  only  to  allow  your- 
self to  be  led.  .Satisfy  jny  desire^and  do  not  be 
afraid  :  I  will  be  answerable  foFyoii  in  ^Vefy thing, 
and  I  will  take  the  sin  upon  myself.  You  cough  a 
good  deal.  Madam.  "~ 

Elm.  Yes,  it  racks  me. 

Tar.  Would  you  please  to  take  a  piece  of  this 
liquorice .'' 

Elm.  It  is  a  troublesome  cold,  to  be  sure  ;  and  I  very 
much  fear  all  the  liquorice  in  the  world  will  not 
do  it  any  good  now. 

Tar.  It  is  certainly  very  tiresome. 

Elm.  Yes,  more  than  I  can  say.  •^ 

Tar.  In  short  your  scruple  is  easily  overcome.  You  j 
may  be  sure  the  secret  will  be  well  kept  here,  V- 
and  no  harm  is  done  unless  the  thing  is  noised  ( 
abroad.  The  scandal  of  the  world  is  what  makes  \ 
the  offence,  and  to  sin  in  secret  is  not  to  sin  at  J 
all.  — ^v_. —      ^ 

Elm.  (After  having  coughed  again.)  Well,  I  see  I  must 
make  up  my  mind  to  yield  :  that  I  must  con- 
sent to  grant  you  everything  :  and  that  with  less 
than  this  I   ought   not  to  expect  you  should  be 


104  LE  TARTUFFE  [acte  iv. 

Qu'on  paisse    etre    content,  et  qu'on  veuille   se 

rendre. 
Sans  doute  il  est  facheux  d'en  venir  jusque-la, 
Et  c'est  bien  malgre  moi  que  je  franchis  cela  ; 
Mais  puisque  Ton  s'obstine  a  m'y  vouloir  reduire, 
Puisqu'on  no  veut  point  croire  a  tout  ce  qu'on  peut 

dire, 
Et  qu'on  veut  des  temoins  que  soient  plus  convain- 

cants, 
11  faut  bien  s'y  resoudre,  et  contenter  les  gens. 
Si  ce  contentement  porte  en  soi  quelque  oflFense, 
Tant  pis  pour  qui  me  force  a  cette  violence ; 
La  faute  assurement  n'en  doit  point  etre  a  moi. 
Tab.  Oui,  Madame,  on  s'en  charge ;  et  la  chose  de 

soi  .  .  . 
Elh.  Ouvrez  un  peu  la  porte,  et  voyez,  je  vous  prie, 

Si  mon  mari  n'est  point  dans  cette  galerie. 
Tab.  Qu'est-il   besoin   pour   lui   du   soin  que   vous 

prenez  ? 
C'est  un  homme,  entre  nous,  a  mener  par  le  nez ; 
De  tous  nos  entretiens  il  est  pour  faire  gloire, 
Et  je  I'ai  mis  au  point  de  voir  tout  sans  rien  croire. 
Elm.  II  n'importe  :  sortez,  je  vous  prie,  un  moment, 
Et  partout  la  dehors  voyez  exactement. 

Sc^NE     VI 

Obgon,  Elmibe 

Obg.   (sortant  de  dessous  la  table.)  Voila,  je  vous  I'avoue, 
un  abominable  homme ! 
Je  n'en  puis  revenir,  et  tout  ceci  m'assomme. 
Elm.  Quoi."*  vous  sortez  sitot.''    Vous  vous  moquez 
des  gens. 
Rentrez  sous  le  tapis,  il  n'est  pas  encor  temps ; 
Attendez  jusqu'au  bout  pour  voir  les  choses  sures, 
Et  ne  vous  fiez  point  aux  simples  conjectures. 
Org.  Non,  rien  de  plus  mechant  n'est  sorti  de  I'enfer. 
Elm.  Mon  Dieu  !   Ton  ne  doit  point  croire  trop  de 
l^ger. 


5.  VI.]  TARTUFFE  106 

satisfied^  or  convinced.  It  is  indeed  very  hard  to 
come  to  this,  and  it  is  greatly  against  my  will  that 
I  venture  so  far,  but,  since  people  persist  in  driving 
me  to  this ;  since  they  will  not  believe  anything 
that  is  said  to  them,  and  since  they  wish  for  more 
convincing  testimony,  one  must  even  resolve  upon 
it  and  satisfy  them.  If  this  gratification  carries 
any  offence  in  it,  so  much  the  worse  for  those  who 
force  me  to  this  violence;  the  fault,  assuredly,  is 
not  mine. 


Tar.  Yes,  Madam,  I  take  it  upon  myself,  and  the 
thing  itself  .  .  . 

Elm,  Open  the  door  a  little,  and  pray,  look  if  my 
husband  is  not  in  that  passage. 

Tab.  Why  need  you  trouble  yourself  so  much  about 
him  ?  Between  ourselves,  he  is  a  man  to  be  led 
by  the  nose.  He  is  inclined  to  be  proud  of  our 
intercourse,  and  I  have  brought  him  so  far  as  to 
see  everything  without  believing  anything. 

Elm.  Nevertheless,  pray,  go  out  for  a  moment  and 
look  carefully  everywhere  outside. 

Scene  VI 
Obqon,  Elmire 

Org.  (Coming  from  under  the  table.)  Well!  he  is  an 
abominable  man,  I  admit.  I  cannot  get  over  it, 
it  has  stunned  me. 

Elm.  What.^  you  come  out  so  soon?  You  make 
fools  of  people.  Go  back  under  the  table-cloth,  it 
is  not  time  yet ;  stay  to  the  end  to  make  sure  of 
things,  and  do  not  trust  to  mere  conjectures. 

Org.  No  :  no  nng  pinrft  wirlfrd  Bvirr  <'nmf  ""t  "^^^^ 
Elm.  Good  Heavens  !  You  ought  not  to  believe  things 
too  easily :  let  yourself  be  fully  convinced  before  you 


106  LE  TARTUFFE  [acte  iv. 

Laissez-vous   bien    convaincre  avant  que   de  vou8 

rend  re, 
Et  ne  vous  hatez  point,  de  peur  de  vous  meprendre. 
(Elle  fait  mettre  son  mari  derri^re  elle.) 


Scene  VII 
Tartuffe,  Elmire,  Orgon 

Tar.  Tout  conspire,  Madame,  a  mon  contentement : 
J'ai  visite  de  I'oeil  tout  cet  appartement ; 
Personne  ne  s'y  trouve  ;  et  mon  ame  ravie  .  .  . 

Org.   (enrarrfitant.)  Toutdoux!  vous  suivez  trop  votre 
amoureuse  envie, 
Et  vous  ne  devez  pas  vous  tant  passionner. 
Ah !    ah !    I'homme   de    bien,    vous   m'en    voulez 

donner ! 
Comme  aux  tentations  s'abandonne  votre  ame  ! 
Vous  epousiez  ma  fille,  et  convoitiez  ma  femme  ! 
J'ai  doute  fort  longtemps  que  ce  fut  tout  de  bou, 
Et  je  croyais  toujours  qu'on  changerait  de  ton  ; 
Mais  c'est  assez  avant  pousser  le  temoignage  : 
Je  m'y  tiens,  et  n'en  veux,  pour  moi,  pas  davantage. 

Elm.  {h  TABTurra.)  C'est  contre  mon  humeur  que  j'ai 
fait  tout  ceci ; 
Mais  on  m'a  mise  au  point  de  vous  traiter  ainsi. 

Tar.  Quoi .''  vous  croyez  ....'' 

Org.  AUons,  point  de  bruit,  je  vous  prie. 

Denichons  de  ceans,  et  sans  ceremonie. 

Tar.  Mon  dessein  .  .  . 

Org.  Ces  discours  ne  sont  plus  de  saison  ; 

II  faut,  tout  sur-le-champ,  sortir  de  la  maison. 

Tar.  C'est  a  vous  d'en   sortir,  vous  qui  parlez  en 
maitre : 
La  maison  m'appartient,  je  le  ferai  connaitre, 
Et  vous  montrerai  bien  qu'en  vain  on  a  recours. 
Pour  me  chercher  querelle,  a  ces  laches  detours, 
Qu'on  n'est  pas  ou  Ton  pense  en  me  faisant  injure, 
Que  j'ai  de  quoi  confondre  et  punir  I'imposture, 
Venger  le  Ciel  qu'on  blesse,  et  faire  repentir 
Ceux  qui  parlent  ici  de  me  faire  sortir. 


sc.  vii.]  TARTUFFE  107 

give  in,  and  do  not  hurry,  lest  you  should  be  mis- 
taken. 

(She  pushes  her  husband  behind  her.) 


Scene  VII 
Tabtuffb,  Elmire,  Obgon 

Tar.  Everything'  conspires.  Madam,  to  my  satisfac- 
tion. I  have  looked  everywhere,  there  is  no  one 
here  ;  and  my  ravished  soul  .  .  . 

Org.  (Stopping  him.)  Gently,  you  are  too  eager  in  your 
amorous  wishes  ;  you  ought  not  to  be  so  impetuous. 
Ah  !  ah  !  my  good  man,  you  want  to  rob  me  of  my 
wife.  How  your  soul  is  led  away  by  temptations  ! 
You  would  marry  my  daughter  and  covet  my  wife. 
I  have  very  much  doubted  for  a  long  time  whether 
you  were  in  earnest,  and  I  always  thought  you 
would  change  your  tone.  But  the  proof  has  gone 
quite  far  enough :  I  am  satisfied,  and  for  my  part 
I  do  not  want  any  more. 

Elm.  (To  Tabtuffb.)  The  part  I  have  played  is  con- 
trary to  my  inclinations,  but  I  was  obliged  to  the 
necessity  of  treating  you  thus. 

Tar.  What  ?    Do  you  believe  ....'' 

Org.  Cpmef  pray,  no  more  talk,  leave  this.plqtrpi,  and 
without  cergmimy. 

Tar.  1  intended  .  '.  . 

Org.  Your  speeches  are  no  longer  in  season.  You 
must  quit  thig^house  immediateLt 

TarT  It  is  for^you  to  leave,  you  who  speak  as  though 
you  were  the  master  of  it.  The  house  belongs  to 
me,  and  I  will  make  you  know  it.  I  will  show 
you  plainly  it  is  useless  to  resort  to  these  cowardly 
tricks  in  order  to  pick  a  quarrel  with  me.  You 
have  made  a  great  mistake  in  insulting  me.  I  have 
it  in  my  power  to  confound  and  to  punish  imposture, 
to  avenge  an  offended  heaven,  and  to  make  those 
repent  who  talk  of  turning  me  away. 


108  LE  TARTUFFE  [actb  v. 

SciiNK  VIII 

Elmire,  Oroon 

Elm.  Quel  est  done  ce  langage  ?  et  qu'est-ce  qu'il  veut 

dire? 
Org.  Ma  foi,  je    suis   confus^  et   n'ai    pas   lieu  de 

rire. 
Elm.  Comment? 
Org.  Je  vois  ma  faute  aux  choses  qu'il  me  dit, 

Et  la  donation  m'embarrasse  I'esprit. 
Elm.  La  donation  .  .  . 
Org.  Oui,  c'est  une  affaire  faite. 

Mais  j'ai  quelque  autre  chose  encor  qui  m'inquiete. 
Elm.  Et  quoi  ? 
Org.  Vous  saurez  tout.     Mais  voyons  au  plus  tot 

Si  certaine  cassette  est  encore  la-haut. 

FIN  DU  QUATRli<:ME  AOTB 


ACTE    V 

SciNE    I 

Oroow,  Cl^antb 

Cl^an.  Ou  voulez-vous  courir  ? 

Org.  Las  !  que  sais-je  ? 

CL:ifiAN.  II  me  semble 

Que  Ton  doit  commencer  par  consulter  ensemble 

Les  choses  qu'on  peut  faire  en  cet  evenement. 
Org.  Cette  cassette-la  me  trouble  entierement ; 

Plus  que  fe  reste  encore  elle  me  desespere. 
Cl^an.  Cette  cassette  est  done  un  important  mystere? 
Org.  C'est  un  depot  qu'Argas,  cet  ami  que  je  plains^ 

Lui-meme,   en   grand   secret,  m'a   mis   entre   lea 
mains : 


K.  I.]  TARTUFFE  109 

Scene  VIII 
Elmirb^  Orgon 
Elm.  What  talk  is  this  ?    What  does  he  mean  ? 

Org.  Alas !  I  am  in  a  turmoil ;  it  is  no  laughing 
matter. 

Elm.  Why? 

Org.  I  see  my  fault  by  what  he  says^  and  the  deed 
of  gift  troubles  my  mind. 

Elm.  The  deed  of  gift  .  .  . 

Org.  Yes,  the  thing  is  done,  but  there  is  still  some- 
thing else  which  makes  me  anxious. 

Elm.  What  is  that? 

Org.  You  shall  know  all,  but  let  us  see  first  if  a 
particular  box  is  still  upstairs. 

END    OF  ACT  IV. 


ACT    V 

Scene  I 

Orgon,  Cl^antb 

Cl^n.  Where  are  you  going  ? 

Org.  Indeed,  I  do  not  know. 

CLiiAN.  It  seems  to  me  the  first  thing  to  be  done  is 

to  consult  together  concerning  what  steps  we  can 

take  in  this  matter. 
Org.  This  box  troubles  me  greatly  ;  it  distresses  me 

more  than  anything  else. 
ClMian.  Then  it  contains  an  important  secret  ? 
Org.  It  is  a  trust  that  Argas  himself,  my  unfortunate 

friend,  put  secretly  into  my  hands  :  he  selected  me 

for  this,  when  he  fled.     And,  from  what  he  told 


no  LE  TARTUFFE  [acte  v. 

Pour  cela,  dans  sa  fuite,  il  me  voulut  elire  ; 
Et  ce  sont  des  papiers,  a  ce  qu'il  m'a  pu  dire, 
Ou  sa  vie  et  ces  biens  se  trouvent  attaches. 

CiiEAN".  Pourquoi  done  les  avoir  en  d'autres  mains 
laches  ? 

Org.  Ce  fut  par  un  motif  de  cas  de  conscience : 
J'allai  droit  a  mon  traitre  en  faire  confidence  ; 
Et  son  raisonnement  me  vint  persuader 
De  lui  donner  plutot  la  cassette  a  garder, 
Afin  que,  pour  nier,  en  cas  de  quelque  enquete, 
J'eusse  d'un  faux-fuyant  la  faveur  toute  prete, 
Par  ou  ma  conscience  eut  pleine  surete 
A  faire  des  serments  contre  la  verite. 

Cl^an.  Vous  voila  mal,  au  moinssi  j'en  crois  I'appa- 
rence ; 
Et  la  donation^  et  cette  confidence, 
Sont,  a  vous  en  parler  selon  mon  sentiment, 
Des  demarches  par  vous  faites  legerement. 
On  peut  vous  mener  loin  avec  de  pareils  gages ; 
Et  cet  homme  sur  vous  ayant  ces  avantages, 
Le  pousser  est  encor  grande  imprudence  a  vous, 
Et  vous  deviez  chercher  quelque  biais  plus  doux. 

Org.  Quoi.''  sous  un    beau    semblant  de  ferveur  si 
touchante 
Cacher  un  coeur  si  double,  une  ame  si  mechaute  ! 
Et  moi  qui  I'ai  regu  gueusant  et  n'ayant  rien  .  .  . 
C'en  est  fait,  je  renonce  a  tous  les  gens  de  bien  : 
J'en  aurai  desormais  une  horreur  effroyable, 
Et  m'en  vais  devenir  pour  eux  pire  qu'un  diable. 

Cl^an.  He  bien  !  ne  voila  pas  de  vos  emportements 
Vous  ne  gardez  en  rien  les  doux  temperaments  ; 
Dans  la  droite  raison  jamais  n'entre  la  votre, 
Et  toujours  d'un  exces  vous  vous  jetez  dans  I'autre. 
Vous  voyez  votre  erreur,  et  vous  avez  connu 

•    Que  par  un  zele  feint  vous  etiez  prevenu  ; 
Mais  pour  vous  corriger,  quelle  raison  demande 
Que  vous  alliez  passer  dans  une  erreur  plus  grande, 
Et  qu'avecque  le  cceur  d'un  perfide  vaurien 
Vous  confondiez  les  coeurs  de  tous  les  gens  de  bien  ? 
Quoi  ?  parce  qu'un  fripon  vous  dupe  avec  audace 


8c.  I.]  TARTUFFE  111 

me^  on  these  papers  depend  his  life  and  his  for- 
tune. 

Cl^an.  Then  why  did  you  trust  them  to  any  other 
hands  ? 

Org.  It  was  from  a  conscientious  motive.  I  went 
straight  away  to  tliat  wretch  in  utter  confidence, 
and  his  arguments  persuaded  me  it  was  better  to 
give  him  the  box  to  keep,  so  that,  in  case  of  enquiry, 
I  could  deny  having  it.  I  might  have  the  help  of 
a  subterfuge  in  readiness,  by  which  my  conscience 
might  be  quite  safe  in  swearing  against  the  truth. 

Cl^an.  If  one  may  judge  by  appearances,  you  are  in 
a  bad  case.  The  deed  of  gift  and  this  trust  are,  to 
speak  frankly,  steps  taken  with  little  consideration. 
You  may  be  carried  great  lengths  by  such  pledges. 
Since  this  man  has  these  advantages  over  you,  it 
is  still  greater  imprudence  in  you  to  irritate  him  : 
you  ought  to  seek  some  gentler  method. 


Org.  What?  To  conceal  such  a  false  heart  and  such 
a  wicked  soul  under  so  fair  an  appearance  of 
ardent  zeal !  And  I,  who  received  him  as  a  beggar 
and  penniless  ...  It  is  all  over,  I  renounce  all 
pious  people  :  I  shall  hold  them  henceforth  in  utter 
abhorrence,  and  shall  become  worse  to  them  than 
the  devU. 

Clean.   Is  not  that  just  likft  ymir  liaaty  wayeP    Vnn    ^^j^ 
never  judge    anything  calmly,      Yah  imvar  Tf<^^p      y*' 
in  due   reason.       you  alwaysrush  from  one  ex-     ^ 
treme  to  the   other.      You   see   your  error,  and 
you  realise  you  have  been  imposed  upon  by  a  false 
piety.      But   is   it   reasonable   that,   in  order  to 
correct  one  mistake,  you  should  commit  a  greater ,■ 
and  not  make  UUy  lllftat-6nce  hetwpipn  tho  hVai^^T' 
^a  perfidious  rascal  and  that  of  a  good  man?   What.'' 
because  a  villain  nas  shamelessly  imposed  upon 
you,  under  the  pompous  mask  of  austerity,  would 


112  LE  TARTUFFE  [acte  v. 

Sous  le  pompeux  eclat  d'une  austere  grimace, 
Vous  voulez  que  partout  on  soit  fait  comme  lui, 
Et  qu'aucun  vrai  devot  ne  se  trouve  aujourd'hui  ? 
Laissez  aux  libertins  ces  sottes  consequences ; 
Demelez  la  vertu  d'avec  ses  apparences, 
Ne  basardez  jamais  votre  estime  trop  tot, 
Et  soyez  pour  cela  dans  le  milieu  qu'il  faut : 
Gardez-vous,  s'il  se  pent,  d'honorer  I'imposture ; 
Mais  au  vrai  zele  aussi  n'allez  pas  faire  injure  ; 
Et  s'il  vous  faut  tomber  dans  une  extremite, 
Pechez  plutot  encor  de  cet  autre  cote. 


SciNE  II 

Damis,  Orgon,  CuSantb 

Dah.  Quoi  ?  mon  pere,  est-il  vrai  qn'un  coquin  vous 


menace 


Qu'il  n'est  point  de  bienfait  qu'en  son  ame  il  n'efface, 
Et  que  son  lache  orgueil,  trop  digne  de  courroux, 
Se  fait  de  vos  bontes  des  armes  contre  vous  ? 

Org.  Oui,  mon  fils,  et  j'en  sens  des  douleurs  non 
pareilles. 

Dam.  Laissez-moij  je  lui  veux  couper  les  deux  oreilles : 
Contre  son  insolence  on  ne  doit  point  gauchir ; 
C'est  a  moi,  tout  d'un  coup,  de  vous  en  affranchir, 
Et  pour  sortir  d'afFaire,  il  faut  que  je  I'assomme. 

Cl^an.  Voila  tout  justement  parler   en   vrai  jeune 
homme. 
Moderez,  s'il  vous  plait,  ces  transports  eclatants  : 
Nous  vivons  sous  uu  regno  et  sommes  dans  un  temps 
Ou  par  la  violence  on  fait  mal  ses  affaires. 


sc.  II.]  TARTUFFE  113 

you  have  it  that  all  men  are  like  him,  and  that 
there  is  not  a  sincere  worshipper  to  be  found  now- 
a-days?  Leave  these  foolish  deductions  to  un- 
believers ;  distinguish  between  virtue  and  the 
appearance  of  it ;  do  not  bestow  your  esteem  so 
rashly ;  and  keep  in  this  the  rightful  middle  course. 
Do  not  honour  imposture,  if  you  can  avoid  dninfr 
3^/hHt  at  the  same  time,  ao  not  attack  tme  yj^'tuft^^ 
I£  you  must  fall  into  an   PYtrPmity,  ftrr,  rather^  on 

the  other  side. 


Scene  II 
Damis,  Orgon,  Cleante 

Dam.  Is  it  true,  father,  that  this  scoundrel  threatens 
you,  that  he  has  forgotten  every  benefit  he  has 
recdrrgd,  And  tnat  nis  cowardly  and  shameless 
arrogance  turns  your  goodness  to  him  mt6  arms 
against  you  ? 

Org.  Yes,  my  son,  and  it  causes  me  inexpressible 
grief. 

Dam.  Leave  him  to  me,  I  will  crop  his  two  ears  for 
him  :  you  must  not  flinch  before  his  insolence.     I 

I    will  rid  you  of  him  at  a  stroke,  and,  to  put  an  end 
to  the  matter,  I  will  put  an  end  to  him. 
CiiifcAN,  That  ^  pxactly  how  a  Tnaro  boy  talks.     T^-y 
to  moderate  these  violent  outbursts.     We  live  under 
'a  government,  and  Iti  an  age  in'which  violence  only 


B 


114  LE  TARTUFFE  [actb  v. 


Sc&NE    III 

Madamb  Pernelle,  Marianb,  Elmibe,  Dorine, 
Damis,  Orgon,  Cl^antb 

Mad.  Per.  Qu'est-ce.''     J'apprends  ici  de  terribles 
mysteres. 

Org.  Ce  sont  des  nouveautes  dont  mes  yeux  sont 
temoins, 
Et  vous  voyez  le  prix  dont  sont  payes  mes  soins. 
Je  recueille  avec  zele  un  hotnme  en  sa  misere, 
Je  le  loge  et  le  tiens  comme  mon  propre  frere ; 
De  bienfaits  chaque  jour  il  est  par  moi  charge  ; 
Je  lui  donne  ma  fiUe  et  tout  le  bien  que  j'ai ; 
Et,  dans  le  memo  temps,  le  perfide,  I'infame, 
Tente  le  noir  dessein  de  suborner  ma  femme, 
Et  non  content  encor  de  ses  laches  essais, 
II  m'ose  menacer  de  mes  propres  bienfaits, 
Et  veut,  a  ma  mine,  user  des  avantages 
Dont  le  viennent  d'armer   mes  bontes  trop  peu 

sages. 
Me  chasser  de  mes  biens,  ou  je  I'ai  transfere, 
Et  me  reduire  au  point  d'ou  je  I'ai  retire. 

Dor.  Le  pauvre  homme  ! 

Mad.  Per.  Mon  fils,  je  ne  puis  du  tout  croire 

Qu'il  ait  voulu  commettre  une  action  si  noire. 

Org.  Comment? 

Mad.  Per.         Les  gens  de  bien  sont  envies  toujours. 

Org.  Que  voulez-vous  done  dire  avec  votre  discours. 
Ma  mere  ? 

Mad.  Per.       Que  chez  vous  on  vit  d'etrange  sorte, 
Et  qu'on  ne  sait  que  trop  la  haine  qu'on  lui  porte. 

Org.  Qu'a  cette  haine  a  faire  avec  ce  qu'on  vous  dit.^ 

Mad.  Per.  Je  vous  I'ai  dit  cent  fois  quand  vous  ^tiea 
petit : 
La  vertu  dans  le  monde  est  toujours  poursuivie ; 
Les  envieux  mourront,  mais  non  jamais  I'euvie. 


III.]  TARTUFFE  116 


Scene  III 

Madame  Pernelle,  Mariane,  Elmire^  Dorine, 
Damis,  Orgon,  Cl]6antb 

Mad,  Per.  What  is  the  matter?  What  are  these 
dreadful,  mysterious  reports  I  hear.'' 

Org.  They  are  of  things  which  I  have  seen  with  my 
own  eyes,  and  you  see  how  I  am  paid  for  my  kind- 
ness. 1  eaf eriy  take  in  a  m^n  mit.  nf  <^harity^  I 
shelter  Tiim,  and  treat  him  as  my  own  brother.  I 
heap  benents  upon  him  every  day,  I  give  him  my 

riaiip-htPir  and  PVPryt>iing  T  possesS,  and,  all  the 
while,   tljp   villani^   thp   t.r'^itnr^    |^arV^».ii-a   tlio   l.lQr.L- 

design  of  sednoing-  my  wifp!.  Not  content  even 
with  this  vile  attempt^  he  dares  to  threaten  me 
with  my  own  gifts  ;  and,  in  order  to  ruin  me,  he 
intends  to  use  the  advantage  he  has  obtained 
through  my  unwise  good  nature  to  drive  me  out 
of  my  estate  which  I  made  over  to  him,  and  to 
reduce  me  to  the  same  condition  from  which  I 
rescued  him. 

Dor.  Pqor  ipan  ! 

Mad.  Per.  I   can   never    believe,   my  son,   that  he 

would  commit  so  black  a  deed. 
Org.  Why.? 

Mad.  Per.  Good  people  are  always  envied. 
Org.  What  do  you  mean  by  that,  mother  ? 

Mad.  Per.  Why,  there  are  strange  goings-on  in  your 
house.  It  is  very  plain  to  see  the  ill-will  they  bear 
him. 

Org.  What  has  this  hatred  to  do  with  what  I  have 
just  told  you. 

Mad.  Per.  When  you  were  a  child  I  told  you  a 
hundred  times  that  in  this  world  virtue  is  ever 
persecuted,  and  that  the  envious  may  die,  but 
envy  never. 


116  LE  TARTUFFE  [acte  v. 

Org.  Mais  que  fait  ce  discours  aux  choses  d'aujour- 

d'hui  ? 
Mad.  Per.  On  vous  aura  forge  cent  sots  contes  de  lui. 

Org.  Je  vous  ai  dit  deja  que  j'ai  vu  tout  moi-meme. 

Mad.  Per.  Des    esprits    medisants    la    malice     est 
extreme. 

Org.  Vous  me  feriez  damner,  ma  mere.     Je  vous  di 
Que  j'ai  vu  de  mes  yeux  un  crime  si  hardi. 

Mad.  Per,  Les    langues  ont  to uj  ours    du    venin    a 
repandre, 
Et  rien  n'est  ici-bas  qui  s'en  puisse  defendre. 

Org.  C'est  tenir  un  propos  de  sens  bien  de'pourvu. 
Je  I'ai  vu,  dis-je,  vu,  de  mes  propres  yeux  vu, 
Ce  qu'on  appelle  vu  :  faut-il  vous  le  rebattre 
Aux  oreilles  cent  fois,  et  crier  comme  quatre  ? 

Mad.  Per.  Mon   Dieu,   le   plus  souvent  I'apparence 
degoit : 

II  ne  faut  pas  toujours  juger  sur  ce  qu'on  volt. 
Org.  J' enrage. 
Mad.  Per.      Aux  faux  soup§ons  la  nature  est  sujette, 

Et  c'est  souvent  a  mal  que  le  bien  s'interprete. 
Org.  Je  dois  interpreter  k  charitable  soin 

Le  desir  d'embrasser  ma  femme .'' 
Mad.  Per.  II  est  besoin, 

Pour  accuser  les  gens,   d'avoir  de  justes  causes ; 

Et  vous  deviez  attendre  a  vous  voir  sur  des  choses. 
Org.  He,  diantre  !  le  moyen  de  m'en  assurer  mieux  ? 

Je  devais  done,  ma  mere,  attendre  qu'a  mes  yeux 

II  eut...Vous  me  feriez  dire  quelque  sottise. 

Mad.  Per.  Enfin  d'un  trop  pur  zele  on  voit  son  ^me 
eprise ; 
Et  je  ne  puis  du  tout  me  mettre  dans  I'esprit 
Qu'il  ait  voulu  tenter  les  choses  que  Ton  dit. 

Org.  Allez,  je  ne  sais  pas,  si  vous  n'etiez  ma  mere, 
Ce  que  je  vous  dirais,  tant  je  suis  en  colere. 


sc.  III.]  TARTUFFE  117 

Org.  But  what  has  this  speech  to  do  with  what  has 

happened  to-day  ? 
Mad.  Per.  They  have  most  likely  fahricated  a  hundred  _^  ^  flL<^./v^ 

idle  stoEJes^a^aiDst  liim  for  your  benefit~  ,     i^  j^ 

Org.  I  have  already  told  you  1  have  seen  everything^'lA/Qf  "^^ 

myself.  jOfii^Tj  C 

Mad.  Per.  The  spite  of  slanderers  is  great.  vV*.*^^ 

Org.  You  would  drive  me  mad,  mother.     I  tell  you    >  i^A    * 

I  saw  with  my  own  eyes  this  monstrous  crime. 
Mad.  Per.  Tongues  are  always  ready  to  spit  venom  : 

nothing  here  below  is  proof  against  them. 

Org.  That  remark  seems  to  lack  common-sense.  I 
have  seen  it,  I  tell  you,  seen  it,  with  my  own  eyes, 
seen  it,  what  people  call  seen  it.  Must  I  drum  it 
in  your  ears  a  hundred  times  and  shout  at  the  top 
of  my  voice  ? 

Mad.  Per.  Well,  appearances  deceive  more  often 
than  not ;  you  must  not  always  ludge  by  wnat  you 
see. 

OUgT  This  maddens  me. 

Mad.  Per.  We  are  naturally  subject  to  false  suspicions, 
and  a  bad  construction  is  often  put  on  a  good  deed. 

Org.  Must  I  regard  his  desire  to  kiss  my  wife  as 
charitable .'' 

Mad.  Per.  You  should  have  just  cause  before  you 
accuse  people.  You  ought  to  have  waited  until  you 
were  sure  you  saw  these  things. 

Org.  How  the  devil  could  I  better  satisfy  myself? 
Ought  I  then  to  have  waited,  mother,  until  before 
my  eyes  he  had  .  .  .  You  will  make  me  say  some- 
thing idiotic. 

Mad.  Per.  Indeed  I  am  sure  his  soul  burns  with 
too  pure  a  zeal ;  I  cannot  possibly  believe  he 
would  attempt  the  things  of  which  people  accuse 
him. 

Org.  Enough  !  If  you  were  not  my  mother  I  do  not 
know  what  I  might  say  to  you,  you  make  me  so 
angry. 


118  LE  TARTUFFE  [aote  r. 

Dob.  Juste  retour,  Monsieur,  des  choses  d'ici-bas  :  J 

Vous  ne  vouliez  point  croire,  et  Ton  ue  vous  croit     / 
pas.  '^ — ' 

Cl£an.  Nous  pardons  des  moments  en  bagatelles  pures, 

Qu'il  faudrait  employer  a  prendre  des  mesures. 

Aux  menaces  du  fourbe  on  doit  ne  dormir  point. 
Dam.  Quoi.''  son  eiFronterie  irait  jusqu'a  ce  point  ? 
Elm.  Pour  moi,  je  ne  crois  pas  cette  instance  possible, 

Et  son  ingratitude  est  ici  trop  visible. 

Cl^an.  Ne  vous  y  fiez  pas  :  il  aura  des  ressorts 

Pour  donner  contre  vous  raison  a  ses  efforts ; 

Et  sur  moins  que  cela  le  poids  d'une  cabale 

Embarrasse  les  gens  dans  un  facheux  de'dale. 

Je  vous  le  dis  encore  :  arme  de  ce  qu'il  a, 

Vous  ne  deviez  jamais  le  pousserj usque-la. 
Org.  II  est  vrai ;  mais  qu'y  faire  ?  A  I'orgueil  de  ce 
traitre, 

De  mes  ressentiments  je  n'ai  pas  ete  maitre. 
Clean.  Je  voudrais,  de  bon  coeur,  qu'on  put  entre 
vous  deux 

De  quelque  ombre  de  paix  raccommoder  les  uoeuds. 
Elm.  Si  j'avais  su  qu'en  main  il  a  de  telles  armes, 

Je  n'aurais  pas  donne  matiere  a  tant  d'alarmes, 

Et  mes... 
Org.  Que  veut  cet  homme  }  Allez  tot  le  savoir. 

Je  suis  bien  en  etat  que  Ton  me  vienne  voir  ! 


SciNE  IV. 

Monsieur  Loyal,  Madame  Pebnellb,  Orgon,  Damis, 
Mariane,  Dorine,  Elmirb,  CliSante. 

M.  LoY.  Bonjour,   ma  chere  soeur ;    faites,  je  voua 
supplie. 

Que  je  parle  a  Monsieur. 
Dob.  II  est  en  compagnie, 

Et  je  doute  qu'il  puisse  a  present  voir  quelqu'un. 
M.  LoY.  Je  ne  suis  pas  pour  etre  en  ces  lieux  importun. 


sc.  IV.]  TARTUFFE  119 

Dob.  Such  is  the  just  reward  of  acts  in  this  world. 
Monsieur.  You  would  not  believe  and  now  vou  are 
nnj  hp.liflved.*^  ' 

CleTn,  We  waste  time  in  mere  trifles  which  we  ought 
to  use  in  taking  measures.  We  ought  not  to  sleep 
when  a  knave  threatens. 

Dam.  What  ?  would  his  effrontery  go  to  such  lengths  ? 

Elm.  For  my  part,  I  do  not  believe  he  can  possibly 
make  out  a  case :  his  ingratitude  would  be  too 
glaring. 

CijfeAN.  You  must  not  trust  to  that.  He  will  find 
means  to  justify  his  actions  against  you  :  for  less 
than  this  a  powerful  party  has  involved  people  in 
sad  troubles.  I  tell  you  again,  armed  as  he  is,  you 
ought  never  to  have  driven  him  thus  far. 

Org.  That  is  true,  but  what  could  I  do  ?  I  was  not 
the  master  of  my  feelings  when  I  saw  the  insolence 
of  this  traitor. 

Clean.  I  wish,  with  all  my  heart,  we  could  arrange 
for  even  the  shadow  of  peace  between  you  two. 

Elm.  If  I  had  known  he  had  such  weapons  in  his 
hands  I  would  not  have  made  so  much  noise  about 
the  matter,  and  my  .  .  . 

Obc.  What  does  that  man  want. ^  Go  quickly,  and 
see.     A  nice  condition  I  am  in  for  seeing  anybody. 


Scene  IV. 

Monsieur  Loyal,  Madam  Perneijle,  Oroon,  Damis, 
Mariane,  Dorine,  Euhire,  Cl^ante. 

M.  Loy.  Good-morning,  my  dear  sister,  pray  let  me 
speak  to  your  master. 

Dor.  He  is  engaged  with  friends,  and  I  doubt  whether 

he  can  see  anyone  at  present. 
M.  LoY.  I  do  not  want  to  be   intrusive  in  his  own 


120  LE  TARTUFFE  [acte  v. 

Mon  abord  n'aura  rien,  je  crois,  qui  lui  deplaise; 
Et  je  viens  pour  un  fait  dont  il  sera  bien  aise. 

Doa.  Votre  nom  ? 

M.  LoY.  Dites-lui  seulement  que  je  vien 

De  la  part  de  Monsieur  Tartuffe,  pour  son  bien. 
Dob.  C'est  un  homme  qui  vient,  avec  douce  maniere, 

De  la  part  de  Monsieur  Tartuffe,  pour  affaire 

Dont  vous  serez,  dit-il,  bien  aise. 
Cl6an.  II  vous  faut  voir 

Ce  que  c'est  que  cet  homme,  et  ce  qu'il  pent  vouloir. 
Org.  Pour  nous  raccommoder  il  vient  ici  peut-etre  : 

Quels  sentiments  aurai-je  a  lui  faire  paraitre? 
ClAan.  Votre  ressentiment  ne  doit  point  eclater ; 

Et  s'il  parle  d'accord,  il  le  faut  ecouter. 

M.  LoY.  Salut,  Monsieur  !    Le  Ciel  perde  qui  vous 
veut  nuire, 

Et  vous  soit  favorable  autant  que  je  desire  ! 
Org.  Ce  doux  debut  s'accorde  avec  mon  jugement, 

Et  pre'sage  deja  quelque  accommodement. 
M.  LoY.  Toute  votre  maison  m'a  toujours  ete  chere, 

Et  j'etais  serviteur  de  Monsieur  votre  pere. 
Org.  Monsieur,  j'ai  grande  honte  et  demande  pardon 

D'etre  sans  vous  connaitre  ou  savoir  votre  nom. 

M.  LoY.  Je  m'appelle  Loyal,  natif  de  Normandie, 
Et  suis  huissier  a  verge,  en  depit  de  I'envie. 
J'ai  depuis  quarante  ans,  grace  au  Ciel,  le  bonheur 
D'en  exercer  la  charge  avec  beaucoup  d'honneur  ; 
Et  je  vous  viens.  Monsieur,  avec  votre  licence, 
Signifier  1' exploit  de  certaine  ordonnance... 

Org.  Quoi.^  vous  etes  ici... .'' 

M.  LoY.  Monsieur,  sans  passion  : 

Ce  n'est  rien  seulement  qu'une  sommation, 
Un  ordre  de  vider  d'ici,  vous  et  les  votres, 
Mettre  vos  meubles  hors,  et  faire  place  a  d'autres. 
Sans  delai  ni  remise,  ainsi  que  besoin  est... 

Org.  Moi,  sortir  de  ceans  ? 

M.  LoY.  Oui,  Monsieur,  s'il  vous  plait. 


8C,  IV.]  TARTUFFE  121 

house.      I    do    not  think  my  presence   concerns 

anything  that    will   distress    him.      I   have    come 

upon  a  matter  which  will  please  him. 
Dob.  What  is  your  name  ? 

M.  LoY.  Simply  tell  him  I  come,  on  behalf  of  Mon- 
sieur Tartuffe,  for  his  good. 
Dob.  He  is  a  man  who  comes  with  a  civil  message 

from  Monsieur  Tartuffe,  concerning  a  matter  which 

he  says  will  please  you. 
Cli6an.  You  must  see  who  this  man  is,  and  what  he 

can  want. 
Org.  Perhaps  he  comes  here  to  reconcile   us.     In 

what  way  shall  I  behave  to  him  .'* 
Cl^n.  You  ought  not  to  show  your  resentment ;  and 

if  he  speaks  of  an  agreement  you  ought  to  listen  to 

him  } 
M.    LoY.    Your    servant,    Monsieur.      May    heaven 

destroy  those  who  wish  you  harm,  and  may  it  be 

as  favourable  to  you  as  I  wish. 
Org.  This   civil  beginning   bears    out  my   opinion, 

and  augurs  already  some  reconciliation. 
M.  LoY.  I  was  your  father's  servant,  and  your  whole 

household  has  ever  been  dear  to  me. 
Org.  I  am  greatly  ashamed.  Monsieur,  and   I   beg 

your  pardon  in  that  I  do  not  know  you  or  your 

name. 
M.  LoY.  My  name  is  Loyal,  I  am  a  native  of  Normandy, 

and,  in  spite  of  envious  people,  a  tipstaff.     Thanks 

to  heaven,  I  have  had,  for  the  last  forty  years,  the 

happiness  of  holding  this  office  with  much  credit. 

I  have  come  to  you,  Monsieur,  by  your  leave,  to 

serve  a  writ  of  a  certain  kind  .  .  . 
Org.  What."*  are  you  Jiere  7  .  .? 
M.   LoY.  Calm    yourself.  Sir.      It  is  nothing  but 

summons,  an  order  to  remove  you  and  yours  hence.^ 
"to   take  your  furniture   away,  and   to   make  way 

lor  otners,  without  delay  or  remission,  as  hereby 

decrejd.  ' -X 

Org.  I  to  leave  this  house  ? 

M.  LoY.  Yes,  Monsieur,  if  it  please  you.    The  house,  at 


122  LE  TARTUFFE  [acts  v. 

La  maison  a  present,  comme  savez  de  reste, 
Au  bon  Monsieur  Tartuffe  appartient  sans  conteste. 
De  vos  biens  desormais  il  est  maitre  et  seigneur. 
En  vertu  d'un  contrat  duquel  je  suis  porteur  : 
II  est  en  bonne  forme,  et  Ton  n'y  pent  rien  dire. 

Dam.  Certes,  cette  impudence  est  grande,  et  je  I'admire. 

M.  LoY.  Monsieur,  je  ne  dois  point  avoir  affaire  a 
vous ; 
C'est  a  Monsieur :  il  est  et  raisonnable  et  doux, 
Et  d'un  homme  de  bien  il  salt  trop  bien  I'ofRce, 
Pour  se  vouloir  du  tout  opposer  a  justice. 

Org.  Mais... 

M.  LoY.     Oui,  Monsieur,  je  sais  que  pour  un  million 
Vous  ne  voudriez  pas  faire  rebellion, 
Et  que  vous  souffrirez,  en  honnete  personne, 
Que  j'execute  ici  les  ordres  qu'on  me  donne. 

Dam.  Vous  pourriez  bien  ici  sur  votre  noir  jupon, 
Monsieur  I'huissier  a  verge,  attirer  le  baton. 

M.  LoY.  Faites  que  votre  fils  se  taise  ou  se  retire. 
Monsieur.     J'aurais  regret  d'etre  oblige  d'ecrire, 
Et  de  vous  voir  couche  dans  mon  proces-verbal. 

Dor.  Ce  Monsieur  Loyal  porte  un  air  bien  deloyal ! 

M.  LoY.  Pour  tous  les  gens  de  bien  j'ai  de  grandes 
tendresses, 
Et  ne  me  suis  voulu.  Monsieur,  charger  des  pieces 
Que  pour  vous  obliger  et  vous  faire  plaisir ; 
Que  pour  oter  par  la  le  moyen  d'en  choisir 
Qui,  n'ayant  pas  pour  vous  le  zele  qui  me  pousse, 
Auraient  pu  proceder  d'une  fagon  moins  douce. 

Org.  Et  que  peut-on  de  pis  que  d'ordonner  aux  gens 
De  sortir  de  chez  eux  ? 

M.  LoY.  Ou  vous  donne  du  temps, 

Et  jusques  a  demain  je  ferai  surseance 
A  I'execution,  Monsieur,  de  I'ordonnance. 
Je  viendrai  seulement  passer  ici  la  nuit, 
Avec  dix  de  mes  gens,  sans  scandale  et  sans  bruit. 
Pour  la  forme,  il  faudra,  s'il  vous  plait,  qu'on  m'ap- 

porte, 
Avant  que  se  coucher,  les  clefs  de  votre  porte. 
J'aurai  soin  de  ne  pas  troubler  votre  repos. 


i 


K.  IV.]  TARTUFFE  123 

present,  as  you  well  knnWj  hp^""!*"  ""'1^"»'^^^»"''>^1y 
to  good  Monsieur  Tartuffft-  Hp^icflfnrth,  ^of  _all 
your  ii-ooTls  lie  is  lord  and  master,  by  virtue  of  a 
coiitruct  wljicli  I  have  with  nie.  '  It  is  iu  due  forni 
ajj/l  imfliiny  c.attJMLj;w4d-a^ i n st  it. 

Dam.  Truly  I  admire  this  impudence  :  it  is  colossal. 

M.  LoY.  Monsieur,  I  have  not  any  business  with  you. 
It  is  with  this  gentleman.  He  is  both  reasonable 
and  civil,  and  he  knows  the  duty  of  a  sensible  man 
too  well  to  wish  to  resist  what  is  in  any  way  just. 

Org.  But  .  .  . 

M.  LoY.  Yes,  Monsieur,  I  know  you  would  not  rebel 
for  a  million,  and  that  you  will,  like  a  gentleman, 
allow  me  to  execute  here  the  orders  which  have 
been  given  me. 

Dam.  Monsieur  Tipstaff,  it  may  happen  that  you  will 
here  get  the  stick  laid  across  your  black  gown. 

M.  LoY.  Order  your  son  to  be  silent  or  withdraw. 
Monsieur.  I  should  be  sorry  to  have  to  put  your 
name  down  in  my  official  report. 

Dor..  ThiA  ?lf|onsi<^ur  I-rftyaJ  has  a  very  disloyal  air, 

M.  LoY.  I  have  much  sympathy  with  all  worthy 
people,  and  I  would  not  have  burdened  myself^ 
Monsieui-,  with  these  documents  save  to  oblige 
you  and  to  do  you  service,  to  take  away  in  this 
manner  the  chance  of  someone  else  being  chosen 
who,  not  having  Xor  you  the  esteem  I  have^  would 
have  proceeded  in  a  less  gentle  manner. 

Org.  What  can  be  worse  than  to  order  people  out  of 
their  own  house? 

M.  LoY.  Monsieur,  you  are  given  time,  and  I  will 
suspend  proceedings  under  the  writ  until  to- 
morrow. I  will  simply  come  to  pass  the  night 
here,  with  ten  of  my  men,  without  scandal  and 
without  noise.  For  the  sake  of  form,  you  will  be 
so  good  as  to  bring  me  the  keys  of  your  door 
before  you  go  to  bed.  I  will  take  care  not  to 
disturb  your  repose,  and  not  to jjlowaiiy thing 
unseemlyr    Bift  to-morrow,  early   in  the   morn- 


r^ 


124  LE  TARTUFFE  [actb  v. 

Et  de  ne  rien  souffrir  qui  ne  soit  a  propos. 
Mais  demain,  du  matin,  il  vous  faut  etre  habile 
A  vider  de  ceans  jusqu'au  moindre  ustensile  : 
Mes  gens  vous  aideront,  et  je  les  ai  pris  forts. 
Pour  vous  faire  service  a  tout  mettre  dehors. 
On  n'en  peut  pas  user  mieux  que  je  fais,  je  pense  ; 
Et  comme  je  vous  traite  avec  grande  indulgence, 
Je  vous  conjure  aussi,  Monsieur,  d'en  user  bien, 
Et  qu'au  du  de  ma  charge  on  ne  me  trouble  en  rien. 

Org.  Du  meilleur  de  mon   coeur  je   donnerais  sur 
I'heure 
Les  cent  plus  beaux  louis  de  ce  qui  me  demeure, 
Et  pouvoir,  a  plaisir,  sur  ce  mufle  assener 
Le  plus  grand  coup  de  poing  qui  se  puisse  donner. 

Cl^an.  Laissez,  ne  gatons  rien. 

Dam.  a  cette  audace  etrange 

J'ai  peine  a  me  tenir,  et  la  main  me  demange. 

Dor.  Avec  un  si  bon  dos,  ma  foi.  Monsieur  Loyal, 
Quelques  coups  de  baton  ne  vous  sieraient  pas  mal. 

M.  LoY.  On  pourrait  bien  punir  ces  paroles  ini^mes, 
Mamie,  et  Ton  decrete  aussi  centre  les  femmes. 

Cl]6an.  Finissons  tout  cela.  Monsieur  :  e'en  est  assez ; 
Donnez  tot  ce  papier,  de  grace,  et  nous  laissez. 

M.  LoY.  Jusqu'au  revoir.     Le  Ciel  vous  tienne  tous 


en  joie 


Org.  Puisse-t-il  te  confondre,  et  celui  qui  t'envoie  ! 


Sc^NE    V 
OrOON,    Cl^ANTE,    MaRIANE,    Er,MIRE,    MADASrB 

Pernelle,  Dorine,  Dahis 

Org.  H^  bien,  vous  le  voyez,  ma  mere,  si  j'ai  droit, 
Et  vous  pouvez  juger  du  reste  par  1' exploit  : 
Ses  trahisons  enfin  vous  sont-elles  connues  ? 


8c.  v.]  TARTU FFE  126 

ing,  you  must  be  ready  to  clear  the  house  even 
to  the  smallest  utensil.  My  men  will  help  you. 
I  have  chosen  strong  fellows,  so  that  they  can 
assist  you  to  take  everything  away.  It  is  not 
possible  to  act  better  than  I  am  acting,  I  feel  sure, 
and,  since  I  treat  you  with  great  consideration. 
Monsieur,  I  beg  that  on  your  part  you  will  treat 
me  properly  and  that  you  will  not  annoy  me  in 
any  way  in  the  execution  of  the  duties  of  my 
office. 
Oro.  With  the  best  heart  in  the  world  would  1  give 
just  now  a  hundred  of  the  brightest  louis  d'or  that 
are  left  me  could  I  have  the  pleasure  of  giving  one 
of  the  soundest  clouts  possible  on  his  beak. 

Clean.  Be  quiet,  do  not  make  matters  worse. 

Dam.  I  can  hardly  contain  myself.     My  hand  itches 

at  this  monstrous  impertinence. 
Dor.  Upon  my  word.  Monsieur  Loyal,  a  drubbing 

with  a  stick  would  not  sit  ill  on  your  broad  back. 
M.  LoY.    We   could    easily  punish   those   shameful 

words,  my  girl ;   women,  also,  are  answerable  to 

the  law. 
Clean.  Let  us  end  all  this.  Monsieur,  there  has  been 

enough  of  it.      Give  up  this  paper,  for  goodness' 

sake,  quickly,  and  leave  us. 
M.  LoY.  Good-bye  for  the   present.     May   Heaven 

keep  you  all  in  happiness  I 
Org.  May  it  confound  you  and  him  who  sent  you  1 


Scene  V 

Orqon,  Cl:iSante,  Marianb,  Elmire,  Madamb 
Pbrnellb,  Dorinb,  Damis 

Org.  Ah  !  well.  You  see  now,  mother,  I  was  right, 
and  you  can  judge  of  the  rest  by  the  warrant. 
Do  you  acknowledge  his  treachery  at  last? 


126  LE  TARTUFFE  [acth  v. 

Mad.  Per.  Je  suis  tout  ebaubie,  et  je  tombe  des  nues! 

Dor,  Vous  vous  plaignez  a  tort,  a  tort  vous  le  blamez, 
Et  ses  pieux  desseins  par  la  sont  confirmes  : 
Dans  ramour  du  prochain  sa  vertu  se  consomme  ; 
II    sait    que    tres-souvent    les    biens    corrompent 

I'homme, 
Et,  par  charite  pure,  il  veut  vous  enlever 
Tout  ce  qui  vous  peut  faire  obstacle  a  vous  sauver. 

Org.  Taisez-vous :   c'est  le  mot  qu'il  vous  faut  tou- 
jours  dire. 

Cl^an.  Allons  voir  quel  conseil  on  doit  vous  faire 
elire. 

Elm.  Allez  faire  eclater  I'audace  de  I'ingrat. 
Ce  procede  detruit  la  vertu  du  contrat ; 
Et  sa  deloyaute  va  paraitre  trop  noire. 
Pour  soufFrir  qu'il  en  ait  le  succes  qu'on  veut  croire. 


SciiNE  VI 

Val^rb,  Orgon,  Cleante,  Elmire,  Mariane,  etc 

Val.  Avec  regret,  Monsieur,  je  viens  vous  affliger , 
Mais  je  m'y  vois  contraint  par  le  pressant  danger. 
Un  ami,  qui  m'est  joint  d'une  amitie  fort  tendre, 
Et  qui  sait  I'inte'ret  qu'en  vous  j'ai  lieu  de  prendre, 
A  viole  pour  moi,  par  un  pas  delicat, 
Le  secret  que  Ton  doit  aux  affaires  d'Etat, 
Et  me  vient  d'envoyer  un  avis  dont  la  suite 
Vous  reduit  au  parti  d'une  soudaine  fuite. 
Le  fourbe  qui  longtemps  a  pu  vous  imposer 
Depuis  une  heure  au  prince  a  su  vous  accuser, 
Et  remettre  en  ses  mains,  dans  les  traits  qu'il  vous 

jette, 
D'un  criminel  d'Etat  I'importante  cassette, 
Dont,  au  mepris,  dit-il,  du  devoir  d'un  sujet, 


sc.  VI.]  TARTUFFE  127 

Mad.  PjEg      J    am     qiiitfl    tTninHwrgtriirlf  ; I    foft]    aS 

though  I  had  dropped  from  the  clouds !  > 

Dok.  V'ou  nave  not  any  reason  to  complain,  or  to 
blame  him.  His  pious  designs  are  confirmed  by 
this.  His  virtue  reaches  its  consummation  in  the 
love  of  his  neighbour.  He  knows  that  riches  very 
often  corrupt  a  man,  and,  out  of  pure  charity,  he 
would  take  away  from  you  everything  which  could 
become  an  obstacle  in  the  way  of  your  salvation. 

Org.  Hold  your  tongue.  I  am  continually  telling 
you  to  be  quiet. 

Cl^an.  Let  us  see  what  course  we  ought  to  follow. 

Elm.  Go  and  expose  the  ungrateful  wretch's  auda- 
city. His  proceeding  destroys  the  validity  of  the 
contract.  His  disloyalty  will  appear  too  black  to 
allow  him  to  gain  the  success  he  expects. 


Scene  VI 

VALisRB,  Orgon,  Cl^intb,  Elmire,  Mariane,  eto. 

Val.  I  am  very  sorry.  Monsieur,  that  I  come  to 
trouble  you,  but  I  am  forced  to  it  by  the  urgency 
of  the  danger.  A  friend  who  is  united  to  me  by 
the  closest  ties,  and  who  knows  the  interest  I  take 
in  you,  has,  by  a  hazardous  step,  violated  for 
my  sake  the  secrecy  due  to  affairs  of  State  and 
has  just  sent  me  some  intelligence  in  consequence 
of  which  you  will  be  compelled  to  make  a  sudden 
flight.  About  an  hour  ago,  the  knave,  who  has 
imposed  upon  you  for  so  long,  thought  proper  to 
accuse  you  to  the  king,  and,  amongst  the  charges 
which  he  brings  against  you,  he  has  put  into  his 
hands  the  important  documents  of  a  State  criminal 
whose  guilty  secret  he  says  you  have  kept  in  con- 


128  LE  TARTUFFE  [acte  v. 

Vous  avez  conserve  le  coupable  secret, 
J'ignore  le  detail  du  crime  qu'on  vous  donne ; 
Mais  un  ordre  est  donne  contre  votre  personne ; 
Et  lui-meme  est  charge,  pour  mieux  1' executor, 
D'accompagner  celui  qui  vous  doit  arreter. 

CLiiAN.  Voila  ses  droits  armes ;    et  c'est  par  ou  le 
traitre 
De  vos  bieus  qu'il  pretend    cherche  a  se  rendre 
maitre. 

Org.  L'homme   est,  je   vous   I'avoue,    un   mechant 
animal ! 

Val.  Le  moindre  amusement  vous  pent  etre  fatal. 
J'ai,  pour  vous  emmener,  mon  carrosse  a  la  porte, 
Avec  mille  louis  qu'ici  je  vous  apporte. 
Ne  perdons  point  de  temps  :  le  trait  est  foudroyant, 
Et  ce  sont  de  ces  coups  que  Ton  pare  en  fuyant. 
A  vous  mettre  en  lieu  sur  je  m'offre  pour  conduite, 
Et  veux  accompagner  jusqu'au  bout  votre  fuite. 

Org.  Las  !  que  ne  dois-je  point  a  vos  soins  obligeants ! 
Pour  vous  en  rendre  grace  il  faut  un  autre  temps ; 
Et  je  demande  au  Ciel  de  m'etre  assez  propice. 
Pour  reconnaitre  un  jour  ce  genereux  service. 
Adieu :  prenez  le  soin,  vous  autres  .  .  . 

Cl^an.  AUez  tot 

Nous  songerons,  mon  frere,  a  faire  ce  qu'il  faut. 


ScilNE    DERNIlfcRK 

L'exbmpt,  Tartuffe,  VAiiiRB,  Orgon,  Elhire, 
Marianb,  etc. 

Tar.  Tout  beau.  Monsieur,  tout  beau,  ne  courez  point 
si  vite ; 
Vous  n'irez  pas  fort  loin  pour  trouver  votre  gite, 
Et  de  la  part  du  Prince  on  vous  fait  prisonnier. 

Org.  Traitre,  tu  me  gardais  ce  trait  pour  le  dernier ; 
C'est  le  coup,  scelerat,  par  ou  tu  m'expedies, 
Et  voila  couronner  toutes  tes  perfidies. 


i^ST  scene]  TARTUFFE  129 

tempt  of  the  duty  of  a  subject.  I  do  not  know  the 
details  of  the  crime  with  which  you  are  charged,  but 
a  warrant  is  out  against  your^gereon,  and  the  better 
*to'eXectrtS  it,  he  himSfilt  is  appointed  to  accompany 
the  person  who  is  to  arrest  you. 

Clean.  His  pretensions  are  now  armed,  and  it  is  by 
this  means  that  the  traitor  seeks  to  render  himself 
master  of  your  property. 

Org.  I  tell  you  the  fellow  is  a  vile  brute. 

VaSj.  The  least  delay  may  be  fatal  to  you.  My  coach 
is  at  the  door  to  take  you  away,  and  I  have  brought 
you  a  thousand  louis  d'or.  Do  not  let  us  lose  any 
time ;  the  bolt  is  shot,  and  this  is  one  of  those  blows 
which  must  be  parried  by  flight.  I  myself  offer  to 
conduct  you  to  a  safe  retreat,  and  I  will  accompany 
you  even  to  the  end  of  your  flight. 

Org.  Alas  !  what  do  I  not  owe  to  your  thoughtful 
care  ?  I  must  thank  you  another  time.  I  beg  that 
heaven  willjip  pi-npitiong  pnf|ii{rh  to  finable  nie  to 
iri'i^  [low  ipfl^  'iftpie  day  this  generous  service.  Fare- 
well.    The  rest  ot  you  be  caretul  .  .  . 

Clean.  Go  quickly,  brother,  we  will  see  to  evei'y- 
thing  necessary. 


Last  Scene 

A  Police  Officer,  Tartuffe,  Val^ire,  Orgon, 
Elmire,  Mariane,  etc. 

Tar.  Gently,  Monsieur,  gently,  do  not  run  so  fast. 

You  will  not  have  to  go  very  far  in  order  to  find 

your  lodging ;  we  take  you  prisoner  in  the  King's 

name. 
Org.  Wretch  !    You  have  kept  this  shaft  for  the  last. 

This  is  the  blow,  villain,  by  which  you  dispatch  me, 

and  it  crowns  all  your  evil  deeds. 
I 


130  LE  TARTUFFE  [acte  v. 

Tar.  Vos  injures  n'ont  rien  a  me  pouvoir  aigrir, 
Et  je  suis  pour  le  Ciel  appris  a  tout  souflFrir. 

ClAan.  La  moderation  est  grande,  je  I'avoue. 
Dam.  Comme  du  Ciel  I'infame  impudemment  se  joue  ! 
Tar.  Tous  vos  emportements  ne  sauraient  m'emou- 
voir, 

Et  je  ne  songe  a  rien  qu'a  faire  mon  devoir. 
Mar.   Vous  avez  de  ceci  grande  gloire  a  pretendre, 

Et  cet  emploi  pour  vous  est  fort  honnete  a  prendre. 

Tar.   Un  emploi  ne  saurait  etre  que  glorieux, 

Quand  il  part  du  pouvoir  qui  m'envoie  en  ces  lieux. 

Org.  Mais  t'es-tu  souvenu  que  ma  main  charitable, 
Ingrat,  t'a  retire  d'un  etat  miserable  ? 

Tar.  Oui,  je  sais  quels  secours  j'en  ai  pu  recevoir ; 
Mais  I'interet  du  Prince  est  mon  premier  devoir ; 
De  ce  devoir  sacre  la  juste  violence 
EtoufFe  dans  mon  ccBur  toute  reconnaissance, 
Et  je  sacrifierais  a  de  si  puissants  noeuds 
Ami,  femme,  parents,  et  moi-meme  avec  eux. 

Elm.  L'imposteur  ! 

Dor.  Comme  il  sait,  de  traitresse  maniere, 

Se  faire  un  beau  manteau  de  tout  ce  qu'on  revere  ! 

Cl6an.  Mais  s'il  est  si  parfait  que  vous  le  declarez, 
Ce  zele  qui  vous  pousse  et  dont  vous  vous  parez, 
D'ou  vient  que  pour  paraitre  il  s'avise  d'attendre 
Qu'a  poursuivre  sa  femme  il  ait  su  vous  surprendre, 
Et  que  vous  ne  songez  a  Taller  denoncer 
Que  lorsque  son  honneur  I'oblige  a  vous  chasser? 
Je  ne  vous  parle  point,  pour  devoir  en  distraire, 
Du  don  de  tout  son  bien  qu'il  venait  de  vous  faire ; 
Mais  le  voulant  traiter  en  coupable  aujourd'hui, 
Pourquoi  consentiez-vous  a  rien  prendre  de  lui .'' 

Tar.    (h,  TExempt.)    De'livrez-moi,    Monsieur,    de    la 
criaillerie, 
Et  daignez  accomplir  votre  ordre,  je  vous  prie. 
L'Ex,  Oui,  c'est trop  demeurer  sans  doute  a  I'accomplir: 


LAST  scene]  TARTUFFE  131 

Tar.  Your  abuse  has  no  power  to  disturb  me;J[„,ain 
accustomed  to  endure  all  things  for  the  sake  of 
heaven. 

CLifeAN.  Your  moderation  is  great,  to  be  sure. 

Dau.  Howlimpudeutly  the  villain  plays  with  heaven  ! 

Tar.  All  your  abuse  cannot  move  me.  I  do  not 
think  of  anything  but  of  doing  my  duty. 

Mar.. You  may  glorify  yourself  considerably  in  that 
respect.  The  task  is  certainly  an  honourable  one 
for  you  to  undertake. 

Tar.  a  task  cannot  but  be  glorious  when  it  proceeds 
from  the  power  which  sends  me  to  this  place. 

Org.  Ungrateful  wretch^  do  you  remember  that  it 
was  my  charitable  hand  which  raised  you  from  a 
miserable  condition  ? 

Tar.  Yes,  I  know  what  assistance  I  had  from  you, 
but  the  interest  of  the  Kin^  is  my  first  duty.  The 
imperative  obligation  of  that  sacred  duty  stifles  all 
gratitude  in  my  heart,  and  I  would  sacrifice  friend, 
wife,  parents  and  myself  with  them  to  so  powerful 
a  bond. 

Elm.  The  hypocrite ! 

Dor.  How  well  and  artfully  he  knows  how  to  make 
himself  a  fine  cloak  out  of  all  that  men  hold  sacred. 

Cw?!an.  But  if  this  zeal  which  fills  you,  and  upon 
which  you  plume  yourself,  is  as  perfect  as  you  say 
it  is,  why  did  it  not  think  well  to  appear  before 
he  happened  to  surprise  you  soliciting  his  wife? 
Why  did  you  not  think  to  denounce  him  until  his 
honour  obliged  him  to  turn  you  away.^"  I  do  not 
say  the  gift  of  all  his  property  he  recently  made 
you  should  have  prevented  you  from  doing  your 
duty,  but  why  did  you  agree  to  take  anything  of 
his  when  you  intended  to  treat  him  as  a  criminal 
to-day  ? 

Tar.  (To  the  Police  Officer.)  Pray,  Monsieur,  deliver  me 
from  this  clamour,  and  be  so  good  as  to  execute 
your  warrant. 

Pol.  Off,  Certainly.    We  have  delayed  the  execution 


132  LE  TARTUFFE  [actb  v. 

Votre  bouche  a  propos  m'invite  a  le  remplir ; 
Et  pour  I'executer,  suivez-moi  tout  a  I'heure 
Dans  la  prison  qu'on  doit  vous  donner  pour  demeure. 

Tab.  Qui?  moi,  Monsieur? 

L'Ex.  Oui,  vous. 

Tab.  Pourquoi  done  la  prison  ? 

L'Ex.  Ce  n'est  pas  vous  a  qui  j'en  veux  rendre  raison. 
Remettez-vous,  Monsieur,  d'une  alarme  si  chaude. 
Nous  vivons  sous  un  prince  ennemi  de  la  fraude, 
Un  prince  dont  les  yeux  se  font  jour  dans  les  coeurs, 
Et  que  ne  peut  tromper  tout  I'art  des  imposteurs. 
D'un  fin  discernement  sa  grande  ame  pourvue 
Sur  les  choses  toujours  jette  une  droite  vue ; 
Chez  elle  jamais  rien  ne  surprend  trop  d'acces, 
Et  sa  ferme  raison  ne  tombe  en  nul  exces. 
II  donne  aux  gens  de  bien  une  gloire  immortelle ; 
Mais  sans  aveuglement  il  fait  briller  ce  zele, 
Et  I'amour  pour  les  vrais  ne  ferme  point  son  coeur 
A  tout  ce  que  les  faux  doivent  donner  d'horreur. 
Celui-ci  n'etait  pas  pour  le  pouvoir  surprendre, 
Et  de  pieges  plus  fins  on  le  voit  se  defendre. 
D'abord  il  a  perce,  par  ses  vives  clartes, 
Des  replis  de  son  coeur  toutes  les  lachetes. 
Venant  vous  accuser,  il  s'est  trahi  lui-meme, 
Et  par  un  juste  trait  de  I'equite  supreme, 
S'est  decouvert  au  Prince  un  fourbe  renomme, 
Dont  sous  un  autre  nom  il  etait  informe  ; 
Et  c'est  un  long  detail  d'actions  toutes  noires 
Dont  on  pourrait  former  des  volumes  d'histoires. 
Ce  monarque,  en  un  mot,  a  vers  vous  deteste 
Sa  lache  ingratitude  et  sa  deloyaute  ; 
A  ses  autres  horreurs  il  a  joint  cette  suite, 
Et  ne  m'a  jusqu'ici  soumis  a  sa  conduite 
Que  pour  voir  I'impudence  aller  jusques  au  bout, 
Et  vous  faire  par  lui  faire  raison  de  tout. 
Oui,  de  tous  vos  papiers,  dont  il  se  dit  le  maitre, 
II  veut  qu'entre  vos  mains  je  depouille  le  traitre. 
D'un  souverain  pouvoir,  il  brise  les  liens 
Du  contrat  qui  lui  fait  un  don  de  tous  vos  biens. 


LAST  scene]  TARTUFFE  133 

too  long,  without  doubt.     Your  words  aptly  remind  y 

me  to  fulfil  it.     My  warrant  will  be  executed  if  you     ^^.     ^^ 
follow  me  directly  to  the  prison  which  is  assigned  r^*- 

you  for  your  dwelling. 

Tab.    Who?     Ir  Monsiftur^ 

Pol.  Off,  Yes,  you. 

Tab.  Why,  then,  to  prison  .!* 

Pol.  Off.  I  have  no  account  to  render  to  you.    Com- 
pose yourself,  Monsieur,  after  so  great  an  alarm,  v 
W«4ive  under  a  kin^  who  is  an  enemy  to  fr^"<^,  "'^        "'.\ 
king  wnose  eyes  loolt  into  the  depths  of  all  hearts.  J,   /  'rt' 
MA  whu  ammi  be  dwnlved  by  the"~mbst  artful^,/  '*  ^ 
impostor,    (iifted  with  k  Bne  dl5(^ernment.  his  loftv 
soul  at  all  times  sees  things  in  the  right  light.     He 
is  never  betrayed  into  exaggeration,  and  his  sound 
judgment  never  falls  into  any  excess.     He  confers 
an  everlasting  glory  upon  men  of  worth  ;  but  this 
zeal  does  not  radiate  blindly :  his  esteem  for  the 
sincere  does  not  close  his  heart  to  the  horror  aroused 
by  those  who  are  treacherous.     Even  this  person'        "" 
was  not  the  man  to  overreach  him  :  he  has  guarded 
himself  against  more  subtle  snares.     From  the  first 
his  quick  perception  pierced  through  all  the  vile- 
ness  coiled  round  that  man's  heart,  who,  coming  to 

act  of  divine  justice  revealed  himself  to  tne  King 
as  a  notorious  rogue,  of  whose  deeds,  under  another 
name,  the  King  was  aware.  His  life  is  one  long 
series  of  utterly  black  actions,  of  which  volumes 
might  be  written.     In  short,  the  monarch  detested 

his  p)p  in^ratitiirlft  pnrl  >iig  fljclnyfllty  t,ftwarHg  you  ; 

to  his  other  misdeeds  he  has  added  this  crime  ;  and 
I  am  placed  in  this  matter  under  his  orders,  so  that 
the  lengths  to  which  his  impudence  would  carry 
him  might  be  seen,  and  in  order  to  make  him  give 
you  entire  satisfaction.  Yes,  I  am  instructed  to 
take  away  from  the  wretch  all  your  documents  of 
which  he  declares  he  is  the  owner,  and  to  place 
them  in  your  hands.  By  his  sovereign  power  he 
annuls  the  terms  of  the  contract  which  made  over 


134  LE  TARTUFFE  [actb  v. 

Et  vous  pardonne  eafin  cette  offense  secrete 
Ou  vous  a  d'un  ami  fait  tomber  la  retraite ; 
Et  c'est  le  prix  qu'il  donne  au  zele  qu'autrefois 
On  vous  vit  t^moigner  en  appuyant  ses  droits. 
Pour  montrer  que  son  coeur  salt,  quand  moins  on  y 

pense, 
D'une  bonne  action  verser  la  recompense. 
Que  jamais  le  merite  avec  lui  ne  perd  rien, 
Et  que  mieux  que  du  mal  il  se  souvient  du  bien. 

Dob.  Que  le  Ciel  soit  lou^  ! 

Mad.  Per.  Maintenant  je  respire. 

Elm.  Favorable  succes ! 

Mar.  Qui  I'aurait  ose  dire  ? 

Org.  (iTARTrrpFB,)  He  bien  !  te  voila,  traitre  .  .  . 

CiisAN.  Ah  !  mon  frere,  arretez, 

Et  ne  descendez  point  a  des  indignites  ; 
A  son  mauvais  destin  laissez  un  miserable, 
Et  ne  vous  joignez  point  au  remords  qui  I'accable : 
Souhaitez  bien  plutot  que  son  cceur  en  ce  jour 
Au  sein  de  la  vertu  fasse  un  heureux  retour, 
Qu'il  corrige  sa  vie  en  detestant  son  vice 
Et  puisse  du  grand  Prince  adoucir  la  justice, 
Tandis  qu'a  sa  bonte  vous  irez  a  genoux 
Rendre  ce  que  demande  un  traitement  si  doux. 

Org.  Oui,  c'est  bien  dit;  allons  a  ses  pieds  avec 
joie 
Nous  louer  des  bontes  que  son  coeur  nous  deploie. 
Puis,  acquittes  un  peu  de  ce  premier  devoir, 
Aux  justes  soins  d'un  autre  il  nous  faudra  pourvoir, 
Et  par  un  doux  hymen  couronner  en  Valere 
La  flamme  d'un  amant  genereux  et  sincere. 


LAST  scene]  TARTUFFE  136 

tn  t.Tiat  man  all  yniir  wpinlt.lij  anil,  finally,  lift 
pardons  you  the  secret  offence  into  which  the  re- 
treat of  a  friend  caused  you  to  fall.  This  is  the 
reward  he  bestows  for  the  zeal  which  he  formerly 
saw  you  display  in  the  support  of  his  rights,  to  show 
that  his  heart  knows,  when  least  suspected,  how  to 
recompense  a  good  action,  that  merit  is  never 
ignored  by  him,  and  that  he  remembers  good  much 
better  than  evil. 

Dor.  Heaven  be  praised  ! 

Mai).  Per.  Now  I  breathe  again. 

Elm.  What  a  happy  end  to  our  troubles  ! 

Mar.  Who  would  have  dared  to  foretell  this  ? 

Org.  {To  Tartuffe.)  Ah  !  well,  there  you  go,  traitor  ! 

Cl]£an.  Ah  !  my  brother,  stay,  do  not  descend  to 
abuse.  Leave  the  wretch  to  his  evil  fate,  and  do  not 
add  to  the  remorse  which  overwhelms  him.  Much 
rather  hope  his  heart  may  to-day  make  a  happy  re- 
turn to  the  bosom  of  virtue ;  that  he  may  reform 
his  life  in  detesting  his  crime,  and  thus  cause  our 
glorious  King  to  temper  justice  ;  whilst  you  throw 
yourself  on  your  knees  in  return  for  his  lenity  and 
render  the  thanks  such  mild  treatment  demands. 

Org.  Yes,  it  is  well  said.  Let  us  joyfully  throw  our- 
selves at  his  feet  and  praise  the  goodness  which  his 
heart  has  shown  to  us.  Then,  having  acquitted 
ourselves  a  little  of  this  first  duty,  let  us  apply 
ourselves  to  the  pressing  claims  of  another,  and  by 
a  happy  wedding  let  us  crown  in  Val^f«  tha  ardnur 
of  a  generous  and  ylllCBfy  lover. 

KND. 


DON    JUAN 


OR 


THE  FEAST  WITH  THE  STATUE 

(Le  Festin  de  Pierre) 


Don  Juan  was  performed  for  the  first  time 
February  15,  1665,  and  it  is  said  that  the  part  of 
Sganarelle  was  played  by  Moli^re.  The  play  was 
written  during  the  storm  of  opposition  which  pre- 
vented the  regular  performance  of  Tartuffe ;  it  is  an 
equally  trenchant  attack  upon  hypocrisy  but  aroused 
somewhat  less  enmity  since  no  specific  class  was 
selected  as  the  objective.  Nevertheless  it  ceased  its 
first  run  after  the  20th  of  March,  in  the  year  of  its 
production,  and  the  hand  of  the  Court  is  evident 
in  the  early  excision  and  alteration  of  scenes.  The 
present  text  is  based  upon  that  of  1682,  (in  the 
posthumous  works  of  Moli^re)  before  it  was 
'corrected  by  order.' 


U8 


DON  JUAN 

OS 

THE  FEAST  WITH  THE  STATUE 
(Z/g  Festin  de  Pierre.) 

A  Comedy 

DRAMATIS  PERSONiE 
Don  Juan,  Don  Louis's  son. 
Sganakelle,  Don  Juan's  valet. 
Elvibe,  Don  Juan's  wife. 
GusMAN,  Elvire's  gentleman-usher  (ecuyer). 
Don  Carlos.  1    „,  .    ,    ,      , 
DonAlonseJ^^"*^'**^''^^^^*- 
Don  Louis,  Don  Juan' s  father. 
Francisque,  a  beggar. 
Charlotte,  ") 

MATHURINE.r'""^''^-^"-^*- 

Pierrot,  a  country  lad. 

The  Statue  of  the  Commander. 

La  Violette.)    ^ 

Ragotin.        /  ^on  Juan  s  footmen. 

Monsieur  Dimanche,  a  tradesman. 

La  Ram^e,  a  bully. 

Suite  of  Don  Juan. 

Suite  of  Don  Carlos  and  of  Don  Alonse,  brothers. 

A  Ghost. 

ScfiNB :  Sicily 

U0 


DOM  JUAN 

ou 
LE  FESTIN  DE  PIERRE 


ACTE  I 

S  C  ^  N  E     I 

Sganarelle,  Gusman 

Scan,  (tenant  une  tabatifere.)  Quoi  que  puisse  dire 
Aristote  et  toute  la  Philosophic^  il  n'est  rieu  d'e'gal 
au  tabac :  c'est  la  passion  des  honnetes  gens,  et  qui 
vit  sans  tabac  n  est  pas  digne  de  vivre.  Non- 
seulement  il  rejouit  et  purge  les  cerveaux  humains, 
mais  encore  il  instruit  les  ames  a  la  vertu,  et  Ton 
apprend  avec  lui  a  devenir  honnete  homme.  Ne 
voyez-vous  pas  bien,  des  qu'on  en  prend,  de  quelle 
maniere  obligeante  on  en  use  avec  tout  le  monde, 
et  comme  on  est  ravi  d'en  donner  a  droite  et  a 
gauche,  partout  ou  Ton  se  trouve?  On  n'attend 
pas  meme  qu'on  en  demande,  et  Ton  court  au- 
devant  du  souhait  des  gens  :  tant  il  est  vrai  que  le 
tabac  inspire  des  sentiments  d'honneur  et  de  vertu 
a  tous  ceux  qui  en  prennent.  Mais  c'est  assez  de 
cette  matiere.  Reprenons  un  peu  notre  discours.  Si 
bien  done,  cher  Gusman,  que  Done  Elvire,  ta  mai- 
tresse,  surprise  de  notre  depart,  s'est  mise  en  cam- 
pagne  apres  nous,  et  son  coeur,  que  mon  maitre  a 
Bu  toucher  trop  fortement,  n'a  pu  vivre,  dis-tu, 
sans  le  venir  chercher  ici.  Veux-tu  qu'entre  nous 
je  te  dise  ma  pensee  ?  J'ai  peur  qu'elle  ne  soit  mal 
uo 


DON  JUAN 

OR 

THE  FEAST  WITH  THE  STATUE 


ACT  I 

Scene  I 

Sganarelle,  Gusman 

Scan,  (holding  a  snuff-box.)  Whatever  Aristotle  and  all  \  nrt"*/" 
the  Philosophers  may  say,  there  is  nothing  equal  to 
snufF.  All  good  fellows  like  it,  and  he  who  lives 
without  snuiF  does  not  deserve  to  live.  It  not 
only  exhilarates  and  clears  a  man's  brains  but  also 
teaches  virtue,  and  one  learns  to  become  a  good   /  -^\ 

fellow  through   its   means.     Do    you  not   plainly  [        \^    ): 
see  that,  as   soon  as  we  take  it,  we  put  on   an  '    •' 

agreeable  manner  towards  everybody  and  are  de- 
lighted to  oifer  it  right  and  left  wherever  we  are  ?    \ 
We  do  not  even  wait  until  it  is  asked  of  us,  but    I 
we  forestall  people's  wants,  so  true  is  it  that  snuiF    \ 
inspires  all  who  take  it  with  sentiments  of  good-     I 
feeling  and   of  generosity.      But  enough  of  this     I 
matter  ;  let  us  rather  resume  our  talk.     I  under- 
stand then,  my  dear  Gusman,  that  Donna  Elvire, 
your    mistress,    surprised   at    our   departure,    has 
come  in  search  of  us  because  my  master  has  suc- 
ceeded in  moving  her  heart  so  deeply  that,  you 
say,  she  cannot  live  away  from  him.     Do  you  wish 
me,  between   ourselves,  to  tell   you  my  opinion .' 
I    am    afraid   her   love   will   be   ill-requited,   that 

141 


142  DOM  JUAN  [acte  i. 

payee  de  son  amour,  que  son  voyage  en  cette  ville 
produise  peu  de  fruit,  et  que  vous  eussiez  autaut 
gagne  a  ne  bouger  de  la. 
Gus.  Et  la  raison  encore  ?  Dis-moi,  je  te  prie,  Sgana- 
relle,  qui  peut  t'inspirer  une  peur  d'un  si  mauvais 
augure?  Ton  maitre  t'a-t-il  ouvert  son  coeur  la- 
dessus,  et  t'a-t-il  dit  qu'il  eut  pour  nous  quelque 
froideur  qui  I'ait  oblige  a  partir  r 

Sgan.  Non  pas  ;  mais,  a  vue  de  pays,  je  connais  a  peu 
pres  le  train  des  cboses ;  et  sans  qu'il  m'ait  encore 
rien  dit,  je  gagerais  presque  que  I'affaire  va  la.  Je 
pourrais  peut-etre  me  tromper ;  mais  enfin,  sur  de 
tels  sujets,  1' experience  m'a  pu  donner  quelques 
lumieres. 

Gus.  Quoi.''  ce  depart  si  peu  prevu  serait  une  infidelite 
de  Dom  Juan  ?  II  pourrait  faire  cette  injure  aux 
chastes  feux  de  Done  Elvire  ? 

Scan.  Non,  c'est  qu'il  est  jeune  encore,  et  qu'il  n'a 
pas  le  courage  .  .  . 

Gus.  Un  homme  de  sa  qualite  ferait  une  action  si 
lache  ? 

Scan.  Eh  oui,  sa  qualite  !  La  raison  en  est  belle,  et 
c'est  par  la  qu'il  s'empecherait  des  choses. 

Gus.  Mais  les  saints  noeuds  du  mariage  le  tiennent 
engage. 

Sgan.  Eh  !  mon  pauvre  Gusman,  mon  ami,  tu  ne  sais 
pas  encore,  crois-moi,  quel  homme  est  Dom  Juan. 

Gus.  Je  ne  sais  pas,  de  vrai,  quel  homme  il  peut  etre, 
s'il  faut  qu'il  nous  ait  fait  cette  perfidie  ;  et  je  ne 
comprends  point  comme  apres  tant  d'amour  et  tant 
d'impatience  temoignee,  tant  d'hommages  pressants, 
de  voeux,  de  soupirs  et  de  larmes,  tant  de  lettres 
passionnees,  de  protestations  ardentes  et  de  ser- 
ments  reiteres,  tant  de  transports  enfin  et  tant 
d'emportements  qu'il  a  fait  paraitre,  jusqu'a  forcer, 
dans  sa  passion,  I'obstacle  sacre  d'un  convent,  pour 
mettre  Done  Elvire  en  sa  puissance,  je  ne  comprends 


sc.  r.]  DON  JUAN  143 

her  journey  to  this  town  will  produce  little  result, 
and  that  you  would  have  gained  just  as  much  had 
you  never  stirred  from  home. 

Gus.  And  your  reason  for  this?  Pray  tell  me, 
Sganarelle,  what  is  it  that  fills  you  with  such  an  ill- 
omened  fear  ?  Has  your  master  opened  his  heart 
to  you  on  the  subject?  Has  he  told  you  he  was 
obliged  to  leave  because  of  his  coldness  towards 
us? 

Sgan.  Indeed  no.  But,  by  what  I  see,  I  know  pretty 
well  the  run  of  things  ;  and,  although  he  has  not 
yet  said  anything  to  me,  I  would  almost  swear 
the  matter  tends  that  way.  Perhaps  I  may  deceive 
myself,  still,  in  such  cases,  experience  has  some- 
what enlightened  me. 

Gus.  What?  Can  this  sudden  departure  indicate  an 
act  of  infidelity  on  the  part  of  Don  Juan  ?  Could 
he  do  this  wrong  to  the  pure  love  of  Donna  Elvire  ? 

Sgan.  No;  he  is  still  young,  and  he  has  not  the 
courage  .  .  . 

Gus.  Could  a  man  of  his  rank  commit  so  vile  an 
action  ? 

Sgan.  Oh  yes,  his  rank  !  An  admirable  reason  in- 
deed !  He  would  abstain  from  things  on  that 
account ! 

Gus.  But  he  is  restrained  by  the  sacred  bonds  of 
matrimony. 

Sgan.  Ah  !  my  friend,  my  good  Gusman,  believe  me, 
you  do  not  know  what  sort  of  a  man  Don  Juan  is. 

Gus.  It  is  true,  I  do  not  know  what  sort  of  a  man  he 
may  be  if  he  has  been  guilty  of  this  treachery  towards 
us ;  I  cannot  comprehend  how,  after  so  much  love 
and  so  much  impatience,  so  much  ostentatious 
homage,  such  vows,  sighs  and  tears,  so  many 
passionate  letters,  such  ardent  protestations  and 
reiterated  oaths,  so  many  ravings,  and,  lastly,  so 
many  outbursts  which  he  has  carried  so  far  as  even 
in  his  passion  to  break  through  the  sacred  precincts 
of  a  convent  in  order  to  get  Donna  Elvire  into  his 


144  DOM  JUAN  [acte  i. 

paSj  dis-je,  comme^  apres  tout  cela,  il  aurait  le 
cceur  de  pouvoir  manquer  a  sa  parole. 
Sgan.  Je  n'ai  pas  grande  peine  a  le  comprendre,  moi ; 
et  si  tu  connaissais  le  pelerin^  tu  trouverais  la  chose 
assez  facile  pour  lui.  Je  ne  dis  pas  qu'il  ait  change 
de  sentiments  pour  Done  Elvire,  je  n'en  ai  point  de 
certitude  encore :  tu  sais  que,  par  son  ordre,  je 
partis  avant  lui,  et  depuis  son  arrivee  il  ne  m'a 
point  entretenu  ;  mais  par  precaution,  je  t'apprends, 
i7iter  nos,  que  tu  vois  en  Dom  Juan,  mon  maitre, 
le  plus  grand  scelerat  que  la  terre  ait  jamais  porte, 
un  enrage,  uu  chien,  un  diable,  un  Turc,  un 
heretique,  qui  ne  croit  ni  Ciel,  ni  Enfer,  ni  loup- 
garou,  qui  passe  cette  vie  en  veritable  bete  brute, 
un  pourceau  d' Epicure,  un  vrai  Sardanapale,  [qui] 
ferme  I'oreille  a  toutes  les  remontrances  qu'on 
lui  peut  faire,  et  traite  de  billevesees  tout  ce 
que  nous  croyons.  Tu  me  dis  qu'il  a  epouse  ta 
maitresse:  crois  qu'il  aurait  plus  fait  pour  sa 
passion,  et  qu'avec  elle  il  aurait  encore  epouse  toi, 
son  chien,  et  son  cliat.  Un  mariage  ne  lui  coute 
rien  a  contracter ;  il  ne  se  sert  point  d'autres 
pieges  pour  attraper  les  belles,  et  c'est  un  epouseur 
a  toutes  mains.  Dame,  demoiselle,  bourgeoise, 
paysanne,  il  ne  trouve  rien  de  trop  chaud  ni  de 
trop  froid  pour  lui ;  et  si  je  te  disais  le  nom  de 
toutes  celles  qu'il  a  epousees  en  divers  lieux,  ce 
serait  un  chapitre  a  durer  jusqu'au  soir.  Tu 
demeures  surpris  et  changes  de  couleur  a  ce  discours ; 
ce  n'est  la  qu'une  ebauche  du  personnage,  et  pour  en 
achever  le  portrait,  il  faudrait  bien  d'autres  coups 
de  pinceau.  Suffit  qu'il  faut  que  le  courroux  du 
Ciel  I'accable  quelque  jour ;  qu'il  me  vaudrait  bien 
mieux  d'etre  au  diable  que  d'etre  a  lui,  et  qu'il  me 
fait  voir  tant  d'horreurs,  que  je  souhaiterais  qu'il 
fut  deja  je  ne  sais  ou.  Mais  un  grand  seigneur 
mechant  homme  est  une  terrible  chose  ;  il  faut  que 
je  lui  sois  fidele,  en  depit  que  j'en  aie :  la  crainte  en 
moi  fait  I'office  du  zele,  bride  mes  sentiments,  et 
me  reduit  d'applaudir  bien  souveut  a  ce  que  mon 


sc.  I.]  DON  JUAN  146 

power, — I  do  not  understand,  I  say,  how,  after  all 
this,  he  could  have  the  heart  to  break  his  word. 
Scan.  I  do  not  find  it  very  difficult  to  understand,  for 
my  part,  and,  if  you  knew  the  fellow,  you  would 
see  the  thing  was  easy  enough  for  him.  I  do 
not  say  he  has  changed  his  sentiments  towards 
Donna  Elvire,  I  am  not  yet  certain  of  it.  You 
know  he  ordered  me  to  set  out  before  him ;  and, 
since  his  arrival,  he  has  not  held  any  conversation 
with  me.  But,  by  way  of  precaution,  I  tell  you, 
between  ourselves,  that  in  Don  Juan,  my  master, 
you  behold  the  greatest  scoundrel  who  ever  walked 
the  earth ;  a  madman,  a  dog,  a  devil,  a  Turk,  a 
he^retic  who  does  not  believe  in  heaven,  hell  or 
demon,  who  passes  his  life  like  a  veritable  brute- 
beast,  an  Epicurean  hog ;  a  regular  Sardanapalus, 
who  shuts  his  ears  against  every  remonstrance 
which  is  made  him,  and  regards  everything  we 
believe  as  old  wives'  tales.  You  say  he  has  married 
your  mistress :  believe  me,  he  would  have  done 
more  to  satisfy  his  passion ;  and,  in  addition  to 
her,  he  would  have  married  even  you,  her  dog 
and  her  cat.  It  does  not  cost  him  anything  to 
contract  a  marriage  ;  it  is  his  usual  snare  in  order 
to  entrap  the  fair  sex.  He  marries  right  and  left : 
fine  lady,  young  girl,  town  maid  or  country  lass. 
None  is  too  warm  or  too  cold  for  him.  If  I 
were  to  tell  you  the  names  of  all  those  he  has 
married  in  different  places  it  would  be  a  rigmarole 
which  would  last  until  night.  You  seem  surprised 
and  you  change  colour  at  this  talk  :  it  is  a  mere 
outline  of  the  man,  and  in  order  to  fill  in  the 
portrait  many  other  touches  with  the  brush  would 
be  required.  I  daresay  the  wrath  of  heaven  will 
some  day  overtake  him.  I  had  much  better 
belong  to  the  devil  than  to  him.  He  makes  me 
witness  so  many  evil  deeds  that  I  could  wish  he 
were  already  I  do  not  know  where.  But  when  a 
great  lord  is  a  wicked  man  it  is  a  terrible  thing.  I 
must  be  faithful  to  him,  whatever  I  may  think  ; 
K 


146  DOM  JUAN  [acte  i. 

ame  ddteste.  Le  voila  qui  vient  se  promener  dans 
ce  palais  :  separons-nous.  Ecoute  au  moins  :  je  t'ai 
fait  cette  confidence  avec  franchise,  et  cela  m'est 
Borti  un  peu  bien  vite  de  la  bouche ;  mais  s'il  fallait 
qu'il  en  vint  quelque  chose  a  ses  oreilles,  je  dirais 
hautement  que  tu  aurais  menti. 


SciNE  II 
DoM  Juan,  Soanarellb 

D.  Juan.    Quel  homme  te  parlait  la?    II  a  bien  de 

I'air,   ce   me    semble,   du   bon  Gusman  de  Done 

Elvira. 
Soan.  C'est  quelque  chose  aussi  a  peu  pres  de  cela. 
D.  Juan.  Quoi .''  c'est  lui  ? 
Soan.  Lui-meme. 

D.  Juan.  Et  depuis  quand  est-il  en  cette  ville .'' 
Soan.  D'hier  au  soir. 
D.  Juan.  Et  quel  sujet  I'amene? 
Soan.  Je  crois  que  vous  jugez  assez  ce  qui  le  peut 

inquidter. 
D.  Juan.  Notre  depart  sans  doute .'' 
Soan.  Le  bonhomme  en  est  tout  mortifi^,  et  m'en 

demandait  le  sujet. 
D.  Juan.  Et  quelle  r^ponse  as-tu  faite  ? 
Soan.  Que  vous  ne  m'en  aviez  rien  dit. 
D.  Juan.  Mais  encore,  quelle  est  ta  pensee  la-dessus  ? 

Que  t'imagines-tu  de  cette  affaire  ? 
Soan.   Moi,  je  crois,  sans  vous  faire  tort,  que  vous 

avez  quelque  nouvel  amour  en  tete. 
D.  Juan.  Tu  le  crois  ? 
Soan.  Oui. 
D.  Juan.  Ma  foi !    tu  ne  te  trompes  pas,  et  je  dois 


so.  II.]  DON  JUAN  147 

fear  supplies  in  me  the  place  of  devotion,  curbs  my 
feelings,  and  often  compels  me  to  applaud  things 
I  detest  from  my  very  soul.  There  he  comes 
to  take  a  walk  in  the  palace ;  let  us  part.  One 
word  more  :  I  have  given  you  my  confidence  freely, 
it  has  slipped  out  of  my  mouth  a  little  too  glibly,  but 
if  any  of  it  should  reach  his  ears  I  should  flatly 
declare  you  lied. 


Scene  II 
Don  Juan,  Sganarelle 

D.  Juan.  Who  was   that  talking  to  you  there?    It 

seems  to  me  he  has  the  manner  of  honest  Gusman 

of  the  household  of  Donna  Elvire. 
Sgan.  That  is  something  very  near  the  truth. 
D.  Juan.  What.?  is  it  he} 
Sgan.  Himself. 

D.  Juan.  How  long  has  he  been  in  this  town  ? 
Scan.  Since  last  night. 
D.  Juan.  What  brings  him  here .'' 
SoAN.  I  think  you  can  guess  pretty  well  what  disturbs 

him. 
D.  Juan.  Our  departure,  doubtless.'' 
Sgan.  The  good  man  is  quite  shocked,  and  asked  me 

the  reason. 
D.  Juan.  What  reply  did  you  make  ? 
Sgan.  That  you  had  not  said  anything  to  me  about  it. 
D,  Juan.  Come  now,  what  do  you  think  about  it."* 

What  is  your  opinion  of  this  affair  ? 
Sgan.  I  ?     I  do  not  believe  I  shall  be  wronging  you 

if  I  say  you  have  some  new  amour  in  your  head. 
D.  Juan.  You  think  so  ? 
Sgan.  Yes. 
D.  Juan.  Upon  my  word,  you  are  not  mistaken ;  I 


148  DOM  JUAN  [acte  i. 

t'avouer  qu'un  autre  objet  a  chasse  Elvire  de  ma 
pensee. 

Scan.  Eh  mon  Dieu  !  je  sais  mon  Dom  Juan  sur  le 
bout  du  doigtj  et  counais  votre  coeur  pour  le  plus 
grand  coureur  du  monde  :  il  se  plait  a  se  promener 
de  liens  en  liens,  et  n'aime  guere  a  demeurer  en 
place. 

D.  Juan.  Et  ne  trouves-tu  pas,  dis-moi,  que  j'ai 
raison  d'en  user  de  la  sorte .'' 

Sqan.  Eh  !  Monsieur. 

D.  Juan.  Quoi  ?     Parle. 

Sgan.  Assurement  que  vous  avez  raison,  si  vous  le 
voulez ;  on  ne  peut  pas  aller  la  contre.  Mais,  si 
vous  ne  le  vouliez  pas,  ce  serait  peut-etre  une  autre 
affaire. 

D.  Juan.  Eh  bien  !  je  te  donne  la  liberte  de  parler  et 
de  me  dire  tes  sentiments. 

Sgan.  En  ce  cas.  Monsieur,  je  vous  dirai  franchement 
que  je  n'approuve  point  votre  methode,  et  que  je 
trouve  fort  vilain  d'aimer  de  tous  cotes  comme  vous 
faites. 

D.  Juan.  Quoi  ?  tu  veux  qu'on  se  lie  a  demeurer  au 
premier  objet  qui  nous  prend,  qu'on  renonce  au 
monde  pour  lui,  et  qu'on  n'ait  plus  d'yeux  pour 
personne  ?  La  belle  chose  de  vouloir  se  piquer  d'un 
faux  honneur  d'etre  fidele,  de  s'ensevelir  pour 
toujours  dans  une  passion,  et  d'etre  mort  des  sa 
jeunesse  a  toutes  les  autres  beautes  qui  nous 
peuvent  frapper  les  yeux  !  Non,  non  :  la  Constance 
n'est  bonne  que  pour  des  ridicules ;  toutes  les 
belles  ont  droit  de  nous  charmer,  et  I'avantage 
d'etre  rencontree  la  premiere  ne  doit  point  derober 
aux  autres  les  justes  pretentions  qu'elles  ont  toutes 
sur  nos  coeurs.  Pour  moi,  la  beaute  me_ravit  par- 
tout  ou  je  la  trouve,  et  je  cede  facilement  a  cette 
douce  violence  dont  elle  nous  entraine.  J'ai  beau 
etre  engage,  I'amour  que  j'ai  pour  une  belle  n'engage 
point  mon  ame  a  faire  injustice  aux  autres  ;  je  con- 
serve des  yeux  pour  voir  le  merite  de  toutes,  et 
rends  a  chacune  les  hommages  et  les  tributs  ou  la 


8c.  II.]  DON  JUAN  149 

must  own  to  you  that  another  object  has  chased 
Elyire  from  my  mind. 

Sgan.  Oh  !  Good  Heavens  !  I  know  my  Don  Juan 
to  my  finger-tips :  your  heart  is  the  greatest 
rover  in  the  world  ;  it  is  pleased  to  run  from  one 
bondage  to  another  and  does  not  love  to  rest  in  one 
place. 

D.  Juan.  Now,  tell  me,  do  you  not  think  I  am  right 
in  acting  in  such  a  manner .'' 

Sgan.  Ah  !  Monsieur. 

D.  Juan.   What.?     Speak. 

Sgan.  Undoubtedly  you  are  right,  if  you  have  a  mind 
to  it ;  there  is  no  gainsaying  that.  But  if  you 
were  not  inclined  to  it,  it  might,  perhaps,  be 
another  matter. 

D.  Juan.  I  give  you  leave  to  speak  and  to  tell  me 
your  feelings. 

Sgan.  In  that  case,  Monsieur,  I  will  tell  you  frankly 
I  do  not  approve  of  your  goings  on,  and  I  think 
it  a  very  base  thing  to  make  love  on  all  sides  as 
you  do. 

D.  Juan.  What !  Would  you  have  a  man  bind  him- 
self to  remain  with  the  first  object  that  attracts 
him,  renounce  everything  for  her,  and  be  blind  to 
every  one  else?  A  pretty  thing  to  pique  oneself 
on  the  empty  honour  of  being  faithful,  to  bury 
oneself  for  ever  in  one  passion  and  to  be  dead  from 
one's  youth  to  all  other  beauties  that  may  capti- 
vate !  No,  no :  constancy  is  fit  only  for  fools ; 
every  beautiful  woman  has  a  right  to  charm.  The 
advantage  of  being  the  first  to  be  loved  ought 
not  to  rob  others  of  the  just  pretensions  they  all 
have  to  our  hearts.  For  my  part,  beauty  delights^ 
me  wherever  I  find  it,  and  I  readily  yield  to  the 
sweet  tyranny  which  it  exercises.  1  may  be 
engaged,  but  the  love  I  have  for  one  fair  one 
does  not  compel  my  heart  to  act  with  injustice 
towai'ds  others;  I  have  eyes  to  see  the  merit  of 
them  all,  and  to  pay  to  each  the  homage  and 
tribute   nature   demands    from    us.      However   it 


150  DOM  JUAN  [acte  i. 

nature  nous  oblige.  Quoi  qu'il  en  soit,  je  ne  puis 
refuser  mon  cceur  a  tout  ce  que  je  vols  d'aimable ; 
et  des  qu'un  beau  visage  me  le  demande,  si  j'en 
avais  dix  mille,  je  les  donnerais  tous.  Les  inclina- 
tions naissanteSj  apres  tout,  ont  des  charmes  inex- 
plicables,  et  tout  le  plaisir  de  I'amour  est  dans  le 
changement.  On  goute  une  douceur  extreme  a 
reduire,  par  cent  hommages,  le  coeur  d'une  jeune 
beaute,  a  voir  de  jour  en  jour  les  petits  progres 
qu'on  y  fait,  a  combattre  par  des  transports,  par 
des  larmes  et  des  soupirs,  I'innocente  pudeur  d'une 
ame  qui  a  peine  a  rendre^.les  armes,  a  forcer  pied 
a  pied  toutes  les  petites .  resistances  qu'elle  nous 
oppose,  a  vaincre  les  scrupules  dont  elle  se  fait  un 
honneur  et  la  mener  doucement  ou  nous  avons  envie 
de  la  faire  venir.  Mais  lorsqu'on  en  est  maitre  une 
fois,  il  n'y  a  plus  rien  a  dire  ni  rien  a  souhaiter ; 
tout  le  beau  de  la  passion  est  fini,  et  nous  nous 
endormons  dans  la  tranquillite  d'un  tel  amour,  si 
quelque  objet  nouveau  ne  vient  reveiller  nos  desirs, 
et  presenter  a  notre  coeur  les  charmes  attrayants 
d'une  conquete  a  faire.  Enfin  il  n'est  rien  de  si 
doux  que  de  triompher  de  la  resistance  d'une  belle 
personne,  et  j'ai  sur  ce  sujet  I'ambition  des  con- 
querants,  qui  volent  perpetuellement  de  victoire 
en  victoire,  et  ne  peuvent  se  resoudre  a  borner 
leurs  souhaits.  II  n'est  rien  qui  puisse  arreter 
I'impetuosite  de  mes  desirs  :  je  me  sens  un  coeur  a 
aimer  toute  la  terre  ;  et  comme  Alexandre,  je  sou- 
haiterais  qu'il  y  eut  d'autres  mondes,  pour  y  pouvoir 
etendre  mes  conquetes  amoureuses. 

Sgan.  Vertu  de  ma  vie,  comme  vous  debitez !  II 
semble  que  vous  ayez  appris  cela  par  coeur,  et  vous 
parlez  tout  comme  un  livre. 

D.  Juan.  Qu'as-tu  a  dire  la-dessus  ? 

Sgan.  Ma  foi !  j'ai  a  dire  .  ,  .  je  ne  sais  que  dire ; 
car  vous  tournez  les  choses  d'une  maniere,  qu'il 
semble  que  vous  avez  raison ;  et  cependant  il  est 
vrai  que  vous  ne  I'avez  pas.  J'avais  les  plus  belles 
pensees  du  monde,  et  vos  discours  m'ont  brouille 


8c.  II.]  DON  JUAN  151 

may  be,  I  cannot  refuse  my  heart  to  any  lovely 
creature  I  see ;  and,  as  soon  as  a  pretty  face  asks 
me,  had  I  ten  thousand  hearts  I  would  give  them 
all.  First  beginnings,  besides,  have  indescrib- 
able charms,  and  all  the  pleasure  of  love  consists 
in  variety.  It  is  an  extreme  delight  to  reduce, 
by  a  hundred  wiles,  the  heart  of  a  young  beauty ; 
to  see  the  gradual  progress  we  make  from  day  to 
day ;  to  combat,  by  raptures,  tears  and  sighs  the 
innocent  modesty  of  a  heart  which  can  hardly  sur- 
render itself;  to  force,  inch  by  inch,  through  all 
the  little  obstacles  which  she  throws  in  our  way  ; 
to  overcome  the  scruples  upon  which  she  prides 
herself;  and  to  lead  her  gently  whither  we  have 
a  mind  to  bring  her.  But  as  soon  as  she  is 
mastered,  there  is  nothing  left  to  be  said  or  to  be 
desired  ;  all  the  charm  of  the  passion  is  at  an  end, 
and  we  should  fall  asleep  in  the  tranquillity  of  sucli 
a  love  unless  some  new  object  came  to  awaken  our 
desires,  and  to  present  to  our  heart  the  fascinating  . 
charms  of  a  conquest  still  to  make  ;  in  short  there  /  /^t/i  j 
is  nothing  so  agreeable  as  to  triumph  over  the  |  ,  \^** 
resistance  of  a  fair  maiden,  and,  in  this  matter,  I  \/W"  ^ 
am   as  amhit.iniis  as  (•.nnniiftrnra  whn  flv  ■nRrnp.tiiallv    I  '  iw-^-'^ 


IjS^f 


am  as  ambitious  as  conquerors  who  fly  perpetually   I  /  /y"^ 


I  find  I  have  a  heart  capable  of  loving  the  whole  /  /^^jj^  -j^" 
world,  and,  like  Alexander,  I  could  wish  for  other  C/  iL^jnj^ 
worlds    that    I    might    extend    my   amorous    con-/   ^yJ^ 

quests.  — — '  *|  * 

Sgan.    Good  gracious,    how  you   hold  forth  !    One  ^ 

would  think  you  had  learnt  it  by  heart ;  you  talk 
just  like  a  book. 
D.  Juan.  What  have  you  to  say  to  this  } 
Sgan.  Upon  my  word,  I  have  to  say  ...  I  do  not 
know  what  to  say  ;  for  you  twist  things  in  such  a 
manner  as  to  make  it  seem  you  are  in  the  right, 
and  yet  it  is  certain  you  are  not.  I  had  the 
finest  arguments  imaginable,  but  your  speech  has 


152  DOM  JUAN  [acte  r. 

tout  cela.  Laissez  faire  :  une  autre  fois  je  mettrai 
mes  raisonnements  par  ecrit,  pour  disputer  avec 
vous. 

D.  Juan.  Tu  feras  bien, 

Sqan.  Mais,  Monsieur,  cela  serait-il  de  la  permission 
que  vous  m'avez  donnee,  si  je  vous  disais  que  je 
suis  tant  soit  peu  scandalise  de  la  vie  que  vous 
menez  ? 

D.  Juan,  Comment?  quelle  vie  est-ce  que  je  mene? 

SoAN.  Fort  bonne.  Mais,  par  exemple,  de  vous  voir 
tous  les  mois  vous  marier  comme  vous  faites  .  .  . 

D.  Juan.  Y  a-t-il  rien  de  plus  agreable .'' 

Sgan.  II  est  vrai.  Je  consols  que  cela  est  fort  agreable 
et  fort  divertissant,  et  je  m'en  accommoderais  assez, 
moi,  s'il  n'y  avait  point  de  mal ;  mais.  Monsieur,  se 
jouer  ainsi  d'un  mystere  sacre,  et  .  .  . 

D.  Juan.  Va,  va,  c'est  une  affaire  entre  le  Ciel  et  moi, 
et  nous  la  demelerons  bien  ensemble,  sans  que  tu 
t'en  mettes  en  peine. 

Sgan.  Ma  foi !  Monsieur,  j'ai  toujours  oui  dire  que 
c'est  une  mechante  raillerie  que  de  se  railler  du 
Ciel,  et  que  les  libertins  ne  font  jamais  une  bonne 
fin. 

D.  Juan.  Hola  !  maitre  sot,  vous  savez  que  je  vous  ai 
dit  que  je  n'aime  pas  les  faiseurs  de  remontrances. 

Sgan.  Je  ne  parle  pas  aussi  a  vous,  Dieu  m'en  garde. 
Vous  savez  ce  que  vous  faites,  vous ;  et  si  vous  ne 
croyez  rien,  vous  avez  vos  raisons ;  mais  il  y  a  de 
certains  petits  impertinents  dans  le  monde,  qui 
sont  libertins  sans  savoir  pourquoi,  qui  font  les 
esprits  forts,  parce  qu'ils  croient  que  cela  leur 
sied  bien ;  et  si  j'avais  un  maitre  comme  cela,  je 
lui  dirais  fort  nettement,  le  regardant  en  face  : 
*'osez-vous  bien  ainsi  vous  jouer  du  Ciel,  et  ne 
tremblez-vous  point  de  vous  moquer  comme  vous 
faites  des  choses  les  plus  saintes?  C'est  bien  a 
vous,  petit  ver  de  terre,  petit  mirmidon  que  vous 
etes  (je  parle  au  maitre  que  j'ai  dit),  c'est  bien  a 
vous  a  vouloir  vous  meler  de  tourner  en  raillerie  ce 


8c.  II.]  DON  JUAN  153 

driven  them  all  away.  Never  mind  ;  another  time 
I  will  put  my  reasons  in  writing  in  order  to  answer 
you. 

D.  Juan.  That  will  be  as  well. 

Sgan.  But,  Monsieur,  would  it  be  within  the  per- 
mission you  have  given  me  if  I  were  to  tell  you 
I  am  somewhat  scandalised  at  your  manner  of 
living? 

D.  Juan.  Why  ?    What  kind  of  life  do  I  lead  > 

Sgan.  A  very  good  one.  But,  for  example,  to  see 
you  marry  every  month  as  you  do  .  .  . 

D.  Juan.  Can  there  be  anything  more  delightful .'' 

Sgan.  That  is  true.  I  should  think  it  is  both  very 
agreeable  and  very  amusing.  I  myself  should 
like  it  well  enough  were  there  no  harm  in  it-; 
but.  Monsieur,  to  trifle  thus  with  a  sacrfed  mystery, 
and  .  .  . 

D.  Juan.  Well,  well !  It  is  an  affair  between  heaven 
and  myself,  and  we  can  very  easily  settle  it  between 
ourselves  without  your  being  troubled  in  the  matter. 

Sgan.  Upon  my  word.  Monsieur,  I  have  always  heard 
it  said  that  to  jest  about  heaven  is  sorry  jesting, 
and  freethinkers  never  come  to  a  good  end. 

D.  Juan.  Pooh  !  master  fool,  you  know  I  have  told 
you  I  do  not  like  makers  of  remonstrances. 

Sgan.  Heaven  forbid  I  should  preach  at  you.  You 
know  yourself  what  you  are  doing ;  and,  if  you  do 
not  believe  in  anything,  you  have  your  reasons ; 
but  there  are  some  certain  little  impertinent 
gentlemen  in  the  world,  who  are  freethinkers 
without  knowing  why,  who  are  'strong-minded,' 
because  they  think  it  well-becomes  them.  Had 
I  a  master  of  this  kind,  I  would  tell  him  pretty 
plainly,  looking  him  in  the  face  :  '  How  dare  you 
jest  thus  with  heaven.-*  Do  you  not  tremble 
when  you  mock  as  you  do  at  the  most  sacred 
things?  It  well  becomes  you,  you  little  earth- 
worm, little  shrimp  that  you  are  (I  speak  to  the 
master  aforesaid),  it  well  becomes  you  to  wish  to 


154  DOM  JUAN  [acte  i. 

que  tous  les  hommes  reverent?  Pensez-vous  que 
pour  etre  de  qualite,  pour  avoir  une  perruque 
blonde  et  bien  frisee,  des  plumes  a  votre  chapeau, 
un  habit  bien  dore,  et  de  rubans  couleur  de  feu  (ce 
n'est  pas  a  vous  que  je  parle,  c'est  a  I'autre),  pensez- 
vous,  dis-je,  que  vous  en  soyez  plus  habile  homme, 
que  tout  vous  soit  permis,  et  qu'on  n'ose  vous  dire 
vos  ve'rites?  Apprenez  de  moi,  qui  suis  votre 
valet,  que  le  Ciel  punit  tot  ou  tard  les  impies, 
qu'une  me'chante  vie  amene  une  mechante  mort, 
et  que  .  .  . 

D.  J  VAN.  Paix  ! 

Sgan.  De  quoi  est-il  question  ? 

D.  Juan.  II  est  question  de  te  dire  qu'une  beaute'  me 
tient  au  coeur,  et  qu'entraine  par  ses  appas,  je  I'ai 
suivie  jusqu'en  cette  ville. 

Sgan.  Et  n'y  craignez-vous  rien.  Monsieur,  de  la 
mort  de  ce  commandeur  que  vous  tuates  il  y  a  six 
mois  ? 

D.  Juan.  Et  pourquoi  craindre  ?  Ne  I'ai-je  pas  bien 
tue  ? 

Sgan.  Fort  bien,  le  mieux  du  monde,  et  il  aurait  tort 
de  se  plaindre. 

D.  Juan.  J'ai  eu  ma  grace  de  cette  affaire. 

Sgan.  Oui,  mais  cette  grace  n'eteint  pas  peut-etre  le 
ressentiment  des  parents  et  des  amis,  et  .  .  . 

D.  Juan.  Ah  !  n' aliens  point  songer  au  mal  qui  nous 
pent  arriver,  et  songeons  seulement  a  ce  qui  nous 
pent  donner  du  plaisir.  La  personne  dont  je  te 
parle  est  une  jeune  fiancee,  la  plus  agreable  du 
monde,  qui  a  ete  conduite  ici  par  celui  meme 
qu'elle  y  vient  epouser;  et  le  hasard  me  fit  voir 
ce  couple  d'amants  trois  ou  quatre  jours  avant  leur 
voyage.  Jamais  je  n'ai  vu  deux  personnes  etre  si 
contentes  I'un  de  I'autre,  et  faire  e'clater  plus 
d'amour.  La  tendresse  visible  de  leurs  mutuelles 
ardeurs  me  donna  de  I'emotion ;  j'en  fus  frappe  au 
coeur  et  mon  amour  commenga  par  la  jalousie. 
Oui,  je  ne  pus  soulFrir  d'abord  de  les  voir  si  bien 


sc.  II.]  DON  JUAN  166 

turn  into  ridicule  all  that  men  revere.  Do  you 
think  that  because  you  are  a  man  of  quality, 
because  you  have  a  fair  and  well-curled  peruke, 
feathers  in  your  hat,  a  gold-laced  coat  and  flame- 
coloured  ribbons  (I  do  not  speak  to  you  but  to  the 
other),  do  you  think,  I  say,  you  are  the  wiser  man 
for  this .''  that  you  may  be  allowed  to  do  anything, 
and  that  no  one  should  dare  to  tell  you  the  truth  ? 
Learn  from  me,  your  servant,  that,  sooner  or  later, 
heaven  punishes  the  impious ;  that  an  evil  life 
leads  to  an  evil  end,  and  that  .  .  . 

D.  Juan.  Silence. 

SoAN.  Why  ?     What  is  the  matter  ? 

D.  Juan.  The  matter  is  to  tell  you  a  certain  beauty 
has  taken  possession  of  my  heart,  and  that, 
captivated  by  her  beauty,  I  have  followed  her  to 
this  town. 

Scan.  And  have  you  no  apprehensions.  Monsieur, 
from  the  death  of  the  Commander  you  killed  six 
months  ago .'' 

D.  Juan.  Why  should  I  be  afraid?  Did  I  not  kill 
him  honourably  ? 

Sgan.  Very  honourably  :  in  fact,  irreproachably  :  he 
would  be  in  the  wrong  to  complain. 

D.  Juan.  I  was  pardoned  for  the  affair. 

Sgan.  Yes,  but  it  may  be  this  pardon  did  not  stifle 
the  resentment  of  relations  and  friends,  and  .  .  . 

D.  Juan.  Oh  !  Do  not  let  us  think  of  the  harm 
which  may  happen  to  us,  but  only  of  what  can 
give  us  pleasure.  The  person  of  whom  I  speak  to 
you  is  a  young  betrothed,  the  most  bewitching  I 
ever  saw,  who  was  brought  hither  by  the  very 
man  she  is  to  marry.  Chance  threw  this  pair  of 
lovers  in  my  way  three  or  four  days  before  they 
set  out.  1  never  saw  two  persons  so  satisfied  with 
each  other  or  who  displayed  so  much  affection.  The 
manifest  tenderness  of  their  mutual  attachment  was 
very  touching.  I  was  struck  to  the  heart  and  my 
love  began  in  jealousy.  Yes,  I  could  not  at  first 
sight  bear  to  see  them  so  happy  together.    Vexation 


156  DOM  JUAN  [actb  i. 

ensemble ;  le  depit  alarma  mes  desirs,  et  je  me 
figurai  un  plaisir  extreme  a  pouvoir  troubler  leur 
intelligence,  et  rompre  cet  attachement,  dont  la 
delicatesse  de  mon  coeur  se  tenait  offense  ;  mais 
jusques  ici  tous  mes  efforts  ont  ete  inutiles,  et  j'ai 
recours  au  dernier  remede.  Cet  epoux  pretendu 
doit  aujourd'hui  re'galer  sa  maitresse  d'une 
promenade  sur  mer.  Sans  t'en  avoir  rien  dit, 
toutes  choses  sont  preparees  pour  satisfaire  mon 
amour,  et  j'ai  une  petite  barque  et  des  gens,  avec 
quoi  fort  facilement  je  pretends  enlever  la  belle. 

Scan.  Ha  !  Monsieur  .  .  . 

D,  Juan.  Hen  ? 

Sgan.  C'est  fort  bien  fait  a  vous,  et  vous  le  prenez 
comme  il  faut.  II  n'est  rien  tel  en  ce  monde  que 
de  se  contenter. 

D.  Juan.  Prepare-toi  done  a  venir  avec  moi,  et  prends 
soin  toi-meme  d'apporter  toutes  mes  armes,  afin 
que  .  .  .  Ah  !  rencontre  facheuse.  Traitre,  tu  ne 
m'avais  pas  dit  qu'elle  etait  ici  elle-meme. 

Sgan.   Monsieur,  vous  ne  me  I'avez  pas  demande. 

D.  Juan,  Est-elle  folle,  de  n'avoir  pas  change  d'habit^ 
et  de  venir  en  ce  lieu-ci  avec  son  equipage  de  cam- 
pagne .'' 


Sc^NE    III. 

Done  Elvibe,  Dom  Juan,  Sganareli.b. 

D.  Elv.  Me  ferez-vous  la  grace,  Dom  Juan,  de  vouloir 
bien  me  reconnaitre .''  Et  puis-je  au  moins  esperer 
que  vous  daigniez  tourner  le  visage  de  ce  cote .'' 

D,  Juan.  Madame,  je  vous  avoue  que  je  suis  surpris, 
et  que  je  ne  vous  attendais  pas  ici. 

D.  Elv.  Oui,  je  vois  bien  que  vous  ne  m'y  attendiez 
pas  ;  et  vous  etes  surpris,  a  la  v^erite,  mais  tout 
autrement  que  je  ne  I'esperais  ;  et  la  maniere  dont 
vous  le  paraissez  me  persuade  pleinement  ce  que  je 


8c.  III.]  DON  JUAN  167 

roused  my  desire ;  and  I  pictured  to  myself  what 
extreme  pleasure  it  would  give  me  to  disturb  their 
harmony^  and  to  break  off  that  union  so  offensive 
to  my  heart's  susceptibilities.  Hitherto,  however, 
all  my  efforts  have  been  fruitless,  and  I  must  have 
recourse  to  the  last  remedy.  This  intended  spouse 
is  to-day  to  regale  his  mistress  with  a  sail  on  the 
sea.  Without  having  said  anything  to  you  about 
it,  everything  is  prepared  to  gratify  my  passion. 
I  have  a  small  vessel  ready,  and  some  men  by 
whose  help  I  can  very  easily  carry  off  the  fair  one. 

SoAN.  Ah  !  Monsieur  .  .  . 

D.  Juan.  What.? 

Sgan.  You  have  done  quite  right,  and  you  take  things 
in  a  proper  light.  There  is  nothing  in  this  world 
like  gratifying  one's  desires. 

D.  Juan.  Prepare,  then,  to  come  with  me  and  take 
care  to  bring  all  my  arms  yourself  in  order  that 
.  .  .  Ah  !  what  a  vexatious  meeting.  Villain,  you 
did  not  tell  me  she  was  here  herself. 

Sgan.  Monsieur,  you  did  not  ask  me. 

D.  Juan.  Is  she  mad  not  to  have  changed  her  dress, 
and  to  come  to  this  place  in  her  country  clothes .'' 


Scene  III. 
Donna  Elvibe,  Don  Juan,  Soanarellb. 

D.  Elv.  Will  you  do  me  the  favour,  Don  Juan,  to  be 
so  good  as  to  notice  me .''  Can  I  at  least  hope  you 
would  deign  to  turn  your  eyes  upon  me  ? 

D.  Juan.  1  am  surprised.  Madam,  I  must  confess ;  I 
did  not  expect  you  here. 

D.  Elv.  Yes,  I  see  plainly  you  did  not  expect  me, 
and  that  you  are  indeed  surprised,  but  quite 
otherwise  than  I  hoped  ;  the  manner  you  adopt 
fully  persuades  me  of  what  I  refused  to  believe.     I 


168  DOM  JUAN  [acte  i. 

refusals  de  croire.  J'admire  ma  simplicite  et  la 
faiblesse  de  mon  coeur  a  douter  d'une  trahison  que 
tant  d'apparences  me  confirmaient.  J'ai  ete  assez 
bonne^  je  le  confesse^  ou  plutot  assez  sotte  pour  me 
vouloir  tromper  moi-meme,  et  travailler  a  dementir 
mes  yeux  et  mon  jugement.  J'ai  cherche  des 
raisons  pour  excuser  a  ma  tendresse  le  relachement 
d'amitie  qu'elle  voyait  en  vous  ;  et  je  me  suis  forge 
expres  cent  sujets  legitimes  d'un  depart  si  precipite, 
pour  vous  justifier  du  crime  dont  ma  raison  vous 
accusait.  Mes  justes  soupQons  chaque  jour  avaient 
beau  me  parler :  j'en  rejetais  la  voix  qui  vous 
rendait  criminel  a  mes  yeux^  et  j'ecoutais  avec 
plaisir  mille  chimeres  ridicules  qui  vous  peignaient 
innocent  a  mon  coeur.  Mais  enfin  cet  abord  ne  me 
permet  plus  de  douter,  et  le  coup  d'oeil  qui  m'a 
regue  m'apprend  bien  plus  de  choses  que  je  ne 
voudrais  en  savoir.  Je  serais  bien  aise  pourtant 
d'oui'r  de  votre  bouche  les  raisons  de  votre  depart. 
Parlez,  Dom  Juan,  je  vous  prie,  et  voyons  de  quel 
air  vous  saurez  vous  justifier. 


D.  Juan.  Madame,  voila  Sganarelle  qui  sait  pourquoi 

je  suis  parti. 
Sgan.  Moi,  Monsieur?     Je  n'en  sais  rien,  s'il  vous 

plait. 
D.  Elv.  He  bien !   Sganarelle,  parlez.      II  n'importe 

de  quelle  bouche  j'entende  ses  raisons. 
D.  Juan,  (faisantsigned'approcherJi  Sganarelle.)  Aliens, 

parle  done  a  Madame. 
Sgan.  Que  voulez-vous  que  je  disc  ? 
D.  Elv.  Approchez,  puisqu'on  le  veut  ainsi,  et  me 

dites  un  peu  les  causes  d'un  depart  si  prompt. 
D.  Juan.  Tu  ne  repondras  pas  ? 
Sgan.  Je  n'ai  rien  a  repondre.     Vous  vous  moquez 

de  votre  serviteur. 
D.  Juan.  Veux-tu  repondre,  te  dis-je? 
Sgan.  Madame  .  ,  . 
D.  Elv.  Quoi? 


sc.  III.]  DON  JUAN  169 

marvel  at  my  simplicity  and  the  weakness  of  my 
heart,  in  doubting  a  treachery  which  so  many 
appearances  have  confirmed.  I  was  simple-minded 
enough,  I  confess,  or,  rather,  foolish  enough,  to 
wish  to  deceive  myself,  and  to  take  pains  to  give 
the  lie  to  my  eyes  and  my  judgment.  I  sought  for 
reasons  to  excuse  to  my  affection  the  diminution 
of  friendship  which  it  saw  in  you.  I  purposely 
invented  a  hundred  legitimate  excuses  for  so  hasty 
a  departure,  to  clear  you  from  the  crime  of  which 
my  common-sense  accused  you.  My  just  suspicions 
spoke  to  me  each  day  in  vain  :  I  would  not  listen 
to  their  voice,  since  they  represented  you  to  me  as 
a  criminal.  I  listened  with  pleasure  to  a  thousand 
ridiculous  fancies  which  depicted  you  to  my  heart 
as  innocent.  But,  at  last,  this  meeting  leaves  me 
no  further  room  for  doubt,  and  the  glance  with 
which  you  received  me  teaches  me  many  more 
things  than  I  ever  wished  to  know.  I  shall  be 
very  glad,  nevertheless,  to  hear  from  your  own 
lips  the  reason  for  your  departure.  Pray  speak, 
Don  Juan,  and  let  us  see  in  what  way  you  can 
justify  yourself. 

D.  Juan.  Sganarelle  there  knows  why  I  went  away. 
Madam. 

Sgan.  I,  Monsieur?  By  your  leave  I  do  not  know 
anything  of  the  matter. 

D.  Elv.  Well,  Sganarelle,  speak  ;  it  does  not  matter 
from  whose  mouth  I  hear  the  reasons. 

D.  Juan,  (making  a  sign  to  Sganarelle  to  approach.)  Come 
now  and  speak  to  Madam. 

Sgan.  What  do  you  want  me  to  say .'' 

D.  Elv.  Come  hither,  since  he  will  have  it  so,  and  tell 
me  a  few  of  the  causes  of  his  sudden  departure. 

D.  Juan.  Will  you  not  answer .'' 

Sgan.  I  have  nothing  to  answer ;  you  make  game  of 
your  servant. 

D.  Juan.  Will  you  answer,  I  say? 

Sgan.  Madam  .  .  , 

D.  Elv.  What? 


160  DOM  JUAN  [acte  i. 

Sgan.  (seretoiimant  vers  son  maitre.)     Monsieur  .  .  . 

D,  Juan.  Si  .  .  . 

SoAN.  Madame,  les  conquerants,  Alexandre  et  les 
autres  mondes  sont  cause  de  notre  depart,  Voila, 
Monsieur,  tout  ce  que  je  puis  dire. 

D.  Elv,  Vous  plait-il,  Dom  Juan,  nous  eclaircir  ces 
beaux  mysteres  ? 

D.  Juan.  Madame,  a  vous  dire  la  verite  .  .  . 

D.  Elv.  Ah  !  que  vous  savez  mal  vous  defendre  pour 
un  homme  de  cour,  et  qui  doit  etre  accoutume  a 
ces  sortes  de  choses  !  J'ai  pitie  de  vous  voir 
la  confusion  que  vous  avez.  Que  ne  vous  armez- 
vous  le  front  d'une  noble  effronterie .''  Que  ne  me 
jurez-vous  que  vous  etes  toujours  dans  les  memes 
sentiments  pour  moi,  que  vous  m'aimez  toujours 
avec  une  ardeur  sans  egale,  et  que  rien  n'est  capable 
de  vous  detacher  de  moi  que  la  mort  .f'  Que  ne  me 
dites-vous  que  des  affaires  de  la  derniere  con- 
sequence vous  ont  oblige  a  partir  sans  m'en  donner 
avis ;  qu'il  faut  que,  malgrd  vous,  vous  demeuriez 
ici  quelque  temps,  et  que  je  n'ai  qu'a  m'en  retourner 
d'ou  je  viens,  assuree  que  vous  suivrez  mes  pas  le 
plus  tot  qu'il  vous  sera  possible ;  qu'il  est  certain 
que  vouz  brulez  de  me  rejoindre,  et  qu'eloigne  de 
moi,  vous  souffrez  ce  que  souifre  un  corps  qui  est 
separe  de  son  ame?  Voila  comme  il  faut  vous 
defendre,  et  non  pas  etre  interdit  comme  vous  etes. 

D.  Juan.  Je  vous  avoue,  Madame,  que  je  n'ai  point 
le  talent  de  dissimuler,  et  que  je  porte  un  coeur 
sincere.  Je  ne  vous  dirai  point  que  je  suis  toujours 
dans  les  memes  sentiments  pour  vous,  et  que  je 
brule  de  vous  rejoindre,  puisque  enfin  il  est  assure 
que  je  ne  suis  parti  que  pour  vous  fuir  ;  non  point 
par  les  raisons  que  vous  pouvez  vous  figurer,  mais 
par  un  pur  motif  de  conscience,  et  pour  ne  croire 
pas  qu'avec  vous  davantage  je  puisse  vivre  sans 
peche.  II  m'est  venu  des  scrupules,  Madame,  et 
j'ai  ouvert  les  yeux  de  I'ame  sur  ce  que  je  faisais. 
J'ai  fait  reflexion  que,  pour  vous  epouser,  je  vous 
ai  derobee  a  la  cloture  d'un  convent  que  vous  avez 


sc.  III.]  DON  JUAN  161 

Sgan.  (turning  to  his  master)  Monsieur  .  .  . 

D.  Juan.  If .  .  . 

Sgan.  Conquerors,  Alexander  and  other  worlds. 
Madam,  are  the  causes  of  our  departure.  That, 
Monsieur,  is  all  I  can  say. 

D.  Elv.  Will  you  be  pleased,  Don  Juan,  to  enlighten 
for  us  these  fine  mysteries  ? 

D.  Juan.  To  tell  you  the  truth,  Madam  .  .  . 

D.  Elv.  Ah  !  How  badly  you  defend  yourself  for  a 
courtier  who  should  be  accustomed  to  this  sort  of 
thing.  I  pity  your  state  of  confusion.  Why  do 
you  not  present  a  bolder  front.''  Why  do  you  not 
swear  to  me  you  still  entertain  the  same  feelings 
for  me;  that  you  have  ever  loved  me  with  an 
unparalleled  affection  and  that  nothing  short  of 
death  can  sever  you  from  me .''  Why  do  you  not 
tell  me  affairs  of  the  utmost  consequence  obliged 
you  to  set  out  without  informing  me  of  them,  that 
much  against  your  will  you  must  stay  here  for 
some  time  and  that  I  have  but  to  return  whence  I 
came,  assured  you  will  follow  in  my  footsteps  as 
soon  as  possible ;  that  it  is  certain  you  are  impatient 
to  rejoin  me,  and  that  separated  from  me  you  suffer 
what  a  body  suffers  when  separated  from  the  soul.'' 
That  is  the  way  to  defend  yourself,  instead  of 
standing  confused  as  you  do. 

D.  Juan.  I  own  to  you.  Madam,  I  have  not  a  talent 
for  dissimulation :  my  heart  is  sincere.  I  will 
not  tell  you  I  still  entertain  the  same  feelings 
for  you  and  that  I  am  impatient  to  rejoin  you, 
since,  really,  it  is  the  fact  that  I  only  came  away 
in  order  to  avoid  you ;  not  for  the  reasons  you 
imagine,  but  from  a  simple  scruple  of  conscience, 
and  because  I  could  not  believe  it  possible  to  live 
with  you  longer  without  sin.  I  felt  some  scruples. 
Madam,  and  the  eyes  of  my  mind  were  opened  to 
what  I  was  doing.  I  reflected  that  in  order  to 
marry  you,  I  forced  you  from  the  seclusion  of  a 
convent,  that  you  broke  vows  which  bound  you  in 
other  directions,  and  that  Heaven  is  very  jealous  of 


162  DOM  JUAN  [actb  i. 

rompu  des  voeux  qui  vous  engageaient  autre  part, 
et  que  le  Ciel  est  fort  jaloux  de  ces  sortes  de  choses. 
Le  repentir  m'a  pris,  et  j'ai  craint  le  courroux 
celeste ;  j'ai  cru  que  notre  mariage  n'etait  qu'un 
adultere  deguise,  qu'il  nous  attirerait  quelque 
disgrace  d'en  haut,  et  qu'enfin  je  devais  tacher 
de  vous  oublier,  et  vous  donner  moyen  de  retourner 
a  vos  premieres  chaines.  Voudriez-vous,  Madame, 
vous  opposer  a  une  si  sainte  pensee,  et  que  j'allasse, 
en  vous  retenant,  me  mettre  le  Ciel  sur  les  bras, 


que  par 


? 


D.  Elv.  Ah  !  scelerat,  c'est  maintenant  que  je  te 
connais  tout  entier ;  et  pour  mon  malheur,  je  te 
connais  lorsqu'il  n'en  est  plus  temps,  et  qu'une 
telle  connaissance  ne  peut  plus  me  servir  qu'a  me 
desesperer.  Mais  sache  que  ton  crime  ne  demeurera 
pas  impuni,  et  que  le  meme  Ciel  dont  tu  te  joues 
me  saura  venger  de  ta  perfidie. 

D.  Juan.  Sganarelle,  le  Ciel ! 

Sgan.  Vraiment  oui,  nous  nous  moquons  bien  de  cela, 
nous  autres. 

D.  Juan.  Madame  .  .  . 

D.  Elv.  II  suflit.  Je  n'en  veux  pas  ouir  davantage, 
et  je  m' accuse  meme  d'en  avoir  trop  entendu.  C'est 
une  lachete  que  de  se  faire  expliquer  trop  sa  honte; 
et,  sur  de  tels  sujets,  un  noble  coeur,  au  premier 
mot,  doit  prendre  son  parti.  N' attends  pas  que 
j'eclate  ici  en  reproches  et  en  injures ;  non,  non, 
je  n'ai  point  un  courroux  a  exhaler  en  paroles 
vaines,  et  toute  sa  chaleur  se  reserve  pour  sa  ven- 
geance. Je  te  le  dis  encore,  le  Ciel  te  punira, 
perfide,  de  I'outrage  que  tu  me  fais ;  et  si  le  Ciel 
n'a  rien  que  tu  puisses  apprehender,  apprehende 
du  moins  la  colere  d'une  femme  oflFensee. 

SaAN.  Si  le  remords  le  pouvait  prendre  ! 

D.  Juan,  (aprfes  une  petite  reflexion.)  AUons  songer  a 
I'execution  de  notre  entreprise  amoureuse. 

Sgan.  Ah  !  quel  abominable  maitre  me  vois-je  obligd 
de  servir ! 

FIN  DU  PREMIER  ACTB 


60.  in.]  DON  JUAN  163 

such  things.  I  was  seized  with  repentance  and  I 
dreaded  the  wi-ath  of  Heaven.  I  thought  our 
marriage  was  but  a  disguised  adultery^  that  it 
would  bring  down  upon  us  some  calamity  from 
above,  and,  in  short,  that  I  ought  to  try  to  forget 
you  in  order  to  give  you  an  opportunity  to  return 
to  your  former  obligations.  Would  you.  Madam, 
oppose  so  pious  a  resolution .''  And  would  you  have 
me,  by  retaining  you,  expose  myself  to  the  vengeance 
of  Heaven .''    That  by  .  .  . 

D.  Elv.  Ah !  scoundrel,  now  do  I  know  you 
thoroughly ;  and  to  my  misfortune  I  know  you 
too  late,  when  such  knowledge  can  only  drive 
me  to  despair.  But  know  that  your  crime  will 
not  remain  unpunished,  and  that  the  very  heaven 
you  mock  will  requite  Piejorjxj^ur  j)erfidy. 

D.  Juan.  Sganarelle,  heaven  ! 

Sgan.  Yes,  indeed,  we  make  great  game  of  that,  we 
do. 

D.  Juan.  Madam  .  .  . 

D.  Elv.  That  is  enough,  I  do  not  wish  to  hear  any 
more,  and  I  even  blame  myself  for  having  heard 
too  much  already.  It  is  a  humiliation  to  have  one's 
shame  explained  too  clearly ;  in  such  case  a  brave 
heart  should,  at  the  first  word,  resolve  what  to  do. 
Do  not  expect  that  I  will  break  out  in  reproaches 
and  insults  here  ;  no,  no,  I  have  no  anger  to  spend 
in  vain  words  :  all  my  indignation  is  reserved  for 
vengeance.  I  tell  you,  once  again,  heaven  will 
punish  you,  you  wretch,  for  the  wrong  you  have 
done  me  ;  and  if  you  do  not  fear  anything  heaven 
can  do,  at  least  fear  the  anger  of  an  injured  woman. 

Sgan.  If  only  remorse  would  seize  him  !   - 

D.  Juan.  (After  a  little  reflection.)  Come,  let  us  consider 
the  execution  of  our  amorous  enterprise. 

Sgan.  Ah  !  What  an  abominable  master  am  I  comV 
pelled  to  serve  ! 

END  OF  THE  FIRST  ACT 


164  DOM  JUAN  [acte  ii. 

ACTE    II 

Sc^NE    I 
ChARIvOTTE,   PlERROl 

Char.  Nostre  dinse,  Piarrot,  tu  t'es  trouve  la  bien  k 
point. 

Pier.  Parquienne,  il  ne  s'en  est  pas  fallu  I'epoisseur 
d'une  eplinque  qu'ils  ne  se  sayant  nayes  tous  deux. 

Char.  C'est  done  le  coup  de  vent  da  matin  qui  les 
avait  renvarses  dans  la  mar  ? 

Pier.  Aga,  guien,  Charlotte,  je  m'en  vas  te  conter 
tout  fin  drait  comme  cela  est  venu  ;  car,  comme  dit 
I'autre,  je  les  ai  le  premier  avises,  avises  le  premier 
je  les  ai.  Enfin  done  j'estions  sur  le  bord  de  la  mar, 
moi  et  le  gros  Lucas,  et  je  nous  amusions  a  batifoler 
avec  des  mottes  de  tarre  que  je  nous  jesquions  a  la 
teste ;  car,  comme  tu  sais  bian,  le  gros  Lucas  aime 
a  batifoler,  et  moi  par  fouas  je  batifole  itou.  En 
batifolant  done,  pisque  batifoler  y  a,  j'ai  apargu  d« 
tout  loin  queuque  chose  qui  grouillait  dans  gliau, 
et  qui  venait  comme  envars  nous  par  secousse.  Je 
voyais  cela  fixiblement,  et  pis  tout  d'un  coup  je 
voyais  que  je  ne  voyais  plus  rien.  "Eh  !  Lucas, 
5'ai-je  fait,  je  pense  que  via  des  hommes  qui  na- 
geant  la-bas. — Voire,  ce  m'a-t-il  fait,  t'as  ete  au 
trepassement  d'un  chat,  t'as  la  vue  trouble. — Pal- 
sanquienne,  §'ai-je  fait,  je  n'ai  point  la  vue  trouble  : 
ce  sont  des  hommes. — Point  du  tout,  ce  m'a-t-il 
fait,  t'as  la  barlue. — Veux-tu  gager,  5'ai-je  fait, 
que  je  n'ai  point  la  barlue,  5'ai-je  fait,  et  que  ce 
sont  deux  hommes,  §'ai-je  fait,  qui  nageant  droit 
ici .''  §'ai-je  fait — Morquenne,  ce  m'a-t-il  fait,  je  gage 
que  non. — Oh  !  §a,  5'ai-je  fait,  veux-tu  gager  dix 
sols  que  si .'' — Je  le  veux  bian,  ce  m'a-t-il  fait ;  et 

Sour  te  montrer,  via  argent  su  jeu,"  ce  m'a-t-il  fait, 
loi,  je  n'ai  point  este  ni  fou,  ni  estourdi ;  j'ai  brave- 
ment  boute  a  tarre  quatre  pieces  tapees,  et  cinq 
sous  en  doubles,  jerniguenne,  aussi  hardiment  que 
si  j'avaisavale  un  varre  de  vin;  car  jeses  hazardeux, 


so.  I.]  DON  JUAN  166 

ACT    II 

Scene  I 
Charlotte,  Pierrot 

Char.  By  gum,  Piarrot,  tha  wur  theer  just  i'  the 
nick  o'  time. 

Pier.  Ah  tell  tha,  they  'd  a  near  shave  o'  bein' 
drownded,  both  on  'em  ! 

Char.  Was 't  t'  great  blast  o'  wind  'at  upset  'em  i'  t' 
watter  ? 

Pier.  Tha's  just  got  it,  Charlotte,  ah '11  tell  tha  just 
how  it  happened ;  for,  as  fowk  say,  ah  seed  'em 
first,  first  ah  seed  'em.  Soa,  ah  wur  at  sea-side, 
me  and  that  great  Lucas,  and  we  wur  a-larkin'  wi' 
chuckin'  clods  o'  muck  at  one  another's  heads ;  for 
tha  knaws  very  well  'at  fat  Lucas  likes  a  bit  o'  fun, 
as  ah  do  mysen.  Soa,  as  we  wur  a-larkin'  together, 
for  larkin'  we  wur,  ah  seed  a  great  way  off  summat 
'at  bobbed  up  and  doon  i'  t'  watter,  and  seemed 
like  coomin'  at  us,  i'  jerks.  Ah  niver  took  me  eyes 
off  it,  and  then  all  of  a  sudden  ah  couldn't  see 
nuthin'  na  more.  'Eh!  Lucas,'  sez  I,  'blowed  if 
thur  hain't  sum  fowk  a-swimmin'  down  theer.' 
'  Fathead,'  sez  he,  '  t'  owd  cat 's  bewitched  tha,  tha 
sees  double.'  'Blowed  if  ah  do,'  sez  I,  'ah  doant  see 
double,  yon 's  men,  ha  tell  tha.'  '  Tha 's  leein','  sez 
he,  'tha's  daft.'  'Will  ta  bet,'  sez  I,  'that  ah'm 
not  soft,'  sez  I,  'and  that  yon's  two  men,'  sez  I, 
'  a-swimmin'  straight  heer,'  sez  I.  '  Blowed  if  ah 
doant,'  sez  he,  'ah  bet  they're  not.'  'Well, 
coom  on,'  sez  I,  '  will  ta  bet  me  a  bob  on 't .'' ' 
'  Right  tha  is,'  sez  he,  '  and  theer 's  t'  brass,'  sez 
he.  Well,  ah  'm  neither  a  fond  nor  a  gaby,  soa 
ah  planked  down  half  a  dozen  coppers,  and  two 
threppenny  bits  in  t'  bargain,  just  as  though 
ah  wur  swiggin'  off  a  mug  o'  beer,  fur  ah  m 
no  coward,  ah  'm  not,  and  ah  goa  off  me  chump 
sometahms ;  howiver,  ah  knawed  what  ah  was 
aboot.    Ah  'm  none  sike  a  fool,  and  soa  we  'd  nobbut 


166  DOM  JUAN  [actb  ii. 

moi,  et  je  vas  a  la  debandade.  Je  savais  bian  ce 
que  je  faisais  pourtant.  Queuque  gniais  !  Enfin 
done,  je  n'avons  pas  putost  eu  gage,  que  j'avons  vu 
les  deux  hommes  tout  a  plain,  qui  nous  faisiant 
signe  de  les  aller  querir ;  et  moi  de  tirer  auparavant 
les  enjeux.  "Aliens,  Lucas,  5'ai-je  dit,  tu  vols  bian 
qu'ils  nous  appelont :  allons  viste  a  leu  secours. — 
Non,  ce  m'a-t-il  dit,  ils  m'ont  fait  pardre."  O  ! 
done,  tanquia  qu'a  la  parfin,  pour  le  faire  court,  je 
I'ai  tant  sarmonne,  que  je  nous  sommes  boutes  dans 
une  barque,  et  pis  j'avons  tant  fait  cahin  caha,  que 
je  les  avons  tires  de  gliau,  et  pis  je  les  avons  mene's 
cheux  nous  aupres  du  feu,  et  pis  ils  se  sant  de- 
pouilles  tout  nus  pour  se  secher,  et  pis  il  y  en  est 
venu  encore  deux  de  la  mesme  bande,  qui  s'equiant 
sauves  tout  seul,  et  pis  Mathurine  est  arrivee  la, 
a  qui  Ten  a  fait  les  doux  yeux.  Via  justement, 
Charlotte,  comme  tout  ga  s'est  fait. 

Char.  Ne  m'as-tu  pas  dit,  Piarrot,  qu'il  y  en  a  un 
qu'est  bien  pu  mieux  fait  que  les  autres  r 

PiKR.  Oui,  c'est  la  maitre.  II  faut  que  ce  soit  queuque 
gros,  gros  Monsieur,  car  il  a  du  dor  a  son  habit  tout 
depis  le  haut  jusqu'en  bas  ;  et  ceux  qui  le  servont 
sont  des  Monsieux  eux-mesmes ;  et  stapandant, 
tout  gros  Monsieur  qu'il  est,  il  serait,  par  ma  fique, 
nayd,  si  je  n'aviomme  este  la. 

Char.  Ardez  un  peu. 

Pier.  O  !  parquenne,  sans  nous,  il  en  avait  pour  sa 
maine  de  feves. 

Char.  Est-il  encore  cheux  toi  tout  nu,  Piarrot  ? 

Pier.  Nannain  :  ils  I'avout  rhabille  tout  devant  nous. 
Mon  quieu,  je  n'en  avals  jamais  vu  s'habiller.  Que 
d'histoires  et  d'augigorniaux  boutont  ces  Messieus- 
la  les  courtisans  !  Je  me  pardrais  la-dedans,  pour 
moi,  et  j'estais  tout  e'bobi  de  voir  §a,  Quien,  Char- 
lotte, ils  avont  des  cheveux  qui  ne  tenont  point  a 
leu  teste  ;  et  ils  boutont  §a  apres  tout,  comme  un 
gros  bonnet  de  filace.  lis  ant  des  chemises  qui  ant 
des  manches  ou  j'entrerions  tout  brandis,  toi  et  moi. 
En  glieu  d'haut-de-chausse,  ils  portont  un  garde- 


3.  I,]  DON  JUAN  167 

hardly  chuck'd  doon  t'  brass,  when  we  seed  two 
men  as  plain  as  a  pike-staff,  a-beckonin'  us  to 
coom  and  fetch  'em ;  soa  ah  snatches  up  t'  brass. 
'Coom  on,  Lucas/  sez  I,  'tha  sees  they're  a- 
beckonin'  on  us,  let's  goii  and  help  'em.'  'Noa,' 
sez  he,  'they've  made  ma  lose  me  munny.'  Well, 
then,  we  'd  a  fine  set-to,  and,  to  cut  matters  short, 
ah  called  him  soa  'at  we  joomps  into  t'  boat,  and  we 
went  at  it  swish-swash,  till  we  got  'em  oot  o'  t' 
watter ;  then  ah  tuk  'em  hoame  to  t'  fire-side,  and 
then  they  stript  theirsen  stark-nakd  to  dry  their- 
sen,  and  then  there  coom  two  more  on  'em  who  got 
oot  o'  t'  watter  by  theirsen,  and  then  Mathurine 
cooms  up  and  one  on  'em  made  sheep-eyes  at  her, 
soa  now  ah've  telled  tha,  Charlotte,  how  it  all 
coom  aboot. 


Char.  Didn't  tha  tell  me,  Piarrot,  'at  woan  on  'em 
wur  better  lookin'  than  t'  others  ? 

Pier.  Ay,  he's  t'  measter.  Ah  reckon  he's  sum 
great,  great  man,  for  he  's  got  gold  on 's  duds  fra 
top  to  toe,  and  his  fowk  are  swells  theirsen ;  how- 
iver,  great  man  though  he  be,  sure's  a  guajie'd 
a  been  drownded  if  ah  hadn't  been  theer. 

Char.  Oh  never  ! 

PiEK.  Oh  !  aye,  if  it  hadn't  a  been  for  us  he  'd  ha'  had 
his  bellyful. 

Char.  Is  he  still  at  t'  fireside  stark-nakd,  Piarrot.'' 

Pier.  Noa,  noa,  they  all  put  their  togs  on  agen  afore 
us.     My  eyes  !  ah  niver  seed  the  likes  on  'em  dress 
theirsen  afore,  what  a  parcel  of  fiddle-faddles  and    / 
gimcracks  these  big  guns  wur  !     Ah  should  be  lost  '. 
in  'em,  ah  should,  and  ah  wur  flabbergasted  to  see   ) 
'em,  ah  tell  tha  straight.      Dang  me,  Charlotte,    \ 
they've    got   hair   which    doesn't   stick    to   their    \ 
heads,  and  they  put  it  on  last  thing,  just  like  a     I 
great  hank  o'  tow.     They  've  got  sarks  wi'  sleeves  / 
on  'em,  so  wide  that  thou  and  ah  could  git  in  'eny'^ 


168  DOM  JUAN  [acte  u. 

robe  aussi  large  que  d'ici  a  Pasque ;  en  glieu  de 
pourpoint,  de  petites  brassieres,  qui  ne  leu  venont 
pas  usqu'au  bricbet ;  et,  en  glieu  de  rabats,  un 
grand  mouchoir  de  cou  a  reziau,  aveuc  quatre 
grosses  houpes  de  linge  qui  leu  pendont  sur  I'esto- 
maque.  lis  avont  itou  d'autres  petits  rabats  au  bout 
des  bras,  et  de  grands  entonnois  de  passement  aux 
jambes,  et  parmi  tout  5a,  tant  de  rubans,  tant  de 
rubans,  que  c'est  une  vraie  piquie.  Ignia  pas 
jusqu'aux  souliers  qui  n'en  soiont  farcis  tout  depis 
un  bout  jusqu'a  I'autre ;  et  ils  sont  faits  d'une 
fa§on  que  je  me  romprais  le  cou  aveuc. 


Char.  Par  ma  fi,  Piarrot,  il  faut  que  j'aille  voir  un 

peu  5a. 
Pier.  O  !  acoute  un  peu  auparavant,  Charlotte  :  j'ai 

queuque  autre  chose  a  te  dire,  moi. 
Chab.  Eh  bian  !  dis,  qu'est-ce  que  c'est  ? 
Pier.  Vois-tu,  Charlotte,  il  faut,  comme  dit  I'autre, 

que  je  debonde  mon  coeur.     Je  t'aime,  tu  le  sais 

bian,  et  je  sommes  pour  estre  maries  ensemble;  mais 

marquenne,  je  ne  suis  point  satisfait  de  toi. 
Char.  Quement?  qu'est-ce  que  c'est  done  qu'iglia? 
Pier.  Iglia  que  tu  me  chagraignes  I'esprit,  franche- 

ment. 
Char.  Et  quement  done? 
Pier.  Testiguienne,  tu  ne  m'aimes  point. 
Char.  Ah  !  ah  !  n'est  que  5a  ? 
Pier.  Oui,  ce  n'est  que  qa,  et  c'est  bian  assez. 
Char.  Mon  quieu,  Piarrot,  tu  me  viens  toujou  dire 

la  mesme  chose. 
Pier.  Je  te  dis  toujou  la  mesme  chose,  parce  que  c'est 

toujou  la  mesme  chose ;  et  si  ce  n'etait  pas  toujou  la 

mesme  chose,  je  ne  te  dirais  pas  toujou  la  mesme 

chose. 
Char.  Mais  qu'est-ce  qu'il  te  faut .''    Que  veux-tu  ? 
Pier.  Jerniquenne  !  je  veux  que  tu  m'aimes. 
Char.  Est-ce  que  je  ne  t'aime  pas? 
PiBB.  Non,  tu  ne  m'aimes  pas ;  et  si,  je  fais  tout  ce 


Bc.  I.]  DON  JUAN  169 

if  we  wur  tied  together ;  'stead  o'  breeches  they 
wear  an  apron  as  big 's  fra  here  to  Easter  ; 
'stead  of  a  waist-coat  they  've  got  short  stays- 
like  that  doant  reach  to  their  stummicks,  'stead 
of  a  necktie  they've  got  great  knitted  hand- 
kerchers  wi'  fower  big  linen  tails  hangin'  doon 
i'  t'  front  on  'em ;  they  've  got  little  frills  too, 
round  their  wrists,  and  great  rounds  o'  lace  aboot 
their  legs,  and  among  em  all  so  many  ribbons, 
such  a  sight  o'  ribbons,  'at  it's  a  reglar  shame. 
Theer  's  nowt  aboot  'em  fra  t'  woan  end  to  t'  other 
'at  hain't  stuffed  wi'  ribbons,  doon  to  their  very 
shoes,  and  they  be  made  i'  such  a  way  'at  ah  should 
break  me  neck  in  'em. 

Char.  My  goodness,  Piarrot,  ah  mun  goa  and  get  a 
sight  on  'em. 

PiEK,  Nay  !  stop  a  bit,  Charlotte  :  ah  've  got  summat 
else  to  tell  tha,  I  have. 

Char.  Well,  oot  wi'  it,  then. 

Pier.  Doesn't  tha  see,  Charlotte,  'at  ah  want,  as 
fowk  say,  to  tell  tha  me  mind.  Ah  luvs  tha,  tha 
knaws  it  well  enough,  and  ah  'm  goin'  to  marry  tha, 
but,  dang  it,  ah  'm  none  sae  well  satisfied  wi'  tha. 

Char.  Now,  what 's  up  ? 

Pier.  Why  tha'  vexes  ma  summat  fearful. 

Char.  How 's  that } 

Pier.  Well  ah  '11  be  blowed  if  tha  luvs  ma  at  all. 

Char.  Oh  !  is  that  all  ? 

Pier.  Aye,  that 's  all,  hain't  it  enough  } 

Char.  Law,  Piarrot,  tha'rt  alius  a-tellin'  of  ma  t* 
same  story. 

Pier.  Ah  alius  tells  tha  t'  same  story  cos  t'  alius  is 
t'  same  story,  and  if  t'  warnt  alius  t'  same  story 
ah  shouldn't  alius  tell  tha  t'  same  story. 

Char.  But  what  mun  ah  do?     What's  ta  want.? 

Pier.  Drat  it,  ah  want  tha  to  luv  ma. 

Char.  Why,  doant  ah  luv  tha  } 

Pier.  Na  ;  tha  doesn't  luv  ma,  though  ah  do  all  'at 


170  DOM  JUAN  [acte  ii. 

que  je  pis  pour  9a  :  je  t'achete,  sans  reproche,  des 
rubans  a  tous  les  marciers  qui  passont;  je  me 
romps  le  ecu  a  t'aller  denicher  des  marles  ;  je  fais 
jouer  pour  toi  les  vielleux  quand  ce  vient  ta  feste  ; 
et  tout  ^a,  comme  si  je  me  frappais  la  teste  centre 
un  mur.  Vois-tu,  5a  ni  biau  ni  honnete  de  n'aimer 
pas  les  gens  qui  nous  aimont. 

Char.  Mais,  mon  guieu,  je  t'aime  aussL 

Pier.  Oui^  tu  m'aimes  d'une  belle  deguaine  ! 

Char,  Quement  veux-tu  done  qu'on  fasse .'' 

Pier.  Je  veux  que  Ten  fasse  comme  Ten  fait  quand 

Ten  aime  comme  il  faut. 
Char.  Ne  t'aime-je  pas  aussi  comme  il  faut .'' 
Pier.  Non :  quand  q&  est,  Qa  se  voit,  et  Ten  fait 
mille  petites  singeries  aux  personnes  quand  on  les 
aime  du  bon  du  coeur.  Regarde  la  grosse  Thomasse, 
comme  elle  est  assotee  du  jeune  Robain ;  alle  est 
toujou  autour  de  li  a  I'agacer,  et  ne  le  laisse  jamais 
en  repos  ;  toujou  al  li  fait  queuque  niche  ou  11 
bailie  queuque  taloche  an  passant ;  et  I'autre  jour 
qu'il  estait  assis  sur  un  escabiau,  al  fut  le  tirer  de 
dessous  li,  et  le  fit  choir  tout  de  son  long  par  tarre. 
Jarni !  via  ou  Ten  volt  les  gens  qui  aimont ;  mais 
toi,  tu  ne  me  dis  jamais  mot,  t'es  toujou  la  comme 
eune  vraie  souche  de  bois  ;  et  je  passerais  vingt 
fois  devant  toi,  que  tu  ne  te  grouillerais  pas  pour 
me  bailler  le  moindre  coup,  ou  me  dire  la  moindre 
chose.  Ventrequenne  !  §a  n'est  pas  bian,  apres 
tout,  et  t'es  trop  froide  pour  les  gens. 

Char.  Que  veux-tu  que  j'y  fasse  ?    C'est  mon  himeur, 

et  je  ne  me  pis  refondre. 
Pier.  Igna  himeur  qui  quienne.      Quand   on  a  de 

I'amiquie  pour  les  personnes.  Ton  an  bailie  toujou 

queuque  petite  signifiance. 
Char.  Enfin  je  t'aime  tout  autant  que  je  pis,  et  si  tu 

n'es  pas  content  de  §a,  tu  n'as  qu'a  en  aimer  queuque 

autre. 
Pier.  Eh  bien  !  via  pas  mon  compte.     Testigue  !  si 

tu  m'aimais,  me  dirais-tu  ^a  ? 


80.  I.]  DON  JUAN  171 

ah  can  to  mak  tha :  ah  buys  tha  ribbons  of  ivery 
pedlar  'at  cooms  aboot  (na  tha  woant  mmd  ma  tellin' 
tha),  ah  nigh  break  me  neck  i'  gettin'  jackdaws 
for  tha,  ah  mak  t'  owd  fiddlers  play  for  tha  when 
tha  birthday  cooms  round,  and  tha  taks  noa  more 
noatice  on  't  than  if  ah  wur  to  knock  me  head 
agen  t'  wall.  Do  'ee  hear,  it's  neither  fair  nor 
honest  not  to  luv  fowk  as  luvs  you. 

Char.  But,  I  tell  tha,  ah  does  luv  tha. 

Pier.  Aye,  an  a  nice  way  o'  luvin'  't  is. 

Char.   What 's  tha  want  ma  to  do,  then .'' 

Pier.  Tha  mun  do  just  t'  same 's  other  fowk  do,  when 
they  luv  as  they  oughter. 

Char.  Does'nt  ah  luv  tha  then  as  ah  oughter .-' 

Pier.  Noa.  When  there 's  luv  ye  can  see  it,  and 
thur  's  any  amount  er  tricks  tha  could  play  if  tha 
wert  i'  earnest.  Look  at  that  strapping  Thomasse, 
how  fond  she  is  ovver  young  Robin.  She 's  alius 
at  his  elbow  a  teasin'  on  him,  and  she  niver  lets 
him  aloan.  She's  alius  a-playin'  him  some  game 
or  other,  and  she  gives  him  a  slap  i'  t'  face  when 
he  goes  by  ;  t'  other  day  when  he  wur  a-sittin  'pon 
a  stool,  she  pulled  it  slick  away  fra  under  him, 
and  doon  he  went  all  his  length  on  t'  ground. 
Sitha,  that 's  how  'tis  wi'  fowk  when  they  're  i' 
luv,  but  thou,  tha  niver  sez  a  word  to  ma,  tha's  just 
like  a  block  a'  wood,  ah  might  goii  by  tha  twenty 
times  and  tha  would'nt  budge  to  give  ma  the  least 
thump,  or  oppen  tha  mouth  to  ma.  Drat  tha,  that 
bain't  right,  not  a  bit  on 't,  th'  art  too  cold  for  any- 
body. 

Char.  What  does  ta  want  ma  to  do  ?  It 's  how  ah  'm 
made,  and  ah  cant  mak  mysen  ovver  agen. 

Pier.  That's  all  stuff.  When  a  body  luvs  a  body 
there 's  alius  sum  way  to  show  it. 

Char.  Well,  ah  luvs  tha  as  well 's  ah  can  and  if  that 
doesn't  please  tha,  tha  mun  goa  and  luv  sumbody 
else. 

Pier.  Theer  now,  ah  've  got  t'  sack  now  :  blowed  if 
tha  luvs  mn,  tha  wouldn't  siiy  that. 


172  DOM  JUAN  [actb  n. 

Char.  Pourquoi  me  viens-tu  aussi  tarabuster  I'esprit? 

Pier.  Morque.'*  queu  mal  te  fais-je?    Je  ne  te  de- 

mande  qu'un  peu  d'amiquie. 
Char.  Eh  bien  I   laisse  faire  aussi,  et  ne  me  presse 

point  tant.      Peut-etre  que  ga  viendra  tout  d'un 

coup  sans  y  songer. 
Pier.  Touche  done  la,  Charlotte. 
Char.  Eh  bien  !  quien. 
Pier.  Promets-moi  done  que  tu  tacheras  de  m'aimer 

davantage. 
Char.  J'y  ferai  tout  ce  que  je  pourrai  mais  il  faut 

que  §a  vienne  de  lui-meme.     Piarrot,  est-ce  la  ce 

Monsieur. 
Pier.  Oui,  le  via. 
Char.  Ah  !  mon  quieu,  qu'il  est  genti,  et  que  g'aurait 

ete  dommage  qu'il  eut  este  naye  ! 
Pier.  Je  revians  tout  a  I'heure :  je  m'en  vas  boire 

chopainOj  pour  me  rebouter   tant  soit  peu  de  la 

fatigue  quej'ais  eue. 


SciNE  II 
DoM  Juan,  Sganarellb,  Charlotte 

D.  Juan.  Nous  avons  manque  notre  coup,  Sganarelle, 
et  cette  bourrasque  imprevue  a  renverse  avec  notre 
barque  le  projet  que  nous  avions  fait;  mais,  a  te 
dire  vrai,  la  paysanne  que  je  viens  de  quitter  repare 
ce  malheur,  et  je  lui  ai  trouve  des  charmes  qui 
effacent  de  mon  esprit  tout  le  chagrin  que  me 
donnait  le  mauvais  succes  de  notre  entreprise.  II 
ne  faut  pas  que  ce  coeur  m'echappe,  et  j'y  ai  deja 
jete  des  dispositions  a  ne  pas  me  souflFrir  longtemps 
de  pousser  des  soupirs. 

Scan.  Monsieur,  j'avoue  que  vous  m'e'tonnez,  A 
peine  sommes-nous  dchappes  d'un  peril  de  mort, 
qu'au  lieu  de  rendre  grace  au  Ciel  de  la  pitie  qu'il 
a  daigne  prendre  de  nous,  vous  travaillez  tout  de 


80,  II,]  DON  JUAN  173 

Char.   Why  does  ta  come  and  worry  me  very  life 

out  o'  ma  ? 
PiEB,  Goodness !    What  harm  have  ah  done  tha,     I 

nobbut  axed  fur  a  bit  o'  luv. 
Char.  Well  leave  ma  be,  then,  and  doant  bother  so, 

mebbe  it  '11  come  all  of  a  sudden  like,  wi'oot  thinkin' 

aboot  it. 
Pier.  Shak  hands  then,  Charlotte. 
Char.  All  right,  theer  tha  is. 
PiKR.  Promise  me  tha  '11  try  to  luv  ma  a  bit  more. 

Char.  Ah  '11  do  all  ah  can,  but  it  mun  come  on  itsen, 
Piarrot.     Is  yon  t'  gentleman  ? 

Pier.  Aye,  theer  he  is. 

Char.  My  word,  ain't  he  fine  !     What  a  pity  t' would 

ha  been  if  he  'd  a-been  drownded. 
Pier.  Ah  '11  come  back  soon,  ah  'm  gone  to  git  a  pint 

to  fettle  me  up  a  bit  after  all  this  hard  woi-k. 


Scene  II 

Don  Juan,  Sganarelle,  Charlottb 

D.  Juan.  We  have  failed  in  our  plots,  Sganarelle, 
and  this  sudden  squall  has  upset  both  our  bark 
and  the  plan  we  had  made ;  but,  to  tell  you  the 
truth,  the   country  lass  from  whom   I   have  just 

Earted  will  make  amends  for  this  misfortune,  I 
ave  found  such  charms  in  her  as  banish  fi*om  my 
mind  all  the  vexation  the  ill-success  of  our  enter- 
prise has  caused  me.  I  must  not  allow  this  heart 
to  escape  me  :  I  have  already  laid  my  plans  so  that 
I  shall  not  long  have  to  sigh  in  vain, 
SoAN,  I  must  say  you  astonish  me,  Monsieur,  we 
have  hardly  escaped  from  the  jaws  of  death,  and, 
instead  of  returning  thanks  to  heaven  for  the 
mercy  it  has  deigned  to  show  us,  you  set  to  work 


174  DOM  JUAN  [acte  ii. 

nouveau  a  attirer  sa  colere  par  vos  fantaisies  ac- 
coutumees  et  vos  amours  cr  .  ,  .  Paix  !  coquin  que 
vous  etes ;  vous  ne  savez  ce  que  vous  dites,  et  Mon- 
sieur sait  ce  qu'il  fait.    Aliens. 

D.  Juan,  (apercevant  Charlotte.)  Ah !  ah  !  d'ou  sort 
cette  autre  paysanne,  Sganarelle?  As-tu  rien  vu 
de  plus  joli .''  et  ne  trouves-tu  pas,  dis-moi,  que 
ceUe-ci  vaut  bien  I'autre .'' 

Sgan.  Assurement.     Autre  piece  nouvelle. 

D.  Juan.  D'ou  me  vient,  la  belle,  une  rencontre  si 
agreable .''  Quoi .''  dans  ces  lieux  champetres,  parmi 
ces  arbres  et  ces  rochers,  on  trouve  des  personnes 
faites  comme  vous  etes .'' 

Char.  Vous  voyez,  Monsieur. 

D.Juan.  Etes-vous  de  ce  village? 

Char.  Oui,  Monsieur. 

D.  Juan.  Et  vous  y  demeurez  ? 

Chab.  Oui,  Monsieur. 

D.  Juan.  Vous  vous  appelez  ? 

Char.  Charlotte,  pour  vous  servir. 

D.  Juan.  Ah  !  la  belle  personne,  et  que  ses  yeux  sont 
penetrants  ! 

Char,  Monsieur,  vous  me  rendez  toute  honteuse. 

D.  Juan.  Ah  !  n'ayez  point  de  honte  d'entendre  dire 
vos  verites.  Sganarelle,  qu'eu  dis-tu.''  Peut-on 
rien  voir  de  plus  agreable.''  Tournez-vous  un  peu, 
s'il  vous  plait.  Ah  !  que  cette  taille  est  jolie  ! 
Haussez  un  peu  la  tete,  de  grace.  Ah !  que  ce 
visage  est  mignon  !  Ouvrez  vos  yeux  eritierement. 
Ah  !  qu'ils  sont  beaux !  Que  je  voie  un  peu  vos 
dents,  je  vous  prie.  Ah  !  qu'elles  sont  amoureuses, 
et  ces  levres  appetissantes  f  Pour  moi,  je  suis  ravi, 
et  je  n'ai  jamais  vu  une  si  charmante  personne. 

Char.  Monsieur,  cela  vous  plait  a  dire,  et  je  ne  sais 
pas  si  c'est  pour  vous  railler  de  moi. 

D.  Juan.  Moi,  me  railler  de  vous  ?    Dieu  m'en  garde ! 

Je  vous  aime  ti'op  pour  cela,  et  c'est  du  fond  du 

coeur  que  je  vous  parle. 
Char.  Je  vous  suis  bien  obligee,  si  §a  est. 


sc.  II.]  DON  JUAN  175 

afresh  to  draw  down  its  wrath  by  your  usual  freaks 
and  your  amours  .  .  .  Peace,  rascal  that  you  are; 
you  do  not  know  of  what  you  are  talking :  Mon- 
sieur knows  what  he  is  about.     Come. 

D.  Juan.  (Seeing  Chablotte.)  Ha,  ha  !  whence  comes 
this  other  country  lass,  Sganarelle  ?  Did  you  ever 
see  anything  prettier  ?  Tell  me,  do  you  not  think 
she  is  as  handsome  as  the  other .'' 

Sgan.  Indeed  she  is.     Another  fresh  morsel. 

D.  Juan.  How  does  this  pleasant  meeting  come  about, 
my  pretty  lass  ?  What .''  do  people  as  good-looking 
as  you  live  in  these  rural  places,  among  these 
trees  and  these  rocks .'' 

Chab.  As  you  see.  Monsieur. 

D.  Juan.  Do  you  belong  to  this  village  ? 

Chab.  Yes,  Monsieur. 

D.  Juan.  And  you  live  here  ?  .  .  . 

Chab.  Yes,  Monsieur. 

D.  Juan.  What  is  your  name .'' 

Chab.  Charlotte,  at  your  service. 

D.  Juan.  Ah  !  what  a  beauty !  What  piercing  eyes 
she  has  ! 

Chab.  You  make  me  blush.  Monsieur. 

D.  Juan.  Oh  !  do  not  be  ashamed  to  hear  the  truth. 
Sganarelle,  what  say  you .''  Can  anything  be  more 
charming.''  Turn  round  a  little,  if  you  please. 
Ah  !  what  a  fine  figure.  Lift  up  your  head  a  little, 
pray.  Ah !  what  a  sweet  face.  Open  your  eyes 
wide.  Ah  !  how  lovely  they  are.  Pray  let  me  see 
a  little  of  your  teeth.  Ah  !  how  enticing  they  are, 
and  what  inviting  lips.  For  my  part  I  am  delighted, 
I  never  saw  so  charming  a  person. 

Chab.  You  say  what   you  please.   Monsieur,  and  I 

don't  know  whether  you  re  making  fun  of  me  or 

not. 
D.  Juan.  I  make  fun  of  you  !    Heaven  forbid  !  I  love 

you  too  much  for  that,  and  I  speak  to  you  from  the 

depths  of  my  heart. 
Chab.  I  'm  much  obliged  to  you  if  it  is  so. 


176  DOM  JUAN  [acte  ii. 

D.  Juan.  Point  du  tout,  vous  ne  m'etes  point  obligee 
de  tout  ce  que  je  dis  et  ce  n'est  qu'a  votre  beauts 
que  vous  en  etes  redevable. 

Chab.  Monsieur,  tout  5a  est  trop  bien  dit  pour  moi, 
et  je  n'ai  pas  d' esprit  pour  vous  r^pondre. 

D.  Juan.  Sganarelle,  regard  un  peu  ses  mains. 

Char.  Fi !  Monsieur,  elles  sont  noires  comme  je  ne 
sais  quoi. 

D.  Juan.  Ha !  que  dites-vous .''  Elles  sont  les  plus 
belles  du  monde ;  souifrez  que  je  les  baise,  je  vous 
prie. 

Chab.  Monsieur,  c'est  trop  d'honneur  que  vous  me 
faites,  et  si  j'avais  su  5a  tantot,  je  n'aurais  pas 
manque  de  les  laver  avec  du  son. 

D.  Juan.  Et,  dites-moi  un  peu,  belle  Charlotte,  vous 
n'etes  pas  mariee,  sans  doute  ? 

Chab.  Non,  Monsieur ;  mais  je  dois  bientot  I'etre 
avec  Piarrot,  le  fils  de  la  voisine  Simonette. 

D.  Juan.  Quoi.''  une  personne  comme  vous  serait 
la  femme  d'un  simple  paysan !  Non,  non :  c'est 
profaner  tant  de  beautes,  et  vous  n'etes  pas  nee 
pour  demeurer  dans  un  village.  Vous  meritez,  sans 
doute,  une  meilleure  fortune  et  le  Ciel,  qui  le  con- 
nait  bien,  m'a  conduit  ici  tout  expres  poui-  em- 
pecher  ce  mariage,  et  rendre  justice  a  vos  charmes ; 
car  enfin,  belle  Charlotte,  je  vous  aime  de  tout 
mon  coeur,  et  il  ne  tiendra  qu'a  vous  que  je  vous 
arrache  de  ce  miserable  lieu,  et  ne  vous  mette  dans 
I'etat  ou  vous  meritez  d'etre.  Cet  amour  est  bien 
prompt,  sans  doute;  mais  quoi.''  c'est  un  efFet, 
Charlotte,  de  votre  grande  beaute,  et  Ton  vous 
aime  autant  en  un  quart  d'heure,  qu'on  ferait  une 
autre  en  six  mois. 

Chab.  Aussi  vrai.  Monsieur,  je  ne  sais  comment  faire 
quand  vous  parlez.  Ce  que  vous  dites  me  fait  aise, 
et  j'aurais  toutes  les  envies  du  monde  de  vous 
croire  ;  mais  on  m'a  toujou  dit  qu'il  ne  faut  jamais 
croire  les  Monsieux,  et  que  vous  autres  courtisans 
etes  des  enjoleus^  qui  ne  songez  qu'a  abuser  les 
filles. 


sc.  ir.]  DON  JUAN  177 

D.  Juan.  Not  at  all,  you  are  not  in  the  least  obliged 

to  me  for  anything  I  say.     You  have  only  your 

own  beauty  to  thank  for  it. 
Chab.  This  is  all  too  fine  for  me.  Monsieur.     I  'm 

not  smart  enough  to  answer  you. 
D.  Juan.  Just  look  at  her  hands,  Sganarelle  ! 
Chab.  Goodness,  Monsieur,  they're   as   black  as  I 

don't  know  what. 
D.  Juan.  Oh  !  what  are  you  saying  ?    They  are  the 

prettiest  I  ever  saw  ;  pray  let  me  kiss  them. 

Chab.  You  're  too  good  to  me,  Monsieur.  If  I  'd 
known  about  it  just  now  I  'd  have  washed  them 
with  bran. 

D,  Juan.  Now  just  tell  me,  pretty  Charlotte,  you  are 
not  married,  are  you  ? 

Chab.  No,  Monsieur,  but  I  am  to  be  pretty  soon,  to 
Piarrot,  neighbour  Simonette's  son. 

D.  Juan.  What .''  is  such  a  creature  as  you  to  be  the 
wife  of  a  common  ploughboy .''  No,  no.  It  would 
be  a  profanation  of  so  much  beauty.  You  were  not 
born  to  live  in  a  village  ;  you  are  certainly  worthy 
of  a  better  fate,  and  heaven,  which  knows  this  full 
well,  has  sent  me  here  on  purpose  to  prevent  this 
marriage  and  to  do  justice  to  your  charms.  In 
short,  my  pretty  Charlotte,  I  love  you  with  all  my 
heart,  and  it  shall  be  entirely  your  own  fault  if  I 
do  not  carry  you  off  from  this  wretched  place  and 
put  you  in  the  position  you  deserve  to  occupy. 
This  passion  is,  indeed,  very  sudden,  but  what 
then .''  Your  great  beauty  is  the  cause  of  it,  and 
I  love  you  as  much  in  a  quarter  of  an  hour  as  I 
should  another  in  six  months. 

Chab.  Sure,  Monsieur,  I  don't  know  how  to  behave 
when  you  talk  like  that.  I  like  what  you  say  and 
I  'd  much  like  to  believe  you,  but  I  've  alius  been 
told  never  to  believe  gentlemen  ;  that  you  swells  are 
wheedlers  who  only  think  of  ruining  girls. 


•«f 


178 


DOM  JUAN 


[acte  11. 


D.  Juan.  Je  ne  suis  pas  de  ces  gens-la. 

Sgan.  II  n'a  garde. 

Chab.  Voyez-vous,  Monsieur,  il  n'y  a  pas  plaisir  a  se 
laisser  abuser.  Je  suis  une  pauvre  paysanne  ;  mais 
j'ai  I'honneur  en  recommandation,  et  j'aimerais 
mieux  me  voir  morte  que  de  me  voir  deshonoree. 

D.  Juan.  Moi,  j'aurais  I'ame  assez  mechante  pour 
abuser  une  personne  comme  vous  }  Je  serais  assez 
lache  pour  vous  deshonorer  ?  Non,  non  :  j'ai  trop 
de  conscience  pour  cela.  Je  vous  aime,  Charlotte, 
en  tout  bien  et  en  tout  honneur ;  et  pour  vous 
montrer  que  je  vous  dis  vrai,  sachez  que  je  n'ai  point 
d'autre  dessein  que  de  vous  epouser :  en  voulez-vous 
un  plus  grand  temoignage  ?  M'y  voila  pret  quand 
vous  voudrez ;  et  je  prends  a  temoin  I'homme  que 
voila,  de  la  parole  que  je  vous  donne. 

Sgan.  Non,  non,  ne  craignez  point :  il  se  mariera 
avec  vous  tant  que  vous  voudrez. 

D.  Juan.  Ah !  Charlotte,  je  vois  bien  que  vous  ne 
me  connaissez  pas  encore.  Vous  me  faites  grand 
tort  de  juger  de  moi  par  les  autres  ;  et  s'il  y  a  des 
fourbes  dans  le  monde,  des  gens  qui  ne  cherchent 
qu'a  abuser  des  filles,  vous  devez  me  tirer  du 
nombre,  et  ne  pas  mettre  en  doute  la  sincerite  de 
ma  foi :  et  puis  votre  beaute  vous  assure  de  tout. 
Quand  on  est  faite  comme  vous,  on  doit  etre  a 
convert  de  toutes  ces  sortes  de  crainte ;  vous 
n'avez  point  I'air,  croyez-moi,  d'une  personne 
qu'on  abuse ;  et  pour  moi,  je  I'aroue,  je  me 
percerais  le  coeur  de  mille  coups,  si  j'avais  eu  la 
moindre  pensee  de  vous  trahir. 

Chab.  Mon  Dieu  !  je  ne  sais  si  vous  dites  vrai,  ou 
non  ;  mais  vous  faites  que  Ton  vous  croit. 

D.  Juan.  Lorsque  vous  me  croirez,  vous  me  rendrez 
justice  assurement,  et  je  vous  reitere  encore  la  pro- 
messe  que  je  vous  ai  faite.  Ne  I'acceptez  vous  pas 
et  ne  voulez-vous  pas  consentir  a  etre  ma  femme .'' 

Char.  Oui,  pourvu  que  ma  tante  la  veuille. 

D.  Juan.  Touchez  done  la,  Charlotte,  puisque  vous 
le  voulez  bien  de  votre  part. 


8c.  II.]  DON  JUAN  179 

D.  Juan.  I  am  not  one  of  those.  j^^^fj^-t^J^'-^'^ 

Sgan.  Not  a  bit  of  it. 

Char.  Don't  you  see.  Monsieur,  there 's  no  pleasure 
in  being  ruined.  I  'm  only  a  poor  country  lass,  but 
my  honour  is  above  everything  else,  and  I  'd  rather 
die  than  see  myself  dishonoured. 

D.  Juan.  As  for  me,  do  you  think  I  have  a  soul  so 
wicked  as  to  harm  a  girl  like  you  ;  that  I  should 
be  base  enough  to  dishonour  you .''  No,  no,  I  am 
too  conscientious  for  that.  I  love  you,  Charlotte, 
in  good  earnest  and  in  all  honour ;  and,  in  order 
to  show  you  I  speak  the  truth,  be  assured  that  I 
have  not  any  other  design  but  to  marry  you.  Can 
you  desire  a  greater  proof?  Here  am  I  ready  when- 
ever you  please,  and  I  call  that  fellow  to  witness 
the  promise  I  make  you. 

Sgan.  No,  no,  fear  nothing,  he  will  marry  you  as 
much  as  you  please. 

D.  Juan.  Ah  !  Charlotte,  I  see  plainly  you  do  not 
know  me.  You  do  me  great  wrong  to  judge  of 
me  by  others.  If  there  are  knaves  in  the  world, 
people  who  only  seek  to  ruin  girls,  you  ought  not 
to  consider  me  one  of  the  number,  and  you  should 
never  doubt  the  sincerity  of  my  good  faith.  Be- 
sides, your  beauty  is  a  guarantee  for  everything. 
When  a  lass  is  built  as  you  are  she  ought  to  be 
free  from  all  kinds  of  fear  ;  believe  me,  you  do 
not  look  like  a  person  easily  deceived  and,  for  my 
part,  1  swear  I  would  stab  myself  to  the  heart  a 
thousand  times  if  I  had  the  least  thought  of 
betraying  you. 

Char.  Good  gracious  !  I  don't  knoar-if. }&Qa.'re. telling - 
truth  or  not,  but  you  makeifollcsibelieve  you. 

D.  Juan.  You  will  certainly  only  be  doing  me  justice 
in  believing  me,  and  I  repeat  anew  the  promise  I 
have  made  you.  Do  you  not  accept  it,  and  will 
you  not  consent  to  be  my  wife .'' 

Char.  I  will  if  my  aunt's  willing. 

D.  Juan.  Then  give  me  your  hand  upon  it,  Charlotte, 
since,  so  far  as  you  are  concerned,  you  are  agreeable. 


180  DOM  JUAN  [acte  ii. 

Char.  Mais  au  moins.  Monsieur,  ne  m'allez  pas 
tromper,  je  vous  prie :  il  y  aurait  de  la  conscience 
a  vous,  et  vous  voyez  comme  j'y  vais  a  la  bonne 
foi. 

D.  Juan.  Comment?  II  semble  que  vous  doutiez  encore 
de  ma  sincerite  !  Voulez-vous  que  je  fasse  des  ser- 
ments  epouvantables  ?    Que  le  Ciel  .  .  . 

Char.  Mon  Dieu,  ne  jurez  point,  je  vous  crois, 

D.  Juan.  Donnez-moi  done  un  petit  baiser  pour  gage 
de  votre  parole. 

Char.  Oh  .'  Monsieur,  attendez  que  je  soyons  maries, 
je  vous  prie  ;  apres  5a,  je  vous  baiserai  tant  que 
vous  voudrez. 

D.  Juan.  Eh  bien !  belle  Charlotte,  je  veux  tout  ce 
que  vous  voulez  ;  abandonnez-moi  seulement  votre 
main,  et  soufFrez  que,  par  mille  baisers,  je  lui 
exprime  le  ravissement  ou  je  suis  .  .  . 


Sc^NE    III. 

DoM  Juan,  Sqanarelle,  Pierrot,  Charlotte. 

Pier,  (se  mettant  entre  deux  et  poussant  Don  Juan.)  Tout 

doucement.  Monsieur,  tenez-vous,  s'il  vous  plait. 

Vous  vous  echauffez  trop,  et  vous  pourriez  gagner 

la  puresie. 
D.  Juan,  (repoussant  rudement  Pierrot.)     Qui  m'amene 

cet  impertinent  ? 
Pier.  Je  vous  dis  qu'ou  vous  tegniez,  et  qu'ou  ne 

caressiais  point  nos  accordees. 
D.  Juan,  (continue  de  le  repousser. )  Ah  !  que  de  bruit ! 

Pier.    Jerniquenne !    ce  n'est   pas   comme  5a  qu'il 

faut  pousser  les  gens. 
Char,  (prenant  Pierrot  par  le  bras.)     Et  laisse-le  faire 

aussi,  Piarrot. 
Pier.  Quement !  que  je  le  laisse  faire  ?    Je  ne  veux 

pas  moi. 
D.  Juan.  Ah  ! 


V;--' 


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SC.   III.  J 


DON  JUAN 


181 


Char.  But  at  least.  Monsieur,  don't  deceive  me,  I 
beg  you.  It  would  be  a  sin  and  you  see  I  'm  trust- 
ing to  you. 

D.  Juan,  What.''  it  seems  you  still  doubt  my  sin- 
cerity !  Do  you  wish  me  to  swear  terrible  oaths  ? 
May  Heaven  .  .  . 

Char.  Gracious  me,  don't  swear,  I  '11  believe  you. 

D.  Juan.  Then  give  me  one  little  kiss  as  a  pledge  of 
your  word. 

Char.  Oh  !  Monsieur,  pray  wait  till  we're  wed,  and 
then  I  '11  kiss  you  as  much  as  you  choose. 

D.  Juan.  Ah  !  well,  pretty  Charlotte,  I  will  do  just 
as  you  please ;  at  least  give  me  your  hand  and  let 
me,  by  a  thousand  kisses,  show  you  the  rapture 
I  am  in  .  .  . 


Scene  III 
Don  Juan,  Sganarelle,  Pierrot,  Charlotte. 

Pier,   (putting  himself  between  them  both,  and  pushing  Don 
Juan  away.)    Now  then.  Mister,  stop  that,  if  you 
please.      You're  cooming  it  a  bit  too  warm,  you  A 
may  get  t'  heartburn.  j 

D.  Juan,  (pushing  Pierrot  away  roughly.)     What  brings    J 
this  impertinent  fellow  here  ?  / 

Pier.  Ah  tell  you  to  stop  it :   you  mustn't  kiss  ma 
young  woman. 

D.  Juan,  (continuing  to  push  him  away.)     Ah  !   what  a 
noise. 

Pier.  Drat  it !    you  mustn't   push   fowk  away  like 
that! 

Char,   (taking  Pierrot  by  the  arm.)  Tha  let  him  aloane, 
Piarrot. 

Pier.  Haw  !  Ah  'm  to  let  him  aloane,  am  ah .''    Ah  '11 
not,  not  I. 

D.  Juan.  Ah  ! 


M 


..•*' 


182  DOM  JUAN  [acte  ii. 

Pier.  Testiguenne !   parce    qu'ous    estes    Monsieur, 

ous  viendrez  caresser  nos  femmes  a  note  barbe? 

AUez-v's-en  caresser  les  vostres. 
D.  Juan.  Heu  ? 
Pier.   Heu.   (Dom  Juan  lui  donne  un  soufflet.)    Testigue' ! 

ne  me  frappez  pas.    (Autre  soufflet.)  Oh  !  jernigue : 

(Autre soufflet.)  Veutreque!  (Autre  soufflet.)  Palsanque! 

Morquenne  !  ga  n'est  pas  bian  de  battre  les  gens,  et 

ce  n'est  pas  la  la  recompense  de  v's  avoir  sauve  d'estre 

naye. 
Char.  Piarrot !  ne  te  fache  point. 
Pier.  Je  me  veux  facher;  et  t'es  une  vilainte,  toi, 

d'endurer  qu'on  te  cajole. 
Char.  Oh  !   Piarrot,  ce  n'est  pas  ce  que  tu  penses. 

Ce  Monsieur  veut  m'epouser,  et  tu  ne  dois  pas  te 

bouter  en  colere. 
Pier.  Quement?    Jerni  !  tu  m'es  promise. 
Char,  ^a  n'y  fait  rien,  Piarrot.     Si  tu  m'aimes,  ne 

dois-tu  pas  estre  bien  aise  que  je  devienne  Madame  ? 
Pier.  Jernique  !  non.     J'aime  mieux  te  voir  creve'e 

que  de  te  voir  a  un  autre. 
Char.  Va,  va,  Piarrot,  ne  te  mets  point  en  peine  :  si 

je  sis  Madame,  je  te  ferai  gagner  queuque  chose, 

et  tu  apporteras  du  beurre  et  du  fromage  cheux 

nous. 
Pier.  Ventrequenne  !  je  gni  en  porterai  jamais,  quand 

tu  m'en  poyrais  deux  fois   autant.     Est-ce  done 

comme  5a  que  t'escoutes  ce  qu'il  te  dit  ?  Morquenne . 

si  j'avais  su  5a  tantost,  je  me  serais  bian  garde  de  le 

tirer  de  gliau,  et  je  gli  aurais  bailie  un  bon  coup 

d'aviron  sur  la  teste. 
D,  Juan,  (s'approchant  de  Pierrot  pour  le  f rapper.)  Qu'est- 

ce  que  vous  dites .'' 
Pier,  (s'eloignant  derriere  Chablottb.)  Jerniquenne  !  je 

ne  crains  parsonne. 
D.  Juan,  (passe  du  c6td  ou  est  Pierrot.)     Atteudez-moi 

un  peu. 
Pier,     (repasse  de  I'autre  c6t^   de  Charlotte.)     Je   me 

moque  de  tout,  moi. 
D.  Juan,  (court  apria  Pikbbot.)  Voyons  cela. 


III.] 


DON  JUAN 


183 


PiEH.  By  gum,  because  you  're  a  swell,  you  coom  here 
to  kiss  our  sweethearts  under  our  noses?  Get 
along  and  kiss  your  oan. 

D.  Juan.  Eh  ? 

PiBB.  Eh  !  (Don  Juan  slaps  his  face.)  .  Na  then,  doan't 
hit  me.  (Another  slap.)  Hang  it  all.  (Another  slap.) 
Oh  Lord  !  (Another slap.)  Murder!  Shame  !  'taint 
fair  to  bray  fowk  aboot  like  this.  It 's  a  fine  way 
to  thank  a  body  for  saving  you  fra  bein'  drownded. 

Char.  Doan't  be  angry,  Piarrot. 

Pier.  Ah  will  be  angry,  and  tha's  a  slut,  tha  is,  to 

let  him  wheedle  tha. 
Char.  Oh !    Piarrot,  'tisn't  what  tha   thinks.     This 

gentleman  wants  to  marry  me,  and  tha  shouldn't 

throw  thasen  into  a  passion. 
Pier.  Haw  >    Hang  it,  tha's  promised  to  ma. 
Char.  'Taint  no  matter,  Piarrot.     If  tha  loves  ma 

tha  ought  to  be  glad  to  see  ma  become  a  laady. 
Pier.  Drat  it,  no  !  Ah  'd  a  sight  rather  see  ta  hanged 

than  see  ta  another's. 
Char.  Coom,  coom,  Piarrot,  tha  needn't  fret  thasen. 

When  ah'm  a  laady,  ah  '11  get  tha  summat,  and  tha 

can  serve  us  wi'  butter  and  cheese. 

Pier.  Tha  ma  tak'  thy  davy  ah  '11  niver  serve  tha  wi' 
nuthin',  not  if  tha  wur  to  pay  ma  double.  Does 
ta  heed  what  yon  tells  tha?  By  gum,  if  ah'd 
knawn  that  just  noo,  ah  jolly  well  wouldn't  ha 
takken  him  oot  o'  t'  watter,  and  ah  'd  'a  gien  him  a 
clout  on 's  head  wi' t'  oar. 

D.  Juan,  (Coming  up  to  Pierrot  to  strike  him.)  What 
do  you  say  ? 

Pier,  (edging  away  behind  Charlotte.)  Get  along,  ah 
doan't  fear  noabody. 

D,  Juan,  (goes  round  to  get  at  Pierrot.)  Let  me  just 
get  hold  of  you. 

Pier,  (goes  to  Charlotte's  other  side.)  Ah  doant  care 
nuthin'  for  you,  ah  doant. 

D.  Juan,  (runs  after  Pierrot.)     We  shall  see  that, 


Ov- 


Ml 


184  DOM  JUAN  [actb  ii. 

Pier,   (se  sauve  encore  derri^re  Ohablottb.)     J'en  avons 

bien  vu  d'autres. 
D.  Juan.  Houais ! 
Sgan.  Eh !  Monsieur,  laissez  1^  ce  pauvre  miserable. 

Cast  conscience  de  le  battre.     J^coute,  mon  pauvre 

gar9on,  retire-toi,  et  ne  lui  dis  rien. 
PiEB.   (passe  devant  Soakabelle,  et  dit  fi^rement  h,  Doh 

Juan.)  Je  veux  lui  dire,  moi. 
D.  Juan,  (live  la  main  pour  donner  un  80ufi9et  k  Pibbbot, 

qui  baisse  la  tete,  et  Soanabkllx  regoit  le  soufiUet.)     Ah  ! 

je  vous  appreudrai. 
Sgan.    (regardant  Piebbot    qui  s'est  baiss^  pour  ^viter  le 

Boufflet.)  Peste  soit  du  maroufle  ! 
D.  Juan.  Te  voila  paye  de  ta  charite. 

PiEB.  Jarni !  je  vas  dire  a  sa  tante  tout  ce  m^nage-ci. 

D.  Juan.  Enfin  je  m'en  vais  etre  le  plus  heureux  de 
tous  lea  hommes,  et  je  ne  changerais  pas  mon 
bonheur  a  toutes  les  choses  du  monde.  Que  de 
plaisirs  quand  vous  serez  ma  femme  !  et  que  .  .  . 


SciNE  IV 

Don  Juan,  Soanarellb,  Charlotte,  Mathurinb. 

Sgan.  (aperoevant  Mathubinb.)  Ah  !  ah  ! 

Math.  (^  Dom  Juak.  )  Monsieur,  que  faites-vous  done  la 

avec  Charlotte  ?    Est-ce  que  vous  lui  parlez  d'amour 

aussi  ? 
D.  Juan,  (k,  Mathubinb.)    Non,  au  contraire,  c'est  elle 

qui  me  temoignait  une  envie  d'etre  ma  femme,  et 

je  lui  repondais  que  j'etais  engage  a  vous. 
Char.    Qu'est-ce  que  c'est  done  que  vous  veut  Ma- 

thurine .'' 
D.  Juan,  (bas,  k  Chablottb.)    Elle  est  jalouse  de  me 

voir  vous  parler,  et  voudrait  bien  que  je  I'^pou- 

sasse ;  mais  je  lui  dis  que  c'est  vous  que  je  veux. 
Math.  Quoi  ?  Charlotte  ... 


6c.  IV.]  DON  JUAN  186 

PiEB.   (guards  himself  again  behind  Charlotte.)     Ah  ve 

seen  mony  as  good  a  man  as  you. 

D.  Juan.  Gr-r-r . 

Sgan.  Ah !   Monsieur,  leave  the  poor  wretch  alone^ 

it's  a  pity  to  beat  him.     Listen,  my  good  lad,  go 

away  and  do  not  talk  to  him. 
Pier,  (goes  in  front  of  Sqanakelle  and  says  fiercely  to  Don 

Juan.)     Ah  will  talk  to  him,  ah  will. 
D.  Juan,  (lifts  up  his  hand  to  slap  Piereot,  who  ducks  his 

head,  and  Sqauarelle  receives  the  blow.)     Ah  !    I  will 

teach  you. 
Sgan.  (looking  at  Piebrot,  who  is  crouched  down  to  avoid 

the  blow.)    Deuce  take  the  lout. 
D.  Juan.  That  is  a  reward  for  being  so  charitable  to 

him. 
PiEK.  By  gum,  ah '11  goa  and  tell  her  aunt  what's 

goin'  on. 
D.  Juan.  At  last  I  am  going  to  be  the  happiest  of 

men.     I  would  not  change  my  good  fortune  for  all 

the  world    could  give  me.      What  pleasures   we 

shall  enjoy  when  you  are  my  wife,  and  what  .  .  . 


Scene  IV 

Don  Juan,  Sganarelle,  Charlotte,  Mathurine. 

Sgan.   (perceiving  Mathurine.)     Ha  !  ha  ! 
Math,  (to  Don  Juan.)     What  are  you  doing  there  with 
Charlotte,  Monsieur  ?    Are  you  courting  her  too  ? 

D.  Juan,  (to  Mathurine.)  No,  on  the  contrary,  she 
tells  me  she  very  much  wants  to  be  my  wife,  and 
I  have  told  her  I  am  engaged  to  you. 

Char.  What  does  Mathurine  want  with  you  ? 

D.  Juan,  (aside,  to  Charlotte.)  She  is  jealous  of  my 
speaking  to  you,  and  would  much  like  me  to  marry 
her,  but  I  tell  her  it  is  you  I  want  to  have. 

Math.  What  >  Charlotte  .  .  . 


186  DOM  JUAN  [acte  ii. 

D,  Juan,  (bas,  k  Mathurine.)    Tout  ce  que  vous  lui 
direz  sera  inutile,  elle  s'est  mis  cela  dans  la  tete. 

Char.  Quement  done !  Mathurine  .  .  . 
D.  Juan,  (bas,  h  Charlotte.)  C'est  en  vain  que  vous  lui 
parlerez ;  vous  ne  lui  oterez  point  cette  fantaisie. 

Math.   Est-ce  que  .  .  .} 

D.  Juan,  (baa,  ii  Mathurine.)    II  n'y  a  pas  moyen  de  lui 

faire  entendre  raison. 
Char,  Je  voudrais.  .  .  . 
D.  Juan,  (bas,  k  Charlotte.)   Elle  est  obstin^e  comme 

tous  les  diables. 
Math.  Vrament  .  .  . 
D.   Juan,  (bas,  k  Mathurine.)    Ne  lui  dites  rien,  c'est 

une  folle. 
Char.  Je  pense  .  .  . 
D.   Juan,    (bas,  k  Charlotte.)    Lcissez-la  la,   c'est  une 

extravagante. 
Math.  Non,  non  ;  il  faut  que  je  lui  parle. 
Chab.  Je  veux  voir  un  peu  ses  raisons. 
Math.  Quoi.''  .  .  . 
D.  Juan,  (bas  k  Mathurine.  )  Je  gage  qu'elle  va  vous 

dire  que  je  lui  ai  promis  de  I'e'pouser. 
Char.  Je  .  .  . 
D.    Juan,    (bas,  k  Charlotte.)    Gageons    qu'elle    VOUS 

soutiendra  que  je  lui  ai  donne  parole  de  la  prendre 

pour  femme. 
Math.  Hola !  Charlotte,  5a  n'est  pas  bian  de  courir 

sur  le  marche  des  autres. 
Char,  ^a  n'est  pas  honnete,  Mathurine,  d'etre  jalouse 

que  Monsieur  me  parle. 
Math.  C'est  moi  que  Monsieur  a  vue  la  premiere. 
Char.  S'il  vous  a  vue  la   premiere,   il    m'a  vue   la 

seconde,  et  m'a  promis  de  m'epouser. 
D.  Juan,  (bas,  k  Mathurine.)  Eh  bien !  que  vous  ai-je 

dit? 
Math.  Je  vous  baise  les  mains,  c'est  moi,  et  non  pas 

vous,  qu'il  a  promis  d'epouser. 
D.  Juan,  (bas,  Ji  Craklottb.)  N'ai-je  pas  devine? 


nc.  IV.]  DON  JUAN  187 

D.  Juan,  (aside,  to  Mathurine.)     She  has  taken  this 

idea  into  her  head  and  nothing  you  can  say  to  her 

will  be  of  any  use. 
Char.  My  word  !     Mathurine  .  .  . 
D.  Juan,  (aside,  to  Charlotte.)     It  is  of  no  use  for  you 

to  talk  to  her,  you  will  never  get  this  whim  out 

of  her  head. 
Math.  Would  you  ....'' 
D.  Juan,  (aside,  to  Mathurinb.)     It  is   impossible  to 

make  her  listen  to  reason. 
Chab.  I  should  like  .  .  . 
D.  Juan,  (aside,  to  Chablottk.)     She  is  as  obstinate  as 

a  pack  of  devils. 
Math.  Really  .  .  . 
D.  Juan,  (aside,  to  Mathurine.)  Do  not  say  anything  to 

her,  she  is  crazy. 
Char.  I  think  .  .  . 
D.  Juan,  (aside,  to  Charlotte.)    Let  her  alone,  she  is 

silly. 
Math.  No,  no,  I  must  speak  to  her. 
Char.  I  will  hear  what  she  has  to  say. 
Math.  What.''  .  .  . 
D.   Juan,  (aside,  to  Mathurine.)  I  bet  you  she  will  tell 

you  that  I  have  promised  to  marry  her. 
Char.  I  .  .  . 

D.  Juan,  (aside,  to  Charlotte.)  I  bet  you  she  will  main- 
tain that  1  have  given  her  my  word  to  make  her 

my  wife. 
Math.  Look  here,  Charlotte,  it 's  not  right  to  meddle 

with  other  folks's  business. 
Char.  It 's  not  fair,  Mathurine,  to  be  jealous  because 

the  gentleman  has  spoken  to  me. 
Math.  The  gentleman  saw  me  first. 
Char.  If  he  saw  you  first,  he  saw  me  second,  and  has 

promised  to  marry  me. 
D.  Juan,  (aside,  to  Mathurine.)  Ah,  well  !   what  did  I 

tell  you  ? 
Math.  I  beg  your  pardon,  it  was  me,  not  you,  he 

promised  to  marry. 
D.  Juan,  (aside,  to  Charlotte.)  Did  I  not  guess  right  ? 


188  DOM  JUAN  [actb  ii. 

Char.  A   d'autres,    je    vous    prie,   c'est  moi,   voua 

dis-je. 
Math.  Vous  vous  moquez  des  gens  ;  c'est  moi,  encore 

un  coup. 
Char.  Le  via  qui  est  pour  le  dire,  si  je  n'ai  pas  raison. 
Math.  Le  via  qui  est  pour  me  dementir,  si  je  ne  dis 

pas  vrai. 
Char.  Est-ce,  Monsieur,  que  vous  lui  avez  promis  de 

I'epouser  ? 
D.  Juan,  (bas,  k  Charlotte.)  Vous  vous  raillez  de  moi. 
Math.  Est-il  vrai.  Monsieur,  que  vous  lui  avez  donne 

parole  d'etre  son  mari } 
D.  Juan,  (bas,  h.  Mathurtnb.)   Pouvez-vous  avoir  cette 

pensee .'' 
Char.  Vous  voyez  qu'al  le  soutient. 
D.  Juan,  (bas,  k  Chaklottb.)  Laissez-la  faire. 
Math.  Vous  etes  temoin  comme  al  I'assure. 
D.  Juan,  (bas,  k  Mathubine.)  Laissez-la  dire. 

Char.  Non,  non  ;  il  faut  savoir  la  veritd 

Math.  II  est  question  de  juger  5a. 

Chab.  Oui,  Mathurine,  je  veux  que  Monsieur  vous 
montre  votre  bee  jaune. 

Math.  Oui,  Charlotte,  je  veux  que  Monsieur  vous 
rends  un  peu  camuse. 

Char.  Monsieur,  vuidez  la  qucrelle,  s'il  vous  plait. 

Math.  Mettez-nous  d'accord.  Monsieur. 

Char,   {k  Mathubine.)  Vous  allez  voir. 

Math,  (k  Chaelottk.)  Vous  allez  voir  vous-meme. 

Char,   {k  Don  Juan.)  Dites. 

Math,   (k  Dom  Juan.)  Parlez. 

D.  Juan,  (embarrass^,  leur  ditiktoutesdeux.)  Que  voulez- 
vous  que  je  dise  ?  Vous  soutenez  egalement  toutes 
deux  que  je  vous  ai  promis  de  vous  prendre  pour 
femmes.  Est-ce  que  chacune  de  vous  ne  sait  pas  ce  qui 
en  est,  sans  qu'il  soit  necessaire  que  je  m'explique 
davantage?  Pourquoi  m'obliger  la-dessus  a  des 
redites  ?  Celle  a  qui  j'ai  promis  effectivement  n'a- 
t-elle  pas,  en  elle-meme,  de  quoi  se  moquer  des 
discours  de  1' autre,  et  doit-elle  se  mettre  en  peine, 


sc.  IV.]  DON  JUAN  189 

Char.  You  may  tell  that  to  your  granny,  it  was  me, 

I  tell  you. 
Math.  You  are  making  game,  it  was  me,  I  say. 

Char.  There  he  is,  he  can  tell  you  if  I  am  not  right 
Math.  There  he  is,  he  can  call  me  a  liar  if  I  don't 

speak  the  truth. 
Char.  Did  you  promise  to  marry  her,  Monsieur  ? 

D.  Juan,  (aside,  to  Chablottb.)  You  are  laughing  at  me. 
Math.  Is  it  true.  Monsieur,  that  you  've  given  your 

word  to  be  her  husband  ? 
D.  Juan,  (aside,  to  Mathukinb.)  How  can  you  think  so? 

Char.  You  see  she  sticks  to  it. 

D.  Juan,  (aside,  to  Chablottb.)  Let  her  alone. 

Math.  You  're  a  witness  how  positive  she  is. 

D.  Juan,  (aside,  to  Mathubinb.)  Let  her  say  what  she 
likes. 

Char.  No,  no,  we  must  know  the  truth. 

Math.  The  matter  must  be  settled. 

Char.  Yes,  Math  urine,  I  want  the  gentleman  to  show 
you  what  a  softy  you  are. 

Math.  Yes,  Charlotte,  and  I  want  the  gentleman  to 
take  you  down  a  peg. 

Char.  Monsieur,  you  can  stop  this  quarrel. 

Math.  Monsieur,  you  can  settle  this  matter. 

Char,  (to  Mathubinb.)  You'll  see. 

Math,   (to  Chablottb.)  And  you  '11  see,  too. 

Char,   (to  Don  Juan.)  Tell  us. 

Math,   (to  Don  Juan.)  Let  us  know. 

D.  Juan,  (embarrassed,  says  to  them  both.)  What  do  you 
want  me  to  say  ?  You  are  both  equally  sure  I 
promised  to  marry  you  ;  do  not  each  of  you  know 
the  whole  affair  without  there  being  any  necessity 
for  me  to  give  any  further  explanations .''  Why  do 
you  oblige  me  to  repeat  it  all  over  again  ?  Has  not 
the  person  to  whom  I  really  promised  sufficient 
reason  within  herself  to  laugh  at  what  the  other 
says;   and  should  she  make   herself   uneasy  pro- 


190  DOM  JUAN  [acte  ii. 

pourvu  que  j'accomplisse  ma  promesse?  Tous 
les  discours  n'avancent  point  les  choses ;  il  faut 
faire  et  non  pas  dire,  et  les  effets  decident  mieux 
que  les  paroles,  Aussi  n'est-ce  riea  que  par  la  que 
je  vous  veux  mettre  d'accord^  et  Ton  verra,  quand 
je  me  marierai,  laquelle  des  deux  a  mon  coeur. 
(Bas,  i  Mathurine.  )  Laissez-lui  croire  ce  qu'elle 
voudra.  (Bas,  k  Charlotte.)  Laissez-la  se  flatter  dans 
son  imagination.  (Bas,  k  Mathurink.)  Je  vous  adore. 
(Bas,  k  Charlotte.)  Je  suis  tout  a  vous.  (Bas,  k 
Mathurine.)  Tous  les  visages  sont  laids  aupres  du 
votre.  (Bas,  k  Charlotte.)  On  ne  peut  plus  soufFrir 
les  autres  quand  on  vous  a  vue.  J'ai  un  petit 
ordre  a  donner ;  je  viens  vous  retrouver  dans  un 
quart  d'heure. 

Char,  {k  Mathurine.)  Je  suis  celle  qu'il  aime,  au 
moins. 

Math.  C'est  moi  qu'il  epousera. 

Sgan.  Ah !  pauvres  filles  que  vous  etes,  j'ai  pitie  de 
votre  innocence,  et  je  ne  puis  souffrir  de  vous  voir 
courir  a  votre  malheur.  Croyez-moi  I'une  et 
I'autre :  ne  vous  amusez  point  a  tous  les  contes 
qu'on  vous  fait,  et  demeurez  dans  votre  village. 

D.  Juan,  (revenant.)  Je  voudrais  bien  savoir  pourquoi 
Sganarelle  ne  me  suit  pas. 

Sgan.  Mon  maitre  est  un  fourbe ;  il  n'a  dessein  que 
de  vous  abuser,  et  en  a  bien  abuse  d'autres ;  c'est 
I'epouseur  du  genre  humain,  et .  .  .  (Il  aper5oit  Dom 
Juan.)  Cela  est  faux  ;  et  quiconque  vous  dira  cela, 
vous  lui  devez  dire  qu'il  en  a  menti.  Mon  maitre 
n'est  point  I'epouseur  du  genre  humain,  il  n'est  point 
fourbe,  il  n'a  pas  dessein  de  vous  tromper,  et  n'en 
a  point  abuse  d'autres.  Ah  !  tenez,  le  voila ;  de- 
mandez-le  plutot  a  lui-meme. 

D.  Juan.  Oui. 

Sgan.  Monsieur,  comme  le  monde  est  plein  de  medi- 
sants,  je  vais  au-devant  des  choses ;  et  je  leur 
disais  que,  si  quelqu'un  leur  venait  dire  du  mal  de 
vous,  elles  se  gardassent  bien  de  le  croire,  et  ne 
manquassent  pas  de  lui  dire  qu'il  en  aurait  menti. 


r 

[ 


sc.  IV.]  DON  JUAN  m 

vided  I  keep  my  promise?    All  the  talk  we  can  ': 
have  will  not  forward  matters  ;  we  must  act,  not 
talk.     Deeds  are  better  than  words,  therefore  that 
is  the  only  way  I  can  reconcile  you.     You  will  see 
when  I   marry  which  of  the   two  has  my  heart. 
(Aside,  toMATHURiNE.)  Let  her  believe  what  she  will. 
(Aside,  to  Chaelotte.)  Let  her  flatter  herself  as  much 
as  she  likes.     (Aside,  to  Mathueinb.)    I  adore  you. 
(Aside,  to  Chaelotte.)  I  am  entirely  yours.     (Aside,  to 
Mathueinb.)  By  the  side  of  yours  every  face  is  ugly. 
(Aside,  to  Chaelottb.)  When  a  man  has  seen  you  he    . 
cannot  bear  others.     I  have  a  trifling  order  to  give,  J 
I  shall  be  with  you  in  a  quarter  of  an  hour. 


Char,  (to  Mathueinb.)  I  tell  you  he  loves  me. 

Math.  He  will  marry  me. 

Sgan.  Ah  !  poor  girls,  I  pity  your  innocence,  and  I 

cannot  bear  to  see  you  run  to  your  destruction. 

Believe  me,  both  of  you,  do  not  trust  in  all  the 

stories  he  tells  you.    Stay  in  your  village. 

D.  Juan,  (returning.)  I  should  very  much  like  to  know  ■    Lf 
why  Sganarelle  does  not  follow  me.  \      ^ 

Sgan.  My  master  is  a  knave.  He  only  intends  to  ruin  '  '  ' 
you  as  he  has  ruined  so  many  others ;  he  marries 
the  whole  sex  and  .  .  .  (He  sees  Don  Juan.)  It  is 
false,  and  you  can  tell  whoever  told  you  it  that  he 
lies.  My  master  does  not  marry  the  whole  sex,  he 
is  not  a  knave,  he  does  not  intend  to  deceive  you, 
and  he  has  never  ruined  others.  Oh !  stop,  here 
he  is,  ask  him  himself,  if  you  like. 

D.  Jwan.  Yes. 

Sgan.  Monsieur,  since  the  world  is  full  of  back-biters 
I  was  going  to  be  beforehand  with  matters.  I  was 
telling  them  that  if  anyone  were  to  speak  ill  of  you 
to  them,  they  were  certainly  not  to  believe  it,  an^^ 
they  ought  to  tell  him  he  lied.  ' 


192 


DOM  JUAN 


[acte  h. 


D.  Juan.  Sganarelle. 

Sgan.  Oui,   Monsieur   est  homme  d'honneur,  je   le 

garantis  tel. 
D.  Juan.  Hon ! 
Sgan.  Ce  sent  des  impertinents. 


SciNE  V 

DoM  JuANj  La  RAMis^  Charlotte,  Mathurinb, 
Sganarelle 

La  Ram.  Monsieur,  je  viens  vous  avertir  qu'il  ne  fait 
pas  bon  ici  pour  vous. 

D.  Juan.  Comment.'' 

La  Ram.  Douze  hommes  a  cheval  vous  cherchent,  qui 
doivent  arriver  ici  dans  un  moment ;  je  ne  sais  pas 
par  quel  moyen  ils  peuvent  vous  avoir  suivi ;  mais 
j'ai  appris  cette  nouvelle  d'un  paysan  qu'ils  ont 
interroge,  et  auquel  ils  vous  ont  depeint.  L'affaire 
presse,  et  le  plus  tot  que  vous  pourrez  sortir  d'ici 
sera  le  meilleur. 

D.Juan,  (k  Charlotte  et  Mathubinb.)  UneaiFaire  pres- 
sante  m' oblige  de  partir  d'ici ;  mais  je  vous  prie  de 
vous  ressouvenir  de  la  parole  que  je  vous  aidonnee, 
et  de  croire  que  vous  aurez  de  mes  nouvelles  avant 
qu'il  soit  demain  au  soir.  Comme  la  partie  n'est 
pas  egale,  il  faut  user  de  stratageme,  et  eluder 
adroitement  le  malheur  qui  me  cherche.  Je  veux 
que  Sganarelle  se  revete  de  mes  habits  ;  et  moi .  .  . 

Sgan.  Monsieur,  vous  vous  moquez.  M'exposer  a 
etre  tud  sous  vos  habits,  et  .   .  . 

D.  Juan.  AUons  vite,  c'est  trop  d'honneur  que  je  vous 
fais,  et  bien  heureux  est  le  valet  qui  pent  avoir  la 
gloire  de  mourir  pour  son  maitre. 

Sgan.  Je  vous  remercie  d'un  tel  honneur.  O  Ciel ! 
puisqu'il  s'agit  de  mort,  fais-moi  la  grace  de  n'etre 
point  pris  pour  un  autre  ? 

FIN  DU  S-BOOND  ACTE 


sc.  v.]  DON  JUAN  193 

D.  Juan,  Sganarelle. 

Sgan.  Yes,  my  master  is  an  honourable  gentleman. 

I  swear  he  is. 
D.  Juan.  Ahem  ! 
SoAN.  They  are  impertinent  rascals. 


Scene  V 

Don  Jvan,  La  Ramge^  Chahlotte,  Mathubinb, 
Sganarelle 

La  Ram.  I  have  come  to  tell  you.  Monsieur,  it  is  not 
safe  for  you  here. 

D.  Juan.  How  so .'' 

La  Ram.  Twelve  men  on  horseback  are  searching  for 
you,  and  they  will  be  here  any  moment.  I  do  not 
know  by  what  means  they  have  followed  you  ;  but 
I  learnt  this  news  from  a  country-fellow  of  whom 
they  enquired,  and  to  whom  they  described  you. 
The  affair  is  pressing,  and  the  sooner  you  get  away 
the  better. 

D.  Juan,  (toCHABLOTXE  and  Mathubine.)  An  urgent 
matter  obliges  me  to  leave  this  place,  but  I  beg  you 
will  remember  the  promise  I  made  you.  Depend 
upon  it,  you  will  have  news  of  me  before  to- 
morrow evening.  As  the  match  is  unequal  I  must 
use  strategy  or  dexterously  elude  the  mischief 
which  pursues  me.  I  desire  that  you,  Sganarelle, 
shall  put  on  my  clothes  and  I  .  .  . 

Sgan.  You  jest.  Monsieur,  to  expose  me  to  be  killed 
in  your  clothes,  and  .  .  . 

D.  Juan.  Come,  be  quick,  I  do  you  too  much  honour. 
Thrice  happy  is  the  valet  who  has  the  glory  of 
dying  for  his  master. 

Sgan.  Thank  you  for  such  an  honour.  Oh,  Heaven  ! 
since  there  is  death  in  the  business,  grant  that  I  may 
not  be  taken  for  another  ! 

END  OP  THE  SECOND  ACT 

N 


194  DOM  JUAN  [actbiii. 

ACTE    III 

Sc&NE    I 

DoM  Juan  (en  habit  de  campagne),  Sganarelle  (en 
medecin). 

Sgan.  Ma  foi.  Monsieur,  avouez  que  j'ai  eu  raison,  et 
que  nous  voila  Tun  et  I'autre  deguises  a  merveille. 
Votre  premier  dessein  n'etait  point  du  tout  a  propos, 
et  ceci  uous  cache  bien  mieux  que  tout  ce  que  vous 
vouliez  faire. 

D.  Juan.  II  est  vrai  que  te  voila  bien,  et  je  ne  sais  ou 
tu  as  ete  deterrer  cet  attirail  ridicule. 

Sgan,  Oui .-'  C'est  I'habit  d'un  vieux  medecin,  qui  a 
ete  laisse  en  gage  au  lieu  ou  je  I'ai  pris,  et  il  m'en  a 
coute  de  1' argent  pour  I'avoir.  Mais  savez-vous. 
Monsieur,  que  cet  habit  me  met  deja  en  conside'ra- 
tion,  que  je  suis  salue  des  gens  que  je  rencontre, 
et  que  Ton  me  vient  consulter  ainsi  qu'un  habile 
homme  ? 

D.  Juan.  Comment  done  ? 

Sgan.  Cinq  ou  six  paysans  et  paysannes,  en  me  voyant 
passer,  me  sont  venus  demander  men  avis  sur  diffe- 
rentes  maladies. 

D.  Juan.  Tu  leur  as  repondu  que  tu  n'y  entendais 
rien? 

Sgan.  Moi?  Point  du  tout.  J'ai  voulu  soutenir 
I'honneur  de  mon  habit :  j'ai  raisonne  sur  le  mal, 
et  leur  ai  fait  des  ordonnances  a  chacun. 

D.  Juan.  Et  quels  remedes  encore  leur  as-tuordonnes? 

Sgan.  Ma  foi !  Monsieur,  j'en  ai  pris  par  ou  j'en  ai 
pu  attraper  ;  j'ai  fait  mes  ordonnances  a  I'aven- 
ture,  et  ce  serait  une  chose  plaisante  si  les  malades 
guerissaient,  et  qu'on  m'en  vint  remercier. 

D.  Juan.   Et    pourquoi    non .''      Par    quelle    raison 


80. 1.]  DON  JUAN  196 

)>■ 

^     ^  '  ACT   III 

V  Scene    I 

Don  Juan  (in  country  attire),  Sganahelle  (as 
a  doctor). 

Scan.  Upon  my  word.  Monsieur,  acknowledge  that  I 
was  right  and  that  we  are  both  wonderfully  well 
disguised.  Your  first  plan  was  not  at  all  a  good  one, 
and  this  conceals  us  much  better  than  anything  you 
would  have  done. 

D.  Juan.  It  is  true  you  look  very  well.  I  cannot 
imagine  from  whence  you  unearthed  this  ridiculous 
apparel. 

Sgan.  Indeed  ?  It  is  the  dress  of  an  old  doctor  which 
was  left  in  pawn  where  I  got  it,  and  it  cost  me 
something  to  buy  it.  Do  you  know.  Monsieur,  this 
dress  has  already  obtained  for  me  some  considera- 
tion :  people  salute  me  when  they  meet  me,  and 
come  to  consult  me  as  a  man  of  skill. 

D.  Juan.  Why  so  ? 

Sgan.  Five  or  six  country-fellows  and  their  women 

who  saw  me  pass  came  to   ask   my  advice  upon 

diiFerent  diseases. 
D.  Juan.  You  told  them  you  knew  nothing  of  the 

matter  ? 
Sgan.  I  ?    Not  at  all.     I  was  willing  to  keep  up  the 

honour  of  my  cloth ;  I  diagnosed  the  disease  and 

gave  each  of  them  a  prescription. 
D.  Juan.  And  what  remedies,  then,  did  you  prescribe 

them? 
Sgan.  To  tell  the  truth.  Monsieur,  I  picked  them  up 

where  I  could  get  them.     I  prescribed  at  random. 

It  would  be  a  droll  thing  if  the  patients  should  be 

cured,  and  if  they  should  come  to  thank  me  for  it. 
D.  Juan.  And  why  not  ?    Why  should  you  not  have 


196  DOM  JUAN  [acte  hi. 

n'aurais-tu  pas  les  memes  privileges  qu'ont  tous 
les  autres  medecins  ?  lis  u'ont  pas  plus  de  part  que 
toi  aux  guerisons  des  malades,  et  tout  leur  art  est 
pure  grimace.  lis  ne  font  rien  que  recevoir  la 
gloire  des  heureux  succes,  et  tu  peux  profiter 
comme  eux  du  bonheur  du  malade,  et  voir  attribuer 
a  tes  remedes  tout  ce  qui  peut  venir  des  faveurs  du 
hasard  et  des  forces  de  la  nature. 

Sgan.  Comment,  Monsieur,  vous  etes  aussi  impie  en 

medecine  ? 
D.  Juan.  C'est  une  des  grandes  erreurs  qui  soient 

parmi  les  hommes. 
Sgan.  Quoi.''   vous  ne  croyez  pas  au  sene,  ni  a   la 

casse,  ni  au  vin  emetique  ? 
D.  Juan.  Et  pourquoi  veux-tu  que  j'y  croie .'' 
Sgan.  Vous  avez  Tame  bien  mecre'ante.     Cependant 

vous  voyez,  depuis  un  temps,  que  le  vin  emetique 

fait  bruire  ses  fuseaux.     Ses  miracles  ont  convert! 

les   plus  incredules  esprits,   et   il  n'y  a  pas  trois 

semaines  que  j'en  ai  vu,  moi  qui  vous  parle,  un  effet 

merveilleux. 
D.  Juan.  Et  quel  ? 
Sgan.  11  y  avait  un  homme  qui,  depuis  six  jours,  etait 

a  I'agonie ;  on  ne  savait  plus  que  lui  ordonner,  et 

tous  les  remedes  ne  faisaient  rien ;  on  s'avisa  a  la 

fin  de  lui  donner  de  I'emetique. 

D.  Juan.  II  rechappa,  n'est-ce  pas  ? 

Sgan.  Non,  il  mourut. 

D.  Juan.  L' effet  est  admirable. 

Sgan.  Comment?  il  y  avait  six  jours  entiers  qu'il  ne 
pouvait  mourir,  et  cela  le  fit  mourir  tout  d'un  coup. 
Voulez-vous  rien  de  plus  efficace  ? 

D.  Juan.  Tu  as  raison. 

Sgan.  Mais  laissons  la  la  medecine,  ou  vous  ne  croyez 
point,  et  parlons  des  autres  choses ;  car  cet  habit 
me  donne  de  1' esprit,  et  je  me  sens  en  humeur  de 
disputer  contre  vous.  Vous  savez  bien  que  vous  me 
permettez  les  disputss,  et  que  vous  ne  me  defendez 
que  les  remontrances. 


sa  I.]  DON  JUAN  197 

the  same  privileges  as  all  other  doctors?  They 
have  no  more  share  in  curing  patients  than  you 
have :  all  their  art  is  mere  pretence.  When  they 
are  fortunate  enough  to  be  successful,  they  receive 
the  honour  of  it.  You  can  profit  just  as  much  as 
they  from  the  patients'  good  luck,  and  you  will  find 
that  everything  which  may  proceed  from  a  lucky 
chance  and  the  powers  of  nature  will  be  attributed 
to  your  remedies. 

Scan.  What,  Monsieur?  Are  you  also  a  sceptic  in 
medicine  ? 

D.  Juan.  It  is  one  of  the  greatest  errors  of  mankind. 

Sgan.  What  ?  do  you  not  believe  in  senna,  cassia  or 
an  emetic  wine  ? 

D.  Juan.  Why  should  I  believe  in  them  ? 

Scan.  You  have  a  very  unbelieving  disposition.  Yet 
you  know  that  emetic  wine  has  lately  made  a  great 
noise  in  the  world.  Its  miracles  have  converted  the 
most  incredulous  minds  and  it  is  but  three  weeks 
ago  that  I  myself  saw  it  produce  a  marvellous 
effect. 

D.  Juan.  What  was  that  ? 

SoAN.  There  was  a  man  who  had  been  in  agony  for 
six  days  ;  they  did  not  know  what  more  to  prescribe 
for  him  and  i;ione  of  the  remedies  were  any  good  ; 
at  last  they  took  it  into  their  heads  to  give  him  the 
emetic. 

D.  Juan.  He  recovered  then  ? 

Sgan.  No,  he  died. 

D.  Juan.  What  a  wonderful  effect ! 

Sgan.  Certainly.  For  six  whole  days  he  had  not 
been  able  to  8ie,  and  this  killed  him  at  once.  Could 
you  have  anything  more  efficacious  ? 

D.  Juan.  You  are  right. 

Sgan.  But  let  us  drop  physic,  in  which  you  do  not 
believe,  and  talk  of  other  things  ;  for  this  clothing 
inspires  me  and  I  am  in  the  humour  to  dispute  with 
you.  You  know  well  you  allow  me  to  argue  and 
that  you  only  forbid  me  to  remonstrate. 


198  DOM  JUAN  [acte  in. 

D.  Juan.  Eh  bien  ? 

SoAN.  Je  veux  savoir  un  peu  vos  pensees  a  fond.   Est- 

il  possible  que  vous  ne  croyiez  point  du  tout  au 

Ciel? 
D.  Juan.  Laissons  cela. 
Sgan.  C'est-a-dire  que  non.     Et  a  I'Enfer .'' 
D.  Juan.  Eh  ! 

Sgan.  Tout  de  meme.     Et  au  diable,  s'il  vous  plait  ? 
D.  Juan.  Oui,  oui. 
Sgan.  Aussi  peu.     Ne  croyez-vous  point  a  I'autre  vie  } 

D.  Juan.  Ah  !  ah  !  ah  ! 

Sgan.  Voila  un  homme  que  j'aurai  bien  de  la  peine 
a  convertir.  Et  dites-moi  un  peu  (encore  faut-il 
croire  quelque  chose) :  Qu'est-ce  que  vous  croyez? 

D.  Juan.  Ce  que  je  crois? 

Sgan.  Oui. 

D.  Juan.  Je  crois  que  deux  et  deux  sont  quatre, 
Sganarelle,  et  que  quatre  et  quatre  sont  huit. 

Sgan.  La  belle  croyance  que  voila  !  Votre  religion, 
a  ce  que  je  vois,  est  done  Tarithmetique  ?  II  faut 
avouer  qu'il  se  met  d'etranges  folies  dans  la  tete  des 
hommes,  et  que,  pour  avoir  bien  etudie,  on  est  bien 
moins  sage  le  plus  souvent.  Pour  moi.  Monsieur, 
je  n'ai  point  etudie  comme  vous,  Dieu  merci,  et 
personne  ne  saurait  se  vanter  de  m'avoir  jamais 
rien  appris ;  mais,  avec  mon  petit  sens,  mon  petit 
jugemeut,  je  vois  les  choses  mieux  que  tous  les 
livres,  et  je  comprends  fort  bien  que  ce  monde  que 
nous  voyons  n'est  pas  un  champignon  qui  soit  venu 
tout  seul  en  une  nuit.  Je  voudrais  bien  vous 
demander  qui  a  fait  ces  arbres-la,  ces  rochers,  cette 
terre,  et  ce  ciel  que  voila  la-haut,  et  si  tout  cela 
s'est  bati  de  lui-meme.  Vous  voila,  vous,  par 
exemple,  vous  etes  la :  est-ce  que  vous  vous  etes 
fait  tout  seul,  et  n'a-t-il  pas  fallu  que  votre  pere  ait 
engrosse  votre  mere  pour  vous  faire  ?  Pouvez-vous 
voir  toutes  les  inventions  dont  la  machine  de 
I'homme  est  composee  sans  admirer  de  quelle  fa9on 
cela  est  agence  I'un  dans  I'autre .''  ces  nerfs,  ces  os, 


sc.  I.]  DON  JUAN  199 

D.  Juan.  Well? 

Sgan.  I  should  like  to  get  to  the  bottom  of  your 
thoughts.  Is  it  possible  you  do  not  believe  in 
heaven  at  all .'' 

D.  Juan.  We  will  leave  that. 

Sgan.  That  is  to  say  no.     And  in  hell } 

D.  Juan.  Eh.^ 

Scan.  The  same  !     And  in  the  devil,  if  you  please.'* 

D.  Juan.  Yes,  yes. 

Sgan.  Just  as  little  as  in  the  rest.  Do  you  not  believe 
in  another  life .'' 

D.  Juan.  Ha  !  ha  !  ha  ! 

Sgan.  Here  is  a  man  I  shall  have  a  lot  of  trouble  to 
convert.  Now  just  tell  me  (for  one  must  believe 
something)  in  what  do  you  believe  ? 

D.  Juan.  In  what  do  I  believe  } 

Sgan.  Yes. 

D.  Juan.  I  believe  two  and  two  make  four,  Sgan- 
arelle,  and  that  four  and  four  are  eight. 

Sgan.  That  is  a  fine  belief.  Your  religion,  from  what 
I  see,  is  merely  arithmetic ;  it  must  be  admitted 
it  puts  strange  follies  into  men's  heads  and  that 
one  is  seldom  wiser  after  having  studied  it  care- 
fully. For  myself,  Monsieur,  I  have  not  studied  it 
as  you  have,  thank  God,  and  no  one  will  be  able 
to  boast  of  ever  having  taught  me  anything,  but  I 
see  things  better  with  my  small  wit  and  my  little 
judgment  than  all  the  books,  and  I  know  very 
well  that  this  world,  which  we  see,  has  not  sprung 
up  of  itself  in  one  night  like  a  mushroom.  I  would 
much  like  to  ask  you  who  made  these  trees,  those 
rocks,  this  earth  and  that  sky  above  ;  and  whether 
all  this  sprang  up  of  itself.''  You,  yourself,  for 
instance,  as  you  stand  there,  were  you  made  by 
yourself  ?  Was  it  not  necessary  for  your  father  to 
cause  your  mother  to  conceive  in  order  to  make 
you?  Can  you  perceive  all  the  contrivances  of 
which  the  human  mechanism  is  composed  without 
wondering  at  the  way  the  parts  are  fitted  into  one 
another  ?    These  nerves,  these  bones,  these  veins. 


200  DOM  JUAN  [acte  hi. 

ces  veineSj  ces  arteres,  ces  .  .  .,  ce  poumonj  ce  coeur, 
ce  foie,  et  tous  ces  autres  ingredients  qui  sont  la, 
et  qui  .  .  .  Oh  !  dame,  interrompez-moi  done,  si 
vous  voulez.  Je  ne  saurais  disputer,  si  Ton  ne 
m'interrompt.  Vous  vous  taisez  expres,  et  me 
laissez  parler  par  belle  malice. 
D.  Juan.  J'attends  que  ton  raisonnement  soit  fini. 

Sgan.  Mon  raisonnement  est  qu'il  y  a  quelque  chose 
d'admirable  dans  I'homme,  quoi  que  vous  puissiez 
dire,  que  tous  les  savants  ne  sauraient  expliquer. 
Cela  n'est-il  pas  merveilleux  que  me  voila  ici,  et 
que  j'aie  quelque  chose  dans  la  tete  qui  pense  cent 
choses  differentes  en  un  moment,  et  fait  de  mon 
corps  tout  ce  qu'elle  veut.''  Je  veux  frapper  des 
mains,  hausser  le  bras,  lever  les  yeux  au  ciel, 
baisser  la  tete,  remuer  les  pieds,  aller  a  droite,  a 
gauche,  en  avant,  en  arriere,  tourner  ...  (II  se  laisse 
tomber  en  toumant.) 

D.  Juan.  Bon !  voila  ton  raisonnement  qui  a  le  nez 
casse. 

Sgan.  Morbleu !  je  suis  bien  sot  de  m'amuser  a 
raisonner  avec  vous,  Croyez  ce  que  vous  voudrez : 
il  m'importe  bien  que  vous  soyez  damne  ! 

D,  Juan.  Mais  tout  en  raisonnant,  je  crois  que  nous 
sommes  egares.  Appelle  un  peu  cette  homme  que 
voila  la-bas,  pour  lui  demander  le  chemin. 

Sgan.  Hola,  ho,  I'homme !  ho,  mon  compere !  ho, 
I'ami  !  un  petit  mot  s'il  vous  plait. 


Scene  II 
Don  Juan,  Sganarbixe,  Un  Pauvre. 

Sgan.  Enseignez-nous  un  peu  le  chemin  qui  mene  a 

la  ville. 
Le  Pauvbe.  Vous  n'avez  qu'a    suivre    cette  route. 

Messieurs,  et  detourner  a  main  droite  quand  vous 


8C.  II.] 


DON  JUAN 


201 


these  arteries,  these  .  .  .  this  lung,  this  heart, 
this  liver  and  all  the  other  organs  to  be  found 
there,  which  .  .  .  Oh,  confound  it !  you  must 
interrupt  me.  I  cannot  dispute  unless  I  am  inter- 
rupted. You  are  silent  on  purpose  and  let  me  talk 
out  of  pure  malice.  ^ 

D.  Juan.  I    am    waiting    until    your    argument    is  j 
finished.  j 

Sgan.  My    argument    is    that    there    is    something  / 
mysterious  in  man  which,  whatever  you  may  say,  J 
none  of  the  philosophers  can  explain.     Is  it  not  I 
wonderful  that  I  exist  and  that  I  have  something  in 
my  head  which  thinks  a  hundred  different  things 
in  a  moment  and  does  what  it  wills  with  my  body  ? 
1  wish  to  clap  my  hands,  to  raise  my  arms,  to  lift 
my  eyes  to  heaven,  to  bow  my  head,  to  move  my 
feet,  to  go  to  the  right,  to  the  left,  forward,  back- 7 
ward,  to  turn  .  .  .    (He  falls  down  whilst  turning.)       -^ 

D.  Juan.  Good,  so  your  argument  has  broken  your 

nose. 
SoAN.  Upon  my  word,  I  am  a  blockhead  indeed  to 

trouble  myself  about  arguing  with   you.     Believe 

what  you  like,  what  do  I  care  if  you  are  damned  ! 
D.  Juan.  While  we  have  been  arguing  I  believe  we 

have  lost  our  way.    Call  to  that  man  who  is  down 

there  and  ask  him  the  way. 
Sgan.  Holloa  !  ho  !  my  man,  ho !  my  good  fellow  ! 

ho  !  friend,  one  word,  if  you  please. 


Scene  II 

Don  Juan,  Sganarelle,  a  Poor  Man. 

Sgan.  Just  show  us  the  road  which  leads  to  the  town. 

Poor  Man.  You  have  but  to  follow  that  path,  gentle- 
men, and  turn  to  the  right  when  you  come  to  the 


202  DOM  JUAN  [actb  hi. 

serez   au   bout  de   la  foret;   mais  je  vous  donne 

avis  que  vous  devez  vous  tenir  sur  vos  gardes,  et 

que,  depuis  quelque  temps,  il  y  a  des  voleurs  ici 

autour. 
D.  Juan.  Je  te  suis  ol>lig€,  mon  ami,  et  je  te  rends 

grace  de  tout  mon  coeur. 
Lb  PAtrvRB.  Si  vous  vouliez.  Monsieur,  me  secourir 

de  quelque  aumone  ? 
D.  Juan.  Ah  !  ah  !  ton  avis  est  interesse,  a  ce  que  je 

vols. 
Lb  Pauvre.  Je   suis   un   pauvre  homme,  Monsieur, 

retire  tout  seul  dans  ce  bois  depuis  dix  ans,  et  je  ne 

manquerai   pas  de  prier  le  Ciel  qu'il  vous  donne 

toute  sorte  de  biens. 
D.  Juan.  Eh  !  prie  le  qu'il  te  donne  un  habit,  sans 

te  mettre  en  peine  des  aflfaires  des  autres. 
Sgan.  Vous  ne  connaissez  pas  Monsieur,  bonhomme  ; 

il  ne  croit  qu'en  deux  et  deux  sont  quatre,  et  en 

quatre  et  quatre  sont  huit. 
D.  Juan.  Quelle  est  ton  occupation  parmi  ces  arbres  ? 
Le  Pauvre.  De  prier  le  Ciel  tout  le  jour  pour  la  pros- 

perite  des  gens  de  bien  qui  me  donnent  quelque 

chose. 
D.  Juan.  II  ne  se  pent  done  pas  que  tu  ne  sois  bien 

a  ton  aise  ? 
Lb  Pauvre.  Helas !    Monsieur,  je  suis  dans  la  plus 

grande  necessite  du  monde. 
D.  Juan.  Tu  te  moques :  un  homme  qui  prie  le  Ciel 

tout  le  jour,  ne  peut  pas  manquer  d'etre  bien  dans 

ses  affaires. 
Lb  Pauvre.  Je  vous  assure.  Monsieur,  que  le  plus 

souvent  je  n'ai  pas  un  morceau  de  pain  a  mettre 

sous  les  dents. 
D.  Juan.  Je  te  veux  donner  un  Louis  d'or,  et  je  te  le 

donne  pour  1' amour  de  I'humanite.     Mais  que  vois- 

je  la?     Un  homme  attaque  par  trois  autres.''    La 

partie  est  trop  inegale,  et  je  ne  dois  pas  souffrir 

cette  lachete. 


8C.  II.]  DON  JUAN  203 

end  of  the  forest,  but  I  warn  you  that  you  should 
be  on  your  guard,  for  there  have  been  robbers 
round  about  here  lately. 

D.  Juan.  I  am  much  obliged  to  you,  my  friend,  and 

I  thank  you  with  all  my  heart. 
Poor  Man.  Could  you   help  me.  Monsieur,  with   a 

trifle.? 
D.  Juan.  Ha  !  ha !  your  advice  is  not  disinterested, 

I  see. 
Poor  Man.  I  am  a  poor  man.  Monsieur,  and  have 

lived  all  alone  in  this  wood  for  ten  years.     I  will 

not    fail    to    beseech   heaven   to  give   you  every 

blessing. 
D.  Juan.  Well,  beseech  it  to  give  you  a  coat,  and 

do  not  trouble  yourself  about  other  people's  needs. 
Scan.  You  do  not  know  this   gentleman,  my  good 

fellow,  he  only  believes  two  and  two  make  four  and 

that  four  and  four  are  eight. 
D.  Juan.  What  is  your  occupation  in  this  wood  ? 
Poor  Man.  To  beseech  heaven  all  day  long  for  the 

prosperity  of  kind  people  who  give  me  something. 

D.  Juan.  You  must,  then,  be  pretty  well  off. 

Poor  Man.  Alas,   Monsieur,   I  am   in  the  greatest 

straits. 
D.  Juan.  You  are  joking.      A  man  who   prays  to 

heaven  all  day  long  cannot  fail  to  be  well  off. 

Poor  Man.  1  assure  you.  Monsieur,  that  frequently 
I  have  not  a  bit  of  bread  to  put  between  my  teeth. 

~  h 

D.  Juan.  For  the  love  of  humanity  I  will  give  you  a         ■J'- 

gold  piece.    But  what  do  I  see .''    One  man  attacked 

by  three  others.     The  match   is  too   unequal.     I 

cannot  suffer  such  baseness. 


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^^;  :^'j 


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204  DOM  JUAN  [actb  m. 

Sc&NE    III 

DoM  JvAN,  DoM  Carlos^  Sganabellb 

Sgan.  Mon  maitre  est  un  vrai  enrage  d'aller  se  pre- 
senter a  un  peril  qui  ne  le  cherche  pas;  mais,  ma 
foi !  le  secours  a  servi^  et  les  deux  ont  fait  fuir  les 
trois. 

D.  Cab.  (I'^p^eMa  main.)  On  voit,  par  la  fuite  de  ces 
voleurs^  de  quel  secours  est  votre  bras.  Souffrez, 
Monsieur,  que  je  vous  rende  grace  d'une  action  si 
genereuse,  et  que  .  .  . 

D.Juan,  (revenant  I'^pee  k  la  main.)  Je  n'ai  rien  fait, 
Monsieur,  que  vous  n'eussiez  fait  en  ma  place. 
Notre  propre  honneur  est  interesse  dans  de  pareilles 
aventures,  et  Taction  de  ces  coquins  etait  si  lache, 
que  c'eut  ete  y  prendre  part  que  de  ne  s'y  pas 
opposer.  Mais  par  quelle  rencontre  vous  etes-vous 
trouve  entre  leurs  mains  ? 

D.  Car.  Je  m'etais  par  hasard  egare  d'un  frere  et  de 
tous  ceux  de  notre  suite  ;  et  comme  je  cherchais  a 
les  rejoindre,  j'ai  fait  rencontre  de  ces  voleurs,  qui 
d'abord  ont  tue  mon  cheval,  et  qui,  sans  votre 
valeur,  en  auraient  fait  autant  de  moi. 

D.  Juan.  Votre  dessein  est-il  d'aller  du  cote  de  la 
ville? 

D.  Cab.  Oui,  mais  sans  y  vouloir  entrer  ;  et  nous 
nous  voyons  obliges,  mon  frere  et  moi,  a  tenir  la 
campagne  pour  une  de  ces  facheuses  aflFaires  qui 
r^duisent  les  gentilshommes  a  se  sacrifier,  eux  et 
leur  famille,  a  la  severite  de  leur  honneur,  puisque 
enfin  le  plus  doux  succes  en  est  to uj  ours  funeste, 
et  que,  si  Ton  ne  quitte  pas  la  vie,  on  est  contraint 
de  quitter  le  Royaume ;  et  c'est  en  quoi  je  trouve 
la  condition  d'un  gentilhomme  malheureuse,  de  ne 
pouvoir  point  s'assurer  sur  toute  la  prudence  et 
toute  I'honnetete  de  sa  conduite,  d'etre  asservi  par 
les  lois  d'honneur  au  dereglement  de  la  conduite 
d'autrui,  et  de  voir  sa  vie,  son  repos  et  ses  biens 


8C.  III.]  DON  JUAN  206 

Scene  III 

Don  Juan,  Don  Carlos,  Sqanabelle 

SoAN.  My  master  has  gone  mad  to  run  himself  need- 
lessly into  danger,  but  I  declare  his  help  has  been 
of  use,  and  two  have  put  three  to  flight. 

D.  Cab.  (sword  in  hand.)  The  flight  of  these  robbers 
shows  me  what  1  owe  to  your  sword ;  permit  me. 
Monsieur,  to  thank  you  for  so  generous  an  action, 
and  .  .  . 

D.  Juan,  (returning,  sword  in  hand.)  I  have  not  done 
anything.  Monsieur,  that  you  would  not  have  done 
in  my  place.  One's  own  honour  is  concerned  in 
such  adventures,  and  the  action  of  those  villains 
was  so  cowardly  that  not  to  oppose  them  would 
have  been  to  take  their  part ;  but  by  what  means 
did  you  fall  into  their  hands .'' 

D.  Car.  I  had  wandered  by  chance  from  my  brother 
and  all  our  retinue,  and  as  I  endeavoured  to  rejoin 
them  I  fell  in  with  these  robbers  who  immediately 
killed  my  horse  and  who,  had  it  not  been  for  your 
valour,  would  have  done  as  much  for  me. 

D.  Juan.  Do  you  purpose  going  towards  the  town  } 

D.  Cab.  Yes,  but  not  to  enter  it.  My  brother  and 
I  are  obliged  to  stay  in  the  country  because  of  one 
of  those  troublesome  afi"airs  which  compel  gentle- 
men to  sacrifice  themselves  and  their  families  to 
their  scrupulous  honour;  wherein,  indeed,  the  most 
favourable  success  is  ever  fatal,  and  if  one  has  not 
to  quit  life,  one  is  compelled  to  quit  the  kingdom. 
This  is  why  I  find  the  condition  of  a  gentleman  to 

,  be  unfortunate ;  for,  no  matter  how  prudent  and 
how  discreet  may  be  his  conduct,  he  is  not  able  to 
guard  himself  from  being  subject,  by  the  laws  of 
honour,  to  the  unruliness  of  another  man's  conduct ; 
nor  from  seeing  his  life,  his  repose  and  his  pro- 


206  DOM  JUAN  [actb  hi. 

dependre  de  la  fantaisie  du  premier  tdm^raire  qui 
s'avisera  de  lui  faire  une  de  ces  injures  pour  qui  un 
honnete  homme  doit  perir. 

D.  Juan.  On  a  cet  avantage,  qu'on  fait  courir  le  meme 
risque  et  passer  mal  aussi  le  temps  a  ceux  qui 
prenneut  fantaisie  de  nous  venir  faire  une  offense 
de  gaiete  de  coeur.  Mais  ne  serait-ce  point  une 
indiscretion  que  de  vous  demander  quelle  peut  etre 
votre  aflFaire  ? 

D.  Cab.  La  chose  en  est  aux  termes  de  n'en  plus 
faire  de  secret,  et  lorsque  I'injure  a  une  fois  eclate, 
notre  honneur  ne  va  point  a  vouloir  cacher  notre 
honte,  mais  a  faire  eclater  notre  vengeance,  et  a 
publier  meme  le  dessein  que  nous  en  avons.  Ainsi, 
Monsieur,  je  ne  feindrai  point  de  vous  dire  que 
I'oifense  que  nous  cherchons  a  venger  est  une  sceur 
seduite  et  enlevee  d'un  convent,  et  que  I'auteur  de 
cette  offense  est  un  Dom  Juan  Tenorio,  fils  de  Dom 
Louis  Tenorio.  Nous  le  cherchons  depuis  quelques 
jours,  et  nous  I'avons  suivi  ce  matin  sur  le  rapport 
d'un  valet  qui  nous  a  dit  qu'il  sortait  a  cheval, 
accompagne  de  quatre  ou  cinq,  et  qu'il  avait  pris  le 
long  de  cette  cote  ;  mais  tous  nos  soins  ont  ete 
inutiles,  et  nous  n'avons  pu  decouvrir  ce  qu'il  est 
devenu. 

D.  Juan.  Le  connaissez-vous.  Monsieur,  ce  Dom  Juan 

dont  vous  parlez .'' 
D.  Car.  Non,  quant  a  moi.    Je  ne  I'ai  jamais  vu,  et 

je  I'ai  seulement  ou'i  depeindre  a  monfrere;  mais 

la  renommee  n'en  dit  pas  force  bien,  et  c'est  un 

homme  dont  la  vie  .   .  . 
D.  Juan.  Arretez,  Monsieur,  s'il  vous  plait.     II  est 

un  peu  de  mes  amis,  et  ce  serait  a  moi  une  espece 

de  lachetd,  que  d'en  ou'ir  dire  du  mal. 

D.  Cab.  Pour  I'amour  de  vous.  Monsieur,  je  n'en 
dirai  rien  du  tout,  et  c'est  bien  la  moindre  chose 
que  je  vous  doive,  apres  m'avoir  sauve  la  vie,  que 


so.  in.]  DON  JUAN  207 

perty  dependent  upon  the  freaks  of  the  first  audacious 
fellow  who  shall  think  proper  to  do  him  one  of  those 
injuries  for  which  an  honourable  man  must  lose  his 
life. 
D.  Juan.  There  is  this  advantage,  that  those  who  take 
it  into  their  heads  to  do  us  an  injui-y  out  of  wanton- 
ness run  the  same  risks  and  spend  their  time  as 
precariously.  But  if  I  am  not  indiscreet,  may  I  ask 
you  what  your  affair  may  be .'' 

D.  Cab.  The  thing  has  gone  so  far  that  it  cannot  any 
longer  be  kept  secret.  When  the  insult  is  once 
public  our  honour  does  not  oblige  us  to  hide 
our  shame  :  it  requires  us  rather  to  show  forth  our 
desire  for  vengeance  and  to  proclaim  our  intention 
to  avenge  ourselves.  Therefore,  Monsieur,  I  will 
not  scruple  to  tell  you  that  the  insult  which  we 
seek  to  avenge  is  the  seduction  of  a  sister  who  was 
carried  off  from  a  convent,  and  the  author  of  this 
offence  is  one  Don  Juan  Tenorio,  son  of  Don  Louis 
Tenorio.  We  have  been  in  pursuit  of  him  for  some 
days,  and  we  followed  him  here  this  morning,  on 
the  information  of  a  valet  who  told  us  he  had  set 
out  on  horseback,  accompanied  by  four  or  five 
others,  and  that  he  had  come  this  way  ;  but  all  our 
efforts  have  been  fruitless,  and  we  have  not  been 
able  to  discover  what  has  become  of  him. 

D.  Juan.  Do  you  know  this  Don  Juan  of  whom  you 
speak  } 

D.  Car.  Indeed  I  do  not.  I  have  never  seen  him, 
and  have  only  heard  my  brother  describe  him  ;  but 
fame  does  not  speak  too  favourably  of  him  and  he 
is  a  man  whose  life  .  .  . 

D.  Juan.  Stop,  Monsieur,  if  you  please,  he  is  some- 
what of  a  friend  of  mine,  and  I  should  consider  it 
a  kind  of  treachery  were  I  to  allow  anyone  to  speak 
ill  of  him. 

D.  Cab.  Out  of  respect  for  you.  Monsieur,  I  will  not 
say  anything  at  all  about  him.  To  be  silent  before 
you,  in  respect  of  a  person  whom  you  know,  when 


208  DOM  JUAN  [acte  hi. 

de  me  taire  devant  vous  d'une  personne  que  vous 
connaissez,  lorsque  je  ne  puis  en  parler  sans  en  dire 
du  mal ;  mais  quelque  ami  que  vous  lui  soyez,  j'ose 
esperer  que  vous  n'approuverez  pas  son  action,  et 
ne  trouverez  pas  etrange  que  nous  cherchions  d'en 
prendre  la  vengeance. 

D.  Juan.  Au  contraire,  je  vous  y  veux  servir,  et  vous 
epargner  des  soins  inutiles.  Je  suis  ami  de  Dom 
Juan,  je  ne  puis  pas  m'en  empecher;  mais  il  n'est 
pas  raisonnable  qu'il  offense  impunement  des  gen- 
tilshommes,  et  je  m'engage  a  vous  faire  faire  raison 
par  lui. 

D.  Car.  Et  quelle  raison  peut-on  faire  a  ces  sortes 
d'injures.'' 

D.  Juan.  Toute  celle  que  votre  honneur  peut  sou- 
haiter ;  et  sans  vous  donner  la  peine  de  chercher 
Dom  Juan  davantage,  je  m'oblige  a  le  faire  trouver 
au  lieu  que  vous  voudrez,  et  quand  il  vous  plaira. 

D.  Car.  Cet  espoir  est  bien  doux.  Monsieur,  a  des 
coeurs  offenses ;  mais,  apres  ce  que  je  vous  dois,  ce 
me  serait  une  trop  sensible  douleur  que  vous  fussiez 
de  la  partie. 

D.  Juan.  Je  suis  si  attache  a  Dom  Juan,  qu'il  ne 
saurait  se  battre  que  je  ne  me  batte  aussi;  mais 
enfiin  j'en  reponds  comme  de  moi-meme,  et  vous 
n'avez  qu'a  dire  quand  vous  voulez  qu'il  paraisse  et 
vous  donne  satisfaction. 

D.  Car.  Que  ma  destinee  est  cruelle !  Faut-il  que 
je  vous  doive  la  vie  et  que  Dom  Juan  soit  de  vos 


Scene  IV 

DoM  Alonsb  et  trois  Suivants,  Dom  Cari.os,  Dom 
Juan,  Sganarelle 

D.  AiiON.  Faites  boire  1^  mes  chevaux,  et  qu'on  les 
amene  apres  nous ;  je  veux  un  peu  marcher  a 
pied.  O  Ciel !  que  vois-je  ici.''  Quoi?  mon  frere 
vous  voila  avec  notre  ennemi  mortel  .-* 


8c.  IV.]  DON  JUAN  209 

I  can  say  nothing  but  evil  about  him,  is,  unques- 
tionably, the  least  thing  I  owe  you  after  you  have 
saved  my  life.  But,  however  much  you  may  be 
his  friend,  I  venture  to  hope  you  do  not  approve 
his  action  or  think  it  strange  in  us  to  endeavour  to 
take  vengeance. 

D.  Juan.  On  the  contrary,  I  will  serve  you  in  this  and 
will  spare  you  some  fruitless  trouble.  I  am  a  friend 
of  Don  Juan's,  I  cannot  help  being  so ;  but  it  is 
not  reasonable  he  should  offend  gentlemen  with 
impunity,  and  I  promise  you,  in  his  name,  he  shall 
give  you  satisfaction. 

D.  Car.  And  what  satisfaction  can  be  given  for  such 
an  inj  ury .'' 

D.  JuA^f.  All  that  your  honour  can  desire.  Without 
troubling  you  to  seek  further  for  Don  Juan  I  will 
guarantee  that  he  shall  be  forthcoming  wherever 
you  like  and  when  you  please. 

D.  Car.  This  expectation.  Monsieur,  is  very  soothing 
to  outraged  hearts,  but,  after  what  I  owe  you,  it 
would  be  a  very  deep  grief  to  me  were  you  to  be 
mixed  up  in  the  quarrel. 

D.  Juan.  I  am  so  nearly  connected  with  Don  Juan 
that  he  cannot  fight  unless  I  also  fight ;  in  short, 
I  answer  for  him  as  for  myself,  and  you  have  only 
to  say  when  you  wish  him  to  appear  to  give  you 
satisfaction. 

D.  Car.  How  cruel  is  my  lot !  Must  I  owe  my  life 
to  you  who  are  one  of  Don  Juan's  friends  ? 


Scene  IV 

Don  Alonso  and  three  Servants,  Don  Carlos,  Don 
Juan,  Sganabellb 

D.  Alon.  Water  my  horses  and  lead  them  after  ua, 
I  wish  to  walk  on  foot  a  little.  Heavens  !  whom 
do  I  see  here  ?  How  comes  it  that  you  are  with 
our  mortal  enemy,  brother  .'' 

o 


210  DOM  JUAN  [acteiii. 

D.  Car.  Notre  ennemi  mortel  ? 

D.  Juan,  (se  reculant  trois  pas  et  mettant  fi^rement  la  main 
BUT  la  garde  de  son  ^p^e.)  Oui,  je  suis  Dom  Juan  moi- 
meme,  et  I'avantage  du  nombre  ne  m'obligera  pas 
a  vouloir  deguiser  mon  nom. 

D.  Arx)N.  Ah  !  traitre,  il  faut  que  tu  perisses,  et  .  .  . 

D.  Cab.  Ah  !  mon  frere,  arretez.  Je  lui  suis  rede- 
vable  de  la  vie ;  et  sans  le  secours  de  son  bras, 
j'aurais  ete  tue  par  des  voleurs  que  j'ai  trouves. 

D.  Alont.  Et  voulez-vous  que  cette  consideration  em- 
peche  notre  vengeance .''  Tous  les  services  que  nous 
rend  une  main  ennemie  ne  sont  d'aucun  merite 

Four  engager  notre  ame ;  et  s'il  faut  mesurer 
obligation  a  I'injure,  votre  reconnaissance,  mon 
frere,  est  ici  ridicule ;  et  comme  I'honneur  est 
infiniment  plus  precieux  que  la  vie,  c'est  ne  devoir 
rien  proprement  que  d'etre  redevable  de  la  vie  a 
qui  nous  a  ote  I'honneur. 

D.  Cab.  Je  sais  la  difference,  mon  frere,  qu'un  gen- 
tilhomme  doit  toujours  mettre  entre  I'un  et  I'autre, 
et  la  reconnaissance  de  I'obligation  n'efface  point 
en  moi  le  ressentiment  de  I'injure;  mais  souffrez 
que  je  lui  rende  ici  ce  qu'il  m'a  prete,  que  je  m'ac- 
quitte  sur-le-champ  de  la  vie  que  je  lui  dois,  par  un 
delai  de  notre  vengeance,  et  lui  laisse  la  liberte  de 
jouir,  durant  quelques  jours,  du  fruit  de  son 
bienfait. 

D.  Alon.  Non,  non,  c'est  hasarder  notre  vengeance 
que  de  la  reculer,  et  I'occasion  de  la  prendre  pent 
ne  plus  revenir.  Le  Ciel  nous  I'offre  ici,  c'est  a 
nous  d'en  profiter.  Lorsque  I'honneur  est  blesse 
mortellement,  on  ne  doit  point  songer  a  garder 
aucunes  mesures ;  et  si  vous  repugnez  a  preter 
votre  bras  a  cette  action,  vous  n'avez  qu'a  vous 
retirer  et  laisser  a  ma  main  la  gloire  d'un  tel 
sacrifice. 

D.  Cab.  De  grace,  mon  frere  .  .  . 

D.  Alon.  Tous  ces  discours  sont  superflus :  il  faut 
qu'il  meure. 


8c.  IV.]  DON  JUAN  211 

D.  Cab.  Our  mortal  enemy  } 

D.  Juan,  (falls  back  three  steps  and  haughtily  grasps  his 
sword.)  Yes,  I  myself  am  Don  Juan,  and  although 
you  outnumber  me,  that  shall  not  oblige  me  to  wish 
to  disown  my  name. 

D.  Alon.  Ah  !  traitor,  you  must  perish  and  .  .  . 

D.  Car.  Ah  !  my  brother,  stay,  I  am  indebted  to  him 
for  my  life.  Had  it  not  been  for  the  help  of  his 
sword  I  should  have  been  murdered  by  the  robbers 
I  met. 

D.  Alon.  Would  you  let  this  consideration  prevent 
our  vengeance .''  None  of  the  services  the  hand  of 
an  enemy  renders  us  has  any  claim  to  bind  our 
hearts.  If  we  are  to  measure  the  obligation  by  the 
insult,  your  gratitude,  my  brother,  is,  in  this  case, 
ridiculous,  and,  as  honour  is  infinitely  more  pre- 
cious than  life,  we  do  not  owe  anything  for  life 
to  him  who  has  taken  away  our  honour. 

D.  Car.  I  know  the  difference,  my  brother,  that  a 
gentleman  should  always  make  between  the  two, 
and  gratitude  for  the  obligation  does  not,  with  me, 
efface  resentment  for  the  injury ;  but  allow  me 
here  to  restore  to  him  what  I  have  received  from 
him,  and  acquit  myself  immediately  of  the  life  I 
owe  him  by  putting  off  our  vengeance  and  suffering 
him  the  liberty  to  enjoy  for  some  days  the  reward 
of  his  kind  action. 

D.  Alon.  No,  no,  to  retreat  is  to  hazard  our  vengeance, 
and  an  opportunity  of  taking  it  may  never  return. 
Heaven  offers  it  to  us  here  :  it  remains  with  us  to 
profit  by  it.  When  honour  is  mortally  wounded 
we  should  not  think  of  moderating  any  measures, 
and  if  you  refuse  to  assist  me  in  this  action  you 
have  but  to  retire  and  to  leave  to  me  the  glory  of 
such  a  revenge. 

D.  Cab.  Pardon  me,  brother  .  .  . 

D.  Alon.  All  this  talk  is  superfluous^  he  must  die. 


212  DOM  JUAN  [acte  hi. 

D.  Car.  Arretez-vous,  dis-je,  mon  frere.  Je  ne 
souffrirai  point  du  tout  qu'on  attaque  ses  jours^  et 
je  jure  le  Ciel  que  je  le  defendrai  ici  contre  qui  que 
ce  soit,  et  je  saurai  lui  faire  un  rempart  de  cette 
meme  vie  qu'il  a  sauvee ;  et  pour  adresser  vos 
coups,  il  faudra  que  vous  me  perciez. 

D.  Alon.  Quoi  ?  vous  prenez  le  parti  de  notre  ennemi 
contre  moi ;  et  loin  d'etre  saisi  a  son  aspect  des 
memes  transports  que  je  sens,  vous  faites  voir  pour 
lui  des  sentiments  pleins  de  douceur  ? 

D.  Car,  Mon  frere,  montrons  de  la  moderation  dans 
une  action  legitime,  et  ne  vengeons  point  notre 
honneur  avec  cet  emportement  que  vous  temoignez. 
Ayons  du  coeur  dont  nous  soyons  les  maitres,  une 
valeur  qui  n'ait  rien  de  farouche,  et  qui  se  poi'te 
aux  choses  par  une  pure  deliberation  de  notre 
raison,  et  non  point  par  le  mouvement  d'une 
aveugle  colere.  Je  ne  veux  point,  mon  frere, 
demeurer  redevable  a  mon  ennemi,  et  je  lui  ai  une 
obligation  dont  il  faut  que  je  m'acquitte  avant 
toute  chose.  Notre  vengeance,  pour  etre  difFeree, 
n'en  sera  pas  moins  eclatante  :  au  contraire,  elle 
en  tirera  de  I'avantage ;  et  cette  occasion  de 
I'avoir  pu  prendre  la  fera  paraitre  plus  juste  aux 
yeux  de  tout  le  monde. 

D.  Alon.  O  I'dtrange  faiblesse,  et  I'aveuglement 
effroyable  de  hasarder  ainsi  les  interets  de  son 
honneur  pour  la  ridicule  pensee  d'une  obligation 
chimerique  ! 

D.  Cab.  Non,  mon  frere,  ne  vous  mettez  pas  en  peine. 
Si  je  fais  une  faute,  je  saurai  bien  la  reparer,  et  je 
me  charge  de  tout  le  soin  de  notre  honneur  ;  je  sais 
a  quoi  il  nous  oblige,  et  cette  suspension  d'un 
jour,  que  ma  reconnaissance  lui  demande,  ne  fera 
qu'augmenter  I'ardeur  que  j'ai  de  le  satisfaire. 
Dom  Juan,  vous  voyez  que  j'ai  soin  de  vous  rendre 
le  bien  que  j'ai  re^u  de  vous,  et  vous  devez  par  la 
juger  du  reste,  croire  que  je  m'acquitte  avec  meme 
chaleur  de  ce  que  je  dois,  et  que  je  ne  serai  pas 
moins  exact  a  vous  payer  I'injure  que  le  bienfait. 


8C.  IV.] 


DON  JUAN 


213 


D.  Car.  Hold  I  say,  brother,  I  will  not  at  all  allow 
an  attempt  upon  his  life.  I  swear  by  Heaven  I 
will  here  defend  him  against  anyone.  That  same 
life  which  he  saved  shall  be  a  shield  for  him.  In 
striking  at  him  you  must  first  pierce  me. 

D.  Alon.   What?  do  you  take  the  part  of  our  enemyX 
against  me,  and,  so  far  from  being  filled  with  the 
same  rage  upon  beholding  him  that  I   feel,  you 
show  for  him  sentiments  full  of  friendliness .'' 

D.  Cab.  Bi'other,  let  us  show  moderation  in  a  just 
action  and  not  avenge  our  honour  with  that  violence 
which  you  show.  Let  us  show  a  heart  over  which/ 
we  are  master,  a  valour  which  has  nothing  savage 
in  it,  and  which  acts  in  respect  of  things  upon 
the  simple  deliberation  of  the  reason,  not  by  the 
impulse  of  a  blind  passion.  I  do  not  wish,  brother, 
to  be  in  debt  to  my  enemy ;  I  have  an  obligation 
towards  him  which  I  must  repay  before  everything 
else.  Our  vengeance  will  not  be  the  less  striking 
for  being  deferred.  On  the  contrary,  it  will  gain 
advantage  thereby,  and  this  opportunity  we  hav^ 
had  of  taking  it  will  make  it  appear  more  just  '1% 
the  eyes  of  all  the  world.  ' 

D.  Alon.  Oh  !  the  strange  weakness  and  dreadful 
blindness  of  hazarding  in  this  manner  the  interests 
of  honour  for  the  ridiculous  notion  of  an  imaginary 
obligation  ! 

D.  Cab.  No,  my  brother,  do  not  trouble  yourself 
about  that;  if  I  commit  a  fault  I  shall  make 
sufficient  amends  for  it.  I  take  upon  me  all  the 
care  of  our  honour.  I  know  to  what  it  obliges  us, 
and  this  delay  for  one  day  which  my  gratitude  asks 
for  him,  will  only  increase  the  desire  I  have  to 
satisfy  it.  You  see,  Don  Juan,  I  am  anxious  to 
return  you  the  gift  I  have  received  from  you ;  by 
this  you  can  judge  of  the  rest,  and  can  believe  that 
the  same  warmth  with  which  I  discharge  what  I 
owe,  will  not  be  less  generous  in  avenging  myself, 


214  DOM  JUAN  t^cTE  nu 

Je  ne  veux  point  vous  obliger  ici  a  expliquer  vos 
sentiments,  et  je  vous  donne  la  liberte  de  penser  a 
loisir  aux  resolutions  que  vous  avez  a  prendre. 
Vous  connaissez  assez  la  grandeur  de  I'offense  que 
vous  nous  avez  faite,  et  je  vous  fais  juge  vous- 
meme  des  reparations  qu'elle  demande.  II  est  des 
moyens  doux  pour  nous  satisfaire ;  il  en  est  de 
violents  et  de  sauglants  ;  mais  enfin,  quelque  choix 
que  vous  fassiez,  vous  m'avez  donne  parole  de  me 
faire  faire  raison  par  Dom  Juan  :  songez  a  me  la 
faire,  je  vous  prie,  et  vous  ressouvenez  que,  hors 
d'ici,  je  ne  dois  plus  qu'a  mon  bonneur. 

D.  Juan.  Je  n'ai  rien  exige  de  vous,  et  vous  tiendrai 

ce  que  j'ai  promis, 
D.  Cab.  Allons,  mon  frere :  un  moment  de  douceur 

ne  fait  aucune  injure  a  la  severite  de  notre  devoir. 


SciNE  V 

DoM  Juan,  Soanarellb 

D.  Juan.  Hola,  he,  Sganarelle  ! 

Scan.  Plait-U.? 

D.  Juan.  Comment !  coquin,  tu   fuis  quand  on   m' 

attaque .'' 
SoAN.  Pardonnez-moi,  Monsieur ;  je  viens  seulement 

d'ici  pres.     Je  crois  que  cet  habit  est  purgatif,  et 

que  c  est  prendre  medecine  que  de  le  porter. 
D.  Juan.  Peste  soit  I'insolent !     Couvre  au  moins  ta 

poltronnerie  d'un  voile  plus  honnete.     Sais-tu  bien 

qui  est  celui  a  qui  j'ai  sauve  la  vie .'' 

Sgan.  Moi.-*  non. 
D.  Juan.  C'est  un  frere  d'Elvire. 
Sgan.  Un  .  .  . 

D.  Juan.  II  est  assez  honnete  homme,  il  en  a  bien 
use,  et  j'ai  regret  d'avoir  demele'  avec  lui. 


fic.  v.]  DON  JUAN  216 

and  that  I  shall  not  be  less  exact  in  repaying  you 
for  the  insult  than  for  the  favour,  I  will  not 
compel  you  to  explain  your  feelings  here.  I  give 
you  liberty  to  consider  at  leisure  what  resolutions 
you  will  take.  You  know  very  well  the  greatness 
of  the  injury  you  have  done  us,  and  I  make  you 
yourself  judge  of  the  reparation  it  demands.  There 
are  peaceful  ways  of  giving  us  satisfaction,  there 
are  violent  and  bloody  ones,  but,  finally,  whatever 
choice  you  may  make,  you  have  passed  me  your 
word  to  let  Don  Juan  give  me  satisfaction.  Pray 
remember  to  do  so,  and  you  will  not  forget  that 
out  of  this  place  my  only  duty  is  to  my  honour. 

D.  Juan.  I  have  not  asked  anything  of  you  and  I 
shall  keep  my  word. 

D.  Car.  Come,  brother,  a  moment's  forbearance  will 
not  lessen  severity  when  duty  calls. 


Scene  V 

Don  Juan,  Sganareij.e 

D.  Juan.  Holloa,  here,  Sganarelle  ! 

Scan.  What  is  it  ? 

D.    Juan.  So,   rascal,   you   run    away    when   I    am 

attacked.'' 
Scan.  Pardon  me.  Monsieur.     I  only  came  from  close 

by.     I  believe  this  dress  is  purgative,  and  that  to 

wear  it  is  as  good  as  to  take  medicine. 
D.  Juan.  Deuce   take  your  insolence.      Wrap  your 

cowardice  in  at  least  a  more  decent  cover.     Do 

you  know,  perchance,  who  is  the  man  whose  life 

I  saved .'' 
Scan.  1}    No. 

D.  Juan.  He  is  a  brother  of  Elvire. 
Sgan.  a  .  .  . 
D.  Juan.  He  is  a  good  enough  fellow,  he  behaved  well 

in  the  matter,  and  I  am  sorry  I  quarrelled  with 

him. 


216  DOM  JUAN  [actb  hi. 

Sgan.  II  vous  serait  ais^  de  pacifier  toutes  choses. 

D.  Juan.  Oui ;  mais  ma  passion  est  usee  pour  Done 
Elvire,  et  I'engagement  ne  coinpatit  point  avec 
mon  humeur.  J'aime  la  liberte  en  amour,  tu  le 
sais,  et  je  ne  saurais  me  resoudre  a  renfermer  mon 
coeur  entre  quatre  murailles.  Je  te  I'ai  dit  vingt 
fois,  j'ai  une  pente  naturelle  a  me  laisser  aller  a 
tout  ce  qui  m'attire.  Mon  coeur  est  a  toutes  les 
belles,  et  c'est  a  elles  a  le  prendre  tour  a  tour,  et  a 
le  garder  tant  qu' elles  le  pourront.  Mais  quel  est 
la  superbe  edifice  que  je  vois  entre  ces  arbres  ? 

Sgan.  Vous  ne  le  savez  pas  ? 

D.  Juan.  Non,  vraiment. 

Sgan.  Bon !  c'est  le  tombeau  que  le  Commandeur 
faisait  faire  lorsque  vous  le  tuates. 

D.  Juan.  Ah  !  tu  as  raison.  Je  ne  savais  pas  que 
c'etait  de  ce  c6te-ci  qu'il  etait.  Tout  le  monde 
m'a  dit  des  merveilles  de  cet  ouvrage,  aussi  bien 
que  de  la  statue  du  Commandeur,  et  j'ai  envie  de 
Taller  voir, 

Sgan.  Monsieur,  n'allez  point  la. 

D.  Juan.    Pourquoi? 

Sgan.  Cela  n'est  pas  civil,  d'aller  voir  un  homme  que 
vous  avez  tue. 

D.  Juan.  Au  contraire,  c'est  une  visite  dont  je  lui 
veux  faire  civilitd,  et  qu'il  doit  recevoir  de  bonne 
grace,  s'il  est  galant  homme.  Allons,  entrons 
dedans. 

(Le  tombeau  s'ouvre,  et  I'on  voit  an  superbe  mausol^e  et  la 
statue  du  Commandeur. ) 

Sgan.  Ah  !  que  cela  est  beau  !  les  belles  statues !  le 
beau  marbre  !  les  beaux  piliers  !  Ah  !  que  cela 
est  beau  !    Qu'en  dites-vous.  Monsieur  ? 

D.  Juan.  Qu'on  ne  peut  voir  aller  plus  loin  I'ambition 
d'un  homme  mort ;  et  ce  que  je  trouve  admirable, 
c'est  qu'un  homme  qui  s'est  passe,  durant  sa  vie, 
d'une  assez  simple  demeure,  en  veuille  avoir  une 
si  magnifique  pour  quand  il  n'en  a  plus  que  faire. 


DOM  JUAN 
(Aclelll  Scene  V) 


sc.  v.]  DON  JUAN  217 

Sgan.  It  would  be  easy  for  you  to  make  everything 
peaceable  again. 

D.  Juan.  Yes,  but  my  passion  for  Elvire  has  died 
down,  and  to  remain  engaged  does  not  consort  with 
my  humour.  I  like  freedom  in  love,  you  know  ;  I 
cannot  bear  to  imprison  my  heart  between  four 
walls.  I  have  told  you  a  score  of  times  I  have  a 
natural  propensity  to  give  way  to  whatever  attracts 
me.  My  heart  belongs  to  the  whole  of  the  fair 
sex,  and  they  must  take  it  by  turns  and  keep  it 
as  long  as  they  can.  But  what  stately  monument 
is  that  amongst  those  trees  .f* 

Sgan.  Do  you  not  know  it  ? 

D.  Juan.  No,  indeed. 

Sgan.  Why,  it  is  the  tomb  which  the  Commander  was 
building  when  you  killed  him. 

D.  Juan.  Ha !  you  are  right.  I  did  not  know  it 
was  anywhere  about  here.  Everyone  has  told  me 
of  the  wonders  of  this  piece  of  work,  as  well  as  of 
the  statue  of  the  Commander,  and  I  have  a  mind  to 
go  and  see  it. 

Sgan.  Do  not  go  there,  Monsieur. 

D.  Juan.  Why?  )  J^' 

Sgan.  It  is  not  courteous  to  pay  a  visit  to  the  man  you  V 
have  killed.  y 

D.  Juan.  On  the  contrary,  it  is  a  visit  which  will  show 
my  courtesy  to  him  and  which  he  ought  to  receive 
with  a  good  grace,  if  he  is  anything  of  a  gentleman. 
Come,  let  us  go  in. 

(The  tomb  opens,  and  reveals  a  superb  mausoleum  and  the 
statue  of  the  Commander. ) 

Sgan.  Ah  !  how  beautiful  it  is  !  What  fine  statues  ! 
what  exquisite  marble  !  what  handsome  pillars ! 
Ah  !  how  beautiful  it  is  !    What  do  you  think  of  it,  , 

Monsieur  ?  ^S  Qj%fX^ 

D.  Juan.  That  it  is  impossible  for  the  ambition  of  a    /     .      [*>-*1 
dead  man  to   go  farther.      I   think   it  wonderful    S  'i'*'':      »' 
that  a  man  who,  during  his  lifetime,  lived  in 
very  simple  dwelling,  should  desire  to  have  one 
magnificent  when  he  has  no  longer  occasion  for 


218  DOM  JUAN  [aote  hi. 

Scan.  Voici  la  statue  du  Commandeur. 

D.   Juan.  Parbleu !    le  voila    bon,   avec    son    habit 

d'empereur  remain  ! 
Sgan.  Ma  foi,  Monsieur,  voil'i  qui  est  bien  fait.     II 

semble  qu'il  est  en  vie,  et  qu'il  s'en  va  parler.     II 

jette  des  regards  sur  nous  qui  me  feraient  peur,  si 

j'etais  tout  seul,  et  je  pense  qu'il  ne  prend   pas 

plaisir  de  nous  voir. 
D.    Juan.  II  aurait  tort,  et  ce  serait  mal    recevoir 

I'honneur  que  je  lui  fais.     Demande-lui  s'il  veut 

venir  souper  avec  moi. 
Sgan.  C'est  une  chose  dont  il  n'a  pas  besoin,  je  crois. 
D.  Juan.  Demande-lui,  te  dis-je. 
Sgan.  Vous  moquez-vous?      Ce  serait  etre  fou  que 

d'aller  parler  a  une  statue. 
D.  Juan.  Fais  ce  que  je  te  dis. 
Sgan.  Quelle  bizarrerie !     Seigneur  Commandeur  .  .  . 

je  ris  de  ma  sottise,  mais  c'est  mon  maitre  qui  me 

la  fait  faire.     Seigneur  Commandeur,  mon  maitre 

Dom  Juan  vous  demande  si  vous  voulez  lui  faire 

I'honneur  de  venir  souper  avec  lui.    (La  Statue  baisse 

la  tdte.)     Ha ! 
D.  Juan.  Qu'est-ce?  qu'as  tu?     Dis  done,  veux-tu 

parler  ? 
Sgan.  (fait  le  m^me  signe  que  lui  a  fait  la  Statue  et  baisse 

la  tSte.)    La  Statue  .  .  . 
D.  Juan.  Eh  bien  !  que  veux-tu  dire,  traitre.^ 
Sgan.  Je  vous  dis  que  la  Statue  .  .  . 
D.  Juan.  Eh  bien  !   la  Statue  ?    Je  t'assomme,  si  tu 

ne  paries. 
Sgan.  La  Statue  m'a  fait  signe. 
D.  Juan.  La  peste  le  coquin  ! 
Sgan.  Elle  m'a  fait  signe,  vous  dis-je :   il  n'est  rien 

de  plus  vrai.     Allez-vous-en  lui  parler  vous-meme 

pour  voir.     Peut-etre  .  .  . 
D.  Juan.  Viens,    maraud,   viens,   je    te   veux   bien 

faire  toucher  au   doigt  ta  poltronnerie.      Prends 

garde.     Le  Seigneur  Commandeur  voudrait-il  venir 

souper  avec  moi  ? 

(La  Statue  baisse  encore  la  t^te.) 


sc.  v.]  DON  JUAN  219 

Scan.  Here  is  the  statue  of  the  Commander. 

D.  Juan.  Really,  he  looks  well  in  the  dress  of  a 
Roman  Emperor. 

Sgan.  Upon  my  word.  Monsieur,  it  is  well  conceived. 
It  seems  as  though  he  were  alive,  and  were  going  to 
speak.  He  casts  such  a  glance  at  us  as  would  terrify 
me  were  I  quite  alone.  I  think  he  is  not  pleased 
to  see  us. 

D.  Juan.  He  would  be  wrong :  it  would  be  an  ill 
reception  of  the  honour  I  do  him.  Ask  him  if  he 
will  come  to  sup  with  me. 

Sgan.  That  is  a  thing  he  does  not  need,  I  think. 

D.  Juan.  Ask  him,  I  say. 

Sgan.  You  are  jesting?  It  would  be  foolish  to  go 
and  speak  to  a  statue. 

D.  Juan.  Do  what  I  bid  you. 

Sgan.  What  a  whim  !  Seigneur  Commander  ...  I 
laugh  at  my  folly,  but  my  master  makes  me  do  it. 
Seigneur  Commander,  my  master,  Don  Juan,  asks 
you  if  you  will  do  him  the  honour  to  come  and  sup 
with  him.   (The  Statue  nods  its  head.)     Ha  ! 

D.  Juan.  What  is  it  ?   What  is  the  matter  with  you  ? 

Come,  tell  me,  will  you  speak .'' 
Sgan.   (makes  the  same  sign  which  the  Statue  made  to  him 

and  nods  his  head.)     The  Statue  .   .   . 
D.  Juan.  Well,  what  do  you  want  to  say,  rascal  ? 
Sgan.  I  tell  you  the  Statue  .  .  . 
D.  Juan.  Well !  the  Statue  ?    If  you  do  not  speak  I 

will  knock  you  down. 
Sgan.  The  Statue  made  a  sign  to  me. 
D.  Juan,  Deuce  take  the  fellow  ! 
Sgan.  It  made  a  sign  to  me,  I  tell  you :    it  is  the 

simple  truth.      Go  yourself  and  speak  to  it  and 

you  will  see.     Perhaps  .  .  . 
D.  Juan.  Come,  rogue,  come,  I  will  soon  make  you 

realise  your  cowardice.      Now  look.      Would  his 

ExceUency  the  Commander  take  supper  with  me  ? 

(The  Statue  again  nods  its  head.) 


220  DOM  JUAN  [actb  iv. 

Scan.  Je  ne  voudrais  pas  en  tenir  dix  pistoles.     Eh 

bien  !  Monsieur? 
D.  Juan.  AUons,  sortons  d'ici. 
Sgan.  Voila  de  mes  esprits  forts,  qui  ne  veulent  rien 

croire. 

FIN  DU  TR0ISI]^HB  ACTE 


ACTE    IV 

ScilNE    I 

DoH  Juan,  Soanareixe 

D.  Juan.  Quoi  qu'il  en  soit,  laissons  cela :  c'est  une 
bagatelle,  et  nous  pouvons  avoir  ete  trompes  par 
un  faux  jour,  ou  surpris  de  quelque  vapeur  qui 
nous  ait  trouble  la  vue. 

Scan.  Eh  !  Monsieur,  ne  cherchez  point  a  dementir 
ce  que  nous  avons  vu  des  yeux  que  voila.  II  n'est 
rien  de  plus  veritable  que  ce  signe  de  tete  ;  et  je  ne 
doute  point  que  le  Ciel,  scandalise  de  votre  vie, 
n'ait  produit  ce  miracle  pour  vous  convaincre,  et 
pour  vous  retirer  de  .  .  . 

D.  Juan,  l^coute.  Si  tu  m'importunes  davantage  de 
tes  sottes  moralites,  si  tu  me  dis  encore  le  moindre 
mot  la-dessus,  je  vais  appeler  quelqu'un,  demander 
un  nerf  de  boeuf,  te  faire  tenir  par  trois  ou  quatre, 
et  te  rouer  de  mille  coups.     M'entends-tu  bien .'' 

Sgan.  Fort  bien.  Monsieur,  le  mieux  du  monde.  Vous 
vous  expliquez  clairement ;  c'est  ce  qu'il  y  a  de  bon 
en  vous,  que  vous  n'allez  point  chercher  de  detours : 
vous  dites  les  choses  avec  une  nettete  admirable. 

D.  Juan.  Allons,  qu'on  me  fasse  souper  le  plus  tot  que 
Ton  pourra.     Une  chaise,  petit  garjon. 


so.  I.]  DON  JUAN  221 

Sgan.  I  would  not  for  ten  pistoles  have  had  it  other- 
wise.    Now,  Monsieur ! 

D.  Juan.  Come,  let  us  leave  here. 

SoAN.  These  are  your  'strong  minds'  who  do  not 
believe  in  anything. 

END   OP   THE   THIRD   ACT 


ACT   IV 

Scene  I 
Don  Juan,  Sganabellb 

D.  Juan.  No  matter  what  it  is,  let  us  drop  it,  it  is  a 
trifle,  we  may  have  been  deceived  by  a  false  light, 
or  some  giddiness  may  have  surprised  and  obscured 
our  sight.  ^ 

Sgan.  Ah  !  Monsieur,  do  not  try  to  deny  what  we  saw  } 
yonder  with  our  own  eyes ;  nothing  can  be  more  '^ 
certain  than  that  nod  of  the  head.  I  do  not  doubt  { 
that  heaven,  offended  at  your  way  of  living,  has  | 
wrought  this  miracle  to  convince  you  and  to  reclaim/ 
you  from  .  .  . 

D.  Juan.  Listen,  if  you  annoy  me  any  more  with  your 
stupid  morality,  if  you  say  the  least  word  more  on 
the  subject,  I  will  call  one  of  the  servants,  have  you 
held  down  by  three  or  four  fellows,  and  see  that  you 
get  a  thousand  lashes  with  a  piece  of  cowhide.  Do 
you  thoroughly  understand  me  ? 

Sgan.  Perfectly,  Monsieur,  perfectly.  You  explain 
yourself  clearly.  It  is  a  good  feature  in  you  that 
you  never  beat  about  the  bush,  you  say  things  with 
an  admirable  plainness. 

D.  Juan.  Come,  let  me  have  supper  as  soon  as  pos- 
sible.    A  chair,  boy. 


222  DOM  JUAN  [actb  iv. 

Scene  II 
DoM  Juan,  La  Violbtte,  Sganarellg 

La  Viol.  Monsieur,  voila  votre  marchand,  M.  Di- 
manche,  qui  demande  a  vous  parler. 

Sgan.  Bon,  voila  ce  qu'il  nous  faut,  qu'un  compli- 
ment de  creancier.  De  quoi  s'avise-t-il  de  nous 
venir  demander  de  I'argent,  et  que  ne  lui  disais-tu 
que  Monsieur  n'y  est  pas  ? 

La  Viol.  II  y  a  trois  quarts  d'heure  que  je  lui  dis  ; 
mais  il  ne  veut  pas  le  croire,  et  s'est  assis  la  dedans 
pour  attendre. 

Sgan.  Qu'il  attende,  tant  qu'il  voudra. 

D.  Juan.  Non,  au  contraire,  faites-le  entrer.  C'est 
une  fort  mauvaise  politique  que  de  se  faire  celer  aux 
creanciers.  II  est  bon  de  les  payer  de  quelque  chose, 
et  j'ai  le  secret  de  les  renvoyer  satisfaits  sans  leur 
donner  un  double. 


Scene  III 
DoM  Juan,  M.  Dimanchb,  Sganarellb,  Suite 

D.  Juan,  (faisant  de  grandes  civilites.)  Ah  !  Monsieur 
Dimanche,  approchez.  Que  je  suis  ravi  de  vous 
voir,  et  que  je  veux  de  mal  a  mes  gens  de  ne  vous 
pas  faire  entrer  d'abord  !  J'avais  donne'  ordre 
qu'on  ne  me  fit  parler  personne ;  mais  cet  ordre 
n'est  pas  pour  vous,  et  vous  etes  en  droit  de  ne 
trouver  jamais  de  porte  fermee  chez  moi. 

M.  Dim.  Monsieur,  je  vous  suis  fort  oblige. 

D.  Juan,  (parlant  h  ses  laquais.)  Parbleu  !  coquins,  je 
vous  apprendrai  a  laisser  M.  Dimanche  dans  une 
antichambre,  et  je  vous  ferai  connaitre  les  gens. 

M.  Dim.  Monsieur,  cela  n'est  rien. 

D.  Juan.  Comment?  vous  dire  que  je  n'y  suw  pas,  a 
M.  Dimanche,  au  meilleur  de  mes  amis  ? 


Bc.  III.]  DON  JUAN  223 

Scene  II 
Don  Juan,  La  Violette,  Sganaretxe 

La  Viol.  Monsieur,  one  of  your  tradesmen,  M.  Di- 
manche,  wants  to  speak  to  you. 

Sgan.  Good.  He  lacks  only  the  attentions  of  a  credi- 
tor. What  put  it  into  his  head  to  come  and  ask  us 
for  money  ?  Why  did  you  not  tell  him  your  master 
was  not  at  home .'' 

La  Viol.  I  told  him  that  three-quarters  of  an  hour 
ago,  but  he  would  not  believe  me.  He  sat  down 
there  to  wait. 

Sgan.  Let  him  wait  as  long  as  he  likes. 

D.  Juan.  No,  on  the  contrary,  let  him  come  in.  It  is 
very  bad  policy  to  hide  from  your  creditors.  It  is 
good  to  pay  them  with  something,  and  I  have  the 
secret  of  sending  them  away  satisfied  without  giving 
them  a  coin. 


Scene  III 
Don  Juan,  M.  Dimanohe,  Sganarellb,  Suite 

D.  Juan,  (bowing  very  politely.)  Ah  !  M.  Dimanche, 
come  in,  how  delighted  I  am  to  see  you.  I  am 
very  angry  with  my  attendants  because  they  did 
not  show  you  in  immediately.  I  had  given  orders 
that  I  would  not  see  anyone,  but  this  order  does 
not  apply  to  you  :  you  are  privileged  never  to  have 
the  door  shut  against  you  in  my  house. 

M.  Dim.  I  am  much  obliged  to  you.  Monsieur. 

D.  Juan,  (speaking  to  his  lackeys.)  Go  to  the  devil,  you 
villains,  I  will  teach  you  to  leave  M.  Dimanche  in 
an  ante-chamber ;  I  will  let  you  know  who  is  who. 

M.  Dim.  It  does  not  matter.  Monsieur. 

D.  Juan.  What?  To  say  I  am  not  in  to  M.  Di- 
manche, my  best  friend  ? 


224  DOM  JUAN  [acte  iv. 

M.  Dim.  Monsieur,  je  suis  votre  serviteur.     J'etais 

venu  .  .  . 
D,  Juan.  AUons  vite,  un  siege  pour  M.  Dimanche. 
M.  Dim.  Monsieur,  je  suis  bien  comme  cela. 
D.  Juan,  Point,  point,  je  veux  que  vous  soyez  assis 

contre  moi. 
M.  Dim.  Cela  n'est  point  necessaire. 
D.  Juan.  Otez  ce  pliant,  et  apportez  un  fauteuil. 
M.  Dim.  Monsieur^  vous  vous  moquez,  et  ,  .  . 
D.  Juan.  Non,  non,  je  sais  ce  que  je  vous  dois,  et  je 

ne  veux  point  qu'on  mette  de  diffe'rence  entre  nous 

deux. 
M.  Dim.  Monsieur  .  .  . 
D.  Juan.  AUons,  asseyez-vous. 
M.  Dim.  II  n'est  pas  besoin.  Monsieur,  et  je  n'ai  qu'un 

mot  a  vous  dire,     J'etais  .  .  . 
D.  Juan.  Mettez-vous  la,  vous  dis-je. 
M.  Dim.    Non,  Monsieur,  je  suis  bien.      Je  viens 

pour  .  .  . 
D.  Juan.  Non,  je  ne  vous  ecoute  point  si  vous  n'etes 

assis. 
M.  Dim.  Monsieur,je  faisce  que  vous  voulez.    Je  .  .  . 
D.  Juan.  Parbleu !    Monsieur  Dimanche,  vous  vous 

portez  bien. 
M.  Dim.  Oui,  Monsieur,  pour  vous  rendre  service.   Je 

suis  venu  .  .  . 
D.  Juan.  Vous  avez  un  fonds  de  sante  admirable,  des 

levres  fralches,  un  teint  vermeil,  et  des  yeux  vifs. 
M.  Dim.  Je  voudrais  bien  .  .  . 
D,  Juan.  Comment  se  porte  Madame  Dimanche,  votre 

epouse  .'* 
M.  Dim.  Fort  bien.  Monsieur,  Dieu  merci. 
D.  Juan.  C'est  une  brave  femme. 
M.  Dim.  Elle    est    votre    servante,    Monsieur.      Je 

venais  .  .  . 
D.  Juan.    Et  votre   petite  fiUe  Claudine,  comment 

se  porte-t-elle  ? 
M.  Dim.  Le  mieux  du  monde. 
D.  Juan.  La  jolie  petite  fille  que  c'est !  je  I'aime  de 

tout  mon  coeur. 


sc.  III.]  DON  JUAN  226 

M.  Dim.  I  am  your  servant.  Monsieur,  I  came  .  .  . 

D.  Juan.  Come,  quick,  a  seat  for  M.  Dimanche. 

M.  Dim.  I  am  very  well  as  I  am.  Monsieur. 

D.  Juan.  No,  no,  you  must  sit  down  by  my  side. 

M.  Dim.  It  is  not  necessary. 

D.  Juan.  Take  away  that  stool  and  bring  a  chair. 
M.  Dim.  You  are  jesting,  sir,  and  .  .  . 
D.  Juan.  No,  no,  I  know  what  I  owe  you,  and  I  will 
not  let  there  be  any  difference  between  us. 

M.  Dim.  Monsieur  .  .  . 

D.  Juan.  Come,  sit  down. 

M.  Dim.  There  is  no  need  for  that,  Monsieur,  I  have 

only  one  word  to  say  to  you.     I  came  .  .  . 
D.  Juan.  Sit  down  here,  I  say. 
M.  Dim.  No,  Monsieur,  I  am  quite  comfortable.     I 

came  to  .  .  . 
D.  Juan.  No,  I  will  not  listen  to  you  if  you  do  not 

sit  down, 
M.  Dim.  I  will  do  as  you  wish,  Monsieur.     I  .  .  . 
D.  Juan.  Upon  my  word,  M.   Dimanche,  you  look 

well. 
M.  Dim.  Yes,  Monsieur,  at  your  service.     I  came  .  . 

D.  Juan,  You  look  the  picture  of  health  :  fresh  lips, 

a  ruddy  complexion,  and  sparkling  eyes. 
M.  Dim.  I  should  be  glad  .  .  . 
D.  Juan.  How  is  Madame  Dimanche,  your  good  lady  ? 

M.  Dim.  Very  well.  Monsieur,  thank  heaven. 

D.  Juan.  She  is  a  fine  woman. 

M.  Dim.  She  is  your  servant.  Monsieur.    I  came  .  .  . 

D.  Juan.  And  your  little  daughter,  Claudine,  how  is 

she? 
M.  Dim.  Very  well  indeed. 
D.  Juan.  What  a  pretty  little  girl  she  is  !     I  love  her 

with  all  my  heart. 

p 


226  DOM  JUAN  [actb  iv. 

M.  Dim.  C'est  trop  d'honneur  que  vous  lui  faites, 
Monsieur.     Je  vous  .  .  . 

D.  Juan.  Et  le  petit  Colin,  fait-il  toujours  bien  du 
bruit  avec  son  tambour  ? 

M.  Dim.  Toujours  de  meme,  Monsieur.     Je  .  .  . 

D.  Juan.  Et  votre  petit  chien  Brusquet.''  gronde-t-il 
toujours  aussi  fort,  et  mord-il  toujours  bien  aux 
jambes  les  gens  qui  vont  chez  vous.'' 

M.  Dim.  Plus  que  jamais,  Monsieur,  et  nous  ne 
saurions  en  chevir. 

D.  Juan.  Ne  vous  etonnez  pas  si  je  m'informe  des 
nouvelles  de  toute  la  famille,  car  j'y  prends  beau- 
coup  d'interet. 

M.  Dim.  Nous  vous  sommes.  Monsieur,  infiniment 
obliges.     Je  .  .  . 

D.  Juan,  (lui  tendant  la  main.)  Touch ez  done  la.  Mon- 
sieur Dimanche.     f^tes-vous  bien  de  mes  amis .'' 

M.  Dim.  Monsieur  je  suis  votre  serviteur. 

D.  Juan.  Parbleu  !  je  suis  a  vous  de  tout  mon  coeur. 

M.  Dim.  Vous  m'honorez  trop.     Je  .  .  . 

D.  Juan.  II  n'y  a  rien  que  je  ne  fisse  pour  vous. 

M.  Dim.  Monsieur,  vous  avez  trop  de  bonte  pour  moi. 

D.  Juan.  Et  cela  sans  interet,  je  vous  prie  de  le  croire. 

M.  Dim.  Je  n'ai  point  merite  cette  grace  assurdment. 

Mais,  Monsieur  .  .  . 
D.  Juan.  Oh   §a.  Monsieur  Dimanche,  sans  fa^on, 

voulez-vous  souper  avec  moi  ? 
M.  Dim.  Non,  Monsieur,  il  faut  que  je  m'en  retourne 

tout  a  I'heure.     Je  .  .  . 
D.  Juan,  (se  levant.)    Aliens,  vite  un  flambeau  pour 

conduire  M.  Dimanche,  et  que  quati-e  ou  cinq  de 

mes  gens  prennent  des  mousquetons  pour  I'escorter. 
M.  Dim,   (se  levant  de  mSme.)    Monsieur,   il  n'est  pas 

n^cessaire,  et  je  m'en  irai  bien  tout  seul.    Mais  .  .  . 
(SoAj^ABELLE  ote  les  sieges  promptement.) 
D,  Juan.  Comment?  je  veux  qu  on  vous  escorte,  et  je 

m'interesse  trop  a  votre  personne.     Je  suis  votre 

serviteur,  et  de  plus,  votre  debiteur. 


sc.  in.]  DON  JUAN  227 

M.  Dim.  You  do  her  too  much  honour^  Monsieur.     I 

wish  .  .  . 
D.  Juan.  And  does  little  Colin  still  make  as  much 

noise  with  his  drum  ? 
M.  Dim.  Just  as  much,  Monsieur.     I  .  .  . 
D.  Juan.  And  does  your  little  dog,  Brusquet,  bark 

as  loud  as  ever,  and  bite  the  legs  of  people  who 

come  to  see  you  as  viciously  as  ever .'' 
M.  Dim.  More   than    ever.   Monsieur.      We  cannot 

break  him  of  the  habit. 
D.  Juan.  Do  not  be  surprised  if  I  ask  news  of  your 

whole  family,  for  I  take  a  deep  interest  in  it. 

M.  Dim.  We  are  greatly  obliged  to  you.     I  .  .  . 

D.  Juan,  (holding  out  his  hand.)  Shake  hands,  then. 
Monsieur  Dimanche.  Are  you  really  a  friend  of 
mine .'' 

M.  Dim.  Monsieur,  I  am  your  servant. 

D.  Juan.  Upon  my  word,  I  am  yours  with  all  my 
heart. 

M.  Dim.  You  do  me  too  much  honour.     I  .  .  , 

D.  Juan.  There  is  nothing  I  would  not  do  for  you, 

M.  Dim.  You  are  too  good  to  me.  Monsieur. 

D.  Juan.  And  it  is  without  any  motive,  I  would  beg 
you  to  believe. 

M.  Dim.  I  certainly  have  not  merited  this  favour. 
But,  Monsieur  .  .  . 

D.  Juan.  Oh !  nonsense,  Monsieur  Dimanche ;  will 
you  sup  with  me  in  a  simple  way  } 

M.  Dim.  No,  Monsieur,  I  must  return  home  imme- 
diately.    I  .  .  . 

D.  Juan,  (rising.)  Come,  quick  !  A  torch  to  light 
Monsieur  Dimanche,  and  let  four  or  five  of  my 
fellows  take  their  muskets  to  escort  him. 

M.  Dim.  (rising  also.)   It  is  not  necessary.  Monsieur. 
I  can  go  quite  well  by  myself.     But  .  .  . 
(SoANABBLLE  quickly  removes  the  seats. ) 

D.  Juan.  No  !  They  shall  escort  you,  I  am  too  much 
concerned  for  your  person  :  I  am  your  servant,  and 
what  is  more,  your  debtor. 


J28  DOM  JUAN  [aote  iv. 

M.  Dim.  Ah  !  Monsieur  .  .  . 

D.  Juan.  C'est  une  chose  que  je  ne  cache  pas,  et  je  le 
dis  a  tout  le  monde. 

M.  Dim.  Si  .  .  . 

D.  Juan.  Voulez-vous  que  je  vous  reconduise .'' 

M.  Dim.  Ah  !  Monsieur,  vous  vous  moquez !  Mon- 
sieur .  .  . 

D.  Juan.  Embrassez-moi  done,  s'il  vous  plait.  Je 
vous  prie  encore  une  fois  d'etre  persuade  que  je 
suis  tout  a  vous,  et  qu'il  n'y  a  rien  au  monde  que  je 
ne  fisse  pour  votre  service,     (ii  sort.) 

SoAN.  II  faut  avouer  que  vous  avez  en  Monsieur  un 
homme  qui  vous  aime  bien. 

M.  Dim.  II  est  vrai ;  il  me  fait  tant  de  civilit^s  et 
tant  de  compliments,  que  je  ne  saurais  jamais  lui 
demander  de  I'argent. 

Sqan.  Je  vous  assure  que  toute  sa  maison  perirait 
pour  vous ;  et  je  voudrais  qu'il  vous  arrivat  quelque 
chose,  que  quelqu'un  s'avisat  de  vous  donner  des 
coups  de  baton  :  vous  verriez  de  quelle  maniere  .  .  . 

M.  Dim.  Je  le  crois ;  mais,  Sganarelle,  je  vous  prie 
de  lui  dire  un  petit  mot  de  mon  argent. 

Sgan.  Oh  !  ne  vous  mettez  pas  en  peine,  il  vous 
payera  le  mieux  du  monde. 

M.  Dim.  Mais  vous,  Sganarelle,  vous  me  devez  quel- 
que chose  en  votre  particulier. 

Sgan.  Fi !  ne  parlez  pas  de  cela. 

M.  Dim.  Comment?    Je  .  .  . 

Scan.  Ne  sais-je  pas  bien  que  je  vous  dois  ? 

M.  Dim.  Oui,  mais  ... 

Sgan.  Allons,  Monsieur  Dimanche,  je  vais  vous 
eclairer. 

M.  Dim.  Mais  mon  argent  .  .  . 

Sgan.  (Prenant  M.  Dimanche  par  le  bras.)  Vous  moquez- 
vous? 

M.  Dim.  Je  veux  .  .  . 

Sgan.   (Le  tirant.)  Eh  ! 

M.  Dim.  J'entends  .  .  . 

Sgan.  (Le  poussant. )  Bagatelles. 

M.  Dim.  Mais  .  .  . 


80.  III.]  DON  JUAN        -  ■"        '     229 

M.  Dim.  Ah  !  Monsieur  .  .  . 

D.  Juan.  It  is  a  thing  I  do  not  hide^  and  I  tell  it  to 

everybody. 
M.  Dim.  If  .  .   . 

D.  Juan.  Do  you  wish  me  to  see  you  home  ? 
M.  Dim.  Ah,  Monsieur,  you  jest.     Monsieur  .  .  . 

D.  Juan.  Embrace  me,  then,  I  pray  you.  I  beg  you 
once  more  to  rest  assured  I  am  entirely  yours  and 
that  there  is  nothing  in  the  world  I  would  not  do  to 
serve  you.     (He  goes  out.) 

Sgan.  I  must  confess  that  my  master  is  a  man  who 
quite  likes  you. 

M.  Dim.  It  is  true.  He  is  so  polite  to  me  and  pays 
me  so  many  compliments  that  I  can  never  ask  him 
for  money. 

Sgan.  I  assure  you  all  his  household  would  die  for 
you.  I  wish  something  would  happen  to  you^  that 
some  one  would  take  it  into  his  head  to  give  you 
the  stick — you  would  see  how  .  .  . 

M.  Dim.  I  believe  it ;  but,  Sganarelle,  pray  put  in  a 
word  for  me  about  my  money. 

Sgan.  Oh,  do  not  be  uneasy  about  that ;  he  will  pay 
you  as  sure  as  anything. 

M.  Dim.  But  you,  Sganarelle,  you  owe  me  something 
on  your  own  account. 

Sgan.  Fi !  do  not  talk  of  that. 

M.  Dim.  Why.?    I  .  .  . 

Sgan.  Don't  I  know  quite  well  I  owe  you  something  ? 

M.  Dim.  Yes,  but  .  .  . 

Sgan.  Come,  Monsieur  Dimanche,  I  will  light  you  to 
the  door. 

M.  Dim.  But  my  money  .  .  . 

Sgan.  (Taking  M.  Dimanche  by  the  arm.)  You  are  jest- 
ing? 

M.  Dim.   I  wish  .  .  . 

Scan.  (Pulling  him.)  Ah  ! 

M.  Dim.  I  must  .  .  . 

Sgan.  (Pushing  him.)  Fiddlesticks! 

M.  Dim.  But  .  .  . 


230  DOM  JUAN  [actb  iv. 

Sgan.  (Le  poussant.)  Fi ! 
M.  Dim.  Je  .  .  . 

Sgan.   (Le  poussant  tout  k  fait  hors  du  thdfttre.)  Fi  !  V0U8 
dis-je. 


Sc^NE  IV 
DoM  Louis,  Dom  Juan,  La  Violette,  Sganarelle 

La  Viol.  Monsieur,  voila  Monsieur  votre  pere. 

D.  Juan.  Ah !  me  voici  bien :  II  me  fallait  cette 
visite  pour  me  fairs  enrager. 

D.  Louis.  Je  vois  bien  que  je  vous  embarrasse,  et  que 
vous  vous  passeriez  fort  aisement  de  ma  venue.  A 
dire  vrai,  nous  nous  incommodons  etrangement  I'un 
et  I'autre  ;  et  si  vous  etes  las  de  me  voir,  je  suis  bien 
las  aussi  de  vos  deportements.  Helas  !  que  nous 
Savons  peu  ce  que  nous  faisons  quand  nous  ne 
laissons  pas  au  Ciel  le  soin  des  choses  qu'il  nous 
faut,  quand  nous  voulons  etre  plus  avises  que  lui,  et 
que  nous  venons  a  I'importuner  par  nos  souhaits 
aveugles  et  nos  demandes  inconsiderees !  J'ai 
souhaite  un  fils  avec  des  ardeurs  non  pareilles ;  je 
I'ai  demande  sans  relache  avec  des  transports  in- 
croyables ;  et  ce  fils,  que  j'obtiens  en  fatiguant  le 
Ciel  de  voeux,  est  le  chagrin  et  le  supplice  de  cette 
vie  meme  dont  je  croyais  qu'il  devait  etre  la  joie  et 
la  consolation.  De  quel  ceil,  a  votre  avis,  pensez- 
vous  que  je  puisse  voir  cet  amas  d'actions  indignes, 
dont  on  a  peine,  aux  yeux  du  monde,  d'adoucir  le 
mauvais  visage,  cette  suite  continuelle  de  mechantes 
affaires,  qui  nous  reduisent,  a  toute  heure,  a  lasser 
les  bontes  du  Souverain,  et  qui  ont  dpuise  aupres 
de  lui  le  merite  de  mes  services  et  le  credit  de  mes 
amis .''  Ah  !  quelle  bassesse  est  la  votre !  Ne 
rougissez-vous  point  de  meriter  si  peu  votre  nais- 
sance?  Etes-vous  en  droit,  dites-moi,  d'en  tirer 
quelque  vanity  ?  et  qu'avez-vous  fait  dans  le  monde 
pour  etre  gentilhomme .''    Croyez-vous  qu'il  suffice 


sc.  IV.] 


DON  JUAN 


231 


Sgan,  (Pushing  him.)  Fi  ! 

M.  Dim.  I  .  .  . 

Sgan.  (Pushing  him  completely  ofiF  the  stage.)  Fi  !  I  say. 


Scene  IV 
Don  Louis,  Don  Juan,  La  Violettb,  Soanabeixe 

La  Viol.  Monsieur,  here  is  your  father. 

D.  Juan.  Ah  !  worse  luck  !     It  needed  but  this  visit^^ 
to  drive  me  mad. 

D.  Louis.  I  see  plainly  I  am  unwelcome  and  that  you 
could  very  easily  have  dispensed  with  my  visit.  To 
say  the  truth,  we  are  each  of  us  very  objectionable 
to  the  other,  and,  if  you  are  tired  of  seeing  me,  I 
am  also  quite  tired  of  your  carryings  on.  Alas  ! 
How  little  we  know  what  we  do  when  we  do  not 
allow  heaven  to  judge  what  is  best  for  us ;  when 
we  wish  to  be  wiser  than  it  is  and  importune  it  with 
our  blind  desires  and  our  inconsiderate  demands. 
I  longed  passionately  for  a  son.  I  ceaselessly 
prayed  for  one  with  inconceivable  fervour,  and  this 
son  whom  I  obtained  by  wearying  heaven  with  my 
prayers  is  the  grief  and  the  punishment  of  that 
very  life  of  which  I  thought  he  would  be  the  joy 
and  the  consolation.  With  what  eyes,  do  you 
think,  I  can  look  on  the  multitude  of  disgraceful 
actions  the  evil  aspect  of  which  we  can  hardly  hide 
from  the  eyes  of  the  world  ;  that  continued  series 
of  villainous  affairs  which  hourly  compels  us  to 
weary  the  goodness  of  the  Sovereign,  and  which  has 
exhausted  with  respect  to  him  the  merit  of  my 
services  and  the  influence  of  my  friends?  Oh  ! 
what  baseness  is  yours  !  Do  you  not  blush  to  be  so 
little  worthy  of  your  birth  ?  Tell  me,  have  you  any 
right  to  be  proud  of  it  ?  "What  have  you  done  in 
the  world  to  make  you  a  gentleman ,''  Do  you  think 
it  is  sufficient  to  bear  the  name  and  the  arms  of  one. 


K 


h^ 


232  DOM  JUAN  [actb  iv. 

d'en  porter  le  nom  et  les  armes,  et  que  ce  nous  soit 
une  gloire  d'etre  sortis  d'un  sang  noble  lorsque 
nous  vivons  en  infames?  Non,  non,  la  naissance 
n'est  rien  ou  la  vertu  n'est  pas,  Aussi  nous  n'avons 
part  a  la  gloire  de  nos  ancetres  qu'autant  que  nous 
nous  efFor§ons  de  leur  ressembler ;  et  cet  eclat  de 
leurs  actions  qu'ils  repandent  sur  nous,  nous  impose 
un  engagement  de  leur  faire  le  meme  honneur,  de 
suivre  les  pas  qu'ils  nous  tracent,  et  de  ne  point 
degenerer  de  leur  vertu,  si  nous  voulons  etre  estimes 
leurs  veritables  descendants.  Ainsi  vous  descendez 
en  vain  des  a'ieux  dont  vous  etes  ne  :  ils  vous  ddsa- 
vouent  pour  leur  sang,  et  tout  ce  qu'ils  ont  fait 
d'illustre  ne  vous  donne  aucun  avantage ;  au 
contraire,  I'eclat  n'en  rejaillit  sur  vous  qu'a  votre 
deshonneur,  et  leur  gloire  est  un  flambeau  qui 
eclaire  aux  yeux  d'un  chacun  la  honte  de  vos  actions. 
Apprenez  enfin  qu'un  gentilhomme  qui  vit  mal  est 
un  monstre  dans  la  nature,  que  la  vertu  est  le 
premier  titre  de  noblesse,  que  je  regarde  bien  moins 
au  nom  qu'on  signe  qu'aux  actions  qu'on  fait,  et  que 
je  ferais  plus  d'etat  du  fils  d'un  crocheteur  qui 
serait  honnete  homme,  que  du  fils  d'un  monarque 
qui  vivrait  comme  vous. 

D.  Juan.  Monsieur,  si  vous  etiez  assis,  vous  en  seriez 
mieux  pour  parler. 

D.  Louis.  Non,  insolent,  je  ne  veux  point  m'asseoir, 
ni  parler  da  vantage,  et  je  vois  bien  que  toutes  mes 
paroles  ne  font  rien  sur  ton  ame.  Mais  sache,  fils 
indigne ;  que  la  tendresse  paternelle  est  poussee  a 
bout  par  tes  actions,  que  je  saurai,  plus  tot  que 
tu  ne  penses,  mettre  une  borne  a  tes  dereglements, 
prevenir  sur  toi  le  courroux  du  Ciel,  et  laver  par 
ta  punition  la  honte  de  t' avoir  fait  naitre.  (II  sort.) 


80.  IV.]  DON  JUAN  233 

and  that  it  is  any  glory  to  be  sprung  from  noble 
blood  when  one  lives  in  infamy  ?  No,  no ;  where 
virtue  is  wanting  birth  does  not  signify  anything. 
We  have  no  share  in  the  glory  of  our  ancestors, 
unless  we  strive  to  be  like  them.  The  lustre  which 
their  actions  throw  on  us,  forces  upon  us  the 
obligation  to  do  them  a  like  honour,  to  follow  in 
the  steps  they  have  traced  for  us,  and  not  to 
degenerate  from  their  virtues  if  we  would  be 
esteemed  their  true  descendants.  So,  in  vain  do 
you  descend  from  those  ancestors  whose  blood  runs 
in  your  veins:  they  disown  you  as  one. of  their  race, 
and  none  of  their  illustrious  achievements  avails 
you  anything ;  on  the  contrary,  their  credit 
redounds  only  to  your  discredit  and  their  glory  is  a 
torch  which  shows  to  the  eyes  of  all  the  infamy  of 
your  deeds.  Know,  indeed,  that  a  man  of  noble 
blood  who  leads  a  bad  life  is  an  unnatural  monster ; 
that  virtue  is  the  chief  title  to  nobility ;  that  I 
regard  far  less  the  name  which  one  signs  than  the 
actions  which  one  performs ;  and  that  I  would 
rather  be  the  son  of  a  porter  and  honest  than  the 
son  of  a  monarch  and  like  you. 

D.  Juan,  If  you  would  sit  down.  Monsieur,  you  could 
talk  much  more  comfortably. 

D.  Louis.  No,  insolent  wretch,  I  do  not  want  either 
to  sit  down  or  to  talk  any  more.  I  see  plainly 
that  nothing  I  say  makes  any  impression  on  your 
mind.  But  know,  unworthy  son,  that  your  actions 
have  driven  my  fatherly  tenderness  to  its  last 
extremity.  Sooner  than  you  think  I  .shall  put  a 
stop  to  your  irregularities,  forestall  the  vengeance  . 
of  heaven  upon  you,  and,  by  your  punishment,  wash  i 
out  the  shame  of  having  given  you  birth.  '^ 


234  DOM  JUAN  [actb  it. 

SciNE    V 

DoM  Juan,  Sganarelle 

D.  Juan.  Eh  !  mourez  le  plus  tot  que  vous  pourrez, 
c'est  le  mieux  que  vous  puissiez  faire.  II  faut  que 
chacun  ait  son  tour,  et  j'enrage  de  voir  des  peres 
qui  vivent  autant  que  leurs  fils.  (H  bo  met  dans  son 
fauteuil.) 

Sgan.  Ah  !  Monsieur,  vous  avez  tort. 

D.  Juan.  J'ai  tort  ? 

Sgan.  Monsieur  .  .  . 

D.  Juan.  (Se  l^ve  deson  si^ge.)  J'ai  tort? 

Sgan.  Oui,  Monsieur,  vous  avez  tort  d'avoir  souffert 
ce  qu'il  vous  a  dit,  et  vous  le  deviez  mettre  dehors 
par  les  epaules.  A-t-on  jamais  rien  vu  de  plus 
impertinent  ?  Un  pere  venir  faire  des  remontrances 
a  son  fils,  et  lui  dire  de  corriger  ses  actions,  de  se 
ressouvenir  de  sa  naissance,  de  mener  une  vie 
d'honnete  homme,  et  cent  autres  sottises  de  pareille 
nature  !  Cela  se  peut-il  soufFrir  a  un  homme  comme 
vous,  qui  savez  comme  il  faut  vivre  ?  J'admire  votre 
patience  ;  et  si  j'avais  ete  en  votre  place,  je  I'aurais 
envoye  promener.  O  complaisance  maudite  !  a  quel 
me  reduis-tu .'' 

D.  Juan.  Me  fera-t-on  souper  bientot  ? 


Sc^NE  VI 
DoM  Juan,  Done  Elvire,  Ragotin,  Sganarelle 

Rag.  Monsieur,  voici  une  dame  voilee  qui  vient  vous 

parler. 
D.  Juan.  Que  pourrait-ce  etre  ? 
Sgan.  II  faut  voir. 
D.  Elv.  Ne  soyez  point  surpris,  Dom  Juan,  de  me 

voir  a  cette  heure  et  dans  cet  Equipage.     C'est  un 


80.  VI.]  DON  JUAN  236 

Scene  V 

Don  Juan,  Soanarellb 

D.  Juan.  Well,  die  as  soon  as  you  can,  it  is  the  best 
thing  you  can  do.  Every  one  should  have  his  turn. 
It  drives  me  crazy  to  see  fathers  who  live  as  long  as 
their  sons.     (He  throws  himself  into  his  arm-chair.) 

Sgan.  Ah  !  Monsieur,  you  are  wrong. 

D.  Juan.  I  am  wrong  ? 

Sgan.  Monsieur  .  .  . 

D.  Juan,  (Rises  from  his  seat.)  I  am  wrong? 

Sgan.  Yes,  Monsieur,  you  are  wrong  to  have  endured 
what  he  said  to  you.  You  ought  to  have  turned 
him  out  by  the  shoulders.  Did  anybody  ever  see 
anything  more  impertinent  ?  A  father  to  come  and 
remonstrate  with  his  son,  to  tell  him  to  reform  his 
ways,  to  remind  him  of  his  birth,  to  tell  him  to 
live  the  life  of  a  respectable  man  and  a  hundred 
other  silly  things  of  the  same  nature.  Can  such  a 
man  as  you,  who  know  how  to  live,  endure  such  a 
thing .''  I  marvel  at  your  patience.  If  I  had  been  in 
your  place  I  should  have  sent  him  about  his  busi- 
ness. O  cursed  complaisance,  to  what  do  you  bring 
me  !  — — — 

D,  "Juan.  Will  supper  be  ready  soon  ? 


Scene  VI 
Don  Juan,  Donna  Elvibe,  Ragotin,  Soanarellb 

Rag.  a  lady,  whose  face  is  veiled,  wants  to  speak  to 

you.  Monsieur. 
D.  Juan.  Who  can  it  be  ? 
Sgan.  We  must  see. 
D.  Elv.  Do  not  be  surprised,  Don  Juan,  to  see  me 

at  this  hour  and  in  this  dress.     It  is  an  urgent 


236  DOM  JUAN  [acte  iv. 

motif  pressant  qui  m'oblige  a  cette  visite,  et  ce  que 
j'ai  a  vous  dire  ne  veut  point  du  tout  de  retarde- 
ment.  Je  ne  viens  point  ici  pleine  de  ce  courroux 
que  j'ai  tantot  fait  eclater,  et  vous  me  voyez  bien 
cbangee  de  ce  que  j'etais  ce  matin.  Ce  n'est  plus 
cette  Done  Elvire  qui  faisait  des  voeux  contre  vous, 
et  dont  Tame  irritee  ne  jetait  que  menaces  et  ne 
respirait  que  vengeance.  L6  Ciel  a  banni  de  mon 
ame  toutes  ces  indignes  ardeurs  que  je  sentais  pour 
vous,  tous  ces  transports  tumultueux  d'un  attache- 
ment  criminel,  tous  ces  honteux  emportements  d'un 
amour  terrestre  et  grossier;  et  il  n'a  laisse  dans 
mon  coeur  pour  vous  qu'une  flamme  epuree  de  tout 
le  commerce  des  sens,  une  tendresse  toute  sainte, 
un  amour  detache  de  tout,  qui  n'agit  point  pour 
soi,  et  ne  se  met  en  peine  que  de  votre  interet. 

D.  Juan,  (h.  Sqanarklle.)  Tu  pleures,  je  pense."* 

Sgan.  Pardonnez-moi. 

D.  Elv.  C'est  ce  parfait  et  pur  amour  qui  me  conduit 
ici  pour  votre  bien,  pour  vous  faire  part  d'un  avis 
du  Ciel,  et  tacher  de  vous  retirer  du  precipice  ou 
vous  courez.  Oui,  Dom  Juan,  je  sais  tous  les  de- 
reglements  de  votre  vie,  et  ce  meme  Ciel  qui  m'a 
touche  le  coeur  et  fait  jeter  les  yeux  sur  les  egare- 
ments  de  ma  conduite,  m'a  inspire  de  vous  venir 
trouver,  et  de  vous  dire,  de  sa  part,  que  vos  oiFenses 
ont  epuise  sa  misericorde,  que  sa  colere  redoutable 
est  pres  de  tomber  sur  vous,  qu'il  est  en  vous  de 
I'eviter  par  un  prompt  repentir,  et  que  peut-etre 
vous  n'avez  pas  encore  un  jour  a  vous  pouvoir 
soustraire  au  plus  grand  de  tous  les  malheurs. 
Pour  moi,  je  ne  tiens  plus  a  vous  par  aucun  attache- 
ment  du  monde ;  je  suis  revenue,  graces  au  Ciel, 
de  toutes  mes  folles  pense'es ;  ma  retraite  est  re- 
solue,  et  je  ne  demande  qu'assez  de  vie  pour  pouvoir 
expier  la  faute  que  j'ai  faite,  et  m^riter,  par  une 
austere  penitence,  le  pardon  de  I'aveuglement  ou 
m'ont  plongee  les  transports  d'une  passion  con- 
damnable.  Mais,  dans  cette  retraite,  j'aurais  une 
douleur  extreme  qu'une  personne  que  j'ai  cherie 


8c.  VI.]  DON  JUAN  237 

motive  which  obliges  me  to  make  you  this  visit,  and 
what  I  have  to  say  to  you  will  not  admit  of  any 
delay.  I  do  not  come  here  full  of  that  wrath  which 
I  showed  recently.  You  see  me  much  changed  from 
what  I  was  this  morning.  I  am  not  that  Donna 
Elvire  who  uttered  imprecations  against  you,  whose 
irritated  soul  discharged  nought  but  threats  and 
breathed  only  revenge.  Heaven  has  banished  from 
my  soul  all  that  unworthy  passion  I  had  for  you ; 
all  those  tumultuous  ravings  of  a  criminal  attach- 
ment ;  all  those  shameful  outbursts  of  a  gross  and 
earthly  love.  It  has  left  in  my  heart,  with  regard 
to  you,  only  a  flame  refined  from  all  sensual  feel- 
ings ;  a  perfectly  holy  tenderness  ;  a  love  detached 
from  everything,  which  is  not  actuated  by  selfish- 
ness, and  which  concerns  itself  only  in  your 
interest. 

D.  Juan,  (to  Sqanaeklle.)  I  think  you  are  weeping. 

SoAN.  Pardon  me. 

D.  Elv.  It  is  this  perfect  and  pure  love  which  brings 
me  here  for  your  good,  to  give  you  a  warning  from 
heaven  and  to  try  to  turn  you  aside  from  the  pre- 
cipice towards  which  you  are  running.  Yes,  Don 
Juan,  every  irregularity  of  your  life  is  known  to 
me.  The  same  heaven  which  touched  my  heart  and 
caused  me  to  look  upon  the  errors  of  my  ways,  has 
inspired  me  to  come  and  find  you,  and  to  say  to 
you,  in  its  name,  that  your  ofi'ences  have  exhausted 
its  mercy,  that  its  dreadful  wrath  is  ready  to  fall 
on  you,  that  it  rests  with  you  to  avoid  it  by  a 
prompt  repentance,  and  that  perhaps  you  have  not 
another  day  to  save  yourself  from  the  greatest  of 
all  miseries.  As  for  me,  I  am  no  longer  attached  to 
you  by  any  earthly  ties.  I  am  reclaimed,  thank 
Heaven,  from  all  my  worldly  thoughts.  I  have 
resolved  to  go  into  retirement.  I  do  not  ask  for 
more  of  life  than  may  suffice  to  expiate  the  sin  of 
which  I  have  been  guilty.  I  seek  to  merit,  by  an 
austere  penitence,  forgiveness  of  the  blindness  into 
which  the  violence  of  a  guilty  passion  plunged  me. 


238  DOM  JUAN  [acte  it. 

tendrement  devint  un  exemple  funeste  de  la  justice 
du  Ciel ;  et  ce  me  sera  une  joie  incroyable  si  je 
puis  vous  porter  a  de'tourner  de  dessus  votre  tete 
repouvantable  coup  qui  vous  menace.  De  gi*ace, 
Dom  Juan,  accordez-moi,  pour  derniere  faveur,  cette 
douce  consolation ;  ne  me  refusez  point  votre  salut, 
que  je  vous  demande  avec  larmes  ;  et  si  vous  n'etes 
point  touche  de  votre  interet,  soyez-le  au  moins  de 
mes  prieres,  et  m'eparg^ez  le  cruel  de'plaisir  de 
vous  voir  condamner  a  des  supplices  eternels. 


Scan.  Pauvre  femme  ! 

D.  Elv.  Je  vous  ai  aime  avec  une  tendresse  extreme, 
rien  au  monde  ne  m'a  ete  si  cher  que  vous ;  j'ai 
oublie  mon  devoir  pour  vous,  j'ai  fait  toutes  choses 
pour  vous ;  et  toute  la  recompense  que  je  vous  en 
demande,  c'est  de  corriger  votre  vie,  et  de  prevenir 
votre  perte.  Sauvez-vous,  je  vous  prie,  ou  pour 
I'amour  de  vous,  ou  pour  I'amour  de  moi.  Encore 
une  fois,  Dom  Juan,  je  vous  le  demande  avec 
larmes ;  et  si  ce  n'est  assez  des  larmes  d'une  per- 
sonne  que  vous  avez  aimee,  je  vous  en  conjure  par 
tout  ce  qui  est  le  plus  capable  de  vous  toucher. 

Scan.  Coeur  de  tigre  ! 

D.  Elv.  Je  m'en  vais,  apres  ce  discours,  et  voila  tout 
ce  que  j 'avals  a  vous  dire. 

D.  Juan.  Madame,  il  est  tard,  demeurez  ici :  on  vous 
y  logera  le  mieux  qu'on  pourra. 

D.  Elv.  Non,  Dom  Juan,  ne  me  retenez  pas  davan- 
tage. 

D.  Juan.  Madame,  vous  me  ferez  plaisir  de  demeurer, 
je  vous  assure. 

D.  Elv.  Non,  vous  dis-je,  ne  perdons  point  de  temps 
en  discours  superflus.  Laissez-moi  vite  aller,  ne 
faites  aucune  instance  pour  me  conduire,  et  songez 
eeulement  a  profiter  de  mon  avis. 


SC.  VI.] 


DON  JUAN 


239 


But,  in  this  retreat,  I  should  be  deeply  grieved  if 
a  person,  towards  whom  I  cherished  feelings  of 
tenderness,  should  become  a  dreadful  example  of 
the  justice  of  heaven  ;  and  it  would  be  an  unspeak- 
able pleasure  to  me  if  I  could  prevail  upon  you  to 
ward  oflf  the  terrible  blow  which  threatens  you.  I 
beseech  you,  Don  Juan,  as  a  last  favour,  to  grant 
me  this  soothing  consolation.  Do  not  refuse  me 
your  own  salvation,  which  1  beg  of  you  with  tears ; 
and,  if  your  own  interest  does  not  move  you,  at  least 
listen  to  my  entreaties,  and  spare  me  the  cruel 
affliction  of  seeing  you  condemned  to  eternal 
torture. 

Sgan.  Poor  woman  ! 

D.  Elv.  I  loved  you  very  tenderly ;  nothing  in  the 
world  was  so  dear  to  me  as  you.  I  forgot  my  duty 
for  your  sake ;  I  have  done  everything  for  you ; 
and  the  only  recompense  I  beg  of  you  is  that  you 
would  reform  your  life  and  ward  off  your  eternal 
destruction.  Save  yourself,  I  beseech  you,  whether 
for  the  love  of  yourself  or  for  the  love  of  me. 
Once  more,  Don  Juan,  I  beg  it  of  you  with  tears  ; 
and,  if  the  tears  of  a  person  whom  once  you  loved 
will  not  suffice,  I  ask  you  to  do  it  by  all  that  is 
most  capable  of  moving  you. 

SoAN.  He  has  the  soul  of  a  tiger  ! 

D.  Elv.  Now  that  I  have  said  this,  I  go.  That  is  all 
I  have  to  say  to  you. 

D.  Juan.  It  is  late.  Madam.  Stay  here,  we  will  g^ve 
you  as  good  a  lodging  as  we  can. 

D.  Elv.  No,  Don  Juan,  do  not  detain  me  any 
longer. 

D.  Juan.  You  will  cause  me  much  pleasure  by  re- 
maining, Madam,  I  assure  you. 

D.  Elv.  No,  I  tell  you,  do  not  let  us  waste  time  in 
needless  talk  ;  let  me  go  immediately ;  do  not 
insist  upon  accompanying  me  back,  but  think  only 
how  you  may  profit  by  my  warning. 


'i:^ 


240  DOM  JUAN  [acte  iv. 

ScAne  VII 
DoH  JvAN,  Sganarelle^  Suito 

D.  Juan.  Sais-tu  bien  que  j'ai  encore  senti  quelque 
peu  d'emotion  pour  elle,  que  j'ai  trouve  de  I'agre- 
ment  dans  cette  nouveaute  bizarre,  et  que  sou  habit 
neglige,  son  air  languissant  et  ces  larmes  ont  reveille 
en  moi  quelques  petits  restes  d'un  feu  eteint  ? 

Sgan.  C'est-a-dire  que  ses  paroles  n'ont  fait  aucun 
effet  sur  vous. 

D.  Juan.  Vite  a  souper. 

Sgan.  Fort  bien. 

D.  Juan,  (se  mettant  h.  table.)  Sganarelle,  il  faut  songer 
a  s'amender  pourtant. 

Sgan.  Oui-da ! 

D.  Juan.  Oui,  ma  foi !  11  faut  s'amender ;  encore 
vingt  ou  trente  ans  de  cette  vie-ci,  et  puis  nous 
songerons  a  nous. 

Sgan.  Oh! 

D.  Juan.  Qu'en  dis-tu  ? 

Sgan.  Rien.     Voila  le  soupe. 

(II  prend  im  morceau  d'un  des  plats  qu'on  apporte,  et  le 
met  dans  sa  bouche.) 

D.  Juan.  II  me  semble  que  tu  as  la  joue  enflee  ;  qu'est- 
ce  que  c'est  ?    Parle  done,  qu'as-tu  la .'' 

Sgan.  Rien. 

D.  Juan.  Montre  un  peu.  Parbleu  !  c'est  une  fluxion 
qui  lui  est  tombee  sur  la  joue.  Vite  une  lancette 
pour  percer  cela.  Le  pauvre  gargon  n'en  peut  plus, 
et  cet  abces  le  pourrait  etouffer.  Attends ;  voyez 
comme  il  etait  mur.     Ah  !  coquin  que  vous  etes  ! 

Sgan.  Ma  foi !  Monsieur,  je  voulais  voir  si  votre  cuisi- 
nier  n'avait  point  mis  trop  de  sel  ou  trop  de  poivre. 

D.  Juan.  Aliens,  mets-toi  la,  et  mange.  J'ai  affaire 
de  toi,  quand  j'aurai  soupe.  Tu  as  faim,  a  ce  que 
je  vols. 


8c.  vii.]  DON  JUAN  241 

Scene  VII 
Doff  Juan,  Sganabelle,  Suite 

D.  Juan.  Do  you  know,  I  felt  once  more  a  little  regard 

for  her.      I  found    something    agreeable  in  this 

strange  adventure  and   her  negligent  dress :   her 

languishing  air  and  her  tears  awaked  in  me  some 

few  embers  of  a  dying  flame. 
Sgan.  That  is  as  much  as  to  say  her  words  have  not 

had  any  effect  upon  you. 
D.  Juan.  Quick,  let  us  have  supper. 
Sgan.  Very  well. 
D.  Juan,  (seating  himself  at  the  table.)   We  must  think 

of  amending  our  lives  somewhat,  Sganarelle. 
Sgan.  To  be  sure. 
D.  Juan.  Yes,   upon    my   word,   we    must   reform ; 

twenty  or  thirty  years  more  of  this  life  and  then 

we  will  think  about  it. 
Sgan.  Oh! 

D.  Juan.  What  do  you  think  of  that  ?  (  C^ 

Sgan.  Nothing,  here  comes  the  supper. 

(He  takea  a  piece  from  one  of  the  plates  brought  him  and 

puts  it  in  his  mouth.) 

D.  Juan.  It  seems  to  me  that  your  cheek  is  swollen. 

What  is  the  matter.''    Tell  me,   what   have  you 

there  } 
Sgan.  Nothing. 
D.  Juan.  Show  it  me.      Upon  my   word,  it  is  an 

abscess  on  the   cheek.      Bring   a    lancet,    quick, 

to  open  it.     The  poor  fellow  cannot  bear  it  any 

longer,  and  this  abscess  may  choke  him.     Wait,  see 

how  ripe  it  is  !     Ah  !  you  rascal ! 
Sgan.  Indeed,  Monsieur,  I  wished   to   see  whether 

your  cook  had  not  put  in  too  much  salt  or  too  much 

pepper. 
D.  Juan.  Come,  sit  down  here  and  eat.     I  have  some 

business  for  you  when  I   have  supped.     You  are 

hungry,  I  see. 


.^ 


242  DOM  JUAN  [actb  iv. 

SoAN.  (se  met  k  table.)  Je  le  crois  bien,  Monsieur :  je 
n'ai  point  mange  depuis  ce  matin.     Tatez  de  cela, 
voila  qui  est  le  meilleur  du  monde. 
(Un  laquais  6te  les  assiettes  de  Sganakellk  d'abord  qu'il 

y  a  dessus  k,  manger. ) 
Mon  assiette,  mon  assiette  !  tout  doux,  s'il  vous 
plait.  Vertubleu  !  petit  compere,  que  vous  etes 
habile  a  donner  des  assiettes  nettes !  et  vous,  petit 
la  Violette,  que  vous  savez  presenter  a  boire  a 
propos  ! 

(Pendant  qu'un  laquais  donne  k  boire  h  Sqaitabbllb,  I'autre 
laquais  dte  encore  son  assiette.) 

D.  Juan.  Qui  peut  frapper  de  cette  sorte  ? 

SoAN.  Qui    diable    nous  vient  troubler   dans   notre 

repas  ? 
D.  Juan.  Je  veux  souper  en  repos  au  moins,  et  qu'on 

ne  laisse  entrer  personne. 
SoAN.  Laissez-moi  faire,  je  m'y  en  vais  moi-meme. 
D.  Juan.  Qu'est-ce  done  ?    Qu'y  a-t-il  ? 
SoAN.   (baissant  la  t6te  comme  a  fait  la  Statue.)    Le  .   .   . 

qui  est  la ! 
D.  Juan.  AUons  voir,  et  montrons  que  rien  ne  me 

saurait  ebranler. 
Scan.  Ah  !  pauvre  Sganarelle,  ou  te  cacheras-tu  ? 


SciNE    VIII 

DoM  Juan,  la  Statue  du  Commandeur,  qui  vient  se 
mettre  a  table,  Sganarelle,  Suite 

D.   Juan.    Une   chaise   et    un    convert,   vite   done. 

(A  SoANARELLK.)  Allous,  mets-toi  a  table. 
Sgan.   Monsieur,  je  n'ai  plus  de  faim. 
D.  Juan.  Mets-toi  la,  te  dis-je.     A  boire.     A  la  sante 

du    Commandeur :    je    te    la    porte,    Sganarelle. 

Qu'on  lui  donne  du  vin. 
Sgan.  Monsieur,  je  n'ai  pas  soif. 


Bc.  vin.]  DON  JUAN  243  ^^*^ 

0^ 

Sgan.    (places  himself  at  the  table.)    I  should    think  so,  [^ 

"Monsieur,  I  have  not  eaten  since  this  morning.  > 

Taste  that,  it  is  the  nicest  thing  in  the  world.  | 

(A  waiter  takes  away  Sganarelle's  plate  as  soon  as  there  is        \ 
anything  upon  it  to  eat.)  j 

My  plate  !  my  plate  !    Gently,  if  you  please.    Con-     i 
found  it !  you  idiot !  how  nimble  you  are  in  bringing      ' 
clean  plates !     And   you,  my  little  Violette,  you 
know  how  to  serve  the  drinks  properly  ! 

(■Whilst  one  waiter  gives  something  to  Sganarelle  to  drink  the       | 
other  waiter  again  takes  away  his  plate.)  ' 

D.  Juan.  Who  can  it  be  knocking  in  that  fashion  ? 
Sgan.  Who  the  devil  comes  to  disturb  us   at  our 

meal? 
D.  Juan.  I  wished  at  least  to  take   my  supper  in 

peace ;  do  not  let  anyone  come  in. 
Sgan.  Leave  it  to  me,  I  will  go  to  the  door  myself.  1 

D.  Juan.  What  is  the  matter  .-*  f 

Sgan.  (nodding  his  head  as  the  Statue  had  done.)  ITie  .  .  . 

is  there  ! 
D.  Juan.  I  will  go  and  see,  to  show  that  nothing  can 

frighten  me. 
Sgan.  Ah  !    poor  Sganarelle  I    where  will  you  hide 

yourself? 


Scene  VIII 

Don  Juan,  the  Statue  of  the  Commander,  which 
seats  itself  at  the  table,  Sganarelle,  Suite 


D.  Juan.   A  chair  and  a  cover,  quick,  now.    (To  Soaha  vJ,  > 

BELLE.)  Come,  sit  down  at  the  table.  ^a'-^   ,  ti  ^ 

Sgan.  I  am  no  longer  hungry.  Monsieur.     ^  ^'" 

D.  Juan.  Sit  down  there,  I  tell  you.  Something  to 
drink.  The  health  of  the  Commander!  Yours» 
Sganarelle  !     Give  him  some  wine. 

SoAN.  I  am  not  thirsty.  Monsieur. 


hy^' 


244  DOM  JUAN  [actk  v. 

D.  Juan,  Bois,  et  chante  ta  chanson,  pour  regaler  le 

Commandeur, 
Sgan.  Je  suis  enrhume.  Monsieur. 
D.  Juan.  II  n'importe.    Allons.    Vous  autres,  venez, 

accompagnez  sa  voix. 
La  Stat.  Dom  Juan,  c'est  assez.     Je  vous  invite  a 

venir  demain  souper  avec  moi.     En  aurez-vous  le 

courage  ? 
D.    Juan.    Oui,  j'irai,  accompagne   du   seul   Sgana- 

relle. 
Sgan.  Je  vous  rends  graces,  il  est  demain  jeune  pour 

moi. 
D.  Juan,  {k  Sganabellb.)  Prends  ce  flambeau. 
La  Stat.  On  n'a  pas  besoin  de  lumiere,  quand  on  est 

conduit  par  le  Ciel. 

PIN  DU  QUATBlfeME  ACTB. 


ACTE    V 

ScfeNE    I 

DoM  Louis,  Dom  Juan,  Sganarellb 

D.  Louis.  Quoi?  mon  fils,  serait-il  possible  que  la 
bonte  du  Ciel  eut  exauce  mes  voeux  ?  Ce  que  vous 
me  dites  est-il  bien  vrai?  ne  m'abusez-vous  point 
d'un  faux  espoir,  et  puis-je  prendre  quelque  assu- 
rance sur  la  nouveaute  surprenante  d'une  telle 
conversion  ? 

D.  Juan,  (faisant  I'hypocrite. )  Oui,  vous  me  voyez  re- 
venu  de  toutes  mes  erreurs  ;  je  ne  suis  plus  le  meme 
d'hier  au  soir,  et  le  Ciel  tout  d'un  coup  a  fait  en 
moi  un  changement  qui  va  surprendre  tout  le 
monde  :  il  a  touche  mon  ^me  et  dessille  mes  yeux, 
et  je  regarde  avec  horreur  le  long  aveuglement  ou 
j'ai  et^,  et  les  d^sordres  criminels  de  la  vie  que  j'ai 
men^e.  J'en  repasse  dans  mon  esprit  toutes  les 
abominations,  et  m'etonne  comme  le  Ciel  les  a  pu 


sc,  I.]  DON  JUAN  245 

D.  Juan.  Drink  and  sing  your  song  to  entertain  the 

Commander. 
SoAN.  I  have  a  cold,  Monsieur. 

D.  Juan.  No   matter.     Come,   you   there,   and  sing 
-  along  with  him. 
The  Stat.  Don  Juan,  it  id  enough.     I  invite  you  to 

come  to  sup  with  me  to-morrow.     Will  you  have 

the  courage .'' 
D.  Juan.  Yes,   I   will    go.      Sganarelle  alone  shall 

accompany  me. 
Sgan.  1  am  grateful  to  you,  but  to-morrow  is  a  fast- ' 

day  with  me. 
D.  Juan,  (to  Sganarelle.)  Take  this  torch. 
The  Stat.  He  who  is  led  by  heaven  does  not  need  a 

light. 

END  OF  THE  FOURTH  ACT 


ACT    V 

Scene  I 

Don  Louis,  Don  Juan,  Sganarelijs 

D.  Louis.  Is  it  possible,  my  son,  tliat  the  mercy  of 
heaven  has  answered  my  prayers.''  Is  what  you 
tell  me  really  true  ?  Do  you  not  deceive  me  with 
a  false  hope .''  Can  I  feel  really  confident  over  the 
surprising  news  of  such  a  conversion  .'' 

D.  Juan,  (playing  the  hypocrite.)  Yes,  you  see  me  re- 
claimed from  all  my  errors;  I  am  no  longer  the 
same  man  I  was  last  night :  heaven  has  suddenly 
wrought  a  change  in  me  which  will  surprise  every- 
one. It  has  touched  my  heart  and  opened  my  eyes. 
1  reflect  with  horror  upon  my  past  long-continued 
blindness,  and  the  criminal  disorders  of  the  life  I 
have  led.  My  mind  dwells  upon  all  my  abomina- 
tions.     I   am   astonished  heaven  could  bear  with 


246  DOM  JUAN  [acte  v. 

souffrir  si  lougtemps,  et  n'a  pas  vingt  fois  sur  ma 
tete  laisse  tomber  les  coups  de  sa  justice  redoutable. 
Je  vois  les  graces  que  sa  bonte  m'a  faites  en  ne  me 
punissant  point  de  mes  crimes ;  et  je  pretends  en 
profiter  comme  je  dois,  faire  eclater  aux  yeux  du 
monde  un  soudain  changement  de  vie,  reparer  par 
la  le  scandale  de  mes  actions  passees,  et  m'efforcer 
d'en  obtenir  du  Ciel  une  pleine  remission.  C'est  a 
quoi  je  vais  travailler ;  et  je  vous  prie.  Monsieur, 
de  vouloir  bien  contribuer  a  ce  dessein,  et  de  m'aider 
vous-meme  a  faire  choix  d'une  personne  qui  me 
serve  de  guide,  et  sous  la  conduite  de  qui  je  puisse 
marcher  surement  dans  le  chemin  ou  je  m'en  vais 
entrer. 
D.  Louis.  Ah  !  mon  fils,  que  la  tendresse  d'un  pere 
est  aisement  rappelee,  et  que  les  offenses  d'un  fils 
s'evanouissent  vite  au  moindre  mot  de  repentir ! 
Je  ne  me  souviens  plus  deja  de  tous  les  deplaisirs 
que  vous  m'avez  donnes,  et  tout  est  efface  par  les 
paroles  que  vous  venez  de  me  faire  entendre.  Je 
ne  me  sens  pas,  je  I'avoue ;  je  jette  des  larmes  de 
joie  ;  tous  mes  voeux  sonts  satisfaits,  et  je  n'ai  plus 
rien  desormais  a  demander  au  Ciel.  Embrassez- 
moi,  mon  fils,  et  persistez,  je  vous  conjure,  dans 
cette  louable  pensee.  Pour  moi,  j'en  vais  tout  de 
ce  pas  porter  I'heureuse  nouvelle  a  votre  mere, 
partager  avec  elle  les  doux  transports  du  ravisse- 
ment  ou  je  suis,  et  rendre  graces  au  Ciel  des  saintes 
resolutions  qu'il  a  daigne  vous  inspirer. 


Scene  II 

DoM  Juan,  Sganarklle 

Scan.  Ah !  Monsieur,  que  j'ai  de  joie  de  vous  voir 
converti  !  II  y  a  longtemps  que  j'attendais  cela,  et 
voila,  grace  au  Ciel,  tous  mes  souhaits  accomplis. 

D.  Juan.  La  peste  le  benet ! 


8c.  II.]  DON  JUAN  247 

them  so  long,  and  that  it  has  not  twenty  times  dis- 
charged on  my  head  the  shafts  of  its  terrible  justice. 
I  see  the  mercy  its  goodness  has  shown  me  in  not 
punishing  me  for  my  crimes.  I  intend  to  profit  by 
it  as  I  ought ;  to  display  openly  before  all  a  sudden 
change  of  life  ;  to  repair  by  that  means  the  scandal 
of  my  past  actions  and  to  strive  to  obtain  from 
heaven  a  full  remission.  This  is  what  I  am  now 
endeavouring  to  do.  I  beg  of  you.  Monsieur,  to 
aid  me  in  this  design  and  to  assist  me  yourself  in 
choosing  a  person  who  may  serve  me  as  a  guide,  and 
under  whose  conduct  I  may  safely  walk  in  the  path 
upon  which  I  have  entered. 

D.  Louis.  Ah  !  my  son,  how  easily  is  a  father's  tender- 
ness recalled,  and  how  quick  a  son's  offences  vanish 
at  the  least  word  of  repentance.  I  have  already 
forgotten  all  the  sorrows  you  have  caused  me  and 
all  is  effaced  by  the  words  I  have  just  heard.  I 
confess  I  am  beside  myself.  I  shed  tears  of  joy. 
All  my  prayers  are  answered,  and  henceforth  I 
have  nothing  more  to  ask  of  heaven.  Come  to  my 
arms,  my  son.  Persist,  I  implore  you,  in  this  laud- 
able resolution.  As  for  me,  I  will  go  immediately 
and  bear  this  joyful  news  to  your  mother,  to  share 
with  her  the  sweet  raptures  of  my  delight,  and  to 
return  thanks  to  heaven  for  the  holy  thoughts  with 
which  it  has  vouchsafed  to  inspire  you. 


Scene  II 
Don  Juan,  Soanareujb 

SoAN.  Ah  !  Monsieur,  how  glad  I  am  to  see  you 
converted !  I  have  long  been  waiting  for  this, 
and  now,  thanks  to  heaven,  all  my  hopes  are 
accomplished. 

D.  Juan.  Plague  take  the  blockhead  ! 


248  DOM  JUAN  [acte  v. 

SoAN.  Comment,  le  benet? 

D.  Juan.  Quoi?  tu  prends  pour  de  bon  argent  ce 
que  je  viens  de  dire,  et  tu  crois  que  ma  bouche 
etait  d'accord  avec  mon  coeur  ? 

Sqan.  Quoi?  ce  n'est  pas  .  .  .  Vous  ne  .  .  .  Votre 
.  .  .  Oh  !  quel  homme !  quel  bomme !  quel 
homme ! 

D.  Juan.  Non,  non,  je  ne  suis  point  cbangd,  et  mes 
sentiments  sont  to uj  ours  les  memes. 

Sgan.  Vous  ne  vous  rendez  pas  a  la  surprenante 
merveille  de  cette  statue  mouvante  et  parlante  ? 

D.  Juan.  II  y  a  bien  quelque  chose  la-dedans  que  je 
ne  comprends  pas  ;  mais  quoi  que  ce  puisse  etre, 
cela  n'est  pas  capable  ni  de  convaincre  mon  esprit, 
ni  d'ebranler  mon  ame  ;  et  si  j'ai  dit  que  je  voulais 
corriger  ma  conduite  et  me  jeter  dans  un  train  de 
vie  exemplaire,  c'est  un  dessein  que  j'ai  forme  par 
pure  politique,  un  stratageme  utile,  une  grimace 
necessaire  ou  je  veux  me  contraindre,  pour  menager 
un  pere  dont  j'ai  besoin,  et  me  mettre  a  convert, 
du  cote  des  hommes,  de  cent  facheuses  aventures 
qui  pourraient  m'arriver.  Je  veux  bien,  Sganarelle, 
t'en  faire  confidence,  et  je  suis  bien  aise  d'avoir  un 
t^moin  du  fond  de  mon  ame  et  des  veritables  motifs 
qui  m'obligent  a  faire  les  choses. 

Sgan.  Quoi.''  vous  ne  croyez  rien  du  tout,  et  vous 
voulez  cependant  vous  eriger  en  homme  de  bien  ? 

D.  Juan.  Et  pourquoi  non  ?  II  y  en  a  tant  d'autres 
comme  moi,  qui  se  melent  de  ce  metier,  et  qui  se 
servent  du  meme  masque  pour  abuser  le  monde  ! 

Sgan.  Ah  !  quel  homme  !  quel  homme  ! 

D.  Juan.  II  n'y  a  plus  de  honte  maintenant  a  cela : 
I'hypocrisie  est  un  vice  a  la  mode,  et  tous  les  vices 
a  la  mode  passent  pour  vertus.  Le  personnage 
d'homme  de  bien  est  le  meilleur  de  tous  les  person- 
nages  qu'on  puisse  jouer  aujourd'hui,  etla  profession 
d 'hypocrite  a  de  merveilleux  avantages.  C'est  un 
art  de  qui  I'imposture  est  toujours  respectee ;   et 


sc.  II.]  DON  JUAN  249 

SoAN,  Why,  blockhead  ? 

D.  Juan.  You  really  believe^  then,  what  I  have  just 

said .''     Do   you   imagine  that  my  mouth  was   in 

agreement  with  my  heart  ? 
SoAN.  What.''    It  is  not .  .  .  You  are  not .  .  .  You're 

.  .      Oh  !  what  a  man,  what  a  man,  what  a  man  ! 

D.  Juan.  No,  no,  I  am  not  altered :  my  sentiments 
are  always  the  same. 

Scan.  You  do  not  yield  after  the  astounding  miracle 
of  that  moving  and  speaking  statue  ? 

D.  Juan.  There  is  certainly  something  in  that  past 
my  comprehension,  but,  however  that  may  be,  it  is 
not  capable  either  of  convincing  my  judgment  or  of 
staggering  my  heart.  If  I  say  I  will  reform  my 
conduct  and  enter  upon  the  path  of  an  exemplary 
life,  it  is  because  of  a  design  I  have  formed  out  of 
pure  policy,  a  useful  stratagem,  a  necessary  sham, 
to  which  I  am  willing  to  submit  in  order  to  manage 
a  father  whose  assistance  I  want,  and  to  screen 
myself  with  respect  to  mankind  from  a  hundred 
disagreeable  adventures  that  may  happen.  I  want 
very  much  to  take  you  into  my  confidence  in  this 
business,  Sganarelle,  and  I  am  very  glad  to  have  a 
witness  of  the  depths  of  my  soul,  and  of  the  real 
motives  which  oblige  me  to  do  these  things. 

Sgan.  Then  you  do  not  believe  in  anything  at  all, 
and  yet  you  wish  to  pose  as  a  good  man  ? 

D.  Juan.  And  why  not."*  There  are  many  others 
besides  myself  who  carry  on  the  same  business,  and 
who  make  use  of  the  same  mask  to  deceive  the 
world. 

Sgan.  Ah  !  what  a  man  !  what  a  man  ! 

D.  Juan.  There  is  no  longer  any  shame  in  acting 
thus.      Hypocrisy  is  a  fashionable   vice,   and    all    , 
fashionable  vices  pass  for  virtues.     The  character 
of  a  good  man  is  the  best  of  all  characters  one  can    N 
play  nowadays,  since  the  profession  of  hypocrisy  has  J 
wonderful  advantages.     The  imposture  of  this  art 
is  always  respected,  and,  though  it  be  detected,  no 


260  DOM  JUAN  [acte  v. 

quoiqu'ou  la  decouvre,  on  n'ose  rien  dire  coutre 
elle.  Tous  les  autres  vices  des  hommes  sont  exposes 
a  la  censure,  et  chacun  a  la  liberie  de  les  attaquer 
hautement ;  mais  I'hypocrisie  est  un  vice  privilegie, 
qui,  de  sa  main,  ferme  la  bouche  a  tout  le  monde, 
etjouit  en  repos  d'une  impunite  souveraine.  On 
lie,  a  force  de  grimaces,  une  societe  etroite  avec 
tous  les  gens  du  parti.  Qui  en  cheque  un  se  les 
jette  tous  sur  les  bras  ;  et  ceux  que  Ton  sait  meme 
agir  de  bonne  foi  la-dessus,  et  que  chacun  connait 
pour  etre  veritablement  touches,  ceux-la,  dis-je, 
sont  toujours  les  dupes  des  autres;  ils  donnent 
hautement  dans  le  panneau  des  grimaciers,  et 
appuient  aveuglement  les  singes  de  leurs  actions. 
Combien  crois-tu  que  j'en  connaisse  qui,  par  ce 
stratageme,  ont  rhabille  adroitement  les  desordres 
de  leur  jeunesse,  qui  se  sont  fait  un  bouclier  du 
manteau  de  la  religion,  et,  sous  cet  habit  respecte, 
ont  la  permission  d'etre  les  plus  mechants  hommes 
du  monde  ?  On  a  beau  savoir  leurs  intrigues  et  les 
connaitre  pour  ce  qu'ils  sont,  ils  ne  laissent  pas 
pour  cela  d'etre  en  credit  parmi  les  gens  ;  et  quel- 
que  baissement  de  tete,  un  soupir  mortifie,  et  deux 
roulements  d'yeux  rajustent  dans  le  mond«  tout  ce 
qu'ils  peuvent  faire.  C'est  sous  cet  abri  favorable 
que  je  veux  me  sauver,  et  mettre  en  surete  mes 
affaires.  Je  ne  quitterai  point  mes  douces  habitudes; 
mais  j'aurai  soin  de  me  cacher  et  me  divertirai  a 
petit  bruit.  Que  si  je  viens  a  etre  decouvert,  je 
verrai,  sans  me  remuer,  prendre  mes  interets  a 
toute  la  cabale,  et  je  serai  defendu  par  elle  envers 
et  centre  tous.  Enfin  c'est  la  le  vrai  moyen  de 
faire  impunement  tout  ce  que  je  voudrai.  Je 
m'erigerai  en  censeur  des  actions  d'autrui,  jugerai 
mal  de  tout  le  monde,  et  n'aurai  bonne  opinion 
que  de  moi.  Des  qu'une  fois  on  m'aura  cheque 
tant  soit  peu,  je  ne  pardonnerai  jamais  et  garderai 
tout  doucement  une  haine  irreconciliable.  Je  ferai 
le  vengeur  des  interets  du  Ciel,  et,  sous  ce  pretexte 
commode,  je  pousserai  mes  ennemies,  je  les  accuserai 


8c.  II.]  DON  JUAN  261 

one  dares  to  speak  against  it.  Men  are  censured 
for  all  other  vices  and  everyone  is  at  liberty  to 
attack  them  openly ;  but  hypocrisy  is  a  privileged 
vice,  which,  with  its  own  hand,  shuts  everyone's 
mouth  and  peacefully  enjoys  a  sovereign  impunity. 
By  means  of  shams  a  close  fellowship  is  formed 
amongst  all  people  of  the  same  set :  he  who  offends 
one  brings  them  all  down  upon  him,  and  even  those 
whom  everyone  knows  to  act  in  good  faith  in  the 
matter  and  whom  we  know  to  be  really  sincere, 
these  people,  I  say,  are  always  the  dupes  of  the 
others,  they  run  heedlessly  into  the  snare  of  the 
humbugs  and  blindly  support  those  who  ape  their 
actions.  How  many,  do  you  think,  I  know,  who, 
by  this  stratagem,  have  dexterously  patched  up  the, 
disorders  of  their  youth,  who  have  put  on,  as  a 
shelter,  the  cloak  of  religion,  and  who,  under  this 
venerated  guise,  have  permission  to  be  the  most 
wicked  fellows  on  earth .''  It  signifies  nothing  that 
their  intrigues  and  they  themselves  are  known  to 
be  what  they  are ;  they  are  not,  for  all  that,  less 
credited  in  society ;  and  a  certain  lowly  bending  of 
the  head,  a  humble  sigh  and  a  pair  of  upturned  eyes, 
justify,  before  all  the  world,  all  they  may  do.  It 
is  under  this  convenient  shelter  I  intend  to  take 
refuge  and  to  secure  my  affairs.  I  will  not  abandon 
my  cherished  habits,  but  I  shall  take  care  to  conceal 
them,  and  divert  myself  with  as  little  noise  as 
possible.  If  it  should  chance  that  1  am  discovered, 
I  shall,  without  raising  a  finger,  find  the  whole 
cabal  looking  after  my  interests  and  I  shall  be 
defended  by  it  against,  and  in  spite  of,  everybody. 
In  short,  this  is  the  true  way  to  do  whatever  I 
please  with  impunity.  I  shall  set  myself  up  as  a 
censor  of  the  actions  of  others.  I  shall  judge  ill  of 
all  and  have  a  good  opinion  of  myself  alone.  I  will 
never  forgive  anyone  who  has  offended  me,  however 
slightly,  and  I  will  quietly  keep  an  undying  hatred. 
I  will  act  as  avenger  in  the  interests  of  heaven  and, 
under  this  convenient  pretext,  I  will  persecute  my 


2/52  DOM  JUAN  [acte  y. 

d'impiete,  et  saurai  dechainer  contre  eux  des  zeles 
indiscrets,  qui,  sans  counaissance  de  cause,  crieront 
en  public  contre  eux,  qui  les  accableront  d'injures, 
et  les  damneront  hautement  de  leur  autorite  privde. 
C'est  ainsi  qu'il  faut  profiter  des  faiblesses  des 
hommes,  et  qu'un  sage  esprit  s'accommode  aux 
vices  de  son  siecle. 

Sgan.  O  Ciel  !  qu'entends-je  ici  ?  il  ne  vous  manquait 
plus  que  d'etre  hypocrite  pour  vous  achever  de  tout 
point,  et  voila  le  comble  des  abominations.  Mon- 
sieur, cette  derniere-ci  m'emporte  et  je  ne  puis 
m'empecher  de  parler.  Faites-moi  tout  ce  qu'il 
vous  plaira,  battez-moi,  assommez-moi  de  coups, 
tuez-moi,  si  vous  voulez :  il  faut  que  je  decharge 
mon  coeur,  et  qu'en  valet  fidele  je  vous  dise  ce  que 
je  dois.  Sachez,  Monsieur,  que  tant  va  la  cruche  a 
I'eau,  qu'enfin  elle  se  brise  ;  et,  comme  dit  fort  bien 
cet  auteur  que  je  ne  connais  pas,  I'homme  est,  en  ce 
monde  ainsi  que  I'oiseau  sur  la  branche  ;  la  branche 
est  attache  a  I'arbre  ;  qui  s'attache  a  I'arbre,  suit  de 
bons  preceptes ;  les  bons  preceptes  valent  mieux  que 
les  belles  paroles  ;  les  belles  paroles  se  trouvent  a  la 
cour ;  a  la  cour  sont  les  courtisans ;  les  courtisans 
suivent  la  mode ;  la  mode  vient  de  la  fantaisie  ;  la 
fantaisie  est  une  faculte  de  I'ame  ;  I'ame  est  ce  qui 
nous  donne  la  vie ;  la  vie  finit  par  la  mort ;  la  mort 
nous  fait  penser  au  Ciel ;  le  Ciel  est  au-dessus  de  la 
terre  ;  la  terre  n'est  point  la  mer  ;  la  mer  est  sujette 
auxorages;  lesoragestourmententlesvaisseaux;  les 
vaisseaux  ont  besoin  d'un  bon  pilote  ;  un  bon  pilote 
a  de  la  prudence  ;  la  prudence  n'est  point  dans  les 
jeunes  gens  ;  les  jeunes  gens  doivent  obeissance  aux 
vieux  ;  les  vieux  aiment  les  richesses ;  les  richesses 
font  les  riches ;  les  riches  ne  sont  pas  pauvres  ;  les 
pauvres  ont  de  la  necessite  ;  necessite  n'a  point  de 
loi ;  qui  n'a  point  de  loi  vit  en  bete  brute ;  et,  par 
consequent,  vous  serez  damne  a  tous  les  diables. 

D.  Juan.  O  beau  raisonnement ! 

Sgan.  Apres  cela,  si  vous  ne  vous  rendez,  tant  pis 
pour  vous. 


Bc.  II.]  DON  JUAN  253 

enemies,  I  will  accuse  them  of  impiety,  and  I  will 
let  loose  against  them  those  indiscreet  zealots  who, 
without  knowing  for  what  reason,  will  raise  an  out- 
cry against  them,  will  load  them  with  abuse  and 
will  openly  damn  them  on  their  own  authority.  Ji. 
isJhii^wejnujitpLrofit  by.thfiioihles-of-manl^  :  a 
wise  man  adapts  himself  to  the  vices  pf  his^age. 
Sgan.  Oh,  Heavens!    what  do   I   hear?      You   only  { 

lacked  hypocrisy  to  make  you  perfect.     Now  you  -  ' 

have  reached  the  summit  of  your  abominations. 
Monsieur,  this  last  act  is  the  last  straw,  and  I 
cannot  help  but  speak.  Do  what  you  will  with 
me,  beat  me,  break  every  bone  in  my  body,  kill 
me  if  you  like,  I  must  unburden  my  heart  and, 
like  a  faithful  servant,  tell  you  what  I  ought. 
Know,  Monsieur,  that  the  pitcher  goes  so  often 
to  the  well  that  at  last  it  is  broken,  and,  as  that 
author,  whose  name  I  do  not  remember,  very  aptly 
says,  man  is  in  this  world  like  a  bird  on  a  bough, 
the  bough  is  attached  to  the  tree,  he  who  is  fixed 
to  the  tree  follows  good  precepts,  good  precepts 
are  better  than  fair  words,  fair  words  are  found  at 
court,  at  court  are  courtiers,  courtiers  follow  the 
fashion,  fashion  comes  from  fancy,  fancy  is  an 
attribute  of  the  soul,  the  soul  is  that  which  gives 
us  life,  life  ends  in  death,  death  makes  us  think  of 
heaven,  heaven  is  above  the  earth,  the  earth  is 
not  the  sea,  the  sea  is  subject  to  storms,  storms 
toss  vessels,  vessels  have  need  of  a  good  pilot,  a 
good  pilot  is  prudent,  young  people  are  not 
prudent,  young  people  ought  to  obey  old  people, 
old  people  love  riches,  riches  make  people  rich, 
the  rich  are  not  poor,  the  poor  have  necessities, 
necessity  has  no  law,  he  who  knows  no  law  lives 
like  a  brute  beast,  and,  consequently,  you  will  be 
damned  with  all  the  devils. 

D.  Juan.  What  a  fine  argument ! 
Sgan.  If  you  do  not  give  in  after  this  so  much  the 
worse  for  you. 


264 


DOM  JUAN 


[actb  v. 


Sc^NE    III 

DoM  Carlos,  Dom  Juan,  Sganarelle 

D.  Cab.  Dom  Juan,  je  vous  trouve  a  propos,  et  suis 
bien  aise  de  vous  parler  ici  plutot  que  chez  vous, 
pour  vous  demander  vos  resolutions.  Vous  savez 
que  ce  soin  me  regarde,  et  que  je  me  suis  en  votre 
presence  charge  de  cette  affaire.  Pour  moi,  je  ne 
le  cele  point,  je  souhaite  fort  que  les  choses  aillent 
dans  la  douceur ;  et  il  n'y  a  rien  que  je  ne  fasse 
pour  porter  votre  esprit  a  vouloir  prendre  cette 
voie,  et  pour  vous  voir  publiquement  confirmer  a 
ma  soeur  le  nom  de  votre  femme. 

D.  Juan,  (d'un  ton  hypocrite.)  Helas  !  je  voudrais  bien, 
de  tout  mon  coeur,  vous  donner  la  satisfaction  que 
vous  souhaitez;  mais  le  Ciel  s'y  oppose  directement : 
il  a  inspire  a  mon  ame  le  dessein  de  changer  de  vie, 
et  je  n'ai  point  d'autres  pensees  maintenant  que  de 
quitter  entierement  tous  les  attachements  du  monde, 
de  me  depouiller  au  plus  tot  de  toutes  sortes  de 
vanites,  et  de  corriger  desormais  par  une  austere 
conduite  tous  les  dereglements  criminels  ou  m'a 
porte  le  feu  d'une  aveugle  jeunesse. 

D.  Cab.  Ce  dessein,  Dom  Juan,  ne  choque  point  ce 
que  je  dis ;  et  la  compagnie  d'une  femme  legitime 
peut  bien  s'accommoder  avec  les  louables  pensees 
que  le  Ciel  vous  inspire. 

D.  Juan.  Helas !  point  du  tout.  C'est  un  dessein 
que  votre  soeur  elle-meme  a  pris  :  elle  a  resolu  sa 
retraite,  et  nous  avons  ete  touches  tous  deux  en 
meme  temps. 

D.  Cab.  Sa  retraite  ne  peut  nous  satisfaire,  pouvant 
etre  imputee  au  mepris  que  vous  feriez  d'elle  et  de 
notre  famille ;  et  notre  honneur  demande  qu'elle 
vive  avec  vous. 

D.  Juan.  Je  vous  assure  que  cela  ne  se  peut.  J'en 
vaais,  pour  moi,  toutes  les  envies  du  monde,  et  je 


so.  III.]  DON  JUAN  266 

Scene  III 

Don  Carlos^  Don  Juan,  Soanarblle 

D,  Cab.  I  meet  you  opportunely,  Don  Juan.  I  am 
very  glad  to  speak  with  you  here  rather  than  at 
your  own  house,  to  ask  what  you  have  resolved 
to  do.  You  know  it  concerns  me  and  that  I  took 
this  business  upon  myself  in  your  presence.  For 
my  part,  I  do  not  conceal  it,  I  heartily  wish  things 
may  be  settled  amicably.  There  is  nothing  I  would 
not  do  to  induce  you  to  take  that  course  and  to  see 
you  publicly  recognise  my  sister  as  your  wife. 

D.  Juan,  (in  a  hyiwcritical  tone.)  Alas !  I  should, 
indeed,  with  all  my  heart,  like  to  give  you  the 
satisfaction  you  desire,  but  heaven  is  directly 
opposed  to  it ;  it  has  inspired  my  soul  with  the 
desire  of  reforming  my  life,  and  I  now  have  no 
other  thoughts  than  entirely  to  forsake  all  worldly 
concerns,  to  divest  myself  as  soon  as  possible  of 
every  vanity,  and  henceforth  to  remedy  by  an 
austere  behaviour  all  the  criminal  irregularities 
into  which  the  heat  of  blind  youth  has  led  me. 

D.  Car.  This  design,  Don  Juan,  does  not  conflict 
with  what  I  say,  and  the  company  of  a  lawful  wife 
is  not  incompatible  with  these  laudable  thoughts 
with  which  heaven  has  inspired  you. 

D.  Juan.  Alas  !  by  no  means.  Your  sister  herself 
has  taken  the  same  decision.  She  has  resolved  to 
go  into  retreat.  We  have  both  been  converted  at 
the  same  time. 

D.  Car.  Her  retreat  cannot  satisfy  us,  since  it  might 
be  attributed  to  the  contempt  you  showed  to  her 
and  to  her  family :  our  honour  demands  that  she 
should  live  with  you. 

D.  Juan.  I  assure  you  it  cannot  be.  So  far  as  I  am 
concerned,  1  have  desired  it  with  all  my  heart,  and, 


266  DOM  JUAN  [acte  t. 

me  suis  meme  encore  aujourd'hui  conseille  au  Ciel 
pour  cela;  mais,  lorsque  je  I'ai  consulte,  j'ai  en- 
tendu  une  voix  qui  m'a  dit  que  je  ne  devais  point 
songer  a  votre  soeur,  et  qu'avec  elle  assurement  je 
ne  ferais  point  mon  salut. 

D.  Car.  Croyez-vous,  Dom  Juan,  nous  eblouir  par 
ces  belles  excuses  ? 

D.  Juan.  J'obeis  a  la  voix  du  Ciel. 

D.  Car.  Quoi.''  vous  voulez  que  je  me  paye  d'un 
semblable  discours? 

D.  Juan.  C'est  le  Ciel  qui  le  veut  ainsi. 

D.  Car.  Vous  aurez  fait  sortir  ma  soeur  d'un  convent, 
pour  la  laisser  ensuite .'' 

D.  Juan.  Le  Ciel  I'ordonne  de  la  sorte. 

D.  Car.  Nous  souffrirons  cette  tache  en  notre 
famille  ? 

D.  Juan.  Prenez-vous-en  au  Ciel ! 

D,  Car.  Eh  quoi  ?  toujours  le  Ciel .'' 

D.  Juan.  Le  Ciel  le  souhaite  comme  cela. 

D.  Car.  II  suffit,  Dom  Juan,  je  vous  entends,  Ce 
n'est  pas  ici  que  je  veux  vous  prendre,  et  le  lieu  ne 
le  souffre  pas ;  mais,  avant  qu  il  soit  peu,  je  saurai 
vous  trouver. 

D.  Juan.  Vous  ferez  ce  que  vous  voudrez ;  vous 
savez  que  je  ne  manque  point  de  coeur,  et  que 
je  sais  me  servir  de  mon  epee  quand  il  le  faut. 
Je  m'en  vais  passer  tout  a  I'heure  dans  cette 
petite  rue  ecartee  qui  mene  au  grand  convent ; 
mais  je  vous  declare,  pour  moi,  que  ce  n'est  point 
moi  qui  me  veux  battre :  le  Ciel  m'en  defend  la 
pens^e ;  et  si  vous  m'attaquez,  nous  verrons  ce  qui 
en  arrivera. 

D.  Car.  Nous  verrons,  de  vrai,  nous  verrons. 


SC.  III.] 


DON  JUAN 


267 


even  this  day  I  took  counsel  with  heaven  about  it, 
but,  when  I  consulted  it,  I  heard  a  voice  which 
told  me  I  ought  not  to  think  of  your  sister  and 
that  assuredly  I  could  not  be  saved  with  her. 

D.  Car.  Do  you  think,  Don  Juan,  you  can  deceive 
me  by  these  fine  excuses  ? 

D.  Juan.  I  obey  the  voice  of  heaven. 

D.  Car.  Do  you  imagine,  then,  that  I  shall  be 
satisfied  with  such  a  speech  ? 

D.  Juan.  It  is  heaven's  will. 

D.  Car.  Have  you  taken  my  sister  out  of  a  convent 
to  abandon  her  at  last  ? 

D.  Juan.  Heaven  ordains  it  so. 

D.  Car.  Can  we  suffer  our  family  to  receive  such  a 
stain .'' 

D.  Juan.  Seek  your  redress  from  heaven. 

D.  Car.  But  why  always  heaven  ? 

D.  Juan.  Heaven  desires  that  it  should  be  so. 

D.  Car.  It  is  enough,  Don  Juan  :  I  understand  you. 
I  cannot  challenge  you  to  combat  here,  the  place 
is  not  suitable,  but  I  shall  find  you  before  very 
long. 

D.  Juan.  You  may  do  what  you  please.  You  know 
I  am  not  wanting  in  courage  and  I  know  how 
to  use  my  sword  when  it  is  needful.  I  will  go 
shortly  through  that  little  lonely  street  which 
leads  to  the  great  convent ;  but,  I  declare  to  you, 
for  my  part,  it  is  not  I  who  wish  to  fight.  Heaven 
forbid  the  thought ;  and  if  you  attack  me  we  shall 
see  what  will  come  of  it. 


f^if 


D.  Car.  We  shall  see,  true,  we  shall  see. 


268  DOM  JUAN  [actb  t. 

SciNE    IV 

DoM  Juan,  Soanarellb 

SoAN,  Monsieur,  quel  diable  de  style  prenez-vous 
la?  Ceci  est  bien  pis  que  le  reste,  et  je  vous 
aimerais  bien  mieux  encore  comme  vous  etiez 
auparavant.  J'esperais  toujours  de  votre  salut ; 
mais  c'est  maintenant  que  j'en  desespere ;  et  je 
crois  que  le  Ciel,  qui  vous  a  souffert  jusques 
ici,  ne  pourra  souffrir  du  tout  cette  derniere 
horreur. 

D.  Juan.  Va,  va,  le  Ciel  n'est  pas  si  exact  que  tu 
penses  ;  et  si  toutes  les  fois  que  les  hommes  .  .  . 

SoAN.  Ah  !  Monsieur,  c'est  le  Ciel  qui  vous  parle, 
et  c'est  un  avis  qu'il  vous  donne. 

D.  Juan.  Si  le  Ciel  me  donne  un  avis,  il  faut  qu'il 

Farle   un   peu   plus  clairement,   s'il  veut  que  je 
entende. 


Sc^NE    V 

DoM  Juan,  Un  Spectre  (en  femme  voilee), 
Soanarellb 

Le  Spectre.  Dom  Juan  n'a  plus  qu'un  moment  a 
pouvoir  profiter  de  la  misericorde  du  Ciel ;  et  s'il 
ne  se  repent  ici,  sa  perte  est  resolue. 

Sgan.  Entendez-vous,  Monsieur.'' 

D.  Juan.  Qui  ose  tenir  ces   paroles.''    Je  crois  con- 

naitre  cette  voix. 
Sgan.  Ah  !  Monsieur,  c'est  un  spectre  :  je  le  reconnais 

au  marcher. 


■0.  v.]  DON  JUAN  269 

Scene  IV 

Don  Juan,  Soanarellb 

SoAN.  What  a  deuce  of  a  style  you  have  adopted. 

Monsieur  !  This  is  much  worse  than  all  the  rest,  and  pJ- 

I  should  like  you  far  better  as  you  were  before.    I  3^*"^^'^ 

alway^s  hoped  for  your    reformatipUj   but    now  I  U ,^\^, 
despair  of  it.     T  believe  that  heaven,  which  has  ""    .    "'      ^"'' 
borne  with  you  hitherto,  cannot  suffer  this  last      ~7/^^ 
abomination  at  all. 

D.  Juan.  Come,  come,  heaven   is   not  so   strict   as 

you  think,  and  if  each  time  men  were  .  .  . 
SoAN.  Ah,  Monsieur,  heaven  speaks  to  you  :  it  is  a 

warning  it  gives  you. 
D.  Juan.  If  heaven  gives  me  a  warning  it  must  speak 

a  little  more  plainly  if  it  wishes  me  to  understand 

it. 


Scene  V 

Don  Juan,  A  Ghost  (in  the  form  of  a  veiled 

woman),  Soanarellb  .y^*^ 

The  Ghost.  Don  Juan  has  but  one  moment  in  which 
to  take  advantage  of  the  forbearance  of  heaven 
and  if  he  does  not  repent  now,  his  destruction  is 
certain. 

Sgan.  Do  you  hear.  Monsieur  ? 

D.  Juan.  Who  dares  to  utter  these  words  ?  I  think 
I  know  that  voice. 

Sgan.  Ah,  Monsieur,  it  is  a  ghost,  I  know  it  by  its 
stalking. 


W-- 


260  DOM  JUAN  [actb  t. 

D,  Juan.  Spectre,  fantome,  ou  diable,  je  veux  voir  ce 
que  c'est. 

(Le  Spectre  change  de  figure,  et  repr^sente  le  Temps 
avec  sa  faux  k  la  main.) 

Sgan.  O  Ciel !  voyez-vous.  Monsieur,  ce  changement 

de  figure  ? 
D.  Juan.  Non,  non,  rien  n'est  capable  de  m'imprimer 

de  la  terreur,  et  je  veux  eprouver  avec  men  epee  si 

c'est  un  corps  ou  un  esprit. 

(Le  Spectre  s'envole  dans  le  temps  que  Dom  Juan  le 
veut  f rapper.) 

Sgan.  Ah  !  Monsieur,  rendez-vous  a  tant  de  preuves, 

et  jetez-vous  vite  daus  le  repentir. 
D.  Juan.  Non,  non,   il  ne  sera  pas   dit,  quoi  qu'il 

arrive,  que  je  sois  capable  de  me  repentir.     Aliens, 

suis-moi. 


Sci:NE  VI 

La  Statue,  Dom  Juan,  Soanarelle 

La  Statue.  Arretez,  Dom  Juan :  vous  m'avez  hier 
donne  parole  de  venir  manger  avec  moi. 

D.  Juan.  Oui.     Ou  faut-il  aller  ? 

La  Statue.  Donnez-moi  la  main. 

D.  Juan.   La  voila. 

La  Statue.  Dom  Juan,  I'endurcissement  au  peche 
traine  une  mort  funeste,  et  les  graces  du  Ciel  que 
Ton  renvoie  ouvrent  un  chemin  a  sa  foudre. 

D.  Juan.  O  Ciel !  que  sens-je.>  Un  feu  invisible  me 
brule,  je  n'en  puis  plus,  et  tout  mon  corps  devient 
un  brasier  ardent !    Ah  ! 

(Le  tonnerre  tombe  avec  un  grand  bruit  et  de  grands 
eclairs  sur  Dom  Juan  ;  la  terre  s'ouvre  et  I'abime ;  et 
il  sort  de  grands  feux  de  I'endroit  ou  il  est  tomb^.) 


80.  VI.]  DON  JUAN  261 

D.  Juan.  Ghost,  phantom  or  devil  I  shall  see  what  it  ./■" 

is.  •  •" 

(The  Ghost  changes  shape  and  represents  Time  with  a 
scythe  in  its  hand. ) 

Sgan.  Oh !    Heaven,    do    you    see.    Monsieur,    this 

change  of  shape .'' 
D.  Juan.  No,  no,  nothing  is  capable  of  filling  me 

with  terror.     I  will  try  with  my  sword  whether  it 

is  a  body  or  a  spirit. 

(The  Ghost  vanishes  the  instant  Don  Juan  is  about 
to  strike  it.) 

SoAN.  Ah  !  Monsieur,  give  in  to  so  many  proofs  and      ^hfi'*^* 
repent  quickly.  "^"    "^ 

D.  Juan.  I>[p,.up,  come  what  will,- it  .«hall  nsYer  be  ^ 

said  I  was  capable  of  repentance.     Come,  follow   \ 


me. 


Scene  VI 
The  Statue,  Don  Juan,  SoANARBiiLB 

The  Stat.  Stay,  Don  Juan,  you  gave  me  your  word 
yesterday  that  you  would  come  and  eat  with 
me. 

D.  Juan.  Yes.     Where  shall  we  go  ? 

The  Stat.  Give  me  your  hand. 

D.  Juan.  Here  it  is. 

The  Stat.  Don  Juan,  continuance  in  evil-doing  leads 
to  a  terrible  death,  and  when  the  mercies  of 
Heaven  are  rejected,  the  way  is  open  for  its 
wrath. 

D.  Juan,  Oh  Heavens  !  what  do  I  feel .''  An  invisible 
flame  scorches  me,  I  cannot  bear  it  longer,  all  my 
body  has  become  a  burning  firebrand  !    Ah  ! 

(Loud  claps  of  thunder  burst,  and  the  lightning  flashes 
vividly  round  Don  Juan;  the  earth  opens  and  swallows 
him ;  and  big  flames  issue  from  the  place  where  he  wont 
down.) 


V 


262  DOM  JUAN  [acte  v. 

Sgan,  Voila  par  sa  mort  un  chacun  satisfait :  Ciel 
offens^,  lois  violees,  filles  seduites,  families  des- 
honorees,  parents  outrages,  femmes  mises  a  mal, 
maris  poassds  a  bout,  tout  le  monde  est  content. 
II  n'y  a  que  moi  seul  de  malheureux,  qui,  apres 
tant  d'annees  de  service,  n'ai  point  d'autre  recom- 
pense que  de  voir  a  mes  yeux  I'impiete  de  mon 
maitre  puni  par  le  plus  epouvantable  chStiment 
du  monde. 


sc.  VI.]  DON  JUAN  263 

Sgan.  Thus,  by  his  death,  is  every  one  satisfied : 
offended  heaven,  violated  laws,  seduced  girls,  dis- 
honoured families,  outraged  relations,  ruined  wives, 
husbands  reduced  to  despair,  all  are  satisfied.  I, 
alone,  am  unhappy,  who,  after  serving  him  so 
many  years  have  no  other  recompense  than  to 
see,  before  my  eyes,  the  impiety  of  my  master 
chastised  by  the  most  frightful  punishment  in  the 
world  1 

THE   ENS 


LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR 

{V Amour  Mddecin.) 


D Amour  Midecvn  was  represented  for  the  first 
time  at  Versailles  on  September  14  or  15,  1666 :  on 
the  22nd  of  the  same  month  it  made  its  first  public 
appearance  on  the  stage  of  the  Palais  Royal,  Paris, 
and  it  occupied  the  boards  from  that  date  to  the  29th 
of  November.  It  was  published  the  year  after  with 
a  frontispiece  concerning  which  it  is  maintained  that 
the  portrait  of  Sganarelle  (who  is  represented  as 
acting  the  end  of  Act  n,  ii.),  is  a  portrait  of  Moli^re. 

Written  by  order  of  the  king,  it  was  sketched, 
composed,  learned  and  acted  in  five  days. 


LOVE'S   THE  BEST  DOCTOR 

(^U Amour  Medecin} 
A  Comedy 

DRAMATIS  PERSONS 

SoANAREiiLBj  Lucinde's  father. 
Amintk. 

LuOR^CE. 

M.  GuiLLAUJfB,  a  tapestry  seller. 
M.  JossBf  a  goldsmith. 
LuciNBB,  Sganarelle's  daughter. 
LisETTE,  Lucinde's  maid. 
M.  ToMi:s, 

M.   DbS  FoNANDBia, 

M.  Maoboton,  \^doctor«. 

M.  BahtSj 

M.   FrLEBIN, 

CuTANDBE,  Lucinde's  lover, 

A  Notary. 

The  Operator,  Orvi^tan. 

Several  Trivelins  and  Scaramouches. 

Comedy. 

Music. 

Ballet. 

Scene  :  Paris,  in  a  room  in  Sganarelle's  house. 


PROLOGUE 

La  CoK&TiiE,  La  Musique  et  le  Ballet 

La  Com.  Quittons,  quittons  notre  vain  querelle, 
Ne  nous  disputons  point  nos  talents  tour  a  tour, 
Et  d'une  gloire  plus  belle 
Piquons-nous  en  cejour: 
Unissons-nous  tous  trois  d'une  ardeur  sans  seconde, 
Pour  donner  du  plaisir  au plus  grand  roi  du  monde, 

Tous  TROIS.   Unissons-nous  .  .  . 


La  Com.  De  ses  travaua,  plus  grands  qu'on  ne  pent 
croire, 
II  se  vient  quelquefois  delasser  parmi  nous  ; 
Est-il  de  plus  grande  gloire, 
Est-il  bonheur  plus  doux  f 
Unissons-nous  tous  trois  .  .  . 

Tous  TROIS.  Unissons-nout  .  .  . 


PROLOGUE 

Comedy,  Music  and  Bali-ot 

Com.  Let  us  stop  this  fruitless  quarrel 

Who  can  greatest  gifts  display  : 
Rather  on  a  nobler  triumph 
Should  we  pride  ourselves  to-day. 
Let  us  all  unite  and  fervent  ardour  show 
To  please  the  greatest  monarch  earth  can  know. 

All  three  together.  Let  us  all  unite  .  .  . 

Com.  From  the  hardest  toil  that  may  bs 

Oft  he  deigns  with  us  to  rest 
Can  we  have  a  greater  honour. 
Or  a  fairer,  better  jest  1 

All  three  together.  Let  us  all  unite  ,  .  . 


L'AMOUR   MEDECIN 

COMJ^DIE 


ACTE    I 

Sc^NE    I 

Sqanarelle,  Aminte,  Lucb^ce,  M.  Guillaumb, 

M.  JOSSE 

Sgan.  Ah  !  I'etrange  chose  que  la  vie  !  et  que  je  puis 
bien  dire,  avec  ce  grand  philosophe  de  Tantiquite, 
que  qui  terre  a,  guerre  a,  et  qu'un  malheur  ne  vient 
jamais  sans  I'autre  !  Je  n'avais  qu'une  seule  femme, 
qui  est  morte. 

M.  GuiL.  Et  combien  done  en  voulez-vous  avoir? 

Sgan.  Elle  est  morte.  Monsieur  Guillaume,  mon  ami. 
Cette  perte  m'est  tres-sensible,  et  je  ne  puis  m'en 
ressouvenir  sans  pleurer.  Je  n'etais  pas  fort  satis- 
fait  de  sa  conduite,  et  nous  avions  le  plus  souvent 
dispute  ensemble  ;  mais  enfin  la  mort  rajuste  toutes 
choses.  Elle  est  morte ;  je  la  pleure.  Si  elle 
etait  en  vie,  nous  nous  querellerions.  De  tous  les 
enfants  que  le  Ciel  m'avait  donnes,  il  ne  m'a  laisse 
qu'une  fille,  et  cette  fille  est  toute  ma  peine.  Car 
enfin  je  la  vols  dans  une  melancolie  la  plus  sombre 
du  monde,  dans  une  tristesse  epouvantable,  dont 
il  n'y  a  pas  moyen  de  la  retirer,  et  dont  je  ne 
saurais  meme  apprendre  la  cause.  Pour  moi,  j'en 
perds  I'esprit,  et  j'aurais  besoin  d'un  bou  conseil 


LOVE'S   THE  BEST  DOCTOR 

COMEDY 


ACT   I 

Scene  I 

SoANABELLEj  AmINTE,  LuCB^ICE,  M.  GuILLAUMB, 
M.  JOSSE 

Sgan.  Life  is  a  strange  thing.  How  well  may  I  say 
with  a  great  philosopher  of  old  that  he  who  has 
land  has  strife,  and  that  misfortunes  never  come 
singly.     I  had  but  one  wife  and  she  is  dead. 

M.  GuiL.  And  how  many,  then,  would  you  have  ! 

Sgan.  She  is  dead,  friend  Guillaume.  I  feel  her  loss 
very  much,  and  I  cannot  think  of  it  without  tears. 
I  was  not  altogether  satisfied  with  her  conduct  and 
we  often  quarrelled;  but,  after  all,  death  settles 
everything.  She  is  dead  :  I  bewail  her.  If  she 
were  alive  we  should  quarrel.  Of  all  the  children 
heaven  gave  me  I  have  but  one  daughter  left,  and 
this  girl  is  my  only  trouble.  For,  indeed,  she  has 
fallen  into  the  most  dismal  melancholy  in  the  world ; 
into  a  dreadful  sadness,  the  cause  of  which  I  cannot 
even  learn  and  out  of  which  there  does  not  seem  to 
be  any  means  of  getting  her.  I  declare  I  am  at 
my  wits'  end,  and  I  need  good  advice  on  this  matter. 
You  are  my  niece,  you,  my  neighbour,  and  you,  my 


272  L' AMOUR  MEDECIN  [acte  i. 

sur  cette  matiere.  Vous  etes  ma  niece  ;  vous,  ma 
voisine ;  et  vous,  mes  comperes  et  mes  amis :  je 
vous  prie  de  me  conseiller  tout  ce  que  je  dois  faire. 

M.  Jos.  Pour  moi,  je  tiens  que  la  braverie  et  I'ajuste- 
ment  est  la  chose  qui  rejouit  le  plus  les  filles ;  et  si 
j'etais  que  de  vouSj  je  lui  acheterais,  des  aujourd'hui, 
une  belle  garniture  de  diamants,  ou  de  rubis,  ou 
d'emeraudes. 

M.  GuUi.  Et  moi,  si  j'e'tais  en  votre  place,  j'achete- 
rais  une  belle  tenture  de  tapisserie  de  verdure,  ou  a 
personnages,  que  je  ferais  mettre  a  sa  chambre, 
pour  lui  rejouir  I'esprit  et  la  vue. 

Amin.  Pour  moi,  je  ne  ferais  pas  tant  de  fafons  ;  je 
la  marierais  fort  bien,  et  le  plus  tot  que  je  pourrais, 
avec  cette  personne  qui  vous  la  fit,  dit-on,  demander 
il  y  a  quelque  temps. 

Luc.  Et  moi,  je  tiens  que  votre  fille  n'est  point  du 
tout  propre  pour  le  mariage.  Elle  est  d'une  com- 
plexion trop  delicate  et  trop  peu  saine,  et  c'est  la 
vouloir  envoyer  bientot  en  I'autre  monde,  que  de 
I'exposer,  comme  elle  est,  a  faire  des  enfauts.  Le 
monde  n'est  point  du  tout  son  fait,  et  je  vous  con- 
seille  de  la  mettre  dans  un  convent,  ou  elle  trouvera 
des  divertissements  qui  seront  mieux  de  son 
humeur. 

Sgan.  Tous  ces  conseils  sont  admirables  assurement ; 
mais  je  les  tiens  un  peu  interesses,  et  trouve  que 
vous  me  conseillez  fort  bien  pour  vous,  Vous  etes 
orfevre.  Monsieur  Josse,  et  votre  conseil  sent  son 
homme  qui  a  envie  de  se  defaire  de  sa  marchandise. 
Vous  vendez  des  tapisseries.  Monsieur  Guillaume, 
et  vous  avez  la  mine  d'avoir  quelque  tenture 
qui  vous  incommode.  Celui  que  vous  aimez,  ma 
voisine,  a,  dit-on,  quelque  inclination  pour  ma  fille, 
et  vous  ne  seriez  pas  fachee  de  la  voir  la  femme 
d'un  autre.  Et  quant  a  vous,  ma  chere  niece,  ce 
n'est  pas  mon  dessein,  comme  on  sait,  de  marier 
ma  fille  avec  qui  que  ce  soit,  et  j'ai  mes  raisons 

{>our  cela  ;  mais  le  conseil  que  vous  me  donnez  de 
a  faire  religieuse,  est  d'une  femme  qui  pourrait 


so.  I.]        LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  273 

companions  and  my  friends  :  pray,  all  of  you,  advise 
me  what  I  ought  to  do. 

M.  JossB.  My  opinion  is  that  dress  and  adornment 
are  the  things  which  please  girls  most ;  and,  if  I 
were  you,  I  would  buy  her  this  very  day  a  hand- 
some set  of  diamonds,  or  of  rubies,  or  of  emeralds. 

M.  Guiii.  And  I,  if  I  were  in  your  place,  I  should  buy 
her  a  beautiful  set  of  tapestry  representing  a  land- 
scape or  figures,  which  1  would  hang  up  in  her  room 
to  cheer  her  eyes  and  her  heart. 

Amin.  For  my  part  I  would  not  do  that ;  I  would 
marry  her  very  well  and  as  soon  as  I  could  to  that 
person  who  asked  her  of  you,  they  say,  some  time 
ago. 

Luc.  And  I  think  that  your  daughter  is  not  at  all  fit 
to  be  married.  She  is  of  too  delicate  and  too  frail 
a  constitution.  To  expose  her  as  she  is  to  bear 
children  would  be  as  good  as  sending  her  into  the 
next  world.  This  world  does  not  suit  her,  and  I 
advise  you  to  put  her  in  a  convent,  where  she  will 
find  distractions  more  to  her  taste. 


Sgan.  All  this  advice  is  certainly  admirable,  but  I 
think  it  is  somewhat  interested,  for  I  find  that  you 
advise  me  very  much  for  your  own  benefit.  You 
are  a  goldsmith.  Monsieur  Josse,  and  your  advice 
is  that  of  a  man  who  is  anxious  to  get  rid  of  his 
wares.  You  sell  tapestries.  Monsieur  Guillaume, 
and  you  seem  to  me  to  have  some  hangings  which 
bother  you.  The  man  you  love,  my  fair  neighbour, 
has,  they  say,  some  inclination  towards  my  daughter, 
and  you  would  not  be  sorry  to  see  her  the  wife  of 
another.  And  as  for  you,  my  dear  niece,  it  is  not 
my  intention,  as  is  well  known,  to  marry  my 
daughter  to  anyone.  I  have  my  reasons  for  this ; 
but  the  advice  you  give  me  to  make  her  a  nun  comes 
from  a  woman  who  may  have  the  very  charitable 
8 


274  L' AMOUR  M^DECIN  [acte  i. 

bien  souhaiter  charitablement  d'etre  mon  h^ritiere 
universelle.  Ainsi,  Messieurs  et  Mesdames,  quoi- 
que  tous  vos  conseils  soient  les  meilleurs  du  monde, 
vous  trouverez  bon,  s'il  vous  plait,  que  je  n'en 
suive  aucun.  Voila  de  mes  donneurs  de  conseils  a 
la  mode. 


Sci:NE  II 

LUCINDB,  SgANARELLE 

Sgan.  Ah  !  voila  ma  fille  qui  prend  I'air,  Elle  ne  me 
voit  pas ;  elle  soupire ;  elle  leve  les  yeux  au  ciel. 
Dieu  vous  garde !  Bon  jour,  ma  mie.  He  bien  ! 
qu'est-ce  ?  Comme  vous  en  va  ?  He  quoi !  tou- 
jours  triste  et  melancolique  comme  cela,  et  tu  ne 
veux  pas  me  dire  ce  que  tu  as.  A  lions  done,  de- 
couvre-moi  ton  petit  coeur.  La,  ma  pauvre  mie, 
dis,  dis ;  dis  tes  petites  pense'es  a  ton  petit  papa 
mignon.  Courage!  Veux-tu  que  jete  baise?  Viens. 
J'enrage  de  la  voir  de  cette  humeur-la.  Mais,  dis- 
moi,  me  veux-tu  faire  mourir  de  deplaisir,  et  ne 
puis-je  savoir  d'ou  vient  cette  grande  langueur  ? 
Decouvre-m'en  la  cause,  et  je  te  promets  que  je 
ferai  toutes  choses  pour  toi.  Oui,  tu  n'as  qu'a  me 
dire  le  sujet  de  ta  tristesse  ;  je  t'assure  ici,  et  te  fais 
serment  qu'il  n'y  a  rien  que  je  ne  fasse  pour  te 
satisfaire  ;  c'est  tout  dire.  Est-ce  que  tu  es  jalouse 
de  quelqu'une  de  tes  compagnes  que  tu  voies  plus 
brave  que  toi .''  et  serait-il  quelque  etofFe  nouvelle 
dont  tu  voulusses  avoir  un  habit.''  Non.  Est-ce 
que  ta  chambre  ne  te  semble  pas  assez  paree,  et  que 
tu  souhaiterais  quelque  cabinet  de  la  foire  Saint- 
Laurent?  Ce  n'est  pas  cela.  Aurais-tu  en  vie 
d'apprendre  quelque  chose?  et  veux-tu  que  je  te 
donne  un  maitre  pour  te  montrer  a  jouer  du 
clavecin  ?  Nenni.  Aimerais-tu  quelqu'un,  et  sou- 
haiterais-tu  d'etre  mariee? 

(LuciNDE  lui  fait  signe  que  c'est  oela.) 


sc.  II.]       LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  275 

wish  to  become  my  sole  heiress.  Therefore,  ladies 
and  gentlemen,  although  your  counsel  in  each  case 
is  the  best  in  the  world,  allow  me,  if  you  please, 
not  to  follow  it.     So  much  for  fashionable  advice. 


Scene  II 

LUCINDE,   SqANABELLB 

Scan.  Ah  !  here  comes  my  daughter  to  take  a  breath 
of  air.  She  does  not  see  me  ;  she  sighs ;  she  lifts 
her  eyes  to  heaven,  God  bless  you  !  Good  morn- 
ing, my  child .  Well,  what  is  it .''  How  are  you  ? 
Eh  !  What  ?  Always  so  sad  and  so  melancholy,  and 
you  will  not  tell  me  why .''  Come  now,  open  your 
dear  heart  to  me.  There,  my  poor  darling,  tell 
me,  tell  me ;  tell  your  own  fond  papa  what  is  in 
your  mind.  Courage.  Shall  I  kiss  you  ?  Come. 
It  drives  me  crazy  to  see  her  in  this  humour.  Come, 
tell  me,  do  you  wish  to  kill  me  with  anxiety .''  May 
I  not  know  why  you  are  so  listless  ?  Tell  me  the 
cause  of  it  and  I  promise  you  I  will  do  everything 
for  you.  Yes,  you  have  but  to  tell  me  why  you  are 
so  sad  and  I  assure  you,  I  swear  to  you  here,  there 
is  nothing  I  will  not  do  to  please  you  :  I  cannot  say 
more.  Are  you  jealous  of  any  of  your  companions 
who  is  better  dressed  than  yourself?  is  there 
some  new  stuiF  of  which  you  want  a  dress .''  No, 
Does  your  room  not  seem  to  you  well  enough  fur- 
nished.'' do  you  wish  for  a  cabinet  from  St,  Law- 
rence's Fair.''  It  is  not  that.  Do  you  want  to  learn 
anything  ?  do  you  want  me  to  find  a  master  to 
teach  you  to  play  on  the  harpsichord."*  Nor  that 
either.  Do  you  love  some  one  and  want  to  be 
married  ? 

(LuciNDE  makes  a  sign  that  that  is  the  reason.) 


276  L'AMOUR  MEDECIN  [acte  i. 

Sc^NE     III 

LisETTE,  SganareixiB,  Lucindb 

Lis.  He  bien !  Monsieur,  vous  venez  d'entretenir  votre 
fille.     Avez-vous  su  la  cause  de  sa  melancolie  ? 

Sgan.  Non.     C'est  une  coquine  qui  me  fait  enrager. 

Lis.  Monsieur,  laissez-moi  faire,  je  ni'en  vais  la  sonder 
un  peu. 

Sgan.  II  n'est  pas  necessaire ;  et  puisqu'elle  veut 
etre  de  cette  humeur,  je  suis  d'avis  qu'on  I'y 
laisse. 

Lis.  Laissez-moi  faire,  vous  dis-je.  Peut-etre,  qu'elle 
se  decouvrira  plus  librement  a  moi  qu'a  vous. 
Quoi.''  Madame,  vous  ne  nous  direz  point  ce  que 
vous  avez,  et  vous  voulez  affliger  ainsi  tout  le  monde .'' 
II  me  semble  qu'on  n'agit  point  comme  vous  faites, 
et  que,  si  vous  avez  quelque  repugnance  a  vous 
expliquer  a  un  pere,  vous  n'en  devez  avoir  aucune 
a  me  decouvrir  votre  coeur.  Dites-moi,  souhaitez- 
vous  quelque  chose  de  lui-f*  II  nous  a  dit  plus  d'une 
fois  qu'il  n'epargnerait  rien  pour  vous  contenter. 
Est-ce  qu'il  ne  vous  donne  pas  toute  la  liberte  que 
vous  souhaiteriez,  et  les  promenades  et  les  cadeaux 
ne  tenteraient-ils  point  votre  ame .''  Heu.  Avez- 
vous  regu  quelque  deplaisir  de  quelqu'un.''  Heu 
n'auriez-vous  point  quelque  secrete  inclination,  avec 
qui  vous  souhaiteriez  que  votre  pere  vous  mariat  ? 
Ah  !  je  vous  entends.  Voila  I'affaire.  Que  diable  ! 
pourquoi  tant  de  fagons  ?  Monsieur,  le  mystere  est 
decouvert ;  et  .  .  . 

Sgan.  (rinterrompant.)  Va,  fille  ingrate,  je  ne  te  veux 
plus  parler,  et  je  te  laisse  dans  ton  obstination. 

Luc.  Mon  pere,  puisque  vous  voulez  que  je  vous  dise 
la  chose  .  .  . 


8C.  III.]      LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  277 

Scene  III 
LisETTE,  Sganarellb,  Lucindb 

Lis.  Ah,   well !    Monsieur.      So  you  have  just  been 

talking  with  your  daughter.     Have  you  found  out 

the  cause  of  her  melancholy .'' 
SoAN.  No,  she  makes  me  mad,  the  hussy. 
Lis.  Leave  her  to  me.  Monsieur,  I  will  sound  her  a 

little. 
Sqan.  It  is  not  of  any  use.    Since  she  is  in  this  mood^ 

I  think  she  is  best  left  alone. 

Lis.  Leave  her  to  me,  I  say.  Perhaps  she  will  open 
her  heart  more  freely  to  me  than  to  you.  Well, 
Madam,  you  will  not  tell  us  what  is  the  matter  with 
you  and  you  wish  to  upset  everybody  in  this  way. 
1  do  not  think  you  ought  to  behave  like  this, 
and  if  you  object  to  explain  yourself  to  your 
father,  you  ought  not  to  object  to  open  your  heart 
to  me.  Tell  me,  do  you  want  anything  from  him  ? 
He  has  told  us  more  than  once  that  he  would  not 
spare  anything  to  please  you.  Does  he  not  give 
give  you  all  the  liberty  you  wish  ?  Do  not  pleasure 
parties  and  pleasant  walks  tempt  you.-*  Ah  !  Has 
any  one  vexed  you  .-^  Ah  !  Have  you  not  a  secret 
liking  for  some  one  to  whom  you  wish  your  father 
to  marry  you  ?  Ah !  I  understand,  that  is  it. 
Good  gracious,  why  do  you  put  on  so  many  airs. 
The  secret  is  out.  Monsieur,  and  .  .  . 


Sgan.  (interrupting  her.)  Go,  ungrateful  girl,  I  do  not 
want  to  talk  to  you  any  more ;  I  leave  you  to  your 
obstinacy. 

Luc.  Since  you  wish  me  to  tell  you  this,  father  .  .  . 


278  L'AMOUR  M^DECIN  [actb  i. 

SoAN.  Oui,  je  perds  toute  Tamitie  que  j'avais  pour  toi. 

Lis.  Monsieur,  sa  tristesse  .  .  . 

SoAN.  C'est  une  coquine  qui  me  veut  fair  mourir. 

Luc.  Mon  pere,  je  veux  bien  .  .  . 

Sgan.  Ce  n'est  pas  la  recompense  de  t'avoir  elevee 

comme  j'ai  fait. 
Lis.  Mais,  Monsieur  .  .  . 
Sgan.  Non,  je  suis  contre  elle  dans  une  colere  epou- 

vantable. 
Luc.  Mais,  mon  pere  .  .  . 
Sgan.  Je  n'ai  plus  aucune  tendresse  pour  toi. 
Lis.  Mais  .  .  . 
Sgan.  C'est  une  friponne. 
Luc.  Mais  ... 
Sgan.  Une  ingrate. 
Lis.  Mais  .  .  . 
Sgan.  Une  coquine,   qui  ne   me  veut    pas   dire   ce 

qu'elle  a. 
Lis.  C'est  un  mari  qu'elle  veut. 
Sgan.  (faisant  semblant  de  ne  pas  entendre.)   Je  I'aban- 

donne. 
Lis.  Un  mari. 
Sgan.  Je  la  deteste. 
Lis.  Un  mari. 

Sgan.  Et  la  renonce  pour  ma  fille. 
Lis.  Un  mari. 

Sgan.  Non,  ne  m'en  parlez  point. 
Lis.  Un  mari. 

Sgan.  Ne  m'en  parlez  point. 
Lis.  Un  mari. 

Sgan.  Ne  m'en  parlez  point. 
Lis.  Un  mari,  un  mari,  un  mari. 


Bc.  III.]      LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  279 

Sgan.  Yes.    I  have  lost  all  the  affection  I  had  for 

you. 
Lis.  Her  sadness,  Monsieur  .  .  . 
Sgan.  The  hussy  will  kill  me. 
Luc.  Father,  I  will,  really  .  .  . 
Sgan.  This  is  no  reward  for  having  brought  you  up  as 

I  have. 
Lis.  But,  Monsieur  .  .  . 
Sgan.  No.     I  am  in  a  terrible  rage  with  lier. 

Luc.  But,  father  .  .  . 

Sgan.  I  do  not  care  for  you  any  longer. 

Lis.  But  .  .  . 

Sgan.  She  is  a  minx. 

Luc.  But  .  .  . 

Sgan.  An  ungrateful  girl. 

Lis.  But  ... 

Sgan.  A  baggage,  who  will   not  tell  me  what  ails 

her. 
Lis.  It  is  a  husband  she  wants. 
Sgan.  (pretending  not  to  hear.)  I  have  done  with  her. 

Lis,  A  husband. 

Sgan.  I  hate  her. 

Lis.  a  husband. 

Sgan.  And  renounce  her  as  a  daughter. 

Lis.  a  husband. 

Sgan.  No,  do  not  talk  to  me  about  her. 

Lis.  a  husband. 

Sgan.  Do  not  talk  to  me  about  her. 

Lis.  a  husband. 

Sgan.  Do  not  talk  to  me  about  her. 

Lis.  a  husband,  a  husband,  a  husband. 


280  L' AMOUR  M^DECIN  [acte  i. 

Sci;NE  IV 

LiSBTTE,  LUGINDE 

Lis.  On  dit  bien  vrai :  qu'il  n'y  a  point  de  pires 
sourds  que  ceux  qui  ne  veulent  point  entendre. 

Luc.  He  bien  !  Lisette,  j'avais  tort  de  cacher  mon 
deplaisir,  et  je  n'avais  qu'a  parler  pour  avoir 
tout  ce  que  je  souhaitais  de  mon  pere !  Tu  le 
vois. 

Lis.  Par  ma  foi  !  voila  un  vilain  homme ;  et  je  vous 
avoue  que  j'aurais  un  plaisir  extreme  a  lui  jouer 
quelque  tour.  Mais  d'ou  vient  done,  Madame,  que 
jusqu'ici  vous  m'avez  cache  votre  mal.'' 

Luc.  He'las  !  de  quoi  m'aurait  servi  de  te  le  decouvrir 
plus  tot .''  et  n'aurais-je  pas  autant  gagne  a  le  tenir 
cache  toute  ma  vie  ?  Crois-tu  que  je  n'aie  pas  bien 
prevu  tout  ce  que  tu  vois  maintenant,  que  je  ue 
susse  pas  a  fond  tons  les  sentiments  de  mon  pere, 
et  que  le  refus  qu'il  a  fait  porter  a  celui  qui  m'a 
demandee  par  un  ami,  n'ait  pas  etouffe  dans  mon 
ame  toute  sorte  d'espoir .'' 

Lis.  Quoi  ?  c'est  cet  inconnu  qui  vous  a  fait  demander, 
pour  qui  vous  ... 

Luc.  Peut-etre  n'est-il  pas  honnete  a  une  fiUe  de  s'ex- 
pliquer  si  librement;  mais  enfin  je  t' avoue  que  s'il 
m'etait  permis  de  vouloir  quelque  chose,  ce  serait 
lui  que  je  voudrais.  Nous  n'avons  eu  ensemble 
aucune  conversation,  et  sa  bouche  ue  m'a  point 
declare  la  passion  qu'il  a  pour  moi ;  mais,  dans  tous 
les  lieux  ou  il  m'a  pu  voir,  ses  regards  et  ses  actions 
m'ont  toujours  parle  si  tendrement,  et  la  demande 
qu'il  a  fait  faire  de  moi  m'a  paru  d'un  si  honnete 
homme,  que  mon  coeur  n'a  pu  s'empecher  d'etre 
sensible  a  ses  ardeurs ;  et  cependant  tu  vois 
ou  la  durete  de  mon  pere  reduit  toute  cette 
tendresse. 

Lis.  AUez,   laissez-moi    faire.      Quelque    sujet    que 


8c.  IV.]       LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  281 

Scene  IV 

LiSETTB,   LUCINDB 

Lis.  They  speak  truly  who  say  there  are  none  so  deaf 

as  those  who  won't  hear. 
Luc.  Ah  !  Lisette,  I  was  wrong  to  hide  my  trouble, 

I  had  only  to  speak  to  obtain  from  my  father  all 

I  wished  !     You  see  now. 

Lis.  Upon  my  word  he  is  a  tiresome  man.  I  tell  you 
it  would  give  me  much  pleasure  to  play  him  some 
trick.  But  how  comes  it,  Madam,  that  until  now 
you  have  kept  your  trouble  from  me .'' 

Luc.  Alas  !  What  good  would  it  have  done  me  to 
have  told  it  to  you  before  ?  Should  I  not  have  gained 
as  much  if  I  had  kept  it  secret  all  my  life.''  Do  you 
not  think  I  have  foreseen  all  that  has  j  ust  happened, 
that  I  did  not  thoroughly  know  my  father's  senti- 
ments, and  that,  when  he  refused  me  to  the  friend 
who  asked  for  me  on  my  lover's  behalf,  every  hope 
became  stifled  in  my  breast? 

Lis.  What.''  it  is  that  stranger  who  asked  for  your 
hand,  for  whom  you  .   .  . 

Luc.  Perhaps  it  is  not  modest  for  a  girl  to  express  herself 
so  openly ;  but,  indeed,  I  must  confess  to  you  that, 
were  I  at  liberty  to  choose  any  one,  he  would  be  my 
choice.  We  have  not  had  any  conversation  together, 
and  his  lips  have  not  declared  the  passion  he  has  for 
me ;  but,  wherever  he  has  seen  me,  his  looks  and 
his  actions  have  always  spoken  so  tenderly  to  me, 
and  his  asking  for  me  appears  to  me  so  very 
honourable,  that  my  heart  has  not  been  able  to 
remain  insensible  to  his  love.  And  yet  you  see  to 
what  the  harshness  of  my  father  is  likely  to  bring 
all  this  tenderness. 

Lis.  Come,  leave  it  to  me.   However  much  I  may  blame 


282  L'AMOUR  MEDECIN  [actb  i. 

j'aie  de  me  plaindre  de  vous  du  secret  que  vous 
m'avea  fait,  je  ne  veux  pas  laisser  de  servir  votre 
amour ;  et  pourvu  que  vous  aypz  assez  de  resolu- 
tion .  .  . 

Luc.  Mais  que  veux-tu  que  je  fasse  centre  I'autorite 
d'un  pere  ?  et  s'il  est  inexorable  a  mes  voeux  .  .  . 

Lis.  Allez,  allez,  il  ne  faut  pas  se  laisser  mener 
comme  un  oison  ;  et  pourvu  que  I'honneur  n'y  soit 
pas  offense,  on  pent  se  liberer  un  peu  de  la  tyrannie 
d'un  pere.  Que  pretend-il  que  vous  fassiez  ?  N'etes- 
vous  pas  en  age  d'etre  mariee,  et  croit-il  que  vous 
soyez  de  marbre  ?  Allez,  encore  un  coup,  je  veux 
servir  votre  passion ;  je  prends,  des  a  present,  sur  moi 
tout  le  soin  de  ses  interets,  et  vous  verrez  que  je 
sais  des  detours  .  .  .  Mais  je  vois  votre  pere. 
Rentrons,  et  me  laissez  agir. 


SciNE  V 

SoANAREIiliB 

Sgan.  II  est  bon  quelquefois  de  ne  point  faire  sem- 
blant  d'entendre  les  choses  qu'on  n'entend  que 
trop  bien  ;  et  j'ai  fait  sagement  de  parer  la  declara- 
tion d'un  desir  que  je  ne  suis  pas  resolu  de  con- 
tenter.  A-t-on  jamais  rien  vu  de  plus  tyrannique 
que  cette  coutume  ou  Ton  veut  assujettir  les  peres? 
rien  de  plus  impertinent  et  de  plus  ridicule  que 
d'amasser  du  bien  avec  de  grands  travaux,  et 
d'elever  une  fille  avec  beaucoup  de  soin  et  de  ten- 
dresse,  pour  se  depouiller  de  I'un  et  de  I'autre  entre 
les  mains  d'un  homme  qui  ne  nous  touche  de  rien  ? 
Non,  non :  je  me  moque  de  cet  usage,  et  je  veux 
garder  mon  bien  et  ma  fille  pour  moi. 


8c.  v.]        LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  283 

you  for  having  kept  it  secret  from  me,  I  will  not 
fail  to  assist  your  love-aflfair;  and,  provided  you 
have  sufficient  resolution  .  .  , 

Luc.  But  what  can  I  do  against  a  father's  authority  ? 
If  he  is  inexorable  to  my  wishes  .  .  . 

Lis.  Come,  come,  you  must  not  suffer  yourself  to  be 
led  like  a  goose.  Provided  honour  be  safeguarded 
there  may  be  a  little  release  from  a  father's  tyranny. 
What  does  he  intend  you  to  do .''  Are  you  not  of 
a  marriageable  age  ?  Does  he  think  you  are  made 
of  marble .''  Come,  once  more,  I  will  further  your 
love-affair.  From  this  moment  I  will  take  upon 
myself  the  whole  burden  of  it  and  you  shall  see 
that  I  know  some  tricks  .  .  .  But  I  see  your  father ; 
let  us  go  in.     Leave  me  to  act. 


Scene  V 

SOANARELLB 

Sgan.  It  is  sometimes  good  to  pretend  we  do  not  hear 
things  which  we  hear  but  too  well.  I  have  done 
wisely  in  warding  off  the  declaration  of  a  wish 
which  I  am  resolved  not  to  gratify.  Has  any  one 
ever  seen  anything  more  tyrannical  than  the  custom 
to  which  people  would  subject  fathers :  anything 
more  preposterous  and  foolish  than  to  amass  wealth 
by  hard  work  and  to  bring  up  a  daughter  with  great 
tenderness  and  care,  in  order  to  strip  oneself  of 
both  and  give  them  into  the  hands  of  a  man  who  is 
nothing  to  us  ?  No,  no :  I  shall  laugh  at  that 
custom.  I  shall  keep  my  money  and  my  daughter 
to  myself. 


284  L'AMOUR  MJ^DECIN  [actb  i. 

Sc;&NE  VI 

LrsBTTB,  Sganarelle 

Lis.  Ah,    malheur !      Ah,    disgrace !      Ah,    pauvre 
Seigneur  Sganarelle  !  ou  pourrai-je  te  rencontrer? 

Sqan.  Que  dit-elle  la  ? 

Lis.  Ah,    miserable  pere  I    que  feras-tu,   quaud    tu 

sauras  cette  nouvelle .'' 
Sgan.  Que  sera-ce.^ 
Lis.  Ma  pauvre  maitresse  ! 
Sgan.  Je  suis  perdu. 
Lis.  Ah! 
Sgan.  Lisette. 
Lis.  Quelle  infortune  ! 
Sgan.  Lisette. 
Lis.  Quel  accident ! 
Sgan.  Lisette. 
Lis.  Quelle  fatalite  ! 
Sgan.  Lisette. 
Lis.  Ah,  Monsieur! 
Sgan.  Qu'est-ce.'' 
Lis.  Monsieur. 
Sgan.  Qu'y  a-t-il? 
Lis.  Votre  lille. 
Sgan.  Ah,  ah  ! 
Lis.  Monsieur,  ne  pleurez  done  point  comme  cela,  car 

vous  me  feriez  rire. 
Sgan.  Dis  done  vite. 
Lis.  Votre  fille,  toute  saisie  des  paroles  que  vous  lui 

avez  dites,  et  de  la  colere  effroyable  ou  elle  vous  a 

vu  centre  elle,  est  montee  vite  dans  sa  chambre,  et 

pleine  de  desespoir,  a  ouvert  la  fenetre  qui  regarde 

sur  la  riviere. 
Sgan.  He  bien.-' 
Lis.  Alors,  levant  les  yeux  au  ciel :    '  Non,  a-t-elle 

dit,  il  m'est  impossible  de  vivre  avec  le  courroux  de 


sc.  VI.]      LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  285 

Scene   VI 

LiSETTE,  SgANARELLB 

Lis.  Ah  !  what  a  misfortune.     Ah  !  what  a  calamity. 

Ah  !  poor  Seigneur  Sganarelle.     Where  shall  I  find 

you? 
Sgan.  What  is  it  she  says  ? 
Lis.  Ah  !  unhappy  father,  what  will  you  do  when  you 

hear  the  news? 
Sgan.  What  can  it  be  ? 
Lis.  My  poor  mistress. 
Sgan.  I  am  undone. 
Lis.  Ah  ! 
Sgan.  Lisette. 
Lis.  What  a  misfortune  I 
Sgan.  Lisette. 
Lis.  What  an  accident ! 
Sgan.  Lisette. 
Lis.  What  a  mischance ! 
Sgan.  Lisette. 
Lis.  Ah  !  Monsieur  ! 
Sgan.  What  is  it? 
Lis.  Monsieur. 
Sgan.  What  is  the  matter? 
Lis.  Your  daughter. 
Sgan.  Ah!  ah! 
Lis.  Do  not  cry  like  that.  Monsieur.     You  will  make 

me  laugh. 
Sgan.  Speak  then  quickly. 
Lis.  Overcome  by  what  you  said  and  by  the  terrible 

rage  she  saw   you  were   in,    your   daughter  went 

immediately  into  her  room  and,  full  of  despair, 

opened  the  window  that  looks  upon  the  river. 

Soan.  Ah  !  what  next  ? 

Lis.  Then,   lifting  her  eyes  to  heaven  !      No,   she 
said  to  me  :  '  It  is  impossible  for  me  to  live  undet 


286  L'AMOUR  MEDECIN  [actb  i. 

mon  pere,  et  puisqu'il  me  renonce  pour  sa  fiUe,  je 
veux  mourir.' 

So  AN.  Elle  s'est  jetde  ? 

Lis.  Non,  Monsieur :  elle  a  ferm^  tout  doucement  la 
fenetre,  et  s'est  allee  mettre  sur  son  lit.  La  elle 
s'est  prise  a  pleurer  amerement ;  et  tout  d'un  coup 
son  visage  a  pali,  ses  yeux  se  sont  tournes,  le  coeur 
lui  a  manque,  et  elle  m'est  demeuree  entre  les  bras. 

SoAN.  Ah,  ma  fille  ! 

Lis.  A  force  de  la  tourmenter,  je  I'ai  fait  revenir ; 
mais  cela  lui  reprend  de  moment  en  moment,  et  je 
crois  qu'elle  ne  passera  pas  la  journee. 

Sgan.  Champagne,  Champagne,  Champagne,  vite, 
qu'on  m'aille  querir  des  medecins,  et  en  quantite  : 
on  n'en  peut  trop  avoir  dans  une  pareille  aventure. 
Ah,  ma  fille !  ma  pauvre  fille  ! 

FIN  DU  PREMIER  ACTE 


I  ENTR'ACTE 

Champagne,  en  dansant,  frappe  aux  portes  de  quatre 
medecins,  qui  dansent,  et  entrent  avec  cdr^monie  ohez 
le  p^re  de  la  malade. 


ACTE    II 
Scene  I 

SOANARELLE,  LiSETTB 

Lis.  Que  voulez-vous  done  faire.  Monsieur,  de  quatre 
medecins .''    N'est-ce  pas  assez  d'un  pour  tuer  une 


personne 


Sgan.    Taisez-vous.      Quatre  conseils  valent  mieux 

qu'un. 
Lis.  Est-ce  que  votre  fille  ne  peut  pas  bien  mourir 

sans  le  secours  de  ces  Messieurs-la  ? 


sc.  VI.]      LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  287 

my  father's  wrath,  and,  since  he  renounces  me  as  hia 

daughter,  I  must  die.' 
Sgan.  She  threw  herself  down  ? 
Lis.  No,  Monsieur  ;  she  gently  shut  the  window  and 

went  to  lie  down  on  her  bed.     There  she  fell  to 

weeping  bitterly,  and,  suddenly  her  face  paled,  her 

eyes  rolled,  her  heart  ceased  to  beat,  and  she  fainted 

in  my  arms. 
Sgan.  Ah,  my  daughter  ! 
Lis.  I  brought  her  round  by  pinching  her ;  but  she 

relapses  every  moment,  and  I  do  not  believe  she 

will  last  the  day. 
Sgan.  Champagne,   Champagne,  Champagne,  quick, 

go  and  seek  some  doctors,  and  bring  several :  we 

cannot  have  too  many  in  such   a  crisis  as  this. 

Ah,  my  daughter  !  my  poor  daughter ! 

END  OF  THE  FIRST  ACT 


FIRST  INTERLUDE 

Champagne,  dancing,  knocks  at  the  doors  of  four  doctors, 
who  dance  and  enter  ceremoniously  into  the  house  of  the 
invalid's  father. 


ACT    II 

Scene  I 

SOANARELLE,  LiSETTB 

Lis.  What  do  you  want  with  four  doctors,  Monsieur? 
Is  not  one  enough  to  kill  anybody  } 

Sgan.  Hold  your  tongue  ;  four  heads  are  better  than 

one. 
Lis.  Cannot  your  daughter  die  soon  enough  without 

the  help  of  these  gentlemen  ? 


288  L'AMOUR  M^DECIN  [acte  ii. 

Sgan.  Est-ce  que  les  medecins  font  mourir? 

Lis.  Sans  doute  ;  et  j'ai  connu  un  homme  qui  prou- 
vait,  par  de  bonnes raisons,  qu'il  ne  faut  jamais  dire: 
'  Une  telle  personne  est  morte  d'une  fievre  et  d'une 
fluxion  sur  la  poitrine '  ;  mais :  *  Elle  est  morte  de 
quatre  medecins  et  de  deux  apothicaires.' 

Sgan.  Chut.     N'offensez  pas  ces  Messieurs-Ik. 

Lis.  Ma  foi !  Monsieur,  notre  chat  est  rechappe  depuis 
peu  d'un  saut  qu'il  fit  du  haut  de  la  maison  dans  la 
rue  ;  et  il  fut  trois  jours  sans  manger,  et  sans  pou- 
voir  remuer  ni  pied  ni  patte ;  mais  il  est  bien 
heureux  de  ce  qu'il  n'y  a  point  de  chats  medecins, 
car  ses  affaires  etaient  faites,  et  ils  n'auraient  pas 
manque  de  le  purger  et  de  le  saigner. 

Sgan.  Voulez-vous  vous  taire?  vous  dis-je.  Mais 
voyez  quelle  impertinence  !     Les  voici. 

Lis.  Prenez  garde,  vous  allez  etre  bien  edifie  !  ils  vous 
diront  en  latin  que  votre  fille  est  malade. 


Sc^NE  II 

Messieurs  Towris,  Des  Fonandres,  Macroton  et 
Bahys  (medecins),  Soanarelle,  Lisettb 

Sgan.  He  bien  !  Messieurs. 

M.  Tom.  Nous  avons  vu  suffisamment  la  malade,  et 
sans  doute  qu'il  y  a  beaucoup  d'impuretes  en  elle. 

Sgan.  Ma  fille  est  impure  ? 

M.  Tom.  Je  veux  dire  qu'il  y  a  beaucoup  d'impurete 

dans  son  corps,  quantite  d'humeurs  corrompues. 
Sgan.  Ah  !  je  vous  entends. 

M.  Tom.  Mais  .  .  .  Nous  aliens  consulter  ensemble. 
Sgan.  Aliens,  faites   donner  des  sieges. 
Lis.  Ah  !  Monsieur,  vous  en  etes  } 
Sgan.  De  quoi  done  connaissez-vous  Monsieur  } 
Lis.  De  I'avoir  vu  I'autre  jour  chez  la  bonne  amie  de 

Madame  votre  niece. 


sc.  11.]       LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  289 

Sgan.  Do  people  die  through  employing  doctors  ? 

Lis.  Indeed  they  do  ;  I  knew  a  man  who  maintained 
— and  he  had  excellent  reasons — that  one  ought 
never  to  say  '  such  a  person  died  of  a  fever  or  from 
inflammation  of  the  lungs/  hut  '  she  died  of  four 
doctors  and  two  chemists.' 

Scan.  Hush  !  do  not  offend  these  gentlemen. 

Lis.  Believe  me.  Monsieur,  not  long  since  our  cat  had 
a  narrow  escape  from  a  fall  he  had  from  the  top  of 
the  house  into  the  street ;  he  was  three  days  with- 
out eating  and  without  being  able  to  wag  his  paw, 
but  it  is  very  lucky  there  are  no  cat  doctors,  other- 
wise all  would  have  been  over,  for  they  would  not 
have  failed  to  physic  and  bleed  him. 

Sgan.  Will  you  hold  your  tongue,  I  say  ?  What 
impertinence  !     Here  they  are. 

Lis.  Look  out !  you  will  be  highly  edified.  They  will 
tell  you  in  Latin  that  your  daughter  is  not  well. 


Scene  II 

Messieurs  Tomes,  Des  Fonandr^s,  Macboton  and 
Bahys  (doctors),  Sganabblle,  Lisette 

Sgan.  Well,  gentlemen.'' 

M.  Tom.  We  have  carefully  examined  the  patient,  and, 

unquestionably,  there  are  a  great  many  impurities 

in  her. 
Sgan.  Is  my  daughter  impure  } 
M.  Tom.  I  mean  to  say  there  are  many  impurities  in 

her  body  ;  a  quantity  of  corrupt  humours. 
Sgan.  Ah  !  I  understand  you. 

M.  Tom.  But  .  .  .  We  are  going  to  consult  together. 
Sgan.  Come,  bring  some  chairs. 
Lis.  Ah,  Monsieur  !  are  you  among  them .'' 
Sgan.  How  came  you  to  know  this  gentleman  } 
Lis,  I  saw  him  the  other  day  at  the  house  of  a  great 

friend  of  your  niece. 

T 


290  L' AMOUR  MEDECIN  [acte  n. 

M.  Tom.  Comment  se  porte  son  cocher  ? 

Lds.  Fort  bien  :  il  est  mort. 

M.  Tom.  Mort ! 

Lis.  Oui. 

M.  Tom.  Cela  ne  se  peut 

Lis.  Je  ne  sais  si  cela  se  peut ;  mais  je  sais  bien  que 
cela  est. 

M.  Tom.  II  ne  peut  pas  etre  mort,  vous  dis-je. 

Lis.   Et  moi  je  vous  dis  qu'il  est  mort  et  enterre. 

M.  Tom.  Vous  vous  trompez. 

Lis.  Je  I'ai  vu. 

M.  Tom.  Cela  est  impossible.  Hippocrate  dit  que  ces 
sortes  de  maladies  ne  se  terminent  qu'au  quatorze, 
ou  au  vingt-un;  et  il  n'y  a  que  six  jours  qu'il  est 
tombe  malade. 

Lis.  Hippocrate  dira  ce  qu'il  lui  plaira ;  mais  le  cocher 
est  mort. 

Sgan.  Paix  !  discoureuse  ;  aliens,  sortons  d'ici.  Mes- 
sieurs, je  vous  supplie  de  consulter  de  la  bonne 
maniere.  Quoique  ce  ne  soit  pas  la  coutume 
de  payer  auparavant,  toutefois,  de  peur  que  je 
I'Dublie,  et  afin  que  ce  soit  une  affaire  faite, 
voici  ... 

(II  lea  paje,  et  chacun,  en  recevant  I'argent,  fait  un  geste 
different.) 


SciNE  III 

Messieurs  Des  FonaNdr^,  Tom^s,  Macroton 
ET  Bahys 

(lis  s'asseyent  et  toussent.) 
M.  Des.  Paris  est  etrangement  grand,  et  il  faut  faire 

de  longs  trajets  quand  la  pratique  donne  un  peu. 
M.  Tom.  II  faut  avouer  que  j'ai  une  mule  admirable 


BO.  III.]      LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  291 

M.  Tom.  How  is  her  coachman  .'' 

Lis.  Very  well ;  he  is  dead. 

M.  Tom.  Dead  ? 

Lis.  Yes. 

M.  Tom.  That  is  impossible. 

Lis.  I  do  not  know  if  it  be  impossible,  but  I  know  that 
he  is  dead. 

M.  Tom.  He  cannot  be  dead,  I  tell  you. 

Lis.  And  I  tell  you  he  is  dead  and  buried. 

M.  Tom.  You  are  mistaken. 

Lis.   I  saw  him. 

M.  Tom.  It  is  impossible.  Hippocrates  says  this  kind 
of  disease  ends  only  on  the  fourteenth  or  the  twenty- 
first  day,  and  it  is  only  six  days  since  he  fell  ill. 

Lis.  Hippocrates  may  say  what  he  likes,  but  the 
coachman  is  dead. 

Scan.  Peace,  chatterbox !  Come,  we  must  leave 
them.  Gentlemen,  I  beg  you  will  consult  care- 
fully. Although  it  is  not  customary  to  pay  before- 
hand, yet,  lest  I  should  forget,  and  so  that  the  thing 
may  be  done  with,  here  is  .  .  . 

(He  pays  them,  and  each  one,  on  receiving  the  money,  makes 
a  different  gesture.) 


Scene  III 

Messieurs  Des  Fonandbi^,  Tomes,  Macroton, 
AND  Bahys 

(They  sit  down  and  cough.) 
M.  Des.  Paris  is  a  very  large  place,  and  it  is  neces- 
sary to  make  long  journeys  when  practice  is  brisk. 
M.  Tom.  I  am  glad  to  say  I  have  an  admirable  mule 


\y 


292  L'AMOUR  M^DECIN  [acte  ii. 

pour  cela,  et  qu'on  a  peine  a  croire  le  chemin  que 
je  lui  fais  faire  tous  les  jours. 

M.  De8.  J'ai  un  cheval  merveilleux,  et  c'est  un 
animal  infatigable. 

M.  Tom.  Savez-vous  le  chemin  que  ma  mule  a  fait 
aujourd'hui  ?  J'ai  ete  premierement  tout  contre 
I'Arsenal ;  de  I'Arsenal^iau  bout  du  faubourg  Saint- 
Germain  ;  du  faubourg  Saint-Germain,  au  fond  du 
Marais  ;  du  fond  du  Marais,  a  la  porte  Saint- 
Honore;  de  la  porte  Saint-Honore,  au  faubourg 
Saint- Jacques  ;  du  faubourg  Saint-Jacques,  a  la 
porte  de  Richelieu ;  de  la  porte  de  Richelieu,  ici ; 
et  d'ici,  je  dois  aller  encore  a  la  place  Royale. 

M.  Des.  Mon  cheval  a  fait  tout  cela  aujourd'hui ;  et 
de  plus,  j'ai  ^te  a  Ruel  voir  un  malade. 

M.  Tom.  Mais  a  propos,  quel  parti  prenez-vous  dans 
la  querelle  des  deux  medecins  Th^ophraste  et  Arte- 
mius  ?  car  c'est  une  affaire  qui  partage  tout  notre 
corps. 

M.  Des.  Moi,  je  suis  pour  Artemius. 

M.  Tom.  Et  moi  aussi.  Ce  n'est  pas  que  son  avis, 
comme  on  a  vu,  n'ait  tue  le  malade,  et  que  celui  de 
Theophraste  ne  fut  beaucoup  meilleur  assurement ; 
mais  enfin  il  a  tort  dans  les  circonstances,  et  il  ne 
devait  pas  etre  d'un  autre  avis  que  son  ancien. 
Qu'en  dites-vous .'' 

M.  Des.  Sans  doute.  11  faut  toujours  garder  les 
formalites,  .quoi  qu'il  puisse  arriver. 

M.  Tom.  Pour  moi,  j'y  suis  severe  en  diable,  a  moins 
que  ce  soit  entre  amis ;  et  Ton  nous  assembla  un 
jour,  trois  de  nous  autres,  avec  un  medecin  de 
dehors,  pour  une  consultation,  ou  j'arretai  toute 
I'affaire,  et  ne  voulus  point  endurer  qu'on  opinat, 
si  les  choses  n'allaient  dans  I'ordre.  Les  gens  de  la 
maison  faisaient  ce  qu'ils  pouvaient  et  la  maladie 
pressait ;  mais  je  n'en  voulus  point  demordre,  et  la 
malade  mourut  bravement  pendant  cette  contesta- 
tion. 


8C.  III.]      LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  293 

for  that  purpose.  You  would  hardly  believe  the 
ground  he  enables  me  to  cover  every  day. 

M.  Des.  I  have  an  astonishing  horse,  an  indefatigable 
animal. 

M.  Tom.  Do  you  know  the  ground  my  mule  has  been 
over  to-day .''  First,  I  went  close  to  the  Arsenal ; 
from  the  Arsenal  to  the  end  of  the  Faubourg  Saint- 
Germain  ;  from  the  Faubourg  Saint-Germain  to  the 
end  of  the  Marais  ;  from  the  end  of  the  Marais  to 
the  Porte  Saint-Honore ;  from  the  Porte  Saint- 
Honore  to  the  Faubourg  Saint-Jacques ;  from  the 
Faubourg  Saint-Jacques  to  the  Porte  de  Richelieu  ; 
from  the  Porte  de  Richelieu,  here  ;  and  from  here 
I  have  still  to  go  to  the  Place  Royale. 

M.  Des.  My  horse  has  done  all  that  to-day  and, 
besides,  I  have  been  to  see  a  patient  at  Ruel. 

M.  Tom.  But,  by  the  bye,  which  side  do  you  take  in 
the  dispute  between  the  two  physicians,  Theo- 
phrastus  and  Artemius?  The  whole  profession  is 
divided  over  the  matter. 

M.  Des.  I  .f*  I  am  for  Artemius. 

M.  Tom.  So  am  I ;  although  his  advice,  as  we  have 
seen,  killed  the  patient,  and  that  of  Theophrastus 
was  certainly  much  better ;  yet  the  latter  was 
decidedly  wrong,  under  the  circumstances,  and 
he  ought  not  to  have  held  an  opinion  different 
from  that  of  his  senior.     AVhat  say  you  ? 

M.  Des.  Unquestionably,  etiquette  should  always  be 
respected,  no  matter  what  happens. 

M.  Tom.  For  my  part,  I  am  excessively  strict  in  these 
matters,  except  between  friends.  The  other  day 
three  of  us  were  called  in  to  a  consultation  with  a 
provincial  doctor,  whereupon  I  stopped  the  whole 
affair;  I  would  not  allow  the  consultation  to  take 
place  if  things  were  not  to  be  done  in  order.  The 
people  of  the  house  did  what  they  could  and  the 
sickness  grew  worse,  but  I  would  not  give  way  and 
the  patient  died  heroically  during  the  dispute. 


294  L' AMOUR  M^DECIN  [actb  ii. 

M.  Des.  C'est  fort  bien  fait  d'apprendre  aux  gens  a 
vivre,  et  de  leur  montrer  leur  bee  jaune. 

M.  Tom.  Un  homme  mort  n'est  qu'un  homme  mort,  et 
ne  fait  point  de  consequence ;  mais  une  formalite 
negligee  porte  un  notable  prejudice  a  tout  le  corps 
des  mddecins. 


SciNB  IV 

SganarellEj  Messieurs  Tom^s,  Des  FoNANDRiai, 
Macroton  et  Bahys 

SoAN.  Messieurs,  I'oppressiou  de  ma  fille  augmente  ; 

je  vous   prie  de   me  dire  vite  ce  que  vous  avez 

resolu. 
M.  Tom.  Aliens,  Monsieur. 
M.  Des.  Non,  Monsieur ;  parlez,  s'il  vous  plait. 
M.  Tom.  Vous  vous  moquez. 
M.  Des.  Je  ne  parlerai  pas  le  premier. 
M.  Tom.  Monsieur. 
M.  Des.  Monsieur. 
Sgan.  He  !   de  grace.  Messieurs,  laissez  toutes  ces 

ceremonies,  et  songez  que  les -choses  pressent. 

M.  Tom.  (lis  parlent  tous  quatre  ensemble.)  La  maladie  de 
votre  fille  .  .  . 

M.  Des.  L'avis  de  tous  ces  Messieurs,  tous  en- 
semble .  .  . 

M.  Mac.  Apres  avoir  bien  consulte  .  .  . 

M.  Bah.  Pour  raisonner  .  .  . 

Sgan.  He !  Messieurs,  parlez  I'un  apres  I'autre,  de 
gr^ce. 

M.  Tom.  Monsieur,  nous  avons  raisonne  sur  la 
maladie  de  votre  fille,  et  mon  avis,  a.  moi,  est  que 
cela  procede  d'une  grande  chaleur  de  sang :  ainsi 
je  conclus  a  la  saigner  le  plus  tot  que  vous 
pourrez. 


8C.  IV.]      LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  295 

M.  Des.  It  is  quite  right  to  teach  people  how  to 
behave  and  to  show  them  their  ignorance. 

M.  Tom.  A  dead  man  is  but  a  dead  man  and  not  of 
any  consequence ;  but  the  whole  medical  profession 
suffers  injury  if  one  formality  is  neglected. 


Scene  IV 

Sganarelle,  Messieurs  Tom^^  Des  FoNANDRfes 
Maoroton  and  Bahys 

SoAN.  Gentlemen,  my  daughter's  indisposition  in- 
creases. I  beg  you  to  tell  me  quickly  what  is  your 
verdict. 

M.  Tom.  Come,  Monsieur. 

M.  Des.  No,  Monsieur ;  you  speak,  if  you  please. 

M.  Tom.  You  jest. 

M.  Des.  I  will  not  speak  first. 

M.  Tom.  Monsieur. 

M.  Des.  Monsieur. 

Sqan.  For  mercy's  sake,  gentlemen,  drop  all  these 
ceremonies  and  give  your  attention  to  matters  that 
are  urgent. 

M.  Tom.  (They  all  four  speak  together.)  Your  daughter's 
illness  .  .  . 

M.  Des.  The  united  opinion  of  these  gentlemen  .  .  . 

M.  Mac.  After  having  carefully  considered  .  .  . 

M.  Bah.  To  reason  .  .  . 

SoAN.  Ah  !  gentlemen,  speak  one  at  a  time,  pray. 

M.  Tom.  We  have  discussed  your  daughter's  sickness. 
Monsieur,  and  my  own  opinion  is  that  it  proceeds 
from  great  heat  of  blood.  I  therefore  advise  that 
she  should  be  bled  as  soon  as  possible. 


296  L'AMOUR  MEDECIN  [acteii. 

M.  Des.  Et  moij  je  dis  que  sa  maladie  est  une  pour- 
riture  d'humeurs,  causee  par  une  trop  grande 
repletion :  ainsi  je  conclus  a  lui  donner  de 
I'emetique. 

M.  Tom.  Je  soutiens  que  I'emetique  la  tuera. 

M.  Des.  Et  moi,  que  la  saignee  la  fera  mourir. 

M.  Tom.  C'est  bien  a  vous  de  faire  I'habile  homme. 
M.  Des.  Oui,  c'est  a  moi ;  et  je  vous  preterai  le  collet 

en  tout  genre  d'e'rudition. 
M.  Tom.  Souvenez-vous  de  I'homme  que  vous  fites 

crever  ces  jours  passes. 
M.  Des.  Souvenez-vous  de   la  dame  que  vous  avez 

envoyee  en  I'autre  monde  il  y  a  trois  jours. 
M.  Tom.  Je  vous  ai  dit  mon  avis. 
M.  Des.  Je  vous  ai  dit  ma  pensee. 
M.  Tom.  Si  vous  ne  faites  saigner  tout  a  I'heure  voire 

fille,  c'est  une  personne  morte. 
M.  Des.  Si  vous  la  faites  saigner,  elle  ne  sera  pas  en 

vie  dans  un  quart  d'heure. 


SciiNE  V 

SoANABEUiE,  MeSSIEURS  MaOROTON  BT 

Bahys 

Sgan.  a  qui  croire  des  deux?  et  quelle  re'solution 
prendre,  sur  des  avis  si  oppose's.^  Messieurs,  je 
vous  conjure  de  determiner  mon  esprit,  et  de  me 
dire,  sans  passion,  ce  que  vous  croyez  le  plus 
propre  a  soulager  ma  fille. 

M.  Mac.  (Il  parle  en  allongeant  ses  mots.)  Mon-si-eur  . 
dans  .  ces  .  ma-ti-e-res-la  .  il  .  faut  .  pro-ce-der  . 
a-vec-que  .  cir-con-spec-ti-on  .  et .  ne  .  ri-en  .  fai-re . 
com-me  .  on  .  dit .  a  .  la  .  vo-le-e  .  d'au-tant .  que  . 
les  .  fau-tes  .  qu'on  .  y  .  peut .  fai-re  .  sont .  se-lon  . 


sc.  v.]        LOVE 'S  THE  BEST  DOCTOR  297 

M.  Des.  And  I  maintain  that  her  illness  is  a  putrefac- 
tion of  humours,  occasioned  by  too  great  a  repletion  : 
I  therefore  would  advise  that  she  should  be  given  an 
emetic. 

M.  Tom.  I  hold  that  an  emetic  will  kill  her. 

M.  Des.  And  I,  that  bleeding  will  be  the  death  of 
her. 

M.  Tom.  You  seem  to  be  a  very  clever  man. 

M.  Des.  Yes,  I  am ;  J  will  challenge  you  in  any  kind 
of  learning. 

M.  Tom,  Do  you  remember  the  man  you  finished  off 
a  few  days  ago  } 

M.  Des.  Do  you  remember  the  lady  you  sent  into  the 
next  world  three  days  ago  } 

M.  Tom.  I  have  given  you  my  opinion. 

M.  Des.  I  have  given  you  my  advice. 

M.  Tom.  If  you  do  not  bleed  your  daughter  imme- 
diately she  is  a  dead  woman. 

M.  Des.  If  you  do  bleed  her,  she  will  not  live  a 
quarter  of  an  hour. 


Scene  V 

SoANARELIiE,  MeSSIEURS  MaCROTON  AND 

Bahys 

Scan.  Which  of  the  two  can  one  believe  ?  What  can 
one  do  amid  such  opposite  opinions.  I  beseech  you, 
gentlemen,  to  guide  me,  and  to  tell  me  dispassion- 
ately, what  you  believe  the  best  means  to  relieve 
my  daughter. 

M.  Mac.  (He  drawls  his  words.)  Mon-si-eur,  in  all 
such  cas  -  es  we  must  pro  -  ceed  with 
cir  -  cum  -  spec  -  tion  and  not  do  any  -  thing, 
as  they  say,  in  -  con  -  sid  -  er  -  ate  -  ly.  For- 
as  -  much    as    the    faults    we     may    make    have, 


298  L' AMOUR  MJ^DECIN  [acte  ii. 

no-tre  .  mai-tre  .  Hip-po-cra-te  .  d'u-ne  .  dan-ge- 
reu-se  .  con-se-quen-ce. 

M.  Bah.  (Celui-ci  parle  toujours  en  bredouillant. )  II  est 
vrai,  il  faut  bien  prendre  garde  a  ce  qu'on  fait; 
car  ce  ne  sont  pas  ici  des  jeux  d'enfant,  et  quand 
on  a  failli,  il  n'est  pas  aise  de  reparer  le  manque- 
ment,  et  de  retablir  ce  qu'on  a  gate  ;  experimentum 
periculosum.  C'est  pourquoi  il  s'agit  de  raisonner 
auparavant  comme  il  faut,  de  peser  murement  les 
choses,  de  regarder  le  temperament  des  gens, 
d'examiner  les  causes  de  la  maladie,  et  de  voir  les 
remedes  qu'on  y  doit  apporter. 

Sgan.  L'un  va  en  tortue,  et  I'autre  court  la  poste. 

M.  Mac.  Or  .  Mon-si-eur,  ..  pour  .  ve-nir  .  au  .  fait . 
je .  trou-ve .  que .  vo-tre  .  fil-le .  a  .  u-ne .  ma-la-di-e . 
chro-ni-que  .  et .  qu'el-le  .  peut .  pe-ri-cli-ter  .  si . 
on  .  ne  .  lui  .  don-ne  .  du  .  se-cours  .  d'au-tant  . 
que  .  les  .  sym-pto-mes  .  qu'el-le  .  a  .  sont .  in-di- 
CHr-tifs  .  d'u-ne  .  va-peur  .  fu-li-gi-neu-se  .  et .  mor- 
di-can-te .  qui .  lui .  pi-co-te .  les .  mem-bra-nes .  du  . 
cer-veau.  Or  .  cet-te  .  va-peur  .  que  .  nous  .  nom- 
mons  .  en  .  grec  .  at-mos  .  est .  cau-se-e  .  par  .  des  . 
hu-meurs  .  pu-tri-des,  .  te-na-ces  .  et .  con-glu-ti- 
neu-ses  .  qui  .  sont  .  con-te-nues  .  dans  .  le  .  bas- 
ven-tre. 

M.  Bah.  Et  comme  ces  humeurs  ont  ete  la  engendrees 
par  une  longue  succession  de  temps,  elles  s'y  sont 
recuites  et  ont  acquis  cette  malignite  qui  fume  vers 
la  region  du  cerveau. 

M.  Mao.  Si .  bi-en  .  done  .  que  .  pour  .  ti-rer  .  de-ta- 
cher  .  ar-ra  .  cher  .  ex-pul-ser  .  e-va-cu-er  .  les-di- 
tes  .  hu-meurs  .  il  .  fau-dra  .  u-ne  .  pur-ga-tion  . 
vi-gou-reu-se.  Mais  .  au  .  pre-a-la-ble  .  je  . 
trou-ve  .  a .  pro-pos  .et.il.  n'y  .  a  .  pas  .  d'in- 
con-ve-ni-ent  .  d'u-ser  .  de  .  pe-tits  .  re-me-des  . 
a-no-dins  .  c'est-a-dire  .  de  .  pe-tits  .  la-ve-ments  . 
r^-mol-li-ents  .  et  .  d^-ter-sifs  .  de  .  ju-leps  .  et . 


Bc.  v.]        LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  299 

ac  -  cord  -  ing  to  oui-  master  Hip  -  po  -  era  -  tes, 
dan  -  ger  -  ous  con  -  se  -  quences. 
M.  Bah.  (He  always  speaks  very  fast.)  It  is  true.  We 
must  take  great  care  what  we  do,  for  this  is  not 
child's  play  ;  and  when  a  mistake  has  been  made  it 
is  not  easy  to  rectify  the  slip  and  to  restore  what 
has  been  spoilt.  Experimentum  periculosum.  There- 
fore, it  is  best  to  dispute  beforehand  as  well  as  to 
weigh  things  carefully,  to  consider  the  constitu- 
tions of  people,  to  examine  the  causes  of  the  illness, 
and  to  decide  upon  the  remedies  to  be  prescribed. 

Sqan.  One  goes  like  a  tortoise  and  the  other  gallops 
post-haste. 

M.  Mac.  Yes,  Mon-sieur,  to  come  to  the  fact, 
I  find  that  your  daugh  -  ter's  dis  -  ease  is 
chronic,  and  she  may  be  in  jeo-par-dy  if 
she  does  not  re-ceive  re -lief;  for -as -much 
as  the  symp-toms  which  she  has  are  in- 
di  -  ca  -  tive  of  a  fu-li-gi-nous  and  mor  -  di  - 
cant  va-pour,  which  ir-ri-tates  the  ce-re-bral 
mem  -  branes.  Now  this  va  -  pour,  which  we 
call  in  Greek  at-mos  is  caused  by  pu-trid 
te-na-cious  con  -  glu  -  ti  -  nous  hu-mours,  which 
are      con-tain-ed      in      the      ab-do-men. 

M.  Bah.  And  as  these  humours  have  been  engendered 
there  during  a  long  period  of  time  they  have 
become  hardened  and  have  acquired  those  malig- 
nant fumes  which  rise  up  towards  the  region  of 
the  brain. 

M.  Mac.  So,  in  or-der  to  with -draw,  to 
de-tach,  to  loos  -  en,  to  ex  -  pel,  to  e  -  va  - 
cu-ate  these  said  hu-mours,  it  is  very  need- 
ful to  use  a  vi  -  gor  -  ous  pur  -  ga  -  tive  :  but, 
in  the  first  place,  I  think  it  as  well  and, 
fur  -  ther  -  more,  it  is  un-ob-jec- tion-able,  to 
use  some  little  a  -  no  -  dyne  re  -  me  -  dies ;  that 
is    to    say    some     small     e-mo-lient    and    de- 


300  L'AMOUR  MfiDECIN  [acte  ii. 

de  .  si-rops  .  ra-frai-chis-sants  .  qu'on  ,  me-le-ra  . 
dans  .  sa  .  pti-sa-ne. 

M.  Bah.  Apres,  nous  en  viendrons  a   la  purgation, 

et  a  la  saignee,  que  nous  reitererons,  s'il  en  est 

besoin. 
M.  Mac.  Ce  .  n'est  .  pas  .  qu'a-vec  .  tout  .  ce-la  . 

vo-tre  .  fil-le  .  ne  .  puis-se  .  mou-rir  .  mais  .  au  . 

moins  .  vous  ,  au-rez  .  fait  .  quel-que  .  cho-se  .  et . 

vous  .  au-rez  .  la  .  con-so-la-ti-on  .  qu'el-le  .  se-ra  . 

mor-te  .  dans  .  les  .  for-mes. 
M.  Bah.  II  vaut  mieux  mourir  selon  les  regies,  que 

de  rechapper  contre  les  regies, 
M.  Mac.  Nous  .  vous  .  di-sons  .  sin-ce-re-ment  .  no- 

tre .  pen-see. 
M.  Bah.  Et  vous  avons  parle  comme  nous  parlerions 

a  notre  propre  frere. 
Sgan.  (iiM.  Macroton.)  Je  .  vous  .   rends  .  tres-hum- 

bles  .  gra-ces.  {k  M.  Bahys.)  Et  vous  suis  infiniment 

oblige  de  la  peine  que  vous  avez  prise. 


ScfeNE    VI 

Soanarelle 

SoAN.  Me  voila  justement  un  pcu  plus  incertain  que 
je  n'etais  auparavant.  Morbleu  .'  il  me  vient  une 
fantaisie.  II  faut  que  j'aille  acheter  de  I'orvietan, 
et  que  je  lui  en  fasse  prendre ;  I'orvietan  est  un 
remede  dont  beaucoup  de  gens  se  sont  bien  trouves. 


8c.  VI.]       LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  301 

ter  -  sive     in  -  jec  -  tions,    re  -  fresh  -  ing     ju  -  leps 
and    sy-rups,   which    may  be   miz-ed  with  her 
bar  -  ley    wa  -  ter. 
M.  Bah.  Then  we  will  come  to  the  purgatives  and  to 
the  bleeding^  which  we  shall  repeat  if  needful. 

M.Mac.  Yet,  not  -  with  -  stand  -  ing  all  this,  your 
daugh-ter  may  die,  but  at  least  you  will 
have  done  some -thing,  and  you  will  have 
the  con  -  so  -  la  -  tion  of  know  -  ing  that  she 
died    in    due    form. 

M.  Bah.  It  is  better  to  die  according  to  rules  than  to 
recover  contrary  to  rules. 

M.  Mac.  We  have  told  you  our  o  -  pi  -  nions 
in      all      sin  -  cer  -  i  -  ty. 

M.  Bah.  And  we  have  spoken  to  you  as  though  you 
were  our  own  brother. 

Sgan.  (to  M.  Macroton.)  I  thank  you  ve-ry  hum- 
bly for  your  kind-ness.  (toM.  Bahys.)  And 
am  infinitely  obliged  to  you  for  the  trouble  you  have 
taken. 


Scene  VI 

SOANABELLE 

Sgan.  And  now  I  am  a  little  more  ignorant  than  I 
was  before.  Good  Heavens  !  I  have  an  idea !  I 
will  go  and  buy  some  orvietan  and  make  her  take 
it.  Orvietan  is  a  remedy  which  has  done  good  to 
many  people. 


302  L' AMOUR  MEDECIN  [actb  ii. 

ScilNE    VII 

L'Opi^rateur,  Ssanarellb 

SoAN.  Hola !  Monsieur,  je  vous  prie  de  me  donner 
une  boite  de  votre  orvi^tan,  que  je  m'en  vais  vous 
payer. 
L'0p]6r.  (chantant.)  L'or  de  tons  les  climats  qu'entoure 
tOcean 
Peut-il  jamais  payer  ce  secret  d' importance  ? 
Mon  remede  guMt,  par  sa  rare  excellence, 
Plus  de  maux  qu'on  n'en  pent  nombrer  dans  tout  un 
an: 

La  gale, 
La  rogne, 
La  tigne, 
Lafievre, 
La  peste, 
La  goutte, 
V&role, 
Descente, 
Rougeole. 
0  grande  puissance  de  Vorvietan  ! 
Sgan.  Monsieur,  je  crois  que  tout  Tor  du  monde  n'est 
pas  capable  de  payer  votre  remede ;  mais  pourtant 
voici  une  piece  de  trente  sols  que  vous  prendrez, 
s'il  vous  plait. 
L'OpiiR.  (chantant.)  Admirex  mes  hontis,  et  lepeu  qu'on 
vous  vend 
Ce  trSsor  merveilleuai  que  ma  main  vous  dispense. 
Vous  pouvez  avec  lui  braver  en  assurance 
Tous  les  maux  que  sur  nous  I' ire  du  del  ripand  : 
La  gale. 
La  rogne. 
La  tigne, 
Lafievre, 
La  peste, 
La  goutte, 


Bc.  VII.]     LOVE  'S  THE  BEST  DOCTOR  303 

Scene  VII 

The  QuacK;  Sganabellb 

Sgan.  Hullo,  Monsieur,  will  you  give  me,  I  pray, 
a  box  of  your  orvietan,  for  which  I  will  pay  you. 

The  Quack,  (sings.)  The  gold  in  all  lands  which  the  sea 
doth  surround 
Can  ne'er  pay  the  worth  of  my  secret  profound. 
By  its  excellence  rare  my  remedy  cures 
More  evils  than  man  in  a  lifetime  endures. 

Itch, 

Mange, 

Scurf, 
,   Fever, 

Plague, 

Gout, 

Small-pox, 

Rupture, 

Measles. 
Oforvietan  such  is  the  excellence  rare. 
Sgan.  I  dare  say.  Monsieur,  that  all  the  gold  in  the 
world  is  not  sufficient  to  pay  for  your  remedy,  but, 
nevertheless,  here  is  a  shilling  which  you  may  take 
if  you  choose. 
Quack,  (sings.)  Admire,  then,  my  bounty;  for  twelve 
paltry  pence 
A  marvellous  treasure  to  you  I  dispense; 
With  this  you  may  brave,  quite  devoid  of  all  fear, 
The  ills  which  poor  mortals  are  subject  to  here. 

Itch, 

Mange, 

Scurf, 

Fever, 

Plague, 

Gout, 


304  L'AMOUR  MEDECIN  [acteiii. 

Descente, 
Rougeole. 
0  grande  puissance  de  torviitan  ! 

TlVf  DU  DECXliaiE  AOTB 


II  ENTR'ACTE 

(Pliuieurs  Trivelins  et   plusieurs   Scaramouches,  valeta  de 
rOp^rateur,  se  r^jouissent  en  dansant.) 


ACTE   III 

Sci:NE  I 

Messieurs  Filerin,  ToHis  et  Dbs  FoNANDRia 

M.  FiL.  N'avez-vous  point  de  honte,  Messieurs,  de 
montrer  si  peu  de  prudence,  pour  des  gens  de 
votre  age,  et  de  vous  etre  querelles  comme  de 
jeunes  etourdis  ?  Ne  voyez-vous  pas  bien  quel  tort 
ces  sortes  de  querelles  nous  font  parmi  le  monde  ? 
et  n'est-ce  pas  assez  que  les  savants  voient  les  con- 
trarietes  et  les  dissensions  qui  sont  entre  nos 
auteurs  et  nos  anciens  maitres,  sans  decouvrir 
encore  au  peuple,  par  nos  debats  et  nos  querelles, 
la  forfanterie  de  notre  art?  Pour  moi,  je  ne  com- 
prends  rien  du  tout  a  cette  mechante  politique  de 
quelques-uns  de  nos  gens  ;  et  il  faut  confesser  que 
toutes  ces  contestations  nous  ont  decries,  depuis  peu, 
d'une  Strange  maniere,  et  que,  si  nous  n'y  prenons 
garde,  nous  allons  nous  ruiner  nous-memes.  Je 
n'en  parle  pas  pour  mon  interet ;  car,  Dieu  merci, 
j'ai  deja  etabli  mes  petites  aiFaires,  Qu'il  vente, 
qu'il  pleuve,  qu'il  grele,  ceux  qui  sont  morts  sont 
morts,  et  j'ai  de  quoi  me  passer  des  vivants  ;  mais 
eniin  toutes   ces  disputes  ne  valent  rien  pour  la 


80.1.]        LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  306 

Smallpox, 
Rupture, 
Measles. 
Of  orvietan  such  it  the  excellence  rare. 

END  OP  THE  SECOND  ACT 


SECOND  INTERLUDE 

(Several  Trivelins  and  several  Scaramouches,  servants  of  the 
Quack,  disport  themselves  bj  dancing.) 


ACT    III 

Scene  I 

Messieurs  Filebin,  Tobias  and  Des  FoNANDRis 

M.  FiL.  For  men  of  your  time  of  life  are  you  not 
ashamed.  Messieurs,  to  show  so  little  prudence 
and  to  quarrel  like  young  fools?  Is  it  not  very 
evident  what  harm  such  disputes  do  us  in  the  eyes 
of  the  world ;  is  it  not  enough  that  the  learned 
see  the  lack  of  agreement,  and  the  dissensions, 
between  our  contemporaries  and  our  ancient 
masters,  without  our  revealing  to  the  people,  by 
our  disputes  and  our  quarrels,  the  pretensions  of 
our  profession  ?  For  myself,  I  cannot  in  the  least 
comprehend  the  mischievous  policy  of  some  of  our 
faculty  ;  it  must  be  admitted  that  all  these  contro- 
versies have  strangely  prejudiced  people  against  us 
of  late,  and,  if  we  do  not  take  care,  we  shall  ruin 
ourselves.  I  do  not  speak  for  myself  for,  thank 
God,  I  have  already  settled  my  own  small  affairs : 
whether  it  blows,  rains  or  hails,  those  who  are  dead 
are  dead,  and  I  have  suflScient  to  go  my  way  among 
the  living.  Nevertheless,  the  science  of  medicine 
is  not  improved  by  all  these  disputes.  Since  heaven 
w 


306  L' AMOUR  MEDECIN         [acte.  in. 

medecine.  Puisque  le  Ciel  nous  fait  la  grace  que^ 
depuis  tant  de  siecles,  on  demeure  infatue  de  nous, 
ne  desabusons  point  les  hommes  avec  nos  cabales 
extravagantes,  et  profitons  de  leurs  sottises  le  plus 
doucement  que  nous  pourrons.  Nous  ne  sommes 
pas  les  seuls,  comme  vous  savez,  qui  tachons  a  nous 

frevaloir  de  la  faiblesse  jhumaine.  C'est  la  que  va 
etude  de  la  plupart  du  monde,  et  chacuu  s'eiForce 
de  prendre  les  hommes  par  leur  faible,  pour  en  tirer 
quelque  profit  Les  flatteurs,  par  example,  cher- 
chent  a  profiter  de  I'amour  que  les  hommes  ont 
pour  les  louanges,  en  leur  donnant  tout  le  vain 
encens  qu'ils  souhaitent ;  et  c'est  un  art  ou  Ton  fait, 
comme  on  voit,  des  fortunes  considerables.  Les 
alchimistes  tachent  a  profiter  de  la  passion  qu'on 
a  pour  les  richssses,  en  promettant  des  montagnes 
d'or  a  ceux  qui  les  ecoutent ;  et  les  diseurs  d'horos- 
copes,  par  leurs  predictions  trompeuses,  profitent 
de  la  vanite  et  de  I'ambition  des  credules  esprits. 
Mais  le  plus  grand  faible  des  hommes,  c'est  I'amour 
qu'ils  ont  pour  la  vie ;  et  nous  en  profitons,  nous 
autres,  par  notre  pompeux  galimatias,  et  savons 
prendre  nos  avantages  d6  cette  veneration  que  la 
peur  de  mourir  leur  donne  pour  notre  metier,  Con- 
servons-nous  done  dans  le  degre  d'estime  ou  leur 
faiblesse  nous  a  mis,  et  soyons  de  concert  aupres 
des  malades  pour  nous  attribuer  les  heureux  succes 
de  la  maladie,  et  rejeter  sur  la  nature  toutes  les 
bevues  de  notre  art.  N'allons  point,  dis-je,  detruire 
sottement  les  heureuses  preventions  d'une  erreur 
qui  donne  du  pain  a  tant  de  personnes. 

M.  Tom.  Vous  avez  raison  en  tout  ce  que  vous  dites  ; 
mais  ce  sont  chaleurs  de  sang,  dont  parfois  on  n'est 
pas  le  maitre. 

M,  FiL.  Allons  done,  Messieurs,  mettez  bas  toute 
rancune,  et  faisons  ici  votre  accommodement. 

M.  Des.  J'y  consens.  Qu'il  me  passe  mon  emetique 
pour  la  malade  dont  il  s'agit,  et  je  lui  passerai  tout 
ce  qu'il  voudra  pour  le  premier  malade  dont  il  sera 
question. 


sc.  I.]         LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  307 

has  been  so  favourable  to  us  for  so  many  centuries 
by  letting  people  continue  to  be  infatuated  with  us, 
do  not  let  us  disabuse  them  by  our  noisy  cabals  : 
let  us  proiit  by  their  folly  as  much  as  possible.  We 
are  not  the  only  ones,  as  you  know,  who  try  to  make 
the  most  of  human  foibles  ;  most  men  study  the 
same  end,  and  every  one  strives  to  get  the  better 
of  people  on  the  weakest  side  in  order  to  gain 
some  advantage  over  them.  Flatterers,  for  ex- 
ample, seek  to  profit  from  the  love  men  have  of 
being  praised,  by  giving  them  all  the  vain  incense 
they  desire ;  it  is  an  art  by  which  we  see  consider- 
able fortunes  made.  Alchemists  try  to  profit  by  the 
passion  men  have  for  riches  by  promising  mountains 
of  gold  to  those  who  listen  to  them  ;  and  fortune- 
tellers with  their  deceitful  predictions  profit  by  the 
vanity  and  the  ambition  of  credulous  minds.  But 
the  love  of  life  is  man's  greatest  weakness ;  we 
profit  by  it  with  our  pompous  jargon  and  we  know 
how  to  take  advantage  of  the  veneration  for  our 
profession  which  the  fear  of  death  gives.  Let  us, 
therefore,  keep  ourselves  in  that  degree  of  estima- 
tion wherein  their  foibles  have  placed  us  and  let 
us  agree  before  our  patients  so  that  the  happy  issue 
of  the  illness  may  be  attributed  to  us,  and  all  the 
blunders  of  our  profession  may  be  laid  at  nature's 
door.  Let  us  not,  I  say,  foolishly  destroy  the  happy 
fondness  for  an  error  which  gives  bread  to  so  many 
people. 


M.  Tom.  Every  word  you  say  is  right,  but  sometimes 
one  cannot  master  these  outbursts  of  feeling. 

M.  Fill.  Come  now,  Monsieur,  lay  aside  all  animosity 
and  be  reconciled  at  once. 

M.  Des.  I  agree  ;  let  him  but  allow  me  to  have  my  way 
in  the  matter  of  the  emetic  for  this  patient  and  I  will 
let  him  have  his  way  in  everything  he  wishes  in  the 
matter  of  the  next  patient  with  whom  we  shall  be 
concerned. 


308  L' AMOUR  MfiDECIN  [acte  hi. 

M.  FiL.  Ou  ne  peut  pas  mieux  dire,  et  voila  se  mettre 

a  la  raison. 
M.  Des.  Cela  est  fait. 
M.  FiL.  Touchez  done  la.     Adieu.     Une  autre  foia, 

montrez  plus  de  prudence. 


ScfeNE  II 
Messieurs  Tomes,  Des  Fonandbes,  Lisette 

Lis.  Quoi.''  Messieurs,  vous  voila,  et  vous  ne  songez 

pas  a  reparer  le  tort  qu'on  vient  de  faire  a  la  m^de- 

cine? 
M.  Tom.  Comment  ?    Qu'est-ce  ? 
Lis.  Un  insolent  qui  a  eu  I'effronterie  d'entreprendre 

sur  votre  metier,  et  qui,  sans  votre  ordonnance, 

vient  de  tuer  un  homme  d'un  grand  coup  d'epee  au 

travers  du  corps. 
M.  Tom.  l^coutez,  vous  faites  la  railleuse,  mais  vous 

passerez  par  nos  mains  quelque  jour. 
Lis.  Je  vous   permets   de  me   tuer,   lorsque  j'aurai 

recours  a  vous. 


Sci^NE    III 

Lisette,  Ci,itandbb 

Clit.  He  bien,  Lisette,  me  trouves-tu  bien  ainsi .'' 
Lis.  Le  mieux  du  monde ;  et  je  vous  attendais  avec 
impatience.  Enfin  le  Ciel  m'a  fait  d'un  naturel  le 
plus  humain  du  monde,  et  je  ne  puis  voir  deux 
amants  soupirer  I'un  pour  I'autre,  qu'il  ne  me 
prenne  une  tendresse  charitable,  et  un  desir  ardent 
de  soulager  les  maux  qu'ils  soufFrent.  Je  veux,  a 
quelque  prix  que  ce  soit,  tirer  Lucinde  de  la 
tyrannie  ou  elle  est,  et  la  mettre  en  votre  pouvoir. 


sc.  III.]      LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  309 

M.  FiL.  Nothing  could  be  better  said  and  therein  you 

show  reason. 
M.  Des.  That  is  settled. 
M.  FiL.  Shake  hands,   then.     Farewell.      Be    more 

prudent  another  time. 


Scene  II 
Messieurs  Tomes,  Des  FoNANDBis,  Lisette 

Lis.  What,  Messieurs,  you  do  not  think  of  repairing 

the  injury  which  has  been   done  to  the   medical 

profession  ? 
M.  Tom.  How  .-'     What  is  the  matter  ? 
Lis.  An  insolent  fellow   has  had  the  impudence  to 

encroach  upon  your  profession  and,  without  your 

prescription,  has  killed  a  man  by  running  him  clean 

through  the  body  with  his  sword. 
M.  Tom.  Look  here,  you  laugh  now,  but  you  will 

come  into  our  hands  some  day. 
Lis.  When  I  shall  have  to  come  to  you  I  will  give  you 

leave  to  kill  me. 


Scene  III 

LiSETTB,   ClITANDBB 

Cmt.  Well,  Lisette,  how  do  you  think  I  look  } 
Lis.  You  could  not  look  better.  I  have  been  waiting 
impatiently  for  you.  Heaven  has  given  me,  you 
know,  the  kindest  nature  in  the  world,  and  I  cannot 
see  two  lovers  sigh  for  each  other  without  having 
a  charitable  affection  for  them  and  an  ardent  desire 
to  relieve  the  ills  they  suffer.  Indeed,  at  no  matter 
what  cost,  I  have  resolved  to  deliver  Lucinde  from 
the  tyranny  under  which  she  is,  and  to  put  her  in 


310  L'AMOUR  MEDECIN  [acte  iii. 

Voiis  lu'avez  plu  d'abord  :  je  me  connais  en  gens,  et 
elle  ne  peut  pas  mieux  choisir.  L'amour  risque  des 
choses  extraordinaires  ;  et  nous  avons  concerte  en- 
semble une  maniere  de  stratageme,  qui  pourra  peut- 
etre  nous  reussir.  Toutes  nos  mesures  sout  deja 
prises :  I'homme  a  qui  nous  avons  affaire  n'est  pas 
des  plus  fins  de  ce  monde ;  et  si  cette  aventure  nous 
manque,  nous  trouverons  mille  autres  voies  pour 
arriver  a  notre  but.  Attendez-moi  la  seulement, 
je  reviens  vous  querir. 


ScijNE    IV 
SOANARELLE,  LlSETTE 

Lis.  Monsieur,  allegresse  !  allegresse  ! 

Sgan.  Qu'est-ce  ? 

Lis.  Rejouissez-vous. 

Sgan.   De  quoi  ? 

Lis.  Rejouissez-vous,  vous  dis-je. 

Sgan.  Dis-moi    done    ce   que  c'est,   et  puis   je  me 

r^jouirai  peut-etre. 
Lis.  Non :  je  veux  que  vous  vous  rejouissiez  aupara- 

vant,  que  vous  chantiez,  que  vous  dansiez. 
Sgan.  Sur  quoi .'' 
Lis.  Sur  ma  parole. 
Sgan.  Allons  done,  la   lera   la  la,  la  lera  la.     Que 

diable ! 
Lis.  Monsieur,  votre  fille  est  guerie. 
Sgan.  Ma  fille  est  guerie  ! 
Lis.  Oui,  je  vous  amene  un  medecin,  mais  un  mede- 

cin  d'importance,  qui  fait  des  cures  merveilleuses, 

et  qui  se  moque  des  autres  medecins  .  .  . 
Scan.  Ou  est-il .'' 
Lis.  Je  vais  le  faire  entrer. 
Sgan.  II  faut  voir  si  celiii-ci  fera  plus  que  les  autres. 


sc.  IV.]       LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  311 

your  power.  I  liked  you  from  the  first ;  I  am  a 
^ood  judge  of  people,  and  she  could  not  have  made 
a  better  choice.  Love  ventures  upon  extraordinary 
things^  and  we  have  concocted  together  a  kind  of 
stratagem  which  perhaps  we  may  be  able  to  carry 
through.  All  our  measures  are  already  taken ;  we 
have  not  to  deal  with  one  of  the  sharpest  of  men ; 
and,  if  this  adventure  fails  us,  we  shall  find  a  thou- 
sand other  ways  to  do  what  we  want.  Just  wait 
here  for  me,  I  will  return  for  you. 


Scene  IV 

SoANARELIiE,  LiSETTK 

Lis.  Joy,  joy.  Monsieur  ! 

Scan.  What  is  the  matter  ? 

Lis.  Rejoice. 

Sgan.  What  for.? 

Lis.  Rejoice,  I  tell  you. 

Scan.  Tell  me  first  what  is  the  matter  and  then 

perhaps  I  will  rejoice. 
Lis.  No,  I  want  you  to  rejoice  beforehand,  to  sing,  to 

dance. 
Sgan.  But  why  ? 
Lis.  Because  I  tell  you. 
Sgan.  All  right.     La  lera  la  la,  la  lera  la.     What  the 

deuce ! 
Lis.  Your  daughter  is  cured.  Monsieur. 
Sgan.  My  daughter  is  cured  ? 
Lis.   Yes,  I  have  brought  you  a  doctor,   a  skilful 

doctor  who  works  wonderful  cures  and  who  laughs 

at  the  other  doctors  .   .    . 
Sgan.  Where  is  he  ? 
Lis.  I  will  bring  him  in. 
Sgan.  We  shall  see  if  he  will  do  any  better  than  the 

others. 


312  L'AMOUR  MJ^DECIN  [actb  hi. 


Sci:NE  V 
Clitandbb  (en  habit  de  medecin),  SGANABEaxE, 

LiSBTTB 

Lis.  Le  voici. 

Sgan.  Voila  un  medecin  qui  a  la  barbe  bien  jeune. 

Lis.  La  science  ne  se  mesure  pas  a  la  barbe,  et  ce 
n'est  pas  par  le  menton  qu'il  est  habile. 

Sgan.  Monsieur,  on  m'a  dit  que  vous  aviez  des  remedes 
admirables  pour  faire  aller  a  la  selle. 

CiiiT.  Monsieur,  mes  remedes  sent  differents  de  ceux 
des  autres :  ils  ont  I'emetique,  les  saignees,  les 
medecines  et  les  lavements ;  mais  moi,  je  gueris 
par  des  paroles,  par  des  sons,  par  des  lettres,  par 
des  talismans,  et  par  des  anneaux  constelles. 

Lis.  Que  vous  ai-je  dit.'' 

Sgan.  Voila  un  grand  homme. 

Lis.  Monsieur,  comme  votre  fille  est  la  toute  habill^e 
dans  une  chaise,  je  vais  la  faire  passer  ici. 

Sgan.  Oui,  fais. 

Cut.  (t&tant  le  pouls  k  Soanabbllb.)  Votre  fille  est  bien 
malade. 

Sgan.  Vous  connaissez  cela  ici  ? 

Cut.  Oui,  par  la  sympathie  qu'il  y  a  entre  le  pere 
et  la  fille. 


Sc^NE  VI 

LUOINDE,  LiSETTB,  SoANARELLB,  ClITANDBE 

Lis.  Tenez,  Monsieur,  voila  une  chaise  aupres  d'elle. 
AUons,  laissez-les  la  tous  deux. 

Sgan.  Pourquoi  ?    Je  veux  demeurer  la. 

Lis.  Vous  moquez-vous .''  II  faut  s'eloigner  :  un  mede- 
cin a  cent  choses  a  demander  qu'il  n  est  pas  honnete 
qu'un  homme  entende. 


8c.  VI.]      LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  313 


Scene  V 
CuTANDRE  (in  the  dress  of  a  doctor),  Sganareixe, 

LlSETTB 

Lis.  Here  he  is. 

Scan.  Why,  this  doctor  has  not  very  much  heard. 

Lis.  Knowledge  is  not  measured  by  the  beard,  his 

skill  does  not  lie  in  his  chin. 
Sgan.  They  tell  me,  Monsieur,  you  have  wonderful 

recipes  to  relieve  the  bowels. 
Clit.  My  remedies.  Monsieur,  are  different  from  those 

of  others ;  they  use  emetics,  bleeding,  drugs  and 

injections,  but  I   cure  by  words,  sounds,  letters, 

talismans  and  constellated  rings. 

Lis.  Did  I  not  tell  you  ? 

Sgan.  This  is  a  great  man. 

Lis.  As  your  daughter  is  yonder  ready  dressed  in  her 

chair,  I  will  bring  her  this  way.  Monsieur. 
Sgan.  Yes,  do. 
Cut.    (feeling  Soanabellk's  poise,)    Your   daughter  is 

very  ill. 
Sgan.  You  can  tell  that  here .'' 
Cut.  Yes,  by  the  sympathy  there  is  between  father 

and  daughter. 


Scene  VI 
Luoinde,  Lisettb,  Sganarelle,  Clitandrb 

Lis.  See,  Monsieur,  here  is  a  chair  near  her.     Come, 

leave  them  to  themselves. 
Sgan.  Why  ?    I  want  to  stay  here. 
Lis.  Are  you  jesting .?    We  must  go  away.     A  doctor 

has  a  hundred  things  to  ask  which  it  is  not  decent 

a  man  should  hear. 


314  L'AMOUR  M^DECIN  [acte  in. 

Cljt.  (parlant  k  Lucinde  a  part. )  Ah  !  Madame^  que  le 
ravissement  ou  je  me  trouve  est  grand  !  et  que  je 
sais  peu  par  ou  vous  commencer  mon  discours  ! 
Tant  que  je  ne  vous  ai  parle  que  des  yeux,  j'avais, 
ce  me  semblait,  cent  choses  a  vous  dire ;  et  main- 
tenant  que  j'ai  la  liberte  de  vous  parler  de  la  fa^on 
que  je  souhaitais,  je  demeure  interdit ;  et  la  grande 
joie  oil  je  suis  etouffe  toutes  mes  paroles. 

Luc.  Je  puis  vous  dire  la  meme  chose,  et  je  sens, 
comme  vous,  des  mouvements  de  joie  qui  m'em- 
pechent  de  pouvoir  parler. 

CiiiT.  Ah  !  Madame,  que  je  serais  heureux  s'il  etait 
vrai  que  vous  sentissiez  tout  ce  que  je  sens,  et  qu'il 
me  fut  permis  de  juger  de  votreame  par  la  mienne  ! 
Mais,  Madame,  puis-je  aumoins  croire  que  ce  soit  a 
vous  a  qui  je  doive  la  pensee  de  cet  heureux  stra- 
tageme  qui  me  fait  jouir  de  votre  presence  ? 

Luc.  Si  vous  ne  m'en  devez  pas  la  pensee,  vous  m'etes 
redevable  au  moins  d'en  avoir  approuve  la  proposi- 
tion avec  beaucoup  de  joie. 

Sgan.  (JiLisEiTE.)  II  me  semble  qu'il  lui  parle  de  bien 
pres. 

Lis.  (Ji  Soanabellk.)  C'est  qu'il  observe  sa  physionomie 
et  tous  les  traits  de  son  visage. 

Cut.  (kLuciNDB.)  Serez-vous  constante,  Madame,  dans 
ces  bontes  que  vous  me  temoignez .'' 

Luc.  Mais  vous,  serez-vous  ferme  dans  les  resolutions 
que  vous  avez  montrees .'' 

Clit.  Ah!  Madame,  jusqu'a  la  mort.  Je  n'ai  point  dc 
plus  forte  envie  que  d'etre  a  vous,  et  je  vais  le  faire 
paraitre  dans  ce  que  vous  m'allez  voir  faire. 

Sgan.  He  bien  !  notre  malade,  elle  me  semble  un  peu 
plus  gaie. 

Clit.  C'est  que  j'ai  deja  fait  agir  sur  elle  un  de  ces 
remedes  que  mon  art  m'enseigne.  Comme  I'esprit 
a  grand  empire  sur  le  corps,  et  que  c'est  de  lui  bien 
souvent  que  procedent  les  maladies,  ma  coutume 
est  de  courir  a  guerir  les  esprits,  avant  que  de  venir 
aux  corps.  J'ai  done  observe  ses  regards,  les  traits 
de  son  visage,  et  les  lignes  de  ses  deux  mains ;  et 


L'AMOUR  MEDEC! 
(Actein,  Scene  VI  ) 


8c.  VI.]       LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  315 

Cut.  (speaking  aside  to  Lucindk.)  Ah  !  Madam,  how 
great  is  my  delight,  and  how  little  do  I  know  in 
what  manner  to  begin  my  discourse  to  you  ! 
Whilst  I  spoke  to  you  only  with  my  eyes  it  seemed 
to  me  I  had  a  hundred  things  to  say  to  you,  and 
now  I  have  the  liberty  to  speak  to  you  as  I  wish 
I  remain  silent,  my  great  joy  stifles  all  my  words. 

Luc.  I  can  say  the  same  thing,  and,  like  you,  I  feel 
so  joyful  that  I  cannot  speak. 

Cut.  Ah  !  Madam,  how  happy  I  should  be  if  it  were 
true  you  feel  all  I  feel,  and  if  it  were  permitted 
to  judge  of  your  heart  by  my  own  ;  but.  Madam, 
can  1  at  least  believe  1  owe  to  you  the  idea  of  this 
happy  stratagem  which  gives  me  the  pleasure  of 
being  with  you  ? 

Luc.  If  you  do  not  owe  the  thought  of  it  to  me,  you 
are  at  least  obliged  to  me  for  having  most  gladly 
approved  of  the  proposition. 

Sgan.  (to  LisBTTK.)  It  seems  to  me  he  speaks  very  close 
to  her. 

Lis.  (to  Sganabelle.)  He  is  studying  her  physiognomy 
and  all  the  details  of  her  countenance. 

Clit.  (to  LuciNDE.)  Will  you  be  constant.  Madam,  in 
this  affection  you  show  me  ? 

Luc.  And  will  you  be  firm  in  the  resolutions  you  have 
taken  ? 

Clit.  Ah  !  Madam,  until  death ;  I  have  no  greater 
desire  than  to  belong  to  you,  and  this  will  be 
evident  in  what  I  am  going  to  do. 

Sgan.  Well,  our  invalid  seems  a  little  more  cheer- 
ful. 

Clit.  That  is  because  I  have  already  tried  upon  her 
one  of  the  remedies  which  my  art  has  taught  me. 
As  the  mind  has  a  great  influence  over  the  body, 
and  is  very  often  the  cause  of  sicknesses,  my  custom 
is  first  to  cure  the  mind  before  I  proceed  to  the 
body.  I  have,  therefore,  observed  her  looks,  the 
details  of  her  countenance,  and  the  lines  of  both 


316  L' AMOUR  M^DECIN  [actk  in. 

par  la  science  que  le  Ciel  m'a  donn^e,  j'ai  reconnu 
que  c'dtait  de  I'esprit  qu'elle  etait  malade,  et  que 
tout  son  mal  ne  venait  que  d'une  imagination  der^- 
glee,  d'un  desir  deprave  de  vouloir  etre  mariee. 
Pour  moi,  je  ne  vois  rien  de  plus  extravagant  et  de 
plus  ridicule  que  cette  envie  qu'on  a  du  mariage. 

Sgan.  Voila  un  habile  homme  ! 

CiiiT.  Et  j'ai  eu,  et  aurai  pour  lui,  toute  ma  vie  une 
aversion  effroyable. 

SoAN.  Voila  un  grand  medecin  ! 

Clit.  Mais^  comme  il  faut  flatter  I'imagination  des 
maladeS;  et  que  j'ai  vu  en  elle  de  I'alienation  d'esprit, 
et  meme  qu'il  y  avait  du  peril  a  ne  lui  pas  donner 
un  prompt  secours^  je  I'ai  prise  par  son  faible^  et 
lui  ai  dit  que  j'etais  venu  ici  pour  vous  la  demander 
en  mariage.  Soudain  son  visage  a  change^  son  taint 
s'est  eclairci,  ses  yeux  se  sont  animes ;  et  si  vous 
voulez,  pour  quelque  jours,  I'entretenir  dans  cette 
erreur,  vous  verrez  que  nous  la  tirerons  d'ou  elle 
est. 

Sgan.  Oui-da,  je  le  veux  bien. 

Cut.  Apres  nous  ferons  agir  d'autres  remedes  pour 
la  guerir  entierement  de  cette  fantaisie. 

SoAN.  Ouij  cela  est  le  mieux  du  monde.  He  bien  ! 
ma  fille,  voila  Monsieur  qui  a  envie  de  t'epouser^  et 
je  lui  ai  dit  que  je  le  voulais  bien. 

Luc.  Helas  !  est-il  possible } 

Sqan.  Oui. 

Luc.  Mais  tout  de  bon  ? 

Scan.  Oui,  oui. 

Luc.  Quo! !  vous  etes  dans  les  sentiments  d'etre  mon 

mari  ? 
Cut.  Oui,  Madame. 
Luc.  Et  mon  pere  y  consent  ? 
Sqan.  Oui,  ma  fille. 

Luc.  Ah  !  que  je  suis  heureuse,  si  cela  est  veritable  ! 
Cut.  N'en  doutez    point,   Madame.      Ce  n'est  pas 

d'aujourd'hui  que  je  vous  aime,  et  que  je  brule  de 


sc.  VI.]       LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  317 

her  hands ;  and,  by  the  knowledge  heaven  has 
given  me,  I  have  discovered  that  it  is  her  mind 
which  is  affected,  and  that  all  her  illness  proceeds 
only  from  a  disordered  imagination  and  a  depraved 
desire  to  be  married.  For  my  part,  I  think  nothing 
more  extravagant  and  more  ridiculous  than  the 
desire  people  have  to  be  married. 

Scan.  What  a  clever  man  ! 

Clit.  And  I  have  had,  and  shall  have,  a  great  aversion 
for  it  all  my  life. 

Sgan.  What  a  wise  doctor  ! 

Clit.  But,  as  we  must  humour  the  imagination  of 
invalids,  and  as  I  saw  in  her  a  wandering  of  the 
mind  which  would  be  dangerous  if  she  did  not  have 
prompt  relief,  I  made  use  of  her  foible  and  I  told 
her  that  I  came  here  to  ask  you  for  her  in  marriage. 
Suddenly  her  countenance  changed,  her  complexion 
cleared,  her  eyes  became  animated,  and,  if  you  will 
leave  her  in  this  delusion  for  some  days,  you  will 
see  we  shall  bring  her  out  of  her  present  condition. 

Sgan.  Very  well.     I  am  willing. 

Clit.  Afterwards,  we  will  use  other  remedies  to  cure 

her  wholly  of  this  fancy. 
SoAN.  Yes,  that  is  the  best  thing  which  can  happen. 

Well,  my  daughter,  this  gentleman  desires  to  marry 

you,  and  I  have  told  him  that  I  readily  consent 

to  it. 
Luc.  Alas  !  is  it  possible  ? 
Sgan.  Yes. 
Luc.  But  in  earnest  ? 
Sgan.  Yes,  yes. 
Luc.  You  think  you  wish  to  be  my  husband  ? 

Clit.  Yes,  Madam. 

Luc.  And  does  my  father  consent  to  it.^ 
Sgan.  Yes,  my  child. 

Luc.  Ah  !  how  happy  I  should  be  if  this  were  true  ! 
Clit.  Do  not   doubt  it.  Madam  ;   my  love  for  you 
and  my  great  desire  to  be  your  husband  are  not  the 


318  L'AMOUR  MEDECIN  [acte  hi. 

me  voir  votre  mari.  Je  ne  suis  venu  ici  que  pour 
cela ;  et  si  vous  voulez  que  je  vous  dise  nettement 
les  choses  comme  elles  sont,  cet  habit  n'est  qu'un 
pur  pretexte  invente,  et  je  n'ai  fait  le  me'decin  que 
pour  m'approcher  de  vous,  et  obtenir  ce  que  je 
souhaite. 

Luc.  C'est  me  donner  des  marques  d'un  amour  bien 
tendre,  et  j'y  suis  sensible  autant  que  je  puis. 

SoAN.  Oh  !  la  folle  !    Oh  !  la  folle  !    Oh  !  la  folle  ! 

Luc.  Vous  voulez  done  bien,  mon  pere,  me  donner 

Monsieur  pour  epoux .'' 
Sgan.  Oui.      (^a,  donne-moi  ta  main.      Donnez-moi 

un  peu  aussi  la  votre,  pour  voir^ 
Clit.  Mais,  Monsieur  .  .  . 
Sgan.   (s'etouflfant  derire.)  Non,   non  :    c'est  pour  .   .  . 

pour  lui  contenter  I'esprit.     Touchez-la.     Voila  qui 

est  fait. 
Clit.  Acceptez,  pour  gage  de  ma  foi,  cet  anneau  que 

je  vous  donne.      C'est  un   anneau   constelle,  qui 

guerit  les  egarements  d'esprit. 
Luc.  Faisons  done  le  contrat,  afin  que  rien  n'y  manque. 

Clit.  Helas !  je  le  veux  bien,  Madame.  (A  Soana- 
RELLE.)  Je  vais  faire  monter  I'homme  qui  ecrit  nies 
remedes,  et  lui  faire  croire  que  c'est  un  notaire. 

Sgan.  Fort  bien. 

Clit.  Hola  !  faites  monter  le  notaire  que  j'ai  amene 
avec  moi. 

Luc.  Quoi .''  vous  aviez  amene  un  notaire  ? 

Clit.  Oui,  Madame. 

Luc.  J'en  suis  ravie. 

Sgan.  Oh  !  la  folle  !    Oh  .'  la  folle  ! 


8c.  VI.]       LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  319 

growth  of  to-day,  I  came  here  only  for  this  end  ; 
and,  if  you  wish  me  to  tell  you  the  whole  truths  this 
dress  is  but  a  mere  disguise.  I  acted  the  doctor 
only  to  get  near  to  you  and  to  obtain  what  I 
wished. 

Luc.  You  show  signs  of  a  very  deep  love  and  I  am 

as  sensible  of  it  as  I  can  be. 
Sgan.  Oh  !  the  silly  girl.     Oh  !  the  silly  girl.     Oh  ! 

the  silly  girl. 
Luc.  You  are  really  willing,  father,  to  give  me  this 

gentleman  for  a  husband  .'' 
Scan.  Yes.     Come,  give  me  your  hand.      Give  me 

yours  also  for  a  moment,  to  show  her. 
Clit.  But,  Monsieur  .  .  . 
Sgan.  (Stifling  his  laughter.)    No,   no,  it  is  to  .   .   .   to 

satisfy  her  mind  ;  shake  hands.   "^There,  the  affair  is 

settled. 
CiiiT.  As  a  pledge  of  my  fidelity  accept  this  ring  which 

I  give  you.     It  is  a  constellated  ring,  which  cures 

the  delusions  of  the  mind. 
Luc.  Let  us   draw   up  the  contract,  then,   so  that 

nothing  may  be  wanting. 
Clit.  Alas  !   Madam,  I  will  do  so.     (To  Sqanabelle.) 

I  will  call  up  the  fellow  who  writes  my  prescriptions 

and  make  her  believe  he  is  a  notary. 
Sgan.  Very  well. 
Clit.  Hullo  !   Send  up  the  notary  I  brought  with  me. 

Luc.  What  ?    Did  you  bring  a  notary  ? 

Clit.  Yes,  Madam. 

Luc.  I  am  delighted  at  that. 

Sgan.  Oh  !  the  silly  girl.     Oh  !  the  silly  girl. 


320  L' AMOUR  Ml^DECIN  [acte  in 


SciNE    VII 

Lb  Notaibb,  Clitandrb,  Sganarelle,  Luoindb, 

LiSETTE 

(CiiTAifDBB  parle  au  Notairb  k  I'oreille.) 

Sgan.  Oui,  Monsieur,  il  faut  faire  un  contrat  pour 
ces  deux  personnes-la.  Ecrivez.  (Lb  Notaibb  ^crit.) 
Voila  le  contrat  qu'on  fait:  je  lui  donne  vingt 
mille  ecus  en  mariage.     Ecrivez. 

Luc.  Je  vous  suis  bien  obligee,  mon  pere. 

Le  Not.  Voila  qui  est  fait ;  vous  n  avez  qu'a  venir 
signer. 

Sgan.  Voila  un  contrat  bientot  bati. 

Cut.  Au  moins... 

Sgan.  He  !  non,  vous  dis-je.  Sait-on  pas  bien? 
Allons,  donnez-lui  la  plume  pour  signer.  AUons, 
signe,  signd,  signe.  Va,  va,  je  signerai  tan  tot, 
moi. 

Luc.  Non,  non :  je  veux  avoir  le  contrat  entre  mes 
mains. 

Sgan.  He'  bien  !  tiens.     Es-tu  contente  } 

Luc.  Plus  qu'on  ne  peut  s'imaginer. 

Sgan.  Voila  qui  est  bien,  voila  qui  est  bien. 

Cut.  Au  reste,  je  n'ai  pas  eu  seulement  la  precaution 
d'amener  un  notaire ;  j'ai  eu  celle  encore  de  faire 
venir  des  voix  et  des  instruments  pour  celebrer  la 
fete  et  pour  nous  r^jouir.  Qu'on  les  fasse  venir. 
Ce  sont  des  gens  que  je  mene  avec  moi,  et  dont  je 
me  sers  tous  les  jours  pour  pacifier  avec  leur  har- 
monie  les  troubles  de  I'esprit. 


80.  VII.]      LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR  321 


Scene  VII 
The  Notary,  Clitandre,  Sganarellb,  Lucinde, 

LiSETTE 

(Clitandbb  speaks  in  the  Notary's  ear.) 

Sgan.  Yes,  Monsieur,  you  must  draw  up  a  contract 
for  these  two  persons.  Write.  (The  Notary  writes.) 
There,  the  contract  is  being  drawn  up.  I  give  her 
twenty  thousand  crowns  on  her  marriage.     Write. 

Luc.  I  am  much  obliged  to  you,  father. 

The  Not.  There,  it  is  done.  You  have  only  to  sign 
it. 

Sgan.  That  is  a  very  quickly  drafted  contract. 

Cut.  At  least  .  .  . 

Sgan.  Ah  !  No,  I  tell  you.  Do  we  not  all  know  ? 
Come,  give  him  the  pen  to  sign.  Come.  It  is 
signed.  It  is  signed.  It  is  signed.  There,  there, 
I  myself  will  sign  by  and  by. 

Luc.  No,  no,  I  wish  to  have  the  contract  in  my  own 
hands. 

Sgan.  Ah  !  well,  take  it.     Are  you  satisfied  } 

Luc.  More  than  you  can  imagine. 

Sgan.  That  is  all  right. 

Clit.  Now,  I  have  not  only  had  the  precaution  to 
bring  in  a  notary,  I  have  brought  as  well  singers 
and  instruments  to  celebrate  the  wedding  and  to 
make  merry.  Let  them  come  in.  They  are  people 
I  take  about  with  me,  of  whom  I  daily  make  use  to 
pacify  the  troubles  of  the  mind  by  their  harmony. 


322  L' AMOUR  MEDECIN  [actb  hi. 

ScilNE    DERNIjfcRE 

La  Com^die,  Le  Ballet  et  La  Musique 
TOUS  TROIS  (ensemble). 

Sans  nous  tous  les  hommes 
Deviendraient  mal  sains, 
Et  &est  nous  qui  sommes 
Leurs  grands  medecins, 

LA  COMEDIE 

Veut-on  qu^on  rabatte, 
Par  des  moyens  doux, 
Les  vapeurs  de  rate 
Qui  vous  minent  tous  f 
Qu'on  laisse  Hippocrates 
Et  qu'on  vienne  a  nous. 

TOUS  TROIS  (ensemble). 

Sans  nous .    . 

(Durant  qu'ils  chantent,  et  que  les  Jeux,  les  Ris  et  les  Plaisirs 
dansent,  Clitandre  emm^ne  Lucinde.) 

Sgan.  Voila  une  plaisante  fa§on  de  guerir.     Ou  est 

done  ma  fille  et  le  Medecin. 
Lis.  lis  sont  alles  achever  le  reste  du  mariage. 
Sgan.  Comment,  le  mariage  ? 
Lis.  Ma  foi !  Monsieur,  la  becasse  est  bridee,  et  vous 

avez  cru  faire  un  jeu,  qui  demeure  une  verite. 

SoAN.  (Les  danseurs  le  retiennent  et  veulent  le  faire  danser  de 
force.)  Comment,  diable  !  Laissez-moi  aller,  laissez- 
moi  aller,  vous  dis-je.     Encore .''    Peste  des  gens  ! 


VIM 


LAST  scene]  LOVE'S  THE  BEST  DOCTOR        323 

Last  Scene 

Comedy,  Ballet  and  Musio 
ALL  THREE  (together). 

All  mankind  without  us  three 
Would  soon  become  diseased, 
0/ skilled  physicians  chief  are  we 
By  whom  all  ills  are  eased. 

COMEDY 

If  you  by  pleasant  means  would  aim 
To  cure  the  vapoured  head, 
Leave  to  Hippocrates  his  fame  ^ 
And  come  to  us  instead. 


ALL  THREE  {together). 

All  mankind  .  .  . 

(While  they  sing,  and  while  Play,  Laughter  and  Pleasure 
dance,  Clitandre  carries  off  Lucinde.) 

Scan.  That  is  a  curious  way  of  healing  people.  But 
where  are  my  daughter  and  the  doctor  ? 

Lis.  They  have  gone  to  complete  the  wedding. 

Sgan.  What  !  the  wedding  ? 

Lis.  Upon  my  word.  Monsieur,  the  biter  is  bit.  The 
jest  you  intended  to  play  has  been  turned  to 
earnest. 

Scan.  (The  dancers  restrain  him  and  wish  to  make  him  dance 
with  them  by  force.)  What  the  deuce  !  Let  me  go  ! 
Let  me  go,  I  tell  you.  Again  }  Plague  take  every- 
body. 


NOTES 

TARTUFFE 

Molifere's  Preface  to  the  first  edition  is  as  follows : — 

'  Voici  une  com^die  dont  on  a  fait  beaucoup  de  bruit,  qui  a 
et^  longtemps  pers^cut^e;  et  les  gens  qu'elle  joue  ont  bien 
fait  voir  qu'ila  ^taient  plus  puissants  en  France  que  tous  ceux 
que  j'ai  joues  jusqu'ici.  Les  Marquis,  les  Pr^cieuses,  les 
Cocus  et  les  M^decins  ont  souffert  doucement  qu'on  les  ait 
repr^sent«5s,  et  ils  ont  fait  semblant  de  se  divertir,  avec  tout 
le  monde,  des  peintures  que  Ton  a  faites  d'eux ;  mais  les 
Hypocrites  n'ont  point  entendu  raillerie ;  ils  se  sont  effa- 
rouch^s  d'abord,  et  ont  trouve  Strange  que  j'eusse  la  hardiesse 
de  jouer  lexirs  grimaces,  et  de  vouloir  d^crier  un  metier  dont 
tant  d'honnetes  gens  se  mSlent.  C'est  un  crime  qu'ils  ne 
sauraient  me  pardonner ;  et  ils  se  sont  tous  armes  centre  ma 
comedie  avec  une  fureur  ^pouvantable.  lis  n'ont  eu  garde  de 
I'attaquer  par  le  cot^  qui  les  a  blesses :  ils  sont  trop  politiques 
pour  cela,  et  savent  trop  bien  vivre  pour  d^couvrir  le  fond  de 
leur  ame.  Suivant  leur  louable  coutume,  ils  ont  couvert  leurs 
int^rets  de  la  cause  de  Dieu ;  et  le  Tartuffe,  dans  leur  bouche, 
est  ime  pifece  qui  offense  la  piet^.  Elle  est,  d'un  bout  k 
I'autre,  pleine  d  abominations,  et  I'on  n'y  trouve  rien  qui  ne 
m^rite  le  feu.  Toutes  les  syllabes  en  sont  impies ;  les  gestes 
m@mes  y  sont  criminels ;  et  le  moindre  coup  d  ceil,  le  moindre 
branlement  de  tete,  le  moindre  pas  k  droite  ou  k  gauche,  y 
cachent  des  mystferes  qu'ils  trouvent  moyen  d'expliquer  h 
mon  d^savantage. 

'  J'ai  eu  beau  la  soumettre  aux  lumi^res  de  mes  amis,  et  k 
la  censure  de  tout  le  monde :  les  corrections  que  j'y  ai  pu 
faire,  le  jugement  du  Roi  et  de  la  Reine,  qui  I'ont  vue, 
I'approbation  des  grands  princes  et  de  Messieurs  les  ministres, 
qui  I'ont  honor^e  publiquement  de  leur  presence,  le  tdmoi- 
gnage  des  gens  de  bien,  qui  I'ont  trouv^e  profitable,  tout  cela 
n'a  de  rien  servi.  Ils  n'en  veulent  point  d^mordre ;  et  tous 
les  jours  encore,  ils  font  crier  en  public  de  z^l^s  indiscrets, 

S25 


32G  TARTUFFE 

qui  me  diaent  des  injures  pieusement  et  me  damnent  par 
charite. 

'Je  me  soucierais  fort  peu  de  tout  ce  qu'ils  peuvent  dire, 
n'^tait  I'artifice  qu'ils  ont  de  me  faire  des  ennemis  que  je 
respecte,  et  de  jeter  dans  leur  parti  de  v^ritables  gens  de  bien, 
dont  ils  pri5viennent  la  bonne  foi,  et  qui,  par  la  chaleur  qu'ils 
ont  pour  les  int^rets  du  Ciel,  sent  faciles  k  recevoir  les 
impressions  qu'on  veut  leur  donner.  Yoilk  ce  qui  m'oblige  k 
m&  ddfendre.  C'est  aux  vrais  devots  que  je  veux  partout  me 
justifier  sur  la  conduite  de  ma  comddie ;  et  je  les  conjure,  de 
tout  mon  coeur  de  ne  point  condamner  les  choses  avant  que  de 
les  voir,  de  se  d^faire  de  toute  prevention,  et  de  ne  point 
servir  la  passion  de  ceux  dont  les  grimaces  les  deshonorent. 

'  Si  Ton  prend  la  peine  d'examiner  de  bonne  foi  ma  com^die, 
on  verra  sans  doute  que  mes  intentions  y  sont  partout  inno- 
centes,  et  qu'elle  ne  tend  nullement  k  jouer  les  choses  que 
I'on  doit  r^v^rer ;  que  je  I'ai  traitee  avec  toutes  les  precautions 
que  me  demandait  la  d^licatesse  de  la  matifere,  et  que  j'ai  mis 
tout  I'art  et  tous  les  soins  qu'il  m'a  ^t^  possible  pour  bien 
distinguer  le  personnage  de  I'Hypocrite  d  avec  celui  du  vrai 
D»5vot.  J'ai  employd  pour  cela  deux  actes  entiers  k  preparer 
la  venue  de  mon  sc<51erat.  II  ne  tient  pas  un  seul  moment 
I'auditeur  en  balance ;  on  le  connait  d  abord  aux  marques 
que  je  lui  donne ;  et,  d'un  bout  k  I'autre,  il  ne  dit  pas  un  mot, 
il  ne  fait  pas  une  action,  qui  ne  peigne  aux  spectateurs  le 
caract^re  d'un  mechant  homme,  et  ne  fasse  ^clater  celui  du 
veritable  homme  de  bien  que  je  lui  oppose. 

'Je  sais  bien  que  pour  reponse  ces  Messieurs  tachent 
d'insinuer  que  ce  n'est  point  au  theSitre  k  parler  de  ces 
mati^res ;  mais  je  leur  demande,  avec  leur  permission,  sur 
quoi  ils  fondent  cette  belle  maxime.  C'est  une  proposition 
qu'ils  ne  font  que  supposer,  et  qu'ils  ne  prouvent  en  aucune 
laQon ;  et  sans  doute  il  ne  serait  pas  difficile  de  leur  faire  voir 
que  la  com^die,  chez  les  anciens,  a  pris  son  origine  de  la 
religion,  et  faisait  partie  de  leurs  myst^res ;  que  les  Espagnols, 
nos  voisins,  ne  c^l^brent  gu^re  de  fete  oh  la  com^die  ne  soit 
mfil^e ;  et  que,  meme  parmi  nous,  elle  doit  sa  naissance  aux 
Boins  d'une  confr^rie  k  qui  appartient  encore  aujourd'hui 
I'Hdtel  de  Bourgogne,  que  c'est  un  lieu  qui  fut  donn^  pour 
y  representer  les  plus  importants  myst^res  de  notre  foi ;  qu'on 
en  voit  encore  des  comedies  imprim^es  en  lettres  gothiques, 
sous  le  nom  d'un  docteur  de  Sorbonne ;  et,  sans  aller  chercher 
si  loin,  que  I'on  a  jou^  de  notre  temps  des  pieces  saintes  de 
M.  Corneille,  qui  ont  ^t^  I'admiration  de  toute  la  France. 

*  Si  I'emploi  de  la  comedie  est  de  corriger  les  vices  des 
hommes,  je  ne  vois  pas  par  quelle  raison  il  y  en  aura  de 
privilegi^s.    Celui-ci  est,  dans  I'Etat,  d'une  consequence  bien 


NOTES  327 

plus  dangereuse  que  tous  les  autres;  et  nous  avons  vu  qua 
fe  theatre  a  une  grande  vertu  pour  la  correction.  Les  plus 
beaux  traits  d'une  serieuse  morale  sont  moins  puissants,  le 
plus  souvent,  que  ceux  de  la  satire ;  et  rien  ne  reprend  mieux 
la  plupart  des  hommes  que  la  peinture  de  leurs  defauts. 
C'est  une  grande  atteinte  aux  vices  que  de  les  exposer  k  la 
ris^e  de  tout  le  monde.  On  soufEre  ais^ment  des  reprehen- 
sions, mais  on  ne  souffre  point  la  raillerie.  On  veut  bien  etre 
m^chant,  mais  on  ne  veut  point  etre  ridicule. 

'  On  me  reproche  d'avoir  mis  des  termes  de  piete  dans  la 
bouche  de  mon  Imposteur.  Et  pouvais-je  m'en  empecher, 
pour  bien  repr^senter  le  caract^re  d'un  hypocrite  ?  II  suflBt, 
ce  me  semble,  que  je  fasse  connaitre  les  motifs  criminela 
qui  lui  font  dire  les  choses,  et  que  j'en  aie  retranch^  les  termes 
consacr^s,  dont  on  aurait  eu  peine  k  lui  entendre  faire  un 
mauvais  usage.  Mais  il  debite  au  quatrifeme  acte  une  morale 
pernicieuse.  Mais  cette  morale  est-elle  quelque  chose  dont 
tout  le  monde  n'eAt  les  oreilles  rebattues?  dit-elle  rien  de 
nouveau  dans  ma  comedie  ?  et  peut-on  craindre  que  des  choses 
si  gen^ralement  d^test^es  fassent  quelque  impression  dans  les 
esprits,  que  je  les  rende  dangereuses  en  les  faisant  monter  sur 
le  th^&tre,  qu'elles  regoivent  quelque  autorit^  de  la  bouche 
d'un  sc^l^rat  ?  II  n'y  a  nulle  apparence  k  cela ;  et  Ton  doit 
approuver  la  comedie  du  Tartuffe,  ou  condamner  g^n^ralement 
toutes  les  comedies. 

'  C'est  k  quoi  Ton  s' attache  fiirieusement  depuis  un  temps, 
et  jamais  on  ne  s'etait  si  fort  d^chain^  centre  le, theatre.  Je 
ne  puis  pas  nier  qu'il  n'y  ait  eu  des  P^res  de  I'Eglise  qui  ont 
condamn^  la  comedie;  mais  on  ne  pent  pas  me  nier  aussi 
qu'il  n'y  en  ait  eu  quelques-uns  qui  I'ont  trait^e  un  peu  plus 
doucement.  Ainsi  I'autorit^  dont  on  pretend  appuyer  la  cen- 
sure est  d^truite  par  ce  partage;  et  toute  la  consequence 
qu'on  pent  tirer  de  cette  diversity  d'opinions  en  des  esprits 
^clair^s  des  mSmes  lumi^res,  c'est  qu'ils  ont  pris  la  comedie 
difteremment,  et  que  les  uns  I'ont  consideree  dans  sa  pui-et^, 
lorsque  les  autres  I'ont  regard^e  dans  sa  corruption  et  con- 
fondue  avec  tous  ces  vilains  spectacles  qu'on  a  eu  raison  de 
nommer  des  spectacles  de  turpitude. 

'Et  en  effet  puisqu'on  doit  discourir  des  choses,  et  non  pas 
des  mots,  et  que  la  plupart  des  contrari^t^s  viennent  de  ne  se 
pas  entendre  et  d'envelopper  dans  un  mSme  mot  des  choses 
opposees,  il  ne  faut  qu'6ter  le  voile  de  I'^uivoque  et  regarder 
ce  qu'est  la  comedie  en  soi,  pour  voir  si  elle  est  condamnable. 
On  connaitra  sans  doute  que,  n'^tant  autre  chose  qu'un  poeme 
ing^nieux  qui  par  des  lemons  agr^ables  reprend  les  defauts  des 
hommes,  on  ne  saurait  la  censurer  sans  injustice.  Et  si  nous 
voulons  ou'ir  IJk-dessus  le  temoignage  de  Tantiquit^,  elle  nous 
dira  que  ses  plus  c^lfebres  philosophes  ont  donn^  des  louanges 


328  TARTUFFE 

k  la  com^die,  eux  qui  faisaient  profession  d'une  sagesse  si 
austere,  et  qui  criaient  sans  cesse  apr^s  les  vices  de  leur 
si^cle ;  elle  nous  fera  voir  qu'Aristote  a  consacr^  des  veilles 
au  th4ktTe,  et  s'est  donn^  le  soin  de  r^duire  en  pr^ceptes  I'art 
de  faire  des  comedies;  elle  nous  apprendra  que  de  ses  plus 
grands  hommes,  et  des  premiers  en  dignite,  ont  fait  gloire 
d'en  composer  eux-mSmes,  qu'il  y  en  a  eu  d'autres  qui  n'ont 
pas  dedaign^  de  reciter  en  public  celles  qu'ils  avaient  com- 
pos^es,  que  la  Gr^ce  a  fait  pour  cet  art  ^clater  son  estime  par 
les  prix  glorieux  et  par  les  superbes  th^S,tre8  dont  elle  a  voulu 
I'honorer,  et  que,  dans  Rome  enfin,  ce  meme  art  a  regu  aussi 
des  honneurs  extraordinaires :  je  ne  dis  pas  dans  Rome  de- 
bauchee et  sous  la  licence  des  empereurs,  mais  dans  Rome  dis- 
ciplin^e,  sous  la  sagesse  des  consuls,  et  dans  le  temps  de  la 
vigueur  de  la  vertu  romaine. 

'J'avoue  qu'il  y  a  eu  des  temps  oil  la  com^die  s'est  cor- 
rompue.  Et  qu'est-ce  que  dans  le  monde  on  ne  corrompt 
point  tous  les  jours  ?  II  n'y  a  chose  si  innocente  ou  les  hom- 
mes ne  puissent  porter  du  crime,  point  d'art  si  salutaire  dont 
ils  ne  soient  capables  de  renverser  les  intentions,  rien  de  si 
bon  en  soi  qu'ils  ne  puissent  tourner  k  de  mauvais  usages.  La 
m^decine  est  un  art  profitable,  et  chacun  la  r^vfere  comme  une 
des  plus  excellentes  choses  que  nous  ayons ;  et  cependant  il 
y  a  eu  des  temps  oil  elle  s'est  rendue  odieuse,  et  souvent  on 
en  a  fait  \in  art  d'empoisonner  les  hommes.  La  philosophia 
est  un  present  du  Ciel :  elle  nous  a  ^t^  donn^e  pour  porter 
nos  esprits  k  la  connaissance  d'un  Dieu  par  la  contemplation 
des  merveilles  de  la  nature  ;  et  pourtant  on  n'ignore  pas  que 
Bouvent  on  I'a  d^tourn^e  de  son  emploi,  et  qu'on  I'a  occup^e 
publiquement  k  soutenir  I'impi^t^.  Les  choses  m^me  les  plus 
saintes  ne  sont  point  k  convert  de  la  corruption  des  hommes  ; 
et  nous  voyons  des  sc^l^rats  qui  tous  les  jours  abusent  de  la 
pi6t4,  et  la  font  servir  m^chamment  aux  crimes  les  plus  grands. 
Mais  on  ne  laisse  pas  pour  cela  de  faire  les  distinctions  qu'il 
est  besoin  de  faire ;  on  n'enveloppe  point,  dans  une  f ausse 
cons«5quence,  la  bont^  des  choses  que  I'on  corrompt  avec  la 
malice  des  corrupteurs ;  on  s^pare  toujours  le  mauvais  usage 
d'avec  I'intention  de  I'art ;  et  comme  on  ne  s'avise  point  de 
d^fendre  la  m^decine,  pour  avoir  ^t^  bannie  de  Rome,  ni  la 
philosophie  pour  avoir  ^t^  condamn^e  publiquement  dans 
Ath^nes,  on  ne  doit  point  aussi  vouloir  interdire  la  comddie, 
pour  avoir  ^t^  censurle  en  de  certains  temps.  Cette  censure 
a  eu  ses  raisons,  qui  ne  subsistent  point  ici.  Elle  s'est  ren- 
f erm^e  dans  ce  qu'elle  a  pu  voir ;  et  nous  ne  devons  point  la 
tirer  des  homes  qu'elle  s  est  donn^es,  I'^tendre  plus  loin  qu'il 
ne  faut,  et  lui  faire  embrasser  I'innocent  avec  le  coupable. 
La  comidie  qu'elle  a  eu  dessein  d'attaquer  n'est  point  du  tout 


NOTES  329 

la  com^die  que  nous  voulons  d^fendre.  II  se  faut  bien  garder 
de  oonfondre  celle-lk  avec  celle-ci.  Ce  sont  deiix  personnes 
de  qui  les  moeurs  sont  tout  k  fait  oppos^es  ;  elles  n'ont  aucun 
rapport  I'une  avec  I'autre  que  la  ressemblance  du  nom  ;  et  ce 
serait  une  injustice  epouvantable  que  de  voulolr  condamner 
Olimpe  qui  est  femme  de  bien,  parce  qu'il  y  a  une  Olimpe  qui 
a  ^t^  une  debauchee.  De  semblables  arrets  sans  doute  le- 
raient  un  grand  d^sordre  dans  le  monde.  II  n'y  aurait  rien 
par  Ik  qui  ne  fUt  condamn^ ;  et  puisque  Ton  ne  garde  point 
cette  rigueur  k  tant  de  choses  dent  on  abuse  tons  les  jours,  on 
doit  bien  faire  la  meme  grS,ce  k  la  comedie,  et  approuver 
les  pieces  de  theatre  oti  Ton  verra  r^gner  I'instruction  et 
I'honnetet^. 

'  Je  sais  qu'il  y  a  des  esprits  dont  la  d^licatesse  ne  pent 
soufifrir  aucune  comedie,  qui  disent  que  les  plus  honnetes  sont 
les  plus  dangereuses,  que  les  passions  que  1  on  y  d^peint  sont 
d'autant  plus  touchantes  qu' elles  sont  pleines  de  vertu,  et  que 
les  kmea  sont  attendries  par  ces  sortes  de  representations,  Je 
ne  vois  pas  quel  grand  crime  c'est  que  de  s'attendrir  k  la  vue 
d'une  passion  honnfite ;  et  c'est  un  haut  ^tage  de  vertu  que 
cette  pleine  insensibility  ou  ils  veulent  faire  monter  notre  §,me. 
Je  doute  qu'une  si  grande  perfection  soit  dans  les  forces  da 
la  nature  humaine;  et  je  ne  sais  s'il  n'est  pas  mieux  de 
travailler  a  rectifier  et  adoucir  les  passions  des  hommes,  que 
de  vouloir  les  retrancher  entiferement,  J'avoue  qu'il  y  a  des 
lieux  qu'il  vaut  mieux  frequenter  que  le  tbdatre ;  et  si  I'on 
veut  blamer  toutes  les  choses  qui  ne  regardent  pas  directement 
Dieu  et  notre  salut,  il  est  certain  que  la  comedie  en  doit  6tre, 
et  je  ne  trouve  point  mauvais  qu'elle  soit  condamn^e  avec  le 
reste.  Mais  suppose,  comme  il  est  vrai,  que  les  exercices  de 
la  piete  souflfrent  des  intervalles  et  que  les  hommes  aient 
besoin  de  divertissement,  je  soutiens  qu'on  ne  leur  en  pent 
trouver  un  qui  soit  plus  innocent  que  la  comedie.  Je  me  suis 
etendu  trop  loin.  Finissons  par  un  mot  d'un  grand  prince  sur 
la  comedie  du  Tartuffe. 

'Huit  jours  apr^s  qu'elle  eut  ete  defendu,  on  representa 
devant  la  cour  une  pi^ce  intituiee  Scaramouche  ertnite ;  et  le 
Roi,  en  sortant,  dit  au  grand  prince  que  je  veux  dire:  "Je 
voudrais  bien  savoir  pourquoi  les  gens  qui  se  scandalisent  si 
fort  de  la  comedie  de  Moli^re  ne  disent  mot  de  celle  de  Scara- 
mouche." A  quoi  le  Prince  repondit:  "La  raison  de  cela,  c'est 
que  la  comedie  de  Scaramotiche  joue  le  Ciel  et  la  religion,  dont 
ces  Messieurs-Ik,  ne  se  soucient  point ;  mais  celle  de  Molifere 
les  joue  eux-memes :  c'est  ce  qu'ils  ne  peuvent  souffrir." ' 

The  second  edition  published  in  the  same  year  as  the  first, 
contained  three   'Placets  au  Roi,'  (the  first    presented  in 


330  TARTUFFE 

August  1664,  the  second  in  August  1667,  the  third  on  Feb- 
ruary 5th,  1669.)    These  are  as  follows.— 


PREMIER  PLACET 

PBisENTi  Au  Boi,  suR  LA  oom:6dib  DC  Tartuffc. 

*SiEB, — Le  devoir  de  la  comedie  ^tant  de  corriger  lea 
hommes  en  les  divertissant,  j'ai  cru  que,  dans  I'emploi  ou  je 
me  trouve,  je  n'avais  rien  de  mieux  h,  faire  que  d'attaquer  par 
des  peintures  ridicules  les  vices  de  mon  si^cle;  et  comme 
I'hypocrisie,  sans  doute  en  est  un  des  plus  en  usage,  des  plus 
incommodes  et  des  plus  dangereux,  j'avais  eu.  Sire,  la  pens^e 
que  je  ne  rendrais  pas  un  petit  service  k  tous  les  honnetea 
gens  de  votre  royaume,  si  je  faisais  une  comedie  qui  d^cri&t 
les  hypocrites,  et  mit  en  vue  comme  il  faut  toutes  les  gri- 
maces ^tudiees  de  ces  gens  de  bien  h,  outrance,  toutes  les 
friponneries  couvertes  de  ces  faux  monnayeurs  en  devotion, 
qui  veulent  attraper  les  hommes  avec  un  z61e  contrefait  et 
une  charit^  sophistiquee. 

'  Je  I'ai  f  aite.  Sire,  cette  comedie,  avec  tout  le  soin,  comme 
je  crois,  et  toutes  les  circonspections  que  pouvait  demander  la 
d<Slicatesse  de  la  mati^re ;  et  pour  mieux  conserver  I'estime  et 
le  respect  qu'on  doit  aux  vrais  devots,  j'en  ai  distingue  le 
plus  que  j'ai  pu  le  caract^re  que  j'avais  h,  toucher;  je  n'ai 

Eoint  laisse  d'^quivoque,  j'ai  6t^  ce  qui  pouvait  confondre  le 
ien  avec  le  mal,  et  ne  me  suis  servi,  dans  cette  peinture,  que 
des  couleurs  expresses  et  des  traits  essentiels  qui  font  recon- 
naitre  d'abord  un  veritable  et  franc  hypocrite. 

'  Cependant  toutes  mes  precautions  ont  ^t^  inutiles.  On  a 
profite,  Sire,  de  la  delicatesse  de  votre  S,me  sur  les  mati^res 
de  religion,  et  Ton  a  su  vous  prendre  par  I'endroit  seul  que 
vous  6tes  prenable,  je  veux  dire  par  le  respect  des  choses 
saintes.  Les  Tartuffes,  sous  main,  ont  eu  I'adresse  de  trouver 
grS,ce  aupr^s  de  Votre  Majesty,  et  les  originaux  enfin  ont  fait 
Bupprimer  la  copie,  quelque  innocente  qu'elle  fut,  et  quelque 
ressemblante  qu  on  la  trouv^t. 

'  Bien  que  ce  m'ait  ^t^  un  coup  sensible  que  la  suppression 
de  cet  ouvrage,  mon  malheur  pourtant  ^tait  adouci  par  la 
mani^re  dont  Votre  Majesty  s'^tait  expliqu($e  sur  ce  sujet; 
et  j'ai  cru.  Sire,  qu'EUe  m'otait  tout  lieu  de  me  plaindre, 
ayant  eu  la  bont^  de  declarer  qu'Elle  ne  trouvait  rien  k  dire 
dans  cette  comedie  qu'Elle  me  d^fendait  de  produire  en 
public. 

'  Mais  malgr^  cette  glorieuse  declaration  du  plus  grand  roi 
du  monde  et  du  plus  eclair^,  malgr^  I'approbation  encore  de 


NOTES  831 

Mousieur  le  L^{;at  et  de  la  plus  grande  partie  de  nos  pr^lats, 
qui  tous,  dans  les  lectures  particuii^res  que  je  leur  ai  faites 
de  mon  ouvrage,  se  sont  trouv^s  d'accord  aveo  les  sentiments 
de  Votre  Majesty,  malgr^  tout  cela,  dis-je,  on  voit  un  livre 
compost  par  le  cur^  de  .  ,  .  ,  qui  donne  hautement  un  dementi 
k  tous  ces  augustes  t^moignages.  Votre  Majesty  a  beau  dire, 
et  Monsieur  le  L^gat  et  Messieurs  les  pr^lats  ont  beau  donner 
leur  jugement :  ma  comedie,  sans  I'avoir  vue,  est  diabolique, 
et  diabolique  mon  cerveau  ;  je  suis  un  d^mon  v^tu  de  chair  et 
habill^  en  homme,  un  libertin,  un  impie  digne  d'un  supplice 
exemplaire.  Ce  n'est  pas  assez  que  le  feu  expie  en  public 
mon  offense,  j'en  serais  quitte  k  trop  bon  marche :  le  zfele  cha- 
ritable de  ce  galant  homme  de  bieu  n'a  garde  de  demeurer  Ik : 
il  ne  veut  point  que  j'aie  de  mis^ricorde  aupr^s  de  Dieu,  il 
veut  absolument  que  je  sois  damn^,  c'est  une  affaire  r^solue. 

'  Ce  livre,  Sire,  a  ete  present^  k  Votre  Majesty ;  et  sans 
doute,  Elle  juge  bien  Elle-mfime  combien  il  m'est  f&cheux  de 
me  voir  expos^  tous  les  jours  aux  insultes  de  ces  Messieurs, 
quel  tort  me  feront  dans  le  monde  de  telles  calomnies,  s'il 
faut  qu'elles  soient  tol^r^es,  et  quel  inter^t  j'ai  entin  k  me 
purger  de  son  imposture  et  k  faire  voir  au  public  que  ma 
comedie  n'est  rien  moins  que  ce  qu'on  veut  qu'elle  soit.  Je 
ne  dirai  point.  Sire,  ce  que  j'avais  k  ddmander  pour  ma  re- 
putation, et  pour  justifier  k  tout  le  monde  I'innocence  de  mon 
ouvrage :  les  rois  ^clair^s  comme  vous  n'ont  pas  besoin  qu'on 
leur  marque  ce  qu'on  souhaite ;  ils  voient,  comme  Dieu,  ce 
qu'il  nous  faut,  et  savent  mieux  que  nous  ce  qu'ils  nous 
doivent  accorder.  II  me  sufBt  de  mettre  mes  int^r^ts  entre 
les  mains  de  Votre  Majesty  et  j'attends  d'Elle  avec  respect 
tout  ce  qu'il  lui  plaira  d'ordonner  IJi-dessus.' 


SECOND  PLACET 

PR]i8ENT£  AU  ROI,  DANS  SON  CAMP  DEVANT  LA  VILI-E  DK  LiLLK 
EN  FlANDRE 

'  Sire — C'est  une  chose  bien  t^m&aire  k  moi  que  de  venir 
importuner  un  grand  monarque  au  milieu  de  ses  glorieuses 
conqultes ;  mais,  dans  I'etat  ou  je  me  vois,  ou  trouver,  Sire, 
une  protection  qu'au  lieu  ou  je  la  viens  chercher?  et  qui  puis- 
je  soUiciter,  centre  I'autorit^  de  la  puissance  qui  m'accable, 
que  la  source  de  la  puissance  et  de  I'autorite,  que  le  juste  dis- 
pensateur  des  ordres  absolus,  que  le  souverain  juge  et  le 
maitre  de  toutes  choses  ? 

'Ma  comedie.  Sire,  n'a  pu  jouir  ici  des  bont^s  de  Votre 
Majesty.    En  vain  je  I'ai  produite  sous  le  titre  de  VImposteur, 


332  TARTUFFE 

et  d^guis^  le  personnage  sous  I'ajustement  d'un  homme  du 
monde ;  j'ai  eu  beau  lui  donner  un  petit  chapeau,  de  granda 
cheveux,  un  grand  collet,  une  ^p^e,  et  des  dentelles  sur  tout 
Thabit,  mettre  en  plusieurs  endroits  des  adoucissements,  et 
retrancher  aveo  soin  tout  ce  que  j'ai  jugd  capable  de  fournir 
I'ombre  d'un  pr^texte  aux  c^I^bres  originaux  d'un  portrait 
que  je  voulais  faire :  tout  cela  n'a  de  rien  servi.  La  cabale 
s'est  r^veill^e  aux  simples  conjectures  qu'ils  ont  pu  avoir  de 
la  chose.  lis  ont  trouv^  moyen  de  surprendre  des  esprits  qui, 
dans  toute  autre  matifere,  font  une  haute  profession  de  ne  se 
point  laisser  surprendre.  Ma  com^die  n'a  pas  plutot  paru, 
qu'elle  s'est  vue  foudroy^e  par  le  coup  d'un  pouvoir  qui  doit 
imposer  du  respect ;  et  tout  ce  que  j'ai  pu  faire  en  cette  ren- 
contre, pour  me  sauver  moi-meme  de  I'^clat  do  cette  tempSte, 
c'est  de  dire  que  Votre  Majesty  avait  eu  la  bont^  de  m'en 
permettre  la  representation,  et  que  je  n'avais  pas  cru  qu'il  f6t 
besoin  de  demander  cette  permission  k  d'autres,  puisqu'il  n'y 
avait  qu'Elle  seule  qui  me  I'eut  d^fendue. 

'  Je  ne  doute  point.  Sire,  que  les  gens  que  je  peins  dans 
ma  com^die  ne  remuent  bien  des  ressorts  auprfes  de  Votre 
Majesty,  et  ne  jettent  dans  leur  parti,  comme  ils  I'ont  d^j^ 
fait,  de  v^ritables  gens  de  bien,  qui  sent  d'autant  plus 
prompts  h  se  laisser  tromper,  qu'ils  jugent  d'autrui  par  eux- 
memes.  lis  ont  I'art  de  donner  de  belles  couleurs  k  toutea 
leurs  intentions ;  quelque  mine  qu'ils  fassent,  ce  n'est  point 
du  tout  I'interet  de  Dieu  qui  les  pent  ^mouvoir;  ils  I'ont 
assez  montr^  dans  les  comedies  qu'ils  ont  souffert  qu'on  ait 
jouees  tant  de  fois  en  public  sans  en  dire  le  moindre  mot. 
Celles-lk  n'attaquaient  que  la  pi^t^  et  la  religion,  dont  ils  se 
soucient  fort  peu;  mais  celle-ci  les  attaque  et  les  joue  eux- 
mSmes,  et  c'est  ce  qu'ils  ne  peuvent  soufiErir.  lis  ne  sauraient 
me  par  donner  de  ddvoiler  leurs  impostures  aux  yeux  de  tout 
le  monde.  Et  sans  doute  on  ne  manquera  pas  de  dire  k  Votre 
Majesty  que  chacun  s'est  scandalise  de  ma  com^die.  Mais  la 
verite  pure.  Sire,  c'est  que  tout  Paris  ne  s'est  scandalise  que 
de  la  defense  qu'on  en  a  faite,  que  les  plus  sorupuleux  en  ont 
trouve  la  representation  profitable,  et  qu'on  s'est  etonne  que 
des  personnes  d'une  probite  si  connue  aient  eu  une  si  grande 
deference  pour  des  gens  qui  devraient  etre  I'horreur  de  tout  le 
monde  et  sont  si  opposes  k  la  veritable  piete  dont  ellea  font 
profession. 

'  J'attends  avec  respect  I'arret  que  Votre  Majeste  daignera 
prononcer  sur  cette  mati^re ;  mais  il  est  tr^s-assure,  Sire,  qu'il 
ne  faut  plus  que  je  songe  k  faire  de  comedie,  si  les  Tartuffes 
ont  I'avantage,  qu'ils  prendront  droit  par  Ik  de  me  persecuter 
plus  que  jamais,  et  voudront  trouver  k  redire  aux  choses  lea 
plus  innocentes  qui  pourront  sortir  de  ma  plume. 


NOTES  833 

'Daignent  vos  bont^s,  Sire,  me  donner  une  protection 
contre  leur  rage  envenim^e;  et  puiss^-je,  au  retour  d'une 
campagne  si  glorieuse,  d^lasser  Votre  Majesty  des  fatigues 
de  ses  conquStes,  lui  donner  d'innocents  plaisirs  apr^s  de  si 
nobles  travaux,  et  faire  rire  le  monarque  qui  fait  trembler 
toute  I'Europe ! 

TROISIEME  PLACET 

PBilSENT*  AU  ROI 

'  SiBB, — Un  fort  honnfite  m^decin,  dont  j'ai  I'honneur  d'etre 
le  malade,  me  promet  et  veut  s'obliger  par-devant  notaires  de 
me  faire  vivre  encore  trente  ann^es,  si  je  puis  lui  obtenir  une 
gr&oe  de  Votre  Majesty.  Je  lui  ai  dit,  sur  sa  promesse,  que 
je  ne  lui  demandais  pas  tant,  et  que  je  serais  satisfait  de  lui, 
pourvu  qu'il  s'oblige&t  de  ne  me  point  tuer.  Cette  grace. 
Sire,  est  un  canonicat  de  votre  chapelle  royale  de  Vincennes, 
vacant  par  la  mort  de  .  .  . 

'  Oserais-je  demander  encore  cette  grace  k  Votre  Majesty  le 
propre  jour  de  la  grande  resurrection  de  Tartufife,  ressuscit^ 
par  vos  bont^s  ?  Je  suis,  par  cette  premiere  f aveur,  r^concili^ 
avec  les  divots;  et  je  le  serais  par  cette  seconde  avec  les 
m^decins.  C'est  pour  moi  sans  doute  trop  de  gr§,ce  k  la  f ois ; 
mais  peut-Stre  n'en  est-ce  pas  trop  pour  Votre  Majeste;  et 
j'attends  avec  un  peu  d'esp^rance  respectueuse  la  r^ponse  de 
mon  placet.' 

Page  2,  rot  P4taud.  King  of  the  beggars,  at  whose  court 
every  one  is  master. 

Page  12,  la  tour  de  Babylone.    Possibly  an  intentional  mis- 

? [notation  from  Fr.  N.  Caussin's  (1583-1651),  La  Cowr  Sainte 
1624),  'les  Grants  •  .  •  voulurent  bfttir  la  tour  de  Babel; 
mais  les  femmes  .  .  .  bSitissent  la  tour  de  babil.' 

Page  12,  Nos  troubles.  The  civil  war  '  La  Fronde '  during 
the  minority  of  Louis  xiv.,  1648-1653.  The  passage  would  be 
peculiarly  acceptable  to  the  king  who,  later  (Act  v.,  last 
scene),  rewards  Orgon  for  his  fidelity. 

Page  14,  Fleu/r  des  Saints.  By  the  Spanish  Jesuit  Riba- 
deneira  (1527-1611),  translated  into  French  1641. 

Page  20,  autant  que  de  cela.  The  actor's  gesture  of  disdain 
is  the  thumb  nail  rasped  along  the  edge  of  the  teeth. 

Page  22,  D'' avoir  pris  une  puce.  See  the  life  of  S.  Macarius 
in  The  Golden  Legend,  and  also  Boccaccio,  Ist  Novel  Ist  Day. 


334  DON  JUAN 

Page  24,  ddvots  de  place.  Valets  de  place  were  servants  who 
showed  off  publicly  to  be  hired ;  so  ddvots  de  place  were  those 
who  made  a  parade  of  their  religion.  It  has  also  been  sug- 
gested by  M.  Livet  that  the  phrase  is  of  Spanish  extraction 
and  means  ddvots  d' importance. 

Page  46,  un  sUge  pliant.  The  folding  chair  was  given  to 
a  visitor  as  a  sign  of  inferiority. 

Page  46,  Fagotin.  A  performing  monkey  who  flourished 
in  the  middle  of  the  seventeenth  century,  and  whose  name 
was  later  applied  generically. 

Page  60,  discipline.    A  whip  used  by  religious. 

Page  86,  Pour  la  gloire  du  Ciel.  The  doctrine  of  '  inten- 
tion' carried  to  extremes. 

Page  102,  la  puretd  de  notre  intention.  See  Pascal,  Les 
Provinciales,  7th  Letter. 

Page  104,  Puisqu'on  ne  veut  point  croire.  By  the  use  of 
the  indefinite  pronoun  on  Elmire  addresses  her  husband, 
whilst  Tartuffe  naturally  applies  it  to  himself.  It  will  have 
been  noted  that,  throughout  the  scene,  she  has  used  the  same 
pronoun  with  an  admirably  delicate  effect. 

Page  110,  des  serments  centre  la  vdritd.  See  Pascal,  Let 
Provinciales,  9th  Letter. 

Page  114,  Le  pauvre  homme.    See  Act  i.  4. 

Page  128,  Vexempt.  In  this  case,  probably  an  oflScer  of 
the  king's  body-guard.  Originally,  an  ofl&cer  exempt  from 
ordinary  duties  to  perform  special  services. 

Page  132,  Nous  vivons  sous  v/n  prince.  This  dloge  de 
Louis  XIV.  is  obscure  and  confused  by  its  profusion  of  pro- 
nouns, which  refer  now  to  the  king  and  now  to  Tartuffe.  It 
is  possible  that  it  was  not  written  by  Moli^re. 

Page  134,  en  appuyant  ses  droits.    See  note  to  p.  12. 


DON  JUAN 

Page  140,  tdbac.    A  sneer  at  the  doctors  who  set  forth  the 
new  introduction  as  a  universal  panacea. 

Page  144,  un  powceau  d'Epieure.     Hor.  Epi».  I.  4. 


NOTES  336 

Page  164,  Nostre  dinse,  etc.  The  use  of  provincial  dialect 
upon  the  stage  was  an  innovation  in  the  days  of  Molifere.  To 
have  translated  these  scenes  into  the  English  of  the  others 
would  have  given  a  false  impression  of  this  part  of  the  play, 
and  therefore  I  have  changed  them  into  the  provincial  dialect 
with  which  I  am  most  familiar,  viz.  that  of  the  North 
Country.  It  will  be  seen  that  Charlotte  does  not  speak  so 
broad  a  language  when  she  addresses  Don  Juan  as  when  she 
talks  with  her  Pierrot. 

Page  196,  une  des  grandes  erreurs  qui  soient  parmi  les 
hommes.  See  Le  Malade  Imaginaire,  III.,  3.  Molifere's 
views  on  the  medical  profession  of  his  day  were  expresssed 
frequently  in  terms  aa  uncompromising  as  these. 

Page  196,  vin  dmitique.  An  antimonial  mixture  much  in 
vogue  at  the  time,  owing  to  its  having  cured  Louis  xiv. 

Page  258,  que  les  hommes  .  .  .  The  spectre  who  takes  part 
in  the  next  Scene  appears  at  this  moment. 


L'AMOUR  M^DECIN 

The  address  '  Au  Lecteur '  is  as  follows : — 

'  Ce  n'est  ici  qu'un  simple  crayon,  un  petit  impromptu,  dont 
le  Roi  a  voulu  se  faire  un  divertissement.  II  est  le  plus  pr^- 
cipit^  de  tous  cexix  que  Sa  Majesty  m'ait  commandos;  et 
lorsque  je  dirai  qu'il  a  4t4  propose,  fait,  appris  et  repr^sent^ 
en  cinq  jours,  je  ne  dirai  que  ce  qui  est  vrai.  II  n'est  pas 
n^cessaire  de  vous  avertir  qu  il  y  a  beaucoup  de  choses  qui  de- 
pendent de  Taction.  On  salt  bien  que  les  comedies  ne  sont 
faites  que  pour  §tre  joules ;  et  je  ne  conseille  de  lire  celle-ci 
qu'aux  personnes  qui  ont  des  yeux  pour  d^couvrir  dans  la 
lecture  tout  le  jeu  du  theatre.  Ce  que  jo  vous  dirai,  c'est 
qu'il  serait  k  souhaiter  que  ces  sortes  d'ouvrages  pussent  tou- 
jours  se  montrer  k  vous  avec  les  omements  qui  les  accom- 
pagnent  chez  le  Roi.  Vous  les  verriez  dans  un  dtat  beaucoup 
plus  supportable ;  et  les  airs,  et  les  sjrmphonies  de  I'incom- 
parable  M.  Lully,  mSl^s  k  la  beauts  des  voix  et  k  I'adresse  des 
JanseuTS,  leur  donnent  sans  doute  des  graces  dont  ils  ont 
tontes  les  peines  du  monde  k  se  passer.' 

The  'incomparable  M.  Lully'  is  Giovanni  Battista  Lully 
(1633-1687),  01  Florentine  birth,  whom  Louis  xrv.  made 
director  of  the  royal  orchestra,  and,  later,  of  the  opera. 


336  L'AMOUR  MfiDECIN 

Page  274,  l^  foire  Saint- Lav/rent.  '  Held  from  June  28th 
to  September  30th,  Faubourg  Saint-Martin,  between  Saint- 
Lazare  and  the  R^coUets,  in  a  walled  enclosure,  which  be- 
longed to  the  priests  of  the  Mission,  established  since  1632  at 
Saint-Lazare.'    (Despois  and  Mesnard.) 

Page  288,  MM.  Tomes,  Des  Fonandrls,  Macroton  et  Bahys. 
Four  court  physicians  of  Moli^re's  day  are  here  brought  on 
the  stage,  their  special  qualities  hardly  disguised  under  their 
Greek  names  (the  bleeder,  the  killer  of  men,  the  slow  talker 
or  stammerer,  and  the  barker  or  fast  talker). 

Page  292,  EVfCl.  A  fashionable  village  on  the  road  to  Saint- 
Germain. 

Page  292,  «n  mMecin  de  dehors.  A  doctor  who  did  not 
possess  a  Parisian  degree. 

Page  300,  orviitan.  A  quack  remedy  for  everything, 
brought  from  Orvieto  by  Jeronimo  Ferranti.  See  Kenilworth, 
Chapter  xiii. 

Page  304,  Trivelins  .  .  .  Scaramouches.  Bufifoons  of  the 
Italian  Comedy. 

Page  304,  M.  Fil.  Compare  this  speech  with  Montaigne's 
Essays,  Book  II.  Chapter  xxxvii. 

Page  312,  des  anneaux  constelUs.  Rings  bearing  the  marks 
of  certain  constellations  and  supposed  to  possess  healing 
virtues. 


Printed  by  T.  and  A.  Constable,  Printers  to  His  Majesty 
at  the  Edinburgh  University  Press 


PQ  1825  .E5  1907  v.^  SMC 

Moliere, 

The  plays  of  Moliere  in 

French